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871. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Alfred de Vigny. »

. — Et au chant II, cette autre comparaison d’Éloa, se mirant dans le Chaos, avec la fille des montagnes se mirant dans un puits naturel et profond où l’eau pure amassée réfléchit les étoiles : elle s’y voit, comme dans un ciel, le front entouré d’un brillant diadème. — Et dans le même chant, cette comparaison encore (car les comparaisons ici se succèdent et ne tarissent pas) de la jeune Écossaise, vaguement apparue au chasseur dans la nuée, au sein de l’arc-en-ciel, avec la belle forme vaporeuse de l’ange ténébreux aperçu de loin d’abord par Éloa ; — et au chant III, cette dernière image enfin, cette description si large et si fière de l’aigle blessé qui tente un moment de surmonter sa douleur, et qui ressemble plus ou moins au même archange infernal avec sa plaie immortelle : Sur la neige des monts, couronne des hameaux, L’Espagnol a blessé l’aigle des Asturies, Dont le vol menaçait ses blanches bergeries, Hérissé, l’oiseau part et fait pleuvoir le sang, Monte aussi vite au ciel que l’éclair en descend, Regarde son soleil, d’un bec ouvert l’aspire, Croit reprendre la vie au flamboyant empire ; Dans un fluide d’or il nage puissamment. […] Un jour à Florence, à un dîner où était M. de Lamartine, comme on parlait des jeunes poètes français du moment : « Et moi aussi, disait-il, j’en ai un qui a épousé ma fille. » — « Et son nom ?  […] Les filles du Destin se croient dépossédées du coup et vaincues ; elles remontent au ciel pour y prendre le nouveau mot d’ordre et demander la loi de l’avenir ; mais elles redescendent bientôt sous un nouveau titre : la Grâce les renvoie et les autorise de nouveau. […] Voici le titre exact : Poèmes. — Héléna, le Somnambule, la Fille de Jephié, la Femme adultère, le Bal, la Prison, etc. ; un mince in-8°, 1822.

872. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre onzième »

Il vaut mieux la prendre veuve que fille, pas trop facile à vivre, intéressée. […] Au fort de son enthousiasme, le père la prendra à part, et lui dira : « Élevez ma fille à ma fantaisie, et ce que vous voyez est à vous. » Et si l’enfant, un jour, répond mal à ses soins, la gouvernante, s’attendrissant, lui dira : « C’en est donc fait, vous m’ôtez le pain de ma vieillesse !  […] — et qui séduit dans la maison paternelle la jeune fille confiée à ses soins ; et Julie, héroïne sous le toit de son vieux mari, fille coupable sous le toit de sa mère. […] L’usage est que la mère prépare sa fille au changement d’état par lequel elle va passer ; une mère seule peut trouver dans sa tendresse et son respect pour son enfant la chasteté de langage qui sied à de telles confidences.

873. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Troisième Partie. De la Poësie. — III. Le Poëme épique, ou l’Épopée. » pp. 275-353

Quelle mutilation dans cet endroit où le poëte Grec personifie les prières, où l’on reconnoît ces filles du maître du tonnerre à la tristesse de leur front, à leurs yeux remplis de larmes, à leur marche lente & incertaine, placées derrière l’injure, l’injure arrogante, qui court sur la terre d’un pied léger, levant sa tête audacieuse . […] Le père entendit cette conversation &, quand elle fut finie, il appella sa fille & lui demanda si elle se sentoit du goût pour l’étude : elle répondit qu’oui. […] Son admirable Paméla fait adorer l’innocence, quand on la voit récompensée dans une fille jeune & belle, sans naissance & sans biens. Quelle leçon que l’exemple de Clarice, fille de condition, riche, sage, spirituelle, qui périt par l’imprudence qu’elle a de se soustraire à une famille injuste, à la vérité, mais dont la révolte n’aboutit qu’à la faire tomber entre les bras d’un scélérat.

874. (1857) Cours familier de littérature. IV « XXIIIe entretien. I. — Une page de mémoires. Comment je suis devenu poète » pp. 365-444

On en retrouvera quelque trace dans l’élégie intitulée la Fille du pêcheur, qui n’a jamais été ni achevée ni publiée par moi. […] J’ai dit, dans cette demi-confidence de première jeunesse, que, pendant notre séjour dans l’île, j’écrivais de temps en temps des vers mentalement adressés à la charmante fille du pêcheur, bien qu’elle ignorât ce que c’était que des vers et dans quelle langue ces vers étaient écrits. La Fille du pêcheur est une de ces élégies que j’esquissai au crayon sous le figuier et sous la treille dorée par le soleil de l’île ; on y retrouvera, à travers les réminiscences grecques de Théocrite et d’Anacréon, quelque pressentiment d’André Chénier, mais avant que la muse d’André Chénier eût pleuré, et quand elle jouait encore sur le sable de la mer d’Ionie avec les bas-reliefs et les débris des Vénus grecques roulés par les flots. La Fille du pêcheur.

875. (1767) Salon de 1767 « Peintures — La Grenée » pp. 90-121

Asseiez devant vous une jeune fille toute nue ; que sa pauvre dépouille soit à terre à côté d’elle et indique la misère ; qu’elle ait la tête appuyée sur une de ses mains ; que de ses yeux baissés deux larmes coulent le long de ses joues ; que son expression soit celle de l’innocence, de la pudeur et de la modestie ; que sa mère soit à côté d’elle ; que de ses mains et d’une des mains de sa fille, elle se couvre le visage ; ou qu’elle se cache le visage de ses mains, et que celle de sa fille soit posée sur son épaule ; que le vêtement de cette mère annonce aussi l’extrême indigence ; et que l’artiste, témoin de cette scène, attendri, touché, laisse tomber sa palette ou son crayon. […] Où est cette fille étendue à terre, la tête panchée dans le giron de sa mère, et qui me désole ? […] Et bénis soient les Belle, les Bellengé, les Voiriot, les Brenet, les mauvais poëtes, les mauvais peintres, les mauvais statuaires, les brocanteurs, les bijoutiers et les filles de joie.

876. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Sénecé ou un poète agréable. » pp. 280-297

Il y épousa la fille de l’intendant de la duchesse d’Angoulême, et s’attacha dès lors à cette princesse, qui était de Bourgogne et née de La Guiche ; il eut un pied à la Cour. […] Il est extrêmement rapide… Et voilà les ingéniosités quintessenciées et glaciales que Sénecé met dans la bouche de Virgile, en prétendant que rien ne ressemble plus au siècle d’Auguste que celui de Louis XIV ; c’est du Scudéry tout pur, c’est la carte du royaume de Tendre transportée dans la description du goût. — Et puis, quand on est embarqué sur le fleuve d’Imagination, l’arrivée à l’endroit nommé le Péage des critiques, la garde qu’y font les capitaines Scaliger, Vossius et autres, les « petits bateaux couverts qu’on appelle métaphores », et dont quelques-uns échappent à grand-peine à ces terribles douaniers ; et plus loin, quand on a pénétré dans le cabinet du Bon Goût, l’attitude et l’accoutrement baroque de ce bon seigneur qui m’a tout l’air d’être fort goutteux, appuyé d’un côté sur la Vérité et de l’autre sur la Raison, qui, tenant chacune un éventail, lui chassent de grosses mouches de devant les yeux (ces mouches sont les Préjugés) : les deux jeunes enfants qui sont à ses pieds, aux pieds du seigneur Bon Goût, et qui le tirent chacun tant qu’ils peuvent par un pan de son habit, l’un, un petit garçon toujours inquiet et remuant, nommé l’Usage : l’autre, une petite fille toujours fixe et assise, une vraie poupée nommée l’Habitude, que vous dirai-je de plus ?

877. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Mémoires de Mme Elliot sur la Révolution française, traduits de l’anglais par M. le comte de Baillon » pp. 190-206

Grace Dalrymple, née en Écosse vers 1765, la plus jeune de trois Grâces ou de trois sœurs, fille d’un père avocat en renom et d’une mère très belle, élevée dans un couvent en France jusqu’à l’âge de quinze ans, mariée inconsidérément à un homme qui aurait pu être son père, et devenue ainsi madame Elliott, secoua vite le joug, amena le divorce, devint à Londres la maîtresse du Prince-régent, de qui elle eut une fille, puis la maîtresse du duc d’Orléans, pour qui elle vint d’Angleterre en France.

878. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Le Poëme des champs par M. Calemard de Lafayette. »

Ma haine, — si c’est haine, — est fille de l’amour ! […] » M. l’abbé R… a traduit, en effet, très-heureusement, quelques sonnets de Wordsworth, notamment celui-ci, tout à la gloire du sonnet même : Le pauvre est tout content d’un trou sous l’escalier ; Une sœur au couvent, de sa cage proprette ; L’étudiant sous le toit, de sa docte chambrette ; La fille, de son tour ; l’homme, de son métier ; Et l’abeille qui trouve une fleur à piller Bourdonne toute une heure au fond de sa clochette ; La prison elle-même, en son horreur muette, N’est plus une prison quand on sait s’y plier.

879. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Lettres inédites de Jean Racine et de Louis Racine, (précédées de Notices) » pp. 56-75

En effet, quand Racine est marié et père, c’est à La Ferté-Milon ou dans le voisinage qu’il envoie volontiers ses enfants en nourrice ; la seconde de ses filles, Nanette, s’en est bien trouvée : « Elle crève de graisse, dit-il, et est la plus belle de nos enfants. » — Voici une lettre toute maternelle écrite parce bon père deux ans après qu’il eut fait Athalie ; elle est adressée à son beau-frère, M. de Rivière, qui, indépendamment de ses charges administratives, était un peu médecin. […] me dira-t-on, et ce portrait, donc, d’une de ses filles, de son aînée, qui se termine par ces mots : « Je finis tout son portrait que je n’ai point flatté, en vous disant que pour la figure et la raison, c’est un petit diamant, mais encore brut ; il faudra du temps et des soins pour le polir.

880. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Théophile Gautier (Suite.) »

Le père de la duchesse de Choiseul lui répétait souvent dans son enfance : « Ma fille, n’ayez pas de goût. » Ce sage père savait que les délicats sont malheureux. […] Ainsi, à propos d’une pièce (la Fille du Cid) de Casimir Delavigne : « Dans le monde des arts, il y a toujours au-dessous de chaque génie un homme de talent qu’on lui préfère.

881. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre III. Le naturalisme, 1850-1890 — Chapitre VI. Science, histoire, mémoires »

Mémoire sur l’enseignement secondaire des filles, présenté au Conseil académique de Paris (1882). […] Mme de Rémusat (1780-1821), filles du comte de Vergennes.

882. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Pierre Loti »

Terre édénique où la faune et la flore sont uniquement bienfaisantes, où il n’y a ni poisons ni serpents, où les hommes ne travaillent ni ne peinent, où les petites filles rieuses passent leur vie à se couronner de fleurs et à jouer, toutes nues, dans les clairs bassins où tombent les citrons et les oranges. […] C’est le visage grimaçant de Fatou-gaye qui ressemble à un singe et à une petite fille… C’est tour à tour l’ennui morne et la volupté furieuse sous le poids du ciel en feu.

883. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « Stéphane Mallarmé » pp. 146-168

Peu après, Mallarmé fut nommé professeur d’anglais à Tournon, puis à Avignon et c’est là que Mendès et Villiers le retrouvent, après une séparation de sept ans, installé avec sa femme et sa fille, « dans une petite maison rose, derrière des arbres ». […] Il se sent raillé, bafoué, au point qu’il n’ose plus même confier sa pensée à ceux qui l’entourent, ni à sa femme qui l’adore ni à la fille de son sang.

884. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre VI. Pour clientèle catholique »

Ce Fantôme est l’histoire assez indifférente d’un monsieur qui épouse la fille de sa maîtresse. […] Ou bien faut-il déclarer, en soulignant sévèrement les derniers mots : « Aimer d’un même amour la mère et la fille, c’est un crime, et qui a un nom : c’est un inceste. » En une dispute alternée que les Muses n’aimeront point, Malclerc et d’Audiguier, personnages sans vie, mais avocats tenaces et savants de toutes les subtilités connues, soutiennent les deux opinions.

885. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Alexandre Dumas fils — Chapitre XIII »

Voilà pourquoi, par un télégramme hâtif et désolé comme le glas d’un tocsin, elle a appelé auprès d’elle sa mère, douairière frivole, un peu étonnée du ton tragique que met sa fille à ses confidences. […] Nous apprenons par elles que Sylvanie, fille d’une mère équivoque, a du sang de courtisane dans les veines, et qu’elle chasse âprement de race.

886. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Lettres inédites de l’abbé de Chaulieu, précédées d’une notice par M. le marquis de Bérenger. (1850.) » pp. 453-472

Cette idée d’une reine française, simple fille de qualité, cette brusque fortune avait mis les imaginations en éveil. […] Elle y a envoyé aujourd’hui un huissier de sa chambre pour nous tirer de nos guenillons, et parce que M. de Béthune scandalisait souvent, par l’usure de ses habits, toutes les filles d’honneur.

887. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres inédites de la duchesse de Bourgogne, précédées d’une notice sur sa vie. (1850.) » pp. 85-102

Née en 1685, fille du duc de Savoie, qui lui transmit de son habileté et peut-être de sa ruse, petite-fille par sa mère de cette aimable Henriette d’Angleterre dont Bossuet a immortalisé la mort, et dont elle semblait ressusciter le charme, elle vint en France à l’âge de onze ans, pour y épouser le duc de Bourgogne qui en avait treize (1696). […] La duchesse de Berry, fille du futur Régent, n’était pas la seule jeune femme d’alors à qui il arrivât de s’enivrer.

888. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1853 » pp. 31-55

À ce qu’il paraît, m’apprend un ami, une jeune et jolie fille s’est toquée de mon portrait. Cette fille me racontait, cette nuit, que, lorsqu’elle avait tenté de se noyer, elle avait passé la nuit, toute la nuit, jusqu’à quatre heures du matin, à se promener au bord de la Gironde avec la tentation de rentrer à la maison, mais empêchée par la crainte d’une moquerie.

889. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Michelet »

» à la fille d’un cabinet de lecture, en lui remettant ses deux sous avec un rond de bras. […] Il racontait les animaux se faisant, et il devait les raconter sans forcer le trait, panthéiste, naturaliste, matérialiste, je ne sais quoi de confus mais d’adouci, de peu ambitieux, d’homme à son affaire, qui était de décrire, et d’amuser les petites filles sans qu’elles vissent un Dieu dans tout cela.

890. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre IX : M. Jouffroy écrivain »

La philosophie est toujours la fille de la religion, fille indisciplinée, qui parfois bat sa mère, mais qui finit par la servir.

891. (1925) Les écrivains. Première série (1884-1894)

Depuis, pas un auteur n’est aussi populaire que lui parmi les filles et les collégiens. Les filles ont ses œuvres complètes entre des jeux de cartes transparentes et des photographies obscènes. […] D’ailleurs, il méprisait la gloire, qui est fille et qui saute, racolant au hasard, sur les trottoirs de la bourbeuse humanité, ses amants d’une nuit, vite retombés — l’espace d’un rut — aux affres du néant. […] C’est l’histoire d’une petite princesse, fille de roi, fiancée à un prince, fils de roi, et qui, après une suite d’incroyables malheurs, meurt étranglée par une méchante reine. […] Une pauvre petite fille… Mais c’est le vent… Oh !

892. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « LVIII » pp. 220-226

Vacquerie est le frère de ce jeune époux de la fille de Victor Hugo, qui a péri, l’année dernière, en voulant sauver sa jeune femme.

893. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « Les legs de l’exposition philosophie de la danse »

Allez sur le boulevard extérieur, dans un éden que signale aux passants un moulin lumineux aux ailes de pourpre flamboyante : vous y verrez valser une aimable fille dont le sobriquet exprime un appétit sans mesure, et un homme d’aspect sévère qui porte le même nom que le frère infortuné de Marguerite.

894. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Discours prononcé à la distribution des prix du lycée d’orléans. » pp. 223-229

Petite fille d’un petit village de la frontière, elle a souffert de ce que souffraient de pauvres gens à cent lieues, à deux cents lieues de là ; elle a conçu, entre eux et elle, un lien d’intérêts, de souvenirs, de traditions, de fraternité, de dévouement à un même homme, le roi, représentant de tous.

895. (1920) La mêlée symboliste. I. 1870-1890 « Éphémérides poétiques, 1870-1890 » pp. 181-188

Pierre Quillard : La Fille aux mains coupées.

896. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des pièces de théâtre — Préface d’« Hernani » (1830) »

La liberté dans l’art, la liberté dans la société, voilà le double but auquel doivent tendre d’un même pas tous les esprits conséquents et logiques ; voilà la double bannière qui rallie, à bien peu d’intelligences près (lesquelles s’éclaireront), toute la jeunesse si forte et si patiente d’aujourd’hui ; puis, avec la jeunesse et à sa tête, l’élite de la génération qui nous a précédés, tous ces sages vieillards qui, après le premier moment de défiance et d’examen, ont reconnu que ce que font leurs fils est une conséquence de ce qu’ils ont fait eux-mêmes, et que la liberté littéraire est fille de la liberté politique.

897. (1761) Salon de 1761 « Peinture — M. Pierre » pp. 122-126

Le Carrache a placé sur le fond une Ste Anne qui s’élance vers sa fille, en poussant les cris les plus aigus, avec un visage où les traces de la longue douleur se confondent avec celles du désespoir ; vous avez mis sur le fond du vôtre un homme qui fait à peu près le même effet.

898. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 25, du jugement des gens du métier » pp. 366-374

La poësie du tableau de Monsieur Coypel, qui représente le sacrifice de la fille de Jepthé ne les saisit point, et ils l’examinent avec autant d’indifference que s’il représentoit une danse de païsans ou quelque sujet incapable de nous émouvoir.

899. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre V. Première partie. Les idées anciennes devenues inintelligibles » pp. 106-113

Il est devenu sensible pour tous que les idées anciennes non seulement étaient décréditées, mais encore qu’elles étaient frappées d’une sorte d’obscurité qui les rendait inintelligibles au plus grand nombre ; comme les paroles de cette fille de Priam, qui étaient empreintes du sentiment de l’avenir, mais à qui le don d’imposer la croyance avait été refusé.

900. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Camille Jordan, et Madame de Staël »

J’ai vu des citoyens paisibles tout à coup assaillis par une horde de brigands ; le sexe le plus intéressant et le plus faible devenu l’objet d’une persécution féroce, nos femmes et nos filles traînées dans les boues de nos rues, publiquement fouettées et horriblement outragées. […] Il m’est revenu que vous aviez eu un peu de goût pour sa fille, et je vous avouerai que, si cela est, je ne conçois pas comment tout ce qui a quinze ans ne vous a pas enchaîné. […] Nature saine et droite, s’il regardait avec tant de complaisance tout ce qui avait quinze ans et la fille même de Mme de Krüdner, une douce beauté, sans doute c’est qu’il pensait déjà à des affections régulières et justes, au mariage qui devait bientôt, près d’une autre personne, le fixer et l’enchaîner125. […] Pour m’achever, ma fille a repris un rhume coqueluche, et je ne sais absolument que devenir. […] Mais ces lettres qui arrivent tous les jours et au bout de deux jours, c’est encore un lien à déchirer que de s’en éloigner. — Cependant j’y suis résolue, si la santé de ma fille me le permet.

901. (1841) Discours aux philosophes. De la situation actuelle de l’esprit humain pp. 6-57

 » Or voyez les conséquences de cette domination : L’homme est le chef de la femme ; donc la femme dépendra de l’homme ; donc les pères disposeront de l’amour de leurs filles ; donc les maris auront leurs femmes en propriété. […] Le dix-huitième siècle n’a pas su discerner quel était le plus infâme et le plus souillé du Régent ou de sa fille, de Louis XV ou de ses maîtresses. […] N’est-ce pas le mot de la fille du Régent : Courte et bonne , c’est-à-dire « jouir ou mourir ». […] On peut remarquer que l’aphorisme de La Rochefoucauld se forma absolument par la même nécessité logique que l’aphorisme de la fille du Régent. […] Alors vient la fille du Régent, qui dit : Puisque l’égoïsme est le mobile de tout, et que pourtant je me sens faite pour aimer, je veux du plaisir ou le néant.

902. (1911) Études pp. 9-261

La Jeune Fille Violaine. […] La Jeune Fille Violaine. […]  La Jeune Fille Violaine. […] La Jeune Fille Violaine. […] La Jeune Fille Violaine.

903. (1837) Lettres sur les écrivains français pp. -167

Dumas) que son amour relève une fille perdue dont il a fait sa maîtresse. […] Cette dame, petite, blanche, d’une minauderie assez gracieuse, s’appelle la marquise de La Carte ; c’est la fille de M.  […] Les deux filles de Mme Sophie Gay, qui sont la comtesse O’Donnell et Delphine Gay, en font souvent les honneurs. […] Et se trouva face à face avec une jeune et jolie fille fort effrayée. […] Mme Constance Aubert est fille de la duchesse d’Abrantès, et comme sa mère, elle n’a qu’une fort médiocre fortune.

904. (1869) Philosophie de l’art en Grèce par H. Taine, leçons professées à l’école des beaux-arts

Clisthènes, tyran de Sycione, ayant reçu chez lui les prétendants de sa fille, leur fournit un champ d’exercice « afin, dit Hérodote, qu’il pût faire épreuve de leur race et de leur éducation ». […] Pour l’apaiser, deux hommes de la ville, riches et nobles, vont en Asie s’offrir à Xerxès. — Quand arrivent les Perses, toutes les cités consultent l’oracle ; il ordonne aux Athéniens d’appeler leur gendre à leur secours ; ils se souviennent que Borée enleva Orythie, fille d’Erechthée, leur premier ancêtre, et ils lui bâtissent une chapelle près de l’Ilissus. […] A côté de lui, le premier inventeur, Triptolème, le broyeur de grains, avait eu pour père Diaulos, le double sillon, et pour fille Gordys, forge. […] Parmi les nudités de l’imagination enfantine qui exprimait naïvement et bizarrement sa naissance, son nom qui signifie le Sol fertile, le nom de ses filles qui sont l’Air clair, la Rosée et la grande Rosée, laissent percer l’idée de la Terre sèche, fécondée par l’humidité nocturne. […] On la savait fille de Zeus, le Ciel foudroyant, née de lui seul ; elle s’était élancée de son front au milieu des éclairs et du tumulte des éléments ; Hélios s’était arrêté ; la Terre et l’Olympe avaient tremblé, la mer s’était soulevée, une pluie d’or, de rayons lumineux, s’était répandue sur la Terre.

905. (1896) La vie et les livres. Troisième série pp. 1-336

Lui, il a épousé la brune et altière Agar, fille du comte Salomon. […] Saffre a deux filles, un fils, une femme. […] Fille d’un général autrichien et d’une Monténégrine. […] Fille d’un avoué. […] Il s’en ira, n’importe où, avec la fille de l’avoué.

906. (1936) Histoire de la littérature française de 1789 à nos jours pp. -564

Germaine Necker est la fille du contrôleur général, du technicien étranger, et elle incarnera, après Rousseau et son père la troisième vague de cette conquête genevoise dont l’histoire ne finit pas avec elle. […] Fille aînée de l’Église, elle a trahi sa mère par des péchés publics. […] Les fils et les filles de ses auditrices se presseront trente ans après aux cours de Cousin, de Villemain, de Guizot, qui réussiront par les mêmes qualités d’orateur que La Harpe. […] Le Déluge, la Fille de Jephté, disent le même sacrifice de l’innocence. […] Sa dernière fille, qui lui survécut, Adèle, était folle depuis l’exil, enfermée, comme son oncle Eugène.

907. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « M. Andrieux »

Andrieux est mort, content de laisser ses deux filles unies à deux hommes d’esprit et de bien, content de sa médiocre fortune, de sa grande considération, content de son siècle, content de voir la Révolution française triomphante sans désordres et sans excès. » M. 

908. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — D — Delavigne, Casimir (1793-1843) »

. — La Fille du Cid, tragédie en cinq actes et en vers (1839). — Messéniennes et Chants populaires (1840). — Le Conseiller rapporteur, comédie en prose (1841). — Charles VI, opéra en collaboration avec Germain Delavigne (1843). — Derniers chants, poésies posthumes (1844). — Œuvres complètes, avec notice de G. 

909. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « Éphémérides poétiques, 1891-1900 » pp. 179-187

— La Jeune Fille nue.

910. (1817) Cours analytique de littérature générale. Tome III pp. 5-336

Ce n’est point aux filles de mémoire d’oublier sitôt les attentats contre les libertés publiques, et de leur accorder si généreusement l’impunité qui les enhardirait à l’avenir. […] On lit dans Hérodote qu’ils se rendirent « sur un vaisseau long à Œa sur le Phase, dans la Colchide, et qu’après avoir terminé les affaires qui leur avaient fait entreprendre ce voyage, ils enlevèrent Médée, fille du roi ; que ce prince envoya un ambassadeur en Grèce pour redemander sa fille, et exiger réparation de cette injure, mais que les Grecs lui répondirent que puisque les Colchidiens n’avaient donné aucune satisfaction de l’enlèvement d’Io, ils ne lui en feraient point pour l’enlèvement de Médée ». […] « Toi qui souffles la guerre, et qui hais le repos, « Des trônes et des lois ennemie éternelle, « Ma fille, dit Satan, je réclame ton zèle. […] Elle est reconnue pour fille du soleil, pour confidente d’Hécate, pour alliée des demi-dieux ; c’est une des créatures immortelles de la mythologie, et le poète Valérius Flaccus lui en conserve tous les traits. On sent en elle une mère des Armides et des Alcines, plus auguste que ses filles.

911. (1829) Tableau de la littérature du moyen âge pp. 1-332

Thibaut était né de Blanche, fille du roi de Navarre ; il fut élevé par une grand’mère qui avait tenu des cours d’amour avec beaucoup d’éclat.

912. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE STAEL » pp. 81-164

… elle a plus mérité que moi d’être heureuse. » Ce culte de Mme de Staël pour son père, c’est, avec plus de solennité et certes non moins de profondeur, l’inverse et le pendant du sentiment de Mme de Sévigné pour sa fille ; on aime à rencontrer de si ardentes et de si pures affections chez de si brillants esprits. […] Necker et dont sa fille aimait chaque fois à le faire ressouvenir. […] Le Journal des Débats (décembre 1802) publia un article signé A, c’est-à-dire de M. de Feletz, article persiflant, aigre-doux, plein d’égratignures, mais strictement poli ; le critique de salon s’y faisait l’organe des reproches de la belle société qui renaissait : « Rien de plus dangereux et de plus immoral que les principes répandus dans cet ouvrage… Oubliant les principes dans lesquels elle a été élevée, même dans une famille protestante, la fille de M. […] La fille de M. […] Ce livre, que la mort d’un père l’envoyait méditer en Italie, ce livre, à peine âgé de trente ans, a déjà vu ensevelir elle, son fils, sa fille ; il se peut relire en présence de ces graves idées de mort ; car, s’il ne dit pas le vrai mystère des choses de la vie, du moins il n’en sort rien que de généreux, de beau et de bon. » 74.

913. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre VI. Milton. » pp. 411-519

Il avait pris ses filles pour secrétaires, et leur faisait lire des langues qu’elles n’entendaient pas, tâche rebutante dont elles se plaignaient amèrement. […] Les confiscations, une banqueroute, enfin le grand incendie de Londres lui avaient ôté les trois quarts de sa fortune450, ses filles n’avaient pour lui ni égards ni respect ; il vendait ses livres, sachant que sa famille ne serait pas capable d’en profiter après lui ; et parmi tant de misères privées et publiques, il restait calme. […] Pour exprimer un pareil sentiment, ce n’était pas assez des images, et de la poésie qui ne s’adresse qu’aux yeux ; il fallait encore des sons, et cette poésie plus intime qui, purgée de représentations corporelles, va toucher l’âme : il était musicien ; ses hymnes roulaient avec la lenteur d’une mélopée et la gravité d’une déclamation ; et lui-même semblait peindre son art en ces vers incomparables qui se développent comme l’harmonie solennelle d’un motet : Dans la profondeur des nuits, quand l’assoupissement494 — a enchaîné les sens des mortels, j’écoute — l’harmonie des sirènes célestes — qui, assises sur les neuf sphères enroulées, —  chantent pour celles qui tiennent les ciseaux de la vie, —  et font tourner les fuseaux de diamant — où s’enroule la destinée des dieux et des hommes. —  Telle est la douce contrainte de l’harmonie sacrée — pour charmer les filles de la Nécessité, —  pour maintenir la Nature chancelante dans sa loi, —  et pour conduire la danse mesurée de ce bas monde — aux accents célestes que nul ne peut entendre, —  nul formé de terre humaine ; tant que son oreille grossière n’est point purifiée495. […] Tout à l’heure apparaissaient les êtres fantastiques, la Joie fille du Zéphir et de l’Aurore, la Mélancolie fille de Vesta et de Saturne, le fils de Circé, Comus, couronné de lierre, dieu des bois retentissants et de l’orgie tumultueuse. […] Il immole devant lui l’amour acheté et la galanterie folâtre, les femmes désordonnées et les filles de cour.

914. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Vernet » pp. 130-167

Le bon, l’indulgent Jupiter fit essayer à sa fille ces différens vêtements, et les hommes reconnurent qu’aucun ne lui allait aussi bien que celui sous lequel elle se montra au sortir de la tête de son père. […] Couperai-je ici les testicules à mon fils, là, foulerai-je aux pieds ma fille pour la faire avorter ? […] Je voyais de toutes parts les ravages de la tempête ; mais le spectacle qui m’arrêta, ce fut celui des passagers qui épars sur le rivage, frappés du péril auquel ils avaient échappé, pleuraient, s’embrassaient, levaient leurs mains au ciel, posaient leurs fronts à terre ; je voyais des filles défaillantes entre les bras de leurs mères, de jeunes épouses transies sur le sein de leurs époux ; et au milieu de ce tumulte, un enfant qui sommeillait paisiblement dans son maillot ; je voyais sur la planche qui descendait du navire au rivage une mère qui tenait un petit enfant pressé sur son sein, elle en portait un second sur ses épaules, celui-ci lui baisait les joues ; cette femme était suivie de son mari, il était chargé de nippes et d’un troisième enfant qu’il conduisait par ses lisières ; sans doute ce père et cette mère avaient été les derniers à sortir du vaisseau, résolus à se sauver ou à périr avec leurs enfans. […] Tout à coup il me semble que les murs de mon appartement chancellent, je frissonne, je lève les yeux à mon plafond, comme s’il menaçait de s’écrouler sur ma tête, je crois entendre la plainte de ma femme, les cris de ma fille. […] Tout s’exécute dans un ordre contraire, si l’action des intestins sur la tête est plus forte que ne le peut être celle des objets mêmes : un imbécille dans la fièvre, une fille hystérique ou vaporeuse, sera grande, fière, haute, éloquente, nil mortale sonans ; … la fièvre tombe, l’hystérisme cesse, et la sottise renaît.

915. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « MÉLEAGRE. » pp. 407-444

Filles de Tyr et de Sidon, fleurs de Cos et d’Ionie, toutes celles qu’il aima et qu’il célèbre, savaient ou entendaient probablement les chansons de Sapho, aussi bien que les vers qu’il leur adressait à elles-mêmes. […] Le poëte se représente dans la situation d’un messager qui vient annoncer à celle-ci la mort de ses fils, croyant que c’est là tout son malheur ; mais tout d’un coup, et tandis qu’il parle, il est témoin de la mort des filles restées auprès de leur mère. […] « Fille de Tantale, Niobé, entends ma voix messagère de désastre, reçois la parole lamentable qui proclame tes angoisses ; délie le bandeau de tes cheveux, ô la malheureuse, qui n’a mis au monde toute une race de fils que pour les flèches accablantes de Phœbus : tu n’as plus d’enfants ! 

916. (1862) Cours familier de littérature. XIII « LXXIVe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins (5e partie) » pp. 65-128

Il s’était retiré, avec sa pieuse fille, dans un petit et obscur appartement de la rue des morts à Paris, la rue Mazarine ; il y vivait de misère et de souvenirs dans cette résignation courageuse et gaie que la religion donne à ceux qui, comme lui, n’ont rien qui les rattache à la terre, excepté l’ordre de Dieu, qui ne les relève pas encore de leur consigne d’honnêtes gens. […] À son réveil, la fille de madame Bault l’habilla et la coiffa avec plus de décence et plus de respect pour son extérieur que les autres jours. […] La reine embrassa la fille du concierge, se coupa elle-même les cheveux, se laissa lier les mains sans murmure, et sortit d’un pas ferme de la Conciergerie.

917. (1869) Cours familier de littérature. XXVII « CLXIIe entretien. Chateaubriand, (suite.) »

Ou, si vous voulez, ajoute encore Plutarque, que la Fortune ait seule accumulé tant de gloire sur la tête d’un homme, alors je dirai comme le poëte Alcman, que la Fortune est fille de la Providence. » « On voit par ces paroles combien étaient religieux tous ces graves esprits de l’antiquité. […] « J’accompagnai mon père à son dernier asile ; la terre se referma sur sa dépouille ; l’éternité et l’oubli le pressèrent de tout leur poids : le soir même l’indifférent passait sur sa tombe ; hors pour sa fille et pour son fils, c’était déjà comme s’il n’avait jamais été. […] Alors s’expliquèrent pour moi plusieurs choses que je n’avais pu comprendre ; ce mélange de joie et de tristesse, qu’Amélie avait fait paraître au moment de mon départ pour mes voyages, le soin qu’elle prit de m’éviter à mon retour, et cependant cette faiblesse qui l’empêcha si longtemps d’entrer dans un monastère, sans doute la fille malheureuse s’était flattée de guérir !

918. (1895) Histoire de la littérature française « Seconde partie. Du moyen âge à la Renaissance — Livre I. Décomposition du Moyen âge — Chapitre II. Le quinzième siècle (1420-1515) »

Ne nous arrêtons pas à l’excellente Christine Pisan114, bonne fille, bonne épouse, bonne mère, du reste un des plus authentiques bas-bleus qu’il y ait dans notre littérature, la première de cette insupportable lignée de femmes auteurs, à qui nul ouvrage sur aucun sujet ne coûte, et qui pendant toute la vie que Dieu leur prête, n’ont affaire que de multiplier les preuves de leur infatigable facilité, égale à leur universelle médiocrité. […] la fade sentimentalité qui encore aujourd’hui partage les applaudissements avec la grosse ordure dans nos cafés-concerts, d’innocentes mièvreries émanées de la haute littérature allégorique, et qui une fois sur vingt échappent à la puérilité, une fois sur cent atteignent l’exquise délicatesse : avec cette poésie de rêve, la réalité sans voiles, dans toute sa brutalité, dérision du mariage et de la famille, âpre désir des jouissances grossières, filles qui partent avec les gens d’armes, soudards avides de pillage, accourant comme des bêtes de proie aux provinces où il y a guerre : en somme, le plus complet nihilisme moral adouci par les tons chauds d’une verve robuste. […] Née à Venise vers 1363, fille de Thomas Pisani, astrologue de Charles V, elle fut amenée en France par son père en 1368.

919. (1913) La Fontaine « I. sa vie. »

………………………………… L’Amour est fils de la Clémence, La Clémence est fille des dieux. […] Je ne peux m’empêcher de vous dire, à propos de Mme de La Sablière, qu’elle est la mère de la marquise de La Maisangère, et que cette marquise est celle à qui Fontenelle a dédié les Entretiens sur la pluralité des mondes. « La marquise de Fontenelle », comme on disait à cette époque-là, est la fille de Mme de La Sablière. […] Mme de La Sablière est la première femme du dix-septième siècle qui s’occupe de sciences, et, comme sous le patronage de sa fille, Fontenelle lance la Pluralité des mondes, et Fontenelle, c’est tout le dix-huitième siècle scientifique qui arrive, à la suite, en quelque sorte, et de Mme de la Sablière, et de la marquise de la Maisangère.

920. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Gibbon. — I. » pp. 431-451

Racontant son passage à Turin et sa présentation à cette cour à l’âge de vingt-sept ans, se plaignant du peu de sociabilité des dames piémontaises, il disait : Les femmes de meilleure société que j’aie rencontrées sont encore les filles du roi. […] Il vit, durant son séjour à Lausanne, Mlle Curchod, fille d’un pasteur des environs, belle, savante et vertueuse : il l’aima très sincèrement, fit agréer sa recherche et ses vœux, et ne désespéra point d’obtenir le consentement de son père.

921. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Une Réception Académique en 1694, d’après Dangeau (tome V) » pp. 333-350

III, p. 204) qu’on a réglé à la Cour que ce ne seront plus les filles d’honneur qui quêteront, et que ce seront les dames. Sur quoi Saint-Simon ajoute au plus vite cette explication : « C’est qu’il n’y ayant plus de filles d’honneur que les deux souffertes à Mme la princesse de Conti, il n’y avait plus personne pour quêter. » Mais cette incorrection parfois incroyable de diction ne doit pourtant pas faire admettre de lui toute locution étrange d’après une copie fautive.

922. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Correspondance inédite de Mme du Deffand, précédée d’une notice, par M. le marquis de Sainte-Aulaire. » pp. 218-237

Si une petite fille, éloignée de ses parents, leur écrivait : “J’ai l’espérance de vous aller voir ; cette espérance fait mon bonheur, parce que je vous aime autant qu’on peut aimer, mais je crains de ne pas vous paraître aimable”, on lui dirait : “Pourquoi doutez-vous qu’on vous aime, puisque vous ne voulez pas qu’on doute que vous aimez ? […] Fiez-vous à lui, mes très chers frères ; il vous guidera mieux, quand il s’agira de sentiment, que les grands raisonnements des philosophes, que la trompeuse expérience du monde, et que les sophismes dangereux de votre raison. » Ce bon frère continua, et je m’en allai parce qu’il commençait à m’ennuyer, et que mon instinct ne peut supporter l’ennui ; cependant j’ai entrevu dans son discours quelques vérités applicables à la petite fille… Ainsi traitait-on cette vieille enfant malade et qui avait tant abusé et mésusé dans sa jeunesse de la faculté d’aimer, qu’elle n’en avait plus la force ni la foi dans ses derniers jours : c’était du moins quelque chose, et mieux que rien, d’en avoir gardé, à ce point, l’inquiétude et le tourment.

923. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Le journal de Casaubon » pp. 385-404

Aujourd’hui ma très chère épouse est accouchée sur les cinq heures et a augmenté ma famille d’une petite fille : puisse-t-elle grandir et vivre un jour de telle sorte, ô mon Dieu, qu’elle règle toutes ses actions, ses paroles et ses pensées d’après les préceptes de ta sainte parole ! […] Ce jour-là les études ont tort, ce jour-là et les jours suivants ; et pendant bien du temps encore, l’image de cette aimable et gentille petite créature viendra passer et repasser devant les yeux paternels, et se placer entre lui et son Athénée, qu’il a rouvert. — Que sera-ce quand il perdra par la suite une autre de ses filles, sa bien-aimée Philippe, âgée de dix-huit ans et demi ?

924. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Histoire de Louvois et de son administration politique et militaire, par M. Camille Rousset, professeur d’histoire au lycée Bonaparte. »

Mme de Sévigné paraissait en prendre son parti de meilleure humeur, quand elle écrivait à sa fille : « Vous ne serez pas fâchée d’apprendre ce que c’est que d’avoir une belle compagnie ou d’en avoir une mauvaise. […] Je vous supplie donc de vous laisser persuader, et de vous souvenir que, la citadelle de Lille ayant l’honneur d’être votre fille aînée dans la fortification, il est juste que vous lui fassiez quelque prérogative. — Rien, disait-il encore en ouvrier amoureux de son ouvrage, rien n’est mieux conduit ni plus beau que toute cette maçonnerie ; l’on n’y voit pas le moindre défaut. » La maçonnerie était belle, mais on menait les maçons un peu rudement : « Pour empêcher la désertion des maçons, qui me faisait enrager, j’ai pris, sous votre bon plaisir, deux gardes de M. le maréchal (d’Humières), des plus honnêtes gens, qui auront leurs chevaux toujours sellés dans la citadelle, avec chacun un ordre en poche et un nerf de bœuf à la main ; les soirs, on verra ceux qui manqueront ; après quoi, dès le matin, ils les iront chercher au fond de leur village, et les amèneront par les oreilles sur l’ouvrage. » Est-il besoin d’avertir qu’il y a quelque plaisanterie dans cette rudesse un peu grossière ?

925. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Les frères Le Nain, peintres sous Louis XIII, par M. Champfleury »

Au centre, au milieu, devant la cheminée, une petite fille d’environ dix ans, très-fine, très-grave, se chauffe, tournant le dos à la chaise de sa mère, et s’appuyant sur un grand chenet à boule ; elle a les pieds nus, et est un peu déguenillée à la manche. Une autre petite fille en sarrau bleu, un peu plus grande, plus âgée d’une couple d’années, mais évidemment trop courte de taille, regarde le spectateur ; elle se chauffe aussi, mais elle y prête moins d’attention qu’au spectateur.

926. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Gavarni (suite et fin.) »

Quant aux femmes du peuple, il en trouva qui, la pipe à la bouche, renchérissaient par le grossier sur nos chiffonnières et nos androgynes ; mais en même temps combien de filles du peuple, encore distinguées, encore élégantes sous la guenille, et auxquelles il ne manque que d’être mieux nourries pour faire des demoiselles ! […] Il en rapporta quantité de types pittoresques aussi neufs que charmants, le Joueur de cornemuse, la fille des rues à Édimbourg (l’élégance même, nu-pieds et en lambeaux), et toutes sortes de figures rustiques et campagnardes (Rustic groups of figures), très beaux dessins publiés par Day à Londres.

927. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Théophile Gautier (Suite et fin.) »

. — Plus d’une fois elle a passé devant les yeux de notre âme, cette barque qui porte un négrillon à la poupe et de beaux jeunes gens vêtus des sveltes costumes dont Yittore Carpaccio habille ses Magnifiques ; plus d’une fois aussi nous avons vu en songe se pencher du haut des terrasses blanches ces belles filles aux tresses d’or crespelées, aux robes de brocart d’argent, aux colliers et aux bracelets de perles, qui jettent un baiser avec une fleur au galant haussé sur la pointe du pied !    […] L’auteur n’a pas craint, puisqu’il avait affaire à des comédiens, de leur appliquer dans la vie les aventures mêmes des tragi-comédies qu’ils représentent ; il n’a pas manqué d’employer la reconnaissance finale et subite, ordinaire à ces fabuleux dénoûments, en faisant d’Isabelle la fille d’un prince.

928. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Vaugelas. Discours de M. Maurel, Premier avocat général, à l’Audience solennelle de la Cour impériale de Chambéry. »

Le bonhomme Chrysale, entre autres passages, poussé à bout par le purisme de sa sœur, de sa femme et de sa fille, s’écrie : Une pauvre servante au moins m’était restée, Qui de ce mauvais-air n’était point infectée ; Et voilà qu’on la chasse avec un grand fracas A cause qu’elle manque à parler Vaugelas ! […] Son père avait rendu des services à la France lors du mariage de Madame de Savoie, fille de Henri IV, et avait obtenu de Louis XIII une pension de deux mille livres pour son fils Vaugelas, alors établi en France, pension assez mal payée de tout temps.

929. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « DISCOURS DE RÉCEPTION A L’ACADÉMIE FRANÇAISE, Prononcé le 27 février 1845, en venant prendre séance à la place de M. Casimir Delavigne. » pp. 169-192

Le personnage de Mme Sinclair, de cette mère vaine et légère qui entraîne et compromet sa fille sans le vouloir, sans y songer, n’est pas le moins piquant de vérité. […] Après Marino, on a Louis XI, les Enfants d’Édouard, Don Juan d’Autriche, Une Famille au temps de Luther, la Popularité, la Fille du Cid, six longues œuvres.

930. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Pensées, essais, maximes, et correspondance de M. Joubert. (2 vol.) » pp. 159-178

Cette fille de l’ancien ministre M. de Montmorin, échappée pendant la Terreur au sort du reste de sa famille, et qui trouva grâce à cause de son abattement et de sa pâleur, était un de ces êtres touchants qui ne font que glisser dans la vie et qui y laissent une trace de lumière. […] Il y avait les salons du monde proprement dit, d’une composition plus variée et plus diverse, le salon de Mme de La Briche, celui de Mme de Vergennes, où se distinguait sa fille, Mme de Rémusat, celui de Mme de Pastoret, de Mme de Staël quand elle était à Paris, et d’autres encore, dont chacun avait son ton dominant et sa nuance.

931. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Florian. (Fables illustrées.) » pp. 229-248

La duchesse d’Orléans, fille du duc de Penthièvre, était un de ces types d’Estelle ; mais Florian avait pensé encore à une autre personne, à une jeune femme du monde, à laquelle il voulait dédier le roman sans la nommer. […] Tous les bonheurs lui arrivaient à la fois : « J’ai obtenu en trois semaines, écrivait-il à Boissy d’Anglas (31 mai 1788), le brevet de lieutenant-colonel, la croix de Saint-Louis, mon fauteuil académique, et une abbaye à six lieues de Paris pour une tante à moi, religieuse à Arles. » Le duc de Penthièvre et la duchesse d’Orléans, sa fille, assistèrent à la séance de réception.

932. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « La Harpe. » pp. 103-122

Le père signe toujours Delharpe, et sur l’acte de décès d’une fille morte, âgée de dix ans, le 3 novembre 1751, il prend les qualités de gentilhomme et officier suisse. […] Chabanon nous le montre tout jeune, à l’âge de vingt-sept ans, installé chez Voltaire à Ferney, où il passa toute une année (La Harpe y était avec sa femme, une assez jolie femme, la fille d’un limonadier, qui faisait elle-même des vers et qui jouait la comédie).

933. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Saint François de Sales. Son portrait littéraire au tome Ier de l’Histoire de la littérature française à l’étranger par M. Sayous. 1853. » pp. 266-286

Ce qu’il disait à Mme de Chantal, il l’aurait dit également à toute âme : « Tenez voire cœur au large, ma fille ; et, pourvu que l’amour de Dieu soit votre désir, et sa gloire votre prétention, vivez toujours joyeuse et courageuse. » Si l’on ne voyait chez lui que quelques images de mauvais goût et quelques abus d’esprit, de sucre, de miel et de fleurs, on pourrait croire qu’il amollit et qu’il effémine la dévotion : en allant plus au fond et en dégageant sa pensée, les meilleurs juges ont trouvé qu’il n’en était rien, et qu’il est resté fidèle au véritable et sérieux esprit chrétien. […] Il y a quelqu’un, cependant, qui a parlé de saint François de Sales mieux encore que Bossuet, et qui en a écrit avec des paroles plus distinctes, plus pénétrantes et plus vives : c’est Mme de Chantal, cette fille spirituelle de saint François de Sales et cette aïeule de Mme de Sévigné.

934. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1873 » pp. 74-101

Le rêve fini, l’insomnie m’a pris, et ma pensée incapable de se rendormir, poussée violemment au dernier roman que nous devions faire : La Fille Élisa, a travaillé, le reste de la nuit, dans l’horrible. […] Dans une fourrure de plumes, la fille de Théophile Gautier est belle, d’une beauté étrange.

935. (1864) William Shakespeare « Première partie — Livre III. L’art et la science »

Cinq cents ans avant Jésus-Christ, il était parfaitement scientifique, quand un roi de Mésopotamie avait une fille possédée du diable, d’envoyer, pour la guérir, chercher un dieu à Thèbes ; on n’a plus recours à cette façon de soigner l’épilepsie. […] Il savait d’innombrables choses, entre autres celles-ci : — La terre est plate. — L’univers est rond et fini. — La meilleure nourriture pour l’homme est la chair humaine. — La communauté des femmes est la base de l’ordre social. — Le père doit épouser sa fille. — Il y a un mot qui tue le serpent, un mot qui apprivoise l’ours, un mot qui arrête court les aigles, et un mot qui chasse les bœufs des champs de fèves. — En prononçant d’heure en heure les trois noms de la trinité égyptienne, Amon-Mouth-Khons, Andron d’Argos a pu traverser les sables de Libye sans boire. — On ne doit point fabriquer les cercueils en cyprès, le sceptre de Jupiter étant fait de ce bois. — Thémistoclée, prêtresse de Delphes, a eu des enfants et est restée vierge. — Les justes ayant seuls l’autorité de jurer, c’est par équité qu’on donne à Jupiter le nom de Jureur. — Le phénix d’Arabie et les tignes vivent dans le feu. — La terre est portée par l’air comme par un char. — Le soleil boit dans l’océan et la lune boit dans les rivières. — Etc. — C’est pourquoi les athéniens lui élevèrent une statue sur la place Céramique, avec cette inscription : À Chrysippe, qui savait tout.

936. (1889) Émile Augier (dossier nécrologique du Gaulois) pp. 1-2

C’est ainsi que l’autre soir, à la reprise de Maître Guérin, à la Comédie-Française, l’outrance vertueuse du colonel, la candeur exagérée de l’inventeur Desroncerets, le désintéressement infatigable de sa fille, avaient fini par énerver le public et le rendre fort indulgent pour les habiletés juridiques du notaire indélicat. […] Victor Augier avait épousé la fille de Pigault-Lebrun, dont il a eu, outre M. 

937. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 38, que les peintres du temps de Raphaël n’avoient point d’avantage sur ceux d’aujourd’hui. Des peintres de l’antiquité » pp. 351-386

La beauté de cette fille relevée encore par la pudeur qui lui faisoit baisser les yeux à l’approche d’Alexandre, fixoit sur elle les premiers regards du spectateur. […] Cet artisan ingénieux ayant exposé son tableau dans la solemnité des jeux olimpiques, Pronexides qui devoit être un homme de grande consideration, puisque cette année-là il avoit l’intendance de la fête, lui donna sa fille en mariage.

938. (1913) Essai sur la littérature merveilleuse des noirs ; suivi de Contes indigènes de l’Ouest-Africain français « Essai sur la littérature merveilleuse des noirs. — Chapitre III. Personnages merveilleux des contes indigènes »

(Voir la fille d’Aoua Gaye). […] Voir La fille d’Aoua Gaye.

939. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre VI. Daniel Stern »

On a dit assez spirituellement que les femmes naissent et vivent femmes, mais qu’elles meurent vieilles filles. Mme Stern est une de ces vieilles filles-là… C’est une bréhaigne littéraire.

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