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1790. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre premier. La sensation, dans son rapport à l’appétit et au mouvement — Chapitre premier. La sensation »

De plus, outre les hasards des circonstances extérieures, il est un élément qui a joué le rôle capital dans le développement des organes des sens et des sensations : c’est l’appétit.

1791. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1860 » pp. 303-358

« Voyez-vous, dit Gautier en se rapprochant de nous, l’immortalité de l’âme, le libre arbitre, c’est très drôle de s’occuper de tout cela jusqu’à vingt-deux ans ; mais après, ça n’est plus de circonstance.

1792. (1894) Journal des Goncourt. Tome VII (1885-1888) « Année 1886 » pp. 101-162

Samedi 7 août On parlait d’un huissier, un enragé bonapartiste, qui se trouve par la fatalité des circonstances, chargé des exécutions contre tout le monde de son parti, et des moyens dilatoires qu’il fournit à ses coreligionnaires.

1793. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Charles Dickens »

Elles peuvent s’affaiblir et se renforcer, elles ne cessent qu’après avoir atteint le degré d’intensité requis par la circonstance et toléré par la nature de celui qui les éprouve.

1794. (1857) Cours familier de littérature. III « XIVe entretien. Racine. — Athalie (suite) » pp. 81-159

Mais permettez-moi d’abord, pour bien vous faire comprendre dans quel esprit la France monarchique, religieuse et littéraire de 1819, assista à cette représentation unique, dont Talma était le grand intérêt après Racine, permettez-moi de vous raconter comment, et par quelles circonstances, et dans quelles dispositions poétiques il me fut donné à moi-même d’y assister ; et permettez-moi enfin de vous dire comment je garde, de cette représentation, une si longue et si vive mémoire.

1795. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre premier. Le Moyen Âge (842-1498) » pp. 1-39

Et la poésie lyrique, empêchée dans son essor par les circonstances, n’a pas eu plus tôt ouvert ses ailes qu’elle a dû les replier, et en emprisonnant dans des poèmes d’une impersonnalité convenue la liberté de son inspiration, se rabattre aux lieux communs de la poésie « courtoise ».

1796. (1782) Plan d’une université pour le gouvernement de Russie ou d’une éducation publique dans toutes les sciences « Plan d’une université, pour, le gouvernement de Russie, ou, d’une éducation publique dans toutes les sciences — I. Faculté des arts. Premier cours d’études. » pp. 453-488

C’est celle qui convient à la circonstance.

1797. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « III. M. Michelet » pp. 47-96

Pas plus que les autres grands hommes, ces fils des circonstances, comme a dit d’eux tous Napoléon, Richelieu n’a choisi sa place dans l’histoire ; il l’a subie.

1798. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Edgar Poe »

Il le fut par ses facultés, sublimement déplacées dans son abominable patrie, et par toutes les circonstances de sa vie, ce qui lui composa une destinée de misère de la plus épouvantable unité… Milton, aveugle et pauvre, eut au moins deux filles, dans sa détresse et dans sa cécité ; — il est vrai que dernièrement on a dit, contrairement à la vieille légende, qu’elles furent de petites parricides de tous les jours au logis (at home), dans tous les menus détails de l’intimité domestique.

1799. (1858) Du roman et du théâtre contemporains et de leur influence sur les mœurs (2e éd.)

Le caractère de notre nation et les circonstances extérieures, tout a contribué à les répandre et à les aggraver. […]   Plusieurs circonstances, depuis vingt-cinq ans, ont conspiré à accroître chez nous la puissance du théâtre et du roman, en élargissant dans des proportions jusque-là inouïes, leur sphère d’activité. […] Ainsi, elle atteste que, depuis trente ans, le nombre des naissances illégitimes s’est accru dans la proportion d’un cinquième ; et d’un autre côté, que le chiffre des mariages a diminué296 : double fait qui dénote une altération de plus en plus grave des mœurs, et qui a sa cause, incontestablement, dans la perversion des idées morales plus que dans toute circonstance économique ou sociale.

1800. (1890) La bataille littéraire. Troisième série (1883-1886) pp. 1-343

Par un hasard comme il ne s’en produit pas deux au cours d’une vie humaine, ils se trouvaient placés exactement dans les circonstances qui devaient porter leurs âmes au plus haut degré possible d’amour. […] On s’y attachera avec une sorte d’âpreté, on la défendra avec fureur, quand on aura perdu les raisons qui font qu’en certaines circonstances on la sacrifie avec joie, avec l’ivresse de l’honneur triomphant ou de la conscience exaltée. […] Rien ne viendra pour les troubler dans leur ardeur raisonnée à poursuivre le genre de félicité qui est à leur portée, Ils auront à tout jamais rompu avec ces illusions maladives qu’on appelle, selon les circonstances, ou le scrupule et le remords, ou le rêve et la chimère, autant de produits énervants et débilitants des civilisations spiritualistes.

1801. (1923) Au service de la déesse

Je suppose qu’on l’a bien élevé, qu’on l’a mis au courant de ses devoirs et que les circonstances de sa vie l’informent de ses obligations. […] Prouvez-le donc : « C’est là une affirmation absolument légitime et qui, pour n’avoir jamais été formulée, n’en a pas moins pour elle toutes les vraisemblances, surtout en présence de ce fait que nous ne possédons pas le plus petit indice sur les circonstances dans lesquelles Shakespeare commença à écrire. » On dit que Shakespeare a mené la vie d’un acteur ambulant : « S’il a mené la vie d’acteur ambulant, mouvementée et continue qu’on nous représente, avec ses déplacements perpétuels, il n’a pu composer le théâtre si vaste qui lui est attribué. » N’est-ce pas ? […] Et, si l’on songe à tant de passages émouvants de ces pièces comme aussi d’autres œuvres encore, ce n’est ni le nom de Falstaff ni celui de Panurge qui paraîtront convenir dans la circonstance, mais plutôt celui de Tartuffe. » Pauvre Shakespeare, le voilà bien arrangé ! […] Il ne plaide pas, en leur faveur, les circonstances atténuantes : et l’on doit l’en remercier.

1802. (1859) Critique. Portraits et caractères contemporains

Il a été servi par les circonstances qui devaient lui être le plus défavorables. […] Il était vêtu, pour la circonstance, d’un petit habit de serge verte, orné d’un pardon de laine en guise de livrée. […] Que nous ont appris ces clubs, ces antres, ces cavernes, ces motions, ces tambours, ces conspirations, ces accusations, ces délations, ces mensonges, les circonstances et les récits des meurtres de Paris, les fureurs de la Convention, ses héros et ses doctrines, cette monarchie égorgée à outrance, ces gémissements, ces malédictions, tant de larmes versées, tant de sang répandu dont la vapeur obscurcit le ciel irrité, toutes les tragédies et tous les drames contenus dans un seul et même drame, précipitant dans un sombre désespoir ces âmes jusque-là innocentes et paisibles ?

1803. (1802) Études sur Molière pp. -355

S’il est vrai qu’un auteur n’est jamais mieux peint que dans ses ouvrages, par le but qu’il s’y proposa, par les amis, par les ennemis qu’ils lui firent ; c’est d’aujourd’hui que les temps, les lieux, les circonstances, tout va concourir à nous développer l’âme et le génie de Molière : aussi me garderai-je bien d’oublier l’un, pour ne m’occuper que de l’autre ; et c’est à la fin de cet ouvrage seulement, que le lecteur pourra se dire, je connais Molière. […] D’après ce court préambule, nous n’avons qu’à copier une note prise dans l’Histoire des théâtres ; le lecteur fera lui-même ses remarques, et les appliquera aux circonstances, aux personnages. […] Je ne dois pas entrer ici dans tous les détails que je me suis permis à ce sujet, en composant L’Art de la Comédie ; mais je puis en extraire ce qui suit : « Voir jouer une scène sur un théâtre étranger, la lire, en être témoin dans la société, ou l’entendre narrer par quelqu’un qui en détaille et en peint les circonstances, n’est-ce pas de même, à peu de chose près ?

1804. (1875) Premiers lundis. Tome III « Du point de départ et des origines de la langue et de la littérature française »

Soit que ce latin rustique (en Gaule) fût une suite, un développement, une variété de l’idiome populaire latin importé autrefois par les conquérants en même temps que la langue savante, et s’émancipant désormais sur tous les points à la fois, — auquel cas les langues romanes seraient elles-mêmes, comme on l’a voulu pour l’italien, une simple dérivation et un dégagement presque organique des idiomes populaires latins soumis à une quantité de circonstances locales accidentelles, et modifiées à l’infini ; — soit qu’il fut déjà un corruption, une dégradation du latin littéraire, un abominable et un cas hautement de barbarismes et de solécismes, ce qui aurait tout l’air d’avoir « t », si on en jugeait par ce qui est ensuite advenu dans toutes ces contrées de la langue romaine (on voit chez Muratori, que, de 712 à 744, on gravait ses mots sur un monument public : Edificatus est hanc civorius sub tempore domino nostro lioprendo rege).

1805. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Deuxième partie. — L’école critique » pp. 187-250

Ils profiteront sur-le-champ de cette heureuse circonstance pour écrire a priori l’histoire naturelle, et communiquer ainsi à certaines parties de cette science un caractère nouveau de certitude rationnelle, que l’empirisme est incapable de lui donner.

1806. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXVIe entretien. La littérature des sens. La peinture. Léopold Robert (1re partie) » pp. 397-476

Le hasard nous a fait connaître personnellement quelques-uns des principaux personnages et quelques-unes des circonstances de ce drame intérieur, si intimement mêlé à la vie, aux œuvres, au génie, à la mort du jeune Robert, ce Werther des peintres.

1807. (1859) Cours familier de littérature. VII « XXXVIIIe entretien. Littérature dramatique de l’Allemagne. Le drame de Faust par Goethe » pp. 81-160

À ce moment elle se leva, vint s’asseoir au bout de la table, y appuya ses deux bras enlacés sur lesquels elle posa ses deux mains, attitude qui lui seyait admirablement, et qu’elle conservait quelquefois pendant plusieurs heures sans faire d’autre mouvement que quelques légers signes de tête provoqués par ce qu’elle voyait, entendait autour d’elle, ou par ce qu’elle pensait en elle-même. » XI Ces amours pures, tantôt contrariées, tantôt servies par des circonstances d’un intérêt touchant dans le récit de Goethe, finirent, comme toutes les fleurs folles de la vie, par un coup de vent qui en disperse les illusions et les parsème sur le sol : le jeune Goethe, réprimandé par ses parents et compromis par ses mauvaises relations avec les cousins de Gretchen, fut envoyé à Strasbourg pour y achever ses études de droit.

1808. (1860) Cours familier de littérature. IX « LIe entretien. Les salons littéraires. Souvenirs de madame Récamier. — Correspondance de Chateaubriand (3e partie) » pp. 161-240

Sa jeunesse n’avait pas été sans troubles, et les agitations de son âme, les circonstances romanesques de sa vie avaient laissé sur toute sa personne une empreinte de mélancolie et quelque chose de caressant. » Le duc de Laval, dans un billet, parle ainsi d’elle à madame Récamier : « Je m’entends avec la duchesse (de Devonshire) pour vous admirer.

1809. (1860) Cours familier de littérature. X « LVe entretien. L’Arioste (1re partie) » pp. 5-80

Ainsi, dans cette circonstance de ma vie poétique, la belle villa des collines euganéennes, les bois de lauriers sous nos pieds au penchant de la pelouse, le pin murmurant sur nos têtes, la mer Adriatique à l’horizon, le tintement du petit jet d’eau des terrasses qui venait jusqu’à nous sur les tièdes bouffées du vent du soir, ces deux charmantes figures de femme, l’une dans le septembre encore fleuri, l’autre dans l’avril à peine fleurissant de leurs années ; cette tendresse égale, mais diverse, qui se peignait dans leurs yeux bleus en se regardant avec leur jeune amour, l’un de mère, l’autre de fille ; le groupe enchanteur qu’elles formaient sans y penser en folâtrant ensemble dans des attitudes langoureuses ou enfantines, sous mes yeux ; les joyeux éclats de rire innocents qui retentissaient dans leurs jeux, entre leurs dents sonores, tout cela me faisait une telle illusion et se confondait tellement dans mes yeux et dans mon imagination avec les stances de l’Arioste, encore vibrantes à mes oreilles, qu’il me semblait voir en réalité une Ginevra dans la mère, une Angélique dans la fille, et que, si on m’avait demandé : Êtes-vous dans le poème ?

1810. (1861) Cours familier de littérature. XI « LXIIe entretien. Cicéron » pp. 81-159

De graves circonstances l’attendaient : elles furent l’occasion de sa plus vive éloquence d’homme d’État.

1811. (1867) Cours familier de littérature. XXIII « cxxxve entretien. Histoire d’un conscrit de 1813. Par Erckmann Chatrian »

Goulden tira de l’armoire une bouteille de son vin de Metz, qu’il gardait pour les grandes circonstances, et nous soupâmes en quelque sorte comme deux camarades ; car, durant toute la soirée, il ne cessa point de me parler du bon temps de sa jeunesse, disant qu’il avait eu jadis une amoureuse, mais qu’en l’année 92 il était parti pour la levée en masse, à cause de l’invasion des Prussiens, et qu’à son retour à Fénétrange, il avait trouvé cette personne mariée, chose naturelle, puisqu’il ne s’était jamais permis de lui déclarer son amour : cela ne l’empêchait pas de rester fidèle à ce tendre souvenir : il en parlait d’un air grave.

1812. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « VII »

De cet ensemble de circonstances fâcheuses, il résulte un état désastreux des esprits.

1813. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1857 » pp. 163-222

Voici le dehors, quant au dedans, un grand esprit enterré vif dans un village, nourri de moelle spirituelle par la réflexion solitaire et une constante lecture, familier avec tous les hauts livres, un moment foudroyé par la mort d’un fils de onze ans, mais en train de reprendre son parti de la vie, « un cauchemar entre deux néants », un causeur à la parole espacée de mots qui font réfléchir, et jugeant à vol d’aigle, et allant au sommet des plus grandes questions, et enfermant sa pensée dans une formule nette, à arêtes coupantes, comme le métal d’une médaille ; un cœur tendre, mais un politique aux principes inflexibles, un génie dantonien auquel le théâtre et les circonstances ont manqué, le seul homme que j’aie vu préparé à tout et digne de tout9.

1814. (1888) Journal des Goncourt. Tome III (1866-1870) « Année 1868 » pp. 185-249

À table, la Païva expose une théorie de la volonté à faire peur… et que tout arrive par la volonté… et qu’il n’y a pas de circonstances… et qu’on les fait quand on veut… et que les malheureux ne le sont, que parce qu’ils ne veulent plus l’être.

1815. (1888) Journal des Goncourt. Tome III (1866-1870) « Année 1869 » pp. 253-317

Alors, un moment, c’est une suspension de respiration qui retient tous les souffles, puis, la mort, cela court, dans un murmure tout bas, sur toutes les lèvres… Dans la surprise sinistre et inattendue de ce « oui » sans circonstances atténuantes, il semble qu’il passe le froid d’une grande terreur, et l’immense frisson de tout le cœur d’une foule, remontant au tribunal, donne à ces froids exécuteurs de la Loi, le contre-coup de l’émoi humain du public.

1816. (1894) Journal des Goncourt. Tome VII (1885-1888) « Année 1887 » pp. 165-228

Il me parle de son incertitude dans la bonté de ses œuvres, dans son succès, dans son avenir, comparant ce timide et malheureux état d’âme, à la pleine confiance de Rosny, ne doutant pas un seul moment, avec l’aide de quelques circonstances favorables, de sa pleine réussite future.

1817. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Conclusions »

En analysant la manière dont il figure ses personnages, nous avons détruit ce qui nous semble être la loi suprême de la personation littéraire qui serait le maintien d’un équilibre délicat entre ce qu’il y a de constant, de personnel dans chaque caractère, et ce qu’il subit de variations au cours des circonstances, du temps.

1818. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Troisième Partie. De la Poësie. — III. Le Poëme épique, ou l’Épopée. » pp. 275-353

Les adversaires de Fontenelle eurent de quoi s’exercer sur lui à l’occasion de la tragédie d’Aspar, qu’il donna malheureusement dans ces circonstances.

1819. (1856) Cours familier de littérature. II « VIIe entretien » pp. 5-85

Une autre circonstance me fit, pour ainsi dire, violence, et triompha de ma répugnance à porter ces lettres et à décliner mon nom au seuil d’un palais.

1820. (1857) Cours familier de littérature. III « XVIe entretien. Boileau » pp. 241-326

Il cite à Molière, pour exemple de ces contradictions de la rime et du sens, une foule de circonstances où, cherchant à trouver le nom d’un homme de génie, la rime lui présente au bout du vers le nom d’un plat ou ridicule écrivain.

1821. (1884) Articles. Revue des deux mondes

Beaucoup d’espèces sans doute ont disparu par le concours des circonstances extérieures ; la plupart cependant ont péri de mort naturelle.

1822. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « XVIII. J.-M. Audin. Œuvres complètes : Vies de Luther, de Calvin, de Léon X, d’Henri VIII, etc. » pp. 369-425

C’est un fait indéniable ; mais il faut comprendre ce fait et les circonstances dans lesquelles il se produisit.

1823. (1889) Essai sur les données immédiates de la conscience « Chapitre II. De la multiplicité des états de conscience. L’idée de durée »

Les traités de mécanique ont soin d’annoncer qu’ils ne définiront pas la durée elle-même, mais l’égalité de deux durées : « Deux intervalles de temps sont égaux, disent-ils, lorsque deux corps identiques, placés dans des circonstances identiques au commencement de chacun de ces intervalles, et soumis aux mêmes actions et influences de toute espèce, auront parcouru le même espace à la fin de ces intervalles. » En d’autres termes, nous noterons l’instant précis où le mouvement commence, c’est-à-dire la simultanéité d’un changement extérieur avec un de nos états psychiques ; nous noterons le moment où le mouvement finit, c’est-à-dire une simultanéité encore ; enfin nous mesurerons l’espace parcouru, la seule chose qui soit en effet mesurable.

1824. (1903) La renaissance classique pp. -

Immédiatement, il y aperçoit la forme qu’il cherchait pour sa poésie, car, selon une parole célèbre, « toute poésie n’est que de circonstance ».

1825. (1891) Enquête sur l’évolution littéraire

Dans la circonstance, deux livres ont été la raison de mon Enquête, le Jardin de Bérénice, de M.  […] Sur la technique du vers : — Parmi les libertés que prend Moréas, et qu’il n’a pas inventées, il en est de légitimes ; mais je reste fidèle au vers officiel et si je me sers quelquefois de vers de quatorze syllabes, ce n’est que dans des circonstances très rares, en vue d’effets particuliers ; je ne sais pas si Moréas a toujours fait ainsi ; les si longs vers me font l’effet de la prose rythmée. […] Accordons toutefois au Symbolisme actuel les circonstances atténuantes, car il est le bout du bâton dont le Naturalisme est l’autre bout. […] Ils ont cette préoccupation de rendre les notes harmoniques les vibrations infinitésimales des circonstances et des êtres. […] Les querelles d’école n’ont que l’intérêt de la circonstance, il faut les laisser de côté et voir les choses avec plus de détachement.

1826. (1932) Le clavecin de Diderot

Alors, il n’y aurait plus à tenir compte du monde extérieur, des circonstances qui furent les occasions, pour tel ou tel inconscient, d’être affecté de tel ou tel conflit. […] À ce dualisme non surmonté, à cet actualisme borné, à ce plat esprit de circonstance, nous opposons la dialectique spontanée, l’authentique poésie, l’humour objectif d’un Péret, qui, dans la mort du lieutenant Condamine de la Tour, au Maroc, dans celle de la propriétaire des magasins de la Samaritaine : Elle est crevée la mère Cognac, trouve une inspiration à faire honte à ce monde, à ce temps une inspiration toujours digne du titre de son prochain recueil : Je ne mange pas de ce pain-là.

1827. (1898) La poésie lyrique en France au XIXe siècle

C’est une éducation tout à fait décousue, menée au hasard, laissée à l’aventure, aux circonstances. […] Une perruque qui s’élève et se balance dans les airs, quelle que soit la tête qu’elle découvre, c’est toujours amusant, c’est en soi une bonne farce ; mais, dans les circonstances où opère Fantasio, son espièglerie prend des proportions tout à fait particulières ; elle dépasse les bornes d’une simple plaisanterie, elle devient un grand événement, car le prince de Mantoue est furieux, il va rentrer dans ses États, se mettre à la tête de ses troupes.

1828. (1912) Réflexions sur quelques poètes pp. 6-302

Mais je demande des circonstances atténuantes pour Olivier de Magny. […] A-t-elle fait autre chose, en effet, quand sans se laisser émouvoir par mes prières, ni vaincre par mes caresses, elle garda son honneur de femme, et, malgré son âge et le mien, malgré mille circonstances qui auraient dû fléchir un cœur d’airain, elle resta ferme et inexpugnable. […] Je vous ai dit que Bertin mourut dans des circonstances funestes.

1829. (1904) Le collier des jours. Souvenirs de ma vie

Et toujours cette éclosion brusque d’un sentiment, sans doute fugitif, mais si vif, qu’il est pour moi inoubliable, fixe du même coup, dans ma mémoire, le décor et les circonstances dans lesquels il s’est produit. […] Mais je ne me souviens d’aucune circonstance, ni de ceux qui m’entouraient. […] Je fus sensible au compliment et il me donna une certaine confiance en moi-même, qui me servit, dans une autre circonstance.

1830. (1925) Promenades philosophiques. Troisième série

Lamarck, en de pareilles circonstances, se laissa écraser par Cuvier, en silence et doutant peut-être de lui-même. […] Naturellement, en de telles circonstances, il perd tout ce qu’il veut, comme disent les joueurs. […] Cependant, à côté de cet ennui fondamental, dont certains humains sont victimes et que l’ancienne médecine appelait hypocondrie, il y a diverses variétés d’ennuis qui tiennent aux circonstances de la vie et par conséquent peuvent n’avoir qu’une existence passagère.

1831. (1884) Propos d’un entrepreneur de démolitions pp. -294

Cette simple circonstance, par laquelle tout est profané du même coup, est une espèce d’attentat qui aurait épouvanté Molière et dont la bassesse est absolument inexprimable. […] Vous racontez que vous avez été beaucoup aimé des femmes, et c’est cette circonstance qui m’a éclairé sur votre véritable vocation. […] Cette circonstance vraiment providentielle aurait dû lui donner à penser.

1832. (1874) Histoire du romantisme pp. -399

Malgré toute son énergie, il lui fut impossible d’achever « la ligne commencée. » Le hasard, ou, pour dire plus juste, un concours particulier de circonstances, qui ne saurait en rien intéresser le lecteur, a voulu qu’il nous fût permis de recueillir la tradition la plus précise de ses projets. […] Nous nous y appliquerons de notre mieux ; nous chercherons les plus rationnelles suivant l’essence des sujets traités, tout en respectant avec toute la rigueur que les circonstances permettront, l’ordre chronologique, afin de créer en même temps que des livres intéressants et amusants par eux-mêmes, une sorte d’historique des progrès et des transformations du génie de l’auteur. […] à des circonstances favorables ? […] Singulier phénomène, Roqueplan était, pour toujours et sans circonstances atténuantes, condamné à la jeunesse, — eût-il atteint l’âge d’un patriarche. — Déjazet est un des plus frappants exemples de cette anomalie : ayant plus que l’âge d’une grand-mère, elle ravit tout le monde dans les rôles de pages et de chérubins d’amour.

1833. (1829) Tableau de la littérature du moyen âge pp. 1-332

Mais pour faire apprécier quelques-uns de ces essais de génie, il faudrait les encadrer dans un long récit ; il faudrait leur restituer toutes ces circonstances et tout cet intérêt du moment, qui faisait le talent de l’écrivain et la vie de l’ouvrage. […] Dans cette langue, nous avons à considérer encore plus d’un poëte célèbre, sans être supérieur aux autres, mais célèbre par des circonstances étrangères à son génie, célèbre parce que Pétrarque l’a nommé, célèbre parce qu’il porte un nom historiquement conservé parmi nous. […] Les génies supérieurs sont-ils distribués de telle façon que nulle circonstance heureuse ne puisse en développer un de plus, s’il n’est pas sorti par une destination providentielle ? […] Crapelet porte sur une tradition historique ; nul merveilleux, nulle circonstance extraordinaire ne se mêle au récit : tout est dans la peinture des sentiments et des mœurs, et dans le récit d’une vengeance atroce, qui paraît authentique. […] — Poésies italiennes de la fin du treizième siècle. — Précurseurs du Dante. — Quelques circonstances de la vie du Dante. — Ses études ; son caractère ; son génie.

1834. (1895) Impressions de théâtre. Huitième série

C’était donc fortifier sa thèse que de supposer Phèdre humainement honnête, de lui prêter toutes les excuses, de multiplier autour d’elle les circonstances atténuantes, — bref, de ne pas la faire odieuse. […] … J’ai montré, un jour, dans le détail, que pas un moment Phèdre ne consent au péché, et qu’il n’est aucun de ses discours ou de ses actes qui ne soit nécessité par quelque circonstance extérieure, tantôt par un excès de souffrance, tantôt par un accès de délire halluciné… Si vraie, avec cela ! […] Puis, les circonstances sont combinées de telle façon (je regrette de ne pouvoir entrer dans le détail) que, s’il fait son devoir, il perd le meilleur de ses amis, il perd une femme qu’il adore, et enfin il déshonore son propre père. […] Il s’agit donc de trouver des intonations, des cris, des rires, des gestes, des mines qui correspondent à ces divers chatouillements, en tenant compte des différences d’âge, de condition sociale et de circonstances.

1835. (1896) La vie et les livres. Troisième série pp. 1-336

Mais ne sent-on pas, jusque dans cet abandon volontaire, quelque chose de sérieux et d’un peu farouche, le labeur d’un psychologue, le sourcil grave d’un observateur dont la constatation placide implique, même dans les circonstances les plus scabreuses, un blâme hautain ? […] Nous connaissons de l’un le faste cossu, de l’autre la frivolité un peu soucieuse, l’enfantillage inquiet, la vanité sentimentale, avec ce je ne sais quoi, ce signe qui, dans notre foire démocratique, atteste la race et attire, selon les circonstances, la sympathie ou l’hostilité des foules et des femmes. […] C’est seulement en ces circonstances-là, et pour quelques instants, que l’on peut parfois apercevoir dans le cœur de la société, au centre des familles ou entre les deux parties d’un ménage, leur armature à nu, le lien d’argent. […] Une suite de rois justiciers, « droituriers et aumôniers », un concours de circonstances heureuses, quelques périodes de paix, une ample moisson de gloire donnent aux Français le goût de vivre, l’instinct d’agir, le loisir de rêver.

1836. (1930) Le roman français pp. 1-197

Encore, pour la tragédie, y a-t-il Polyeucte de Corneille, outre quelques autres drames dont le sujet est emprunté au martyrologe, et l’Esther, l’Athalie, de Racine, faites pour être jouées uniquement devant les demoiselles de Saint-Cyr : pièces de « circonstance », pour ainsi dire, et qui n’étaient pas destinées au public ; il y a, de Corneille — et il prend soin de s’en excuser — ses versions poétiques de quelques fragments lyriques de l’Ancien Testament, et de l’Imitation. […] Tels personnages se révéleront plus tard différents de ce qu’ils sont dans le volume actuel… ainsi qu’il arrive bien souvent dans la vie. » Proust passe ensuite à l’importance dans l’œuvre de « la mémoire inconsciente » : « Pour moi, la mémoire volontaire, qui est surtout une mémoire de l’intelligence, ne nous donne du passé que des faces sans vérité, mais qu’une odeur, une saveur retrouvées, dans des circonstances toutes différentes, réveille en nous, malgré nous. […] Et enfin, comme ils nous font goûter la sensation dans une circonstance tout autre, ils la libèrent de toute contingence, ils nous en donnent l’essence extra-temporelle, celle qui est justement le contenu du style, cette vérité générale et nécessaire que la beauté du style traduit.

1837. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre deuxième. Les mœurs et les caractères. — Chapitre I. Principe des mœurs sous l’Ancien Régime. »

Aucune circonstance n’a rendu l’ancien régime aussi éclatant et plus onéreux ; en ceci, comme dans tout le reste, Louis XIV est le principal auteur du mal comme du bien.

1838. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre III. Ben Jonson. » pp. 98-162

Prenez mille débauchés, vous trouverez mille manières d’être débauché ; car il y a mille routes, mille circonstances et mille degrés dans la débauche ; pour que sir Épicure Mammon fût un être réel, il fallait lui donner l’espèce de tempérament, le genre d’éducation, la nature d’imagination qui produisent la sensualité.

1839. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXXXIXe entretien. Littérature germanique. Les Nibelungen »

Le Faust de Gœthe seul peut renouer victorieusement la chaîne des temps littéraires, car nous l’avons dit, Faust est une épopée surnaturelle bien plus merveilleuse encore que les Nibelungen, car à l’exception du talisman qui rend Sîfrit invisible dans certaines rares circonstances, à l’exception du sang du dragon qui le rend invulnérable dans toutes les parties du corps où il en a été touché et qui n’a laissé que la place couverte par la feuille du tilleul où il peut être atteint par la mort, à l’exception encore de l’apparition des femmes blanches ou des ondines, vieilles superstitions allemandes au bord du Danube, au pays de Hagene, tout est naturel et historique dans ce poëme.

1840. (1893) Du sens religieux de la poésie pp. -104

. — Nous verrons tout à l’heure que ce vaste mouvement emprunte aux circonstances un sens très grave et très particulier.

1841. (1856) Jonathan Swift, sa vie et ses œuvres pp. 5-62

Il avait écrit à Pope en 1726 : « Aller en Angleterre, serait une chose excellente, si elle n’était toujours accompagnée de cette vilaine circonstance qu’il faut retourner en Irlande. » Il retourna dans cette terre d’exil, en 1727, pour n’en plus sortir.

1842. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 juin 1886. »

Tandis que la plupart des esprits gardaient un nombre égal d’égales notions, quelques-uns, privilégiés par des circonstances séculaires, subissaient plus vivement et plus rapidement la loi de l’hétérogénéité croissante.

1843. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Shakespeare »

d’une indigence dans sa nature, mais de la plus parfaite harmonie de toutes les parties de son être moral, pris de tête à cœur… « En la peignant dans sa foi, dans sa patience, dans sa fidélité, dans sa fortitude, avec son intuition heureuse et son tact fin, qui n’a besoin de l’intervention d’aucune faculté discursive, en la peignant dans la lumière de ses affections à travers laquelle elle voit tout, en la peignant enfin dans la seule erreur qui soit la sienne, l’exagération de l’amour, Shakespeare a peint toutes les femmes dans la même femme ; car lorsqu’il y a individualité chez la femme, c’est toujours les circonstances qui la font.

1844. (1932) Les deux sources de la morale et de la religion « Remarques finales. Mécanique et mystique »

Il semble que la sagesse conseillerait alors une coopération des deux tendances, la première intervenant quand les circonstances le demandent, l’autre la retenant au moment où elle va dépasser la mesure.

1845. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Discours sur le système et la vie de Vico » pp. -

Par un privilège admirable, ces hommes prodigieux ne sont pas lentement enfantés par le temps et par les circonstances ; ils naissent d’eux-mêmes, et ils semblent créer leur siècle et leur patrie.

1846. (1856) Articles du Figaro (1855-1856) pp. 2-6

. — Il n’a point, à l’exemple de ses illustres devanciers, frété un trois-mâts pour cette grande circonstance ; mais je ne saurais, en bonne conscience, lui en faire un crime. […] « Attendu que la loi qualifie de diffamation toute allégation ou imputation d’un fait de nature à porter atteinte à l’honneur ou à la considération de la personne à laquelle il est imputé ; » Attendu que si, dans un article publié dans le numéro du journal le Figaro du 20 mars 1856, et dans lequel il est question de toutes les actrices de la Comédie-Française, Louis Goudall s’est exprimé sur le compte de la demoiselle Brohan d’une façon à éveiller la susceptibilité de celle-ci, cependant cet article ne contient qu’une sorte de revue, qu’une appréciation hypothétique et plus ou moins épigrammatique du genre de beauté des personnes auxquelles il s’applique, et qu’on ne saurait y voir, en ce qui touche Augustine Brohan, l’imputation d’un fait de nature à porter atteinte à son honneur ou à sa considération ; » Attendu que la forme légère et paradoxale de l’article, envisagé dans son ensemble, que la nature même du journal dans lequel il a été inséré contribuent encore, par leur peu de gravité, à enlever aux expressions dont Goudall s’est servi le caractère, la volonté et l’intention de nuire, que le législateur a voulu atteindre et punir ; » Attendu que, dans ces circonstances, l’article incriminé, bien que blâmable dans sa forme et regrettable au point de vue des convenances et du bon goût, ne peut cependant être considéré comme contenant le délit de diffamation ; » Par ces motifs, renvoie Jouvin et Goudall des fins de la plainte ; » Condamne Augustine Brohan, aux dépens. » 7.

1847. (1895) De l’idée de loi naturelle dans la science et la philosophie contemporaines pp. 5-143

En réalité, on se donne la faculté de la spécification et de l’adaptation, et l’on montre comment, sous l’influence des circonstances, cette faculté passe à l’acte et réalise les espèces que nous avons sous les yeux. […] De là un second point de-vue, qu’on peut appeler le point de vue physico-sociologique : on s’efforce de rattacher les faits sociaux, non plus à leurs antécédents également sociaux, mais à des conditions extérieures observables et mesurables, telles que les circonstances géographiques, la densité de la population, la quantité des subsistances.

1848. (1894) La bataille littéraire. Septième série (1893) pp. -307

Elle parla, entrant dans son aveu par les voies les plus lointaines, comme font toutes les femmes, s’attardant aux menues circonstances, glissant sur les faits… « Vous savez, mon père, ma situation vis-à-vis de mon mari. […] que les Égyptiens, faute de ressort, sont nécessairement soumis à des étrangers, la Turquie est la seule puissance musulmane qui soit, malgré sa faiblesse, en mesure de profiter des circonstances ; les relations religieuses seront alors d’un grand poids. […] Heureusement Alexandre III ne fut pas dupe de ces habiletés et prit les mesures de rigueur nécessitées par les circonstances.

1849. (1881) Études sur la littérature française moderne et contemporaine

À chaque circonstance, joignant les mains de surprise, l’impératrice répétait cette question trop naturelle : « Mais, monsieur, où avez-vous pris un zèle aussi ardent pour les intérêts de mon gendre et surtout de ma fille ?  […] Louis XVI adressa à l’impératrice « les plus vifs remerciements pour la pensée qu’elle avait eue de s’assurer provisoirement de la personne d’un agent que les circonstances les plus suspectes semblaient désigner comme coupable d’infidélité envers son maître ; » mais il agit comme s’il ne tenait absolument aucun compte de ces circonstances. […] Maximes et mémoires de La Rochefoucauld Gœthe disait que toutes les bonnes poésies sont des poésies de circonstance, c’est-à-dire composées non en l’air comme des exercices de rhétorique, mais à propos d’un événement grand ou petit, d’un souvenir personnel.

1850. (1920) Impressions de théâtre. Onzième série

Il ne faut donc plus qu’opter entre le principe de Vivès et celui de Rousseau ; pour le demeurant, on considérera le tempérament, le caractère, la condition et le sexe de l’enfant que l’on voudra « former » ; et, au surplus, on se décidera d’après les circonstances. […] Brunetière lui-même me fournit une raison de le croire, lui qui fait presque du Tartufe une œuvre de circonstance, une riposte du comédien défendant sa boutique. […] Et enfin, comparez les « cruautés » de la Commune de Paris (même en tenant compte de la durée et des circonstances) à celles de la Terreur, et comparez les « persécutions » d’aujourd’hui et ce que furent les « persécutions » d’autrefois. […] Francisque Sarcey a ajouté que la gaieté, si malaisée à définir, est, en outre, chose de moment, de lieu, de circonstance ; que ce qui nous a paru gai peut fort bien sembler funèbre aux autres ; et que ce qui nous a fait rire aujourd’hui ne nous fera peut-être plus rire demain.

1851. (1864) Corneille, Shakespeare et Goethe : étude sur l’influence anglo-germanique en France au XIXe siècle pp. -311

M. de Rémusat, dans ses Mélanges fait la comparaison suivante entre René et Werther : « Considéré indépendamment du talent admirable qui le place si haut, René est un ouvrage aussi profond (que Werther) et plus pur… Ces deux romans se ressentent des circonstances différentes dans lesquelles ils ont été composés. […] Nous nous sentons tour à tour charmés, élevés, amusés même, mais nous ne sommes pas entraînés par le mouvement de l’action, nous n’éprouvons aucune illusion sur les personnages fantastiques de la pièce, nous accordons peu de sympathie au galant Faust et à son boiteux compagnon, et si le sort de Marguerite nous arrache quelques larmes, nous comprenons qu’elle est la victime de circonstances tout à fait exceptionnelles, et nous nous consolons en pensant que si Faust n’eût pas été la proie de Satan, il aurait pu l’épouser et vivre avec elle en bon père de famille.

1852. (1904) En lisant Nietzsche pp. 1-362

Il connaît tout l’enchaînement des circonstances extérieures et intérieures qui l’ont amené à son crime, ou plutôt il ne les connaît pas, mais, comparé à vous, il les connaît. […] Il consiste à sortir peu à peu de l’ignorance au sujet des antécédents et des circonstances de l’acte. […] Nous ne disons plus, par exemple : « Si un homme dégénère au point de vue physiologique, c’est le vice qui en est cause. » Nous ne disons pas davantage : « La vertu fait prospérer l’homme, elle apporte longue vie et bonheur. » Notre opinion est, au contraire, que le vice et la vertu ne sont point des causes, mais des résultats… Nous tenons à l’idée que malgré tout (malgré éducation, milieu, hasard, circonstances) on ne devient que ce que l’on est…… On devient un honnête homme parce que l’on est un honnête homme ; c’est-à-dire parce que l’on est né capitaliste de bons instincts et de conditions prospères… Vient-on au monde pauvre, né de parents qui en toutes choses n’ont fait que gaspiller et n’ont rien récolté, on est « incorrigible », je veux dire mûr pour le bagne ou la maison d’aliénés. […] Il est honteux que tous les théoriciens du socialisme admettent qu’il puisse y avoir des circonstances, des combinaisons sociales où le vice, la maladie, le crime, la prostitution, la misère ne se développent plus.

1853. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre huitième »

Il n’est pas besoin de noter tout ce que cette variété des caractères et des circonstances fait éclore de sentiments dans ces natures tendres et mobiles, au milieu de vicissitudes où elles ne peuvent ni s’appartenir ni se donner.

1854. (1880) Goethe et Diderot « Gœthe »

Méthode de bonheur qu’il n’a pas eu beaucoup de peine à s’appliquer, — lui, le Pangloss, car il est Pangloss, que les circonstances ont dorloté depuis sa naissance jusqu’à sa mort, — mais qu’il appliquait à ses amis et connaissances.

1855. (1904) Essai sur le symbolisme pp. -

Une esthétique qui ne s’adapterait pas aux exigences constitutives de la vie, ressemblerait un peu à ces langues mortes que la curiosité nous porte à connaître, mais dont les imperfections ou les circonstances opportunes nous interdisent l’usage.

1856. (1898) XIII Idylles diaboliques pp. 1-243

Un jour, Lucifer m’avait chargé de porter sa flamme à quelques sorciers littéraires qui, sur un boulevard de Paris, transmué pour la circonstance en val de Thessalie, s’efforçaient de ressusciter les aubes helléniques… Ô toi, Eschyle, et ton Prométhée percé d’un clou de diamant, au sommet du Caucase ? […] UN COUP DE DÉS JAMAIS (il baisse un peu la voix) quand bien même lancé dans des circonstances éternelles (un silence) du fond d’un naufrage soit (il baisse encore la voix) que l’abîme blanchi étale furieux sous une inclinaison plane désespérément d’aile la sienne par avance retombée d’un mal à dresser le vol et couvrant les jaillissements coupant au ras les bonds très à l’intérieur résume l’ombre enfouie dans la transparence par cette voile alternative jusqu’adapter à l’envergure sa béante profondeur en tant que la coque d’un bâtiment penché de l’un ou l’autre bord le maître hors d’anciens calculs où la manœuvre avec l’âge oubliée surgi inférant jadis il empoignait la barre de cette conflagration à ses pieds de l’horizon unanime que se prépare s’agite et mêle au poing qui l’étreindrait comme on menace un destin et les vents le nombre unique qui ne peut pas en être un autre esprit pour le lancer dans la tempête en reployer l’âpre division et passer fier hésite tout chenu cadavre par le bras écarté du secret qu’il détient plutôt que de jouer en maniaque2… MAÎTRE PHANTASM, abasourdi.

1857. (1896) Le IIe livre des masques. Portraits symbolistes, gloses et documents sur les écrivains d’hier et d’aujourd’hui, les masques…

Barrès, sinon peut-être tout à fait à ses débuts, ait jamais écrit un livre, ou même une page, d’art tout à fait pur, d’un désintéressement absolu, et c’est une véritable originalité et un mérite très rare pour des écrits de circonstance (au sens élevé que Goethe donna à ce mot) qu’ils aient avec leur valeur d’idée et de propagande égoïste, une valeur littéraire égale à celle des œuvres de beauté ingénue. […] Selon les circonstances de la route il en fait un épieu, une perche, une passerelle, un rempart ; dans les menues branches il taille des flèches ; les ramilles lui servent de verges : il a du plaisir à fustiger le monde avec les verges de l’infini.

1858. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [1] Rapport pp. -218

Donc, je me garderai bien d’insinuer, docile écho d’ironies anciennes, qu’Alfred de Vigny, plutôt qu’à une instinctive conception du suprême par l’isolement et du sublime par le silence, dut aux circonstances de la vie et à l’injustice première du sort son dédain, fécond en immortalité, de la vie contemporaine ; qu’il s’écarta de la popularité bien plus par le doute de l’obtenir que par le mépris de la mériter, que son recul provint surtout du pressentiment de ne pas être accueilli ; qu’il s’éloigna en la fierté de ne pas être repoussé, qu’il disparut de peur de ne pas être suivi, se tut, de peur de ne pas être écouté ; que son égoïste adoration de l’Honneur lui fut suggérée par le dépit de l’universelle Gloire où d’autres triomphèrent parmi le tumulte des foules ; qu’il ne se fit très grand, tout seul, qu’en l’appréhension d’être comparé à d’autres grandeurs, devant tout le monde ; que son auguste orgueil n’était qu’un faisceau, plus haut d’être très serré, de vingt vanités déçues ; et, en un mot, qu’il se créa, par la distance, supérieur, à cause du péril d’être intérieurement inégal. […] Peut-être à cause de quelques phrases suspectes du bon Tronchin, qui n’hésite point à se vanter d’avoir, en une circonstance analogue à celle où se trouve la duchesse, « tiré la présidente d’un mauvais pas », phrases étranges, et qui, si on les étudiait avec insistance, révéleraient chez Alfred de Vigny, chaste mépriseur de la vie et pitoyable à ceux qui viennent au monde, un état d’esprit où Malthus rejoint Platon, peut-être aussi à cause de la future maternité inévitablement présente à l’esprit du spectateur à travers les joliesses du langage et les beautés de l’idée, on ne sait quelle gêne, quel froissement d’intime conscience, même quelle révolte de sain instinct s’oppose au total plaisir que nous devrait donner Quitte pour la peur. […] Or, en soi, ce drame, pour ne point parler des obscurités d’où la ligne de l’action se dépêtre mal, — je défie le plus ingénieux des hommes de m’éclaircir par quelles circonstances Léonora Galigaï et Concini, et le Corse Borgia, et la Florentine Isabella, et M. de Thémines, et Picard, artisan parisien, et d’autres, et tout le monde, se rencontrent chez le sorcier juif Samuel !

/ 1915