Ses Mémoires sont écrits sans ordre, & avec une negligence qui annonce plus l’aisance naturelle aux personnes de son rang, que de talent pour écrire. […] Ses Lettres à Madame de Motteville prouvent plus en faveur de son esprit, & sont mieux écrites.
Les arts plastiques écrivent sur la pierre ou la toile. […] Pourquoi n’écrivez-vous pas en prose ? […] Je leur répondis, qu’ils le pouvaient faire, et que je me contentais d’avoir écrit ce que j’avais écrit. […] Il écrit, en 1767 : « Pardieu ! […] Il a beaucoup écrit.
« On écrirait un livre rien que pour vous faire écrire une page. » C’est le remercîment qu’adressait Victor Hugo à M. de Saint-Victor après avoir lu son article sur les Travailleurs de la mer, un de ces beaux morceaux qui portent avec eux leur flamme. Et Eugène Delacroix, qui venait de lire un article de lui sur le Cid, lui écrivait : « Je penserai à cela pendant quinze jours, et j’en ferai de meilleure peinture. » Ce sont là des suffrages, des titres de noblesse, et ils sont justifiés par ce qu’on lit depuis près de quinze ans, chaque dimanche soir, sous cette fière et résonnante signature : analyses d’ouvrages d’art ou de pièces de théâtre, feuilletons ou salons, comptes rendus qui sortent du cadre et qui sont eux-mêmes de brillants portraits ou des tableaux. […] J’ai là devant moi quantité de numéros de la Presse, renfermant des articles de lui, dont je voulais me souvenir, et sur l’un de ces numéros j’ai écrit : « Voici de ces jolies choses, dites en courant, que je crains que Saint-Victor ne conserve pas et ne recueille pas dans les volumes d’articles revus qu’il prépare ; il s’agit de je ne sais quelle petite pièce à couplets : « Ces chansons du vieux temps, Mlle Déjazet les dit de sa petite voix grêle et fine de cigale anacréontique ivre de rosée. — « Tu ne subis point la vieillesse », — dit à la cigale le poëte de Téos, — « frêle enfant de la terre, toi qui aimes les chansons. » Et dans un autre feuilleton encore : « Les rides, si jamais elles viennent, iront à sa petite figure spirituelle et impertinente comme les craquelures à la porcelaine. » Ces charmants hasards de plume valent pour moi de plus grands traits, et je ne veux pas que le feuilleton, sous prétexte qu’il devient livre et qu’il se fait plus grave, me les ôte et me les supprime. […] Le jour où il a écrit sur la Belle Hélène (26 décembre 1864), il a véritablement fait un acte de foi ; il a lancé l’anathème contre le burlesque, le grotesque, s’attaquant aux chefs-d’œuvre antiques et les profanant : le carquois résonnait ce jour-là sur son épaule ; on eût cru voir la colère d’Apollon. […] Oui, M. de Saint-Victor, classique en cela, classique dans la plus large acception sans doute, classique toutefois, comme le pourrait être un fils retrouvé de Chateaubriand, a au plus haut degré et possède en toute sincérité la religion de l’art, la religion littéraire ; à la manière dont je les lui ai vu quelquefois défendre, dans la conversation comme dans ses écrits, j’ai compris qu’il a bien réellement des dieux, et il a eu droit, par une sorte d’invocation, de les inscrire dès le début au frontispice de son livre.
Rostand, mon espérance s’est trouvée quelque peu déçue… « Si cette comédie, écrivit le plus ironiquement subtil de tous nos critiques, j’ai nommé M. […] Rostand, mais plus ingénieusement imaginé et moins déplorablement écrit. […] Edmond Rostand, et lui reconnaître un talent singulier ; il est un art, en effet, qu’a perfectionné l’auteur de la Princesse lointaine , de la Samaritaine et de Cyrano de Bergerac : c’est l’art de mal écrire. […] Rostand, poète et dramaturge, écrit ses vers pour le théâtre. […] On m’a affirmé qu’en les signalant au public, un critique de la Revue bleue, dont on ne m’a pas dit le nom, avait écrit : « Je salue un vrai poète, peut-être un futur grand poète !
Lenient — lequel n’est pas un livre d’aperçu, qui n’a été conçu ni écrit comme les Considérations de Montesquieu sur la grandeur et la décadence des Romains, et qui embrasse toute la période du Moyen Âge, — est de n’avoir que quatre cents et quelques pages pour nous donner le train des faits intellectuels de cette époque, qui est immense. […] Et cependant, quand on écrit l’histoire de la Satire, fût-ce en France, fût-ce au Moyen Âge, c’est-à-dire, après tout, dans un assez chétif fragment de l’espace et du temps, on n’écrit pas moins que l’histoire de l’esprit humain, — et de l’esprit humain par son côté le plus varié, le plus profond, le plus mystérieux, car le rire est plus difficile à expliquer que les larmes, dont la source est si large en nous qu’on n’a pas besoin de la chercher ! […] Oui, c’était par cette grande page vierge à écrire, qu’il fallait ouvrir l’introduction de cette histoire. […] mais qui n’a pas de relief, et qui pourrait porter aussi bien la date du règne de Louis-Philippe, par exemple, que celle du règne de Napoléon III, l’homme qui l’a écrite étant identiquement le même professeur moyen, le même élève de l’École normale du milieu de la classe, qui pouvait l’écrire, il y a vingt ans, exactement de ce même style, — la construire exactement avec les mêmes renseignements, — y professer exactement les mêmes admirations pour les mêmes personnes, Casimir Delavigne et Béranger, — et, finalement, la saupoudrer de la même fleur d’érudition facile, cueillie dans tous les livres que la fonction met aux mains et force à feuilleter.
Déchiffrer la vérité d’une époque sans se servir des noms écrits dans le dictionnaire de la gloire, c’est lire aussi bien dans l’obscurité que dans la lumière, c’est avoir la vue complète, et, endroit et envers de l’histoire, c’est tenir les deux côtés à la fois. […] Est-il bien nécessaire de dire qu’on retrouve dans cet écrit les qualités ordinaires d’un talent qui ne fléchit pas ? […] Le magnifique passage sur le grand comte de Clarendon peut s’appliquer tout entier à l’homme éminent qui l’a écrit, en pensant peut-être à sa propre destinée. […] Du reste, ce n’est point dans les surprises d’un talent que l’Europe connaît et qui ne peut plus étonner personne, qu’il faut chercher la raison de l’intérêt de cet écrit de Guizot. […] Les uns chercheront donc dans le nouvel écrit de Guizot, comme ils cherchèrent dans tous ceux du même auteur qui le précédèrent, des raisons suffisantes pour accepter et légitimer, pour innocenter et comprendre le principe des révolutions ; les autres pour le repousser, le maudire et le combattre davantage.
Comme, un jour, il avait écrit déjà Les Anglais chez eux, il a voulu écrire aussi Les Anglais chez nous. […] Moraliste, d’ailleurs, parce qu’il était historien, et précisément parce qu’il était l’un et l’autre, il écrivit des romans, des histoires de cœur, un genre d’histoire pour lequel il n’y a pas d’École des Chartes, mais beaucoup d’autres écoles, dont l’enseignement est plus dur et qui n’ont pas été fondées par Guizot. […] Il écrivit sur les arts. […] Mais, fonctionnaire trop vivant pour s’encadrer exactement dans sa fonction sans la dépasser jamais, et s’endormir quand elle est remplie, c’est en courant des Archives d’un département aux Archives d’un autre département qu’il nous a écrit son Dick Moon, ce Guide des voyageurs comme on n’en avait pas encore vu, ce livre de poste intellectuel dans lequel, à travers tant de choses, l’Érudition trotte et galope, légère, court vêtue, en petite veste, les houppes rouges au fouet qui claque et qui cingle, et ne s’était point vue en pareil costume et à pareille course, cette formidable cul-de-jatte d’Érudition, décente Callipyge qui d’ordinaire reste assise et qui n’a jamais enlevé sa base de plomb dans les airs ! […] Lisez même son chapitre des deuils maternels, que je n’ai pas la force de louer, mais qu’il a eu la force d’écrire.
Il a beaucoup écrit, sans être un écrivain, sans avoir aucune des qualités éclatantes ou des prétentions plus ou moins justifiées de ceux dont la vocation est d’écrire. Il a probablement écrit parce que l’action pour laquelle il était fait ne lui fut pas toujours possible, du moins dans la mesure qu’il fallait à des facultés aussi fortes que les siennes. Il a écrit sur diverses matières d’économie et de commerce, et même il a laissé un poème épique, sur la chute de Constantin Paléologue, qui aura le tort de tous les poèmes épiques et français ; mais ce qu’il a fait de mieux, ou plutôt ce qu’il a fait seulement, c’est de l’histoire. […] Il dit sa pensée sans espérance et sans désespoir, avec la netteté d’un homme qui ne l’écrit que parce qu’il veut la clarifier encore. […] Dans l’histoire de son temps qu’il a écrite sous ce nom personnel de Mémoires, on ne voit briller, de son sobre éclat, que ce genre de bon sens sur place des hommes d’action, qui sont tous, avec l’uniforme ou sans l’uniforme, des soldats.
Eh bien, cet espoir, Crétineau-Joly ne le partageait point quand il écrivait son histoire. […] Esprit absolu, qui n’avait pas écrit pour rien sa grande Histoire des Jésuites, et qui devait appliquer à son parti le noble mot de Laurent Ricci : Sint ut sunt, aut non sint ! […] Parce qu’enfin son livre est cruel pour ceux dont il écrit l’histoire, on ne se généra pas, et on dira que ce livre n’est qu’un pamphlet ! […] Les pires pamphlets, les plus sanglants, les plus terribles, ne sont pas ceux-là qu’écrivent les historiens, auraient-ils la plume de Tacite, mais bien ceux qu’écrivent avec leurs propres actes, dans l’Histoire, les hommes d’État coupables et les mauvais gouvernements ! […] Parfois même il n’est pas besoin d’une filiation directe ; il suffit du même nom, pour que la mystérieuse et redoutable loi s’accomplisse… Habitué, par l’histoire religieuse qu’il a souvent écrite, aux idées générales et aux conclusions providentielles, Crétineau-Joly devait être nécessairement plus frappé que personne du rôle invariablement funeste qu’a joué dans nos annales tout ce qui porta jadis le nom d’Orléans, et il n’a pas voulu qu’on l’oublie.
Quoi qu’il ait écrit, — vers ou prose, — ce n’est pas un talent achevé, venu à bien, ayant son aboutissement et sa plénitude. […] S’il redevient obscur, il n’aura pas du moins vécu obscur… La Vie de Bohême, quand elle parut, cette suite de pochades écrites en un style qui est plus de l’argot que du français, sur des tables de brasserie et de café, entre beaucoup de pipes et de petits verres, parut une délicieuse fantaisie à beaucoup d’esprits et même à la Critique, qui devait pourtant s’y connaître. […] Mürger d’écrivain original, parce qu’il écrivait en manches de chemise, comme on joue au billard. […] On sait que le poète des Contes d’Espagne et d’Italie a écrit quelques-uns de ses plus beaux poèmes sous le nom de Nuits. […] Mürger a écrit ses poésies sous le nom de Nuits d’hiver, mais ce n’est pas un chétif rapport de titres qui me fait conclure à l’imitation, l’insupportable imitation, qui donne deux fois la même note, en l’affaiblissant !
… Le Normand a été attiré par la plus grande gloire littéraire normande ; car lord Byron, qui se disait Normand avec orgueil, est une gloire anglaise, — mais à travers laquelle, comme à travers la langue dans laquelle il écrivit, se reconnaît l’identité de race, de cette forte race, de poésie profonde, qui va de Rollon à Corneille. […] L’auteur du Corneille inconnu a écrit son livre avec cette critique patiente, exacte, microscopique, contractée peut-être chez Sainte-Beuve, à laquelle il a mêlé pourtant une raison plus large et un ton plus grave et plus froid. […] pensé et écrit pour en rafler un, et comme il faut que le Normand se retrouve partout, M. […] Levallois, l’admirateur passionné de Maurice de Guérin semble s’être bien donné de garde d’écrire sur Corneille (sur Corneille !!!) […] Mais où il l’a le mieux vue, c’est là où elle est le plus dans des hommes d’autant de sentiment et de pensée que Corneille, c’est-à-dire dans ses écrits.
De quelques auteurs du seizième siècle qui en ont écrit parmi nous. […] Il haïssait les disputes, et il passa quarante ans à disputer et à écrire. […] Dès le seizième siècle nous eûmes des éloges des savants, mais écrits en latin : c’était alors, comme nous l’avons déjà vu, la langue universelle des arts. […] Il a mérité que M. de Thou ait écrit sa vie, et que Perrault ait fait son éloge. […] Des savants dans les langues, tels qu’Adrien Turnèbe, un des critiques les plus éclairés de son siècle, Guillaume Budé, qu’Érasme nommait le prodige de la France, et dont il eut la faiblesse ou l’orgueil d’être jaloux, qui passait pour écrire en grec à Paris comme on eût écrit à Athènes, et qui, malgré ce tort ou ce mérite, fut ambassadeur, maître des requêtes et prévôt des marchands ; Longueil, aussi éloquent en latin que les Bembe et les Sadolet, et mort à trente-deux ans, comme un voyageur tranquille qui annonce son départ à ses amis ; Robert et Henri Étienne, qui ne se bornaient pas, dans leur commerce, à trafiquer des pensées des hommes, mais qui instruisaient eux-mêmes leur siècle ; Muret exilé de France, et comblé d’honneurs en Italie ; Jules Scaliger, qui, descendu d’une famille de souverain, exerça la médecine, embrassa toutes les sciences, fut naturaliste, physicien, poète et orateur, et soutint plusieurs démêlés avec ce célèbre Cardan, tour à tour philosophe hardi et superstitieux imbécile ; Joseph Scaliger sort fils, qui fut distingué de son père, comme l’érudition l’est du génie ; et ce Ramus, condamne par arrêt du parlement, parce qu’il avait le courage et l’esprit de ne pas penser comme Aristote, et assassiné à la Saint-Barthélemi, parce qu’il était célèbre, et que ses ennemis ou ses rivaux ne l’étaient pas.
ce n’est pas écrit, ce n’est jamais écrit. […] Car il a voyagé pour écrire des impressions de voyage ; mais il a voyagé aussi pour écrire encore des romans, et voici qu’il est en train d’en écrire de meilleurs. […] Bourget l’a écrite, mais diantre ! […] Maeterlinck écrit très bien. […] Socrate n’a pas écrit un mot.
On les écrit en vingt façons, ils se prononcent de vingt manières. […] Mais j’ai tort d’écrire naïveté. […] Voltaire a donc écrit quelquefois pour la postérité. […] « Monseigneur, écrit-il un jour au chancelier Maupeou, je commence par vous demander pardon de ce que je vais avoir l’honneur de vous écrire. […] Si j’écrivais pour la galerie, je prendrais la chose au tragique.
Et de 1560 à 1575 environ, qu’écrit-il ? […] « Nous avons eu des contemporains sous le règne de Louis XIV », a quelque part écrit Diderot, et c’est précisément de Bayle qu’il l’a écrit. […] Là même est l’intention de son premier écrit : Pensées diverses écrites à un docteur de Sorbonne à l’occasion de la comète qui parut au mois de décembre MDCLXXX. […] Il ne lui restait plus qu’il se faire femme de lettres, et, en effet, c’est alors qu’elle écrivit ses romans. […] C’est la planète qu’on veut connaître, et Fontenelle écrit ses Entretiens sur la pluralité des mondes.
On dit assez communément dans la Société, qu’Henri IV doit plus à l’Histoire que ce Prélat en a faite, qu’au Poëme de la Henriade, apparemment parce que cette Histoire est écrite d’un ton de sentiment & de dignité qui la rend bien plus intéressante. […] Ainsi devroient écrire les Biographes. On les tient quittes de montrer leur propre esprit ; on ne leur demande que celui de l’homme dont ils prétendent écrire l’Histoire.
Elle avait toujours eu un grand goût pour élever les enfants, pour les enseigner, les reprendre, les morigéner : c’était un de ses talents particuliers et prononcés : « J’ai grande impatience, écrivait-elle à Mme de Brinon, la première directrice de ces écolières, de voir mes petites filles et de me trouver dans leur étable… J’en reviens toujours plus affolée. » De Rueil, l’institution fut transférée à Noisy, où elle continua de croître : Mme de Maintenon y consacrait tous les moments qu’elle pouvait dérober à la Cour. Elle commençait à s’applaudir de son succès : « Jugez de mon plaisir, écrivait-elle à son frère, quand je reviens le long de l’avenue suivie de cent vingt-quatre demoiselles qui y sont présentement. » Mme de Maintenon était faite pour ce gouvernement intérieur et domestique ; elle en avait l’art et le don, elle en goûtait tout le plaisir. […] Mme de Maintenon lui en faisait la guerre dans des lettres très belles et qui ne la convainquaient pas : Comment surmonterez-vous, lui écrivait-elle, les croix que Dieu vous enverra dans le cours de votre vie, si un accent normand ou picard vous arrête, ou si vous vous dégoûtez d’un homme, parce qu’il n’est pas aussi sublime que Racine ? […] À l’origine, cela promettait plus, et il y a telle de ces Dames (Mme de Champigny) à qui Mme de Maintenon pouvait écrire : « Je n’ai jamais rien vu de si bon, de si aimable, de si net, de si bien arrangé, de si éloquent, de si régulier, en un mot de si merveilleux, que votre lettre… » À la mort de Louis XIV, et dans le brusque contraste avec des temps si nouveaux, Saint-Cyr passa presque en un instant à l’état d’antiquité et de relique royale. […] Cette Histoire rappelle assez bien la manière dans laquelle le cardinal de Bausset a écrit la vie de Fénelon : c’est un courant de narration égal et pur.
Il faut voir comme le gentilhomme Voltaire reçoit l’avis de ces messieurs, les hommes d’argent ; c’est à Mme de Bernières toujours qu’il écrit (1718) : Si j’avais eu une chaise de poste, madame, je serais venu à Paris par l’envie que j’ai de vous faire ma cour, plus que par l’empressement de finir l’affaire. […] On m’a écrit que M. le régent a donné sa parole, et comme j’ai celle de la personne qui l’a obtenue du régent, je ne crains point qu’on se serve d’un autre canal que le mien ; je peux même vous assurer que, si je pensais qu’ils eussent dessein (les hommes d’argent) de s’adresser à d’autres, mon peu de crédit auprès de certaines personnes serait assez fort pour faire échouer leur entreprise. […] Quand on ne songe qu’à l’idéal de l’agrément, à la fleur de fine raillerie et d’urbanité, on se plaît à se figurer Voltaire dans cette demi-retraite, dans ces jouissances de société qu’il rêva bien souvent, qu’il traversa quelquefois, mais d’où il s’échappait toujours. « Mon Dieu, mon cher Cideville, écrivait-il à l’un de ses amis du bon temps, que ce serait une vie délicieuse de se trouver logés ensemble trois ou quatre gens de lettres avec des talents et point de jalousie, de s’aimer, de vivre doucement, de cultiver son art, d’en parler, de s’éclairer mutuellement ! […] écrivait-il à Thieriot en 1739 ; j’en suis très mortifié : il est dur d’être toujours un homme public. » Ce fut toute sa vie sa prétention d’avoir l’existence d’un écrivain gentilhomme, qui vit de son bien, s’amuse, joue la tragédie en société, s’égaie avec ses amis et se moque du monde : « Je suis bien fâché, écrivait-il de Ferney à d’Argental (1764), qu’on ait imprimé Ce qui plaît aux dames et L’Éducation des filles ; c’est faner de petites fleurs qui ne sont agréables que quand on ne les vend pas au marché. » Je me suis amusé moi-même à recueillir dans la correspondance nouvellement publiée bon nombre de préceptes de vie qui se rapportent à ce régime de gaieté, auquel il dérogea souvent, mais sur lequel aussi il revient trop habituellement pour que ce ne soit pas celui qu’il préfère : Ce monde est une guerre ; celui qui rit aux dépens des autres est victorieux. […] Mlle Quinault lui avait écrit à ce sujet ; il lui répondait par une des plus jolies lettres du nouveau recueil ; il lui disait : Vous êtes toute propre à faire des miracles ; j’en ai grand besoin.
Ernest Naville est d’ailleurs, jusqu’à un certain point, indépendant de l’opinion qu’on a des écrits philosophiques et de la doctrine particulière de Maine de Biran ; c’est l’histoire d’un espritet d’une âme. […] Maine de Biran reste toujours au seuil de son étonnement, si je puis dire ; il y revient sans cesse ; il y fait un pas en avant, un autre en arrière, et durant trente ans il ne le franchit pas : Comment ne pas être sans cesse ramené, écrivait-il en 1823, au grand mystère de sa propre existence par l’étonnement même qu’il cause à tout être pensant ? […] Même là où il est sur son terrain et dans sa voie, il a peine à s’en bien démêler ; il entreprend plus d’un écrit philosophique ou politique avec le sentiment qu’il n’en finira jamais : Je fais un écrit politique (sur L’Ordre et la liberté, en 1818) comme Pénélope faisait sa toile. […] [NdA] Il y a d’ailleurs dans cet écrit de quoi venir en aide aux points de vue les plus opposés. […] — Depuis que ceci est écrit.
je suis trempée de larmes, je ne les ai essuyées que pour écrire à notre bonne mère en quittant les frontières de l’empire ; pourquoi l’affliger ? […] Aussitôt mariée et à la minute, elle remplit une promesse touchante ; elle trouvé moyen de s’échapper un instant en plein cérémonial, en pleine représentation à Versailles, pour écrire un mot à sa mère (16 mai 1770) : « Madame ma très chère mère, « Je me suis échappée du grand cercle, dans ma grande toilette de mariée, pour m’acquitter de la promesse formelle que j’avais faite à ma chère maman de lui écrire ce mot, tout de suite après que la messe de mariage aurait été célébrée. […] ma chère sœur, écrivait Marie-Antoinette à Marie-Christine, que nous étions plus heureuses auprès de notre bonne mère ! […] Il pleut dans le moment où je vous écris ; c’est probablement qu’elle l’aura permis. […] Si l’on s’en rapportait à Mme Campan, toutes les lettres que Marie-Antoinette écrivait à sa famille auraient été revues, avant d’être envoyées, par l’abbé de Vermond, son bibliothécaire et son ancien maître, resté son confident.
— Je n’écris pas à M. […] La lettre suivante qu’il écrivait confidemment à Mme de Dino (?) […] Il n’a cessé d’écrire jusque dans ses dernières années, faisant imprimer à ses frais ses élucubrations, et se posant en candidat perpétuel à l’Académie française. […] M. de Talleyrand écrivait peu après : « 19. […] Il semble que M. de Chateaubriand ait voulu répondre à ce reproche, qu’il se faisait tout bas à lui-même, dans sa lettre écrite de Rome à M.
On en retrouve le souvenir à beaucoup d’endroits des écrits de M. de Sénancour. […] M. de Sénancour n’écrivait, guère encore à cette époque ; il se plaisait plutôt à peindre le paysage dans le sens littéral du mot : en arrivant à un instrument plus général d’expression, il a négligé ce premier talent. […] Il n’y a pas de roman ni de nœud dans ce livre ; Oberman voyage dans le Valais, vient à Fontainebleau, retourne en Suisse, et, durant ces courses errantes et ces divers séjours, il écrit les sentiments et les réflexions de son âme à un ami. […] Son regard sur les choses est moins navrant ; il tolère la destinée et ressent désormais de la satisfaction à consigner par écrit les pensées qu’elle lui suggère. […] La forme littéraire et toute classique du développement, la lenteur égale de chaque paragraphe, se rapprochent beaucoup de la manière du moraliste Du Guet dans le traité si bien écrit et si peu lu de la Prière.
Il aimait, notamment, à dire et à écrire ce qu’il pensait. […] « Sire, écrivait-il, il y a vingt ans on se méfiait de la démocratie, et cette méfiance, que 1848 a augmentée, s’est maintenue dans la loi. […] Duruy écrivait : « L’enseignement qu’il faut créer pour eux ne devra pas être purement technique ni étroitement préparatoire au métier, mais il dirigera vers le métier. […] C’est un ancien projet d’histoire de France qui l’avait conduit à écrire l’histoire de Rome et l’histoire de la Grèce. Il disait, dans l’avant-propos de celle-ci, quelques années avant sa mort : « Il y a plus d’un demi-siècle, élève de troisième année à l’École normale, j’avais, avec l’ambition ordinaire à cet âge, formé le projet de consacrer ma vie scientifique à écrire une Histoire de France en huit ou dix volumes.
Flourens, l’un des deux secrétaires perpétuels de l’Académie des sciences, a eu l’idée heureuse d’écrire avec quelque détail l’histoire de ses devanciers, non pas leur biographie, mais l’histoire de leurs travaux et de leurs vues. […] Ce livre des Mondes offre, en quelque sorte, deux aspects, et il aboutit par une double influence à deux ordres d’écrits tout différents. […] Si l’on prenait Fontenelle dans ses autres écrits, vers cet âge de trente ans, à cette date où il était à la fois raillé avec justesse et méconnu avec injustice par La Bruyère, on le trouverait déjà tout formé quant aux idées et aux vues. […] Tous les savants se mirent à disserter, à disputer sur cette dent d’or ; on en écrivit deux ou trois histoires. […] » Fontenelle est le premier secrétaire perpétuel de l’Académie des sciences qui ait écrit en français ; son prédécesseur Du Hamel écrivait encore en latin.
Jacques Amyot, dont la meilleure vie et la plus complète a été écrite par l’abbé Lebeuf, était né à Melun le 30 octobre 1513, de parents pauvres et qui, pourtant, le firent étudier. […] Amyot écrivait cela l’année même de la Saint-Barthélemy. […] Quand de telles pages s’écrivent dans une langue et que cela dure pendant toute la teneur d’une traduction de si longue haleine, elle n’a plus rien à désirer, ce semble, dans sa prose. […] Dans ses préfaces, dans ses dédicaces, dans le petit nombre de pages de son cru, sauf de rares endroits, Amyot est faible ; il écrit moins bien pour son compte que quand il traduit. […] Henri IV écrivait de Plutarque : « L’aimer, c’est m’aimer. » Et c’était par Amyot qu’il l’aimait.
Raynouard, si bon et si ingénieux grammairien, n’était rien moins qu’un habile écrivain ; il ne fut jamais un maître dans l’art d’écrire. […] Il y a des choses qui ne s’écrivent point. Le propre de la langue rustique, vulgaire, populaire, est de se pratiquer sans s’écrire. […] Mais ici le sentiment vif de l’équité l’a fait écrire comme il aurait parlé. […] L’historien en a pris l’occasion d’écrire une de ses plus belles pages.
Fiévée n’est pas de ces hommes dont il faille, je crois, écrire la vie bien en détail, mais il est de ces écrivains distingués qui méritent qu’on s’occupe de leurs opinions et de leurs livres. […] « J’attends pour la lire de l’avoir écrite », répondit-il. […] Fiévée, après avoir vu Bonaparte, reçut par l’intermédiaire de M. de Lavalette l’invitation de lui écrire dans une série de notes ses impressions et ses vues sur les événements et les choses. […] Mais la dignité ne consiste pas à maintenir et à concerter si soigneusement, dans les préfaces et récits, ce semblant d’égalité plus que jamais impossible quand on écrit trente ans après et devant la majesté de l’histoire. […] Aussi les notes les plus vraiment remarquables qu’il ait écrites sont celles de 1802 à 1804.
Ce formidable duc, aux mœurs sévères et aux éternelles écritures, qui avait passé toute sa vie à écrire, sans rien publier, contre Louis XIV et son siècle, et qui l’avait effrayé, lui ! […] C’est ce Dubois, ce même Dubois, auquel le fier Saint-Simon des Mémoires écrit maintenant de déshonorants respects et d’abominables tendresses ; car il va jusqu’aux tendresses, dans cette prodigieuse Correspondance ! […] Ceci est évidemment au-dessus, par la profondeur de l’inspiration, de tout ce qu’il a écrit ailleurs. […] Quel fut leur destin alors que Saint-Simon les écrivait ? […] Écrits inédits de Saint-Simon, publiés par Faugère (Constitutionnel, 18 mai et 30 novembre 1880).
Quand il écrit, il l’est encore, et il n’est pas plus. […] Qu’est-ce que le Petit Almanach des grands hommes, sinon des épigrammes fixées pour mémoire, qui avaient été parlées avant d’être écrites ? […] Or, quel que soit l’accent de Rivarol à certaines places des écrits qu’il nous a laissés, il n’est jamais, même pour une minute, l’écrivain accompli et de tenue irréprochable que Joseph de Maistre est toujours. […] lorsqu’il se met à écrire l’histoire, on trouve tout à coup en lui la froideur sublime qui est, dit-on, dans le soleil. […] Il a peut-être serré la réalité de plus près… « Bonaparte — écrit-il — fit réellement au 30 vendémiaire ce que Louis XVI fut accusé faussement d’avoir fait le 10 août.
Mais sait-on le pourquoi de ce qu’on écrit ! […] Il nous donne la vie qu’il a écrite de sa bien-aimée sœur. […] J’écris. […] J’ai pourtant écrit sur l’art… Pourquoi ? […] — Je vous écrirai demain, fait le propriétaire, et c’est probable que j’accepterai.
Leconte de Lisle a écrit la plupart de ses poèmes d’après cette méthode. […] Mais s’appliquerait-il davantage à aucun homme ayant écrit, c’est-à-dire ayant agi ? […] Il ne lui suffit pas d’écrire juste, il veut écrire d’une manière rare. Il en résulte que parfois il écrit d’une manière contournée. […] A maintes reprises Amiel se plaint d’une difficulté d’écrire.
Le souci de relever le style par l’éclat ou l’agrément des figures trahit le rhéteur, l’homme qui n’écrit que pour faire dire qu’il écrit bien. Mais l’homme qui écrit par besoin, pour défendre ce qu’il croit ou ce qu’il aime, pour réaliser un idéal d’art, ou même pour satisfaire son ambition, son égoïsme ou ses vices, ne songe qu’à parler juste, et qu’à trouver les mots qui rendent sa pensée et l’approchent de son but : celui-là est aussi éloigné de concerter ses figures que l’homme du peuple, qui, en jurant, ne pense guère à faire une imprécation. […] Le défi de Rodrigue, dans son exagération insensée, n’est que la traduction dramatique de ce que Corneille écrit ailleurs d’après l’Imitation de Jésus-Christ : Rien ne pèse à l’amour, rien ne peut l’arrêter ; Il n’est point de travaux qu’il daigne supputer ; Il veut plus que sa force ; et quoi qui se présente, L’impossibilité jamais ne l’épouvante : Le zèle qui l’emporte au bien qu’il s’est promis Lui montre tout possible, et lui peint tout permis. […] La conclusion de tout ceci, c’est qu’il faut se proposer de parler proprement et justement ; qu’il ne suffit pas même que les figures soient le produit spontané de l’esprit ; qu’il faut encore exercer sur ce que l’on écrit un contrôle sévère, et ne recevoir aucune métaphore, aucune figure d’aucune sorte, que lorsqu’on sent qu’elle est dans la circonstance l’expression propre, adéquate de la pensée, lorsqu’elle apparaît comme véritablement et rigoureusement nécessaire.
On lui donna M. de La Valette pour l’accompagner, et il s’embarqua le 20 juillet 1629 à Toulon, non sans écrire au roi une lettre où il témoignait de sa reconnaissance et de son repentir. […] Dans un séjour qu’il fit à Padoue, il écrivit Le Parfait Capitaine, autrement l’abrégé des guerres de Gaules des Commentaires de César, avec quelques remarques, dédié au roi Louis XIII. […] Le roi lui écrivit, le fit presser par son ambassadeur, M. d’Avaux. […] Petitot, dans sa collection de mémoires, dit que si l’on compare ce dernier ouvrage aux autres écrits du duc de Rohan, « on y reconnaît le même style, la même manière de présenter les choses ». […] La peste, la famine sévissent parmi les troupes ; les colonels et capitaines Grisons s’irritent faute de paye et quittent leurs postes, le conseil des ligues pense à de nouvelles alliances : point d’argent, point de Grisons. « Il ne se passe semaine, écrivait Rohan à M. des Noyers dès le mois de juillet, que je ne vous écrive l’état de ce pays, et je n’apprends pas seulement que vous receviez mes lettres, ce qui me fait croire que vous ne prenez pas la peine de les lire. » Les amères doléances de Rohan du fond de sa Valteline arrivaient pendant que les Espagnols prenaient Corbie et menaçaient la capitale ; on conçoit qu’elles aient été médiocrement écoutées.
Ce qu’il faut dire d’abord, c’est que ce qu’on appelle les Œuvres de Mme Swetchine, ce ne sont pas précisément des œuvres ni des écrits destinés par elle au public. Elle écrivait beaucoup, mais le plus souvent pour elle seule, sur de petits papiers et au crayon : « Écrire au crayon, disait-elle ingénieusement, c’est comme parler à voix basse. » Ses amis se sont donc mis à écouter tout ce qu’elle s’était dit à elle-même à voix basse ; ils ont déchiffré ses petits papiers et ont recueilli les Pensées qu’elle y avait tracées plus ou moins distinctement. […] Les premières des Pensées ont été écrites en 1811 et s’appellent Airelles. […] Je prends son traité de la Vieillesse ; c’est son écrit capital et le plus suivi, quoiqu’il puisse s’y être glissé, dans la transcription qu’on en a faite, quelque pensée d’emprunt et qui n’est pas d’elle. […] Une femme d’esprit, Mmede Lambert, a bien écrit quelque chose pour elles et à leur intention ; mais ce n’est que sage et d’une sagesse un peu triste, qui n’est que philosophique et humaine.
Louvois écrivait là-dessus à Ravaux pour le bien mettre au peint de vue et lui expliquer au liste ce qu’on exigeait de lui sous toutes les apparences de la légalité. […] Louvois, surpris, écrivit aussitôt au premier président du Parlement de Metz : « Les commissaires de l’Empereur à la Diète de Ratisbonne ont mis en fait que Traerbach et ses dépendances n’avaient point été réunies ; sur quoi Sa Majesté m’a donné ordre de vérifier ce qui en est ; et comme le Mont-Royal, duquel cette seigneurie dépend, est d’une extrême conséquence, j’ai cru ne pouvoir mieux faire que de m’adresser à vous pour vous prier d’examiner sans délai, et sans que personne sache que vous en avez reçu d’ordre, ce qui a été fait sur ce sujet. […] Je vous supplie d’examiner ce qui en est, observant de vous conduire de manière que personne ne puisse croire que le roi doute de son droit sur ledit Traerbach et sur le Mont-Royal. » Et quelques jours après, Louvois écrivait à l’intendant La Goupillière, qui avait dû lever des impositions sur ce lieu s’il avait été en effet réuni. […] Le commandant du roi à Besançon les recevait à ce titre : « Je vous envoie, lui écrivait Louvois à la date du 23 août 1681, six ballots remplis d’armes curieuses, plombés par la douane, lesquelles vous mettrez dans votre chambre et garderez soigneusement jusqu’à ce que je vous mande ce que vous aurez à en faire. […] La lettre de M. de Chamilly, par laquelle il essaye de disculper sa femme de ce trop de zèle, porte les apostilles suivantes de la main même de Louvois, et c’est en ce sens qu’il dut lui être répondu ; on croit entendre une de ces lettres impératives et sensées comme nous en connaissons, écrites sous une dictée puissante : « Il est bon que Mme de Chamilly se mêle de son domestique et de rien autre chose sur les affaires de cette nature.
On contractait nécessairement, dans cette vie que j’ai décrite, un peu de violence ou de superbe intellectuelle, trop de confiance aux livres, à ce qui est écrit, trop d’assurance en la plume et en ce qui en sort. […] Souffrant d’excès de travail, il dut faire une promenade aux Pyrénées, et ce fut l’occasion de ce Voyage écrit par lui, illustré par Doré, et où il se montrait lui-même un paysagiste du premier ordre. […] Il ne modifie nullement sa manière selon les lieux et les milieux ; il lui est presque indifférent d’écrire ici ou là : c’est la même philosophie, ce sont les applications diverses, les divers aspects d’une même pensée, ce sont les fragments d’un même tout qu’il distribue toujours. […] Il est vrai que la bonne critique sincère et véridique ne se faisait et ne se fait peut-être encore qu’en causant : on n’écrit que les éloges. Cela prouverait seulement qu’il faut beaucoup rabattre des écrits, et que lorsqu’on dit et qu’on répète que la littérature est l’expression de la société, il convient de ne l’entendre qu’avec bien des précautions et des réserves.
On a beaucoup dit que M. de Talleyrand ne faisait point lui-même les écrits qu’il signait, que c’était tantôt Panchaud pour les finances, des Renaudes pour l’instruction publique, d’Hauterive ou La Besnardière pour la politique, qui étaient ses rédacteurs. […] Contentons-nous donc de dire désormais que si la plupart du temps, dans les écrits signés de son nom, Talleyrand laissait la besogne et le gros ouvrage aux autres, il se réservait dans les occasions et aux bons endroits la dernière touche et la fin17 . […] On sait, en effet, que Talleyrand fut toujours très attentif à faire disparaître toute trace écrite de son intervention dans certains événements, bien sûr ensuite de pratiquer à l’aise la maxime : « Tout mauvais cas est niable. » Ainsi en 1814, dès qu’il se vit chef du gouvernement provisoire, il n’eut rien de plus pressé que de faire enlever des archives du cabinet de l’Empereur tout ce qui pouvait le compromettre. […] Perrot m’écrit pour répondre à mon reproche et me rectifier. Il a bien réellement introduit le texte français primitif ; « mais, ajoute-t-il, c’est que M. de Talleyrand écrit très mal pour son compte, quand il n’a pas d’auxiliaire et de secrétaire. » Je ne suis pas aussi absolu, et je crois qu’il y a à distinguer.
Lamennais, Affaires de Rome «… Je regarde donc et je désire qu’on regarde ce court écrit comme destiné à clore la série de ceux que j’ai publiés depuis vingt-cinq ans. J’ai désormais des devoirs plus simples et plus clairs ; le reste de ma vie sera, je l’espère, consacré à les remplir, selon la mesure de mes forces… Qu’on ne s’y trompe pas, le monde a changé : il est las des querelles dogmatiques. » Telle est la déclaration formelle que M. de La Mennais exprime aux dernières pages de ce livre ; les termes seuls dans lesquels elle est conçue montrent assez que, si le nouvel écrit est destiné à clore la série de ceux que l’auteur a publiés à partir des Réflexions sur l’État de l’Église, datant de 1808, il ne leur ressemble ni par les principes ni par le ton, et que, sinon pour le sujet et la matière, du moins dans les pensées et les conclusions, il se rattache déjà à cette série d’écrits futurs que nous promet l’illustre auteur. […] Cette remarque est nécessaire pour expliquer et motiver, au premier coup d’œil, certaines parties de notre jugement auprès des personnes nombreuses qui ne connaissent M. de La Mennais que par ses plus récents écrits et qui même commenceront à le connaître par celui-ci tout d’abord. […] Nous en signalerons bientôt plus d’une trace, véritablement charmante, dans l’écrit dont nous avons à parler. […] Quoi qu’il en soit du charme et de la souplesse de l’expression dans ce remarquable écrit, c’est autrement qu’il me frappe, et plus profondément.
Chapitre II L’éloquence politique L’éloquence au xviiie siècle : écrite, plutôt que parlée. — 1. […] L’éloquence judiciaire est bien médiocre encore, bien verbeuse, bien prétentieuse, reflet tantôt pâle et tantôt criard des styles et des idées dont la littérature enivrait le public : et plutôt que de feuilleter les mémoires d’Élie de Beaumont, de Linguet, de Loyseau de Mauléon, des avocats de métier, on fera mieux de relire ce que Voltaire écrivit pour les Galas et ses autres protégés, ou les Mémoires de Beaumarchais, et les mémoires ou plaidoyers de Mirabeau dans le procès en séparation qu’il soutint contre sa femme : les écrits de ces avocats d’occasion sont les vrais chefs-d’œuvre de l’éloquence judiciaire. […] La véritable éloquence politique de ce temps doit se chercher dans les écrits : dans tous ces petits libelles par lesquels Voltaire, par exemple, excite l’opinion publique, dans toutes ces déclarations virulentes que, sous un titre ou sous un autre, Rousseau, Diderol, Raynal lancent contre les institutions de l’ancien régime. Et dans les lettres qui furent écrites depuis 1700 il serait facile de noter toute sorte de commencements, comme des poussées et des jets d’éloquence politique, même chez des femmes. […] En second lieu, les discours de la période révolutionnaire n’apportent pas un bien grand nombre d’idées originales ou de théories neuves : qui connaît Montesquieu, Voltaire, Diderot, Rousseau, l’Encyclopédie, n’a pas grand chose à recueillir des orateurs ; ils répètent ce que les philosophes ont écrit.
Pour la métaphysique et la psychologie, un homme qui reste amateur en philosophie choisira, parmi la multitude des essais historiques, dogmatiques ou critiques, les forts écrits de M. […] Elle ne peut être écrite que par un philologue. […] Ces écrits, pourtant, peuvent se considérer dans leur rapport à l’histoire : ils sont documents d’histoire et la matière d’où la science méthodique extraira plus tard son œuvre. […] Il semble que le public soit las de fictions et savoure la certitude de la réalité des récits et descriptions que ces sortes d’écrits lui offrent. […] Toutes ces œuvres, écrites depuis un demi-siècle ou trois quarts de siècle, comptent encore pour nous dans la littérature contemporaine.
M. de Maistre lui-même exprime en style proverbial cette puissance du sophisme bien écrit. […] Dès que vous sortez du règne insensible, vous trouvez le décret de la mort violente écrit sur les frontières mêmes de la vie. […] Une voix intérieure me dit une foule de choses que je ne veux pas écrire. […] Il écrit à M. de Bonald : « Vous voulez sans doute que je vous dise un petit mot de moi. […] Continuez à lire ce qu’il écrit à la même date.
Puis, prenant un air comique d’importance : “Je n’ai pas écrit à Nebraska. […] Ce petit livre, écrit originairement en allemand, et traduit en français, avec une rare connaissance des deux idiomes, par mon vieil ami M. […] À l’exception de quelques fragments de l’introduction du Cosmos, tout a été écrit dans les années 1843 et 1844. […] Les écrits de Cicéron prouvent la vérité de cette observation. […] « Rien de plus agréable, écrit-il à Atticus, que cette solitude, rien de plus gracieux que cette villa, le rivage qui est auprès et la vue de la mer. » Il écrit encore de l’île d’Astura, à l’embouchure du fleuve du même nom, sur la côte de la mer Tyrrhénienne.
Ce n’est point un vrai moraliste qui a écrit cela. […] Ne doutez point qu’il n’en ait écrit. […] Quant à la tentation de l’écrire, elle est sûre. […] Ce n’est plus lui qui écrit, c’est son temps. […] La comédie de l’amour, voilà ce qu’il a écrit, et que personne n’avait écrit avant lui.
Dès son entrée au barreau, il fut reconnu de tous, dit Saumaise, « facile aux affaires, subtil aux conseils, fertile aux raisons, haut à parler et profond à écrire ». […] À quoi ils firent réponse que le roi ne leur ayant rien donné par écrit, ils ne le pouvaient faire ; aussi qu’on se devait contenter qu’étant connus pour gentilshommes de qualité du pays, ils ne voudraient en chose de telle importance avancer un mensonge, dont le blâme et le péril tomberaient sur eux-mêmes. […] Le duc l’engagea à coucher le tout par écrit et envoya le mémoire à son frère M. de Guise, qui le reçut ayant le pied déjà à l’étrier, et qui n’eut que le temps d’écrire au bas, après l’avoir lu : « Ces raisons sont bonnes, mais elles sont venues à tard ; il est plus périlleux de se retirer qu’il n’est de passer outre. » Le président Jeannin sent toutefois à un certain moment qu’il s’engage, lui aussi, dans une voie périlleuse ; obligé par devoir et par reconnaissance envers Henri III, il est amené par les circonstances à demeurer auprès du duc de Mayenne, même quand celui-ci est devenu le chef de la Ligue et le maître de Paris, sous le titre ambitieux et ambigu de lieutenant général de l’État royal et Couronne de France. […] En même temps Henri III écrivait de sa main une lettre au président Jeannin à Dijon, par laquelle il lui faisait la même déclaration à l’endroit du duc de Mayenne, et lui recommandait de ne point l’abandonner en cette crise, mais de lui donner le conseil de se contenir dans le devoir et d’agréer la satisfaction offerte. […] [NdA] Ces dates sont celles que donne Palliot dans son livre du Parlement de Bourgogne ; elles doivent être plus exactes que celles que Jeannin à écrites dans sa vieillesse et de souvenir.
Mme de Maintenon, grâce à une exacte et fidèle reproduction de ses paroles et de ses écrits, va être de plus en plus connue, appréciée de tous et, nous n’hésitons pas à le dire avec le nouvel éditeur, estimée et admirée. […] Mme de Maintenon écrit à Mme de Brinon, religieuse ursuline, qui a établi une pension à Montmorency ; elle lui envoie des petites pensionnaires, des filles de pauvres gens à élever. […] On la voit poindre peu à peu dans ces pages écrites selon les besoins de chaque jour. […] Qu’elles écrivent de même. […] Ces précautions et ces craintes se montrent à chaque ligne dans les maximes et avis que Mme de Maintenon écrivait pour les maîtresses des élèves, dès avant Saint-Cyr et dans le temps de Rueil ou de Noisy.
Mlle de Guérin écrit une bonne partie de ses lettres, et des meilleures, des plus agréables, à sa jeune amie Louise de Bayne dont elle avait vu éclore la rieuse enfance, celle même à qui son frère Maurice semble avoir songé dans de premiers vers qui recèlent un sentiment tendre. […] Je vous en prie, écrivez-moi tout de suite ; ôtez-moi ce petit glaçon que votre silence me met sur le cœur. […] Elle s’adresse aux lettres absentes de Louise, à ces lettres perdues à coup sûr ou errantes, car elle ne peut supposer qu’il n’y en a pas eu d’écrites, et elle a raison : « Qui sait en quelles mains tomberont ces chers souvenirs de ma chère Louise ? […] Elle écrit comme on a écrit jusqu’à elle dans les bons livres ; elle y ajoute selon ce qu’elle sent, mais sans jamais détonner. […] Mais pour être plus à l’aise dans notre comparaison avec la protestante zélée moins classique, moins pure de lignes, plus imprévue, plus saine aussi d’âme et de corps et plus vivace, nous avons à examiner avec quelque détail les récents écrits de Mme de Gasparin, et c’est ce que nous ferons.
Une de ces lettres est écrite du cabinet même de Racine, le jour du décès, et tandis que les restes mortels sont encore là, avant les funérailles. […] S’excusant de n’avoir pu écrire de lettres pendant le mois précédent, M. […] Le respectable ami auquel écrivait M. […] Vuillart écrivait le 19 mars : « M. […] Son mal était si pressant que lui et sa famille me souhaitant auprès de lui par amitié, je fus privé jeudi passé de la consolation de vous écrire.
Voyez-le écrire en prose, dans les très-rares morceaux où il s’y est vu obligé, dans quelque préface concise et comme furtive : il n’écrit pas véritablement, il court, il fuit. […] Tous les noms de bourgs, de fleuves et de montagnes, qui d’abord s’étaient écrits à la française, revêtirent l’orthographe celtique, et purent paraître bizarres, d’harmonieux qu’ils étaient. […] Pour ses compatriotes mêmes de Léon et de Cornouailles, il écrivit des chansons dans le plus pur du dialecte local ; il conçut et il est en train de composer pour nous tous son poëme des Bretons. […] La Lettre à un Chanteur de Trèguier, écrite sur le chemin de Rome, est une des excellentes pièces du volume. […] Mais notre poëte, qui est au fond très-civilisé et très-probablement de la postérité de Callimaque et d’Horace, ayant appris le méfait, s’en fâcha, et écrivit de belle encre cette charmante lettre au chanteur du cru, pour le féliciter à la fois et le tancer, pour le remettre au pas et lui donner des conseils.
C’est Roselly de Lorgnes, qui fut chargé par Pie IX d’écrire l’histoire de Christophe Colomb en vue de sa canonisation. […] Il est bon de les signaler », et il écrit de Voltaire : « Sa position vis-à-vis du christianisme est franche. […] « Combien de fois, écrit Barrès, nous sommes-nous récité l’Invitation au voyage ! […] Charles Morice qui veut être leur protagoniste écrit : « Les sciences occultes constituent un des principaux angles fondamentaux de l’Art. […] J’avais moi-même entrepris d’écrire une tragédie sur ce sujet.
Parmi les écrits qui peuvent donner une juste idée de la reine Marie-Antoinette et de son caractère aux années de sa prospérité et de sa jeunesse, je n’en sais pas qui porte mieux la conviction dans l’esprit du lecteur que la simple Notice du comte de La Marck, insérée par M. de Bacourt dans l’Introduction de l’ouvrage récemment publié sur Mirabeau. […] Aussitôt après sa condamnation, ramenée du tribunal à la Conciergerie, Marie-Antoinette écrivit une lettre datée du 16 octobre, à quatre heures et demie du matin, et adressée à Madame Élisabeth. Dans cette lettre dont on vient de reproduire le fac-simile 45, et qui est d’une grande simplicité de ton, on lit : C’est à vous, ma sœur, que j’écris pour la dernière fois. […] Je ne crois pas qu’on ait encore tous les éléments pour écrire avec la simplicité qui convient la vie de Marie-Antoinette ; il existe d’elle des recueils manuscrits de lettres à son frère l’empereur Joseph, à l’empereur Léopold, et la Chancellerie de Vienne doit contenir en ce genre des trésors. […] Le lendemain, elle écrivit qu’elle ne pouvait s’y décider, puisqu’il fallait, en fuyant, se séparer de son fils : « Quelque bonheur que j’eusse éprouvé à être hors d’ici, écrivait-elle, je ne peux pas consentir à me séparer de lui… Je ne pourrais jouir de rien en laissant mes enfants, et cette idée ne me laisse pas même de regrets ».
(Le papier qu’elles ont écrit !) […] Ces deux sentiments peuvent seuls expliquer ce qu’elle a écrit. […] Pas de doute que si elle eût seulement écrit l’histoire de la Révolution italienne, il n’eût été plus court : mais sa débordante personnalité l’inonda et l’entraîna dans le plus bouillonnant des bavardages. […] Un jour elle avait écrit Lui, un livre qui n’était pas trop le « Lui » dont elle parlait. […] [Chapitre écrit pour compléter le volume, 1878.]
Les autres écrivent, les poètes peignent. […] Il serait trop douloureux de laisser au peuple des doctrines paradoxales écrites du style de Pascal ou de Bossuet. […] Il pensait, certes, bien autrement quand il écrivait, dans sa verte et pure jeunesse, l’ode sur Louis XVII, ou celle sur les filles de Verdun ! […] Si l’auteur eût mieux réfléchi, il n’aurait jamais écrit ces deux noms sur la même ligne. […] Rousseau, comme la Nouvelle Héloïse, comme tout ce qui est beau dans l’art d’écrire.
Carducci a écrit des vers italiens métriques ; récemment, M. […] Je crois la rime inépuisable, si on ne songe pas à elle, si on n’écrit pas pour elle. […] Pas de choix entre les deux ou vous chantez en vers, ou vous écrivez en prose. […] … Garçon un autre bock et de quoi écrire. […] Ça, c’y moi qui a écrit.
… Leurs mains parlent, et leurs pieds semblent écrire. […] Je n’écris ces lignes que pour le plaisir de tracer ce que vos yeux liront. […] Ce n’est pas mon apologie que je suis impatient d’écrire, c’est leur louange. […] À qui ne connaissait pas les écrits précédents de Rivière, le titre eût pu inspirer quelque méfiance. […] qui pourrait écrire la tentation de Pascal !
L'impression qui résulte de ces pages écrites par un esprit si modéré est bien défavorable d’ailleurs et à l’ancien régime et aux personnes royales qui y figurent. […] — Lord Brougham vient de publier en français, écrit par lui-même, un volume sur Voltaire et J. […] Il écrivait sur la Phèdre de Racine en français. Ses Œuvres posthumes qu’il laisse sont également écrites en français.
Quand on a parlé du livre retrouvé de Balzac sur la vie élégante5, comment ne pas penser à un esprit charmant qui a écrit aussi autrefois une Théorie de l’élégance, véritable travail de fée que n’ont point oublié ceux qui aiment toute cette dentelle métaphysique ? […] Personne n’était plus digne qu’Eugène Chapus de l’écrire. […] C’est pour elle, en effet, qu’il a écrit ces deux ouvrages. […] En Angleterre déjà, dans nos clubs français, ce livre est compté, parmi tous les écrits contemporains, comme faisant seul autorité, à force d’exactitude, de discernement, de compétence sur la matière.
Or, la postérité est restée, à propos du Tableau de Paris, sous l’empire d’un mot cruel prononcé par un esprit séducteur : « C’est un livre — disait Rivarol — pensé dans la rue et écrit sur la borne », comme si la rue n’était pas un théâtre d’observation tout comme un autre, quand il s’agit des mœurs d’une grande ville, et même meilleur qu’un autre, quand il s’agit de ses monuments ! Et pour ce qui est d’écrire sur la borne, les moralistes, comme les voyageurs, n’écrivent-ils pas où ils peuvent ? […] Écrit en 1852.
Les contes restent rigides, froids et distants, dénués, bien qu’écrits à la première personne, d’exclamations, d’apostrophes et de cris. […] Il semble que l’artiste pour son écrit le plus bref ou le plus étendu, avant ressenti, puis envisagé un effet émotionnel à produire, s’étant calmé même de la sorte d’excitation purement intellectuelle que lui a causée l’invention des moyens, s’est mis à l’œuvre la tête aussi libre qu’un mathématicien notant une belle démonstration, ou un biologiste sur le point d’écrire un mémoire concluant. […] Si la faculté de voir et de retenir des images horribles n’eût été contenue par l’intelligence, Poe aurait ressenti la terreur et perçu les hallucinations qui empêchaient Hoffmann d’écrire seul la nuit. […] Il écrit dans une étude sur Hawthorne : « Dans toute composition, il ne devrait y avoir pas un mot d’écrit, qui ne tende directement ou indirectement au dessein préétabli. » Il débute dans son Essai sur la poésie américaine par déclarer : « L’ordre le plus élevé de l’intelligence imaginative est toujours principalement mathématique. » Les passages abondent où il proclame l’identité de la faculté calculatrice et de l’artistique. […] Il ne fut certes point l’homme de ses écrits, celui que l’on ramassa ivre et moribond dans une rue de Baltimore, le 7 octobre 1849.
Si la Providence me laisse encore quelques jours sur la terre, j’écrirai la vie de mon illustre et généreux ami. […] Locke, Anglais, dont les écrits sur cette matière sont fort estimés, et avec raison. […] On les trouve d’ailleurs ces avis dans les écrits du bon Rollin. […] Jésus-Christ n’est point un homme ; on ne doit point écrire sa vie comme celle d’un simple législateur. […] Les apôtres seuls ont pu la rendre, parce qu’ils écrivaient sous l’inspiration de l’Esprit-Saint.
Weiss a eu le courage d’écrire un jour, Balzac aurait pu la signer. […] Tel paysan ne sait ni lire ni écrire, à qui tout parle dans la campagne. […] Il en est de très supérieurs qui savent seulement lire, écrire, compter. […] Tel fut Musset, qui le savait et qui, passé trente ans, refusa d’écrire. […] Puis, quand il écrivait ses articles, il notait surtout sa parole.
Doué du talent d’écrire avec méthode & clarté, il a consacré sa plume & ses travaux à des objets d’un intérêt essentiel pour la Société. […] Il a écrit sur la Marine, sur diverses parties de l’Agriculture, sur plusieurs branches de Commerce, sur les Arts mécaniques, & peut être regardé, dans tous ces Ouvrages, comme un Auteur élémentaire. Les recherches profondes, les discussions savantes, les observations justes & lumineuses, l’exposition de quantité d’expériences curieuses, les instructions méthodiques, répandues dans ses Ecrits, font juger combien le Recueil en seroit préférable à l’Encyclopédie, si, pour la partie des Sciences & des Arts qu’il n’a point traités, il eût trouvé des Coopérateurs aussi zélés, aussi intelligens, aussi laborieux que lui.
Section 35, de l’idée que ceux qui n’entendent point les écrits des anciens dans les originaux, s’en doivent former Quant à ceux qui n’entendent point les langues dans lesquelles les poëtes, les orateurs et même les historiens de l’antiquité ont écrit, ils sont incapables de juger par eux-mêmes de leur excellence, et s’ils veulent avoir une juste idée du mérite de ces ouvrages, il faut qu’ils la prennent sur le rapport des personnes qui entendent ces langues et qui les ont entendues. […] Qu’on juge donc, s’il est possible, de traduire le stile figuré des poëtes qui ont écrit en grec ou en latin, sans énerver la vigueur de leur stile, et sans le dépouiller de ses plus grands agrémens. […] Virgile et les autres poëtes anciens auroient emploïé des figures d’un goût opposé, s’ils eussent écrit pour les nations hyperborées. […] Voici, par exemple, ce qu’écrit un missionnaire sur l’opinion qu’on a des asnes en certaines contrées des Indes orientales. […] Enfin qu’on interroge ceux qui sçavent écrire en latin et en françois.
On devine maintenant ce que doit être le ton d’un livre écrit sous l’influence de ces deux nobles simplicités ! […] Jamais, dans ce temps de nerfs, d’imagination et de fièvre, où les livres que nous écrivons portent la marque de tîntes les grimaces de nos esprits, on n’a vu délivre plus calme sur un sujet pourtant qui pourrait incendier tous les cerveaux doués d’une étincelle. […] Dans cette relation, écrite pour le monde, le prêtre se voile sans se cacher. […] Nous en fîmes quelques extraits que nous allons reproduire, et nous les donnons comme spécimen de l’esprit chinois. » Huc compare ces sentences à ce que nos moralistes européens ont écrit de plus ingénieux et de plus fin, et il a raison. Le peuple qui a écrit cela, en effet, peut être regardé comme un La Rochefoucauld ou un La Bruyère collectif et anonyme.
L’auteur, homme du monde et d’action, cela se devinait dans son livre, écrit d’une plume fringante comme une cravache, — la cravache qu’il portait aux Gardes du corps dont il eut l’honneur de faire partie, — l’auteur vit son malheur avec le sang-froid d’un homme de talent qui n’ignore pas que le succès ne prouve rien de plus que le succès, — un hasard dans la vie ! Spirituel comme il l’était, homme d’aperçu, distingué, sagace, amoureux des idées qu’il poursuit, mais aimé des images qui lui viennent, il pouvait recommencer une autre campagne contre la fortune littéraire, écrire un autre livre, ramener au premier par le second. […] Ce désaccord profond entre le tempérament, ou la seconde nature d’une longue habitude, et la métaphysique qu’on s’est arrangée dans l’intelligence, établit un contraste choquant entre l’esprit qui a pensé la Science de la main et le talent qui l’a écrite. […] Par le relief et par le mouvement, par la sensation du pittoresque et la flamme de l’imagination, teinte de guerre depuis la jeunesse, le capitaine d’Arpentigny serait un magnifique historien militaire, et nous le croirions dans un milieu plus vrai que celui qu’il s’est choisi s’il nous écrivait quelque grand épisode de l’histoire de cet Empire pour lequel il est si dur et si injuste. […] « En 1823, devant Pampelune, — écrit d’Arpentigny, — l’armée espagnole dite de la Foi passait les nuits à jouer de la guitare, à fumer des cigarettes, à psalmodier des litanies en égrenant des rosaires ; le jour, couchée sur l’herbe poudreuse, elle jasait en mangeant des ciboules ou dormait au soleil.
L’histoire n’eût pas écrit le mot sublime : « Ce qui fait de Colomb un grand homme, ce n’est pas d’avoir découvert l’Amérique, c’est d’être parti la chercher ! […] Il l’a surtout tirée de ses papiers et de sa correspondance ; car cet homme, qui savait écrire comme il agissait, a beaucoup écrit, et nous avons dans ses diverses lettres une relation vivante et presque haletante de ses efforts, de ses intentions et de ses projets, qui nous émeut, nous, les admirateurs de tant d’âme, mais que les gouvernements aux longues pensées doivent un jour méditer. […] Pour bien raconter cette brûlante existence, si vite foudroyée, il semble qu’on aurait besoin du sentiment du poète qui a écrit les poèmes les plus chers à l’imagination contemporaine. […] Si le Père Deschamps était à Avignon, écris-lui de ma part, je suis sûr que tu le combleras de joie. […] Il ne conspira contre Santa-Anna que quand le général, comme il l’écrit lui-même, l’eut mis au nombre de ses ennemis : « Conspirer avec eux, m’unir à eux pour le renverser, c’est mon droit !
L’obscure religieuse qui a écrit la Vie de la Mère Térèse de Saint-Augustin, n’a ni la splendeur ni le mépris de Châteaubriand. […] Honoré Bonhomme, qui d’abord écrit chez lui, et non chez Buloz, a même l’indépendance de petites ruptures en visière avec Michelet, ce diable de Michelet qui devrait pourtant être bien séduisant pour un pironien, quand il dit ses polissonneries. […] il se rattrape bien vite : « Nul vestige de bonhomie bourbonienne », écrit-il. […] … Vous, l’innocent pilotis de cette formidable critique, car c’est sur votre livre que Soury a fait son article dans la Revue des Deux Mondes, vous doutiez-vous, quand vous l’écriviez, de ce qui allait vous grimper si effroyablement sur le dos ? […] Il n’y a que des âmes chrétiennes qui puissent écrire l’histoire des âmes chrétiennes ; même les âmes le plus près du Christianisme, mais qui n’ont pas été saisies vigoureusement par son esprit, s’y trompent.
La première fois que celui qui écrit ces lignes le rencontra, — il y a de cela des années, — il ressemblait encore à ce portrait de son salon où, sous de longs et magnifiques cheveux noirs, éclatait, sombre, ce visage qu’on aurait dit fait de la beauté de quatre races différentes : la juive, la bohémienne, la phocéenne et la mauresque, et où le lion et l’aigle se confondaient, comme dans une chimérique tête de blason. […] C’est là qu’il a taillé tant de mots qui ressemblent à des diamants dont les angles coupent, et qu’il aurait dits, s’il ne les avait pas écrits, tout aussi bien qu’il les écrivait. […] Seulement, si l’œuvre de Léon Gozlan n’a ni le nombre des écrits ni la longueur de chaque ouvrage, — car l’auteur des Nuits du Père-Lachaise, du Dragon Rouge et du Notaire de Chantilly, n’a jamais construit de ces grandes machines romanesques si à la mode aujourd’hui, et dont Les Mystères de Paris, Monte-Cristo et Les Mousquetaires, ont donné le goût au malheureux public, — son œuvre, à lui, cet esprit si aristocratiquement artiste, se recommande d’une autre manière. […] C’est un Benvenuto Cellini littéraire ; mais qui dit littéraire dit un Benvenuto bien autrement compliqué et profond qu’un simple Benvenuto plastique… Par la précision, la torsion, le mordant du mot, Léon Gozlan a des consanguinités avec Théophile Gautier, qui a cru faire une belle chose de dédoubler l’art intellectuel d’écrire et de le descendre presque au niveau d’un art plastique. […] Les hommes d’imagination (pour lesquels seuls j’écris) ne me comprendront-ils pas ?
Gustave, au plus fort de son délire amoureux, écrit sur son journal : « J’ai avec moi quelques auteurs favoris ; j’ai les odes de Klopstock, Gray, Racine ; je lis peu, mais ils me font rêver au delà de la vie… » Remarquez Gray, et surtout Racine, après Klopstock ; cela se tempère. […] écrit-elle naïvement ; il a été fait avec le Ciel ; voilà pourquoi j’ose dire qu’il y a des beautés. » En se replaçant ainsi au moyen-âge, aux horizons de la croisade teutonique et chrétienne, il semblait que Mme de Krüdner revenait par instinct à ses origines naturelles. […] Une bienveillance précieuse nous permet de reproduire quelques lignes qui peignent cette situation intérieure : « J’ai vu hier Mme de Krüdner, écrivait Benjamin Constant212, d’abord avec du monde, ensuite seule pendant plusieurs heures. […] Elle publia quelques petits écrits en allemand, dont on peut voir les extraits dans la notice de M. […] Eynard a paru, et nous a donné lieu d’écrire un article qui rectifie et corrige à plus d’un égard celui-ci.
Chamfort qui s’en moquait en vécut ; Rivarol les rechercha, et n’oublions jamais que si la Bérénice de Racine est un chef-d’œuvre écrit sur commande, le discours de Rivarol sur l’Universalité de la langue française a été écrit en vue d’un prix littéraire. […] Il n’y aurait plus alors que les gens qui pensent et écrivent d’une certaine façon pour être avantagés. Serait-ce juste, serait-ce heureux, serait-ce profitable à la liberté d’écrire et de penser ? […] Eût-il écrit le meilleur livre, on ne le saura pas, car pour le public le meilleur livre est le livre primé. […] L’excuse d’écrire c’est de ne pouvoir faire autrement et de s’y sacrifier.