Si, en le lisant, il verse des larmes d’admiration et de douleur, s’il rougit d’avoir été couronné, s’il jette, s’il dépose cette couronne aux pieds du vaincu, alors il donnera de hautes espérances ; s’il continue à se croire vainqueur, il restera, à peu près, aussi petit que son discours. » O Garat, Garat !
Boileau lui-même, ce strict réformateur, qui, à force d’épurer et de châtier la langue, lui laissa trop peu de sa liberté première et de ses heureuses nonchalances, Boileau ne fait autre chose que continuer et accomplir l’œuvre de Malherbe ; et, pour se rendre compte des tentatives de Malherbe, on est forcé de remonter à Ronsard, à Des Portes, à Regnier, en un mot à toute cette école que le précurseur de Despréaux eut à combattre.
Ce genre-là, tel que je me le définis, c’est une espèce de vignette continue qui règne au bas du texte, et qui sert à illustrer véritablement le récit.
Dès le premier jour, et lors même que la jeune parole n’aspire encore qu’à continuer celle du grave prédécesseur, on y sent courir un principe d’ardeur et de zèle qui était de nature à se communiquer aussitôt et à électriser les esprits.
Pour nous, avouons-le, nous ne sommes pas fâché de la bévue, car si le fécond écrivain avait soupçonné que cette maudite Révolution continuait Toujours même après la Terreur, il aurait pu, par mégarde, laisser couler de sa plume une couple de volumes de plus, et en vérité le nombre en est déjà bien honnête.
L’homme continua quelque temps d’étaler dans des jeux sacrés cette force vraiment divine et sainte qu’il avait d’abord gagnée et appliquée à des luttes plus réelles.
Ils ont cru pouvoir continuer et réorganiser sur un plus large plan le cénacle ébauché par leurs aînés en 1829 ; ils sont tombés, comme tous les imitateurs, dans des inconvénients plus graves.
Tenir à la fois présents tous les ressorts, y avoir l’œil pour les tendre et les détendre insensiblement : prendre une détermination dans les crises, la maintenir ou ne la modifier qu’autant qu’il faut pendant les difficultés et les lenteurs de l’exécution ; être naturellement secret ; porter légèrement tout ce poids sans que le front en ait un nuage ; entremêler la paix à la guerre, et, sans faiblir, les mener de front, songer en toutes deux au nécessaire, c’est-à-dire aussi, chez de certaines nations, à la grandeur des résultats et à la gloire : dans le même temps exalter les courages et continuer d’apaiser les passions, les tenir comprimées de telle sorte que les gens de bien, selon la belle expression de Richelieu, dorment en paix à l’ombre de vos veilles, et que les laborieux dont la masse de la société se compose se livrent en tous sens au développement légitime de leur activité, que dis-je ?
Prenez garde à vous ; si vous continuez à être de bonne foi, nous allons être d’accord.
Si le public continue de bien accueillir ces études, il y aura lieu de faire, dans cinq ou six ans, un autre portrait qui prendra la place de celui de 1894.
Ceci est très curieux et continue, sans la faire déchoir, la thèse cachée sous le prétendu scepticisme de Byron, de Musset et des grands romantiques de notre siècle, etc.
« Ce père de famille, continue Arlequin, c’est Jupiter ; ce cochon, c’est vous, mon très honoré maître ; ce jardinier, ce chef de cuisine, ces faïences, cristaux, et porcelaines, ce sont les victimes de vos insultes, de vos méfaits.
Continuons d’admirer la « morale de l’Évangile » ; supprimons dans nos instructions religieuses la chimère qui en fut l’âme ; mais ne croyons pas qu’avec les simples idées de bonheur ou de moralité individuelle on remue le monde.
Les deux frères continuèrent toujours, même à l’époque où il semble qu’ils devaient être le plus occupés de leur maître, à exercer le métier de pêcheurs 424.
Un vieux mot, « paradis », que l’hébreu, comme toutes les langues de l’Orient, avait emprunté à la Perse, et qui désigna d’abord les parcs des rois achéménides, résumait le rêve de tous : un jardin délicieux où l’on continuerait à jamais la vie charmante que l’on menait ici-bas 549.
De même, si Jésus revenait parmi nous, il reconnaîtrait pour disciples, non ceux qui prétendent le renfermer tout entier dans quelques phrases de catéchisme, mais ceux qui travaillent à le continuer.
Il en est de même pour l’immortalité : il est aussi aisé de concevoir une succession de sentiments, un courant de conscience121 prolongée éternellement, qu’une substance spirituelle qui continue toujours d’exister : et s’il y a quelques arguments probants, ils peuvent aussi bien s’adapter à une théorie qu’à l’autre.
Lui, continua, indifférent, à chanter son âme.
Cette révolution, en deux mots, est celle-ci : Le siècle de Louis XIV est déjà bien loin de nous ; pourtant, jusqu’en des temps très rapprochés, les écrivains corrects, ceux qui aspiraient au titre de classiques, se flattaient non seulement de le rappeler, mais de le continuer.
» * * * — Nous continuons intrépidement notre journal dans le vide, avec une foi d’apôtres et des illusions d’actionnaires.
Voici sans observations une liste de mots français avec leur nom correspondant en patois médical ; on jugera de quel côté sont la raison et la beauté : Adéphagie Fringale Adénoïde Glanduleux Agrypnie Insomnie Advnamie Faiblesse Omoplate Palette, Paleron (restés comme termes de boucherie) Ombilic Nombril Pharynx Avaloir (vieux français) Zygoma Pommette Thalasie Mal de mer Epilepsie Haut-mal Asthme Court-vent Ephélides Son (taches) Ictère Jaunisse Naevi Envies Phlyctène Ampoule Ecchymose Bleu, Meurtrissure, Sang-meurtri (vieux français) Myodopsie Berlue (latin : bislacere) Diplopique Bigle Apoplexie Coup de sang On pourrait continuer, car le vocabulaire gréco-français est fort abondant.
Et de plus, et surtout, ils ont continué de libérer la vieille prosodie, ce dont il faut leur être grandement reconnaissants.
Cela dit une fois pour toutes, continuons.
Bien souvent, dans l’Église protestante, on a essayé de constituer une autorité ; les synodes ont voulu jouer le rôle des conciles ; les confessions de foi ont essayé de se donner pour des credo ; mais la radicale contradiction qui éclatait dans ces tentatives d’organisation doctrinale devait les faire échouer infailliblement ; et malgré les résistances des dogmatiques, malgré les anathèmes de Bossuet, le protestantisme continua de donner l’exemple, si nouveau en Europe, d’une religion mobile et incessamment transformée.
D’ailleurs, pouvait-on attendre plus de lumières astronomiques d’un prêtre romain, que de Tycho-Braé, qui continuait à nier le mouvement de la terre ?
Ils ont eu raison d’introduire cette regle : car il est également messeant de commencer à gesticuler avant que d’avoir ouvert la bouche, et de continuer à gesticuler après avoir cessé de parler.
Prudhomme en lisant Daniel ; et, si ça continue, je refuse l’impôt des portes et fenêtres.
Ainsi, ne soyons ni trop séduits par les uns, ni trop effrayés par les autres, et continuons d’aller à la comédie sans espoir, si l’on veut, d’être plus parfaits, mais sans crainte aussi de devenir plus vicieux.
Dans Racine au contraire, toute négligence serait un défaut ; et cependant l’exactitude et l’élégance continue de ce grand poète, deviennent à la longue un peu fatigantes par l’uniformité ; il a, selon l’expression d’un homme de beaucoup d’esprit, la monotonie de la perfection.
Au commencement du xixe siècle, une femme, il est vrai, certainement supérieure, par le but et la portée de ses travaux, à Mlle Clarisse Bader, — et supérieure aussi par la sagacité, quoique cette sagacité ait été bien trompée, — Mlle de La Lézardière eut l’ambition de continuer Montesquieu et publia la Théorie des lois politiques de la monarchie française.
avec cette érudition de troisième main qu’on nous donne pour de l’érudition de première, la Chine restera donc ce qu’elle a été jusqu’ici : une espèce de rêve, entrecoupé de réalités étonnantes pour les penseurs et pour les poètes, et, pour les curieux, les historiens et les observateurs, une espèce de mystification colossale en permanence dans l’Histoire… Olla podrida morale de toutes choses, depuis la piété filiale jusqu’à l’infanticide, attendant toujours, mais vainement encore, pour cette fois, son chimiste et son analyse, la Chine va continuer d’être la pierre de scandale dans Israël, le sujet pris, quitté et repris, des vaines disputes de nos sagesses.
Elle continuait toujours l’éternelle et grande légende, et démontrait une fois de plus cette prédestination nationale de la pensée française, qu’elle soit bonne ou mauvaise, hélas !
Mais, continue-t-il : « Après qu’ils eurent tout renversé, nous eûmes des révolutionnaires qui portèrent l’audace jusqu’à la folie, qu’aucun scrupule ne put retenir, etc., etc. » Et il n’applaudit plus, avec les mêmes raisons d’admirer pourtant !
Si cet incroyable mouvement continue, avant un siècle il n’y aura plus dans le monde que des comédiens !
Tous, tant ils l’aimaient, ne cessèrent de craindre qu’il ne se brisât tout à fait à la chaleur continue de cette petite flamme de génie, laquelle était sa vie aussi, et menaçait à chaque instant de s’exhaler comme la lumière du flambeau épuisé s’exhale, haletante et palpitante, sur la bobèche en cristal qu’elle finit par faire éclater !
Moins poétique, moins mystérieux, moins divin que la sainte « Pastoure », incompréhensible si le miracle n’était pas là pour l’expliquer, Jacques Cœur, qui fut, lui, tout positivement et tout bonnement un grand homme, donna à Charles VII pour continuer la guerre tout ce que celui-ci voulut prendre d’une colossale fortune, et il fut payé de son dévouement avec la même ingratitude qui avait soldé le sacrifice de la vierge de Domrémy.
qui n’a pas fini avec la vie de Gœthe et qui continue jusqu’après la tombe, jusqu’après même ce livre d’Eckermann, que je maintiens, moi, une ignorante et aveugle déposition contre Gœthe, et qu’on interprète en faveur de son génie et de sa gloire… Je me demande toujours pourquoi… 7.
C’est un druide « qui soutient le libre arbitre de la vieille doctrine gauloise et bretonne, tout au moins de l’école de Lérins, qui sape l’ascétisme par la réhabilitation de la nature et tend à transformer Jésus-Christ en initiateur… Mais — continue M.
Seulement, il était dispersé… IV On le retrouva plus tard, rallié, aggloméré, massé, dans le Protestantisme, qui continua l’hérésie Albigeoise, non pas expressément et littéralement dans les doctrines, mais dans son principe de révolte et dans son mépris de toute autorité religieuse.
I Puisqu’il n’y a pas de livres nouveaux, et que l’anémie littéraire continue, il faut bien se replier vers les réimpressions… En voici une toute récente d’un livre publié en 1870 par les deux Goncourt, et que celui qui reste des deux frères a remanié avec l’ambition d’atteindre aux qualités les plus solides de l’historien, après en avoir eu les plus brillantes… Et il faut lui savoir gré de ce noble effort !
Au contraire, cela est doux, apprivoisé, vulgaire, pris au chenil des idées communes qui trottent par le chemin et s’arrêtent aux bornes, et, pour continuer notre juste image, assez malpropre de moralité.
Voilà donc ce qu’il fut et continua d’être, ce grand ambitieux trompé et offensé dont on a dit qu’en lui tendant ses lacs de pourpre Rome pouvait le prendre, ce lion superbe !
Parmi tous les bonheurs et toutes les somptuosités de cette prodigieuse destinée que Dieu, après sa mort, continue à cet heureux, qui aurait pu jeter sa bague aux poissons du Jardin des Plantes, le meilleur, c’est cette gloire plus intelligente et plus pure, incarnée dans l’admiration d’un rare esprit qui sait, lui, pourquoi il admire, et qui se détache de ce fond d’éloges traditionnels et de sots respects qui compose le gros de toute renommée.
Seulement, plus frappé que personne, en vertu de son tour d’esprit, de l’inutilité des charges à fond exécutées par les meilleures intelligences contre la Révolution dans les systèmes qu’elle a engendrés par la tête de ses plus illustres penseurs, et voyant, sur ces systèmes rompus, déshonorés, défaits, la Révolution vivre encore et continuer de ravager la pensée sociale, M.
Et quand on est sorti de la Genèse, le roman continue ou du moins une histoire que rien n’affermit ni ne prouve ; qui, lorsqu’elle n’est pas entièrement fausse, quand les faits et les textes ne la démentent pas, n’a pour elle que des inductions et des analogies, assez peut-être pour, donner le doute, pas assez pour donner la foi !
« Voyons — dit-il, pour expliquer cette apparition, — comment la morale de Schopenhauer se rattache au principe de sa philosophie et comme elle s’en déduit » Et il nous l’explique : « La volonté — continue-t-il — étant, prise en elle-même, un désir aveugle et inconscient de vivre, et s’étant développée dans la nature inorganique, végétale, animale, et arrivant dans l’homme à la conscience claire d’elle-même, il se produit alors un effet merveilleux.
Franchement, quand plus de deux mille ans ont passé sur la poussière de telles philosophies, continuées par de telles sophistiques, et que la clarté du Christianisme — la seule vérité qui soit à la portée de l’homme — est tombée du ciel sur cette poussière, quel intérêt y a-t-il pour nous à en compter les grains et à les peser dans les toiles d’araignée du temps ?
Chose rare, et qu’il faut savoir apprécier ce qu’elle vaut, l’émotion que le poète ressent et qu’il donne, cette émotion, contenue et continue, qui est le caractère de son poème, ne cesse pas une minute, dans ce récit en vers de plus de trois cents pages.
Mais y en a-t-il assez pour être plus que des zig-zags de feu qui passent, et pour former l’étoffe de ce tonnerre, qui est le génie, et qui, de sa puissance continue, emplit tout le cintre du ciel ?
Les autres faisaient leur bruit ; il continuait son silence.
Après avoir savouré les détails de son livre, qui sont jolis souvent et parfois touchants, après avoir admiré l’adresse et la délicatesse de touche avec laquelle l’auteur, qui est l’amant de son histoire, sauve sa maîtresse de la vileté ordinaire aux femmes comme elle, — car, il faut bien le dire, Louise est de la race aux camélias, dont on abuse vraiment trop dans les romans et au théâtre, et qui fera, si on continue, appeler la littérature française du xixe siècle la littérature des filles entretenues, — on est tout étonné de cette rupture peu intelligible qui vient brusquement clore le livre, et on voudrait se l’expliquer.
Et cependant on continuera de dire peut-être qu’il est immoral, — comme s’il consacrait une couronne de chêne, comme madame Sand, aux femmes qui ressemblent aux héroïnes de ses livres… Eh bien, qu’il prenne son parti de tout cela, Arsène Houssaye !
dont ne le vengea pas sa gloire : il continua de porter, toute sa vie, des manuscrits… Chez ses voisins les libraires.
Je le sais, et je ne m’en étonne pas ; mais qu’aujourd’hui, en plein dix-neuvième siècle, quand les passions et leur étude, et leurs beautés, et leurs laideurs, et jusqu’à leurs folies, ont pris dans la préoccupation générale la place qu’elles doivent occuper ; quand la littérature est devenue presque un art plastique, sans cesser d’être pour cela le grand art spirituel ; quand nous avons eu des creuseurs d’âme, des analyseurs de fibre humaine, des chirurgiens de cœur et de société, enfin qu’après Chateaubriand, Stendhal, Mérimée et Balzac, Balzac, le Christophe Colomb du roman, qui a découvert de nouveaux mondes, la vieille mystification continue et que la réputation de Gil Blas soit encore et toujours à l’état d’indéracinable préjugé classique, voilà ce qui doit étonner !
Mérimée était resté ce qu’il était quand il débuta, et même plus tard, et qu’il eût continué de se développer dans le sens de ses facultés naturelles, nous aurions peut-être un grand romancier de plus… Au lieu de cela, nous n’avons eu qu’un homme de beaucoup d’esprit et de ressources, qui a fait toutes sortes de livres, parmi lesquels il y a des romans qu’il est temps aujourd’hui de juger.
Enfin les esprits se polissant, mais s’affaiblissant un peu, vinrent, par les progrès des lumières, à ce point où le goût des détails fut plus parfait, mais où l’élégance continue nuisit à la grandeur et surtout à la force.
Ce nom continua de vivre dans la mémoire poétique de la Grèce, souvent blâmé par les philosophes, mais cité, chanté dans toutes les fêtes : et, lorsque la Grèce libre et parlant à la tribune et sur le théâtre eut cessé, lorsque sa langue et son génie ne furent plus qu’un luxe de cour et une étude de cabinet dans Alexandrie et les villes grecques d’Asie, nul monument de l’art antique ne fut plus imité, plus commenté que le hardi génie d’Archiloque.
Dans les autres provinces, les auberges continuent celles où couchait don Quichotte. […] Il ne procède point par de petites phrases saccadées et haletantes, par brusques élans désordonnés, par soubresauts irréguliers et violents comme les vrais romantiques et les visionnaires de race germanique, mais par longs morceaux dont tous les membres sont liés, et qui, d’une marche continue, vont jusqu’au coup final. […] Vers 1831, le parti républicain, Armand Carrel, tâchait encore de les accoupler ; mais le gouvernement et la majorité de la nation continuaient à les disjoindre. […] Peut-on comparer un pareil esprit à celui de la génération qui vivait au commencement du siècle ; alors que l’armée était la grande carrière, et que la guerre continue ouvrait à chaque ambition des perspectives illimitées ? […] Admettons que ses succès continuent ; même au plus haut de ses espérances, il ne compte pas prendre Paris et Metz avant deux mois et en sacrifiant moins de cent mille hommes.
Aussi longtemps qu’ils continuent de détourner envers une ingrate érudition des forces qui trouveraient ailleurs un plus naturel, un plus utile, un plus glorieux emploi d’elles-mêmes, aussi longtemps nous ne pouvons pas, nous non plus, discontinuer de nous en plaindre, et de travailler à faire que le public s’en plaigne avec nous. […] Mais il continue, ou plutôt il récidive, et il écrit : « Cette dame ajoute quelques détails sur de prétendus supplices que Pascal s’imposait pour éviter le péril desconversations mondaines, et parle d’une ceinture de fer pleine de pointes qu’il se mettait à nu sur la chair. […] Et c’est encore pourquoi, à dater du xvie siècle, l’Histoire littéraire de la France, ayant cessé d’appartenir à l’Académie des inscriptions, ne saurait être continuée que par l’Académie française. […] Pour toutes ces raisons, que l’on leur confie donc le Dictionnaire historique de la langue, et que l’Académie française, au lieu d’eux, continue l’Histoire littéraire de la France. […] On ne fait qu’un René, qu’un Obermann, qu’un Adolphe ; et il en faut rester là ; ou, si l’on continue d’écrire, il faut sortir de soi, pour ouvrir les yeux sur le monde.
On continue à aller au théâtre ; mais où sont les chefs-d’œuvre dramatiques nouveaux ? […] Qui, dans la critique, peut aspirer à continuer les Villemain, les Saint-Marc Girardin, les Nisard ? […] Cette collection de nouvelles, moins heureusement continuée par les Mariages de province, est lue avec agrément. […] Et, se retournant devant l’autel, il continua, en baissant la voix. […] Qu’il continue à prophétiser l’avenir, à réchauffer les âmes dont il se croit le maître, à entraîner son époque vers l’inconnu ; qu’il continue à être toujours en avant, jamais à la suite, toujours dominant, jamais dominé, nous n’y contredirons pas et nous y voyons au contraire de précieux avantages.
L’homme est Dieu par la pensée… » Et cela continue. […] Mais, ici, il y a la source et le flot, l’harmonie large et continue, une spontanéité, une facilité divine, et une beauté simple d’images ce « sentier des tombeaux », ce « voyageur assis aux portes de la ville » images grandes, non détaillées, non situées dans le temps, et qui font songer aux fresques d’un Puvis de Chavannes. […] Et cela continue. […] Il continue : Mon œil, quand il y tombe, Voit l’amoureux oiseau Voler de tombe en tombe, Ainsi que la colombe Qui porta le rameau, Ou quelque pauvre veuve, Aux longs rayons du soir, Sur une pierre neuve, Signe de son épreuve, S’agenouiller, s’asseoir, Et, l’espoir sur la bouche, Contempler du tombeau, Sous les cyprès qu’il touche, Le soleil qui se couche Pour se lever plus beau. […] Par la luxuriance continue, et la surabondance de l’expression, et l’hyperbole volontiers presque enfantine, ce style, plus encore que celui des Harmonies, se rapproche de l’antique poésie hindoue.
C’est à cette phalange, cisjurane et transjurane, des amis d’Amiel, qui sont aussi mes amis, que je dédie celle biographie et les marges de cette biographie, pour qu’ils fassent la contradiction, continuent, après l’interminable dialogue d’Amiel avec lui-même dans le Journal intime, le dialogue sur Amiel, et diffèrent indéfiniment le point final à propos d’un homme qui ne le posa jamais. […] Il y est d’autant moins porté qu’il continue à vivre dans les problèmes et à vivre les problèmes posés par sa thèse de candidat, ceux de la culture genevoise et romande. […] Les voici : « J’en profite pour continuer doucettement mes études de psychologie féminine. » Ni cour, ni allusions, ni insistances. […] Il continua de publier des livres, des vers, des poèmes de circonstance pour les événements genevois. […] Il avait, quoi qu’il paraisse, peu de goût pour la solitude continue.
» ou s’il continue nos romantiques, leur soif d’aventureuse exaltation et leur haine des platitudes bourgeoises. […] En revanche, l’amour des âmes continue après la mort. […] Elles se sont prises par la main, pensant continuer la route. » Illusion ! Chacune continuera solitairement la sienne.
Dans quelques directions, ce déluge de feu continue encore à s’étendre. […] La persécution continue à être la règle générale ; la tolérance est l’exception. […] In some directions, the deluge of fire still continues to spread. […] Persecution continues to be the general rule.
19 août La joie de voir bientôt notre pièce jouée, un peu mêlée de tressaillement et d’angoisse, et même cette joie légèrement atténuée par l’approche trop rapide de la réalisation de la chose, qu’on aimerait mieux continuer à sentir devant soi, à sentir à l’horizon. […] vous allez avoir de rudes répétitions, continue-t-il, des répétitions de trois heures, mais il faut cela, voyez-vous. […] Et la bataille continue entre les acteurs, soutenus par une partie de l’orchestre et presque la totalité des loges où l’on applaudit, et le parterre et tout le poulailler qui veulent, à force de cris, d’interruptions, de colères, de blagues du Petit-Lazari, faire tomber la toile. […] La lettre, beaucoup moins imagée, et un peu plus apaisée de ton, continue à affirmer que leur sifflets sont absolument littéraires ; et j’allais presque le croire, lorsque, à la dernière phrase précédant les quatre signatures, j’ai trouvé une superbe faute d’orthographe : une de ces fautes d’orthographe qui demandent quatre personnes pour la commettre.
Il a continué le Neveu de Rameau. […] Jamais bavarderie ne fut plus robuste, plus impétueuse et plus continue que la sienne. […] L’auteur dramatique ressemble au comédien, qui le continue, et qui est tout le monde et qui n’est personne. […] Quoique cette publication des Garnier continue toujours d’aller son train enragé de volumes, cependant on peut, à la rigueur, considérer que l’œuvre de Diderot est terminée au XIIe.
Les douleurs continuaient dans l’âme de Ballanche cette initiation à toutes les choses de la vie que la maladie avait commencée. […] Un an avant l’apparition de Lamartine, il prédisait l’École moderne et posait les bases d’une esthétique qui n’a pas été continuée. […] Mais des voix saintes ont pris soin d’absoudre les admirateurs du génie des anciens, et, sous l’autorité de nos prélats les plus illustres, on continue à donner pour modèles à la jeunesse ces grands précepteurs des nations modernes. […] La strophe finie, le chœur continuait la danse pendant l’antistrophe, mais dans un sens contraire, c’est-à-dire de gauche à droite ; pour imiter par ce mouvement celui des planètes d’occident en orient. […] Les chœurs continuaient ensuite en donnant leur assentiment à ce qu’ils venaient d’entendre.
De Mallarmé — qui aimait l’ouvrier d’une œuvre restreinte — l’œuvre si peu volumineuse exerça et continue à exercer sur les générations qui le suivirent une influence dont la profondeur et l’étendue apparaîtront en traits toujours plus nets et sensibles. […] On pourrait continuer sans fin ces agaçantes critiques. […] Ils ne supportent point le supplément d’examen que leur attire l’estime dans laquelle on continue à tenir l’auteur. […] Le scrupule nous venant plus tard de moins l’aimer, nous lui avons continué un grand crédit d’attention, mais un jour arriva où nous dûmes enfin nous avouer que, dans l’œuvre entière de cet auteur abondant, nous ne goûtions que soixante lignes qui n’étaient pas de lui. […] L’écho de ses complaintes amorties continue à nous charmer.
Et lions nos définitions par l’idée, aujourd’hui bien enracinée, que la République n’est pas une chose, mais un mouvement, le mouvement, une sorte de création continuée (on comprend que le parti radical, qui vit sur cette idée, fournisse son axe à la République). […] Le rôle d’une Cassandre libérale continue, et par habitude et par discipline, d’être tenu dans les éditoriaux de journaux importants et chez les économistes éminents d’institut. […] Or non seulement l’Internationale qui tient a continué de tenir, mais la Cité du Vatican se trouve dans cette position, que le super-nationalisme, en la frappant, ne ferait qu’enfoncer et compléter l’Internationale vaticane, la faire mieux tenir encore. […] Mais si le Clemenceau de l’Affaire n’est pas continué par le Clemenceau de la guerre, il le sera, dans une certaine mesure, par le Clemenceau de la victoire. […] C’est encore le dialogue de Léon Bourgeois avec les ralliés de 1892 qui continue : « Vous adhérez à la République, c’est bien.
De là cette influence toujours continuée sur les esprits environnants. […] S’il ne continuait pas son chemin tout de suite, il arriverait trop tard. […] Mais ne vaut-il pas mieux que je vous dise d’abord comment se continua et comment s’acheva hélas ! […] devait s’arracher tous les poils de la barbe devant le public épouvanté et continuer sa tirade avec le menton sanglant. […] Ceci est curieux, et continue, sans la faire déchoir, la thèse cachée sous le prétendu scepticisme de Byron, de Musset et des grands romantiques de notre siècle.
On devine que la tristesse du dix-neuvième siècle finissant n’est pas loin ; elle se retrouve chez Pierre Loti, je ne dirais pas plus intense qu’ailleurs, mais plus continue, plus inexorable, recouvrant toutes choses d’un grand voile de mélancolie. […] « Tous les sens, continue-t-il, toutes les forces de l’âme et de l’esprit, toutes les ressources extérieures sont autant d’échappées ouvertes sur la divinité : autant de manières de déguster et d’adorer Dieu… Adorer, comprendre, recevoir, sentir, donner, agir : voilà ta loi, ton devoir, ton bonheur, ton ciel Toute vie a sa grandeur, et comme il t’est impossible de sortir de Dieu, le mieux est d’y élire sciemment domicile. » — Loin de nous les préjugés étroits d’une froide orthodoxie ! […] Le centre autour duquel gravite son existence ne s’est point déplacé : il continue d’être uniquement dans la vie psychique. […] Il est infiniment digne de la grandeur et de la bonté suprêmes, qu’en consentant aux luttes et aux efforts impliqués nécessairement par une imperfection perfectible, Dieu ait ouvert à l’homme les voies d’une progression continue dans la spiritualité. […] Le christianisme historique, les choses d’Église continuent à l’intéresser.
Voici un exemple : « La Bruyère, qui a immortellement imité Théophraste … » Hélas la confusion continue ! […] C’est en ce sens que l’on a dit que la meilleure histoire de France serait un Recueil de textes ; chimérique pour les périodes modernes, cela a été commencé et cela se continue pour les périodes primitives. […] Cependant, continuons à être de notre temps, c’est-à-dire à regarder les choses avec un sérieux démocratique. […] « L’imagination, dit Hobbes, c’est la sensation continuée, mais affaiblie » Elementa Philosophiae. […] Et on continue encore après lui, car en un livre tout récent, le Labeur de la Prose (1902), M.
Le Kobold en Suède, le Korigan en Bretagne, le Follet en Berry, l’Orco à Venise, le Drac en Provence, il y a peu de ses romans d’aventures qui ne garde quelque souvenir de ces noms, quelque impression de ce genre, et qui ne soit une de ses rêveries d’enfance continuée. […] Le noble comte peut continuer longtemps ainsi, il y a longtemps que je rêve, et je soupçonne Consuelo de n’avoir tant de patience à l’entendre que parce qu’elle fait comme moi. […] C’est le caractère des esprits vraiment supérieurs de se continuer sans se répéter et de savoir se renouveler. […] Laissez à Dieu le soin de continuer le miracle. » À merveille ; mais enfin, si Dieu ne continue pas le miracle ? […] La naïveté dans le génie, peut-on la nier, puisque, malgré l’horreur avouée de cette conversation, tout entière en sanglants dithyrambes, Mme Sand continua quelque temps encore à croire à l’esprit politique de son prolixe et bruyant ami ?
L’indifférence de la critique en ce qui concerne les tableaux de Fromentin ne s’étend d’ailleurs pas à tout le public, puisqu’ils continuent à atteindre dans les ventes des prix respectables, dus probablement en partie à la renommée littéraire de l’artiste. […] Il étudie, lit, se passionne pour la littérature, continue à écrire des vers abondamment, entrevoit déjà comme son domaine une littérature d’analyse personnelle : dans une lettre de 1842 il parle de Mémoires qu’il projette. […] Il n’est pas de page de Fromentin où l’on ne voie de façon continue que c’est un homme fort intelligent qui parle. […] Dès que Dominique sait qu’il aime Madeleine, il a peur, il se rejette en arrière, comme le coursier du Phèdre, et peut-être s’il continuait à vivre dans son voisinage se guérirait-il de cet amour comme d’une folie. […] » Cette identité de lui-même que la vie, l’intelligence, la conscience de soi ont donnée à Dominique, l’art du romancier paraît simplement l’approfondir, la continuer, l’amener sur la fin d’un jour à une lumière filtrée et purifiée.
Mais Jean Richepin, il continue avec Dieu la bonne farce qu’il a commencée envers les hommes, et il se croit obligé de se montrer à lui, comme il s’est montré à eux, en habit de comédien. […] La révolution que Napoléon fit dans l’âme humaine par la politique et la guerre, Victor Hugo la continua et la compléta par la littérature. […] La littérature est devenue, aujourd’hui, un métier très compliqué, très en dehors, où la force du talent, la qualité de la production ne sont rien, où la mise en scène spéciale et continue de la vie de l’auteur est tout. […] Ils continuent la bonne tradition, car il faut que tu le saches, c’est dans la poussière de nos trônes qu’ils ont ramassé ce bonheur ineffable dont il nous semble que tu te fais une idée insuffisamment joviale ». […] Enfin, il continue l’espèce, malgré lui.
Quant au jeune homme qui lui succède, non seulement il ne paraît pas disposé à rien modifier aux errements de son père, il semble, au contraire, affirmer sa volonté de les continuer et, au besoin, d’y ajouter, impérialement. […] Voulant continuer leurs études, elles prièrent le jeune médecin de leur donner l’enseignement de son art, et de leur permettre l’accès de sa bibliothèque, ce qu’il leur accorda, car il les avait jugées intelligentes et charmantes. […] … je continue. […] Reinach continua : — Eh bien… j’ai rêvé… je rêve à être, dans un avenir prochain… oh ! […] François de Nion continuait d’exalter les penseurs, M.
Les méchants et les bons, les forts et les faibles y continuent leur état. […] « Tel est le détail qu’on me lit au sujet des Immortels de ce pays… » — et le sentiment de l’homme continue de se révolter contre l’idée de destruction, et l’écrivain tremble à l’idée de pérennelle obscurité. […] Et cela continue, à un moment où, devant l’ironie supérieure de la science, toutes les croyances religieuses sont égales, et tous les dogmes. […] En province et en des milieux sévères, cette floraison se continuait fort longtemps, ne laissant place à des plaisirs extérieurs ni pour la femme, ni peut-être pour le mari. […] L’accord continue avec la troisième classe (19) : aimable, gracieuse, un peu coquette.
On en continuerait longtemps le parallélisme, avec plus ou moins de précision. […] À Meta, une Vierge guérisseuse continue au peuple les soins qu’il recevait jadis de Minerva Medica. […] Quoique plus vigoureux, mais aussi dénué de force expansive, l’espagnol subirait le même sort et son histoire se continuerait outre-mer, à travers les immensités de plus de la moitié d’un continent immense. […] « On continue à lire de préférence les ouvrages français. […] Ce révérend continue, mais avec une bonne humeur ironique et attristée, le travail des Conformités.
— Continue ton labeur probe, en dehors des coteries et des théoriciens ; l’art est grand ; cent domaines restent à conquérir… Et tu n’as rien fait puisque il reste encore à faire. […] Émile Zola continue, il est vrai, à la servir sans dévier de la ligne d’art qu’il se traça dès ses débuts. […] « Va, Jean, nous nous continuerons en elle… et ce sera de la douceur aussi de souffrir, pour elle, toute sa souffrance. » Elle se pencha vers son mari ; elle appuya ses lèvres chaudes sur les lèvres sèches de Jean. […] Et ils sont remplacés par d’autres Doumic qui continuent leur besogne. — Parfois, quand un Doumic essaye de mordre, quelqu’un prend une cravache, lui administre une fessée et le renvoie au poulailler. […] — Je continuai ma promenade.
Lemaître, qui aime à tout expliquer, nous dira bien que la « curiosité des religions est en ce siècle-ci un de nos sentiments les plus distingués et les meilleurs » ; cette réponse ne me satisfait pas et je continue à rêver sur la question qu’elle ne résout point. […] Et, d’un autre côté, il est très vrai que la foi religieuse peut être un frein, que plus d’une femme qui allait à confesse avant d’avoir un amant n’y va plus après : mais quelques-unes aussi continuent d’y aller. […] En sorte que son œuvre critique apparaît aujourd’hui comme un monument isolé, que quelques-uns iront toujours visiter avec intérêt, mais qui ne sera ni imité ni continué. […] A quoi sert d’avoir trouvé ce que c’est que le bien si on continue à faire le mal ? […] Les hommes mariés n’ont pas le droit d’imposer cette meilleure vie à leurs femmes et à leurs enfants, et ils doivent continuer avec leur famille la vie qu’ils condamnent.
Une douleur continue d’ailleurs, ni une joie continue ne seraient perçues par la conscience. […] Ce fut sans heurt que Neptunus Equester devint Divus ou Sanctus Antonius ; sous son second nom, il continua d’être le patron des chevaux. […] Dastre ; mais il continue de considérer les propriétés vitales de la matière comme entièrement distinctes de ses propriétés physiques. […] Cela prouve que Pascal aurait peut-être mieux fait de continuer ses expériences sur le vide, et qu’il n’était point destiné, par la nature de son génie, à entrer dans les querelles théologiques. […] « Pour la sifflante faible, continue le Rapport, la Commission propose la substitution générale de z à s.
La vie continuait autour de lui son cours éternel ; l’indifférente déesse gardait son inaltérable beauté ; les femmes passaient et repassaient, jeunes comme autrefois, joyeuses, légères, irrésistibles. […] Il continua, en se tournant vers la fiancée : « Tu te présentes à l’autel du Seigneur avec la couronne qui ne convient qu’à l’innocence d’une vierge pure. […] » Ehrenthal inclina vivement la tête en signe d’assentiment. « Puisque tu vois en moi ton héritier, continua Bernard, écoute bien mes paroles. […] Mais le visage continua de s’approcher, et une voix rauque murmura deux ou trois mots à son oreille. […] Mais ce talent se montre d’une façon plus continue dans la troisième partie du roman.
Sa Marie Stuart, qui parut d’abord un commencement, était à certains égards une fin ; c’était la fin et le romantisme modéré le plus avancé, le plus extrême de cette honorable reprise dramatique qui s’ouvre par Agamemnon, qui se continue par les Templiers, dans laquelle Ducis, venu un peu plus tard, eût trouvé sa place. […] La tentative du moins était bonne, et elle demeure en vue comme une tête de pont qui n’aurait pas été continué.
Le propre des êtres sans forme est d’atteindre leur développement par les états contraires, d’être indifférents à l’issue de leur effort, de se continuer dans leurs voisins, et, par le manque de but et de limites, d’atteindre la perfection du calme et l’apparence de l’infinité. […] Il s’inquiète fort peu du cerf poursuivi qui se cache dans son étable ; il reste à table et continue à manger en avertissant son hôte qu’il va périr.
Entre tant d’écrivains qui, depuis Herder, Ottfried Muller et Gœthe, ont continué et rectifié incessamment ce grand effort, que le lecteur considère seulement deux historiens et deux œuvres, l’une le commentaire sur Cromwell de Carlyle, l’autre le Port-Royal de Sainte-Beuve ; il verra avec quelle justesse, quelle sûreté, quelle profondeur, on peut découvrir une âme sous ses actions et sous ses œuvres ; comment, sous le vieux général, au lieu d’un ambitieux vulgairement hypocrite, on retrouve un homme travaillé par les rêveries troubles d’une imagination mélancolique, mais positif d’instinct et de facultés, anglais jusqu’au fond, étrange et incompréhensible pour quiconque n’a pas étudié le climat et la race ; comment avec une centaine de lettres éparses et une vingtaine de discours mutilés, on peut le suivre depuis sa ferme et ses attelages jusqu’à sa tente de général et à son trône de protecteur, dans sa transformation et dans son développement, dans les inquiétudes de sa conscience et dans ses résolutions d’homme d’État, tellement que le mécanisme de sa pensée et de ses actions devient visible, et que la tragédie intime, perpétuellement renouvelée et changeante, qui a labouré cette grande âme ténébreuse, passe, comme celles de Shakspeare, dans l’âme des assistants. […] Si maintenant la conception générale à laquelle la représentation aboutit est poétique, mais non ménagée, si l’homme y atteint, non par une gradation continue, mais par une intuition brusque, si l’opération originelle n’est pas le développement régulier, mais l’explosion violente, alors, comme chez les races sémitiques, la métaphysique manque, la religion ne conçoit que le Dieu roi, dévorateur et solitaire, la science ne peut se former, l’esprit se trouve trop roide et trop entier pour reproduire l’ordonnance délicate de la nature, la poésie ne sait enfanter qu’une suite d’exclamations véhémentes et grandioses, la langue ne peut exprimer l’enchevêtrement du raisonnement et de l’éloquence, l’homme se réduit à l’enthousiasme lyrique, à la passion irréfrénable, à l’action fanatique et bornée.
» Puis, avec la quiétude d’un esprit qui ne redoute plus rien, il continue sur un mode musical vraisemblablement plus lent et plus doux : « Et je m’étends sur ma couche, et je m’endors ; et, après avoir dormi, je me réveille, car Jéhovah est l’oreiller de ma tête ! […] Je lus avec des impressions centuplées pour moi par le site et par le voisinage du tombeau ; je continuai à lire jusqu’à ce que le crépuscule, assombri de verset en verset davantage, effaçât une à une sous mes yeux les lettres du Psalmiste ; mais, même quand mes regards ne pouvaient plus lire, je retrouvais encore ces lambeaux d’odes, ou d’hymnes, ou d’élégies, dans ma mémoire, tant j’avais eu de bonne heure l’habitude de les entendre, à la prière du soir, dans la bouche des jeunes filles auxquelles la mère de famille les faisait réciter avant le sommeil.
Je continuai à en jouer tous les soirs et une partie des nuits, pour reporter, par les sons, la pensée d’Hyeronimo en haut, vers moi et vers nos beaux jours dans la montagne. […] J’ai cru d’abord à un rêve ; j’ai écouté longtemps après que les cloches de l’Ave Maria se taisaient sur la ville, et le même air de l’instrument de votre frère a continué à se faire entendre à demi-son dans la tour, par-dessus les toits de la prison.
Mais non, non, tu ne mourras pas pour moi, continuai-je, ou bien je mourrai avec toi moi-même ! […] — Quand il sera libre, continua la voix, tu revêtiras le froc et le capuchon des pénitents noirs qu’il aura laissés tomber de la fenêtre en s’enfuyant, et tu reviendras dans son cachot, avant le jour, prendre sa place, pour que les sbires te mènent au supplice, en croyant que c’est lui qu’ils vont fusiller pour venger le capitaine ; tu marcheras en silence devant eux, suivie des pénitents noirs ou blancs de toute la ville qui prieront pour toi ; et quand tu seras arrivée au lieu du supplice, tu mourras en prononçant son nom, heureuse de mourir pour qu’il vive !
Le xve siècle continue et développe les caractères du xive : épuisement, dissolution, ou monstrueuse déviation des principes vitaux du moyen âge, intermittente et comme inquiète éclosion de quelques bourgeons nouveaux, effort incomplet et encore entravé des formes futures vers la vie. […] Commynes, né serviteur et devenu favori du duc Charles, reçoit une pension de Louis XI : la position lui plaît ; il continuerait volontiers ce service en partie double, avec doubles honoraires, si le roi de France, qui a besoin d’un tel esprit, ne lui mettait le marché à la main.
Peu de vies offrent un pareil exemple de guigne noire et continue. […] Elle continue : « Ne te marie pas avant notre retour.
dans mon lit, j’avais là, mais vraiment, la tentation de me relever et de filer au chemin de fer, laissant mon monde continuer son voyage… J’ai besoin de Paris, de son pavé… Les quais, le soir, avec toutes ces lumières… Vous ne croyez pas qu’il y a des jours, où je me sens tout heureuse de l’habiter… Ça été si longtemps mon désir d’y venir… Non, quand je ne suis plus en France, il y a un trouble en moi, j’ai le diable au corps d’y revenir, d’y être, de me trouver avec des Français… Et la première fois que j’ai mis le pied sur de la terre française, en août 1841, il était deux heures du matin, « le premier pantalon garance » que j’ai aperçu, ça été plus fort que moi, je suis descendue de voiture pour l’embrasser… Oui, je l’ai embrassé ! […] Et il dit : « Non, ça m’est égal, mais ça change tout mon ordre de travail, Je vais être obligé de faire Nana… Au fond, ça dégoûte les insuccès au théâtre… La Curée attendra… Je veux faire du roman. » Et il continue à faire tourner son couteau.
S’il s’est orienté et nous a orientés dans cette voie nouvelle, c’est, d’abord, que la voie qu’il suivait et nous faisait suivre antérieurement s’est trouvée comme barrée, parce que l’intensité plus grande de la lutte, due à la condensation plus grande des sociétés, a rendu de plus en plus difficile la survie des individus qui continuaient à se consacrer à des tâches générales. […] On dit que, dans la suite, une fois adulte, j’acquiesce à cette obligation par cela seul que je continue à vivre dans mon pays.
Enfin il y aurait à rendre compte des superstitions rabbiniques au sujet du nom incommunicable et sacré de Jeovah, nom formé, comme on sait, de la combinaison du présent, du passé, du futur du verbe être, et qui renferme, par son énergie propre, le sentiment essentiel de l’existence continue et non successive, en d’autres termes, éternelle et contemporaine de tous les temps ; ce qui, pour le dire en passant, a cela de remarquable, que le substantif par excellence tire ici son origine du verbe. […] J’oserai donc à présent dire avec plus de confiance que la parole est une révélation qui n’a jamais quitté le genre humain et qui ne le quittera jamais ; Que les langues sont une révélation continue, toujours subsistante au milieu des sociétés humaines, et par laquelle les sociétés humaines sont régies, car la parole est le lien des êtres intelligents ; Que les langues sont filles les unes des autres, et que l’homme ne peut inventer ni sa langue ni ses institutions.
Dans le temps même où il traitait de cette union, il recevait avis qu’il y avait sentence de mort portée contre lui en France ; ce lui fut une occasion d’éprouver sa fiancée, qui répondit en femme des anciens jours : « Je suis bien heureuse d’avoir part avec vous à la querelle de Dieu ; ce que Dieu a conjoint, l’homme ne le séparera point. » Il continua de vieillir en écrivant, en discutant ou raillant, en payant l’hospitalité des Suisses par des conseils d’ingénieur et de vieux soldat.
Cependant l’expression de romantique, surtout à mesure que s’est prononcé le triomphe des idées et des œuvres modernes, et que ce qui avait paru romantique la veille (c’est-à-dire un peu extraordinaire) ne le paraissait déjà plus, s’est particulièrement concentrée sur une notable portion de la légion poétique la plus riche en couleur, la plus pittoresque, la plus militante aussi, et qui, après avoir conquis bien des points qu’on ne lui dispute plus, a continué d’en réclamer d’autres qui ont été contestés ; je veux parler de l’importante division de l’école romantique qui se rattachait à l’étendard de Victor Hugo.
L’orateur le plus spirituel et le plus facile de nos grandes assemblées15 disait un jour de lui par une ironie légère : « Quand je considère intuitivement, comme dirait M. de Tocqueville… » Voilà pour le dehors ; mais de près, dans un cercle moindre, devant un comité, dans une Académie, il reprenait tous ses avantages, toutes ses distinctions, netteté, finesse, nuance, une expression ferme et décisive, une pensée continue, un accent ému et vibrant donnant la note de l’âme.
Ainsi chassé d’une académie, ayant eu une autre académie tuée sous lui, l’abbé, toujours serein et impassible, continua d’écrire tous les matins ses idées, de les lire tous les soirs à qui voulait l’entendre (ne fût-ce qu’à une jolie femme), et d’échec en échec, il ne laissa pas de dire : « Patience !
Hugo a continué sa série d’odes ou pièces politiques et sociales, avec une pensée plus mûre, vraiment progressive, honnête et indépendante, aidée d’une incomparable imagination.
Son joli essai de fantaisie dramatique, A quoi rêvent les Jeunes Filles, s’est continué et diversifié heureusement dans les Caprices de Marianne, dans On ne badine pas avec l’Amour, dans la Quenouille de Barberine, et tout récemment dans le Chandelier.
Une fois en relation suivie avec M. de la Trappe, il ne lâcha plus prise, et force fut bien au solitaire de continuer une correspondance où la curiosité faisait violence à la charité.
A cette vue, Casanova convient qu’il eut peur, et que son premier mouvement fut d’éloigner son amie ; mais elle, qui, d’ordinaire, avait peur de la moindre couleuvre, ne craignant rien à cette heure et en ce moment, continuait : « Son aspect me ravit, te dis-je, et je suis sûre que cette idole n’a de serpent que la forme, ou plutôt que l’apparence. » Et elle redoublait de bonheur et d’oubli.
Souvent il prend une mine sérieuse, continue le discours d’un ton convaincu, semble approuver son personnage ; tout d’un coup, au dernier vers, une chute révèle l’ironie.
Quelle cruelle inconséquence de dire à un homme : « Tu dois, et si tu ne payes pas ce que tu dois, tu es déshonoré » ; et de lui dire dans la même phrase : « Si tu continues à travailler pour payer ce que tu dois, nous te déshonorons encore. » Voilà cependant votre logique ; ce n’est ni celle de Dieu, ni celle des hommes, ni celle de l’honneur, ni celle de l’économie politique !
Dans les œuvres, à qui une idée d’art ne donne pas naissance, et qui usent de la prose, les conséquences du fait capital que j’ai déjà signalé continuent de se développer : les gens se distinguent, les esprits se spécialisent, et le domaine de la littérature se précise en se restreignant.
Il est impossible que les unités continuent à tyranniser notre théâtre : la mise en scène, la structure des pièces, la curiosité physique des spectateurs réclament des cadres moins étroits.
Et la preuve que Larroumet n’a pas eu tort, c’est que depuis vingt ans que sa thèse a passé, on a continué d’écrire sur Marivaux ; de bons articles, de jolis livres ont été faits.
Voyageur des contrées qui sont par-delà l’histoire, soudain transporté ici et qui, à peine dépaysé, exempt d’étonnements, continue d’apercevoir, à travers les choses présentes, l’enchantement de la patrie primitive, toujours ouverte à son souvenir… Venu comme pour clore une époque, alors qu’on s’imaginait assister à la disparition progressive du romantisme, il en concentra les suprêmes lueurs défaillantes, plus intenses de leur sûre agonie, et nous laissa ce spectacle imprévu d’un trophée d’artifice merveilleux.
Assurément, il l’eût mieux dit lui-même, avec plus de pleurs dans la voix, et je ne sais quoi de plus navré, de plus abandonné, de plus démissionnaire dans toute sa personne ; mais enfin, si ce serait un scandale, ou plutôt une espèce d’obscénité, que de voir un Baudelaire en bronze, du haut de son piédestal, continuer de mystifier les collégiens, il faut bien que quelqu’un le dise.
Ses enfants continueront son œuvre, rencontreront sans doute des papillons plus éducables et tenteront à leur tour de leur apprendre à vivre.
Le vaisseau du temple fut achevé en dix-huit mois, les portiques en huit ans ; 599 mais les parties accessoires se continuèrent lentement et ne furent terminées que peu de temps avant la prise de Jérusalem 600.
. — Et il continue longuement ce parallèle où la pauvre raison est immolée sans pitié en l’honneur du sentiment réhabilité.
Le second fait fondamental, celui qui continue la conscience, c’est la perception d’une ressemblance.
Par exemple, l’orateur, au milieu de tout ce qu’il signalait de dangers, continuait de faire ses réserves en faveur de la liberté entière et absolue.
Taine continue et perfectionne la sorte de critique biographique que pratiquait Sainte-Beuve et s’efforce d’appliquer aux individus isolés sa théorie de l’influence de la race et des milieux.
À des distances très grandes, à des intervalles de siècles, les corrélations se manifestent, surprenantes ; l’adoucissement des mœurs humaines, commencé par le révélateur religieux, sera mené à fin par le raisonneur philosophique, de telle sorte que Voltaire continue Jésus.
Continue-t-il ?
Après la révolution, le même mouvement continue : Destutt de Tracy, Bonald, de Maistre, Royer-Collard, Lamennais, M.
Quand Démodocus recommençait ses chants, et que les anciens l’excitaient à continuer (car ils étaient charmés de ses paroles), Ulysse s’enveloppait la tête de nouveau, et recommençait à pleurer. » Ce sont des beautés de cette nature qui, de siècle en siècle, ont assuré à Homère la première place entre les plus grands génies.
Point d’autre inspecteur absolu de l’éducation publique que l’État ; c’est à l’État à nommer, continuer ou changer le recteur et les principaux, à déposer les professeurs, à chasser les répétiteurs ou maîtres de quartier, et à exclure des écoles les enfants ineptes ou vicieux.
Continuons de consulter l’expérience.
Voilà pourquoi la prévention du genre humain, en faveur d’un systême de philosophie, ne prouve pas même qu’il doive continuer d’avoir cours durant les trente années suivantes.
L’imagination supplée, continuera-t-on, ce qui nous est caché, et quand nous voïons des yeux ardens de colere, nous croïons voir le reste du visage allumé du feu de cette passion.
Le développement historique perd ainsi l’unité idéale et simpliste qu’on lui attribuait ; il se fragmente, pour ainsi dire, en une multitude de tronçons qui, parce qu’ils diffèrent spécifiquement les uns des autres, ne sauraient se relier d’une manière continue.
Et il ajoute : « Cela prouve que Pascal aurait mieux fait de continuer ses expériences sur le vide. » Enfin il conclut ironiquement, ne croyant pas si bien dire : « Je pense qu’ayant retouché treize fois ses Provinciales, Pascal n’en fut pas encore content.
J’écarte pour le moment, comme on voit, l’examen de l’action continue de la Providence sur les sociétés humaines, parce qu’on l’écarte assez généralement dans la discussion actuelle : au reste, aucune des deux classes ne la nie ; seulement chacune l’explique à sa manière.
Mais dans ces mœurs de cristal, — non par la pureté, mais par la transparence, qui font à présent une espèce d’aquarium de Paris, — personne n’ignora que la main, — beaucoup trop et vainement gantée, — qui avait écrit ce livre sur Byron, était, puisque la main de Byron est glacée, celle de toutes les mains qui avait le plus le droit de récrire, pour être restée dans la sienne… Si les femmes que nous avons aimées deviennent une part de nous-mêmes, c’était une part de Byron, — encore vivante ici-bas, — qui allait continuer les Mémoires et dire leur vérité dernière.
« En effet, — continue Goethe, — c’est dans la forme que l’homme avait en quittant la terre qu’il se promène parmi les ombres, et c’est ainsi qu’Achille se présente toujours à nous comme un jeune homme éternel. » 10.
Pour Louis Teste comme pour nous, Léon XIII n’est donc pas un pape isolé, successeur seulement de Pie IX ; c’est le Pape, continué et éternel.
Il faudrait, en effet, plus que les deux volumes de M. de Chalambert, si estimables qu’ils puissent être, pour ruiner complètement le préjugé sur la Ligue et changer soudainement toutes les conditions de lumière à travers lesquelles beaucoup d’esprits continuent de la voir et de la juger.
Quels que soient, d’ailleurs, les titres différents que M. de Coulanges donne à ses ouvrages, ils ne sont tous, si j’en saisis bien le sens et la portée, que les chapitres écrits d’un livre qui se continue, que les parties échafaudées d’un ensemble historique embrassé de haut, comme on embrasse tout un pays du sommet de ses montagnes.
Boissier, continuent les grandes et funestes traditions de la Renaissance.
Partout ailleurs que sous le gouvernement de l’Église et en dehors de son orthodoxie, le Mysticisme, — et il en faut bien prévenir des âmes ardentes et pures qu’une telle coupe à vider tenterait, — le Mysticisme n’a donc été et ne continuera d’être qu’une immense erreur et une éblouissante ivresse de cette faculté de l’infini, la gloire de l’homme et son danger, et qui fait de lui, — diraient les naturalistes, — un animal religieux.
Comme Vacquerie, il est vrai, Banville continue la poésie de Victor Hugo ; mais il ne la fait ni délirer ni grimacer plus qu’elle ne délire et ne grimace naturellement.
Journalistes, chroniqueurs, tous les jaseurs de la publicité en ont déjà parlé, et vont continuer d’en parler pendant bien deux jours, de cet homme si peu fait pour être populaire, et dont ils ne disaient guères mot de son vivant.
Elles continuent de vivre, de se donner, de se reprendre, de se faisander chaque jour davantage au contact d’ignominieuses caresses, et de réaliser le mot terrible de Diderot : « Il y a plus loin pour une femme de son mari à son premier amant que de son premier amant à son dixième. » Le clerc de notaire, M.
Mais il ne paraît pas avoir remarqué que le processus de notre activité libre se continue en quelque sorte à notre insu, à tous les moments de la durée, dans les profondeurs obscures de la conscience, que le sentiment même de la durée vient de là, et que sans cette durée hétérogène et indistincte, où notre moi évolue, Il n’y aurait pas de crise morale.
Prince, continue l’orateur, ma voix, dans ce moment, représente la voix du monde entier.
On continua à appeler dans le droit, nos auteurs, ceux dont nous tenons un droit à une propriété.
Et puis, il y eut contre Gautier, comme agent du discrédit parfois très vague, parfois très catégorique, où l’on continue à le tenir, la masse, non pas certes de ses disciples, mais de ses imitateurs. […] De toutes les races qui ont passé sur notre globe, il n’en est pas une chez lui le caractère et le tempérament métaphysiques aient pris, même pendant une époque de crise, cette prépondérance absorbante qu’ils gardent, d’une manière continue, chez les peuples hindous. […] partout, sans cesse, avec une extraordinaire finesse des sens, il le saisit et le retrouve dans les moindres manifestations de la vie réelle ; il en subit, d’une manière continue, l’influence stérilisante. […] Après eux, qui resta-t-il pour continuer le mouvement ? […] Il ne l’en adora pas moins d’une tendresse supraterrestre, continue, sensuelle et douloureuse, la seule tendresse dont il était capable, mêlant à la passion on ne sait quelles vagues idées pseudo-métaphysiques, où la femme vivante finissait par représenter une incarnation réelle de Diane, de sainte Rosalie et de sainte Thérèse.
» « La nature n’est qu’une succession continue de naissances et de morts (Lettre LXXI). […] Continuez vos injurieux propos : ce sont pour nous les vagissements d’enfants qui souffrent. » LXXI. […] Et Sénèque n’est pas pathétique, lorsqu’il continue : « Tournez vos yeux sur mes frères ! […] Il trompera ton attente, et il continuera de te tourmenter par le spectacle imposant de la vertu. […] Les langues ne doivent-elles pas continuer de s’enrichir par la même voie qui les a tirées de leur première indigence ?
Molière, La Fontaine, Voltaire continueront. […] Et Jules Lemaître, dans la Bonne Hélène, a continué. […] Elle voudrait continuer d’aller dans le monde, à l’Opéra, etc. […] Elle continue de pécher et de cohabiter avec Wronsky. […] Byron continuait le classique Voltaire et n’en disconvenait pas.
Une excessive frugalité et des études continues achevèrent de détruire la santé de Sénèque. […] XXXVIII), lorsqu’on lui annonça que Messaline était morte, on ne lui dit pas si c’était de sa propre main ou de la main d’un autre, et il ne s’en informa pas ; on lui verse à boire, et il continue son repas comme de coutume. […] Et tandis que le sang des bons citoyens coule, on continue de remercier les dieux. […] Le nerf nécessaire à l’exécution est coupé, et l’on continue de souffrir et de se plaindre, si la tyrannie le permet : car elle va quelquefois jusqu’à exiger un front serein de l’esclave qui porte le désespoir au fond de son cœur. […] Le moment du succès s’échappe, tandis qu’on s’occupe à l’assurer ; et c’est ainsi qu’un Néron continue de régner, et qu’un Guise manque la couronne.
Ces spectacles ont été les premiers qui aient frappé les yeux de Jacquine et ils ont continué de les battre en cadence, ou en décadence, jusqu’à un âge assez avancé. […] « — Je n’en sais rien du tout ; mais continuez. […] Si vous me permettez le mot d’argot qui est ici presque nécessaire, l’impression continue qu’on a en lisant ce petit livre, c’est que l’adultère constitue une scie. […] Il s’est occupé de tout autre chose, pendant que la science, comme elle pouvait, plus ou moins bien selon les circonstances, continuait son œuvre à elle. […] Voilà ce qu’elle a fait, voilà ce qu’elle continuera à faire.
En face, la littérature traditionnelle continue son train-train, de concessions en concessions, et détient l’intelligence populaire, ravie d’entrer sans efforts dans des œuvres d’apparence renouvelée. […] La terre arable s’y enchaîne aux dunes sablonneuses, et la plaine continue par la rive mobile de l’Océan. […] Tous trois sont fortement Baudelairiens, et ils continuent l’œuvre de l’auteur des Fleurs du Mal ; par Baudelaire, ils ont subi l’empreinte de Poe. […] Théodore de Banville néanmoins continue avec une expansion claire et ensoleillée et les plus beaux dons lyriques le jeu purement romantique. […] La vie, l’exil, l’œuvre continue d’Hugo en furent les facteurs déterminants, et aussi l’admiration restée intacte de Gautier pour son aîné.
J’affirmerai même, — continue bravement cette précieuse à l’inverse, — que tout honnête homme qui sait plaire à sa femme est un poëte sublime. […] Théophile Gautier a continué d’un côté la grande école de la mélancolie créée par Chateaubriand. […] Il perd sa mère à l’âge de quatre ans ; un vieux parrain, un prêtre, l’accueille chez lui, et commence une éducation qui devait se continuer au petit séminaire de Largentière. […] La question, dans le fait, la question de la réformation de l’opéra n’est pas vidée, et la bataille continuera ; apaisée, elle recommencera. […] Le mouvement créé par Victor Hugo se continue encore sous nos yeux.
Aussi continuons-nous à le tenir pour un des nôtres, même à son pire moment, par la certitude que son naturel finira par l’emporter sur ses mœurs. […] Ils continuaient à faire les tyranneaux en leur province, se moquant de Messieurs de Paris et des paysans qui poussaient leur lamentation séculaire : « Ah ! […] Au milieu de ces haines changeantes, sa haine la plus durable est sa faute la plus continue. […] Si l’on a changé de contrée, on continue de voiries mêmes sites. […] Il aide les gens à mourir, quand il n’est pas bon pour leur santé qu’ils continuent de vivre.
Tandis que la prose, jusqu’à un certain point, se transmet et se continue, qu’un âge hérite d’un autre, que le fleuve grossit et s’enrichit, de Villehardouin à Joinville, de Joinville à Froissart, de Froissart à Commines, de Commines à d’Aubigné…, avec lenteur, il est vrai, mais d’une manière sensible en avançant, la poésie subit, à chaque siècle, des interruptions, des coupures, et il semble qu’elle ait eu, à plusieurs reprises, à recommencer120. […] Dans la première moitié du xvie siècle, Marot semble continuer et perfectionner Villon. […] Dans ces pièces adressées à Marie de Médicis, on sent l’amour de la paix, — comme la saveur de cette paix que Henri IV avait fait goûter pendant dix ans à ses peuples, et dont Malherbe est si rempli qu’il veut continuer d’y croire et ne pas s’en désaccoutumer.
« Mais vous, continua-t-il, qui avez tant de livres chez vous, quels sont donc ceux que vous venez chercher ici ? […] Mais vous, Lucius, continua-t-il, est-il besoin de vous y exhorter, et ne vous y sentez-vous pas tout naturellement enclin ? […] C’est ainsi que ces exercices oratoires d’autrefois, où j’avais pour but de me préparer au forum, et dont j’ai continué l’usage plus que personne, sont aujourd’hui remplacés par un exercice de vieillard.
Je n’en sais rien ; mais, quand elle viendra, je crains bien qu’elle trouve sa place prise par les préjugés historiques, et que l’opinion trompée ne continue à prendre les idoles de l’intrigue audacieuse pour les héros modestes du salut de la patrie. […] Après avoir attendu quelque temps que je prisse à mon tour la parole, et voyant que je continuais à me taire, M. […] « 3 novembre 1861. » Les bruits faux relatifs à ma santé et mon incapacité de continuer l’édition de mes Œuvres et de mes Entretiens, s’étant prolongés d’échos en échos dans toutes les provinces, me forcent à réclamer de nouveau avec énergie et persistance.
Je pourrais vous répondre simplement que je continue à me laisser apporter mes sujets par le hasard de mes curiosités ou de mes souvenirs… (Hélas ! […] (Je cite beaucoup, car il est très important de bien connaître le point d’où Veuillot est parti.) « Là, continuait-il, j’ai mon père qu’on a usé comme une bête de somme, et ma mère courbée sous le chagrin… Le hasard a voulu qu’un rayon de soleil réchauffât leurs derniers jours. […] Cela contentait en même temps, chez Veuillot, ce besoin de certitude qui était sa maladie, en concentrant dans un seul homme le phénomène de la Révélation continue ; et cela satisfaisait aussi ses instincts de démocratie spirituelle : il pensait que rapprocher le pape de Dieu, c’était le rendre au peuple.
Ce pleutre ayant continué d’entretenir sa maîtresse avec l’argent de sa femme et se trouvant de nouveau criblé de dettes, le beau-père, Jerry Shaw, vient remettre les choses en ordre. […] Cela continue pendant trois actes ; et cela, il faut le dire, est d’un amusement extraordinaire ; même, sous l’outrance exaspérée de la bouffonnerie, un peu de vérité transparaît encore çà et là ; on devine que l’auteur a voulu signifier que, en dépit de M. […] Alfred Capus continue de « s’affirmer » comme un réaliste de beaucoup d’esprit et de beaucoup d’observation à la fois, et comme le meilleur spécialiste que nous ayons de la « comédie de l’argent ».
Ses chants, en exprimant tour à tour l’espérance, la crainte et la prière, continuent l’action, et prolongent, pour ainsi dire, chaque acte jusqu’à l’acte suivant. […] Et l’exemple d’Agrippine s’étant présenté : « Combien, dis-je, n’y a-t-il pas d’Agrippines domestiques, femmes de tête, comme on les appelle, qui veulent rester maîtresses dans la maison d’un fils devenu chef de famille, et qui continuent à gouverner sous son nom ? […] Vous avez fort contrarié Agrippine, qui a fait la fortune de son fils et qui veut continuer à la gérer ; mais, en revanche, vous avez fait plaisir à Néron ; c’est un excellent fils : il n’est pas homme à secouer le joug, mais il le sent, et il sait gré à ceux qui lui conseillent de régner.
Une fantaisie leur prend de ne pas continuer à souper seuls. […] Oui, oui, une fermeture de tous ces affreux secrets, cachés et renfoncés en elle, sans une échappade à nos yeux, à nos oreilles, à nos sens d’observateur, même dans ses attaques de nerfs, où rien ne sortait d’elle que des gémissements : un mystère continué jusqu’à la mort et qu’elle devait croire enterré avec elle. […] … » fait-il encore une fois, et il continue : « Et tous les gens de ce temps-là avaient une philosophie que nous devrions bien avoir.
Tourguéneff dit à mi-voix : « C’est particulier, un Russe de mes amis, un homme de grand esprit, affirmait que le type de Jean-Jacques Rousseau était un type français, et qu’on ne trouvait qu’en France… » Zola, qui n’a pas écouté, continue à gémir, et, comme on lui dit, qu’il n’a pas à se plaindre, qu’il a fait un assez beau chemin pour un homme n’ayant pas encore ses trente-cinq ans : « Eh bien ! […] Zola est en veine de causerie, et il continue à nous parler de son travail, de la ponte quotidienne des cent lignes, qu’il s’arrache tous les jours, de son cénobitisme, de sa vie d’intérieur, qui n’a de distractions, le soir, que quelques parties de dominos avec sa femme, ou la visite de compatriotes. […] Et sous cette lumière de migraine, Hugo continue à boire du champagne et à parler comme si rien de ce qui fait mal aux autres, n’avait de puissance sur sa robuste constitution.
Leconte de Lisle et Verlaine m’enthousiasmèrent fortement, et cela continue. […] Pour ne pas être dupe avec trop d’inélégance, il faudra savoir interpréter et transposer ces témoignages personnels, — ou mieux encore, sans presque se soucier d’eux, il faudra continuer d’aimer Hugo et de se livrer à lui en toute simplicité de cœur, quitte à se ressaisir et à reprendre toute lucidité après le délire bienheureux… Théodore Botrel. […] Baudelaire est l’anneau qui relie et continue la chaîne des Poètes Français qui part d’Eustache Deschamps pour aboutir à Verlaine en passant par Villon, Ronsard, La Fontaine et Musset.
L’évocation lente et continue ressemble à l’aurore. […] Appareils abstracteurs, nos sens, orientés vers l’action pratique, sont discontinus, mais ils travaillent sur une matière continue. […] C’est toujours le même vaisseau qui continue sa route, avec, à son bord, de nouveaux matelots.
L’homme qui prostitue un grand nom, qui manque à une mission écrite dans sa nature, ne peut se permettre sans conséquence une foule de choses que l’on pardonne a l’homme ordinaire, qui n’a ni passé à continuer, ni grand devoir à remplir. […] Les actionnaires ont cru pouvoir se passer du chef, et puis continuer seuls les affaires. […] La France est de la sorte le résultat de la politique capétienne continuée avec une admirable suite. […] IV Si nous eussions été seuls au monde ou sans voisins, nous aurions pu continuer indéfiniment notre décadence et même nous y complaire ; mais nous n’étions pas seuls au monde.
Il ressemblerait à ces rivières qui coulent avec une fluidité riche sur un fond de sable doré mêlé de cailloux dont la résistance se résout en une musique lente, profonde et continue. […] Et le Pauvre continue, faisant du Christ des misérables un portrait qui, trait pour trait, s’applique à lui, le Pauvre. […] Cependant Flaubert, qui ne fit jamais que subir impatiemment le réalisme, continuait la tradition de Chateaubriand. […] En même temps qu’ils continuaient une période littéraire, ils en ouvraient une autre, fraternellement avec Gustave Flaubert. […] Il continue : « Peut-être une définition complète du génie est-elle impossible, parce que le génie fait éclater toutes les formules.
— Non, fit-il, je prie la Chambre de me laisser continuer. Et il continua, encore plus emporté et débordé, comme il arrive au torrent après l’obstacle franchi. […] Je n’en continue pas moins à m’en garder rancune, et c’est en manière de confession et de soulagement que j’écris les pages qui suivent sur cet homme d’un esprit si rare, d’un cœur plus rare encore. […] Je continuai à descendre le boulevard dans la direction du quai de l’Hôtel-de-Ville, où se portaient les badauds affriandés par des bruits lointains d’émeute, et par l’espoir de voir passer la révolution. […] P*** qui continua de garder le secret, et comme il n’avait que d’honnêtes raisons pour se taire, je me tus moi-même, ne voulant pas à la fin lui paraître plus curieux que reconnaissant.
Qu’il continue son labeur de rare ouvrier. […] Lorsque le compagnon, devenu l’époux, fut parti, — c’était un très modeste professeur, instruit et pauvre, — la femme, pour continuer à nourrir son enfant, était entrée en condition : elle fut, pendant huit années, la domestique dévouée d’une bourgeoise de Provins. […] Il continuera à traverser les espaces du temps, et le doux bruit des vers, qui ont chanté le bon cœur de la jeune et belle fermière ou la fraîcheur des flots de la Voulzie, ne cessera pas de frémir sur les lèvres des hommes. […] Il continua par d’éclatantes peintures de paysages ou d’intérieurs dans l’Extrême-Orient et il les rassembla, comme des pages d’album pleines d’inattendu ou même d’inédit, dans trois volumes que le public accueillit aussitôt avec une faveur marquée : a Société Japonaise ; — Les Journées et les Nuits Japonaises ; — En Escale ; De Ceylan aux Philippines. […] Il serait, si la mode en était déjà revenue, « romantique », et « fatal » comme Barbey d’Aurevilly, dont il ruminait au collège l’Ensorcelée, dont il admirera, plus tard, jusqu’à s’être essayé à les continuer en vers, les Diaboliques.
Il continua à me parler, tellement que je commençai à trouver que ma réserve devenait impolie. […] L’opinion qu’il avait de moi sembla croître à cette réponse, et il continua à me parler d’autres artistes célèbres, sans se laisser décourager par le désir que je montrais de continuer ma lecture. […] En revanche, Olivier et Roland, après avoir brisé leurs épées, déracinent des chênes pour continuer leur duel ; Jean Valjean, qui s’est évanoui dans son cercueil, répond prétentieusement à Fauchelevent qui réussit à le ranimer : « Je m’endormais » ; et Gwynplaine se suicide comme si tout un peuple le regardait. […] Quant à moi, il m’était impossible de continuer, je ne pouvais pas abandonner une femme mourante. […] Chacun se fait soi-même… Il y a des corps qui passent intacts à travers n’importe quelle contagion ; il y a des âmes si musicalement douées… « — Gilda n’a pas d’oreille, soupira Nino… » Et le dialogue continue, jusqu’à mettre en pleine évidence la manie ridicule d’un sentiment qui ne repose que sur un échafaudage d’illusions.
Combien longtemps, en France et dans notre siècle, n’a-t-on pas continué à appeler « poëtes de la nouvelle école » ceux qui étaient déjà passés au rang de modèles ! […] Toutes sont rapportées par les historiens du temps comme des lois sages et bienfaisantes ; et si Macbeth fût arrivé au trône par des moyens légitimes, s’il eût continué dans les voies de la justice comme il avait commencé, il aurait pu, dit la chronique de Hollinshed, « être compté au nombre des plus grands princes qui eussent jamais régné. » Mais ce n’était, continue notre chronique, qu’un zèle d’équité contrefait et contraire à son inclination naturelle. […] — Je ne veux pas mettre la main entre le mari et la femme ; mais si vous tenez vos yeux ouverts, vous verrez vous-même. — Et quelques efforts que fît le More, il ne voulut pas en dire davantage9. » Le romancier continue et raconte toutes les pratiques du perfide enseigne pour convaincre Othello de l’infidélité de Desdémona. […] Mais, de plus, il ne faut jamais oublier que l’unité, pour Shakspeare, consiste dans une idée dominante qui, se reproduisant sous diverses formes, ramène, continue, redouble sans cesse la même impression. […] Ford, sont parfaitement adaptés au genre de prétentions qui attirent à Falstaff une correction pareille ; mais bien qu’une telle aventure puisse, sans aucune difficulté, s’adapter au Falstaff des deux Henri IV, elle l’a pris dans une autre portion de sa vie et de son caractère ; et si on l’introduisait entre les deux parties de l’action qui se continue dans les deux Henri IV, elle refroidirait l’imagination du spectateur, au point de détruire entièrement l’effet de la seconde.
Il faut toutefois ne rien exagérer et continuer de voir le duc de Nivernais dans son juste cadre. […] Ses opinions étaient modérées, éclairées, favorables à une amélioration sociale continue, et empreintes d’une philanthropie sincère : il exprimait bien la douce civilisation de Louis XVI.
XXI Mais si la propriété individuelle est une loi aussi naturelle et aussi nécessaire à l’espèce humaine que la respiration, l’hérédité, qui n’est que la propriété de la famille continuée après l’individu, n’est pas moins indispensable à la famille. […] L’âge patriarcal, souveraineté paternelle absolue, mais providentielle, du père, première image de la souveraineté paternelle de Dieu, père universel de toute race, admet partout le droit d’aînesse dans l’hérédité, ou le droit absolu de tester en faveur du favori, du benjamin du père ; le père se continue dans celui que Dieu lui a envoyé le premier, ou dans celui qu’il a choisi pour son bien-aimé parmi ses frères.
Elle a pu être entravée comme toute entreprise humaine, tantôt par les anarchies, tantôt par les despotismes militaires, ces phases habituelles et courtes de toutes les révolutions ; mais elle se continuera jusqu’à ce qu’elle soit parvenue à ses deux fins. […] Il promettait à madame de Staël un nom dignement continué dans l’avenir.
Mais il reste dans le monde, et continue ses travaux. […] Il n’y a pas eu de rupture dans sa vie intellectuelle : il y a eu une évolution continue, au terme de laquelle il a tout quitté pour suivre Jésus-Christ.
Le mouvement créé par Victor Hugo se continue encore sous nos yeux. […] Georges Rodenbach La Fin de Satan est le sommet, le point culminant, de cette admirable œuvre posthume qui va se continuer encore, chaine de montagnes infinissable sur l’horizon du siècle… [L’Élite (1899).]
Voilà ce qu’il écrivait avant le Discours de la Méthode, et ce qu’il continua de professer même après l’apparition de cette grande lumière, avec les déguisements et les précautions que lui commandait le temps. […] Nous continuons à douter qu’il soit dans les desseins de Dieu que nous étouffions de nos mains la lumière qui luit en chaque homme venant au monde ; mais nous demandons à Pascal son secours pour apprendre dans le christianisme la science de nous-mêmes et la règle de notre vie.
Mais le Descartes qui a inventé, le Descartes qui a découvert, le Descartes philosophe, métaphysicien, mathématicien, physicien, physiologiste, psychologue, et autres, était un philosophe et un géomètre et un mécanicien et un physicien de génie qui ne procédait pas directement du discours de la méthode, qui n’était pas en liaison directe, en fonction continue et pour ainsi dire en création continue du discours de la méthode.
Mais, romantiques, ils le sont restés ; c’est-à-dire qu’ils ne se sont pas astreints, comme Wagner, à l’unique expression du développement sentimental, la musique n’est pas pour eux le langage de la dernière psychologie, ils sont des virtuoses encore, et ils continuent à broder, autour d’une très mince émotion non approfondie, des variations, toujours. […] Elle continue ses questions inquiètes. » Liberté !
La série se continue avec Galead, Lancelot du Lac ; elle aboutira au Roman de Brut. […] La Valkyrie continue à faire salle comble chaque soir.
N’ai-je pas des sensations d’une qualité déterminée, en partie différentes, en partie semblables, continues, déjà liées et organisées à un degré aussi faible qu’on voudra ? […] Pour qu’il y ait perception de la ressemblance, il est nécessaire que, sous les deux différences annulées, il y ait dans la conscience un certain état semblable qu’elle retrouve et reconnaît, une pédale continue sous les accords changeants de la conscience.
» Il continuait, l’amusant malade, et je jouissais. […] Oui, — et il continuait avec le triste haussement d’épaules d’un homme qui se sent au bout de la traîne de sa vie, — oui je voudrais écrire un livre, qui montrerait comment se fait la production dans un cerveau.
En réalité les Intégralistes continuent Leconte de Lisle et Vigny. Ils ne le disent pas, mais on sent qu’ils ont conscience de continuer la vraie pensée de ces deux maîtres.
L’abonné, s’il a du goût, n’approuve pas toujours, mais il sourit et continue à lire. […] Cette école fut continuée par Plotin, Cicéron, saint Augustin, Boèce.
Cette scène, effrayante comme un tour de force merveilleusement accompli, et qui fait se demander par quoi va continuer et finir un roman qui commence ainsi, n’est suivie d’aucune autre qui montre, en le développant, le caractère de cette fille singulière et gâtée, qui philosophe en caleçon, au bain, avec un homme, et qui a dix-sept ans !!! […] Romancier, il continue d’être ce qu’il a été.
Les trois volumes que voici continuent cette sublime combinaison. […] Son infériorité continue dans son livre de Quatre-vingt-treize.
Que devient l’autonomie de nos mouvements dans la série continue des causes ? […] Elle n’arrive à cette formule définitive que par une gradation continue des termes dont se compose la série cosmique tout entière.
Je pourrais, en feuilletant ces volumes, continuer mon énumération, ma liste d’auteurs, que je ne veux cependant pas épuiser.
. — Quelle chute, continue M.
je ne vous la donne pas pour une création profonde et neuve : c’est un lieu commun qui recommence sans cesse aux approches de quinze ans pour toutes les générations de Chloé et de Daphnis ; mais ici le lieu commun a passé par le cœur et par les sens, il est redevenu une émotion, il est modulé d’une voix pure ; il continue de chanter en nous bien après que le livre est fermé, et le lendemain au réveil on s’étonne d’entendre d’abord ce doux chant d’oiseau, frais comme l’aurore.
Sous l’Empire, M. de Bausset, qui avait débuté par une intéressante et agréable Histoire de Fénelon, continue par une Histoire de Bossuet, utile, agréable encore, mais où la critique proprement dite est un peu vague, où la louange est un peu trop généralement répandue, et où toutes les sources contemporaines ne sont pas consultées d’assez près.
Je connus l’abbé Lacordaire à l’époque de ses premiers débuts et pendant tout le cours de sa liaison avec l’abbé de Lamennais, et je continuai de le voir encore dans les années qui suivirent, jusqu’à ce que son dernier habit fût venu mettre une sorte de barrière entre les profanes purement respectueux et lui.
Le Play le problème pour une des futures livraisons des Ouvriers des Deux Mondes , et je continuerai d’examiner les savants et méritoires écrits qu’on lui doit.
Un rayon sorti de la tombe illustre était allé donner sur son front modeste et continua d’y briller.
Après l’Ange Gardien, dont la rayonnante image continuera de planer, aux heures de rêverie, sur les destinées de toute jeune fille chrétienne et de toute épouse fidèle, ce volume nouveau, mélange de souffrance, d’étude et de maturité sensée, a son charme également béni.
Nous ne le croirons jamais, quand les apparences continueraient d’être ce qu’elles sont depuis quelque temps, depuis quelques jours.
Le bon effet produit par l’amnistie, — par cette amnistie qui a été le meilleur commentaire du sénatus-consulte, — permet de croire que la grande majorité du public et du peuple français continue d’aspirer à la stabilité et reste disposée à se contenter de ce qui serait bon, raisonnable et clément ; et, en politique, je ne distingue point la clémence de la justice.
L’orgueil, ou la paresse, la défiance, ou l’aveuglement, naissent de la possession continue de la puissance ; cette situation où la modération est aussi nécessaire que l’esprit de conquête, exige une réunion presque impossible ; et l’âme qui se fatigue ou s’inquiète, s’enivre ou s’épouvante, perd la force nécessaire pour se maintenir.
Nous posons, comme tout à l’heure, cette loi générale que la grandeur en question se continue hors d’elle-même par une autre grandeur toute pareille, celle-ci de même, et ainsi de suite, sans qu’une limite puisse intervenir.
Ce n’est qu’à la longue, après une suite continue de pénibles efforts, que l’esprit se dégagera de l’inertie et acquerra toute son agilité.
Il faut faire pour les opinions ce que Kant recommandait de pratiquer pour les actes de moralité : il faut ériger sa façon de penser en maxime universelle ; et il est rare alors que ce qui n’est point évidemment vrai continue de le paraître.
» Il continue sa harangue, répétant encore diverses fois que Brutus est un homme honorable ; mais à mesure qu’il se sent plus maître de la populace qui l’entend, à mesure qu’il peut louer César sans ameuter contre lui toutes les fureurs, il espace le retour de l’éloge donné à Brutus, jusqu’à ce qu’enfin cet éloge ne serve plus qu’à provoquer contre lui les mêmes injures dont le nom de César était couvert tout à l’heure.
Les anciens ne pouvaient donner à Ronsard les modèles de sa versification : ici, bon gré mal gré, il devait suivre et continuer ses devanciers, Clément Marot, Jean Le Maire, Villon.
Et quand il avait bien conté, disputé, crié, il lui restait du surplus qui ne s’était pas donné passage : il prenait la plume, et continuait la conversation tantôt avec le même interlocuteur, tantôt avec un autre ; il écrivait à Falconet ou à Mlle Volland.
Il semble, d’abord, qu’il continue l’œuvre de Villemain, qui avait été de réduire la critique littéraire à l’histoire.
Sa production, considérable et continue, si elle n’est pas toujours égale à elle-même, n’est du moins jamais banale.
Mais l’outrance énorme et continue de son expression donne à tous ses livres un air théâtral, une apparence d’artifice.
Nous pouvons leur répondre : Victor Hugo et Théophile Gautier… Théophile Gautier a continué, d’un côté, la grande école de la mélancolie, créée par Chateaubriand.
Charles de Pomairols Lamartine seul aurait eu la puissance nécessaire pour continuer, étendre le genre de littérature qu’il représentait.
L’image du beau, ainsi que celle de la vertu est gravée au fond de nos cœurs ; il n’appartient qu’à nous de la contempler sans cesse ; voilà la véritable jouissance de l’ame, & le plaisir inaltérable ; aussi les gens de Lettres sçavent trouver en eux-mêmes une satisfaction douce & continue, qui n’agite point le cœur, qui ne réfroidit point l’imagination, tandis que les autres hommes jamais détrompés, embrassent dans une volupté passagere un phosphore brillant qui se dissipe.
Malgré l’église féodale, des sectes, des ordres religieux, de saints personnages continuèrent de protester, au nom de l’Évangile, contre l’iniquité du monde.
La fête se continuait les sept jours suivants, durant lesquels on mangeait les pains azymes.
Leur action sourde, obscure, mais continue, exerce une incontestable influence sur notre vie psychologique.
Sa mère continua à l’élever dans le culte qu’elle professa, elle lui donna d’ailleurs la meilleure éducation qu’elle put dans l’état de pauvreté auquel elle était réduite.
De peur qu’on ne le pénétrât, je me faisais saigner pour m’empêcher de rougir. » On voit qu’une des précautions de cette vie mystérieuse consistait à lui ôter tout air de mystère, et voilà pourquoi jusqu’en 1672, la société de madame Scarron continuait à la voir habituellement.
Le duc de Lévis, qui a cru les continuer, n’a été qu’insipide.
Elle continua de lutter avec abnégation.
Continuer ses liaisons avec une femme enthousiaste & suspecte d’opinions dangereuses, c’étoit risquer beaucoup.
Dans un second monologue, le même acteur, ou un autre, si l’on veut, faisait entendre qu’Apollon avait vengé Chrysès, en répandant sur le camp des Grecs une peste cruelle, qui causait la désolation : selon les apparences, on continuait de même jusqu’à la fin.
Les hommes seront descendus de cheval, et laissant paître en liberté leurs animaux, étendus sur la terre, ils continueront l’entretien, ou ils s’amuseront à lire l’inscription de la tombe.
On voit alors la littérature sous toutes ses formes attaquer la bourgeoisie, devenue puissance, et continuer ainsi le rôle d’opposition que la poésie populaire avait rempli pendant tout le moyen âge contre la puissance dominante à cette époque, la puissance sacerdotale.
Cette imagination fut, du reste, la cause de son succès si instantané, si rapide au Journal des Débats, où on l’avait pris pour rendre compte des pièces de théâtre et continuer les traditions dogmatiques de la Critique d’alors, dans la rectitude de son enseignement.
Aux termes où nous sommes parvenus, et bien probablement toujours, — car je ne vois pas ce qu’il y a de plus dans le monde que l’éternelle question, sous toutes les formes, de l’Autorité et de la Liberté ; que leur lutte ou que leur accord, — l’histoire de la liberté religieuse, cette première liberté qui renferme en son sein toutes les autres, est et continuera d’être d’un immense intérêt pour les hommes, qu’ils l’admettent ou qu’ils la repoussent, qu’ils la maudissent ou qu’ils l’adorent.
IV Il en est de même pour la Correspondance, continuée par Madame Lenormant, et qui nous fait trop toucher, dans des lettres extrêmement médiocres, Madame Récamier, cette fleur idéale de Madame Récamier, qui, après de pareilles lettres, ne sera toujours pas la fleur qui chante !
Si nous sommes destinés à continuer la monstrueuse histoire dont les premières vêpres ont été chantées, tout le pétrole des millions d’Omars qui brûleront les bibliothèques ne brûleront pas l’Histoire qui parle par la bouche (on ne nous enlèvera pas celle-là !)
Quand une nation est parvenue au point où est la France à la veille du vingtième siècle, deux alternatives se présentent : continuer à se croire vigoureuse, lorsque la maladie la dévore, et par conséquent se résigner à la ruine finale, brève ou lente, à un rôle de plus en plus médiocre dans le monde ; ou bien se réveiller brusquement de sa léthargie, mesurer d’un coup d’œil toute l’étendue du mal, et appeler à soi toute son énergie pour se guérir.
Au contraire, proclamez bien haut que si l’on continue à croire vos adversaires, Dieu, la vérité, la morale publique sont en danger ; aussitôt l’auditoire dressera les oreilles ; les propriétaires s’inquiéteront pour leur bien, et les fonctionnaires pour leur place ; on regardera les philosophes dénoncés avec défiance ; par provision on ôtera leur livre des mains des enfants ; le père de famille ne laissera plus manier à son fils un poison probable.
Comme il mettait dans son discours cet accent fier et vigoureux de la liberté et du courage, un homme pour qui apparemment cet accent-là était nouveau, lui dit : « Orateur, tu es bien près du fleuve Oronte, pour parler si hardiment. » Libanius le regarda, et lui dit : « Courtisan, la menace que tu me fais ne peut que déshonorer le maître que tu veux me faire craindre » ; et il continua.
Les Russes ont un esprit facile et souple ; leur langue est, après l’italien, la langue la plus douce de l’Europe ; et si une législation nouvelle élevant les esprits, fait disparaître enfin les longues traces du despotisme et de la servitude ; si elle donne au corps même de la nation une sorte d’activité qui n’a été jusqu’à présent que dans les souverains et la noblesse ; si de grands succès continuent à frapper, à réveiller les imaginations, et que l’idée de la gloire nationale fasse naître pour les particuliers l’idée d’une gloire personnelle, alors le génie qu’on y a vu plus d’une fois sur le trône, descendra peu à peu sur l’empire ; et les arts même d’imagination, transplantés dans ces climats, pourront peut-être y prendre racine, et être un jour cultivés avec succès, 82.
La simple, où l’action est continuée sans obstacles au but annoncé pour son dénouement. […] La cinquième espèce de sublime est celle qui règne dans une hauteur continue d’élocution, effet du mélange de toutes les figures de pensées et de mots. […] S’éteint ; éteindre se rapporte au mot feu, et continue l’image. […] Leur conversation allégera la gravité dogmatique d’une leçon qu’elle continuera non moins utilement. […] continuez, vantez le dérèglement, et bientôt nous n’aurons d’applaudissements à donner qu’aux imitateurs des Shakespeare et des Lope de Vegaag.
Mais si tous les exemplaires remontent à des copies déjà interpolées ou continuées, il faut recourir à l’analyse interne. […] 1° La langue change par une évolution continue. […] La tradition orale est par sa nature une altération continue ; aussi dans les sciences constituées n’accepte-t-on jamais que la transmission écrite. […] Dans les époques civilisées le peuple continue à avoir sa légende populaire sur les événements qui le frappent163. […] Ou doit-elle être exposée en une seule suite continue depuis le commencement des études, comme en France ?
Si M. de Lamartine, pour continuer ses Confidences, a changé la forme du récit, c’est qu’il espérait sans doute trouver dans cette forme nouvelle une plus grande liberté. […] On se demande comment l’auteur a pu croire qu’il continuait sa biographie en partant de tout le monde, excepté de lui-même. […] Il débute par le superlatif, continue par le superlatif, et termine comme il a commencé. […] Jocelyn continue heureusement les Harmonies. […] Le découragement éteignant une à une toutes ses nobles facultés, il s’est fait laquais pour continuer paisiblement sa rêverie, pour se consoler de son impuissance et persévérer dans son oisiveté.
Ça va continuer, du reste ; car de M. […] Mais continuons : — Quelqu’un dans votre lit ! […] La séparation amiable a continué. […] cette femme croit devoir continuer sa vie, et elle s’habille pour aller dîner en ville et elle a la mort dans l’âme. […] Elle a continué ses relations avec lui à Paris.
Il faut croire qu’elle est inutile et que j’ai parlé dans le néant, car les hommes continuent à vivre, à penser et à sentir dans la confusion. […] C’est-à-dire qu’il faisait acheter des objets très cher et qu’il faisait fonder des orphelinats et des hôpitaux, mais pendant cela il continuait de calculer, car chaque mouvement des fibres nerveuses de son cerveau produisait un peu d’or qui s’ajoutait à la masse. […] Mais, de même que leur bouddhisme, il est probable que leur protestantisme sera toujours nominal, et que c’est la basse et non la haute superstition qui continuera à régner dans les esprits. […] Mais confiez donc cette idée aux constructeurs : Ils riront, toute le monde rira et tout le monde continuera à se casser la figure.
Puisqu’elle a encore des disciples, des imitateurs, des prôneurs fanatiques, pourquoi ne pas continuer d’élever contre ses déplorables enseignements la protestation de la raison et de l’honnêteté ? […] Les phénomènes moraux ne sont que des phénomènes magnétiques ; le christianisme est la science même du magnétisme ; Swedenborg et Mesmer continuent Jésus-Christ. […] Car elle ne s’est jamais donnée comme voulant continuer le xviiie siècle : sans répudier son héritage, elle annonçait l’ambition de le dépasser, d’accomplir un progrès et d’ouvrir à la philosophie de nouveaux horizons. […] Nous avons déjà cité un écrivain, Beyle ou Stendhal, qui, sous la Restauration d’abord et sous le gouvernement de Juillet ensuite, continua cette littérature sceptique et railleuse. […] Ils les combinent à des doses diverses, comme les chimistes combinent leurs acides et leurs sels : ils mettent à côté de leurs vertus des calculs infâmes ; ils recouvrent leurs corruptions de la robe d’innocence, et ils continuent d’appeler cela des noms d’innocence et de vertu.
On voyait qu’il y avait, non pas effort, mais attention continue dans les nerfs et dans les muscles qui formaient l’encadrement des regards ; bien que cette attention intérieure et tournée en dedans produisît involontairement une certaine tension des paupières qui rétrécissait le globe de l’œil, la couleur bleu de mer, de ce liquide qu’aucune ombre ne tachait, et la franchise amicale de son coup d’œil qui ne cherchait jamais à pénétrer dans le regard d’autrui, mais qui s’étalait jusqu’au fond de l’âme chez lui, inspirait à l’instant confiance absolue dans cet homme. […] Le Quaker fait signe que oui, et continue sa lecture. […] — Jamais on ne la voit, mais elle est ici tout le jour ; et, tout en baissant les yeux, elle s’en sert pour travailler beaucoup. — Malgré mes ateliers et mes fabriques aux environs de Londres, je veux qu’elle continue à diriger du fond de ses appartements cette maison de plaisance, où viennent les lords, au retour du parlement, de la chasse ou de Hyde-Park.
Je continuerai encore mes observations. […] La vie, la vie qui coule en torrent, qui continue et recommence vers l’achèvement ignoré ! […] Nous pourrions continuer ainsi longtemps, nous préférons nous arrêter : aussi bien nous avons un remerciement à vous adresser, c’est d’avoir involontairement hâté la fin d’un régime.
Léon Daudet, qui dans ce moment pour combattre les tristesses de sa vie, se plonge plus avant dans le travail, et a écrit toute la journée, nous demande à nous lire, après dîner, un commencement d’article sur la Pitié et la Douleur, qui me fait m’écrier : « C’est curieux, n’est-ce pas, c’est le catholicisme qui a apporté dans le monde la pitié à l’endroit des miséreux et, il a fallu dix-huit siècles, pour que cette pitié eût son développement en littérature, — développement qui commence avec Dickens et continue — « avec vous ! […] Mme Adam raconte encore, que son père n’avait pas voulu qu’on la baptisât, et que sa mère l’avait fait baptiser, dans une promenade, par un curé de sa connaissance, et, comme elle criait beaucoup, le curé avait dû la calmer, en lui disant : « Si tu continues, je vais t’ouvrir la tête et j’y mettrai le sel et l’huile, que voilà ! […] Mais lorsque celui-ci avait fini son internat, et était au moment de devenir une illustration, dans la capitale, le vieux médecin lui disait : « J’ai fait de vous un médecin, un médecin qui en sait plus que moi, un médecin tout à fait supérieur : je l’ai fait, je dois vous l’avouer, pour que vous donniez tous vos soins à ma fille, dont vous connaissez la santé maladive, et qui ne peut continuer à vivre, que sous une surveillance tout à fait aimante. » Et Titon épousait la fille du vieux médecin, et passait toute sa vie à être l’intelligent garde-malade de sa femme, à laquelle il ne survivait que six mois.
C’est que, solidaire de la totalité des autres images, elle se continue dans celles qui la suivent comme elle prolongeait celles qui la précèdent. […] La représentation est bien là, mais toujours virtuelle, neutralisée, au moment où elle passerait à l’acte, par l’obligation de se continuer et de se perdre en autre chose. […] Simplement de renoncer à votre coup de baguette magique, et de continuer dans la voie où vous étiez entré d’abord.
Ce qu’il y a de plus curieux, c’est que Lamartine ait continué à en faire de tels au lendemain de ses Premières Méditations et toujours à en mêler à ses meilleurs. […] La poétique de Lamartine exige la noblesse de l’expression et la mélopée continue du style. […] Il en est encore à la tradition du dix-huitième siècle que les Premières Méditations continuent beaucoup plus qu’on ne le croit généralement. […] Son travail, si intéressant d’ailleurs, trahit, sinon le panégyrique, au moins l’apologie continue. […] Ce qui met sur nos visages le nuage que tu vois, c’est que nous ne sommes pas morts tranquilles ; nous avons en revu déjà qu’on ne continuerait point.
Elle se continua pendant de longues années, de 1831 à 1865, jusqu’à la mort de Dargaud, qui mourut dans, la petite ville de Paray-le-Monial, en Charolais, où il habitait. […] En 1844, sur la demande de sa famille, un conseil judiciaire fut donné à Baudelaire afin de sauvegarder les restes de l’héritage paternel déjà fortement entamé et qui ne lui assurait plus qu’une rente insuffisante pour continuer le genre d’existence qu’il menait. […] Fait étrange de contagion révolutionnaire dans cette cervelle si méticuleusement lucide, mais fait certain, puisque Baudelaire, avec Champfleury, fonda un journal républicain où il écrivit des articles violents et qu’il alla continuer sa propagande à Châteauroux où il dirigea un journal local. […] Un long visage avec de beaux yeux, une bouche grande et sensuelle, un menton de voluptueux, un cou mince que continue un corps maigre aux épaules étroites, couvert d’une veste flottante à larges manches d’où sortent des mains nerveuses dont les doigts caressent le bois d´une flûte. […] Continuons à feuilleter le minutieux petit cahier.
Les uns font leur métier de séides devenus prophètes, les autres continuent leur confiance à la maison et tout le monde est parfaitement satisfait. […] En attendant, les souteneurs de la sacrée république et les revanchards contre le bon Dieu continuent, chaque année, le 2 novembre, à tapoter du bout des doigts dans la main de l’Église catholique reniée par eux, — avec leurs toilettes du dimanche, leurs couronnes d’immortelles et leurs sourires de gâteux. […] Je continuerai donc dans cette croyance et j’irai ainsi, s’il plaît à Dieu, m’exaspérant de plus en plus, prodiguant une caresse tous les six mois et dix mille claques chaque jour, sourd à toute prudence comme à toute crainte. […] En attendant que le Caïn de la bêtise perde l’habitude d’égorger ses aînés, le sang d’Abel continue de crier vers Dieu ; il s’élève un peu plus chaque jour, il s’enfle et grossit lentement comme une nuée de tempête et de destruction. […] Sans même parler de l’importance extraordinaire du sujet, il y a pour le démolisseur qui signe ce livre, où beaucoup de gens se verront insultés, un intérêt tout littéraire à placer en tête de son recueil le seul jugement motivé qui ait été prononcé sur un écrivain célèbre dont il passe pour continuer les traditions.
Je remercie ceux qui m’encouragèrent à continuer le bon combat ; leur témoignage m’a souvent réconforté ; et c’est à eux que je dédie cette apologie. […] Ainsi, Durtal, plein de bonne volonté, docile au dogme, à la tradition, à la discipline, voué à l’hyperdulie, stimulé par les moines, dirigé par un bon prêtre fort avisé continue à se ronger et à se détruire comme avant sa conversion ? […] Les journaux continueront d’exalter la noblesse d’âme de Nicolas, tout en entrelardant leurs dithyrambes de si, de or ça et de néanmoins. […] Tant que les gens de guerre posséderont quelque prestige, les patries continueront d’être des Manitous pour le triomphe desquels les hommes se pilleront et s’égorgeront à l’aveuglette. […] Quelle que soit la marotte gouvernementale dont ils s’amusent, les hommes continuent à se voler, à se duper, à se massacrer, tandis que les rhéteurs bavardent à l’infini.
Malgré cela, mon sujet, tel que je l’entends, continue à m’apparaître tout à fait inexploré, et si cela m’encourage, cela m’intimide aussi. […] Le rêve de même est une sorte de composé ou plutôt de compromis entre les tendances refoulées, à qui le sommeil rend de la force, et les tendances représentant véritablement le moi, qui continuent à s’exercer par le moyen de la censure déformatrice. […] C’était pourtant une chose assez peu importante pour que l’air douloureux qu’elle continuait d’avoir fini par l’étonner. […] oui, c’est vrai, la course que je vous ai donnée, tiens je n’aurais pas cru », et aurait continué à lui parler provision de bois pour lui cacher l’émotion qu’il avait eue et se laisser à lui-même le temps de rompre avec l’inquiétude et de se donner au bonheur. […] Si bien — je pense que vous l’aurez remarqué — si bien qu’au moment où Proust écrit : « Il se rappela les becs de gaz qu’on éteignait boulevard des Italiens quand il l’avait rencontrée contre tout espoir parmi les ombres errantes dans cette nuit qui lui avait semblé presque surnaturelle… », il continue tout naturellement : « et qui en effet appartenait bien à un monde mystérieux où on ne peut jamais revenir quand les portes s’en sont refermées ».
Emile Faguet a montré non moins soucieux d’affranchir son intelligence que de garantir l’ordre et la continuité dans la politique comme dans les esprits, et qui, pour s’assurer un si grand bien, consent que les petits garçons continuent d’apprendre le latin chez les jésuites. […] Les cœurs des guerriers s’émeuvent ; ils s’arrêtent pour les contempler ; elles continuent leur badinage ; l’une d’elles s’élève enfin sur la surface du lac et présente à leurs yeux sa gorge d’albâtre et des appas encore plus secrets. […] … Elles arrivaient à la petite bourgeoisie, par en bas, avec le temps ; puis de la petite bourgeoisie, si elles continuaient à se fortifier, elles montaient à la moyenne, à la haute, enfin à la noblesse. […] Boylesve continuera cette série d’études. […] Les hommes continuent d’envisager les noces à l’ancienne mode… Et les filles sont nourries déjà comme si on les destinait à des unions indépendantes, à des communautés où elles ne subiraient pas un chef… Considérez de près, même un ménage d’amoureux, un ménage qui date d’hier et qui entre dans sa lune de miel : la femme est déjà persuadée qu’elle est une égale, l’homme est déjà convaincu qu’il est un maître. » La nouvelle méthode d’éducation des filles ne semble pas prévoyante à ce raisonneur, sorti tout droit du théâtre de Dumas fils : « Tant que le mariage est la règle, continue-t-il, il ne s’agit que d’y conduire une fille.
Il amasse jour par jour, il écrit chaque soir ; il commence dès dix-neuf ans sous la tente, et il continue sans relâche à Versailles et partout. […] Bien moins connu, bien moins en vue, vous avez dès les premières pages le vieux Montal, « ce grand vieillard de quatre-vingts ans qui avait perdu un œil à la guerre, où il avait été couvert de coups », et qui se vit injustement mis de côté dans une promotion nombreuse de maréchaux : « Tout cria pour lui hors lui-même ; sa modestie et sa sagesse le firent admirer. » Il continua de servir avec dévouement et de commander avec honneur jusqu’à sa mort.
Ils changent de ciel, et non d’âme, ceux qui naviguent au-delà des mers ; ce que tu vas chercher si loin, le bonheur, est ici : il est même à Ulubria. » XIX « Celui-là n’est jamais pauvre qui ne manque pas des choses nécessaires à la vie, continue-t-il dans la petite lettre en vers à Iccius. […] « Après la bataille de Philippes, qui me dépouilla tout honteux de mes ailes d’espérance, de mes dieux lares et de mes patrimoines paternels, la pauvreté impérieuse et entreprenante me fit tenter d’écrire des vers ; mais, maintenant que je possède tout ce que je puis désirer, si je continuais à versifier encore, y aurait-il assez d’ellébore pour guérir ma folie, si au lieu de dormir je persévérais à aligner des strophes ?
Le vent souffle, ce sombre navire-là a une route qu’il est forcé de continuer. […] Lui continua : « — Chenildieu, qui te surnommais toi-même Je-nie-Dieu, tu as toute l’épaule droite brûlée profondément, parce que tu t’es couché un jour l’épaule sur un réchaud plein de braise, pour effacer les trois lettres T.
Les grilles fermées ne donnent pas congé aux inspecteurs, la surveillance est censée continuer, mais elle s’amollit et se repose ; et les inspecteurs, émus, eux aussi, par l’anxiété publique, et plus occupés du dehors que du dedans, ne regardaient plus le jardin, et n’avaient pas vu les deux délinquants. […] Puis il continua : « — Des Tuileries au Luxembourg, il n’y a que la distance qui sépare la royauté de la pairie ; ce n’est pas loin.
Quand nous fûmes à la moitié à peu près du manuscrit, Vignet me passa les pages et me pria de continuer ; il n’y eut pas une interruption, on ne connut le changement de lecteur qu’au changement de voix. […] XIII Vignet, qui s’était tu après la mort du chien, parce qu’il ne pouvait continuer à lire, me passa le manuscrit et je lus le reste.
En somme, au-dessous de lui, après lui, la comédie continue son développement presque comme s’il n’eût pas existé. Thomas Corneille392 donne toujours ses comédies à l’espagnole, de plus en plus poussées vers l’énormité grotesque des types : on croirait qu’il n’apprécie dans Molière que Pourceaugnac, si ce n’était simplement Scarron qu’il continuait.
Cette misérable dégénérescence de l’éloquence religieuse trouve son expression parfaite dans l’abbé Maury, le plus fleuri, le plus harmonieux, le plus froid, le plus vide et ie moins sincère des orateurs que, par habitude, on continue d’appeler chrétiens : Maury est à Bossuet ce que Fontanes est à Racine. […] Après Calvin, Bèze et Viret, les protestants ont continué d’avoir de bons, d’utiles prédicateurs445 : dans la première partie du siècle, Dumoulin, Le Faucheur, Mestrezat, Daillé, Dalincourt ; à l’époque de la Révocation, Claude, Du Bosc, Superville.
Par l’audace et la simplicité de ses conceptions tragiques, par son intime connaissance des passions humaines, par son vers musical, par sa musique poétique, par l’invention d’une nouvelle forme mélodique qu’on a appelée la mélodie continue et qui fait que le chanteur chante sans avoir l’air de le faire exprès, par son merveilleux orchestre, qui joue à peu près le rôle du chœur dans la tragédie antique et qui, toujours mêlé à l’action, la corrobore, l’explique, en centuple l’intensité par des rappels analogues ou antithétiques à chaque passion du drame, Richard Wagner vous transportera extasiés dans un milieu inconnu, où le sujet dramatique, vous pénétrant avec une puissance incomparable par tous les sens à la fois, vous fera subir des émotions encore inéprouvées. […] Il veut reprendre, il veut continuer ; son luth rend des sons de plus en plus burlesques et sa voix s’éraille sans merci.
Lamoureux va continuer son œuvre : oui, il fallait commencer par les ordinaires concerts avec le chœur des Fileuses ; ensuite, des œuvres plus caractéristiques ; deux actes de Lohengrin ; puis un acte, deux actes de Tristan ; il fallait bien initier le public, peu à peu et progressivement et certes par le concert : maintenant, un acte encore, peut-être le premier de la Walkure : qu’ainsi le public entre en l’intelligence de l’art nouveau, et le temps sera venu du définitif et complet essai ; éduqué par le Concert, le public parisien pourra en fin connaître le théâtre. Par une continue volonté, une foi persévérante, l’œuvre de propagation Wagnérienne s’accomplit, lente et sûre ; et ce n’est pas seulement l’œuvre spéciale de la propagation d’un spécial art, c’est, par la vivifiante infusion de lui, la régénération de l’Art entier.
− Voyons un peu tout de même… continua le secrétaire du Gaulois. […] Et si vous me permettez, mes chers camarades, de continuer devant vous ce petit examen de conscience, je vais vous faire d’autres aveux.
Il conduit sa chronique avec exactitude jusqu’au moment où le marquis de Montferrat, son ami et son seigneur de prédilection, périt à son tour dans une rencontre en poursuivant les féroces Bulgares (1207) : « C’est alors, dit Gibbon, c’est à cet accident funeste que tombe la plume de Villehardouin et que sa voix expire ; et, s’il continua d’exercer l’office de maréchal de Romanie, la suite de ses exploits n’est point connue de la postérité. » On suppose qu’il mourut cinq ou six ans après, vers 1213, et il paraît certain qu’il ne retourna jamais en France.
Henri III ne laissa pas cependant de continuer sous main les mêmes offres à Mayenne.
Dans l’invasion de la Provence par Charles-Quint (1536), il se signale par un coup de main heureux et qu’il raconte avec complaisance ; car c’est par là qu’après cette interruption pénible, lui qui ne hait rien tant que sa maison et à qui les « jours de paix sont des années », il se remet en train aux choses de guerre et qu’il rafraîchit l’idée de sa réputation que ce temps d’oisiveté et la longueur de sa blessure avaient un peu mise en oubli : « Ce n’est rien, mes compagnons, dit-il, d’acquérir la réputation et un bon nom, si on ne l’entretient et continue. » Il s’agissait d’affamer l’armée de Charles-Quint et de détruire certains moulins d’où il tirait ses farines, notamment les moulins d’Auriole entre Aix et Marseille.
Il continue toutefois, non seulement de maintenir, mais de poursuivre et de promouvoir sa réputation avec le zèle d’un jeune guerrier.
On continua d’y jouer quelquefois les belles tragédies faites pour la maison, mais on les joua entre soi, sans témoin du dehors et sans qu’aucun homme (fût-il un saint) y assistât.
Quand ceux que j’ai nommés, continue M. du Camp, se levèrent, semblables à des prêtres de régénération, les vieilles murailles du monument littéraire s’ébranlèrent à leur voix, et tombèrent comme les murailles de Jéricho au bruit des trompettes israélites.
Bossuet était tout à fait exempt de ce léger paganisme littéraire auquel continuait de sacrifier le talent de Fénelon dans sa grâce restée adolescente ; il n’était pas homme, même au sortir d’une lecture de L’Odyssée, à s’asseoir en souriant dans la grotte des nymphes.
L’auteur continue d’entendre toutes ces choses comme on les entendait autrefois, du temps d’Horace, du temps de La Bruyère et de Vauvenargues.
Il continue et prolonge cette conversation par lettres avec Saint-Vincens, sur les sentiments de différente sorte et les troubles qui agitent une âme à la vue des derniers moments : On ne saurait tracer d’image plus sensible que celle que tu fais d’un homme agonisant, qui a vécu dans les plaisirs, persuadé de leur innocence par la liberté, la durée, ou la douceur de leur usage, et qui est rappelé tout d’un coup aux préjugés de son éducation, et ramené à la foi, par le sentiment de sa fin, par la terreur de l’avenir, par le danger de ne pas croire, par les pleurs qui coulent sur lui.
» — On souriait, et la conversation animée et non déroutée comme il arrive par de trop vives saillies, continuait son cours.
Dans un conseil de guerre auquel furent appelés Moreau, Saint-Cyr, Pérignon, ainsi que Dessolles, chef d’état-major de Moreau, et Suchet, chef d’état-major de Joubert, toutes les raisons furent données, toutes les considérations furent mises sous les yeux de celui qu’il importait de convaincre : Rien ne vous oblige à livrer une bataille ; l’ennemi finit le siège de la citadelle de Tortone ; mais cette place ne peut tomber en son pouvoir par un siège : il est à désirer qu’il le continue ; il y brûlerait toutes ses munitions avant de pouvoir s’en emparer.
Avant son intervention cependant et son installation au cœur du sujet, pour persuader aux hommes instruits qui sont entrés dans la pensée de cette édition nouvelle, qu’elle était importante, qu’elle était indispensable, qu’il ne s’agissait pas seulement de quelques points à rectifier çà et là, mais qu’il y avait lieu, en effet, à une réparation et presque à une restitution continue, il a fallu bien des instances, bien des pas et bien des paroles (je le sais, moi qui en ai été quelquefois le porteur et le messager), il a fallu montrer à l’avance bien des passages et des exemples comme preuve décisive de l’étendue du ravage et du mal profond qu’on avait à réparer.
« La vérité avec lui se continue, même dans le merveilleux. » Il a de ces menus détails qui rendent tout d’un coup vraisemblable une chose impossible.
Sur la question qui y fut posée : « Est-il utile de continuer l’expédition de Catalogne ?
Dès le commencement, avec les Bardes anglais et les Critiques écossais ; il blessa les meilleurs écrivains… Loin de reculer, dans son ouvrage suivant il continue son opposition et ses blâmes, il touche l’État et l’Église.
. — « Vous aviez bien raison, répond Sosie, qui ne perd jamais l’occasion de glisser son proverbe : je suis bien d’avis qu’il n’y a rien de plus utile dans la vie que rien de trop. » — Simon continue l’éloge de ce modèle de fils qui s’accordait si bien avec tous ceux de son âge, prenait sa part modérée dans leurs plaisirs, se prêtant à tous, ne se préférant à personne : manière sûre de se faire bien venir et d’acquérir des amis. — Le bon Sosie ne manque pas de glisser de nouveau son proverbe et de pousser, selon son habitude, l’idée de son maître jusqu’à en faire une maxime : « C’était bien sage à lui, dit-il, d’en agir ainsi ; car, par le temps qui court, la complaisance engendre l’amitié, la vérité fait des ennemis. » — « Cependant, poursuit le père, voilà bien trois ans de cela, arriva ici dans le voisinage une femme d’Andros, sans parents, pauvre, belle, à la fleur de l’âge. » — « Aïe !
Dans le cas présent il va se trouver engagé à continuer de représenter à Paris un souverain qui aura une autre inclination et inspiration politique que la sienne ; il va passer, même à Dresde et dans son pays, pour un partisan du système français, sans l’être pour cela devenu, et en ayant au cœur une politique toute différente.
Les deux ou trois passages qui ont été donnés dans mon ouvrage de Chateaubriand et son Groupe littéraire, 14eleçon, tome I, pages 351-353, se retrouveront ici à leur place et avec plus d’exactitude : « Note commencée au printemps de 1810, continuée en 1817 ou 1818, etc.
S’il est équitable en même temps que vrai génie, s’il est généreux, il dira à qui il doit le plus, et ce qui lui en semble parmi ceux qui lui auront frayé la route, qui lui auront préparé la langue poétique continue ; et sa parole fera foi.
Mais le mouvement, considéré directement en lui-même et non plus indirectement par la perception extérieure, se ramène à une suite continue de sensations infiniment simplifiées et réduites.
En attendant, les feuilles politiques à tirage faible continuent à publier des petits comptes rendus qui, d’ailleurs, ne déterminent aucun de leurs lecteurs à un achat quelconque, et qui sont griffonnés par n’importe qui.
Aujourd’hui que les nombreux et précieux ouvrages consacrés à l’œuvre Wagnérienne se sont de plus en plus répandus et nous ont si puissamment aidés dans noire tâche de propagande, nous pouvons continuer notre campagne dans un sens nouveau.
Dans cette demi-retraite, qui avait un jour sur le couvent et une porte encore entrouverte au monde, cette ancienne amie de M. de La Rochefoucauld, toujours active de pensée, et s’intéressant à tout, continua de réunir autour d’elle, jusqu’à l’année 1678, où elle mourut, les noms les plus distingués et les plus divers, d’anciens amis restés fidèles, qui venaient de bien loin, de la ville ou de la Cour, pour la visiter, des demi-solitaires, gens du monde comme elle, dont l’esprit n’avait fait que s’embellir et s’aiguiser dans la retraite, des solitaires de profession, qu’elle arrachait par moments, à force d’obsession gracieuse, à leur vœu de silence.
Mais il ne fut pas, ce semble, assez prompt à le sentir, et il continua d’agir au-dehors comme s’il y avait eu espoir, en effet, de l’éloigner définitivement.
Ainsi l’épopée de Tasse et surtout l’œuvre héroï-comique d’Arioste se relient par une filiation continue à nos plus anciens monuments épiques.
La parole continuera d’être fécondée par la religion, ainsi que nous l’avons dit ; et l’étude des langues où sont enfermées comme dans une arche voilée aux regards les traditions primitives du genre humain, entretiendra ce genre d’activité des esprits, cette continuité de traditions.
Si l’on continue à donner aux « races » des qualificatifs qui ne conviennent qu’aux « civilisations », et à tenir pour l’apanage des races germaine ou slave des institutions d’ailleurs variables, dont l’hérédité biologique ne saurait nullement expliquer la permanence ou les transformations, il est trop évident qu’on ne fait qu’emprunter un mot au vocabulaire naturaliste pour désigner des phénomènes sociaux.
On parle ici d’Hégel lui-même, et non de la secte grossière qui l’a continué et défiguré.
Il est à souhaiter que l’on continue ainsi les éloges de nos grands hommes.
Son église devient un temple, vide d’images, d’ornements et de cérémonies, parfois tout nu, simple lieu d’assemblée, où, entre des murs blanchis, du haut d’une chaire unie, un homme en robe noire parle sans gestes, lit un morceau de la Bible, entonne un hymne que continue la congrégation. […] Telle est la prière d’un homme de bien375. » Et il continue, avec la grâce, quelquefois avec les propres mots de Shakspeare. […] Tu as fait de moi, quoique très-indigne, un humble instrument pour ton service… Seigneur, de quelque façon que tu disposes de moi, continue et achève de leur faire du bien. […] Mais tout opprimés et insultés qu’ils étaient, leur œuvre se continuait d’elle-même et sans bruit sous terre ; car le modèle idéal qu’ils avaient érigé était, après tout, celui que suggérait le climat et que réclamait la race. […] In the mean time William’s father and mother came to him, and desired heartily of God that he might continue to the end in that good way which he had begun, and his mother said to him, that she was glad that ever she was so happy to bear such a child, which could find in his heart to lose his life for Christ’s name’s sake.
De même, dit-il, il convient de continuer à se servir d’une théorie qui a permis de grouper un nombre incalculable de faits et qui chaque jour conduit à en découvrir de nouveaux. […] Cependant, il se peut que ces savants continuent simplement à employer le langage reçu, de même que l’astronome continue à parler du mouvement du soleil autour de la terre, du lever ou du coucher de cet astre. […] Mais, en même temps, la nature, grâce à la matière continue dont elle dispose, multiplie les intermédiaires entre ces formes, et va des unes aux autres par des transitions à peine sensibles. […] L’échelle des êtres représente, disait-il, « l’ordre qui appartient à la nature et qui résulte, ainsi que les objets que cet ordre fait exister, des moyens qu’elle a reçus de l’Auteur suprême de toute choses… Par ces moyens, dont elle continue sans altération l’usage, [la nature] a donné et donne perpétuellement l’existence à ses productions ; elles les varie et les renouvelle sans cesse, et conserve ainsi partout l’ordre entier qui en est l’effet » .
« Les lettres humaines, continue-t-il avec une candeur et une charité tout à fait touchante, les lettres humaines sont devenues très inhumaines ; on injurie, on cabale, on calomnie ; il est plaisant qu’il soit permis de dire aux gens, par écrit, ce qu’on n’oserait pas leur dire en face. » Quelle bonté d’âme ! […] C’est un grand défaut qui le crime triomphe au dénouement : quelques remords donnés à Mahomet, pour la forme, n’empêchent pas qu’il ne continue à tromper le genre humain, après un si heureux début. […] J’ai voulu, continue l’auteur de L’Enfant prodigue, faire voir à ce docteur flamand que la comédie pouvait fort bien réunir l’intéressant et le plaisant. […] En général, Voltaire n’a point connu l’élégance continue ; son style va par bonds et par sauts. […] Sémiramis semble avoir acquis à la longue le privilège d’ennuyer : c’est une des pièces que les comédiens représentent le plus souvent, et ils continueront jusqu’à ce qu’il n’y vienne personne.
Et il se trouva qu’il réussissait admirablement en cette autre langue, à laquelle son démon continuait à ne pas le contraindre. […] Mais tandis que la prose symboliste avec Gide, la poésie symboliste avec Henri de Régnier, ayant tiré de ces solitudes décoratives ce qu’elles comportaient de nouveau, de jeune, d’aigu, les abandonnaient avec la satisfaction d’y avoir fait leurs écoles, Valéry a continué à occuper, après Mallarmé, ce pic stérile et dominateur, où la glace prend un aspect de diamant, et d’où la sentinelle perdue sent qu’elle surveille de haut, d’un air vierge et sous des étoiles élargies, les vallées par lesquelles se pressent les villages, poussent les maisons et passent les routes. […] C’est bien l’élan général de toute la poésie française qu’il continue, et de la grande poésie romantique comme des autres. […] Au premier abord il semble que cet objet soit simplement lui-même, et lui-même à un degré infiniment plus fort que le degré romantique : car le mythe de Narcisse se tient au centre de sa poésie, la Jeune Parque le continue, la plupart de ses grands poèmes sont des épreuves diversifiées de la Jeune Parque.
Il commença par le Vers Libre (un vers libre toutefois qui ne courait pas encore le guilledou et ne faisait pas de galipètes, pardon, de galimatias comme d’aucuns plus « modernistes »), continua quelque temps par une prose à lui, belle s’il en fut, claire, celle-là, vivante et sursautante, calme aussi quand il faut. […] Il m’avait toujours, en dépit de miennes idées, presque toutes opposées aux siennes, continué sa bienveillance, et c’est avec un véritable chagrin que j’appris, couché moi-même sur un lit, qu’il fût mort. […] Des raisons à moi m’empêchèrent, par la suite, de continuer ces relations toutes bienveillantes de sa part, toutes respectueuses de l’autre, puis ma vie plus qu’accidentée m’éloigna définitivement de sa maison, devenue de moins en moins semblable à celle de Socrate. […] D’autres poètes, après ses contemporains ou immédiats, tels que Gautier et Musset, ou parallèles comme Alfred de Vigny et Lamartine, prédécesseurs qui ne voulurent pas se reposer et qui firent si bien, ou postérieurs, tels Banville, Leconte de Lisle, Baudelaire, accentuèrent sans, néanmoins, la forcer, sa note superbe qu’ils transmirent aux Parnassiens, dignes et révérends continuateurs, qu’aujourd’hui des continuateurs d’eux-mêmes se montrent peut-être bien impatients de ne continuer qu’en les reniant d’abord.
Il était probable, il était sûr qu’une fois la surprise passée et le public refroidi à l’endroit de ses souvenirs de Viris illustribus, la seconde épreuve ne continuerait pas ou plutôt expierait le succès de la première. […] Mignet la continue, avec moins de souplesse, d’abandon et de grâce familière, mais avec une irréprochable pureté de lignes et de contours. […] Le beau livre d’Edmond Texier, venant après celui-là, le continue, le complète, lui donne du prix, et en acquiert davantage, en permettant de mesurer de l’œil ce prodigieux intervalle, et de comparer, pour le Paris moderne, le point de départ au point d’arrivée. […] Cet odieux travail de destruction silencieuse et clandestine entrepris par la Convention sur sa personne, s’est continué sur sa mémoire. […] Michonis se disculpe ; le complot n’est pas découvert ; mais les postes sont doublés ; toute tentative d’évasion devient impossible, et, de l’alarme jetée par Simon, et combinée avec la surexcitation continue des
Il ne faut pas dire : « Le bateau en dérive, c’est l’âme éperdue, et les haleurs sont les guides qui lui firent défaut » — et continuer ainsi l’explication, mot à mot. […] … Cependant, les aventures continuaient. […] L’apparition lumineuse du Saint-Georges, dans ses rêves, ne pouvait le détourner à tout jamais de la réalité, qu’il continue à voir tragique. […] … Les Poèmes anciens et romanesques92 continuent les Épisodes. […] Il est parfaitement vrai que cette versification continue l’œuvre émancipatrice entreprise par les Romantiques.
Longtemps on a pris dans les sciences les mots pour les choses ; il faudrait savoir si nous n’obéissons pas à la même erreur dans le monde moral, si les querelles scolastiques ne continuent pas parmi nous sous d’autres noms. […] Le Roman d’un jeune homme pauvre continue au Vaudeville, sous une forme dramatique, le cours de ses succès. […] Ce sont de redoutables espérances que celles qu’il a fait naître dans les esprits de ses lecteurs enthousiasmés ; le voilà désormais engagé à produire une longue suite d’œuvres qui répondent à ces premières et les continuent en les dépassant. […] Qu’Alphonse Daudet continue à se préserver, comme il l’a fait jusqu’ici, de cet abus trop régnant de la psychologie et de l’observation minutieuse, car il est doué pour la peinture large, franche et dramatique. […] Enfin, dernière et suprême difficulté, le théâtre n’est qu’action, et cependant l’auteur dramatique n’a d’autre moyen de produire l’action que la parole ; c’est une incarnation continue où tout verbe doit devenir chair.
Après quelques instants, Diotime continua d’un ton grave. […] C’est Linné et votre grand Gœthe qui le disent… mais continuez. […] … Ne faites pas attention à ce qu’il dit, chère Diotime, et continuez. […] Mais continuons. […] Mais continuez, Diotime.
Rien à y reprendre ; seulement on se demande ce que la liberté et le progrès ont à faire là-dedans ; on ne voit pas même de quoi y sert l’intelligence. » Cette doctrine d’Hippocrate, de Platon, d’Aristote, d’Ératosthènes, de Varron, de Montesquieu, de Voltaire, de Rousseau, de Herder, a été reprise et continuée de nos jours avec beaucoup d’éclat. […] Et puis il y a toutes sortes de jeunesses : il en est quelques-unes dont les orages se continuent jusque dans l’âge mûr. […] En vain, chaque jour, la triste réalité vient donner un démenti à son imagination exaltée ; ses rêves de bonheur continuent toujours ; à une illusion détruite succède une autre illusion… C’est, en quelque sorte, de l’hypocondrie au rebours20. » Le docteur Raspail dit avec raison : « Jean-Jacques, bien portant, eût été l’écho chéri de son siècle ; Jean-Jacques, malade, en a été l’éloquent réformateur. » Les Grecs avaient un mot très riche, et très amusant à analyser, qui signifiait littéralement : Une personne ayant de bons intestins, et, par suite, d’humeur facile, bienveillante, de bonne compagnie. […] Voilà pourquoi j’ai continué cette vie misérable, oh ! […] Peu à peu le masque sans vie de la Panagia fait place à un type plus national, lorsque l’artiste, sûr de son talent, renonce à copier ses maîtres, et, osant regarder la nature en face, reproduit, pour les diviniser, les traits de la femme qu’il aime55. » Comme le génie grec, sous le nom de Dédale, avait disjoint les jambes des statues égyptiennes et leur avait dit de marcher, de même le Giotto, d’une main vigoureuse et habile, brise ou dénoue les momies byzantines, et continue l’œuvre de son maître Cimabue, la régénération de la peinture.
Mais il continue de monter de 1820 à 1870, et est encore très bon de 1870 à 1880 (cause probable : l’anticléricalisme de la bourgeoisie de Louis-Philippe, du second Empire et de la troisième République : 24 mai et 16 mai). […] Qu’elle continue, je veux bien. […] Il est né le sixième jour du sixième mois de l’année 1606, il a fait Le Cid en 1636, il a fait six chefs-d’œuvre, il… ça doit pouvoir se continuer), donc, l’à-propos du 6 juin dernier est intitulé La Muse de Corneille. […] Les honorables succès se continuaient, du reste, pour lui sans défaillance. […] Je ne voulais qu’indiquer, avec M. des Granges, que 1815-1830 est une grande époque de comédie dramatique et qu’il y a. à cet égard, une tradition continue de Scribe à Augier.
et là où, d’un siècle à l’autre, il y a contradiction du fond, de la forme et du but, peut-on véritablement soutenir que le même esprit continue de régner ? […] J’avoue que j’ai peu lu ces auteurs, mais je serais très surpris si la loi ne continuait pas de se vérifier, et sa formule d’envelopper une foule de plus en plus nombreuse. […] Montesquieu, Voltaire, Diderot, Rousseau, qui en écriront, ne continueront pas moins de traiter très dédaigneusement ce genre de fictions chimériques et frivoles, non moins dangereuses, diront-ils, pour le goût que pour les mœurs. […] Nulle besogne, en effet, à l’âge où les sources de l’invention tarissent, et où, pour se continuer, les mieux doués n’ont rien de mieux à faire que de se répéter, ne pouvait plus heureusement convenir à Prévost. […] Réciproquement, l’influence que Rousseau continue d’exercer sur les prédicants de la Rome protestante est une autre raison pour Voltaire.
Il sait le grec, continue l’homme d’État ; c’est un grimaud, c’est un philosophe. […] La table est pour lui un râtelier ; il récure ses dents et continue à manger ». […] Mais cette profondeur a son infini, de même que l’éclat des yeux à miroir a son absolu » Le portrait continue ainsi pendant deux cents lignes. […] Votre esprit ressemble à la table d’un bon livre de zoologie ou de physique ; les idées s’y ordonnent d’elles-mêmes en séries continues, progressives. […] Cependant les vexations continuaient ; pressés l’épée dans les reins, ils se mirent en route dès le mois de février.
» Les mondes en mouvement continuent, sans répondre à l’homme, leur révolution impassible. « Le ciel étoile est une vision de roues, de balanciers et de contrepoids… On se voit dans l’engrenage, on est partie intégrante d’un Tout ignoré, on sent l’inconnu qu’on a en soi fraterniser mystérieusement avec un inconnu qu’on a hors de soi. […] Au-delà de la mort, la vie morale continuera avec ses devoirs, avec son progrès indéfini : On entre plus heureux dans un devoir plus grand… Ce n’est pas pour dormir qu’on meurt ; non, c’est pour faire De plus haut ce que fait en bas notre humble sphère, C’est pour le faire mieux, c’est pour le faire bien165. […] Le navire ne s’arrête pas, ce navire-là a une route qu’il est forcé de continuer ; il passe.
« Mais, continua mon père, pour que tu sentes redoubler ton ardeur à défendre l’État, sache que ceux qui ont sauvé, secouru, agrandi leur patrie, ont dans le ciel un lieu préparé d’avance, où ils jouiront d’une félicité sans terme : car le Dieu suprême qui gouverne l’immense univers ne trouve rien sur la terre qui soit plus agréable à ses yeux que ces réunions d’hommes assemblés sous la garantie des lois, et que l’on nomme des cités. […] Les esprits despotiques et soldatesques lui reprochent son amour pour la liberté ; les esprits fanatiques lui reprochent sa mesure avec les événements et sa résignation désintéressée, et douloureuse cependant, avec César ; les esprits courts lui reprochent son étendue ; les esprits spéciaux lui reprochent son universalité ; les esprits stériles lui reprochent son abondance ; les esprits incultes lui reprochent sa perfection continue ; les impies lui reprochent sa piété ; les sceptiques, sa foi ; les excessifs, sa modération ; les pervers, sa vertu.
Rousseau, dans un perpétuel délire, continuait à prêter au personnage de son roman les sentiments et les sensations de ses entretiens avec madame d’Houdetot ; les amis de madame d’Épinay, Grimm et Diderot, informés par Thérèse du délire de Rousseau, raillèrent le philosophe amoureux, et contristèrent madame d’Houdetot et Saint-Lambert par des ricanements sur cette passion. […] Rousseau revient à Paris, y continue une vie inquiète et inexplicable, moitié de génie, moitié de démence.
XXII « L’âme, continue-t-il, qui est immatérielle, qui va dans un autre séjour, de même nature qu’elle, séjour parfait, pur, immatériel, et que nous appelons pour cette raison l’autre monde, auprès d’un Dieu parfait et bon (où bientôt, s’il plaît à Dieu, mon âme va se rendre aussi), l’âme, si elle sort pure, sans rien emporter du corps avec elle, comme celle qui pendant sa vie n’a eu aucune faiblesse pour ce corps, qui l’a vaincu et subjugué au contraire, qui s’est recueillie en elle-même, faisant de ce divorce son principal soin, et ce soin est précisément ce que j’appelle bien philosopher ou s’exercer à mourir ; « L’âme donc, en cet état, se rend vers ce qui est semblable à elle, immatériel, divin, immortel et sage, et là elle est heureuse, affranchie de l’ignorance, de l’erreur, de la folie, des craintes, des amours déréglées et de tous les maux des humains, et, comme on le dit des initiés, elle passe véritablement l’éternité avec les dieux (les êtres divins). […] « Soutenir, continue-t-il ensuite, que toutes ces choses sont précisément comme je vous les ai décrites, ne conviendrait pas à un homme de sens et de bonne foi ; mais ce qui est certain, c’est que l’âme est immortelle ; en tout cris c’est un hasard qu’il est beau de courir, c’est une espérance dont il faut s’enchanter soi-même.
À l’âge de près de soixante ans, il rédigea pour les novices une suite de sermons connus de Scott, où rien ne rappelle l’inimitable onction de l’auteur de l’Imitation ; il continua ainsi jusqu’à l’âge de soixante-dix ans, où la mort le cueillit dans sa sainteté. La chronique des frères et du couvent du mont Sainte-Agnès fut continuée par lui jusqu’à la veille de son décès.
Et cependant Jean de Meung, qui l’a continué, a fidèlement conservé l’allégorie et les personnages imaginés, par Guillaume de Lorris, qui l’a commencé ; seulement il les a animés d’un esprit différent. […] Mais pendant ce temps la société continue à se démocratiser.
— encore au début de sa rénovation, il continue le joug de l’opéra et les usages des théâtres d’opéra ; et voilà qu’il restitue, lui-même l’affirme, un art correspondant à l’art antique, et il oublie qu’antique signifie antique, et il appelle cela l’art de l’avenir. […] Ainsi rêvait le jeune artiste à instaurer un art collectif ; les traditions du Rheingold se suivaient en la Walküre, ce beau mélodrame de cape et d’épée et de méthaphysique ; dans Siegfried, elles se continuaient ; mais sans doute que déjà l’hésitation avait pris son esprit mieux expérimenté ; arrivé au troisième acte de Siegfried, devant l’efflorescence musicale qui grandissait en lui, sentait-il son système faillir ?
L’idée de l’espace implique deux conditions principales : 1° idée d’une coexistence de parties continues, qui, comme telles, ne peuvent être distinguées que par des différences qualitatives ; 2° idée d’une relation caractéristique entre partie et partie, qui n’est plus simplement une différence entre elles, mais une distance, c’est-à-dire une séparation de parties extérieures l’une à l’autre115. […] Lachelier, qui nous garantit que le premier objet continue à exister derrière le second ?
Tandis que la France et, récemment la Russie se sont partagés le mérite de composer les grands romans réalistes de notre temps, Dickens a continué à représenter, seul et probablement le dernier, la tradition des conteurs anglais du XVIIIe siècle. […] Herbert Spencer (Principes de psychologie) a consacré à ce phénomène mental, il est exposé que fondamentalement un sentiment diffère d’une perception, d’une connaissance, d’une idée, en ce qu’il dérive des choses une impression immédiate et continue, non la notion de leurs rapports avec le reste des êtres, non une notion classificatrice, un jugement, mais une pure sensation pendant laquelle l’objet seul apparaît dans la conscience, la flatte ou la heurte selon qu’il lui est bienfaisant ou malfaisant.
Les joncs sifflaient à ras de terre et les feuilles des hêtres bruissaient en un frisson rapide, tandis que les cîmes se balançant toujours continuaient leur grand murmure. […] La Tentation de saint Antoine à son début, les voix qui susurrent aux oreilles de l’ascète des phrases insidieuses de crépuscule, les images qui passent sous ses yeux, continues et disconnexes, ont l’illogisme du rêve et l’appréhension de l’inconnu ; les visions se suivent et se lient imprévues ; des communions subites ont lieu : « Elle sanglotte, la tête appuyée contre une colonne, les cheveux pendants, le corps affaissé dans une longue simarre brune.
Poquelin continua de s’instruire sous Gassendi. […] Depuis ce temps, l’usage a toujours continué de donner de ces pièces d’un acte, ou de trois, après les pièces de cinq.
Ainsi donc, il dut beaucoup dès le principe à sa famille et à sa race du bon pays d’Artois, comme il l’appelait ; même lorsqu’il affligeait ses proches par ses écarts et qu’il les étonnait par ses aventures, il continuait de leur être fidèle par bien des traits et de leur appartenir d’une manière reconnaissable : et aujourd’hui, après un siècle presque écoulé, lorsque la renommée a fait le choix dans ses œuvres, lorsque l’oubli a pris ce qu’il a dû prendre et que, seule, la partie immortelle et vraiment humaine survit, — aujourd’hui, en leur apportant plus que jamais ce renom de grâce, de facilité, de naturel, de pathétique naïf, qui est son lot et qui le distingue, il trouve encore à leur emprunter de cette estime solide, de cette autorité bien acquise et de cette considération publique universelle qui s’ajoute si bien à la gloire.
Durant quelques jours de maladie de son collègue, il continua ses opérations seul et sans relâche, avec un redoublement d’exactitude et d’ardeur : Souvent, dit M.
Si vous continuez, je vous dirai bientôt par jalousie ce que je vous dis à présent par l’intérêt que vous m’inspirez pour vous.
Son regard était une lueur continue et sereine : la lumière ne jaillissait point par éclairs, elle en coulait par un rayonnement qui attirait l’œil sans l’éblouir.
À continuer, après le siècle de Ronsard, d’adresser cette question à nos poètes et auteurs en renom : « Lisez-vous Homère ?
Mais cette même personne, qui sait très bien regimber contre ceux qui ne voulaient pas qu’on eût le sens commun depuis le siècle de Louis XIV, pourquoi ne veut-elle pas que d’autres aient du sens commun après elle, et que l’esprit, tant bien que mal, continue, sauf à prendre un costume un peu différent ?
Tallemant continue sans effort la race des conteurs et des auteurs de fabliaux ; il a sa veine de Rabelais.
Vivre par la pensée dans d’autres temps et s’y oublier à volonté, tandis que l’on continue dans l’heure présente de jouir insensiblement et par tous les sens de l’air, de la lumière, de la pureté du ciel, de la limpidité des eaux, de la majesté des horizons, de tous les bienfaits naturels qui sont encore la plus vraie jouissance pour des êtres vivants, que faut-il de plus à l’homme qui est sorti de l’âge des passions et en qui elles n’ont point laissé la lie de leur philtre empoisonneur ?
Tout s’y passe dans la région la plus haute et comme dans le voisinage de l’Empyrée ; c’est une élévation continue, un culte, une adoration réciproque ; des deux côtés, c’est le sublime ami ; la sublime amie ; l’adorable, la céleste, la divine amie ; ils ne s’en lassent pas.
La chaleur était à peine tombée avec le soleil ; les oiseaux, déjà retirés et non encore endormis, annonçaient, par un ramage languissant et voluptueux, le plaisir qu’ils goûtaient à respirer un air plus frais ; une rosée abondante et salutaire ranimait déjà la verdure… Ici une de ces descriptions naturelles dont il a le premier dans notre littérature donné le parfait exemple, mais où il a été depuis surpassé par ses grands disciples, par Bernardin de Saint-Pierre, par Chateaubriand, par George Sand, tous bien autrement particuliers, nuancés et neufs, et qui ne se contentent pas de peindre la nature en traits généraux devenus trop aisément communsy ; — et il continue : À ce concours d’objets agréables, le philosophe, touché comme l’est toujours en pareil cas une âme sensible où règne la tranquille innocence, livre son cœur et ses sens à leurs douces impressions : pour les goûter plus à loisir, il se couche sur l’herbe, et appuyant sa tête sur sa main, il promène délicieusement ses regards sur tout ce qui les flatte.
Je continue, toujours d’après M.
Je continue toujours de répondre, non pas à l’aveugle, mais un peu confusément, à celui que je me figure devant moi comme contradicteur.
Rien peut-être ne contribua plus à le contenir et à le jeter dans la grande dévotion… » Je continue de courir le plus rapidement possible sur ces notes aiguës et perçantes comme sur un champ de blé dont les épis seraient des javelots.
Qu’on veuille songer à ce qu’on doit de reconnaissance à celui qui, dans une publication continue de vingt années, nous a initiés à ce degré, tous tant que nous sommes, à l’esprit et au détail politique, administratif, militaire, de la plus grande époque et la plus invoquée dans les entretiens de chaque jour ; qui, sans que nous soyons hommes d’État ni politiques de métier, nous a fait assister, par le dépouillement des pièces les plus secrètes et les plus sûres, aux conseils et aux débats diplomatiques d’où sont sorties les destinées de l’Europe et de la France pendant l’ère la plus mémorable ; qui, sans que nous soyons financiers, nous permet, avec un peu d’attention, de nous rendre compte des belles et simples créations modernes en ce genre ; sans que nous soyons administrateurs, nous montre par le dedans ce que c’est que le mécanisme et les rouages de tout cet ordre civil et social où nous vivons ; sans que nous soyons militaires, nous fait comprendre la série des mouvements les mieux combinés, et par où ils ont réussi, et par où ils ont échoué en venant se briser à des causes morales et générales plus fortes.
Mais encore les racines vives et chrétiennes, mises à nu, continuaient de reverdir du côté même où les branchages superbes avaient été retranchés.
La guerre, cependant, s’acharne et continue.
N’y a-t-il donc pas moyen pour un auteur aimé de garder tout son public, et de continuer de le charmer, sans paraître lui donner des gages comme à un parti ?
J’ai continué, l’intérêt a redoublé, j’ai regardé la signature : le piquant article, vers ou prose, scène de mœurs, esquisse populaire, réalité prise sur le fait, gaieté légère où brille une larme, était signé Ch.
Ce qu’on aura entrepris sans nous, on le continuera sans nous… » Le 28 octobre 1868, M.
C’est que dans ce temps de mœurs littéraires si mauvaises et si gâtées, en ce temps de grossièreté où la littérature, ce qu’on ose appeler ainsi, trop souvent imite la rue et n’en a pas la police, il importe que l’Académie reste un lieu où la politesse, l’esprit de société, les rapports convenables et faciles, une transaction aimable ou du moins suffisante, la civilisation enfin en littérature, continuent et ne cessent jamais de régner.
Deux de ses maîtres, qui s’étaient fort attachés à lui, bons humanistes et hellénistes, lui continuèrent leurs soins.
Il faudrait « écurer le bié du moulin et la rivière dont les débordements gâtent la grande prairie, réparer les chaussées des deux étangs, réparer l’église qui est à la charge du seigneur, et dont les couvertures notamment sont dans un état affreux, les eaux pénétrant à travers la voûte », réparer les chemins qui sont aussi à la charge du seigneur, et qui pendant l’hiver sont dans un état déplorable. « Il paraît qu’on ne s’est jamais occupé du rétablissement et réparation de ces chemins. » Le sol de la terre de Blet est excellent, mais il faudrait des saignées et fossés pour l’écoulement des eaux, sans quoi les bas-fonds continueront à ne produire que des mauvaises herbes.
Cette concordance continue du physique et du moral produit cette conséquence, que Descartes ne considère pas les passions du point de vue sentimental, mais du point de vue pratique : elles ne valent pour lui que par l’action qui les suit ; il ne songe pas à en composer la vie de l’âme, abstraction faite du reste.
C’est lui, en effet, et lui seul, dans la première moitié du xviiie siècle, qui, par la nature tendre et passionnée de son âme, par le rôle qu’il assigne dans la vie au sentiment, à la passion, semble continuer Fénelon et annoncer Rousseau ; et l’on pourrait dire que son rôle a été de déchristianiser les idées, les tendances de Fénelon.
Continuons. « Tartuffe, disais-je, est si obtus que, voulant se déclarer à une femme jeune, intelligente, nullement dévote, éminemment laïque, il y emploie le style des manuels de piété. » Mais veut-on qu’il se démasque tout de suite ?
Frantz Jourdain L’Académie française ne me semble ni en décadence, ni en progrès ; comme le nègre, elle continue, et si, comme vous l’affirmez, elle a retrouvé tout son lustre, ce doit être un lustre en fonte malléable, en vieille ferraille, en cuivre oxydé ou en zinc d’art, un lustre où fument, encerclées de bobèches en papier, des cires poussiéreuses et de vieilles chandelles.
Il est certain que nous allons toucher à une conception nouvelle des mœurs de l’artiste, et nous délivrer enfin, avec un peu plus de fermeté, de l’écœurante tradition, parce qu’il est trop sot de continuer à la traîner.
Le mardi 4 mai 1697, M. d’Argenson, lieutenant-général de police, en vertu d’une lettre de cachet du roi à lui adressée, et accompagné d’un nombre de commissaires et d’exempts et de toute la robe courte, se transporta à onze heures du matin au théâtre de l’Hôtel de Bourgogne et y fit apposer les scellés sur toutes les portes, non seulement des rues Mauconseil et Française, mais encore sur celles des loges des acteurs, avec défenses à ces derniers de se présenter pour continuer leurs spectacles.
Des hommes très vertueux, d’un autre côté, n’ont rien fait pour continuer dans le monde la tradition de la vertu.
La différence entre l’imagination et la mémoire continuera probablement, dit M.
N’a-t-on pas vu au commencement de ce dix-huitième siècle une bonne partie de l’Europe sucée par des vampires ; et ne continue-t-on pas toujours de porter le dernier repas au convoi d’un mort ?
» — « Sur cela, continue Mme de Graffigny, ses cris redoublent ; il dit qu’il est perdu, que je ne veux pas réparer le mal que je lui ai fait.
dit Sterne, mon livre, c’est cet enfant de trois ans qui se roule sur le tapis. » Mais, avec Rabelais, l’enfant a grandi ; c’est un homme, c’est un moine, c’est un géant, c’est Gargantua, Pantagruel ou pour le moins Panurge, et il continue de ne rien cacher.
Jamais princesse ne fut si touchante… » De retour en France, elle y fut l’objet de tous les empressements imaginables, y compris ceux de Monsieur, qui « continua, jusqu’à son mariage, à lui rendre des devoirs auxquels il ne manquait que de l’amour ; mais le miracle d’enflammer le cœur de ce prince n’était réservé à aucune femme du monde ».
Le soir, continue Marmontel parlant toujours de cette visite chez le comte d’Argenson, pendant que l’on soupait, nous restions seuls dans le salon.
I À ses débuts, Émile Zola n’était qu’un élève des romantiques, qui sentait vivement Victor Hugo et Musset, qui avait lu Balzac et qui en appréciait surtout ce qu’il a de romanesque et de romantique et qui aspirait vaguement à continuer le Musset des Contes et Nouvelles et le Balzac d’Ursule Mirouët et de la Grande-Bretèche.
Le lent et sourd accroissement de l’angoisse morale de Raskolnikoff, le vertige et l’oppression de son projet, qu’il apercevait vague et cependant fatal dans le délabrement de ses forces, son sourd malaise une fois le sang versé, et l’étrange sensation de retranchement qui le prend, le lâche et le tient quand il revoit sa mère et sa sœur, la cruauté de se sentir interdit à leurs caresses et de ne pouvoir leur parler que les yeux détournés vers l’ombre ; puis la terreur croissante et une sorte d’ironique rudesse s’installant dans son âme, qui l’introduisent à revisiter le lieu du crime, et à machiner de singulières mystifications qui le terrifient tout à coup lui-même — ces choses lacèrent son âme et rompent sa volonté ; ainsi abattu et ulcéré, il est amené d’instinct à visiter Sonia, et à s’entretenir avec elle en phrases dures, qu’arrête tout à coup le sanglot de sa pitié pour elle, pour lui et pour tous, en une crise où il sent à la fois l’effondrement de son orgueil et la douceur de n’être plus hostile ; des retours de dureté, la sombre rage de ses premières années de bague, l’angoisse amère d’un cœur vide et murmurant, conduisent à la fin de ce sombre livre, jusqu’à ce qu’en une matinée de printemps, au bord des eaux passantes d’un fleuve, que continue au loin la fuite indécise de la steppe, il sente, avec la force d’eaux jaillissantes, l’amour sourdre en lui, et l’abattre aux pieds de celle qui l’avait soulagé du faix de sa haine.
Il divise les fables, en fables simples et en fables implexes ; il appelle simples, les actions qui, étant continues et unies, finissent sans reconnaissance et sans révolutions ; il appelle implexes, celles qui ont la révolution ou la reconnaissance, ou, mieux encore, toutes les deux.
Si tu ne t’adresses jamais qu’à un polisson de dix-huit ans, tu as raison, mon ami, continue à faire des culs et des tétons ; mais pour les honnêtes gens et moi, on aura beau t’exposer à la grande lumière du Salon, nous t’y laisserons pour aller chercher dans un coin obscur ce Russe charmant de le Prince, et cette jeune, honnête, décente, innocente marraine qui est debout à ses côtés.
Francisque Sarcey, — et continuée par M.
Le seul moyen de confondre nos adversaires était de continuer la démonstration.
Un jour, si j’avais besoin de continuer cette étude sur Mme Sand et si je la spécialisais davantage, je ferais, pour l’édification des amateurs, le relevé de ces prudhommismes, que la Critique a vus sans les voir… ou sans en parler.
Rollinat et dont il va continuer la tradition.
Mais voici que, descendant au détail du réel, on continue à le composer de la même manière et selon les mêmes lois que la représentation, ce qui équivaut à ne plus les distinguer l’un de l’autre.
II Tel est cet orateur que l’imagination poétique et l’esprit d’érudition ont promené dans l’érudition et égaré dans la philosophie, qui, après avoir voyagé parmi divers systèmes et hasardé un pied, et même deux pieds, dans le panthéisme, est venu se rasseoir dans les opinions moyennes, dans la philosophie oratoire, dans la doctrine du sens commun et des pères de famille ; qui, pensant faire l’histoire du dix-septième siècle, en a fait le panégyrique ; qui, croyant tracer des portraits et composer des peintures, n’a su que recueillir des documents et assembler des textes ; mais qui, dans l’exposition des vérités moyennes et dans le développement des sujets oratoires, a presque égalé la perfection des écrivains classiques, et qui, par la patience de ses recherches, par le choix de ses publications, par la beauté et la solidité de ses monographies, a laissé des modèles aux érudits qui continueront son œuvre, et des matériaux aux philosophes qui profiteront de son travail.
On sait que Gray, déjà classiquement érudit, et plein du spectacle et des souvenirs littéraires de la France et de l’Italie, avait passé six années dans la lecture assidue des écrivains grecs, projetant une édition critique de Platon, puis de Strabon, philologue, métaphysicien, historien, géographe, et alliant la patience continue des recherches aux rares saillies de l’enthousiasme.
A son retour de Bossey, une loueuse de livres continue, avec de plus grossiers philtres, le pernicieux enchantement commencé par Isaac Rousseau avec La Calprenède et d’Urfé. […] Mûr, puis vieilli, Senancour continuera de se retourner vers cette construction imaginaire dont les contours, avec le temps, devenaient plus faibles. […] Enfin on dit les femmes curieuses et qu’on continue plus sûrement à être aimé d’elles en leur ménageant toujours quelque découverte, René vivant en lui-même et comme hors du monde qui l’environnait, voyait à peine ce qui se passait autour de lui ; se l’enfermant au sein de ses douleurs et de ses rêveries, dans cette espèce de solitude morale, il devenait de plus en plus farouche et sauvage, impatient de tout joug, importuné de tout devoir, les soins qu’on lui rendait lui pesaient : on le fatiguait en l’aimant. […] À la splendeur trop continue que les objets reçoivent de son imagination d’artiste sans sobriété, s’ajoute le véritable émerveillement qu’il éprouve de les avoir, lui Chateaubriand, contemplés, conçus ou rêvés.
Mais elle l’a été sur tout le XIXe siècle d’une manière éclatante, et c’est comme à la lumière de leurs écrits qu’on a interprété de différentes façons la Révolution française et qu’on a décidé, en différents sens, de la manière dont on devait la continuer. […] Et, de fait, l’accession continue du peuple à la bourgeoisie, de la bourgeoisie à la noblesse et de la noblesse à la grande noblesse est le fond perpétuel de l’ancien Régime. […] La Révolution, qui en toutes choses a pris la succession de l’ancien Régime et a pris pour son compte l’absolutisme de l’ancien Régime, se déclarant omnipuissante comme lui, omnifaisante comme lui, et comme lui om-nipossesseur, n’a pas continué l’ancien Régime relativement aux questions d’enseignement. […] Il suffirait donc que les Etats généraux fussent investis d’une autorité législative continue et non accidentelle, qu’ils fussent convoqués périodiquement et qu’ils fissent seuls la loi, laissant du reste au Parlement le droit et le soin, qu’il a ou qu’il se donne, de garder et protéger la loi ; pour que la Constitution française fût non seulement la plus libre des Constitutions, mais le modèle des Constitutions libres. […] Ils ont surproduit en hommes, ce qui a eu chez eux comme correctif nécessaire l’émigration continue.
Clairville et Flan pourraient, quand même, continuer leur petit commerce de calembredaines, qui, au demeurant, ne fait de mal à personne. […] Laodice n’a-t-elle pas l’assurance continue de son amour ? […] Au milieu de l’épouvante générale, cet homme garde la sérénité surhumaine du destin antique ; il ne retourne même pas la tête et continue de marcher vers son projet. […] Ayant commencé par faire des équations, il a continué en faisant des antithèses, ce qui est tout un. […] Ceux-là ne tarderont pas à s’apercevoir de la vanité de leur œuvre ; comprenant quel danger il y aurait, pour l’avenir de leur talent, à continuer ce jeu puéril, ils s’empresseront de redevenir des hommes pour devenir des poètes.
Or c’était justement contre ceux-là que s’exerçait la verve des écrivains à la mode, presque tous groupés dans un journal célèbre où se sont continuées les traditions de beau langage et de supériorité littéraire avec un peu moins de dévouement et de ferveur au service de la vérité. […] Parmi les écrivains et les poëtes qui se rattachent à cette phase en partie double, il en est, pour ainsi dire, de deux filiations, de deux couches différentes : ceux qui datèrent de la Restauration, et se sont continués depuis en des métamorphoses successives dont quelques-unes ne sont pas finies ; et ceux qui débutèrent, quelques années plus tard, dans un milieu plus orageux et plus émancipé. […] Gaberel avait dû continuer et maintenir en nous montrant le bien et le mal de ces relations du vieux philosophe avec ses rigides voisins. […] Comment est-ce rendre un éminent service aux lettres chrétiennes et à l’histoire, que de dégager et de montrer, dans le tableau de cette époque décisive, ce double esprit, cette double influence, où se manifeste et se continue la double nature du Dieu fait homme ; la société antique abdiquant dans le sein de l’Église, l’Église en conservant tout ce qui n’était pas incompatible avec son origine, son essence et son but ? […] C’est l’immortel honneur de la monarchie française, à cette époque, d’avoir, avec trois caractères, et, pour ainsi dire, trois tempéraments bien différents, continué sous trois règnes la vraie politique de la France, et c’est son honneur aussi qu’il ait suffi à Anne d’Autriche, Espagnole et femme, d’y toucher et de s’y unir, pour comprendre, à un moment donné, cette politique, et l’adopter en dépit de ses amitiés, de ses parentés et de ses rancunes.
La religion continua d’être, pour un grand nombre d’hommes, une affaire politique. […] Devant une statue ou un tableau, le spectateur reçoit d’abord, du sculpteur ou du peintre, l’impression première qui le saisit ; mais c’est à lui-même à continuer ensuite l’ouvrage. […] L’illusion s’enfuit, et avec elle l’intérêt ; car, ainsi que l’illusion dramatique, l’intérêt ne peut s’attacher qu’à des impressions continuées et renouvelées dans une seule et même direction. […] De même, dans Athalie, toute la pensée de la pièce se déploie, dès la première scène, dans le caractère et les promesses du grand prêtre ; l’impression est commencée ; elle va continuer et s’accroître toujours dans la même direction. […] Sous le règne d’Élisabeth, déchus de leur ancienne splendeur, mais assez importants encore pour que la loi qui ne voulait plus les protéger fût toujours obligée de s’occuper d’eux, les ménestrels se virent, par un acte du Parlement, assimilés aux mendiants et vagabonds ; mais il y eut exception en faveur de ceux que protégeait la famille Dutton, et ils continuèrent d’exercer librement leur profession et leurs privilèges, souvenir honorable du service qui les leur avait mérités.
En ce sens, on peut dire que ces Poèmes continuent Psyché et lui donnent son véritable dénouement. […] Cette mission éclate dans le caractère de sa poésie qui n’est qu’un hymne à la grandeur de Jéhovah et la célébration de ses bienfaits. — L’Orient primitif se continue d’une certaine manière dans l’Orient moderne. […] …… Je suis pour ces beautés l’ami discret et sûr ; Et le frais papillon, libertin de l’azur, Qui chiffonne gaîment une fleur demi-nue, Si je viens à passer dans l’ombre, continue. […] J’entends dire souvent que Béranger, après tout, ne fait pas autre chose que continuer la tradition des vieux maîtres de l’esprit gaulois, des auteurs innombrables des fabliaux, de Rabelais, de la Fontaine, de Molière même. […] Et la poésie, grave et triste, continue ainsi, en nous donnant le détail de cette psychologie douloureuse : une forme vivante que l’âme n’anime pas.
pourquoi n’ai-je pas continué à demeurer le servant officieux et le défenseur dévoué des mêmes gloires ? […] Lui, il était resté sous le coup d’un triomphe unique ; il y avait mis son signet et avait fermé le livre, ne le rouvrant plus jamais qu’à la même place et se donnant mille prétextes pour ne pas continuer et récidiver.
Je fis plusieurs vers sur-le-champ avec une facilité que je n’avais jamais éprouvée, et je continuai d’y travailler pendant quelques jours que je passai dans le voisinage de Silva piana. » Il se construisit une maison entre la ville et cette forêt. […] « Le nouveau tribun, dit-il, que je regarde comme votre troisième libérateur, réunit en lui seul la gloire des deux autres, ayant fait mourir une partie de vos tyrans et mis en fuite le reste… « Homme courageux, continue Pétrarque, qui portez tout le fardeau de la république, que l’image de l’ancien Brutus vous soit toujours présente !
Il persista dans ce même état l’espace de cinq nouveaux jours, après lesquels, faisant réflexion que puisqu’il avait rempli avec la dernière exactitude tout ce que les anciens pratiquaient en pareille occasion, il était temps qu’il se rendît enfin à la société, et qu’il serait coupable envers elle s’il continuait à écouter sa douleur, préférablement à ce que lui suggérait la raison d’accord avec le devoir. […] « Voilà », continue-t-il, « ce qui a rendu les premiers instituteurs de notre société civile et politique respectables pendant leur vie, immortels après leur mort.
Ce cri, évidence du génie, fut bien, comme à l’ordinaire, suivi de ce murmure sourd de l’étonnement et de l’envie, qu’est la basse continue des acclamations humaines ; mais la critique fut submergée dans l’enthousiasme : le graveur vendit en peu de mois pour plus d’un million d’estampes2. […] XLII Passons à l’autre tableau : les Pêcheurs de l’Adriatique, et continuons d’interroger l’enfant sur la signification si différente de ces visages attristés, par ce nuage, sur ce départ. — Que dit le maître de la barque ?
Cicéron ne s’émut pas de ces railleries, et continua à se perfectionner en silence par le seul amour du beau et du bien. […] Cicéron désespéra de la liberté romaine : mais ce désespoir, trop fondé en fait, ne fut jamais une trahison ; il continua à déplorer à haute voix la chute de l’antique constitution et de maudire en secret César.
Murat combla d’égards Consalvi ; Cacault fut obligé de s’arrêter ; Consalvi continua seul sa route pour Paris. […] Ainsi, continua Bernier, il exige ces changements, parce que, toute réflexion faite, il n’est pas satisfait des stipulations arrêtées.
Le roulement continuait toujours ; subitement il se tut. […] Mes pieds me faisaient encore un peu mal, mais ce n’était rien en comparaison des autres jours ; quand j’eus mis des bas propres, il me sembla renaître, j’étais solide sur mes jambes, et je me dis en moi-même : « Joseph, si cela continue, tu deviendras un gaillard ; il n’y a que le premier jour qui coûte. » Je m’habillai dans ces heureuses dispositions.
Ne jugeons pas de cette morale par le mal qui a continué son cours malgré elle, mais par celui qu’elle a prévenu ou réparé. […] L’image de la fausse n’est pas dissipée quand il arrive à la vraie, et il continue longtemps à les confondre.
Quand le Condillac catholique, M. de Bonald, conçoit l’homme primitif sur le modèle d’une statue impuissante, sans originalité ni initiative, sur laquelle Dieu plaque, si j’ose le dire, le langage, la morale, la pensée (comme si on pouvait faire comprendre et parler une souche inintelligente en lui parlant, comme si une telle révélation ne supposait la capacité intérieure de comprendre, comme si la faculté de recevoir n’était pas corrélative à celle de produire), il n’a fait que continuer le XVIIIe siècle et nier l’originalité interne de l’esprit. […] Après sa mort, on mit sérieusement en délibération si on n’abandonnerait pas son œuvre religieuse pour continuer seulement son œuvre politique.
» (113)… Il est inutile de continuer, on n’a qu’à prendre presque chaque phrase. […] La musique en effet est continue d’un bout du drame à l’autre et nous pouvons nous attendre à y retrouver à la fois le reflet de la décoration, de la plastique, de la mimique et des paroles.
. — Cependant, le 28 juin 1857, Wagner écrit à Liszt qu’il a définitivement abandonné son projet de continuer et de finir le Ring. « J’ai conduit mon jeune Siegfried dans la solitude de la forêt ; je l’ai laissé là sous le tilleul… peut-être ce sommeil lui fera-t-il du bien ; quant à son réveil je ne puis rien prévoir… tout dépend de dispositions d’esprit indépendantes de ma volonté. […] Jusqu’à ce jour tant désiré, nous ne continuerons pas moins, comme par le passé, à respecter son talent et à admirer son énergie, mais nous combattrons implacablement ses projets.
Les petits orphelins d’Athènes purent continuer à épeler l’Iliade, tandis que leurs pères la recommençaient tout auprès. […] Sans lui, les vieux sanctuaires archaïques, protégés par la tradition, auraient continué à végéter sur le rocher de Cécrops, étouffant en germe les colonnes divines d’Ictinos.
Si cela continue, nos enfants naîtront à quarante ans. […] Nous le trouvons frappé en plein cœur et, selon son expression, « découragé de faire et de continuer à être ».
« Son extérieur avoit, continue-t-il, un certain air de bibliothéque peu galant. […] Les romans continuèrent à être en règne : on peut dire même qu’on n’en a jamais tant vu, que depuis cinquante ans.
Comme aujourd’hui elle va à la Comédie-Française entendre Molière et Racine parce qu’ils sont joués d’une façon continue. […] Et tout naturellement, Don Juan continue ou devient, et le voici, au son des cloches du béguinage (car il est historique que Don Juan voyagea en Flandre) en face de la mille et quatrième.
… Question de nature, d’histoire, d’évidence, que la nature, l’histoire, l’évidence, résolvent malheureusement par l’écroulement perpétuel et par la renaissance perpétuelle de toutes les choses humaines, et qu’elles résolvent contre ce beau rêve de ces philosophes de l’ascension continue. […] La voiture, qui devait continuer sa route jusqu’à Sienne et jusqu’à Rome, me laissa descendre dans une petite hôtellerie sans nom, cachée au fond d’une ruelle sur les derrières du palais Corsini, non loin du pont de la Trinité.
Cette négation de tout le passé théologique, philosophique, poétique, architectural, historique même, de l’humanité antérieure à nous, leur est nécessaire ; car, sans cela, comment pourraient-ils se justifier à eux-mêmes cette progressivité indéfinie et continue de l’esprit humain, progressant de Brahma, de Job, de l’Égypte, de la Judée, de la Grèce et de Rome, jusqu’à Paris, au siècle de Louis XV, et au nôtre ? […] V Aujourd’hui je continue, j’analyse et je cite : « Il y avait un homme dans la terre de Hus ; il s’appelait Job.
Une anxiété sourde et continue travaillait ma pensée ; je n’étais bien à aucune place ; ce ciel serein, ce beau soleil, cette mer éblouissante, ces collines élyséennes, le bruit de vie et de joie perpétuelle de ce peuple d’enfants, d’amoureux, de musiciens, de poètes, fourmillant sur les plages de cette côte, après m’avoir tant charmé autrefois, m’étaient devenus presque fastidieux alors. […] Nous n’avons rien dit de si cru, de si injuste ; mais continuons la citation du Siècle.
… D’ailleurs, dans l’existence si studieuse et si réglée d’Audin, les événements véritables et réellement importants étant les pensées, dire ces pensées et les juger sera continuer de raconter et de juger sa vie. […] S’il avait continué et poussé dans cette voie, il eût pu, les visites aidant, entrer comme un autre à l’Académie française ; mais il aima mieux produire dix volumes de travaux immenses, où le talent égale l’abondance des notions.
Il continuait d’y joindre quelque besogne de commande pour subsister.
La guerre civile s’éteignant, la lutte avec l’Espagne continuait de s’acharner au cœur du royaume, dans les provinces même voisines de Paris.
C’est par lui principalement que Fénelon, durant les dix-sept ans de son exil de Cambrai, continuait de correspondre avec son élève le duc de Bourgogne.
Et après cette première citation : Dans un autre endroit, continue Chateaubriand, je peins ainsi les tombeaux de Saint-Denis avant leur destruction : « On frissonne en voyant ces vastes ruines où sont mêlées également la grandeur et la petitesse, les mémoires fameuses et les mémoires ignorées, etc. » Je supprime encore ce second morceau, inséré à la suite du premier, et qui prêterait aux mêmes observations comparatives ; mais je vais donner toute la fin de la lettre avec son détail mélangé, afin que le lecteur en reçoive l’impression entière, telle qu’elle ressort dans son désordre et son abandon : Je n’ai pas besoin de vous dire qu’auprès de ces couleurs sombres on trouve de riantes sépultures, telles que nos cimetières de campagne, les tombeaux chez les sauvages de l’Amérique (où se trouve le tombeau dans l’arbre), etc.
Le même Mérard de Saint-Just a tracé de Bailly, après sa mort, un Éloge historique qui ne brille point par la simplicité ni par une justesse de ton continue, mais qui est riche de détails, de souvenirs, et dans lequel tous les biographes ont largement puisé.
Marcotte, et l’assurant que son amitié et les tendres preuves continuelles qu’il en recevait étaient pour lui le plus puissant des motifs, il disait : Tous les avantages que les autres recherchent, je les comprends, mais ils ne sont pas capables d’agir sur moi, ils ne sont pas un stimulant assez fort ; il me faut une autre chose que vous avez trouvée : c’est votre affection, cette amitié qui m’émeut et qui me fera continuer ma carrière avec la même persévérance et le même désir.
La guerre se continuait avec succès en Piémont sous le maréchal de Brissac : cependant la ville de Sienne, en Toscane, ayant chassé les Espagnols, recouvra son indépendance et demanda secours au roi.
Jung, dans tout son travail, a été évidemment sous la préoccupation de ce dur procès que continuent de faire à Henri IV les descendants de ceux dont il a quitté la religion.
La Monnoye continue en faisant de son côté l’éloge de Santeul, et cet endroit est trop caractéristique et vient trop bien à l’appui de ce que dit La Bruyère pour ne pas être ici rappelé : Vous ne sauriez croire combien les personnes qui aiment l’esprit le regrettent ici.
» Car, de même, continue Plutarque, que la poésie d’Antimaque et les peintures de Denys, ces deux enfants de Colophon, avec tout le nerf et la vigueur qu’elles possèdent, donnent l’idée de quelque chose de forcé et de peiné, tandis qu’aux tableaux de Nicomaque et aux vers d’Homère, sans parler des autres mérites de puissance et de grâce, il y a, en outre, je ne sais quel air d’avoir été faits aisément et coulamment : c’est ainsi qu’auprès de la carrière militaire d’Épaminondas et celle d’Agésilas, qui furent pleines de labeur et de luttes ardues, celle de Timoléon, si on la met en regard, ayant, indépendamment du beau, bien du facile, paraît à ceux qui en jugent sainement l’œuvre non pas de la fortune, mais de la vertu heureuse.
Quoi qu’il en soit, il est, par le rare assemblage de ses mérites, une des figures originales de notre histoire ; et, quand pour le distinguer des autres de son nom et pour caractériser ce dernier mâle de sa race, quelques-uns continueraient de l’appeler par habitude le grand duc de Rohan, il n’y aurait pas de quoi étonner : à l’étudier de près et sans prévention dans ses labeurs et ses vicissitudes, je doute que l’expression vienne aujourd’hui à personne ; mais, la trouvant consacrée, on l’accepte, on la respecte, on y voit l’achèvement et comme la réflexion idéale de ses qualités dans l’imagination de ses contemporains, cette exagération assez naturelle qui compense justement peut-être tant d’autres choses qui de loin nous échappent, et on ne réclame pas.
Il est bien vrai que la lecture continue d’un tel registre est souvent pénible, insipide.
Le bien, le mal, ce que vous voulez faire, faites-le vite : quod facis, fac citius ; c’est son refrain de chaque jour, mais par une singulière inconséquence, il y a des moments où il juge très bien ceux qui sont trop empressés en sens contraire et qui espèrent que le monde ira aussi vite que leur désir : « Il y a dans les choses, remarque-t-il, une résistance qui n’est pas dans les idées, sans quoi le monde ne subsisterait pas six mois. » Prendre des notes comme je le fais dans la Correspondance de Lamennais, c’est littéralement prendre des notes au chevet d’un malade qui, dans les accès de redoublement d’une fièvre continue, a tantôt d’affreux cauchemars, tantôt, et plus rarement, des visions entrevues dans l’azur.
On me dira que je m’étonne de peu, mais je suis stupéfait quand je lis sur ce même Baour-Lormian : « Il continuait la tradition et cherchait la nouveauté : il avait pour lui tout le monde » ; et sur sa traduction du Tasse : « C’est le vers de l’ancienne école, solide, plein, harmonieux… Le poëme ressemble à ces vieilles étoffes au tissu ferme et doux, etc. » ; tandis que Baour-Lormian avait le vers harmonieux, sans doute, mais essentiellement vide, creux et mou.
Mme de Staël, qui a eu sa ligne droite et continue, ou du moins sa courbe d’un développement suivi et manifeste, s’en écartait parfois : elle avait des premiers mouvements irréguliers, irrésistibles, et elle ne perd pas à ce qu’on l’y surprenne.
« Si la paix continue, les têtes se calmeront, et il y aura ici liberté et repos.
Les médecins liront avec intérêt toute cette description mémorable en son genre, et même, quand on est à demi profane, on partage presque l’enthousiasme du savant et pieux Vallot qui dit en finissant : « Cette évacuation (une très abondante sécrétion finale par les voies urinaires) continua neuf jours de cette même force, et fut tellement avantageuse qu’elle acheva ladite guérison de Sa Majesté, sans aucun accident et sans aucune rechute, et même sans aucun ressentiment de la moindre incommodité du monde ; de manière qu’après cette parfaite guérison, le roi s’est trouvé beaucoup plus fort, beaucoup plus vigoureux et plus libre de toutes ses actions, tant du corps que de l’esprit, et l’on peut dire avec vérité que Dieu a conduit cet ouvrage par des voies si extraordinaires et par des secours et des grâces si particulières, s’étant servi des causes secondes en une conjoncture qui semblait devoir être plutôt destinée au miracle qu’à l’industrie et l’expérience des médecins. » Vallot ne fait là que délayer le mot d’Ambroise Paré : « Je le traitai, Dieu le guarit.
Il ne serait pas impossible de tirer de cette simplicité, à laquelle il se soumet sans trace d’effort, un sujet d’éloge : n’est-il pas touchant de voir un homme de génie, au comble de la renommée, célèbre par tant de chefs-d’œuvre, continuer d’écrire avec cette modestie et dans cette uniformité de ton à une sœur, ne l’entretenir que de détails de famille, de sollicitudes paternelles, de soins de nourrice ?
telle est la question, et Bossuet l’a tout simplement enjambée ; il a continué de raisonner comme si cette bonté, qui devait faire le fond de notre cœur, le faisait en réalité : ce qui, chrétiennement, n’est pas exact.
Je ne continuerai pas une analyse qui nous mènerait trop loin et qu’on trouve ailleurs.
Amis de l’ancien régime et partisans du droit divin, qui en étiez venus, en désespoir de cause, à préconiser le suffrage universel ; à qui (j’aime à le croire) la conviction était née à la longue, à force de vous répéter, et qui vous montrez encore tout prêts, dites-vous, mais moyennant, j’imagine, certaine condition secrète, à embrasser presque toutes les modernes libertés ; — partisans fermes et convaincus de la démocratie et des principes républicains, polémistes serrés et ardents, logiciens retors et inflexibles, qui, à l’extrémité de votre aile droite, trouvez moyen cependant de donner la main parfois à quelques-uns des champions les plus aigris de la légitimité ; — amis du régime parlementaire pur, et qui le tenez fort sincèrement, nonobstant tous encombres, pour l’instrument le plus sûr, le plus propre à garantir la stabilité et à procurer l’avancement graduel de la société ; — partisans de la liberté franche et entière, qui ne vous dissimulez aucun des périls, aucune des chances auxquelles elle peut conduire, mais qui virilement préférez l’orage même à la stagnation, la lutte à la possession, et qui, en vertu d’une philosophie méditée de longue main dans sa hardiesse, croyez en tout au triomphe du mieux dans l’humanité ; — amis ordinaires et moins élevés du bon sens et des opinions régnantes dans les classes laborieuses et industrielles du jour, et qui continuez avec vivacité, clarté, souvent avec esprit, les traditions d’un libéralisme, « nullement méprisable, quoique en apparence un peu vulgaire ; — beaux messieurs, écrivains de tour élégant, de parole harmonieuse et un peu vague, dont la prétention est d’embrasser de haut et d’unir dans un souple nœud bien des choses qui, pour être saisies, demanderaient pourtant à être serrées d’un peu plus près ; qui représentez bien plus un ton et une couleur de société, des influences et des opinions comme il faut, qu’un principe ; — vous tous, et j’en omets encore, et nous-mêmes, défenseurs dévoués d’un gouvernement que nous aimons et qui, déjà bon en soi et assez glorieux dans ses résultats, nous paraît compatible avec les perfectionnements désirables ; — nous tous donc, tous tant que nous sommes, il y a, nous pouvons le reconnaître, une place qui resterait encore vide entre nous et qui appellerait, un occupant, si M.
Il continue ainsi : « Ce mot de vos paysans, en montrant les ruines d’un village que la fièvre a détruit : La mort y a passé, ce mot m’a fait frémir.
. — Poésie modérée, bien que depuis lors nous en connaissions une autre, grande, magnifique, souveraine, et que nous nous inclinions devant, et que nous l’admirions en ses sublimes endroits ; — poésie d’entre-deux, moins vive, moins imaginative, restée plus purement gauloise ou française, plus conforme à ce que nous étions et avant Malherbe et après ; — poésie qui n’es pas pour cela la poésie académique ni le lieu commun, et qui as en toi ton inspiration bien présente ; qui, à défaut d’images continues, possèdes et as pour ressources, à ton usage, le juste et ferme emploi des mots, la vigueur du tour, la fierté du mouvement ou la naïveté du jet ; poésie qui te composes de raison et de sensibilité unies, combinées, exprimées avec émotion, rendues avec harmonie ; puisses-tu, à ton degré et à ton heure, à côté de la poésie éclatante et suprême, te maintenir toujours, ne cesser jamais d’exister parmi nous, et d’être honorée chez ceux qui t’ont cultivée avec amour et candeur !
Une chose les inquiétait beaucoup plus, c’est la connaissance qu’ils avaient de la défiance et de la profonde dissimulation de ce prince : on ne sait si elles lui étaient naturelles ou si elles lui avaient été de bonne heure inspirées parle cardinal, mais il en était venu à regarder la dissimulation comme une qualité qui lui était absolument nécessaire, et c’est à dissimuler que se bornait pour lui l’art de gouverner. » Ce lieutenant des chasses qui avait en lui, à Versailles, du Tacite et du Suétone, n’a pas fini, et il continue d’analyser son maître sur ce ton, intus et in cute.
L’empereur son époux, qui n’osait se mêler des affaires du gouvernement, se jeta dans celles du négoce… » Suivent quelques détails piquants et caustiques sur François Ier, cet époux tant adoré d’elle et si subordonné, qui, lui laissant tout l’honneur et toute la gloire de l’empire, s’était fait l’intendant, le fermier général, le banquier de la Cour, homme de négoce jusqu’à fournir au besoin en temps de guerre le fourrage et la farine aux ennemis eux-mêmes pour en tirer de l’argent ; puis reprenant le ton grave et sévère, Frédéric continue : « L’impératrice avait senti dans les guerres précédentes la nécessité de mieux discipliner son armée ; elle choisit des généraux laborieux, et capables d’introduire la discipline dans ses troupes ; de vieux officiers, peu propres aux emplois qu’ils occupaient, furent renvoyés avec ces pensions, et remplacés par de jeunes gens de condition pleins d’ardeur et d’amour pour le métier de la guerre.
Toutes ces lettres de Maurice passent par les mains du comte de Bruhl, avec qui il continue de jouer comme avec un gentil épagneul et un lutin espiègle : il faut croire que le physique du ministre y prêtait.
Charles Nodier, par inimitié contre Voltaire d’abord, par l’effet d’un retour ultra-romantique vers le passé, par plusieurs raisons ou fantaisies rétrospectives, continua de maintenir et de pratiquer l’o.
Le comte de Merle rappelé lui continua à Paris sa bienveillance active.
Tout à coup on vint l’avertir que l’empereur Alexandre, qui logeait au premier, le demandait : il se leva en recommandant à ces messieurs de continuer le triage de confiance et le brulement.
Avant qu’elle songeât à généraliser les griefs, et à y intéresser la plèbe domestique qu’elle continuait d’opprimer, il fallut qu’elle se fût bien assurée du peu de succès de son moyen ; il fallut du temps aussi pour que cette plèbe italiote comprît et s’émût.
… » Et la liste continue ; nous l’abrégerons pour ne signaler que les références médicales.
Or, que deviendraient les écrits qui prennent nécessairement l’empreinte des mœurs, si les manières vulgaires, ces manières qui font ressortir les défauts et les désavantages de tous les caractères, continuaient à dominer ?
Une difficulté extraordinaire a été levée ; dans un être dont la vie n’est qu’une expérience diversifiée et continue, on ne peut rencontrer que des impressions particulières et complexes ; avec des impressions particulières et complexes la nature a simulé en nous des impressions qui ne sont ni l’un ni l’autre et qui, ne pouvant être ni l’un ni l’autre, semblaient devoir échapper pour toujours, par nécessité et par nature, à notre être tel qu’il est construit.
Mais ces mots ne sont jamais vides chez lui : ses tableaux sont si précis que ces mots vagues, loin de les affaiblir, les achèvent, les continuent en un prolongement de rêve.
Jean Richepin continue dans notre siècle la tradition de ces réfractaires.
Fallait-il donc que l’esprit français continuât de tourner dans ce cercle du récit et de la satire, et se réduisît à la peinture et à la critique de la société française ?
Ce type admirable se continue encore quelque temps dans les premiers âges de la réflexion analytique ; il produit alors ces sages primitifs, qui ne sont déjà plus des mystagogues, mais ne sont pas encore des philosophes, et qui ont aussi leur légende (biographie fabuleuse), mais bien moins créée que celle des initiateurs (mythe pur).
Pour la France, ainsi que pour la plupart des pays d’Europe, le défrichement du pays, la multiplication des villages et des villes ont par une progression continue rendu possible une littérature élégante et polie dont le moyen âge n’a pu connaître les raffinements que par exception.
Quoique l’auteur, dans sa préface, annonce qu’il veut procéder en naturaliste et continuer, dans le domaine affectif, ce qu’il a fait pour l’intelligence, les appétits et les sensations, on ne trouve plus ici cette sûreté de méthode qui satisfait l’esprit, encore plus que ne le font les analyses et les découvertes.
Je continue de donner les simples notes qui suggèrent, chemin faisant, plus d’une réflexion littéraire : Fables de La Fontaine. — Elles amusent ; mais la morale qu’elles expriment déroute parfois les ouvriers ; ils cherchent où est la leçon.
Quand un homme instruit, un chevalier romain était au Cirque, et qu’il se trouvait par hasard assis à côté de Tacite sans savoir son nom, après un quart d’heure de conversation, s’apercevant qu’il avait affaire à quelqu’un de connu dans les lettres : « Vous êtes Pline, lui disait-il, à moins que vous ne soyez Tacite. » La postérité a continué de faire ainsi, et cette touchante confraternité dure encore.
« Elle est ravie, continue Mme de Maintenon, et trouve Athalie merveilleuse.
La comparaison qu’on faisait de ce pouvoir tout à coup si ferme, mais non pas terrible, et qui continuait d’être si doux ou même si riant dans l’habitude, avec celui du cardinal de Richelieu, charma pour un temps les esprits et fascina les imaginations.
Mais les flots passent, l’inondation baisse, et la digue insensiblement se continue.
Mazarin l’avait mis en méfiance du surintendant, et, en même temps, il lui avait offert le remède : « Sire, je vous dois tout, avait-il dit à son lit de mort, mais je crois m’acquitter en quelque sorte avec Votre Majesté en lui donnant Colbert. » Depuis longtemps, Colbert avait l’œil sur les procédés de Fouquet, sur ses irrégularités et ses dilapidations ; il avait adressé à Mazarin des mémoires détaillés à ce sujet ; il allait continuer plus expressément le même rôle auprès de Louis XIV et par son ordre ; et, s’il était poussé dans cette chasse ardente qu’il faisait au surintendant par tous les aiguillons de son ambition personnelle, il ne l’était pas moins par tous les instincts de sa nature exacte et rigide : intérêt à part, il devait en vouloir au surintendant de toute l’indignation et de toute la haine que peut avoir contre un magicien plein de maléfices et de prestiges le génie de la bonne administration et de l’économie.
Mais cette monarchie administrative n’était pas dans des mains assez fortes ni assez dignes pour que l’œuvre de Richelieu et de Louis XIV se continuât.
(on voit trop à qui il s’adresse dans son injustice et son amertume)… ; ce sont, continue-t-il, ceux qui, par un ascendant irrésistible, s’imposent à tout ce qui les entoure, et sont obéis et suivis en vertu de la seule action qu’exerce leur personne.
En littérature, la tradition sans doute est chose délicate, et qui ne se renoue pas si aisément ; mais, outre que l’héritage de ces hommes célèbres est depuis longtemps déjà aux mains d’hommes instruits et habiles qui en savent le prix et le poids, je dirai que la grande tradition ne se continue jamais par les disciples, mais par de nouveaux maîtres qui, en paraissant, reprennent l’ensemble des faits et des idées par d’autres aspects, et qui se placent d’eux-mêmes sur des hauteurs qui font la chaîne.
Il continua d’être heureux dans le second ordre.
Lui qui n’est guère porté à abuser des paroles ni à les exagérer, il va sur ce sujet jusqu’à dire : Quand cet article (de continuer de faire la guerre conjointement avec la France, et de ne point faire de paix séparée) n’existerait point dans le traité, un honnête Américain se couperait la main droite plutôt que de signer un arrangement avec l’Angleterre, qui fût contraire à l’esprit d’un tel article.
Mon seul vœu, c’est qu’en avançant, et sûr désormais de lui et de tous, comme il l’est et le doit être, il se méfie moins, qu’il s’abandonne parfois à l’essor, et qu’il ose tout ce qu’il sent ; voyageur, qu’il laisse étinceler cette larme amoureuse du beau, qui lui échappe en présence du Parthénon ou des marbres ioniens de l’Asie Mineure ; romancier, qu’il continue d’appliquer ses burins sévères et qu’il craigne moins, jusque dans la passion ou dans l’ironie, de laisser percer quelque attendrissement ; historien, qu’il laisse arriver quelque chose aussi de l’éloquence jusque dans la fermeté de ses récits ; que, dans la grande et maîtresse histoire qu’il prépare, il réunisse tous ces dons, et comme toutes ces parties séparées de lui-même, qu’il a perfectionnées avec tant de soin une à une ; qu’il les fonde et les rassemble désormais, et qu’il accomplisse avec toutes les forces qu’il possède, et avec ce feu qui unit le cœur à la volonté, cette belle histoire de Jules César, du plus ami de l’esprit entre les conquérants, du plus aimable entre les grands mortels.
Beauvoir se tourna vers une jeune femme et lui dit avec le contournement le plus xviiie siècle : « Madame, vous êtes la reine de l’omnibus, dites un mot et nous jetons nos cigares ; mais quant à ce bougre, s’il continue… je lui coupe les oreilles. » Et ce que vraiment il disait vouloir lui couper, était très loin des oreilles.
Les libelles continuèrent, s’acharnant sur ces gloires, pieux.
Si vous continuez, vous aurez des torts… Eh, que diable, la tradition !
Il continue ce difficile exercice dans son livre des Femmes du Monde, et il s’en tire avec sa souple habileté ; mais, malgré le gant de velours avec lequel il touche les papilles nerveuses des amours-propres ; malgré les clairs-obscurs qu’il jette sur cette vieille société qui, comme les femmes passées, ne peut plus faire d’illusion qu’à contre-jour et dans les pénombres, on voit bien ce qu’elle est devenue, on sent bien que ce qui était « le monde » autrefois est fini.
Ainsi, les pouvoirs de la société, au lieu de puiser dans leur communication, dans leur communauté avec elle, une vie continue, une sève sans cesse renouvelée, avaient été chaque jour minés et détruits dans leurs racines. […] Comme il était interdit de s’occuper ouvertement de politique, et d’examiner, même dans le passé, les intérêts et les droits de la nation, c’était sous le voile transparent de la polémique littéraire que les haines, les répugnances, les rancunes continuaient à se manifester. […] L’obéissance continua à être la même, le souverain fut toujours entouré de toutes les apparences du respect ; mais l’admiration et l’enthousiasme n’y étaient plus. […] Partout et toujours le sentiment de son existence continuée lui donnera la notion du temps ; il aura de même la conviction que le principe d’existence ne se rencontre pas en lui seul, et qu’indépendamment de lui subsiste le monde extérieur, ou la cause qui le produit. […] Les magistrats seuls, que leurs devoirs et leurs occupations attachaient à cette science, continuèrent à se pénétrer de son esprit.
Cette indulgence encouragea l’auteur, qui osa continuer son ouvrage et en sema les derniers livres de traits encore plus hardis et plus directs. […] Le livre de Rabelais assouvissait une haine juste, mais emportée ; on ne se demandait pas même comment cet homme, qui vivait de l’Église, tout en l’attaquant, pouvait ainsi déchirer la soutane qu’il continuait à porter. […] Si néanmoins vous continuez à vous sentir serrés par l’obligation, il faut que cette obligation cherche un objet, et cet objet n’est autre que Dieu. […] Or, la morale est une ; on ne la peut concevoir autrement ; elle est composée de sentiments qui se continuent les uns les autres ; elle est même un seul sentiment, la justice, rayonnant avec expansion vers tous les objets de nos relations. […] Sur d’autres sujets aussi, l’Hôpital, accoutumé, devant les cours de justice, à dire la vérité sans réserve et sans ménagement, continuait à le faire avec une franchise austère et quelquefois rude.
Je réclame, comme un moyen de raison publique, le changement de l’orthographe nationale, et je ne crois pas cette proposition indigne d’être adressée à des législateurs qui compteront pour quelque chose le progrès, ou plutôt, si je puis m’exprimer ainsi, la santé de l’esprit humain. » Et il continue d’expliquer parfaitement la réforme proposée, et dont quelques portions ont prévalu, m’assure-t-on, dans l’abécédaire d’aujourd’hui. […] Il voulut être tyran, bien plus ardemment que la plupart des hommes ne savent vouloir être libres, et cette volonté vive, inflexible, toujours agissante, a tenu lieu de génie à bien d’autres oppresseurs de l’humanité… » Je suis forcé, à mon grand regret, d’abréger cette page pour laquelle j’ai presque à demander pardon aux néo-terroristes d’aujourd’hui : mais voici l’adoucissement : « Quelque affreux que soit Robespierre d’après le portrait que nous en avons tracé, continue Daunou, Courtois a fait de ce personnage un portrait beaucoup plus horrible encore, et s’est attaché surtout à lui contester toute espèce de talent. […] Je ne veux pas dire que, transporté et traduit, comme il le fut alors, dans les États de l’Amérique du Sud, il continuât d’être applicable ; mais, en France, la société se faisait mûre pour les garanties qu’il réclamait, que la raison publique se mit par degrés à vouloir, à vouloir avec passion, qu’insultée un jour et défiée, elle revendiqua, trois matins durant, à la face du soleil, et qui sont à peu près obtenues.
J’avais commencé une étude sur Molière ; j’essayai de la continuer ; mais je ne pus. […] Il est écrit qu’en 1865 nos sculpteurs feront de la plastique sentimentale, nos peintres se voueront au culte de l’infiniment petit, notre musique abusera du trombone, notre poésie continuera d’être une poésie d’hôpital ou une versification de jongleurs chinois. […] Quelques-uns purent croire que le Tartuffe continuait les Provinciales, et dès que la pièce fut défendue, le mystère s’en mêlant, tout le monde voulut en goûter433.
Au milieu de son apologie, il est frappé d’apoplexie, et de son lit continue à se défendre. […] Et véritablement je crois que si le temps calme eût continué, j’aurais emporté tout le navire pièce à pièce1026. » À ses yeux, le travail est chose naturelle. […] quand, un instant après, nous entendrons le docteur continuer ainsi : « Rousseau est un des pires hommes qu’il y ait, un coquin qui mérite d’être chassé de toute société, comme il l’a été.
Enfin elle lui dit, avec un grand air de bonté, qu’elle le voyait avec plaisir à son service, et qu’elle le priait d’apprendre le russe ; puis saluant M. de Villebois, elle jeta sur son protégé le regard le plus gracieux, et continua de marcher avec les seigneurs qui l’environnaient. […] Il n’y a que le mal de facile à faire. » Quand Paul fut sur le rivage, il voulut continuer sa route, chargé de sa sœur, et il se flattait de monter ainsi la montagne des Trois-Mamelles, qu’il voyait devant lui à une demi-lieue de là ; mais bientôt les forces lui manquèrent, et il fut obligé de la mettre à terre, et de se reposer auprès d’elle. […] XI Le tableau de l’innocence de la jeunesse et de l’amour, qui s’ignore lui-même, continue en mille teintes sans jamais se lasser ; il se renouvelle comme la séve des arbustes à chaque saison.
Mirbeau découvrait que Napoléon était le dernier des imbéciles, ce grand romantique rentier révolutionnaire ne faisait que suivre les leçons de ses anciens professeurs d’histoire ; ainsi, continuait l’historien Pierre Deloire, ainsi le professeur d’histoire, étant le roi, l’empereur, le général, tenait le monde entier sur ses genoux, et il pouvait, dans le chef-lieu de son arrondissement, mépriser le sous-préfet et les sous-lieutenants d’artillerie, qui ne sont que les subordonnés de l’empereur et des généraux ; il se payait ainsi des idées que le sous-préfet manifestait sur la supériorité de la hiérarchie administrative, et les sous-lieutenants sur la supériorité de la hiérarchie militaire. […] Nous parlons d’une intime transfusion, grâce à laquelle les forces que la nature a dirigées vers des opérations différentes seraient employées à une même fin. » Ces rêves, ces imaginations nous paraissent aujourd’hui monstrueuses, peut-être parce qu’elles sont monstrueuses en effet, surtout parce que les sciences naturelles ont depuis continué à marcher, et parce que de toutes parts nous avons reçu de la réalité de rudes avertissements ; nul aujourd’hui, de tous les historiens modernes, et de tous les savants, ne les endosserait ; et non seulement il n’est personne aujourd’hui qui ne les renie, mais il n’est personne au fond qui n’en veuille à l’ancien d’avoir aussi honteusement montré sa pensée de derrière la tête ; nous au contraire, qui n’avons aucun honneur professionnel engagé dans ce débat, remercions Renan d’avoir, à la fin de sa pleine carrière, à l’âge où l’homme fait son compte et sa caisse et le bilan de sa vie et la liquidation de sa pensée, achevé de nous éclairer sur les lointains arrière-plans de ses rêves ; par lui, en lui nous pouvons saisir enfin toute l’orientation de la pensée moderne, son désir secret, son rêve occulte. […] Nous sommes ainsi conduits au seuil du plus grand débat de toute la pensée moderne ; au cœur de la plus grande contrariété moderne ; et c’est sur ce seuil que nous nous arrêterons, pour aujourd’hui, car il est évident que ce simple avant-propos ne peut devenir ni un traité, ni même un essai de la manière d’écrire l’histoire ; c’est déjà beaucoup, peut-être, que d’avoir commencé de contribuer à la position du débat ; et nous reconnaissons ici que ce débat n’est autre que le vieux débat de la science et de l’art ; mais c’est un cas nouveau, et particulièrement éminent, de ce vieux débat général ; d’un côté ceux que nous avons nommés les historiens modernes, c’est-à-dire, exactement, ceux qui ont voulu transporter, en bloc, les méthodes scientifiques modernes dans le domaine de l’histoire et de l’humanité ; nous avons aujourd’hui recherché leurs intentions, mesuré leur présomption, non pas seulement sur des exemples éminents, sur deux exemples capitaux, mais sur les deux exemples qui commandent tout le mouvement, étant à l’origine, au commencement, au moment de la franchise enfantine, et le dominant tout ; de l’autre côté, en face des historiens modernes, et non pas contre eux sans doute, car il s’agit d’un débat, et non pas d’un combat sans doute, en face des historiens modernes tous ceux de nous qui ne transportons point en bloc les méthodes scientifiques modernes au domaine de l’histoire et de l’humanité, qui ne transmutons point servilement les méthodes scientifiques modernes en méthodes historiques ; tous ceux de nous qui croyons qu’il y a, pour le domaine de l’histoire et de l’humanité, des méthodes historiques et humaines propres ; des méthodes humainement historiques ; nous nous arrêterons, pour aujourd’hui, au seuil de ce débat ; c’est assez écrit pour un cahier, pour l’avant-propos d’un cahier ; gardons-nous quelque travail pour les veillées de cet hiver ; en outre, je parviens au point de nos recherches où il me serait presque impossible de continuer sans commencer à parler de Chad Gadya !
Après ces préliminaires mal fagotés dans lesquels j’ai essayé de me rendre un peu compte des quelques petites idées de détail que j’avais à apporter dans le débat, et que lui abandonne, il me reste à continuer à coups de ciseaux l’inventaire des matériaux que j’ai sous la main. […] S’ensuit-il que les Grecs et leurs imitateurs aient rempli le but de l’art, au point que, désespérant de les égaler, il ne nous reste qu’à les copier et les traduire, à peine d’une décadence continue et inévitable ? […] Et le philosophe continue : « Que le peuple, se reconnaissant à sa misère, apprenne à rougir de sa lâcheté et à détester ses tyrans ; que l’aristocratie, exposée dans sa grasse et obscène nudité, reçoive, sur chacun de ses muscles, la flagellation de son parasitisme, de son insolence et de sa corruption. » Je passe quelques lignes et j’arrive à la conclusion : « Et que chaque génération, déposant ainsi sur la toile et le marbre le secret de son génie, arrive à la postérité sans autre blâme ni apologie que les œuvres de ses artistes. » Ces quelques mots ne font-ils pas oublier les sottises qu’on ne devrait ni écouler ni entendre, mais qui agacent comme une mouche persistante dans ses bourdonnements ? […] Après de pareilles citations, continue le critique, et nous pourrions les prolonger longtemps, avons-nous besoin de dire que M.
Loin de ressemblera un pirate et de se réjouir des naufrages, il est quelquefois comme le pilote côtier qui va au secours de ceux que surprend la tempête à l’entrée ou au sortir du port. » Continuons la comparaison. […] Il regrette que dans les lycées et collèges on n’ait pas égard à la diversité de condition des élèves ; il y trouve l’éducation trop égalitaire et, s’il défend l’enseignement du grec et du latin contre ceux qui l’attaquent, son argument suprême, celui de son cœur, c’est qu’à ses yeux cet enseignement est forcément aristocratique : « L’esprit d’aristocratie tend, dit-il, à continuer, perpétuer, consacrer d’âge en âge les inégalités naturelles ou acquises. » Aussi, vive la tradition ! Quand il attaque la Révolution, c’est parce qu’elle a essayé de briser cette tradition sacro-sainte ; quand il lui pardonne, c’est en songeant qu’un peuple ne peut, quoi qu’il fasse, ni interrompre ni recommencer le cours de son existence et que la tradition continue quand même. […] Brunetière continue, infatigable. […] « Je vois bien, dit-il, la perfection de cet art ; mais la perfection m’en irrite ; car elle m’en paraît l’extrême bassesse. » Voilà Scribe dûment accommodé, et du même coup sont atteints tous ceux qui continuent trop heureusement le commerce de l’heureux fabricant.
Mes cris amusaient ces deux stupides filles, qui continuaient de plus belle. […] J’allai d’abord en avant, puis je restai en arrière du groupe qui continuait à marcher, et me ménageait, en réalité, une sortie furtive, qui éviterait les adieux. […] Quand je compris qu’on allait couper ces beaux cheveux, je me mis à crier et à pleurer, et je me jetai sur la sœur pour l’empêcher de continuer. […] Mon père était blême et tremblant de fureur ; il continuait à couvrir d’injures véhémentes « le misérable, qui avait osé lui offrir une somme énorme, pour louer je ne sais quoi d’idiot ! […] Ses longues mains, voilées de mitaines, faisaient toujours du filet, et la levrette Flox, fragile et gracieuse, continuait à ne pas vouloir poser ses pattes sur le parquet.
Je me résignai sagement à garder le silence, et j’attendis un temps plus heureux dans la retraite : il me parut impossible de continuer une analyse que trop de précautions indispensables embarrassaient. […] On dirait, tant il a façonné ses inventions et sa langue sur les formes et la mélodie des anciens, non qu’il imite leurs ouvrages, mais qu’il les continue. […] Un faible monarque est d’abord le chef de la guerre contre la ligue ; et le roi vaillant qui lui succède est ensuite le chef qui continue la même guerre. […] Les prouesses de Roger continuent. […] Nous verrons dans la suite en quoi consiste la condition du sublime ; continuons d’approfondir l’essence du merveilleux, auquel nous avons découvert trois sources originelles.
Chez nos voisins, les époux, quelle que soit leur contribution au peuplement de la vieille Angleterre, continuent de vivre l’un pour l’autre. […] Tu vois que, s’il continue de grandir à l’extérieur comme à l’intérieur, il promet d’atteindre une assez belle taille. […] Talma continua : — Comment ! […] Le Nord pauvre continuait à tirer vers lui, par la violence ou par la persuasion, le Midi riche. […] Et cette élégance raffinée se continue dans les longues boucles en torsade qui retombent en avant, creusées de délicates lignes en hélice, d’une précision parfaite.
Partant, prenez patience aussi bien que moi, et continuez à bien faire. » Cette grande et colossale fortune de Sully, ai-je dit, est lente à se construire et à s’élever : au moment où Henri IV entre dans Paris et pendant les années qui suivent, il n’est que simple conseiller d’État.
On n’entrevoit, dans cette jeunesse de Bourdaloue, aucun de ces écarts, aucun de ces orages qu’a laissé apercevoir la jeunesse de Massillon ; aucune variation ne s’y fait soupçonner ni sentir : et bientôt son talent d’orateur sacré nous le dira encore mieux dans la droiture continue de sa simplicité éloquente.
Qu’il se glisse dans ses calculs la moindre erreur, et les plus heureuses combinaisons de stratégie sont manquées, des foules de braves périssent en pure perte, la patrie même peut devenir victime d’une seule de ses fautes… Et il continue cette définition et ce tableau en l’élevant à toute sa hauteur.
Un petit nombre abandonne la foule, demande les yeux levés la richesse du ciel, et gagne les seuls biens réels, vérité, sagesse, grâce, et une paix pareille à celle de là-haut… Alors il se met à examiner les différents jeux, ces cailloux de différentes couleurs que s’amusent à ramasser les hommes et qu’ils continuent souvent de rechercher jusque dans la retraite et la solitude : car la plupart ne la désirent que pour s’y plus abandonner à leurs goûts favoris, et pour mieux caresser leur passion secrète.
La place que vous occupez aujourd’hui, continuait donc l’abbé de Caumartin, en prenant résolument l’encensoir, vous était due depuis longtemps.
Et c’est de la sorte que, par le seul mouvement de la critique, on maintiendrait la tradition, qu’on la conserverait sensible et vivante, en même temps qu’on la continuerait avec progrès.
Il continuait, il est vrai, d’écrire dans son journal qu’il ne se croyait pas de talent ; il se le démontrait de son mieux dans des pages subtiles et charmantes, et qui prouvaient ce talent même.
Nous le dirons de même de ce récit, tout composé et comme pavé de pièces du temps : nous y marchons à chaque pas sur du Louis XIV, sur du Louvois, sur du Vauban, sur du Luxembourg ; c’est une chaussée historique continue.
Averti par l’ambassadeur, le Pape loua Montaigne d’être bon catholique et l’engagea à continuer.
Parmi ces lettres attribuées après coup à de grands hommes, et qui ne sont pas indignes d’eux par le talent et l’art, je n’ose compter les lettres fort nobles de Brutus à Cicéron ; elles méritent trop d’être vraies, et s’il y a moyen de continuer à les croire telles, tenons-nous-y.
Conçut-il, dans les heures de loisir qui lui étaient laissées, l’idée d’écrire ou plutôt de continuer ses Commentaires ?
On pourrait longtemps continuer sur ce ton avec les Le Nain, mais le principal est dit.
C’est ainsi que Rivarol, blâmant les forfanteries de l’impiété dans la jeunesse, disait : « L’impiété est la plus grande des indiscrétions. » Mais ce n’était pas seulement en ce sens trop fin et malin que la France du XIXe siècle entendait blâmer les licences de ses pères ; elle les réprouvait en elles-mêmes comme fausses et funestes, et contraires au bon régime des sociétés humaines ; elle comptait bien, d’ailleurs, emprunter au XVIIIe siècle tout ce qui était progrès, résultat utile, lui prendre ses méthodes, mais pour les perfectionner ou les rectifier, à la lumière des grands événements historiques qui avaient éclairé son berceau : elle entendait le continuer en le corrigeant, en se garantissant avec soin surtout de ses conclusions tranchantes et précipitées.
. — Je ne fais que donner la note et le motif ; on peut continuer et varier sur ce ton.
Sa nomination, proclamée avec d’autres en séance solennelle au Louvre, fut accueillie par une double salve d’applaudissements, Quelque temps après, Gavarni, qui s’entend peu aux compliments, alla chez M. de Nieuwerkerke : « J’ai voulu voir, lui dit-il, celui qui a eu l’idée de décorer Gavarni. » Arrivé à la plénitude de la vie, à la conscience du talent satisfait qui désormais peut indifféremment continuer ou se reposer, et qui a fait sa course, — après bien des traverses et une de ces douleurs cruelles qui éprouvent à fond le cœur de l’homme35, — Gavarni ne formait plus qu’un souhait : rêver, travailler encore, et trouver son dernier bonheur, comme Candide, à cultiver son jardin.
Tandis que Corneille redouble et produit sur la scène cette série de chefs-d’œuvre grandioses et trop inégaux, l’éducation des esprits se poursuit concurremment et se continue de moins haut par les romans des Gomberville, des Scudéry, par les traductions de d’Ablancourt, par les lettres des successeurs et des émules de Balzac et de Voiture, par les écrits théologiques d’Arnauld et de Messieurs de Port-Royal : — autant d’instituteurs du goût public, chacun dans sa ligne et à son moment.
Sa première et sa plus chère idée, dès qu’elle le vit en âge, fut de penser à l’éloigner de ses États héréditaires et à le reléguer au loin sur un trône, elle devant continuer de régner et de gouverner par elle-même ou par ses ministres favoris.
Le livre d’Émile, résultat de sa première éducation romanesque, et où il jeta son premier cri, est à la fois une confession déguisée à peine, et une imitation littéraire du genre mis en honneur par Chateaubriand, et qui se continuait chaque jour avec faveur par Adolphe, Édouard, Ourika , … toute cette postérité de René.
Continue, mon ami, tes généreux efforts, Brutus désespéra trop tôt du salut de Rome aux champs de Philippes… » Voilà notre défaut tout cru.
On en a vu de très vives et agréables sur son intérieur, quand elle n’était que Dauphine ; il ne paraît pas qu’elle ait continué avec ce détail depuis qu’elle était reine.
Ces années de sécheresse sont fréquentes et continues.
Saint-Simon, ne se méfiant de rien, ne donna point pourtant dans cette idée à laquelle il vit des inconvénients, et le duc de Noailles ne continua pas moins de la semer et de l’insinuer parmi les ducs, chez qui elle devint prétention, et une prétention qui, se répandant, soulevait contre eux les gens de qualité et la noblesse.
Ce qu’il y a de certain, c’est que les mémoires du temps continuent d’en faire un bouc émissaire.
Sans compter même les reproches publics que lui adressa plus d’une fois Napoléon à ce sujet et qui équivalent à un démenti, il semble que Talleyrand n’avait pu dès le principe se prononcer aussi absolument qu’il l’a prétendu contre toute intervention dans les affaires d’Espagne : sans cela, l’empereur ne lui aurait pas écrit de Bayonne, comme il le faisait (25 avril 1808) : « Je continue mes dispositions militaires en Espagne.
Mais continuons, en supprimant à regret bien des détails dont aucun n’est superflu : « Quand on voit blanchir les haies que l’hiver avait noircies, une noce du peuple, ah !
Je pourrais continuer en bien des sens à épiloguer de la sorte, et harceler l’auteur sur bien des points, tant pour ce qu’il dit que pour ce qu’il ne dit pas.
« Une expression d’un goût aussi moderne que celle de l’héréditaire éclat suffit sans doute, ajoute-t-il, pour détruire toute l’harmonie de la couleur antique. » Et il continue de raisonner en ce sens.
Pendant que Mme de Duras écrivait dans les matinées ces gracieux romans où la qualité de l’écorce déguisait la sève amère, elle continuait de recevoir et de charmer le monde autour d’elle, malgré une santé de plus en plus altérée.
Il continua à parler en langage divin avec les hommes lettrés, et à s’entretenir, jusqu’à son dernier soupir, avec les hommes simples dont il avait décrit tant de fois les mœurs, les travaux et les misères dans ses poèmes.
De même que ce corps, institué sous les auspices des Dieux par le père et le fondateur de Rome, ce corps, continué et immuable depuis nos rois jusqu’à nos Césars, nous a été transmis par nos ancêtres, de même nous devons le transmettre à nos descendants ; car c’est de vous qu’émanent vos sénateurs romains, et c’est de vos sénateurs qu’émanent vos princes. » XXVIII Ce discours assoupit plus qu’il ne calma Rome.
Fior d’Aliza reprit la place qu’elle avait laissée, et continua en regardant sa tante : — Je partis à pied avec cette lettre, et en promettant à mon père et à ma tante de revenir ainsi de Livourne tous les samedis pour leur rapporter tout ce qui serait nécessaire à leur vie, et pour passer avec eux le dimanche à la cabane, seul jour de la semaine où les galériens ne sortent pas pour travailler dans le port ou pour balayer les grandes rues de Livourne.
Souvent la métaphore se continue en plusieurs mots, dont l’un exprime la comparaison des deux objets, et les autres ce que l’on compare en eux.
Le public semble incertain : Scudéry, qui est dans le camp d’Aristote, continue à faire des pièces irrégulières « pour contenter le peuple ».
étudier l’homme tel qu’il est, non plus leur pantin métaphysique, mais l’homme physiologique, déterminé par le milieu, agissant sous le jeu de tous ses organes… N’est-ce pas une farce que cette étude continue et exclusive de la fonction du cerveau, sous prétexte que le cerveau est l’organe noble ?
Nous pourrions continuer, et montrer que tout se passe de même dans toute la science mathématique comme dans ses applications.
» Il ne suffit pas au Christ de constater : « Mon effort a été vain. » Il continue gravement : « Et je n’ai pu réussir. » S’il gémit sur sa responsabilité, après avoir soupiré : « Combien j’en éprouve le poids !
Joubert continua de vivre et de penser, mais avec moins de délices ; il s’entretenait souvent d’elle avec Mme de Vintimille, la meilleure amie qu’elle eût laissée ; mais rien ne se reforma de tel que la réunion de 1802, et, dès la fin de l’Empire, la politique et les affaires avaient relâché, sinon dissous, les relations des principaux amis.
Il reprenait aussi le sien ; mais la lampe infidèle, éteinte avant le jour, ne tardait pas à lui manquer de nouveau ; alors il s’approchait du four ouvert et enflammé, et continuait, à ce rude soleil, la lecture de Tite-Live ou de César.
De ces divers écrivains, ainsi agrégés, qui avaient commencé ou qui continuèrent alors de concert la fortune du journal, quatre noms sont restés de loin associés dans le souvenir comme représentant la critique littéraire sous l’Empire : Geoffroy, Dussault, Hoffman et M. de Féletz, qui vient de mourir le dernier.
Et il continue, avec ce sentiment de bonhomie, d’observation et de vérité naïve, à développer un tableau où tout est parfait, où tout enchante, et où il n’y a que le nom de Maman appliqué à Mme de Warens qui froisse moralement et qui fasse peine.
Jean-Jacques Rousseau continuera après lui, et renchérira dans l’éloge et la revendication des vertus naturelles ; mais quelle différence dans le procédé et dans le ton !
Après lui, on a continué de faire des fables, et l’on en a fait de bonnes, de justes, d’agréables ; La Motte lui-même, le duc de Nivernais, l’abbé Aubert, M.
Ainsi me dorlotant de corps et d’esprit…, etc. » Et il continue cette description aimable et souriante dans un style égayé qui tient à la fois de l’Amyot et du Montaigne.
Après une première station à Toulouse d’où elle continuait de correspondre avec sa royale élève et où elle vint à bout de parer l’exil pour l’Italie, elle reçut l’ordre tant désiré de venir à Versailles, et dès lors elle ne douta plus du succès final et du triomphe.
La guerre de la Succession d’Espagne, que commença l’ambition du côté de la France et que l’ambition continua du côté opposé, était ce qui avait paru jusqu’alors, et depuis bien des siècles, de plus extraordinaire et de plus vaste au point de vue soit militaire, soit historique.
La guerre ayant recommencé en 1701, il fut nommé pour servir en Flandre ; il devint, en 1702, lieutenant général, et continua d’être employé les années suivantes.
Il continua d’écouter l’harmonie des sphères, de croire et de dire « que le genre humain marche vers sa perfection ; que nos aïeux ont traversé l’âge de fer, et que l’âge d’or est devant nous ».
Ainsi s’établissent entre les voies nerveuses, comme entre les voies ferrées, des bifurcations analogues à celles où l’aiguilleur détermine la marche des trains ; la succession des idées, même de celles que nous reconnaissons ensuite pour similaires, est provoquée par la rencontre, au point de bifurcation, de deux trains d’images dans des régions continués du cerveau.
Puis il revient à moi, et me crie que le grand Gavarni, l’immense Gavarni, le Gavarni qui touche à Michel-Ange est dans ses premières œuvres, mais qu’au sortir du Charivari, ce n’est plus qu’un procédé, qu’une manière… Il continue, dans une espèce de bagout à la Chenavard, à dire des choses qu’on ne dirait pas à un porteur de bandes.
Ce réquisitoire, commencé par Pline contre Hipparque, est continué par l’inquisition contre Campanella.
Gustave Kahn, dit-il, innova une strophe ondoyante et libre dont les vers, appuyés sur des syllabes toniques, créaient jusqu’en sa perfection la réforme attendue ; il ne leur manquait qu’un peu de force rythmique, à telles places, et une harmonie sonore plus ferme, et plus continue que remplaçait d’ailleurs une heureuse harmonie de tons lumineux.
Après la Jeunesse, la série continue glorieuse.
Que les roïaumes et les republiques, dira-t-on, se mettent dans la necessité de ruiner, ou leurs sujets qui leur auront prêté, ou le peuple qui soutient ces états par un travail qu’il ne sçauroit plus continuer dès qu’il est réduit dans l’indigence.
Cela demandait une étude trop continue et trop à fond pour un simple bas-bleu, qui tient à passer pour savante, mais qui a, dans sa robe, tout autre chose qu’un Bénédictin.
À une époque où les dernières Philosophies sont des outrages insensés à l’intelligence humaine, si cette intelligence humaine n’était pas profondément et abjectement dégradée, — et dégradée au point d’admettre ces Philosophies ou au moins de les discuter, — Saint-Bonnet a grande chance, avec son livre de la Douleur autant qu’avec ses autres livres, de rester sans aucune influence sur le monde et de continuer autant que jamais, dans l’indifférence universelle, cette belle Harmonie de Lamartine : Le Génie dans l’obscurité.
Je parle de son esprit même, de cet esprit que des lettrés superficiels, convertis à sa tendresse de cœur par les délicieuses choses qu’il a écrites, mais rétifs et résistants à la douceur de son génie, non moins réelle que la tendresse de son âme, continuent d’appeler un esprit absolu et dur parce qu’il ne croit pas que la vérité se plie et se chiffonne comme une de nos loques matérielles ; parce que, ne pouvant y rien changer et historien de la Providence, il proclame le dogme de l’Expiation, — dont il n’est pas l’auteur plus que de cette mort par laquelle l’homme expie ses fautes !
Maintenant, cherchez (même dans la littérature européenne) une poésie d’une verve aussi violente et aussi continue !
Car le type a disparu, et les auteurs de vaudevilles, les romanciers, les chansonniers ont continué de le peindre et de le chansonner comme s’il était encore vivant.
Il a commencé par la centralisation financière, il continue par la centralisation judiciaire et pédagogique.
Mais continuez ; cela deviendra plus clair.
Mais cette étude profonde de la poésie grecque, ce sentiment du beau qui remonte, non pas au type divin, mais aux copies sublimes de l’art, ce second enthousiasme, né de l’admiration et du goût, continuera de suivre la trace marquée par Catulle.
Il y continua les mêmes accents sous un ciel plus favorable et dans l’ardeur d’un apostolat plus impérieux : mais en même temps il y fut poëte de la nature et de la vie privée ; il y fut poëte inspiré par les lieux comme par les souvenirs, mêlant ses joies de famille à ses épreuves de missionnaire, son amour humain à ses espérances célestes.
Je ne la reprends de préférence, que parce que vous l’avez approuvée ; je continuerai simplement à démontrer que toutes les branches de la littérature partent de la connaissance du cœur de l’homme. […] L’allusion continue, et devient d’instant en instant plus frappante, quand la déesse des combats apparaît tenant un mortier, et demandant au Tumulte personnifié des pilons qui désignent allégoriquement Brasidas, Cléon, et Alcibiade, que leur ambition rendit les fléaux de Sparte et d’Athènes. […] Ce serait trahir la vérité que de nier la valeur des titres qui rendirent sa philosophie si recommandable aux yeux des plus doctes anciens, après avoir lu les Oiseaux, les Chevaliers, les Nuées, et le Plutus, dont l’examen m’offrira l’occasion de continuer l’éloge de ce poète original. […] Si la multitude éblouie continuait à mettre ce genre en vogue, le cothurne ne tarderait pas à dégénérer de sa noblesse. […] Assurons-nous bien qu’il eût continué de la recevoir par de nouvelles peintures du ridicule, s’il eût existé cent ans.
Réunis, ils forment un chaînon important dans la grande chaîne continue de la Renaissance. […] Lorsque je continuai seul ma route, je me mis à trembler. […] » Si l’on se figure, pour peu que les choses durent ainsi, ce que les hommes deviendront à ce régime, on les voit ainsi dans un lointain avenir, prochain peut-être : « Je passe au milieu de ce peuple et je tiens mes yeux ouverts : ils sont devenus plus petits et ils continuent à devenir toujours plus petits. […] Et maintenant songez à l’habitude, à la tradition, à l’hérédité ; et songez que la morale, comme du reste la religion, se continue et se prolonge parmi les hommes par une sorte de fatalité atavique, par une sorte de soumission à l’usage et aux mœurs, de sorte que la « lâcheté et la paresse sont les conditions premières de la moralité » ; et vous aurez dans toute sa suite l’histoire de la morale dans le monde humain. […] L’estime de ceux qui confèrent l’estime, la joie de ceux à qui nous voulons du bien ou de ceux que nous vénérons, dans certains cas la gloire et une immortalité relative de la personne, c’est là le prix qu’on peut attendre pour cet abandon de la personnalité : sans parler ici de résultats et de récompenses moindres, bien que ce soit justement à cause de ceux-ci que la plupart des hommes ont juré fidélité aux lois de cette république et en général à la science, et qu’ils continuent toujours à y demeurer attachés.
Les dames se fardent599, se mettent des mouches600, étalent des robes de satin et de velours magnifiques, toutes galonnées d’argent et traînantes, au-dessus desquelles paraît la blancheur de leur poitrine, dont l’éclatante nudité se continue sur toute l’épaule et jusqu’au bras. […] Au retour, elle continue par des lettres qu’on écrit le soir, par des madrigaux ou des épigrammes qu’on lira le matin, par des tragédies de salon ou des parodies de société. […] Dorset ne s’en afflige guère, continue à jouer avec la poésie, sans excès ni assiduité, au courant de la plume, écrivant aujourd’hui un couplet contre Dorinda, demain une satire contre M. […] « Pourtant, charmante fleur, ne dédaignez pas cet âge que vous allez connaître si tôt ; le matin rose laisse sa lumière se perdre dans l’éclat plus riche du midi623. » Tous ses vers coulent avec une harmonie, une limpidité, une aisance continues, sans que jamais sa voix s’élève, ou détonne, ou éclate, ou manque au juste accent, sinon par l’affectation mondaine qui altère uniformément tous les tons pour les assouplir. […] La seconde continue la première, la troisième achève la seconde, la quatrième complète le tout ; un courant s’est formé qui nous porte, nous emporte et ne nous lâche plus.
Mais quand un poëte plus raisonnable s’est deffendu de cette yvresse, par des réfléxions solides et continuées, qui se sont enfin tournées en principes ; quand il a conçû que son art n’est comme tout autre qu’un exercice de l’esprit, qu’on n’apprend bien qu’aux dépens de quelque autre chose qu’on néglige ; que la plûpart de ceux qui excellent dans les autres arts auroient excellé dans le sien, si leur éducation y avoit été aussi favorable, et si les diverses circonstances de leur vie avoient tourné de ce côté-là leurs efforts et leur ambition ; il reconnoît alors dans toutes les professions des égaux et des supérieurs ; il découvre dans bien des gens qui ne sont pas poëtes, plus d’imagination, plus de sentiment, plus de raison qu’il n’en eût fallu pour le surpasser. […] La conversation continua un peu de la part de M. […] Je me contentai d’avoir lutté heureusement contre M. l’abbé Regnier ; et je ne me proposai point de continuer l’ouvrage dont l’étenduë et la difficulté effrayerent également ma paresse et mon peu de génie ; car je me flatte d’en sentir encore mieux les bornes que ceux qui m’en accordent le moins. […] Je sentis en voulant continuer, l’impossibilité de réüssir par la même méthode, il me parut que des changemens legers ne suffiroient plus pour le reste. […] C’est que la prévention se laisse vaincre insensiblement, malheur à qui l’attaque le prémier ; il en essuye toute l’opiniâtreté et tout l’emportement ; mais de jour en jour elle s’affoiblit, et il ne faut que continuer de la presser pour la détruire.
Continuons donc. […] Malheureusement on peut s’assurer à la lecture de ces romans par trop colorés, rehaussés de descriptions, bariolés d’épithètes, que la pensée de leur auteur a continué à se concentrer tout entière sur le côté plastique de la nature. […] Et qu’on me permette de continuer ma comparaison, il est d’une légèreté de jugements qui lui donne le même scepticisme qu’à l’enfance et je suis encore persuadé que de très bonne foi, il se croit homme de convictions.
L’examinateur ne répondait rien, et continuait à feuilleter l’énorme monographie, lorsque, tombant sur notre nom, au bas d’une note, il s’écriait : « Ah ! […] J’appris longtemps après, que c’était un vieil homme, que ses cheveux étaient blancs, ce qui fit s’évanouir mon rêve, mais je lui continuai toujours mon culte, que je voulus ne pas rendre vulgaire par une correspondance, qui aurait été méprisée par l’auteur lui-même, si j’en crois certains interviews récents. […] « Quand j’allai toucher mon article, je fus payé, mais le rédacteur me dit que je ferais bien de quitter Lyon, parce que des gens, ayant l’air de méchants garçons, indignés de cet amalgame du Père Félix avec Rigolboche, étaient venus demander mon adresse. » Et dans le bruit des conversations, j’entends vaguement la fin de la monographie d’Adolphe Dumas, continuée par Mistral : Adolphe Dumas, ne cessant de répéter, en faisant allusion à la pauvre auberge de son père : — Et cependant j’avais un grand-père qui portait des bas de soie !
Le génie fier, libre et joyeux de Cervantes a fini par s’ouvrir sous les coups d’une adversité continue, et l’étrange créature est venue au monde semblable de tout point à son père par la tournure, le caractère et le tempérament. […] Cette méditation trop continue dérange l’équilibre de ses facultés et le fait incliner vers un certain scepticisme élevé et découragé qui le rend incapable de choses que le plus vulgaire des hommes mènerait à bonne fin. […] Oui, Werther pourrait continuer à vivre, si l’on entend par là déjeuner et dîner, dormir et bâiller, marcher ou parcourir d’un œil ennuyé les pages d’un livre qui ne dit plus rien à l’esprit ; mais si par vivre l’on entend aimer, sentir, s’émouvoir, désirer, Werther ne le peut plus. […] Nous ne les voyons pas, mais notre aveuglement n’empêche en rien leur existence, et ils continuent leurs promenades dans nos rues ou leurs visites dans nos maisons sans se soucier de savoir s’ils sont remarqués. […] Il connaissait assez la vie pour savoir que le proverbe qui sert de titre à l’une des comédies de Shakespeare, Tout est bien qui finit bien, trouve rarement son application, et qu’on doit s’estimer fort heureux quand le proverbe peut être ainsi transformé : Tout est bien qui continue médiocrement.
Un autre prêtre debout, fort empanaché, tout caparaçonné de pierreries et de perles, encourage le patient à continuer. […] Puis la ligne des sommets se continue, très longue comme la crête d’un mur, jusqu’au Thymphreste, grande cime claire, piquée d’un étincellement de paillettes neigeuses. […] Mais il est assez riche pour sacrifier délibérément ce que j’appellerai (pour continuer notre métaphore photographique) les « ratés ». […] Émile Zola, lui-même, homme casanier, pensa que ce mouvement centrifuge ne pouvait pas continuer sans lui et organisa des tournées. […] Ainsi continue « l’éphémère enlacement qui s’égaille en fuites vers le repos des chaises dorsales aux murs ».
Rompre sans cesse le développement rationnel d’un roman tragi-comique, commencer arbitrairement, continuer et finir de même, jeter au hasard, pêle-mêle, sans suite, une foule d’images, de sentiments et de saillies : voilà le programme qu’il suit et qu’il nous propose. […] Ce qui dans le dénouement tragique est détruit, c’est seulement la particularité exclusive… Au-dessus de la simple terreur et de la sympathie tragiques plane le sentiment de l’harmonie que la tragédie maintient en laissant entrevoir la justice éternelle qui, dans sa domination absolue, brise la justice relative des fins et des passions exclusives, parce qu’elle ne peut souffrir que le conflit et le désaccord des puissances morales, harmoniques dans leur essence, se continue victorieusement et conserve une existence réelle et vraie.
Nous continuons par conscience, et, dans la peinture de la Mélancolie et de son palais, nous trouvons des figures bien autrement étranges : « une jarre qui soupire, un pâté d’oie qui parle, des hommes qui, travaillés par l’imagination, se disent en mal d’enfant, des filles qui se croient changées en bouteilles et demandent à grands cris un bouchon1117. » Nous nous disons alors que nous sommes en Chine ; qu’à une si grande distance de Paris et de Voltaire il ne faut s’étonner de rien, que ces gens ont d’autres oreilles que les nôtres, et qu’à Pékin un mandarin goûte avec délices un concert de chaudrons. […] Ils montrent un esprit libéral, une modération continue, une raison impartiale.
Il est vrai qu’il avait alors en Irlande un autre amour, et qu’il pouvait désirer que les deux rivales continuassent de s’ignorer, mais lorsque cet obstacle eut disparu, lorsque cette autre femme elle-même eut succombé, abreuvée de jalousie, de honte et de douleur, pourquoi refusa-t-il d’avouer la suppliante Stella pour sa femme ? […] Swift, dans une troisième lettre, excita l’indignation de la noblesse d’Irlande contre le ton dominateur du conseil privé : « Appeler clameur 46 les adresses des deux Chambres du Parlement d’Irlande ; si l’on parlait dans ce style au Parlement d’Angleterre, je voudrais savoir combien de mises en accusations en seraient la suite. » Sans s’inquiéter de répondre au conseil, Swift continue d’affirmer, sur l’autorité « d’une personne très habile », que la monnaie de Wood est de mauvais aloi, et à déplorer l’asservissement de la nation livrée à un voleur.
Par des commentaires du texte évangélique son livre débute, et se continue : mais l’autorité de Jésus est secondaire, le résultat d’une antérieure théorie personnelle. […] Chamberlain, de ce que je ne méconnaîtrais aucune nuance du langage Wagnérien, j’ai tenté cette tâche… Ce premier fragment est une épreuve ; avant que continuer en commun l’énorme travail d’une littérale traduction de la Tétralogie, il importait que fût soumis à la critique Wagnérienne le système, et un exemple.
Ses liberalitez et son accüeil attirerent les peintres en France ; mais bien que continuées durant un regne de trente-trois ans, elles ne purent former de grands peintres parmi ses sujets. […] Mais bien-tôt, continuera-t-on, tous les romains sortirent de cette ignorance, et bien-tôt le simple soldat ne brisat plus les vases précieux en saccageant les villes prises.
Malgré cet échec, le haut et le bas clergé, continuaient leur œuvre. […] « Et dans le cas où, invinciblement retenus par votre manque séculaire de franchise, vous continueriez à garder l’attitude qui consiste à couvrir un homme de louanges, à le magnifier en toutes occasions, et à feindre de vous emporter contre ceux dont il a fait la puissance et qui deux siècles après, s’en sont servis contre vous, vous saurez que nous sommes autorisés par cela même à vous tenir désormais pour hypocrites et comédiens.
[NdA] Ceci encore rappelle une des belles comparaisons d’Homère lorsqu’au chant XIme de l’Iliade, pour exprimer les douleurs d’Agamemnon blessé à la main ou à l’avant-bras et voulant continuer de combattre, il assimile les élancements qui le prennent tout d’un coup et ne lui laissent pas de répit à ceux d’une femme en couche.
Nous continuons de faire le même vœu, avec cette différence que, lui, il semblait accuser du retard tantôt le gouvernement d’alors avec sa censure, et tantôt le public français avec ses susceptibilités : « C’est cependant à ceux-ci, disait-il des Français de 1825, qu’il faut plaire, à ces êtres si fins, si légers, si susceptibles, toujours aux aguets, toujours en proie à une émotion fugitive, toujours incapables d’un sentiment profond.
Cette société, plus ou moins fréquentée et renouvelée par portions, mais toujours de grand choix et d’élite, se continua pendant plusieurs années ; on y traitait à fond les questions d’analyse interne.
Même en rabattant beaucoup de ces pompeux éloges, on a peine à se figurer d’abord qu’ils portent tout à fait à faux ; lorsqu’on jette un coup d’œil rapide sur les traductions en prose de Marolles, comme elles ne paraissent pas plus mauvaises absolument que d’autres de la même date, on se dit qu’elles ont pu être utiles en effet aux gens du monde, aux dames, et que Marolles a continué en cela de remplir sa fonction de latiniste de société.
J’ai dit que son salon s’était renouvelé et comme rajeuni ; elle avait compris que « quand on est vieille, c’est encore aux vieux qu’on plaît le moins. » Or, plusieurs des jeunes amis de Mme Swetchine étaient de l’Assemblée, prenaient une part active et brillante aux luttes de la Constituante et à ses déterminations ; ils venaient là en sortant des séances et continuaient d’y agiter toutes les questions qui semblaient alors pour la société des questions devie et de mort.
Rien n’est neutre en ce monde, excepté vous ; le jour n’est pas neutre envers la nuit ; la vie n’est pas neutre envers la mort… » Et il continue sur ce ton déclamatoire.
« Cette démarche a donné une bonne opinion du Comité d’Auteuil. » Les dons civiques continuent : le 12 brumaire an II (2 novembre 1793), la citoyenne Boufflers, avec sa bru, donne 100 livres, pour repas au détachement de l’armée révolutionnaire ; le 14 du même mois de novembre, elle faisait un don d’argenterie de plus de 90 livres.
Un incident majeur, l’exil du supérieur et du curé de la paroisse, les ayant interrompues, il eut la pensée de les continuer à son compte et de les présider.
Ils l’ont commencée du côté gauche du pavé, ils la continuent du côté droit ; c’est la seule différence qu’il y ait dans leurs habitudes entre le matin et le soir. » Voilà le commentaire du tableau : sur la toile, le dessin exact, le caractère et le ton fixe ; ici, les variations du plus au moins et la succession notée des divers moments.
Si ce plan est raisonnable, dans le système monarchique, je m’engage à le soutenir et à employer tous les moyens, toute mon influence, pour empêcher l’invasion de la démocratie qui s’avance sur nous. » « Ces paroles m’allaient au cœur, continua Malouet.
Enfin, après le tapage le plus épouvantable, l’acteur Pierson est venu demander si les Anglais pouvaient continuer.
Je ne donnerai ici que ce qui se rapporte principalement à la littérature, à cette Lélia si diversement commentée, et à ce rôle de critique, de conseiller véridique et amical qui m’était si gracieusement déféré, et que je continuais de tenir de mon mieux : « (21 septembre 1833.)
Les métaphores elles-mêmes, les images prolongées qui ne sont en jeu que pour traduire une pensée ou une émotion, n’ont pas toujours besoin d’une rigueur, d’une analogie continue, qui, en les rendant plus irréprochables aux yeux, les roidit, les matérialise trop, les dépayse de l’esprit où elles sont nées et auquel, en définitive, elles s’adressent ; l’esprit souvent se complaît mieux à les entendre à demi-mot, à les combler dans leurs négligences ; il y met du sien, il les achève.
Les amants que chaque femme prend et laisse à la file ; les fureurs au théâtre pour ou contre la Lemaure et la Pelissier ; le duc d’Épernon, qui, par manie de chirurgie, va trépanant à droite et à gauche, et tue les gens pour passer son caprice d’opérateur ; la mode soudaine des découpures, comme plus tard celle du parfilage, mais poussée au point de découper des estampes qui coûtent jusqu’à 100 livres la pièce : « Si cela continue, ils découperont des Raphaël ; » la manière dont on accueille les bruits de guerre : « On parle de guerre ; nos cavaliers la souhaitent beaucoup, et nos dames s’en affligent médiocrement ; il y a longtemps qu’elles n’ont goûté l’assaisonnement des craintes et des plaisirs des campagnes : elles désirent de voir comme elles seront affligées de l’absence de leurs amants ; » on entend tous ces récits fidèles, on assiste à cette décomposition du grand règne, à ce gaspillage des sentiments, de l’honneur et de la fortune publique ; on s’écrie avec la généreuse Mlle Aïssé : « A propos, il y a une vilaine affaire qui fait dresser les cheveux à la tête ; elle est trop infâme pour l’écrire ; mais tout ce qui arrive dans cette monarchie annonce bien sa destruction.
Les personnages obscurs de Shakespeare parlent en prose, ses scènes de transition sont en prose ; et lors même qu’il se sert de la langue des vers, ces vers n’étant point rimés, n’exigent point, comme en français, une splendeur poétique presque continue.
Il n’y a pas de découverte plus difficile et plus délicate que celle des changements de ton par lesquels une idée se continue dans l’idée suivante, car il s’agit alors d’imiter les véritables mouvements de l’âme, de la suivre, toute complexe et capricieuse qu’elle est, à travers les ondulations tortueuses et imprévues par lesquelles elle voyage tour à tour de la joie à la tristesse, de la tendresse à la colère.
— Continuez à faire venir des blés, écrit-il ailleurs aux ministres du roi, c’est la controverse la plus persuasive pour eux… Les peuples ne se gagnent que par la parole.
Et Victor Duruy continue de creuser à son rang, patiemment, son loyal sillon.
Il n’est pas rare de constater de graves méprises d’un peuple à l’égard d’un autre, tantôt faute de moyens sérieux d’informations, tantôt parce que l’original a changé, tandis que son portrait, une fois tracé, restait immuable et continuait à passer pour fidèle.
Thiers continue ici avec plus d’étendue l’application de cette même méthode.
Elle est de celles qui, vivantes, ont eu le charme, et, ce qui n’est donné qu’à bien peu, le je ne sais quoi du charme a survécu : il continue d’opérer après elle.
continue-t-il, non, tu ne seras jamais pour ton frère un être éteint et fantastique : souvent présent à ma pensée, tu viens animer ma solitude… Quand une pensée douce vient m’émouvoir, je t’appelle à ma jouissance.
Voulant expliquer, par exemple, pourquoi le connétable de Luynes, pour le moins aussi digne d’être haï et méprisé que le maréchal d’Ancre, n’a pas encouru la même impopularité dans sa mémoire, il dira énergiquement : « C’est qu’il mourut au sein de sa grandeur, qui se continuait dans une famille riche et puissante ; et il faut toujours au vulgaire l’autorité d’un revers pour lui faire mépriser tout à fait les enfants de la fortune : il ne comprend guère que les dénouements. » Mais le plus souvent sa malice se recouvre, et plus d’un lecteur qui parcourrait le livre avec bonhomie pourrait la laisser échapper.
S’il continue de se montrer grand peintre et observateur implacable, il l’est moins innocemment et d’une façon moins désintéressée que dans la scène de la mort de Monseigneur ; sa cruauté vindicative s’y donne trop visiblement, carrière et s’y déchaîne trop à outrance.
La pauvre Marthe continue sa complainte et son entretien avec ses hirondelles.
« Tout homme qui est mal informé, remarque-t-il, ne peut s’empêcher de mal raisonner. » Et par une conclusion digne d’un moraliste, il ajoute finement : « Je crois que quiconque serait bien averti et bien persuadé de tout ce qui est, ne ferait jamais que ce qu’il doit. » Il trouve un plaisir vrai dans l’application et l’information même ; il jouit de débrouiller ce qui était obscur : J’ai déjà commencé, écrit-il le soir de l’arrestation de Fouquet, à goûter le plaisir qu’il y a de travailler soi-même aux finances, ayant, dans le peu d’application que j’y ai donné cette après-dînée, remarqué des choses importantes dans lesquelles je ne voyais goutte ; et l’on ne doit pas douter que je ne continue.
Du moment qu’on admet la branche aînée régnante, le duc de Bordeaux naissant comme par miracle pour la continuer, et l’immense joie qui dut s’en répandre parmi ce qui restait de sujets fidèles, il est tout simple qu’il se soit rencontré quelqu’un, ou fidèle ou zélé, pour avoir l’idée de cette souscription de Chambord ; mais Courier ne croit point à la branche aînée ; il a déjà la branche cadette en vue comme plus à sa portée et à son usage ; il n’aime point les vieux châteaux, soit gothiques, soit de Renaissance ; et lui qui s’affligeait à Rome pour une Vénus ou un Cupidon brisés, il ferait bon marché en France de l’œuvre du Primatice.
Dans l’habitude et dans l’ordre des gouvernements libres et modérés, on continuerait d’y trouver des inspirations générales et des textes mémorables.
Sorti du ministère où il ne devait rentrer que sept ans plus tard et quand les circonstances seraient trop fortes pour lui, il continua de vivre dans la société, au milieu d’une faveur et d’une adulation presque universelles39.
» Et l’éloge continuait, d’autant plus délicat qu’il avait été assaisonné d’un grain piquant.
Flaubert, comprenant lui-même le caractère exclusif de cette théorie, ajoute : « Si je continuais longtemps de ce train-là, je me fourrerais complètement le doigt dans l’œil, car, d’un autre côté, l’art doit être bonhomme. » Oui, et la formule est juste, l’art doit être bonhomme, c’est-à-dire point gourmé, point tendu, point poseur, accueillant pour toutes les choses de la vie et tous les êtres de la nature.
On pourra continuer dans cette voie8.
L’énervante histoire de son amour hésitant, angoissé continue.
Zola, la tâche de continuer le roman moderne devront partir de ce grand écrivain plus vaste qu’élevé, mais qui a construit, une fois pour toutes, les assises des œuvres futures.
Sans doute, il continue à se soumettre extérieurement aux lois de la société ; il révère les dogmes de la religion ; il se fait une morale provisoire empruntée aux opinions moyennes des mieux sensés : tout cela est de sens commun ; mais c’est la moindre partie de lui-même que Descartes abandonne ainsi.
C’est rester au-dessous du vrai que d’assurer qu’il se reproduit dès l’âge de trente ans, et continue jusqu’à quatre-vingt-dix ans, après avoir donné trois couples de petits dans cet intervalle.
Je gage que son effet vous fatiguera ; qu’il n’y a point de plans, mais point ; rien de décidé ; qu’on ne sait toujours où posent les figures du parvis ; que cette grosse suivante à énorme derrière rouge, au lieu d’être large, continue d’être monstrueuse et mal assise ; qu’il n’y a point de repos, que vous y ressentez partout la furia francese ; qu’à juger de la figure qui tient le petit enfant, par le plan qu’on lui suppose, elle est d’une grandeur colossale, etc., etc.
Il n’y a rien là qui doive surprendre, mais les circonstances ont paru, en France, meilleures que jamais pour continuer le bruit qu’on a fait de ces livres, ainsi suivis d’une conversion.
On se rappelle l’impression animée et profonde que fit autrefois cet ouvrage sur l’Allemagne, qui continuait, en le persiflant, le livre de madame de Staël.
Renan, qui l’a continuée avec acharnement dans ses Études d’histoire religieuse, dans son Histoire comparée des langues sémitiques, dans ses Essais de critique et de morale ; et quoique dans ce premier livre, plus peut-être que dans les suivants, ce jeune serpent de la sagesse ait eu les précautions d’un vieux et les préoccupations de sa spécialité, cependant il est aisé de voir que la chimère philologique, le passage de la pensée au langage ou du langage à la pensée, les épluchettes des premières syllabes que l’homme-enfant ait jetées dans ses premiers cris, ne sont, en définitive, que des prétextes ou des manières particulières d’arriver à la question vraiment importante, la question du fond et du tout, qui est de biffer insolemment Moïse et de se passer désormais parfaitement de Dieu !
Il faut l’avouer, la prodigieuse bonne humeur poétique nécessaire au vrai grotesque se trouve rarement chez nous à une dose égale et continue.
Un rayon de lumière SO (fig. 1) parti de la source S est divisé, au point 0, par une lame de verre inclinée à 450 sur sa direction, en deux rayons dont l’un est réfléchi perpendiculairement à SO dans la direction OB tandis que l’autre continue sa route dans le prolongement OA de SO.
sujet de larmes à la nation, je suis né pour le mal de la patrie… » Et ces cris de détresse, ces échos de mutuelle douleur, se continuent, s’entrechoquent, durant une longue scène.
L’expérimentateur qui continue à garder son idée préconçue, et qui ne constate les résultats de l’expérience qu’à ce point de vue, tombe nécessairement dans l’erreur, parce qu’il néglige de constater ce qu’il n’avait pas prévu et fait alors une observation incomplète. […] Si l’on est bien imbu des principes de la méthode expérimentale, on n’a rien à craindre ; car, tant que l’idée est juste, on continue à la développer ; quand elle est erronée, l’expérience est là pour la rectifier. […] Une machine à vapeur possède une activité indépendante des conditions physico-chimiques extérieures puisque par le froid, le chaud, le sec et l’humide, la machine continue à fonctionner. […] A l’état normal le sang veineux du rein est à peu près constamment rutilant, parce que l’organe urinaire sécrète d’une manière à peu près continue bien qu’alternativement pour chaque rein. […] Or chez ma grenouille empoisonnée par le curare, le cœur continuait ses mouvements, les globules du sang n’étaient point altérés en apparence dans leurs propriétés physiologiques non plus que les muscles, qui avaient conservé leur contractilité normale.
Mais Molière lui fit dire par Boileau qu’il avait conservé sa véritable scène, et le menaça de la rendre publique, s’il continuait à vouloir usurper la gloire d’autrui. […] Cependant, d’après ce dernier vers, l’actrice doit bien se garder de prendre le ton et les manières d’une jeune personne tout à fait décidée : elle doit continuer de façon à pouvoir dire avec justesse : Je n’entends point de mal à tout ce que j’ai fait. […] Continuons ; si je jouais ce rôle, et que, séduit par l’exemple, je crusse le bien remplir en m’y montrant impatient, bourru, même brutal, les mille et mille détours employés pour faire sentir à Oronte que son sonnet est mauvais ne cessent-ils pas d’être vraisemblables ? […] Il me paraît, jusque dans sa prose, ne parler point assez simplement pour exprimer toutes les passions… Je répondis à mon collègue, que le meilleur écrivain pouvait se laisser entraîner trop loin, lorsqu’il voulait en rabaisser un autre ; et je continuai. […] Jusques à quand, cher parterre, continuerez-vous… ?
Malheureusement, elles seront nombreuses si l’art continue, comme la société, à croître en complexité et en hétérogénéité. […] Mais bien mieux, pendant qu’à la Comédie-Française on joue le Misanthrope en manteaux courts, on continue à le jouer à l’Odéon en habits carrés. […] Sans doute, il y a des limites qu’elle ne pourra franchir, mais elle continuera à empiéter de plus en plus sur le domaine littéraire et déjà l’action qui relie tous les tableaux d’un drame est ténue et bien fugitive. […] Puis le dialogue vif, alerte reprenait, et le vaudeville continuait sans grande ambition littéraire, éveillant ainsi de temps à autre la sensibilité du public. […] sans renoncer à cette puissance du pittoresque que le décorateur continuera à exercer directement sur les spectateurs et qui est en effet sa destination, la mise en scène peut-elle prétendre jouer sur le théâtre le rôle que la nature joue dans notre vie actuelle ?
Je baissai le front en rougissant, continue le poète, je sentais en moi une flamme plus ardente. […] À moins d’attribuer à Ernest Maltravers une crédulité enfantine, nous ne concevons pas que le futur poète continue à garder, comme compagnon de voyage, un homme qui se vante de ramener tout à lui seul et de ne prendre intérêt à personne. […] Elle joue délibérément ce jeu dangereux, qui pourrait à bon droit passer pour de l’égoïsme, si elle le continuait avec tous les hommes sans faire acception de la sincérité des sentiments qu’elle éveille. […] Bientôt, comme il était facile de le prévoir, la tête embrase le cœur, et Florence veut voir et entendre l’homme à qui elle écrit depuis plusieurs mois ; mais elle ignore si bien ce qu’elle éprouve qu’elle désire demeurer inconnue, afin de pouvoir continuer librement sa folle correspondance. […] Il continue à la tribune l’œuvre qu’il a commencée dans la chaire : l’enseignement.
Seulement, grâce aux leçons du temps et à une culture continue, cette férocité anarchique est devenue indépendance indomptable, cette violence a été tempérée par le respect des droits d’autrui, cette nature active et libre a appris à s’exprimer par des moyens plus nobles que des combats à coups de fourche. […] Ils continuèrent dans leur nouvelle patrie les exercices homicides qui leur étaient familiers et fondèrent une sauvage heptarchie. […] Il le continue et le fait revivre, il est vrai, mais en le galvanisant par une imitation vigoureuse. […] Je crois sincèrement qu’il y verrait une sorte d’atteinte à sa dignité et qu’il jugerait que, au lieu de la grandir, on le fait descendre du rang glorieux où la mort l’a placé. « Pourquoi, dirait-il, maintenant que je ne suis plus parmi vous, continuez-vous gratuitement à m’infliger le supplice que m’imposa la fatalité de la vie ? […] C’est l’œuvre de l’histrion que vous continuez à montrer au public, et non celle du poète et du sage.
Un peuple qui a toujours été à peu près barbare dans les arts, peut continuer à admirer des productions barbares, sans que cela tire à conséquence ; mais je ne sais jusqu’à quel point une nation qui a des chefs-d’œuvre en tous genres peut revenir à l’amour des monstres, sans exposer ses mœurs. […] La ressemblance est frappante : pour peu que l’on continue en France à étudier les idiomes étrangers, et à nous inonder de traductions, notre langue perdra bientôt cette fleur native et ces gallicismes, qui faisaient son génie et sa grâce. […] On voit par ce dernier vers que Beattie se proposait de continuer son poème. […] Depuis ce moment les jésuites furent chargés du soin de continuer les découvertes dans l’intérieur des forêts canadiennes.
Mais le bon guerrier continue à fondre avec impétuosité sur Bertoald, et il le frappe à mort. […] Quant à la pauvre Lisbette, restée seule, elle continuait à demander son pot de basilic et à verser des larmes. […] L’harmonie continue, la variété, le charme aérien, l’expression vive ; l’instinct, le sentiment intime, la manière la plus animée ; la justesse, la solidité, la netteté ; le bon sens dans le feu et dans la véhémence ; le brillant, le piquant sans l’artifice : — la Muse de Ponchon possède tout cela. […] Ils ont tous dans le nez des ouates imbibées d’acide phénique, mais quelquefois, malgré eux, quand surgit une chair tuméfiée, ils font un premier geste de reculer la tête, puis ils se reprennent et continuent leur travail tranquillement. » Deux jeunes filles, vêtues de deuil, essayent de soulever les pierres. […] Elle voulait charger Champfleury d’écrire une préface aux Pensées de Balzac, et même de continuer ses romans restés inachevés.
Ils se font un lit nouveau entre les barrières anciennes et les élargissent sans les rompre, par une transformation pacifique et lente qui continue encore aujourd’hui. […] Une malice continue égaye ces tableaux d’intérieur et de genre, si locaux et minutieux, et qui, comme ceux des Flamands, indiquent l’avénement d’une bourgeoisie. […] À ce compte, vous trouverez une leçon dans une brosse à dents usée, qui cependant continue son service.
En associant et en groupant des drôles et des drôlesses, attifés comme les bouchers et les blanchisseuses dans le carnaval, en priant ces héros de vouloir bien continuer, pour le temps nécessaire à l’opération, leur grimace de circonstance, on se flatta de rendre les scènes, tragiques ou gracieuses, de l’histoire ancienne. […] Chaplin, excellent peintre d’ailleurs, continue quelquefois, mais avec un peu de lourdeur, ce culte du joli ; cela sent moins le monde et un peu plus l’atelier. […] J’ai vu sur les tables de dissection de ces cadavres ravagés par la maladie et par une misère continue de quarante ans.
Le Dauphin, dans les premiers temps, n’en continue pas moins de servir fidèlement son père et de l’assister de son épée dans les sièges de Creil et de Pontoise contre les Anglais.
Par ces mots bien ou mal placés, Marivaux ne veut pas toutefois faire entendre qu’un fonds commun d’esprit manquât dans ces siècles réputés barbares : loin de là, il estime que l’humanité, par cela seul qu’elle dure et se continue, a un fonds d’esprit de plus en plus accumulé et amassé : c’est là une suite lente peut-être, mais infaillible de la durée du monde, et indépendante même de l’invention soit de l’écriture, soit de l’imprimerie, quoique celles-ci y aident beaucoup : « L’humanité en général reçoit toujours plus d’idées qu’il ne lui en échappe, et ses malheurs même lui en donnent souvent plus qu’ils ne lui en enlèvent. » Les idées, d’un autre côté, qui se dissipent ou qui s’éteignent, ne sont pas, remarque-t-il, comme si elles n’avaient jamais été ; « elles ne disparaissent pas en pure perte ; l’impression en reste dans l’humanité, qui en vaut mieux seulement de les avoir eues, et qui leur doit une infinité d’autres idées qu’elle n’aurait pas eues sans elles ».
Âgé d’environ soixante ans, Saint-Martin sentait intérieurement les approches de sa fin et ne continuait pas moins de cultiver ses relations d’amitié : J’arrive à un âge et à une époque, disait-il, où je ne puis plus frayer qu’avec ceux qui ont ma maladie.
Il continua d’étudier et d’attendre.
Il continue de raisonner ainsi, dans l’hypothèse que nous sommes nés sourds, que nous ne notons la pensée que pour les yeux.
C’est le prince du monde, continue Du Fay, qui a le plus de créance et de fiance en ceux qui le servent, et qui les traverse le moins en leurs charges, lui semblant que depuis qu’il a une fois fait élection de quelqu’un en quelque chose, il lui doit laisser faire son devoir sans l’en empêcher… Et n’y a rien en quoi il fasse gloire de s’en faire croire seul qu’aux principaux coups de la guerre, lorsqu’il se trouve à cheval.
La conversation roulait sur les événements politiques ; s’interrompant au milieu d’une de ces périodes à effet comme il savait les faire, le général lui dit : « Rappelez-vous, Pelleport, et vous êtes trop jeune pour que vous ne puissiez un jour ou l’autre mettre à profit mon avertissement, rappelez-vous qu’en révolution il ne faut jamais se mettre du côté des honnêtes gens : ils sont toujours balayés. » — « Après ce court dialogue, ajoute Pelleport, la conversation reprit son cours ordinaire, et je me promis bien de désobéir à mon général. » De retour en France, Pelleport continue sa marche d’un pas égal.
Après la mort de Gœthe, resté uniquement fidèle à sa mémoire, tout occupé de le représenter et de le transmettre à la postérité sous ses traits véritables et tel qu’il le portait dans son cœur, il continua de jouir à Weimar de l’affection de tous et de l’estime de la Cour ; revêtu avec les années du lustre croissant que jetait sur lui son amitié avec Gœthe, il finit même par avoir le titre envié de conseiller aulique, et mourut entouré de considération le 3 décembre 1854.
Je continue de donner idée de l’homme sans fausse révérence et dans le ton qui peut nous le rendre le plus au vrai.
Il se devait à lui-même de l’essayer, et il l’essaya ; ce n’est pas a nous qu’il appartient de dire quels mérités encore de vérité et de ressemblance conservent et continuent d’offrir ces tableaux composés en Italie, même quand il n’y aurait pas atteint tout le caractère qu’on y cherche.
Revenu à Paris, il continuait de faire des dessins de diverses sortes et des aquarelles, lorsqu’un jour Susse, qui lui en achetait une, exigea une signature : « Le public, disait l’éditeur, aime des œuvres qui soient signées. » Gavarni, mis en demeure d’écrire un nom, se souvint alors de la vallée de Gavarnie qu’il avait habitée et de la cascade qu’il aimait, et, sur le comptoir de Susse, il signa son dessin de ce nom d’affection qu’il mit seulement au masculin.
Je continuerai cette étude du talent de Théophile Gautier dans son application à la prose.
Grenier sur Homère, que je craignais fort que, dans cette lutte engagée avec l’esprit moderne, et qui, ouvertement ou sourdement, se continue, les Anciens ne perdissent tôt ou tard, sinon toute la bataille, du moins une partie et une aile de la bataille.
Vieux et inutile, mais vengé désormais et content, il s’offre lui-même en victime pour apaiser le sang qui crie par la bouche de Chimène ; que son fils vive pour continuer l’honneur de sa race, pour servir son roi et son pays, il n’aura plus de regret.
Puis, l’hiver, il continue ici, et durant six mois, du 15 novembre au 15 mai, il défraye les cours de la rue de la Paix.
J’ai pris un grand plaisir à l’entendre lire, il y a quelques mois, dans un temps où je n’étais guère capable d’une application continue ; cette notice m’a touché à la fois par la singularité de la destinée individuelle qu’elle retrace, et par les réflexions morales et humaines qu’elle suggère : je me suis promis d’en faire part à mes lecteurs, à mon premier loisir, et de les associer, s’il se peut, aux sentiments que j’avais éprouvés moi-même au récit de cette simple et véridique histoire.
Et le résultat continue de resplendir au loin et d’éblouir, et de s’appeler du nom de gloire !
Arthur se compose d’une première partie toute en mémoires, en lettres et en récit, et d’une seconde partie presque toute en citations, en extraits de lectures, et qui n’est pas la moins intéressante ni la moins originale, tant le malade attendri a su animer, commenter naïvement, mouiller de ses pleurs, reproduire et continuer dans ses accents les pages choisies dont il s’environne.
Je n’aurais pas tant insisté sur ce singulier petit essai, s’il n’y avait une leçon directe de goût à en tirer, si l’on n’y trouvait surtout les traces avouées d’un conseil supérieur et des traits partout ailleurs remarquables, comme celui-ci : « Quant à la vie, pour ainsi dire déserte, à laquelle je suis condamné, elle s’écoule bien plus rapidement qu’on ne l’imaginerait ; et cela c’est beaucoup, continua le Lépreux avec un léger soupir, car je suis de ceux qui ne voyagent que pour arriver.
Étienne Pasquier écrivait à Ronsard en 1555, six ans seulement après que Du Bellay, dans l’Illustration de la Langue, avait sonné la charge et prêché la croisade : « En bonne foi, on ne vit jamais en la France telle foison de poëtes… Je crains qu’à la longue le peuple ne s’en lasse ; mais c’est un vice qui nous est propre, que, soudain que voyons quelque chose succéder heureusement à quelqu’un, chacun veut être de sa partie sous une même promesse et imagination qu’il conçoit en soi de même succès. » Pasquier veut bien croire que tous ces nouveaux écrivasseurs donneront tant plus de lustre aux écrits de Ronsard, « lesquels, pour vous dire en ami, continue-t-il, je trouve très-beaux lorsque avez seulement voulu contenter votre esprit ; mais quand, par une servitude à demi courtisane, êtes sorti de vous-même pour étudier au contentement, tantôt des grands, tantôt de la populace, je ne les trouve de tel alloi. » En sachant gré au poëte de l’avoir nommé en ami dans ses écrits, il ajoutait : « Mais, en vous remerciant, je souhaiterais que ne fissiez si bon marché de votre plume à haut louer quelques-uns que nous savons notoirement n’en être dignes ; car ce fesant vous faites tort aux gens d’honneur.
Il y avait des cercles réguliers qui continuaient purement et simplement le dix-huitième siècle, le salon de madame Suard, le salon de madame d’Houdetot : les gens de lettres y dominaient, et les philosophes.
Cependant, même là, bien que Boileau s’ingénie à imiter le mouvement rapide d’une argumentation serrée, la verve, qui est réelle, n’est pas continue.
Ce que l’on peut dire de mieux en faveur de quelques-uns, c’est que Boileau leur était redevable et continuait leur œuvre.
Il semblerait que l’objet principal du romancier devrait être l’étude de l’individu en qui se continue la névrose héréditaire : mais pas du tout.
Son âme avide et tendre, Que le siècle brutal fatigua sans retour, Cherche entre ces esprits indulgents à qui tendre L’ardente et lourde fleur de son dernier amour… Et Leuconoé goûte éperdument les charmes D’adorer un enfant et de pleurer un dieu… Et nous aussi nous les aimons, ces femmes, et, parce qu’elle les a consolées et qu’elle console encore les âmes en peine, la religion de Jésus continue d’inspirer à beaucoup de ceux qui ne croient plus une tendresse incurable.
Une longue uniformité rend tout insupportable ; le même ordre des périodes long-tems continué, accable dans une harangue : les mêmes nombres & les mêmes chûtes mettent de l’ennui dans un long poëme.
Depuis cette époque jusqu’à sa mort, La Bruyère continua de faire partie de la maison de Condé, avec le titre d’écuyer gentilhomme de M.
Lesage et Rollin ne paraîtront plus dans cette histoire ; mais nous retrouverons tout à l’heure les trois grands écrivains qui développent et enrichissent la langue fidèlement continuée par ces deux génies aimables, derniers représentants de la pure tradition du dix-septième siècle.
Un tribunal croit opportun que la France continue à commettre chaque année cent vingt mille crimes et délits à procès, ce nombre étant nécessaire pour alimenter les cours criminelles.
L’on voudra voir plus loin si cette pensée, qui a la fantaisie d’être si riche, continuera d’avoir celle de s’enserrer dans des ajustements irréprochables.
» Ce n’est pas tout : le baron n’aime pas la musique, il n’entend pas que Frantz continue à croquer des notes, tandis qu’il mangera son argent.
Il court, il trouve son trait malin, il continue de courir et n’appuie pas.
Casimir Périer était mort ; il s’agissait de le continuer avec plus de largeur et avec stabilité.
Elle n’avait qu’un défaut, c’était de faire trop bien, de trop aller au cœur par certains accents : « On continue à représenter Esther, écrivait Mme de Sévigné à sa fille (11 février 1689) : Mme de Caylus, qui en était la Champmeslé, ne joue plus ; elle faisait trop bien, elle était trop touchante : on ne veut que la simplicité toute pure de ces petites âmes innocentes. » Mme de Caylus passe pour avoir été la dernière personne, la dernière actrice qui ait conservé la déclamation pure de Racine, le degré de cadence et de chant qui convenait à ce vers mélodieux, tout fait exprès pour l’organe d’une Caylus ou d’une La Vallière.
L’auteur du portrait continue de nous montrer ainsi tous les vices naïfs de sa princesse, toutes ses qualités sans âme et sans lien, sa religion sans piété, sa profusion sans générosité, beaucoup de connaissances sans aucun vrai savoir, « tous les empressements de l’amitié sans en avoir les sentiments », pas le moindre soupçon de la réciprocité et de la sympathie humaine : « On n’a point de conversation avec elle ; elle ne se soucie pas d’être entendue, il lui suffit d’être écoutée. » Et à la voir ainsi se montrer à nu non par franchise, mais parce qu’elle n’a en elle aucun principe d’égards et d’attention pour autrui, Mlle de Launay conclut en citant ce mot qui exprime le résultat de toute son étude, et qu’elle aurait bien trouvé d’elle-même : Elle (la duchesse du Maine) a fait dire à une personne de beaucoup d’esprit que les princes étaient en morale ce que les monstres sont dans la physique ; on voit en eux à découvert la plupart des vices qui sont imperceptibles dans les autres hommes.
Elle continue de s’amuser, et pas si à faux, ce me semble.
La Vallière, timide, et qui avait promis le secret à son amie, continua de se taire, et le roi sortit de plus en plus irrité.
La réputation de l’illustre patricien est ainsi en voie de se transformer, et, pour peu que l’on continue, elle aura bientôt changé de parti.
On peut juger un homme public, mort ou vivant, avec quelque rudesse ; mais il me semble qu’une femme, même morte, quand elle est restée femme par les qualités essentielles, est un peu notre contemporaine toujours ; elle l’est surtout quand elle n’a cessé de se continuer jusqu’à nous par une descendance de gloire, de vertu et de grâce.
Au lieu de revenir en France, après ses exploits de Hongrie, Bonneval continua de séjourner à Vienne, où il occupait un haut rang, mais où le ton et l’étiquette régnante devaient, tôt ou tard, amener des désaccords avec sa manière d’être et de vivre.
Et il continue de s’analyser et de rire tout blessé qu’il est, et de démontrer comme quoi en ce monde « il y a de plus grands maux que d’être mal assassiné ».
Mardi 31 mai … Messieurs, dit un ancien ministre, vous connaissez la ceinture de chasteté, qui est au musée de Cluny, et peut-être n’êtes-vous pas sans savoir que la fabrication de ces ceintures continue, mais ce que vous ne savez pas, c’est qu’il s’en fabrique pour hommes.
Cependant, à travers l’amour de ce culte, où les prières finissent par des baisers lancés au ciel, la théologie sémitique continuait à le préoccuper ; le « petit Juif Jésus-Christ » jetait sur ses conceptions d’homme heureux l’ombre noire de son gibet.
Continuons.
Sans doute si le texte a le sens que l’on dit, il faut dès lors cesser d’examiner et substituer tout à coup la croyance à la critique ; mais cela n’est vrai que pour ceux qui lui donnent ce sens ; pour ceux-là seulement il serait impie de continuer à examiner.
L’observation extérieure ne vous donne que des phénomènes ; dans la conscience, il y a tout à la fois le sentiment d’une activité productrice et des phénomènes produits ; c’est le sentiment de cette activité productrice continue qui nous fournit les idées appelées métaphysiques, les idées de cause, de substance, d’existence, d’unité, etc.
qu’il est tel, continue-t-il, que ce n’est pas un livre, ou qui mérite du moins que le monde en parle : Mais l’avez-vous lû ?
Pline continue à nommer environ une quarantaine de peintres inférieurs, dont il ne cite que quelques tableaux.
Douchet) Avocat en Parlement, successeur de M. du Marsais dans la partie grammaticale du Dictionnaire encyclopédique, continua le travail de ce grammairien avec le succès d’un homme profondément versé dans la matiere.
Je ne sais pas si l’autre, que la mort poussait, continuait de rire, malgré elle, mais ce que je sais bien, c’est que, dans ce livre-ci, Philarète Chasles ne rit plus.
Et le poète continue de décrire et de s’avancer dans ce mouvement rigoureux et dans cette sobriété ferme.
Le fait est qu’on y mettait un acharnement et un ensemble merveilleux, et avec quelque opiniâtreté que ripostât la justice, c’est aujourd’hui un sujet d’énorme étonnement , quand on feuillette ces bouffonnes archives, qu’une guerre si furieuse ait pu se continuer pendant des années.
Il continue, en l’agrandissant, l’individualisme révolutionnaire. » — M.
Dès que le cercle des républiques s’élargit, il faudrait, pour que tous les membres du souverain continuassent à exercer leurs droits, que la vie sociale fût à chaque instant arrêtée, et toute affaire cessante : dans un État qui grandit, le gouvernement direct devient un leurre.
Alors que, dans une vicissitude continue, il tombait, se relevait, retombait encore, au bruit de mille voix je n’ai pas mêlé la mienne.
Continuez de même aussi loin que vous pourrez, en faisant remarquer avec soin toutes les abstractions qu’il faut faire successivement, pour s’élever par dégrés aux idées les plus générales. […] (Gramm.) ce mot purement latin a été adopté dans notre langue sans aucun changement, pour signifier l’espece de cacophonie qui résulte de l’ouverture continuée de la bouche, dans l’émission consécutive de plusieurs sons qui ne sont distingués l’un de l’autre par aucune articulation. […] D’ailleurs l’effet du bâillement étant de soûtenir la voix, l’oreille doit s’offenser plûtôt de l’entendre se soûtenir quand le mot est fini, que quand il dure encore ; parce qu’il y a analogie entre soûtenir & continuer, & qu’il y a contradiction entre soûtenir & finir.
Quant aux burgs dorés du Péloponnèse, qu’ils continuent à évoquer le sire de Caritena, et Faust aux pieds d’Hélène ! […] De sveltes colonnes se dressèrent bientôt dans l’azur de l’art, mais le temple demeura mutilé et ses débris continuent à écraser le chœur des Muses. […] Alors, le destin, qui menace déjà, empreint l’inspiration d’une gravité suffisante, tandis que l’art continue encore ses mille coquetteries. […] Notre hôte, mon ami de L… et moi, nous continuâmes à deviser en fumant des cigarettes. […] Puis nous continuâmes notre route.
Avec Queen Victoria, comme une peinture dans la toile, la satire rentre dans le constat : une basse continue d’ironie accompagne ce constat, mais toujours à la cantonade ; d’une ironie si réfléchie qu’il semble presque que ce soit elle qui donne à l’ouvrage cet air de tranquille autorité. […] Je ne continue pas mon Charles Ier. […] On saute par-dessus le raisonnement ; ou bien on fait le tour, pour aller plus vite, et l’on continue de courir jusqu’à ce que l’on meure — que l’on meure tout seul, comme on a vécubr ». […] Sous les pas des personnages une secousse sismique infime, mais continue, fait légèrement trembler le sol ; c’est en se désagrégeant pour ainsi dire qu’ils se construisent, et ils atteignent leur individualité propre au moment où ils ont le plus l’air de la perdre. […] La volonté continuait-elle chez Rivière de remplir l’office que naguère il lui assignait ?
Le rhythme régulier mutile l’élan de l’invention naturelle ; les nuances de la vision intérieure disparaissent ; nous ne voyons plus une âme qui pense ou sent, mais des doigts qui scandent : la période continue ressemble aux ciseaux de La Quintinie, qui tondent tous les arbres en boule, sous prétexte de les orner. […] On n’est point rebuté par l’âcreté venimeuse, comme dans Swift, ou par la bouffonnerie continue, comme dans Voltaire.
Les guerriers n’ont, pas cessé d’aimer la guerre ; ils continuent de prendre soin de leurs armes et de mener paître leurs chevaux175. […] Cet homme, tombé de la toute-puissance qu’il avait exercée avec modération, exilé dans un coin de l’île de Samos, où il vit du travail de ses mains ; puis, par un retour de fortune, ramené en triomphe à Salente, où il retrouve la faveur du prince et la puissance, et ne s’en sert pas contre ses ennemis enfin se retirant dans une solitude, non pour s’y dérober à ses devoirs envers sa patrie qu’il continue à servir par ses conseils à Idoménée, mais pour échapper par l’obscurité à l’injustice et à l’envie ; cette création, que rendent vraisemblable certains exemples de la sagesse antique, reçoit de l’esprit chrétien, habilement caché sous une mise en scène grecque, une grandeur inconnue des héros comme des sages du paganisme.
Les marchands d’Égypte qui continuent ce commerce, non plus pour les malades, mais pour les antiquaires, n’ont eu qu’à le perfectionner légèrement pour le mettre au goût du jour et au goût américain, car c’est l’Amérique maintenant qui absorbe le plus de fausses momies. […] Voyage en France J’espère que les délégués du tourisme, qui vont se réunir, sauront trouver un rôle et une place d’honneur pour notre grand touriste, pour Ardouin-Dumazet, qui a parcouru, et souvent à pied, le bâton à la main, la France entière, et qui a rédigé ses observations en cinquante-cinq ou soixante volumes, car l’œuvre continue.
A ce moment le soleil se couchait : Les derniers rayons, d’un pourpre sombre, ensanglantaient la plaine, Alors la route sembla charrier du sang, Les femmes, les hommes continuaient à galoper, Saignants comme des bouchers en pleine tuerie. […] C’est bien parce qu’il était un rythme de la pensée et non pas seulement des mots que le parallélisme biblique, par exemple, se reproduit chez nous ou s’y continue par ces retours de pensée si expressifs et si fréquents.
Chapitre VI : l’art et les voyages Avant de poursuivre cette étude sur Gœthe que je veux mener à bien, je hasarderai une observation, non pour me donner le courage de continuer, — je l’avais en commençant cette étude et quoi qu’il pût arriver, — mais pour redoubler en moi le plaisir d’un travail sincère, qui n’a pas encore rencontré, que je sache, de contradicteur4. […] Nous avons vu qu’il n’y avait, sous ce manteau trop sculptural, ni le grand poète dramatique, ni le grand poète lyrique, ni le grand romancier, ni le grand philosophe, et nous allons continuer de sortir des plis majestueux de ce manteau les autres prétentions qui s’y carrent.
Et il continua sa lecture. […] Le pathétique continue à triompher dans Amica America 146, qu’illustra Maxime Dethomas en 1918, et qui est l’exquise relation d’une mission en Amérique. […] Romain Rolland continue son Âme enchantée153 qui est comme un autre Jean-Christophe. […] Qu’il continue à donner à Ramuz une base sûre pour construire ses œuvres sévères, combles d’âmes, et pleines du rude parfum de la force et du sol.
Ces rapports excellents se continuèrent plus cordialement encore avec M. […] Et cela grâce à celui qu’ils continuaient à appeler le patron. […] Cet établissement unit en lui des vieux procédés et les nouvelles méthodes : tel professeur y continue encore Rollin et nos vieux oratoriens ; tel autre, comme M. […] Il commence l’office par la fin et continue tout à rebours pour terminer juste à minuit. […] Despois, se continue et s’achève par les soins du plus consciencieux des éditeurs, M.
Jusserand, si connu déjà par son histoire de la littérature anglaise, a pris les devants — ce qui n’empêche personne de continuer les travaux entrepris ; car il y a plusieurs demeures dans la maison de mon père, et la maison de Shakspeare est une très vaste maison — et il nous a donné cette année un volume à la fois très informé, très piquant, très solide et très spirituel, intitulé : Shakspeare en France sous l’ancien régime. […] c’est celui-ci qui est joli, parce qu’on y peut voir la progression continue du système antique vers le système français. […] Elle le retient, elle le supplie, elle se cramponne ; elle lui fait une scène ; elle continue avec sa servante la scène qu’elle fait à son mari. […] Ai-je besoin de vous dire que, si je continuais, ce serait la moitié du rôle de Joad et de tout le rôle de Phèdre qu’il me faudrait transcrire ainsi, pour vous donner des exemples de ce que j’appelle le style poétique de Racine ?
Lassay, je l’ai dit, n’est pas un écrivain ; son style est sans cachet, mais il parle en perfection cette langue pure, polie, incolore, exempte du moins de tout mélange, et parfaitement naturelle, que continuent de parler et d’écrire les personnes de goût de l’époque qui succède, le président Hénault, Mme de Tencin.
Jamais a-t-on mieux parlé de cette ville heureuse, ou rien de chagrin, de jaloux, de rigide et d’austère s’affligeait le regard et ne mortifiait la joie du voisin ; où l’on jouissait rien qu’à y vivre, à y respirer, à s’y promener, et où la seule beauté des bâtiments et des constructions, la beauté du jour et certain air de fête secouaient loin de l’esprit la tristesse72 ; où l’on aimait le beau avec simplicité et la philosophie sans mollesse, où la richesse était à propos et sans faste, où le courage n’était pas aveugle (comme celui du Mars fougueux), mais éclairé et sachant ses raisons (comme il sied à la cité de Minerve) ; véritable Athènes selon l’idéal de Périclès, sa création et son œuvre à lui, l’école de la Grèce (Ελλάδος Ελλάς Αθήναι), telle qu’il l’avait faite durant les longues années de sa domination personnelle et puissamment persuasive : car on a dans Périclès le type le plus noble et le plus brillant du chef populaire, d’un dictateur de démocratie par raison éloquente, par talent et persuasion continue.
C’est alors que le Cid joua au plus fin et se ménagea un jeu à part ; trompant également le roi Mostaïn, dont il était l’allié, et le roi Alphonse appelé l’Empereur dont il continuait de se dire le vassal, il ne songea, à la tête de son armée, qu’à pousser ses propres affaires, comme le plus osé et le plus habile des trois larrons.
Marais continuera d’être très attentif et très vigilant sur le chapitre de Voltaire, et il aura l’honneur de le bien comprendre, au moins dans sa première moitié, celle de la poésie.
Elle réunit et ceux d’entre vous, Messieurs, qui, animés d’une certaine flamme, dont se préservent malaisément les esprits qu’a une fois touchés le génie des lettres, ne se contentent pas de vouloir le bien, et qui aspirent au mieux ; qui sans doute auraient tenu à réaliser d’un coup leur idéal de propriété intellectuelle, qui continuent d’y croire et de le contempler dans le lointain, mais qui en même temps ne sont pas assez excessifs pour dire : Tout ou rien, pour renoncer à ce qui est offert, à ce qui est possible, pour ne pas s’en tenir satisfaits d’ici à un assez long temps.
« J’admirai, continue Rancé, la simplicité de cet homme, et le mettant en parallèle auprès des grands dont l’ambition est insatiable, et qui ne trouveroient pas de quoi se satisfaire quand ils jouiroient de toutes les fortunes, plaisirs et richesses d’ici-bas, je compris que ce n’étoit point la possession des biens de ce monde qui faisoit notre bonheur, mais l’innocence des mœurs, la simplicité et la modération des désirs, la privation des choses dont on se peut passer, la soumission à la volonté de Dieu, l’amour et l’estime de l’état dans lequel il a plu à Dieu de nous mettre. » Ce sont là (suivant l’heureuse expression de Dom Le Nain) de ces premiers coups de pinceau auxquels le grand Ouvrier se réservait d’en ajouter d’autres encore plus hardis pour conduire Rancé à la perfection.
Vinet, revenu à Lausanne, a continué de développer dans tous les sens cette supériorité qui n’est plus contestée que de lui.
Ce contrôle journalier de Boileau eût été funeste assurément à un auteur de libre génie, de verve impétueuse ou de grâce nonchalante, à Molière, à La Fontaine, par exemple ; il ne put être que profitable à Racine, qui, avant de connaître Boileau, et sauf quelques pointes à l’italienne, suivait déjà cette voie de correction et d’élégance continue, où celui-ci le maintint et l’affermit.
Son affaissement continuait ; il se plaignait de douleurs sourdes de tête, et l’agitation était excessive malgré l’abattement.
Jamais d’interruption ni d’écart possible : des deux côtés, tout le long du chemin, on est maintenu par des balustrades, et chaque idée se continue dans la suivante par une transition si insensible, qu’on avance involontairement, sans s’arrêter ni dévier, jusqu’à la vérité finale où l’on doit s’asseoir.
Une filiation exacte et continue rattache à nos perceptions les plus simples les sciences les plus compliquées, et, du plus bas degré au plus élevé, on peut poser une échelle ; quand l’écolier s’arrête en chemin, c’est que nous avons laissé trop d’intervalle entre deux échelons ; n’omettons aucun intermédiaire, et il montera jusqu’au sommet À cette haute idée des facultés de l’homme s’ajoute une idée non moins haute de son cœur.
Là, Alberti commença l’entretien en remarquant qu’on peut regarder comme jouissant d’un bonheur solide et réel ceux qui, après avoir perfectionné leur esprit par l’étude, peuvent se soustraire de temps en temps au fardeau des affaires publiques et à la sollicitude des intérêts privés, et, dans quelque retraite solitaire, se livrer sans contrainte à la contemplation de l’immense variété d’objets que présentent la nature et le monde moral. « Mais si c’est une occupation convenable aux hommes qui cultivent les sciences, elle est encore plus nécessaire pour vous, continua Alberti en s’adressant à Laurent et à Julien ; pour vous, que les infirmités toujours croissantes de votre père mettront probablement bientôt dans le cas de prendre la direction des affaires de la république.
Aussi ne trouve-t-on pas dans l’histoire une famille de simples citoyens offrant l’hérédité du mérite, du travail et des vertus continues, et rassemblés avec des qualités présentes diverses, tels que Côme Ier, Laurent, Julien et Côme II, chacun ajoutant un échelon de plus à la grandeur des autres.
Un autre la continua, et fit la chanson de Jérusalem, d’après la tradition orale qui s’était établie dans l’armée même des croisés Le succès de ces émouvantes histoires en fit le noyau d’un cycle qui se développa selon les procédés qu’on a indiqués plus haut : le récit de la croisade se prolongea à travers toute sorte d’inventions romanesques, du plus vulgaire et souvent du plus grossier caractère, tandis que le héros central de la geste, le grand Godefroy de Bouillon, était doté d’une généalogie fabuleuse où s’insérait la merveilleuse légende du chevalier au Cygne50.
Mais, et précisément pour cette raison, il ne faut pas juger du genre de la farce par Patelin qui est resté unique, qui n’a rien continué, rien commencé, que nous sachions, dans l’histoire de notre théâtre, qui par conséquent est en dehors du cours normal de son développement.
Pendant quatre ans encore, Montaigne continua son train de vie, inscrivant les acquisitions nouvelles de son esprit aux marges d’un exemplaire des Essais, qui d’abord, avec d’autres notes manuscrites, servit à faire en 1595 l’édition de Mlle de Gournay, « augmentée d’un tiers plus qu’aux précédentes impressions » : plus tard, ces notes complémentaires ayant disparu, l’exemplaire annoté fut reproduit en 1802 par Naigeon comme un nouveau texte des Essais.
Sa disgrâce éloigna ses espérances sans les détruire : ruiné dans l’esprit de Louis XIV, il continua de gouverner de loin son élève par l’intermédiaire de ses amis, et, au bout de quelques années, le roi autorisa de nouveau leur commerce.
Ce qui l’y aida, c’est que le roi continua à vivre avec lui dans les mêmes termes qu’avant.
Lorsque Ruy Blas foudroie les courtisans de son indignation grandiloquente, c’est un exercice de satire lyrique qui continue certaines pièces des Chants du Crépuscule, et annonce les Châtiments.
Voici la fin d’une de ces joyeuses énumérations : Zeb plante une forêt de gibets à Nicée ; Christiern fait tous les jours arroser d’eau glacée Des captifs enchaînés nus dans les souterrains ; Galéas Visconti, les bras liés aux reins, Râle, étreint par les nœuds de la corde que Sforce Passe dans les œillets de sa veste de force ; Cosme, à l’heure où midi change en brasier le ciel, Fait lécher par un bouc son père enduit de miel ; Soliman met Tauris en feu pour se distraire ; Alonze, furieux qu’on allaite son frère, Coupe le bout des seins d’Urraque avec ses dents ; Vlad regarde mourir ses neveux prétendants, Et rit de voir le pal leur sortir par la bouche ; Borgia communie ; Abbas, maçon farouche, Fait, avec de la brique et des hommes vivants, D’épouvantables tours qui hurlent dans les vents… etc… car ça continue.
L’avantage, s’il lui fut soustrait, va, cette fois, à ceux qui continuent, fils lointains, sa pensée.
Mais, étudiés dans leur ordre, les chefs-d’œuvre de ces deux grandes époques seront toujours la plus forte école où notre nation puisse apprendre à se continuer, en valant mieux.
Selon que l’idée du progrès par la destruction, ou l’idée de la conservation par l’amendement pacifique des choses, prévaudra dans l’esprit de l’historien, l’Encyclopédie sera un grand effort de la raison française, ou la plus dangereuse des témérités de l’imagination du temps ; un progrès ou une cause de ruine, une lumière qui continue à éclairer les hommes, ou une torche qui s’est étouffée elle-même dans l’incendie qu’elle a allumé.
La vie n’est qu’une transition, un intolérable longtemps continué.
Elles ont une influence continue sur la littérature, de même que la littérature à son tour les modifie incessamment.
Soutenir que l’ame sentira, pensera, jouira, souffrira après la mort du corps, c’est prétendre qu’une horloge brisée en mille pieces peut continuer à sonner ou à marquer les heures Syst. de la Nat. tom.
Un nouveau crime continua donc par lui les crimes précédents, et d’autres crimes sortis du sien rallongèrent cette chaîne de forfaits qui semblait brisée.
Ce qui semble difficile à croire, c’est que le grave Monteprade continue à se laisser mystifier par l’escogriffe altéré que la donzelle lui donne pour son frère.
Je pourrais continuer et décrire bien de jolis détails, j’aime mieux m’arrêter en renvoyant les curieux devant le modèle : ils y verront encore mille choses que je n’ose effleurer.
., etc. », disait-il au début, et il continuait sur ce ton, faisant semblant d’être plus étonné d’avoir à parler devant l’Académie que devant un front de bataille.
Un autre mot qui est le cachet de ce temps, c’est celui de vertu ; jamais on n’en fit si grand usage : Tant d’hommes ont parlé de cette Révolution, continue Saint-Just dans l’avant-propos de sa brochure de 1791, et la plupart n’en ont rien dit.
C’est ainsi que jusqu’à leur dernier souffle ils continuent de se concevoir autres qu’ils ne sont, comme si c’était là la condition même de leur existence.
Continuons.
4° L’offre généreuse, faite à l’ennemi désarmé, de moyens de continuer le combat.
L’amour de La Fontaine pour l’Astrée a, du reste, continué toute sa vie.
Nous avons reconnu que la Nature et l’Homme étaient assez riches pour satisfaire notre idéal le plus lointain, que le divin était contenu dans la moindre parcelle, qu’il n’y avait rien, positivement rien en dehors de l’univers vivant, et nous continuons à vivre comme si le dieu passé était encore debout, nous dominant de son regard !
Dégénérés de leur ancien génie et de leurs propres lois, ils aimèrent, en apprenant la langue et les sciences des Grecs, à y reconnaître la trace d’eux-mêmes et l’altération continue de leur ancienne histoire.
La Réforme devait devenir tout autre chose en son développement que ce qu’elle était en son principe, et, loin de continuer à être une barrière devant l’esprit de la Renaissance, il était dans sa destinée de devenir si philosophique elle-même qu’elle en arrivât à être un auxiliaire de cet esprit et presque à se confondre avec lui ; mais au xvie siècle ni lui ni elle ne pouvait, sauf vaguement et par échappées, ni espérer ni craindre cette lointaine évolution. […] Il ne fait que continuer une tradition en lui donnant plus d’importance et plus de place dans la vie intellectuelle qu’elle n’en avait. […] Quoi qu’il en soit, le roi céda aux instances de la Sorbonne et défendit à Marot de continuer. […] Ce fut là son éducation littéraire, qu’il continua toujours ; car, trait essentiel, qui marque l’homme de métier, le bon ouvrier littéraire, il fit toujours des exercices. […] Faut-il plus respecter la tradition qui commence que la tradition qui continue, et pourquoi le faut-il ?
Je l’écrirai peut-être, car le sujet me tente, si l’indulgence du public continue à m’encourager. […] Découvrir une forme nouvelle du beau, et continuer à prouver au xviiie siècle qu’il ne sait ce qu’il dit, double allégresse. […] Il met fin à une évolution littéraire de près de trois siècles, et de lui en naît une nouvelle qui dure encore, et se continuera longtemps. […] S’il n’en avait eu cure, on comprendrait qu’il eût continué d’y donner prise. […] C’est parce qu’ils n’ont pas d’esprit qu’ils sont pédants, et parce qu’ils sont pédants qu’ils continuent de n’en pas avoir.
À cinq heures, nous sortions du théâtre, et la voix du canon, qui continuait de gronder, nous rendait aux pensées graves. […] La phrase a l’air d’être finie ; mais Orgon voit, au visage de son interlocuteur, qu’il ne l’a pas encore convaincu ; il continue donc, se rattachant à ce qu’il vient de dire, à l’aide d’une préposition conjonctive : par où. […] Et cependant je serais d’avis que l’on continuât d’imposer au public les pièces de Molière où se rencontrent ces mots proscrits. […] Je n’ai pas besoin de vous dire qu’en sortant de la représentation, nous continuâmes tous deux de philosopher sur ce thème. […] Or, Tartuffe continue, et ce n’est pas un imbécile.
Ecoutez cet hymne à la vie : « La vie, la vie qui coule en torrent, qui continue et recommence, vers l’achèvement ignoré ! […] Qui arrachera le secret de notre destinée au sphinx implacable qui continue à dévorer les générations, sans leur laisser rien entrevoir que des lambeaux irritants de la vérité ? […] Quand l’Académie eut décrété, en 1835, que l’on écrirait les imparfaits par ai ainsi qu’on les prononçait depuis deux siècles et plus, il y eut un certain nombre de maisons religieuses où l’on continua d’écrire : Je boudois, tu boudois, etc. […] Elle devrait, ce me semble, commencer dans la famille, continuer au collège ! […] Regardez les Lois de Minos, une de ses dernières tragédies : il y continue contre l’Église la campagne commencée quelque soixante ans plus tôt.
Nous parlerons peu du style des Études, continue le disciple ; les éloges à ce sujet sont épuisés. […] » Bernardin de Saint-Pierre n’en veut pas entendre davantage ; il cesse de défendre son rapport, et se tournant vers ce nouvel adversaire, il lui dit froidement: « Votre maître Mirabeau eût rougi des paroles que vous venez de prononcer. » À ces mots il se retire sans attendre de réponse, et l’assemblée continue de délibérer, non s’il y a un Dieu, mais si elle permettra de prononcer son nom.
Enfin il continue son voyage et arrive à Ispahan. […] Le 18, le roi partit pour continuer son voyage, et alla mettre pied à terre à deux lieues, à un gros bourg nommé Deulet-Abad, c’est-à-dire l’Habitation de la grandeur.
La princesse s’anime, fulmine, devient rouge… Hébert continue à donner, du bout de ses longs et fins pinceaux, des caresses, au visage furieux de la princesse. […] Le coup partit, à l’instant où la silhouette du Suédois se levait de terre. « Je crois avoir touché, mon capitaine », dit le pointeur, et la canonnade continua toute la journée.
Pour élucider ce point, une courte digression sur la perception externe est nécessaire : Les faits ou états de conscience forment une succession continue ; leur totalité, c’est nous-même ; ce qui est hors de la conscience étant comme s’il n’était pas, je suis la totalité des choses ; elle forme une série successive qui ne se distingue pas de la série de mes états, et elle est par là soumise, sans exception et avant tout, à la forme du temps. […] Point de départ de toute une série de réflexions p. 93-113 qui ouvrent aussi bien sur la question chez Bergson des rapports de la conscience avec la durée subjective que sur la notion de « stream of consciousness » chez William James en 1890 dans Principles of psychology — ici : « les faits ou états de conscience forment une succession continue », p. 113 plus loin : « le moi est ce qui s’écoule, ce qui passe ou est passé, mais qui, une fois passé, souvent, redevient présent ».
Je me suis borné aux cinq premières pages, où irais-je si je continuais ainsi jusqu’à la fin. […] Je me suis borné aux cinq premières pages, où irais-je si je continuais ainsi jusqu’à la fin ? […] — Elle continue encore mieux : « Quoi ! […] Mais vraiment pourquoi continuer à parler de ces hommes-là ?
Moréas, merci et… continuez ! […] » Depuis, je continuai. […] Et cela continue ainsi : analyses adéquates aux œuvres, on dirait d’œuvres anciennes, bijoux inappréciables d’avares et prodigues musées, soudains retours à de chers tristes souvenirs qu’évoque quelque « bleu soir immaculé auquel la rougeur du couchant prête une profondeur douce », l’image si gentiment obsédante d’une petite fille, l’avenante petite bossue, mille scènes muettes, éloquentes de leur seule émotion adorablement, exprimées et cela finit à Genève, en face du Rhône déjà trop du midi français, par un retour de regret vers le Rhin : « Sur ses rives, la mémoire dure du passage miraculé, glorieusement modeste de Saint-Bernard, et cette voie d’eau et cette voix de Saint se convenaient, formidables et sages. » Souvenirs Sur Leconte de l’Isle Je n’ai pas eu l’honneur, dans les derniers temps, de compter parmi les amis de M. […] Et l’homme au jupon noir continue à ne pas saisir la poésie du geste et du cœur.
— Voyons, continuez, reprit Julie. […] Julie et Louise rirent de sa fureur, et il me fut permis de continuer. […] Nous sentons que cette belle nature n’est rien sans l’action de l’humanité, à qui Dieu a confié le soin de continuer l’œuvre de la création. […] Cependant, au lieu d’entrer dans une nouvelle phase d’inspiration et de lumière, il a continué à accorder sa lyre sur le même mode. […] De Latouche continua à fulminer contre lui, mais il ne l’oublia pas.
Le lendemain du 14, Beaumarchais écrivait à ses amis de France que la veille, sur les trois heures après midi, passant en chaise avec un postillon et son domestique dans une petite forêt de sapins près de Neustadt, à quelque cinq lieues de Nuremberg, il eut besoin de descendre un instant, et sa chaise continua d’avancer au pas. […] Dans le bois dit Leichtenholtz, le voyageur a fait arrêter, est descendu tenant un jonc d’Espagne à la main et s’est enfoncé dans l’intérieur du bois, faisant dire au déposant, par son domestique, de continuer son chemin. Lui, déposant, voulait s’arrêter aussitôt ; mais le domestique lui enjoignit de continuer, ce qu’il a fait au petit pas, jusque vers l’extrémité du Leichtenholtz, et, le voyageur ne revenant pas, ils ont attendu là près d’une demi-heure, le domestique et lui. […] Je finis sur ce vœu, ne pouvant en former de plus patriotique. » Ce n’est pas un sonnet, ni deux, c’est douze livres de sonnets que l’auteur jette aujourd’hui dans la balance littéraire pour faire contrepoids à la politique ; nous craignons qu’en dépit de cet effort celle-ci ne continue à peser davantage dans les préoccupations, les entretiens et les disputes des hommes. […] A quelque page que vous ouvriez l’un de ces quatre énormes in-folio, l’intérêt vous saisit bientôt et vous tient attaché ; il faut continuer à lire, comme quand on prend au hasard un volume de Voltaire ou de Macaulay.
La pensée solitaire et continue le prit alors dans son engrenage. […] Et après que nous avons vu leurs corps épuisés tomber dans la nacelle, la métaphore est superbement reprise et continuée : Mais quelle mort ! […] Comme notre corps, avant de voir le jour, a parcouru successivement tous les degrés de la vie, à commencer par celle des mollusques, et continue de renfermer les éléments de ces organisations incomplètes qu’il a dépassées, ainsi l’âme moderne semble faite de plusieurs âmes, contient, si l'on peut dire, celles des siècles écoulés, et nous ressaisissons en nous, quand nous voulons y faire effort, un Arya, un Celte, un Grec, un Romain, un homme du moyen âge. […] Et c’est moi qui fais ce travail menu, avec la préoccupation du dessus et que mes cigognes envolées continuent bien le paysage d’hiver ou la pousse verte aux creux bruns des bambous, le printemps étalé sur la feuille principale. […] On a sous les yeux le tableau dru, cru, plus grand que nature, mais harmonieux, monotone même, de la crasse, de la luxure et de la bêtise bourgeoise : tableau plus qu’idéal, sibyllin par la violence continue, presque apocalyptique.
Chateaubriand, comme Byron, en eut d’illustres, et Mme de Noailles, après s’être agenouillée dans la partie centrale du temple, continue son action de grâces dans les chapelles latérales. […] Sur ces entrefaites, Emma entre au couvent, se consacre à la vie religieuse, mais sans pouvoir arracher de son cœur l’image de celui qu’elle aime et continue de chérir par-dessus toutes choses. […] Évidemment l’adultère n’est pas près de disparaître, la plus riche matière littéraire où s’exerça et continuera de s’exercer utilement l’imagination des écrivains, pour en dégager des conflits propres à passionner l’intérêt.
, Goethe docteur en droit, beau, noble, aimable, après de fortes et libres études commencées à Leipzig, continuées à Strasbourg, et ayant su résister dans cette dernière ville à l’attraction vers la France, est rappelé à Francfort sa cité natale, et de là il est envoyé par son père à Wetzlar en Hesse pour se perfectionner dans le droit et y étudier la procédure du tribunal de l’Empire ; mais en réalité, et sans négliger absolument cette application secondaire, il est surtout occupé de lire Homère, Shakespeare, ou de se porter vers tout autre sujet « selon que son imagination et son cœur le lui inspireront ».
« J’ai continue de voir l’abbé Lacordaire pendant toutes ces années qui précédèrent son adoption d’un état religieux régulier.
Pourtant, dans un ouvrage qu’il composa durant sa vieillesse et peu d’années avant de mourir, l’Essai sur la Vie de Sénèque, il s’est plu à traduire le passage suivant d’une lettre à Lucilius, qui le transporte d’admiration : « S’il s’offre à vos regards une vaste forêt, peuplée d’arbres antiques, dont les cimes montent aux nues et dont les rameaux entrelacés vous dérobent l’aspect du ciel, cette hauteur démesurée, ce silence profond, ces masses d’ombre que la distance épaissit et rend continues, tant de signes ne vous intiment-ils pas la présence d’un Dieu ?
Laurent, heureux de sa témérité, ne voulut pas en risquer le prix par une imprudence inutile ; il continua sa navigation.
Pénétrés du sentiment que tout se tient et s’enchaîne dans la nature, que rien ne s’arrête et ne se fixe, et que dans ce monde changeant des apparences on ne peut nulle part poser de commencement ni de terme, nous croyons qu’on dénature le fini et qu’on en fait un absolu, si on le détache complètement de toutes les réalités qui le pressent, le précèdent ou le continuent, pour l’exprimer dans un genre rigoureusement déterminé.