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1604. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 août 1885. »

Il m’avait troublé jusqu’à l’âme ; il introduisait en moi des sentiments complexes, en foule, que je ne saurais plus analyser, mais qui me faisaient vivre dans un état de maladif énervement dont je me rappelle très bien la fiévreuse ivresse. […] Et puis, je me rappelle un plantureux repas, un de ces repas du nord où l’on mange de tout sans ordre, viande, confitures et salade en même temps.

1605. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « I »

Je me rappelle, il y a trois ans, lors de la première audition, un détail significatif et curieux. […] Je rappellerai trois choses seulement.

1606. (1881) La psychologie anglaise contemporaine «  M. Georges Lewes — Chapitre I : L’histoire de la philosophie »

On s’étonnera peut-être d’apprendre que saint Thomas d’Aquin, Duns Scott, Telesio, Vanini ne sont point nommés ; mais si l’on se rappelle que le but de l’auteur est surtout critique et dogmatique, on en sera moins surpris. […] Lorsque le nom de Cabanis est prononcé, il rappelle aussitôt la fameuse « sécrétion de la pensée. » Par une phrase malheureuse, dit M. 

1607. (1863) Le réalisme épique dans le roman pp. 840-860

Dès lors tout réussit aux mercenaires, Hannon est vaincu, la faction des marchands est obligée de rappeler Hamilcar et de lui donner le commandement de l’armée. […] Un seul être, dans ce long récit, a échappé à l’implacable analyse du peintre, c’est l’âne du suffète, sans doute parce que l’auteur s’est rappelé les vers de Marie-Joseph Chénier : Un âne sous les yeux de cet homme d’esprit Ne peut passer tranquille et sans être décrit4.

1608. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre XII, les sept chefs devant Thèbes. »

Rappelons seulement pour expliquer la catastrophe des Sept Chefs, qu’avant de partir pour l’exil, il avait lancé sur ses fils ingrats une imprécation. […] Puissance de l’imprécation consommée, exécration du fratricide et déploration des frères entre-tués, chute d’une maison royale abattue dans son propre sang, l’inceste qui a engendré tous ces maux, rappelé par un cri jeté vers la mère « malheureuse par-dessus toutes celles qui ont conçu sur la terre » : tel est le thème pris et repris par ces voix pleurantes.

1609. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre V : La religion — Chapitre II : Examen critique des méditations chrétiennes de M. Guizot »

Littré dans un langage qui rappelle même pour la forme la page que nous venons de citer, est absolument inaccessible à l’esprit humain ; mais inaccessible ne veut pas dire nul ou non existant. […] La doctrine de la chute n’explique rien de ce qu’il s’agit d’expliquer ; par exemple, elle n’explique pas une grande partie du mal qui couvre la terre, la douleur chez les animaux, leur appliquera-t-on la doctrine du péché originel, et, pour rappeler le mot de Malebranche, « ont-ils donc mangé du foin défendu ? 

1610. (1913) La Fontaine « II. Son caractère. »

Je vous rappellerai seulement ces quelques vers : Qu’un ami véritable est une douce chose ! […] Je vous rappellerai la fable de l’Aigle et l’Escarbot.

1611. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « XIX. M. Cousin » pp. 427-462

« Grâce à vos leçons, je me suis complu dans une pauvreté fière. » Ceci rappelle le mot de M.  […] Cousin trouve ingénieusement le moyen de rappeler plusieurs fois dans un livre sur Mme de Hautefort !

1612. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Michelet » pp. 167-205

À cela près de la page 206 (nous l’avons notée), qu’il faut couvrir avec tous les voiles de femmes que Michelet fait rougir et qui rappelle… l’Amour, on pourrait tout citer de la Femme et le dégoût serait assez heureux pour avoir sa preuve et son appui, mais la raison de cela n’est pas le livre, qui a trahi Michelet. […] Vous rappelez-vous le petit laquais Almanzor, dans les Précieuses ridicules, qui voiture les commodités de la conversation ?

1613. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Deuxième partie. — Chapitre XXI. »

Pour peu que vous donniez quelque signe de pitié, le courage s’armera contre la fureur ; et le combat sera court : car l’antique vigueur n’est pas morte encore dans les cœurs italiens. » Je ne puis relire sans émotion cet ancien témoignage, qui rappelle des accents presque semblables échappés, de nos jours, dans une prose toute poétique, au cœur de Rossi222 et à son espérance de ranimer le cadavre de la belle Italie, au moment où lui-même allait tomber sous le poignard d’un assassin. […] Rendu enfin à la lumière du jour et à sa chaire, devant un immense auditoire, il reprit ainsi son enseignement : « Je vous disais, à notre dernière séance… » Puis il rappela simplement quelque précepte littéraire, quelque vérité déjà connue, comme si tout autre souvenir de sa longue séquestration eût disparu de sa mémoire.

1614. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Mémoires de l’impératrice Catherine II. Écrits par elle-même, (suite et fin.) »

Dans ce rapprochement qui se faisait naturellement d’elle et de Louis XIV, elle n’était pas sans se rappeler les revers qui attristèrent les dernières années du grand roi ; mais ces idées ne faisaient que lui traverser l’esprit et « passaient comme des nuages. » Elle retrouvait aussitôt sa sérénité, n’oubliant jamais cependant que rien n’est stable sous le soleil, et que la gloire et le succès sont choses passagères et incertaines.

1615. (1823) Racine et Shakspeare « Chapitre II. Le Rire » pp. 28-42

J’espère que la mémoire de mes lecteurs, si j’en ai, voudra bien se rappeler ce volume charmant de leur édition de Voltaire, intitulé Facéties, et dont je rencontre souvent dans le Miroir des imitations fort agréables.

1616. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Deuxième partie. Invention — Chapitre III. Du récit des faits. — Antécédents et conséquents. — Causes et effets »

Sinon, on l’imagine tel qu’il a dû être, tel que les témoins l’ont ressenti, Rappelez-vous comment Mme de Sévigné raconte à sa fille la mort de Turenne.

1617. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre I. Les origines du dix-huitième siècle — Chapitre I. Vue générale »

Louis XIV avait su être, ou paraître le protecteur, le régulateur, l’inspirateur du génie littéraire et artistique : toute l’activité littéraire du xviiie  siècle se développe loin de la royauté, qui ne se rappelle guère que comme une gêne et un obstacle.

1618. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre II. Les formes d’art — Chapitre II. La tragédie »

Il me suffira de rappeler ici les traits d’incrédulité hardie dont Œdipe même était semé, l’esprit de libéralisme politique qui animait certaines parties de Brutus, la fameuse sentence de Mérope, où le droit divin est nié.

1619. (1913) Les antinomies entre l’individu et la société « Chapitre IX. L’antinomie politique » pp. 193-207

C’est sur des questions la plupart du temps factices, artificielles, sur de grossiers trompe-l’œil à l’usage de Pécus que se fait le classement des électeurs en deux ou trois troupeaux qui rappellent un peu trop les gros-boutistes et les petits-boutistes de Swift.

1620. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXIII » pp. 237-250

Madame de Sévigné, dans sa lettre du 6 janvier 1671, rappelle à sa fille une conversation qui eut lieu chez madame de Coulanges, plusieurs années avant son mariage, qui se fit en 1669.

1621. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre cinquième. Principales idées-forces, leur genèse et leur influence — Chapitre premier. L’idée force du monde extérieur »

Nous avons rappelé tout à l’heure que Fichte n’invoquait rien moins que le devoir pour être certain de l’existence d’autres hommes, parce qu’il partait d’un moi supposé seul et ayant le privilège de se concevoir dans son indépendance.

1622. (1888) La critique scientifique « La critique scientifique — La synthèse »

Le charme des musiques devra de même être reproduit après leur analyse ; l’intime éclosion de rêves et d’actes que provoque le lent essor d’une voix dans le silence d’une nuit, le ravissement des mélodies, le suspens des longues notes tenues, le heurt douloureux des cris tragiques sera décrit et rappelé, comme les mâles et sobres éclats des pianos, le jeu des souples doigts, les élans atrocement rompus des marches, les prestos envolés, retombants, et voletants, ou la grave insistance de ces andantes qui paraissent exhorter et calmer et apaiser les sanglots qui traînent sur le pas des suprêmes décisions ; les violons nuanceront tout près de l’oreille et de l’âme leur voix sympathique, âpre et chaude, et l’on entendra passer leur chant captif sur les sourds élans des contrebasses, l’embrasement suprême des cuivres, le ricanement sinistre des hautbois, unis en cette gerbe montante de sons, de formes et de mouvements, qui s’échappe des orchestres et porte les symphonies.

1623. (1824) Notes sur les fables de La Fontaine « Livre neuvième. »

Si au contraire, dit-il, le pigeon voyageur n’eût pas essuyé de dangers, mais qu’il eût trouvé les plaisirs insipides loin de son ami, et qu’il eût été rappelé près de lui par le seul besoin de le revoir, tout m’aurait ramené à cette seule idée, que la présence d’un ami est le plus doux des plaisirs.

1624. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre VIII. Suite du chapitre précédent. De la parole traditionnelle. De la parole écrite. De la lettre. Magistrature de la pensée dans ces trois âges de l’esprit humain » pp. 179-193

Je ne rappelle ce temps de notre histoire que pour avoir occasion de faire remarquer que nous étions loin d’être placés sous un gouvernement despotique, à l’époque même où ce gouvernement fut le plus absolu.

1625. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XIII. Mme Swetchine »

En en risquant l’impertinence, j’ai voulu une dernière fois mettre à mes pieds tout ce qui rappellerait la littérature, alors que je parle d’une femme qui avait fini par mettre cette littérature aimée, sous les siens.

1626. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « La Société française pendant la Révolution »

Un mot aurait suffi, et nous avons même pensé un instant à ne dire qu’un seul mot, mais nous nous sommes ravisés, et puisque ces MM. de Goncourt ont le bonheur d’être jeunes, le hasard d’avoir du talent… quelquefois, et le projet d’écrire encore une histoire de la société sous le Directoire, nous avons cru utile et sympathique de leur rappeler que pour une œuvre si sévère et si grande il faut étreindre comme on embrasse ; — qu’il faut plus que de lier ou d’éparpiller des glanes d’anecdotes et d’être, après coup, les Tallemant des Réaux proprets et fringants d’une époque dans laquelle on n’a pas même le privilège d’avoir vécu.

1627. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Les Kœnigsmark »

— un spectacle de corruption dans les mœurs et d’athéisme dans les idées fort peu remarqué par les historiens d’alors, et qui rappelait presque l’Italie du siècle précédent.

1628. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « César Daly »

Lisez, dans la très curieuse dédicace à Mérimée de la brochure sur les Concours, le peu qu’il rappelle de son courageux voyage dans les parties de l’Amérique les moins explorées, et vous me direz s’il n’y a pas de l’héroïsme césarien en ce savant, qui a eu, pour le danger, sa Gaule au Mexique.

1629. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « M. Taine » pp. 231-243

Taine, que le critique ajoute à son âme naturelle et nationale cinq à six âmes artificielles ou acquises, et que sa sympathie flexible… (rappelez-vous le fameux vers d’Auguste Barbier, qui ne le disait pas de la Critique) : Ouvrant à tout venant et sa jambe et son cœur, l’introduise en des sentiments éteints ou étrangers… « Le meilleur fruit de la Critique — dit encore l’auteur du Carlyle — est de nous déprendre de nous-mêmes, de nous contraindre à faire la part du milieu où nous sommes plongés, de nous enseigner à démêler les objets eux-mêmes à travers les apparences passagères dont notre caractère et notre siècle ne manquent jamais de les revêtir… » Telles sont les propres paroles de M. 

1630. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « M. Ch. de Barthélémy » pp. 359-372

… Fréron, le vil folliculaire Fréron, comme rappelait Voltaire, qui n’était pas vil, lui, comme on sait !

1631. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « La révocation de l’Édit de Nantes »

Rien de plus fatigant que cela… L’auteur rappelle trop ce personnage dont on dit si gaîment, dans une de nos meilleures comédies : Il ne nous a pas fait grâce d’une laitue !

1632. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Gustave III »

… Cela eût aussi mieux rappelé le chapeau de cardinal de l’autre jour sur le Dubois de Capefigue, car Léouzon-Leduc, j’en suis fâché pour son originalité, est un imitateur de Capefigue, en ceci, du moins, qu’il veut faire l’illusion d’une œuvre d’ensemble en plaquant la même étiquette sur plusieurs livres différents.

1633. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Abailard et Héloïse »

— un autre aurait été plus doux pour mon cœur, celui de votre CONCUBINE et de votre fille de joie, espérant que bornée à ce rôle j’entraverais moins vos glorieuses destinées. » On a vu dans ce dernier mot une abnégation à la sainte Thérèse, quelque chose qui, déplacé de l’ordre divin dans le désordre humain, rappelait le cri sublime de la religieuse espagnole : « Quand vous me damneriez, Seigneur, je vous aimerais encore, même en enfer ! 

1634. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Collé »

IV Je viens de dire ce qu’elles sont, ces lettres… Ce sont des conseils à un jeune homme, qui rappellent, tout en contrastant avec elles, les lettres de Lord Chesterfield à son fils.

1635. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Sophie Arnould »

Ce sont des merveilles de peinture que leurs livres sur le xviiie  siècle, dans lesquels ils rappellent si bien, littérairement, les peintres de cette époque, dont ils fondent la couleur et la manière dans une couleur et une manière à eux.

1636. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Mademoiselle de Condé »

L’intérêt de ces lettres n’est dans aucun fait, dans aucune chose intime passée entre eux et qu’elles rappellent… On n’en connaît point de pareilles parmi les chefs-d’œuvre épistolaires que nous devons même au sentiment de l’amour.

1637. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XI. Gorini »

Personne n’aura donc plus amoindri ou ruiné l’histoire de la première moitié du dix-neuvième siècle que M. l’abbé Gorini, qui rappelle la fronde du berger victorieux, car c’est un curé de bergers !

1638. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XIX. Abailard »

un autre aurait été plus doux pour mon cœur, celui de votre CONCUBINE et de votre fille de joie, espérant que bornée à ce rôle, j’entraverais moins vos glorieuses destinées. » On a vu dans ce dernier mot une abnégation à la sainte Térèse, quelque chose qui, déplacé de l’ordre divin dans le désordre humain, rappelait le cri sublime de la religieuse espagnole : « Quand vous me damneriez, Seigneur, je vous aimerais encore, même en enfer ! 

1639. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XXVI. Médecine Tessier »

Tout cela n’est pas nouveau ; mais rappelez-vous le mot de Pascal, vous qui avez au moins le respect des noms écrasants, et taisez-vous !

1640. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XXXII. L’Internelle Consolacion »

II C’est Fontenelle, cette belle autorité religieuse et même littéraire, qui a écrit le mot fameux et qu’on cite toujours quand il est question de l’Imitation : « L’Imitation est le premier des livres humains, puisque l’Évangile n’est pas de main d’homme. » Seulement rappelons-nous que, quand il grava cette ingénieuse inscription lapidaire pour les rhétoriques des temps futurs, il s’agissait de la traduction de monsieur son oncle, le grand Corneille, et que, sans cette circonstance de famille, l’Imitation lui aurait paru moins sublime.

1641. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Ch. de Rémusat. Abélard, drame philosophique » pp. 237-250

Vous rappelez-vous les États de Blois, de Vitet ?

1642. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « L’abbé Brispot »

Soit qu’il lui échappe quelque ardente prière dans une note émue, ou qu’il révèle la sagacité renseignée de l’érudit dans un rapprochement ou une explication, on aime à retrouver l’individualité de l’homme qui a conçu le plan de cet ouvrage, tout ensemble utile et modeste, à le voir se rappeler de temps en temps avec talent et convenance au milieu des graves fragments qu’il groupe et coordonne.

1643. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Henri Cantel »

Et de fait, elle y est (il ne faut nier la beauté nulle part) ; mais qui l’y voit tant cesse, pour son compte, d’être pathétique, et fait douter de la sincérité d’une poésie qui pleure comme on met du fard, et rappelle le mot affecté de cette femme qui disait : « C’était là le bon temps, le temps où j’étais malheureuse !  

1644. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Lamartine »

Chef-d’œuvre de suavité en ses peintures rapides, sillonnées par des traits qui rappellent la double présence de l’idéalité qu’on admire et qui plane toujours sur le naturel qu’on adore !

1645. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « Ferdinand Fabre »

Ainsi, dans la grande scène, que l’auteur de Tigrane a eu l’art d’amener, de l’ouverture du cercueil de l’évêque de Roquebrun, et qui rappelle le déterrement du Pape Formose (une des plus grandes scènes à décrire de l’Histoire ecclésiastique et même à juger), Ferdinand Fabre nous a très bien peint son abbé, foudroyé d’envie dévorante et d’ambition exaspérée à la vue de ce cadavre enseveli dans ses éblouissants insignes d’évêque, et lui fait porter des mains qu’il ne peut retenir vers cette mitre et cet anneau qui lui soutirent le cœur de la poitrine.

1646. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « Eugène Sue » pp. 16-26

— Vous rappelez-vous ces deux cités de saint Augustin, — la Cité de Dieu et la Cité du Diable, — ces deux camps tranchés et retranchés dont l’idée, à part la vérité théologique, serait encore une simplification sublime de l’histoire de l’humanité ?

1647. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Théophile Gautier. » pp. 295-308

Théophile Gautier, à qui ces sortes de travestissements sont faciles (rappelez-vous la préface de Mademoiselle de Maupin), a voulu, non pour la première fois, mettre en masque ce qu’il a de mieux, ce qui fait sa personnalité littéraire, c’est-à-dire son style, et il a déplorablement réussi.

1648. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXVII. Des panégyriques ou éloges adressés à Louis XIII, au cardinal de Richelieu, et au cardinal Mazarin. »

On sent bien qu’un tel caractère est peu favorable aux éloges ; mais les panégyristes poursuivent encore plus les rois, que souvent les rois ne sont empressés à les fuir ; il paraît même que Louis XIII en fut importuné ; peut-être même que son esprit naturel lui fit haïr de bonne heure un genre d’éloquence qui, le plus souvent, n’a rien de vrai, et qui au moins est vide d’idées ; peut-être aussi qu’un homme calme et sans passions doit mieux sentir le ridicule de ce qui est exagéré ; et c’est le vice nécessaire de tout ce qui est harangue ; peut-être enfin que tant d’éloges sur de grands événements auxquels il avait peu de part, lui rappelaient un peu trop sa faiblesse et une gloire étrangère.

1649. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre XII. »

Ce mont Athos138, que l’architecte favori du roi devait tailler en statue colossale, avec une ville dans la paume d’une main, et un fleuve s’épanchant de l’autre main, rappelle la gigantesque monstruosité des temples et des dieux indiens, venant remplacer les lignes sublimes du Parthénon et la Minerve de Phidias.

1650. (1915) Les idées et les hommes. Deuxième série pp. -341

Aussi loin que je me la rappelle, je l’ai toujours vue avec des échafaudages. […] Si je dis que je me rappelle ces dix-sept Prussiens, ce n’est pas tout à fait cela. […] Je me rappelle cette cour, nos réunions d’adolescents cloîtrés et nos finesses. […] Il cherche et ne se rappelle rien. […] Il lui rappelle ses fautes avec une obstination régulière.

1651. (1884) Propos d’un entrepreneur de démolitions pp. -294

Dans ses Libres Penseurs, je crois, il rappelle que Byron était pied-bot et il exulte d’avoir trouvé cela à reprendre en lui. […] Il s’efforçait tant qu’il pouvait de le rappeler et il plantait sur sa boutique les plus extravagants paratonnerres pour y attirer sans danger la foudre de cette comparaison. […] Je me rappelle une scène d’une beauté à ranimer les ossements de Stendhal. […] Il peut donc être utile de rappeler ce prêtre à l’humilité sacerdotale qu’il paraît avoir en profond mépris. […] Vous vous rappelez cette impitoyable poésie du scarabée, d’un spiritualisme si cruel.

1652. (1925) Dissociations

L’astrologie Ce qui maintient un certain crédit à l’astrologie, dont un procès récent rappelait l’existence, c’est l’antiquité de son origine, les mages, la Chaldée, son rôle dans l’histoire de France, la célébrité de quelques-uns de ses adeptes et même de ses maîtres, car enfin Képler ne fut pas seulement un des fondateurs de l’astronomie, il tirait des horoscopes et y gagnait sa vie. […] Cela rappelle un peu, comme donnée fondamentale, la lettre volée de Poë : traiter l’objet précieux comme s’il était sans importance. […] Un magistrat, qui eut souvent à juger les chauffeurs en délire, le rappelait l’autre jour aux intéressés et au public, lequel est fortement intéressé, lui aussi, dans la question, car c’est lui qui fournit la chair à pâté. […] Quand on se les rappelle, il semble qu’on commence à être très vieux, beaucoup plus vieux que la réalité. […] Mais tout cela est mesquin, pauvre, et ne rappelle que bien médiocrement les vieilles baraques de jadis, si animées, si retentissantes.

1653. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « M. FAURIEL. —  première partie  » pp. 126-268

Pour se souvenir à quel point les érudits, à cette fin du siècle, en étaient loin, on n’a qu’à se rappeler Dupuis et Volney. […] Fauriel a eu cela de particulier et d’original, nous ne saurions assez le rappeler, qu’issu du pur xviiie  siècle et comme en le prolongeant, il a rencontré et entamé presque toutes les recherches du xixe , sans avoir dit à aucun jour : Je romps. […] Chauvet : c’étaient là des questions élémentaires, des discussions en quelque sorte négatives, auxquelles les réformateurs se voyaient ramenés sans cesse par des chicanes obstinées dont le temps a fait justice ; mais il était d’autres soins plus essentiels et plus intérieurs de la réforme dramatique tentée alors, d’autres coins marquants de son but, qu’on ne saurait trop rappeler, car il n’a peut-être pas été fait, depuis, un seul pas qui ait avancé la cause de l’art dans la même voie, ou qui bien plutôt ne l’ait pas fait rétrograder, en la compromettant par tous les oublis et tous les excès. […] N’oublions pas que c’est un étranger qui écrit : l’image d’ailleurs est parfaitement exacte, et elle vient rappeler à propos combien en effet le goût des nations diffère. […] Il apportait sa flûte (et il faut avoir vu Laënnec pour se le figurer ainsi en Lycidas), et, à mesure que l’autre lui rappelait les paroles, il essayait de les noter : Numeros memini, si verba tenerem !

1654. (1886) Le naturalisme

Nous gens d’au-delà les Pyrénées, satellites de la France, — malgré que nous en ayons, — nous nous rappelons aussi l’époque romantique comme une date glorieuse. […] Je l’ai fait ailleurs du mieux que j’ai su et je le rappelle non point pour me louer, mais afin que les malicieux ne m’accusent pas de parler ici de choses que je n’ai pas essayé de comprendre. […] Tout jusqu’au nom Paradou (paradis), et à l’arbre gigantesque à l’ombre duquel le péché est commis, tout rappelle la Genèse. […] Ici nous ne savons pas grand chose de nos pères et nous nous rappelons seulement certains aïeux de sang très pur, du lignage des Cervantès, des Hurtado, des Espinel. […] Quoique je n’aime pas à me citer moi-même, je dois rappeler ici ce que j’ai dit de Galdos, il y a trois ans, dans une étude assez longue que je consacrais à ses œuvres dans la Revue Européenne.

1655. (1864) Études sur Shakespeare

Le grand seigneur, soumis et adorateur dans son rôle de courtisan, pouvait en certaines occasions se rappeler avec hauteur qu’il était gentilhomme. […] Cependant les premières années du poëte nous ont transmis, pour unique trace des singularités qui peuvent annoncer le génie, l’anecdote que je viens de raconter, et ce qu’on sait des amusements de sa jeunesse n’a rien qui rappelle les goûts et les plaisirs d’une vie littéraire. […] Ainsi Lucrèce, accablée sous le poids de sa honte, après une nuit de désespoir, appelle au jour naissant un jeune esclave, pour le charger d’aller au camp porter à son mari la lettre qui doit le rappeler. […] Mais, tant que le spectateur se plaît à l’oublier, l’art doit éviter avec soin, ce qui pourrait lui rappeler que le spectacle qu’il contemple n’a rien de réel. […] Mais, pendant que l’armée est en route, c’est vers Macbeth que le poëte rappelle notre imagination ; c’est avec lui que nous nous préparons à l’approche des troupes, dont la marche s’accomplit sans que rien nous apprenne à en mesurer la durée, ou nous porte à nous en informer.

1656. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Molière »

On se rappelle que Machiavel, grand poëte comique aussi, ne dédaignait pas la conversation des bouchers, boulangers et autres. […] Sganarelle, chétif comme son grand-père Panurge, a pourtant laissé quelque postérité digne de tous deux, dans laquelle il convient de rappeler Pangloss et de ne pas oublier Gringoire7. […] Ce que je veux rappeler ici, c’est qu’attaqué des dévots, envié des auteurs, recherché des grands, valet-de-chambre du roi et son indispensable ressource pour toutes les fêtes, Molière, avec cela troublé de passions et de tracas domestiques, dévoré de jalousie conjugale, fréquemment malade de sa fluxion de poitrine et de sa toux, directeur de troupe et comédien infatigable bien qu’au régime et au lait, Molière, durant quinze ans, suffit à tous les emplois, qu’à chaque nécessité survenante son génie est présent et répond, gardant de plus ses heures d’inspiration propre et d’initiative. […] A l’égard de son caractère, il étoit doux, complaisant, généreux ; il aimoit fort à haranguer, et quand il lisoit ses pièces aux comédiens, il vouloit qu’ils y amenassent leurs enfants, pour tirer des conjectures de leurs mouvements naturels. » Ce qui apparaît en ce peu de lignes de la mâle beauté du visage de Molière m’a rappelé ce que Tieck raconte de la face tout humaine de Shakspeare.

1657. (1891) Enquête sur l’évolution littéraire

Verlaine m’a toujours rappelé ce déguisé. […] Je ne vous rappellerai pas les manifestes nombreux que les symbolistes lancèrent au pays ; nous y déployâmes une activité de propagande qui, hélas ! […] Essaie de bien te rappeler, de tout te rappeler. […] Je me rappelle, je l’ai vu à son débarqué de Nancy, tout frais, tout pimpant ; il n’a presque pas changé ; il a du talent, mais je le crois très fumiste. […] Je me rappelai à temps, pour ne pas en être déconcerté, que c’était la dernière phrase prononcée par M. 

1658. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) «  Poésies inédites de Mme Desbordes-Valmore  » pp. 405-416

Dans une première division du recueil où se lit cette inscription, Amour, il se trouve de bien jolis motifs de chants, des mélodies pures, et qui rappellent l’âge, déjà bien ancien, où la poésie se nourrissait encore toute de sentiment : Les roses de Saadi J’ai voulu ce matin te rapporter des roses ; Mais j’en avais tant pris dans mes ceintures closes, Que les nœuds trop serrés n’ont pu les contenir.

1659. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Madame Desbordes-Valmore. »

Restez, monsieur, le culte vivant de sa mémoire : les lettres ont plus que jamais besoin qu’on leur rappelle souvent de ces beaux souvenirs.

1660. (1874) Premiers lundis. Tome I « M. A. Thiers : Histoire de la révolution française — I. La Convention après le 9 thermidor. »

Les Girondins, rappelés aussi peu de temps après les soixante-treize, ne restèrent pas toujours fidèles à l’engagement solennel et touchant que Chénier prenait pour eux en votant leur retour : « Non, non, Condorcet, Rabaut-Saint Étienne, Vergniaud, Camille Desmoulins, ne veulent pas d’holocaustes, et ce n’est point par des hécatombes qu’on apaisera leurs mânes. » Mais l’oubli des torts est moins facile que celui des services.

1661. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Seconde partie. De l’état actuel des lumières en France, et de leurs progrès futurs — Chapitre IX et dernier. Conclusion » pp. 586-601

Enfin, qu’on se rappelle les noms illustres que les siècles nous ont transmis, et l’on verra qu’il n’en est aucun dont l’histoire n’enseigne au moins une vertu.

1662. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre I. La préparations des chefs-d’œuvre — Chapitre I. Malherbe »

Mais rappelons-nous qu’il s’acharnait, comme dit Balzac, à dégasconner la cour, et nous comprendrons que le « courtisan », au nom duquel il blâmait Desportes, était pour lui un idéal plus qu’une réalité.

1663. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XIII » pp. 109-125

Ici l’ordre des faits amène sur la scène une personne dont le nom rappelle les plus agréables souvenirs, c’est madame de Sévigné.

1664. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — F. — article » pp. 272-292

Son grand principe, d’après la Religion chrétienne, est de rappeler tous les hommes à la concorde & à l’union, d’établir entre eux une correspondance de secours mutuels, d’émouvoir tous les cœurs en faveur de l’humanité, & de les intéresser au sort des malheureux, de quelque Nation qu’ils soient.

1665. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre V : La religion — Chapitre III : Le problème religieux »

Sans entrer ici dans le débat assez compliqué de la morale dite indépendante, nous nous contenterons de rappeler qu’il y a dans l’homme deux tendances : l’une par laquelle il tend à tomber au-dessous de lui-même, l’autre à s’élever au dessus.

1666. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Renou » pp. 301-307

Je me le rappelle.

1667. (1905) Les ennemis de l’art d’écrire. Réponse aux objections de MM. F. Brunetière, Emile Faguet, Adolphe Brisson, Rémy de Gourmont, Ernest Charles, G. Lanson, G. Pélissier, Octave Uzanne, Léon Blum, A. Mazel, C. Vergniol, etc… « VIII »

Nous ne rappellerons que pour mémoire certaines opinions fantaisistes sur lesquelles il est inutile d’insister.

1668. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre X. Mme A. Craven »

C’est un livre qui rappelle les romans qu’on écrivait il y a soixante ans, et auxquels le terre n’est pas légère, car elle pèse assez sur eux pour qu’ils n’en sortent pas, et qu’ils soient parfaitement oubliés… Afin de ne pas imiter Mme Sand, l’auteur d’Indiana et de Valentine, ces décrépites à la vieillesse affreuse, et qui aura prochainement le même sert, Mme Craven a sauté par-dessus jusqu’à Mme de Montolieu.

1669. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Tallemant des Réaux »

Pour rappeler la plaisanterie connue de la maréchale de Boufflers à son mari, il pouvait passer, le bonhomme, on lui avait donné… Mais voilà précisément ce qu’il ne fait pas !

1670. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Louis XIV. Quinze ans de règne »

Le xviie  siècle venait d’expirer, et celui-là qui lui succédait allait bientôt justifier le mot contemplatif du vieux Mathieu dans son Louis XI : « Les grandes montées font les grandes descentes. » Le scandale du testament de Charles II éclatait, comme une trahison de Louis XIV, quoique Louis XIV — et Moret le rappelle avec raison dans son histoire — ne fût pour rien dans la dictée de ce testament, inspiré (ou imposé peut-être) par le génie du patriotisme espagnol à la tête imbécile de Charles II.

1671. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « La Paix et la Trêve de Dieu »

Que peut-on croire, en effet, de la vérité de ses conclusions historiques quand on se rappelle qu’entre dans des idées nouvelles au moment où il allait sortir de la vie, il se proposait de reconstruire, de fond en comble, l’édifice qu’on nous avait donné, depuis tant d’années, comme un monument inébranlable ?

1672. (1880) Goethe et Diderot « Introduction »

Vous rappelez-vous cette peinture faite par un de ses admirateurs, ou peut-être par lui-même, le plus grand de tous ceux qu’il eut jamais, où il est représenté patinant sur je ne sais quelle rivière : « jeune et beau comme un Dieu dans la pelisse rouge de sa mère » ?

1673. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « XVII. Mémoires du duc de Luynes, publiés par MM. Dussieux et Soulier » pp. 355-368

Rappelez-vous Stendhal et sa joie cruelle quand parut la première édition de ce Dangeau, qu’on a complété depuis, et dont on nous donnera tout.

1674. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « Th. Carlyle » pp. 243-258

Il se place au cœur de toutes, pour les mieux voir et les mieux sentir, — et c’est de là que le moraliste qu’il est avant tout, ce Carlyle, aperçoit le côté ridicule, abusif, outrancier, caricaturesque de toute chose humaine, et qu’il part de cet éclat de rire qui rappelle cet immense éclaffeur de Rabelais, mais amertumé de la cruelle gaieté anglaise, plus féroce que la nôtre ; la gaieté de Swift et d’Hogarth !

1675. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Balzac »

Vous vous rappelez ce pur et idéal Daniel Darthès, si chevaleresquement amoureux de la princesse de Cadignan, dans les Scènes de la Vie parisienne ?

1676. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Hoffmann »

Henri Heine, ce poète charmant et si digne d’être regretté, Henri Heine a pris acte de cette réaction en termes imposants que nous rappellerons, parce qu’allemand, poète et critique d’instinct, il est sur Hoffmann plus compétent que personne : « Les véritables penseurs — dit-il — et les natures poétiques, ne veulent plus entendre parler d’Hoffmann.

1677. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Byron »

Est-ce qu’il n’en pointe pas d’autres maintenant, heureusement encore à deux pouces de terre, qui insultent au génie d’Alfred de Musset, le byronien charmant, le poète de la jeunesse, mort dans son enfance, que je ne comparerai pas à son père, mais qui rappelle parfois son père au point de se faire adorer !

1678. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XXVIII. M. Flourens »

Le langage facile, pur, agréable, qu’on parle ici, ne rappelle en rien le langage rude, incorrect et parfois opaque que la science, soucieuse seulement de l’exactitude des faits, est accoutumée de parler.

1679. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « M. Jules Soury. Jésus et les Évangiles » pp. 251-264

Dernièrement (si on se le rappelle), un travail de lui, insultant et faux, sur les filles de Louis XV, m’avait, dans un journal, passé par les mains, et je l’avais proprement et correctement déchiré en quatre morceaux, pour qu’il pût servir à quelque chose.

1680. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « L’abbé Monnin. Le Curé d’Ars » pp. 345-359

L’abbé Monnin n’a jamais entendu, ni personne que ceux auxquels le Curé d’Ars s’adressait dans ce tête-à-tête sublime de la confession entre le prêtre et son pénitent, les paroles irrésistibles qui ont dû lui tomber des lèvres, à cet Inspiré de la conscience, mais il l’a entendu souvent dans ses instructions et ses catéchismes, et ce qu’il s’en rappelle et en cite est d’une beauté de langage qui défie les plus beaux langages de la terre.

1681. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « M. Athanase Renard. Les Philosophes et la Philosophie » pp. 431-446

Ce bonheur-là, je l’ai eu un jour, si on se le rappelle, quand je signalai l’un des premiers, si ce n’est le premier, le livre d’un inconnu (Revelière), intitulé magnifiquement : Les Ruines de la Monarchie française, sous lesquelles, par parenthèse, il pourrait bien rester enseveli… Eh bien, je vais avoir ce bonheur encore en parlant d’un autre livre, non moins substantiel, non moins fort d’observation et de raison que celui de Revelière, et aussi non moins ignoré… Ce livre s’appelle : Les Philosophes et la Philosophie, et il est d’un écrivain à peu près aussi inconnu que Revelière, c’est M. 

1682. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « A. P. Floquet »

Goethe peut-être, dans ces derniers temps, eut un bonheur qui rappelle celui de Bossuet par l’éclat soudain et par la constance.

1683. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « L’abbé Maynard »

L’abbé Maynard n’a pas manqué de nous rappeler mille traits charmants de saint Vincent, de ce pauvre paysan des Landes, qui avait été berger dans son enfance, et que tout semblait avoir prédestiné à l’humilité la plus complète qu’on ait vue jamais parmi les hommes.

1684. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Maurice de Guérin »

Sans doute, aux premiers coups qu’il donna de cette plume qui est un pinceau, il rappela l’homme qu’il avait d’abord aimé.

1685. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Gustave Rousselot  »

Elle nous rappelle, cette théorie, celle de ces singuliers grammairiens qui voulaient, il y a quelques années, traiter l’orthographe comme Rousselot veut traiter la prosodie.

1686. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « Mme Desbordes-Valmore. Poésies inédites. »

Vous rappelez-vous certains cris de Mme Dorval, cette tragédienne par l’abandon, par le spontané, par le prime-sautier, par le je ne sais quoi, par la nature, comme dit l’homme exaspéré, qui sent que son étude et son effort ne sont pour rien là-dedans !

1687. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « Mme de Girardin. Œuvres complètes, — Les Poésies. »

Rappelez-vous le moment de l’entrée dans la célébrité de Mme de Girardin, alors Mme Delphine Gay.

1688. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Auguste Barbier »

André n’était que l’éphèbe de cette poésie ; Auguste Barbier devait en être l’homme, dans sa toute-puissante virilité… Quand il lança, de ce bras musclé qui rappelle les bras de Michel-Ange, ces premiers vers-flèches à la tête de la Révolution de 1830, ce que l’imagination avait rêvé sur ces grands noms : Archiloque et Tyrtée, dont on n’avait point les vers, fut réalisé pour elle !

1689. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Alfred de Vigny »

Le caractère du portrait d’Alfred de Vigny, en ses Œuvres posthumes, est ce que les Anglais appellent : the pensiveness, et que nous, qui n’avons pas la richesse étoffée de leur langue, nous sommes obligés de traduire par un affreux barbarisme : la pensivité… N’étaient-ce pas les soldats du philosophe Catinat qui rappelaient, avec leur tact de soldats : le Père La Pensée ?

1690. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Malot et M. Erckmann-Chatrian » pp. 253-266

— au milieu de tout le monde littéraire qu’il rappelle ?

1691. (1906) Les idées égalitaires. Étude sociologique « Introduction »

C’est pourquoi il paraît d’une bonne méthode, si nous voulons étudier objectivement l’idée de l’égalité des hommes, de faire autant que possible abstraction des sentiments, justifiés on non par des principes, qu’elle peut nous inspirer : nous n’avons brièvement rappelé les problèmes moraux de l’égalitarisme que pour les écarter préalablement.

1692. (1894) Les maîtres de l’histoire : Renan, Taine, Michelet pp. -312

C’est là ce qu’il faut se rappeler pour comprendre ce qui, dans son œuvre historique, peut au premier abord paraître entaché d’inconsistance et de fantaisie. […] Je me contenterai de rappeler combien nombreux furent les camarades de Taine qui se firent un nom dans l’enseignement, les lettres, le journalisme, le théâtre, la politique ou même l’Église. […] Ceux dont l’enfance et l’adolescence se sont écoulées pendant les douze premières années du second empire se rappelleront toujours la froideur et le morne ennui qui accablait les âmes pendant cette triste époque. […] Pour moi, je me rappelle les nuits où je veillais une mère malade ; elle souffrait d’être immobile, elle demandait qu’on l’aidât à changer de place et voulait se retourner. […] N’est-il pas descendu en justicier compatissant dans les nécropoles du passé pour rappeler à la vie ceux qui y dormaient un sommeil séculaire ?

1693. (1922) Gustave Flaubert

Mais le conformisme social les rattrape au tournant de la puberté, et le procureur impérial Ernest Chevalier, quand Flaubert plus tard lui rappelait le Garçon, devait penser à peu près comme le colonel d’artillerie Morin, l’un des auteurs, et peut-être l’auteur d’Ubu, dont il avait laissé toute la responsabilité à Jarry : « Il n’y a pas de quoi être fier d’avoir fait de pareilles âneries !  […] Puis Yuk lève le toit d’un ménage bourgeois, et ne parvient toujours qu’à nous rappeler de très loin Méphistophélès. […] « Il serait maintenant impossible à aucun de nous de rien se rappeler de lui. […] Sa vie maintenant avait des douceurs partout. » Il a appris à connaître les femmes comme un garçon moyennement doué apprend un métier et fait ses études, et la façon dont il réussit la conquête de Mme Dambreuse, sans rappeler la tactique napoléonienne d’un Valmont, est à peu près aussi honorable que celle dont un général vieilli sous le harnais s’acquitte de son rôle aux grandes manœuvres. […] Sa vie déserte est pleine de tentations, matières à rêves et à figures d’art. « Peu à peu cependant une langueur a surgi ; c’était une impuissance désespérante à rappeler ma pensée, qui m’échappait malgré les chaînes dont je l’attachais ; comme un éléphant qui s’emporte, elle courait sous moi avec des hennissements sauvages ; parfois je me rejetais en arrière, tant elle m’épouvantait à la voir, ou, plus hardi, je m’y cramponnais pour l’arrêter.

1694. (1858) Du roman et du théâtre contemporains et de leur influence sur les mœurs (2e éd.)

C’est des premières années du gouvernement de Juillet que date, on se le rappelle, cette perversion de notre littérature. […] L’auteur du Juif errant qui a fait, on se le rappelle, du personnage de Mlle de Cardoville le symbole du sensualisme raffiné, semble avoir pris à tâche de pousser jusque-là le développement logique du système : il fait mourir en effet son héroïne par le suicide, mais par un suicide approprié à sa vie et qui en est le digne couronnement. […] Nous ne pouvons rappeler que quelques exemples. […] Les Mémoires du Diable, Les Quatre Sœurs, Les Drames inconnus, il suffît de rappeler le titre de ces romans. […] » Nous avons rappelé l’Adrienne du Juif errant, montrant l’épouse réduite à « une imbécillité incurable par une dégradante tutelle » ; la femme dans toutes les situations « asservie, enchaînée au bon plaisir d’une autre créature humaine, sa pareille devant Dieu208 ».

1695. (1902) La politique comparée de Montesquieu, Rousseau et Voltaire

On sait qu’elle était la seule nation d’Europe dans ce cas, ce que Voltaire rappelle sans cesse, pour lui en faire honte. […] » — Quand l’ancien Parlement fut rappelé, Voltaire ne dit mot, ou à peu près. […] En 1603 Henri IV rappela lui-même les Jésuites par des motifs qui restent obscurs ou du moins très enveloppés. […] L’affaire s’adoucit l’année suivante, les exilés furent rappelés et le Parlement recommença à administrer la justice avec tranquillité. […] Frédéric est moins indulgent que Montesquieu ; mais il y a à parier qu’il se rappelle l’Esprit des Lois : « La scène qui s’est passée à Abbeville est tragique ; mais n’y a-t-il pas de la faute de ceux qui ont été punis ?

1696. (1911) Études pp. 9-261

Comme une parole à l’oreille au moment où l’on ne s’y attendait pas, le poète soudain tout près de nous : « Te rappelles-tu ? Te rappelles-tu ce que je dis ? […] Mais il retombe, arrêté par son propre poids, rappelé par les liens qui l’attachent à la terre et qu’il a consolidés de son adhésion. […] Je me rappelle dans La Mer certains écroulements de vagues dont le fracas n’empêchait pas de tinter la chute délicate de chaque goutte. […] Aucune mer aussi loin qu’on se rappelle.

1697. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre III. L’Âge moderne (1801-1875) » pp. 388-524

On ne saurait omettre, en effet, de rappeler qu’en 1782, lorsque les Confessions virent le jour, elles ne produisirent d’abord et généralement qu’une impression de dégoût. […] Rappellerons-nous encore d’autres définitions ? […] Mais l’art a perdu cette spontanéité primitive ; c’est à la science de lui rappeler ses traditions oubliées qu’il fera revivre dans les formes qui lui sont propres » [Cf.  […] Mais ce que je puis faire observer, en termes généraux, c’est combien l’influence des idées de Dumas a été considérable ; et qui voudra s’en rendre compte n’a qu’à se rappeler de combien d’autres influences, au moment où j’écris, il semble qu’elle ait triomphé. […] Mais Dumas n’en avait pas moins raison de rappeler que ce n’est point l’homme qui est fait pour l’art, mais au contraire l’art pour l’homme ; et c’est ce que personne aujourd’hui ne conteste.

1698. (1865) La crise philosophique. MM. Taine, Renan, Littré, Vacherot

On peut faire trois questions à cette cosmogonie qui rappelle beaucoup la physique stoïcienne. — Qu’est-ce que l’âme ? […] demain peut-être, il se fera un mouvement en sens contraire ; il naîtra un penseur audacieux qui découvrira l’âme, et rappellera à l’homme étonné et ravi la dignité, la beauté, l’originalité de sa nature et de son rôle dans la création ; il lui apprendra ce qu’il aura oublié, à regarder au-dessus de lui et non au-dessous. […] Sans vouloir revenir sur les circonstances qui ont amené la séparation dont on se plaint, sans rappeler qu’il a pu être, qu’il est encore nécessaire de circonscrire les problèmes pour les mieux étudier, il est plus court de reconnaître que le spiritualisme doit s’efforcer aujourd’hui de faire droit à quelques-unes de ces justes réclamations. […] Ce n’est rien proposer de téméraire que de convier l’école spiritualiste à s’imiter elle-même, à se rappeler ses commencements obscurs et glorieux, où, dans le silence de l’École normale, elle étudiait avec passion les lois de la perception extérieure, les origines de nos idées, l’autorité de la connaissance humaine, les fondements de la psychologie. […] Rappelons seulement un ouvrage des plus distingués, la Philosophie de la nature de M. 

1699. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Le Chevalier de Méré ou De l’honnête homme au dix-septième siècle. »

L’auteur-amateur avait fait imprimer dans l’intervalle quelques petites dissertations sur la Justesse, sur l’Esprit, sur la Conversation, sur les Agréments ; tout cela venait trop tard, et l’on conçoit que Dangeau, enregistrant dans son Journal la mort du chevalier, ait dit : « C’étoit un homme de beaucoup d’esprit, qui avoit fait des livres qui ne lui faisoient pas beaucoup d’honneur. » Le goût de ces choses, et surtout de cette manière de les dire, avait passé, et, en matière légère comme bien souvent en matière plus grave, le moment est tout ; on n’en rappelle pas. […] Plus tard, après des années, il rappelait cela un peu pédantesquement à Mme de Maintenon, déjà poussée dans les grandeurs et à la veille d’enchaîner Louis XIV : « En vérité, madame, lui écrivait-il, il seroit bien mal aisé d’avoir tant d’amis d’importance au milieu de la cour, et d’estimer constamment ceux qui n’y sont de rien, quand ce seroit les plus honnêtes gens qu’on ait jamais vus. […] On se rappelle cette charmante et toute jeune Mlle de Saint-Germain chez Hamilton, qui avait tout bien dans sa personne, hormis les mains  : « Et la belle se consoloit de ce que le temps de les avoir blanches n’étoit pas encore venu. » A cet égard, tout épicurien qu’il se montre en bien des endroits, le chevalier ne sait sans doute pas la recette aussi bien que les Grammont, les Hamilton, ces voluptueux rompus à l’art de plaire.

1700. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 avril 1885. »

Mais bien qu’elle rappelle par son concept les allégoriques entités du Moyen-âge, elle apporte en sus un piment moderne, insinue un courant intellectuel de raffinement dans cette masse de sauvages voluptés qui coulent ; elle ajoute, en quelque sorte, des sensations exaspérées au naïf canevas des anciens âges, assure plus certainement enfin, par cette exaltation d’une acuité nerveuse, la défaite du héros, subitement initié aux lascives complications de cervelle du temps épuisé où nous sommes. […] Nous rappellerons, seulement, brièvement la suite des faits. […] Ce n’est point que Richard Wagner ait eu, dès l’abord, la nette vue de ces trois questions ; mais il suffit de se rappeler le tempérament spécial du Maître, pour comprendre que toutes trois sont le développement logique de sa nature.

1701. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 octobre 1885. »

Oui, je le crois, nous pouvons ne pas nous rappeler que l’incomparable poète-musicien fut l’insulteur de nos défaites et de nos gloires. […] Rappelez-vous la conclusion de cette farce. […] Qu’on se rappelle les sujets par lui choisis pour composer ses œuvres.

1702. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 juin 1886. »

Pour la plus grande clarté de cette analyse rappelons cependant les principales dates : 1870. […] Se rappelle-t-on les dernières années de Louis Lambert, dans le beau roman de Balzac ? […] Wyzewa rappelle que depuis Wagner, l’art n’est pas dans la peinture, la musique ou la littérature mais dans l’union des genres.

1703. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre VI » pp. 394-434

En ces moments elle était gaie et souriante, elle aimait qu’on la vînt voir au Théâtre-Italien, au théâtre de l’Opéra, dans sa loge, et c’était encore un grand charme d’entendre cette voix qui semblait rappeler toutes les mélodies envolées. […] Grande consolation, véritablement, pour la gloire consolée, et merveilleuse fortune pour la critique exposée, elle aussi, aux oublis de la foule indifférente, lorsqu’avant de mourir à son tour, elle se met à ressusciter cette gloire éteinte, à rappeler cette idole à la douce clarté de ses beaux jours ! […] On se rappelle cette phrase de Marivaux ; « Ma beauté !

1704. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Paul Féval » pp. 107-174

Féval débuta, si vous vous le rappelez, par Les Mystères de Londres. […] Il faut bien le rappeler, quoique tout le monde et lui-même le sachent, le vrai talent de Paul Féval, sa profondeur, son essence, son originalité, la saveur embaumante de son talent, lui viennent de cette terre de Bretagne dont il est le fils. […] Maintenant, c’est de l’extrait de talent qu’il va nous donner dans de petits livres qui rappelleront ces fines aiguilles de cristal dans lesquelles on enferme l’essence des roses… Les Étapes d’une conversion auront trois volumes comme celui-ci, et seront publiés en trois fois.

1705. (1911) Lyrisme, épopée, drame. Une loi de l’histoire littéraire expliquée par l’évolution générale « Appendices » pp. 235-309

Puisque D’Annunzio n’a jamais hésité à se faire une réclame même des scandales de sa vie privée, il n’y a aucune indiscrétion à rappeler en deux mots qu’il a toujours affiché et pratiqué l’égoïsme le plus féroce du « surhomme ». […] Le théâtre ne saurait vivre sans elles ; reconnaissons-le franchement ; et quand nous nous moquons des artifices de la tragédie, rappelons-nous certaine parabole d’une poutre et d’un fétu de paille. […] Je rappelle enfin les longs entr’actes nécessités par les changements de décor et de toilettes.

1706. (1860) Cours familier de littérature. X « LVIIIe entretien » pp. 223-287

J’ai su le nom de la femme que lui rappelait le crucifix et le chapelet de noyaux d’olives : je ne le dirai pas. […] XIII Son petit livre rappelle au premier coup d’œil ces poètes condensés en sonnets d’or et d’ivoire qui, tels que Pétrarque, Michel-Ange, Filicaïa, Monti, incrustent une idée forte, un sentiment patriotique, une larme amoureuse dans un petit nombre de vers robustes, gracieux ou tendres, vers polis comme l’ivoire, que ces poètes miniaturistes façonnent non pour le temps, mais pour l’éternité.

1707. (1863) Cours familier de littérature. XV « LXXXIXe entretien. De la littérature de l’âme. Journal intime d’une jeune personne. Mlle de Guérin (2e partie) » pp. 321-384

Effusions intimes par-ci par-là, qui rappellent l’âme à son nid comme le chalumeau du berger rappelle au bercail le troupeau dispersé.

1708. (1863) Cours familier de littérature. XV « XCe entretien. De la littérature de l’âme. Journal intime d’une jeune personne. Mlle de Guérin (3e partie) » pp. 385-448

mon Dieu, ceci me rappelle que nous étions ensemble à pareil jour l’an dernier ; que j’avais un frère, un ami que je ne puis plus ni voir ni entendre. […] XIV Un autre devoir de famille la rappelle à Paris : lisez ses apprêts de voyage.

1709. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CXIVe entretien. La Science ou Le Cosmos, par M. de Humboldt (3e partie) » pp. 365-427

Quant à leurs mouvements, on cherche en vain dans la rotation de la matière la loi qui les chasse ou les rappelle ; tous les Newton et tous les Laplace de l’univers ne découvriront pas hors de la volonté d’un premier moteur divin la loi de leur circulation. […] Nous avons peine à nous réconcilier avec son absence sur l’Océan et au milieu des sables de l’Afrique ; mais ces dernières scènes, où rien ne rappelle à notre esprit nos champs, nos bois et nos rivières, nous laissent moins étonnés de l’immensité des solitudes que nous traversons.

1710. (1867) Cours familier de littérature. XXIII « cxxxive Entretien. Réminiscence littéraire. Œuvres de Clotilde de Surville »

L’escalier tournant du château sur lequel elles étaient éparses la moitié du jour nous rappelait sans cesse cette image biblique. […] L’hiver la rappelle à de plus triste pensées.

1711. (1892) Boileau « Chapitre I. L’homme » pp. 5-43

Faut-il rappeler cette espièglerie de rapin, dont Racine et Boileau s’avisèrent un jour, quand après les premières Satires Racine mena son ami chez l’illustre Chapelain, à qui il le présenta sous le nom de bailli de Chevreuse ? […] Qui ne se rappelle une autre exquise scène de comédie, à laquelle Mme de Sévigné nous fait assister ?

1712. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre II. L’époque romantique — Chapitre V. Le roman romantique »

Il s’est rappelé toujours avec délices le temps où il était dragon à l’armée d’Italie. […] Il mêle des réflexions, des dissertations d’archéologue à ses récits ; il nous rappelle ainsi de temps à autre, de peur que nous ne l’ignorions, que ce n’est pas son affaire de faire un roman, et qu’il ne s’est mis ci conter que par accident, pour nous faire plaisir.

1713. (1920) Enquête : Pourquoi aucun des grands poètes de langue française n’est-il du Midi ? (Les Marges)

Rappelez-vous Baudelaire : « Il me semble que je « serais toujours bien là où je ne suis pas… Tu connais cette « maladie fiévreuse qui s’empare de nous dans les froides misères, cette nostalgie du pays qu’on ignore, cette angoisse de la curiosité » ? […] Surtout, il y en a deux ou trois dont je ne me rappelle pas assurément le patelin.

1714. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 février 1886. »

Enfin elle s’est rappelée qu’elle avait abandonné, il y a quelques six ans, en pleine fleur, un merveilleux sujet ; elle l’a repris, simplement : et elle a retrouvé de beaux jours, cotre vieille gaîté française. […] « Mais pourtant dans cette décadence certainement partielle et dans ce verbiage, surtout en certains sujets d’opéra, combien leur forme et leur manière viennent aux Italiens à propos, Bellini en donne la preuve dans la norma, sans contradiction une de ses compositions les plus réussies ; dans cette pièce où le poème même s’élève à la hauteur tragique des anciens grecs, cette forme que Bellini en même temps aussi relève et anoblit, rehausse le solennel et grandiose caractère du tout ; toutes les passions que son chant transfigure si singulièrement, reçoivent par cela même un fondement majestueux, sur lequel elles ne flottent pas vaguement, mais se forment en un grand et clair tableau qui, involontairement, rappelle les créations de Gluck et de Spontini.

1715. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 juillet 1886. »

Et comme il n’a point l’esprit occupé à d’autres pensées, le rêveur se rappelle d’enfantines journées évanouies. […] Oesterlein ; on se rappelle que le premier tome a paru en 1879.

1716. (1881) La psychologie anglaise contemporaine «  M. Georges Lewes — Chapitre II : La Psychologie »

Lewes rappelle que, le premier, il a énoncé ce fait physiologique : Le système nerveux est identique partout en propriété et en structure ; fait qui a des conséquences très importantes239 car si la propriété est partout la même, les fonctions dans lesquelles entre cette propriété doivent avoir une identité commune : les différences ne pouvant venir que des divers éléments (muscles, glandes, etc.) sur lesquels agit la névrilité. […] Il est très certain que nous avons beaucoup de sensations qui ne sont pas du tout perçues et dont nous sommes, comme on dit, totalement inconscients. » Elles sont ou si faibles, ou si familières, ou si bien noyées dans des sensations plus fortes, ou si incapables d’exciter des associations d’idées, que nous n’en sommes pas « conscients » dans le présent et que nous ne pouvons nous les rappeler plus tard.

1717. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Alexandre Dumas fils — Chapitre X »

Il presse son mariage, le contrat est fait, et les bans vont être publiés demain… Elle touche au but, elle va l’atteindre… Oui, mais cette femme si forte commet la très grande faute de rappeler Olivier chez elle, par je ne sais quelle machination mesquine où l’honneur d’une femme est mêlé. […] » Et il rappelle comme quoi, depuis trois actes, il se fait humble, gracieux, modeste, offrant à tous ces gens-là de faire leur fortune, et ne recevant, en récompense, que des mépris et des rebuffades.

1718. (1899) Esthétique de la langue française « Esthétique de la langue française — La déformation  »

Deschanel en donne lui-même un exemple lorsqu’il rappelle que dais a d’abord voulu dire table, conformément à une des significations de son mot d’origine, le latin discus. […] Évier rappelle le lointain moment de la langue où aqua était devenu eve.

1719. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « VII. M. Ferrari » pp. 157-193

Il y a là une puissance presque formidable de manœuvrier historique, et qui me rappelle ce Charles Fourier, dont M.  […] Ferrari rappelle parfois dans la sienne, — et enfin, l’imagination qui colore toutes ces abstractions et leur met l’illusion dernière, il fallait une de ses puissances avec laquelle on en ferait aisément plusieurs.

1720. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre second. De la sagesse poétique — Chapitre III. De la logique poétique » pp. 125-167

Si on se rappelle deux axiomes (48, Il est naturel aux enfants de transporter l’idée et le nom des premières personnes, des premières choses qu’ils ont vues, à toutes les personnes, à toutes les choses qui ont avec elles quelque ressemblance, quelque rapport. […] On peut conjecturer qu’il fut chef du parti du peuple, lorsque Athènes était gouvernée par l’aristocratie, et que ce conseil fameux qu’il donnait à ses concitoyens (connaissez-vous vous-mêmes), avait un sens politique plutôt que moral, et était destiné à leur rappeler l’égalité de leurs droits.

1721. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « La princesse Mathilde » pp. 389-400

Tous ceux qui eurent l’honneur de la rencontrer dès lors se rappellent l’admiration et l’attrait qui rayonnait partout autour d’elle.

1722. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Correspondance de Voltaire avec la duchesse de Saxe-Golha et autres lettres de lui inédites, publiées par MM. Évariste, Bavoux et Alphonse François. Œuvres et correspondance inédites de J-J. Rousseau, publiées par M. G. Streckeisen-Moultou. — I » pp. 219-230

Et ceci me rappelle un contraste ; car, pour être juste envers Rousseau, il ne faut jamais le séparer de son siècle ni de ceux qu’il est venu contredire et en face desquels il a osé relever son noble drapeau.

1723. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « À M. le directeur gérant du Moniteur » pp. 345-355

Oui, je suis effrayé, mon cher directeur, et vous en comprendrez les raisons si vous voulez bien vous mettre un instant à ma place, et me laisser vous rappeler tout ce qui s’est passé à la suite de l’article, mêlé de critique et d’éloge, que j’ai écrit sur Fanny 63.

1724. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Waterloo, par M. Thiers »

Et d’abord, comme premier élément, je rappellerai cette sorte de désaccord entre le moral de l’armée et ses chefs, le soldat ayant la disposition à se croire trahi et perdu, du moment qu’il ne voyait pas Napoléon.

1725. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Waterloo, par M. Thiers (suite) »

Lorsque l’Empereur voulut la faire rappeler, il était trop tard : elle était engagée.

1726. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Victor Hugo — Victor Hugo, romans (1832) »

Les descriptions, les analyses de cœur, les conversations rapportées, les pièces diplomatiques citées au long, nous font plus d’une fois perdre de vue l’auditoire ; et quand le chien Rask remue la queue, ou que le sergent Thadée pousse une exclamation, on a besoin de quelques efforts pour se rappeler le lieu et les circonstances.

1727. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Des soirées littéraires ou les poètes entre eux »

On se rappelle encore comment fut accueilli le glorieux précurseur de cette poésie à la fois éclatante et intime, et ce qu’il lui fallut de génie opiniâtre pour croire en lui-même et persister.

1728. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Appendice sur La Fontaine »

Qu’il nous suffise d’avoir rappelé que, durant les vingt ans écoulés depuis l’aventure de l’ode jusqu’à la publication de Joconde (1662), il ne cessa de cultiver son art ; qu’il composa, dans le genre et sur le ton à la mode, un grand nombre de vers dont très-peu nous sont restés, et que s’il y porta depuis 1664, c’est-à-dire depuis les débuts de Boileau et de Racine, plus de goût, de correction, de maturité, et parut adopter comme une seconde manière, il garda toujours assez de la première pour qu’on reconnût en lui le commensal du vieux Colletet, le disciple de Voiture, et l’ami de Saint-Évremond.

1729. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Réception de M. Vitet à l’Académie française. »

Manzoni le savait bien, lorsqu’il rappelait ce mot à Fauriel : « L’imagination, quand elle s’applique aux idées morales, se fortifie et redouble d’énergie avec l’âge au lieu de se refroidir. » Racine, après des années de silence, en sort un jour pour écrire Athalie.

1730. (1874) Premiers lundis. Tome II « Chronique littéraire »

Or, les esprits qui jugent de la sorte, ont un rôle à jouer dans l’effort commun ; ils ont à exciter ceux qui doutent d’une issue, à tempérer, à ne pas suivre ceux qui voient à chaque pas un labarum ; ils ont à multiplier les points de vue de l’histoire, les documents de l’érudition, les variétés réelles, innombrables, qui déconcertent les unités étroites et factices ; ils ont aussi à rappeler, d’autres fois, le but futur, la grande unité sociale, vague encore, complexe, et inégale toujours, où évidemment le siècle s’achemine.

1731. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Préface de la seconde édition » pp. 3-24

J’offre d’avance la traduction de toutes ces sortes de critiques dans les vers de Molière, que je rappelle ici : Non, non, je ne veux point d’un esprit qui soit haut, Et femme qui compose en sait plus qu’il ne faut ; Je prétends que la mienne, en clartés peu sublime, Même ne sache pas ce que c’est qu’une rime ; Et c’est assez pour elle, à vous en bien parler, Que savoir prier Dieu, m’aimer, coudre et filer.

1732. (1861) La Fontaine et ses fables « Deuxième partie — Chapitre III. Les dieux »

Les cerfs bondissants et agiles rappellent Diane « qui aime les cris de chasse, et tend son arc d’or » ; et, lorsqu’on voit les grands troupeaux paître tranquillement l’herbe abondante, on pense volontiers à la terre divine, nourrice des choses, qui fait tout sortir de son sein maternel. — Comparez à ces images la mythologie ridicule des auteurs graves.

1733. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Deuxième partie. Invention — Chapitre II. Définition. — Énumération. — Description »

Voici une description de Buffon : Qu’on se figure un pays sans verdure et sans qu’au, un soleil brûlant, un ciel toujours sec, des plaines sablonneuses, des montagnes encore plus arides, sur lesquelles l’œil s’étend et le regard se perd sans pouvoir s’arrêter sur aucun objet vivant ; une terre morte et, pour ainsi dire, écorchée par les vents, laquelle ne présente que des ossements, des cailloux jonchés, des rochers debout ou renversés, un désert entièrement découvert, où le voyageur n’a jamais inspiré sous l’ombrage, où rien ne l’accompagne, rien ne lui rappelle la nature vivante : solitude absolue, mille fois plus affreuse que celle des forêts ; car les arbres sont encore des êtres pour l’homme qui se voit seul ; plus isolé, plus dénué, plus perdu dans ces lieux vides et sans bornes, il voit partout l’espace comme son tombeau : la lumière du jour, plus triste que l’ombre de la nuit, ne renaît que pour éclairer sa nudité, son impuissance, et pour lui présenter l’horreur de sa situation, en reculant à ses yeux les barrières du vide, en étendant autour de lui l’abîme de l’immensité qui le sépare de la terre habitée : immensité qu’il tenterait en vain de parcourir ; car la faim, la soif et la chaleur brûlante pressent tous les instants qui lui restent entre le désespoir et la mort.

1734. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Quatrième partie. Élocution — Chapitre III. Association des mots entre eux et des mots avec les idées »

Il me fallait un effort ensuite pour rappeler le premier tableau et en continuer le développement.

1735. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Livre II. Littérature bourgeoise — Chapitre II. Le lyrisme bourgeois »

Il hait les mendiants, aux mains de qui vont toutes les richesses ; mais il rappelle les débuts des jacobins et des cordeliers, la sainte, évangélique pauvreté, qui est l’esprit de leur institution.

1736. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre I. Renaissance et Réforme avant 1535 — Chapitre I. Vue générale du seizième siècle »

Je ne puis faire ici le tableau de la Renaissance italienne : je dois me borner à rappeler brièvement ce qui explique le soudain agrandissement de notre littérature.

1737. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre IV. Les tempéraments et les idées (suite) — Chapitre VII. La littérature française et les étrangers »

Le comte de Creutz, ambassadeur de Suède, le marquis de Caraccioli, ambassadeur de Naples, l’abbé Galiani, le prince de Ligne, le prince de Nassau, Stedingk, Fersen sont tout Français de goûts, de langue, d’intelligence : Garaccioli est désespéré quand sa cour le rappelle pour le faire ministre et vice-roi ; il semble qu’il s’enfonce dans la nuit.

1738. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « (Chroniqueurs parisiens I) MM. Albert Wolff et Émile Blavet »

Si je rappelle que le plus Parisien de nos chroniqueurs nous vient d’Allemagne, c’est tout simplement parce qu’il y paraît.

1739. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XI. Il Convitato di pietra (le Convié de pierre) » pp. 191-208

On se rappelle L’École des maris (acte I, scène v) et les salutations multipliées de Valère et d’Ergaste à Sganarelle.

1740. (1888) Demain : questions d’esthétique pp. 5-30

Sans doute le sentiment de la couleur et de l’harmonie sommeillait et sans doute, à maintenir si longtemps dans cette pénible attitude doctorale l’esprit humain, on risquait de le paralyser, de le dessécher, de lui faire oublier la grâce de gestes plus vivants : le XVIIIe siècle, cette mare, puis ce torrent, est le loyer dont nous payâmes le XVIIe  Le Romantisme n’eut point d’autre fonction que de rappeler l’art français au souci du monde extérieur : sur l’Ame de Bossuet et de Racine, Hugo et Gautier jetèrent leur draperie splendide.

1741. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre XVII. Romans d’histoire, d’aventures et de voyages : Gebhart, Lemaître, Radiot, Élémir Bourges, Loti » pp. 201-217

Toutes les huit pages, ces colorations sont rappelées à notre souvenance.

1742. (1913) Les antinomies entre l’individu et la société « Chapitre XII. L’antinomie morale » pp. 253-269

Cet individualisme nie la morale sociale régnante et peut-être même toute morale sociale ; il la nie comme étant une morale de faibles, de médiocres, de lâches, de fourbes, d’hypocrites et de traîtres, la fourberie et la traîtrise étant une forme de la faiblesse (se rappeler la traîtrise de la femme.

1743. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre VII. Développement des idées de Jésus sur le Royaume de Dieu. »

Rappelons-nous que la première pensée de Jésus, pensée tellement profonde chez lui qu’elle n’eut probablement pas d’origine et tenait aux racines mêmes de son être, fut qu’il était le fils de Dieu, l’intime de son Père, l’exécuteur de ses volontés.

1744. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre VIII. Quelques étrangères »

Il rappelle le précepte du Vinci : « Observer les taches des murailles, la cendre du foyer, les nuages, les fanges, et autres choses de cette espèce pour y trouver invenzioni mirabilissime et infinite cose. » Et voyez comme naïvement et lâchement il se traduit la leçon célèbre : « Le maître savait bien que le hasard — comme l’a démontré jadis l’éponge d’Apelles — est toujours l’ami de l’artiste ingénieux.

1745. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre septième. Les altérations et transformations de la conscience et de la volonté — Chapitre premier. L’ubiquité de la conscience et l’apparente inconscience »

Dès que le malade fait un effort intellectuel pour se rappeler ou pour raisonner ou pour deviner quelque chose, on voit sa main prendre l’attitude nécessaire pour écrire ; dès que le problème est résolu ou abandonné, « la main laisse tomber la plume et s’affaisse dans une attitude de résolution. » M. 

1746. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1854 » pp. 59-74

Peu d’artistes, peu d’hommes de lettres, je me rappelle seulement un vaudevilliste.

1747. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre troisième. De la sympathie et de la sociabilité dans la critique. »

Rappelez-vous Balzac déterminant exactement la rue et la maison où vit Grandet, analysant les créatures qui l’entourent, établissant les mille petits faits qui ont décidé du caractère et des habitudes de son avare.

1748. (1867) Le cerveau et la pensée « Chapitre VII. Le langage et le cerveau »

Il rappelle que M. 

1749. (1824) Notes sur les fables de La Fontaine « Livre septième. »

On se rappelle cet acteur qui, dans Dupuis et Desronais, escamote par sa prononciation le mot de cette petite, ste-p-tite fille.

1750. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre second. Philosophie. — Chapitre premier. Astronomie et Mathématiques. »

Nous savons qu’on ne manquera pas de rappeler quelques bulles du Saint-Siège, ou quelques décrets de la Sorbonne, qui condamnent telle ou telle découverte philosophique ; mais, aussi, combien ne pourrait-on pas citer d’arrêts de la cour de Rome en faveur de ces mêmes découvertes ?

1751. (1860) Ceci n’est pas un livre « Le maître au lapin » pp. 5-30

Je me rappelle pourtant (et je vais terminer par là), mais trop vaguement pour la décrire avec détail, une très belle composition intitulée le Char gaulois : — Les compagnons du brenn, l’haleine encore essoufflée par le dernier combat, se remettent en marche, fuyant les émanations pestilentielles du champ de bataille.

1752. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre VI. Du trouble des esprits au sujet du sentiment religieux » pp. 143-159

Quand nous sommes éloignés de la patrie, nous nous rappelons toujours avec délices les jours où nous vivions sous les arbres qui ombragèrent notre berceau ; nous aimons à retracer à notre mémoire et la prairie et le ruisseau et la forêt qui étaient près du toit paternel : nous visitons mille contrées fameuses ; nous admirons les aspects les plus variés d’une nature tantôt belle, tantôt agreste et sauvage ; mais nulle part il ne sort de la terre que nous foulons sous nos pieds des souvenirs animés ; nulle part nous ne reconnaissons et le vent et la lumière et les ombres.

1753. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre premier. Mme de Staël »

La taille de ce portrait est forte, sous le camée de la ceinture ; mais dites si, malgré l’épaisseur de ce buste qui rappelle les statues antiques, ce n’est pas là une taille de femme, des épaules de femme, une opulente gorge de femme, de magnifiques bras de femme, et des yeux !

1754. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XV. Mme la Mise de Blocqueville »

nous voilà bien loin des Soirées de Saint-Pétersbourg que Mme de Blocqueville, dans son titre, a osé rappeler !

1755. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XVIII. Souvenirs d’une Cosaque »

Vous rappelez-vous Elle et Lui, un livre de Souvenirs aussi, et auquel le frère d’Alfred de Musset répondit par un autre livre… de Souvenirs encore, qui coupa le sifflet à la couleuvre qui s’était mise à siffler sur le tombeau du poëte et avait cru, de son venin, y laisser une tache immortelle ?

1756. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XXIV. Mme Claire de Chandeneux »

» Tout ce militarisme, à trop bon marché, rappelle cette antique petite pièce du Gymnase, qui est, je crois, intitulée : les Mémoires du colonel, et où il n’y a du colonel, que le colback, placé dans un coin sur un meuble, et dont les amoureux de la pièce font la boîte aux lettres de leurs billets doux !

1757. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « L’ancien Régime et la Révolution »

Quand la Démocratie parut, on se rappelle avec quelle insistance on se demanda de toutes parts si l’auteur était pour ou contre la démocratie, pour ou contre le système américain, car il y avait dans son livre assez pour l’une ou pour l’autre de ces deux thèses, et ce fut, sans doute, la raison de l’immense succès d’un ouvrage qu’on ne craignit pas de comparer à l’Esprit des Lois !

1758. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Odysse Barot »

Il s’est rappelé le mot de Montesquieu, que « qui comprend tout peut tout abréger ».

1759. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Rigault » pp. 169-183

Vous vous rappelez l’aimable Joubert, le délicat des délicats, ce platonicien meilleur que Platon, qui sentait l’antiquité en maître et qui a déjà l’air d’un ancien, quoiqu’il soit d’hier ?

1760. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « La Femme et l’Enfant » pp. 11-26

Voilà pourtant ce que l’auteur du livre de La Femme et l’Enfant n’a pas compris, ou ne s’est pas rappelé, quand il a pensé à alléger la masse de douleurs et de misères pour lesquelles l’Église catholique a plus fait que toutes les civilisations réunies.

1761. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Les Femmes et la société au temps d’Auguste » pp. 293-307

Il n’a, comme les dandys, de respect pour rien, ni pour les traditions, ni pour les solennités, ni pour les témoignages de l’Histoire, appuyés par les plus grands noms… Si vous mettez, entre parenthèses, son incroyable amour pour Cléopâtre, qui détonne avec son dandysme, et qui rappelle l’amour sénile du philosophe Cousin pour la duchesse de Longueville, Blaze de Bury semble revenu de l’Histoire comme d’autre chose.

1762. (1880) Goethe et Diderot « Note : entretiens de Goethe et d’Eckermann Traduits par M. J.-N. Charles »

Ce livre, qui n’est qu’un recueil de maximes, d’aperçus et de pensées de Gœthe, empruntés à ses œuvres complètes, donne une idée plus nette et plus riche de lui que les Entretiens d’Eckermann, et on le conçoit bien, pour peu qu’on se rappelle la nature spéciale de son esprit.

1763. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Auguste Vacquerie » pp. 73-89

Le drame en est le mot écrit. » Et, comme le grimacier n’est jamais très loin de son théâtre et de ses habituelles préoccupations : « La tragédie — dit-il — est le nez du théâtre et le drame en est la figure. » Il y a un mot qu’on a rappelé immensément et qui est à l’état de légende incertaine dans les lettres.

1764. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Crétineau-Joly » pp. 247-262

Son portrait, mis à la tête du volume et très ressemblant, rappelle, par son énergie de dogue, la tête de Granier de Cassagnac, — cette autre grande plume de guerre, — mais avec une expression plus gaie.

1765. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « III. Donoso Cortès »

» Rappelez-vous ce qu’il dit une fois de Sainte-Hélène : « Napoléon, le maître du monde, devait mourir séparé du monde par un fossé dans lequel coulerait l’Océan. » Il parle quelque part de je ne sais quelle doctrine indigne de la majesté de l’absurde.

1766. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XVI. Buffon »

Il ne s’est pas assez rappelé le sort de ces collaborateurs de Mirabeau, qu’on reprocha aussi à son génie… qui les a parfaitement dévorés !

1767. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XXIX. M. Eugène Pelletan »

Pelletan nous les rappelle.

1768. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « M. Th. Ribot. La Philosophie de Schopenhauer » pp. 281-296

On se rappelle le mot de Hégel mourant : « Je croyais qu’il m’était resté un disciple qui me comprenait, et je n’ai plus que moi ! 

1769. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Achille du Clésieux »

Je constate seulement que cette langue n’est plus dans la préoccupation littéraire, et que s’il y a un contemporain qui la rappelle encore, mais en la faisant vibrer plus fort que Racine, c’est Lamartine, le souverain des poètes français du xixe  siècle, et peut-être de tous les temps.

1770. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Édouard Gourdon et Antoine Gandon » pp. 79-94

Quand il parle ou qu’il peint l’amour, c’est d’une plume positive et consciente qui rappelle Alexandre Dumas fils, ce travailleur à l’emporte-pièce, sobre, mordant et sec, chez qui l’observation ne monte jamais jusqu’à l’idéal, — qui n’est cependant qu’une observation supérieure.

1771. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Xavier Aubryet et Albéric Second » pp. 255-270

Clarisse, La Cousine Bette, sont des noms qui expriment maintenant des familles de femmes et des types, et toujours on dira une Clarisse et une Cousine Bette, de toutes celles qui rappelleront l’héroïne de Balzac ou l’héroïne de Richardson.

1772. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « Honoré de Balzac » pp. 1-15

Balzac, on se le rappelle, dit autrefois un mot sur M. 

1773. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Edmond About » pp. 91-105

Vous vous la rappelez, la Marneffe de Balzac, cette Méduse de boue ?

1774. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Paul Féval » pp. 145-158

Féval débuta, si vous vous le rappelez, par Les Mystères de Londres.

1775. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Arthur de Gravillon »

., rappellent les noms, admirablement appropriés à ses types, du grand moraliste du xviie  siècle : Gnaton, Cléophile, Acis, Ménalque, Onuphre, etc., etc., noms que le génie a touchés de son phosphore et qui sont à l’état de choses inextinguibles dans nos esprits !

1776. (1868) Curiosités esthétiques « VIII. Quelques caricaturistes étrangers » pp. 421-436

Je me rappelle surtout deux planches extraordinaires : — l’une représente un paysage fantastique, un mélange de nuées et de rochers.

1777. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XVI. Des sophistes grecs ; du genre de leur éloquence et de leurs éloges ; panégyriques depuis Trajan jusqu’à Dioclétien. »

Cet art, outre une imagination très vive et prompte à s’enflammer, supposait encore en eux des études très longues ; il supposait une étude raisonnée de la langue et de tous ses signes, l’étude approfondie de tous les écrivains, et surtout de ceux qui avaient dans le style, le plus de fécondité et de souplesse ; la lecture assidue des poètes, parce que les poètes ébranlent plus fortement l’imagination, et qu’ils pouvaient servir à couvrir le petit nombre des idées par l’éclat des images ; le choix particulier de quelque grand orateur avec qui leur talent et leur âme avaient quelque rapport ; une mémoire prompte, et qui avait la disposition rapide de toutes ses richesses pour servir leur imagination ; l’exercice habituel de la parole, d’où devait naître l’habitude de lier rapidement des idées ; des méditations profondes sur tous les genres de sentiments et de passions ; beaucoup d’idées générales sur les vertus et les vices, et peut-être des morceaux d’éclat et prémédités, une étude réfléchie de l’histoire et de tous les grands événements, que l’éloquence pouvait ramener ; des formules d’exorde toutes prêtes et convenables aux lieux, aux temps, à l’âge de l’orateur ; peut-être un art technique de classer leurs idées sur tous les objets, pour les retrouver à chaque instant et sur le premier ordre ; peut-être un art de méditer et de prévoir d’avance tous les sujets possibles, par des divisions générales ou de situations, ou de passions, ou d’objets politiques, ou d’objets de morale, ou d’objets religieux, ou d’objets d’éloge et de censure ; peut-être enfin la facilité d’exciter en eux, par l’habitude, une espèce de sensibilité factice et rapide, en prononçant avec action des mots qui leur rappelaient des sentiments déjà éprouvés, à peu près comme les grands acteurs qui, hors du théâtre, froids et tranquilles, en prononçant certains sons, peuvent tout à coup frémir, s’indigner, s’attendrir, verser et arracher des larmes : et ne sait-on pas que l’action même et le progrès du discours entraîne l’orateur, l’échauffe, le pousse, et, par un mécanisme involontaire, lui communique une sensibilité qu’il n’avait point d’abord.

1778. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXXI. De Mascaron et de Bossuet. »

C’est ici qu’il faut se rappeler le mot de Henri IV à un ambassadeur : « Est-ce que votre maître n’est pas assez grand pour avoir des faiblesses ?

1779. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXXVI. Des éloges académiques ; des éloges des savants, par M. de Fontenelle, et de quelques autres. »

Il en a la marche, souvent la profondeur ; et l’éloge de Montesquieu rappelle en plus d’un endroit l’éloge d’Agricola.

1780. (1896) Les idées en marche pp. 1-385

Je connais un littérateur qui ne se rappelle de ses meilleurs amis que leurs voix ou que leurs regards, mais avec une intensité qui compense ce que cette fantasmagorie a d’incomplet. […] Rappelez-vous les chroniqueurs italiens, extraordinaires trésors de passions déchaînées où les plus grands ont puisé sans scrupule. […] Rappelez-vous le mot de l’Italienne qui, savourant un sorbet devant le golfe de Naples, près de l’homme aimé, sous les étoiles, regrettait que ce ne fût point un sacrilège. […] J’aime moins le premier des drames qu’il nous présente aujourd’hui et qui rappelle Pelléas et Mélisande m. […] Rappelons-nous notre enfance.

1781. (1897) La vie et les livres. Quatrième série pp. 3-401

Nos soi-disant maîtres et seigneurs nous rappellent obstinément leur supériorité. […] Les chuchoteurs sont regardés de travers et les bavards rappelés à l’ordre. […] On se rappelle que cette Vénus et cette Victoire furent sauvées du naufrage par deux Français : l’enseigne de vaisseau Dumont d’Urville et le consul général Champoiseau. […] Quelques vieillards se rappelaient le vieux temple de la Terre, bâti par les Pélages ; on y voyait un trou profond, espèce de soupirail, d’où sortaient des oracles redoutés. […] Les Thessaliens, pour rappeler une grande victoire remportée sur leurs voisins de Phocide, ont fait faire par Ascaros, le statuaire thébain, un Zeus couronné de fleurs.

1782. (1913) Les idées et les hommes. Première série pp. -368

Ils vous disent : — Tu te rappelles, n’est-ce pas ? […] — En effet, Hodgson, je me rappelle, répondait William James. — Bonne preuve, n’est-ce pas. […] Son argument, je le rappelle : la religion ne nous apporte pas une preuve. […] Nous avons une pléiade d’historiens analogue à la pléiade de romanciers que je rappelais. […] Je me rappelle qu’un jour je montai sur une table pour chercher l’interstice par où elles avaient dû pénétrer.

1783. (1895) Hommes et livres

Elle met sa coquetterie à faire briller sa vitalité : elle rappelle quel centre et quel foyer d’études elle a été pendant des siècles, en célébrant les fêtes commémoratives de la fondation de son Université. […] Mais soudain ces érudits de large esprit, qui attestent la gravité des cérémonies d’un culte hérétique, nous rappellent qu’ils sont des moines, et moines de cœur comme d’habit. […] C’était un moyen de rappeler sa doctrine au pouvoir central, et une chance, en cas de succès, de la voir mettre en pratique. […] Ainsi dans sa chute, que je rappelais tout à l’heure. […] Cela me rappelle les romans d’éducation à l’usage de la jeunesse, où le héros prend l’une après l’autre toutes les mauvaises habitudes dont on veut purger le lecteur, toutes les qualités qu’on y veut greffer.

1784. (1902) La poésie nouvelle

Et la seconde rappelle ces étoffes légères, molles et dociles à la variété des gestes, dont vêtent leurs personnages les peintres des saines et belles époques d’art.‌ […] Son allégresse de promoteur enthousiaste rappelle un peu celle de Joachim du Bellay lorsqu’il entonnait ce chant de guerre, la Défense et illustration de la langue française. […] A du Plessys il rappelle les ennemis contre lesquels il faut lutter, ah ! […] L’ombre ancienne se rappelle les printemps de la terre, les rires d’avril, et les cygnes sur les étangs, et les abeilles en essaims blonds, et les fruits d’automne, et les vendanges, et l’alternance charmante des saisons, et l’amour. […] Le poème du Bûcher d’Hercule rappelle le style de la Légende des Siècles, plutôt encore celui de ces « petites épopées », moins vastes plus concises, plus alexandrines, auxquelles se plurent les Parnassiens.

1785. (1859) Moralistes des seizième et dix-septième siècles

Il est sensible, sympathique, ouvert, affectueux, témoin son amitié célèbre pour la Boëtie, qui mourut jeune, et que, si longtemps après, Montaigne ne pouvait se rappeler sans serrement de cœur et sans défaillance. […] Son mérite principal c’est d’avoir rappelé son siècle, en beaucoup de choses, au bon sens et à la nature. […] On y peut goûter aussi une certaine bonhomie familière de langage, une parole sentencieuse, quelquefois pittoresque, un parler bref qui rappellerait celui de Montaigne. […] L’effervescence du seizième siècle a cessé ; rien ne rappelle la fiévreuse énergie des luttes précédentes. […] Ne vous en flattez pas trop ; j’ai fait cette revue dans mon livre, et je ne m’en rappelle pas une qui ait résisté à l’épreuve.

1786. (1927) André Gide pp. 8-126

Dans le faire même de ce beau récit, des grâces piquantes et des ironies légères rappellent un peu par instants la manière d’Anatole France. […] On se rappelle les dernières pages du Saint Paul de Renan. « Paul est le père du subtil Augustin, de l’aride Thomas d’Aquin, du sombre calviniste, de l’acariâtre janséniste, de la théologie féroce qui damne et prédestine à la damnation. […] Paul Valéry, pour qui il a toute l’admiration qu’on attendait de lui, il cite dans le présent volume ce passage bien connu, mais toujours bon à rappeler, de Baudelaire : « Tous les grands poètes deviennent naturellement, finalement, critiques. […] C’est dommage, car il avait bien de l’esprit et bien du talent, ce Wilde, comme le rappellent l’amusant recueil de ses mots publié par M. 

1787. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Troisième partie. — L’école historique » pp. 253-354

Les idées particulières, nous en avons un spécimen fort avantageux dans l’unique exemple du savoir-faire d’Uranie, que je rappelais tout à l’heure. […] Permettez-moi, mon cher, de vous rappeler votre maladie, comme Toinette au bonhomme Argan : vous êtes philosophe, vous avez un système, et dans votre système cet artiste ne peut pas se corriger. […] Vous me rappelez un vieux professeur de philosophie, qui, pour réfuter Spinoza, disait : Je veux mouvoir mon bras, je le meus. […] Lysidas n’est ici, nous le rappelons au lecteur, que la personnification du dogmatisme en critique littéraire, dans ses trois évolutions successives : l’autorité des anciens, le règne de la raison pure et la doctrine de l’école historique.

1788. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre II. L’Âge classique (1498-1801) — Chapitre premier. La Formation de l’Idéal classique (1498-1610) » pp. 40-106

Rappelons-nous plutôt la mémorable allégorie de Physis et d’Antiphysie. […] Je me rappelle encore un mot de Cicéron : Nihil in simplici genere ex omni parte perfectum natura expolivit . […] Faut-il rappeler à ce propos les paroles si souvent citées de Luther ? […] C’est ce que personne, avant Amyot, ne nous avait montré ; et si l’on s’étonnait là-dessus qu’un simple traducteur doive occuper une place aussi considérable dans l’histoire de la littérature de son temps, il suffirait de rappeler que ses « belles, riches et véritables peintures » ont éveillé la vocation de Michel de Montaigne.

1789. (1836) Portraits littéraires. Tome II pp. 1-523

Arnault, il a rappelé la nomination académique de Laujon, et a commencé une biographie de la chanson. […] Villemain a terminé par des félicitations ironiques ; il a rappelé la fortune rapide de M.  […] Avant d’expirer, il récite à son fils quelques vers sur ses devoirs de roi et de chrétien, qui m’ont rappelé la chronologie française versifiée. […] Cinq-Mars a rappelé la prose de son exil. […] Louis XIII et Marion ne rappelaient guère madame de Motteville et le coadjuteur ; Didier ne ressemblait pas aux héros de la Fronde.

1790. (1921) Esquisses critiques. Première série

Nous ne les rappellerons pas, car ces romans, célèbres pour la plupart, sont dans la mémoire de tous leurs lecteurs — et quant aux scandales bruyants qui s’y trouvent rapportés, puisqu’il n’a pas convenu à l’auteur de les indiquer nommément, il ne nous appartient pas de les reconnaître en public. […] Jusque dans ses livres les plus récents passent des ombres qui le rappellent. […] Toute pièce de ces auteurs en rappelle d’autres, d’autres auteurs. […] Il n’y a pas jusqu’aux noms de lieux qu’ils ne prennent point la peine de choisir d’original, et dans une de leurs comédies, on cite incidemment un château des Airelles dont le titre aura certainement rappelé à bien des femmes un roman de leur bibliothèque blanche. […] Or notre soin initial, nous le rappelons ici, fut au contraire de montrer qu’il en exerce une, sensible, déterminée, caractéristique.

1791. (1887) Études littéraires : dix-neuvième siècle

Ainsi l’espoir qui renaît au cœur et y fait entendre sa chanson vaillante lui rappelle le pauvre coq que des marins ont embarqué sur leur esquif et dont le chant est d’autant plus doux à entendre que l’on est loin de la terre qu’il rappelle. […] Il ne rappelait nullement aucun des anciens, que du reste il ignorait. […] C’est bien le cas de rappeler le mot de Mirabeau (souillé par Chamfort) : « La facilité est le plus beau don de la nature, à la condition qu’on n’en use jamais » Lamartine en avait trop, et ne s’en défiait point. […] la belle petite robe Quelle avait, vous rappelez vous ?  […] Par ce côté, il est renaissance, rappelle Ronsard, et, comme il a une langue plus sûre que celle de Ronsard, donne exactement la note d’André de Chénier.

1792. (1903) Le problème de l’avenir latin

Pour comprendre l’énorme importance de ce simple fait, rappelons-nous l’état de la Gaule, province romaine, au quatrième siècle, cette aliénation totale de l’instinct originel, cette absolue transformation interne qu’accusent ses habitants aux derniers temps de l’Empire. […] Oui, certes, le christianisme finalement a fait pénétrer les Barbares dans le cercle de la civilisation antique : mais encore faut-il rappeler quand et comment cette finale « unification » s’est produite. […] Rappelons notre constatation du début : la quasi-coïncidence géographique du monde romain et du monde catholique d’une part, du monde barbare et du monde réformé d’autre part. […] L’enfant leur étant périodiquement présenté, ils suivraient le processus de sa croissance, constateraient la rigueur des soins donnés et des méthodes suivies, conseilleraient, expliqueraient, rappelleraient à l’exécution des décrets. […] Je ne puis m’empêcher de rappeler ici un conte, au symbolisme transparent et de signification saisissante, qu’un poète écrivit un jour, — sans se douter peut-être de toute la profondeur dont il est empreint.

1793. (1899) Musiciens et philosophes pp. 3-371

Considéré dans l’ensemble de son génie d’artiste, Wagner, si l’on veut le rapprocher d’un type d’artiste connu, rappelle un peu Démosthène ; il a le même sérieux terrible pour tout ce qu’il fait et la même puissance à saisir du premier coup et à garder solidement tout ce qu’il veut prendre. […] Sa manière, en cela, rappelle les frères de Goncourt, qui sont à rapprocher aussi de Wagner quant au style. […] Qu’il y ait dans l’œuvre de Beethoven un certain pathos, un ton déclamatoire qui rappelle Rousseau, Byron, Schiller, comme le fait remarquer Nietzsche, cela n’est pas contestable. […] Les œuvres artistiques, même les plus grossières, peuvent en outre nous rappeler ce qui nous a été agréable et nous éprouvons un agrément analogue, par exemple, quand l’artiste fait allusion à la chasse, à la victoire, au mariage. […] Faut-il rappeler enfin les surprenantes et merveilleuses combinaisons harmoniques que les peuplades des archipels de la Malaisie savent produire avec leurs jeux de cloches ?

1794. (1848) Études sur la littérature française au XIXe siècle. Tome III. Sainte-Beuve, Edgar Quinet, Michelet, etc.

Châtelain, de Rolle, habile en son temps à ces sortes de supercheries et d’espiègleries littéraires. » L’article sur Benjamin Constant et Mme de Charrière, est, je le rappelle, du 15 avril 1844. […] Mais on s’étonnera moins de son silence si l’on se rappelle que ce n’est qu’après 1856 que Sainte-Beuve mit au bas d’un de ses articles la première des deux notes ou parties de notes que j’ai citées plus haut. […] Il conviendrait sans doute ici de rappeler les différentes circonstances de la nomination de Sainte-Beuve à l’Académie de Lausanne, mais ce sont les relations de Vinet et de Sainte-Beuve qui, seules, nous intéressent. […] Quoi de plus frivole, en présence de l’Infini, que de se rappeler qu’on est Français, qu’on appartient à cette nation « à laquelle toutes les autres attachent les cordons de ses souliers », et de faire retentir les échos de l’éternité des noms de Napoléon, du maréchal Lannes et de la ville de Paris ? […] Que le poète se rappelle ce qu’il a dit : « Après l’amour, après la foi, l’art est beau, l’art est saint.

1795. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Charles Labitte »

Il y aurait profit à se le rappeler toutefois ; penser beaucoup et sérieusement au passé en telle matière et le bien comprendre, c’est véritablement penser à l’avenir : ces deux termes se lient étroitement et correspondent entre eux comme deux phares. […] Et si l’on trouvait que je vais bien loin, en appliquant cette gracieuse image à une production quelque peu rabelaisienne, qu’on se rappelle, entre autres, ce riant et beau passage : «  Le Roy que nous demandons est déjà fait par la nature, né au vrai parterre des fleurs de lys de France, rejeton droit et verdoyant du tige de saint Louis.

1796. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Note I. De l’acquisition du langage chez les enfants et dans l’espèce humaine » pp. 357-395

Ainsi, dans le vieux nom aryen du cheval (asva en sanscrit, equus en latin, ἵππος en grec, ehu en vieux saxon), nous ne découvrons rien qui rappelle le hennissement d’un cheval, mais nous découvrons le concept de rapidité incorporé dans la racine ak, signifiant être aigu, être rapide, d’où nous ayons aussi tiré des noms pour désigner la promptitude intellectuelle, par exemple acutus. […] En abandonnant tout ce qui pouvait rappeler à l’auditeur le son spécial de tel objet emporté par un mouvement rapide, la racine pat devint apte à signifier le concept général du mouvement rapide, et cette racine, par sa végétation, fournit ensuite une quantité de mots en sanscrit, en grec, en latin et dans les autres langues aryennes.

1797. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXIIIe entretien. Poésie lyrique. David (2e partie) » pp. 157-220

» Il se rappelle le passage de la mer Rouge. […] C’était un gardeur de chèvres et d’ânesses, comme Saül et comme David, qui rappelait, du haut des rochers et du fond des précipices, ses chevreaux, à la mélodie pastorale de son roseau percé de trois notes.

1798. (1862) Cours familier de littérature. XIII « LXXIIIe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins (4e partie) » pp. 1-63

L’élévation du front, le bleu de l’œil, l’ovale du visage, l’épaisseur majestueuse mais un peu lourde du menton, rappelaient en lui le Bourbon et faisaient souvenir du trône. Le cou souvent incliné, l’attitude modeste du corps, la bouche un peu pendante aux deux extrémités, le coup d’œil adroit, le sourire caressant, le geste gracieux, la parole facile, rappelaient le fils d’un complaisant de la multitude et faisaient souvenir du peuple.

1799. (1866) Cours familier de littérature. XXII « CXXVIIIe entretien. Fior d’Aliza (suite) » pp. 65-128

J’y pris une fiasque, et la montrant, ainsi que la zampogne, au piccinino, je lui dis que n’ayant plus rien à faire dans la cour, après mon service fini, j’allais pour passer le temps, à l’ombre des arcades du cloître, jouer quelques airs de mon métier aux malheureux enfermés sans amusement dans leurs loges ; le piccinino, qui avait bon cœur, qui aimait, comme tous les enfants, le son de la zampogne, n’y entendit aucune malice et trouva que c’était une pensée du bon Dieu que de rappeler la liberté aux captifs et le plaisir aux malheureux. […] Mais, excepté le cœur de celle à qui ces reliques rappellent des heures tristes ou douces, qui est-ce qui donnerait un carlin de cela ?

1800. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Livre I. Littérature héroïque et chevaleresque — Chapitre I. Les chansons de geste »

Parfois l’épopée fut contemporaine ou à peu près des faits qu’elle rappelait. […] Et jamais la force de l’honneur et du serinent féodal n’a plus fortement apparu qu’en ce Bernier : quand, sa mère morte, blessé lui-même, il a renoncé l’hommage, si, dans le premier moment de colère, il refuse la réparation que Raoul offre une fois revenu à lui, jamais cependant il n’aura le cœur en paix : il combattra Raoul de tout son courage, il le tuera, mais toujours l’idée de son serment violé le tourmentera : toujours il rappellera ses griefs, sa mère « arse », sa tête cassée ; il maintiendra « son droit », mais il sera inquiet.

1801. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, le 8 décembre 1885. »

Walther obtiendra Eva par le concours, et ce motif est celui du rêve dont Walther fera son chant de maître ; il correspond bien à la dernière phrase de Sachs citée plus haut ; on ne lui trouve plus cette liberté indéfinie d’allure qu’il présentait quand il signifiait le printemps, il rappelle à présent Eva, le concours, le nouveau mode que Walther doit créer. […] Outre les motifs de Tristan qui se trouvent naturellement rappelés par les rapports que Sachs établit entre Mark et lui, il serait curieux de comparer page 138 les mesures 3-4-5-6 et 13-14-15-16 à des motifs bien connus de Parsifal

1802. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XIV » pp. 126-174

Mademoiselle de Montpensier en a remarqué parmi elles qui font les dévotes par politique, et cette remarque rappelle qu’en 1667, la reine-mère, vieillie et mécontente du cardinal Mazarin qui désormais comptait moins sur elle pour sa fortune que sur ses nièces, et surtout sur l’inclination du jeune roi pour Hortense Mancini, était devenue dévote : de ce moment, il y eut des dévotes à la cour. […] Ne serait-il pas absurde de mettre sur la scène deux vieilles filles qui s’émancipent, et qui sont rappelées aux soins d’un petit ménage et aux habitudes d’économie la plus minutieuse par un père né et vivant dans la médiocrité, et fort éloigné de vouloir se méconnaître et être méconnu de ses enfants, pour faire une leçon d’économie à des femmes dont les pères et les maris sont comblés de richesses héréditaires ?

1803. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre XVII, l’Orestie. — les Euménides. »

Elles ne marchaient point, elles sautaient, comme d’une sortie d’embuscade, par bonds saccadés, par enjambées gigantesques qui rappelaient l’allure de leur chasse furieuse dévorant l’espace, de leur vol aptère arpentant les nues. […] » — Ce qu’elle fait, c’est de rappeler gravement à son peuple que la sanction est l’âme de la loi, et que la Justice s’appuie sur l’épée. — « Ici résideront le respect et la crainte, toujours présents aux citoyens, le jour et la nuit.

1804. (1772) Éloge de Racine pp. -

Mais pour faire sentir tout ce que Racine n’a dû qu’à lui-même, et tout ce que nous ne devons qu’à Racine, ne suis-je pas forcé de rappeler tout ce qui a manqué à Corneille ? […] On aurait honte de rappeler ici les ressorts odieux que l’on fit jouer, les manoeuvres abjectes que l’on employa.

1805. (1913) La Fontaine « I. sa vie. »

Je n’ai qu’à vous rappeler les lettres de Mme de Sévigné. […] Il faut toujours se rappeler que la vie de La Fontaine est en partie double, que souvent il va à Château-Thierry, qu’il s’y plaît, qu’il y fréquente ses amis, beaucoup moins sa femme.

1806. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Lettres de la mère Agnès Arnauld, abbesse de Port-Royal, publiées sur les textes authentiques avec une introduction par M. P. Faugère » pp. 148-162

» donne à penser qu’elle-même n’eût pas été loin de céder s’il n’y avait eu toute une armée derrière elle, et si tout ne lui avait rappelé à chaque heure qu’elle était une Arnauld.

1807. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Le général Joubert. Extraits de sa correspondance inédite. — Étude sur sa vie, par M. Edmond Chevrier. — II » pp. 161-173

Pendant que se signait cette paix achetée par tant de travaux et de victoires, l’esprit de parti, l’esprit royaliste continuait d’infester la France ; la réaction levait la tête et avait pris pied partout, jusque dans les pouvoirs publics ; et le 18 fructidor, ce coup d’État fâcheux, mais nécessaire, n’était pas encore venu rappeler à l’ordre les mauvais Français, ou ceux qui, se croyant bons, s’égaraient assez pour laisser naître et s’élever en eux des désirs de malheur.

1808. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « De la poésie en 1865. »

» ou bien : « C’est encore du Lamartine (ce qui est plus rare ;) » ou bien : « Ceci rappelle Victor Hugo, dernière manière » ; — ou : « Ceci est du Gautier, — du Banville, — du Leconte de Lisle, — ou même du Baudelaire. » Ce sont les chefs de file d’aujourd’hui, et ils s’imposent aux nouveaux venus.

1809. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. ALFRED DE MUSSET (La Confession d’un Enfant du siècle.) » pp. 202-217

Mme Pierson, durant toute cette première situation attachante, est une personne à part, à la fois campagnarde et dame, qui a été rosière et qui sait le piano, un peu sœur de charité et dévote, un peu sensible et tendre autant que Mlle de Liron ou que Caliste : « Elle était allée l’hiver à Paris ; de temps en temps elle effleurait le monde ; ce qu’elle en voyait servait de thème, et le reste était deviné. » Ou encore : « Je ne sais quoi vous disait que la douce sérénité de son front n’était pas venue de ce monde, mais qu’elle l’avait reçue de Dieu et qu’elle la lui rapporterait fidèlement, malgré les hommes, sans en rien perdre ; et il y avait des moments où l’on se rappelait la ménagère qui, lorsque le vent souffle, met la main devant son flambeau76. » Pour bien apprécier et connaître cette charmante Mme Pierson, il faudrait, après avoir lu la veille les deux premières parties de la Confession, s’arrêter là exactement, et le lendemain matin, au réveil, commencer à la troisième partie, et s’y arrêter juste sans entamer la quatrième : on aurait ainsi une image bien nuancée et distincte dans sa fraîche légèreté.

1810. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Lettres de Rancé abbé et réformateur de la Trappe recueillies et publiées par M. Gonod, bibliothécaire de la ville de Clermont-Ferrand. »

Le clergé et la noblesse d’Auvergne se sont mis à guerroyer contre le livre, la noblesse surtout ; car on se rappelle qu’elle ne fait pas une très-belle figure dans les Grands-Jours.

1811. (1861) La Fontaine et ses fables « Première partie — Chapitre I. L’esprit gaulois »

Je revenais par ce chemin au commencement de l’automne, et je me rappelle combien le changement de paysage me frappa.

1812. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre V. Indices et germes d’un art nouveau — Chapitre II. Signes de la prochaine transformation »

Nous avons vu que la littérature, chez Diderot, chez Rousseau, chez Bernardin de Saint-Pierre, devient décidément individualiste : faut-il rappeler que Voltaire même, dans sa forme classique, est constamment tyrannisé par son individualité, que ses théories religieuses et politiques tiennent aux plus secrètes inclinations de son moi, et qu’enfin il n’a pas craint d’appliquer la grave, l’impersonnelle tragédie à la représentation de sa personne, de son ménage et de ses goûts ?

1813. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre V. Indices et germes d’un art nouveau — Chapitre III. Retour à l’art antique »

Cette mode se marque par le caractère du style Louis XVI, dans l’ornementation et l’architecture : au rococo commence à succéder le pompéien ; on reprend les motifs de décoration que les fouilles récentes ont fait connaître ; des lignes plus simples, plus sévères commencent à rappeler la noblesse des formes antiques.

1814. (1925) Méthodes de l’histoire littéraire « I. Leçon d’ouverture du Cours d’éloquence française »

Il le rappelle lui même (Petits Portraits et Notes d’art, p. 191).

1815. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre IV. La littérature et le milieu psycho-physiologique » pp. 126-137

Qu’on se rappelle la peste de Marseille, contemporaine des orgies débridées de la Régence.

1816. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. James Mill — Chapitre III : Sentiments et Volonté »

Le blanc nous plaît parce qu’il rappelle le jour et la lumière ; le noir nous déplaît parce qu’il éveille l’idée de ténèbres.

1817. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. John Stuart Mill — Chapitre I : De la méthode en psychologie »

Pour voir combien l’accusation est juste, il suffit de se rappeler que l’idéalisme de Berkeley est l’un des développements de cette théorie.

1818. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Avertissement sur la seconde édition. » pp. 23-54

Car enfin il s’agissoit de prouver au Gouvernement, qu’un Livre dont le but est de réprimer les abus de la Littérature & les scandales de la Philosophie, de rappeler aux loix de la raison & du goût ; qu’un Livre dont tout le crime est de rabaisser tous les Coryphées de la génération nouvelle, & d’attaquer sans ménagement les ennemis de l’ordre & de toute autorité, étoit une œuvre de ténebres, & méritoit l’indignation de l’autorité même.

1819. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Cours de littérature dramatique, par M. Saint-Marc Girardin. (2 vol.) Essais de littérature et de morale, par le même. (2 vol.) » pp. 7-19

Saint-Marc Girardin a si souvent raison dans ses critiques contre les modernes, qu’il doit nous excuser de rappeler qu’il ne l’a pas eue toujours.

1820. (1913) Le bovarysme « Quatrième partie : Le Réel — IV »

Dès lors, il ne reste qu’à rappeler les considérations que l’on a fait déjà valoir en l’un des chapitres précédents.

1821. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces diverses — Préface du « Rhin » (1842) »

On se rappelle qu’il y a six ou huit mois environ la question du Rhin s’est agitée tout à coup.

1822. (1864) William Shakespeare « Deuxième partie — Livre V. Les esprits et les masses »

Nous nous rappelons avoir entendu dire en pleine académie, à un académicien mort aujourd’hui, qu’on n’avait parlé français en France qu’au dix-septième siècle, et cela pendant douze années ; nous ne savons plus lesquelles.

1823. (1782) Plan d’une université pour le gouvernement de Russie ou d’une éducation publique dans toutes les sciences « Plan d’une université, pour, le gouvernement de Russie, ou, d’une éducation publique dans toutes les sciences — Police générale d’une Université et police, particulière d’un collège. » pp. 521-532

Je ne demande à un maître que de bonnes mœurs qu’on exige de tout citoyen, que les lumières que l’enseignement de son école suppose, et qu’un peu de patience qu’il aura, s’il veut bien se rappeler qu’il fut autrefois ignorant.

1824. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Beaufort » pp. 308-316

Celui-ci a je ne sais quoi qui vous rappelle la manière simple, non recherchée, isolée et tranquille de composer des anciens, manière où les figures restent comme le moment les a placées, et ne sont vraiment liées que par la circonstance, le fait et la sensation commune.

1825. (1895) Les règles de la méthode sociologique « Chapitre I : Qu’est-ce qu’un fait social ? »

Mais il suffit qu’elle existe d’une manière incontestable dans les cas importants et nombreux que nous venons de rappeler, pour prouver que le fait social est distinct de ses répercussions individuelles.

1826. (1860) Ceci n’est pas un livre « Décentralisation et décentralisateurs » pp. 77-106

Donnez-leur des hémistiches débonnaires, — d’une parenté visible avec ceux qu’ils mâchent et ruminent depuis les bancs du collège : cela leur rappellera le printemps de leur vie et la littérature de l’empire.

1827. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre IV. Des changements survenus dans notre manière d’apprécier et de juger notre littérature nationale » pp. 86-105

Mais je demande si déjà nous n’avons pas besoin de nous rappeler la personne même de Bossuet, et l’assemblée imposante devant laquelle il parlait, et l’autorité de sa parole, fortifiée par le caractère auguste dont il était revêtu, et l’empire irrésistible de doctrines non contestées, et toutes les gloires et toutes les renommées de cette époque si brillante, et tous les souvenirs de la vieille monarchie, pour sentir les éminentes beautés de l’Oraison funèbre du grand Condé.

1828. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « L’Empire Chinois »

En plusieurs circonstances de son voyage, il rappelle presque la belle scène des coups de cravache chez le pacha, dans l’Itinéraire de Chateaubriand.

1829. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Le comte Gaston de Raousset-Boulbon »

Quand ton heure Plaintive aura sonné comme une voix qui pleure, Lorsque tu sentiras plier ton front hardi, Lorsque tu douteras si le ciel t’a maudit, Enfant, rappelle-toi la sorcière espagnole !

1830. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « M. de Lacretelle » pp. 341-357

Sa splendeur, à lui, sort de lui-même, comme la splendeur des Séraphins, qui sort d’eux, et qu’il aurait rappelés, si un jour il n’était pas descendu de son étoile pour faire de la politique pratique, à laquelle il n’entendait absolument rien… Et il le savait !

1831. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « M. Gaston Boissier » pp. 33-50

Ainsi que les femmes, les esclaves, qui étaient de l’Orient en grand nombre, aimaient les religions orientales, qui leur rappelaient la patrie.

1832. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Goethe »

» Vous vous rappelez le rameau de Stendhal, jeté dans les mines de sel de Salzbourg et qu’on en retirait cristallisé ?

1833. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « VIII. Du mysticisme et de Saint-Martin »

Il n’a point laissé de trace et de ciment parmi eux, comme Swedenborg, cet autre mystique qui passa aussi sa vie dans la contemplation et dans l’obscurité, mais dont le système plus hardi et plus exprimé a jeté un éclat qui rappelle les aurores boréales de son pays.

1834. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Le père Augustin Theiner »

Seulement, plus libre avec un simple chrétien comme nous, nous dirons franchement à Crétineau-Joly qu’il devait se rappeler un peu plus qu’il avait affaire à un prêtre, et que, de laïque à religieux, dans une question qui intéresse la papauté et l’histoire, il n’y a point de Beaumarchais.

1835. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Léon Gozlan » pp. 213-230

Ni Les Nuits du Père-Lachaise, où la nature humaine devient, comme les événements, par trop fantastique, — mais qui n’en sont pas moins ce que Léon Gozlan a produit de plus puissant dans l’outrance, comme Le Rêve d’un millionnaire est ce qu’il a fait de plus doux et de plus charmant (rappelez-vous cette tête suave de Reine Linon !)

1836. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Le Comte de Gobineau »

— qui n’avait que des monosyllabes quand il parlait, n’écrivait pas de son vivant, et ce fut sa gloire et presque son esprit… Il avait des secrétaires, même pour ses billets du matin ; et si ses Mémoires ne sont pas une mystification dernière, qu’on se rappelle qu’il leur infligea diplomatiquement trente ans de silence avant de paraître.

1837. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXI. De Thémiste, orateur de Constantinople, et des panégyriques qu’il composa en l’honneur de six empereurs. »

dit-il ailleurs, pardonnez-moi, si le désir que l’empereur témoigne de m’entendre, m’inspire peut-être un noble orgueil ; il se lasse d’entendre le langage de la vérité, et il permettra plutôt au guerrier de cesser de combattre, qu’au philosophe de se taire. » Dans un discours à Théodose, il rappelle le jour ou cet empereur, prêt à partir pour l’Occident, lui confia son fils en présence du sénat et du peuple.

1838. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre second. De la sagesse poétique — Chapitre II. De la métaphysique poétique » pp. 108-124

Il prétend que le droit des enfants de Dieu s’étendit à toutes les nations, sans faire attention au caractère inhospitalier des premiers peuples, ni à la division établie entre les Hébreux et les Gentils ; sans observer que les Hébreux ayant perdu de vue leur droit naturel dans la servitude d’Égypte, il fallut que Dieu lui-même le leur rappelât en leur donnant sa loi sur le mont Sinaï.

1839. (1903) La pensée et le mouvant

Rappelons-nous le douteur qui ferme une fenêtre, puis retourne vérifier la fermeture, puis vérifie sa vérification, et ainsi de suite. […] Vous vous rappelez comment procédait le démon de Socrate : il arrêtait la volonté du philosophe à un moment donné, et l’empêchait d’agir plutôt qu’il ne prescrivait ce qu’il y avait à faire. […] Je n’ai pas besoin de vous rappeler les arguments de Zénon d’Élée. […] Mais rappelons-nous aussi que jamais une idée, si souple que nous l’ayons faite, n’aura la même souplesse que les choses. […] Mais en avançant de plus en plus loin dans la voie où nous commençons à marcher, nous devrons toujours nous rappeler que Claude Bernard a contribué à l’ouvrir.

1840. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Alexis Piron »

« Je me rappelle, disait Fréron, l’avoir entendu dans une société déclamer ainsi toute sa tragédie de Fernand Coriez, qu’il avait entièrement composée de mémoire, et dont il n’avait pas encore écrit un seul vers. » Il se montait à lui-même la tête en récitant d’un air de rhapsode, et il se refusait ensuite aux corrections et observations des comédiens. — Mais Voltaire, lui disait-on, s’y prête bien et corrige. — « Il travaille en marqueterie, répondait Piron ; moi, je jette en bronze !  […] Cela rappelle, dans un autre genre, certaine scène du Saint-Genest de Botrou. […] Qui dit Piron rappelle à l’instant quelque chose et quelqu’un, une figure distincte, et tous, plus ou moins, vous comprennent.

1841. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « M. de Rémusat (passé et présent, mélanges) »

Quelquefois c’est une romance plaintive qui s’échappe, ou bien quelque élégie inspirée par le sentiment, et qui me rappelle sans trop d’infériorité la belle pièce de Parny sur l’ absence . […] Ou bien c’est un sentiment qui se prononce et qui bientôt demande et inspire une expression poétique et musicale ; peut-être un air connu, dans un secret accord avec sa disposition présente, vient comme par hasard errer sur ses lèvres et lui dicte un refrain qui semble traduire la note par la parole ; parfois enfin quelques mots fortuitement rassemblés, qui représentent une image, qui forment un vers, lui viennent à l’esprit, et bientôt rappellent un air qui les relève et les anime. […] Pour bien entendre l’allusion, il faut se rappeler la devise royaliste du Conservateur et de la Monarchie selon la Charte.

1842. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre I. Le Roman. Dickens. »

Le lendemain de l’enterrement d’un homme célèbre, ses amis et ses ennemis se mettent à l’œuvre ; ses camarades de collége racontent dans les journaux ses espiègleries d’enfance ; un autre se rappelle exactement et mot pour mot les conversations qu’il eut avec lui il y a vingt-cinq ans. […] Il y a, entre autres, une description du vent de la nuit bizarre et puissante, qui rappelle certaines pages de Notre-Dame de Paris. […] Vous rappelez-vous la chambre de la fleuriste Geneviève ?

1843. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « Louis Veuillot »

Mon père et cet homme, c’était tout ce que je voyais de la société. » Rappelez-vous cette note. […] Que s’il a pu lui échapper çà et là quelque allusion désobligeante et gamine aux imperfections plastiques de ses adversaires et à la forme de leur nez, ce sont là, avouons-le, de minces peccadilles, et Dieu sait si l’on se privait de lui rappeler, à lui, qu’il n’était pas joli, joli, et que la petite vérole lui avait quelque peu gâté le visage. […] Lorsque, paisible, je regarde avec pitié le triste troupeau qui se rue, à travers la fange, sur l’appât des convoitises humaines, tout à coup mon pied glisse, d’humiliants désirs se soulèvent et me rappellent la boue dont je suis fait.

1844. (1880) Goethe et Diderot « Gœthe »

Il est vrai que pour ne pas être trop impressionné par l’admiration de lord Byron on peut se rappeler que le grand poète n’était nullement un critique, qu’il préférait Pope à Shakespeare, et sa détestable paraphrase d’Horace à son Childe Harold. […] Gœthe ne rappelle de Florian que l’âne de sa fable, qui, trouvant une flûte à ses pieds et la prenant pour un chardon d’une espèce particulière, y colla ses lourdes babines, souffla et en tira un son qui l’émerveilla dans sa naïveté d’âme, tandis que Gœthe, pour avoir poussé son haleine dans ce trou de flûte, ne s’est point étonné, mais s’est cru un Ménandre, — comme dans le Grand Cophte et les Complices, ses hautes comédies, il s’est cru peut-être un Aristophane. […] Il faut rappeler que cette étude avait été d’abord publiée dans un journal, le Constitutionnel.

1845. (1896) Matière et mémoire. Essai sur la relation du corps à l’esprit « Chapitre II. De la reconnaissance des images. La mémoire et le cerveau »

Elle n’a retenu du passé que les mouvements intelligemment coordonnés qui en représentent l’effort accumulé ; elle retrouve ces efforts passés, non pas dans des images-souvenirs qui les rappellent, mais dans l’ordre rigoureux et le caractère systématique avec lesquels les mouvements actuels s’accomplissent. […] Par hypothèse, en effet, les souvenirs auditifs peuvent être rappelés à la conscience ; par hypothèse aussi les impressions auditives arrivent à la conscience : il doit donc y avoir, dans la conscience même, une lacune, une solution de continuité, quelque chose enfin qui s’oppose à la jonction de la perception et du souvenir. […] Mais le fait s’éclaircira si l’on admet avec nous que les souvenirs, pour s’actualiser, ont besoin d’un adjuvant moteur, et qu’ils exigent, pour être rappelés, une espèce d’attitude mentale insérée elle-même dans une attitude corporelle.

1846. (1856) Leçons de physiologie expérimentale appliquée à la médecine. Tome I

Mais il importe de rappeler les conditions dans lesquelles peut se faire un pareil mélange. […] Mais pour le reproduire à volonté, il suffit de se rappeler dans quelles conditions particulières l’absorption intestinale devenant très rapide, la circulation hépatique se trouve exagérée, ainsi que nous vous l’exposerons bientôt. […] Je me rappelle qu’un jour, un homme bien portant du reste, mais étant à jeun, avala un assez grand nombre d’œufs crus. […] Magendie, en 1846, a publié un travail sur ce sujet ; Garot en Angleterre, Schmidt à Dorpat, Lehmann à Leipzig, etc., ont constaté la même chose ; nous avons déterminé nous-même dans quelles conditions on pouvait rencontrer cette substance dans le système circulatoire général, et il suffit de vous rappeler ce que je vous ai dit dans une des séances précédentes. […] En attendant qu’elle s’achève, et puisque l’occasion s’en présente à propos des discussions qui s’élèvent autour de la fonction glycogénique du foie, permettez-moi, Messieurs, de vous rappeler en quelques mots la manière dont on raisonne en physiologie comme dans toute autre science expérimentale, et combien le point de vue où l’on est a d’influence sur les résultats obtenus.

1847. (1895) Journal des Goncourt. Tome VIII (1889-1891) « Année 1889 » pp. 3-111

Et Mirbeau raconte que, dans une des descentes de Maupassant à terre, à la Spezzia, si je me rappelle bien, il apprend qu’il y a un cas de scarlatine, abandonne le déjeuner commandé à l’hôtel, et remonte dans son bateau. […] C’est un enthousiasme, une chaleur de paroles, pour son exposition, pour ses deux vieilles femmes dans une grotte, ses femmes aux mamelles desséchées, qui n’ont plus de sexe, et qui s’appellent, je crois : « Sources taries. » À ce sujet, il me rappelle qu’il est, un jour, tombé sur Rodin modelant une admirable chose, d’après une femme de quatre-vingt-deux ans, une choses encore supérieure aux « Sources taries », et quelques jours après, lui demandant où sa terre en était, le sculpteur lui disait qu’il l’avait cassé ; depuis il aurait eu comme un remords de la destruction de l’œuvre louée par Mirbeau, et avait fait les deux vieilles femmes exposées. […] Et la petite diligence jaune, me rappelle encore une de mes plus profondes émotions — c’était cette fois en rotonde, — je revenais tout seul, à douze ans, de mes premières vacances passées à Bar-sur-Seine, et j’avais acheté les livraisons à quatre sous du roman de Fenimore Cooper : Le Dernier des Mohicans. […] Je me rappelle une journée d’octobre, où nous avons pris dix-huit douzaines de ces petits oiseaux, et entre autres au moins une douzaine de rossignols à la petite croupe, qui est une vraie pelote de graisse.

1848. (1896) Journal des Goncourt. Tome IX (1892-1895 et index général) « Année 1894 » pp. 185-293

Mme Daudet me rappelle dans le landau, nous menant rue Bellechasse, que commence aujourd’hui la vingtième année de notre intimité. […] je me rappelle, moi, mes premières visites chez Leconte de Lisle… je m’y rendais comme on va à La Mecque… maintenant, eux, à la première entrevue, de bouche à bouche, ils vous traitent de vieux c… » Jeudi 8 mars Combien ce Tacite de Burnouf, en six volumes ? […] Tout ce qu’il se rappelle du couple, à la façon d’une hallucination, c’est leur vision, un jour que le mari était tout en jaune, la femme tout en bleu de ciel : et ça, comme deux taches, dans un mauvais dessin de photographie en couleur. […] Le troisième kakémono, qui est d’un rival de Sosen, de Ounkei, peintre peu connu en Europe, détache du tronc d’un arbre, une singesse et son petit, dont les têtes, comme lavées d’une eau de sanguine sur les fines linéatures, rappellent les dessins aux trois crayons de Watteau.

1849. (1856) Le réalisme : discussions esthétiques pp. 3-105

Brizeux, surtout quand on se rappelle qu’il y a quinze ans à peine, c’était Victor Hugo, c’était Lamartine ? […] Tous ceux qui ont lu Eugénie Grandet se rappellent perpétuellement le père Grandet, une des meilleures figures de la comédie humaine. […] Voilà deux ans que ce fameux tapage est éteint, je ne vois plus aujourd’hui qu’une créature peinte solidement, qui a le grand tort, pour les amis du convenu, de ne pas rappeler les Vénus anadyomènes de l’antiquité. […] « Un artiste qui, dans la pratique de son atelier, suivrait les principes d’esthétique ici formulés (je rappelle l’axiome précédent : toute figure belle ou laide peut remplir le but de l’art), serait traité de séditieux, chassé du concours, privé des commandes de l’État et condamné à mourir de faim. […] Ce mot de niaiseries me paraît, soit dit en passant, choisi avec un grand art diplomatique : il me rappelle l’ingénuité de ce grand criminel parlant avec complaisance de ce qu’il appelait ses torts de jeunesse.

1850. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre II. L’Âge classique (1498-1801) — Chapitre III. La Déformation de l’Idéal classique (1720-1801) » pp. 278-387

Sans rien vouloir ôter à Turgot de son mérite, ni des honneurs qu’on lui rend, il est permis de faire observer qu’il n’y a pas un mot dans ce passage, ni d’ailleurs une ligne dans tout son Discours, qui ne rappelle quelque endroit de l’Esprit des lois ou de l’Essai sur les mœurs. […] Mais, puisque l’on fait souvent encore entre « l’esprit de l’Encyclopédie » et « l’esprit classique » une confusion fâcheuse, qui rappelle celle que l’on a longtemps faite entre l’esprit de la réforme et l’esprit de la Renaissance ; puisque même on a voulu voir dans l’esprit encyclopédique le terme en quelque sorte préfix et l’aboutissement nécessaire de l’esprit classique [Cf.  […] Sera-t-on peut-être surpris qu’en témoignage de cette renaissance de l’esprit classique nous rappelions ici l’auteur du Barbier de Séville et du Mariage de Figaro ? […] Tabaraud, Histoire du philosophisme anglais, Paris, 1806 ; et Leslie Stephen, English Thought in the 18th Century, Londres, 2e édit., 1881] ; — et qu’en tenant compte de leur influence sur Voltaire, — il faut se rappeler combien ils doivent à Bayle. — Du profit que Voltaire a tiré de son séjour en Angleterre [Cf.  […] Le retour à Paris et la mort. — Il ne reste plus qu’à rappeler brièvement les circonstances du dernier séjour de Voltaire à Paris [Cf. 

1851. (1891) Lettres de Marie Bashkirtseff

Ma malheureuse mandoline ne rend que des sons plaintifs ; d’ailleurs tous les instruments à cordes rappellent un tas de choses touchantes. […] J’ai fait une longue conversation avec le prince Ouroussoff ; tout à coup le prince me dit : Voici les Ganz. — Tu te rappelles que j’ai donné le nom de Ganz aux deux princes allemands. […] Le grand-duc s’est rappelé du fait et a été extrêmement gracieux en ajoutant que toute la famille était héroïque, puisque maman n’a pas craint de sortir par un temps aussi effroyable. […] Il arrive, très aimable, très homme du monde, très beau avec sa belle robe de laine blanche, qui me rappelle les robes que je porte à la maison. […] Je me rappelle du tableau de M. 

1852. (1862) Notices des œuvres de Shakespeare

Une scène qui nous a semblé d’un pathétique profond, c’est celle où Énobarbus, bourrelé de remords de sa trahison, adresse à la Nuit une protestation si touchante, et meurt de douleur en invoquant le nom d’Antoine, dont la générosité l’a rappelé au sentiment de ses devoirs. […] Comme Shakespeare a suivi de point en point la chronique de Hollinshed, les faits contenus dans cette chronique sont nécessaires à rappeler ; ils ont d’ailleurs en eux-mêmes un intérêt véritable. […] L’aventure de Dromio avec la Maritome d’Antipholus de Syracuse rappelle naturellement les scènes si comiques de Cléanthis et de Sosie dans Amphitryon. […] On remarque aussi dans plusieurs anciens romans de chevalerie des épisodes qui rappellent la calomnie de don Juan, et la mort supposée d’Héro ; mais c’est dans les histoires tragiques que Belleforest a empruntées à Bandello qu’on trouve la nouvelle qui a évidemment fourni à Shakespeare l’idée de Beaucoup de bruit pour rien. […] Un hasard le lui rappelle alors ; il part en diligence pour Venise, et le reste de l’histoire se passe comme l’a représenté Shakspeare.

1853. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Les nièces de Mazarin et son dernier petit-neveu le duc de Nivernais. Les Nièces de Mazarin, études de mœurs et de caractères au xviie  siècle, par Amédée Renée, 2e éd. revue et augmentée de documents inédits. Paris, Firmin Didot, 1856. » pp. 376-411

Amédée Renée (est-il besoin de le rappeler aux lecteurs de cette revue ?) […] Renée a rassemblé bien des témoignages de son esprit et de sa grâce, et à ce propos je rappellerai, un peu à sa décharge, que cette grande querelle à l’occasion de Phèdre fut provoquée peut-être, et certainement aggravée, par le procédé de Racine lors de la première représentation.

1854. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE LONGUEVILLE » pp. 322-357

La Rochefoucauld, qui eut plus que personne qualité pour la juger, nous a dit déjà, et je répète ici ce passage trop essentiel au portrait de Mme de Longueville pour ne pas être rappelé : « Cette princesse avoit tous les avantages de l’esprit et de la beauté en si haut point et avec tant d’agrément, qu’il sembloit que la nature avoit pris plaisir de former en sa personne un ouvrage parfait et achevé ; mais ces belles qualités étoient moins brillantes, à cause d’une tache qui ne s’est jamais vue en une personne de ce mérite, qui est que, bien loin de donner la loi à ceux qui avoient une particulière adoration pour elle, elle se transformoit si fort dans leurs sentiments, qu’elle ne reconnoissoit plus les siens propres. » La Rochefoucauld ne put d’abord se plaindre de ce défaut, puisqu’il lui dut de la conduire. […] On se rappelle cette paresse et cette langueur, qu’il nous peint interrompue tout d’un coup chez elle par des réveils de lumière.

1855. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre quatrième. La propagation de la doctrine. — Chapitre II. Le public en France. »

— Rappelez-vous qu’en ce siècle les femmes étaient reines, faisaient la mode, donnaient le ton, menaient la conversation, par suite les idées, par suite l’opinion534. […] Le roi se rappelle qu’il a rendu l’état civil aux protestants, aboli la question préparatoire, supprimé la corvée en nature, établi la libre circulation des grains, institué les assemblées provinciales, relevé la marine, secouru les Américains, affranchi ses propres serfs, diminué les dépenses de sa maison, employé Malesherbes, Turgot et Necker, lâché la bride à la presse, écouté l’opinion publique552.

1856. (1861) Cours familier de littérature. XI « LXVIe entretien. J.-J. Rousseau. Son faux Contrat social et le vrai contrat social (2e partie) » pp. 417-487

Ainsi enfin le culte même des tombeaux, commandé aux générations vivantes pour les générations mortes, dont les monuments funèbres prolongent la mémoire et les deuils jusqu’au-delà des sépulcres, pour rappeler les enfants à la réunion des poussières et des âmes dans la vie future, où la grande parenté humaine confondra les pères, les mères, les enfants dans la famille retrouvée et dans l’éternel embrassement de la renaissance ! […] Du patriarche d’Arabie au mage de Perse, du grand roi de Persépolis au démagogue d’Athènes, du consul de Rome aristocratique au César de Rome asservie dans le bas empire, du César païen au pontife chrétien souverain dans le Capitole ; de Louis XIV, souverain divinisé par son fanatisme dans sa presque divinité royale, aux chefs du peuple élevés tour à tour sur le pavois de la popularité ou sur l’échafaud où ils remplaçaient leurs victimes ; des démagogues de 1793, du despote des soldats, Napoléon, affamé de trônes, aux Bourbons rappelés pour empêcher le démembrement de la patrie ; des Bourbons providentiels de 1814 aux Bourbons électifs de 1830, des Bourbons électifs, précipités du trône, à la république, surgie pour remplir le vide du trône écroulé par la dictature de la nation debout ; de la république au second empire, second empire né des souvenirs de trop de gloire, mais second empire infiniment plus politique que le premier, calmant dix ans l’Europe avant d’agiter de nouveau la terre, agitant et agité aujourd’hui lui-même par les contrecoups de son alliance sarde, insatiable en Italie, contrecoups qui, si la France ne prononce pas le quos ego à cette tempête des Alpes, vont s’étendre du Piémont en Germanie, de Germanie en Scythie, de Scythie en Orient, et créer sur l’univers en feu la souveraineté du hasard ; de tous ces gouvernements et de tous ces gouvernants, la souveraineté, souvent dans de mauvaises mains, mais toujours présente, n’a jamais failli ; c’est-à-dire que la souveraineté, instinct conservateur et résurrecteur de la société naturelle et nécessaire à l’homme, n’a pas été éclipsée un instant dans l’esprit humain.

1857. (1862) Cours familier de littérature. XIV « LXXXIIe entretien. Socrate et Platon. Philosophie grecque. Deuxième partie. » pp. 225-303

Et d’abord, il s’occupe de leur éducation sur les genoux des nourrices ; il en exclut les fables qui défigurent les dieux dans l’imagination de ce premier âge ; il prescrit pour cela des règles aux poètes, pour qu’ils n’attribuent aux dieux, dans leurs œuvres, que le bien et jamais le mal ; il leur défend de faire craindre la mort à ces hommes par la déception des enfers ; il n’autorise le mensonge que dans les magistrats, pour l’utilité du peuple, maxime honteuse qui honore dans l’État le crime contre la vérité puni dans le citoyen, sophisme qui rappelle les deux morales de Machiavel, de Mirabeau, de tous les faux politiques, une morale pour la vie privée, une pour la vie publique ; absolution philosophique des crimes d’État. […] Cette éducation ne sera terminée qu’à cinquante ans ; c’est une suite d’examens et d’épreuves qui viennent sans doute, dans l’esprit de Platon, des initiations d’Égypte et qui rappellent assez le mandarinat chinois.

1858. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCIIe entretien. Vie du Tasse (2e partie) » pp. 65-128

Le récit qu’il fait de son voyage à travers le Piémont est digne de l’auteur de la pastorale héroïque de l’Aminta, et rappelle les voyages pédestres de J. […] je ne me rappelle pas de l’avoir vu, soit ici, soit ailleurs… Il vient de Novare, répondit le jeune homme, et il va à Turin.

1859. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLVIe Entretien. Marie Stuart (reine d’Écosse) »

Elle fait défendre, par ses proclamations, d’imputer à Darnley toute participation au meurtre de Rizzio, elle fait trancher la tête à tous les complices tombés sous sa main ; Ruthven, Douglas, Morton s’enfuient d’effroi hors des frontières ; elle rappelle à la tête de ses conseils l’habile et vertueux Murray, qui s’était assez compromis dans la conspiration pour sa popularité, assez réservé pour sa vertu. […] Après cette jeunesse orageuse, la mort de son père l’avait rappelé dans ses domaines d’Écosse, parmi ses sauvages vassaux.

1860. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « III »

Le public rappelle invariablement les artistes après chaque acte, après le deuxième tout aussi bien qu’après les autres. […] l’accord est fait depuis la Valkyrie : rappelez vos souvenirs ; la vierge guerrière endormie sur la cime entourée de flammes en attendant son héros, a laissé dans les âmes les plus récalcitrantes une sorte de sentiment vague, tenant à la fois de l’admiration, de l’inquiétude et de la stupeur.

1861. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Lettres de m. l’Abbé Sabatier de Castres ; relatives aux trois siecles de la littérature françoise.ABCD » pp. -641

Que les citations qu'on trouve sous les N°. 4, 5 & 6 du Libelle, ont été puisées dans des Notes que j'avois faites pour les Trois Siecles, & qui m'ont servi ou qui étoient destinées à composer les Articles des Auteurs qui en sont l'objet : 3°. que les Lettres (sans date, comme toutes les autres), dont on rapporte des morceaux, pag. 30, 31, 32, 37 & 45, & que je me rappelle très-bien avoir écrites, sont un monument manifeste de la mauvaise foi de l'audacieux Compilateur, puisqu'elles renferment précisément la réfutation de ce qu'il avance sans preuve ; réfutation qu'il s'est bien donné de garde d'exposer aux yeux de ses Lecteurs : 4°. enfin, qu'à l'exception de quelques Billets & de trois ou quatre Lettres que j'ai écrites en ma vie à l'Abbé Martin, tous les papiers de mon écriture qu'on cite ou dont on parle dans le Libelle, ne sont que des brouillons informes ou des matériaux d'Ouvrage, que je dois avoir laissé égarer ou qui m'ont été méchamment dérobés. […] Avoir à lutter contre la morgue de nos prétendus Philosophes & l’amour propre des petits Ecrivains ; entreprendre de persuader aux uns qu’ils dégradent la raison en croyant l’enrichir & la développer ; qu'ils pervertissent tous les genres en se vantant de les perfectionner : vouloir rappeler les autres à l’autorité des regles imprescriptibles du Goût, quand ils se trouvent si bien de s'en être écartés : n’est-ce pas en effet déchaîner une Ménagerie, & provoquer des criailleries aussi aiguës qu’interminables ?

1862. (1856) La critique et les critiques en France au XIXe siècle pp. 1-54

Qu’est-il besoin de rappeler ces Causeries qui n’ont qu’à se ressembler pour devenir d’excellents livres ; ces Caractères qui, plus heureux que ceux de La Bruyère, ont le mérite d’être aussi des Portraits ; ces Cours de littérature improvisés pour des élèves, et où des maîtres habiles viennent puiser leurs inspirations ; ces Études sur l’antiquité grecque, dont l’Allemagne n’a pu surpasser l’érudition, ni égaler le goût et la délicatesse ; enfin ces braves petits livres qui prennent un peu témérairement le titre d’Histoires littéraires, mais dont plusieurs justifient presque leur audace par l’étendue de leurs recherches, la modération de leurs jugements, l’heureuse combinaison des faits et la forme intéressante du récit. […] Schlegel, lui rappelle d’avance le but nécessaire de l’art, et assigne la beauté pour limite à l’émotion.

1863. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Frochot, Préfet de la Seine, histoire administrative, par M. Louis Passy. »

« Je sais qui vous êtes », lui dit le Consul en recevant les premiers préfets, « et je devine ce que vous serez ; mais, entre tous les motifs qui m’ont déterminé à vous confier la préfecture de Paris, il en est un que je dois rappeler en ce moment : c’est qu’ayant été maltraité par la Révolution, vous n’en êtes pas moins resté constamment attaché à vos principes, et qu’étant devenu administrateur de votre département, après avoir été longtemps persécuté, vous n’avez persécuté personne. » C’est ici que commencent pour Frochot douze années d’une administration féconde, bienfaisante, tutélaire.

1864. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « LA REVUE EN 1845. » pp. 257-274

Mais la littérature elle-même, en s’ouvrant devant eux pour les accueillir, car elle est large et en effet hospitalière, a droit de leur rappeler pourtant que le vrai ne lui est pas si indifférent qu’ils ont l’air de le croire, et que chez elle aussi on ne fonde rien de solide qu’en tenant du fond du cœur à quelque chose.

1865. (1874) Premiers lundis. Tome II « Jouffroy. Cours de philosophie moderne — II »

Sainte-Beuve a rappelé, en les citant, les dernières lignes de cet article : « Comme un pasteur solitaire, etc. » dans une nouvelle étude, qu’il écrivit sur Jouffroy en 1831 (Portraits littéraires, tome I, page 312.) — Lire aussi sur Jouffroy, dans les Causeries du Lundi, tome VIII, l’article de 1853, intitulé : De la dernière séance de l’Académie des Sciences morales et politiques et du Discours de M. 

1866. (1902) L’observation médicale chez les écrivains naturalistes « Chapitre III »

Elle n’est pas étouffée : elle subsiste encore en partie à l’état d’Idée-Force ; et l’artiste qui, ayant pleuré, rappelle ses larmes, ayant péché avoue sa faiblesse, est encore, à l’instant même de son aveu, sanglotant et ému.

1867. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Seconde partie. De l’état actuel des lumières en France, et de leurs progrès futurs — Chapitre VIII. De l’éloquence » pp. 563-585

Quand on se rappelle les visages froids et composés que l’on rencontre dans le monde, j’en conviens, on croit impossible de remuer les cœurs ; mais la plupart des hommes connus sont engagés par leurs actions passées, par leurs intérêts, par leurs relations politiques.

1868. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section première. Des passions. — Chapitre II. De l’ambition. »

Bientôt celle-là même s’efface, et la meilleure chance de bonheur pour cette situation, c’est la facilité qu’on trouve à se faire oublier : mais par une réunion cruelle, le monde qu’on voudrait occuper, ne se rappelle plus de votre existence passée, et ceux qui vous approchent ne peuvent en perdre le souvenir.

1869. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre premier. La structure de la société. — Chapitre I. Origine des privilèges. »

. — Telle est en abrégé l’histoire des privilégiés, clergé, noblesse et roi ; il faut se la rappeler pour comprendre leur situation au moment de leur chute ; ayant fait la France, ils en jouissent.

1870. (1861) La Fontaine et ses fables « Première partie — Chapitre II. L’homme »

On se rappelle le jour où, par hasard, ayant lu Baruch, il aborda tout le monde avec ce nom sur les lèvres.

1871. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Joséphin Soulary »

Son sonnet des Rêves ambitieux rappelle par la facture tel sonnet de Joachim du Bellay ; ses Métaux font songer aux Pierres précieuses de Remy Belleau.

1872. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série «  Les femmes de France : poètes et prosateurs  »

Tout à coup nous nous rappelons, avec surprise, que Mme Dufrénoy a fait des élégies et qu’il y a eu, voilà soixante ans (comme c’est bizarre !)

1873. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « « L’amour » selon Michelet » pp. 47-66

Je dirais, si je ne craignais la barbarie scolastique des termes, que cette conception de l’amour est toute éclatante d’un « idéalisme naturiste » qui rappelle celui de Rousseau et qui en réalité le continue.

1874. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — L — Lamartine, Alphonse de (1790-1869) »

Les œuvres que j’ai rappelées offraient toutes un caractère élégiaque ; chacun y sentait avec gratitude le pur écho de ses propres tristesses.

1875. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — V — Verlaine, Paul (1844-1896) »

Je me rappelle bien, moi, que nous l’y avions mis du vivant même de ce dernier.

1876. (1842) Essai sur Adolphe

car ils ont au moins, pour se consoler pendant le reste de la route, le souvenir du bonheur passé ; ils peuvent se rappeler dans une amitié durable un amour évanoui ; ils assistent muets aux funérailles de leur enthousiasme, et en parlent sans amertume comme d’un fils emporté par la guerre.

1877. (1890) L’avenir de la science « XXI »

Nous vous rappellerons vos leçons, nous vous défendrons contre vous-même.

1878. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre VI. Jean-Baptiste  Voyage de Jésus vers Jean et son séjour au désert de Judée  Il adopte le baptême de Jean. »

Il faut se rappeler, du reste, que les premières pages du quatrième évangile sont des notes mises bout à bout, sans ordre chronologique rigoureux.

1879. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre VIII. Jésus à Capharnahum. »

Il faut se rappeler que, dans les idées juives, antipathiques à l’art et à la mythologie, la simple forme de l’homme avait une supériorité sur celle des chérubs et des animaux fantastiques que l’imagination du peuple, depuis qu’elle avait subi l’influence de l’Assyrie, supposait rangés autour de la divine majesté.

1880. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Bossuet, et Fénélon. » pp. 265-289

Cela rappelle la réponse de Bossuet à madame de Grignan, qui lui demandoit si Fénélon avoit tant d’esprit : Ah, madame !

1881. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Troisième Partie. De la Poësie. — I. La Poësie en elle-même. » pp. 234-256

Cela rappelle une réflexion de madame la duchesse du Maine, qui se trouve dans les Mémoires de madame de Staal.

1882. (1912) L’art de lire « Chapitre IX. La lecture des critiques »

D’autre part, lire l’historien littéraire avant l’auteur est à peu près indispensable ; mais il ne l’est plus de lire l’historien littéraire après avoir lu l’auteur ; ce n’est plus qu’un peu utile, quelquefois, selon les cas, pour vérifier telle concordance, le plus souvent pour se rappeler tel renseignement, donné par l’historien, que l’on sent qui nous fuit.

1883. (1854) Préface à Antoine Furetière, Le Roman bourgeois pp. 5-22

Il fallut l’autorité de la parole de Boileau pour rappeler les ennemis de Furetière à la décence et à la charité.

1884. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « XV. M. Dargaud » pp. 323-339

Puisque la réimpression entraîne pour la Critique l’obligation de rejuger son propre jugement, nous rappellerons que nous aussi nous nous inscrivîmes en faux contre les affirmations religieuses et beaucoup de déductions politiques du livre de M. 

1885. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « De Stendhal »

. — Shakespeare, qui a pensé à tout, nous a donné l’idée de cette tyrannie dans Hamlet, quand, avec une intention profonde que des critiques superficiels taxeraient peut-être de mauvais goût, il mêle aux cris les plus vrais, les plus naturellement déchirants de son Oreste du Nord, des souvenirs mythologiques et pédantesques qui rappellent l’Université de Wittemberg, où le prince danois a été élevé.

1886. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « Stendhal » pp. 43-59

La tyrannie des habitudes de l’esprit crée une sincérité de seconde main pour remplacer la sincérité vierge qu’elle tue… Shakespeare, qui a pensé à tout, nous a donné l’idée de cette tyrannie dans Hamlet, quand, avec une intention profonde, que des critiques superficiels taxeraient peut-être de mauvais goût, il mêle aux cris les plus vrais, les plus naturellement déchirants de son Oreste du Nord, des souvenirs mythologiques et pédantesques qui rappellent l’université de Wittemberg, où le prince danois a été élevé.

1887. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « II — Se connaître »

Nous avons vu de ces intellectuels fameux nous rappeler au devoir patriotique, lorsque nous paraissions pris d’une velléité de regarder par dessus les murailles nationales pour voir ce que pouvait bien faire le voisin.

1888. (1922) Durée et simultanéité : à propos de la théorie d’Einstein « Chapitre II. La relativité complète »

Nous devons cependant rappeler ce que nous disions jadis de l’idée de corps, et aussi du mouvement absolu : cette double série de considérations permettait de conclure à la relativité radicale du mouvement en tant que déplacement dans l’espace.

1889. (1922) Durée et simultanéité : à propos de la théorie d’Einstein « Chapitre V. Les figures de lumière »

Rappelons en deux mots les réflexions pénétrantes et profondes que M. 

1890. (1936) Réflexions sur la littérature « 1. Une thèse sur le symbolisme » pp. 7-17

Barre, dans Régnier, un éclectique qui « rappelle Vigny, Musset, Hérédia et Rostand » !

1891. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre VIII. »

Tu rappelleras de « l’enfer l’âme de l’homme dissous par la mort ».

1892. (1898) La cité antique

Platon, dans son Traité des lois, ne prétendait pas avancer une nouveauté quand il défendait au propriétaire de vendre son champ : il ne faisait que rappeler une vieille loi. […] Les Institutes de Justinien rappellent le vieux principe, alors tombé en désuétude, mais non oublié, qui prescrivait que l’héritage passât toujours aux mâles212. […] On peut remarquer que Pindare ne fait jamais l’éloge de ses héros sans rappeler le nom de leur γένος. […] Que si l’on demande comment le souvenir a pu s’en conserver jusqu’aux écrivains qui nous l’ont transmis, c’est que cette cérémonie était rappelée chaque année à la mémoire dupeuple par une fête anniversaire qu’on appelait le jour natal de Rome366. […] Ce nom et ces faits ne pouvaient pas sortir de la mémoire, car ils faisaient partie de la religion, et ils étaient rappelés chaque année dans les cérémonies sacrées.

1893. (1887) Essais sur l’école romantique

En somme, l’article de 1836 a été son seul grief ; or cet article n’était pas si loin de ceux de 1829 que le dernier ne dût lui rappeler les premiers. […] Or je leur rappelle qu’ils professent un salutaire dédain des imitateurs. […] Cela me rappelle un vers qui est le type de cette poésie par abstractions. […] J’ose croire qu’on ne sentira pas le travail matériel de ces restitutions : les pensées que j’ai ainsi rapprochées sont sœurs ; elles se sont rappelées et reconnues. […] J’en suis demeuré à ce que je disais, il y a deux ans, dans un écrit dont il n’est pas besoin de faire connaître la cause à ceux qui l’ignorent, ni de la rappeler à ceux qui la savent16.

1894. (1863) Histoire de la vie et des ouvrages de Molière pp. -252

Mademoiselle de La Vallière, dont le nom rappelle d’aimables vertus et de tendres faiblesses, était attachée à la maison de Madame, belle-sœur du Roi. […] Chapelle lui rappelait dans une de ses lettres l’embarras de Jupiter, pendant la guerre de Troie, pour accorder Minerve, Junon et Vénus, et la terminait en disant : Voilà l’histoire ; que t’en semble ? […] Étienne : il écouta, il écrivit. » Huit mois après, à la représentation des trois premiers actes du Tartuffe, à Versailles, Louis XIV ne se rappelait plus qu’il eût part à cette scène. […] À l’exception des Pierrots et des Arlequins de la scène italienne, on n’avait pas vu au théâtre des personnages sous le masque, depuis les premières représentations des Précieuses ridicules, où Molière avait rempli le personnage de Mascarille sous un masque dont les traits, comme on le pense bien, ne rappelaient ceux de qui que ce fût. […] Le style d’un seul auteur, Beaumarchais, rappelle parfois celui de cette pièce.

1895. (1893) Des réputations littéraires. Essais de morale et d’histoire. Première série

La beauté corporelle conservée dans une image, la bonté charitable rappelée d’âge en âge au souvenir du monde par des institutions diverses, la force elle-même et surtout l’intelligence s’appliquant, d’une façon mémorable, à diriger la société politique : autant de manières diverses d’être et de se distinguer qui n’ont rien d’inférieur en soi au mode d’existence où la science, l’art et la littérature aspirent. […] Dans la multitude immense des œuvres mortes avec justice, parce qu’elles n’étaient point viables, n’en est-il pas quelques-unes qu’un accident de fortune a supprimées, qu’une fortune heureuse rappellerait à la vie ? […] Assurance précaire, dont l’idée fait rire et rappelle la question naïve du campagnard au Parisien qui lui représentait la fragilité de ce trésor immense à la merci d’un incendie : « Est-ce que tout ça n’est pas assuré ?  […] Après avoir rappelé les termes dans lesquels Shakespeare parle des combattants d’Azincourt : Cet homme aussi, s’écrie Carlyle, avait en, lui de quoi bien frapper, s’il en fût venu là ! […] qui se rappelle les infortunés auteurs de l’Auberge des Adrets : Benjamin Antier, Saint-Amand et Paulyanthe ?

1896. (1866) Nouveaux essais de critique et d’histoire (2e éd.)

. — Rappelons-nous ce qu’ils ont trouvé dans cette voie. — Dieu est infini, disent les Alexandrins, infiniment producteur, et ne peut produire que des choses analogues à sa nature. […] Faut-il rappeler l’examen qu’il fait subir au petit Joas, les questions sur le dogme et la morale, et toute cette scène empruntée à l’éducation du dauphin ou du duc de Bourgogne ? […] Il aurait eu horreur de se rappeler l’action de Phèdre. […] Jésus-Christ apparaîtra en grande pompe avec ses saints et ses anges, et rappellera à la vie tous les justes qui ont reçu l’Évangile depuis sa Passion. […] Plût aux dieux que je pusse aussi en rappeler quelques-uns du tombeau ! 

1897. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre II. Le théâtre. » pp. 2-96

Rappelez-vous votre adolescence ; pour mon compte, les plus grandes émotions que j’ai eues au théâtre m’ont été données par une troupe ambulante de quatre demoiselles qui jouaient le vaudeville et le drame, sur une estrade au fond d’un café ; il est vrai que j’avais onze ans. […] Rappelez-vous ce que vous avez senti vous-même au moment où d’enfant vous êtes devenu homme, quels souhaits de bonheur, quelle grandeur d’espérances, quelle intempérance de cœur vous poussaient vers toutes les joies ; avec quel élan vos mains, d’elles-mêmes, se portaient à la fois vers chaque branche de l’arbre, et refusaient d’en laisser échapper un seul fruit. […] C’est la première explosion de la jeunesse ; rappelez-vous les brigands de Schiller, et comment notre démocratie moderne a reconnu pour la première fois son image dans les métaphores et les cris de Charles Moor. […] Titres ridicules aujourd’hui, parce qu’ils nous rappellent les fadeurs interminables de d’Urfé ou les gentillesses maniérées de Florian ; titres charmants, si l’on regarde la sincère et surabondante poésie qu’ils recouvrent.

1898. (1835) Critique littéraire pp. 3-118

Alors je présentai mes respects à l’Empereur, qui voulut bien me conférer un khélat ou vêtement d’honneur, lequel me fut endossé en grande cérémonie sous l’inspection du premier ministre ; et, affublé comme Taddéo en Kaimakan (si vous vous rappelez L’Italiana in Algeri), je reparus à la cour. […] Je vis partir les hommes qu’on expédia ; et quand ils furent à une centaine de pas, je les rappelai, et je dis à mon maître d’hôtel de leur bien expliquer que c’était du lait de vache, et non de buffle ou de chèvre, qu’il me fallait, et qu’ils devaient le faire tirer devant eux. » C’est ainsi que Jacquemont gagnait du temps. […] Si je me rappelle bien, cher ami, nous nous sommes embrassés la dernière fois sans pleurer, et c’était mieux comme cela ; mais la première fois que nous nous embrasserons, nous laisserons nature faire à sa guise. […] Le lendemain, il fut rappelé ; la princesse (car c’était une princesse) l’avait nommé son secrétaire intime, avec dix mille francs d’appointements, la table, le logement et le reste.

1899. (1907) L’évolution créatrice « Chapitre III. De la signification de la vie. L’ordre de la nature et la forme de l’intelligence. »

Nous avons montré que l’intelligence s’est détachée d’une réalité plus vaste, mais qu’il n’y a jamais eu de coupure nette entre les deux : autour de la pensée conceptuelle subsiste une frange indistincte qui en rappelle l’origine. […] Bornons-nous à rappeler que l’extension admet des degrés, que toute sensation est extensive dans une certaine mesure, et que l’idée de sensations inétendues, artificiellement localisées dans l’espace, est une simple vue de l’esprit, suggérée par une métaphysique inconsciente bien plutôt que par l’observation psychologique. […] Et il faut se rappeler, surtout, que chaque espèce se comporte comme si le mouvement général de la vie s’arrêtait à elle au lieu de la traverser. […] Bornons-nous à rappeler que la théorie d’après laquelle la conscience serait attachée à certains neurones, par exemple, et se dégagerait de leur travail comme une phosphorescence, peut être acceptée par le savant pour le détail de l’analyse ; c’est une manière commode de s’exprimer.

1900. (1922) Le stupide XIXe siècle, exposé des insanités meurtrières qui se sont abattues sur la France depuis 130 ans, 1789-1919

Cela, c’est l’air des années où il a vécu, cet air confiné, empuanté de miasmes démocratiques et évolutionnistes, et qui rappelle cette atmosphère de fromage de gruyère, qu’un personnage de Courteline, se trompant de fenêtre, prend pour la première atmosphère du printemps. […] Partant de là on se rappelle les innombrables querelles du Stupide : « Il n’y a que la nature… Il n’y a que l’Idéal… Il n’y a que le labeur, que l’effort… Il n’y a que la spontanéité… etc. » Le couchant est-il pourpre, doré, vert ou violet ? […] Je ne me rappelle pas sans attendrissement le papa Jules Soury, matérialiste convaincu et qui, cependant, par tradition, allait régulièrement entendre sa messe. […] Seulement, alors que le perroquet ne répète que des lambeaux de phrase, avec sa frivolité rapide et nasillarde, nos perroquets à bonnets carrés, à toges ou habits académiques et mondains, ont répété les vingt-deux formules, qui sont rappelées à l’introduction du présent ouvrage. […] Je me rappelle encore la solennité avec laquelle le professeur Charcot (qui avait pioché son schéma, certes ingénieux, mais vain, de la Cloche, jour et nuit, pendant un mois) annonça un jour à ses disciples que Nothnagel adhérait à la doctrine.

1901. (1901) Figures et caractères

On y retrouve des procédés de composition qui rappellent les Saisons de Saint-Lambert ou le Printemps d’un Proscrit du pauvre Michaud. […] Personne n’a rappelé ce triste événement qui, l’autre année, endeuilla cette douce courbe de Seine qui longe, à Valvins, la forêt de Fontainebleau, d’un cortège silencieux et ému d’admirateurs et d’amis. […] Plus d’un a refait, en pensée au moins, la route de naguère, mais j’aurais aimé qu’au public, plus distrait et plus oublieux, on rappelât cette tombe récente dont la pierre porte un nom glorieux. […] Il se plaît aux spectacles qui lui ressemblent, aux tempêtes, aux bourrasques, aux coups de vent, à tout ce qui, dans la nature, lui rappelle le tumulte de ses instincts. […] Kipling rappelle, par plus d’un point, le Bret Harte des Récits Californiens.

1902. (1774) Correspondance générale

Je sais bien qu’il peut arriver, avant la fin de l’année, que je me rappelle vos conseils, et que je m’écrie avec amertume : Ô Solon, Solon ! […] Oubliez-moi ; car si vous vous rappelez que vous avez sous vos yeux celle à qui je dois mon bonheur, je connais votre âme, l’ébauchoir vous tombera des mains, et vous pleurerez. […] S’il y a quelques honnêtes gens qui me veuillent du bien et que je ne me rappelle pas, ayez la bonté d’y suppléer. […] Je ne vais jamais chez lui sans me rappeler le mot de Socrate qui disait que l’avare était celui qui craint d’avoir un ami pauvre. […] Pour faire comprendre ce dernier trait, il suffit de rappeler que Desessarts avait été procureur avant d’être comédien.

1903. (1896) Les Jeunes, études et portraits

Rappelez-vous quels mouvements d’idées, quels courants de sensibilité, quelles influences ont fait à la littérature de ces dix années son atmosphère. […] Les faits eux-mêmes sont rappelés ou indiqués plutôt que racontés. […] Henri Lavedan est le « pays » de Jules Lemaître, ainsi que celui-ci ne manque pas une occasion de le rappeler. […] On rappellera le mot de Molière sur la casse et le séné. […] C’est leur faute s’ils ont assez peu le sentiment des convenances pour qu’il faille les rappeler à la discrétion.

1904. (1884) L’art de la mise en scène. Essai d’esthétique théâtrale

On se rappelle la discussion récente qui, dans un tournoi littéraire, a armé l’un contre l’autre M.  […] Je commencerai par rappeler cette vérité universellement admise et acceptée couramment comme un lieu commun : la valeur intrinsèque d’une œuvre dramatique n’a pas toujours pour mesure la valeur que lui attribuent les contemporains. […] Il suffit de rappeler l’engouement peu justifié du public, à toutes les époques, pour tel poète ou pour telle œuvre dramatique. […] Il est toujours maladroit de rappeler au spectateur, quand le pathétique du drame le lui fait oublier, la contradiction et l’impuissance de la mise en scène. […] Rappelons que, parmi les acteurs qui, en dehors de la Comédie-Française, forcent l’admiration du public, les meilleurs sont ceux qui, au Conservatoire ou à l’Odéon, ont eu le bonheur de traverser le répertoire classique.

1905. (1888) Épidémie naturaliste ; suivi de : Émile Zola et la science : discours prononcé au profit d’une société pour l’enseignement en 1880 pp. 4-93

Dans le premier cas, il rappelait les peintres naïfs du xive  siècle et faisait reculer l’art. […] Il est donc puéril de le rappeler. […] D’ailleurs elle se rappelle que les grandes découvertes des lois de la nature, les grandes conceptions de l’Univers sont dues aux hardies intuitions de l’esprit et aux élans impétueux de la pensée.

1906. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Vernet » pp. 130-167

Si je vous parle du clair de lune de Vernet dans les premiers jours de septembre, je pense bien qu’à ces mots vous vous rappellerez quelques traits principaux de ce tableau ; mais vous ne tarderez pas à vous dispenser de cette fatigue, et bientôt vous n’approuverez l’éloge ou la critique que j’en ferai que d’après la mémoire de la sensation que vous en aurez primitivement éprouvée, et ainsi de tous les morceaux de peinture du sallon, et de tous les objets de la nature. […] Ce qu’il y a d’étonnant, c’est que l’artiste se rappelle ces effets à deux cents lieues de la nature, et qu’il n’a de modèle présent que dans son imagination ; c’est qu’il peint avec une vitesse incroyable ; c’est qu’il dit : que la lumière se fasse, et la lumière est faite ; que la nuit succède au jour et le jour aux ténèbres, et il fait nuit et il fait jour ; c’est que son imagination aussi juste que féconde lui fournit toutes ces vérités ; c’est qu’elles sont telles que celui qui en fut spectateur tranquille et froid au bord de la mer en est émerveillé sur la toile, c’est qu’en effet ses compositions prêchent plus fortement la grandeur, la puissance, la majesté de nature, que la nature même : il est écrit : coeli enarrant gloriam dei, mais ce sont les cieux de Vernet, c’est la gloire de Vernet. […] En voilà bien suffisamment sur Vernet ; demain matin si je me rappelle quelque chose que j’aie omis et qui vaille la peine de vous être dit, vous le saurez.

1907. (1881) La parole intérieure. Essai de psychologie descriptive « Chapitre II. La parole intérieure comparée à la parole interieure »

Notre pouvoir de reproduction intérieure est illimité ; il suffit pour qu’un son soit reproduit qu’il ait été remarqué lorsqu’il a frappé nos oreilles, et qu’ensuite il soit rappelé conformément aux lois du souvenir134. […] VI, § 8 et suiv.] ; mais l’idée est la chose essentielle ; pour le jugement, pour l’entendement, le mot, comme tel, est sans valeur, et nous rappeler le mot, c’est nous rappeler l’idée ; le mot est l’occasion, ou, si l’on veut, l’instrument de la reconnaissance ; mais il n’en profite pas : l’affirmation du moi et du passé porte sur l’idée seule.

1908. (1908) Promenades philosophiques. Deuxième série

Ces tissus rappellent beaucoup nos étoffes communes. […] On se rappelait qu’il avait été interné. […] À partir de ce moment, je ne me rappelle plus rien, absolument rien... […] De cette phase, il ne se rappelle rien, et c’est tout naturel. […] On a souvent rappelé l’opposition que leur fît M. 

1909. (1925) Proses datées

L’une d’elles se rappelle très nettement que, le jour où elle le vit, M. de Lamartine portait un chapeau gris, comme dans le petit croquis de Dargaud que j’ai cité tout à l’heure. […] Aussi est-ce avec une respectueuse émotion que nous écoutons ce qu’il nous dit de sa vie, quand il nous en confie les circonstances et nous rappelle les nobles labeurs qui l’ont rendue féconde en la faisant illustre. […] Tout semble s’y rappeler ce dont je me souviens. […] Quoi qu’il en soit, tel fut pourtant le nom patronymique du célèbre financier, plus connu sous celui de La Popelinière ou La Pouplinière et dont le souvenir fut rappelé à notre attention par un petit incident de voirie. […] Je ne vous rappellerai pas votre « conversation » avec la célèbre Bagatina.

1910. (1904) Le collier des jours. Souvenirs de ma vie

Elle s’appelait Florine et était repasseuse, ce qui me rappelait Marie. […] On nous rappela à l’intérieur, pour essayer des robes blanches, que la couturière venait d’apporter. […] Cette œuvre d’art me rappelait la pendule mécanique du bon curé de Montrouge. […] Sa façon d’enseigner me rappelait assez la manière dont j’apprenais à lire à ma camarade de Montrouge : Nini Rigolet ; elle me disait : « Jouer », tandis que je n’avais aucune notion, ni d’exécution, ni de lecture musicale. […] Je lui rappelai les innombrables fessées au vinaigre, qui semblaient bien la démentir… — C’est égal, dit-elle, encore quelques-unes et vous étiez dans la bonne voie.

1911. (1869) Cours familier de littérature. XXVII « CLVIIIe Entretien. Montesquieu »

« Quand j’ai été rappelé à l’antiquité, j’ai cherché à en prendre l’esprit, pour ne pas regarder comme semblables des cas réellement différents, et ne pas manquer les différences de ceux qui paraissent semblables. […] Un tel être pouvait à tous les instants oublier son Créateur ; Dieu l’a rappelé à lui par les lois de la religion.

1912. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre I — Chapitre deuxième »

Et bien sembloit estoire qui terre deust conquerre ; quar tant comme on pooit voir aus iels, ne paroient fors voiles de nés et de vaissiaus, si que li cuers de chascun s’en resjoïssoit mult durement1. » Villehardouin raconte la traversée sur cette mer historique, sans rappeler aucun des souvenirs de l’antiquité ; ce qui prouve, outre d’autres circonstances communes à lui et à son époque, qu’il n’avait pas de littérature classique. […] Il rappelle qu’étant à Bordeaux, le jour où ce roi était né, messire Richard de Ponchardon, maréchal d’Aquitaine, lui avait dit de la part du prince Noir : « Froissart, escrivez et mettez en mémoire que madame la princesse est accouchée d’un beau fils. » Ce souvenir lui fait faire un retour sur la fragilité des plus belles destinées.

1913. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre quatrième »

Pascal me rappelle involontairement les héros de Corneille. […] Ce que Pascal imagine pour rendre sa matière agréable, pour être enjoué en restant sérieux, savant sans fatiguer de sa science ; ce qu’il déploie d’invention pour faire sortir la vérité d’où on l’attend le moins, et pour en rendre l’effet plus sûr, rappelle toutes les grâces des Dialogues de Platon, auxquels on a judicieusement comparé les Provinciales.

1914. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre cinquième. De l’influence de certaines institutions sur le perfectionnement de l’esprit français et sur la langue. »

On se rappelle avec quelle brutalité Malherbe les en délogea. […] Tant d’années d’études comparées, d’entretiens, de consultations auprès de juges compétents, pour n’admettre dans son langage que des termes dont tout le monde fût d’accord, rappellent l’effort de Descartes n’admettant dans sa croyance que ce qui lui avait paru évident.

1915. (1890) L’avenir de la science « X » pp. 225-238

Combien de fois d’ailleurs les grands hommes sont faits à la lettre par l’humanité, qui, éliminant de leur vie toute tâche et toute vulgarité, les idéalise et les consacre comme des statues échelonnées dans sa marche pour se rappeler ce qu’elle est et s’enthousiasmer de sa propre image. […] Posez une carte de l’Europe d’après les traités de 1815 sur une carte de l’Europe au VIe siècle : les fleuves, les mers et les montagnes coïncideront, mais non les divisions ethnographiques et politiques, bien que là encore certains groupes se rappellent.

1916. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre X : De la succession géologique des êtres organisés »

Pour en donner un seul exemple, il suffit de rappeler de quelle manière les fossiles du système devonien furent du premier coup reconnus par les paléontologistes comme intermédiaires en caractères entre ceux des terrains carbonifères qui les suivent et ceux du système silurien qui les précèdent. […] Il faut se rappeler que de prodigieuses vicissitudes de climats ont eu lieu pendant la période pléistocène, qui comprend la période glaciaire tout entière, et remarquer combien peu les formes spécifiques des habitants de la mer paraissent en avoir été affectées.

1917. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre XII : Distribution géographique (suite) »

Quand on considère la vaste extension de certains genres, on doit se rappeler que plusieurs d’entre eux sont extrêmement anciens, et que leurs diverses espèces doivent s’être séparées de l’ancêtre commun à une époque très reculée ; de sorte qu’en pareil cas il s’est écoulé un temps suffisant pour que de grands changements climatériques et géographiques se soient accomplis, pour que toutes les occasions de transports aient pu se présenter, et, conséquemment, pour que quelques-unes de ces espèces aient pu émigrer dans tous les coins du monde, où elles peuvent ensuite s’être plus ou moins modifiées, d’après leurs nouvelles conditions de vie. […] À l’égard des espèces distinctes du même genre, qui, d’après ma théorie, doivent procéder d’une source commune, si de même nous tenons compte de notre ignorance, et nous rappelons que quelques formes organiques changent très lentement, un temps considérable leur étant ainsi accordé pour effectuer leurs migrations, je ne pense pas que les difficultés soient insurmontables, bien qu’elles soient souvent très grandes, j’en conviens, en ce cas comme dans celui de la dispersion des individus de la même espèce.

1918. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre XIV : Récapitulation et conclusion »

À l’égard des formes vivantes, nous devons nous rappeler que nous ne pouvons nous attendre, sauf en des cas très rares, à découvrir les liens qui les unissent directement les unes aux autres, mais seulement ceux qui les rattachent à quelque forme éteinte et déjà supplantée. […] Il suffit d’ailleurs, pour montrer combien de telles impressions sont peu durables, de rappeler que la plus grande découverte qui ait jamais été faite par l’homme a été attaquée par Leibniz lui-même « comme subversive de la religion naturelle, et par conséquent de la religion révélée. » Un théologien célèbre m’écrivait un jour « qu’il avait appris par degrés à reconnaître que c’est avoir une conception aussi juste et aussi grande de la Divinité, de croire qu’elle a créé seulement quelques formes originales, capables de se développer d’elles-mêmes en d’autres formes utiles, que de supposer qu’il faille un nouvel acte de création pour combler les vides causés par l’action de ses lois. » On peut se demander pourquoi presque tous les plus éminents naturalistes et géologues ont rejeté cette idée de la mutabilité des espèces.

1919. (1870) La science et la conscience « Chapitre III : L’histoire »

Le récit des guerres médiques n’est-il pas une sorte de poëme non-seulement pour le langage, qui rappelle Homère, mais surtout pour le fond des choses ? […] Pour s’en assurer, il n’est pas nécessaire de passer en revue tous les noms et toutes les œuvres de la science historique des temps modernes ; il suffit de rappeler quelques grands sujets tirés de l’histoire de France, où la nouvelle méthode a été pratiquée avec le plus de succès.

1920. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Duclos. — III. (Fin.) » pp. 246-261

Un mot de meilleur ton, et trop joli pour ne pas être rappelé, est celui de la comtesse de Rochefort à Duclos, un jour que, causant avec elle et Mme de Mirepoix, il avait posé en principe qu’une honnête femme peut tout entendre, et que ce sont seulement les malhonnêtes qui font les bégueules.

1921. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Vicq d’Azyr. — II. (Fin.) » pp. 296-311

Dans la vieillesse, à mesure que l’existence physique s’éteint, l’homme illustré par ses talents voit s’accroître la vaste carrière de la célébrité ; le court avenir qui lui reste se confond aisément avec celui que la postérité lui prépare, et s’agrandit par cette compensation heureuse ; tout l’invite à se rappeler avec délices les époques les plus brillantes de son histoire, et peut-être l’habitude que l’on a de vivre, jointe à cette douce illusion, est-elle plus que suffisante dans ces derniers moments pour détourner l’idée importune et fatigante d’une mort prochaine.

1922. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Lettres sur l’éducation des filles, par Mme de Maintenon » pp. 105-120

Quand elle a ainsi rappelé toutes les conditions imposées et toutes les obligations, ce caractère où se confond le personnage de mère, de sœur aînée et de religieuse, et qui a pour objet de former de pauvres nobles jeunes filles destinées à édifier ensuite des maisons religieuses, mais surtout des familles, et à renouveler le christianisme dans le royaume ; des jeunes filles à qui l’on dit sans cesse : « Rendez-vous à la raison aussitôt que vous la voyez. — Soyez raisonnables, ou vous serez malheureuses. — Si vous êtes orgueilleuses, on vous reprochera votre misère, et si vous êtes humbles, on se souviendra de votre naissance » ; — quand elle a ainsi épuisé la perfection et la beauté de l’œuvre à accomplir, on conçoit que Mme de Maintenon, s’arrêtant devant son propre tableau, ajoute : « La vocation d’une dame de Saint-Louis est sublime, quand elle voudra en remplir tous les devoirs. » Tout ne se fit point en un jour ; il y eut des années de tâtonnement, et même où l’on sembla faire fausse route.

1923. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Les Chants modernes, par M. Maxime du Camp. Paris, Michel Lévy, in-8°, avec cette épigraphe. « Ni regret du passé, ni peur de l’avenir. » » pp. 3-19

Les arts rampaient péniblement dans l’ornière « d’une tradition à jamais usée… » Mais est-il donc nécessaire de rappeler que si MM. de Lamartine, Hugo, de Vigny, ont débuté dans les lettres vers 1820, à une époque où la France était encore voisine de 1815, c’est-à-dire du deuil de l’invasion, M. 

1924. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Fanny. Étude, par M. Ernest Feydeau » pp. 163-178

Nous autres critiques, placés entre la tradition et l’innovation, c’est notre plaisir de rappeler sans cesse le passé à propos du présent, de les comparer, de faire valoir l’œuvre ancienne en même temps que d’accueillir la nouvelle (car je ne parle pas de ceux qui sont toujours prêts à immoler systématiquement l’une à l’autre).

1925. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Histoire du Consulat et de l’Empire, par M. Thiers (tome xviie ) » pp. 338-354

Je ne pense jamais à ce temps où se discutait et s’agitait si vivement parmi nous le plus ou moins d’utilité des onze ou douze lieues de murailles et des seize citadelles dominantes, sans me rappeler les sentiments divers et soudains qui, dès le premier jour, partagèrent à ce sujet le monde politique et qui séparèrent des hommes habitués jusque-là à se croire unis.

1926. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Le général Joubert. Extraits de sa correspondance inédite. — Étude sur sa vie, par M. Edmond Chevrier. — I » pp. 146-160

Je me risquerai donc, à propos de cette singulière modestie de Joubert, à rappeler la pensée d’un moraliste de l’école de La Rochefoucauld : Une modestie obstinée et permanente est un signe d’incapacité pour les premiers rôles, car c’est déjà une partie bien essentielle de la capacité que de porter hardiment et tête haute le poids de la responsabilité ; mais de plus cette modestie est d’ordinaire l’indice naturel et le symptôme de quelque défaut, de quelque manque secret ; non pas que l’homme modeste ne puisse faire de grandes choses à un moment donné, mais les faire constamment, mais recommencer toujours, mais être dans cet état supérieur et permanent, il ne le peut, il le sent, et de là sa modestie qui est une précaution à l’avance et une sorte de prenez-y-garde.

1927. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Le général Joubert. Extraits de sa correspondance inédite. — Étude sur sa vie, par M. Edmond Chevrier. — III » pp. 174-189

Mais l’acte, cette fois, fut cassé à Paris par le Directoire, et Brune désapprouvé et rappelé

1928. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Les Contes de Perrault »

Rappelons-nous ce qu’étaient en leur temps Perrault et Boileau ; ces deux rivaux, ces deux représentants de deux races d’esprits si différentes, et, l’on peut dire, ces deux ennemis ; car leur réconciliation ne se fit jamais qu’à la surface et par le dehors.

1929. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Don Quichotte. »

C’est dans les loisirs de cette prison qu’il aurait commencé son Don Quichotte, et il se serait vengé, bien doucement d’ailleurs, des gens du lieu par ces premiers mots du livre immortel : « Dans une bourgade de la Manche, dont je ne veux pas me rappeler le nom, vivait il n’y a pas longtemps un hidalgo… » Établi ensuite avec sa famille à Valladodid, où était alors la Cour, il y vivait si pauvrement que sa sœur doña Andréa aidait à la subsistance commune par le travail de son aiguille ; on a retrouvé la note d’un raccommodage qu’elle fit pour les hardes d’un seigneur.

1930. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Lettres d’Eugénie de Guérin, publiées par M. Trébutien. »

Pour ceux qui, distraits des pures Lettres ou occupés ailleurs (comme il est permis), auraient besoin qu’on les remît sur la voie, je rappellerai qu’Eugénie de Guérin, sœur de Maurice de Guérin, de l’admirable auteur du Centaure, était son égale en dons naturels, en génie, sa supérieure en vertu, en force d’âme, son aînée vigilante et tendre, et qu’elle fut pendant neuf années sa survivante douloureuse, son Antigone ou son Électre, toute consacrée à sa mémoire et comme desservante d’un tombeau.

1931. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Essai sur Talleyrand »

Talleyrand, rappelé à Paris avant le 10 août, en repartit encore pour Londres vers le milieu de septembre, avec un passe-port de Danton ; en quelle qualité et dans quelles vues ?

1932. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section première. Des passions. — Chapitre VII. De l’esprit de parti. »

Les géomètres rappellent à eux la certitude par des moyens assurés ; mais dans cette sphère d’idées où les sensations, les réflexions, les paroles mêmes, s’aident mutuellement à former le corps des vraisemblances, quand les mots les plus nobles ont été déshonorés, les raisonnements les plus justes faussement enchaînés, les sentiments les plus vrais opposés les uns aux autres, on se croit dans ce chaos que Milton aurait rendu mille fois plus horrible, s’il l’avait pu représenter, dans le monde intellectuel, confondant aux yeux de l’homme le juste et l’injuste, le crime et la vertu.

1933. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Gaston Paris et la poésie française au moyen âge »

Il le fait tranquillement, n’esquivant rien, n’exagérant rien, avec un désintéressement, une impartialité, une indépendance de jugement telle, que cette sorte de sacrifice ou plutôt (car il n’avait point à la sacrifier) d’oubli provisoire de la piété filiale en face de la science qui prime tout, m’a rappelé, je ne sais comment, la hauteur d’âme des vieux Romains mettant tout naturellement l’intérêt de la patrie au-dessus des affections de famille… Puis, tout à coup, après ce long, tranquille et consciencieux exposé qui n’eût point été différent s’il se fût agi d’un étranger, la voix du professeur s’altère et laisse tomber ces mots : … Moi qui vous parle, moi qui seul sais le respect et la reconnaissance que je lui dois, j’ai dû m’abstenir de les exprimer comme je les sens, autant pour être fidèle à cette modération qu’il aimait à garder en toutes choses, autant pour ne rien rire ici qui ne dût être dit par tout autre à ma place, que pour ne pas m’exposer à être envahi par une émotion trop poignante qui ne m’aurait pas laissé la liberté et la force de rendre à cette mémoire si chère et encore si présente l’hommage public auquel elle a droit.

1934. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XIV. La commedia dell’arte au temps de Molière (à partir de 1662) » pp. 265-292

Je joue déjà assez bien le rôle de l’Ermite ; et d’ailleurs ce serait un vrai moyen de me délivrer de l’importunité de mes créanciers, qui ne cessent de me persécuter. » Les quelques lignes de la fameuse préface que nous venons de rappeler suffisent à nous avertir que les chefs-d’œuvre de la comédie française, L’École des femmes, Le Misanthrope, Le Tartuffe, L’Avare, se succédaient sur le même théâtre où Scaramouche et Dominique faisaient à qui mieux mieux leurs culbutes « et autres singeries agréables, comme dit Gherardi, qui sont du jeu italien ».

1935. (1913) Les antinomies entre l’individu et la société « Chapitre VII. L’antinomie pédagogique » pp. 135-157

Nous pouvons rappeler ici ce que nous avons dit en critiquant la théorie psychologique du frein volontaire.

1936. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XXIV. Arrestation et procès de Jésus. »

Une circonstance fortuite, le chant du coq, lui rappela un mot que Jésus lui avait dit.

1937. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Deuxième partie. Ce qui peut être objet d’étude scientifique dans une œuvre littéraire — Chapitre II. L’analyse interne d’une œuvre littéraire » pp. 32-46

Hugo fait parler en vers apocalyptiques ce qu’il appelle la bouche d’ombre, où il entend la voix de spectres gigantesques visibles pour lui seul ; rappelez-vous l’Eloa d’Alfred de Vigny, où anges et démons flottent dans l’espace indéterminé, et les Tragiques de d’Aubigné, où le poète transformé en voyant nous dit la joie ineffable des élus et les transes immortelles des damnés.

1938. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XIX. Cause et loi essentielles des variations du gout littéraire » pp. 484-497

Les Parnassiens, nous le rappelions tout à l’heure, prennent le contre-pied des grands poètes qui les ont précédés ; avec Banville, ils s’amusent à parodier le lyrisme ou ramènent d’exil les dieux et les déesses de l’Olympe ; avec Leconte de Lisle, au risque de n’atteindre qu’une petite élite d’initiés, ils refusent de troubler la sérénité de leurs vers par des plaintes oratoires et des élans de sensibilité ; avec Baudelaire, ils recherchent le paradoxe, l’étrange, l’artificiel ; avec Coppée, ils décrivent un coin de banlieue ou content les malheurs d’un petit épicier ; avec Maxime Ducamp ou Sully Prudhomme, ils chantent les miracles de l’industrie ou de la science.

1939. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre XI. Quelques philosophes »

Chaque fois, il rappelle l’étourdi à sa petite tâche précise et lui répète, inflexible : « La méthode constante des sciences est de comparer des faits et des séries de faits l’une avec l’autre, afin de dégager la loi de leurs variations simultanées ou successives, aussi souvent qu’il est possible de le faire avec quelque sûreté. » Ainsi il étudie la philosophie, poème des poèmes, avec un vil esprit scientifique, dans la préoccupation utilitaire de la solidité précise des découvertes et non pour la joie de voir l’esprit marcher d’une allure noble.

1940. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Pensées de Pascal. Édition nouvelle avec notes et commentaires, par M. E. Havet. » pp. 523-539

Ne nous en plaignons point, mais rappelons-nous l’autre partie de nous-mêmes, et qui a fait si longtemps l’honneur le plus cher de l’humanité.

1941. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Saint Anselme, par M. de Rémusat. » pp. 362-377

On était dans la Semaine sainte de l’année 1109 ; un de ceux qui le servaient lui ayant parlé de sa mort comme prochaine et comme du départ d’un convié que rappelait à lui le Seigneur vers ce temps de la fête de Pâques, il répondit : « Si telle est sa volonté, j’obéirai de bon cœur, mais s’il aimait mieux me laisser encore parmi vous un tant soit peu de temps, assez du moins jusqu’à ce que j’aie résolu une question qui m’occupe sur l’origine de l’âme, j’en serais reconnaissant, d’autant plus que je ne sais si, moi mort, un autre pourra la résoudre. » Touchante faiblesse d’un saint qui avait un coin de philosophe !

1942. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre cinquième. Principales idées-forces, leur genèse et leur influence — Chapitre troisième. L’idée-force du moi et son influence »

On se rappelle le rôle que joue, dans la morale de Kant, ridée du moi intelligible, qui n’est vraiment, selon Kant lui-même, qu’une conception problématique, un noumène impossible à vérifier.

1943. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre premier. Considérations préliminaires » pp. 17-40

Pourquoi abjurer les souvenirs antérieurs à la révolution, ou ne les rappeler que pour les flétrir ?

1944. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XIX. Mme Louise Colet »

Elle avait le catarrhe de Facino Cane, dont sa poésie rappelait la clarinette ; mais sa vanité de bas-bleu rouge était plus forte que tous les rhumes, et elle se mit à promener majestueusement le sien, de Turin à Florence et de Rome à Naples et à Palerme, — poétique Ducantal de la liberté !

1945. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Lawrence Sterne »

Humouriste à teintes adoucies et pures, dans une contrée où l’humour a des tons criards et je ne sais quelle hagarde ivresse, il ne doit la transparence de son sourire et la limpidité de ses larmes qu’à la chasteté du sentiment chrétien qui ne l’abandonne jamais, et, sur les limites de la passion où parfois il glisse, se rappelle encore à lui par une rougeur… Ascète adorable, qui donnerait des charmes inattendus à l’Austérité et qui s’est peint en trois traits, lui et son talent, quand il a dit : « Que faut-il à « un homme pour être heureux ?

1946. (1936) Réflexions sur la littérature « 6. Cristallisations » pp. 60-71

Delacroix le montre fort bien, est lié chez Stendhal à la musique, il est chargé de musique comme la musique est chargée d’amour. " pour comprendre les amours de Stendhal il faut se rappeler la musique.

1947. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXXIII. Des éloges ou panégyriques adressés à Louis XIV. Jugement sur ce prince. »

Le mérite de l’un fut de rappeler toujours sa grandeur ; le mérite de l’autre, de faire oublier la sienne.

1948. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre XVI. »

ce petit tableau d’impudence conjugale qu’il trace en quelques vers, cette femme qui se lève de table, à l’ordre du riche et du puissant, non sans la connivence du mari, rappellera trait pour trait une anecdote de la vie d’Auguste189, du pieux réformateur qu’Horace avait entrepris de célébrer.

1949. (1856) Articles du Figaro (1855-1856) pp. 2-6

. — Nous irons du plus petit au plus grand, des noms les plus obscurs aux noms les plus rayonnants, apportant partout la même hardiesse et la même indépendance et, convaincu que la voix d’un honnête homme disant une chose juste a toujours droit à l’attention, nous rappellerons à la dignité de leur gloire ceux, parmi les plus illustres, qui défigurent leurs propres chefs-d’œuvre et battent monnaie avec les rognures de leur génie. — Enfin, partout et toujours, nous aurons la justice pour muse et pour conseillère. […] Nous avons eu déjà mieux que cela ; il suffit pour le prouver de rappeler les noms d’Étienne Eggis, de germanique mémoire, et d’Adolphe Gaiffe, — le plus beau des enfants des hommes. […] Pour ne citer que deux pièces, celle intitulée, À Aimée, et la Maison démolie, renferment des strophes qu’on n’oublie plus. — La dernière, qui m’a rappelé la Tristesse d’Olympio, a soutenu très vaillamment dans mon esprit ce redoutable voisinage. — Peut-être même la forme est-elle ici plus achevée et plus savante que dans telle autre pièce du recueil. […] Elle me rappelle ces esclaves du sérail qui fixaient le cœur des sultans, et que leur beauté élevait à la dignité d’impératrice. — La rime riche est la sultane de M.  […] Sous les marronniers en fleur du Luxembourg, elle rêve de Bérangère, elle demande Bérangère à tous les échos d’alentour ; comme en ses plus beaux jours du parterre, elle rappelle sa bien-aimée : — Bérangère for ever !

1950. (1856) Leçons de physiologie expérimentale appliquée à la médecine. Tome II

Je vais rappeler ici des expériences qui montrent encore cette même influence de la parotide et des autres glandes salivaires sur l’insalivation et la déglutition. […] Pour établir l’état de la question avant nos recherches, nous nous bornerons à vous rappeler les opinions qui régnaient sur les fonctions du pancréas et qui ont été résumées par M.  […] Sous ce rapport, nous rappellerons que cet organe se distingue physiologiquement des glandes salivaires auxquelles on a voulu le comparer. […] Mais il faut encore que nous nous rappelions que, vers la fin de la digestion, le suc pancréatique contient un peu plus d’eau et moins de matière organique. […] Mais c’est ici le lieu de rappeler la distinction essentielle que nous avons établie entre le suc pancréatique normal et le suc pancréatique morbide ou altéré.

1951. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE STAEL » pp. 81-164

Mme de Staël, comme Delphine, ne put vivre sans pardonner : elle s’adressait de Vienne en 1808 à ce même personnage, comme à un ancien ami sur lequel on compte55 ; elle lui rappelait sans amertume le passé : « Vous m’écriviez, il y a treize ans, d’Amérique : Si je reste encore un an ici, j’y meurs ; j’en pourrais dire autant de l’étranger, j’y succombe. » Elle ajoutait ces paroles si pleines d’une tristesse clémente : « Adieu, — êtes-vous heureux ? […] Nous demandons pardon, à propos d’une œuvre émouvante comme Delphine, et sans nous confiner de préférence aux scènes mélancoliques de Bellerive ou du jardin des Champs-Élysées, de rappeler ces aigres clameurs d’alors, et de soulever tant de vieille poussière : mais il est bon. quand on veut suivre et retracer une marche triomphale, de subir aussi la foule, de montrer le char entouré et salué comme il l’était. […] Mme de Staël, en revenant si fréquemment sur ce rêve, n’avait pas à en aller chercher bien loin des images : son âme, en sortant d’elle-même, avait tout auprès de quoi se poser ; au défaut de son propre bonheur, elle se rappelait celui de sa mère, elle projetait et pressentait celui de sa fille59. […] Elle avait vu Louis XVIII en Angleterre : « Nous aurons, annonçait-elle alors à un ami, un roi très-favorable à la littérature. » Elle se sentait du goût pour ce prince, dont les opinions modérées lui rappelaient quelques-unes de celles de son père.

1952. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre III. La Révolution. »

Je dis que nous devons nécessairement abroger ces violents actes oppressifs ; ils doivent être rappelés, vous les rappellerez, je m’y engage d’honneur ; vous finirez par les rappeler, j’y joue ma réputation ; je consentirai à être pris pour un idiot, si à la fin ils ne sont pas rappelés !

1953. (1923) L’art du théâtre pp. 5-212

Le théâtre étant dit un art, rappelons en deux mots que l’art peut être envisagé sous deux aspects, du reste inséparables, celui de l’absolu, celui du relatif. […] N’oublions pas de rappeler que les interprètes de tous ces jeux étaient pris dans la foule et ne se distinguaient pas d’elle ; ils se rassemblaient dans des Confréries où les baladins n’entraient pas. […] Les conditions d’une si parfaite réussite faut-il encore les rappeler ? […] En ce temps, c’est-à-dire entre 1880 et 1890, l’auteur et l’acteur avaient grand besoin d’être rappelés à la réalité de la vie.

1954. (1910) Muses d’aujourd’hui. Essai de physiologie poétique

Ces vers sont beaux : L’espace attend, les vents prosternés sont pieux ; La terre te désire d’une amour éperdue Formidable soleil… Les premiers vers rappellent un cantique à Jésus ; la poétesse, dans son ardeur de néophyte païen, ne peut oublier les premières mysticités, les premières amours pieuses de son enfance. […] Si, en lisant les poèmes de Renée Vivien, on ne peut s’empêcher de songer à Baudelaire, par cette perversité voulue et par cette sérénité et cette perfection, voulues aussi, de la forme, quelques subtilités sentimentales plus actuelles nous rappellent Verlaine, le Verlaine qui chanta les Amies. […] Ta bouche, en le scellant d’une empreinte brûlante, Semble asservir plus fort celle qui le reçut, Celle-là dont le cœur ne t’aura point déçu, Oui garde, obstinément tenace et patiente, L’ardent et douloureux bonheur qu’elle a choisi, Et librement t’a dit : « Je t’aime et me voici. » Elle rêve à chaque instant que le navire qui ramène son amant a jeté l’ancre dans la nuit ; mais le retour des saisons « a plusieurs fois dressé le décor des adieux » et voici que d’autres images se réveillent : rappelle-toi : Une abeille rôdait dans la chambre, obstinée, La joie et l’abandon m’avaient fermé les yeux, Le soleil à mon front tissait des fils de cuivre, Mes lèvres attendaient ton souffle pour en vivre, Tu me soulevas vers ta bouche encore un peu, Et, prenant notre amour pour une fleur vivante, L’abeille, interrompant sa course bourdonnante, Lourde du miel des fleurs, tomba sur mes cheveux. […] Pas un vers de ce poème qui ne rappelle à ceux qui ont aimé et regardé les bois un des gestes familiers des arbres : Soudain, droit, arrogant, comme arcbouté sur des hanches, Un corps raide se soulève dans ses verdures libertines, Et brandit des bras noirs avec emphase hors des manches !

1955. (1907) L’évolution créatrice « Chapitre I. De l’évolution de la vie. Mécanisme et finalité »

Rappelons ici, en deux mots, les conclusions d’un travail antérieur. […] A vrai dire, ce « substrat » n’est pas une réalité ; c’est, pour notre conscience, un simple signe destiné à lui rappeler sans cesse le caractère artificiel de l’opération par laquelle l’attention juxtapose un état à un état, là où il y a une continuité qui se déroule. […] Si l’on pulvérise du sucre ou du sol de cuisine, qu’on y ajoute de l’huile très vieille et qu’on regarde au microscope une goutte du mélange, on aperçoit une mousse à structure alvéolaire dont la configuration ressemble, d’après certains théoriciens, à celle du protoplasme, et dans laquelle s’accomplissent en tous cas des mouvements qui rappellent beaucoup ceux de la circulation protoplasmique 11. […] Sans doute le « principe vital » n’explique pas grand-chose : du moins a-t-il l’avantage d’être une espèce d’écriteau posé sur notre ignorance et qui pourra nous la rappeler à l’occasion 20, tandis que le mécanisme nous invite à l’oublier.

1956. (1905) Études et portraits. Portraits d’écrivains‌ et notes d’esthétique‌. Tome I.

Or, qu’on se rappelle le procédé cartésien. […] Je ne m’en rappelle plus un traître mot… » Elle dit plus loin qu’elle est panthéiste en fait d’art, entendant par là que des procédés de tous ordres trouvent grâce devant elle. […] Faut-il vous rappeler que nous parlons du poème épique, aujourd’hui, comme du plésiosaure et du ptérodactyle, avec l’étonnement qu’impose la monstruosité d’un organisme jadis florissant, puis disparu, et dont la magnificence antique est indiscutée ? […] On peut s’attendre à toutes les destructions dans l’avenir lorsque l’on voit de ces tombes ouvertes dans le passé et que l’on se rappelle ce que l’humanité y a laissé choir de son cœur. […] Huysmans, on ne saurait découvrir un trait qui rappelle, même de loin, le « faire » si spécial et si reconnaissable de l’auteur de Rouge et Noir.

1957. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Livre quatrième. Les conditions physiques des événements moraux — Chapitre premier. Les fonctions des centres nerveux » pp. 239-315

L’oubli complet de quelque langue étrangère est un des effets les plus ordinaires de la commotion… Les malades ne se souviennent jamais de la manière dont leur accident leur est survenu ; s’ils sont tombés de cheval, ils se souviennent bien qu’ils sont montés et descendus, mais ils ne se rappellent pas les circonstances de leur chute. […] Ainsi, entre les cordons d’espèce différente, il se trouve un ou plusieurs chemins anatomiques. — Maintenant, il faut nous rappeler une loi que nous avons déjà constatée dans la moelle. […] Dès lors, on comprend à quoi servent les cinq cents millions de cellules et les deux milliards de fibres de notre écorce cérébrale ; grâce à leur multitude, notre mémoire est pleine de clichés ; c’est pour cela qu’un cerveau humain peut posséder une ou plusieurs sciences complètes, cinq ou six langues et davantage, se rappeler des myriades de sons, de formes et de faits.

1958. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Livre deuxième. La connaissance des corps — Chapitre II. La perception extérieure et l’éducation des sens » pp. 123-196

Telle est en effet la conception que nous avons aujourd’hui de l’étendue visible ; en cet état, nous n’y trouvons plus rien qui nous rappelle son origine. […] C’est pourquoi, d’un coup d’œil, nous évaluons des centaines de mètres et même des lieues ; il nous semble alors que toutes les sensations que nous avons eues pendant ce coup d’œil sont simultanées, et, de cette façon, tous les objets extérieurs qu’elles nous révèlent sont perçus, pour ainsi dire, ensemble ; ce qui nous rend bien plus facile la tâche de les rappeler, de les comparer, bref de pratiquer sur eux toutes les opérations ultérieures dont nous avons besoin. […] Nous nous rappelons que notre perception extérieure, réduite à ce qu’elle contient de vrai, n’est qu’une assertion générale, l’énonciation d’une loi, une sorte de prédiction, valable pour le passé comme pour l’avenir, la prédiction de tels événements, sensations ou équivalents de sensations, comme possibles à telles conditions, comme nécessaires aux mêmes conditions plus une condition complémentaire.

1959. (1868) Cours familier de littérature. XXV « CLe entretien. Molière »

X Bernardin de Saint-Pierre était alors un beau vieillard semblable à Platon ; ses cheveux blancs couronnés de roses, parfumés du souvenir de Paul et Virginie, rappelaient et écartaient à la fois les images de la vieillesse en annonçant l’éternité de la jeunesse. […] Baron monta dans l’appartement de Molière, et lui rendit le discours de Mondorge, avec peine, et avec précaution pourtant, craignant de rappeler désagréablement à un homme fort riche l’idée d’un camarade fort gueux. « Il est vrai que nous avons joué la comédie ensemble, dit Molière, et c’est un fort honnête homme ; je suis fâché que ses petites affaires soient en si mauvais état. […] Je pourrais rappeler ici qu’ils avaient été auparavant surpris par le sonnet du Misanthrope.

1960. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre IV : Sélection naturelle »

On se souvient du nombre infini de variétés obtenues parmi nos produits domestiques et des variations moins apparentes des races sauvages ; on se rappelle aussi quelle est la force de tendances héréditaires. […] Je pourrais montrer par de nombreux exemples combien les Abeilles sont économes de leur temps ; je rappellerai seulement les incisions qu’elles ont coutume de faire à la base de certaines fleurs pour en atteindre le nectar, lorsque avec un peu plus de peine elles pourraient y entrer par le sommet de la corolle. […] Car il faut toujours se rappeler que la concurrence est en général d’autant plus vive que les formes en lutte sont plus étroitement alliées par leurs habitudes, leur constitution ou leur structure.

1961. (1920) Action, n° 2, mars 1920

Il les délivre de la pesanteur, il les rappelle et les rend à la patrie désirée. […] Je me rappellerai toujours la douceur que tu lui témoignais et la sollicitude fantasque avec laquelle tu t’occupais d’elle avec pitié, sans perdre le fil d’une de ces passionnantes conversations, jalonnée de mots, pleine de paradoxes et illuminée de rire enfantin dont nous avions l’habitude avec Guillaume. […] Il rappelle les étonnants contrastes de Shakespeare, transportés dans le domaine d’une sensibilité et d’une compréhension enrichies par la science et les mœurs modernes.

1962. (1911) Lyrisme, épopée, drame. Une loi de l’histoire littéraire expliquée par l’évolution générale « Chapitre II. Vérification de la loi par l’examen de la littérature française » pp. 34-154

Je rappelle brièvement les refrains et les motifs dont Alfred Jeanroy a montré l’importance, les chansons de mai, chansons à danser, que Gaston Paris a ressuscitées en savant et en poète, et enfin les condamnations lancées par le clergé contre les cantica puellarum, turpia, obscœna, qui sont certainement des chansons d’amour. […] Le Zénith est l’épopée de la science moderne ; parmi les petites pièces je rappelle Le Rendez-vous : « Il est tard ; l’astronome aux veilles obstinées. » Un grand défaut du Bonheur est dans le mélange constant du lyrisme avec l’épopée, du rêve avec la réalité. […] En ce moment, je ne me rappelle aucun exemple antérieur à Sapho (drame), où ce « truc » du sommeil subit aurait servi à tirer l’auteur d’une situation embarrassante.

1963. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE LA FAYETTE » pp. 249-287

La cour de Madame pour l’esprit, pour les intrigues, pour les vices aussi, n’était pas sans rapport avec celle des Valois, et l’histoire qu’en a essayée Mme de La Fayette rappelle plus d’une fois les Mémoires de cette reine si aimable en son temps, qu’il ne faut pourtant pas croire toujours. […] ) — Je ne veux pas oublier de vous dire que j’ai trouvé terriblement de l’esprit au comte de Saint-Paul. » Pour ajouter à l’intérêt de cette lettre, qu’on veuille bien se rappeler la situation précise : M. de Saint-Paul, fils de Mme de Longueville et probablement aussi de M. de La Rochefoucauld, venant voir Mme de La Fayette, qui passe pour l’objet d’une dernière passion tendre, et qui voudrait le voir détrompé… ou trompé là-dessus. — Le terriblement d’esprit du jeune prince allait droit, je pense, au cœur de Mme de Longueville, à qui le post-scriptum au moins, et le reste aussi sans doute, fut bien vite montré.

1964. (1861) Cours familier de littérature. XI « LXVe entretien. J.-J. Rousseau. Son faux Contrat social et le vrai contrat social (1re partie) » pp. 337-416

Ces tableaux orduriers jouent la naïveté pour la corrompre ; ils rappellent ces théâtres licencieux de Paris, au dernier siècle, où l’on faisait jouer à l’innocence le rôle prématuré du vice et où l’on sacrifiait des enfants à la sacrilège licence des spectateurs. […] bergeries politiques pour nos scènes d’opéra, dont toutes les institutions sont des décorations, des cérémonies, des rubans, des fêtes, des musiques, des danses assaisonnées de quelques axiomes absurdes et féroces pour rappeler les Harmodius et les Catons, un peu de grec, un peu de latin et beaucoup de suisse !

1965. (1862) Cours familier de littérature. XIV « LXXXIe entretien. Socrate et Platon. Philosophie grecque (1re partie) » pp. 145-224

L’Évangile de saint Jean, lui-même, rappelle dans son magnifique début ces vérités indiennes, égyptiennes, platoniques, ainsi que chrétiennes : « Au commencement était le Verbe, et le Verbe était en Dieu, et le Verbe était Dieu (le Logos, la pensée, la parole, le type des choses) ; tout a été fait par lui, et rien de ce qui a été fait n’a été fait sans lui ; en lui était la vie, et la vie était la lumière. […] Reprenons le drame : XXIV « Voilà pourquoi, mes chers amis, dit Socrate après un moment de recueillement, le vrai philosophe s’exerce à la force et à la tempérance, et nullement par toutes les raisons que s’imagine le peuple. » Les disciples, à ces mots, s’entreregardent en silence et semblent craindre de proposer à Socrate un doute qui lui rappelle sa tragique situation et le peu d’heures qui lui restent à vivre.

1966. (1865) Cours familier de littérature. XX « CXVIIe entretien. Littérature américaine. Une page unique d’histoire naturelle, par Audubon (1re partie) » pp. 81-159

Dans mon ignorance, je leur prêtais une vie supérieure à la mienne ; mon respect, mon amour pour ces choses inanimées datent d’une époque que je puis à peine me rappeler. […] Je cherchais à me rappeler mes promenades favorites en peuplant ma chambre d’oiseaux ; puis, dès qu’un moment de liberté me rendait à moi-même, je me hâtais d’aller chercher les roches creuses, les grottes couvertes de mousse, bizarres retraites des mouettes et des cormorans aux ailes noires.

1967. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XVI. La littérature et l’éducation publique. Les académies, les cénacles. » pp. 407-442

La Somme de Saint-Thomas d’Aquin (je crois utile de rappeler que Somme signifie ici Abrégé) ne comprenait pas moins de dix-huit volumes in-folio ! […] » Dans une lettre qu’il écrit à l’un de ses camarades, celui qui parle ainsi lui rappelle le temps où, élèves du même collège, ils puisaient aux mêmes sources la haine des institutions de leur pays et le saint amour de la liberté, le temps où ils gémissaient sur la servitude de leur patrie et regrettaient de n’avoir pas un professeur de conjuration qui leur apprit à l’affranchir.

1968. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 juin 1885. »

Que l’on se rappelle les mélodies d’Opéra italiennes, faites au siècle dernier, et que l’on reconnaisse la prodigieuse et vaine nullité de cette dépense de sons, uniquement asservie à la Mode et à ses exigences. […] Rappelons que Mendès lui-même avait trouvé le musicien selon ses voeux en Emmanuel Chabrier avec qui il a réalisé plusieurs drames musicaux dont Gwendoline (1886) et Briséis (1887) considéré par Chabrier comme son Parsifal.

1969. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 juillet 1885. »

Et, puisque Sigurd nous en fournit l’occasion, rappelons encore que M.  […] On pouvait lire dans la Revue et Gazette Musicale, numéro du 6 avril 1873, au sujet du final du second acte de Sigurd, exécuté dans un concert : « D’après ce fragment, le poème nous paraît calqué sur celui de la Walkyrie de Richard Wagner, quoique l’épisode qui termine ce final, celui de la nacelle traînée par des cygnes, où se placent Brünnhilde, la Walkyrie, victime d’un enchantement, et son libérateur Sigurd, appartienne à Lohengrin. » Récemment, un compositeur tenant une plume de critique, trouvait, comme pour accentuer encore cette remarque, que certains passages rappelaient, même musicalement, Lohengrin.

1970. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « VI »

Simple encore apparaît l’origine de l’art littéraire, si l’on consent à se rappeler ce qu’est fondamentalement le mot. […] Je me rappelle qu’au dernier an un esprit d’une très subtile et vive critique, assistant au Pasifal, exprimait que les personnages n’existaient point ; il disait notamment les insignes faiblesses du duo du second acte, l’homme subitement et immotivement illuminé et dès lors stagnant, la femme dont on ignore si elle est ou non d’elle-même attirée vers le garçon qu’elle appelle ; et il expliquait l’illogisme et le romantisme des trucs dramatiques ; et il s’étonnait de l’entière inutilité de tant d’accessoires ; réservant une admiration constante à l’orchestre, il méprisait intimement Parsifal pour un piètre mélodrame superbement décoré de symphonies : car ce subtil esprit — coupable seulement de se refuser par logiques de système à d’entiers côtés d’art — cherchait en le Parsifal et n’y pouvait trouver un drame.

1971. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre neuvième. Les idées philosophiques et sociales dans la poésie (suite). Les successeurs d’Hugo »

… Ces vers rappellent les vers-formules qui abondent dans Hugo, et où la formule même fait image. […] Si quelque Veuillot eût voulu faire la satire du matérialisme et de l’athéisme, et, pour cela, en faire la parodie, il n’eût eu qu’à écrire les Blasphèmes, qui, d’ailleurs, rappellent par beaucoup de traits le style de Louis Veuillot.

1972. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Charles Dickens »

Dans ses descriptions, dans ses personnages, dans ses scènes, l’effort à imiter la nature, à imaginer vrai, à se rappeler de précises observations, est évident ; il est contenu par certaines incapacités natives, par des préjugés acquis, mais le romancier anglais n’en possède pas moins une marque qui le distingue nettement de tous les artistes idéalistes, dans ses préférences pour ces laideurs, ces vulgarités, ces irrégularités du réel, que ceux-ci s’empressent d’effacer, par le travail de sélection qui les caractérise. […] Ce sera la description humoristique par opposition à la description réaliste, et on se rappelle à quelle exclusion Dickens a constamment pratiqué la première.

1973. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre I : Variations des espèces à l’état domestique »

Je ne puis entrer ici dans le détail énorme des renseignements que j’ai recueillis sur ce curieux sujet ; mais pour donner un exemple de la singularité des lois qui gouvernent la reproduction des animaux prisonniers, je n’ai qu’à rappeler que les Carnivores, et même ceux des tropiques, se reproduisent assez volontiers en nos contrées à l’état de réclusion, à l’exception des Plantigrades ou Ursides, qui rarement donnent des petits ; tandis que les oiseaux Rapaces, sauf de très rares exceptions, ne produisent presque jamais d’œufs féconds. […] Lorsque nous nous rappelons que l’Angleterre possède à peine aujourd’hui un mammifère qui lui soit particulier, que la France en a peu qui soient distincts de ceux de l’Allemagne et réciproquement, qu’il en est de même de la Hongrie, de l’Espagne, etc. ; mais qu’en revanche chacun de ces États possède plusieurs races particulières de Bœufs, de Moutons, etc., il nous faut admettre que de nombreuses races domestiques se sont produites en Europe ; car, d’où pourrions-nous les croire descendues, puisque les diverses contrées qu’elle renferme ne possèdent pas un nombre égal d’espèces sauvages particulières qu’on puisse considérer comme leurs types originels ?

1974. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « III. M. Michelet » pp. 47-96

Est-il besoin de le rappeler ? […] Pour lui, la grande faiblesse de Robespierre et le reproche que l’avenir élèvera contre sa mémoire, c’est d’avoir de lui-même rappelé au peuple, qui n’y pensait plus, ce vieux Dieu déchu et vaincu qui avait asservi l’univers.

1975. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Deuxième partie. — Chapitre XVIII. »

et, dans ce livre saint et pur, nourris ton âme de paroles inspirées ; car là tu entendras les ministres de la vérité annonçant la vie future avec la voix même de Dieu. » Ailleurs, s’agit-il pour Grégoire de Nazianze, pour le prêtre missionnaire, l’évêque persécuté, de quelque effort à tenter, d’un voyage à faire, l’invocation à Dieu sera plus ardente encore ; elle rappellera toutes les traditions miraculeuses dont s’animait contre la tyrannie des princes et contre la corruption des hommes cet âge héroïque du christianisme. […] Enfin il avoue et retient les droits du mariage dans le ministère ecclésiastique ; et le deuil cruel qui plus tard désola sa vie, la mort prématurée des trois enfants issus de cette union, qu’au moment même de son inauguration épiscopale il rappelle avec amour, rien de ces malheurs et des plaintes qu’ils lui arrachent dans ses lettres ne fait supposer ni repentir ni doute sur la liberté qu’il avait gardée.

1976. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « De la dernière séance de l’Académie des sciences morales et politiques, et du discours de M. Mignet. » pp. 291-307

Royer-Collard ne le lui pardonna jamais ; plus de vingt ans après, il montrait Jouffroy recevant sa réprimande, « assis là, à cette place que vous voyez », et il rappelait les larmes qu’il lui avait fait verser.

1977. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Le Roman de Renart. Histoire littéraire de la France, t. XXII. (Fin.) » pp. 308-324

Beaumanoir lui donne la chevalerie au nom de la sainte Vierge, lui rappelle son aïeul qui s’est illustré à Constantinople, et jure que les Anglais le paieront avant l’heure de complies.

1978. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Le buste de l’abbé Prévost. » pp. 122-139

Laisné, directeur de la comptabilité au ministère de l’Intérieur, et que je ne puis nommer sans me rappeler notre amitié d’enfance, est un arrière-neveu de l’abbé, par sa mère également.

1979. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Œuvres de François Arago. Tome I, 1854. » pp. 1-18

Aujourd’hui que l’auteur n’est plus, rien n’empêche de dire quelle fut l’impression universelle, ou plutôt il suffit de l’indiquer et de la rappeler à tous les témoins qui l’éprouvèrent si péniblement.

1980. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Fénelon. Sa correspondance spirituelle et politique. — I. » pp. 19-35

Quand il parlait comme lorsqu’il écrivait, Fénelon se tenait plus volontiers à mi-côte et sur les collines : « Son style noble et léger, a-t-il dit de Pellisson, ressemblait à la démarche des divinités fabuleuses qui coulaient dans les airs sans poser le pied sur la terre. » On peut le dire de lui-même et en supprimant l’image de fabuleuses ; sa parole avait quelque chose de noble et de léger qui rappelle ces figures angéliques, amies de l’homme, et se tenant toujours à sa portée, qui pourraient s’enlever plus haut, qui ne le veulent pas, et qui aiment mieux, dès qu’il le faut, redescendre.

1981. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Bossuet. Lettres sur Bossuet à un homme d’État, par M. Poujoulat, 1854. — Portrait de Bossuet, par M. de Lamartine, dans Le Civilisateur, 1854. — I. » pp. 180-197

Ce passage de Bossuet en approche et le rappelle.

1982. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Vicq d’Azyr. — I. » pp. 279-295

Une nuée de pamphlets et de pasquinades, dignes des beaux temps de la guerre autrefois déclarée par Gui Patin et consorts contre le gazetier Renaudot, sortit de toutes parts, et, à cette heure la plus sereine du xviiie  siècle, rappela les âges les plus poudreux du Quartier latin.

1983. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Sylvain Bailly. — I. » pp. 343-360

Mais ce n’est pas aujourd’hui ce qui nous rappelle vers lui : ces scènes orageuses, tant célébrées, sont entrées dans toutes les mémoires, et l’époque qui les précède ou plutôt qui les embrasse, et durant laquelle Bailly remplit un rôle si honorable, a été tellement et tant de fois racontée et peinte, que les personnages qui y figurent sans cesse finissent presque par lasser nos yeux et par s’user.

1984. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Histoire du Consulat et de l’Empire, par M. Thiers. (Tome XII) » pp. 157-172

L’exemple même de Raphaël dans ce portrait de Léon X prouverait, au besoin, qu’il ne faut pas craindre de représenter les physionomies des personnages au naturel ; et ceci me rappelle une esquisse d’un prince de l’Église, du cardinal Maury, par M. 

1985. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Œuvres complètes de Saint-Amant. nouvelle édition, augmentée de pièces inédites, et précédée d’une notice par M. Ch.-L. Livet. 2 vol. » pp. 173-191

Dans ses nombreuses stances, l’intention me semble valoir beaucoup mieux que le résultat ; voici, au reste, un des meilleurs endroits où il rappelle, en se l’appliquant, une parole du saint livre : Profaner le talent, c’est pis que l’enfouir :   Ces hautes paroles m’étonnent, J’en dois être en mon cœur bien plus touché que toi ;   J’en blêmis, j’en tremble d’effroi, Et jusque dans mon âme à toute heure elles tonnent ; Ma plume en est confuse, et tous ses jeunes traits N’en forment à mes yeux que d’horribles portraits.

1986. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « La marquise de Créqui — III » pp. 476-491

Se peut-il un portrait plus vrai, qui dise plus et moins, qui rappelle mieux les Souvenirs de Caylus, que celui-ci (je le choisis entre dix autres) de la princesse d’Hénin, avec laquelle la vicomtesse de Noailles avait passé une partie de sa jeunesse : J’ai vu en elle une chaleur et une vivacité qui étonneraient bien aujourd’hui.

1987. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Le maréchal de Villars — I » pp. 39-56

Il se plaît à les raconter avec détail, et dans ces endroits de ses Mémoires il nous rappelle le vieux Montluc, grand amateur et narrateur aussi d’escarmouches et d’actions particulières.

1988. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Divers écrits de M. H. Taine — II » pp. 268-284

Ici je me récuse ; je demande à ne pas entrer dans ces guerres de méthode, dans ces dissections délicates qui pénètrent jusqu’au vif, et à rappeler simplement que, à quelque point de vue qu’on se place pour le juger, M. 

1989. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Correspondance de Buffon, publiée par M. Nadault de Buffon » pp. 320-337

Le noble vieillard était flatté de se voir si compris et si adoré par une femme d’esprit et de vertu, qui avait encore des restes de beauté, et dont le mari, ne l’oublions point (car Buffon était sensible à ces choses), tenait une si grande place dans l’État : « Mon âme, lui écrivait-il galamment, prend des forces par la lecture de vos lettres sublimes, charmantes, et toutes les fois que je me rappelle votre image, mon adorable amie, le noir sombre se change en un bel incarnat. » Il a le cœur en presse, dit-il, la veille du jour où il doit l’aller voir ; mais s’il l’attend chez lui, elle, en visite, à Montbard, que sera-ce ?

1990. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Charles-Victor de Bonstetten. Étude biographique et littéraire, par M. Aimé Steinlen. — I » pp. 417-434

Malgré les observations que lui adressa Bonnet et les garanties qu’offrait ce sage curateur, lui faisant remarquer que « Genève avait ses propres antidotes et offrait le remède à côté du mal », il résolut de le rappeler et de le transplanter (1766).

1991. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Œuvres de Maurice de Guérin, publiées par M. Trébutien — I » pp. 1-17

Ceci rappelle Bernardin de Saint-Pierre.

1992. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Correspondance de Voltaire avec la duchesse de Saxe-Golha et autres lettres de lui inédites, publiées par MM. Évariste, Bavoux et Alphonse François. Œuvres et correspondance inédites de J-J. Rousseau, publiées par M. G. Streckeisen-Moultou. — II » pp. 231-245

Le songe du philosophe, dans lequel il se croit transporté au milieu d’un édifice immense surmonté d’un dôme éblouissant que soutiennent sept statues colossales au lieu de colonnes, les sept statues représentant chacune la divinisation monstrueuse de l’un des sept péchés capitaux, — ce songe, dans tout son détail emphatique et concerté, me rappelle certaines allégories des Paroles d’un croyant.

1993. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Mémoires pour servir a l’histoire de mon temps. Par M. Guizot »

On se rappelle la situation exacte, et lui-même l’expose avec autant d’impartialité qu’on peut lui en demander.

1994. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Essais de politique et de littérature. Par M. Prevost-Paradol. »

Nous autres, je me le rappelle, il nous arrivait quelquefois de regretter de n’avoir point assisté aux grandes luttes des premiers temps de la Révolution, aux combats à mort des Girondins et de la Montagne ; c’était notre chimère demi-politique, demi-poétique.

1995. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « M. Biot. Essai sur l’Histoire générale des sciences pendant la Révolution française. »

 » Je me rappelle qu’un jour, citant ces vers où Virgile nous décrit les signes extraordinaires qui éclatèrent à la mort de César : « Combien de fois l’Etna n’a-t-il point vomi des laves et des flammes !

1996. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Louis XIV et le duc de Bourgogne, par M. Michelet »

Mais aussi, dès que l’emportement était passé, la raison le saisissait et surnageait à tout ; il sentait ses fautes, il les avouait, et quelquefois avec tant de dépit qu’il rappelait la fureur.

1997. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Halévy, secrétaire perpétuel. »

Le récit qu’il a fait des émouvantes et magnifiques funérailles de Grétry, de cette sorte de pompe triomphale, nous a rappelé les funérailles d’Halévy lui-même.

1998. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « M. de Pontmartin. Les Jeudis de Madame Charbonneau » pp. 35-55

Mais qu’âgé de cinquante ans environ, devant ces mêmes personnes vivantes, lui qui peut les rencontrer nez à nez à chaque instant, il vienne nous raconter des entretiens plus ou moins intimes, et non agréables pour tout le monde, qui auraient eu lieu à table entre deux ou plusieurs convives ; que, sous prétexte de débiter ses mécomptes, il se donne les airs de supériorité ; qu’il nous exhibe le menu de la carte, additionne les petits verres de curaçao qu’on a bus et qu’il a payés, n’oublie jamais de rappeler qu’il est gentilhomme et propriétaire, qu’il a eu affaire à des confrères besoigneux ; mais tout cela est d’un goût détestable, d’un fonds illibéral et presque vulgaire, que tout l’esprit de malice dans le détail et un vernis extérieur d’élégance ne sauraient racheter !

1999. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Souvenirs de soixante années, par M. Etienne-Jean Delécluze »

Étienne se rappelait avoir rencontré, enfant, la charrette sur laquelle on menait à l’échafaud le père même de Mme de Noailles, M. de Laborde, banquier de la Cour.

2000. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Daphnis et Chloé. Traduction d’Amyot et de courier »

on n’aime pas à rappeler ceux qui l’on doit beaucoup.

2001. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « M. Octave Feuillet »

Sa brusque et sèche intolérance m’en a rappelé d’autres du même genre, dont j’ai été quelquefois témoin en effet dans le monde de ce temps-ci, dans le même monde que voyait Sibylle ; mais les femmes qui s’y abandonnent ne brillent, en général, ni par la supériorité de l’intelligence, ni par les lumières : ce sont pour l’ordinaire de petits génies qui s’imaginent se grandir en se raidissant.

2002. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « La Grèce en 1863 par M. A. Grenier. »

Moi-même, si parva licet…, si j’ose, en présence de tant de noms et d’œuvres d’alors, me rappeler tout bas ce premier souvenir de ma vie littéraire, lorsqu’en 1824 j’entrais comme apprenti rédacteur au Globe, que me demandait comme échantillon, comme premier essai de ma plume, mon ancien maître M. 

2003. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « La comtesse d’Albany par M. Saint-René Taillandier. »

Saint-René Taillandier d’une singulière exigence envers la belle et noble personne dont il s’est fait le biographe et le peintre après M. de Reumont : « On voudrait savoir, dit-il, quel a été le rôle de la princesse auprès d’un tel mari ; on voudrait savoir si elle a exercé quelque influence sur sa conduite, si elle a tenté de relever son cœur, de le rappeler au sentiment de lui-même, si elle a essayé enfin de guérir le malade avant de s’en détourner avec dégoût.

2004. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Histoire des cabinets de l’Europe pendant le Consulat et l’Empire, par M. Armand Lefebvre. »

Édouard Lefebvre y eut aussi la direction de l’ambassade, après que son chef eut été rappelé à Paris (février 1808).

2005. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Œuvres choisies de Charles Loyson, publiées par M. Émile Grimaud »

J’avais toujours négligé, dans les deux articles que j’ai consacrés à Loyson, de rappeler cette mauvaise plaisanterie à laquelle son nom donna lieu.

2006. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Jean-Baptiste Rousseau »

Cazotte seul, par son esprit, rappela un peu la grâce frivole d’Hamilton ; mais on n’était pas moins éloigné alors de l’Arioste, de Rabelais et de Jean Goujon, que de Michel-Ange.

2007. (1902) L’observation médicale chez les écrivains naturalistes « Chapitre II »

… » 11 juin : « Ce matin, il lui a été impossible de se rappeler un seul titre de ses romans.

2008. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre VIII. De l’invasion des peuples du Nord, de l’établissement de la religion chrétienne, et de la renaissance des lettres » pp. 188-214

La corruption universelle avait effacé jusqu’au souvenir de la vertu : qui aurait voulu la rappeler n’aurait obtenu qu’un étonnement mêlé de blâme.

2009. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section première. Des passions. — Chapitre premier. De l’amour de la gloire »

C’est en méditant sur l’ambition que je parlerai de tous les succès éphémères qui peuvent imiter ou rappeler la gloire ; mais c’est d’elle-même, c’est-à-dire, de ce qui est vraiment grand et juste, que je veux d’abord m’occuper ; et pour juger son influence sur le bonheur, je ne craindrai point de la faire paraître dans toute la séduction de son éclat.

2010. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Conclusion. »

Enfin, la pitié est encore nécessaire pour trouver un terme à la guerre intérieure ; il n’y a point de fin aux ressources du désespoir, et les discussions les plus habiles, et les victoires les plus sanglantes ne font qu’augmenter la haine ; une sorte d’élan de l’âme, tout composé d’enthousiasme et de pitié, arrête seul les guerres intestines, et rappelle également le mot de patrie à tous les partis qui la déchirent.

2011. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre IV. Guerres civiles conflits d’idées et de passions (1562-1594) — Chapitre 2. La littérature militante »

Car le défaut de la Pléiade, c’était le pastiche, l’artificiel ; et il ne fut pas mauvais que les poètes fussent rappelés à l’actualité, sollicités de vivre de la vie de leur temps, de tirer de leurs âmes les communes émotions de toutes les âmes contemporaines.

2012. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre IV. Les tempéraments et les idées (suite) — Chapitre I. La lutte philosophique »

Daguesseau (1668-1751), chancelier, fut exilé en 1718 pour avoir combattu le système de Law, rappelé en 1720, exilé de nouveau en 1722, et ne reprit les sceaux qu’en 1737.

2013. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre I. La littérature pendant la Révolution et l’Empire — Chapitre III. Madame de Staël »

Elle affirme que « la littérature romantique est la seule qui soit susceptible encore d’être perfectionnée, parce qu’ayant ses racines dans notre propre sol, elle est la seule qui puisse croître et se vivifier de nouveau : elle exprime notre religion ; elle rappelle notre histoire… ; elle se sert de nos impressions personnelles pour nous émouvoir641 ».

2014. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « Oscar Wilde à Paris » pp. 125-145

Pour Francis Vielé-Griffin, il se déclara perfidement incompétent : « J’aime mieux croire qu’il m’échappe car s’il n’y a chez lui que ce que j’ai compris, il n’y a pas grand-chose24. » Cette ruse de dialectique impressionna si fort Oscar Wilde qu’il me la rappelait en sortant : « N’avez-vous pas entendu, observai-je, ce que Mendès disait lorsque nous sommés entrés ?

2015. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « La Religieuse de Toulouse, par M. Jules Janin. (2 vol. in-8º.) » pp. 103-120

Mais je m’oublie à parler de l’écrivain, et le roman est là qui me rappelle.

2016. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres de Mme de Graffigny, ou Voltaire à Cirey. » pp. 208-225

Dans les premiers temps de ce séjour à Cirey, il écrivait à d’Argental, en revenant de faire un voyage de Hollande, et en nous découvrant toute sa pensée, ses affections, les parties les plus sérieuses de son âme : Je vous avoue que si l’amitié, plus forte que tous les autres sentiments, ne m’avait pas rappelé, j’aurais bien volontiers passé le reste de mes jours dans un pays où du moins mes ennemis ne peuvent me nuire, et où le caprice, la superstition et l’autorité d’un ministre ne sont point à craindre.

2017. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Madame, duchesse d’Orléans. (D’après les Mémoires de Cosnac.) » pp. 305-321

Pour s’expliquer qu’au milieu de ces pièges et de ces périls où elle se jouait, Madame n’ait point failli, pour qu’elle ait pu dire sincèrement à Monsieur, à l’article de la mort : « Monsieur, je ne vous ai jamais manqué », il faut se rappeler et les difficultés de sa situation si observée, et aussi son âge avec cette sorte d’innocence qui accompagne les imprudences de la première jeunesse.

2018. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Ducis. » pp. 456-473

» Ces nobles paroles, et d’autres encore que l’on pourrait rappeler, sont un peu gâtées par des vers violents et d’un goût détestable, que M. 

2019. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Franklin. — II. (Suite.) » pp. 149-166

Désormais, le beau vase de porcelaine, comme il rappelait, est brisé ; il en fait son deuil.

2020. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « L’abbé Barthélemy. — II. (Fin.) » pp. 206-223

En entendant ces nombres heureux et cette musique nouvelle unie à la couleur, on se rappelle le mot de Chênedollé, que « Chateaubriand est le seul écrivain en prose qui donne la sensation du vers ; d’autres ont eu un sentiment exquis de l’harmonie, mais c’est de l’harmonie oratoire : lui seul a une harmonie de poésie ».

2021. (1903) Zola pp. 3-31

Rappelez-vous les imprécations de Lamartine, vers 1825, contre le temps du premier Empire.

2022. (1913) Le bovarysme « Première partie : Pathologie du bovarysme — Chapitre III. Le Bovarysme des individus »

On ne rappellera ici que certaine manière de donner la main en écartant le coude et relevant l’épaule d’un geste saccadé qui, durant un temps, classa son homme parmi ceux du bon ton et fut un brevet de distinction.

2023. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre IV : La philosophie — I. La métaphysique spiritualiste au xixe  siècle — Chapitre I : Principe de la métaphysique spiritualiste »

Je dois cependant rappeler deux travaux publiés dans la Revue des Deux Mondes : celui de M. 

2024. (1824) Ébauches d’une poétique dramatique « Observations générales, sur, l’art dramatique. » pp. 39-63

Ce sont eux qui ont sauvé Ninias par les soins de Phradate ; ce sont eux qui ordonnent à Sémiramis de rappeler Arsace, et qui inspirent à la reine le dessein de l’opposer à Assur et de lui donner son trône.

2025. (1895) Les règles de la méthode sociologique « Préface de la seconde édition »

Si donc, comme il est présumable, certaines lois de la mentalité sociale rappellent effectivement certaines de celles qu’établissent les psychologues, ce n’est pas que les premières soient un simple cas particulier des secondes ; mais c’est qu’entre les unes et les autres, à côté de différences certainement importantes, il y a des similitudes que l’abstraction pourra dégager, et qui d’ailleurs, sont encore ignorées.

2026. (1860) Ceci n’est pas un livre « Une croisade universitaire » pp. 107-146

— Le voisinage de ton ménechme Sarcey ne me tente pas davantage : tu te rappelles sans doute l’éreintement de Champfleury et du Réalisme que ce critique publia, il y a quelques mois, dans le Figaro ; et voilà qu’aujourd’hui le même Sarcey demande — entre deux feuilletons du même Champfleury — l’avènement du Champfleurisme au théâtre !

2027. (1905) Les ennemis de l’art d’écrire. Réponse aux objections de MM. F. Brunetière, Emile Faguet, Adolphe Brisson, Rémy de Gourmont, Ernest Charles, G. Lanson, G. Pélissier, Octave Uzanne, Léon Blum, A. Mazel, C. Vergniol, etc… « I »

Qu’il se rappelle les avis que prodiguait sur ce point Gustave Flaubert à son disciple Guy de Maupassant.

2028. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « M. Maurice Rollinat »

Et, par ce genre d’exécution, il rappelait, je viens de le dire, Thomas Moore, l’ami de lord Byron, qui avait enchanté autrefois les salons de Londres avec ses Mélodies irlandaises.

2029. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Gustave Droz » pp. 189-211

Lisez son Premier-Né, Le Jour de l’An en famille, les Vieux souvenirs, Les Petites Bottes, — qui rappellent, mais en vieux et en usé, le frais soulier de la Gudule dans Notre-Dame de Paris, — les Bébés et papas et la Première culotte, et voyez si dans tout cela l’enfant n’est pas toujours ajusté, toujours compris de la même manière, aimé pour le plaisir et la peine qu’il donne, — car il y a aussi l’épicurisme de la douleur, — et si la moitié du sentiment paternel, celle que Dieu élargit en la doublant du sentiment de son être, n’est pas restée, pure lumière, étouffée sous le boisseau de la chair !

2030. (1900) Le lecteur de romans pp. 141-164

Pour avoir cette ambition noble et pour la croire possible, il suffit de se rappeler que, au-delà du début de la vie, il y a une égalité au moins parmi les hommes : qu’ils ont tous souffert, qu’ils ont tous crié, et que, si variées que soient les peines et les plaintes, tout se résume dans le même besoin d’une infinie justice.

2031. (1919) L’énergie spirituelle. Essais et conférences « Chapitre VII. Le cerveau et la pensée : une illusion philosophique »

L’hypothèse du réaliste n’est donc ici qu’un idéal destiné à lui rappeler qu’il n’aura jamais assez approfondi l’explication de la réalité, et qu’il devra établir des relations de plus en plus intimes entre les parties du réel qui se juxtaposent à nos yeux dans l’espace.

2032. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre V : M. Cousin historien et biographe »

Il allait finir, et se rappelle « qu’il doit y avoir au château d’Eu un portrait de Mme de Longueville, haut de vingt-deux pouces et large de dix-huit, provenant de la vieille collection de Mademoiselle. » Et il couronne le tout par le témoignage d’un gentilhomme qui vit Mme de Longueville après sa conversion.

2033. (1901) Des réputations littéraires. Essais de morale et d’histoire. Deuxième série

Le bon Dieu, vous l’avez rappelé vous-même, donne aux grenouilles de la satisfaction de leur chant. […] Cette vanité rappelle un trait du caractère de Lamartine, assez petit, mais bien humain […] De ce nombre est le conseil, rappelé si souvent, de ne jamais promettre gloire et vie dans l’avenir à des auteurs contemporains actuellement vivants et glorieux. […] Faut-il rappeler la vogue incomparable des grands romans en France ? […] Stendhal prétendait qu’un auteur avait atteint la perfection lorsqu’on se souvenait de ses idées sans pouvoir se rappeler ses phrases.

2034. (1916) Les idées et les hommes. Troisième série pp. 1-315

Soudain, les littérateurs se sont rappelé que la littérature est un art et, autant dire, un amusement de l’esprit. […] Au surplus, peut-être ai-je tort de rappeler à ce propos la dérisoire impertinence des quatre-vingt-treize. […] Jacques Bainville la compare à la neutralité de Napoléon III en 1866 : l’une a eu pour conséquence la guerre de Trente ans et l’autre la guerre de 1870 ; le coup de tonnerre de Sadowa, comme on dit, ne rappelle-t-il pas le coup de tonnerre de la Montagne-Blanche ? […] Puis il cessa de se rappeler Marie continuellement. […] Et lui, en partant, se rappelait une autre soirée, dans ce même salon des Tuileries.

2035. (1889) Ægri somnia : pensées et caractères

Sous peine donc de faire dire que, pour être si court sur un tel sujet, autant valait n’en point parler, je me bornerai à rappeler deux ou trois traits de la vie publique de M.  […] Il y a d’abord les candidats perpétuels qui, toujours omis, ne laissent pas de se rappeler à chaque élection à votre souvenir par une visite ou par une lettre. […] A ce moment-là, il était dans la plénitude de cette joie dont je parlais tout à l’heure, et je me rappelle comment se peignaient sur son visage le sentiment de la possession de la vérité et le tranquille dédain de ses contradicteurs. […] » Cette rencontre me rappela qu’il y a quarante ans, sur la route royale de Paris à Bruxelles, voyageaient dans le coupé d’une diligence Lafitte et Caillard, deux jeunes gens qui ne s’étaient jamais vus. […] On ressent plutôt quelque confusion à se rappeler qu’on a échappé au malheur commun.

2036. (1936) Histoire de la littérature française de 1789 à nos jours pp. -564

La différence des deux Chénier aurait rappelé un peu moins que nous ne le croirions celle des deux Corneille. […] On dirait que les lettres vont prendre pour la génération de 1820 la place qu’occupaient, pour la génération de 1661, la théologie et la religion, et ce sont les auditoires de Bourdaloue que rappellent à la Sorbonne ceux de Villemain et de Cousin. […] Il est introduit dans le Dictionnaire de l’Académie en 1798, avec cette définition : « il se dit ordinairement des lieux, des paysages qui rappellent à l’imagination les descriptions des poèmes et des romans ». En quelques années il en vient à désigner, à l’inverse, les poèmes, les romans, les œuvres d’art qui rappellent à l’imagination des paysages solitaires, des lieux privilégiés, des présences plus intimes de la nature. […] Et pourquoi, chez Lamartine, le jeune Phédon nous rappelle-t-il la Sainte Thérèse de Bernin ?

2037. (1910) Victor-Marie, comte Hugo pp. 4-265

  Deuxièmement il n’en cite que deux strophes, les deux premières, au lieu de trois qui sont également connues, où la troisième est indispensable, qui forment corps ensemble, où la troisième tient comme un membre, ou plutôt dans le corps même comme partie intégrante, qui ne peuvent aller l’une sans l’autre, qui se rappellent, qui se maintiennent à la mémoire aussi impérieusement les unes que les autres. […]     Comme communs dreyfusistes, Halévy, nous nous rappelons fort bien les sentiments que nous eûmes pour la loi de dessaisissement. […] Il est vrai que je connais cet ami de vingt ans ; et que les sacrements lui sont, lui font une nourriture, (comme le pape vient si judicieusement de le rappeler) ; et non les dévotions un hébétement, un émoussement, un abrutissement de la pointe du bourgeon de la vie intérieure. […] La première annonce la deuxième, pour qui a quelque sens de la structure, la deuxième rappelle la première. […]   Non que la peur du coup dont je suis menacée Me fasse rappeler votre bonté passée.

2038. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Madame de Verdelin  »

Je ne le rappelai pas, mon voisin, je n’en avais plus le courage. […] Elle le regarda avec étonnement, lui rappela les dangers auxquels elle s’exposerait, la jalousie de son mari, le mépris que ses parents, tous livrés à la dévotion, auraient pour elle, la dépendance où la tiendrait le besoin qu’ils auraient de leurs valets : rien ne put calmer Margency.

2039. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre VI. La poésie. Tennyson. »

Malgré la fin qui était morale, on cria qu’il imitait Byron ; on s’emporta contre ces déclarations amères ; on crut retrouver l’accent révolté de l’école satanique ; on blâma ce style décousu, obscur, excessif ; on fut choqué des crudités et des disparates ; on rappela le poëte à son premier style si bien proportionné. […] Ce vilain mot de collége et de Faculté ne rappelle chez nous que des bâtiments étriqués et sales, qu’on prendrait pour des casernes où des hôtels garnis.

2040. (1863) Cours familier de littérature. XV « LXXXVIIIe entretien. De la littérature de l’âme. Journal intime d’une jeune personne. Mlle de Guérin » pp. 225-319

La nature des ouvrages rappelait les occupations sérieuses du père, du fils, et surtout de la fille aînée, mademoiselle Eugénie de Guérin, qui remplaçait la mère par nécessité, par vertu et par goût, auprès de son frère Maurice et de sa plus jeune sœur. […] Je me rappelle quand j’avais mon berceau à ses pieds, et que je m’amusais à voir courir cette aiguille.

2041. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CXe entretien. Mémoires du cardinal Consalvi, ministre du pape Pie VII, par M. Crétineau-Joly (2e partie) » pp. 81-159

Il avait substitué le ministre Alquier au cardinal Fesch, qu’il venait de rappeler, afin que son oncle et cardinal ne fût pas l’exécuteur de la dernière ruine de Rome, quand l’heure de la réaliser aurait sonné. […] L’officier allait sortir de la salle du trône quand l’empereur le rappela ; puis, changeant subitement son ordre, il lui intima de faire expulser seulement les cardinaux Opizzoni et Consalvi.

2042. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre septième »

Cette abondance de motifs rappelle les conseils un peu longs de Mentor à Télémaque. […] Il nous rappelle ce qui échappe à notre mémoire fragile ou subornée.

2043. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre VII, seconde guerre médique. »

Les Grecs, quand ils entendirent cette page, lue par Hérodote, aux jeux Olympiques, sa rappelèrent sans doute le « malfaisant Oneiros » du second chant de l’Iliade, ce Songe menteur, traître masqué des sommeils perplexes, que Zeus envoie à ceux qu’il veut perdre. […] Toute une humanité étrange, immémoriale, abolie, dont les multitudes, évoquées par l’historien grec, rappellent l’immense charnier d’Ézéchiel prenant souffle et vie.

2044. (1888) Journal des Goncourt. Tome III (1866-1870) « Année 1868 » pp. 185-249

Presque aussitôt un tigre se décide à entrer, mais l’autre, flairant longuement le plancher et reniflant la prison, buté devant la loge, rappelle l’autre dans la langue qu’ont les animaux entre eux, et tous deux après une terrible passe de leurs formidables pattes, se refusent à sortir, la gueule et l’œil retournés vers le vert du jardin et la liberté du ciel. […] 28 août Nous revenons de Trouville, rappelés par Hostein, directeur du Châtelet, qui nous demande La Patrie en danger pour son théâtre.

2045. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Conclusions »

Et ces êtres qui portent en leur tète de sublimes splendeurs, sont forcés sans cesse de se rappeler que c’est de l’humus qu’ils foulent et des hommes — non leurs inférieurs mais d’impérieux égaux — qu’ils coudoient. […] Coppée est celui qui rappelle le plus le charme naturel, l’inspiration familière enjouée ou mélancolique de la muse allemande.

2046. (1857) Cours familier de littérature. III « XVIIe entretien. Littérature italienne. Dante. » pp. 329-408

X Je me plais à me rappeler encore, en ce moment, le lieu, le jour, l’heure où je conçus soudainement, dans ma pensée, le plan de cette épopée de l’âme, de l’âme suivie par le poète dans ses pérégrinations successives et infinies à travers les échelons des mondes et ses existences d’épreuves. […] Louis Ratisbonne rappelle la traduction, jusqu’ici inimitable, des Géorgiques de Virgile par l’abbé Delille ; mais le Dante, poète abrupte, étrange, sauvage et mystique tout ensemble, est mille fois plus inaccessible à la traduction que Virgile.

2047. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « XVIII. J.-M. Audin. Œuvres complètes : Vies de Luther, de Calvin, de Léon X, d’Henri VIII, etc. » pp. 369-425

Le Léon X, avec toute la Renaissance groupée autour de lui, comme un Olympe envahisseur, le Henri VIII, avec l’effroyable drame de ses femmes, que le génie de Shakespeare n’a qu’effleuré, mais comme un tel génie effleure, en laissant dans le marbre qu’il touche l’empreinte du coup de son aile, — ont leurs splendeurs et leurs passions qui rappellent les splendeurs et les passions de Luther avec sa diète de Worms, sa guerre des Paysans, sa solitude de la Wartbourg, toutes ces choses dignes de la grande peinture. […] VI Quand on se rappelle que les neuf volumes d’Audin sur Luther, Calvin, Henri VIII, Léon X, avec l’imagination qui y brille et le torrent d’érudition qui y circule, ont été écrits de 1839 à 1847, — la première édition du Léon X est de 1847, — on est étonné qu’un pareille suite d’études fortes, consciencieuses, animées, n’aient pas eu le retentissement qu’elles méritaient.

2048. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Massillon. — II. (Fin.) » pp. 20-37

[NdA] Et aussi cela rappelle le portrait de la calomnie selon Beaumarchais : « D’abord un bruit léger rasant le sol comme une hirondelle, etc. » (Barbier de Séville, acte II, scène 8.)

2049. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Froissart. — I. » pp. 80-97

Sa nature vive, mobile, toujours à la fenêtre, se peint bien dans la pièce de vers d’où ces détails sont tirés, et où il nous rappelle plus d’une fois La Fontaine (le La Fontaine des commencements et encore contemporain de Voiture).

2050. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Fénelon. Sa correspondance spirituelle et politique. — II. (Fin.) » pp. 36-54

Un jour il apprend que le duc de Bourgogne, parlant moins en prince et en fils de roi qu’en pénitent et en homme qui sort de son oratoire, a dit que ce que la France souffrait alors, en 1710 (et elle souffrait, en effet, d’horribles maux), venait de Dieu qui voulait nous faire expier nos fautes passées : « Si ce prince a parlé ainsi, écrit Fénelon au duc de Chevreuse, il n’a pas assez ménagé la réputation du roi : on est blessé d’une dévotion qui se tourne à critiquer son grand-père. » Dans tout ceci, je n’ai d’autre dessein que de rappeler quelques traits de la piété noble, élevée, généreuse, à la fois sociable et royale de Fénelon, sans prétendre en tirer (ce qui serait cruel et presque impie à son égard) aucune conséquence contre l’avenir de son élève chéri, contre cet avenir qu’il n’a point été donné aux hommes de connaître et de voir se développer.

2051. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Œuvres complètes de Buffon, revues et annotées par M. Flourens. » pp. 55-73

Gracieuse légende de l’enfance de Linné, et qui rappelle les récits des bucoliques anciens sur le jeune Daphnis !

2052. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Agrippa d’Aubigné. — I. » pp. 312-329

[NdA] Se rappeler le discours de Porcie à Brutus dans le Jules César : Dites-moi, Brutus, a-t-on fait pour nous cette exception aux liens du mariage que je ne connaîtrais point les secrets qui vous appartiennent ?

2053. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Léopold Robert. Sa Vie, ses Œuvres et sa Correspondance, par M. F. Feuillet de Conches. — I. » pp. 409-426

Celui-ci fait là à Raphaël un reproche qui rappelle certaines critiques adressées de nos jours à Racine pour avoir, dans Esther et même dans Athalie, adouci un peu trop et diminué les types juifs : un ton général d’harmonie, un esprit d’humanité et de christianisme qui brille sur l’ensemble, leur a fait sacrifier peut-être, au poète comme au peintre, certains traits crus et saillants.

2054. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Préface pour les Maximes de La Rochefoucauld, (Édition elzévirienne de P. Jannet) 1853. » pp. 404-421

[NdA] Se rappeler sa conversation avec le chevalier de Méré ; je l’ai citée au long au tome CXI des Portraits littéraires (édit. de 1864), pages 119 et suiv.

2055. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Santeul ou de la poésie latine sous Louis XIV, par M. Montalant-Bougleux, 1 vol. in-12. Paris, 1855. — I » pp. 20-38

Mais on est allé jusqu’à rappeler contre M. 

2056. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Œuvres de Voiture. Lettres et poésies, nouvelle édition revue, augmentée et annotée par M. Ubicini. 2 vol. in-18 (Paris, Charpentier). » pp. 192-209

M. d’Avaux insinuait dans ses lettres quelques conseils de sagesse à Voiture, et il lui rappelait à l’oreille ses dix lustres presque accomplis.

2057. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Sénecé ou un poète agréable. » pp. 280-297

Ce voyage à la recherche du bon goût rappelle forcément Le Temple du goût de Voltaire : les sujets ou du moins les noms sont semblables ; mais à la manière dont ils sont touchés ou traités, quelle différence !

2058. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Le duc de Rohan — I » pp. 298-315

Il serait temps que la critique, si elle osait encore être de la critique, y vînt apporter quelques restrictions utiles et rappeler quelques règles salutaires.

2059. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Le duc de Rohan — III » pp. 337-355

Ces derniers écrits, qui ne furent imprimés et publiés que vers le temps de sa mort48, arrivèrent sans doute plus tôt à leur adresse sous forme de manuscrit : c’étaient des cartes de visite que le duc de Rohan envoyait en Cour pour rappeler qu’il était capable et pour prouver qu’il n’était plus ennemi.

2060. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Madame Bovary par M. Gustave Flaubert. » pp. 346-363

Ce bruit des gouttes de neige fondue, qui tombent sur l’ombrelle, m’en rappelle un autre des gouttes de glace qui tintent en tombant des branches sur les feuilles sèches du sentier, dans la Promenade d’hiver à midi de William Cowper.

2061. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Mémoires de Mme Elliot sur la Révolution française, traduits de l’anglais par M. le comte de Baillon » pp. 190-206

Il rappelle, à bien des égards, ce Gaston d’Orléans, frère de Louis XIII, cet autre prince si lâche de volonté, si misérable de conduite, avec cette différence que Gaston, poussé de même par ceux qui le gouvernaient, compromettait ses amis et ensuite les plantait là, au péril de leur tête, et que Philippe se laissa compromettre par eux au point d’y tout perdre, tête et cœur, honneur et vie.

2062. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Madame de Staël. Coppet et Weimar, par l’auteur des Souvenirs de Mme Récamier »

Un voyage et un séjour que Mme de Staël fit aux eaux d’Aix en 1811, et dans lequel elle rencontra Mme la comtesse de Boigne, me rappelle une anecdote qui a été souvent racontée devant moi, et qui donne bien l’idée de ce qu’était cette improvisation prodigieuse d’esprit, cette conversation à la fois naturelle et extraordinaire.

2063. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Journal de la santé du roi Louis XIV »

Je me rappelle que, sur la fin du règne de Louis-Philippe, en 1846, un ministre littéraire et bienveillant, mais enthousiaste à contretemps du principe et du prestige monarchique, s’opposait encore à ce qu’on publiât une Relation de la dernière maladie de Louis XV, laquelle était pourtant du grand-maître de la garde-robe, le duc de La Rochefoucauld-Liancourt.

2064. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « M. Ernest Renan »

Considérez notre littérature depuis le Moyen-Age, rappelez-vous l’esprit et la licence des fabliaux, l’audace satirique et cynique du Roman de Renart, du Roman de la Rose dans sa seconde partie, la poésie si mêlée de cet enfant des ruisseaux de Paris, Villon, la farce friponne de Patelin, les gausseries de Louis XI, les saletés splendides de Rabelais, les aveux effrontément naïfs de Régnier ; écoutez dans le déshabillé Henri IV, ce roi si français (et vous aurez bientôt un Journal de médecin domestique, qui vous le rendra tout entier, ce diable à quatre, dans son libertinage habituel) ; lisez La Fontaine dans une moitié de son œuvre ; à tout cela je dis qu’il a fallu pour pendant et contrepoids, pour former au complet la langue, le génie et la littérature que nous savons, l’héroïsme trop tôt perdu de certains grands poëmes chevaleresques, Villehardouin, le premier historien épique, la veine et l’orgueil du sang français qui court et se transmet en vaillants récits de Roland à Du Guesclin, la grandeur de cœur qui a inspiré le Combat des Trente ; il a fallu bien plus tard que Malherbe contrebalançât par la noblesse et la fierté de ses odes sa propre gaudriole à lui-même et le grivois de ses propos journaliers, que Corneille nous apprît la magnanimité romaine et l’emphase espagnole et les naturalisât dans son siècle, que Bossuet nous donnât dans son œuvre épiscopale majestueuse, et pourtant si française, la contrepartie de La Fontaine ; et si nous descendons le fleuve au siècle suivant, le même parallélisme, le même antagonisme nécessaire s’y dessine dans toute la longueur de son cours : nous opposons, nous avons besoin d’opposer à Chaulieu Montesquieu, à Piron Buffon, à Voltaire Jean-Jacques ; si nous osions fouiller jusque dans la Terreur, nous aurions en face de Camille Desmoulins, qui badine et gambade jusque sous la lanterne et sous le couteau, Saint-Just, lui, qui ne rit jamais ; nous avons contre Béranger Lamartine et Royer-Collard, deux contre un ; et croyez que ce n’est pas trop, à tout instant, de tous ces contrepoids pour corriger en France et pour tempérer l’esprit gaulois dont tout le monde est si aisément complice ; sans quoi nous verserions, nous abonderions dans un seul sens, nous nous abandonnerions à cœur-joie, nous nous gaudirions ; nous serions, selon les temps et les moments, selon les degrés et les qualités des esprits (car il y a des degrés), nous serions tour à tour — et ne l’avons-nous pas été en effet ?

2065. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Le Mystère du Siège d’Orléans ou Jeanne d’Arc, et à ce propos de l’ancien théâtre français »

On sait les vers de Boileau ; je ne les rappellerai que pour dire à ceux qui y croient encore qu’ils ne sont plus, historiquement parlant, d’aucune valeur.

2066. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Térence. Son théâtre complet traduit par M. le marquis du Belloy (suite et fin.) »

Ils rappellent et réfléchissent dans leurs écrits cette plaine de l’Attique, d’une maigreur élégante et fine, d’un ciel transparent.

2067. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Théophile Gautier (Suite.) »

Je me rappelle qu’en 1831, vers le temps où parut sa gracieuse idylle de Marie, comme je le visitais en compagnie d’un ami, directeur d’un journal, nous le trouvâmes au lit, dans une assez pauvre chambre d’hôtel où il logeait, et assez mécontent du sort ; nous l’engageâmes à travailler et à se joindre à nous pour quelques articles littéraires : à quoi il nous répondit d’un ton sec : « Non, je veux que ma carte de visite reste pure. » Ce qui, je dois le dire, nous parut légèrement impertinent, à nous qui alors étions jusqu’au cou dans la prose.

2068. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « La reine Marie Legkzinska »

mon père, s’écria la princesse Marie, vous êtes donc rappelé au trône de Pologne ?

2069. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Méditations sur l’essence de la religion chrétienne, par M. Guizot. »

sa vénérable mère dans cette mise antique et simple, avec cette physionomie forte et profonde, tendrement austère, qui me rappelait celle des mères de Port-Royal, et telle qu’à défaut d’un Philippe de Champagne, un peintre des plus délicats nous l’a rendue ; cette mère du temps des Cévennes, à laquelle il resta jusqu’à la fin le fils le plus déférent et le plus soumis, celle à laquelle, adolescent, il avait adressé une admirable lettre à l’époque de sa première communion dans la Suisse française20 ; je la crois voir encore en ce salon du ministre où elle ne faisait que passer, et où elle représentait la foi, la simplicité, les vertus subsistantes de la persécution et du désert : M. 

2070. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Maurice comte de Saxe et Marie-Josèphe de Saxe, dauphine de France. (Suite) »

Il s’adressa au comte de Vaulgrenant, précédemment ambassadeur de France à Dresde et qui, rappelé de ce poste, n’eût pas été fâché d’y retourner, M. de Vaulgrenant ne se fit pas prier ; il traça un portrait tout à fait favorable.

2071. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Lamennais — Lamennais, Affaires de Rome »

Du Fossé, voulant peindre dans le grand Arnauld cette colère de lion pour la vérité qui s’unissait en son cœur avec la douceur de l’agneau, nous dit naïvement : « L’exemple seul de Moïse, que Dieu appelle le plus doux de tous les hommes, quoiqu’il eût tué un Égyptien pour défendre un de ses frères, brisé par une juste colère les Tables de la Loi, et fait passer au fil de l’épée vingt-trois mille hommes pour punir l’idolâtrie de son peuple, fait bien voir qu’on peut allier ensemble la douceur d’une charité sincère envers le prochain avec un zèle plein d’ardeur pour les intérêts de Dieu. » En ne prenant les vingt-trois mille hommes et l’Égyptien tués qu’en manière de figure, comme il convient dans ce qui est de l’ancienne Loi, et en rapportant à l’abbé de La Mennais cette phrase de Du Fossé sur le grand Arnauld, je me rappelais bien que lui-même avait condamné ce dernier, et qu’il avait écrit de lui en le comparant à Tertullien : « Et Tertullien aussi avait des vertus ; il se perdit néanmoins parce qu’il manqua de la plus nécessaire de toutes, d’humilité.

2072. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « DIX ANS APRÈS EN LITTÉRATURE. » pp. 472-494

Dans ces hautes influences philosophiques qu’il ne se refuse pas, il est, par rapport à tous, une simple précaution à garder : c’est de songer parfois à ceux qui sondent à d’autres points la sphère infinie, ou qui même, lassés, ne la sondent plus, et de se rappeler aussi que l’actuel espoir, l’impétueux désir des fortes âmes n’est pas le but trouvé.

2073. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre V. De la littérature latine, pendant que la république romaine durait encore » pp. 135-163

L’histoire de Salluste, les lettres de Brutus28, les ouvrages de Cicéron, rappellent des souvenirs tout-puissants sur la pensée ; vous sentez la force de l’âme à travers la beauté du style ; vous voyez l’homme dans l’écrivain, la nation dans cet homme, et l’univers aux pieds de cette nation.

2074. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Seconde partie. De l’état actuel des lumières en France, et de leurs progrès futurs — Chapitre VI. De la philosophie » pp. 513-542

Pour justifier tous les genres de servitude vers lesquels divers sentiments peuvent rappeler, l’on a recours du moins à des idées générales, à des motifs tirés du bonheur des nations, à des raisonnements que l’on fonde sur la volonté des peuples.

2075. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Livre premier. Les signes — Chapitre II. Des idées générales et de la substitution simple » pp. 33-54

Deux termes étant les équivalents l’un de l’autre, le premier si simple, si maniable, si aisé à rappeler, peut remplacer le second, même quand le second est une armée immense dont les cadres toujours ouverts attendent et reçoivent incessamment de nouveaux soldats.

2076. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre I. La littérature pendant la Révolution et l’Empire — Chapitre II. L’éloquence politique »

Certaines formes théâtrales rappellent les déclamations de la tribune : « Mais je vous vois déjà courir aux armes… Eh bien !

2077. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre III. Le naturalisme, 1850-1890 — Chapitre VI. Science, histoire, mémoires »

Par-là, comme par ces Souvenirs que je rappelais, il nous conduit à des ouvrages qui sont tout juste l’opposé de ceux dont je me suis occupé au commencement de ce chapitre, aux mémoires, aux lettres, aux récits et impressions de voyages.

2078. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Jean Richepin »

Cela rappelle la manie de Bouvard et Pécuchet qui, étudiant certains cultes hardis de l’antiquité, voient partout des symboles obscènes, et jusque dans les brancards des charrettes normandes.

2079. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre dixième »

On ne les attendait pas ; ils viennent tout à coup rappeler l’intelligence au but moral de toute science, qui est de savoir pour mieux valoir.

2080. (1911) La valeur de la science « Troisième partie : La valeur objective de la science — Chapitre XI. La Science et la Réalité. »

Il me semble superflu de rappeler cette condition et je n’y aurais pas songé si on n’avait soutenu dernièrement que la physique n’est pas une science expérimentale.

2081. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « La génération symboliste » pp. 34-56

« La philosophie n’est qu’un retour conscient réfléchi aux données de l’intuition. » Il rappelle ces mots de M. 

2082. (1890) L’avenir de la science « XVI »

Alors apparaîtront de nouveau de superbes types du caractère humain, qui rappelleront les merveilles des premiers jours.

2083. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Lettres inédites de l’abbé de Chaulieu, précédées d’une notice par M. le marquis de Bérenger. (1850.) » pp. 453-472

Le préambule m’en rappelle un peu ceux des histoires de Salluste : comme ce Romain dissolu auquel il a pu penser pour plus d’une raison, La Fare commence par établir quelques principes de morale et de philosophie ; mais il les pose avec une netteté tout épicurienne, en débutant hardiment par un mot de Rabelais.

2084. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Le Palais Mazarin, par M. le comte de Laborde, de l’Institut. » pp. 247-265

Le même Brienne, qui nous initie à ces secrets du cabinet et de l’oratoire, a raconté les dernières années et la fin de Mazarin de manière à rappeler les pages de Commynes, dans lesquelles le fidèle historien retrace la fin de Louis XI.

2085. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Œuvres de Mme de Genlis. (Collection Didier.) » pp. 19-37

La plupart sont de nature à ne pouvoir être reproduites, mais il en est qu’il n’est pas interdit de rappeler.

2086. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Histoire de la Restauration, par M. de Lamartine. (Les deux premiers volumes. — Pagnerre.) » pp. 389-408

Ceux-ci, en général, sont jetés dans un pêle-mêle qui rappelle le plat que les Espagnols appellent une escudilla, une véritable macédoine.

2087. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Mémoires et correspondance de Mallet du Pan, recueillis et mis en ordre par M. A. Sayous. (2 vol. in-8º, Amyot et Cherbuliez, 1851.) — II. » pp. 494-514

Ceux qui ouvriront ces volumes y trouveront à chaque page des pensées qui sembleront à notre adresse ; et l’on a besoin de se rappeler certaines modifications essentielles qui se sont produites dans la société depuis cinquante ans, pour ne pas se laisser aller à ce trop d’analogie et de ressemblance.

2088. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Patru. Éloge d’Olivier Patru, par M. P. Péronne, avocat. (1851.) » pp. 275-293

Patru est un nom plus qu’un auteur ; on ne le lit plus, et je ne viens pas ici conseiller de le lire ; mais de loin, et par tradition, on l’estime ; on se rappelle qu’au barreau et à l’Académie, en son temps, il a été une autorité, un oracle ; que Boileau, qui voyait si peu de maîtres en matière de langue et de goût, s’inclinait tout d’abord devant lui, qu’il a placé son nom en plus d’un vers devenu proverbe, et que, par un acte noble et délicat de reconnaissance, il l’a secouru pauvre dans sa vieillesse.

2089. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « La Fontaine. » pp. 518-536

On a eu, du temps de d’Urfé, un essai de roman qui rappelle à quelques égards le genre métaphysique et analytique moderne.

2090. (1912) L’art de lire « Chapitre VIII. Les ennemis de la lecture »

Mais moi… » Je me rappelle encore de quel air un de mes amis, voyant la Dame aux Camélias affichée, me désignait l’affiche du bout de sa canne et me disait : « C’est beau, cette pièce-là ! 

2091. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Fervaques et Bachaumont(1) » pp. 219-245

Fervaques, le balzacien, ne s’est donc pas rappelé la manière de son maître, cette pensée du profond Balzac, planant éternellement sur les drames qu’il raconte, en ses romans sublimes ?

2092. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « I — La banqueroute du préraphaélisme »

Ruskin avait dit, en 1843, au début de son œuvre : « Ils (les artistes) doivent aller à la nature en toute simplicité du cœur et marcher avec elle, obstinés et fidèles, n’ayant qu’une idée : pénétrer sa signification et rappeler son enseignement sans rien rejeter sans rien mépriser, sans rien choisir. »31‌ Quel enseignement plus haut et plus simple put jamais être donné ?

2093. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « M. DAUNOU (Cours d’Études historiques.) » pp. 273-362

Rappelons une bien belle page : « Que l’enthousiasme soit quelquefois accusateur, du moins ne faut-il jamais qu’il soit juge, et il est affreux qu’il prononce des arrêts de mort. […] Cette adresse remit en mémoire à la Convention le nom de Daunou et rappela ses titres acquis ; dès les premiers jours de sa rentrée, il prit un rang, une consistance politique qu’il n’avait pas eu le temps d’établir jusqu’alors, et qu’il soutint pendant toute la durée du Directoire. […] Il faut oser le rappeler : tous les écrits que publia à cette époque l’honnête homme légèrement intimidé payent le tribut obligé d’éloges au dominateur tout-puissant, et ils portent à une certaine page le contreseing impérial pour ainsi dire.

2094. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — chapitre VI. Les romanciers. » pp. 83-171

» Puis, lorsqu’on lui rappelle qu’il y a trois mois elle ne trouvait point Lovelace si méprisable, elle suffoque de fureur ; elle veut battre sa sœur, elle ne peut plus parler, elle crie à sa tante d’une voix sifflante : « Partons, madame, laissons la créature s’enfler jusqu’à ce qu’elle crève de son venin1052 !  […] Cervantes, que vous imitez, et Shakspeare, que vous rappelez, ont eu cette finesse, et l’ont peinte ; dans cette large moisson que vous rapportez à pleins bras, vous avez oublié les fleurs. […] Nous nous rappelons alors qu’en Angleterre les sermons plaisent, et ces Essais sont des sermons.

2095. (1814) Cours de littérature dramatique. Tome III

J’invite ceux qui me reprochent quelquefois un excès de sévérité à l’égard d’un auteur si fameux, à se rappeler son insolence et son ingratitude envers le plus illustre tragique de l’antiquité, qu’il est bien loin d’égaler même dans ses meilleurs ouvrages. […] J’avoue qu’un pareil caractère commande le respect : il s’en faut beaucoup que celui de Voltaire soit aussi noble, aussi imposant, quand on se rappelle à quel point il a dégradé l’honneur des lettres, quels démentis il a donnés à ses écrits ! […] La réponse de Benoît est d’une noble simplicité ; le vénérable pontife rappelle l’archevêque de Grenade dont il est fait mention dans Gil Blas. […] Ce contraste me rappelle Bayard mourant au pied d’un arbre, en brave et vertueux chevalier, tandis que le connétable de Bourbon, infidèle à son roi, traître envers sa patrie, enivré de son coupable triomphe, se croit au comble de la gloire, quand il a perdu l’honneur, et s’imagine faire envie, quand il n’excite que le mépris et la pitié. […] Cela rappelle les vers de Racine sur les mêmes rimes : Le bûcher, par mes mains détruit et renversé, Dans le sang des bourreaux nagera dispersé.

2096. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [1] Rapport pp. -218

Rappelons seulement que les premiers triomphes de l’âme italienne parmi l’âme française coïncidèrent avec les relations politiques et guerrières, sous Louis XII, de la France avec l’Italie ; la Renaissance fut chez nous une espèce de mal de Naples. […] Ne nous attardons pas non plus à remarquer que, si la société moderne s’y accordait, la thèse dramatisée par Alfred de Vigny aboutirait peut-être au poète courtisan, au poète parasite ; et même, en mettant les choses au mieux, sans rappeler la tristesse du génie pensionné, il n’en résulterait guère, dans la pratique, que des prix de Rome pour la poésie comme il y en a pour la musique et la peinture. […] sépare les hommes ; les vieillissements ne vont pas sans les éloignements ; mais ils ne disjoignent jamais les cœurs de ceux qui, jeunes, unirent leurs esprits dans l’adoration de la beauté suprême ; et si lointains que nous soyons les uns des autres, à cette heure, par les exils de la vie, par la dissemblance des œuvres et des renommées, pas un de nous ne se rappelle le bel et charmant autrefois sans sentir tout son être s’épanouir en pure et délicieuse joie, sans qu’une montée de larmes heureuses lui vienne mouiller les yeux. […] Je défie qu’on rappelle une phrase de moi, même proférée entre gais camarades, qu’on montre, imprimée, une ligne de moi, qui ait manqué de respect à ce sain et violent poète. […] Un son nous fait désirer celui qui doit lui répondre, et, quand le second retentit, il nous rappelle celui qui vient de nous échapper. » La rime offre en outre cet avantage admirable, que le mot où elle se pose, devenant comme souligné par un son, plus remarqué, aide, chez tout bon poète, à l’expression plus intense d’une part de l’idée, de la part principale de l’idée s’il a bien su distribuer celle-ci ; et, enfin, les langues insuffisamment « accentuées » ne sauraient renoncer à la rime sans, renoncer au rythme lui-même qui, comme à des clous d’or, y suspend, y précise la ligne de son ondulation.

2097. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Bourdaloue. — I. » pp. 262-280

Mais il faut observer que Bossuet, qui avait si fort insisté sur le bonheur qu’a eu le chancelier Le Tellier de conserver toute sa tête jusqu’au dernier instant, et qui rapporte les fortes paroles de ce vieillard courageux, insiste moins sur la présence d’esprit du Grand Condé : seulement il en rappelle quelques paroles, et cite une lettre au roi où le prince reparaît encore, et où se montre le chrétien.

2098. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Bourdaloue. — II. (Fin.) » pp. 281-300

Toute cette maladie nouvelle et qui n’est que plus subtile et plus intérieure en ce qu’elle se croit une guérison, est développée par Bourdaloue dans une description admirable, et il offre en quelque sorte un miroir dans lequel ceux qu’il a en vue ne peuvent s’empêcher d’être reconnus et devaient eux-mêmes se reconnaître, Il rappelle excellemment « à ces sages dévots, à ces dévots superbes qui se sont évanouis dans leurs pensées », que la vraie austérité du christianisme consiste à être abaissé, à être oublié (Ama nesciri) : Car voilà, s’écrie-t-il, ce qui est insupportable à la nature : On ne pensera plus à moi, on ne parlera plus de moi ; je n’aurai plus que Dieu pour témoin de ma conduite, et les hommes ne sauront plus, ni qui je suis, ni ce que je fais.

2099. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Le marquis de la Fare, ou un paresseux. » pp. 389-408

Et puisque j’en suis à rappeler ces souvenirs fortifiants et ces antidotes en regard d’un exemple de dégradation qui afflige, qu’il me soit permis de joindre ici la traduction de la fameuse Hymne d’Aristote à la Vertu, où circule encore et se resserre en un jet vigoureux toute la sève des temps antiques : Vertu qui coûtes tant de sueurs à la race mortelle, ô la plus belle proie de la vie, c’est pour toi, pour ta beauté, ô Vierge, qu’il est enviable en Grèce, même de mourir, et d’endurer des travaux violents d’un cœur indomptable ; tant et si bien tu sais jeter dans l’âme une semence immortelle, supérieure à l’or et aux joies de la famille, et au sommeil qui console la paupière !

2100. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Une Réception Académique en 1694, d’après Dangeau (tome V) » pp. 333-350

Telles sont les grâces de Louis le Grand, grâces semblables aux influences du plus beau des astres, et qui me donnent droit de dire avec plus de justice, à l’honneur du roi, que Tertullien n’écrit pour flatter les princes de l’Afrique : l’État et le ciel ont le même sort, et doivent leur bonheur à deux soleils… À ces mots, le voisin de Racine dut se pencher vers lui et lui rappeler à l’oreille la harangue de maître Petit-Jean : Quand je vois le soleil, et quand je vois la lune… Et le voisin de La Bruyère reçu l’année d’auparavant et avec un si éloquent discours, put lui dire : « Ah !

2101. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « La Margrave de Bareith Sa correspondance avec Frédéric — I » pp. 395-413

Je ne fais qu’indiquer un portrait du général ministre Grumbkow, persécuteur odieux de Frédéric et de sa sœur : dans son duel avec le prince d’Anhalt, elle le montre effaré et tremblant, et rappelle toutes les autres preuves qu’il avait données de la même disposition, soit à la bataille de Malplaquet, où il était resté dans un fossé pendant tout le temps de l'action, soit au siège de Stralsund, où il s’était démis fort à propos une jambe dès le commencement de la campagne, ce qui le dispensa d’aller à la tranchée : « Il avait, conclut-elle, le même malheur qu’eut un certain roi de France, qui ne pouvait voir une épée nue sans tomber en faiblesse61 ; mais, excepté tout cela, c’était un très brave général. » Et ailleurs, montrant le roi son père qui ne s’accommodait pas des manières polies et réservées du prince héréditaire de Bareith, tout en le lui donnant pour mari : « Il voulait un gendre, dit-elle, qui n’aimât que le militaire, le vin et l’économie. » Certes, dans une société idéale où l’on se figure réunis les Caylus, les Hamilton, les Grammont, les Sévigné, les Coulanges, les Saint-Simon, les Staal de Launay, les Du Deffand, la margrave n’eut pas été hors de sa place ni dans l’embarras ; elle eût trouvé bien vite à payer son écho par maint trait d’esprit et de raillerie bien assénée, qui eût été applaudi de tous et de toutes, de même que son frère, en causant, n’était en reste de mots excellents ni avec Voltaire, ni avec personne ; mais à la lecture, et eu égard au genre et à la nature des tableaux, elle garde sa couleur étrange et son accent exotique.

2102. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « II » pp. 21-38

Ce n’était pas un démocrate que Voltaire, et il n’est pas mauvais de le rappeler à ceux qui de loin, et pour le besoin de leurs systèmes, veulent nous donner un Voltaire accommodé à la Jean-Jacques ; quand on aime à étudier les hommes et à les voir tels qu’ils sont, on ne saurait s’accoutumer à ces statues symbolisées dont on menace de faire les idoles de l’avenir.

2103. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Divers écrits de M. H. Taine — I » pp. 249-267

Son Voyage aux eaux des Pyrénées (1855), illustré de soixante-cinq vignettes sur bois par Doré, et qui s’accommode très bien de ce dangereux vis-à-vis, rappelle à quelques égards les charmants Voyages de Topffer, et l’on y trouve des pages descriptives qui peuvent se mettre à côté des paysages de montagne tracés par Ramond et par Senancour.

2104. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Œuvres de Vauvenargues tant anciennes qu’inédites avec notes et commentaires, par M. Gilbert. — III — Toujours Vauvenargues et Mirabeau — De l’ambition. — De la rigidité » pp. 38-55

Il le rappelle à sa nature ardente qui a besoin d’un objet puissant, d’une proie à ronger pour ne pas se ronger elle-même.

2105. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Le journal de Casaubon » pp. 385-404

[NdA] Ce mot de Henri IV, de ce roi vraiment tutélaire et qui sentait à quel point il l’était, rappelle les belles paroles de Richelieu, en son testament politique, sur la vigilance nécessaire au chef d’un État et sur la gravité de la charge dont il porte le poids à toute heure, la ressentant d’autant plus qu’il est plus habile : « Il faut dormir comme le lion, sans fermer les yeux… Une administration publique occupe tellement les meilleurs esprits, que les perpétuelles méditations qu’ils sont contraints de faire pour prévoir et prévenir les maux qui peuvent arriver les privent de repos et de contentement, hors de celui qu’ils peuvent recevoir voyant beaucoup de gens dormir sans crainte à l’ombre de leurs veilles et vivre heureux par leur misère. »

2106. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Correspondance de Béranger, recueillie par M. Paul Boiteau. »

Il y a bien encore pour moi des tracasseries à subir, quand ce ne serait qu’avec ma bourse toujours si mal garnie, toujours insuffisante, quelque privation que je m’impose ; car c’est par économie que je me suis retiré à Passy, dans une mansarde, sans bonne, et vivant à peu de frais… » Il rappelle d’autres tracasseries encore, de petits ennuis qui ne manquent jamais, — le gros ennui du moment, les forts détachés, ces fameuses bastilles tant discutées qui se construisaient alors et qui lui gâtaient ses promenades favorites du bois de Boulogne : « Vous voyez, Monsieur, disait-il en terminant, qu’il y a toujours de petites contrariétés dans ce bas monde ; mais aussi il y a quelque philosophie, et je crois en avoir une part suffisante.

2107. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Histoire de Louvois et de son administration politique et militaire, par M. Camille Rousset, professeur d’histoire au lycée Bonaparte. (Suite et fin) »

Louis XIV commence par rappeler ses bons offices constants et ceux de ses prédécesseurs envers les Provinces-Unies de la Hollande, et il raisonne, comme il aime à le faire, non-seulement à l’adresse et à l’intention de ses contemporains, mais en vue de l’avenir : « La postérité, dit-il, qui n’aura pas été témoin de tous ces événements, demandera quel a été le prix et la reconnaissance de tous ces bienfaits ; pour la satisfaire, je veux lui apprendre que, dans toutes les guerres que les rois mes prédécesseurs ou moi avons entreprises, depuis près d’un siècle, contre les puissances voisines, cette république ne nous a non-seulement pas secondés de troupes ni d’argent, et n’est pas sortie d’une simple et tiède neutralité, mais a toujours tâché de traverser, ou ouvertement ou sous main, nos progrès et nos avantages. » La Hollande n’est pas la seule ni la dernière république qui ait été ingrate envers la France pour prix des plus grands services reçus à leur berceau : ces sortes de gouvernements, où tant de passions et de volontés s’en mêlent, sont coutumiers du fait

2108. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Souvenirs de soixante années, par M. Étienne-Jean Delécluze, (suite et fin) »

Delécluze lui adresse en terminant une apostrophe philosophique, sensible et un peu solennelle, qui rappelle en bourgeois le Songe, de Scipion.

2109. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Maurice et Eugénie de Guérin. Frère et sœur »

Je rappellerai seulement que Georges Maurice de Guérin était un jeune Homme né en 1810, mort en 1839, avant sa trentième année.

2110. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Les frères Le Nain, peintres sous Louis XIII, par M. Champfleury »

La littérature proprement dite n’offrirait cependant, durant cette période, que trop peu d’exemples à citer de la vérité dans les tableaux : on ose à peine rappeler les romans bourgeois trop vulgaires, dont Sorel donna la première idée dans son .

2111. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Ducis épistolaire. »

Le cœur jouit, la tête se repose ; on ne définit plus, on goûte. » Ce mot nous rappelle involontairement celui de La Bruyère sur l’amitié : « Être avec les gens qu’on aime, cela suffit : rêver, leur parler, ne leur parler point, penser à eux, penser à des choses plus indifférentes, mais auprès d’eux, tout est égal. » L’un et l’autre mot sont aussi beaux que du La Fontaine.

2112. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Œuvres complètes de Molière »

Ernest Serret, me fait observer qu’il y a en ceci une légère erreur : il me rappelle qu’il y a une autre pièce très connue, où les amoureux ne se rencontrent aussi qu’à la fin : c’est le Méchant de Gresset.

2113. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Oeuvres inédites de la Rochefoucauld publiées d’après les manuscrits et précédées de l’histoire de sa vie, par M. Édouard de Barthélémy. »

Ce Mémoire, est-il besoin de le rappeler ?

2114. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Don Quichotte (suite et fin.) »

Ce trait de Montesquieu m’en rappelle un autre qui est également tout à l’honneur de Don Quichotte.

2115. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Histoire de la littérature anglaise, par M. Taine, (suite) »

Je me rappelle d’intéressantes révélations que j’entendais faire un jour sur sa préoccupation étrange et son égoïsme d’auteur en composant.

2116. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Histoire de la littérature anglaise, par M. Taine, (suite et fin.) »

Ce livre, il est bon de le rappeler, soumis à une Commission et lu par chacun des membres qui la composaient, avait paru d’abord, et à l’unanimité, digne d’un de ces prix que l’Académie française a pour charge spéciale de décerner.

2117. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Marie-Antoinette (suite.) »

Necker avait dit à sa famille réunie : « On m’a fait rappeler Necker, je ne le voulais pas ; mais on ne sera pas longtemps à s’en repentir.

2118. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Exploration du Sahara. Les Touareg du Nord, par M. Henri Duveyrier. »

Les Touareg sont grands, maigres, secs, nerveux ; leurs muscles semblent des ressorts d’acier : « Un des caractères physiques auxquels un Targui peut se reconnaître entre mille est l’attitude de sa démarche grave, lente, saccadée, à grandes enjambées, la tête haute, attitude qui rappelle un peu celle de l’autruche ou du chameau en marche, mais qui est due principalement au port habituel de la lance. » Ils sont pauvres.

2119. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Correspondance de Louis XV et du maréchal de Noailles, publiée par M. Camille Rousset, historiographe du ministère de la guerre (suite et fin) »

La phrase, avec ses tours et ses longueurs, rappelle un peu la perruque traditionnelle.

2120. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Idées et sensations : par MM. Edmond et Jules de Goncourt. »

Sur tous ces points importants, ils sont bien du xviiie  siècle encore, ils me rappellent des noms de gens d’esprit de ce temps-là par leur manière de juger.

2121. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « La comédie de J. de La Bruyère : par M. Édouard Fournier. »

Fournier que je ne désirais rien tant que de le voir me faire toutes ses objections et contradictions en public ; après lui avoir rappelé qu’avec M. 

2122. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Le comte de Clermont et sa cour, par M. Jules Cousin. »

L’on ne saurait être, Monsieur, etc. » Et c’est ainsi, en ce temps-là, que se menait la guerre entre adversaires qui savaient vivre : on se rappelle les saluts et les politesses des deux corps d’élite avant les coups de fusil de Fontenoy.

2123. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Essai sur Talleyrand (suite.) »

Je trouve donc fâcheux que vous ayez fait une démarche qui me rappelle des souvenirs que je désirais et que je désire oublier. » Ces grondements ou ces éclats de tonnerre n’empêchaient pas qu’à l’occasion l’empereur ne lui donnât encore des marques effectives de bienveillance et de î solide intérêt.

2124. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « CHRISTEL » pp. 515-533

Christel s’était prêtée à l’illusion et en avait tiré parti pour tracer à Hervé, avec un détail rempli tout bas de vœux et de conseils, une vie de bonheur et de vertu, où lui, qui l’écoutait, la supposait active et présente en personne, mais où elle se savait d’avance absente, excepté d’en haut et pour le bénir : « Vous vivrez beaucoup dans vos terres, lui disait-elle ; Paris et le monde ne vous rappelleront pas trop ; il y a tant à faire autour de soi pour le bien le plus durable et le plus sûr !

2125. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Quatrième partie. Élocution — Chapitre IV. Des figures : métaphores, métonymies, périphrases »

Quelle exubérante fantaisie, quelle richesse d’inventions grotesques et imprévues le langage vulgaire fournirait, si l’on voulait rappeler à leur sens propre toutes les métaphores qu’on fait sans cesse sans s’en douter et sans pouvoir faire autrement !

2126. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre III. Le naturalisme, 1850-1890 — Chapitre III. La poésie : V. Hugo et le Parnasse »

Obsédé et assoiffé de la mort, Baudelaire, sans être chrétien, nous rappelle le christianisme angoissé du xve  siècle : par une propriété de son tempérament, la mort qui est sa pensée, la mort qui est son désir, c’est la mort visible en la pourriture du corps, la mort perçue sur le cadavre par l’odorat et le toucher.

2127. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre X. Les sociales »

Pour la vie matérielle, il suffirait de se rappeler « la loi de fraternité que, seule, pourra réaliser la mise en commun » des indifférentes richesses d’en bas.

2128. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Campagnes d’Égypte et de Syrie, mémoires dictés par Napoléon. (2 vol. in-8º avec Atlas. — 1847.) » pp. 179-198

Pascal, dans les immortelles pensées qu’on a trouvées chez lui à l’état de notes, et qu’il écrivait sous cette forme pour lui seul, rappelle souvent, par la brusquerie même, par cet accent despotique que Voltaire lui a reproché, le caractère des dictées et des lettres de Napoléon.

2129. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Le père Lacordaire orateur. » pp. 221-240

Peu avant de mourir, comparant ensemble toutes les phases de sa carrière, il écrivait : « J’ai connu le véritable bonheur dans l’obscurité, l’innocence et la pauvreté de mes premières années. » Puisque tel était le charme qui rappelait le héros vers les commencements de lui-même, approchons-en de plus près, et cherchons dans quelques vestiges subsistants ce qu’il y avait donc de si aimable en cette enfance demeurée si chère.

2130. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Discours sur l’histoire de la révolution d’Angleterre, par M. Guizot (1850) » pp. 311-331

Est-il besoin de rappeler à l’éminent historien, qui a connu et manié les deux pays, ces différences essentielles de génie et de caractère ?

2131. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Le Livre des rois, par le poète persan Firdousi, publié et traduit par M. Jules Mohl. (3 vol. in-folio.) » pp. 332-350

On porta les présents du sultan chez la fille de Ferdousi, qui, d’un cœur digne de son père, les refusa en disant : « J’ai ce qui suffit à mes besoins, et ne désire point ces richesses. » Mais le poète avait une sœur qui se rappela le désir que celui-ci avait nourri dès l’enfance de bâtir un jour, en pierre, la digue de la rivière de Thous, pour laisser dans un bienfait public le souvenir de sa vie.

2132. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « La Mare au diable, La Petite Fadette, François le Champi, par George Sand. (1846-1850.) » pp. 351-370

Il s’en va bien assez vite de lui-même. » Cette fin de La Mare au diable, dans la description des noces, semble peut-être un peu longue ; mais on n’est pas fâché, malgré tout, de s’arrêter sur ces images d’abondance rurale et de copieux bonheur, qui rappellent, à leur manière, le tableau de Théocrite dans les Fêtes de Cérès, et celui de Virgile célébrant les vertus des vieux Sabins : « Casta pudicitiam servat domus ».

2133. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Lettres de la marquise Du Deffand. » pp. 412-431

Je ne veux plus que rappeler une chose, c’est cette dernière lettre si contenue et si touchante qu’elle dicta pour Walpole.

2134. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres et opuscules inédits de Fénelon. (1850.) » pp. 1-21

Plus loin, après avoir cité des strophes d’Horace sur la paix, Fénelon arrive à rappeler une stance de Malherbe : « Voilà l’antique, dit-il, qui est simple, gracieux, exquis, voici le moderne qui a sa beauté. » Comme cela est bien dit !

2135. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Monsieur de Balzac. » pp. 443-463

Mme Sand, est-il besoin de le rappeler ?

2136. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Vauvenargues. (Collection Lefèvre.) » pp. 123-143

Il n’y a aujourd’hui qu’à rappeler et à redire convenablement sur Vauvenargues ce qui a été mieux dit par tant de bons juges, et je n’ai pas d’autre désir ici.

2137. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Œuvres de Frédéric le Grand. (Berlin, 1846-1850.) » pp. 144-164

[NdA] Ce trait rappelle le portrait que Xénophon, en sa Retraite des Dix Mille, a tracé de Ménon, qui en était venu, dans la voie du mensonge, jusqu’à regarder les gens vrais comme des gens mal élevés et sans éducation.

2138. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Nouveaux documents sur Montaigne, recueillis et publiés par M. le docteur Payen. (1850.) » pp. 76-96

Et élevant de plus en plus sa pensée et son cœur, réduisant sa propre souffrance à ce qu’elle est dans l’immense sein de la nature, s’y voyant non plus seulement soi, mais des royaumes entiers, comme un simple point dans l’infini, il ajoute en des termes qui rappellent d’avance Pascal, et dont celui-ci n’a pas dédaigné d’emprunter le calque et le trait : Mais qui se représente comme dans un tableau cette grande image de notre mère nature en son entière majesté : qui lit en son visage une si générale et constante variété ; qui se remarque là-dedans, et non soi, mais tout un royaume, comme un trait d’une pointe très délicate, celui-là seul estime les choses selon leur juste grandeur.

2139. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Madame de Maintenon. » pp. 369-388

Qu’il suffise de rappeler aujourd’hui, à l’honneur de Saint-Cyr, qu’il fut, en naissant, l’occasion d’Esther et d’Athalie.

2140. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Charles Perrault. (Les Contes des fées, édition illustrée.) » pp. 255-274

Il fallut que le savant Huet le rappelât à la modération, et lui fît sentir qu’il ne représentait pas à lui seul toute l’Antiquité.

2141. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Madame Sophie Gay. » pp. 64-83

Sa parole, plus forte et plus drue quand elle causait que quand elle écrivait, rappelait parfois le tempérament de certaines femmes de Molière, bien qu’il s’y mêlât plus d’un trait de la langue de Marivaux.

2142. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Armand Carrel. — I. » pp. 84-104

Nous n’essayerons pas de répondre ni de rechercher ce qu’il aurait pu être : il nous a semblé pourtant qu’il n’était pas inopportun de rappeler ce qu’il a été.

2143. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Paul-Louis Courier. — I. » pp. 322-340

Et là encore se vérifie le précepte favori de Courier : « Peu de matière et beaucoup d’art. » À ces jolies bagatelles, travaillées comme une ode d’Horace, Courier donne un poli de style qui rappelle l’éclat du marbre de Paros.

2144. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Bernardin de Saint-Pierre. — II. (Suite et fin.) » pp. 436-455

 » Cet applaudissement frondeur donné à un mot qui n’avait certes point une intention si profonde, mais qui rappelait un autre mot récent de Chateaubriand sur Néron dans le Mercure, nous marque du moins la disposition d’esprit de cet auditoire élégant et nous le fait voir tel qu’il était, très peu préparé à se soulever tout entier d’enthousiasme et à faire crouler les voûtes de la salle sous ses applaudissements, pour cette péroraison toute napoléonienne et un peu romantique de Bernardin.

2145. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Boileau. » pp. 494-513

Il reprend la loi de Malherbe et la remet en vigueur ; il l’étend et l’approprie à son siècle ; il l’apprend à son jeune ami Racine, qui s’en passerait quelquefois sans cela ; il la rappelle et l’inculque à La Fontaine déjà mûr63 ; il obtient même que Molière, en ses plus accomplis ouvrages en vers, y pense désormais à deux fois.

2146. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Le président de Brosses. Sa vie, par M. Th. Foisset, 1842 ; ses Lettres sur l’Italie, publiées par M. Colomb, 1836. » pp. 85-104

On y est si bien, si doucement, il y a tant à voir et à revoir, que ce n’est jamais fait. » Pourtant de Brosses se décide ; il a ses amis, ses devoirs qui le rappellent ; durant ce voyage, ses yeux sont satisfaits, son cœur est ennuyé.

2147. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « L’abbé Barthélemy. — I. » pp. 186-205

Elle semble quelquefois se rappeler ce qu’elle n’a jamais appris… » Mais j’aime mieux, pour donner de la duchesse de Choiseul une idée saillante, emprunter les portraits en miniature qu’en a laissés un pinceau moins élégant et moins peigné que celui de l’abbé Barthélemy, mais plus vif en images : Ma dernière passion, dit Horace Walpole, qui ne la connut que quelques années plus tard (en 1766), et, je crois, ma plus forte passion est la duchesse de Choiseul.

2148. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Le cardinal de Richelieu. Ses Lettres, instructions et papiers d’État. Publiés dans la Collection des documents historiques, par M. Avenel. — Premier volume, 1853. — II. (Fin.) » pp. 246-265

Mais, après avoir ainsi conclu en un trait qui rappelle Shakespeare et qu’aurait envié Schiller, il prolonge sa pensée, et il l’aurait gâtée si elle pouvait l’être : « On connut bientôt après, ajoute-t-il, qu’un mort ne mord point, et que l’affection des hommes ne regarde point ce qui n’est plus. » Ainsi donc, il faut en prendre son parti avec Richelieu et s’attendre à du mauvais goût, à des longueurs, à des métaphores souvent heureuses et grandes, souvent aussi hasardées et désagréables.

2149. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Œuvres de Frédéric le Grand (1846-1853). — II. (Fin.) » pp. 476-495

Ôtez de devant mes yeux cette épée qui m’éblouit et me blesse. » Frédéric ne se choque point, et à l’étrange boutade du philosophe sauvage il n’oppose que ces mots : « Il veut que je fasse la paix ; le bonhomme ne sait pas la difficulté qu’il y a d’y parvenir, et, s’il connaissait les politiques avec lesquels j’ai affaire, il les trouverait bien autrement intraitables que les philosophes avec lesquels il s’est brouillé. » Aussitôt la paix conclue, Frédéric se fait une joie de revoir son ami le Milord Maréchal, et, quand celui-ci l’a quitté pour retourner en Écosse, il essaye de le rappeler à Postdam par ces paroles où perce cette fois un sourire et un vrai parfum de poésie : « Je finis ma lettre en vous apprenant, mon cher Milord, que mon chèvrefeuille est sorti, que mon sureau va débourgeonner, et que les oies sauvages sont déjà de retour.

2150. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1873 » pp. 74-101

Je me rappelais, ces temps-ci, le mot de ma pauvre vieille cousine de Bar-sur-Seine : « Vous verrez, je ne vivrai pas longtemps, je suis si fatiguée, si fatiguée ! 

2151. (1899) Esthétique de la langue française « Le vers libre  »

L’on voit volontiers accouplées ces sonorités identiques, hier ennemies, cuir — buires, roi — voix — joie au mépris de la vaine habitude des yeux ; des assonances fort délicates, telles que : ciel — hirondelle, quête — verte, guimpe — limbe ; d’agréables rimes intérieures qui rappellent, avec beaucoup plus d’art, les jeux des poètes latins du XIIIe siècle : Ô Méditerranée, salut ; voici Protée qui lève de tes vagues son front couronné d’algues.

2152. (1864) William Shakespeare « Première partie — Livre III. L’art et la science »

Voyez le point où la spermatologie et l’ovologie sont arrivées aujourd’hui, et rappelez-vous Mariana reprochant à Arnaud de Villeneuve, qui trouva l’alcool et l’huile de térébenthine, le crime bizarre d’avoir essayé la génération humaine dans une citrouille.

2153. (1911) Jugements de valeur et jugements de réalité

Alors, tout ce qui a été dit, fait, pensé, senti pendant la période de tourmente féconde ne survit plus que sous forme de souvenir, de souvenir prestigieux, sans doute, tout comme la réalité qu’il rappelle, mais avec laquelle il a cessé de se confondre.

2154. (1913) Essai sur la littérature merveilleuse des noirs ; suivi de Contes indigènes de l’Ouest-Africain français « Essai sur la littérature merveilleuse des noirs. — Chapitre III. Personnages merveilleux des contes indigènes »

Il est prudent, au cas où on le reçoit à rançon, de lui faire à la main une incision pour lui rappeler sa promesse.

2155. (1824) Discours sur le romantisme pp. 3-28

Soyez religieux et graves dans vos écrits ; mais ne soyez pas éternellement tristes : rappelez-vous que, dans les livres sacrés, tout n’est pas du ton des lamentations de Jérémie, ou des plaintes de Job, et qu’on y trouve aussi des hymnes de bonheur ou des cantiques d’allégresse.

2156. (1892) L’anarchie littéraire pp. 5-32

En vain dans une brochure dont on se souvient peut-être, essayai-je de fixer quelques points de la doctrine, et par la réapparition de notre périodique transformé en revue, de rappeler sur la brèche ceux de mes anciens collaborateurs qu’effrayait le progrès du Symbolisme ; tout fut inutile.

2157. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Ernest Renan »

jamais il n’aurait dit de Jésus au jardin des Olives, avec la mignardise, à faire vomir, des romanciers contemporains : « Se rappela-t-il les claires fontaines de la Galilée, où il aurait pu se rafraîchir ; la vigne et le figuier sous lesquels il aurait pu s’asseoir ; les jeunes filles qui auraient peut-être consenti à l’aimer ?

2158. (1900) La province dans le roman pp. 113-140

— Non, il m’a parlé : un grand à barbe longue, à monocle ; … le nom, je ne me rappelle pas ; … attendez donc, … il a dit qu’il était du même village que Monsieur.

2159. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre III : M. Maine de Biran »

Voici, au dix-neuvième siècle, un abstracteur de quintessence qui les rappelle et les dépasse tous.

2160. (1864) Histoire anecdotique de l’ancien théâtre en France. Tome I pp. 3-343

La troupe prit le nom de Confrères de la Passion, nom qui rappelait les sujets des pièces, toutes tirées de l’Ancien, du Nouveau-Testament ou de la Vie des Saints. […] Ceci rappelle cet autre acteur qui ayant à prononcer ces mots : — C’en est fait, il est mort, disait habituellement : C’en est mort, il est fait. […] Trente contemporains de ces fameux auteurs… Ainsi donc, nous devons, sans tarder davantage, Pour rappeler Paris, donner du batelage. […] s’écria le prince de Condé, à qui l’on racontait cela, je sais bon gré à d’Aubignac d’avoir si bien observé les règles d’Aristote ; mais je ne pardonne pas aux règles d’Aristote d’avoir fait faire à ce pauvre d’Aubignac une si déplorable tragédie. » Nous ne parlerions pas de Gombault, gentilhomme calviniste de la Saintonge, qui donna au théâtre deux comédies et la tragédie des Danaïdes en 1646, si nous ne voulions rappeler ici que cet estimable auteur, homme d’esprit et de mérite, fut un des fondateurs de la petite Société savante qui se réunissait chez Conrad, Société qui fut le principe de l’Académie Française. […] Cet à-propos jeta la salle dans une gaîté folle ; il fut impossible de continuer la pièce, et ce diable de vers poursuivit Abeille jusqu’après sa mort, car on le rappela dans son épitaphe : Ci-gît un auteur peu fêté, Qui veut aller tout droit à l’immortalité.

2161. (1856) Réalisme, numéros 1-2 pp. 1-32

La partie niaise du public n’est pas fâchée de voir dans ses lectures de ces combats qui lui rappellent les luttes d’Arpin, le terrible Savoyard ; elle se réjouit de voir éreinter les nouveaux par les anciens, et réciproquement ; et l’esprit de critique a beau jeu, il peut dérouler chaque jour son petit chapelet de non-sens, d’inepties et d’injures avec la certitude de trouver des lecteurs qui riront de la manière dont M.  […] Vous vous retrouvez dans son œuvre qui vous rappelle les faits de votre existence. […] Quelques romantiques farouches et bruyants se plaisent également à ce jeu et rappellent les colères de MM.  […] En tout cas, il rappelle la ruse de certains marchands qui disent : « Ma marchandise ne se trouve que chez les bons dépositaires. » Tous les dépositaires s’empressent de prendre cette marchandise pour montrer qu’ils sont bons. […] Les deux personnages furent placés dans une boîte de quelques décimètres carrés, ouverte par-devant, et que l’artiste éclaira à sa guise. » Ceci ne rappelle-t-il pas les boîtes qu’on donne aux enfants, et où il y a des chasses, des bergeries ?

2162. (1932) Les idées politiques de la France

Et, s’ils étaient au pouvoir, leur libéralisme ne ferait pas long feu. » Le très peu qui est près, ce sont quelques républicains, qu’ils disent, dont Faguet, membre de la Ligue de la Patrie française, qui écrit les trois cents pages de son livre sans rappeler un instant qu’en ce temps de l’Affaire, le libéralisme des bonapartistes, des royalistes et des cléricaux était inscrit en ecchymoses à la gorge de la Gueuse, qui se défendit, était réduite à se défendre. […] Puis l’Église, prise dans le courant de l’affaire Dreyfus, entre dans des remous politiques qui rappellent parfois les courants de la Restauration et du 16 mai : alors la séparation est votée par les Chambres et acceptée par le pays, contre l’Église, dans l’atmosphère même où son idée était née, et chez des catholiques populaires après la Restauration, et chez des républicains radicaux après le 16 mai. […] Bossuet, dans la Politique tirée de l’Écriture sainte, rappelle que Jésus a eu une pensée particulière pour son pays, et qu’il a pleuré en annonçant la ruine de Jérusalem comme en perdant son ami Lazare. […] Jammy Schmidt, dans un livre de propagande sur les Grandes thèses radicales, rappelle que le mot date, en France, de la monarchie de Juillet : importation anglaise, comme le reste de la vie parlementaire. […] J’ai déjà rappelé ce mot de Jules Grévy, qui, s’enquérant, dans sa visite officielle au Salon, de la qualité de l’exposition, reçut cette réponse : « Point d’œuvre extraordinaire, mais une bonne moyenne !

2163. (1881) Le roman expérimental

Souvent, dans cette étude, je rappellerai ainsi que le roman expérimental est plus jeune que la médecine expérimentale, laquelle pourtant est à peine née. […] Mais, avant tout, je rappellerai rapidement les grandes évolutions du théâtre en France. […] Rappelez-vous dans Le Fils naturel le roman incroyable de Clara Vignot, et dans L’Étrangère, l’histoire étonnante de la Vierge du mal ; je cite au hasard. […] Je n’ai pas besoin de rappeler les admirables travaux de M.  […] Rappelez-vous Henri Mauperin, ce jeune homme si correct, si parfaitement élevé, qui commence par coucher avec la mère pour se faire donner la fille ; c’est un monstre.

2164. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre IV. L’âge moderne. — Chapitre II. Lord Byron. » pp. 334-423

… Je me rappelle tout ce que nous nous disions l’un à l’autre, nos caresses, ses traits ; je n’avais plus de repos, je ne pouvais dormir… Mon angoisse, mon amour étaient si violents, que parfois je me demande si j’ai eu depuis un autre attachement véritable… Quand plus tard j’appris son mariage, ce fut comme un coup de foudre, j’étouffais, je tombai presque en convulsions1240. » Pareillement lorsqu’à douze ans il aima sa cousine Marguerite Parker, il en perdit le sommeil, il ne mangeait plus. « J’avais sujet de croire qu’elle m’aimait, et pourtant la grande affaire de ma vie était de penser au temps qui s’écoulerait jusqu’à notre prochaine rencontre. […] Avec quel entraînement ses bras convulsifs se tendent vers cette forme frêle qui, frissonnant, sort de la tombe, vers ces joues où le sang rappelé par contrainte pose une rougeur maladive « comme celle que l’automne met sur les feuilles mourantes1293 !  […] Dès l’abord, il les avait vus ; les vrais artistes sont perspicaces ; c’est en cela qu’ils nous surpassent ; nous jugeons d’après des ouï-dire et des phrases toutes faites, en badauds ; ils jugent d’après les faits et les choses, en originaux : à vingt-deux ans il avait vu l’ennui né de la contrainte désoler toute la high life. « Là se tient debout la noble hôtesse, qui restera sur ses jambes — même à la trois-millième révérence. —  Les ducs royaux, les dames grimpent l’escalier encombré, et à chaque fois avancent d’un pouce1297. » — « Il faut aller voir à la campagne, écrivait-il, ce que les journaux appellent une compagnie choisie d’hôtes de distinction, notamment les gentlemen après dîner, les jours de chasse, et la soirée qui suit, et les femmes qui ont l’air d’avoir chassé, ou plutôt d’avoir été chassées… Je me rappelle un dîner à la ville chez lord C…, composé de gens peu nombreux, mais choisis entre les plus amusants.

2165. (1914) Note conjointe sur M. Descartes et la philosophie cartésienne pp. 59-331

Les jours où ça va mal, il se rappelle qu’écrire et faire imprimer sont les premiers durcissements et vieillissements de la mort. […] Du bois mort est du bois qui organiquement s’en rappelle trop. Une âme morte est une âme qui organiquement et psychologiquement s’en rappelle trop. […] Vous vous rappelez, Benjamin Franklin, le censément bonhomme Franklin, le grand héros, le grand homme de nos maîtres primaires, le plus grand homme du monde selon eux, le seul sage et le seul savant et le seul moral et vraiment le type. […] Et il faut se rappeler ici tout ce que notre maître Bergson a écrit et dit sans cesse de l’usage et des abusements du langage.

2166. (1910) Rousseau contre Molière

Si vous vous rappelez le héros de cette pièce, voilà le vrai misanthrope. » Mais Alceste est-il un homme qui, par amour précisément pour les hommes, est désespéré de les voir vicieux et les poursuit de ses colères ? […] Rappelez la Fortune et courez sur ses pas. […] A qui fait son devoir les maux sont plus légers, Rappelez, croyez-moi, votre cœur à lui-même. […] Vous vous rappelez le mot de Labiche, mot digne de Molière. […]   Je me rappelle deux faits intéressants sur ce point.

2167. (1896) La vie et les livres. Troisième série pp. 1-336

Un mot, à peine entrevu, rappelle une phrase, et l’œuvre est fidèle comme une traduction, naturelle et charmante comme un ressouvenir. […] Elle a une couleur et une allure qui rappellent les récits de Quevedo et réjouiraient Mérimée. […] Il prit plaisir, plus tard, aux heures de tristes « vadrouilles », à se rappeler le logis familial. […] C’est enfin une collection de personnages titrés, dont l’aspect difforme rappelle ces caricatures où les libéraux de 1820 bafouaient les émigrés. […] De l’un, harmonieux Américain, je me rappelle des euphonies souvent subtiles, toujours un peu vagues.

2168. (1813) Réflexions sur le suicide

-C. en encourageant les hommes à supporter les peines de la vie rappelle sans cesse l’efficacité de la prière. […] Je me rappelai combien de fois nous avions admiré ensemble de certaines morts volontaires parmi les anciens, et je tombai dans des réflexions profondes comme si les lumières du Christianisme s’étaient tout à coup éteintes en moi, et que je fusse livrée à cette indécision, dont l’homme même dans les plus simples occurrences a tant de peine à se tirer.

2169. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — chapitre VII. Les poëtes. » pp. 172-231

Vit-on jamais une plus belle entrée et plus conforme aux règles qui ordonnent de lier les idées, de les rappeler quand on les a déjà développées, de les annoncer quand on ne les a pas développées encore ? […] Rappelons-nous, quand nous voulons la juger équitablement, le temps où nous faisions des vers français qui ressemblaient à nos vers latins.

2170. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLVIe entretien. Examen critique de l’Histoire de l’Empire, par M. Thiers (3e partie) » pp. 249-336

Il en est rappelé aussi soudainement qu’il y avait couru par l’explosion des préparatifs de l’Autriche. L’ambiguïté des préparatifs de la Russie accroît ses mesures et les précipite ; l’élite de ses troupes, rappelée d’Espagne et remplacée là par de nouvelles levées, traverse de nouveau la France et le Rhin.

2171. (1864) Cours familier de littérature. XVII « Ce entretien. Benvenuto Cellini (2e partie) » pp. 233-311

Cela me rappela le craquement que j’avais éprouvé dans ma bouche, et je me jugeai mort. […] Luna Martini ; ils sont faits à la louange de la prison, et j’y rappelle beaucoup de choses que j’ai déjà dites parmi d’autres, que l’on ne sait pas. » (Il ne fait que répéter dans ces vers tout ce qui lui était arrivé dans sa prison.)

2172. (1864) Cours familier de littérature. XVIII « CIVe entretien. Aristote. Traduction complète par M. Barthélemy Saint-Hilaire (2e partie) » pp. 97-191

Il rappelle dans une épître nonchalante des idées cent fois répétées dans les causeries familières, et il s’est bien gardé de se faire précepteur ; les Pisons n’auraient point reconnu leur spirituel ami sous l’austérité d’un pédagogue. […] De plus, on se rappelle qu’Aristote, soit par modestie, soit par nécessité, ne commença que tard à écrire, et qu’il ne publia presque rien de son vivant.

2173. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Granier de Cassagnac » pp. 277-345

Il le rappelle dans une préface qu’il avait le droit et qu’il a eu raison de placer à la tête de son livre. […] Si, comme je l’ai rappelé et comme on l’a répété longtemps, Granier de Cassagnac avait été l’immoral Bravo de tous les pouvoirs, pourquoi n’a-t-il servi jamais que des gouvernements restés monarchiques, à une époque qui a vu d’autres gouvernements ?

2174. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « III — Bossuet et la France moderne »

Je me bornerai à rappeler qu’elles suivirent leur voie normale en atteignant la sauvagerie la plus féroce, lorsqu’on eut épuisé tous les scandales, toutes les tortures morales, tous les outrages au droit le plus élémentaire. […] Si l’on me demandait, après cela, quelle conséquence peut avoir pour une nation, l’abandon de sa direction politique et religieuse entre les mains d’un pur rhéteur, je me contenterais de rappeler, d’après l’histoire, ce que la France doit aux bons avis de Bossuet.

2175. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Malherbe et son école. Mémoire sur la vie de Malherbe et sur ses œuvres par M. de Gournay, de l’Académie de Caen (1852.) » pp. 67-87

Horace, même quand il célèbre la campagne, est plus brillant, plus travaillé ; il y porte cette curiosité heureuse, cette ciselure de diction qui ne l’abandonne jamais dans ses odes et qui rappelle l’art ; son expression est vive et concise, son image serrée et polie jusqu’à l’éclat : elle luit comme un marbre de Paros, comme un portique d’Albano au soleil.

2176. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « M. de Stendhal. Ses Œuvres complètes. — I. » pp. 301-321

L’armée romantique, qui avait à sa tête la Revue d’Édimbourg et qui se composait de tous les auteurs anglais, de tous les auteurs espagnols, de tous les auteurs allemands, et des romantiques italiens (quatre corps d’armée), sans compter Mme de Staël pour auxiliaire, était campée sur la rive gauche d’un fleuve qu’il s’agissait de passer (le fleuve de l’Admiration publique), et dont l’armée classique occupait la rive droite ; mais je ne veux pas entrer dans un détail très ingénieux, qui ne s’expliquerait bien que pièce en main, et qui de loin rappelle trop la carte de Tendre.

2177. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Une petite guerre sur la tombe de Voitture, (pour faire suite à l’article précédent) » pp. 210-230

Dès ce premier ouvrage il opposait assez finement la modestie de Voiture, ou du moins son bon goût à repousser les éloges trop directs, à la passion bien connue de Balzac pour les compliments, et à ce grand appétit de louange qu’il ne craignait pas de lui rappeler, en l’en supposant gratuitement guéri : Je suis assuré que s’il (Voiture) revenait au monde, et qu’il fût informé des bonnes qualités de M. de Girac et de la franchise de son procédé, il ferait tous ses efforts pour le satisfaire, et pour l’éclaircir de ses doutes ; car je suis obligé de rendre ce témoignage de lui, que je n’ai connu personne, jusques ici, qui souffrît de meilleure grâce qu’on le contredît et qu’on eût des opinions contraires aux siennes.

2178. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « La marquise de Créqui — I » pp. 432-453

Mme de Créqui, née au commencement du xviiie  siècle, pouvait-elle, en parlant de je ne sais quelle cérémonie monastique dont elle avait été témoin dans son enfance, ajouter ce trait classique plus convenable chez une lectrice de La Gazette : « Je n’ai rien vu dans les nouveaux romans qui fut aussi romantique que cette scène nocturne et qui fût aussi pittoresque surtout. » Pouvait-elle, en citant une complainte du vieux temps qui se serait chantée au berceau de son petits-fils, dire à ce dernier : « Vous vous rappellerez peut-être, en lisant ceci, que Mlle Dupont, votre berceuse, vous chantait précisément la même complainte, et qu’elle en usait toujours de la sorte, en guise de somnifère et pour le service de votre clinique. » On rencontre à chaque pas de ces anachronismes évidents de couleur et de langage, et qui donneraient droit de conclure avec certitude que, quand même il y aurait eu un fonds primitif d’anciens papiers, d’anciens récits, l’éditeur les avait retouchés et arrangés à la moderne.

2179. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Le maréchal de Villars — IV » pp. 103-122

Il aurait bien voulu pour récompense l’épée de connétable, cette épée de du Guesclin, trop profanée par de Luynes, enterrée avec Lesdiguières, refusée à Turenne lui-même, et que lui, Villars, poursuivit toujours ; il aurait désiré du moins (car il ne faisait pas fi des pis-aller) être nommé chef du conseil des finances, cette charge étant venue à vaquer en ce temps-là ; mais elle fut donnée au maréchal de Villeroy. « Pour moi, madame, écrivait-il à ce propos à Mme de Maintenon, je me trouve toujours trop heureux quand je songe qu’ayant le bonheur d’approcher le plus grand et le meilleur maître du monde, je ne lui rappelle pas de fâcheuses idées ; qu’il peut penser : Celui-là m’a plusieurs fois mis en péril, et cet autre m’en a tiré.

2180. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Maine de Biran. Sa vie et ses pensées, publiées par M. Ernest Naville. » pp. 304-323

[NdA] Il faut voir dans le volume d’Épîtres et élégies, par Charles Loyson (1819), deux épîtres (la seconde et la troisième) où est agréablement dépeinte la vie de Maine de Biran à sa terre de Grateloup, et où ce riant domaine obtient aussi sa description familière, dont le ton rappelle l’épître de Boileau À M. de Lamoignon.

2181. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « L’abbé de Marolles ou le curieux — II » pp. 126-147

Dans la Défense qu’il présenta des versions françaises de l’Écriture sainte et des offices (1688), le savant docteur rappelle que si l’on condamnait la traduction du bréviaire romain de M. 

2182. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Madame Swetchine. Sa vie et ses œuvres, publiées par M. de Falloux. »

Cela me rappelle que, dans son Histoire de saint Pie V, le même M. de Falloux veut louer cepontife d’avoir envoyé des brefs d’encouragement aux hommes lettrés qui, en France, prenaient parti pour la cause catholique ; le poëte Ronsard est de ce nombre : il s’est engagé dans une querelle avec les protestants, et de part et d’autre on en est vite venu aux injures les plus grossières, notamment à celles qui ne manquent jamais au XVIe siècle, et qui consistaient en de dégoûtantes allusions au mal apporté d’Amérique.

2183. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Merlin de Thionville et la Chartreuse du Val-Saint-Pierre. »

Un chartreux, comme l’eût été Merlin, me rappelle involontairement ces deux gaillardes figures.

2184. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « La comtesse de Boufflers (suite et fin.) »

Elle est très-bien écrite et très-touchante : je m’en laissais attendrir, mais je me suis rappelé sa conduite avec feu la Demoiselle (Mlle de Lespinasse), et mon cœur s’est fermé. » Nous tenons, par cet aveu, la cause et l’origine de la prévention.

2185. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « La comtesse d’Albany par M. Saint-René Taillandier (suite et fin.) »

« Elle recevait avec dignité et politesse. » Heureusement un autre poète, qui fut présenté à la comtesse en 1810 ou environ, et qui l’a revue plus tard, nous a donné d’elle un portrait plus vrai, et qui répare l’injustice du précédent : « Rien, nous dit M. de Lamartine en son VIIe Entretien, rien ne rappelait en elle, a cette époque déjà un peu avancée de sa vie, ni la reine d’un empire, ni la reine d’un cœur.

2186. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Lettres inédites de Michel de Montaigne, et de quelques autres personnages du XVIe siècle »

La grande cloche de la ville avait retrouvé sa voix en 1561 ; son silence, qui rappelait une grande calamité publique, avait cessé.

2187. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Œuvres inédites de F. de La Mennais »

Il n’en avait gardé, disait-il, que deux souvenirs : il se rappelait l’avoir vue réciter son chapelet et jouer du violon.

2188. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « George Sand — Note »

Quand je ne revenais pas assez souvent, elle avait le soin de m’écrire et de me rappeler.

2189. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « QUELQUES VÉRITÉS SUR LA SITUATION EN LITTÉRATURE. » pp. 415-441

Tandis que, sous la Restauration, on aimait surtout dans Talma finissant et grandissant un novateur, une espèce d’auteur et de poëte dramatique (et non, certes, le moindre), qui rendait ou prêtait aux rôles un peu conventionnels et refroidis de la scène française une vie historique, une réalité à demi shakspearienne, — il arrive que ce qu’on a surtout aimé dans notre jeune et grande actrice, ç’a été un retour à l’antique, à la pose majestueuse, à la diction pure, à la passion décente et à la nature ennoblie, à ce genre de beauté enfin qui rappelle les lignes de la statuaire.

2190. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « GRESSET (Essai biographique sur sa Vie et ses Ouvrages, par M. de Cayrol.) » pp. 79-103

Lors de la renaissance des lettres, ce culte pour les prédécesseurs s’est renouvelé sous plus d’une forme, parfois singulière, et il suffit de rappeler ce noble vénitien Naugerius qui, dans son adoration pour Catulle, brûlait chaque année quelques exemplaires de Martial en son honneur.

2191. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « UN DERNIER MOT sur BENJAMIN CONSTANT. » pp. 275-299

Vous devriez aussi m’en donner de Mme de Condorcet, au souvenir de laquelle je vous prie de me rappeler.

2192. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « DU ROMAN INTIME ou MADEMOISELLE DE LIRON » pp. 22-41

Puisqu’on connaît le portrait de Mlle de Liron, puisque j’ai osé citer un passage de Mlle Aïssé malade, qui, en donnant une incomplète idée de sa personne, laisse trop peu entrevoir combien elle fut vive et gracieuse, cette aimable Circassienne achetée comme esclave, venue à quatre ans en France, que convoita le Régent, et que le chevalier d’Aydie posséda ; puisque j’en suis aux traits physiques des beautés que Mlle de Liron rappelle et à l’air de famille qui les distingue, je n’aurai garde d’oublier la Cécile des Lettres de Lausanne, cette jeune fille si vraie, si franche, si sensée elle-même, élevée par une si tendre mère, et dont l’histoire inachevée ne dit rien, sinon qu’elle fut sincèrement éprise d’un petit lord voyageur, bon jeune homme, mais trop enfant pour l’apprécier, et qu’elle triompha probablement de cette passion inégale par sa fermeté d’âme.

2193. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre cinquième. Le peuple. — Chapitre III »

On rappelle les exploits de Mandrin en 1754756, sa troupe de cent cinquante hommes qui apporte des ballots de contrebande et ne rançonne que les commis, ses quatre expéditions qui durent sept mois à travers la Franche-Comté, le Lyonnais, le Bourbonnais, l’Auvergne et la Bourgogne, les vingt-sept villes où il entre sans résistance, délivre les détenus et vend ses marchandises ; il fallut, pour le vaincre, former un camp devant Valence et envoyer 2 000 hommes ; on ne le prit que par trahison, et encore aujourd’hui des familles du pays s’honorent de sa parenté, disant qu’il fut un libérateur  Nul symptôme plus grave : quand le peuple préfère les ennemis de la loi aux défenseurs de la loi, la société se décompose et les vers s’y mettent  Ajoutez à ceux-ci les vrais brigands, assassins et voleurs. « En 1782, la justice prévôtale de Montargis instruit le procès de Hulin et de plus de 200 de ses complices qui, depuis dix ans, par des entreprises combinées, désolaient une partie du royaume757. » — Mercier compte en France « une armée de plus de 10 000 brigands et vagabonds », contre lesquels la maréchaussée, composée de 3 756 hommes, est toujours en marche. « Tous les jours on se plaint, dit l’assemblée provinciale de la Haute-Guyenne, qu’il n’y ait aucune police dans la campagne. » Le seigneur absent n’y veille pas ; ses juges et officiers de justice se gardent bien d’instrumenter gratuitement contre un criminel insolvable, et « ses terres deviennent l’asile de tous les scélérats du canton758 »  Ainsi chaque abus enfante un danger, la négligence mal placée comme la rigueur excessive, la féodalité relâchée comme la monarchie trop tendue.

2194. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre V. Transition vers la littérature classique — Chapitre I. La littérature sous Henri IV »

Une mollesse élégiaque trempe ses stances amoureuses et ses strophes de contrition, dont l’accent rappelle tout à fait Bertaut.

2195. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série «  Paul Bourget  »

Paul Bourget, qui égale souvent, si même elle ne la dépasse, celle de Benjamin Constant et de Stendhal, me rappelle aussi parfois celle de Mme de Souza ou de Mme de Duras — avec beaucoup plus d’embarras.

2196. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre IX, les mythes de Prométhée »

Le chasseur nomade, le pasteur errant, ont maintenant une étoile fixe qui, chaque soir, du fond des bois de l’horizon des prairies lointaines, les rappelle à sa lumière et leur promet sa chaleur.

2197. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Histoire du Consulat et de l’Empire, par M. Thiers. Tome IXe. » pp. 138-158

En histoire, sa méthode rappellerait plutôt, chez les anciens, celle de Polybe ; guerre, administration, finances, il embrasse tout, il expose tout, comme il l’a étudié, avec précision, continuité, et sans lâcher prise jusqu’au dernier détail.

2198. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Adrienne Le Couvreur. » pp. 199-220

Qu’on se rappelle L’Impromptu de Versailles, où ce conflit est si bien posé.

2199. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Œuvres de Barnave, publiées par M. Bérenger (de la Drôme). (4 volumes.) » pp. 22-43

Si, au-delà de la vie, ce sentiment existait encore, si l’on se rappelait ce qu’on a quitté, cette idée serait la plus douce pour moi.

2200. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Procès de Jeanne d’arc, publiés pour la première fois par M. J. Quicherat. (6 vol. in-8º.) » pp. 399-420

Des historiens, dans ces dernières années, l’ont enfin comprise, l’ont présentée sous son vrai jour, et il est impossible de ne pas rappeler ici ce qui est dit d’elle au tome Vme de l’Histoire de France de M. 

2201. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Diderot. (Étude sur Diderot, par M. Bersot, 1851. — Œuvres choisies de Diderot, avec Notice, par M. Génin, 1847.) » pp. 293-313

Diderot, ainsi rappelé à son examen de conscience, écrivait pour tout commentaire : « Je n’ai jamais lu ce chapitre sans rougir, c’est mon histoire. » Bien des années auparavant, il s’était dit : « Je n’ai pas la conscience d’avoir encore employé la moitié de mes forces ; jusqu’à présent, je n’ai que baguenaudé. » Il put se répéter la même chose en mourant.

2202. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Fontenelle, par M. Flourens. (1 vol. in-18. — 1847.) » pp. 314-335

On se rappelle involontairement ce magnifique début des Pensées : Que l’homme contemple donc la nature entière dans sa haute et pleine majesté ; qu’il éloigne sa vue des objets bas qui l’environnent ; qu’il regarde cette éclatante lumière mise comme une lampe éternelle pour éclairer l’univers ; que la terre lui paraisse comme un point au prix du vaste tour que cet astre décrit… Au lieu de ces expressions amples et véritablement augustes, Fontenelle, en parlant de l’ordonnance céleste, n’emploie volontiers que des images et des comparaisons rapetissantes.

2203. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Notice historique sur M. Raynouard, par M. Walckenaer. » pp. 1-22

Hors de là, la pièce est dans ce genre roide, rude, tendu et emphatique, qui rappelle parfois le ton et le tic, mais non le génie de Corneille.

2204. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Monsieur Michaud, de l’Académie française. » pp. 20-40

Après en avoir, l’Évangile en main, rappelé les stations principales et sacrées qui sont dans la mémoire des petits enfants : Je ne suis, continue M. 

2205. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Montesquieu. — I. » pp. 41-62

Usbek, le personnage principal, a un sérail à Ispahan, et il le laisse en partant à la garde du grand eunuque noir, auquel il rappelle de temps en temps ses recommandations sévères.

2206. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « M. Necker. — I. » pp. 329-349

Necker y rappelait en style peu pratique quelques vérités d’expérience ; on a remarqué depuis qu’il y parlait de la propriété et des propriétaires un peu légèrement, et qu’il y présentait ceux qui vivent de leur travail ou les prolétaires comme étant toujours la proie des premiers : « Ce sont, disait-il, des lions et des animaux sans défense qui vivent ensemble ; on ne peut augmenter la part de ceux-ci qu’en trompant la vigilance des autres et en ne leur laissant pas le temps de s’élancer. » M. 

2207. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Œuvres de Frédéric le Grand (1846-1853). — I. » pp. 455-475

Il rappelle plus d’une fois son généreux et plus confiant ami, M. de Suhm, à la réalité et à l’expérience : les Descartes, les Newton, les Leibniz peuvent venir et se succéder, sans qu’il y ait danger pour les passions humaines de perdre du terrain et de disparaître : « Selon toutes les apparences, on raisonnera toujours mieux dans le monde, mais la pratique n’en vaudra pas mieux pour cela. » Dans sa douce et studieuse retraite de Remusberg, regrettant l’ami absent : Il me semble, lui écrit-il (16 novembre 1736), il me semble que je vous revois au coin de mon feu, que je vous entends m’entretenir agréablement sur des sujets que nous ne comprenons pas trop tous deux, et qui cependant prennent un air de vraisemblance dans votre bouche.

2208. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre quatrième. L’expression de la vie individuelle et sociale dans l’art. »

L’homme non cultivé ne s’intéressait qu’à ce qui le sortait de son milieu et ne lui rappelait rien de ce qu’il avait coutume de voir ; on ne devait lui dire que des histoires de princes, on ne devait lui faire de récits que sur les pays lointains.

2209. (1888) La critique scientifique « La critique scientifique — Analyse esthétique »

Rappelons que Jean Moréas a publié son Manifeste du symbolisme en 1886 dans le Figaro, et que l’idée de suggestion, dans ces années 1880-1890, occupe le devant de la « scène esthétique » (Mallarmé), de la « scène sociologique » (Tarde), comme de la « scène hystérique » (Bernheim).

2210. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Ivan Tourguénef »

Qu’on se rappelle la façon surprenante dont s’accuse sans une indication précise le type de Machourina dans Terres Vierges, l’étudiante masculine ridiculement atteinte d’un amour sans espoir, ou celui d’Evlampia, la fille redoutable du Roi Lear.

2211. (1864) William Shakespeare « Deuxième partie — Livre VI. Le beau serviteur du vrai »

Nous avons tout à l’heure rappelé un mot devenu fameux : l’Art pour l’Art.

2212. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre II : La littérature — Chapitre II : La littérature du xviie  siècle »

Nisard que je viens de résumer et d’autres qu’il serait trop long de rappeler, je ne vois donc que l’application d’un seul principe, le principe des vérités générales.

2213. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre IV : La philosophie — II. L’histoire de la philosophie au xixe  siècle — Chapitre II : Rapports de l’histoire de la philosophie avec la philosophie même »

Tantôt ils affirment et tantôt ils doutent, mais toujours avec innocence et candeur, n’obéissant qu’aux lumières de leur raison, et jamais à un parti pris : vrais et inimitables philosophes, que Voltaire et Montaigne rappellent quelquefois par la sincérité du doute et l’absence d’esprit de système, mais sans les égaler jamais par la forme, la richesse et la grandeur de la pensée.

2214. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre III : Concurrence vitale »

Je ne veux faire ici que quelques remarques, afin de rappeler à l’esprit du lecteur certains points principaux.

2215. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Doyen » pp. 178-191

Quoique la partie supérieure de son tableau n’aille pas de pair avec l’inférieure, la gloire cependant est soignée, contre l’usage, qui la néglige ordinairement, hic quoque sunt superis sua jura ; et le tout rappelle bien mon épigraphe : multaque in rebus acerbis… etc. le besoin que Doyen et Vien ont senti de retoucher leurs tableaux en place doit apprendre aux artistes à se ménager dans l’attelier la même exposition, les mêmes lumières, le même local qu’ils doivent occuper.

2216. (1913) Essai sur la littérature merveilleuse des noirs ; suivi de Contes indigènes de l’Ouest-Africain français « Essai sur la littérature merveilleuse des noirs. — Chapitre I. »

Diègui) Namara Soundieta, NDar, Amadou Sefa Niânyi, la fondation d’une dynastie royale : (Légende de NDiadiane, NDiaye), la conquête du pouvoir (L’éléphant de Molo) ou encore quand elle rappelle les aventures des Sorko pêcheurs ou des Gow chasseurs du Niger16 l’émigration des Agni, sous la conduite d’Aoura Pokou, leurs guerres au Baoulé contre les Gori17, la faiblesse paternelle du damel Amady NGôné18, la folie « caligulienne » de l’almamy torodo Amady Si (Amady Si, roi du Boundou) le dévouement du Khassonké Yamadou Hâvé ou de la fille du massa, etc., etc.

2217. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Rivarol » pp. 245-272

Chateaubriand, après autant d’années, Chateaubriand, génie de rêverie, de mélancolie et de silence, n’avait pas pardonné à Rivarol cette supériorité de conversation écrasante qu’il avait eu à subir quand il le rencontra dans sa jeunesse, et le vaniteux des Mémoires d’outre-tombe, le jaloux de Napoléon et de lord Byron, associa Rivarol aux deux seules jalousies de son âme, et le grandit par ses ressentiments… Quant à nous, venus longtemps après Rivarol, le piano de Liszt ou le violon de Paganini ont pu seuls nous donner la sensation de cette conversation inspirée qu’il exécutait, a dit Sainte-Beuve, à la manière d’un virtuose ; mais les idées, ces idées qu’exprime la parole et que n’exprime pas la musique, elles ne sont plus, et rien ne saurait les rappeler !

2218. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Ernest Hello » pp. 207-235

Il s’est rappelé ces mots qu’il a écrits : « La moquerie domine en ce moment la littérature moderne, qui ne s’en doute pas.

2219. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre v »

Mais je ne m’arrêterai pas ; j’ai hâte d’aller presque brutalement, c’est pour l’honneur de ce Robert Hertz, jusqu’à sa pensée toute nue et frémissante, « Si je tombe, écrit-il à sa femme, je n’aurai acquitté qu’une toute petite part de ma dette envers le pays… »‌ Et là-dessus, ce morceau capital :‌ Chère, je me rappelle des rêves de quand j’étais tout petit, et plus tard lycéen, là-bas, dans la chambre près de la cuisine, avenue de l’Alma.

2220. (1922) Durée et simultanéité : à propos de la théorie d’Einstein « Chapitre I. La demi-relativité »

Mais rappelons, pour cela, en quoi consiste la concordance de nos horloges.

2221. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre XI : M. Jouffroy moraliste »

Rappelons-nous le sens des mots, et nous verrons périr le raisonnement de M. 

2222. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Deuxième partie. — Chapitre XX. Le Dante, poëte lyrique. »

 » Ces images peuvent nous rappeler ce que nous avons admiré dans Pindare, et ce que Dante n’avait pas ln, ces îles des bienheureux, où abordent les âmes choisies, où la lumière ne s’éteint jamais, où le souffle léger du zéphir agite les rameaux odorants des arbres.

2223. (1889) La littérature de Tout à l’heure pp. -383

Encore et même dans ces zones tempérées arrivait-il qu’on encourût les sévérités de la Théologie intransigeante : qu’on se rappelle comment Bossuet parle de Molière ! […] Pourquoi plutôt ne se rappelle-t-on pas en quelle caduque enfance végétait la Raison, à la veille du jour où ils se levèrent ? […] Il suffit de nous rappeler les Types qu’ils ont créés — et qui sont déjà bien loin de nous ! […] On se rappelle qu’il y a, malgré tout, un sentiment intense et bien vivant au fond de ces caprices, un ardent désir de savoir et d’aimer. […] D’André et de Jean Valjean nous ne voyons que le geste, le vêtement, l’attitude et nous sommes obligés, pour les préciser dans notre mémoire, de nous rappeler les mots qu’on leur a fait dire.

2224. (1896) Hokousaï. L’art japonais au XVIIIe siècle pp. 5-298

Rappelons une fois pour toutes que, sous tous ces titres, ce sont toujours de petits dessins de femmes. […] Quant au jeune protégé, très légèrement blessé, et rappelé à la vie par un prêtre que tue aussitôt une flèche, il ne songe pas à mourir et se met à la recherche de sa femme et de ses deux filles, en cette contrée pour le moment pleine de combats, du matin au soir et du soir au matin. […] Cette série en l’honneur du cheval, où dans l’association des bibelots les plus divers, un objet comme un mors, une selle, rappelle le cheval, porte la marque d’une petite gourde imprimée en rouge. […] Hanabousa, lors de sa visite, il y a déjà quelque temps, m’a dit, en me commandant les Guerriers, qu’il ne me laisserait plus dans l’inoccupation, et je lui rappelle sa bonne parole. […] Cela me rappelle la célèbre ligne ancienne qui dit : « Dans ce bois chauffant le saké, en brûlant les rouges feuilles d’érable… » Et les balayeurs furent pardonnés.

2225. (1778) De la littérature et des littérateurs suivi d’un Nouvel examen sur la tragédie françoise pp. -158

Mais ce qui le fatigue le plus, ce qui lui fait plus de peine, c’est de rencontrer sur son chemin, de ces hommes absolument dépourvus de sensibilité, qui ont les yeux environnés de miracles & qui ne les voient pas ; immobiles devant les objets les plus frappans de la Nature, dédaignant les miracles des beaux Arts & leur utilité ; agités par les plaisirs vulgaires, qui rappellent tout au vil égoïsme, & qui raisonnent encore leur indifférence sur des objets de sentiment. […] Cependant je me rappelle un excellent trait de la Bruyere, qui disoit fort spirituellement : il faut aller voir quelquefois les Grands, non pour eux, mais pour les hommes d’esprit & de mérite que l’on rencontre auprès d’eux. […] Il ne faut pas pour cela mettre le feu à cette nouvelle tour de Babylone : car les trois quarts & demi de ces livres sont utiles en ce qu’ils servent à rappeler constamment à l’esprit de l’homme quelles furent, pendant tant de siècles, sa sottise, son absurdité, sa démence, son impéritie, &c. […] L’envieux vit au milieu des hommes, & il ne peut les souffrir, parce que chacun lui rappelle ce qu’il n’a pas.

2226. (1932) Les deux sources de la morale et de la religion « La religion statique »

Rappelons seulement que la vie est un certain effort pour obtenir certaines choses de la matière brute, et qu’instinct et intelligence, pris à l’état achevé, sont deux moyens d’utiliser à cet effet un outil dans le premier cas, l’outil fait partie de l’être vivant dans l’autre, c’est un instrument inorganique, qu’il a fallu inventer, fabriquer, apprendre à manier. […] Telle nous paraît être l’origine psychologique d’un principe dont la formule serait plutôt : « Le semblable équivaut au semblable », ou mieux encore, en termes plus précis : « Le statique peut remplacer le dynamique dont il donne le schéma. » Sous cette dernière forme, qui rappelle son origine, il ne se prêterait pas à une extension indéfinie. […] Sans entrer dans le détail de ces interventions, rappelons seulement la plus radicale de toutes, celle du pharaon qui prit le nom d’Iknaton : il supprima les dieux de l’Égypte au profit d’un seul d’entre eux et réussit à faire accepter jusqu’à sa mort cette espèce de monothéisme. […] Sans revenir sur ce que nous avons déjà longuement exposé, rappelons que, dans le domaine vital, ce qui apparaît à l’analyse comme une complication infinie est donné à l’intuition comme un acte simple.

2227. (1882) Essais de critique et d’histoire (4e éd.)

Me fera-t-il éprouver l’ardent désir et la joie folle avec laquelle le peuple anglais rappela et reçut les Stuarts ? […] Détail gracieux qui rappelle l’histoire de Nausicaa et d’Ulysse, qu’un Romain eût omis, que Xénophon, élevé dans l’amour des poètes, recueille avec autant de soin qu’Homère. […] Laissons-les « dans la poétique vallée de Platon », se promener, jouer, causer et se rappeler les paroles d’or de Socrate. […] Quand Socrate lui rappelle que les rois de Perse et de Lacédémone sont nés de Jupiter : « Et ma famille, Socrate, remonte à Eurysacès, et celle d’Eurysacès à Jupiter !  […] On se rappelle le sérieux profond et le regard vague des chevaux de noble race qui paissent l’herbe et s’arrêtent un instant, levant la tête vers le voyageur qui passe.

2228. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre I. La Renaissance païenne. » pp. 239-403

Seul, emprisonné à Windsor, il se rappelle les heureux jours qu’ils y ont passés ensemble, leurs joutes « dans les grandes cours vertes », les épanchements, les causeries folâtres des longs soirs d’hiver, « le jeu de paume, où, les yeux éblouis par les rayons de l’amour, ils manquaient la balle pour surprendre un regard de leurs dames. »  — « Chaque douce place éveille un souvenir amer. » À ces pensées, « le sang quitte son visage, et une pluie de larmes coule sur ses joues pâles. »  — « Ô séjour de félicité qui renouvelles ma peine !  […] Il rencontre un jour une belle paysanne et l’aime ; peu à peu, en lui parlant, il se rappelle Argentile et pleure ; il décrit son doux visage, sa taille ployante, ses fins poignets veinés d’azur, et tout d’un coup voit la paysanne qui défaille. […] Pour porter cette ample pensée et son cortége, il ne lui faut pas moins que la stance immense, incessamment renaissante, aux longs vers croisés, aux rimes répétées, dont l’uniformité et l’ampleur rappellent les bruits majestueux qui roulent éternellement dans les bois et dans les campagnes. […] Nous ne nous rappelons que faiblement nos félicités, et les plus poignants coups des afflictions ne laissent en nous que des cicatrices éphémères. […] Et pour que la ressemblance soit complète, c’est par des figures poétiques, par des abréviations énigmatiques, presque par des vers sibyllins, qu’il les exprime : Idola specûs, Idola tribûs, Idola fori, Idola theatri, chacun se rappelle ces noms étranges qui désignent les quatre espèces d’illusions auxquelles l’homme est soumis356.

2229. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre IV. La philosophie et l’histoire. Carlyle. »

Nous y glapissons, nous piaulons dans nos disputes et nos aigres récriminations de hiboux criards ; nous passons sinistres, et faibles, et craintifs, ou bien nous hurlons et nous nous démenons dans notre folle danse des morts, jusqu’à ce que l’odeur de l’air du matin nous rappelle à notre demeure silencieuse et que la nuit pleine de songes s’éveille et devienne le jour1431. » Qu’y-a-t-il donc au-dessous de toutes ces vaines apparences ? […] Puis l’envoyé céleste est rappelé ; son vêtement de terre tombe, et bientôt devient pour les sens eux-mêmes une ombre évanouie. […] Toute religion est venue ici pour nous rappeler plus ou moins bien ce que nous savons déjà plus ou moins bien, à savoir qu’il y a une différence absolument infinie entre un homme de bien et un homme méchant, pour nous ordonner d’aimer l’un, infiniment, d’abhorrer et d’éviter l’autre infiniment, de nous efforcer infiniment d’être l’un et de n’être point l’autre1445. » — « Toute religion qui n’aboutit pas à l’action, au travail, peut s’en aller et habiter parmi les brahmanes, les antinomiens, les derviches tourneurs, partout où elle voudra ; chez moi, elle n’a pas de place1446. » Chez vous, fort bien, mais elle en trouve ailleurs.

2230. (1907) L’évolution créatrice « Chapitre II. Les directions divergentes de l’évolution de la vie. Torpeur, intelligence, instinct. »

Mais la fixité, chez l’animal, apparaît le plus souvent Comme une torpeur où l’espèce serait tombée, comme un refus d’évoluer plus loin dans un certain sens : elle est proche parente du parasitisme, et s’accompagne de caractères qui rappellent ceux de la vie végétale. […] Rappelons seulement que le progrès du système nerveux s’est effectué, tout à la fois, dans le sens d’une adaptation plus précise des mouvements et dans celui d’une plus grande latitude laissée à l’être vivant pour choisir entre eux. […] Chez le chien, le souvenir restera captif de la perception ; il ne se réveillera que lorsqu’une perception analogue viendra le rappeler en reproduisant le même spectacle, et il se manifestera alors par la reconnaissance, plutôt jouée que pensée, de la perception actuelle bien plus que par une renaissance véritable du souvenir lui-même.

2231. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Gui Patin. — I. » pp. 88-109

Un des pamphlets que s’attira Gui Patin dans sa querelle avec Renaudot, en 1644, est censé écrit, ou du moins porgé à la connaissance du public par Machurat, compagnon imprimeur, lequel traite Gui Patin en ancien camarade et lui rappelle le jour où il fut reçu compagnon.

2232. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Marivaux. — I. » pp. 342-363

Ce sont de petits airs qui rappellent la causerie et qu’on se donne en écrivant ; c’est une manière de se mettre exprès en négligé, parce qu’on sait que le déshabillé vous réussit. — Marianne est une pauvre et jolie jeune fille qui est sans doute de grande naissance, mais dont les parents et tout l’entourage ont péri dans un carrosse qui allait à Bordeaux et par une attaque de voleurs.

2233. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « [Chapitre 5] — III » pp. 132-153

[NdA] Pour bien comprendre cet endroit, il faut se rappeler une remarque qui revient souvent chez d’Argenson, à savoir que le courage spirituel est très distinct du courage corporel, et que Voltaire, qui a dans l’âme beaucoup de hardiesse et même de témérité, devient peureux et poltron dès qu’il s’agit du moindre danger pour son corps : il jette le gant et ne soutient pas la gageure.

2234. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « La marquise de Créqui — II » pp. 454-475

Ces recommandations d’un père philosophe dans une Révolution m’en ont rappelé d’autres d’un très ancien poète grec, Théognis, qui avait assisté également à des révolutions politiques, et subi des confiscations, des exils : « Ô misérable pauvreté, s’écrie Théognis, pourquoi à cheval sur mes épaules déshonores-tu mon corps et ma pensée ?

2235. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Le maréchal de Villars — III » pp. 81-102

Dans sa lettre au ministre, il énumère ses raisons : il rappelle qu’il n’est guère propre à servir sous un autre et sous un prince.

2236. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) «  Essais, lettres et pensées de Mme  de Tracy  » pp. 189-209

Mme de Castellane n’a rien oublié de tout cela ; elle se rappelle parfaitement ma mère et sa belle figure pâle, notre salon vert, et mille détails qui m’ont confondue de la part d’une personne qui a tant vécu dans le grand monde et tant vu de choses.

2237. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Histoire du règne de Henri IV, par M. Poirson » pp. 210-230

Un des insignes bonheurs de Henri IV fut (et je parle toujours d’après des contemporains), que Henri III, un peu avant de mourir et depuis son attentat de Blois, dans l’extrémité où il se vit réduit par la révolte des principales villes, eut besoin de lui, fut contraint, au vu et su de toute la France, de capituler avec lui, de le rappeler à son service, d’en faire son bras droit et son chef d’avant-garde.

2238. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Entretiens de Gœthe, et d’Eckermann »

« Je protestai, dit Gœthe, et le personnage fut écarté. » Mérimée qui, entre nos auteurs français du jour, était le favori de Gœthe, était bien pourtant un peu entaché lui-même de cruauté ou du moins de dureté dans ses scènes de passion, dans l’exposé et le récit de certaines horreurs (se rappeler surtout la Guzla) ; mais là encore il se contenait, il ne se laissait jamais entraîner en racontant, et il retraçait ces choses horribles avec sobriété et un parfait sang-froid, comme quelqu’un de neutre et d’impassible ; ce dont Gœthe lui savait gré.

2239. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Corneille. Le Cid (suite.) »

A une reprise du Cid qui se fit depuis la disparition de Rachel, le seul acteur qu’on ait rappelé, c’est celui qui jouait don Diègue (Maubant) : c’est lui qui fit le plus d’impression.

2240. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Madame Roland, ses lettres à Buzot. Ses Mémoires. »

Il y a dans les discours de Mirabeau des allusions, des citations heureuses de l’Antiquité, mais ce ne sont que des mots rapides ; je n’en rappellerai qu’un, entre autres, des plus retentissants, et dont l’écho remplit encore notre oreille.

2241. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Essai de critique naturelle, par M. Émile Deschanel. »

Voyez, rappelez-vous ce qui est arrivé.

2242. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Maurice comte de Saxe et Marie-Joséphine de Saxe dauphine de France. (Suite et fin.) »

Le maréchal de Saxe me rappelle, par quelques-uns des traits qu’on vient de lire, le sacrifice d’Amélie au pied des autels dans René.

2243. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Le Général Franceschi-Delonne : Souvenirs militaires, par le général baron de Saint-Joseph. »

Lorsque je me trouvai sur ce fleuve, ses bords escarpés et menaçants, l’ombre qui en descendait et se projetait sur ses vastes contours, sa marche lente et silencieuse, sa profondeur qui rembrunissait ses ondes, me rappelèrent l’Achéron des anciens ; la rame de notre nocher, debout à l’angle du bac, sa barbe épaisse, ses rides, son front sourcilleux, prêtaient plus de vraisemblance à cette illusion.

2244. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Lamartine — Lamartine »

Puis la nacelle est devenue une barque plus hardie, plus confiante aux étoiles et aux larges eaux : le rivage s’est éloigné et a blanchi à l’horizon ; mais de la rade on y revenait encore, on y recueillait encore de tendres ou cruels vestiges ; on y voyait à chaque approche comme plusieurs phares scintillants qui vous rappelaient : c’était trop s’éloigner ou trop souvent revenir.

2245. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Pierre Corneille »

Je ne sais si je m’abuse, mais je crois déjà voir en cette nature sensible, résignée et sobre, une naïveté attendrissante qui me rappelle le bon Ducis et ses amours, une vertueuse gaucherie pleine de droiture et de candeur comme je l’aime dans le vicaire de Wakefield ; et je me plais d’autant plus à y voir ou, si l’on veut, à y rêver tout cela, que j’aperçois le génie là-dessous, et qu’il s’agit du grand Corneille15.

2246. (1862) Cours familier de littérature. XIII « LXXVe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins (6e partie) » pp. 129-176

La démocratie avait besoin d’une gloire qui rayonnât à jamais d’un nom d’homme sur son berceau : Robespierre ne lui rappelait qu’une grande constance et un grand remords.

2247. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre I. Renaissance et Réforme avant 1535 — Chapitre II. Clément Marot »

En 1529 Budé, dans une de ses Préfaces, rappelait au roi qu’il avait à doter une fille pauvre, la philologie : qu’il avait promis d’orner sa capitale d’une sorte de musée où les deux langues grecque et latine seraient enseignées, où des savants en nombre illimité trouveraient « un entretien convenable et les loisirs nécessaires ».

2248. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre II. La première génération des grands classiques — Chapitre II. Corneille »

Elle rappelle, si l’on veut, Machiavel et ses Discours sur Tite-Live : elle poursuit, non pas l’exacte restitution et l’explication certaine du passé, mais l’établissement de certaines maximes dont le présent peut faire son profit, à l’aide des exemples que le passé fournit.

2249. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre III. Les grands artistes classiques — Chapitre II. Boileau Despréaux »

Rappelons-nous que Flaubert refusait d’en médire : il reconnaissait en Despréaux un artiste, un maître qui avait égalé son exécution à son intention.

2250. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre IV. Les tempéraments et les idées (suite) — Chapitre IV. Le patriarche de Ferney »

Un coupable lui rappelle les autres ; et sur chaque grief nouveau il repasse toutes ses vieilles rancunes.

2251. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « La jeunesse du grand Condé d’après M. le duc d’Aumale »

Vous vous rappelez les commencements de l’action ?

2252. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre quatrième »

Quand on lit les Poésies légères, on ne se rappelle rien de meilleur et l’on ne regrette rien.

2253. (1920) La mêlée symboliste. I. 1870-1890 « Les poètes décadents » pp. 63-99

Rappelons-nous les polémiques de Ronsard et de Grévin, celles de Boileau et de l’abbé Cottin, de Voltaire et de l’abbé Desfontaines.

2254. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre IV, Eschyle. »

La plupart n’ont laissé que des strophes éparses, des phrases inachevées ou insignifiantes qui rappellent ces sons confus dénués de mémoire et presque de sens, que les Ombres échangent au bord du Le thé.

2255. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Huet, évêque d’Avranches, par M. Christian Bartholmèss. (1850.) » pp. 163-186

Halley, professeur de belles-lettres et d’éloquence ; il trouva un maître élevé et profond en philosophie dans le père Mambrun, qui le poussa d’abord à l’étude des mathématiques, d’où il eut peine ensuite à le rappeler à la philosophie même.

2256. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Gil Blas, par Lesage. (Collection Lefèvre.) » pp. 353-375

Rappelons-nous Candide : Pangloss peut être un cousin, mais ce n’est pas le frère de Gil Blas.

2257. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Madame Émile de Girardin. (Poésies. — Élégies. — Napoline. — Cléopâtre. — Lettres parisiennes, etc., etc.) » pp. 384-406

Représentez-vous à une grande soirée de la duchesse de Duras, ou mieux à une brillante matinée du château de Lormois, chez la duchesse de Maillé, en plein soleil d’été, cette enfant rieuse, avec sa profusion de cheveux blonds et ce luxe de vie qui donne la joie, échappée dans le parc, bondissant et courant, puis rappelée tout à coup, et dans le plus élégant des salons, devant le plus recherché des mondes, récitant des vers d’un air grave, avec un front d’inspirée, un profil légèrement accusé de Muse antique, avec un timbre de voix précis et sonore, récitant ou un chant de Madeleine, ou son élégie (tant de fois refaite) sur Le Bonheur d’être belle, et dites s’il n’y avait pas de quoi rendre les armes et de quoi être ébloui.

2258. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Mademoiselle de Scudéry. » pp. 121-143

Ce tableau que nous fait Conrart de la première éducation de Mlle de Scudéry, nous rappelle tout à fait la première éducation de Mme de Genlis en Bourgogne, et je dirai dès l’abord qu’à l’étudier de près comme je viens de faire, Mlle de Scudéry me paraît avoir eu beaucoup de Mme de Genlis, en y joignant la vertu.

2259. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Lettres et opuscules inédits du comte Joseph de Maistre. (1851, 2 vol. in-8º.) » pp. 192-216

Il avait un axiome souvent présent à l’esprit pour se tempérer dans ses hardiesses, c’était un mot de Platon et de Cicéron : « N’entreprends jamais dans l’État plus que tu ne peux persuader. » « Si j’étais ministre, disait-il,  au milieu d’une nation qui ne voudrait pas des Jésuites, je ne conseillerais point au souverain de les rappeler, malgré mon opinion qui leur est favorable. » Voilà, ce me semblea, bien de la modération ; mais tout aussitôt il définit une nation, la réunion seule du souverain et de l’aristocratie.

2260. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Madame Necker. » pp. 240-263

Henri IV et Marie de Médicis sont un exemple malheureux à rappeler à propos d’amour et de fidélité conjugale.

2261. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Mémoires de Marmontel. » pp. 515-538

On remarquera que Marmontel, dans ses Mémoires, aime assez à mettre des discours, à se rappeler ceux qu’il a tenus dans certaines circonstances, et à les refaire ; mais il n’y réussit pas toujours également : il faut, pour cela, qu’il s’y mêle, comme dans le cas précédent, une pointe de parodie et de gaieté.

2262. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Beaumarchais. — II. (Suite.) » pp. 220-241

[NdA] Ce riant et ce brillant de peinture me rappelle le joli passage de Plaute (Truculentus, acte II, scène iv) : …………………………… Ver vide : Ut tota floret !

2263. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre sixième. La volonté — Chapitre premier. Existence de la volonté »

Rappelons-nous d’abord que nos sensations, nouvelles au moment où elles se produisent, ne demeurent point détachées dans la conscience : elles y deviennent aussitôt parties d’une seule sensation totale et en quelque sorte massive, répondant à l’état total de notre organisme.

2264. (1888) Préfaces et manifestes littéraires « Histoire » pp. 179-240

Il rappellera comment, par les exigences de leur toute-puissance, par les lâchetés et les agenouillements qu’elles obtinrent autour d’elles d’une petite partie de cette noblesse, ces trois femmes anéantirent dans la monarchie des Bourbons ce que Montesquieu appelle si justement le ressort des monarchies : l’honneur ; comment elles ruinèrent cette base d’un état qui est le gage du lendemain d’une société : l’aristocratie ; comment elles firent que la noblesse de France, celle qui les approchait aussi bien que celle qui mourait sur les champs de bataille, et celle qui donnait à la province l’exemple des vertus domestiques, enveloppée tout entière dans les calomnies, les accusations et les mépris de l’opinion publique, arriva comme la royauté, désarmée et découronnée, à la révolution de 1789.

2265. (1899) Esthétique de la langue française « Le cliché  »

Nous vîmes au Jardin des plantes une jeune girafe dont l’air mélancolique rappelait le dulces reminiscitur Argos. » Quelles sont les sources des clichés ?

2266. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre premier. La solidarité sociale, principe de l’émotion esthétique la plus complexe »

Rappelons que la perte de la vue peut déranger l’équilibre général de l’organisme et altérer les centres nerveux : elle produit fréquemment l’aliénation mentale ; des individus, qui étaient devenus ainsi aliénés en perdant la vue, recouvrèrent la raison après avoir recouvré la vue par une opération.

2267. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre III : La science — Chapitre II : De la méthode expérimentale en physiologie »

Quant à la réduction possible et ultérieure de tous les phénomènes vitaux aux phénomènes physico-chimiques, je me contenterai de rappeler que, suivant M. 

2268. (1694) Des ouvrages de l’esprit

On a dû faire du style ce qu’on a fait de l’architecture ; on a entièrement abandonné l’ordre gothique que la barbarie avait introduit pour les palais et pour les temples ; on a rappelé le dorique, l’ionique et le corinthien : ce qu’on ne voyait plus que dans les ruines de l’ancienne Rome et de la vieille Grèce, devenu moderne, éclate dans nos portiques et dans nos péristyle.

2269. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Le Prince » pp. 206-220

En effet parmi tant de figures qui font si bien sur la toile, combien s’en rappelle-t-on qui pussent soutenir le marbre ?

2270. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Loutherbourg » pp. 258-274

Le livret annonce d’autres morceaux sous le même numéro 130, mais je ne me les rappelle pas.

2271. (1759) Réflexions sur l’élocution oratoire, et sur le style en général

Mais passons un moment du sacré au profane, et donnons encore un exemple des avantages de la simplicité d’expression, pour rendre avec autant de vérité que d’énergie les idées nobles ou pathétiques ; rappelons-nous de quelle manière Virgile dépeint Orphée, seul avec sa douleur sur le rivage de la mer, pleurant sa chère Euridice depuis la naissance jusqu’au déclin du jour.

2272. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Nisard » pp. 81-110

X Du reste, ce triste livre, sans esprit, sans critique, sans moralité, mais écrit en anglais contre l’un des plus beaux génies de l’Angleterre, nous en a rappelé un autre, mais écrit en français, celui-là, qui nous montre un Byron plus vrai.

2273. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « V. M. Amédée Thierry » pp. 111-139

Puisque nous avons parlé de son Attila, rappelons que ce fut à propos de cet homme si effroyablement providentiel, de ce Marteau de Dieu sur le manche duquel l’historien, et surtout quand il est chrétien, doit montrer le serrement de la main divine, que nous avons soulevé contre M. 

2274. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « I — L’art et la sexualité »

Panizza, après avoir rappelé la vieille opinion des Jésuites et des Théologiens « que le sperme viril non utilisé profite au cerveau », et après avoir reconnu que cette opinion était insoutenable de nos jours, ajoute : « Il ne s’agit pas d’une transmigration, mais d’une propagation nerveuse vers le cerveau, de l’excitation causée par l’inhibition sexuelle ».

2275. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXVIII. Des obstacles qui avaient retardé l’éloquence parmi nous ; de sa renaissance, de sa marche et de ses progrès. »

On sait que les langues anciennes avaient une foule de mots qui exprimaient, non point des idées, mais le rapport des idées qui précédaient avec celles qui devaient suivre ; des mots qui serpentaient à travers la marche du discours pour en rapprocher toutes les parties et en faire la liaison et le ciment, rappelaient par un signe la phrase qui était écoulée, appelaient celle qui devait naître, remplissaient les intervalles, animaient, vivifiaient, enchaînaient tout, et donnaient à la fois, au corps du discours, de l’unité, du mouvement et de la souplesse.

2276. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Deuxième partie. — Chapitre XXIV. »

ne me condamnez pas à gémir ici, comme dans une serre se flétrit, enfermée entre des verres qui la réchauffent, la plante désormais stérile d’un autre climat. » Cet impérieux souvenir de la patrie, cet amour du soleil rappelait Heredia.

2277. (1814) Cours de littérature dramatique. Tome I

Ce fut là qu’il apprit à juger les chefs-d’œuvre de notre scène, et les grands acteurs qui en étaient les dignes interprètes : Le Kain et Préville, mesdemoiselles Duménil et Clairon n’avaient pas dès lors d’appréciateur plus éclairé ; et dans les notices que Geoffroy nous a laissées, il n’a eu besoin que de rappeler les souvenirs de sa jeunesse : il ne faut donc pas s’étonner si son goût était quelquefois si délicat et si sévère, et s’il s’est montré souvent injuste envers notre grand tragédien. […] Si nous déplorons aujourd’hui les persécutions dont Geoffroy fut la victime en 1791, si nous voyons un maire de village lui permettre à peine d’enseigner à lire à des enfants, on se rappelle encore qu’en 1815 un autre maire de village fit chasser de sa commune un honnête professeur, comme un partisan de l’homme de Sainte-Hélène ; il n’en doutait pas, puisque ce savant avait depuis longtemps, disait-il, la réputation d’un profond helléniste. […] La fourberie de Thersite comme la dissimulation d’Ulysse sont fort à la mode ; on ne peut s’empêcher de rappeler à bien des gens les deux vers suivants : À l’oubli du public un écrivain s’expose Quand, libéral en vers, il ne l’est plus en prose. […] Quand les Romains furent maîtres du monde, ils se rappelaient avec une espèce de honte leurs premiers combats, leurs premiers triomphes pour de misérables hameaux. […] Fouquet, dont le château était dans son voisinage, pour lui rappeler le souvenir d’une certaine pièce de vers qu’il avait faite à sa louange.

2278. (1906) L’anticléricalisme pp. 2-381

Descartes, en 1660, n’est pas assez loin pour qu’on ne se rappelle pas tout cela. Mais à mesure qu’il s’éloigne et recule dans le passé, ce qu’on se rappelle plus distinctement et peu à peu uniquement ; d’abord parce que c’est en quoi il se distingue nettement de l’enseignement religieux traditionnel, et ce à quoi il a attaché son nom ; ensuite parce que c’est une idée très simple, très précise et très accessible au moindre esprit ; ce qu’on se rappelle plus distinctement et peu à peu uniquement, c’est sa méthode et le premier principe de sa méthode : il ne faut croire qu’à ce qui est absolument évident à l’esprit et ensuite à ce qui, par raisonnements justes, s’appuie sur cette première évidence. […] Le gouvernement français fut cassant, brusqua les choses, rappela l’ambassadeur français et remit ses passeports au nonce. […] Le temps n’est plus où, confondant « Rome et la France », selon l’esprit bismarckien, un inspecteur prussien disait aux instituteurs : « On fêtera l’anniversaire de Sedan en souvenir de ceux qui sont tombés pour l’unité allemande ; on le fêtera pour rappeler que l’empire a devant lui dans la Papauté un second ennemi héréditaire » (1882). […] J’ai discuté plus haut, avec le plus grand sérieux, cette plaisanterie, et je n’y reviens que pour rappeler que personne n’en peut être dupe, non pas même ceux qui en sont les auteurs, s’il n’y a pas à dire plutôt que surtout ceux qui en sont les auteurs n’en peuvent croire un mot.

2279. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLIVe entretien. Examen critique de l’Histoire de l’Empire, par M. Thiers » pp. 81-176

Elle s’appliquait même à faire naître chez eux un genre d’illusion auquel ils se prêtaient volontiers : c’est qu’au fond le général Bonaparte n’attendait qu’une occasion favorable pour rappeler les Bourbons et leur rendre un héritage qui leur appartenait. […] Elle se rappelait à ce sujet la singulière prédiction d’une femme, espèce de pythonisse alors en vogue, qui lui avait dit : “Vous occuperez la première place du monde, mais pour peu de temps.”

2280. (1861) Cours familier de littérature. XII « LXXe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins » pp. 185-304

Tu auras vu des rois légitimes, héritiers d’un juste décapité, rappelés de l’exil au trône, rapporter la paix, la liberté, la libération du territoire ; adopter ce qu’il y avait de juste dans la révolution ; rétablir la souveraineté représentative du peuple ; faire prospérer leur pays sous la sauvegarde de tous les droits équitablement pondérés ; y faire fleurir l’éloquence de la tribune et de la presse, cette royauté de l’intelligence de niveau avec la royauté du sang ; présider du haut d’un trône populaire à une véritable renaissance de tous les arts de l’esprit, de toutes les industries de la paix ; tu les auras vus, frappés par les armes mêmes qu’ils avaient remises à la nation, odieusement accusés des désastres que leur présence venait réparer, et chassés du trône, d’exil en exil, par l’ingratitude de la liberté. […] Dupont (de l’Eure), type d’honneur démocratique, qui était ministre à cette époque, m’a bien souvent rappelé cette lettre et cette démission, qui l’avaient frappé, pendant que nous étions ensemble, et dans un même esprit de résistance aux excès populaires, à la tête de la république, en 1848.

2281. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre huitième »

Elle se jette aux pieds de Pyrrhus, elle lui rappelle ses serments d’amitié : amitié, mot qui lui en épargne un autre ; elle s’excuse d’un reste de fierté ; enfin, la femme venant encore au secours de la mère, elle rend malgré elle quelque espoir à Pyrrhus. […] Le chœur, introduit par Salomith, chante la grandeur et la bonté de Dieu ; il en rappelle les preuves les plus éclatantes, et il vient en aide à Joad, en achevant de raffermir la foi d’Abner et en relevant le courage de Josabeth.

2282. (1896) Journal des Goncourt. Tome IX (1892-1895 et index général) « Année 1893 » pp. 97-181

J’aurais voulu rappeler à Bauër, dans une conversation sur la mort, entre Zola, Daudet, Tourguéneff, la mention d’un certain brouillard habitant les cervelles du Nord, le brouillard slave, selon l’expression de Tourguéneff, et dont il disait : « Ce brouillard a quelque chose de bon pour nous : il a le mérite de nous dérober à la logique de nos idées, à la poursuite de la déduction. — Brouillard tout à fait contraire à la fabrication de notre théâtre, fait de clarté, de logique, d’esprit. […] Ce tableau, voyez-vous, me rappelle un souvenir d’allégement, de délivrance, de bonheur. » Et de la collection du baron d’Ivry, il est amené à me parler de la belle collection de livres provenant du prince de Poix et de sa mère, qui était une bibliophile passionnée : collection qui fut brûlée, lors de l’incendie du Pantechnicon à Londres.

2283. (1902) Les poètes et leur poète. L’Ermitage pp. 81-146

Il est resté l’ami préféré de ma pensée ; la flamme de ses vers est tellement mêlée à ma vie, à ma jeunesse, à mes amours, à mes cris de liberté que je l’aime comme moi-même, et que je ne puis remonter le cours de mes années sans me rappeler, à chaque aurore, l’attrait divin de ses poésies. […] Pour terminer, il serait bon de rappeler à MM. les Naturistes qu’ils sont toujours en retard… Il y a belle lurette (en 1893) que les dénommés Symbolistes ont célébré Hugo, comme il convenait.

2284. (1932) Les deux sources de la morale et de la religion « La religion dynamique »

Mais il n’y avait là, probablement, que des idées importées toutes faites de l’étranger : on sait à quel point l’Égypte avait toujours été préoccupée du sort de l’homme après la mort, et l’on se rappelle le témoignage d’Hérodote, d’après lequel la Déméter des mystères éleusiniens et le Dionysos de l’orphisme auraient été des transformations d’Isis et d’Osiris. […] Rappelons seulement que l’observation, par les sens et par la conscience, des faits normaux et des états morbides nous révèle l’insuffisance des explications physiologiques de la mémoire, l’impossibilité d’attribuer la conservation des souvenirs au cerveau, et d’autre part la possibilité de suivre à la trace les dilatations successives de la mémoire, depuis le point où elle se resserre pour ne livrer que ce qui est strictement nécessaire à l’action présente, jusqu’au plan extrême où elle étale tout entier l’indestructible passé : nous disions métaphoriquement que nous allions ainsi du sommet à la base du cône.

2285. (1714) Discours sur Homère pp. 1-137

Il peint ensuite l’extremité où sont les grecs, et le besoin pressant qu’ils ont de son secours ; il lui rappelle les avis tendres que Pélée lui donna à son départ ; conseils qu’Achille a malheureusement oubliés ; mais dont il est tems de réparer l’oubli, en cédant aux offres d’Agamemnon. […] Il rappelle tout ce qu’il a fait pour les grecs, et se compare avec quelque étenduë à un oiseau qui s’expose à tous les dangers pour ses petits. […] Il rappelle au héros les soins qu’il a pris de son enfance ; il le conjure par l’exemple des dieux de laisser désarmer sa colere, et il se jette à ses pieds pour achever de l’attendrir.

2286. (1932) Les deux sources de la morale et de la religion « L’obligation morale »

On se rappelle le garde forestier dont parle Kipling, seul dans sa maisonnette au milieu d’une forêt de l’Inde. […] On se rappelle la description de Lucrèce : l’illusion porte seulement ici sur les qualités de l’objet aimé, et non pas, comme l’illusion moderne, sur ce qu’on peut attendre de l’amour. […] Rappelons-nous le ton et l’accent des prophètes d’Israël.

2287. (1891) Esquisses contemporaines

Qu’on se rappelle, pour comprendre ce que je veux dire, le récit de la tempête sur les côtes de Chine, ou la description de la vie de bord dans les grandes mers australes. […] Mais il est dangereux de les renouveler trop souvent sans leur donner un contrepoids, dangereux surtout de les rappeler sans cesse et d’y vivre toute une vie. […] Disciple de Balzac, il rappelle le maître, avec l’étendue de son horizon et l’impassibilité de son génie en moins, et, en plus, je ne sais quelle inquiétante divination des instincts sensuels et de leur rôle dans la formation des sentiments. […] Je n’ai pas lu les deux romans que vous venez de nommer (Adolphe, Manon), mais le Werther de Goethe, mais le Rolla de Musset, je me les rappelle. […] Paul parle, non de son inspiration, mais des révélations qu’il a reçues, ce qui, je n’ai pas besoin de le rappeler, est fort différent… De sorte que nous avons ici une croyance fondamentale de l’orthodoxie qui ne peut s’appuyer sur l’Écriture et qui est strictement extrabiblique. » Quant au témoignage du Saint-Esprit, il ne prouve pas ce qu’on voudrait lui faire prouver, parce qu’il ne s’applique pas à l’objet auquel on voudrait l’appliquer.

2288. (1861) Questions d’art et de morale pp. 1-449

À des époques déjà reculées, la poésie et la philosophie de l’Inde avaient atteint ce raffinement, cette subtilité, qui, en tenant compte des lois imprescriptibles du génie oriental, rappellent les plus fines dépravations de goût de notre dix-huitième siècle. […] Un rapprochement qu’il serait intéressant de poursuivre naît tout d’abord à l’esprit à propos de l’Antigone : ce poème en prose rappelle l’œuvre la plus populaire de Fénelon, le Télémaque. […] Par le mélange de la discussion et des poétiques ornements, sa parole nous rappelle les grâces sévères des dialogues de Platon. […] L’imagination de l’artiste diffère essentiellement de la simple capacité de percevoir et de se rappeler des images ; elle est active, elle est créatrice. […] Les figures poétiques sont de plusieurs espèces ; mais elles ont toutes cela de commun, qu’elles rappellent à l’esprit un être matériel, vivant, animé, comme signe d’une idée.

2289. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Gui Patin. — II. (Fin.) » pp. 110-133

Flourens dans le Journal des savants (novembre et décembre 1847) ; — et aussi on se rappelle involontairement cet incomparable discours, dans Le Malade imaginaire, lorsque M. 

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