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1615. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Le maréchal de Villars — II » pp. 57-80

Sans compter les marques de satisfaction publique, la première fois qu’il reverra Villars, deux ou trois mois après, il lui dira ces belles paroles : Je suis autant Français que roi ; ce qui ternit la gloire de la nation m’est plus sensible que tout autre intérêt. […] Il est de votre intérêt, pour la conserver, de faire en sorte que le mouvement que vous avez fait ne porte aucun préjudice à la situation heureuse dans laquelle vous avez mis mes affaires.

1616. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Lamennais — L'abbé de Lamennais en 1832 »

Encore la masse scolastique du clergé et la coterie intrigante, ce qui tenait à la Sorbonne défunte ou à l’antichambre, se mit à s’effrayer, et, par intérêt ou routine, mitigea singulièrement ses précédents éloges, s’acheminant peu à peu à les rétracter. […] M. de La Mennais s’y élève déjà contre l’indifférence glacée qui ne prend plus même à la religion assez d’intérêt pour la combattre : « Aujourd’hui, » dit-il, « il en est des vérités les plus importantes comme de ces bruits de ville, dont on ne daigne même pas s’informer. » C’est au matérialisme philosophique qu’il rapporte particulièrement ces effets, et il en poursuit la source chez M. de Voltaire, chez M. de Condillac et jusque chez M.

1617. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. EUGÈNE SUE (Jean Cavalier). » pp. 87-117

Latréaumont, à titre de roman, a de l’intérêt et de l’action : le talent dramatique de M. […] L’intérêt se trouve, en avançant, un peu disséminé.

1618. (1858) Cours familier de littérature. V « XXVIIIe entretien. Poésie sacrée. David, berger et roi » pp. 225-279

Nous confessons que la vie du prophète berger et du poète roi dans la Bible est par elle-même un poème mille fois plus riche en aventures, en pittoresque, en intérêt, en pathétique, en drame, que l’Iliade. […] XXI Maintenant, pour nous faire une idée juste de ce qu’est la poésie lyrique, écoutons chanter dans un même homme d’abord ce pauvre petit berger des montagnes de Bethléem ; puis cet adolescent armé de sa fronde, libérateur de son pays ; puis ce musicien favori de Saül assoupissant avec sa harpe les convulsions d’esprit de son roi ; puis ce proscrit cherchant asile dans les cavernes de Moab ; puis ce chef de bande et de parti courant les aventures sur les frontières de la Judée ; puis ce roi choisi par les prêtres et acclamé par le peuple pour éteindre la race de Saül et pour fonder sa propre dynastie ; puis ce souverain exalté par sa haute fortune, ne refusant rien à ses intérêts ni à ses amours, et ternissant ainsi sa vieillesse après avoir couvert d’innocence et de gloire ses jeunes années ; puis le vieillard puni, repentant, rappelé à Dieu par l’extrémité de ses châtiments, et convertissant encore ses sanglots en cantiques pour fléchir et pour attendrir son juge là-haut.

1619. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XIII. La littérature et la morale » pp. 314-335

La vie débraillée, hasardeuse, débauchée se rencontre plus fréquemment parmi les nobles, les peintres, les gens de lettres que dans un milieu de commerçants qui ont un intérêt trop puissant à être prudents et rangés. […] Si l’on admet que l’art doive être « fainéant », comme dit Victor Hugo, si l’on veut qu’il ressemble aux lys des champs, qui ne travaillent ni ne filent et sont pourtant velus de splendeur, si l’on exige qu’il plane, indifférent et superbe, au-dessus des vils intérêts humains, sans avoir ni patrie, ni religion, ni préférence politique ou philosophique, on supprime, on retranche de la littérature plusieurs genres qui comptent pourtant plus d’un chef-d’œuvre.

1620. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Mirabeau et Sophie. — I. (Dialogues inédits.) » pp. 1-28

Quelque intérêt que j’eusse à les ménager, je leur fis sentir plus d’une fois que je commençais à être bien vieux pour avoir tant de Mentors, et qu’un homme de mon âge, qui a toujours vécu dans les grandes villes, pouvait supporter, sans en être étourdi, le tumulte de Pontarlier. […] La marquise trouve moyen d’attaquer Mirabeau sur le chapitre de la Belinde, et celui-ci se défend, en homme de bonne compagnie, de l’avoir jamais aimée : Veuillez m’en croire, Madame la marquise, si vous en exceptez un petit nombre de moments qui sont bien courts quand aucun intérêt ne les précède et ne les suit, j’y ai trouvé beaucoup d’ennui ; mais je n’y restais pas autant que vous l’avez pu penser.

1621. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Études sur Saint-Just, par M. Édouard Fleury. (2 vol. — Didier, 1851.) » pp. 334-358

Nommé lieutenant-colonel de la garde nationale de Blérancourt, et l’un des meneurs du pays, il s’exerçait à la parole dans les questions d’intérêt local ; mais par goût il la faisait toujours laconique et brève. […] Elles arriveraient à la maturité peut-être, et là, se surmontant à force de travail par des motifs d’intérêt personnel plus puissants et mieux compris, elles deviendraient utilement applicables à la société, qu’elles bouleversent autrement, qu’elles ravagent et qu’elles déshonorent.

1622. (1913) Essai sur la littérature merveilleuse des noirs ; suivi de Contes indigènes de l’Ouest-Africain français « Essai sur la littérature merveilleuse des noirs. — Chapitre II. Le fond et la forme dans la littérature indigène. »

Tout en indiquant les procédés d’intérêt dont ils usent le plus volontiers, nous signalerons les ressemblances de ces procédés avec ceux que les Indo-Européens emploient et nous constaterons au passage de très nombreuses ressemblances. […] Cet élément d’intérêt dramatique est — nous l’avons déjà dit — remplacé par la haine des co-épouses entre elles ou des marâtres contre les enfants d’un autre lit.

1623. (1767) Sur l’harmonie des langues, et en particulier sur celle qu’on croit sentir dans les langues mortes

Ils ne pourraient l’être que par des hommes qui ont le même intérêt qu’eux à prôner l’objet de leur étude et de leur culte. […] Mais chacun entend comme il peut ses intérêts.

1624. (1896) Matière et mémoire. Essai sur la relation du corps à l’esprit « Résumé et conclusion »

Précisément parce qu’il attribue à la conscience, dans la perception, un rôle spéculatif, de sorte qu’on ne voit plus du tout quel intérêt cette conscience aurait à laisser échapper entre deux sensations, par exemple, les intermédiaires par lesquels la seconde se déduit de la première. […] L’intérêt d’un être vivant est de saisir dans une situation présente ce qui ressemble à une situation antérieure, puis d’en rapprocher ce qui a précédé et surtout ce qui a suivi, afin de profiter de son expérience passée.

1625. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre XI. »

Quant à la grandeur passive du Prométhée enchaîné, quant à la fiction qui forme l’intérêt de ce drame immobile, nous n’avons rien à conjecturer : « l’œuvre originale est sous nos yeux ; et il nous est donné de sentir, dans cette œuvre extraordinaire, à la fois l’enthousiasme de l’hiérophante et la raison élevée du philosophe. […] Quel intérêt n’aurait pas pour nous, postérité lointaine, un témoignage décerné à l’historien Hérodote par ce même Sophocle, dont Thucydide a cité le nom dans les incidents de la guerre du Péloponèse, sans paraître même penser à son génie poétique !

1626. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Béranger — Note »

. — Mais je vous ennuie de mes nouvelles : pour moi, puisque je sais que vous êtes assez bon pour y prendre intérêt, je travaille ; mais le labeur s’allonge, et j’en sortirai lentement.

1627. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « PENSÉES » pp. 456-468

Quand nous intervenons, nous d’une génération déjà autre, au milieu des jeunes gens avec nos souvenirs, nous faisons plus ou moins l’effet de Nestor revenant avec ses éternels combats des Épéens et des Pyliens, au moment le plus intéressant de l’action entre les Troyens et les Grecs, et coupant l’intérêt qui ne demande qu’Achille et qu’Hector.

1628. (1874) Premiers lundis. Tome II « Thomas Jefferson. Mélanges politiques et philosophiques, extraits de ses Mémoires et de sa correspondance, avec une introduction par M. Conseil — II »

Ceux-ci, en effet, tout échauffés, tout aigris encore de la lutte contre l’infâme, adoptent en morale le principe de l’intérêt, et leur théologie se borne à une négation sèche ou au scepticisme railleur qui ne vaut pas mieux.

1629. (1874) Premiers lundis. Tome II « E. Lerminier. De l’influence de la philosophie du xviiie  siècle sur la législation et la sociabilité du xixe . »

que j’aime mieux cet intérêt nuancé de charme, cette sobriété ingénieuse et fine, cette parcimonie mordante, avec lesquelles M. 

1630. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Note sur les éléments et la formation de l’idée du moi » pp. 465-474

Il y avait en moi un être nouveau et une autre partie de moi-même, l’être ancien, qui ne prenait aucun intérêt à celui-ci.

1631. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre III. Les tempéraments et les idées — Chapitre I. Un retardataire : Saint-Simon »

Mais le duc d’Orléans l’aimait et l’estimait : Saint-Simon fut appelé au conseil de Régence ; son rôle n’y fut important que dans les circonstances où ses rancunes servaient les idées ou les intérêts du gouvernement, dans la substitution des conseils aux ministres, dans la déchéance des princes légitimés.

1632. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre I. La littérature pendant la Révolution et l’Empire — Chapitre I. Influence de la Révolution sur la littérature »

Ses Révolutions de France et de Brabant, son Histoire des Brissotins, son Vieux Cordelier, ses lettres offrent un intérêt littéraire qu’on trouve rarement parmi les écritures de ce temps-là.

1633. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre III. Le naturalisme, 1850-1890 — Chapitre IV. La comédie »

Mais ce n’est pas pour mettre à l’aise le matérialisme bourgeois qui fait passer l’intérêt et l’argent avant tout : contre ce qu’on pourrait appeler le scribisme, contre l’immoralité décente des classes moyennes, il maintient la nécessité de fonder le mariage sur l’amour.

1634. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre XI. Trois bons médanistes : Henry Céard, Joris-Karl Huysmans, Lucien Descaves » pp. 145-156

Qu’importe, et quel intérêt ?

1635. (1920) La mêlée symboliste. I. 1870-1890 « Les petites revues » pp. 48-62

Il y a souvent plus d’intérêt à les feuilleter qu’à parcourir les grosses publications du temps.

1636. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « Conclusions » pp. 169-178

Un photographe célèbre édite et met en circulation un album que l’on s’arrache et où figurent in naturalibus nos lutteurs en renom, soufflés de graisse, véritables mastodontes, chaos de chairs informes, aux mamelles de nourrice et gratifiés pour la plupart de faces bestiales, dont le seul intérêt est de nous démontrer que la culture physique ne suffit point pour donner à ses adeptes le profil d’un Apollon.

1637. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XV » pp. 175-187

Il étendit à tous les intérêts publics son attention, son pouvoir et son influence.

1638. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Corneille, et le cardinal de Richelieu. » pp. 237-252

Et d’où vient en effet cet intérêt si vif & si tendre qu’on prend à Zaïre ?

1639. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Première Partie. Des Langues Françoise et Latine. — L’orthographe, et la prononciation. » pp. 110-124

Les honnêtes gens, qui ne prenoient aucun intérêt à cette contestation, rirent beaucoup des prétentions de l’un & de l’autre.

1640. (1856) Cours familier de littérature. I « IIe entretien » pp. 81-97

C’est cet inventaire que j’entreprends de parcourir avec vous, non par ordre de date, ce qui serait trop fastidieux, mais par catégorie de chefs-d’œuvre, ce qui nous permettra de passer d’un peuple à l’autre, et de l’antiquité à nos jours, avec une diversité de temps, de sujets et d’écrivains, qui soutiendra l’intérêt dans cette étude.

1641. (1767) Salon de 1767 « Les deux académies » pp. 340-345

J’en connais tout l’avantage ; mais on ne suit pas notre talent par intérêt.

1642. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Rome et la Judée »

Malgré l’extraordinaire grandeur des faits qui y sont retracés et dont l’intérêt vient d’eux-mêmes, il est, littérairement et de pensée, d’une pauvreté désolante, et les livres pauvres sont au-dessous des livres mauvais.

1643. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « De Cormenin (Timon) » pp. 179-190

Il n’y a donc qu’à la Restauration que l’intérêt commence à poindre, puisque l’auteur a vécu sous la Restauration comme sous la monarchie de Juillet.

1644. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Tourgueneff »

Eh bien, nous demandons s’il est permis de toucher à cette idée, de la modifier, de la changer, de la remplacer par une autre au gré de son intérêt, de son caprice ou des besoins quelconques de sa personnalité de traducteur ?

1645. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « I. Saint Thomas d’Aquin »

La gloire de celui qui fut appelé l’Ange de l’école, son influence inouïe sur un temps où la foi primait encore la raison, sa préoccupation perpétuelle et absorbante des intérêts de l’Église, et jusqu’à son genre de génie, qui ne fut vraiment original que par sa souveraine certitude et la toute-puissante clarté de son orthodoxie, furent une gloire, une influence, une préoccupation et un génie, essentiellement théologiques.

1646. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « V. Saint-René Taillandier »

Taillandier son train-train de critique ordinaire, et cette partie du livre n’a plus pour noué le même intérêt.

1647. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. de Gères. Le Roitelet, verselets. »

Mais, jeune ou non, éprouvé par le travail ou caressé par l’inspiration facile, qu’il se souvienne du conseil que nous lui donnons en toute sympathie et dans l’intérêt de ses œuvres futures ; il y a deux hommes en lui, — l’homme de la veine et l’homme de la culture ; l’homme de la poésie sentie et l’homme de la poésie ressouvenue.

1648. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Victor de Laprade. Idylles héroïques. »

Ni l’un ni l’autre de ces messieurs n’a l’intérêt profond et la tressaillante émotion des vrais poètes, mais l’ennui (je demande pardon de la vivacité du terme), l’ennui que répand M. de Laprade dans ses poésies est plus pur et tombe de plus haut.

1649. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Ranc » pp. 243-254

Comment ne pas se rappeler tout cet univers qui tourne dans Walter Scott autour de cette conspiration entreprise dans l’intérêt du prince Édouard, et les centaines de personnages s’agitant dans les magnifiques épisodes de cette conspiration manquée, tous sublimes dans leur incroyable variété, les uns ressortant de l’Histoire, les autres ressortant de la vie !

1650. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Deltuf » pp. 203-214

Deltuf, que je ne connais pas, mais que je crois un jeune homme à la jeunesse de certaines touches, appartient à cette génération d’écrivains de tempérament spiritualiste, pour qui les choses n’ont d’autre valeur et d’autre intérêt que ceux que leur donne l’âme humaine, et je lui en fais mon compliment, car ces écrivains-là sont dans la vérité.

1651. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXII. Des panégyriques latins de Théodose ; d’Ausone, panégyriste de Gratien. »

On voit combien ce nom et le souvenir d’une ancienne grandeur en imposaient encore : « L’orateur, dit-il, craint de faire entendre devant les héritiers de l’éloquence romaine, ce langage inculte et sauvage d’au-delà des Alpes, et son œil effrayé croit voir dans le sénat les Cicéron, les Hortensius et les Caton assis auprès de leur postérité pour l’entendre. » Il y a trop d’occasions où il faut prendre la modestie au mot, et convenir de bonne foi avec elle qu’elle a raison ; mais ici il y aurait de l’injustice : l’orateur vaut mieux qu’il ne dit ; s’il n’a point cet agrément que donnent le goût et la pureté du style, il a souvent de l’imagination et de la force, espèce de mérite qui, ce semble, aurait dû être moins rare dans un temps où le choc des peuples, les intérêts de l’empire et le mouvement de l’univers, qui s’agitait pour prendre une face nouvelle, offraient un grand spectacle et paraissaient devoir donner du ressort à l’éloquence : la sienne, en général, ne manque ni de précision, ni de rapidité.

1652. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre quatrième. Du cours que suit l’histoire des nations — Chapitre IV. Trois espèces de jugements. — Corollaire relatif au duel et aux représailles. — Trois périodes dans l’histoire des mœurs et de la jurisprudence » pp. 309-320

La loi toute bienveillante y interroge la conscience, et selon sa réponse se plie à tout ce que demande l’intérêt égal des causes.

1653. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre cinquième. Retour des mêmes révolutions lorsque les sociétés détruites se relèvent de leurs ruines — Chapitre IV. Conclusion. — D’une république éternelle fondée dans la nature par la providence divine, et qui est la meilleure possible dans chacune de ses formes diverses » pp. 376-387

Ces hommes se sont accoutumés à ne penser qu’à l’intérêt privé ; au milieu de la plus grande foule, ils vivent dans une profonde solitude d’âme et de volonté.

1654. (1882) Autour de la table (nouv. éd.) pp. 1-376

Quand le nid est bien chaudement blotti sous le toit, on discute peu, on vit ; c’est-à-dire qu’on lit ensemble et qu’on avance dans l’émotion ou dans l’intérêt sans s’interrompre pour juger. […] Il ne s’agissait plus seulement d’une question de goût, mais d’une question de civilisation sociale, et l’intérêt de celle-ci nous domina au point de nous faire oublier et ajourner la première. […] On ne recherche pas le délit, le crime peut-être, car il est des retours à la vie qui contrarieraient des intérêts cupides ou des passions coupables. […] Armand Baschet avec un intérêt extrême, ainsi que l’appendice charmant de M.  […] J’entends dire que dans l’intérêt de son caractère sa correspondance privée n’eût peut-être pas dû être entièrement publiée.

1655. (1920) Impressions de théâtre. Onzième série

Je ne puis mieux faire, pour vous donner une idée de son contenu, de son ordonnance toute simple, et de l’intérêt qu’il présente, que de transcrire ici la table des matières : « La comédie avant Molière. — Les types de la vieille comédie. […] Et l’ancienne « suivante » ou « nourrice » s’est muée en Nicole, Toinette, Dorine, Martine, figures bien vivantes celles-là, « vraies suivantes bourgeoises, nourries dans la famille et en épousant les intérêts ». […] Le principal et presque l’unique intérêt de ces comédies est donc dans la peinture des caractères. […] Vous voyez l’intérêt de la situation morale, et vous sentez venir la « tempête sous un crâne ». […] Et alors, subissant de nouveau la raison d’État, et de nouveau sacrifiant sa conscience d’homme à l’intérêt public et à son devoir de roi, il proclame sa mère régente ; et, en route pour Pavie !

1656. (1927) Approximations. Deuxième série

Ils auraient tort : ils ne sauraient d’abord prétendre à y trouver plus d’agréments que n’en trouva Marinette elle-même, et ne voient-ils pas l’intérêt qu’en retire le retour à la réalité ? […] Ce qui en effet investit la figure de Claude de son puissant, de son pressant intérêt, c’est que son cas fait affleurer la nappe spéciale que nous offrent aujourd’hui certains sentiments. […] — Déjà pendant nos permissions, dit-il, nous flairions le malentendu ; mais on avait tant d’intérêt à ne pas nous décourager qu’on usait de quelque prudence. […] Et quand je dis que l’intérêt d’Heuland a été le premier mobile de mon intervention, cela n’est pas tout à fait vrai ; le tout premier, c’est cette lettre. […] Il semblait que l’idée de son propre intérêt lui fût tout à fait étrangère.

1657. (1895) Nos maîtres : études et portraits littéraires pp. -360

L’incohérence des fantômes, la diversité des intérêts et des actes, naguère, l’angoissait. […] Chevrillon n’a certes, en tout cas, aucun intérêt pour nous ; et l’on sent que pour M. Chevrillon lui-même il n’a eu d’autre intérêt que de lui fournir un prétexte à exercer sa méthode. […] J’imagine pourtant que l’intérêt de cet ouvrage n’est point dû seulement à la méthode nouvelle qu’on y trouve appliquée. […] Mais alors les faits surnaturels perdent tout intérêt.

1658. (1903) Légendes du Moyen Âge pp. -291

Elle est d’ailleurs excellente et fort pittoresque : même en dehors de l’intérêt qui s’attache à Roncevaux, elle vaut la peine d’être suivie. […] Ce qui est du plus haut intérêt, c’est de voir confirmer par un témoignage arabe, à coup sûr indépendant et de nos histoires et de nos poèmes, l’accord de ceux-ci contre celles-là, sur un point capital, avec la réalité des faits. […] Sans parler de son intérêt propre, cet épisode nous permet de relier le La Sale septuagénaire et jovial au La Sale plus jeune et plus sérieux. […] Cependant ce voyage, dont le but principal a été manqué, n’a pas été dénué de tout intérêt, et j’en veux rappeler quelques impressions, en signalant ce qui pourra être utile à des recherches futures sur cet attrayant sujet. […] Ce qui en fait le plus grand intérêt, c’est que, sous le nom du prince indien Joasaph, l’auteur raconte en réalité l’histoire légendaire du Bouddha, devenu sous sa plume un ascète chrétien converti de l’idolâtrie à la vraie religion par un certain Barlaam.

1659. (1906) La rêverie esthétique. Essai sur la psychologie du poète

S’ils se donnaient l’illusion d’y croire, c’était pour trouver plus d’intérêt à ce jeu d’imagination. […] Je puis les lire avec intérêt, admirer leur ingéniosité, leurs qualités de facture, la justesse, la profondeur de la pensée. […] L’intérêt dramatique du poème devient plus intense ; la suggestion opère avec plus de force : Alerte ! […] Il les étudiera toutes avec un égal intérêt : aucune ne devra être exclue de ses analyses. […] Qu’il s’aperçoive que les hommes existent, qu’il y a d’autres intérêts que les siens, d’autres souffrances que les siennes.

1660. (1856) À travers la critique. Figaro pp. 4-2

Je n’en veux à âme qui vive, je ne jalouse personne, je n’aspire à aucune position, je ne sers aucun intérêt, je ne relève d’aucune coterie mais j’appartiens à une rude maîtresse, la vérité et comme je vais droit devant moi et que chacun lui tourne volontiers le dos, je cours le risque de renverser, ou tout au moins de heurter bien des gens dans mes courses à fond de train à travers la critique. […] M. de Pontmartin reconnaît lui-même que « madame Sand ne voulait ni ne pouvait satisfaire le genre de curiosité et d’intérêt qui s’attachait à ses Mémoires… sans avoir l’air de demander au scandale un succès inutile à son talent et funeste à sa gloire ». […] Fiorentino peut ne pas exister, mais le Constitutionnel existe, et je soutiens que, fût-ce dans un intérêt d’amitié ou par excès de zèle, il ne saurait être permis de répandre de fausses nouvelles, pas plus pour obscurcir une question d’art que dans le but de satisfaire des passions politiques. […] Théodore Pavie, dans la Revue des Deux-Mondes, se livre, de son côté, à une étude d’un intérêt plus palpitant encore c’est un travail sur le Hitopadèsa, recueil de fables hindoues, par le docte Rârâyana, publié (et c’est, je crois, tout l’intérêt du morceau) cinq cents ans après le Pantchatantra. […] Dans ses livres, l’exception humaine revêt un esprit et un corps sous la magie du style ; mais l’homme ne vit pas ; il n’est pas cadavre non plus il est mensonge, système, thèse arbitrairement soutenue dans l’intérêt de certaines idées philosophiques, qui changent avec les conversions multipliées de l’écrivain.

1661. (1881) Le roman expérimental

Il ne met donc plus son intérêt dans l’ingéniosité d’une fable bien inventée et développée selon certaines règles. […] Il faut le déclarer avec netteté : les faibles, en littérature, ne méritent aucun intérêt. […] L’intérêt n’est plus dans l’étrangeté de cette histoire ; au contraire, plus elle sera banale et générale, plus elle deviendra typique. […] Une page d’une vie humaine, et c’est assez pour l’intérêt, pour l’émotion profonde et durable. […] Et tous le savent bien ; ils mentent par intérêt de boutique, voilà tout.

1662. (1898) Impressions de théâtre. Dixième série

Mais l’idée est beaucoup plus claire dans la Coupe et les Lèvres et surtout se déroule en épisodes d’un intérêt autrement lié et soutenu. […] Encore pourrions-nous être avec lui s’il sacrifiait quelque chose de son intérêt à son amour. Mais il n’y sacrifie que l’intérêt des autres, — et ses devoirs les moins contestables. […] C’est un intérêt de ce genre qui recommande, encore aujourd’hui, et les comédies de Dancourt et celles de Marivaux. […] Toute la scène qui précède ce pugilat est d’ailleurs fort belle ; une situation très vraie, très émouvante, d’un intérêt très général, y est traitée à fond et entièrement, ce qui est rare ; et jamais M. 

1663. (1949) La vie littéraire. Cinquième série

Et comment s’imaginer qu’il cherchait son intérêt en se faisant des ennemis dans tous les camps ? […] Faites sous forme de mémoires, elles présentent plus d’intérêt et prennent l’autorité d’un témoignage. […] Il y aurait tant d’intérêt à entendre une confession absolument sincère ! […] Zola a intérêt à ce qu’il soit établi. […] Les hommes ne lui apparaissent pas liés à lui par un ensemble de droits, de devoirs et d’intérêts.

1664. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre II. Dryden. »

Beaucoup de pièces de Shakspeare sont fondées sur des impossibilités, ou du moins si bassement écrites, que la partie comique n’excite point notre rire, ni la partie sérieuse notre intérêt. […] Le personnage qui pleure sur la scène ne fait que renouveler nos propres larmes ; notre intérêt n’est que de la sympathie, et le drame est comme une conscience extérieure qui nous avertit de ce que nous sommes, de ce que nous aimons et de ce que nous avons senti. […] J’ose dire qu’en l’imitant je me suis surpassé moi-même dans cette pièce, et qu’entre autres je préfère la scène entre Antoine et Ventidius, au premier acte, à tout ce que j’ai écrit dans ce genre. » Il avait raison ; si sa Cléopatre est manquée, si cette défaillance de la conception détourne l’intérêt et gâte l’ensemble, si la rhétorique nouvelle et l’emphase ancienne viennent parfois suspendre l’émotion et détruire la vraisemblance, en somme pourtant le drame se tient debout, et qui plus est, il marche. […] On savait qu’il avait vendu les intérêts de l’Angleterre à la France ; on croyait qu’il voulait livrer aux papistes les consciences des protestants. […] Les noms de whigs et de tories venaient de naître, et les plus hauts débats de philosophie politique s’agitaient, nourris par le sentiment d’intérêts présents et pratiques, aigris par la rancune de passions anciennes et blessées.

1665. (1859) Critique. Portraits et caractères contemporains

— Avant Musard, ce qui faisait l’intérêt des bals de l’Opéra, c’était le mystère ; vous arriviez, on vous disait : « Je te connais !  […] Au contraire, parlez au public d’un huissier-priseur ou d’un commissaire de police ; parlez tout simplement de l’ours Martin ou de Jacqueline : soudain le public va vous prêter tout son intérêt, toute son attention. […] L’auteur de Robinson Crusoé, en homme habile et qui veut exciter au plus haut degré l’intérêt de son lecteur, a copié, non pas la tempête de Virgile, non pas celle d’Ovide, mais la tempête d’Homère. […] Quel intérêt, d’ailleurs, puis-je porter à cette statue de marbre, à cette volonté de fer ? […] Pour nous, il n’y a que les luttes du talent qui soient dignes d’attention ou d’intérêt.

1666. (1857) Réalisme, numéros 3-6 pp. 33-88

Cette machine qui remue tout et fait tout a un intérêt tellement saisissant que j’ai autant de plaisir à la connaître dans ses lacunes, ses défauts d’organisation que dans ses parties les plus achevées. […] Au milieu de tous ces petits intérêts qui se combattent, passent des figures comiques qui égayent le récit ; des enfants naïfs reposent de la physionomie de tous ces bourgeois avides ou grotesques. […] Il serait à désirer, dans l’intérêt des lettres, que quelques-uns lui ressemblassent. […] « Pour qui sait lire, le théâtre perd son intérêt. […] C’est cette étrange couleur jaune de votre paletot que j’ai toujours eu envie de teindre sournoisement en noir dans votre intérêt.

1667. (1903) La vie et les livres. Sixième série pp. 1-297

Il n’a point d’intérêts à défendre dans cette affaire. […] Il voulait, selon ses propres expressions, demeurer près d’un intérêt constant, qui faisait le bonheur de sa vie intérieure. […] C’était, une fois de plus, la bataille de la conscience et de l’intérêt, de la force et du droit. […] Joseph Oberlé a voulu que sa fille Lucienne se résignât, par intérêt, à toutes les conséquences de l’annexion. […] Cela serait utile non seulement à la joie des lettrés, mais aussi aux intérêts de la patrie.

1668. (1861) La Fontaine et ses fables « Deuxième partie — Chapitre I. Les personnages »

Ajoutez que la nation était un peu de l’avis des docteurs. « Nous avons percé la nue des cris de Vive le Roi, dit Mme de Sévigné ; nous avons fait des feux de joie et chanté le Te Deum de ce que Sa Majesté a bien voulu accepter notre argent. » Ainsi tous conspirent à sacrifier leurs intérêts et à diviniser les siens. […] Le bourgeois est un être de formation récente, inconnu à l’antiquité, produit des grandes monarchies bien administrées, et, parmi toutes les espèces d’hommes que la société façonne, la moins capable d’exciter quelque intérêt. […]     A les ouïr, tout le monde,     Toute la machine ronde     Roulait sur les intérêts     De quatre méchants marais. […] Une ferme est une manufacture qui transforme du fumier en herbe, en grain et en viande à tant pour cent de bénéfice, avec un capital dont il faut compter l’intérêt, avec des machines dont il faut compter l’usure.

1669. (1867) Cours familier de littérature. XXIII « cxxxiiie entretien. Littérature russe. Ivan Tourgueneff »

On y rencontre bien quelques petits seigneurs campagnards ; mais ils se trouvent placés au second plan ; tout l’intérêt est concentré sur les hommes qui vivent dans leur dépendance. […] Ce dernier trait de caractère a fourni à l’auteur une de ses meilleures études ; elle est intitulée les Chanteurs, et, ainsi que son titre l’indique, nous y assistons à un concert champêtre qui est plein d’intérêt. […] Le lecteur doit comprendre maintenant pourquoi je regardais Arina avec tant d’intérêt. […] Je me mis en devoir de le satisfaire ; il m’écouta avec un intérêt inexprimable.

1670. (1888) Épidémie naturaliste ; suivi de : Émile Zola et la science : discours prononcé au profit d’une société pour l’enseignement en 1880 pp. 4-93

D’autre part, le monde organique, l’humanité en tête, persiste à fournir les mêmes tempéraments, les mêmes phénomènes de passions et d’intérêts, de vertus et de crimes. […] C’est la vie de tous les jours, de toutes les heures, sur tous les degrés de l’échelle sociale avec ses manifestations privées, publiques, politiques, théâtrales, industrielles, financières ; avec ses drames de la passion, de l’intérêt, du vice, du crime qui défilent, pris sur nature, devant les tribunaux. […] Ce dernier, faisant montre d’une vertu qu’il n’a pas, proteste, s’indigne contre la représentation de certains faits, de certaines actions qu’il commet tous les jours sans scrupule et dans une parfaite tranquillité de conscience. » « Ces mêmes spectateurs ne manquent pas d’applaudir avec frénésie aux traits de désintéressement, de dévouement, d’héroïsme qu’ils se garderaient bien d’accomplir eux-mêmes comme étant trop préjudiciables à leurs plaisirs et à leurs intérêts ; mais il leur semble avoir pleinement satisfait les besoins de leur conscience et être pour quelque chose dans le triomphe des gens de bien dès qu’ils ont donné, par leurs larmes et leurs bravos, un témoignage public de leur sympathie. » Ainsi raisonne M.  […] En matière de vertu et d’héroïsme, quand je suis aux prises avec mes intérêts, mes sentiments, mes passions et qu’il me faut en consommer le sacrifice, je recule, et c’est mon égoïsme qui prend le dessus.

1671. (1903) Articles de la Revue bleue (1903) pp. 175-627

Pour sauvegarder sa popularité compromise et les intérêts de l’Angleterre en péril, lord Cecil veut partir pour l’Inde. […] Sully Prudhomme a cru devoir les faire suivre de quelques réflexions personnelles qui sont d’un grand intérêt à l’heure présente et permettent de poser le problème de la poétique comme il me semble possible de le poser. […] Monsieur et honoré confrère, J’ai lu avec un intérêt passionné les nobles pages que vous avez publiées dans le dernier numéro de la Revue Bleue sous le titre : Les Deux Poétiques. […] Ou bien en effet une telle définition voudra s’appliquer à tous les vers, et elle sera si générale, si abstraite, qu’elle n’offrira aucun intérêt pratique ; ou bien elle ne fera que refléter cette part de subjectivité que tout homme apporte nécessairement dans l’étude de ces questions, — et elle mettra les poètes aux prises, dans des contestations insolubles.

1672. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « George Sand — George Sand, Indiana (1832) »

puis sa flamme rapide, son naïf et irrésistible abandon, son attache soudaine et forcenée ; le caractère de Raymon surtout, ce caractère décevant, mis au jour et dévoilé en détail dans son misérable égoïsme, comme jamais homme, fût-il un Raymon, n’eût pu s’en rendre compte et ne l’eût osé dire ; une certaine amertume, une ironie mal déguisée contre la morale sociale et les iniquités de l’opinion, qui laisse entrevoir qu’on n’y a pas échappé ; tout,  selon nous, dans cette production déchirante, justifie le soupçon qui a circulé, et en fait une lecture doublement romanesque, et par l’intérêt du récit en lui-même, et par je ne sais quelle identité mystérieuse et vivante que derrière ce récit le lecteur invinciblement suppose. 

1673. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « George Sand — George Sand, Lélia (1833) »

Nous avons essayé autrefois de caractériser le genre de mérite et d’intérêt de ce premier ouvrage, mais sans faire assez ressortir peut-être l’inspiration philosophique et l’esprit de révolte contre la société qui perçait en maint endroit ; ce même esprit, qui ne s’était montré dans Valentine que sous des nuances moins directes et plus distrayantes, vient d’éclater avec toute son énergie et sa plénitude dans Lélia, roman lyrique et philosophique.

1674. (1874) Premiers lundis. Tome II « Des jugements sur notre littérature contemporaine à l’étranger. »

Si l’article était resté là où il a paru, c’est-à-dire hors de France, nous l’y aurions laissé à l’usage des préjugés tories et des vanités littéraires nationales qu’il caresse ; mais, puisqu’on a jugé à propos de nous le reproduire en France comme une pièce qui a quelque intérêt et quelque gravité, il nous a été naturel d’en dire notre avis.

1675. (1874) Premiers lundis. Tome II « Poésie — Alexandre Dumas. Mademoiselle de Belle-Isle. »

Dumas est si nettement décidée, qu’il y a lieu de s’étonner qu’il s’en détourne jamais pour des écrits dont l’intérêt unique est encore un reflet de ce talent de scène qui lui a été donné.

1676. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre XI. De la littérature du Nord » pp. 256-269

On y voit plus d’intérêts divers, mais moins d’intensité dans une même pensée ; or c’est la fixité qui produit les miracles de la passion et de la volonté.

1677. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Conclusion » pp. 355-370

et comme elle confirme bien cette vérité démontrée depuis longtemps par Aristote aux platoniciens, qu’à mesure qu’on remplace davantage les abstractions et les généralités par des notions particulières et concrètes, on augmente, avec l’intensité de la vie, l’intensité de l’intérêt !

1678. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Réponse à M. Dubout. » pp. 305-316

Mais vous ne l’avez pas dédaignée ; et, quoique j’eusse préféré l’oublier moi-même (tout cela, au fond, a si peu d’intérêt !)

1679. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — R — Régnier, Henri de (1864-1936) »

Je n’ai point changé d’avis ; Aréthuse est accompagnée, outre les Roseaux de la flûte, de nouveaux poèmes qui ne valent pas mieux ; c’est longuet, languissant, monotone et, sauf la Corbeille des heures, dont l’intérêt m’échappe, néo-grec comme la Bourse.

1680. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre VI. La commedia sostenuta » pp. 103-118

Les valets balourds et poltrons en arrivent de bonne heure à se ressembler sur les deux scènes comiques : ainsi le Zucca de L’Interesse (l’Intérêt ou la Cupidité), comédie régulière de Nicolo Secchi, Zucca qui est devenu le Mascarille du Dépit amoureux, était un véritable Arlequin poltron et balourd dont Molière n’a pas complètement effacé les traits, tandis que le Mascarille de L’Étourdi n’était autre, comme on le verra plus loin, que le rusé Scappino, le Scapin-modèle emprunté à Beltrame, l’un des plus fameux artistes et écrivains de la commedia dell’arte.

1681. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XV. La commedia dell’arte au temps de Molière et après lui (à partir de 1668) » pp. 293-309

De ce moment, le théâtre italien prend aux yeux de l’histoire un intérêt d’une autre sorte ; mais il perd celui qu’il offrait pour le sujet qui nous occupe principalement ; ou plutôt la thèse se retourne pour ainsi dire : les Italiens nous imitèrent à leur tour.

1682. (1890) L’avenir de la science « I »

Reconnaître la distinction de ces deux vies, c’est reconnaître que la vie supérieure, la vie idéale, est tout et que la vie inférieure, la vie des intérêts et des plaisirs, n’est rien, qu’elle s’efface devant la première comme le fini devant l’infini, et que si la sagesse pratique ordonne d’y penser, ce n’est qu’en vue et comme condition de la première.

1683. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Deuxième partie. Ce qui peut être objet d’étude scientifique dans une œuvre littéraire — Chapitre III. L’analyse externe d’une œuvre littéraire » pp. 48-55

Il s’en faut que j’aie tout dit : mais j’en ai dit assez pour faire saisir l’intérêt de cette étude et la direction où il sied de la pousser.

1684. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXVIII » pp. 305-318

Mais, ajoute Voltaire, les connaisseurs rendirent bientôt à Molière les suffrages de la ville, et un mot du roi lui donna ceux de la cour. » Le suffrage du roi, qui explique très bien celui de la cour, et celui des connaisseurs de la ville, s’explique très clairement lui-même par l’intérêt qu’avait le prince à diminuer la considération des sociétés graves, de mœurs honnêtes, d’occupations nobles, à rendre ridicules les censeurs de ses désordres ; et c’est ce que Molière entreprit dans sa comédie des Femmes savantes, où il représente tout savoir dans les femmes comme une méprisable pédanterie, et toute critique, ou toute censure exercée de fait sur les opinions et les mœurs de la cour, comme une insolence digne de châtiment.

1685. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des pièces de théâtre — Préface de « Ruy Blas » (1839) »

En effet, au-delà de cette barrière de feu qu’on appelle la rampe du théâtre, et qui sépare le monde réel du monde idéal, créer et faire vivre, dans les conditions combinées de l’art et de la nature, des caractères, c’est-à-dire, et nous le répétons, des hommes ; dans ces hommes, dans ces caractères, jeter des passions qui développent ceux-ci et modifient ceux-là ; et enfin, du choc de ces caractères et de ces passions avec les grandes lois providentielles, faire sortir la vie humaine, c’est-à-dire des événements grands, petits, douloureux, comiques, terribles, qui contiennent pour le cœur ce plaisir qu’on appelle l’intérêt, et pour l’esprit cette leçon qu’on appelle la morale : tel est le but du drame.

1686. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Abailard, et saint Bernard. » pp. 79-94

Crainte de trahir les intérêts du ciel, ou, selon ses ennemis, crainte de compromettre sa réputation, Bernard refusa d’abord le défi, & ne l’accepta que sur les instances réitérées de ses amis, qui le crurent perdu d’honneur, s’il manquoit de courage en cette occasion.

1687. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Fontenelle, et le père Baltus. » pp. 2-16

Le sentiment contraire est celui de bien des payens, de plusieurs sectes de philosophes, des pères qui font le plus autorité dans l’église, de l’écriture elle-même : il est conforme aux intérêts de la religion.

1688. (1682) Préface à l’édition des œuvres de Molière de 1682

Après la mort de Monsieur de Molière, le Roi eut dessein de ne faire qu’une Troupe de celle qui venait de perdre son Illustre chef, et des Acteurs qui occupaient l’Hôtel de Bourgogne ; mais les divers intérêts des familles, des Comédies n’ayant pu s’accommoder, ils supplièrent sa Majesté d’avoir la bonté de laisser les Troupes séparées comme elles étaient, ce qui leur fut accordé ; à la réserve de la Salle du Palais Royal qui fut destinée pour la représentation des Opéras en Musique.

1689. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre XVII. Morale, Livres de Caractéres. » pp. 353-369

Les Lettres Peruviennes sont pleines d’esprit, de feu & d’intérêt ; mais Madame Grafigni, à qui nous les devons, ayant vêcu avec des Philosophes qui aimoient la métaphysique & la déclamation ; il regne dans certains endroits de son livre un entortillage, une obscurité & de fausses subtilités qui déplaisent ; & la chaleur qu’elle montre est trop souvent factice.

1690. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Baudouin » pp. 198-202

Quel intérêt cet époux, cette épouse, ces femmes de chambre, toute cette scène peut-elle avoir ?

1691. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Pélisson et d’Olivet »

il y aurait un grand intérêt à exploiter.

1692. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Paul de Saint-Victor » pp. 217-229

Quant au détail, en ce livre, il est si exquis et d’un intérêt si poétique et si raffiné, que les avaleurs de feuilletons, qui n’ont faim que des vulgaires surprises de l’aventure, n’ont su trouver probablement aucune saveur à cette littérature élevée… Pour mon compte, n’ai-je pas entendu traiter cette haute littérature d’ennuyeuse ?

1693. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « La Révolution d’Angleterre »

Du reste, ce n’est point dans les surprises d’un talent que l’Europe connaît et qui ne peut plus étonner personne, qu’il faut chercher la raison de l’intérêt de cet écrit de Guizot.

1694. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Le cardinal Ximénès »

Mais, encore une fois, ces dissertations, d’un intérêt très vif, n’ont pas le ton net et pénétrant de l’histoire.

1695. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « XIV. Vaublanc. Mémoires et Souvenirs » pp. 311-322

Cette partie de sa vie qui a l’intérêt des romans où l’on a le mieux peint la lutte de l’homme contre les choses, le danger, l’obstacle, l’ennemi, fait regretter amèrement qu’aux jours difficiles où les gouvernements qu’il servit curent besoin de fortes épaules, sur lesquelles ils pussent s’appuyer, on n’eut pas pensé à la sienne.

1696. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Silvio Pellico »

Nous avons voulu dire d’un homme dont toute la supériorité est dans l’âme, et pour lequel nous avons une affection qu’il nous fallait cacher à cause de ceux qui étalaient la leur pour lui avec un intérêt perfide : maintenant que Silvio Pellico n’est plus qu’un chrétien qui baise sa croix et que renient les sociétés secrètes, nous pouvons tout haut l’admirer !

1697. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « IV. Saisset »

… Le livre d’aujourd’hui est divisé en deux parties : la première est l’histoire discursive et critique des philosophes antérieurs et contemporains et de leurs systèmes, Descartes, Mallebranche, Spinosa, Newton, Leibnitz, Kant, Fichte, Schelling et Hegel, et dans un temps où la philosophie n’est plus que l’histoire de la philosophie, cette partie du livre, dans laquelle il y a l’habitude des matières traitées qui singe assez bien le talent, se recommande par l’intérêt d’une discussion menée grand train et avec aisance ; mais d’importance de sujet, elle est bien inférieure à cette seconde partie où l’esprit s’attend à trouver contre toutes les erreurs et les extravagances signalées par l’auteur dans toutes les philosophies, un boulevard doctrinal solide, et s’achoppe assez tristement contre ces infiniment petits philosophiques : — le déisme de la psychologie et ses conséquences inductives et probables, ce déisme dont Bossuet disait, avec la péremptoire autorité de sa parole, « qu’il n’est qu’un athéisme déguisé ! 

1698. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XXVII. Silvio Pellico »

Nous avons voulu dire d’un homme dont toute la supériorité est dans l’âme, et pour lequel nous avons une affection qu’il nous fallait cacher à cause de ceux qui étalaient la leur pour lui, avec un intérêt perfide : Maintenant que Silvio Pellico n’est plus qu’un chrétien qui baise sa croix et que renient les sociétés secrètes, nous pouvons tout haut l’admirer !

1699. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Barthélemy Saint-Hilaire »

À la place de ces caricatures historiques, il y a la figure du grand homme, doux et inspiré, qui apprit aux Arabes la miséricorde et l’aumône, et dont le cimeterre, qu’il a fini par tirer dans les intérêts de sa foi, n’a pas aveuglé de son éclat Barthélemy Saint-Hilaire, puisqu’il a écrit fermement cette parole vraie : c’est que le livre du Coran a fait plus que le sabre pour la domination du monde.

1700. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Vte Maurice De Bonald »

Ce livre n’a été écrit dans l’intérêt d’aucun parti, pas même celui de l’auteur.

1701. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Émile Augier, Louis Bouilhet, Reboul »

Mais il ne changera pas de nature, et cette nature, comme l’intérêt que le poème inspire, est radicalement inférieure.

1702. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Auguste de Chatillon. À la Grand’Pinte ! »

… Sa tombe doit avoir un intérêt pour toi :       Il n’eut, comme toi, chance aucune.

1703. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Pécontal. Volberg, poème. — Légendes et Ballades. »

Pour l’attirer et le gouverner, il faut dans le talent des supériorités terribles, et encore, un jour ou l’autre, le plus napoléonien des poètes ne le ramènera pas des intérêts matériels à la poésie.

1704. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Henri Heine »

Tel est l’homme que la postérité verra plus dans ses œuvres que dans toutes les correspondances indiscrètes qu’un intérêt quelconque, fût-il fondé, dans un temps où l’on veut tout savoir, publiera désormais après lui.

1705. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Feuillet de Gonches »

Intéressants pour ces derniers, mais d’un intérêt qui n’a pas le poignant de la nouveauté, ce sont des créations de deuxième et de troisième main, ressemblant à tous ces contes dans le surnaturel et le merveilleux dont le monde féerique est la base, ce monde qui n’existe que pour les imaginations à leur aurore, que ce soient des enfants de peuples ou des marmots d’enfants.

1706. (1888) Études sur le XIXe siècle

Pourtant, la voie ouverte par la « confrérie » est aujourd’hui suivie et illustrée par plusieurs artistes un peu plus jeunes dont les œuvres sont d’un haut intérêt, mais qui n’ont pas joué un rôle comparable à celui de Hunt ou de Rossetti dans le développement du préraphaélitisme. […] L’art, selon lui, cesserait d’avoir le moindre intérêt s’il n’était qu’une représentation plus ou moins soignée d’un fait dans la nature. […] Mais si des arts différents ne peuvent être confondus, ils ont tout intérêt à être réunis en vue d’effets communs : et cette réunion est surtout indiquée pour la musique et la poésie qui ont toutes deux pour but essentiel l’expression des sentiments et des sensations. […] L’homme seul lui paraît digne d’intérêt, et, quand il dresse un paysage autour de l’homme, il le fait d’une façon qui rappelle celle des peintres primitifs, les espaces à peine entrevus, les squelettes d’arbre dont l’ombre grêle ne cache jamais rien du visage… N’est-il pas plaisant de constater cette indifférence pour le monde matériel chez un écrivain auquel on a attaché l’étiquette de réaliste ? […] Si, dans ses récits de voyage, M. de Amicis met quelquefois sa sensibilité au service de son imagination, il procède inversement dans ses nouvelles, qui n’ont pas, à beaucoup près, le même intérêt.

1707. (1859) Cours familier de littérature. VII « XXXVIIIe entretien. Littérature dramatique de l’Allemagne. Le drame de Faust par Goethe » pp. 81-160

Bientôt nous vainquîmes complétement nos terreurs, parce que nous trouvâmes notre intérêt à le faire. […] À ce moment elle se leva, vint s’asseoir au bout de la table, y appuya ses deux bras enlacés sur lesquels elle posa ses deux mains, attitude qui lui seyait admirablement, et qu’elle conservait quelquefois pendant plusieurs heures sans faire d’autre mouvement que quelques légers signes de tête provoqués par ce qu’elle voyait, entendait autour d’elle, ou par ce qu’elle pensait en elle-même. » XI Ces amours pures, tantôt contrariées, tantôt servies par des circonstances d’un intérêt touchant dans le récit de Goethe, finirent, comme toutes les fleurs folles de la vie, par un coup de vent qui en disperse les illusions et les parsème sur le sol : le jeune Goethe, réprimandé par ses parents et compromis par ses mauvaises relations avec les cousins de Gretchen, fut envoyé à Strasbourg pour y achever ses études de droit. […] Son voyage, qu’il a imprimé dans ses Mémoires, n’a qu’un seul intérêt, l’enthousiasme d’un homme du Nord pour le soleil, l’ivresse de la nature respirée sur place dans les parfums de Naples et de Palerme.

1708. (1859) Cours familier de littérature. VII « XLIIe entretien. Vie et œuvres du comte de Maistre » pp. 393-472

Cela tue la Révolution française, puisque le plus puissant souverain de l’Europe (Bonaparte) aura autant d’intérêt à étouffer cet esprit révolutionnaire qu’il en avait besoin pour parvenir à son but. […] Cet homme se prend de quelque intérêt pour moi. […] « Nous sommes grain de sable, écrit-il, et notre intérêt évident est de nous maintenir grain.

1709. (1860) Cours familier de littérature. X « LVe entretien. L’Arioste (1re partie) » pp. 5-80

Il n’y a pas d’intérêt qui puisse résister à un tel éparpillement du sujet : il n’y a que la mémoire des Muses elles-mêmes qui soit capable de retenir l’innombrable multitude d’événements et de héros qui fourmillent dans son épopée. Aussi l’intérêt et l’attendrissement, qui sont fréquents dans chaque épisode, sont-ils nuls dans l’ensemble ; il n’y a que des pages, il n’y a pas de livre. […] Une fille de roi, aimée d’un paladin de la cour de son père ; une amitié tendre entre cette princesse et sa suivante, devenue en grandissant avec elle son amie ; la séduction de cette Olinde par un débauché qui abuse de son innocence, cette ruse infernale de l’échange des vêtements sur le balcon, qui donne l’apparence du crime à l’innocence endormie ; le désespoir de ce fidèle amant, témoin de la fausse infidélité de celle qu’il respecte et qu’il adore, le silence qu’il s’impose, et la mort qu’il essaye de se donner pour ne pas flétrir celle qui lui perce le cœur ; ce Renaud, étranger à tous ces intérêts d’innocence, d’amour ou de crime, qui vient, par le pieux culte de la femme et de la justice, se jeter l’épée à la main dans cette mêlée comme la Providence ; ce vieux roi, qui pleure sa fille et qui la livre à sa condamnation à mort par respect pour les mœurs féroces de son peuple ; cet Ariodant, qui se revêt chez l’ermite de son armure de deuil, et qui va combattre masqué contre son propre frère pour le salut de celle dont le crime apparent le fait mourir deux fois ; ce repentir et cette confidence de la suivante Olinde dans la forêt, retrouvée comme la vérité au fond du sépulcre ; ce Renaud, qui interrompt heureusement le combat fratricide entre Ariodant et Lurcin, qui tue Polinesso et qui lui arrache la confession de l’amour de Ginevra ; ces deux amants qui se retrouvent, l’une dans son innocence, l’autre dans son dévouement, et qui s’unissent dans les bras du vieux roi aux acclamations du peuple !

1710. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCVIe entretien. Alfieri. Sa vie et ses œuvres (1re partie) » pp. 413-491

On eut bien de la peine à accomplir cet arrangement, si nuisible à ses intérêts, si favorable à sa famille. […] Dans l’ardeur bouillante de cet âge, raisonner et juger n’étaient peut-être qu’une noble et généreuse manière de sentir. » XII Ici nous approchons du seul véritable intérêt de cette vie, l’amour conçu par Alfieri pour la comtesse d’Albany, reine légitime d’Angleterre, se rendant alors à Florence avec son vieux mari, le prétendant Charles-Édouard, héros de roman dans sa jeunesse, découragé et avili par l’adversité. […] Puisqu’on ne pouvait faire de Charles-Édouard un chef d’expédition capable de tenir l’Angleterre en échec, on voulait du moins qu’il laissât des héritiers, que la famille des Stuarts ne s’éteignît pas, que le parti jacobite fût toujours soutenu par l’espérance, et que ces divisions de la Grande-Bretagne pussent servir à point nommé les intérêts de la France.

1711. (1867) Cours familier de littérature. XXIII « cxxxve entretien. Histoire d’un conscrit de 1813. Par Erckmann Chatrian »

C’est un jeu de poupées sérieuses qu’on place à volonté les unes en face des autres, et auxquelles on fait débiter leurs rôles sans vraisemblance et sans intérêt. […] Chacun se reconnaît dans son image et l’intérêt qui s’attache à l’événement n’a aucun besoin de rien feindre pour être touché. […] VIII Le grand intérêt du roman avec l’histoire finit là ; le reste est tragique, mais la naïveté change de ton.

1712. (1890) L’avenir de la science « XV » pp. 296-320

Sa curiosité, le vif intérêt qu’il prend à toute combinaison nouvelle viennent de sa foi au merveilleux. […] Et puis quel intérêt prendre à des messagers, à des ministres, sans initiative, ni passion ? […] De là l’immense intérêt de tout ce qui est religieux et populaire, des récits primitifs, des fables, des croyances superstitieuses.

1713. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre deuxième. L’émotion, dans son rapport à l’appétit et au mouvement — Chapitre premier. Causes physiologiques et psychologiques du plaisir et de la douleur »

Pourtant, dans ce passage graduel des races inférieures aux races supérieures, il se produit encore une foule d’anomalies ; aussi chez les hommes, mêmes sains, le plaisir est-il souvent contraire à l’intérêt. En tout cas, le plaisir de l’individu est très souvent opposé à l’intérêt de l’espèce humaine. […] Cette qualité primordiale est appétitive, au lieu d’être représentative ; elle est un intérêt vital en quelque sorte, au lieu d’être une contemplation intellectuelle ; mais c’est toujours une qualité, et, même chez l’animal le plus rudimentaire, l’intensité est celle d’une qualité ou, mieux encore, d’une action appétitive, non pas seulement d’une quantité pure.

1714. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1857 » pp. 163-222

Ça en est venu à un tel point que nombre de magasins ouvrent des crédits à leur clientes, qui ne payent plus que l’intérêt de leurs achats. […] Faire semblant de prendre intérêt par le remuement et le jeu de la physionomie au bruit de paroles dont le devoir est seulement d’empêcher le silence, devient une attention crispante au bout de quelque temps. […] Personne n’a dit Balzac homme d’État, et c’est peut-être le plus grand homme d’État de notre temps, le seul qui ait plongé au fond de notre malaise, le seul qui ait vu d’en haut le déséquilibrement de la France depuis 1789, les mœurs sous les lois, les faits sous les mots, l’anarchie des intérêts débridés sous l’ordre apparent, les abus remplacés par les influences, l’égalité devant la loi annihilée par l’inégalité devant le juge, enfin le mensonge de ce programme de 89 qui a remplacé le nom par la pièce de cent sous, fait des marquis des banquiers — rien de plus.

1715. (1887) Journal des Goncourt. Tome II (1862-1865) « Année 1864 » pp. 173-235

Elle est, au nom des intérêts matériels, la conseillère qui pousse aux abaissements, aux platitudes, aux lâchetés, à toutes les petites misérables transactions de la conscience. […] Juillet Le cidre une boisson qui fait rentrer en soi, qui rend sérieux, ferme et solide, qui fait la tête froide et le raisonnement sec, une boisson qui ne grise que la dialectique des intérêts. […] * * * — Il est peu de douleurs, si grandes qu’elles soient, qui ne soient que douleur ; et j’ai vu peu de larmes derrière les morts, qui ne fussent salies d’un intérêt ou d’une vanité.

1716. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1872 » pp. 3-70

Et comme je me récriais à propos de l’audace de l’assertion : “Et l’Alsace, et la Lorraine seront à jamais perdues pour vous, reprit le comte, parce que les petits États s’en vont, et que la faveur est pour les grands, parce que vous ne vous doutez pas de ce que l’Allemagne, après sa consolidation et votre amoindrissement, deviendra comme puissance maritime, et quelle préférence auront, en ce temps d’intérêt matériel, vos anciens nationaux pour un grand pays riche, qui demandera beaucoup moins d’impôts que leur ancienne patrie.” » « Un autre fait, messieurs, que je vous demande la permission de citer. […] Il doit revenir samedi. » Et nous causons, Théo, l’oreille près de moi, dans une de ces poses tortillées et agenouillées sur un fauteuil, pose qu’il prend quand il cause de choses qui le passionnent, il me demande si je trouve de l’intérêt à son Histoire du romantisme. […] Mme de Béhaine soutenait que les aventures extra-dramatiques des femmes du monde, peintes par Octave Feuillet, ne l’intéressaient pas, qu’elle lirait, avec bien plus d’intérêt, des études peignant d’après nature, les femmes des ménages européens, qu’elle avait côtoyés dans sa carrière diplomatique.

1717. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1874 » pp. 106-168

Au fond, une répétition a toujours de l’intérêt pour moi. […] Plus d’intérêt des uns et des autres, pour ce que chacun fait, tente, espère. […] Mardi 8 décembre Dans ce moment, c’est pour moi un intérêt de voir se métamorphoser en livre, ma laide et incorrecte écriture, d’assister à la jolie et proprette matérialisation d’une chose intellectuelle.

1718. (1856) Cours familier de littérature. II « VIIe entretien » pp. 5-85

Dans notre droit alors, et dans l’intérêt légitime de la sécurité de nos propres frontières au midi et à l’est, notre armée devait descendre des Alpes en Piémont, couvrir ce royaume, rallier les débris de la valeureuse armée piémontaise, faire face à l’armée autrichienne, et combattre, s’il était nécessaire de combattre, pour l’évacuation et pour l’indépendance de la Péninsule tout entière. […] Point de salut sans intérêt pour l’écrivain, point d’instruction pour le lecteur. Or c’est une loi de notre nature morale, que l’intérêt ne s’attache jamais aux abstractions et toujours aux personnes.

1719. (1921) Esquisses critiques. Première série

Or, au moins faudrait-il pour y parvenir entrer avec intérêt dans les idées adverses, et les faire chaleureusement siennes le temps de les exposer. […] Hommes ou femmes, étrangement gouvernés par leurs plus bas instincts, à la merci de leurs sens ou de leurs intérêts, exposent ordinairement sous les yeux de ce cruel investigateur des âmes sans moralité, des cœurs sans élévation. […] * *    * Comparer les premiers ouvrages d’un écrivain avec ceux de sa maturité constitue un travail toujours plein d’intérêt. […] Il expose son sujet avec brio, dessine ses personnages avec vivacité, les anime, puis il se jette sans tarder dans le cœur de son récit, le développe, l’équilibre, ménage l’intérêt et de scène en scène le fait croître jusqu’au dénouement qu’il gagne sans attendre. […] En outre, quelque intérêt qu’il puisse porter à ceux des problèmes étrangers à l’art qui passionnent au plus juste titre l’homme moderne — ces problèmes dont est dramatiquement issue l’existence quotidienne, — il n’admet point que l’œuvre d’art en puisse présenter le moindre reflet.

1720. (1873) Molière, sa vie et ses œuvres pp. 1-196

N’est-il point d’un intérêt absolu de savoir ce que les étrangers pensent de nous et de nos gloires, et ne devons-nous pas remercier ceux qui s’attachent à nous faire comprendre et à nous faire aimer ? […] Que l’on ne pouvait pas faire un sacrifice plus noble de ses intérêts, et que M.  […] Édouard Fournier, d’un intérêt tout particulier, puisqu’il promettait aux amateurs, aux moliérophiles, comme on a dit, du Molière inédit. […] Les gravures sont médiocres, mais d’un intérêt capital, absolument comme le livre si complet de M.  […] — « À Monsieur Quérard. — Monsieur, les curiosités littéraires sont de votre domaine ; en voici une qui ne vous paraîtra peut-être pas dépourvue d’intérêt.

1721. (1893) Alfred de Musset

Sa traduction est royalement infidèle ; c’est même ce qui en fait l’intérêt. […] Il est très dandy, nous ne nous conviendrions pas, et j’aurais plus de curiosité que d’intérêt à le voir. […] La fin est d’un vif intérêt pour le biographe. […] L’intérêt de sa maison exige qu’elle épouse un sot ridicule. […] Quel intérêt pouvait offrir le poète du Souvenir, avec ses chagrins si simples, à la portée de tous, et son français classique, à nos curieux de sensations rares, aux inventeurs de l’écriture décadente ?

1722. (1922) Le stupide XIXe siècle, exposé des insanités meurtrières qui se sont abattues sur la France depuis 130 ans, 1789-1919

Ils ont feint de croire à leur nouveauté, à leur intérêt, à leur fascination, à leur excellence. […] Ils sont au sommet d’une pyramide, sans communication avec les vivants, dont ils débattent les intérêts. […] Ce qui passionne de telles assemblées, ce n’est pas l’intérêt public, c’est l’assaut des clans et des personnalités représentatives de ces clans, c’est le jeu d’échecs. […] Mais la conjuration spontanée d’intérêts vils, passionnés et joints, est indiscutable. […] Ils ne retiendront du mariage que le plaisir ou l’intérêt immédiat, sans reconnaître son but essentiel, qui est le foyer et la continuation familiale.

1723. (1891) Essais sur l’histoire de la littérature française pp. -384

Cet intérêt consistera dans l’étrangeté même des mœurs qui sont le fond de leurs ouvrages. […] Elle suivra sa pente, agissant au besoin contre son intérêt, faute d’une pensée qui la serve. […] La passion la plus violente n’élève pas le moindre murmure contre la légitime suprématie des intérêts positifs. […] Le pis est, pour la forme comme pour le fond, que le poète ne paraît pas sincère ; et quel intérêt peut offrir ce vice à froid ? […] Il est bien certain qu’il eut le sang-froid nécessaire pour se mésallier dans un intérêt d’ambition et de bonheur domestique.

1724. (1894) Dégénérescence. Fin de siècle, le mysticisme. L’égotisme, le réalisme, le vingtième siècle

Le dernier habitant de village a aujourd’hui un horizon géographique plus large, des intérêts intellectuels plus nombreux et plus compliqués, que le premier ministre d’un petit État et même d’un État moyen il y a un siècle ; en lisant seulement son journal, fût-ce la plus innocente feuille de chou locale, il prend part, non pas en intervenant et en décidant, sans doute, mais avec un intérêt de curiosité et de réceptivité, à mille événements qui se passent sur tous les points du globe, et il se préoccupe simultanément de l’issue d’une révolution au Chili, d’une guerre de brousse au Dahomey, d’un massacre dans la Chine du Nord, d’une famine en Russie, d’une échauffourée en Espagne, et d’une exposition universelle dans l’Amérique du Nord. […] Il a de tout temps recherché le « pourquoi » et le « comment » des phénomènes, et témoigné une reconnaissance et un intérêt passionnés à ceux qui lui ont promis des renseignements sur ce sujet. […] Ici la nature n’est plus la blanche muraille sur laquelle se projettent, comme dans un jeu d’ombres chinoises, les images bigarrées de notre âme, mais un être vivant et pensant qui suit un coupable roman d’amour avec le même intérêt soutenu que le poète lui-même, et qui, également comme le poète, exprime à l’aide de ses moyens son contentement, sa joie, sa tristesse au sujet des différents chapitres de l’histoire. […] Ibsen va ainsi plus loin que les autres dans ce symbolisme hallucinatoire, car, chez lui, la nature actrice n’a pas seulement sa part d’intérêt, mais même de raillerie méchante ; elle n’accompagne pas seulement expressivement les événements, elle se moque même d’eux. […] « L’intérêt pour la science, dit-il, et particulièrement pour la science de la nature jadis si populaire, diminue actuellement dans les larges cercles du monde allemand… On est en quelque sorte sursaturé d’induction ; on a soif de synthèse ; les jours de l’objectivité s’inclinent de nouveau vers leur fin, et la subjectivité frappe en revanche à la porte106 ».

1725. (1875) Premiers lundis. Tome III « De la loi sur la presse »

— Et ces autres séances remplies d’un intérêt plus calme, mais non moins sérieux, cette discussion si serrée, si savante, si positive, sur les acquits-à-caution où les voix les plus compétentes se sont fait entendre, a-t-elle été appréciée et signalée à l’attention par la presse comme elle aurait dû l’être ? […] Laissez-moi vous le dire, vous tous gens de talent, vous avez intérêt à la publicité, à la plus grande publicité.

1726. (1862) Cours familier de littérature. XIV « LXXIXe entretien. Œuvres diverses de M. de Marcellus (2e partie) » pp. 5-63

Ce qui fait l’intérêt et le charme de ces chants, c’est moins le chant lui-même que le cadre qui les enserre. […] me dit-il, quel intérêt vous amène dans notre quartier grec ?

1727. (1869) Cours familier de littérature. XXVIII « CLXVe entretien. Chateaubriand, (suite) »

LXII Son Itinéraire eut un prodigieux succès ; c’était la gloire moissonnée à vol d’oiseau par un homme de génie sur les sites consacrés du monde : les gens de lettres y trouvaient des phrases mémorables ; les chrétiens, des dévotions exemplaires ; les savants, des textes sacrés ; tout le monde, des descriptions pittoresques achevées, et l’intérêt qui s’attachait alors aux navigations d’un homme célèbre embellies par un écrivain supérieur. […] Était-il juste enfin, en politique, d’imaginer des lois inhumaines (immanis lex) contre la liberté de la presse, en 1819, et de professer ensuite la liberté illimitée de la presse, c’est-à-dire l’anarchie et la démagogie de la pensée la plus téméraire, dont Chateaubriand affecta le dogme, quand la versatilité de ses intérêts le poussait à se déclarer chef de l’opposition aux Bourbons ?

1728. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Mendès, Catulle (1841-1909) »

Catulle Mendès vaut moins par l’intérêt du poème, par l’étude psychologique des sentiments et des caractères que par un grand sens du pittoresque et en même temps par un emportement extraordinaire de passion physique. […] Mendès a suivi pas à pas Euripide, et pourtant il a trouvé une péripétie centrale qui change complètement la marche de l’action et qui donne à la tragédie comme un coup de barre et à la fois une direction nouvelle et une impulsion et qui ranime l’intérêt au moment où il commençait à languir.

1729. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre VI. Premiers pas hors de Saint-Sulpice  (1882) »

Du moment que le christianisme n’était pas la vérité, le reste me parut indifférent, frivole, à peine digne d’intérêt. […] Je l’avoue, dans la première partie de ma vie, je mentais assez souvent, non par intérêt, mais par bonté, par dédain, par la fausse idée qui me porte toujours à présenter les choses à chacun comme il peut les comprendre.

1730. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Monsieur de Latouche. » pp. 474-502

Le nom d’André Chénier n’était pas tout à fait inconnu en 1819 ; quelques mois après sa mort, La Décade philosophique avait publié de lui La Jeune Captive ; M. de Chateaubriand, dans une note du Génie du christianisme, Millevoye, dans une note de ses Élégies, avaient donné aussi des fragments qui avaient vivement excité l’intérêt des rares amis de la muse. […] Périgois célèbre M. de Latouche au nom des démocrates de l’Indre : « Il eût pu mettre à profit, dans l’intérêt de sa carrière, la haute position et le crédit de son oncle (M. 

1731. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre V : La religion — Chapitre II : Examen critique des méditations chrétiennes de M. Guizot »

Laissons au reste ces questions, qui sont d’intérêt contemporain, pour aller, avec M.  […] Qui donc en effet aurait le courage, au nom d’un intérêt abstrait de la raison, d’arracher sciemment à l’un de ses semblables sa consolation dans ses misères, son arme dans les combats de la vie ?

1732. (1881) La parole intérieure. Essai de psychologie descriptive « Chapitre IV. Comparaison des variétés vives et de la forme calme de la parole intérieure. — place de la parole intérieure dans la classification des faits psychiques. »

Intérêt spécial de la forme calme Avant de rattacher la parole intérieure dans sa totalité aux faits psychiques qui font partie de la même famille, quelques observations sont nécessaires sur la distinction et la dénomination des variétés que nous avons reconnues en elle. […] Aussi, dans la suite de cette monographie, parlerons-nous surtout de la parole intérieure proprement dite ou calme, considérant la parole imaginaire comme une forme imparfaite et d’importance secondaire du même phénomène, et l’intérêt spécial qu’elle présente comme à peu près épuisé désormais.

1733. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « I — L’avenir du naturalisme »

Je trouve nos démocraties d’un intérêt poignant, travaillées par le terrible problème de la loi du travail, si débordantes de souffrance et de courage, de pitié et de charité humaines, qu’un grand artiste ne saurait à les peindre, épuiser son cerveau ni son cœur. […] Assurément je comprends le brusque et sincère mouvement de cet homme écœuré des mensonges de la convention : mais il n’en est pas moins vrai qu’il se trompe, et je lui préfère de beaucoup celui qui portera instinctivement son intérêt à l’arbre entier, à l’écorce rude comme aux fleurs subtiles, aux racines noueuses aussi bien qu’aux feuilles légères, à la branche comme au fruit.‌

1734. (1897) Un peintre écrivain : Fromentin pp. 1-37

Nous supportons des paysages écrits qui eussent paru fastidieux à nos pères ; nous comprenons des juxtapositions de teintes qui leur auraient semblé dénuées d’intérêt et d’à-propos ; nous tolérons le rouge, le jaune, le vert, le bleu, l’or dont tant de pages sont bigarrées ; nous exigeons que les personnages soient nettement posés, et leur geste nous importe autant que leur psychologie. […] Est-ce enfin la passion qui constitue l’habituel intérêt d’un roman ?

1735. (1919) L’énergie spirituelle. Essais et conférences « Chapitre II. L’âme et le corps »

De ces mouvements esquissés, ou même simplement préparés, nous ne nous apercevons pas, le plus souvent, parce que nous n’avons aucun intérêt à les connaître ; mais force nous est bien de les remarquer quand nous serrons de près notre pensée pour la saisir toute vivante et pour la faire passer, vivante encore, dans l’âme d’autrui. […] Si vraiment la philosophie n’avait rien à répondre à ces questions d’un intérêt vital, ou si elle était incapable de les élucider progressivement comme on élucide un problème de biologie ou d’histoire, si elle ne pouvait pas les faire bénéficier d’une expérience de plus en plus approfondie, d’une vision de plus en plus aiguë de la réalité, si elle devait se borner à mettre indéfiniment aux prises ceux qui affirment et ceux qui nient l’immortalité pour des raisons tirées de l’essence hypothétique de l’âme ou du corps, ce serait presque le cas de dire, en détournant de son sens le mot de Pascal, que toute la philosophie ne vaut pas une heure de peine.

1736. (1906) Les idées égalitaires. Étude sociologique « Deuxième partie — Chapitre II. La qualité des unités sociales. Homogénéité et hétérogénéité »

On en a donné les preuves presque matérielles, en comparant les Droits de nos sociétés individualistes avec les Droits de ces sortes de sociétés106 ; tandis qu’elles ignorent presque le droit contractuel qui règle les rapports des intérêts et mesure les droits réciproques des individus, le droit répressif, destiné à faire respecter les croyances collectives, y règne en maître. […] L’assimilation des groupements sociaux aux espèces ethniques a pu servir certains intérêts ou certaines passions politiques, mais la science proprement dite paraît y renoncer décidément126.

1737. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Appendice — Mémoires du comte d’Alton-Shée »

Necker, M. d’Alton-Shée n’a répondu qu’en faisant ces jours derniers une conférence toute littéraire, où il a retracé « l’histoire de la calomnie », en la prenant depuis Thersite jusqu’à Iago et à Basile : cette conférence, pleine d’intérêt et de talent, et à laquelle n’a cessé de présider un goût sévère, était traversée pourtant d’éclairs soudains et d’allusions vibrantes.

1738. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « George Sand — George Sand, Valentine (1832) »

Or, précisément au delà de ce point, bien que certes l’éclat de peinture fût loin de défaillir, l’intérêt et le charme s’évanouissaient.

1739. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre I. Les origines du dix-huitième siècle — Chapitre II. Précurseurs et initiateurs du xviiie  siècle »

La crédulité de la foule encourage la fourberie de quelques-uns ; l’intérêt des prêtres les pousse à profiter de l’ignorance populaire.

1740. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre XXI. Le littérateur chez les peintres » pp. 269-282

Ladite chronique, outre le plaisir qu’elle procure à ceux qui en sont l’objet et l’intérêt qu’elle gardera pour la science archéologique venir, peut encore avoir son prix, précisément comme chronique.

1741. (1913) Les antinomies entre l’individu et la société « Chapitre IX. L’antinomie politique » pp. 193-207

De même qu’en économie, l’intérêt général est une fiction, puisque les hommes ont en réalité des intérêts toujours différents et divergents sur certains points, de même en politique, la volonté générale n’est pas autre chose qu’une entité verbale. — La prétendue volonté générale est au fond celle de l’oligarchie dirigeante ; tous les jeux de la politique n’aboutissant jamais qu’à changer d’oligarchies.

1742. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XX. Opposition contre Jésus. »

Des pharisiens, sous apparence d’intérêt pour Jésus, vinrent lui dire qu’Antipas voulait le faire tuer.

1743. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XXII. Machinations des ennemis de Jésus. »

La foi ne connaît d’autre loi que l’intérêt de ce qu’elle croit le vrai.

1744. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXIII » pp. 237-250

L’intérêt attaché à madame de Montausier, dernier reste de la maison de Rambouillet, nous a fait anticiper d’une année sur la période de 1670 à 1680, il nous a fait assister à sa mort, arrivée le 13 avril 1671 ; à sa mort, grand événement dans l’histoire des mœurs du xviie  siècle.

1745. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — T. — article » pp. 326-344

Il vous dira qu' il doit gouverner comme la Nature, par des principes invariables & simples, bien organiser l'ensemble, pour que les détails roulent d'eux-mêmes ; qu'il doit, pour bien juger d'un seul ressort, regarder la machine entiere, calculer l'influence de toutes les parties les unes sur les autres & de chacune sur le tout, saisir la multitude des rapports entre les intérêts qui paroissent éloignés ; qu'il doit faire concourir les divisions même à l'harmonie du tout, veiller sans cesse à retrancher la somme des maux qu'entraînent l'embarras de chaque jour, le tourment des affaires, le choc & le contraste éternel de ce qui seroit possible dans la Nature & de ce qui cesse de l'être par les passions *.

1746. (1913) Le bovarysme « Première partie : Pathologie du bovarysme — Chapitre II. Le Bovarysme comme fait de conscience son moyen : la notion »

D’une part, la puissance de ses intérêts et de ses aptitudes héréditaires est plus ou moins considérable et le rend sensible, dans des proportions variables aux influences d’éducation.

1747. (1824) Notes sur les fables de La Fontaine « Livre neuvième. »

Le sujet, si mince, prend tout de suite de l’agrément, et en quelque sorte un intérêt de curiosité, par l’idée de donner aux discours des personnages la forme et le ton des charlatans de la foire.

1748. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XXIII. Henry Gréville »

Les femmes n’observent bien que quand il s’agit de leurs intérêts et de leurs passions.

1749. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Les Kœnigsmark »

Tout manqué que son livre puisse être, malgré l’indigence absolue de conception supérieure et les vices d’un langage prétentieux et déplacé, le sujet qu’il traite n’en reste pas moins d’un intérêt prodigieux, qui prend l’esprit et le passionne.

1750. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « César Daly »

Mais Daly n’en a pas moins eu raison de penser que Mérimée devait prendre un intérêt très vif, soit comme artiste, soit comme archéologue, à cette passionnante question des concours, si lucidement traitée dans le livre, et peut-être encore plus au talent qui y brille, à ce genre de talent qui a — sans rien couper ! 

1751. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Vauvenargues » pp. 185-198

Ainsi, au fond de ce griffonneur qui envoyait ses essais à Voltaire, le gentilhomme tenait bon comme le chrétien, et c’est ce fond de Vauvenargues — puisque son nom se prononce encore — qui mérite l’étude et l’intérêt de l’histoire.

1752. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « XVI. M. E. Forgues. Correspondance de Nelson, chez Charpentier » pp. 341-353

Malgré la réputation qu’eut cette biographie, dont tout l’intérêt vient exclusivement du héros qui y est platement raconté et dont l’héroïsme pouvait braver en paix la platitude de ses historiens, ce livre ne valait pas l’honneur que lui fait deux fois M. 

1753. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « M. Henri de L’Épinois » pp. 83-97

Il écrit cependant quelque part, en commençant son histoire : « Il n’est pas sans intérêt de montrer comment les circonstances, en manifestant PEUT-ÊTRE un dessein providentiel, ont dégagé dans l’histoire cette souveraineté naissante… » Mais il oublie que la question est plus profonde que cela, et cette parole : Le dessein peut-être providentiel, est une de ces faiblesses qui prouve que chez M. de L’Épinois le penseur catholique est inférieur à l’érudit.

1754. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Madame Du Deffand »

Elle lui avait demandé ses amitiés, sa supériorité, ses goûts, ses plaisirs, ses conversations, ses intérêts de toute sorte.

1755. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Nelson »

Malgré la réputation qu’eut cette biographie, dont tout l’intérêt vient exclusivement du héros qui y est platement raconté et dont l’héroïsme pouvait braver en paix la platitude de ses historiens, ce livre ne valait pas l’honneur que lui fait deux fois M. 

1756. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XV. Vauvenargues »

Ainsi, au fond de ce griffonneur qui envoyait ses essais à Voltaire, le gentilhomme tenait bon comme le chrétien, et c’est ce fond de Vauvenargues, — puisque son nom se prononce encore, — qui mérite l’étude et l’intérêt de l’histoire.

1757. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XXVI. Médecine Tessier »

M. le docteur Tessier n’est pas uniquement préoccupé de spiritualiser l’instruction et de tenir compte de la magnifique duplicité humaine, même dans l’intérêt de l’observation physiologique ; il va plus loin et plus haut… « Le rationalisme dogmatique, dit-il, ne saurait coordonner les phénomènes physiologiques, et comprendre les rapports de la physiologie et de la médecine, mais, sur le terrain de la pathologie, ce rationalisme devient la négation de TOUTE vérité. » Ainsi, comme on le voit, l’enseignement n’est pas seulement matérialiste ; il est de plus arbitraire et antimédical, et l’habile écrivain le prouve avec une rigueur dont, certes, il n’avait pas besoin aux yeux de ceux qui savent jusqu’où peut porter une idée.

1758. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « M. Caro. Le Pessimisme au XIXe siècle » pp. 297-311

On assure que la secte publie des brochures mystérieuses, pleines d’informations et d’instructions du plus haut intérêt au point de vue de la pathologie morale, mais de l’effet le plus bizarre sur les lecteurs qui ne sont pas initiés.

1759. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « M. Léon Aubineau. La Vie du bienheureux mendiant et pèlerin Benoît-Joseph Labre » pp. 361-375

I Le livre dont je vais vous parler doit être d’un intérêt puissant pour tout le monde, — sans exception, pour tout le monde.

1760. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « L’abbé Brispot »

Et véritablement, dans un temps où l’archéologie religieuse est en honneur et refleurit de toutes parts, elles offriront plus d’intérêt peut-être aux esprits curieux des choses du passé que si elles avaient appartenu à une pensée contemporaine.

1761. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Gustave D’Alaux »

Si nous en croyons les dépositions curieuses et terribles de l’histoire d’Alaux, Soulouque, ce vieil enfant, car il avait plus de soixante ans quand il fut élevé à la présidence de la République d’Haïti ; Soulouque, « ce formidable poltron qui voit dans toute ombre un fantôme et dans tout silence un guet-apens », cet être absurde, fanatique, dévoré par des superstitions de sauvage, méfiant, fanfaron, cruel, mais apathique après que le sang, dont il a des soifs vraiment physiques, est versé ; Soulouque, ou, pour l’appeler du nom d’empereur qu’il s’est donné dans une farce officielle qu’aucun gouvernement n’a eu d’intérêt à empêcher, Faustin, est très au niveau, si ce n’est très au-dessous, du premier Cafre venu qui va s’éteindre sur la Côte d’Ivoire.

1762. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Henri Cantel »

Seulement, ici, ce fond est si franchement et si juvénilement littéraire, que la Critique lui doit encouragement et sympathie, surtout dans un temps où la littérature, pour des intérêts moins nobles et moins purs, est lamentablement trahie… Eh bien, parmi le groupe de jeunes gens qui desservent la Revue française, voici Henri Cantel, un poète qui réunit en volume les poésies jusque-là dispersées dans le recueil que nous venons de signaler.

1763. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Lamartine »

Les détails de ce temps de jeunesse, qui va de la vie presque pastorale de l’enfant à la vie militaire du jeune homme, sont de l’intérêt le plus contrasté et le plus attachant.

1764. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Milton »

(Je parle ici dans l’intérêt de leur génie.)

1765. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Théophile Gautier. » pp. 295-308

Quoique tous les genres de composition romanesque ne soient pas égaux, même devant le génie, et qu’il y ait une hiérarchie dans les œuvres aussi bien que dans les esprits, j’admets cependant que tous les genres de roman ont un intérêt assez grand pour saisir vivement la pensée et faire prendre l’essor au talent ; mais franchement, je ne vois pas très-distinctement à quel genre de composition romanesque peut appartenir Le Capitaine Fracasse de M. 

1766. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « Les Mémoires d’une femme de chambre » pp. 309-321

Le Diable boiteux de Lesage, les Mémoires du Diable de Frédéric Soulié, ce Shakespeare des portières, dans lesquels il y a tant de vie et de vérité pourtant, ne reposent, après tout, que sur les plus grossières inventions fantastiques ; mais les Mémoires d’une femme de chambre, qui sont aussi des Mémoires du Diable à leur façon, s’appuient sur une donnée humaine d’un tout autre intérêt et d’une toute autre réalité !

1767. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « Edgar Poe » pp. 339-351

Au milieu des intérêts haletants de ce pays de la matière, Poe, ce Robinson de la poésie, perdu, naufragé dans ce vaste désert d’hommes, rêvait éveillé, tout en délibérant sur la dose d’opium à prendre pour avoir au moins de vrais rêves, d’honnêtes mensonges, une supportable irréalité ; et toute l’énergie de son talent, comme sa vie, s’absorba dans une analyse enragée, et qu’il recommençait toujours, des tortures de sa solitude.

1768. (1925) Proses datées

Je préfère me souvenir de l’élégant gentilhomme de race et de lettres qui, il y a une trentaine d’années, excitait un vif intérêt dans les cénacles et dans les salons. […] Elle participe au renouveau d’intérêt qui s’est produit depuis une dizaine d’années envers le Romantisme et particulièrement au point de vue biographique. […] De là aussi valeur particulière et leur intérêt spécial, mis à part l’importance et la curiosité de ce qu’ils rapportent. […] Il en est qui doivent à l’art seul du peintre leur intérêt permanent. […] Un de ces emprunts de 2 400 livres, fait le 13 novembre 1789, est remboursable le 13 novembre 1790, avec intérêt au denier vingt.

1769. (1903) Le problème de l’avenir latin

Chacun paraît avoir exprimé son avis en une matière que l’on pressent obscurément d’intérêt actuel, dans cette partie de l’Europe du moins, — sans se rendre compte de sa primordiale importance. […] Serait-ce là tout l’intérêt de la vie ? […] Il faudrait, en un mot, que vers ce centre vivant chacun se sentit au début attiré à la fois par son intérêt et par son plaisir, par une instinctive sympathie ensuite. […] Même annihilés au point de vue des grands intérêts du monde, ils posséderont encore assez de motifs d’intérêt pour subsister, durant une période impossible à déterminer, mais qui pourrait être plus longue qu’on ne pense. […] Il s’agit bien de prendre intérêt au phénomène prévu dont les antipodes sont témoins !

1770. (1892) Impressions de théâtre. Sixième série

Ô incertitude d’un cœur vraiment dévoué à ses propres intérêts ! […] » je connais peu de répliques aussi belles et aussi justes que la réponse du bailli : « Quel intérêt y aurais je ?  […] Et ainsi cette pièce ne vaut pas seulement par le drame qui s’y développe : elle a, par surcroît, l’intérêt d’une sorte d’expérience littéraire. […] Elle gourmande Kadik par honnêteté ; elle excuse Jeanne par charité ; elle veut garder sa maison par intérêt, et elle concilie sans beaucoup de peine son intérêt avec sa probité et sa bonté, parce qu’elle n’a aucun raffinement de sensibilité morale. […] Autrement dit, le progrès se fait peut-être par les coïncidences des égoïsmes individuels avec l’intérêt de l’humanité.

1771. (1880) Une maladie morale : le mal du siècle pp. 7-419

Mais les véritables romans eux-mêmes offrent pour nous de l’intérêt et ne doivent pas échapper à notre examen. […] Il paraît bien que, parmi ceux qui se montraient atteints du mal du temps, un assez grand nombre cherchait seulement à exciter l’intérêt. […] L’intérêt qu’excitèrent ses premières confessions le conduisit à affecter une tristesse fort exagérée, et l’affectation agit probablement sur ses sentiments. […] Quittons cette multitude obscure et arrivons à des personnalités plus dignes d’intérêt. […] La mort de son frère ne tarda pas à venir lui porter le dernier coup, et elle disait, le 2 mai 1840 : « Je n’ai plus d’intérêt à rien raconter, ni moi ni autre chose.

1772. (1903) La pensée et le mouvant

Mais notre intérêt pratique est de l’écarter, ou du moins de n’en accepter que ce qui peut éclairer et compléter plus ou moins utilement la situation présente. […] Nous n’avons aucun intérêt à écouter le bourdonnement ininterrompu de la vie profonde. […] En un mot, notre présent tombe dans le passé quand nous cessons de lui attribuer un intérêt actuel. […] Nous ne visons pas, en général, à connaître pour connaître, mais à connaître pour un parti à prendre, pour un profit à retirer, enfin pour un intérêt à satisfaire. […] Il est vrai que notre intérêt est souvent complexe.

1773. (1899) La parade littéraire (articles de La Plume, 1898-1899) pp. 300-117

Barrès, qu’un personnage soit au moins licencié ès lettres ou candidat à la députation pour présenter de l’intérêt romanesque. […] Mais il présente surtout de l’intérêt parce qu’il appartient à un courant d’idées, parce qu’on peut le classer dans une famille d’œuvres. […] À décrire les phases d’une saison, il éprouve autant d’intérêt qu’à étudier une passion humaine, qu’à se pencher sur le site taciturne et ténébreux de sa conscience. […] Leur tentative poétique, pourtant, si restreinte qu’elle fût, n’était pas sans présenter un certain intérêt, dans l’instant qu’ils s’y appliquèrent. […] Ce boulanger du voisinage, qui a vécu avec amour, et procréa dans la santé toute une famille de jeunes garçons blonds et de belles filles roses, peut-être est-il supérieur, dans son obscure conscience des lois éternelles, au super-Homme de Nietzsche, puisqu’il atteignit au bonheur et il présente, pour le moins, autant d’intérêt que l’Homme Libre de Barrès.

1774. (1896) Le livre des masques

Ceci n’est pas écrit pour prétendre qu’il n’y a pas entre la plupart d’entre eux d’évidentes similitudes de pensée et de technique, fait inévitable, mais tellement inévitable qu’il est sans intérêt. […] Vallotton, un petit intérêt documentaire. […] c’est tiré des singulières Poésies : « Les perturbations, les anxiétés, les dépravations, la mort, les exceptions dans l’ordre physique ou moral, l’esprit de négation, les abrutissements, les hallucinations servies par la volonté, les tourments, la destruction, les renversements, les larmes, les insatiabilités, les asservissements, les imaginations creusantes, les romans, ce qui est inattendu, ce qu’il ne faut pas faire, les singularités chimiques du vautour mystérieux qui guette la charogne de quelque illusion morte, les expériences précoces et avortées, les obscurités à carapace de punaise, la monomanie terrible de l’orgueil, l’inoculation des stupeurs profondes, les oraisons funèbres, les envies, les trahisons, les tyrannies, les impiétés, les irritations, les acrimonies, les incartades agressives, la démence, le spleen, les épouvantements raisonnés, les inquiétudes étranges, que le lecteur préférerait ne pas éprouver, les grimaces, les névroses, les filières sanglantes par lesquelles on fait passer la logique aux abois, les exagérations, l’absence de sincérité, les scies, les platitudes, le sombre, le lugubre, les enfantements pires que les meurtres, les passions, le clan des romanciers de cour d’assises, les tragédies, les odes, les mélodrames, les extrêmes présentés à perpétuité, la raison impunément sifflée, les odeurs de poule mouillée, les affadissements, les grenouilles, les poulpes, les requins, le simoun des déserts, ce qui est somnambule, louche, nocturne, somnifère, noctambule, visqueux, phoque parlant, équivoque, poitrinaire, spasmodique, aphrodisiaque, anémique, borgne, hermaphrodite, bâtard, albinos, pédéraste, phénomène d’aquarium et femme à barbe, les heures soûles du découragement taciturne, les fantaisies, les âcretés, les monstres, les syllogismes démoralisateurs, les ordures, ce qui ne réfléchit pas comme l’enfant, la désolation, ce mancenillier intellectuel, les chancres parfumés, les cuisses des camélias, la culpabilité d’un écrivain qui roule sur la pente du néant et se méprise lui-même avec des cris joyeux, les remords, les hypocrisies, les perspectives vagues qui vous broient dans leurs engrenages imperceptibles, les crachats sérieux sur les axiomes sacrés, la vermine et ses chatouillements insinuants, les préfaces insensées comme celles de Cromwell, de Mademoiselle de Maupin et de Dumas fils, les caducités, les impuissances, les blasphèmes, les asphyxies, les étouffements, les rages, — devant ces charniers immondes, que je rougis de nommer, il est temps de réagir enfin contre ce qui nous choque et nous courbe souverainement. » Maldoror (ou Lautréamont) semble s’être jugé lui-même en se faisant apostropher ainsi par son énigmatique Crapaud : « Ton esprit est tellement malade qu’il ne s’en aperçoit pas, et que tu crois être dans ton naturel chaque fois qu’il sort de ta bouche des paroles insensées, quoique pleines d’une infernale grandeur. » Tristan Corbière Laforgue, au courant d’une lecture, crayonna sur Corbière des notes qui, non rédigées, sont tout de même définitives ; parmi : « Bohème de l’Océan — picaresque et falot — cassant, concis, cinglant le vers à la cravache — strident comme le cri des mouettes et comme elles jamais las — sans esthétisme — pas de la poésie et pas du vers, à peine de la littérature — sensuel, il ne montre jamais la chair — voyou et byronien — toujours le mot net — il n’est un autre artiste en vers plus dégagé que lui du langage poétique — il a un métier sans intérêt plastique — l’intérêt, l’effet est dans le cinglé, la pointe-sèche, le calembour, la fringance, le haché romantique — il veut être indéfinissable, incatalogable, pas être aimé, pas être haï ; bref, déclassé detoutes les latitudes, de toutes les mœurs, en deçà et au-delà des Pyrénées. » Ceci est sans doute la vérité : Corbière fut toute sa vie dominé et mené par le démon de la contradiction. […] D’ailleurs s’il s’agit d’art, le débat, qui touche un si petit nombre de créatures, n’a pour l’humanité, comme toutes les questions purement intellectuelles, qu’un intérêt de clocher ou de coin de rue.

1775. (1805) Mélanges littéraires [posth.]

Les Grecs et les Romains, qui vivaient sous un gouvernement républicain, étaient continuellement occupés de grands intérêts publics : les orateurs appliquaient principalement à ces objets importants le talent de la parole ; et comme il s’agissait toujours, en ces occasions, de remuer le peuple en le convainquant, ils appelèrent éloquence le talent de persuader, en prenant pour le tout la partie la plus importante et la plus étendue. […] L’éloquence des modernes est encore plus souvent appliquée à ces sortes de matières, parce que la plupart n’ont pas, comme les anciens, de grands intérêts publics à traiter : ils ont donc eu encore plus de tort que les anciens, lorsqu’ils ont borné l’éloquence à la persuasion. […] L’action fait plus que d’animer le discours, elle peut même inspirer l’orateur, surtout dans les occasions où il s’agit de traiter sur-le-champ, et sur un grand théâtre, de grands intérêts, comme autrefois à Athènes et à Rome, et quelquefois aujourd’hui en Angleterre. […] L’intérêt vif que les Athéniens prenaient à l’objet de ces harangues, la déclamation sublime de Démosthène sur laquelle il nous est resté le témoignage d’Eschine même son ennemi, enfin l’usage sans doute inimitable qu’il faisait de sa langue pour la propriété des termes et pour le nombre oratoire, tout ce mérite est ou entièrement ou presque entièrement perdu pour nous. […] C’est au plus le style de quelques académies de province, dont la multiplication excessive et ridicule est aussi funeste aux progrès du bon goût, que préjudiciable aux vrais intérêts de l’État : depuis Pau jusqu’à Dunkerque, tout sera bientôt académie en France.

1776. (1902) Le chemin de velours. Nouvelles dissociations d’idées

Un jour vint où on la jugea sans intérêt ; dès les premiers siècles, son cercle avait commencé de se rétrécir. […] Toute plante de la montagne offre un égal intérêt au botaniste ingénu. […] Un homme et son œuvre, cela est d’intérêt si différent ! […] Ce catalogue de noms, suivi du nombre exact des adoratrices, n’est pas sans intérêt. […] Beau, mauvais, variable, avec toutes les nuances et toutes les modifications que ces mots subissent selon les intérêts, les désirs, les illusions de chacun.

1777. (1896) Le IIe livre des masques. Portraits symbolistes, gloses et documents sur les écrivains d’hier et d’aujourd’hui, les masques…

Aussi quand il se crut mis en demeure de choisir entre ses idées et son état, il choisit de garder ses idées, sans se demander si l’abandon de son état n’allait pas diminuer l’intérêt même de ses idées. […] Observer la vie un peu de loin, sans prendre part au combat des intérêts, comme s’il s’agissait d’une autre race, c’est la première règle de l’écrivain réaliste ; il ne doit mettre aucune passion dans ses peintures. […] J’attends cela aussi des explorateurs, mais aucun ne semble avoir jamais compris l’intérêt des vies, individuelles coudoyées le long des fleuves : l’homme vit au milieu de décors qu’il n’a même pas la curiosité de frapper du doigt pour les savoir en bois, en toile ou en papier. […] Ces vers, les derniers écrits par Mikhaël, peu de semaines, ou de jours, avant sa fin, ont un intérêt presque testamentaire. […] Il y a un lien de cause à effet, cela est naïvement clair, entre l’homme et l’œuvre, mais de quel intérêt peut bien être la connaissance de l’homme pour qui s’amuse aux fantastiques marines de Claude Lorrain ?

1778. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre premier. Ce que devient l’esprit mal dépensé » pp. 1-92

» Il explique, aussi bien que l’expliquerait Marivaux lui-même, comment dans la comédie l’honnêteté nuptiale n’est qu’un leurre, « car la passion ne saisit que son propre objet ; le mariage, loin d’empêcher tout autre amour, le provoque au contraire » ; et c’est justement à cet amour profane que se rattache l’intérêt des plus honnêtes comédies. […] Dans la pièce de Beaumarchais, je commençais à m’attacher au comte Almaviva, enveloppé dans un manteau et passant la nuit à la belle étoile ; mais aussitôt que je vois arriver ce boulet de canon qu’on appelle Figaro, ce bel esprit qui ne doute de rien, aussitôt, l’intérêt que m’inspirait cet inconnu livré à lui-même, s’efface et disparaît devant le grand seigneur servi avec tant de zèle, de dévouement et de fracas. […] Aussitôt, il s’émeut, il court, il s’agite, il commence à comprendre qu’il faut quelquefois prendre intérêt à la maison qu’on habite, quoiqu’elle ne nous appartienne pas. » Mais cette fois encore, le noble caractère d’Alceste ne se dément pas. […] De là tout l’intérêt que vous portez à cette noble misère. […] L’homme qui a laissé après lui tant des choses qui ne peuvent pas mourir : Marianne, l’un des plus aimables romans de notre langue, et des comédies telles que Les Fausses Confidences et Les Jeux de l’amour et du hasard, est à coup sûr un romancier et un auteur dramatique, digne de tout notre intérêt et de toute notre étude.

1779. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Molière »

Pour le roi, pour la cour et les fêtes de commande, pour le plaisir du gros public et les intérêts de sa troupe, pour sa propre gloire et la sérieuse postérité, Molière se multiplie et suffit à tout. […] De telles imitations, loin de nous refroidir envers notre poète, nous sont chères ; nous aimons à les rechercher, à les poursuivre jusqu’au bout, dans un intérêt de parenté. […] Dans les intérêts de sa troupe, il lui fallut souvent dépêcher l’ouvrage, comme quand il fournit son théâtre d’un Don Juan, parce que les comédiens de l’hôtel de Bourgogne et ceux de Mademoiselle avaient déjà le leur, et que cette statue qui marche ne cessait de faire merveille […] Ma passion est venue à tel point qu’elle va jusqu’à entrer avec compassion dans ses intérêts.

1780. (1894) Journal des Goncourt. Tome VII (1885-1888) « Année 1885 » pp. 3-97

Daudet comparait, ces jours-ci, l’intérêt qui se fait forcément entre un auteur et ses interprètes, à l’intimité qui s’établit entre passagers et matelots sur un vaisseau, pendant une tempête. […] » Car cet enfant a une terreur de la mort, et demande, de temps en temps, avec un intérêt tout particulier, des nouvelles de M.  […] Puis entre nous trois, Zola, Daudet et moi, il y a une causerie intime sur le jeune de la littérature actuelle, qui, ayant l’idée d’un livre, et en détaillant avec feu tout l’intérêt, finit par dire froidement : « Ah ! […] Mais à la mort du troisième, l’intérêt baisse dans l’omnibus, et quand elle en arrive à la mort de son quatrième enfant, mangé, au bord du Nil, par un crocodile — et c’est cependant celui qui a dû le plus souffrir, — tout le monde éclate de rire.

1781. (1896) Journal des Goncourt. Tome IX (1892-1895 et index général) « Année 1892 » pp. 3-94

Puis revenant à ces quatre années, passées en Afrique — où il n’y a pas cependant l’intérêt historique des voyages d’Asie — il dit que le voyage n’a un charme que dans les pays, où le voyageur rencontre la lumière, la chaleur, la gaîté des soleils levants, et que dans le froid, quelque intérêt qu’ait le voyage, il est toujours triste. […] Yvon, — c’était convenu, — devait représenter l’épisode dans la bataille de Solférino, mais le général Fleury s’y opposait, prétextant que la blessure du cheval déplaçait l’intérêt, le retirait de dessus la tête de l’empereur. […] » Et elle me parle du mépris de Porel pour la presse, qui a éreinté tout ce qu’il a joué d’artistique. « Du reste, pour prouver l’inintelligence des journalistes, ajoute-t-elle, figurez-vous que lorsque j’ai joué Germinie Lacerteux, j’ai reçu haut comme cela de lettres — et ses deux mains dessinent la grandeur d’une cassette — pour me détourner de la jouer… et c’étaient des amis… des gens qui m’étaient attachés… et qui le faisaient, dans l’intérêt de mon avenir… Eh bien, si je les avais écoutés, je serais restée une moule ! 

1782. (1920) Action, n° 2, mars 1920

Il considère toutefois l’expressionnisme de peu d’intérêt, écrivant en mars : « Nous avons eu avant la guerre le simultanéisme et l’unanimisme. […] Les hommes meurent aussi à vingt-cinq ou trente ans, la plupart : en eux se flétrit la vertu de penser au-delà de leurs intérêts propres et de soi-même ; leurs frontières sont fermées pour jamais. […] On sait bien que ces bourgeois, ces gens du monde, ces intérêts d’argent et de vanité ne sont pas héroïques. […] L’intelligente sollicitude de Charlemagne avait déjà, par l’intérêt personnel qu’il témoignait aux lettres et à l’art du livre, fait prospérer ce métier monastique.

1783. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Histoire de la querelle des anciens et des modernes par M. Hippolyte Rigault — [Introduction] » pp. 132-142

Rigault a conçu son travail à un point de vue plus étendu que je ne l’aurais fait moi-même : j’en aurais voulu faire, ce me semble, et si l’on me permet cette imagination bien facile après coup, un épisode distinct et tranché de l’histoire littéraire française, une pure et vraie querelle, une fronde en trois actes, avec une sorte d’intérêt et de gradation, avec début, milieu et fin, les complications étrangères y tenant moins de place, et les grands philosophes énigmatiques comme Vico ne faisant tout au plus que s’apercevoir à l’horizon ; car, dès qu’ils interviennent, ils écrasent un peu trop les nôtres.

1784. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Madame Desbordes-Valmore. »

J’ai enfermé cette ] lettre avec ce que vous avez jamais écrit de plus ardent et de plus loyal : aussi l’ai-je lue en compagnie de mon cher fils avec un intérêt indicible.

1785. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Lamartine — Note »

» « — Saint-Priest relit maintenant Lamartine, et il me dit que cette lecture rétrospective, éclairée par le jour des événements récents, est d’un intérêt tout nouveau.

1786. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Troisième partie. Disposition — Chapitre VII. Narrations. — Dialogues. — Dissertations. »

Le dialogue que demandent la logique des événements et la nature intime des individus, n’est pas celui que composent dans le monde les circonstances, les convenances et l’intérêt : ce qui est philosophique et vrai n’a guère l’air de la vie et de la réalité.

1787. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Stendhal, son journal, 1801-1814, publié par MM. Casimir Stryienski et François de Nion. »

Et si, quelque bonne volonté qu’on apporte à cette lecture, les trois quarts de ces notes sont décidément dénuées d’intérêt, il ne faut pas oublier qu’il n’était qu’un enfant quand il commença à les écrire.

1788. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — R — Richepin, Jean (1849-1926) »

… Le Chemineau n’en reste pas moins une œuvre intéressante, d’un joli travail, qui sera écoutée avec plaisir par ceux à qui les pures lettres suffisent pour l’intérêt d’une soirée.

1789. (1890) L’avenir de la science « VI »

Notre public est trop difficile ; il exige de l’intérêt et même de l’amusement, là où l’instruction devrait suffire ; et, de fait, jusqu’à ce qu’on ait conçu le but élevé et philosophique de la science, tant qu’on n’y verra qu’une curiosité comme une autre, on devra la trouver ennuyeuse et lui faire un reproche de l’ennui qu’elle peut causer.

1790. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Jean-Baptiste Rousseau, et Joseph Saurin. » pp. 28-46

Seroit-ce la première fois que des hommes opposés d’état & de caractère, mais liés par un intérêt commun, auroient emporté, dans le tombeau, un secret abominable ?

1791. (1757) Réflexions sur le goût

Sans combattre le préjugé par des paradoxes, il avait, ce me semble, un moyen plus court de l’attaquer ; c’était d’écrire Inès de Castro en prose ; l’extrême intérêt du sujet permettait de risquer l’innovation, et peut-être aurions-nous un genre de plus.

1792. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre X. Mme A. Craven »

L’histoire a les faits et l’intérêt des faits, même mal racontés.

1793. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Louis XVI et sa cour »

Louis XVI, en s’abandonnant avec cette insouciance à sa pente naturelle, manquait à ses intérêts d’époux autant qu’à sa position.

1794. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Ch.-L. Livet »

Il convient d’une préciosité de bourgeoisie et de province, qui méritait, dit-il, tout sur ce point : « les piquants tableaux de Molière et de Saumaise » ; mais celle-là dont l’hôtel de Rambouillet fut le berceau et le théâtre, c’est-à-dire celle des femmes de la ville et de la cour, ne mérite que l’intérêt et le respect de l’histoire.

1795. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « La Paix et la Trêve de Dieu »

Cela seul jetterait sur son ouvrage un intérêt puissant et relevé, mais ce n’est pas tout.

1796. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « La Femme au XVIIIe siècle » pp. 309-323

Mais, grande ou petite, voilà leur originalité et l’explication de leur succès parmi nous, les affaiblis de la raison, qui n’avons d’intérêt que pour les arts de l’imagination et de la main !

1797. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Armand Carrel » pp. 15-29

Nous serions même étonné de la médiocrité foncière de ce talent, qu’on a cru énorme, et du peu d’intérêt de ces écrits, qui ont eu la vie, si nous ne savions pas que, par son essence, le journalisme est condamné à ces effroyables déchets.

1798. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Eugène Pelletan » pp. 203-217

Ces quatre biographies, qui ne peuvent pas être justes, avec les opinions de l’auteur, ne manquent ni d’intérêt ni même de piquant, non dans le fond des choses et des jugements, qui sont, excepté sur l’un d’eux (Béranger), de la plus profonde pauvreté, mais dans la manière dont elles sont touchées.

1799. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Alexis de Tocqueville »

C’est sa manière de sentir et surtout de dire, qui fait l’intérêt d’une pareille publication.

1800. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Hoffmann »

Il n’a point changé le caractère de ce qu’il a trouvé, et voilà l’intérêt du livre.

1801. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « G.-A. Lawrence »

Et cette force, qui fait trembler, mourant comme meurent ici-bas la fidélité et la tendresse, quand on les a une fois blessées, a suffi pour l’intérêt du livre de Lawrence et pour lui amener, captivées, toutes les imaginations.

1802. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Byron »

On ne le rongeait pas et on ne le plantait point sur un pal pour que les rossignols de la musique, qui aiment le cadavre comme des corbeaux, pussent s’en régaler, dans l’intérêt de leur voix.

1803. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XII. MM. Doublet et Taine »

Taine, dans l’intérêt de son esprit et de sa renommée, de retourner à cette traduction de Shakespeare dont il nous a donné un jour de si beaux fragments.

1804. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XXVIII. M. Flourens »

Il n’y a pas que le génie littéraire de Fontenelle, retrouvé au fond de sa fonction, comme une chose oubliée à sa place dans l’intérêt de son successeur.

1805. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « M. Matter. Swedenborg » pp. 265-280

Matter, que je crois très complet, moins la solution désirée, mais qui, dans tous les cas, est de l’intérêt le plus animé et le plus soutenu, n’est que le dossier de Swedenborg dans le procès qu’on fera peut-être un jour à son embarrassante mémoire, mais, comme dossier, il est excellent.

1806. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « L’abbé Monnin. Le Curé d’Ars » pp. 345-359

S’il ne l’a point fait et si l’art y perd, l’art concentré, fini, qui taille son diamant et l’enchâsse solidement pour qu’il reste où il brille le mieux, c’est qu’il avait ses raisons sans doute, — des raisons plus hautes que l’intérêt d’un ouvrage et même d’un chef-d’œuvre !

1807. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Guizot »

Guizot a méconnu la plus vulgaire règle de composition, qui exige que l’intérêt aille toujours croissant dans toute œuvre littéraire, et il a commencé son livre par ceux avec lesquels il devait le finir ; car, à moins que toutes les notions ne se trouvent brouillées dans sa tête, saint Louis et Calvin sont bien autrement intéressants en histoire que Duplessis-Mornay et même que saint Vincent de Paul !

1808. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Ernest Hello »

C’est un conteur qui ne conte pas pour conter ; il ne conte pas pour l’intérêt, la passion, la beauté de son conte.

1809. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « José-Maria de Heredia »

Elles ne cherchaient plus qu’à mesurer l’amour avec l’aune de l’intérêt.

1810. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « G.-A. Lawrence » pp. 353-366

Et cette force, qui fait trembler, mourant comme meurent ici-bas la fidélité et la tendresse, quand on les a une fois blessées, a suffi pour l’intérêt du livre de M. 

1811. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre iv »

Les originaires d’Alsace, Français de la même manière que les habitants de Nantes ou de Marseille, ont en plus un besoin personnel de la victoire, un intérêt immense à l’écrasement de l’Allemagne.

1812. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXX. De Fléchier. »

L’éloge d’une reine qui, par caractère, autant que par les circonstances, éloignée des grands intérêts et des affaires, n’a pu avoir qu’une grandeur modeste et des vertus presque obscures sur le trône, peut être difficilement piquant.

1813. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Première série

Sully-Prudhomme crut qu’il ne serait pas de trop pour traduire les plus chers de ses propres sentiments ; que l’âme méritait bien cet effort pour être peinte dans ses replis ; que c’est spéculer lâchement sur l’intérêt qui s’attache d’ordinaire aux choses du cœur que de se contenter d’à peu près pour les exprimer. […] L’intérêt se réduit alors à voir comment il s’en tire, comment le retour de la rime, et de la rime riche, ne nuit en rien à la propriété et à la clarté de cette prose qui se donne pour poésie. […] Renan paraît prendre un intérêt prodigieux à ce qu’il explique et s’amuser énormément. […] Ajoutez qu’il ne pouvait guère y avoir d’intérêt dramatique ni de progression dans ces aventures de la chair toute crue. […] Un autre, un aubergiste, ayant intérêt à la mort d’une vieille femme, s’en débarrasse gaiement en la tuant d’eau-de-vie, de « fil en dix ».

1814. (1900) La vie et les livres. Cinquième série pp. 1-352

On a découvert que le grand Victor Hugo savait défendre ses intérêts, toucher ses rentes, résister à son éditeur. […] Le second Empire, ainsi vu du dedans, et par un témoin dont la déposition n’est point altérée par des préoccupations d’intérêt personnel, est un des spectacles les plus émouvants que les historiens puissent observer et dépeindre. […] Il est fait pour vivre dans un phalanstère studieux, dans un couvent de bénédictins laïques, et non point dans une cohue qui n’est agitée et passionnée que par des vanités ou des intérêts. […] Il nous dit crûment que « le plus grand nombre de ces hommes se sentaient atteints non seulement dans leurs opinions publiques, mais dans le plus sensible de leurs intérêts privés ». […] Et la source de l’intérêt en est inévitablement appauvrie.

1815. (1920) Essais de psychologie contemporaine. Tome II

L’âpre concurrence des intérêts est donc en pleine vigueur. […] S’il est à Paris, il a sous les yeux le décor des rues, des magasins, des salons, la cohue des intérêts rivaux, la mêlée des passions, une masse énorme d’hommes et de femmes qui vont et qui viennent, tous marqués au sceau des mœurs de l’époque. […] Les Goncourt nous offrent un exemple accompli de ce que devient, grâce à cette présence, la sensibilité intellectuelle de créatures très distinguées, qui se livrent au goût de la collection non point par élégance, ou par mode, ou par intérêt, mais par un invincible et profond besoin de leur être. […] Ses erreurs et ses insuffisances mêmes ont leur intérêt, pourvu qu’elles soient sincères. — Je voudrais tenter un essai de ce genre à l’occasion du grand romancier dont j’ai mis le nom en tête de cette étude. […] Cela faisait une longue et diffuse monographie de l’existence d’une âme, mais une monographie d’un caractère d’authenticité incomparable ; et comme cette âme était très haute et très noble, l’intérêt du drame qui s’est joué en elle parut assez général aux amis du mort pour qu’ils fussent tentés de donner au public quelques fragments au moins de ce journal.

1816. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Le Chevalier de Méré ou De l’honnête homme au dix-septième siècle. »

Ne rien faire que par intérêt, même en ces choses légères, ne pas savoir être aimable, même gratuitement et en pure perte, M. de Méré appelle cela les mauvaises mœurs . […] L’honnête homme est plus généreux ; il cherche à plaire partout et à tous, même aux moindres que lui, et sans intérêt. […] La dernière lettre que j’ai à produire, et qui est restée jusqu’ici enfouie dans le recueil qu’on ne lit pas, est d’un tout autre caractère que la précédente, et d’un intérêt moral tout particulier ; elle nous rend la conversation d’un des hommes qui causaient le mieux, avec le plus de douceur et d’insinuation, de ce La Rochefoucauld qui n’avait de chagrin que ses Maximes, mais qui, dans le commerce de la vie, savait si bien recouvrir son secret d’une enveloppe flatteuse.

1817. (1864) Cours familier de littérature. XVII « Ce entretien. Benvenuto Cellini (2e partie) » pp. 233-311

Étant donc à Rome, j’allai voir Altoviti, qui me répéta les paroles de Michel-Ange, et chez lequel j’avais placé quelque argent, dont il me devait l’intérêt, ainsi que le prix de son buste ; mais, quand nous fûmes sur cet article, il parut si refroidi envers moi, et il me donna de si mauvaises raisons, que je fus obligé de lui laisser mon argent en rente viagère à quinze pour cent, et que je perdis le prix du buste que je lui avais fait. […] « Ayant éprouvé la mauvaise foi des marchands, dans mes rapports d’intérêt avec Altoviti, je retournai très mécontent à Florence, où ma première visite fut pour le duc, qui était à son château au-dessus du pont des Rifredi. […] Quand ils eurent fini leurs longs discours, je leur répondis que j’étais au service d’un prince plus amateur des talents que tout autre, et dans le sein de ma patrie, qui était celle des beaux-arts ; que si l’intérêt me faisait agir, je n’avais qu’à rester auprès du grand roi François, qui me donnait un traitement de mille écus d’or, sans compter la facture de mes ouvrages ; de sorte que, tous les ans, il m’en revenait plus de quatre mille ; que cependant j’avais renoncé à cet état magnifique, et laissé en France le fruit de quatre ans de travail.

1818. (1866) Cours familier de littérature. XXI « CXXIe entretien. Conversations de Goethe, par Eckermann (3e partie) » pp. 5-96

« Il n’est pas bon que l’homme soit seul, dit Goethe, et surtout il n’est pas bon qu’il travaille seul ; il a besoin, pour réussir, qu’on prenne intérêt à ce qu’il fait, qu’on l’excite. […] » Quant à moi, qui n’aime ni le faux, ni l’excès, ni certains drames de Victor Hugo, j’avoue que j’ai lu avec attendrissement et intérêt le roman bizarre, mais neuf, de Notre-Dame de Paris. […] Le soir, il demanda la liste des personnes qui étaient venues savoir de ses nouvelles, et, après l’avoir lue, il dit qu’il n’oublierait pas, après sa guérison, cette preuve d’intérêt.

1819. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 avril 1885. »

Arrivé là, il me semble voir clairement que chaque art demande, dès qu’il est aux limites de sa puissance, à donner la main à l’art voisin ; et en vue de son idéal, je trouvai un vif intérêt à suivre cette tendance dans chaque art particulier ; il me parut que je pouvais la démontrer de la manière la plus frappante dans les rapports de la poésie à la musique, en présence surtout de l’importance extraordinaire qu’a prise la musique moderne. […] « Le symphoniste se rattachait encore timidement à la forme dansante primitive, il ne se hasardait jamais à perdre de vue, fût-ce dans l’intérêt de l’expression, les routes qui le tenaient en relation avec cette forme ; et voici que maintenant le poète lui crie : « Lance-toi sans crainte dans les flots sans limites, dans la pleine mer de la musique ! […] Dix représentations données en l’espace de trois semaines, témoignent à suffisance de l’intérêt qui s’attache à la courageuse initiative de MM. 

1820. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 octobre 1885. »

Le vif intérêt que j’y pris finit par augmenter mon attente jusque l’impatience ; dans une heure de bonne humeur, j’ébauchai moi même le plan d’une pièce telle que je devais à peu près en désirer une, et ; en peu de jours, je la poussai si loin, — comme une interruption gaie à des travaux sérieux, — que je pus la remettre à un jeune musicien, qui alors habitait chez moi, pour qu’il essayât d’en faire la musique. […] La vie éternelle, infinie, qu’annonce Jésus est la vie de ce monde, si nous la voulons arracher aux limites des personnes et des intérêts. […] La vie égoïste, mondaine, la vie des intérêts et des luttes, évidemment, n’est point la vie réelle, puisqu’elle se termine par la mort.

1821. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 juin 1886. »

Wilder ; — et la différence est, en vérité, d’un petit intérêt. […] Toutefois l’incohérence du récit est extrême : vingt personnages occupent successivement l’intérêt : de là, chez le lecteur une lassitude, dans l’effort à recréer ces vies, si diverses et complexes, et qui défilent, laissant la place à d’autres. […] Ouvrage très littéraire et d’un continu intérêt.

1822. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre quatrième. Éléments sensitifs et appétitifs des opérations intellectuelles — Chapitre deuxième. Les opérations intellectuelles. — Leur rapport à l’appétition et à la motion. »

Le premier de ces modes est l’appétition, qui fait que toute sensation, à l’origine, provoque un intérêt, désir ou aversion. Même aujourd’hui, les sensations les plus indifférentes, si elles ont le degré d’intensité voulu pour être affirmées, ont par cela même le degré d’intensité voulu pour être aperçues et remarquées, conséquemment le degré d’intérêt nécessaire pour provoquer une certaine direction de l’appétition ou de la volonté. […] Si les idées en lutte se contrarient de manière à se contrebalancer mutuellement, il y aura doute et suspension de jugement ; s’il y a un excès en faveur d’une idée ou d’un système d’idées, la réaction intellectuelle aura lieu de ce côté, et la réaction volontaire suivra, du moins à son début, sauf à être arrêtée en chemin par quelque intérêt venant à la traverse.

1823. (1860) Cours familier de littérature. IX « LIVe entretien. Littérature politique. Machiavel (3e partie) » pp. 415-477

XXIV Non, ni les vrais patriotes italiens ni les généreux patriotes français ne peuvent trouver longtemps le salut de l’Italie dans un pareil contresens à la renaissance de l’Italie et aux intérêts permanents de la France. […] La liberté constitutionnelle à laquelle vous aspirez sera justement plus assurée chez vous qu’à Turin ; ce n’est plus l’arbitraire d’un roi soldat qui vous mesurera selon ses intérêts cette liberté constitutionnelle, et qui vous la changera en dictature militaire au premier tocsin ; c’est vous-mêmes qui vous la donnerez selon vos mœurs et vos lumières, et qui ne la mesurerez qu’à vos vertus publiques !

1824. (1860) Cours familier de littérature. X « LVIIe entretien. Trois heureuses journées littéraires » pp. 161-221

L’individualité seule produit l’intérêt dans un poème : une doctrine ne personnifie qu’une vérité. […] Voilà pourquoi, hors quelques exceptions très rares, nous regrettons de voir de grands lyriques prêter, même dans un intérêt de vertu, leurs sublimes indignations chantées à la politique.

1825. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série «  Leconte de Lisle  »

Alors, le cœur révolté contre l’Être, mais les yeux pleins du prestige de ses formes ; indigné des monstruosités de l’histoire, mais désarmé par l’intérêt de son mécanisme et ébloui par la richesse de ses décors ; soulevé contre le spectre des religions, mais apaisé par l’idée qu’un jour peut-être elles auront vécu ; conspuant l’humanité et l’adorant à la fois, il alla prendre pour héros l’antique rebelle, le premier après Lucifer qui ait crié : Non serviam ! […] Etre convaincu que toute émotion est vaine ou malfaisante, sinon celle qui procède de l’idée de la beauté extérieure ; regarder et traduire de préférence les formes de la Nature inconsciente ou l’aspect matériel des mœurs et des civilisations ; faire parler les passions des hommes d’autrefois en leur prêtant le langage qu’elles ont dû avoir et sans jamais y mettre, comme fait le poète tragique, une part de son cœur, si bien que leurs discours gardent quelque chose de lointain et que le fond nous en reste étranger ; considérer le monde comme un déroulement de tableaux vivants ; se désintéresser de ce qui peut être dessous et en même temps, ironie singulière, s’attacher (toujours par le dehors) aux drames provoqués par les diverses explications de ce « dessous » mystérieux ; n’extraire de la « nuance » des phénomènes que la beauté qui résulte du jeu des forces et de la combinaison des lignes et des couleurs ; planer au-dessus de tout cela comme un dieu à qui cela est égal et qui connaît le néant du monde : savez-vous bien que cela n’est point dépourvu d’intérêt, que l’effort en est sublime, que cet orgueil est bien d’un homme, qu’on le comprend et qu’on s’y associe ?

1826. (1902) Le culte des idoles pp. 9-94

Moi, je ne m’y connais pas assez. » M. de Goncourt était un homme chagrin, à qui il était arrivé, comme à Boileau, je ne sais quelle aventure sexuelle fort malheureuse ; ayant quelques petites rentes, il se consolait en fréquentant les boutiques de bric-à-brac et les commissaires-priseurs ; il achetait des papiers qui pouvaient être authentiques, mais n’avaient aucun intérêt ; puis, rentré chez lui, à la lampe, il s’applaudissait de ses achats, les classait et en faisait des livres. […] Il s’adressait à des êtres qui ont le devoir de ne regarder que leur personne parce que mille intérêts en dépendent, et qu’ils servent réellement le monde entier en ne pensant qu’à eux-mêmes.

1827. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 février 1886. »

Ainsi nos compositeurs auraient-ils, je crois, tout intérêt à composer eux-mêmes tout leur drame ; alors seulement ils auraient la vision complète de leur personnage, dans toute l’expression de sa vie. […] Comme les auteurs eux-mêmes l’ont déclaré, ce livre n’apporte donc point des choses très nouvelles ; le côté philosophique des drames Wagnériens y est même tout à fait négligé ; aux Wagnéristes érudits il n’offre que l’intérêt d’une très bonne exposition de choses connues.

1828. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 juillet 1886. »

  Mais la chose principale est de tomber bientôt d’accord sur une meilleure façon d’attaquer l’affaire : il faut réunir des souscriptions ; il y a peu de gens pour donner cent thalers, même dans un but national ; il y en a bien qui en peuvent donner cinquante, plus encore donneront vingt et beaucoup dix ; ce sont ceux qui se laissent persuader à soutenir une chose vraiment grande, sans y avoir pourtant l’intérêt spécial qui pourrait les décider à faire un jour le voyage de Bayreuth. […] L’intérêt croît avec l’ardeur des deux amants, depuis le réveil de Brünnhilde jusqu’à ce duo passionné où le génie du poète a su rendre toute la grandeur, toute la sublimité et jusqu’à la fatalité de l’amour.

1829. (1888) Préfaces et manifestes littéraires « Romans et nouvelles » pp. 3-80

Il nous est venu la curiosité de savoir si cette forme conventionnelle d’une littérature oubliée et d’une société disparue, la Tragédie, était définitivement morte ; si dans un pays sans caste et sans aristocratie légale, les misères des petits et des pauvres parleraient à l’intérêt, à l’émotion, à la pitié, aussi haut que les misères des grands et des riches ; si, en un mot, les larmes qu’on pleure en bas, pourraient faire pleurer comme celles qu’on pleure en haut. […] Mais la prostitution et la prostituée, ce n’est qu’un épisode, — la prison et la prisonnière : voilà l’intérêt de mon livre.

1830. (1886) Quelques écrivains français. Flaubert, Zola, Hugo, Goncourt, Huysmans, etc. « Victor Hugo » pp. 106-155

S’il parvient dans la Légende des siècles à faire passionnément déclamer Dieu, saint Jean, Mahomet et Charlemagne, le Cid, les conseillers du roi Ratbert, des thanes écossais, une montagne et une stèle, on peut en conclure sa grande souplesse d’esprit, et aussi l’intérêt mal concentré, superficiel et passager, qu’il porte à toutes ces ombres et ces symboles. […] Hugo s’est emparé d’une pensée vulgaire, quand il a imaginé une âme sans complications, ou une péripétie sans antécédents, le poète ne s’en tient pas à cette simplicité sans intérêt.

1831. (1913) La Fontaine « V. Le conteur — le touriste. »

Je serais merveilleusement curieux que la chose fut véritable…, etc. » Suivent toutes sortes d’histoires qui ne se rapportent véritablement qu’à sa famille et qui n’ont d’intérêt que pour des personnes de sa famille. […] C’est encore de ce ton qu’il a parlé, quoique très peu, mais avec un intérêt qui, pour nous, est considérable, presque immense, de lui-même.

1832. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Victor Hugo »

Il était trop glorieux pour écouter l’intérêt de sa gloire… En ce temps-là, c’était le moment de s’élever le premier dans l’ordre des Poètes ; mais, malgré ses facultés soi-disant immortelles, il laissa passer ce moment-là. […] Mais, à cela près, peu d’intérêt et beaucoup de silence, — le silence du respect, du respect pour les opinions qu’on avait autrefois.

1833. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre second. De la sagesse poétique — Chapitre III. De la logique poétique » pp. 125-167

. — Les verbes qui sont des genres à l’égard de tous les autres, tels que : sum, qui indique l’existence, verbe auquel se rapportent toutes les essences, c’est-à-dire tous les objets de la métaphysique ; sto, eo, qui expriment le repos et le mouvement, auxquels se rapportent toutes les choses physiques ; do, dico, facio, auxquels se rapportent toutes les choses d’action, relatives soit à la morale, soit aux intérêts de la famille ou de la société, ces verbes, dis-je, sont tous des monosyllabes à l’impératif, es, sta, i, da, dic, fac ; et c’est par l’impératif qu’ils ont dû commencer. […] Ce fut dans l’intérêt du genre humain que la Providence fit naître la topique avant la critique.

1834. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « La princesse Mathilde » pp. 389-400

— Il présida et tint constamment la main par la suite aux arrangements qui furent réglés dans l’intérêt de la jeune femme, lors de la séparation des époux.

1835. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Alfred de Musset » pp. 364-375

Dans le présent épisode surtout, les Confessions ont retenti des deux parts, et ce serait le cas de dire avec Bossuet, si nous en avions le droit et si nous n’étions pas des leurs, qu’il y en a « qui passent leur vie à remplir l’univers des folies de leur jeunesse égarée. » L’univers, il faut en convenir aussi, c’est-à-dire la France, s’y est prêtée en toute bonne grâce ; elle a écouté et accueilli avec un intérêt prononcé, et d’une âme encore très littéraire en ce temps-là, tout ce qui du moins lui paraissait éloquent et sincère.

1836. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Histoire de la littérature française, par M. D. Nisard. Tome iv. » pp. 207-218

Le dernier volume qui comprend bien des périodes, bien des successions d’écoles et des révolutions de goût, depuis la fin du xviie  siècle jusques et y compris le commencement du xixe , offre un intérêt très vif : la manière seule dont les questions sont posées pique mon attention et m’arrête à chaque pas.

1837. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Correspondance de Voltaire avec la duchesse de Saxe-Golha et autres lettres de lui inédites, publiées par MM. Évariste, Bavoux et Alphonse François. Œuvres et correspondance inédites de J-J. Rousseau, publiées par M. G. Streckeisen-Moultou. — I » pp. 219-230

Prevost-Paradol a entretenu avec intérêt les lecteurs du Journal des débats (13 août 1858), annonçaient que le patient investigateur était dès lors arrivé à des résultats neufs qui ajoutaient à la connaissance intime de la vie et de l’âme du grand écrivain.

1838. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Waterloo, par M. Thiers »

Ayant traversé Charleroi et arrivé à Gilly, Napoléon, dont la vue se justifiait, et qui avait saisi le point faible de la ligne, le joint entre les Prussiens.et des Anglais, avait intérêt à amener les premiers dans des plaines de Fleurus pour.leur livrer bataille et les rejeter du côté de Namur, d’où ils venaient.

1839. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Waterloo, par M. Thiers (suite) »

Thiers, supérieur encore par l’intérêt à tous les autres, nous appelle, et nous y reviendrons.

1840. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Appendice — II. Sur la traduction de Lucrèce, par M. de Pongerville »

C’était un droit pour nous d’examiner avec sévérité ses titres ; et comme nous les avons trouvés de faux aloi, et nuls de toute nullité, nous avons cru de notre devoir de le déclarer bien haut, sans réticence, et dans l’intérêt des plus dignes. » 180.

1841. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Victor Hugo — Victor Hugo, romans (1832) »

Les longues routes qu’on fait lentement et où souvent l’on s’arrête, prenant intérêt à tout, montrant du geste ou de la canne chaque perspective un peu riante, ne lui vont pas ; même quand la catastrophe est au bout, ces lenteurs et ces circuits le fatiguent ; il les dévore.

1842. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « JULES LEFÈVRE. Confidences, poésies, 1833. » pp. 249-261

Un détail curieux, c’est que, ses poésies se vendant très-peu, il était encore, pour ainsi dire, avare de ses exemplaires, qu’il aimait mieux enfouir chez lui que de les distribuer et de les donner, et cela dans la crainte seule d’avoir l’air de demander quelque chose à qui que ce fût, dans l’intérêt de ses productions.

1843. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « FLÉCHIER (Mémoires sur les Grands-Jours tenus à Clermont en 1665-1666, publiés par M. Gonod, bibliothécaire de la ville de Clermont.) » pp. 104-118

Un intérêt historique plus élevé s’attache à cette peinture fidèle des mœurs d’une province d’alors.

1844. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Appendice sur La Fontaine »

C’est surtout Victorin Fabre qui soutenait cette thèse : il avait intérêt à voir en toutes choses le laborieux.

1845. (1874) Premiers lundis. Tome II « Chronique littéraire »

C’est un livre écrit avec douceur, intérêt, inexpérience littéraire, mais sentiment vrai, pur et assez touchant.

1846. (1823) Racine et Shakspeare « Chapitre premier. Pour faire des Tragédies qui puissent intéresser le public en 1823, faut-il suivre les errements de Racine ou ceux de Shakspeare ? » pp. 9-27

» par cela seul qu’il applaudit, n’a pas l’illusion complète, car il applaudit Talma, et non pas le romain Manlius ; Manlius ne fait rien de digne d’être applaudi, son action est fort simple et tout à fait dans son intérêt.

1847. (1861) La Fontaine et ses fables « Première partie — Chapitre IV. L’écrivain (suite) »

Parcourez aujourd’hui la France ; si la Révolution a diminué les différences de fortune, la centralisation a augmenté les différences de culture : une seule cité maîtresse où fourmillent et pullulent les idées engorgées qui s’étouffent et se fécondent infatigablement par le travail et le mélange de toutes les sciences et de toutes les inventions humaines, alentour, des villes de provinces inertes où des employés confinés dans leur bureau et des bourgeois relégués dans leur négoce vont le soir au café pour regarder une partie de billard et remuer des cartes grasses, bâillent sur un vieux journal, songent à dîner et digèrent sur des cancans ; plus bas encore, des paysans qui ont pour bibliothèque un almanach, lequel est de trop bien souvent, puisque la moitié d’entre eux ne sait pas lire, qui votent en moutons, et trouvent que ce vote est une corvée, ignorants, apathiques, incapables d’entendre un mot aux intérêts de l’Etat et de l’Eglise, habitués à laisser leur conscience et leurs affaires aux mains des gens qui ont un habit de drap.

1848. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Livre II. Littérature bourgeoise — Chapitre II. Le lyrisme bourgeois »

L’incessante fermentation de cette population immense et hétérogène, barons hantant la cour du roi, bourgeois dévots et caustiques, écoliers batailleurs et disputeurs, prompts de la langue et de la main, et tout ce qui s’y remuait d’idées et de passions dans le conflit des esprits et des intérêts, étaient éminemment propres à susciter une poésie sinon très haute, du moins très vivante : le poète, cette fois, ne manqua pas.

1849. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « (Chroniqueurs parisiens I) MM. Albert Wolff et Émile Blavet »

Et, plus souvent qu’on ne croirait, une fois mis en train, il leur arrive de se laisser prendre à ce travail forcé, de penser ce qu’ils écrivent et d’achever avec intérêt ce qu’ils avaient commencé avec ennui.

1850. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre V. Le théâtre des Gelosi (suite) » pp. 81-102

Pantalon dissimula la cause de l’intérêt qu’il prenait à l’affaire, et, tout furieux, s’en retourna à son logis dans le dessein d’infliger un châtiment exemplaire à sa coupable moitié.

1851. (1888) Demain : questions d’esthétique pp. 5-30

Anatole France me fit, dans le Temps du 5 août dernier, une réponse du plus haut intérêt, mais où je ne trouvai pas la solution des problèmes littéraires que je lui soumettais, Ces problèmes eux-mêmes, il se défendait d’en être passionné ; avec un peu d’ironie — d’ailleurs d’excellent ton — il me traitait d’esthète : Vous êtes esthète et vous voulez bien me croire esthète.

1852. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre deuxième »

Bouhours voulait concilier Voiture et Boileau, c’est-à-dire son goût et son intérêt ; Trublet, à son exemple, veut concilier le précieux de Fontenelle et le naturel de Voltaire, pour avoir deux voix à l’Académie.

1853. (1920) La mêlée symboliste. I. 1870-1890 « La Plume » pp. 129-149

La Plume y a gagné en intérêt documentaire.

1854. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre I. Place de Jésus dans l’histoire du monde. »

Mais du moment qu’il aura offert sa vie, il verra naître une postérité nombreuse, et les intérêts de Jéhovah prospéreront dans sa main. » De profondes modifications s’opérèrent en même temps dans la Thora.

1855. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre IX. Les disciples de Jésus. »

Peut-être ce disciple, qui devait plus tard écrire ses souvenirs d’une façon où l’intérêt personnel ne se dissimule pas assez, a-t-il exagéré l’affection de cœur que son maître lui aurait portée 445.

1856. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XXVIII. Caractère essentiel de l’œuvre de Jésus. »

Mais jamais personne autant que lui n’a fait prédominer dans sa vie l’intérêt de l’humanité sur les petitesses de l’amour-propre.

1857. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXXI » pp. 338-354

Bourdaloue fait ici des merveilles ; la duchesse et moi nous le voyons tous les jours. » Cette lettre est un exemple de ces entretiens où madame de Maintenon, sans malice, et peut-être en prenant le change sur elle-même, mue par un double instinct d’amour et d’honnêteté, se joue de l’esprit grossier de son directeur, lui présente comme des griefs contre la cour, l’intérêt qui l’y attache, et comme dépit contre le roi, l’amour qu’il ressent et celui qu’il inspire, et se fait ordonner comme un sacrifice méritoire, de rester à sa cour.

1858. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre V. Chanteuses de salons et de cafés-concerts »

M. de Heredia a des chances de se survivre davantage : ses gendres trouveront peut-être intérêt à lui faire de la réclame.

1859. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre VIII. Quelques étrangères »

Non seulement il sacrifierait avec indifférence tous les êtres au moindre intérêt personnel ou à la moindre fantaisie.

1860. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Œuvres littéraires de M. Villemain (« Collection Didier », 10 vol.), Œuvres littéraires de M. Cousin (3 vol.) » pp. 108-120

Cousin, tout occupé de la perfection, et avec ce sentiment du mieux qui est l’âme des grands talents, a revu et recueilli pendant les années dernières ses cours et fragments de philosophie en une douzaine de petits volumes, quelquefois charmants malgré le sujet, ou du moins remplis de variété et d’intérêt.

1861. (1902) L’humanisme. Figaro

« Sur le rivage, dit encore Voltaire, je vis une potence et reconnus que j’étais dans un pays civilisé. » Vous ferez mieux, vous essayerez de persuader aux hommes qu’ils ont intérêt à être bons et sociables.

1862. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — M. de Voltaire, et M. de Maupertuis. » pp. 73-93

Cet appel, écrit avec cette chaleur de stile que donne un juste ressentiment, mit le public dans les intérêts de l’auteur.

1863. (1867) Le cerveau et la pensée « Chapitre IV. La folie et les lésions du cerveau »

De telles expériences n’ont qu’un intérêt psychologique.

1864. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre IV : La philosophie — I. La métaphysique spiritualiste au xixe  siècle — Chapitre III : Le présent et l’avenir du spiritualisme »

Tous les spiritualistes sans exception croient à la fois à la nécessité de l’esprit d’examen ; mais il semble que les uns attachent plus d’importance à la doctrine qu’à la liberté, aux conclusions déjà trouvées qu’à la recherche de vérités nouvelles, à la défense qu’à la découverte, à l’intérêt moral et pratique qu’à la pure science et à la libre spéculation, au repos qu’au mouvement, à la tranquillité d’une conviction satisfaite qu’aux ardeurs toujours anxieuses et dangereuses d’une pensée en travail.

1865. (1824) Notes sur les fables de La Fontaine « Livre septième. »

L’époque en est terrible, celle d’une peste universelle ; l’intérêt aussi grand qu’il peut être dans un Apologue, celui de sauver presque tous les êtres ; hôtes de l’univers sous le nom d’animaux, comme a dit La Fontaine dans un autre endroit.

1866. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre VIII. Des romans. » pp. 244-264

Ces peintures donnerent sans doute aux Romans de Scuderi, un degré d’intérêt qui s’est affoibli, à mesure que les personnages qu’il peignoit ont disparu de dessus la scène.

1867. (1824) Notice sur la vie et les écrits de Chamfort pp. -

La chaleur avec laquelle il avait embrassé la cause d’une révolution qui heurtait tant de vieilles idées et blessait tant d’intérêts, lui a fait, de tous les ennemis de cette révolution, des ennemis personnels.

1868. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Odysse Barot »

Sans doute, quand il en est aux premières pages de son histoire, ou plus tard, quand il touche à cette phase historique où le génie, désintéressé de tout ce qui n’est pas l’effet esthétique, apparaît dans sa plus pure splendeur, sous Élisabeth, par exemple, — car le despotisme des rois n’a jamais empêché le génie de croître et il l’a quelquefois fait fleurir, — Odysse Barot ne peut point ne pas signaler les beautés des œuvres qu’il rencontre, surtout quand ces œuvres sont celles d’hommes comme Chaucer, Marlowe, Shakespeare, Et il les signale, et je crois même qu’il les sent avec énergie ; mais l’intérêt supérieur pour lui n’est pas là.

1869. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Guizot » pp. 201-215

Or, voici l’important : pour donner à sa traduction un intérêt nouveau, Guizot l’a fait précéder d’une Vie de Shakespeare, — et aussi d’une petite préface où il nous affirme spirituellement, par la plume de ses éditeurs, « que sa traduction ne sera pas plus shakespearienne que Shakespeare ».

1870. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « M. Ernest Hello » pp. 389-403

Excepté son dernier et son plus magnifique ouvrage, intitulé « Les Paroles de Dieu », d’une hauteur de mysticisme qui épouvante l’admiration et dont je ne me suis pas senti digne de rendre compte, j’ai toujours parlé de ses livres avec l’intérêt passionné qu’ils excitent.

1871. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Jacques Cœur et Charles VII »

… Selon nous, la Critique ne saurait trop encourager les œuvres pareilles, au nom même de tous les intérêts de l’Histoire.

1872. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Les Femmes d’Amérique » pp. 95-110

voilà une grandeur de mérite dont, malgré la bonne opinion qu’elles peuvent avoir d’elles, ne se doutent pas les gracieuses personnes qui visent, dans tout pays, à un mariage d’intérêt, et font la traite innocente de leur propre chair, comme si elles avaient des lettres de naturalité américaine dans leur poche !

1873. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Madame de Montmorency » pp. 199-214

Amédée Renée nous a raconté avec toutes les nuances du détail cette vie, cette mort, et enfin ce survivre, le pire des malheurs pour l’âme humaine, a dit un homme qui se connaissait en douleur, et de tout cela il a tiré un chef-d’œuvre d’intérêt légitime qui ne sera peut-être pas compris à cette époque d’adultère, mais qui, s’il l’était, aurait l’éloquence d’une leçon.

1874. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « Le comte de Gobineau » pp. 67-82

C’est le tour de force du poète dramatique accompli ; et encore le poète, dans l’intérêt qu’il veut produire, idéalise autant qu’il le peut.

1875. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Lamennais »

L’intérêt qu’elle inspire est très grand.

1876. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Madame de Sabran et le chevalier de Boufflers »

Le seul intérêt profond de ces Lettres est donc Madame de Sabran.

1877. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Le roi Stanislas Poniatowski et Madame Geoffrin »

Aussi, l’intérêt de la Correspondance publiée par M. de Mouy n’est pas là.

1878. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XVII. Saint-Bonnet »

Cela ne serait pas vrai et nous n’avons pas besoin d’exagérer la vérité dans l’intérêt de la vérité même.

1879. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XXX. Saint Anselme de Cantorbéry »

Du temps d’Anselme également, les Croisades avaient opéré le rapprochement des tendances religieuses de l’Europe et de son premier intérêt terrestre.

1880. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Raymond Brucker. Les Docteurs du jour devant la Famille » pp. 149-165

le grand intérêt de ce livre, c’est la question de la Paternité et de la Famille, qui est une question aujourd’hui et qui n’en était pas une autrefois ; car c’était le principe, l’indiscutable principe de l’organisation de toute société, et quelque chose comme l’âme du monde.

1881. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « M. Th. Ribot. La Philosophie de Schopenhauer » pp. 281-296

Là est l’intérêt de son œuvre.

1882. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Lacordaire. Conférences de Notre-Dame de Paris » pp. 313-328

en effet, excepté Démosthène, vrai comme l’amour de la patrie et l’intérêt bien entendu de son État, que reste-il d’un peuple qui passait pour le plus éloquent de tous les peuples ?

1883. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « M. Funck Brentano. Les Sophistes grecs et les Sophistes contemporains » pp. 401-416

Franchement, quand plus de deux mille ans ont passé sur la poussière de telles philosophies, continuées par de telles sophistiques, et que la clarté du Christianisme — la seule vérité qui soit à la portée de l’homme — est tombée du ciel sur cette poussière, quel intérêt y a-t-il pour nous à en compter les grains et à les peser dans les toiles d’araignée du temps ?

1884. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Dargaud »

… Est-ce que l’âme, ses joies et ses douleurs, ne sera pas toujours le plus haut intérêt de l’homme et de son orgueilleuse pensée ?

1885. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « André Chénier »

Nous savions de lui tout ce qu’il importait d’en connaître dans l’intérêt de sa physionomie, il n’était nullement besoin d’éclairer davantage le coin de musée dans lequel l’imagination contemple son buste.

1886. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Raymond Brucker » pp. 27-41

Dévoré d’une fièvre apostolique (je demande pardon pour la hardiesse du mot), il se servit, dans l’intérêt de sa foi nouvelle, de ce merveilleux don de parole improvisée qui est sa vraie force, sa plus incontestable supériorité.

1887. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXXVI. Des éloges académiques ; des éloges des savants, par M. de Fontenelle, et de quelques autres. »

Par le même caractère, il devait se faire un plan raisonné du bonheur ; il consentait bien à instruire, mais il voulait plaire ; il ne mettait assez d’intérêt ni à la vérité, ni aux hommes, pour se compromettre : il ne devait donc jamais présenter la vérité avec chaleur ; et son système devait être de la laisser entrevoir plutôt que de la dire.

1888. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre IV. »

Une seule tradition merveilleuse mêlée à son souvenir témoigne bien de l’idolâtrie des Grecs pour les dons de l’esprit, au préjudice de tout intérêt de justice ou même de vengeance.

1889. (1890) Le massacre des amazones pp. 2-265

Ça commence par la ruine du notaire Bardalys, ça finit par la vérole de son petit-fils ; entre les deux catastrophes, des anecdotes sans intérêt et sans unité. […] Tout ce qui exprime l’oubli de nos bas intérêts a sa beauté. […] Leur seul intérêt est de montrer deux intelligences d’hommes d’affaires qui essayent de parler passion et héroïsme et qui balbutient ridiculement ces langues étrangères. […] Incapable de s’orienter, elle va n’importe où et, les trois cents pages parcourues au petit bonheur, s’arrête où elle se trouve, déclare le voyage fini et son intérêt épuisé. […] Si l’aventure de cet immortel qui fut aimé et resta froid était arrivée à n’importe qui, Mary Summer elle-même l’eût trouvée sans intérêt.

1890. (1902) Le problème du style. Questions d’art, de littérature et de grammaire

Le sujet, en art, n’a d’intérêt que pour les enfants et les illettrés. […] La période imitatrice de la carrière d’un poète est intéressante historiquement ; aussi, on pénétrera mieux sa psychologie si l’on connaît les origines de son talent et de quelles beautés littéraires son cerveau fut d’abord imprégné ; mais l’intérêt véritable, l’intérêt d’art commence quand la personnalité est dégagée, tellement qu’elle est devenue incomparable. […] Tout l’intérêt est dans la broderie, puisque le canevas est immuable, et connu une fois pour toutes par tous les hommes dès qu’ils sont des hommes et qui exercent les passions élémentaires. […] Il n’y a pas deux hommes absolument semblables ; il y en a peu dont les différences offrent un réel intérêt psychologique. […] En un récent roman, qui a parfois l’intérêt d’une thèse de psychologie, M. 

1891. (1884) Propos d’un entrepreneur de démolitions pp. -294

Je n’ai point à raconter cette querelle qui paraîtrait singulièrement dénuée d’intérêt. […] C’est son moi qui sera toujours l’intérêt le plus passionné de ses œuvres. […] Est-il à ce point devenu le Satrape d’une Bactriane d’indifférence qu’il dédaigne de prendre souci de ses intérêts d’écrivain ? […] Quelle espèce d’intérêt littéraire ou philosophique peut-il sortir des anecdotes de M.  […] Il vient de se faire recevoir franc-maçon, Dieu sait dans quels intérêts !

1892. (1908) Promenades philosophiques. Deuxième série

Ces mystères, à vrai dire, ne sont des mystères que parce que les hommes ont intérêt à ce qu’il en soit ainsi. […] Revault, qui est médecin à Sainte-Anne, et qui sait distinguer les fous invétérés des fous accidentels, n’attache pas à cette crise un intérêt particulier. […] Le Midi semble l’avoir un peu dépaysé, à moins que ce ne soit le lecteur qui ait pris moins d’intérêt à des régions plus éloignées de ses mœurs. […] Il est bien évident qu’au temps où Théophile Gautier raillait les chemins de fer (c’était sous le second empire), la masse du public commençait à en apprécier vivement l’intérêt. […] L’intérêt de l’automobilisme, c’est qu’il répond très bien à des besoins particuliers et parfaitement déterminés.

1893. (1894) Les maîtres de l’histoire : Renan, Taine, Michelet pp. -312

Il n’est pas sans intérêt de rétablir sur ces divers points l’exacte vérité. […] Il prit une part active et un intérêt passionné à la création de l’École des sciences politiques, fondée par son ami E.  […] Mais la révolution de 1830 n’étouffa pas l’intérêt qui attirait tous les esprits vers le moyen âge. […] Malgré l’intérêt et la beauté de Ma jeunesse, bien qu’elle contienne le récit infiniment touchant des premiers rêves d’amour et des premières déceptions du futur auteur de la Femme, Mon journal a encore beaucoup plus de prix à nos yeux. […] Poinsot est interne à Bicêtre, et désormais tout l’intérêt de la vie se concentre pour Michelet dans ses visites à son ami et dans les lettres qu’ils échangent.

1894. (1896) Hokousaï. L’art japonais au XVIIIe siècle pp. 5-298

Des intérieurs de ville et des paysages vilainement coupés de langues de nuages rouges, couleur de soleil couchant, dissimulant tout ce que l’artiste ne trouve pas d’intérêt à dessiner, procédé qu’abandonna plus tard Hokousaï. […] Un roman dont l’intérêt artistique est tout entier dans la première composition, représentant les quarante-sept rônins qui déposent la tête de Kira sur le tombeau d’Asano. […] Un roman où deux familles, séparées par des dissensions politiques, habitent deux montagnes voisines, et où le fils d’une de ces familles devient amoureux de la fille de l’autre famille et, plus heureux que Roméo, arrive à se la faire accorder : roman dans lequel l’intérêt amoureux est associé à l’intérêt dramatique d’une conspiration du prince Irouka contre l’empereur régnant. […] Et, s’en croyant débarrassée, elle persiste dans l’idée du mariage de « l’Assiette rose » avec le fils du ministre, et cherche à mettre dans ses intérêts un ami du jeune homme et qui passait pour avoir une grande influence sur son esprit. […] L’intérêt de cette entrevue : c’est que sous les Tokougawa, jusqu’à ce jour, un homme du peuple ne pouvait se présenter devant le shôgoun.

1895. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Charles Labitte »

Cette seule idée était déjà d’une vue pénétrante : c’était comprendre qu’une telle histoire présenterait beaucoup plus d’intérêt qu’on ne pouvait se le figurer au premier abord. […] Moi-même, longtemps préoccupé de cette question de la Ménippée, j’ai besoin d’ajouter ici dans l’intérêt de notre ami quelques raisons subsidiaires qu’il eût pu donner pour se défendre.

1896. (1875) Premiers lundis. Tome III « Les poètes français »

La Chanson de Roland d’abord, si grandiose dans sa rudesse, si héroïque de souffle, si impériale et nationale, si admirablement fraternelle dans l’union des deux amis, si sincèrement magnanime par elle-même, et à laquelle il n’a manqué qu’un digne metteur en œuvre, un meilleur Turold ; le Roman de Raoul de Cambrai, que je place à côté, non pour l’imagination, mais pour le cachet historique sévère, franchement féodal, et pour l’intérêt sérieux du sujet. […] Toutes les satires de Régnier sont bien loin d’être égales en mérite, en intérêt.

1897. (1862) Cours familier de littérature. XIII « LXXIVe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins (5e partie) » pp. 65-128

J’avais acheté et j’avais lu avec un vif intérêt ses ouvrages sur l’intimité de la révolution. […] Un membre du tribunal étant venu lui demander s’il avait des révélations à faire dans l’intérêt de la république : « Si j’avais su quelque chose contre la sûreté de la patrie, répondit-il, je n’aurais pas attendu jusqu’à cette heure pour le dire.

1898. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCIe entretien. Vie du Tasse (1re partie) » pp. 5-63

Ce récit en sera peut-être moins romanesque, mais quel roman eut jamais l’intérêt de la vérité ? […] L’ombre de la mélancolie, planant sur ses traits, mêlait un intérêt tendre et une pitié vague à l’admiration que son nom et sa personne inspiraient partout où il paraissait.

1899. (1866) Cours familier de littérature. XXII « CXXVIIIe entretien. Fior d’Aliza (suite) » pp. 65-128

Ici le bargello se pencha vers moi, baissa la voix, et me dit en me montrant la dernière loge grillée, sous le cloître, au fond de la cour : — Il n’y a qu’un grand criminel ici, qui n’inspire ni pitié ni intérêt à personne, c’est celui-là, ajouta-t-il en me montrant du doigt et de loin la loge de Hyeronimo. […] — Moi, lui dis-je, non point des carlins ou des baïoques, parce que je n’en ai point à ma disposition, mais deux écuelles de lait au lieu d’une, parce que je puis doubler à mon gré les rations des prisonniers, et cela dans votre intérêt, ajoutai-je, car si on venait à visiter les poches des détenus et qu’on y découvrît cette lime, on supposerait que vous l’avez sur vous pour en faire mauvais usage et on doublerait peut-être le temps de votre peine ou on vous en enlèverait sans doute la consolation.

1900. (1869) Cours familier de littérature. XXVII « CLXIIe entretien. Chateaubriand, (suite.) »

L’action de la Providence leur paraissait marquée dans tous les mouvements des empires, et surtout dans l’âme des héros. « Tout ce qui domine et excelle en quelque chose, disait un autre de leurs sages, est d’origine céleste. » « On accueillera donc avec un intérêt universel le jeune écrivain qui ose rétablir l’autorité des ancêtres et les traditions des âges. […] René avait toujours donné pour motif de ses refus le peu d’intérêt de son histoire, qui se bornait, disait-il, à celle de ses pensées et de ses sentiments. « Quant à l’événement qui m’a déterminé à passer en Amérique, ajoutait-il, je le dois ensevelir dans un éternel oubli. » « Quelques années s’écoulèrent de la sorte, sans que les deux vieillards lui pussent arracher son secret.

1901. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « M. Deschanel et le romantisme de Racine »

J’imagine un temps, encore lointain, où, toutes les littératures ayant parcouru leur cycle naturel, le critique, accablé sous la masse énorme des choses écrites, serait obligé de ne retenir que les œuvres clairement caractéristiques des différents génies nationaux aux diverses époques : il me semble que l’œuvre de Racine aurait alors une autre importance et un autre intérêt que celle de son grand rival. […] Il a fait sa cour à Mme de Montespan par intérêt et parce que c’était l’usage ; il l’a faite à Mme de Maintenon par reconnaissance et sympathie : voilà donc son crime diminué de moitié.

1902. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « M. Paul Verlaine et les poètes « symbolistes » & « décadents ». »

Les hommes ne sont point pour lui des individus avec qui il entretient des relations de devoir et d’intérêt, mais des formes qui se meuvent et qui passent. […] Remarquez que c’est exactement le parti pris héroïque et fou des amoureux romanesques, des chevaliers de la Table ronde ou des bergers de l’Astrée, ce qui les rendait capables d’immoler à leur maîtresse non seulement leur intérêt, mais leur raison, et d’accepter ses plus injustifiables caprices comme des ordres absolus et sacrés.

1903. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Figurines (Deuxième Série) » pp. 103-153

. — Soldat de Brutus, il accepta le principat d’Auguste par raison, par considération de l’intérêt public ; mais il fut, ce semble, moins complaisant pour l’empereur et pour Mécène et sut beaucoup mieux défendre contre eux sa liberté et son quant-à-soi que le tendre Virgile. […] Huysmans, En route, nous fait concevoir une aventure morale d’un rare intérêt : la transformation du naturalisme en mysticisme et la purification d’une âme par le dégoût.

1904. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Additions et appendice. — Treize lettres inédites de Bernardin de Saint-Pierre. (Article Bernardin de Saint-Pierre, p. 420.) » pp. 515-539

Les offres que vous me faites, l’intérêt que vous prenez à moi, les soins de votre tendre amitié, sont pour mon cœur des objets éternels d’attachement. […] [NdA] Je laisse exprès ces détails, qui montrent la part que tenaient ces petites affaires d’intérêt et d’économie au milieu des rêveries et des spéculations morales de Bernardin : autrement on ne connaît pas tout l’homme.

1905. (1856) Cours familier de littérature. I « Digression » pp. 98-160

Les joues pâlies par l’émotion du spectacle, et un peu déprimées par la précocité de la pensée, avaient la jeunesse mais non la plénitude du printemps : c’est le caractère de cette figure, qui attachait le plus le regard en attendrissant l’intérêt pour elle. […] Elle y prit part avec cette même élasticité de sentiments et de conversation qui couvrait d’intérêt ou de gaieté même, un fond de tristesse.

1906. (1857) Articles justificatifs pour Charles Baudelaire, auteur des « Fleurs du mal » pp. 1-33

Je n’en veux donc pas à nos journaux d’avoir moralisé leur feuilleton dans l’intérêt de leurs abonnés et des filles d’iceux. […] La Revue française n’est ni une coterie, ni une école ; c’est une tribune libre où l’on n’a d’intérêt que pour l’art, de camaraderie que pour le talent.

1907. (1895) Les règles de la méthode sociologique « Chapitre V : Règles relatives à l’explication des faits sociaux »

C’est en vertu de ce principe qu’il explique la formation de la société par les avantages qui résultent de la coopération, l’institution du gouvernement par l’utilité qu’il y a à régulariser la coopération militaire59, les transformations par lesquelles a passé la famille par le besoin de concilier de plus en plus parfaitement les intérêts des parents, des enfants et de la société. […] C’est ainsi qu’on explique couramment l’organisation domestique par les sentiments que les parents ont pour leurs enfants et les seconds pour les premiers ; l’institution du mariage, par les avantages qu’il présente pour les époux et leur descendance ; la peine, par la colère que détermine chez l’individu toute lésion grave de ses intérêts.

1908. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « M. Taine » pp. 305-350

Or, encore, tout le monde n’est pas apte à se servir dans l’intérêt de la vérité du renseignement qu’on lui donne. […] Taine a voulu rafraîchir la mémoire des hommes, si prompts à l’oubli, et il a refait cette histoire que des écrivains passionnés avaient écrite dans des intérêts de parti, avec plus ou moins d’illusion ou de rouerie.

1909. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « Alphonse Daudet »

Tel est le défaut de la cuirasse de ce roman : le sans intérêt ! […] Si, littérairement, la valeur et l’intérêt esthétique du roman de Daudet défaillent, ce roman exact, qui a au moins le mérite recherché par Edmond de Goncourt d’être une enquête, est, pour les moralistes qui savent conclure, un renseignement effrayant.

1910. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Agrippa d’Aubigné. — II. (Fin.) » pp. 330-342

La suite des scènes est pleine d’intérêt.

1911. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Poésies complètes de Théodore de Banville » pp. 69-85

Mais les principes littéraires sont chose légère, dira-t-on, et ils n’ont pas le sérieux que comportent seules les matières d’intérêt politique et social.

1912. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « De la poésie en 1865. »

Olivier une discussion qui aurait son intérêt au point de vue de l’art.

1913. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Victor Hugo — Victor Hugo, Les Chants du crépuscule (1835) »

On suit avec un intérêt respectueux, sinon affectueux, ce front sévère, opiniâtre, assiégé de doutes, d’ambitions, de pensées nocturnes qui le battent de leurs ailes.

1914. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « HOMÈRE. (L’Iliade, traduite par M. Eugène Bareste, et illustrée par M.e Lemud.) —  premier article .  » pp. 326-341

Un poème qui, lu sans prévention, produit sur des juges délicats, sur des amateurs éclairés et sensibles, un tel effet d’intérêt gradué, d’action successive et de magnifique accomplissement, attestera toujours, quoi qu’on puisse dire, et sauf les parties plus ou moins accessoires, la main et le génie principal d’un seul.

1915. (1892) Boileau « Chapitre III. La critique de Boileau. La polémique des « Satires » » pp. 73-88

Nous voyons dans ses Lettres ce qu’il a de bon ; mais il passait sa vie à démentir, par complaisance ou par intérêt, ses sentiments intimes.

1916. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre IV. Guerres civiles conflits d’idées et de passions (1562-1594) — Chapitre I. Les mémoires »

La lutte fut d’autant plus âpre, que les passions fanatiques furent aigries, enflammées, utilisées par les intérêts et les égoïsmes : la noblesse y prit l’occasion de jouer une dernière et sérieuse partie contre la royauté envahissante, et, sous les noms de protestants ou de catholiques, abrita des rancunes et des ambitions féodales.

1917. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre V. Indices et germes d’un art nouveau — Chapitre II. Signes de la prochaine transformation »

L’intérêt sentimental qu’on prend aux choses, voilà le bonheur.

1918. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre V. Indices et germes d’un art nouveau — Chapitre III. Retour à l’art antique »

Les voyages615 se multipliaient en Italie, en Grèce, dans le Levant ; et les relations des voyageurs rendaient un intérêt aux œuvres de la poésie antique, en faisant connaître tous ces pays où étaient nés les chefs-d’œuvre qui en étaient le cadre ou la matière, en décrivant les ruines de ces monuments dont l’antiquité avait parlé, ou dans lesquels elle s’était survécu.

1919. (1925) Méthodes de l’histoire littéraire « I. Leçon d’ouverture du Cours d’éloquence française »

J’ai d’ailleurs remarqué que cette amabilité des citations l’avait suivi dans toute sa carrière : alors qu’il était arrivé, n’ayant besoin de personne, il aimait à citer des travaux secondaires d’inconnus, de jeunes gens, sans intérêt alors assurément, par souci d’exactitude et minutie d’information.

1920. (1925) Méthodes de l’histoire littéraire « II  L’esprit scientifique et la méthode de l’histoire littéraire »

L’extension de la propriété littéraire, telle que l’entend la jurisprudence des tribunaux français, telle surtout que la désire imprudemment, et contre le véritable intérêt de la littérature, un certain nombre de gens de lettres, voilà ce qui menace de resserrer à l’excès notre droit de citation et interdire à nos études pour de très longues années l’usage des sources manuscrites.

1921. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre IV. Le théâtre des Gelosi » pp. 59-79

Nous pouvons nous former par là une idée de la science des décors et des machines où les Italiens étaient parvenus grâce à Baldassare Peruzzi et à ses élèves ; mais là n’est pas le véritable intérêt du recueil de Flaminio Scala.

1922. (1913) Les antinomies entre l’individu et la société « Chapitre IV. L’antinomie dans l’activité volontaire » pp. 89-108

Il fait une part à la sociabilité ; il tient compte des intérêts sociaux, il se dévoue pour quelque grande cause.

1923. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Deuxième partie. Ce qui peut être objet d’étude scientifique dans une œuvre littéraire — Chapitre IV. Cause immédiate d’une œuvre littéraire. L’auteur. Moyens de le connaître » pp. 57-67

Telle ou telle expérience peut avoir été mal conçue ou mal conduite ; le personnage observé peut avoir eu intérêt à dissimuler certaines tares, à s’attribuer libéralement des qualités qu’il n’a pas.

1924. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Cours de littérature dramatique, par M. Saint-Marc Girardin. (2 vol.) Essais de littérature et de morale, par le même. (2 vol.) » pp. 7-19

Pour en sortir, préférez à tous les plaisirs des mœurs régulières et simples, des devoirs et des intérêts de tous les jours.

1925. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « M. de Montalembert orateur. » pp. 79-91

Ce n’est point un adhérent qui parle, c’est encore moins un adversaire ; c’est quelqu’un qui l’a suivi dès son entrée sur la scène publique avec curiosité et intérêt, et bientôt avec admiration et applaudissement.

1926. (1782) Plan d’une université pour le gouvernement de Russie ou d’une éducation publique dans toutes les sciences « Plan d’une université, pour, le gouvernement de Russie, ou, d’une éducation publique dans toutes les sciences — Police générale d’une Université et police, particulière d’un collège. » pp. 521-532

Tirons de l’intérêt et de l’amour-propre ce que nous aimerions mieux tenir d’une bonne nature.

1927. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre IV. Des changements survenus dans notre manière d’apprécier et de juger notre littérature nationale » pp. 86-105

Si trop de développements n’étaient pas nécessaires, je pourrais expliquer ce qu’il y avait d’éminemment national dans notre littérature du siècle de Louis XIV ; et cette digression ne serait peut-être pas sans quelque utilité et sans quelque intérêt ; mais elle me mènerait trop loin, et elle séparerait par un trop grand intervalle des idées dont le rapprochement fait toute la clarté.

1928. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Le capitaine d’Arpentigny »

Nous aimons cet impassible joueur qui rejoue la carte sur laquelle il a perdu, et nous nous demandons avec intérêt : À présent, gagnera-t-il ?

1929. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Sainte Térèse » pp. 53-71

si les gens du monde, endoctrinés par les faux docteurs du cœur humain, ont vu la passion suprême dans les pages frelatées d’une religieuse de fantaisie, inventée plus ou moins pour les besoins d’un parti ou les intérêts de la vanité d’un homme, ils pourront du moins apprendre aussi dans ces œuvres de sainte Térèse, traduites pour eux, ce que c’est qu’une vraie religieuse, et ils en pourront étudier le merveilleux idéal.

1930. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « M. Gaston Boissier » pp. 33-50

Rationalistes, sceptiques, éclectiques, et, par-dessus le marché, païennes de tendance, de portée et de volonté, — c’est-à-dire, sous des noms différents, ennemies de l’Église catholique et n’ayant de préoccupation et d’intérêt que pour les travaux qui la diminuent, — les Académies, et en particulier l’Académie française, dont il est seulement question ici à propos du livre de M. 

1931. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Goethe »

Au bonheur d’une félicité non interrompue il fallait ajouter l’honneur d’avoir souffert quelques jours, et on a inventé cette gloire du malheur pour que le bonheur de Goethe fût plus grand, son illustration plus complète, et que tous les genres d’intérêt, cet enfant gâté de la destinée les inspirât… Après cela, dira-t-on que la Fortune n’est pas une chienne fidèle, — et qu’elle n’a pas payé dans les mains de Goethe tout ce qu’elle doit depuis des siècles aux hommes de génie malheureux ?

1932. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Vie de la Révérende Mère Térèse de St-Augustin, Madame Louise de France »

Elle l’a appelée de cet avilissant nom d’intrigante, parce que la Carmélite, qui voyait clair dans ce malheureux monde qui s’en allait, s’occupait des intérêts de la religion — tout pour elle ! 

1933. (1889) Essai sur les données immédiates de la conscience « Conclusion »

Mais quand il s’agit de nos états de conscience, nous avons tout intérêt à entretenir l’illusion par laquelle nous les faisons participer à l’extériorité réciproque des choses extérieures, parce que cette distinction, et en même temps cette solidification, nous permettent de leur donner des noms stables, malgré leur instabilité, et distincts, malgré leur pénétration mutuelle.

1934. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre second. De la sagesse poétique — Chapitre II. De la métaphysique poétique » pp. 108-124

Il compose le genre humain à sa naissance d’hommes simples et débonnaires, qui auraient été poussés par l’intérêt à la vie sociale ; c’est dans le fait l’hypothèse d’Épicure.Puis vient Selden, qui appuie son système sur le petit nombre de lois que Dieu dicta aux enfants de Noé.

1935. (1901) L’imagination de l’artiste pp. 1-286

Certains sites, même insignifiants, prennent parfois sous un jour favorable un intérêt inattendu. […] Pour l’imaginatif, au contraire, elle aura un intérêt profond, un charme incomparable. […] Aussitôt tout intérêt s’évanouit ; l’image devient impersonnelle et insignifiante. […] Quand elle y réussirait, les figures qu’elle produirait ainsi ne seraient pour nous d’aucun intérêt. […] La scène, prise à part, peut avoir son intérêt ; mais c’est bon, comme on dit, pour une fois.

1936. (1924) Souvenirs de la vie littéraire. Nouvelle édition augmentée d’une préface-réponse

On accorde, en général, très peu d’intérêt aux choses que l’on vit sur le moment. […] D’après Mgr Herscher, le célèbre académicien aurait été « tourmenté par le besoin de religion et sincèrement passionné pour les questions religieuses, qui eurent toujours pour lui un intérêt latent. » C’est très possible. […] Les lettres de ses nombreux correspondants ont été conservées et doivent être, à cet égard, du plus haut intérêt. […] Cela lui paraissait sans intérêt. […] Qu’elle soit ici remerciée, non seulement en mon et pour l’intérêt qu’elle voulut bien me témoigner, mais encore au nom de tant d’autres écrivains auxquels sa main a ouvert le premier chemin de la vie littéraire.

1937. (1912) Pages de critique et de doctrine. Vol I, « I. Notes de rhétorique contemporaine », « II. Notes de critique psychologique »

D’une chose au moins, je suis sûr, ce livre aura pour vous cet intérêt : il s’y dessine une courbe de pensée très analogue à celle que vous avez suivie vous-même. […] Et d’abord, il nous initie à un milieu disparu, qui a pour nous un intérêt capital : c’est celui où M.  […] Il enveloppe de romanesque le drame d’appétits brutaux et d’intérêts féroces qui est presque toute la vie. […] Les uns empruntent leur intérêt aux événements que l’auteur raconte. […] Comment ne pas regretter devant l’intérêt de ces premières confidences que nous n’ayons pas la suite de cette autobiographie ?

1938. (1885) Les étapes d’un naturaliste : impressions et critiques pp. -302

Ce portrait fait comprendre quel était l’intérêt de la séance du 8 mars ; et pourtant je n’ai pas tout dit. […] Valera, accueillie, nous l’avons dit, par la presse espagnole tout entière avec un enthousiasme qui prouve bien l’intérêt et l’importance littéraire de ces fêtes de l’esprit si décriées depuis quelques années. […] La Goutte d’eau en voyage me semble le plus heureux exemple, comme intérêt, de cette première tentative, et s’il m’est impossible de citer le poème tout entier, j’en pourrais du moins donner quelques strophes. […] Je n’ai que cela dans la tête : l’intérêt avant tout. […] Malheureusement, le dénoûment de la pièce est aussi dépourvu d’intérêt que d’art.

1939. (1923) Au service de la déesse

Il y a les intérêts de la pensée religieuse, bien dignes du souci des honnêtes gens ; et il y a les intérêts de la littérature. […] Il ne vous écoute pas ; il continue imperturbablement : « Et c’est une erreur, quand on écrit une histoire, de vouloir à toute force que sa trame présente ce je ne sais quoi d’artificiel et d’ennuyeux que l’on appelle l’intérêt. » Voilà ! […] Francis Jammes que « l’intérêt », en littérature, n’est pas grand-chose et ne vaut pas une exacte peinture de la vie simple : mais ni la leçon ni l’exemple du poète Rustique ne m’ont persuadé. […] Il n’est pas absurde de supposer qu’entre les villageois et les apaches une société polie a quelque intérêt, — que le poète Rustique me pardonne !  […] L’on devrait donc aimer son métier davantage ; mais l’intérêt ne suffît pas : « Le travail doit avoir une âme.

1940. (1920) Essais de psychologie contemporaine. Tome I

Il y a là un problème psychologique d’un intérêt singulier pour tous ceux que préoccupe l’évolution de la pensée religieuse à notre époque, d’autant que cette sérénité respectueuse de M.  […] Je l’avoue cependant, ce ne sont pas ces idées qui m’ont fait trouver un intérêt parfois poignant à la lecture de ce drame. […] Pour celui-ci, tout l’intérêt réside dans le petit fait individuel et local. […] Si un homme de lettres a dû laisser des papiers d’un passionnant intérêt, c’est celui-là… Mais qui sait ? […] Personne ne lui refusera cet intérêt unique de fournir un document absolument nouveau sur les crises d’idées que traversent nos plus jeunes contemporains, et l’influence de M. 

1941. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Alexis Piron »

Si l’on n’v trouve pas un certain intérêt de cœur, il y a un intérêt d’esprit qui le remplace  La pure imagination ne fut jamais si heureuse. » Ce jour-là, jour bien inspiré, Piron se montra en vers de l’école de Régnier, de Molière, de Regnard. […] Honoré Bonhomme, à qui l’on doit une publication utile sur Piron, s’est inscrit en faux, par pur zèle d’éditeur, contre ces renseignements si précis donnés par Collé, lequel était pourtant le mieux à même de bien savoir, et qui, sans compter sa véracité naturelle, n’avait nul intérêt à donner une entorse à des faits si simples.

1942. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre I. Le Roman. Dickens. »

Peut-être est-il conforme à la nature ; nous faisons fléchir la nature devant l’intérêt de la société. […] Vos amoureux seront fades, car le seul intérêt qu’offre leur âge, c’est la violence de la passion, et vous ne pouvez peindre la passion. […] Mais le principal intérêt sera pour les jeunes filles, qui apprendront de quelle manière empressée, et pourtant convenable, un prétendu doit faire sa cour.

1943. (1864) Cours familier de littérature. XVIII « CVIIIe entretien. Balzac et ses œuvres (3e partie) » pp. 433-527

Cependant il s’y rencontre çà et là des douleurs que l’agglomération des vices et des vertus rend grandes et solennelles ; à leur aspect, les égoïsmes, les intérêts, s’arrêtent et s’apitoient ; mais l’impression qu’ils en reçoivent est comme un fruit savoureux promptement dévoré. […] Pour expliquer combien ce mobilier est vieux, crevassé, pourri, tremblant, rongé, manchot, borgne, invalide, expirant, il faudrait en faire une description qui retarderait trop l’intérêt de cette histoire, et que les gens pressés ne pardonneraient pas. […] Lepître ignorait ou souffrait le commerce de Doisy, véritable contrebandier que les élèves avaient intérêt à choyer ; il était le secret chaperon de nos écarts, le confident des rentrées tardives, notre intermédiaire entre les loueurs de livres défendus.

1944. (1869) Cours familier de littérature. XXVII « CLIXe Entretien. L’histoire, ou Hérodote »

» Le pâtre répondit : « qu’il était son fils, et que sa femme, qui l’avait mis au monde, était encore avec lui. » Astyage lui répliqua qu’il entendait mal ses intérêts en dissimulant, puisqu’il serait bientôt forcé par les tourments d’avouer ce qu’il voulait cacher. […] » À cette nouvelle question, les mages répondirent : « Ô roi, il est tout à fait dans notre intérêt que votre empire s’affermisse ; s’il tombe dans une nation étrangère en passant à cet enfant, Perse d’origine, nous, qui sommes Mèdes, descendus au rang de sujets, nous ne sommes plus rien en comparaison des Perses, nous devenons nous-mêmes étrangers. […] » L’écuyer répondit : « Seigneur, je suis prêt à frapper l’un et l’autre, ou l’un des deux seulement, à votre volonté, et enfin à faire tout ce que je crois le plus convenable à vos intérêts.

1945. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Discours prononcé à la société des visiteurs des pauvres. » pp. 230-304

C’est ce langage, outré, convenu, mais d’un pittoresque et d’un mouvement extraordinaires, et ce sont les innombrables sautes de sentiments et d’idées que ce langage exprime, qui font l’intérêt de la simple et folle aventure de Paul Costard. […] Il y avait dans Thermidor plusieurs forts « clous » : le chœur des tricoteuses, le cantique des religieuses dans la charrette, la séance de la Convention, — sans compter, dans un ordre d’intérêt plus rare, l’admirable scène des dossiers. […] Ce n’est pas très commode ; car l’éparpillement de l’action et de l’intérêt est le plus grand et sans doute l’unique défaut de cette comédie.

1946. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre quatorzième. »

Que dire de cette chimère de cinq sortes d’amour, dont les quatre premières sont mêlées, dans des proportions décroissantes, d’intérêt personnel, et dont la dernière seulement est pure de tout motif humain ? Quelle conscience eût résisté à cette analyse de l’intérieur, à cet effort impossible pour s’épurer successivement de ces quatre sortes d’intérêt personnel, et se volatiliser pour ainsi dire jusqu’à cet amour qu’on ne peut plus distinguer du sujet qui aime ? […] Par l’intérêt des détails, la grâce des descriptions, la variété des aventures, il le ramenait à son insu, et comme par mille chemins agréables, au même but, à cet idéal sévère de la royauté juste, pacifique, bienfaisante, maîtresse de ses passions et dévouée au bien des peuples.

1947. (1932) Les deux sources de la morale et de la religion « La religion dynamique »

C’était son intérêt, car son adoption partielle du néo-platonisme aristotélicien lui permettait de rallier à lui la pensée philosophique, et ses emprunts aux anciennes religions devaient aider une religion nouvelle, de direction opposée, n’ayant guère de commun avec celles d’autrefois que le nom, à devenir populaire. […] Il est vrai que l’intuition avait dû se dégrader pour devenir instinct, elle s’était hypnotisée sur l’intérêt de l’espèce, et ce qu’elle avait conservé de conscience avait pris la forme somnambulique. […] Mais s’il aboutit, c’est d’une pensée capable de prendre un aspect nouveau pour chaque génération nouvelle, c’est d’un capital indéfiniment productif d’intérêts et non plus d’une somme à dépenser tout de suite, qu’il aura enrichi l’humanité.

1948. (1866) Cours familier de littérature. XXII « CXXXIIe entretien. Littérature russe. Ivan Tourgueneff (suite) » pp. 317-378

Les grands romans furent manqués, mais les épisodes furent parfaits, plus parfaits que dans la plupart des aurores modernes de la France ou de l’Angleterre, et l’étrangeté des sujets et des mœurs donna à Tourgueneff un intérêt et un charme de plus. […] Il y avait si longtemps que personne ne lui avait témoigné de l’intérêt ! […] Celui-ci prêtait l’oreille avec un évident intérêt. […] Il avait vraiment cessé de penser à son bonheur, à son intérêt.

1949. (1895) Journal des Goncourt. Tome VIII (1889-1891) « Année 1889 » pp. 3-111

Et sur ce rêve, la conversation monte, et je dis qu’il serait du plus haut intérêt que l’ascendance de tout homme de lettres fût étudiée par un curieux et un intelligent jusque dans les générations les plus lointaines, et que l’on verrait le talent venant du croisement de races étrangères ou de carrières suivies par la famille ; et qu’on découvrirait dans un homme, comme Flaubert, des violences littéraires, provenant d’un Natchez, et que peut-être chez moi, la famille toute militaire dont je sors, m’a fait le batailleur de lettres que je suis. […] Lundi 3 juin Oui, c’est positif : le roman, et un roman tel que Fort comme la Mort, à l’heure actuelle n’a plus d’intérêt pour moi. […] Il me dit que cet homme silencieux, devient en face de la nature, un parleur, un parleur plein d’intérêt, et un connaisseur d’un tas de choses, qu’il s’est appris tout seul, et qui vont des théogonies aux procédés de tous les métiers. […] Dans la maladie, la cessation de la marche de la pensée en avant, l’arrêt dans les projets, en même temps que le désintéressement brusque, soudain, de ce qui était l’intérêt passionné de votre vie : votre travail, vos livres, vos bibelots.

1950. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre IV. Que la critique doit être écrite avec zèle, et par des hommes de talent » pp. 136-215

Nous avions le temps d’étudier les maîtres aux premiers jours du roi Louis-Philippe, et nous avions un grand intérêt à mettre en pratique ces utiles préceptes : « Écrivez pour être entendu ; tâchez d’écrire de belles choses ! […] Véritablement je me figure Molière, poussé à bout par sa troupe avide, et se mettant à l’œuvre tout exprès pour faire une pièce où l’intérêt l’emporte sur tout le reste. […] dans des œuvres si compliquées, pour déplacer ainsi l’action et le drame, et pour faire reposer l’intérêt, non pas sur le héros principal, mais sur quelque subalterne tout boursouflé de ridicule et de bon sens ! […] Dans celle comédie, faite pour les jours gras, vous allez assister au débat le plus solennel qui se soit jamais agité, je ne dis pas sur un théâtre profane, mais dans une chaire chrétienne ; vous allez entendre des éclats de rire et des grincements de dents. — Il ne s’agit plus, cette fois, des petits vices de chaque jour, des petits ridicules qui obéissent à Paris, qui commandent à Versailles ; il s’agit des plus chers intérêts de la conscience, il s’agit, non pas de cette vie terrestre, mais de la vie éternelle. […] Ce drame de Don Juan manque d’unité, non pas cette unité de temps et de lieu dont il faut faire assez bon marché, ce me semble, mais cette unité de passion, de caractère, d’intérêt qui seule peut donner, dans une suite non interrompue de surprises, d’étonnements, de leçons, un seul et même enseignement, très actif, très varié, très compliqué.

1951. (1891) Lettres de Marie Bashkirtseff

Et soyez bien certaine, Que lorsque reine je serai, 10 Jusqu’au dernier franc vous rendrai Avec de beaux intérêts. […] Je me crois obligée de vous consulter dans toutes les occasions graves et je suis persuadée que vous y prendrez l’intérêt que de pareilles matières comportent. […] À défaut de communions d’idées et d’intérêts, il faudrait au moins un peu d’entrain… Et je suis là comme un promeneur qui se voit obligé de traîner ses compagnons endormis et hargneux. […] Plus j’y pense, plus il me semble que vous avez quelque inexplicable intérêt à m’anéantir ; vous vous vautrez dans les découragements les plus raffinés, positivement. […] Mon avis est qu’elle eut tort ; du reste, cette nuance ne fut pas comprise et l’Américaine, se trompant à l’attitude de la Russe, prit un petit air digne assez comique et qui puisait sa source dans l’intérêt que lui avait témoigné une grande dame et sa fille, ce qui lui avait légèrement tourné la tête, en sorte qu’elle ne pensa pas un seul instant que la façon dont elle était reçue dans la famille de la Russe ne lui faisait peut-être pas de tort aux yeux de plusieurs personnes.

1952. (1928) Quelques témoignages : hommes et idées. Tome I

Au cours du débat provoqué par ce trafic, on a beaucoup parlé de l’intérêt que présentent, pour l’histoire littéraire, les documents d’ordre privé. […] Tous détails qui ont leur intérêt, s’ils sont scrupuleusement établis. […] Précisons pourtant que d’habitude, le drame balzacien est plutôt le heurt d’intérêts ou de passions en conflit, mais exaspérées. […] Premier groupe : ceux qui n’existent plus que comme des curiosités de bibliothèque ; c’est le cas de la Clélie. — Second groupe : ceux qui offrent un intérêt plus particulier de documents. […] Nul ne s’est plus soucié que lui d’être intéressant, simple formule et si profonde, mais il a compris aussi que l’intérêt dramatique et sentimental n’est pas complet s’il ne s’achève sur une suggestion d’idées.

1953. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE LONGUEVILLE » pp. 322-357

Dans le premier temps, c’est-à-dire pendant le siége de Paris (1648), brouillée avec le prince de Condé, elle ne suivit que les intérêts et les sentiments de M. de La Rochefoucauld ; elle les suivait encore, lorsque, après la signature de la paix (avril 1649), elle postulait pour lui en cour brevets et priviléges, lorsque, après l’arrestation des princes ses frères (janvier 1650), elle s’enfuyait avec toutes sortes de périls de Normandie en Hollande par mer164, et arrivait, bien glorieuse enfin, à Stenay, où elle traitait avec les Espagnols et troublait Turenne. […] cette aversion pour le mari combattait ici les intérêts de l’amant, et pour celui-ci, n’en pas triompher, c’était déchoir.

1954. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre quatrième. La propagation de la doctrine. — Chapitre II. Le public en France. »

Quand vous parlez à des hommes de religion ou de politique, presque toujours leur opinion est faite ; leurs préjugés, leurs intérêts, leur situation les ont engagés d’avance ; ils ne vous écoutent que si vous leur dites tout haut ce qu’ils pensent tout bas. […] Si parfois le propriétaire les transporte à l’étage inférieur, il ne s’en sert qu’à demi ; des habitudes établies, des intérêts ou des instincts antérieurs et plus forts en restreignent l’usage.

1955. (1862) Cours familier de littérature. XIV « LXXXIVe entretien. Considérations sur un chef-d’œuvre, ou Le danger du génie. Les Misérables, par Victor Hugo (2e partie) » pp. 365-432

Victor Hugo est bien mal choisi ou bien mal imaginé pour en faire l’objet d’un intérêt si tendre, et le modèle de si patientes vertus à l’œil de ses lecteurs. […] À quoi bon faire naître la curiosité, l’intérêt, le sentiment, et les nourrir pour attacher mes lecteurs ?

1956. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCIIe entretien. Vie du Tasse (2e partie) » pp. 65-128

La duchesse d’Urbin s’efforça de réconcilier le prince et le poète ; Léonora, plus tendre et plus active encore dans son intérêt, conjura le Tasse d’accepter d’elle-même les avantages que son frère s’obstinait à lui faire attendre. […] « Le Tasse a été renfermé hier, écrit Veniero, pour avoir, dans la chambre de la duchesse d’Urbin, lancé un poignard à un des serviteurs de la princesse ; mais il a été enfermé plutôt à cause de sa maladie, et dans l’intérêt de sa guérison, que pour le punir.

1957. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre VII. La littérature et les conditions économiques » pp. 157-190

Non seulement la propriété littéraire a été reconnue par les lois ; mais les gens de lettres, associés pour défendre leurs intérêts, ont su fort habilement l’administrer. […] Il me semble difficile qu’on ne sente pas l’intérêt et l’importance des renseignements que peut fournir cette application à l’ordre d’études qui nous occupe de ce qu’on appelle « le matérialisme historique ».

1958. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 mai 1886. »

Dès lors nous avons été les esclaves du monde, et ce monde, où nous avons engagé nos intérêts, il nous a été sans plaisir. […] Une bonne chose pourtant nous en resta, Richter ; et dès lors Richter a plus fait pour la cause Wagnérienne que tous les auteurs qui ont écrit sur le sujet, Richter fut le premier qui nous apprît que la question importante, à part même tout Wagnérisme. était le Style, et que, si nous désirions comprendre nos bien aimés Mendelssohn et Weber que nous croyions connaître par cœur, nous avions intérêt à nous tourner vers Wagner.

1959. (1920) Action, n° 3, avril 1920, Extraits

Le numéro témoigne également d’un intérêt pour la « littérature brute », avec la publication d’un extrait des Mystères des Colonies d’Oulins de Georges Séraphin (voir ci-dessous note 28) et d’une chronique théâtrale en vers du même auteur, paradoxale entrée du théâtre dans la revue qui lui consacre ensuite une place importante. […] Cette hiérarchie bourgeoise qui a organisé le système économique sur le plan matériel ne voit que ses intérêts de classe menacés.

1960. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Proudhon » pp. 29-79

l’espèce d’intérêt curieux et affamé qu’il inspire nous caractérise encore mieux que lui. […] Dans un temps de curiosité personnelle, où l’on veut savoir avec passion comment tout ce qui a pour deux liards de célébrité met son bonnet de nuit et ses pantoufles, la Correspondance de Proudhon, du fameux auteur des Contradictions économiques et de la Justice dans la Révolution, doit exciter au plus haut point l’intérêt de qui tient à ces pantoufles et à ce bonnet de nuit.

1961. (1900) Le rire. Essai sur la signification du comique « Chapitre II. Le comique de situation et le comique de mots »

Il y a des cas où tout l’intérêt d’une scène est dans un personnage unique qui se dédouble, son interlocuteur jouant le rôle d’un simple prisme, pour ainsi dire, au travers duquel s’effectue le dédoublement. […] Le mécanisme raide que nous surprenons de temps à autre, comme un intrus, dans la vivante continuité des choses humaines, a pour nous un intérêt tout particulier, parce qu’il est comme une distraction de la vie.

1962. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Le président Jeannin. — II. (Suite.) » pp. 147-161

. — Celui-là agira dans son intérêt. » Et du président Jeannin il disait : « Il fera tout ce qui lui paraîtra avantageux au duc de Mayenne. » Les auteurs d’éloges et de discours académiques, Saumaise, plus tard Guyton de Morveau, ont couru un peu rapidement sur ce point, et se sont trop attachés à montrer dans le président Jeannin un ligueur qui avait hâte de sortir de la faction où il avait été jeté, et qui, « sans trahir son parti, en défaisait la cause ».

1963. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Mémoires et journal de l’abbé Le Dieu sur la vie et les ouvrages de Bossuet, publiés pour la première fois par M. l’abbé Guettée. — I » pp. 248-262

S’il y a dans ces volumes quelques questions accessoires, étrangères à ce qui en doit faire le principal intérêt, je les laisserai de côté pour ne m’attacher qu’à la personne et au caractère de Bossuet même, et je tâcherai de marquer en quoi la publication présente ajoute à l’idée de ce grand homme et augmente ou modifie sur quelques points les notions qu’on a de lui.

1964. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Variétés littéraires, morales et historiques, par M. S. de Sacy, de l’Académie française. » pp. 179-194

On sourit en commençant à lire ; peu à peu la verve et la sincérité du narrateur nous gagnent, et l’on finit, au milieu de tant de soucis plus pressants, de tant d’intérêts du jour qui nous tirent et nous sollicitent, par se laisser aller de bonne foi, jusqu’à concevoir avec lui des doutes sur la parfaite convenance des deux portraits de Nestor et de Philoctète, placés à travers l’action et venant interrompre ou retarder le combat d’Adraste et de Phalante.

1965. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Mélanges de critique religieuse, par M. Edmond Scherer » pp. 53-66

Scherer nous offre, dans cette suite d’études premières, le spectacle d’une âme, d’une intelligence en travail, en marche continuelle, en évolution permanente : c’est une variante moins orageuse et sous forme toute scientifique, une variante qui a son intérêt pourtant, de la lutte et de la recherche que nous offre l’homme de Pascal dans les Pensées, avec cette différence qu’au lieu d’acquérir de la foi, il va la perdant, ce semble, de plus en plus, mais en s’obstinant à ne jamais la perdre tout à fait.

1966. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Étude sur la vie et les écrits de l’abbé de Saint-Pierre, par M. Édouard Goumy. L’abbé de Saint-Pierre, sa vie et ses œuvres, par M. de Molinari. — I » pp. 246-260

Il y en avait qui étaient réformateurs en avant et par les moyens propres aux sociétés modernes, discussion, liberté d’examen, suffrage éclairé, lumières graduées et intérêt bien entendu, progrès dans l’égalité, le bien-être et la morale civile.

1967. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « M. Ernest Renan »

Chacun de ses savants écrits, ses Études d’histoire religieuse, ses Essais philosophiques et littéraires s’enlevaient rapidement, et il avait atteint, auprès du public lettré, à ce degré le plus désirable de considération et d’intérêt soutenu, au-delà duquel il n’y a plus que la vogue avec ses inconstances.

1968. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Le père Lacordaire. Quatre moments religieux au XIXe siècle. »

Moi qui lis cela avec intérêt, qui, bien que de ceux qu’on appelle sceptiques, me tiens pour parfaitement sûr et certain de ce qu’il y a de faux et d’imaginaire dans le point de départ et dans certaines suppositions premières de celui qui écrit ; qui n’en cherche pas moins avec plaisir les preuves de talent, d’élévation, ou les saillies d’esprit, j’en trouve une, de ces saillies, et qui me paraît des plus agréables, dans une lettre à laquelle l’éditeur, qui s’y connaît et qui s’entend à étiqueter les matières, a donné ce titre piquant : Un religieux à cheval. — « Tôt ou tard on ne jouit que des âmes. » Le commencement de la lettre se rapporte à des affaires de l’Ordre, au choix que venait de faire le Chapitre provincial d’un successeur du Père Lacordaire et à d’autres points particuliers ; mais voici le côté aimable, et qui me rappelle, je ne sais trop comment, de jolies lettres de Pline le Jeune : «  Quant à vous, mon bien cher qui montez à cheval dans la forêt de Compiègne avec l’habit religieux et qui le trouvez tout simple, je n’ai rien à vous dire.

1969. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « MADAME TASTU (Poésies nouvelles.) » pp. 158-176

Nous avons pu surprendre le poëte en un moment de plainte ; mais il ne faut rien exagérer, et il n’est pas nécessaire pour l’intérêt du portrait de trop prolonger ce court moment dans toute l’habitude d’une vie.) — Depuis que ceci est écrit, Mme Tastu a de plus en plus persévéré dans cette voie toute de raison et de devoir.

1970. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Le Brun »

On lit en marge d’une édition de La Fontaine annotée par lui, à propos du poëme de la Captivité de saint Malc : « Ce petit poëme, quoique le sujet en soit pieux, est rempli d’intérêt, de vers heureux et de beautés neuves. » 40.

1971. (1875) Premiers lundis. Tome III « Sur le sénatus-consulte »

La tentative qui va se faire, et à laquelle tous nous coopérons dans notre mesure, est grande en soi et par les intérêts qu’elle embrasse autant que délicate et difficile.

1972. (1861) La Fontaine et ses fables « Première partie — Chapitre II. L’homme »

C’est à peu près de cette façon qu’il a toujours entendu ses intérêts.

1973. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Deuxième partie. Invention — Chapitre VII. Induction et déduction. — Diverses causes des faux raisonnements »

Enfin toutes ces causes d’erreur peuvent se mêler et concourir dans une fausse généralisation ; on obéit à des préjugés, à une tradition, à l’intérêt ou à la passion, et l’on accepte pour vrais des faits imaginaires ; on  jette un coup d’œil distrait sur la réalité ; on la voit de loin, indistinctement, confusément, ou l’on n’en prend qu’une partie ; on fait arbitrairement abstraction de ce qui gêne ou déplaît ; après quoi l’on se prononce avec autorité, et l’on établit des lois, universelles, éternelles.

1974. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Troisième partie. Disposition — Chapitre V. Subordination et proportion des parties. — Choix et succession des idées »

On peut suspendre l’intérêt pour l’accroître : mais suspendre l’intelligence, cela ne mène à rien qu’à déconcerter, fatiguer, dégoûter le lecteur.

1975. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre III. Poésie érudite et artistique (depuis 1550) — Chapitre I. Les théories de la Pléiade »

Lyon, dans notre histoire littéraire, a eu des destinées particulières : l’Allemagne, l’Italie, la France y mêlent leurs génies ; l’activité pratique, l’industrie, le commerce, les intérêts et les richesses qu’ils créent n’y étouffent pas les ardeurs mystiques, les exaltations âpres ou tendres, les vibrations profondes ou sonores de la sensibilité tumultueuse : c’est la ville de Valdo et de Ballanche, de Laprade et de Jules Favre.

1976. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Barbey d’Aurevilly. »

Mais il l’est avec une si hyperbolique furie, une satisfaction si proclamée de n’être pas comme nous, un étalage si bruyant, une mise en scène si exaspérée, qu’une défiance m’envahit, que l’intérêt tendre que je tenais tout prêt pour ce revenant des siècles passés hésite, se trouble, tourne en étonnement, et que je ne crois plus avoir devant moi qu’un acteur fastueux, ivre de son rôle et dupe de son masque.

1977. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « « L’amour » selon Michelet » pp. 47-66

Dans le chapitre : La Mouche et l’Araignée, cherchant comment elle peut être amenée à la faute, il n’ose imaginer que deux cas : si elle tombe, — c’est qu’une perfide amie avait résolu de la faire tomber, la pauvre petite ; — ou c’est que, de très bonne foi, elle voulait, la chère enfant, servir les intérêts de son mari… Et pour elle Michelet imagine des fractions de responsabilité morale.

1978. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Deux tragédies chrétiennes : Blandine, drame en cinq actes, en vers, de M. Jules Barbier ; l’Incendie de Rome, drame en cinq actes et huit tableaux, de M. Armand Éphraïm et Jean La Rode. » pp. 317-337

Barbier où l’intérêt, si je ne m’abuse, se disperse un peu, et où plusieurs des autres personnages, beaucoup moins singuliers et significatifs que Blandine, occupent une aussi grande place que l’humble et sublime servante.

1979. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre VIII. Jésus à Capharnahum. »

Quel intérêt n’aurait pas, dans une telle hypothèse, la synagogue de Tell-Hum La grande synagogue de Kefr-Bereim me semble la plus ancienne de toutes.

1980. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XV. Commencement de la légende de Jésus  Idée qu’il a lui-même de son rôle surnaturel. »

La vérité matérielle a très peu de prix pour l’oriental ; il voit tout à travers ses idées, ses intérêts, ses passions.

1981. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XVII. Forme définitive des idées de Jésus sur le Royaume de Dieu. »

Des gens venaient lui demander de se constituer juge et arbitre dans des questions d’intérêts.

1982. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XXI. Dernier voyage de Jésus à Jérusalem. »

C’était la bourgeoisie pharisienne, c’étaient les innombrables soferim ou scribes, vivant de la science des « traditions », qui prenaient l’alarme et qui étaient en réalité menacés dans leurs préjugés et leurs intérêts par la doctrine du maître nouveau.

1983. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XIII. Dernière semaine de Jésus. »

Par un travers fort ordinaire dans les fonctions actives, il en sera venu à mettre les intérêts de la caisse au-dessus de l’œuvre même à laquelle elle était destinée.

1984. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. Bain — Chapitre I : Des sens, des appétits et des instincts. »

Il n’est pas sans intérêt de comparer cette explication avec celle de Kant.

1985. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXV » pp. 259-278

Elle a de l’intérêt par elle-même ; il n’est pas indifférent à la morale, de voir comment cette femme, née dans une prison, d’un père protestant, qui se ruina au jeu et mourut à la Martinique, où elle fut laissée en gage à un créancier par sa mère obligée de venir chercher du pain en France ; renvoyée à sa mère, à quatorze ans, par ce créancier qui trouvait trop onéreux de la nourrir ; devient à quarante-cinq ans l’amie, la confidente d’un roi galant, parvient à le détacher de ses maîtresses, ne voulant prendre la place d’aucune, et à quarante-huit ans devient la femme de ce roi, plus jeune qu’elle de trois ans.

1986. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Bossuet, et Fénélon. » pp. 265-289

Ils ne vouloient point admettre la réalité d’un état dans lequel on aime dieu sur la terre, absolument & sans intérêt, pour lui-même.

1987. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre V : La religion — Chapitre I : Philosophie religieuse de M. Guizot »

Cette école a défendu l’idée du devoir et l’a fortement séparée de l’intérêt personnel.

1988. (1765) Essais sur la peinture pour faire suite au salon de 1765 « Ce que tout le monde sait sur l’expression, et quelque chose que tout le monde ne sait pas » pp. 39-53

À force de s’irriter, de s’injurier, de se battre, de crier, de se décoiffer pour un liard, ils avaient contracté pour toute leur vie l’air de l’intérêt sordide, de l’impudence et de la colère.

1989. (1912) L’art de lire « Chapitre IX. La lecture des critiques »

Je les avais presque toujours lus avant qu’ils n’en parlassent et j’écoutais ces messieurs avec un très vif intérêt.

1990. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Jules Janin » pp. 137-154

Il avait cette familiarité avec les inventeurs de se servir de leurs inventions dans son intérêt d’écrivain : sans cérémonie de grand seigneur, qui partout se sent un peu chez soi !

1991. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Les Nièces de Mazarin » pp. 137-156

Une surtout nous a beaucoup frappé, et nous la citerons parce qu’elle grandit, dans un aperçu juste, celle des Mancines à qui l’histoire attache l’intérêt romanesque du premier amour de Louis XIV.

1992. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « II — Se connaître »

J’ai recueilli dans cet ordre d’idées une opinion, que je considère comme infiniment précieuse et qu’il eût été cruel d’abandonner à l’oubli : c’est celle d’un directeur d’institution qui, dans un discours de distribution de prix, parlant de l’enseignement des langues vivantes, prétendait avec un bel accent de conviction patriotique, que leur étude était d’un mince intérêt pour la France, attendu qu’elle avait tout à perdre et rien à gagner en étudiant les œuvres étrangères !!

1993. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre premier : M. Laromiguière »

J’aurais quelque intérêt sans doute à vous entretenir dans une pareille opinion ; elle me servirait d’excuse, et pour le passé et pour l’avenir ; mais tous les prétextes que je pourrais alléguer ne seraient que de vains prétextes, et je dois faire l’aveu que, s’il m’arrive de laisser paraître de l’hésitation ou de l’embarras, ce sera toujours ma faute, et non celle des matières que je traiterai.

1994. (1936) Réflexions sur la littérature « 1. Une thèse sur le symbolisme » pp. 7-17

Barre fait au contraire toutes ses réserves sur l’intérêt et la portée de la réforme prosodique.

1995. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre VI. »

Dans une telle vie cependant, toute aux arts, mais à des arts faits pour entretenir la passion, le seul intérêt touchant, la seule dignité qui pût ennoblir les transports d’une âme agitée sans cesse par la musique et la poésie, c’était la piété maternelle, la tendresse pour une fille, cette Cléis que le philosophe Maxime de Tyr avait nommée, et dont quelques vers retrouvés de Sapho nous parlent aujourd’hui : « J’ai, dit-elle, une belle jeune fille semblable, dans sa forme élégante, aux fleurs dorées, Cléis, ma chère Cléis.

1996. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre VIII. »

Elle donne à la vertu l’intérêt propre pour principe ; elle prescrit à l’homme de ne pas se blesser lui-même, bien plus que de travailler au salut d’autrui.

1997. (1887) Études littéraires : dix-neuvième siècle

Il lui en est resté quelque chose : un manque absolu de confidence et d’épanchement, « un esprit de retenue et de solitude intérieure qui m’empêche de causer de ce qui me touche… Je n’entretiens jamais les passants de mes intérêts, de mes desseins, de mes travaux, de mes idées, de mes attachements… persuadé de l’ennui profond que l’on cause aux autres en leur parlant de soi. » C’est là un composé de pudeur et d’orgueil qu’on peut appeler l’esprit de détachement à l’endroit des autres, et qui trahit une âme habile à se suffire à elle-même. […] L’intérêt artistique n’est pas là. […] Il y a une vanité si désordonnée qu’elle prend mal les intérêts mêmes de la vanité.

1998. (1939) Réflexions sur la critique (2e éd.) pp. 7-263

Plus précisément l’intérêt des paysages et des cités est déterminé par des créateurs de valeurs pittoresques, comme l’intérêt des œuvres du passé est renouvelé, distribué, par des créateurs de valeurs littéraires (le mot est de M.  […] Je ne pense pas diminuer par là l’intérêt du Chateaubriand de M.  […] Et cela ne veut pas dire que leur critique soit dénuée d’intérêt : au contraire ! […] Un gros volume de l’édition Conard contient, mises à part, les lettres à Mme Franklin-Groult : elles n’ont aucune espèce d’intérêt. […] N’envisageons que le cas le plus honorable, celui où le reporter doit non seulement se placer au point de vue de l’intérêt français, mais alimenter devant l’opinion la thèse de son gouvernement, apporter des pièces dans un dossier d’avocat.

1999. (1911) L’attitude du lyrisme contemporain pp. 5-466

L’intérêt d’une pareille analyse se comprend aisément. […] les intérêts d’un gros arrondissement de Paris, ne peut être ignoré. […] Cette âme est absente de la société contemporaine, que le conflit de ses intérêts particuliers intéresse seul. […] L’artiste, doué de cette précieuse faculté de contemplation analytique, a le devoir de publier, dans l’intérêt de tous ses confrères, le résultat de ses opérations. […] L’objet importe peu en soi ; au contraire, l’intérêt réside dans l’état psychologique et les transformations intérieures de l’âme.

2000. (1883) Essais sur la littérature anglaise pp. 1-364

Chez eux prédomine le solide intérêt matériel, si cher à l’intelligence anglaise, et qui est pour elle comme le lien logique qui associe l’idée de mérite au fait de la possession territoriale. […] Le radical le plus obstiné, le plus ardent pour les intérêts des classes moyennes, ne songe pas à détrôner l’aristocratie, au moins de ses postes officiels de représentation extérieure. […] Philarète Chasles, ne semblaient pas comprendre que le public pût désirer d’en apprendre davantage et eût intérêt à en apprendre davantage. […] Roméo et Juliette sont deux enfants, et cette circonstance, en simplifiant leur caractère, fait porter tout l’intérêt du drame sur leur amour et en augmente ainsi dans une mesure extraordinaire l’intensité. […] Il n’y a donc dans cette existence que huit années de pleine lumière, encore l’intérêt de ces huit années est-il comme tari et desséché par la maladie et la perspective de la mort prochaine.

2001. (1874) Histoire du romantisme pp. -399

Le rapin dominait encore chez nous le poète, et les intérêts de la couleur nous préoccupaient fort. […] Regardé comme un traître par son ancien parti, suspect au parti de la cour, faisant en personne ce qu’il devrait laisser faire à des subalternes, contrariant les intérêts par des rigorismes outrés, marchant en aveugle dans le dédale des intrigues, en quelques mois de pouvoir il perd sa popularité, ses amitiés et presque son honneur domestique, et résigne sa charge, désabusé de ses rêves, ne croyant plus à son talent, doutant de l’homme et de l’humanité. […] Mais cette tendance visionnaire est amplement contrebalancée par des études d’une réalité parfaite, telles que celles sur Spifame, Rétif de la Bretonne, la plus complète, la mieux comprise que l’on ait faite sur ce Balzac du coin de la borne, étude qui a tout l’intérêt du roman le mieux conduit. […] De tous ces ouvrages d’où il serait facile d’extraire des morceaux brillants, grâce à la musique de Bellini et à l’intérêt passionné du sujet, Norma survit seule. […] Privé de la publicité des Expositions et de l’aide des commandes officielles, il exécuta une foule de bronzes grands et petits, qui ajoutèrent à sa réputation déjà très grande, et qui du cercle des artistes, les premiers appréciateurs en toutes choses, s’était promptement répandue : certes, Barye n’avait besoin, pour être célèbre, de l’intérêt qui s’attache à la victime d’une injuste réprobation, mais cette auréole de martyr, qu’il n’avait pas cherchée, ne lui nuisit pas, et l’on admirait d’autant plus ce mâle et courageux artiste qui, dans le silence et la solitude de l’atelier, en dehors de tout appui du gouvernement, étudiait, travaillait et multipliait des œuvres marquées au cachet d’une originalité puissante.

2002. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre IV. L’âge moderne. — Chapitre I. Les idées et les œuvres. » pp. 234-333

Voilà le monde tout moderne et réel, illuminé par le lointain soleil couchant de la chevalerie, que Walter Scott a découvert, comme un peintre qui, au sortir des grands tableaux d’apparat, aperçoit un intérêt et une beauté dans les maisons bourgeoises de quelque bicoque provinciale, ou dans une ferme encadrée par ses carrés de betteraves et de navets. […] Le premier, nouveau Cowper, avec moins de talent et plus d’idées que l’autre, fut par excellence un homme intérieur, c’est-à-dire préoccupé des intérêts de l’âme. « Que suis-je venu faire en ce monde, et pour quel emploi cette vie, telle quelle, m’a-t-elle été donnée ? […] Ce qu’il expose, ce sont les grands intérêts de l’âme, « c’est la vérité, la grandeur, la beauté, l’espérance, l’amour, —  la crainte mélancolique subjuguée par la foi, —  ce sont les consolations bénies aux jours d’angoisse, —  c’est la force de la volonté et la puissance de l’intelligence, —  ce sont les joies répandues sur la large communauté des êtres, —  c’est l’esprit individuel qui maintient sa retraite inviolée, —  sans y recevoir d’autres maîtres que la conscience, —  et la loi suprême de cette intelligence qui gouverne tout1222. » Cette personne inviolée, seule portion de l’homme qui soit sainte, est sainte à tous les étages ; c’est pour cela que Wordsworth choisit pour personnages un colporteur, un curé, des villageois ; à ses yeux, la condition, l’éducation, les habits, toute l’enveloppe mondaine de l’homme est sans intérêt ; ce qui fait notre prix, c’est l’intégrité de notre conscience ; la science même n’est profonde que lorsqu’elle pénètre jusqu’à la vie morale ; car nulle part cette vie ne manque. « À toutes les formes d’être est assigné un principe actif ; —  quoique reculé hors de la portée des sens et de l’observation, —  il subsiste en toutes choses, dans les étoiles du ciel azuré, dans les petits cailloux qui pavent les ruisseaux, —  dans les eaux mouvantes, dans l’air invisible. —  Toute chose a des propriétés qui se répandent au-delà d’elle-même — et communiquent le bien, bien pur ou mêlé de mal. —  L’esprit ne connaît point de lieu isolé, —  de gouffre béant, de solitude. —  De chaînon en chaînon il circule, et il est l’âme de tous les mondes1223. » Rejetez donc avec dédain cette science sèche « qui divise et divise toujours les objets par des séparations incessantes, ne les saisit que morts et sans âme et détruit toute grandeur1224. » « Mieux vaut un paysan superstitieux qu’un savant froid. » Au-delà des vanités de la science et de l’orgueil du monde, il y a l’âme par qui tous sont égaux, et la large vie chrétienne et intime ouvre d’abord ses portes à tous ceux qui veulent l’aborder. « Le soleil est fixé, et magnificence infinie du ciel — est fixée à la portée de tout œil humain. —  L’Océan sans sommeil murmure pour toute oreille. —  La campagne, au printemps, verse une fraîche volupté dans tous les cœurs. —  Les devoirs premiers brillent là-haut comme les astres. —  Les tendresses qui calment, caressent et bénissent — sont éparses sous les pieds des hommes comme des fleurs1225. » Pareillement à la fin de toute agitation et de toute recherche apparaît la grande vérité qui est l’abrégé des autres. « La vie, la véritable vie, est l’énergie de l’amour — divin ou humain — exercée dans la peine, —  dans la tribulation, —  et destinée, si elle a subi son épreuve et reçu sa consécration, —  à passer, à travers les ombres et le silence du repos, à la joie éternelle1226. » Les vers soutiennent ces graves pensées de leur harmonie grave ; on dirait d’un motet qui accompagne une méditation ou une prière.

2003. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre IV. La philosophie et l’histoire. Carlyle. »

En voici un vestige dans un morceau presque digne de Swift, et qui est l’abrégé de ses émotions habituelles en même temps que sa conclusion sur l’âge où nous voici1410 : « Supposons, dit-il, que des cochons (j’entends des cochons à quatre pieds), doués de sensibilité et d’une aptitude logique supérieure, ayant atteint quelque culture, puissent, après examen et réflexion, coucher sur le papier, pour notre usage, leur idée de l’univers, de leurs intérêts et de leurs devoirs ; ces idées pourraient intéresser un public plein de discernement comme le nôtre, et leurs propositions en gros seraient celles qui suivent : « 1º L’univers, autant qu’une saine conjecture peut le définir, est une immense auge à porcs, consistant en solides et en liquides, et autres variétés ou contrastes, mais spécialement en relavures qu’on peut atteindre et en relavures qu’on ne peut pas atteindre, ces dernières étant en quantité infiniment plus grande pour la majorité des cochons. […] Un écrit, quel qu’il soit, ne fait que manifester une âme ; si cette âme est sérieuse, si elle est intimement et habituellement ébranlée par les graves pensées qui doivent préoccuper une âme, si elle aime le bien, si elle est dévouée, si elle s’attache de tous ses efforts, sans arrière-pensée d’intérêt ou d’amour-propre, à publier la vérité qui la frappe, elle a touché le but : nous n’avons que faire du talent ; nous n’avons pas besoin d’être flattés par de belles formes ; notre unique objet est de nous trouver face à face avec le sublime ; toute la destinée de l’homme est de sentir l’héroïsme ; la poésie et les arts n’ont pas d’autre emploi ni d’autre mérite. […] Ces pauvres gens, boutiquiers et fermiers, croyaient de tout leur cœur à un Dieu sublime et terrible, et ce n’était pas une petite chose pour eux que la façon de l’adorer1460. « Supposez qu’il s’agisse pour vous d’un intérêt vital et infini, que votre âme tout entière, rendue muette par l’excès de son émotion, ne puisse en aucune façon l’exprimer, en sorte qu’elle préfère le silence à toute expression possible, que diriez-vous d’un homme qui s’avancerait pour l’exprimer à votre place au moyen d’une mascarade et à la façon d’un tapissier décorateur ? […] Ces furieux, ces ouvriers, ces Jacques sans pain, sans habits, se battaient à la frontière pour des intérêts humanitaires et des principes abstraits.

2004. (1907) L’évolution créatrice « Chapitre III. De la signification de la vie. L’ordre de la nature et la forme de l’intelligence. »

En général, il se présente avec des caractères qu’on a tout intérêt a confondre avec ceux de l’ordre opposé. […] Il ne peut d’ailleurs y avoir de genres que là où il y a des objets individuels : or, si l’être organisé est découpé dans l’ensemble de la matière par son organisation même, je veux dire par la nature, c’est notre perception qui morcelle la matière inerte en corps distincts, guidée par les intérêts de l’action, guidée par les réactions naissantes que notre corps dessine, c’est-à-dire, comme on l’a montré ailleurs 84, par les genres virtuels qui aspirent à se constituer : genres et individus se déterminent donc ici l’un l’autre par une opération semi-artificielle, toute relative à notre action future sur les choses. […] Que le jeu tout mécanique des causes qui arrêtent la roulette sur un numéro me fasse gagner, et par conséquent opère comme eût fait un bon génie soucieux de mes intérêts, que la force toute mécanique du vent arrache du toit une tuile et me la lance sur la tête, c’est-à-dire agisse comme eût fait un mauvais génie conspirant contre ma personne, dans les deux cas je trouve un mécanisme là où j’aurais cherché, là où j’aurais dû rencontrer, semble-t-il, une intention ; c’est ce que j’exprime en parlant de hasard. […] Mais elle se ranime, en somme, là où un intérêt vital est en jeu.

2005. (1889) Les artistes littéraires : études sur le XIXe siècle

En somme, la question n’est que d’intérêt inférieur, et il nous suffît ici, avant de passer à la critique personnelle de chaque artiste, d’avoir simplement constaté, sans commentaires, un des plus graves symptômes de nos mœurs artistiques. […] Elles ont été transcrites entièrement par M. de Spoelberch de Lovenjoul dans la préface de son ouvrage66 ; en dehors de l’intérêt documentaire qu’elles présentent comme portrait d’un grand écrivain dessiné par lui-même, elles valaient, au seul point de vue de l’art, en tant qu’admirable morceau de prose, d’être livrées à la publicité. […] Chez eux, l’écrivain fut supérieur aux écrits : l’étude de l’homme présente plus d’intérêt et donne des résultats plus féconds que l’étude du livre ; autant qu’on peut sans trop d’audace prophétiser en pareille matière, leur nom surnagera dans l’histoire, alors que le titre d’aucun de leurs ouvrages n’échappera à l’indifférence prochaine. […] Un formidable bouleversement intérieur la menace jusqu’en ses fondations lorsque s’ouvre le volume : révolte d’une armée de quarante mille mercenaires, venus de partout et prêts à tout, contre une population de trafiquants égoïstes et envieux, attachés à leur luxe et âpres au gain, entretenant des soldats pour défendre leurs intérêts et refusant la solde promise quand le péril a disparu. […] À son avis, « dans toute œuvre d’art, ce qui intéresse c’est l’adresse de l’ouvrier326 » ; et, dès lors, on comprend que son intérêt s’accroisse en raison directe du nombre d’obstacles qui auront été surmontés.

2006. (1890) La bataille littéraire. Deuxième série (1879-1882) (3e éd.) pp. 1-303

En ménage est un roman réaliste plus qu’on ne peut l’imaginer, mais qui n’est certes pas sans intérêt ; je choisis, autant que possible, un passage qui peut donner idée de la tonalité générale du livre et de sa partie descriptive, par trop descriptive peut-être ! […] L’œuvre est des plus émouvantes ; l’intrigue, habilement conduite, fait passer devant les yeux charmés du lecteur, une série de tableaux tantôt gais, tantôt tristes, et toujours du plus vif intérêt. […] Cela est sain et bon, — et habile, car l’intérêt ne se ralentit pas une minute. — J’ai dévoré vos 370 pages ! […] Ajoutons qu’il présente de plus un intérêt spécial pour les bibliophiles, en raison des soins qui ont été apportés à son exécution. […] La péripétie m’y paraît plus dramatique, l’émotion plus poignante, l’intérêt plus prolongé, la vérité plus grande.

2007. (1898) Émile Zola devant les jeunes (articles de La Plume) pp. 106-203

Les plus bas intérêts, seuls, se trouvaient en jeu : d’un côté, les émigrants revenus d’exil s’efforçaient de reconquérir leurs anciennes prérogatives ; de l’autre, une caste nouvelle, qui devait son élévation à la faveur des événements, défendait ses conquêtes, sa fortune et ses biens. […] La sève ancestrale se divise en deux grandes branches, d’un côté la branche légitime, forte et puissante, aboutissant à Eugène Rougon, « l’aigle de la famille se dégage des vulgaires intérêts, aimant la force pour la force et conquérant Paris en vieilles bottes » ; de l’autre, la branche bâtarde, pleine de vitalité et de sang, elle aussi, mais qui, jetée dans les bas-fonds prolétariens, victime de l’alcool, de la faim, de la misère finit par produire les Gervaise Macquart, les Lantier ou les Nana, ces déchets de l’arbre social. […] Non, vous n’êtes pas les ennemis de l’état de choses actuel ; au contraire, et je le répète, vous êtes l’éclatant symbole de la société bourgeoise, pavoisant de grandes phrases ses intérêts, ses pusillanimités, ses orgueils, c’est à elle que s’adressent nos imprécations, en même temps qu’à vous.

2008. (1888) Journal des Goncourt. Tome III (1866-1870) « Année 1867 » pp. 99-182

Le reste, une œuvre de tapissier, sans un morceau du passé, sans un meuble, une statue, un tableau, qui sauve une maison du tout neuf, et y met l’intérêt et l’amusant de l’historique. […] Il entre chez nous, se met à causer de son père, du premier Empire, allume un cigare, et pris par l’intérêt de ce qu’il raconte, par le souvenir du passé et de la famille, nous fait toucher les changements survenus dans les habitudes, les mœurs, le train de vie de la bourgeoisie marchande. […] Bon enfant, mais un hôte à l’hospitalité à brûle-pourpoint, et quelquefois sans tact, et dur de paroles aux inférieurs… Au physique, l’œil clair, le nez à l’arête sèche, sanguin, sensuel, denté pour mordre au plaisir… et par là-dessous toujours à son affaire, faisant servir tous ceux qu’il reçoit à quelque chose, tirant de ses hôtes une idée, une réclame, une utilité : des plans à l’architecte, un premier-Vichy au littérateur, et plaçant à intérêt tous ses dîners.

2009. (1896) Matière et mémoire. Essai sur la relation du corps à l’esprit « Chapitre I. De la sélection des images, pour la représentation. Le rôle du corps »

En creusant maintenant au-dessous des deux doctrines, vous leur découvririez un postulat commun, que nous formulerons ainsi — la perception a un intérêt tout spéculatif ; elle est connaissance pure. […] et quelle est la raison spéciale qui fait qu’un phénomène dont je n’étais d’abord que le spectateur indifférent acquiert tout à coup pour moi un intérêt vital ? […] Il faut tenir compte de ce que percevoir finit par n’être plus qu’une occasion de se souvenir, de ce que nous mesurons pratiquement le degré de réalité au degré d’utilité, de ce que nous avons tout intérêt enfin à ériger en simples signes du réel ces intuitions immédiates qui coïncident, au fond, avec la réalité Même.

2010. (1890) Les princes de la jeune critique pp. -299

Le commun des mortels qui, soit habitude, soit nécessité, voit d’abord par leurs yeux, a quelque intérêt, ce me semble, à savoir la couleur des lunettes que porte chacun d’eux. […] Je crois bien avoir souhaité pour le plaisir des lecteurs et dans l’intérêt de l’auteur qu’il voulût devenir plus doux pour les jeunes, plus large dans ses sympathies, plus aimable et plus moderne dans sa façon de penser et d’écrire. […] Ainsi le veut la mode : l’art plane au-dessus des misérables intérêts de la terre. […] Ses articles ne sont pas tous d’un intérêt égal, et comment pourraient-ils l’être ? […] Il paraît se douter que les confidences intimes n’ont pas le même intérêt pour ceux qui les écoutent que pour celui qui les fait, et il est sobre de révélations sur sa vie privée autant par habileté que par habitude de bonne compagnie.

2011. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « PARNY. » pp. 423-470

Il est à croire que le succès de ses vers éclaira l’auteur lui-même ; l’intérêt que le public se mit aussitôt à prendre à Eléonore, et que vinrent entretenir d’autres pièces à elle adressées dans les Opuscules poétiques de l’année suivante (1779), acheva de décider le choix du poëteamant, et lui indiqua le parti qu’il lui restait à tirer de sa passion : dans les éditions qui succédèrent, les Aglaé, les Euphrosine, furent sacrifiées ; l’inconstance devint un crime, tandis qu’auparavant on ne voyait que l’ennui de criminel ; en un mot, Parny s’attacha à mettre de l’unité dans ses élégies et à pousser au roman plus qu’il n’avait songé d’abord. […] J’ai souvent pensé qu’un poëte élégiaque, qui, son amour une fois chanté, se tairait à jamais et obstinément, comme Gray, par exemple, agirait bien plus dans l’intérêt de sa gloire ; il se formerait autour de son œuvre je ne sais quoi de mystérieux, de conforme au genre et au sujet.

2012. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLVIIIe entretien. Littérature latine. Horace (2e partie) » pp. 411-480

Quel plaisir de savoir pourquoi le poète s’est courroucé contre Glycère, ou s’est réconcilié avec Lydie, ou s’est attendri sur Virgile, ou s’est rapproché d’Auguste, ou s’est fondu en larmes sur la maladie de Mécène, et quel intérêt double s’attacherait ainsi à un livre dont chaque phrase de l’éditeur expliquerait un vers du poète ! […] Quand on ne peut plus mettre le nom du vicieux sur le vice, la malignité publique éteinte enlève les trois quarts de l’intérêt à la satire ; il n’en reste que quelques traits généraux, quelques imprécations éloquentes comme dans Juvénal à Rome et dans Gilbert à Paris.

2013. (1869) Cours familier de littérature. XXVII « CLVIIIe Entretien. Montesquieu »

un de ces hommes après lesquels il n’est plus permis d’écrire sur le sujet qu’ils ont traité et dont ils ont, du premier coup, effleuré toute la superficie ou épuisé tout l’intérêt ? […] « Le droit des gens est naturellement fondé sur ce principe, que les diverses nations doivent se faire dans la paix le plus de bien et dans la guerre le moins de mal qu’il est possible, sans nuire à leurs véritables intérêts.

2014. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre III. Les grands artistes classiques — Chapitre III. Molière »

Molière change le lieu, quand il y a intérêt ou nécessité : ainsi dans le Médecin malgré lui et dans le Don Juan. […] Il y a là des jeux d’intérêts, de vanités, que Dancourt a décrits sans rien atténuer, et sans rien prendre au tragique.

2015. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Edmond et Jules de Goncourt »

Nous prions l’auteur de la Vie de Jésus de faire un peu grâce au roman. « La vie est courte, dit-il, et l’histoire, la science, les études sociales ont tant d’intérêt !  […] Soit ; mais il n’est pas non plus sans intérêt de voir comment d’autres la regardent, sous quel angle, de quels yeux et dans quelle disposition d’esprit, et comment ils l’expriment, quel caractère ils aiment à en dégager, quel sorte de grossissement ils lui donnent, et par quel parti pris et par quelle loi de leur tempérament.

2016. (1890) L’avenir de la science « X » pp. 225-238

Comment n’a-t-on pas compris qu’il y a, dans l’observation psychologique de ces races, que dédaigne l’homme civilisé, une science du plus haut intérêt et que ces anecdotes rapportées par les voyageurs, qui semblent bonnes tout au plus à amuser des enfants, renferment en effet les plus profonds secrets de la nature humaine ? […] Cela même en fait l’intérêt : aucune étude ne fait mieux comprendre l’état médiocre de l’esprit humain.

2017. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 novembre 1885. »

« La science n’a une force et n’offre un intérêt que durant qu’elle se trompe : car elle est un instrument de la vérité : lorsque la vérité est trouvée, la science cesse. » — « La Science est la force suprême de l’Esprit humain ; mais la direction de cette force est l’Art » (p. 23). […] En effet, l’intérêt du public français pour les œuvres de R.

2018. (1856) Cours familier de littérature. I « Ier entretien » pp. 5-78

J’aime mieux vous la traduire en récit, en images et en sentiments, afin que le récit, l’image et le sentiment la fassent pénétrer en vous par les trois pores de votre âme : l’intérêt, l’imagination et le cœur ; et afin aussi qu’en voyant comment j’ai conçu moi-même, en moi, l’impression de ce qu’on appelle littérature, comment cette impression y est devenue passion dans un âge et consolation dans un autre âge, vous contractiez vous-même le sentiment littéraire, ce résumé de tous les beaux sentiments dans l’homme parvenu à la perfection de sa nature. […] Ces livres, ainsi feuilletés et commentés en plein ciel, avec une ardeur continue d’intérêts divers par ces trois solitaires, me parurent renfermer je ne sais quels oracles mystérieux que ces sages venaient consulter dans le recueillement de l’âme et des sens sur ces hautes cimes.

2019. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome I « Bibliotheque d’un homme de goût. — Chapitre V. Des orateurs anciens et Modernes. » pp. 223-293

L’historien n’étant plus échauffé par la présence des objets, ni par les intérêts actuels qui s’éteignent avec les passions qui les font naître, ne pouvoit qu’en retracer le tableau ; mais avec quelle grandeur, quelle noblesse, quelle fierté, quelle force, quel sens, Salluste & Tite-Live tracent-ils ces peintures ? […] Quatorze Avocats de Paris s’assemblent plusieurs jours sans aucun intérêt, pour examiner si un homme roué à deux cens lieuës de-là est mort innocent ou coupable.

2020. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre XIV : Récapitulation et conclusion »

Une autre branche plus générale de l’histoire naturelle croîtra d’autant en intérêt. […] Quel intérêt ne trouve-t-on pas à contempler un rivage luxuriant, couvert de nombreuses plantes appartenant à de nombreuses espèces, avec des oiseaux chantant dans les buissons, des insectes variés voltigeant à l’entour, des lombrics rampant à travers le sol humide, si l’on songe en même temps que toutes ces formes élaborées avec tant de soin, de patience, d’habileté et dépendantes les unes des autres par une série de rapports si compliqués, ont toutes été produites par des lois qui agissent continuellement autour de nous !

2021. (1900) Le rire. Essai sur la signification du comique « Chapitre III. Le comique de caractère »

Ce que le drame va chercher et amène à la pleine lumière, c’est une réalité profonde qui nous est voilée, souvent dans notre intérêt même, par les nécessités de la vie. […] Et ce que l’intérêt conseille, la raison l’ordonne : il y a un devoir, et notre destination est d’y obéir.

2022. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Geoffroy de Villehardouin. — II. (Fin.) » pp. 398-412

On pense bien que ce n’est point le cas de trop discuter le droit ; il serait difficile assurément de le démêler à travers tant d’intérêts, de cupidités compliquées et de violences.

2023. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Ramond, le peintre des Pyrénées — II. (Suite.) » pp. 463-478

Lorsque l’on sait à quel esprit sain, ferme, vigoureux, on a affaire en Ramond, lorsqu’on a pu apprécier ses qualités sûres comme savant, comme observateur, lorsqu’on voit Laplace avoir assez de confiance en lui pour adopter et enregistrer dans la Mécanique céleste la réforme numérique dont était susceptible le coefficient d’une de ses formules, on se demande quelle sorte d’intérêt et de zèle celui qu’on a connu en ces dernières années le moins mystique des hommes pouvait apporter dans cette intimité de chaque jour avec Cagliostro.

2024. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Souvenirs et correspondance tirés des papiers de Mme Récamier » pp. 303-319

Ainsi la description du château de Maintenon, malgré l’intérêt qui s’attache à un si noble séjour, méritait d’être supprimée : la plume de M. de Chateaubriand, en ces derniers écrits, n’est plus elle-même. — L’observation faite, il n’en est pas moins vrai que ces deux volumes nous offrent sur une femme qui fut un modèle de beauté et de bonté, et sur le monde qu’elle eut le charme et l’art de grouper jusqu’à la fin autour d’elle, une quantité de pièces intimes, agréables, imprévues, qui permettent aux nouveaux venus, s’ils en sont curieux, de vivre pendant quelques soirées dans une intimité inespérée et des plus choisies.

2025. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Histoire du Consulat et de l’Empire, par M. Thiers (tome xviie ) » pp. 338-354

Son dix-septième volume, qui est peut-être le plus beau de tous, et qui est certainement le plus émouvant, le plus poignant d’intérêt pour tout cœur français, comprend les événements des deux derniers mois de 1813 et des quatre premiers de 1814 : il ne reste plus à l’auteur, pour clore entièrement son œuvre, qu’à écrire l’histoire des Cent-Jours, cette histoire pénible, où d’autres, avides de désastres, se sont jetés avant lui, où lui il n’arrive qu’à regret et comme par nécessité, et où, venant le dernier, il saura apporter, sur des points encore controversés, des lumières, à quelques égards nouvelles et peut-être décisives.

2026. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) «  Œuvres et correspondance inédites de M. de Tocqueville — II » pp. 107-121

Il ne pouvait se résoudre à dire avec Montaigne, « La vertu assignée aux affaires du monde est une vertu à plusieurs plis, encoignures et coudes pour s’appliquer et joindre à l’humaine faiblesse… » La correspondance s’anime beaucoup depuis la révolution de Février, et, toute tronquée qu’elle est, acquiert un grand intérêt.

2027. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Le général Joubert. Extraits de sa correspondance inédite. — Étude sur sa vie, par M. Edmond Chevrier. — III » pp. 174-189

Leurs coalitions mobiles et peu sincères, dénouées et renouées selon les intérêts et les versatilités de chaque instant, avaient-elles pu s’accorder dans un plan arrêté ?

2028. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Mélanges religieux, historiques, politiques et littéraires. par M. Louis Veuillot. » pp. 44-63

Veuillot a beaucoup écrit, et je ne puis parler de tous les livres qu’il a composés : le volume les Français en Algérie (1845) résume avec intérêt les souvenirs d’un voyage qui remonte à 1841, et dans lequel il fut l’hôte, le commensal et presque lesecrétaire du maréchal Bugeaud, nouvellement nommégouverneur général.

2029. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Lettres de Madame de Sévigné »

Des réclamations pourtant s’élevèrent ; les amours-propres, les susceptibilités de famille ne sont pas toujours dans le sens et dans l’intérêt de la littérature.

2030. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Térence. Son théâtre complet traduit par M. le marquis de Belloy »

Si, dans les grands et pathétiques naufrages modernes, l’intérêt public se porte naturellement sur les deux ou trois survivants que le radeau a rapportés et qui représentent pour nous les absents abîmés et engloutis, il convient de faire, ce semble, la même chose dans l’ordre de l’esprit et du talent, et de ne pas trop chicaner un ancien qui nous est arrivé par exception et par un singulier bonheur, surtout quand il nous offre en lui des dons charmants, incontestables ; il sied bien plutôt de l’aimer et de le louer tant pour son propre compte que pour les amis et parents qu’il représente et qui ne sont plus, au lieu d’aller se servir de ces noms très grands assurément, mais un peu nus désormais et à peu près destitués de preuves, pour l’infirmer et le diminuer.

2031. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Les cinq derniers mois de la vie de Racine »

Le roi et Mme de Maintenon ont paru prendre un fort grand intérêt à sa maladie… »

2032. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Mémoires du comte Beugnot »

N’oublions jamais, en lisant ces Mémoires, que l’auteur a intérêt à ne pas avoir une trop haute idée de l’humanité.

2033. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre X. La commedia dell’arte en France pendant la jeunesse de Molière » pp. 160-190

Mais elle est dépourvue d’intérêt, d’une véracité plus que suspecte, et a été désavouée et blâmée en termes énergiques par Évariste Gherardi.

2034. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre III. Grands poètes : Verlaine et Mallarmé, Heredia et Leconte de Lisle » pp. 27-48

L’homme était devenu mal abordable et sans intérêt.

2035. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. Bain — Chapitre II : L’intelligence »

En voici la loi : « Au moyen de l’association, l’esprit a le pouvoir de former des combinaisons ou agrégats, différents de tout ce qui lui a été présenté dans le cours de l’expérience. » L’étude sur l’association constructive ou théorie de l’imagination, est au niveau des meilleures analyses de l’ouvrage par son ordre, sa netteté, l’ampleur et l’exactitude de ses détails, l’intérêt des questions qu’elle soulève.

2036. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Monsieur Walckenaer. » pp. 165-181

Mais ce qu’il était surtout, c’était la droiture, l’antique probité, la candeur et la conscience même, une bonhomie éclairée pourtant de finesse ; laborieux jusqu’à la fin et infatigable ; aimant les lettres, aimant la jeunesse et ce qui le chassait peu à peu et allait lui succéder ; prenant intérêt à ces recherches curieuses et innocentes qui dénotent la simplicité du cœur et l’intégrité conservée de l’esprit.

2037. (1824) Notes sur les fables de La Fontaine « Livre douzième. »

Il y a, entre ce morceau et les deux que je cite, la même différence qui se trouve entre l’intérêt d’une société aimable et le charme d’une amitié parfaite.

2038. (1759) Observations sur l’art de traduire en général, et sur cet essai de traduction en particulier

Quoiqu’ils trouvent dans l’exercice de leur art assez d’entraves qu’ils ne peuvent rompre, nous avons pris plaisir à resserrer gratuitement leurs liens, comme pour nuire à leur encouragement et à nos intérêts.

2039. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Lawrence Sterne »

C’est un livre intéressant comme s’il n’était pas amusant, et amusant comme s’il n’était pas de l’intérêt le plus raisonnable ; car l’auteur de ce livre sur Sterne cache sous son nom allemand (ou plutôt il ne le cache pas) l’esprit le plus français en raison précise, en droiture de jugement, en possession de sa faculté de critique devant l’imagination la plus dérangeante, la plus emportante et la plus ensorcelante.

2040. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « III — Les deux cathédrales »

En juxtaposant l’œuvre de Huysmans et celle de Monet, j’y découvre non seulement deux conceptions d’art très différentes, — ce qui serait d’un intérêt secondaire, — mais surtout l’indice de deux compréhensions, exactement situées à l’opposite, des choses de ce monde, — ce qui est d’une toute autre importance.‌

2041. (1906) Les idées égalitaires. Étude sociologique « Première partie — Chapitre III. Les explications anthropologique, idéologique, sociologique »

D’ailleurs, dans le cas qui nous occuper, les amis comme les adversaires de l’égalitarisme pensent trouver intérêt à le représenter comme né des systèmes.

2042. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE STAEL » pp. 81-164

A partir du 18 brumaire, un intérêt plus vif s’y mêla ; l’opposition de Benjamin Constant au Tribunat devint un dernier nœud de rapprochement. […] Ces dernières s’imprimaient quelquefois à Paris, pour qu’on pût ensuite apprendre plus commodément les rôles ; l’intérêt qu’on mettait à ces envois était vif, et quand on avisait à de graves corrections dans l’intervalle, vite on expédiait un courrier, et, en certaines circonstances, un second pour rattraper ou modifier la correction déjà en route. […] Il y blâmait vivement l’intérêt répandu sur Oswald et s’en fâchait comme d’un défaut de patriotisme. […] En tête d’une réimpression de Corinne en 1839, nous ajoutions : « A mesure que le temps marche, l’intérêt qui s’attache à ces œuvres une fois reconnues comme subsistantes et durables peut varier, mais n’est pas moins grand.

2043. (1907) L’évolution créatrice « Chapitre I. De l’évolution de la vie. Mécanisme et finalité »

Elle admet bien des discordances, parce que chaque espèce, chaque individu même ne retient de l’impulsion globale de la vie qu’un certain élan, et tend à utiliser cette énergie dans son intérêt propre ; en cela consiste l’adaptation. […] La théorie qu’il dégage de ses expériences est du plus haut intérêt. […] Mais que toutes ces variations simultanées se fassent dans le sens d’un perfectionnement ou même simplement d’un maintien de la vision, c’est ce que je ne puis admettre dans l’hypothèse de la variation brusque, à moins qu’on ne fasse intervenir un principe mystérieux dont le rôle serait de veiller aux intérêts de la fonction : mais ce serait renoncer à l’idée d’une variation « accidentelle ». […] Sa thèse repose sur des observations du plus haut intérêt, dont le point de départ a été l’étude de la marche suivie par la variation de la coloration de la peau chez certains Lézards.

2044. (1885) L’Art romantique

La nature (qui n’est pas autre chose que la voix de notre intérêt) nous commande de les assommer. […] « Je ne veux pas dire que la poésie n’ennoblisse pas les mœurs, — qu’on me comprenne bien, — que son résultat final ne soit pas d’élever l’homme au-dessus du niveau des intérêts vulgaires ; ce serait évidemment une absurdité. […] D’inintelligibles considérations officielles auraient-elles forcé sa bonne volonté, violenté ses intérêts ? […] La poésie est un des arts qui rapportent le plus ; mais c’est une espèce de placement dont on ne touche que tard les intérêts, — en revanche très gros. […] Écoutons Gabrielle, la vertueuse Gabrielle, supputer avec son vertueux mari combien il leur faut de temps de vertueuse avarice, en supposant les intérêts ajoutés au capital et portant intérêt, pour jouir de dix ou vingt mille livres de rente.

2045. (1891) La vie littéraire. Troisième série pp. -396

Toutes les idées sur lesquelles repose aujourd’hui la société ont été subversives avant d’être tutélaires, et c’est au nom des intérêts sociaux qu’invoque M.  […] C’est une institution doublement respectable par l’intérêt que lui portent et l’Église et l’État. […] Amélineau a le double mérite de les avoir découverts dans des manuscrits coptes et d’en avoir composé un récit suivi, d’un intérêt très vif et lisible pour tout le monde. […] À peine est-il à Paris qu’il a mis David dans ses intérêts et gagné les membres du Comité de salut public. […] Dans notre intérêt et pour notre repos, pardonnons à cette nature le mal qu’elle nous fait par mégarde et par indifférence.

2046. (1892) La vie littéraire. Quatrième série pp. -362

César tua toujours froidement, sans fantaisie, par pur intérêt. […] Ces dernières nous offrent cet intérêt particulier, qu’elles semblent avoir voulu exprimer l’inexprimable, dire l’ineffable, ce qui est précisément l’idéal de la poésie symbolique, le but de l’art nouveau et futur, à ce que j’ai pu comprendre en lisant M.  […] Et je crois que les vieilles idées, à cet égard, valaient mieux que les nouvelles, étant plus désintéressées, plus hautes et plus conformes aux intérêts de la république des lettres. […] Mais il faudrait tout lire, car l’intérêt de ce petit livre, c’est qu’une âme s’y révèle. […] Mais cette trame existe quand même, et la psychologie de ces contes, quand ils ne sont pas seulement de modernes contes de fées, est parfois d’un dramatique curieux ou d’un intérêt nuancé. » J’ajouterai que cette psychologie en est parfois étrangement déraisonnable.

2047. (1866) Dante et Goethe. Dialogues

Il est enfin le seul lien entre les personnages épisodiques qui passent devant nos yeux ; et l’intérêt, la réalité sensible de ce merveilleux voyage à travers l’éternité, ce sont les impressions du voyageur qui le raconte. […] Dans une lettre à Mme de Senft, si je ne me trompe. — Dante avait accepté une mission à Venise, où il croyait pouvoir servir les intérêts de son hôte ; il ne réussit pas. […] Elle a été recommandée ou prohibée à Rome, selon qu’y soufflait un esprit plus zélé pour les intérêts spirituels de l’Église ou plus jaloux des prérogatives du Saint-Siége. […] L’émotion était instantanée ; l’intérêt pour les personnages, l’adoration pour les divinités représentées, se confondaient avec l’enthousiasme pour le talent qui les figurait aux yeux. […] Partout dans la Comédie, les guelfes, qui servaient les intérêts temporels de l’Église, sont appelés loups et louveteaux, lupi, lupicini.

2048. (1864) Physiologie des écrivains et des artistes ou Essai de critique naturelle

A la vérité, l’âge mûr n’est pas toujours celui où l’homme prête l’oreille à l’intérêt. […] De là son pessimisme, qui prétend expliquer toutes les actions humaines par l’intérêt et par la vanité, qu’il nomme l’un et l’autre d’un seul nom : l’amour-propre, c’est-à-dire l’amour de soi. […] Les passions que des convenances sociales, des intérêts divers, avaient tenues secrètes, ne connaissent plus de frein. […] Sainte-Beuve a bien montré, dans un très bel article sur sa méthode, comment, dans une famille, les esprits, les caractères et les tempéraments s’expliquent souvent les uns par les autres, avec des variantes pleines d’intérêt et de curieuses modifications d’un naturel analogue en ses divers exemplaires plus ou moins réussis. […] Plus on met de soi, de son naturel, de son expérience personnelle, de ses passions et de sa raison, de ses tristesses et de ses joies, de ses nerfs et de sa substance, et de sa vie et de son âme, dans un écrit, dans une œuvre quelconque : plus on lui donne d’intérêt, de valeur.

2049. (1905) Études et portraits. Portraits d’écrivains‌ et notes d’esthétique‌. Tome I.

Tu représentes donc mon intérêt personnel, le sanctuaire de mon égoïsme. […] Il offre un rare exemple, et d’un intérêt singulier pour le psychologue, de facultés13 qui n’ont rencontré ni leur milieu ni leur époque. […] De vaste conscience nationale, elle n’en laisse point se former, tant elle éparpille les intérêts et les passions. […] Il y a un intérêt capital à suivre de semblables entreprises. […] D’observation exacte — car dans la formidable mêlée d’intérêts qui constitue la vie à Paris, notre homme a pris l’habitude et le goût d’une certaine dissection brève, mais sûre, qui va au fond des caractères et des situations.

2050. (1911) Nos directions

L’intérêt de cette publication dépasse cependant la personne de son auteur. […] Il y a, non pas « nœud », mais « déroulement » tragique, sans cet intérêt de détails qu’on trouve dans la fresque rustique de M. de Faramond. […] Dans ces pauvres conditions, quel intérêt viendront présenter les conflits ? […] Tout l’intérêt du drame est là, dans la façon dont naît l’idée, dont l’acte suit, à la faveur des plus contradictoires sentiments. […] Grâce à elles, a-t-on compris que l’intérêt principal d’un tel drame n’est pas surtout lyrique, mais psychologique d’abord ?

2051. (1896) Essai sur le naturisme pp. 13-150

Ils gardent d’autant moins d’intérêt que plus d’émotions les exaltent, car ces émotions les détournent des rites. […] La question est séductrice et ne manque pas d’intérêt immédiat. […] Outre le charme anecdotique, ils nous sont surtout précieux par l’intérêt d’exégèse qu’ils présentent.

2052. (1861) La Fontaine et ses fables « Troisième partie — Chapitre I. De l’action »

Ce sont donc les détails qui sauvent du lieu commun, et c’est la fuite du lieu commun qui donne la vérité et l’intérêt. […] Le meurtre du boeuf avait l’intérêt pour raison, sinon pour excuse.

2053. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLVIIe entretien. Littérature latine. Horace (1re partie) » pp. 337-410

Elles s’attachaient par des liens fugitifs, tantôt d’intérêt, tantôt d’amour, à des hommes de toute condition et de tout âge, aux uns pour leur opulence, aux autres pour leur beauté. […] …… Après que chacun de nous a bu à sa soif, l’entretien se ravive ; nous causons, non pas sur nos voisins pour en médire, ni sur les propriétés pour les envier, ni sur le talent plus ou moins merveilleux du danseur Lepos ; nous nous entretenons sur des sujets qui nous intéressent davantage, et qu’il n’est pas sage d’ignorer : si le bonheur de l’homme consiste dans la richesse ou dans la vertu ; si le mobile de la véritable amitié est l’intérêt ou l’estime, etc… » Puis le poète, pour diversifier l’entretien, introduit dans le dialogue son voisin Cervius, qui a l’habitude de conter les vieux apologues populaires ; Cervius, à propos des richesses de leur autre voisin, un certain Abellius, le propriétaire du plus vaste domaine de la vallée d’Ustica, récite en vers inimitables, même par La Fontaine, la fable du Rat de ville et du Rat des champs.

2054. (1860) Cours familier de littérature. IX « XLIXe entretien. Les salons littéraires. Souvenirs de madame Récamier » pp. 6-80

Ne cherchez pas d’autre titre à l’intérêt qui s’attache au nom de Juliette dans ce siècle et qui la suivra plus loin que son siècle ; elle fut la beauté ! […] Cette correspondance, selon nous, est bien supérieure en intérêt aux Mémoires d’apparat du grand prosateur du dix-neuvième siècle.

2055. (1860) Cours familier de littérature. X « LVIe entretien. L’Arioste (2e partie) » pp. 81-160

Le récit se brisait trop souvent sous la main capricieuse de l’Homère de Ferrare pour que l’intérêt, constamment réveillé, constamment éteint, nous conduisît sans fatigue jusqu’au terme de quarante-cinq chants. […] Vous devrez également veiller aux intérêts de nos nationaux et leur accorder dans l’occasion la protection nécessaire.

2056. (1861) Cours familier de littérature. XI « LXVe entretien. J.-J. Rousseau. Son faux Contrat social et le vrai contrat social (1re partie) » pp. 337-416

Il n’était question d’abord que de m’exercer à la lecture par des livres amusants ; mais bientôt l’intérêt devint si vif que nous lisions tour à tour, sans relâche, et passions les nuits à cette occupation. […] Il ose chercher étourdiment dans madame Dupin une autre madame de Warens ; une lettre trop tendre qu’il écrit à cette femme indulgente, mais sévère, ne reçoit qu’un sourire de dédain pour réponse ; mais l’intérêt de commisération qu’il inspire à madame de Broglie et à d’autres femmes de cette société lui fait obtenir un emploi de secrétaire intime du comte de Montaigu, ambassadeur de France à Venise, avec un appointement de cinquante louis.

2057. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 juillet 1885. »

L’écrit philosophique « Art et Religion »bl dit le mal de l’existence individuelle, morcelant et opposant nos intérêts ; mais il exalte le retour à l’unité universelle, pleinement bonne, pleinement sainte, — et naturelle, — et bien heureuse. […] L’incohérence des fantômes, la diversité des intérêts et des choses, naguère, l’angoissait ; mais c’était la résistance du Néant à l’Idée créatrice ; et le Mage la brise.

2058. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre premier. La sensation, dans son rapport à l’appétit et au mouvement — Chapitre premier. La sensation »

Cette force, selon nous, fut l’intérêt même des êtres. […] C’est donc bien l’intérêt, l’appétit, qui opère la sélection dans les sensations mêmes, qui met en relief les unes et laisse les autres dans l’ombre.

2059. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre neuvième. Les idées philosophiques et sociales dans la poésie (suite). Les successeurs d’Hugo »

Il y avait dans cette nouvelle Légende des siècles une conception d’un véritable intérêt philosophique et même social, puisqu’il s’agissait de faire revivre, — dans leurs pensées intimes sur le monde et sur les dieux, — les types les plus variés des sociétés humaines. […] Cela tient à ce que l’aristocratie vraie, qui est un objet d’imitation servile de la part des foules, est aujourd’hui composée des savants ou des artistes, nécessairement incrédules ; autrefois l’aristocratie était composée d’hommes qui partageaient les préjugés religieux, qui leur empruntaient d’ailleurs une partie de leur autorité et qui avaient intérêt à s’appuyer sur eux.

2060. (1886) Quelques écrivains français. Flaubert, Zola, Hugo, Goncourt, Huysmans, etc. « Gustave Flaubert. Étude analytique » pp. 2-68

Que l’on joigne à cette médiocrité des lieux et des gens, le mince intérêt des aventures, un adultère diminué de tout l’ennui de la province, la vie campagnarde de deux vieux employés, l’existence sociale de quelques familles moyennes à Paris, que traverse le désœuvrement d’un jeune homme nul, on reconnaîtra dans les romans de Flaubert, tous les traits essentiels de l’esthétique réaliste. […] Le pessimisme que provoquait en lui la nostalgie du beau et la vue d’êtres et d’objets sans noblesse, se compliquait de celui qui affecte tous les artistes, l’acuité » pour ressentir la souffrance que cause l’excès général et délicat de la sensibilité, le pessimisme sociologique, « l’indignation » à propos de tout que donne aux grandes intelligences la vue de la bêtise se passant d’eux pour se mal conduire, la lassitude qu’implique chez l’artiste moderne sa vie d’être inutile, spolié de tout, intérêt humain4.

2061. (1856) Cours familier de littérature. I « IVe entretien. [Philosophie et littérature de l’Inde primitive (suite)]. I » pp. 241-320

Après eux, et d’après le même principe de plus ou moins pure spiritualité dans l’œuvre, viennent les poètes épiques, c’est-à-dire les poètes qui racontent, parce que leurs poèmes s’adressent principalement à une faculté secondaire de l’esprit humain : l’intérêt pour les aventures de la vie héroïque ou nationale. […] Il ne faut au poète lyrique ou au poète épique qu’une goutte d’encre au bout d’un roseau ou d’une plume pour tracer, évoquer, immortaliser sur un papyrus ou sur une page, l’enthousiasme, l’intérêt, la prière, les larmes éternelles du genre humain.

2062. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Nouveaux voyages en zigzag, par Töpffer. (1853.) » pp. 413-430

Après avoir décrit en une page d’une large et précise magnificence la physionomie générale du Cervin, par opposition à l’effet de Chamonix, il en vient à s’interroger sur les sources de son émotion : D’où vient donc, se demande-t-il en présence de cette effroyable pyramide du Cervin, d’où vient l’intérêt, le charme puissant avec lequel ceci se contemple ?

2063. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Bossuet. Lettres sur Bossuet à un homme d’État, par M. Poujoulat, 1854. — Portrait de Bossuet, par M. de Lamartine, dans Le Civilisateur, 1854. — I. » pp. 180-197

Mais ce qui pour moi n’est pas moins sûr, c’est que l’illustre biographe traite ici l’histoire littéraire absolument comme on traite l’histoire dans un roman historique : on invente légèrement le personnage là où le renseignement fait défaut et où l’intérêt dramatique l’exige.

2064. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Léopold Robert. Sa Vie, ses Œuvres et sa Correspondance, par M. F. Feuillet de Conches. — II. (Fin.) » pp. 427-443

Ils seront vus en même temps avec plus d’intérêt que si je les expose séparément ; car le caractère de celui qui m’occupe paraîtrait triste et monotone, si on ne pouvait faire de comparaison avec un autre où j’aimerais à exprimer le bonheur.

2065. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Guillaume Favre de Genève ou l’étude pour l’étude » pp. 231-248

On voudrait que, dans tout résultat d’étude littéraire, l’idée morale dominât ou, du moins, entrât pour quelque chose, que l’intérêt humain y eût sa part, et que l’âme de celui qui cherche s’adressât de temps en temps par quelque reflet à l’âme de celui qui ne demande pas mieux que de le suivre.

2066. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « L’abbé de Marolles ou le curieux — I » pp. 107-125

Marolles, qui joindra plus tard (1627) à ce premier bénéfice l’abbaye de Villeloin, plus considérable, et qui en prit occasion de recevoir l’ordre de prêtrise moins par vocation que par convenance (les bulles y mettant cette condition), fut lié avec quelques-uns de messieurs de Port-Royal, fort sévères sur ce genre d’abus et de d’irrégularités ; mais, tout en se prévalant de leur amitié et en la leur rendant par de bonnes paroles et des témoignages publics d’intérêt, il ne fut touché en aucun temps de scrupules sur la manière dont il était entré dans les bénéfices et dans le sacerdoce ; il avait le christianisme assez large et coulant, et n’était rien moins que rigoriste, soit pour la doctrine, soit pour les mœurs : se contentant de vivre en honnête homme, comme on disait alors.

2067. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Correspondance de Buffon, publiée par M. Nadault de Buffon » pp. 320-337

Il est manifeste qu’en les écrivant (à part un petit nombre de cas solennels qui tranchent sur le sans-gêne ordinaire), il n’avait aucune arrière-pensée de publicité non plus qu’aucune recherche d’agrément : il croyait n’écrire que pour l’ami à qui il s’adressait, sur ce qui l’occupait dans le moment, sur ses affaires, ses intérêts, ses affections.

2068. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Œuvres de Maurice de Guérin, publiées par M. Trébutien — I » pp. 1-17

Ce n’est que plus tard que Brizeux a songé tout de bon à se faire Breton ; dans le poème de lui qui porte ce titre, Les Bretons, il a réussi dans deux ou trois grands et vigoureux tableaux ; l’ensemble manque d’intérêt, et le tout est dénué de charme.

2069. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Correspondance diplomatique du comte Joseph de Maistre, recueillie et publiée par M. Albert Blanc » pp. 67-83

Mais il y a une autre langue sévère et laconique qui atteint la racine des choses, les causes, les motifs secrets, les effets présumables, les tours de passe-passe et les vues souterraines de l’intérêt particulier ; cette langue-là a bien aussi son prix.

2070. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire de mon temps. Par M. Guizot. »

Partout où je les rencontre sincères et fortes, je les respecte et j’en tiens grand compte ; mais je ne me crois point tenu d’abdiquer ma raison pour les partager, ni de déserter, pour leur plaire, l’intérêt réel et permanent du pays. » Il n’a pas la vibration populaire ; le courant atmosphérique des masses ne l’atteint pas : jusque dans ses passions, il est et restera rationnel.

2071. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Louis XIV et le duc de Bourg, par M. Michelet. (suite.) »

Plus tard, dans son application à la politique, ce fut de même : il était très travailleur en économie politique, en finances, écoutant Vauban et d’autres dans leurs plans de réforme et les discutant avec intérêt : en cela, le premier élève du duc de Chevreuse, ayant comme lui une curiosité infinie et une attention disséminée aux plus minutieux détails.

2072. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Salammbô par M. Gustave Flaubert. (Suite.) » pp. 52-72

Le départ de Salammbô, son déguisement, son voyage, son entrée dans le camp des Barbares, son tête-à-tête avec Mâtho sous la tente ont quelque intérêt.

2073. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Daphnis et Chloé. Traduction d’Amyot et de courier »

L’intérêt même de cette innocence ne se conserve pas longtemps ; et l’épisode de la courtisane Lvcénion, si choquant sous le rapport du goût, fait disparaître la moitié du charme.

2074. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Entretiens sur l’architecture par M. Viollet-Le-Duc »

Viollet-Le-Duc était, de tous les professeurs nouvellement nommés, celui dont le Cours était le plus attendu parce que l’Histoire de l’Architecture qui en fait le sujet est d’un intérêt plus général, et que le professeur représente un esprit connu, un esprit nouveau dans l’enseignement.

2075. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Don Quichotte (suite.) »

Ils y croient on ne sait trop comment, ils y tiennent, surtout si on leur a fait entrevoir quelque intérêt, — quelque île là-bas en perspective.

2076. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Histoire des cabinets de l’Europe pendant le Consulat et l’Empire, par M. Armand Lefebvre. »

Celui-ci, interpellé soudainement sur un sujet aussi délicat, répondit avec un peu d’embarras qu’aucune instruction de sa Cour ne l’autorisait à traiter d’un mariage entre une princesse de Naples et le fils de l’Impératrice : « Il ne pouvait donc soumettre à la reine que ses opinions personnelles ; il lui semblait que, dans l’intérêt de sa maison et de ses peuples, elle devrait favoriser une semblable union ; Eugène de Beauharnais avait toute l’affection de l’Empereur, et de grandes destinées semblaient promises à ce jeune homme. » La reine demeura quelque temps sans répondre : un sourire amer parut un moment sur ses lèvres ; elle semblait agitée intérieurement par des réflexions pénibles ; enfin elle rompit le silence et dit, comme avec effort, qu’elle n’avait aucune objection à élever contre la personne du jeune Beauharnais : « Mais il n’avait pas encore de rang dans le monde ; si, plus tard, la Providence l’élevait à la dignité de prince, les obstacles qui s’opposaient aujourd’hui à une pareille alliance pourraient être écartés. » Le moment une fois manqué ne revint pas.

2077. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « De la poésie en 1865. (suite et fin.) »

Ame simple et droite, sans un repli, avec les instincts les plus loyaux, mais toujours un peu de chimère, aucun des intérêts, aucune des ambitions qui d’ordinaire saisissent les hommes dans la seconde moitié de la vie n’eurent jamais sur lui action ni prise ; il y resta constamment étranger, innocent de toute compétition, de toute jalousie, ne se comparant pas, ne se plaignant pas, satisfait dans son coin, s’y tenant coi comme dans son nid, le même après comme avant l’orage, d’abord et toujours jusqu’à la fin l’homme de la muse, du rêve, de la rime, de la bagatelle enchantée.

2078. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Le comte de Gisors (1732-1758) : Étude historique, par M. Camille Rousset. »

67 Lorsque le petit-fils de Fouquet, M. de Belle-Isle, âgé de seize ans, vint à Paris, jeune homme de bonne mine, ayant « de l’esprit, du tact, les sentiments et les façons d’un vrai gentilhomme », grandement apparenté d’ailleurs, allié aux Lévis et aux Charost, l’intérêt de la société se porta sur lui ; on ne pensa à rien moins d’abord qu’à le faire entrer dans les mousquetaires du roi : on y réussit.

2079. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. EDGAR QUINET.— Napoléon, poëme. — » pp. 307-326

Que l’on essaye de se figurer, dans la langue prophétique du vie  livre de l’Énèide, tous les intérêts du monde antique rassemblés sur la limite de l’antiquité et des temps modernes, tant de peuples encore primitifs se groupant, avec leurs cultes et leur génie, autour de la louve romaine, dans l’attente du christianisme ; les Gaulois, les Bretons, les Germains nouvellement découverts ; en Orient, les Parthes, les Numides, les vieux et nouveaux empires ; et au faîte de tout cela, César, à l’œil de faucon, portant dans son génie réfléchi tout le génie des temps modernes ; et que l’on dise si l’épopée ne s’est pas trouvée là.

2080. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. LE COMTE MOLÉ (Réception à l’Académie.) » pp. 190-210

Et quant au fond, il ne sera pas sans intérêt ici de parler de ces leçons du malheur qu’il a touchées d’un mot.

2081. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « APPENDICE. — CASIMIR DELAVIGNE, page 192. » pp. 470-486

Nous les lui adressons sincèrement dans l’intérêt de l’art, dans le sien propre, et par conséquent dans le nôtre aussi, à nous tous jeunes gens qui nous sommes associés plus d’une fois à ses succès avec orgueil et avec amour.

2082. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre X. De la littérature italienne et espagnole » pp. 228-255

Leurs mœurs sont trop licencieuses pour pouvoir graduer aucun intérêt de ce genre.

2083. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre III. Poésie érudite et artistique (depuis 1550) — Chapitre II. Les tempéraments »

Il ménagea bien ses intérêts dans toutes les négociations et marchandages qu’il traita pour ses maîtres.

2084. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre I. La préparations des chefs-d’œuvre — Chapitre III. Trois ouvriers du classicisme »

Le Traité des Passions, qu’on a trop souvent le tort d’abandonner aux philosophes, est du plus haut intérêt.

2085. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « J.-J. Weiss  »

Mais rien aussi ne nous montre mieux à quel point la critique littéraire peut être une chose exquise et comme elle peut égaler en intérêt et quelquefois dépasser les œuvres mêmes sur lesquelles elle s’exerce.

2086. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre IX. Inquiets et mystiques » pp. 111-135

S’il est vrai que le siècle va au socialisme, et qu’impuissants matériellement à l’orienter nous ne devons que reconnaître avec le plus de clairvoyance l’itinéraire prochain, l’enquête stricte à laquelle s’est livré M. de Wyzewa nous est à tous d’un intérêt personnel.

2087. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Les regrets. » pp. 397-413

N’ayons pas un intérêt d’amour-propre et de métier à ce que la société aille mal, à ce que toutes les fautes se commettent.

2088. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Ducis. » pp. 456-473

Les scènes, même gâtées de Shakespeare, mais appropriées en gros à un public qui ne savait rien de l’original et qui s’était accoutumé à croire que Ducis l’embellissait, donnaient à ce genre bâtard de tragédie un intérêt extraordinaire, et le jeu de Talma sut l’élever vers la fin jusqu’aux apparences de la beauté.

2089. (1913) Le bovarysme « Première partie : Pathologie du bovarysme — Chapitre III. Le Bovarysme des individus »

L’absence du sentiment de l’effort, qui n’est point toujours synonyme d’une moindre dépense, l’aveugle sur l’intérêt et la grandeur des œuvres qu’il réalise, au lieu que cette sensation d’effort, intervenant dans les tâches où il voudrait en vain exceller, contraint son attention, excite en lui un désir de possession et de victoire.

2090. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre IV : La philosophie — I. La métaphysique spiritualiste au xixe  siècle — Chapitre I : Principe de la métaphysique spiritualiste »

Comment pourrais-je même passer de l’un à l’autre sans interruption, sans solution de continuité, s’il n’y avait pas en moi, outre la conscience de cette pluralité phénoménale, la conscience d’une unité continue, qui est la trame de toute ma vie, et qui en fait même l’intérêt, comme dans un drame l’unité d’action est l’âme et la vie du drame ?

2091. (1860) Ceci n’est pas un livre « Une croisade universitaire » pp. 107-146

Tu auras beau monter sur des échasses aussi hautes que celles de Maître Pierre, et proclamer de là ton dévouement aux intérêts des nationalités opprimées ; tu feras en même temps quelque cabriole grotesque, et personne ne te croira.

2092. (1912) L’art de lire « Chapitre IV. Les pièces de théâtre »

Et lorsque j’ai voulu moi-même vous forcer A refuser l’hymen qu’on venait d’annoncer, Qu’est-ce que cette instance a dû vous faire entendre, Que l’intérêt qu’en vous on s’avise de prendre, Et l’ennui qu’on aurait que ce nœud qu’on résout, Vint au moins partager un cœur que l’on veut tout.

2093. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « M. Maurice Rollinat »

… Je sais bien que dans des temps comme il n’en est plus, aux époques de l’Histoire les plus pures et les plus harmonieuses, tous les Irrespectueux et les Vulgaires, dans l’intérêt du prosaïsme de leurs esprits et de leurs âmes, traitaient les poètes avec insolence et marquaient du mot méprisant de « folie » la magnifique exaltation des facultés qu’ils n’avaient pas.

2094. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Gustave Droz » pp. 189-211

Le comte de Manteigney est cet ange exterminateur pour sa femme, comme elle, à son tour, est l’ange exterminateur pour l’abbé Roque, curé de Grand-Fort, — l’intérêt tragique et le plus élevé du roman.

2095. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Hippolyte Babou »

Au contraire, nous sommes à une époque où l’on a abusé de tout, et où il faut, pour exciter l’intérêt de ceux qui lisent encore, des romans compliqués comme des labyrinthes et démesurés de longueur.

2096. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre VIII : M. Cousin érudit et philologue »

« Il ne serait pas sans intérêt de savoir quel était ce bal où Mlle de Bourbon fut traînée en victime, où elle parut en conquérante, et d’où elle sortit enivrée.

2097. (1864) Histoire anecdotique de l’ancien théâtre en France. Tome I pp. 3-343

Le dialogue est rapide, pressé, il y a des scènes bien conduites, où l’intérêt va sans cesse en croissant ; mais son style est dur, ampoulé, son dialogue froid, malgré sa brièveté. […] Mais il est un point pour lequel Mairet fait école, c’est l’habileté de la mise en scène, et l’effet calculé de situations neuves et pleines d’intérêt. […] Surpassé et bien distancé par Corneille, il a prouvé par plusieurs productions pleines de goût et d’intérêt, qu’il eût pu approcher beaucoup de celui qui se disait son fils, si sa trop grande facilité ne l’eût pas rendu trop coulant dans le choix de ses sujets. […] C’était un amalgame de scènes dans lesquelles les grandes puissances exposaient, de la façon la plus fastidieuse, leurs intérêts. […] Nous ne parlerons pas des autres tragédies et comédies de Fontenelle, qui n’offrent que peu d’intérêt anecdotique ; mais nous dirons un mot de quelques-uns de ses opéras, auxquels se rattachent des aventures et des épigrammes assez curieuses.

2098. (1913) Le mouvement littéraire belge d’expression française depuis 1880 pp. 6-333

Dans un pays que des fortunes aussi diverses, mais également malheureuses, bouleversaient, où l’insécurité du lendemain obsédait, au point de détourner les intelligences et les énergies d’entreprises qui ne s’attachaient point à la défense d’intérêts immédiats, imagine-t-on des poètes, des prosateurs créant des œuvres immortelles7 ? […] Nul, mieux que l’auteur de La Princesse Maleine, n’était qualifié pour pénétrer intimement le chef-d’œuvre de Shakespeare et le rendre avec un sens aussi aigu de l’intérêt dramatique. […] L’intérêt du Cloître réside dans l’exaltation, en bonds progressifs, du moine Balthazar. […] Balthazar commet une scandaleuse profanation en établissant un contact entre la demeure où, dans l’intérêt supérieur de la religion, il faut que les consciences étouffent, et le monde sans contrainte. […] Malgré l’avis des médecins, il continue ses recherches scientifiques, dans l’intérêt de l’humanité.

2099. (1878) Nos gens de lettres : leur caractère et leurs œuvres pp. -316

Amitiés, menaces, flatteries, intérêt personnel, influences d’en haut, rien n’a pu jamais agenouiller cette résolution ! […] Au troisième acte seulement, Voltaire s’aperçoit (grâce au déclamateur Sophocle) que le drame est ailleurs et que, pour exister, l’intérêt doit poser sur Œdipe et sur Jocaste : et, en homme sage, il se remet entre les mains de l’ancien et le suit docilement. […] L’intérêt est déplacé et, du même coup, anéanti. […] Évidemment, un tel roman, parti d’une telle donnée et mené d’une telle façon, ne pouvait être dramatique : l’intérêt ne jaillit pas de situations incompréhensibles. […] Homme public, je vous loue, je vous estime et je saisirai toutes les occasions de vous recommander à l’autorité supérieure ; mais, comme homme privé, je me vois à regret obligé de remettre mes intérêts en d’autres mains.

2100. (1898) XIII Idylles diaboliques pp. 1-243

Parce que si vous vous contentiez de la première illusion qui vous est offerte, sans chercher à l’expliquer, elle vous semblerait bientôt tellement dépourvue d’intérêt que vous ne voudriez plus jamais courir au pourchas d’une autre. […] Notre race se noie dans l’égout, grâce à ces Maîtres à la fois si stupides qu’ils ne songent plus qu’aux intérêts de leur bas-ventre, et si rusés qu’ils ont su se réserver quelques bribes du cadavre dont les gratifièrent ceux de l’or. […] Afin de les préparer ces destins, nous favorisons l’aptitude à varier, nous incitons les individus à se différencier les uns des autres, de telle sorte que, comptant chacun sur soi-même, conscients de l’intérêt collectif, ils remplissent, selon un maximum d’énergie, la fonction que leur assigne leur propre nature. […] Monsieur, je suis touché de l’intérêt que vous semblez me porter. […] Les propos de M. le Baron présentaient tant — d’intérêt que, pour les mieux ouïr, je vous ai négligés… Excusez le vieillard : il a un peu oublié les bonnes manières.

2101. (1922) Gustave Flaubert

Aucun intérêt ne les provoquera, et il faut que mon bonhomme (c’est un médecin aussi) vous émeuve pour tous les veufs3 !  […] Mais ils en trouvent une autre précisément dans ce sens violent de la caricature, dans ce goût amoureux pour la bêtise, dans cet appétit du bouffon qui donne malgré tout quelque intérêt à l’existence. […] Flaubert, ne pouvant demander à la psychologie l’intérêt de son roman, l’a été chercher précisément dans ces régions souterraines et musicales, si bien apparentées au vieil Orient. […] Et je sais bien que déjà, dans Madame Bovary, une partie de l’intérêt venait de ce que Flaubert laissait transparaître de lui-même, et qu’on a mis, d’ailleurs arbitrairement, des noms sur presque tous les personnages. […] Enfin l’aventure singulière de son œuvre posthume, qui ajoute à son œuvre publiée deux ailes considérables, dont lui-même certainement n’avait jamais pressenti l’intérêt : les œuvres de jeunesse et la correspondance.

2102. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Delille »

Pendant que Delille courait l’Allemagne, et de là passait en Angleterre, on se demandait en France de ses nouvelles avec un intérêt qu’attestent toutes les feuilles du temps. […] C’est chose convenue d’en faire une seconde Thérèse Le Vasseur… Je l’ai bien connue, et jusqu’à sa mort, moi qui vous parle ici, monsieur, et dans ma vie entière déjà longue, je n’ai jamais rencontré son égale, cœur et âme ; ses dernières années se sont éteintes dans les plus amères épreuves, sans qu’un seul jour elle ait démenti le noble nom confié à son honneur ; mais, je l’avoue, elle avait les inconvénients de ses qualités, une franchise indomptable surtout, qui lui a valu la plupart de ses ennemis : l’ingratitude a fait les autres. — Je n’ai nul intérêt, monsieur, dans cette protestation posthume ; mais vous me paraissez digne de la vérité, et je viens de la dire. — Au reste, si vous teniez aux détails réels de la vie intime de Delille, je vous offre le manuscrit laissé par sa veuve… » Ce manuscrit nous a été communiqué, en effet, par la confiance de la personne qui l’a entre les mains, et nous en avons tenu compte dans cette réimpression.

2103. (1875) Premiers lundis. Tome III « Du point de départ et des origines de la langue et de la littérature française »

La correspondance entre Ausone et Paulin à cette date, les pièces de vers qu’ils s’adressent mutuellement, sont pleines d’intérêt : c’est une controverse piquante, non sans grâce, et qui nous initie à la vie nouvelle qui sera celle de toute une race pieuse qui se retrouvera dans l’avenir. […] L’intérêt de chaque jour est le plus puissant maître des langues.

2104. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXIe entretien. Vie et œuvres de Pétrarque » pp. 2-79

« Apprenez, dit-il à un de ses admirateurs, une chose incroyable et pourtant vraie : c’est que j’ai livré aux flammes (vulcano) plus d’un millier de poèmes épars ou de lettres familières ; non pas que je n’y trouvasse de l’intérêt et de l’agrément, mais parce qu’ils contenaient plus d’affaires publiques ou domestiques que d’agrément pour le lecteur !  […] Sujet irréprochable aux yeux du pape, dont il affectait de rétablir l’autorité sur les princes romains ; citoyen libérateur aux yeux du peuple, dont il prenait en main les droits et les intérêts, cette double politique l’éleva bientôt au rôle d’arbitre et de dictateur de Rome.

2105. (1863) Cours familier de littérature. XV « LXXXVIIIe entretien. De la littérature de l’âme. Journal intime d’une jeune personne. Mlle de Guérin » pp. 225-319

« J’aime peu les nouvelles, mais celles des amis font toujours plaisir, et on les écoute avec plus d’intérêt que celles du monde et de l’ennuyeuse politique. […] XXXVI Elle se trompait ; nous avons lu avec attention et intérêt les deux volumes d’essais et de correspondance de ce frère mort jeune, et dont ses amis ont imprimé les œuvres, sans doute par respect pour sa sœur.

2106. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre IV. Les tempéraments et les idées (suite) — Chapitre V. Jean-Jacques Rousseau »

Car alors l’égoïsme naturel, légitime et charmant, fait place à l’intérêt, injuste et odieux ; la lutte et la misère naissent de la multiplication des besoins, par l’invention artificielle de plaisirs d’opinion, par la prévoyance contre nature des utilités futures. Réflexion, raison, intérêt, extension des appétits personnels au-delà des limites du nécessaire et du présent, atrophie du sens de la pitié, toute cette déformation de l’homme naturel s’est faite, s’est accrue dans et par la société.

2107. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre onzième »

Par la même raison, s’il se décidait pour le bien, on avait imaginé de le récompenser, non en payement d’un devoir rempli, mais pour le porter à l’habitude de bien faire par l’appât d’une rémunération ; car il est si faible, et le bien si difficile, qu’on jugeait nécessaire d’appeler l’intérêt à l’aide du devoir. […] Nous vivons dans un temps où il est d’un grand intérêt pour la société française de savoir que toutes les idées anarchiques depuis soixante ans sont nées de cette utopie, née elle-même d’une faute si grande qu’on est tenté d’en chercher l’excuse dans un commencement de folie.

2108. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre VII, seconde guerre médique. »

Un appel fraternel n’aurait jamais ému ces cœurs secs, le raisonnement de l’intérêt frappa ces têtes dures. […] Marathon et Platée, Salamine et Mycale ne sont point des batailles locales, circonscrites dans l’intérêt d’un peuple et dans les limites d’une contrée ; leur horizon est celui de l’humanité.

2109. (1888) Journal des Goncourt. Tome III (1866-1870) « Année 1868 » pp. 185-249

Nous le trouvons aujourd’hui tout enflammé d’un projet de publication sur Mme de Staël et son groupe, un pendant à son fameux Chateaubriand, et avec les mêmes nids de vipères, comme notes, en bas des pages, — et cela non par intérêt ou curiosité de la mémoire de Mme de Staël, non par la sollicitation de documents inédits, mais simplement pour être désagréable aux de Broglie qu’il déteste. […] Il nous fait un peu attendre et paraît, nos cinq actes à la main, et passant ses mains dans son toupet d’homme d’affaires, et s’asseyant à la marche d’une estrade, qui est comme la marche de l’autel du drame, dominé par les Mousquetaires de Dumas père, en galvanoplastie, il nous dit : « Je vous ai lu avec beaucoup d’attention… Je vous ai reçus, aussi, soyez tranquilles, c’est convenu… J’ai voulu vous épargner l’émotion… Ma première impression est que la censure ne laissera jamais passer la pièce… Maintenant, vous me permettrez de vous parler au point de vue de mon théâtre… Il n’y a pas de drame dans vos cinq actes… il n’y a pas d’intérêt… C’est la Révolution dans les salons… Ça manque de mouvement… Non, tenez, mon public, il lui faut… il faut, à un moment, qu’il y ait un traître qui enjambe par la fenêtre… Vous verrez, quand vous travaillerez sérieusement pour ici… Vous ne venez pas souvent au Châtelet… Jamais, n’est-ce pas ?

2110. (1884) Articles. Revue des deux mondes

— Autant de questions qui aujourd’hui ne peuvent laisser indifférente aucune âme soucieuse de ses véritables intérêts. […] Il n’est pas sans intérêt de passer rapidement en revue les plus célèbres, et de voir ce qu’en laisse subsister la pénétrante critique de M. 

2111. (1889) Essai sur les données immédiates de la conscience « Chapitre II. De la multiplicité des états de conscience. L’idée de durée »

Car on peut fort bien affirmer que 12 est la moitié de 24 sans penser ni le nombre 12 ni le nombre 24 : même, pour la rapidité des opérations, on a tout intérêt à n’en rien faire. […] C’est le même moi qui aperçoit des états distincts, et qui, fixant ensuite davantage son attention, verra ces états se fondre entre eux comme des aiguilles de neige au contact prolongé de la main Et, à vrai dire, pour la commodité du langage, il a tout intérêt à ne pas rétablir la confusion là où règne l’ordre, et à ne point troubler cet ingénieux arrangement d’états en quelque sorte impersonnels par lequel il a cessé de former « un empire dans un empire ».

2112. (1896) Matière et mémoire. Essai sur la relation du corps à l’esprit « Chapitre IV. De la délimitation, et de la fixation des images. Perception et matière. Âme et corps. »

Ce qu’on appelle ordinairement un fait, ce n’est pas la réalité telle qu’elle apparaîtrait à une intuition immédiate, mais une adaptation du réel aux intérêts de la pratique et aux exigences de la vie sociale. […] Maintenant, si l’on compare les deux hypothèses opposées, on leur découvre un fond commun : en faisant du temps homogène et de l’espace homogène ou des réalités contemplées ou des formes de la contemplation, elles attribuent l’une et l’autre à l’espace et au temps un intérêt plutôt spéculatif que vital.

2113. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Gabrielle d’Estrées. Portraits des personnages français les plus illustres du XVIe siècle, recueil publié avec notices par M. Niel. » pp. 394-412

Mais, en admettant ces obligations, il serait singulier qu’un homme de bon sens et de ferme jugement, comme Sully, fût tenu d’affaiblir son opinion d’historien sur une femme, parce qu’elle lui aurait rendu quelques bons offices dans un intérêt tout personnel.

2114. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Nouvelles lettres de Madame, mère du Régent, traduites par M. G. Brunet. — II. (Fin.) » pp. 62-79

Sans sortir des observations générales, quoi de plus juste et de plus sensé que cette réflexion de Madame, écrite peu de mois avant sa mort (16 avril 1722) : Les jeunes gens, à l’époque où nous sommes, n’ont que deux objets en vue, la débauche et l’intérêt ; la préoccupation qu’ils ont toujours de se procurer de l’argent, n’importe par quel moyen, les rend pensifs et désagréables : pour être aimable, il faut avoir l’esprit débarrassé de soucis, et il faut avoir la volonté de se livrer à l’amusement dans d’honnêtes compagnies ; mais ce sont des choses dont on est bien éloigné aujourd’hui.

2115. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Froissart. — I. » pp. 80-97

Il aimait jouer à tous les jeux d’enfants, et il nous les décrit avec un intérêt vraiment enfantin.

2116. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Œuvres complètes de Buffon, revues et annotées par M. Flourens. » pp. 55-73

Venu au monde la même année que Buffon (1707), d’une famille de paysans et de ministres ou vicaires de campagne, il prit goût aux plantes tout en se jouant dans le jardin du presbytère paternel ; son père occupait ses loisirs à cette culture, et l’on raconte que la mère de Linné, pendant sa grossesse, ne cessait de suivre avec intérêt les travaux de son mari.

2117. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Chateaubriand. Anniversaire du Génie du christianisme. » pp. 74-90

Je ne saurais guère vous en donner une idée à cause de l’extrême variété des tons qui le composent ; mais je puis vous assurer que j’y ai mis tout ce que je puis, car j’ai senti vivement l’intérêt du sujet.

2118. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Charron — II » pp. 254-269

Ne t’inquiète de rien que de la vérité ; que ce ne soit pas un système dont le poids et les chaînes accablent l’esprit, mais des enfants de l’amour nés dans des heures pastorales, pour toi, pour nous, pour tes amis, pour le monde. » Et encore : « Après cela, précisément dans l’intérêt de ma santé, je relis le sage Montaigne, comme on prend un calmant ; il est si serein, si spirituel, si conlent !

2119. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Henri IV écrivain. par M. Eugène Jung, ancien élève de l’École normale, docteur es lettres. — II » pp. 369-387

Et aux capitaines et soldats, touchant d’abord cette même corde de l’intérêt et du profit dans l’honneur, il disait : Mes amis, voici une curée qui se présente bien autre que vos butins passés : c’est un nouveau marié qui a encore l’argent de son mariage en ses coffres ; toute l’élite des courtisans est avec lui.

2120. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Œuvres inédites de P. de Ronsard, recueillies et publiées par M. Prosper Blanchemain, 1 vol. petit in-8°, Paris, Auguste Aubry, 1856. Étude sur Ronsard, considéré comme imitateur d’Homère et de Pindare, par M. Eugène Gandar, ancien membre de l’École française d’Athènes, 1 vol. in-8°, Metz, 1854. — I » pp. 57-75

Peu après cette querelle de parti et cette polémique, la seule au reste qu’il eut dorénavant à soutenir, Ronsard publia en 1565 un recueil intitulé : Élégies, mascarades et bergerie ; ce sont pour la plupart des pièces de circonstance, des divertissements de cour qui furent représentés à des fêtes, et qui sont pour nous purement ennuyeux et sans intérêt ; mais j’y trouve en tête, sous le titre d’élégie, un discours en vers à la reine d’Angleterre Élisabeth, nouvellement en paix avec la France.

2121. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Œuvres de Voiture. Lettres et poésies, nouvelle édition revue, augmentée et annotée par M. Ubicini. 2 vol. in-18 (Paris, Charpentier). » pp. 192-209

Quels que fussent les motifs de Voiture en composant cette pièce, et quoiqu’il ait pu avoir intérêt à faire par là sa paix particulière (s’il en avait eu besoin) avec le cardinal, il n’est pas douteux qu’il exprime ce qu’il pense et l’on n’écrit pas de la sorte, avec cette simplicité et cette fermeté, sans être convaincu.

2122. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Madame Bovary par M. Gustave Flaubert. » pp. 346-363

On se donne souvent bien de la peine pour réveiller des choses passées, pour ressusciter d’anciens auteurs, des ouvrages que personne ne lit plus guère et auxquels on rend un éclair d’intérêt et un semblant de vie : mais quand des œuvres vraies et vives passent devant nous, à notre portée, à pleines voiles et pavillon flottant, d’un air de dire : Qu’en dites-vous ?

2123. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Charles-Victor de Bonstetten. Étude biographique et littéraire, par M. Aimé Steinlen. — II » pp. 435-454

Vous avez en vous un trésor de connaissances, vous avez un ami ; pourquoi ne pas jouir d’un bonheur qui est en votre puissance, au lieu dépasser votre vie dans des intrigues sans intérêt, auxquelles nous sommes, vous et moi, moins propres que personne au monde ?

2124. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Madame Swetchine. Sa vie et ses œuvres publiées par M. de Falloux. »

L’éditeur a cru devoir en agir autrement, et il y a bien de l’inégalité d’intérêt dans les branches publiées jusqu’ici.

2125. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Connaissait-on mieux la nature humaine au XVIIe siècle après la Fronde qu’au XVIIIe avant et après 89 ? »

Il semblait plus facile, avec des intentions droites et des idées justes, de faire le bien des hommes et des peuples que cela ne s’est vérifié, au fait et au prendre ; on ne comptait assez ni avec les passions, ni avec les intérêts, ni avec les vices.

2126. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Entretiens de Gœthe et d’Eckermann (suite) »

Les jeunes poëtes m’ont occupé déjà toute cette semaine, et les fraîches impressions que je reçois de leurs œuvres me donnent comme une nouvelle vie. » — « On voyait », ajoute Eckermann, « que cet hommage de jeunes poëtes de France remplissait Gœthe de la joie la plus profonde. » Tout l’entretien à ce sujet, dans la soirée du 14 mars, est pour nous d’un extrême intérêt.

2127. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Salammbô par M. Gustave Flaubert. Suite et fin. » pp. 73-95

Ce dont il faudrait plutôt s’étonner, c’est de la force, de l’habileté, des ressources qu’il a déployées dans l’exécution d’une entreprise impossible et comme désespérée ; mais il a eu beau faire appel de toutes parts à l’érudition et aux descriptions, il a eu beau, en fait d’inventions personnelles, entasser Ossa sur Pélion, Pélion sur Ossa, il n’a pu communiquer à son œuvre l’intérêt réel et la vie.

2128. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Études de politique et de philosophie religieuse, par M. Adolphe Guéroult. »

Je ne nie pas que, sur certaines questions d’intérêt et d’utilité commune, où chacun peut être informé et renseigné, la voix de tous, dans nos siècles instruits et adoucis, n’ait sa part de raison et même de sagesse ; par la force même des choses et par le seul cours des saisons, les idées mûrissent.

2129. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Ducis épistolaire (suite) »

Deleyre, dans le feu de la jeunesse, émancipé et venu à Paris, s’était concilié aussitôt des protecteurs et des amis par ses qualités aimables ; Montesquieu, Duclos, Diderot, le duc de Nivernais, lui portèrent intérêt, lui firent ou lui voulurent du bien.

2130. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Térence. Son théâtre complet traduit par M. le marquis du Belloy (suite et fin.) »

Mais ce que vous passez de temps à travailler vous-même, si vous l’employiez à surveiller votre monde, vous y gagneriez. » A ces observations hasardées d’un ton de bonté, avec intérêt, Ménédème répond d’abord sèchement : « Chrémès, vos affaires vous laissent-elles donc assez de temps de reste pour vous occuper de celles des autres et de ce qui ne vous regarde en rien ? 

2131. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Œuvres de M. P. Lebrun, de l’Académie française. »

À la Chambre des Pairs, au Sénat, il a toujours pris en main l’intérêt des Lettres, ne se considérant jamais mieux à sa place en ce haut lieu que lorsqu’il est appelé à les y représenter et à les défendre.

2132. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Corneille. Le Cid. »

Car ce n’est pas seulement le mauvais goût (défaut si fréquent dans les œuvres où il y a le plus de génie, quand ces œuvres appartiennent à des époques encore incultes), ce n’est pas, dis-je, le mauvais goût seulement qui nous choque ici, c’est la pauvreté dans l’invention, la maigreur et la sécheresse dans le développement des caractères, la froideur dans les passions, la lenteur et la gaucherie de l’action, et enfin l’absence presque totale d’intérêt.

2133. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Jean-Bon Saint-André, sa vie et ses écrits. par M. Michel Nicolas. »

Après cela, peut-on s’étonner que Jean-Bon Saint-André, menacé à cette date par la rage des réactionnaires, forcé de quitter Montauban et se trouvant à Toulouse, nous soit signalé comme agitateur, comme excitant par ses prédications les gardes nationaux de cette ville, et qu’il lui soit échappé de dire à Mathieu Dumas, en le sommant de prendre quelques mesures dans un intérêt patriotique : « C’est le jour de la vengeance, et nous l’attendons depuis plus de cent ans ? 

2134. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Entretiens sur l’histoire, — Antiquité et Moyen Âge — Par M. J. Zeller. (Suite et fin.) »

Il l’a même étudié à part dans un ouvrage développé, les Empereurs romains 56, qui est d’un vif et grave intérêt.

2135. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Lamartine — Lamartine, Recueillements poétiques (1839) »

L’intérêt politique même, mieux entendu, devrait, ce nous semble, lui interdire ce langage.

2136. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « DIX ANS APRÈS EN LITTÉRATURE. » pp. 472-494

Mais on est tenté d’oublier ces portions magnifiques quand on songe à tant d’autres récidives simplement opiniâtres, à cette absence totale de modification et de nuance dans des théories individuelles que l’épreuve publique a déjà coup sur coup jugées, à ce refus d’admettre, non point en les louant au besoin (ce qui est trop facile), mais en daignant les connaître et en y prenant un intérêt sérieux, les travaux qui s’accomplissent, les idées qui s’élaborent, les jugements qui se rassoient, et auxquels un art qui s’humanise devrait se proportionner.

2137. (1902) L’observation médicale chez les écrivains naturalistes « Chapitre IV »

Puis, il avait eu l’intuition de la théorie que Weissmann devait faire triompher plus tard, il s’était arrêté à l’idée d’une substance extrêmement fine et complexe, le plasma germinatif, dont une partie reste toujours en réserve dans chaque nouvel être pour qu’elle soit ainsi transmise, invariable, immuable, de génération en génération. »80 Il est impossible d’accorder à ces deux paragraphes un intérêt supérieur à celui d’un manuel désuet et vieillot.

2138. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre II. Distinction des principaux courants (1535-1550) — Chapitre I. François Rabelais »

L’égoïsme qu’il lâche en liberté est à peu près inoffensif, parce qu’il s’offre dans sa simplicité primitive, tout proche de la naturelle volonté d’être, parce qu’il est soustrait aux malignes complications que la société y introduit, parce qu’en un mot il reste égoïsme, et ne devient pas ambition ni intérêt.

2139. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Pierre Loti »

A qui a parcouru les cinq continents et la surface entière de la planète, les sujets qui passionnent Balzac semblent mesquins et sans intérêt.

2140. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre dixième »

En dépit de Voltaire qui les tenait pour dûment esclaves, de la politique qui prescrivait, dans l’intérêt des colonies, « de ne pas affaiblir l’état d’humiliation attaché à leur espèce94 », la France, persuadée par Buffon, y reconnaissait des hommes, et, dès la quatrième séance des états généraux, un La Rochefoucauld invitait l’assemblée à prendre en considération la liberté des noirs.

2141. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. Bain — Chapitre III : Les Émotions »

Un troisième pouvoir qui implique l’obligation, c’est la conscience, qui est une ressemblance idéale de l’autorité publique, se développant dans l’esprit de l’individu et travaillant à la même fin. » Les divers systèmes moraux fondés sur la loi positive, la volonté divine, la droite raison, le sens moral, l’intérêt personnel, l’intérêt général sont successivement examinés et rejetés par l’auteur.

2142. (1886) De la littérature comparée

Je me garderai de rechercher dans l’histoire les griefs respectifs de ces deux forces : s’il y avait quelque logique dans les choses humaines, elles auraient toujours marché d’accord et reconnu la communauté de leurs intérêts ; au lieu de cela, elles n’ont jamais eu l’une pour l’autre assez de critiques acerbes, et, aujourd’hui, leur hostilité, il faut bien le reconnaître, est plus marquée que jamais.

2143. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre VI. Pour clientèle catholique »

Le Léon Daudet des Parlementeurs et de tant d’autres banalités hurlantes n’intéresse personne, sauf peut-être Édouard Drumont, qui insulta Alphonse Daudet et que Léon Daudet, pratiquant non sans quelque intérêt immédiat l’oubli des injures, proclame « prophète en son pays ».

2144. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Des lectures publiques du soir, de ce qu’elles sont et de ce qu’elles pourraient être. » pp. 275-293

La difficulté, en de tels sujets, est de trouver une biographie déjà faite, écrite avec assez d’intérêt pour être lue de suite sans froideur.

2145. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Éloges académiques de M. Pariset, publiés par M. Dubois (d’Amiens). (2 vol. — 1850.) » pp. 392-411

C’est là une veine de mauvais goût chez Vicq d’Azyr, et qui compromet l’intérêt très réel, le mérite solide et orné de l’ensemble.

2146. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres inédites de la duchesse de Bourgogne, précédées d’une notice sur sa vie. (1850.) » pp. 85-102

Adorée de son jeune époux, et sachant prendre en main ses intérêts en toute rencontre, il ne paraît pas qu’elle eût pour sa personne un goût bien vif et bien tendre.

2147. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Œuvres de Mme de Genlis. (Collection Didier.) » pp. 19-37

Ces ouvrages, remarquables par un intérêt facile, de fines observations et des portraits de société, un style coulant et clair, et de justes prescriptions de détail, sont tous plus ou moins gâtés par du romanesque, de la sensiblerie factice, de l’appareil théâtral ; et, sous leur première forme, ils ont fait leur temps.

2148. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Monsieur Droz. » pp. 165-184

Bien des iniquités violentes, bien des guerres par exemple, qui étaient très faciles autrefois, deviennent presque impossibles aujourd’hui devant le contrôle du sentiment et de l’intérêt universel.

2149. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Les Faux Démétrius. Épisode de l’histoire de Russie, par M. Mérimée » pp. 371-388

Le résultat de ce châtiment éclatant fut d’accroître la haine publique qui s’attachait déjà à Boris, et de persuader qu’il n’était pas étranger à la mort de l’enfant à laquelle il avait tant d’intérêt et dont il allait recueillir le fruit.

2150. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre II : La littérature — Chapitre III : La littérature du xviiie et du xixe  siècle »

S’il eût vécu en ce temps-là, Boileau l’eût rendu peut-êtreplus difficile sur la correction ; mais en retour il eût appris à Boileau un idéal de l’élégie et de l’idylle bien autrement aimable que celui de l’Art poétique. » Cependant, quelque agrément et quelque intérêt que puisse avoir la littérature proprement dite au xviiie  siècle, il est clair que ce grand siècle n’est pas là, il est tout entier dans la philosophie et dans ces quatre hommes illustres : Voltaire, Buffon, Montesquieu et Rousseau.

2151. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre II : Variations des espèces à l’état de nature »

C’est pourquoi j’estime que les différences individuelles, bien que de peu d’intérêt pour le classificateur, sont de la plus haute importance pour nous, en ce qu’elles sont le premier écart vers ces variétés légères qu’on trouve à peine dignes d’être mentionnées dans les ouvrages d’histoire naturelle.

2152. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « I — La banqueroute du préraphaélisme »

Il n’est donc point sans intérêt, en dehors même du milieu qui l’a vu naître et s’épanouir, d’en scruter les dessous.

2153. (1911) Visages d’hier et d’aujourd’hui

Un tel projet, de nos jours, serait irréalisable, à cause de la quantité des sciences qui se disputent notre vif intérêt, et à cause du grand désordre qu’il y a dans les esprits. […] Et voilà, certes, de quoi faire rougir nos aimables vaudevillistes, à moins qu’ils ne voient, dans cette œuvre même, tout ce que la science perd de sa valeur et de son intérêt poignant à entrer dans un scénario théâtral. […] En y cédant, ils ont agi selon les intérêts profonds de ce pays ; et, autrement, ils ont commis des fautes dont les effets se révélèrent assez vite et, aujourd’hui encore, n’ont pas fini de nuire. […] Par exemple, le procédé de l’addition étant trouvé, il existe une infinité d’additions qu’on peut faire et qu’il n’y a ni invention ni intérêt d’aucune sorte à faire. […] Eh bien, Jules Lemaître a remarqué, en lisant l’Iliade, que Télémaque, si digne de notre intérêt, n’y accomplissait pas sa destinée.

2154. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Troisième partie. — L’école historique » pp. 253-354

Serait-ce qu’elles ont besoin du charme de l’éloquence, et que, dépouillées de leur expression oratoire, elles perdent leur intérêt ? […] Sans doute l’individu est un, bien qu’il soit composé de facultés diverses, rempli d’idées contradictoires, combattu de passions opposées, et sollicité souvent en sens contraire par sa naissance et par son éducation ; de même la société est une, bien que ses membres soient en lutte d’intérêts, de passions et d’idées les uns contre les autres ; de même aussi l’humanité est une, bien que les peuples qui la composent soient si différents, que la guerre entre eux semble être l’état de nature. […]   Mais, le lendemain, je ne pus achever la lecture d’un article de revue qui parlait de La Flûte sur le ton de l’enthousiasme, je lus jusqu’au bout avec intérêt une biographie de Mozart, et je pensai, en continuant mon étude sur Molière, que les admirateurs de ce grand poète se soucieraient bien peu de la lire, si c’était un morceau de critique admirative.

2155. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXLe entretien. L’homme de lettres »

Après une conversation assez longue, dans laquelle il lui témoigna beaucoup d’intérêt, il lui offrit de le présenter au maréchal de Munnich, gouverneur de Pétersbourg, dont il était secrétaire. […] L’impératrice de Russie, éclairée sur ses propres intérêts, protégera un établissement qui doit mettre dans ses mains les richesses de l’Inde et le commerce du monde. […] Je dis à ces deux dames qu’il convenait, pour l’intérêt de leurs enfants, et surtout pour empêcher l’établissement de quelque autre habitant, de partager entre elles le fond de ce bassin, qui contient environ vingt arpents.

2156. (1841) Discours aux philosophes. De la situation actuelle de l’esprit humain pp. 6-57

Je devais au roi service pour la sûreté et les intérêts du royaume ou de la Chrétienté tout entière, redevance aux nobles sur la terre desquels j’étais né, foi à l’Église et à ses représentants. Mais jamais on ne me força d’obéir à des hommes de lucre et d’égoïsme, à des hommes occupés de leur intérêt privé, à des hommes livrés à une seule passion, l’avarice. […] Elle se réduit donc, pour les hommes que l’on appelle encore gouvernants à de telles époques, et qui n’ont pas le sens de la restauration de la société, à je ne sais quelle agitation égoïste, qui n’a d’autre mobile que leur intérêt ou leur vanité.

2157. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre IV. Shakspeare. » pp. 164-280

. —  Intérêt de la comédie sentimentale et romanesque. —  As you like it. […] Il ment encore plus par imagination et par nature que par intérêt et nécessité. […] N’y cherchez pas une composition exacte, un intérêt unique et croissant, la savante économie d’une action bien ménagée et bien suivie. […] D’action il n’y en a point ; d’intérêt, il n’y en a guère ; de vraisemblance, il y en a moins encore.

2158. (1898) La poésie lyrique en France au XIXe siècle

Etranger à toutes les préoccupations de calcul et d’intérêt, il dépense sans compter, sans s’apercevoir qu’il ouvre sous ses pas le gouffre de la ruine. […] Le bourgeois de chez nous est un homme d’ordre, de mœurs régulières ; rangé, méthodique, qui a le souci de ses intérêts, de son bon renom et de sa situation sociale. […] Alfred de Vigny essaie de trouver, pour une conception abstraite, un beau symbole qui exprime cette conception abstraite, mais qui a par lui-même son intérêt, son développement, sa vie indépendante. […] Puis, comme c’est un matin froid Où l’eau gèle dans la rigole, Et comme il faut que l’enfant soit En état d’entrer à l’école, Écartant le vieux châle noir Dont la petite s’emmitoufle, L’aînée alors tire un mouchoir, Lui prend le nez et lui dit : « Souffle. » Et si vous ne saviez pas encore pourquoi la poésie a été inventée, vous le savez maintenant, c’est pour exprimer de pareilles opérations… Je crains donc que François Coppée ne se soit souvent trompé dans l’exécution, et qu’ayant eu une idée très juste, à savoir, que les humbles, les petits ont droit à la vie littéraire, il n’ait cherché l’intérêt de ses peintures dans l’extérieur, dans les détails qui, par eux-mêmes, n’ont rien d’intéressant, et non pas dans l’intérieur, dans les sentiments qui, eux seuls, méritent de nous arrêter.

2159. (1897) La vie et les livres. Quatrième série pp. 3-401

N’étant point fonctionnaire, ni ministre, ni porte-plume d’un ministre, il n’a point d’intérêt à cacher la vérité et il la dit. […] Et quel souci de sacrifier toutes les considérations de personnes à l’intérêt de l’État. […] Il y a, dans cette prose alerte, des contrastes aigus, qui piquent la curiosité, avivent l’intérêt, excitent le goût. […] Mais notre intérêt ne va pas beaucoup plus loin. […] On parle peu de ces choses, comme si chacun avait intérêt à n’y point trop penser.

2160. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « M. Daru. Histoire de la république de Venise. — II. (Suite.) » pp. 434-453

Il y a, en effet, beaucoup d’amour, de jalousie, d’exaltation, de chaleur ; Shakespeare est amoureux d’une comédienne… Quoique ce ne soit pas une bonne comédie, ni même une comédie, c’est un ouvrage agréable et qui n’est pas sans intérêt : il y a de l’originalité.

2161. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Une Réception Académique en 1694, d’après Dangeau (tome V) » pp. 333-350

Vous le prenez, vous le quittez selon qu’il vous convient, et il est de l’intérêt de votre gloire de vous en détacher quelquefois, afin que les honneurs qu’on vous rend ne soient attribués qu’à votre seul mérite.

2162. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « [Chapitre 5] — I » pp. 93-111

Le marquis d’Argenson est à bon droit un nom des plus estimés parmi ceux des politiques du dernier siècle et des hommes qui se sont occupés des matières d’intérêt public.

2163. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Œuvres de Vauvenargues tant anciennes qu’inédites avec notes et commentaires, par M. Gilbert. — III — Toujours Vauvenargues et Mirabeau — De l’ambition. — De la rigidité » pp. 38-55

Ce passage où il les caractérise tous les trois est d’une belle touche et d’une peinture morale excellente : L’exemple de M. de Saint-Georges, dit-il, n’est fait ni pour vous, ni pour moi ; c’est un homme trop accompli ; il est gai, modéré, facile, sans orgueil et sans humeur ; il a une santé robuste ; il aime les sciences et la paix ; il est formé pour la vertu ; sa famille et ses affaires lui font un intérêt et une occupation ; son esprit déborde son cœur, le fixe et le rassasie ; il a le goût de la raison et de la simplicité, tout cela se trouve en lui, sans qu’il lui en coûte ; ce sont des dons de la nature ; il est formé pour les biens qu’elle a mis autour de sa vie ; les autres le toucheraient moins ; il a le bonheur, si rare, de jouir de tout ce qu’il aime, parce qu’il n’aime rien que ce dont il jouit.

2164. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Histoire de Louvois et de son administration politique et militaire, par M. Camille Rousset, professeur d’histoire au lycée Bonaparte. »

Que d’affaires, que de desseins, que de projets, que de secrets, que d’intérêts à démêler, que de guerres commencées, que d’intrigues, que de beaux coups d’échecs à faire et à conduire !

2165. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Ducis épistolaire. »

Deleyre, ami de Jean-Jacques Rousseau, qui l’estimait plus qu’il ne l’a témoigné dans ses Confessions, et qui ne cessa de le recevoir jusqu’à la fin de sa vie, Deleyre dont le nom ne se rencontre qu’incidemment dans les mémoires des contemporains, était un de ces hommes secondaires du xviiie  siècle, qui offrent bien de l’intérêt à qui les observe de près.

2166. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Mémoires de l’abbé Legendre, chanoine de Notre-Dame, secrétaire de M. de Harlay, archevêque de Paris. »

que M. de Harlay fût comédien cette fois ; mais que l’on juge cependant par là de ce qu’il devait être dans le tête-à-tête, lorsque président d’une assemblée, arbitre et pacificateur d’un différend, captateur habile, endormeur ou enjôleur d’un adversaire, il avait affaire à quelqu’un qu’il avait tout intérêt à concilier et à gagner.

2167. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Gavarni. (suite) »

Quand les religions et les intérêts de ce monde, si nombreux, si divers, criaient autour de moi à me rendre sourd, dans ces rues tortueuses de cette vie de nos jours, dans les corridors de cette Babel où nous sommes, j’envoyais l’oiseau dans quelque point de l’espace d’où il pût voir tout ce qui se fait, tout ce qui s’est fait, dit, édifié, détruit, refait, redit, depuis qu’on agit et qu’on parle en ce monde, et l’oiseau revenait me dire : Les sociétés sont folles ; partout Dieu n’est et n’a été que l’enseigne d’une boutique ; la morale n’est qu’un comptoir ; le bien et le mal sont des faits ; le devoir est une mesure.

2168. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Théophile Gautier (Suite et fin.) »

Il aime à donner à ses récits, pour fond et pour premier plan, un lieu, une contrée précise qui elle-même fait une bonne partie de l’intérêt.

2169. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Vaugelas. Discours de M. Maurel, Premier avocat général, à l’Audience solennelle de la Cour impériale de Chambéry. »

En un mot on n’y perd pas un moment, et Son Éminence le peut croire d’un homme comme moi qui en ai été le promoteur, qui y donne le plus cher de mon temps et qui en passionne l’accomplissement comme y ayant un plus particulier intérêt d’honneur que personne. » Ces lettres, tout en faveur de Vaugelas, prouvent bien en même temps à quel point il y avait réellement besoin et urgence d’un Vaugelas pour épurer et alléger un peu ce style lourd et pesant des doctes Chapelain.

2170. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Histoire de la littérature anglaise, par M. Taine, (suite) »

Exposé à bien des périls dans son enfance et plus d’une fois en danger de mort par accident ou par suite de sa fragilité de complexion et de nature, on a conservé des preuves touchantes de sa tendre et durable reconnaissance pour ceux qui lui avaient porté intérêt ou qui avaient contribué à le sauver.

2171. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « La reine Marie Leckzinska (suite et fin.) »

Ceci me rappelle qu’un soir que Dugas-Montbel lisait, chez Mme Récamier, une tragédie traduite d’Eschyle ou de Sophocle, le marquis de Vérac qui s’était endormi se réveilla quand la lecture était déjà finie depuis quelques instants, et il dit tout haut : « L’intérêt se soutient. » On rit beaucoup.

2172. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Marie-Antoinette (suite et fin.) »

« Elle assista, contre tous les usages, aux séances du Conseil où furent délibérés les principes et les formalités des élections et de la convocation des États-Généraux64. » Elle ne se montra point contraire à ce qui fut résolu ; en cela elle se séparait dès lors de son monde intime et du comte d’Artois, aveuglément voué aux intérêts de la Noblesse.

2173. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Histoire de la Grèce, par M. Grote »

Malgré tout, l’Iliade, non pas lue comme la lisait Ronsard, en trois jours, avec ce degré de chaleur et d’intérêt qui s’attache à une lecture plus ou moins courante, mais examinée et relue avec des yeux ennemis, avec des yeux de critique, armés du microscope, l’Iliade laisse voir bien des contradictions, en effet, des disparates, des hors d’œuvre, des superfétations, des sutures plus ou moins habiles.

2174. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Correspondance de Louis XV et du maréchal de Noailles, publiée par M. Camille Rousset, historiographe du ministère de la guerre (suite et fin) »

Le maréchal de Noailles, dans un sentiment non de rivalité, mais d’intérêt public, croit devoir signaler au roi cette retraite précipitée, inexplicable, faite sans en avoir reçu l’ordre, comme la plus grande preuve du manque de concert et du peu de subordination qui compromet tout et tend à tout perdre.

2175. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Le comte de Clermont et sa cour, par M. Jules Cousin. »

On n’aurait pas l’idée, d’ailleurs, de s’occuper particulièrement de lui : il n’offre qu’un intérêt assez médiocre comme individu ; il était assez spirituel, mais sans pouvoir passer pour véritablement distingué : c’est comme existence, comme variété et bizarrerie de condition sociale, que le personnage est curieux à connaître : prince du sang, abbé, militaire, libertin, amateur des lettres ou du moins académicien, de l’opposition au Parlement, dévot dans ses dernières années, il est un des spécimens les plus frappants, les plus amusants à certains jours, les plus choquants aussi (bien que sans rien d’odieux), des abus et des disparates poussés au scandale sous un régime de bon plaisir et de privilège.

2176. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « JASMIN. » pp. 64-86

» Depuis qu’il fait des vers, en effet, Jasmin, pour parler en pose, grâce au bon débit de ses productions et à l’intérêt bien entendu qu’y ont mis les Agenais, a pu, sans quitter son état, devenir propriétaire de la maison qu’il habite et obtenir une petite aisance, qui paraît le comble de ses vœux.

2177. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « UN FACTUM contre ANDRÉ CHÉNIER. » pp. 301-324

remy s’était borné à faire remarquer qu’André Chénier, malgré tout, était de son temps ; à indiquer en quoi il composait avec le goût d’alentour, comment dans tel sujet transposé, dans tel cadre de couleur grecque, il se glisse un coin, un arrière-fond peut-être de mœurs et d’intérêt moderne, on n’aurait eu qu’à le suivre dans ses analyses.

2178. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE SOUZA » pp. 42-61

Mme de Revel, malheureuse dans son intérieur, se met à plaindre les mères qui n’ont que des filles, parce qu’aussitôt mariées, leurs intérêts et leur nom même séparent ces filles de leur famille.

2179. (1829) De la poésie de style pp. 324-338

Il nous a semblé aussi que ce recueil avait un genre d’intérêt que l’on ne trouve pas d’ordinaire dans des pensées détachées.

2180. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre X. Les sociales »

Le Figaro l’abandonne, et lui ne s’indigne pas ; il comprend : « J’admets très bien, pour un journal, la nécessité de compter avec les habitudes et les passions de sa clientèle. » Quoi, même lorsqu’il s’agit de ce qui apparaît à tes yeux naïfs la grande bataille de ton siècle, tu admets qu’on sacrifie la justice à un intérêt personnel et que, s’étant jeté volontairement dans la lutte, on s’enfuie à la pensée du risque, abandonnant sans armes ses compagnons de combat.

2181. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — Chapitre V »

Augier ; il a dépensé beaucoup de talent dans sa pièce, et il en a tiré fort peu d’intérêt ; l’action est confuse, les situations s’embrouillent, les scènes traînent en longueur, l’esprit parfois brutal du langage ne recouvre pas l’indécision du plan et la faiblesse de l’intrigue.

2182. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Pensées, essais, maximes, et correspondance de M. Joubert. (2 vol.) » pp. 159-178

Joubert fut en son temps le type le plus délicat et le plus original de cette classe d’honnêtes gens, comme l’ancienne société seule en produisait, spectateurs, écouteurs sans ambition, sans envie, curieux, vacants, attentifs, désintéressés et prenant intérêt à tout, le véritable amateur des belles choses.

2183. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Le Livre des rois, par le poète persan Firdousi, publié et traduit par M. Jules Mohl. (3 vol. in-folio.) » pp. 332-350

Les poètes de cour, les rivaux et ennemis littéraires de Ferdousi prétendirent que le succès de son ouvrage tenait à l’intérêt des sujets bien plutôt qu’au talent de l’auteur.

2184. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « M. de Féletz, et de la critique littéraire sous l’Empire. » pp. 371-391

Il analyse et démêle très bien les vraies causes de l’intérêt qu’ils excitent ; il montre à quoi se réduit cette prétendue fidélité historique dont on parlait tant.

2185. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Mémoires d’outre-tombe, par M. de Chateaubriand. » pp. 432-452

C’est surtout en lisant la première partie, si pleine d’intérêt, ces scènes d’intérieur, d’enfance et de première jeunesse, où les impressions, idéalisées sans doute, ne sont pas sophistiquées encore et sont restées sincères, c’est à ce début qu’on sent combien un récit plus simple, plus suivi, moins saccadé, portant avec soi les passages naturellement élevés et touchants, serait d’un grand charme.

2186. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Monsieur de Balzac. » pp. 443-463

Une véritable étude sur le romancier célèbre qui vient d’être enlevé, et dont la perte soudaine a excité l’intérêt universel, serait tout un ouvrage à écrire, et le moment, je le crois, n’en est pas venu.

2187. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Les Confessions de J.-J. Rousseau. (Bibliothèque Charpentier.) » pp. 78-97

Il n’était question d’abord que de m’exercer à la lecture par des livres amusants ; mais bientôt l’intérêt devint si vif, que nous lisions tour à tour sans relâche, et passions les nuits à cette occupation.

2188. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Histoire du chancelier d’Aguesseau, par M. Boullée. (1848.) » pp. 407-427

D’Aguesseau, comme Platon, comme Cicéron, croit à une certaine idée naturelle de la justice, qui n’est pas l’intérêt ni l’utilité, mais le droit ; il croit, indépendamment de la révélation positive, au triomphe de cette idée dans les lois des grands législateurs et des grands peuples, à la conscience du genre humain.

2189. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Nouveaux documents sur Montaigne, recueillis et publiés par M. le docteur Payen. (1850.) » pp. 76-96

On est au mercredi 22 mai 1585 ; il est nuit, Montaigne veille, et il écrit au gouverneur de la province. » La lettre, qui est d’un intérêt trop particulier et trop local pour être insérée ici, peut se résumer en ces mots : Montaigne regrette l’absence du maréchal de Matignon et craint qu’elle ne se prolonge ; il le tient et le tiendra au courant de tout, et il le supplie de revenir aussitôt que les affaires le lui permettront : « Nous sommes après nos portes et gardes, et y regardons un peu plus attentivement en votre absence… S’il survient aucune nouvelle occasion et importante, je vous dépêcherai soudain homme exprès, et devez estimer que rien ne bouge si vous n’avez de mes nouvelles. » Il prie M. de Matignon de songer pourtant qu’il pourrait bien aussi n’avoir pas le temps de l’avertir, « vous suppliant de considérer que telle sorte de mouvements ont accoutumé d’être si impourvus que, s’ils devoient avenir, on me tiendra à la gorge sans me dire gare ».

2190. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « La Harpe. » pp. 103-122

Cette calomnie a été imprimée et accueillie de tout Paris avec l’intérêt que l’on prend au pauvre diable qui en est l’objet.

2191. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Madame Sophie Gay. » pp. 64-83

Elle a beaucoup écrit, et, en ce moment, je n’ai guère moins d’une quarantaine de volumes d’elle rangés sur ma table, romans, contes, comédies, esquisses de société, souvenirs de salons, et tout cela se fait lire, quelquefois avec un vif intérêt, toujours sans ennui.

2192. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Boileau. » pp. 494-513

L’extinction de voix, qui l’envoya aux eaux de Bourbon dans l’été de 1687, fit paraître l’intérêt que les plus grands du royaume prenaient à lui.

2193. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Le président de Brosses. Sa vie, par M. Th. Foisset, 1842 ; ses Lettres sur l’Italie, publiées par M. Colomb, 1836. » pp. 85-104

L’intérêt qui se porte à tel ou tel ordre de la connaissance humaine, voyage et se déplace, en quelque sorte, avec la société même et avec les besoins nouveaux ; mais on n’est point, pour cela, barbare.

2194. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Marguerite, reine de Navarre. Ses Nouvelles publiées par M. Le Roux de Lincy, 1853. » pp. 434-454

Il ne lui est accordé de voir son frère que peu de temps ; lui-même exige qu’elle abrège son séjour et qu’elle s’éloigne, la croyant plus utile à ses intérêts en France.

2195. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre deuxième. L’émotion, dans son rapport à l’appétit et au mouvement — Chapitre deuxième. Rapports du plaisir et de la douleur à la représentation et à l’appétition »

Si donc il ne faut pas composer les plaisirs avec des raisonnements sur le rapport des choses à notre intérêt vital ou sur leurs rapports mutuels de symétrie, d’uniformité, de variété, il n’en faut pas moins reconnaître qu’il y a dans toute jouissance sensitive une lueur de discernement intellectuel et de comparaison spontanée, si bien que l’agréable est l’aube du beau.

2196. (1897) Préface sur le vers libre (Premiers poèmes) pp. 3-38

Sans admettre que le vers devienne un verset complet, et là le goût et l’oreille sont suffisants pour avertir le poète, on peut grouper en un seul vers trois ou quatre éléments ayant intérêt à ce que leur jaillissement soit resserré.

2197. (1892) L’anarchie littéraire pp. 5-32

« Enfin pour donner à sa personne la curiosité, le piquant, l’intérêt que le scandale ne peut manquer de lui ajouter dans une société pourrie comme la nôtre, il nie carrément l’amour.

2198. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Xavier Aubryet » pp. 117-145

En mettant à part ses figures de femmes, qui sont très réussies, le plus grand intérêt de son livre est celui qu’on a pour soi-même, lorsqu’on est très fatigué… Jusqu’aux titres des chapitres sont prétentieux.

2199. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Prosper Mérimée »

Il se vante, il est vrai, en ces Lettres qui le changent, non plus en nourrice, mais en tombe, d’avoir été trois ans un damné mauvais sujet ; mais, outre que les passions ne sont pas plus de l’âme que les servantes ne sont leurs maîtresses, quoique les mauvais sujets les leur préfèrent souvent, un homme qui, comme feu Mérimée, passa toute sa vie à avaler des dictionnaires et des grammaires, à visiter des musées, à gratter la terre pour y trouver des antiques, à monter et à descendre des escaliers pour entrer ès Académies, à galoper et à valeter sur toutes les routes, comme un courrier de malle-poste, dans l’intérêt de l’art et des gouvernements, à rapporter au Sénat et à charader pour l’Impératrice, était attelé à trop de besognes pour avoir le temps de regarder du côté de son cœur pour s’attester qu’il en avait un… Eh bien, c’était là une erreur !

2200. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Macaulay »

Or, à l’exception de quelques poètes — exception partout — emportés par cette belle démence dont parle Shakespeare, et dont le génie traîne la volonté après soi, comme le cheval sauvage traîna Brunehault, la littérature désintéressée a toujours fort peu existé en Angleterre, dans ce pays de l’intérêt dont Bentham a théorisé les pratiques ; et Macaulay eut l’ambition de son pays.

2201. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Ernest Renan »

L’introduction d’aujourd’hui devait — croyait-on — raviver l’intérêt expirant d’un livre qui peut bien continuer son effet désastreux sur les classes ignorantes, mais qui l’a épuisé sur les classes éclairées, et qui ne compte plus que comme un roman déjà lu… Les procédés critiques de Renan sont à présent connus, et dans cette introduction il n’ajoute rien à ces procédés, qui même ne lui appartiennent pas.

2202. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « M. Jean Richepin »

Je ne parle point des Misérables de Victor Hugo, qui sont des Pauvres à qui on a fait des têtes, — pour me servir d’une expression du métier dramatique, — des Pauvres arrangés dans l’intérêt d’un parti, des Communards d’avant l’heure.

2203. (1900) La province dans le roman pp. 113-140

Mais la nouveauté de tels romans, je le répète, serait due à d’autres causes plus profondes, et d’abord à cette constatation que la vie humaine est partout digne du même intérêt, capable de provoquer les mêmes émotions, les mêmes colères, les mêmes admirations.

2204. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre X : M. Jouffroy psychologue »

Avant eux, on l’avait étudiée en accessoire, la consultant par occasion, par intérêt, en vue d’un objet étranger, pour y chercher les preuves d’une opinion logique ou métaphysique, légèrement, irrégulièrement, sans préparation, sans découvertes, sans attention et sans fruit.

2205. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre XV. »

Ce principe, ce ne fut ni la volonté créatrice, ni la dictature d’un homme : ce fut la rencontre heureuse de l’état moral des Romains avec l’intérêt de leur chef, cette trêve de Dieu sur le monde qui permit à la nation conquérante, toute pleine encore de jeunesse et de génie, et aux nations assujetties qu’elle éleva bientôt jusqu’à elle, de se reposer dans une paix active de quarante années, embellie par la richesse et les arts.

2206. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Deuxième partie. — Chapitre XXIII. »

je n’ai, dans un intérêt de parti, offusqué ta lumière ou étouffé ta sainte flamme ; mais je bénissais les armes triomphales de la France délivrée, et je baissais la tête et je pleurais au nom de la Grande-Bretagne.

2207. (1874) Portraits contemporains : littérateurs, peintres, sculpteurs, artistes dramatiques

Il portait ses romans aux revues et aux feuilles quotidiennes tels qu’ils étaient venus, sans préparer de suspensions et de traquenards d’intérêt à la fin de chaque feuilleton, pour faire désirer la suite. […] « L’homme, dit-il, n’est ni bon ni méchant ; il naît avec des instincts et des aptitudes ; la société, loin de le dépraver, comme l’a prétendu Rousseau, le perfectionne, le rend meilleur ; mais l’intérêt développe aussi ses penchants mauvais. […] La Villéliade, payée 25,000 fr., se vendit à un nombre prodigieux d’exemplaires, et, l’intérêt politique évanoui, on peut y admirer encore beaucoup de traits piquants, une force de style et une perfection métrique qui ne furent dépassées que par la nouvelle école. […] S’il s’était lui-même volontairement jeté dans ce gouffre, c’est qu’il n’y avait aucun intérêt et devait à coup sûr s’y perdre. […] J’examinai avec le plus vif intérêt le tableau de la Laitière et celui des Pêcheurs, qui me parurent parfaitement achevés, quoique l’artiste ne les regardât que comme des ébauches.

2208. (1890) Les romanciers d’aujourd’hui pp. -357

Il permet de faire une épopée dans un roman et un roman dans une épopée ; mais quelque large que soit son champ, les lois y règnent, et l’art littéraire en France ne pourra jamais divorcer avec la raison. » Et il ajoutait : Il faut dans tout livre « un sentiment, une action, un intérêt qui conduise le lecteur, qui le captive et le mène à un dénouement souhaité 4. » Il avait dit cela, Balzac. […] L’intérêt ? […] Et cela même est à remarquer, comme un trait distinctif que, dès ses premières nouvelles, M. de Maupassant tient pour l’« intérêt » contre la « tranche de vie ». […] Ce ne sont point des romantiques « purs » ; mais la nuance ne laisse pas que d’offrir quelque intérêt. […] L’anecdote a son intérêt ; je n’en prétends point conclure au néant de l’éducation et à la toute-puissance du tempérament ; avouez cependant qu’elle donne à songer et que ce n’est point là une enfance comme on nous raconte de Platon et de Virgile.

2209. (1927) Quelques progrès dans l’étude du cœur humain (Freud et Proust)

Je vous avouerai naïvement que je le trouve à la fois d’un prodigieux intérêt et très délicat. […] l’intérêt, la curiosité qu’elle avait eus pour sa vie à lui, le désir passionné qu’il lui fît la faveur, — redoutée au contraire par lui en ce temps-là comme une cause d’ennuyeux dérangements — de l’y laisser pénétrer ; comme elle avait été obligée de le prier pour qu’il se laissât mener chez les Verdurin ; et, quand il la faisait venir chez lui une fois par mois, comme il avait fallu, avant qu’il se laissât fléchir, qu’elle lui répétât le délice que serait cette habitude de se voir tous les jours dont elle rêvait alors qu’elle ne lui semblait à lui qu’un fastidieux tracas, puis qu’elle avait pris en dégoût et définitivement rompue, pendant qu’elle était devenue pour lui un si invincible et si douloureux besoin. […] Il se rendait compte alors que cet intérêt, cette tristesse n’existaient qu’en lui comme une maladie, et que quand celle-ci serait guérie, les actes d’Odette, les baisers qu’elle aurait pu donner redeviendraient inoffensifs comme ceux de tant d’autres femmes 51. […] Et pourtant je dois avouer, si mon opinion a quelque intérêt, que je ne vais pas tout à fait aussi loin que Proust dans le pessimisme, qu’il y a des moments tout au moins où sa conception de l’amour me paraît un peu partiale, ou plutôt inégale à son objet, et où certains éléments de l’amour me paraissent avoir été négligés par lui. […] l’intérêt, la curiosité quelle avait eus pour sa vie à lui, le désir passionné qu’il lui fît la faveur, — redoutée au contraire par lui en ce temps-là comme une cause d’ennuyeux dérangements — de l’y laisser pénétrer ; comme elle avait été obligée de le prier pour qu’il se laissât mener chez les Verdurin ; et, quand il la faisait venir chez lui une fois par mois, comme il avait fallu, avant qu’il se laissât fléchir, qu’elle lui répétât le délice que serait cette habitude de se voir tous les jours dont elle rêvait alors qu’elle ne lui semblait à lui qu’un fastidieux tracas, puis qu’elle avait prise en dégoût et définitivement rompue, pendant qu’elle était devenue pour lui un si invincible et si douloureux besoin.

2210. (1908) Après le naturalisme

Elle se confina entre certaines limites définies par des intérêts particuliers et bien souvent, elle tourna au mandarinat : déchéance fatale à quoi la vouait son exclusivisme. […] La peinture, la sculpture peuvent être uniquement arts de sensations et nous présenter grand intérêt. […] » tout simplement sans y répondre a priori, sans fermer toute espérance par les termes que nous retranchons de la formule primitive sophistiquée à l’avance ; si l’on sait en effet que la mort, qui est le non-vivre, n’émane point conséquemment de la vie, car la vie n’y tend point et n’en a pas les germes en soi, en raison de son essence et de son égoïsme ; si l’on se rend compte que notre fin n’est un accident que pour chacun de nous en particulier, la mort d’un, seul n’affectant point ceux qui restent dans leur intégralité et la vie s’étendant chaque jour renouvelée dans l’espace et le temps ; si l’on se tourne vers l’humanité et si l’on en aperçoit le progrès ; si l’on se sent porté à un plus grand progrès par le même amour et le même intérêt que le père porte à ses enfants ; si l’on croit enfin que le bonheur résulte plutôt du devoir accompli, quel qu’il soit, que des accidents de telle destinée ou de telle autre.

2211. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre I. Les origines. — Chapitre II. Les Normands. » pp. 72-164

Les Normands, hommes avisés, calculèrent les chances du paradis et de l’enfer et voulurent mettre Dieu dans leurs intérêts. […] À côté de lui, parfois dans l’assemblée, le plus souvent dans l’assistance, sont les yeomen, fermiers, forestiers, gens de métiers, ses compatriotes, hommes musculeux et décidés, bien disposés à défendre leur propriété, à soutenir de leurs acclamations, avec leurs poings, et aussi avec leurs armes, celui qui prendra en main leurs intérêts. […] Ils font corps avec eux par la communauté des intérêts, par la ressemblance des mœurs, par le voisinage des conditions ; ils les prennent pour représentants ; il les élisent 140.

2212. (1895) Les confessions littéraires : le vers libre et les poètes. Figaro pp. 101-162

Je m’aperçois, monsieur, que cette Ode, tronquée de la sorte, perd, tout intérêt et je crains que, pour avoir voulu vous plaire, je ne fournisse de nouvelles armes à nos nombreux détracteurs : les symbolistes et autres soi-disant novateurs, les Parnassiens et la queue de cette École, louant Racine et La Fontaine, mais beaucoup plus de la bouche que du cœur. […] La seule école de quelque intérêt qui ait survécu aux tentatives dogmatiques de ce temps est l’école romane. Elle présente surtout un intérêt de curiosité.

2213. (1881) La parole intérieure. Essai de psychologie descriptive « Chapitre VI. La parole intérieure et la pensée. — Second problème leurs différences aux points de vue de l’essence et de l’intensité »

L’organisation d’un gouvernement libre représente mieux, selon nous, les rapports que soutiennent les signes avec les choses signifiées : le monde de nos pensées peut être comparé à un peuple qui se gouverne lui-même ; en théorie, en droit, en fait même à certain point de vue et dans certaines circonstances, tous les citoyens possèdent une part égale de souveraineté ; mais la raison qui leur est commune et le juste sentiment de l’intérêt bien entendu leur ont fait de bonne heure comprendre l’utilité d’une organisation hiérarchique ; ils ont donc détaché parmi eux un certain nombre d’hommes auxquels est exclusivement confiée l’administration des affaires publiques ; ces mandataires délégués dans l’intérêt de tous par l’autorité véritable sont seuls en évidence ; ils semblent incarner en eux la souveraineté populaire ; la louange et le blâme s’attachent exclusivement à leurs personnes ; ils n’ont pourtant, à parler rigoureusement, qu’un semblant de pouvoir ; leur démission collective ne saurait entraîner la mort du corps social, mais seulement une crise politique passagère, sans danger sérieux pour une société dont les forces vives sont restées intactes. […] Les langues doivent se renouveler périodiquement, non seulement pour servir au progrès de la science, mais dans l’intérêt même de la conservation des découvertes du passé : le sens commun se perdrait s’il parlait toujours la langue de nos ancêtres.

2214. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre V. Comment finissent les comédiennes » pp. 216-393

Ô toute-puissance de cet art fameux que ni la misère, ni l’abandon, ni la vieillesse de ses interprètes, tant que ces interprètes sont à l’œuvre, n’en puissent affaiblir la grâce, l’intérêt et la grandeur ! […] Entre toutes les associations, il n’y en a peut-être aucune où l’intérêt commun de tous et celui du public, soient plus constamment et plus évidemment sacrifiés à de misérables petites prétentions. […] C’en est fait, de toutes parts, dans l’univers comique, le bâton remplace l’éclat de rire, le mariage efface l’amour, les passions font place aux intérêts. […] Sa comédie a tout l’intérêt d’une chose devinée. […] (notez bien qu’Araminte et Cidalise sont là qui écoutent et qui ont le plus grand intérêt à ne pas laisser entrer dans leurs détails !)

2215. (1896) La vie et les livres. Troisième série pp. 1-336

Ferdinand lui fit accueil, lui recommandant, en prince soucieux des intérêts du Ciel, de ne pas oublier d’emporter des cloches pour les églises, des ornements sacerdotaux et du vin pour célébrer le sacrifice de la messe et de la fine fleur de farine dont on ferait des hosties. […] Dans nos cohues bourgeoises, à travers notre démocratie commerçante, fabricante, prétendue libre, mais serve de tous les intérêts, exempte de grands vices, mais affligée d’un tas de petites vertus, émancipée par des révolutions épiques, mais domestiquée par des tyrannies burlesques, le poète de la Bonne Chanson a passé, montrant ses plaies, confessant ses fautes, exempt d’ironie, disant tout haut ses rêves, traînant la jambe, ne se reposant guère qu’en des lieux publics. […] Voilà longtemps que Lancelot disait à la reine Guenièvre : « Ce mot me conforte en tous mes ennuis ; ce mot m’a toujours garanti et gardé de tout péril et péché. » L’alliance des hommes et des femmes serait honteuse si elle se réduisait à des associations commandées par le hasard, par l’intérêt, par la coutume, et désavouées par la nature. […] Max Leclerc, jeune, entreprenant, audacieux, approuve les Américains, parce que les Américains n’exigent pas, comme nous, des hommes auxquels ils confient leurs intérêts, un certificat de vieillesse et de caducité. […] Il s’arrête avec complaisance aux années décisives où la conscience publique, écœurée par trop de tâtonnements et de faiblesses, semblait porter au pouvoir et imposer, en quelque sorte, à la faveur royale les hommes capables de connaître et de servir nos intérêts nationaux.

2216. (1902) La poésie nouvelle

Les événements de sa vie extérieure n’ont pas beaucoup d’intérêt. […] Il s’excuse de tant « narrer ses petites affaires », comme si elles avaient un vif intérêt pour d’autres, — ou pour lui-même seulement. […] L’art réaliste, qui fait de la description matérielle son intérêt principal, qui se complait dans la platitude et la vulgarité, n’est qu’un « art moyen », dont on ne peut laisser les médiocres productions prendre le pas sur celles de l’esprit véritablement créateur. […] Moréas ne lui veut plus reconnaître d’autre intérêt que d’avoir « préparé, par quelques-unes de ses qualités et par beaucoup de ses défauts, ce renouement de la tradition qui est le but de l’Ecole Romane ». […] A côté du Symbolisme dont il vante l’intérêt littéraire, il préconise aussi, comme essentiel, un renouvellement de la langue.

2217. (1894) Études littéraires : seizième siècle

Stapfer sont de tout intérêt, et celui de M.  […] Mais la gloire générale d’un poète est en raison inverse de l’intérêt qu’il offre à l’érudit. […] Tirer de ces incidents les choses d’intérêt universel qui transforment la pièce de circonstance en poème véritable est impossible ici, et même ne l’est guère qu’ici. […] Mais c’était aussi son intérêt ; il constituait ainsi son armée et son instrument de règne, et c’est ce que ses ennemis faisaient remarquer sans cesse. […] C’est avec moins de cruauté, mais le même souci d’inquisition tyrannique, qu’on le voit s’inquiéter dans les pays les plus éloignés du sien des plus menus détails, pourvu qu’ils soient de quelque intérêt pour la religion.

2218. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCIIIe entretien. Vie du Tasse (3e partie) » pp. 129-224

Elle mourut en réputation de sainteté parmi le peuple de Ferrare ; les médailles que nous avons sous les yeux, et ses portraits, la représentent comme le profil de la mélancolie et de la douceur ; des yeux bleus, une chevelure noire, un front sans nuage, une bouche où l’intelligence fine donne de l’agrément à un sourire naturellement rêveur, un ovale arrondi des joues, un port de tête un peu incliné en avant, comme celui d’une figure qui écoute, ou comme le buste d’une princesse qui se penche pour accueillir avec pitié les malheureux, enfin la grâce française de sa mère mêlée à la gravité pensive d’une Italienne, font aimer cette femme, que son tendre intérêt pour le Tasse associe à jamais à son immortalité. […] Mais un rêve chanté en vers immortels, mais un roman tissu et raconté avec une telle prodigalité d’imagination, de piété, d’héroïsme, de tendresse, que le lecteur, oubliant les temps, les lieux, les mœurs, en suit du cœur les touchantes aventures avec autant d’intérêt que si c’était une histoire ; mais des scènes qui rachètent par le pathétique des situations et des sentiments l’inconséquence et l’étrangeté de la conception ; mais un charme comparable à l’enchantement de son Armide, charme qui découle de chaque strophe, qui vous enivre de mélodie comme le pavot d’Orient de ses visions, et qui vous livre sans résistance aux ravissantes rêveries de cet opium poétique ; mais un style surtout coloré de telles images, et chantant avec de telles harmonies, qu’on s’éblouit de sa splendeur, et qu’on se laisse volontairement bercer de sa musique, comme au roulis d’une gondole vénitienne pendant une nuit d’illumination à travers les façades de palais de la ville des merveilles.

2219. (1864) Cours familier de littérature. XVIII « CIVe entretien. Aristote. Traduction complète par M. Barthélemy Saint-Hilaire (2e partie) » pp. 97-191

Quel immense intérêt s’attachait donc, pour Platon, à cette question qui achève et comprend toutes les autres ? […] Les mérites de ce Traité de l’âme, s’écrie-t-il en finissant, sont grands, mais ils ne peuvent point racheter les erreurs que, dans l’intérêt de la vérité, nous avons dû signaler et combattre.

2220. (1893) Du sens religieux de la poésie pp. -104

Comment et dans quel intérêt assigner, dans cette grande œuvre commune, des rangs aux poètes qui furent les précurseurs de l’art futur ? […] Toujours, vous disais-je encore, dans des âmes clairsemées, mais fécondes, en quelque lieu de paix et d’étude, la pensée se recueille, préparant les belles revanches du lendemain. — C’est ainsi qu’à côté des prétendus savants qui limitent la science à des intérêts tangibles, il y a les vrais, les purs savants qui n’ont d’autre désir que de déchirer les voiles dont s’enveloppe la vérité.

2221. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. Herbert Spencer — Chapitre II : La psychologie »

Herbert Spencer a écrit sur ce point des chapitres du plus haut intérêt : il a emprunté à l’histologie, à l’anatomie descriptive et à la physiologie tout ce qui peut être utile au psychologue. […] Ils ont été légués, intérêt et capital.

2222. (1895) Journal des Goncourt. Tome VIII (1889-1891) « Année 1890 » pp. 115-193

Pauvres diables au passé louche, qui font marché avec la dure existence, la ficelle, la mort, mercenaires aux grands yeux bleus, qui n’ayant plus d’intérêt dans l’existence, se prennent de tendresse comme pour une maîtresse, se prennent de tendresse pour leur élégant capitaine, caracolant sur son petit cheval, une rose à la bouche. […] Oui, il était foncièrement bon, Flaubert, et il pratiqua, je dirais, toutes les vertus bourgeoises, si je ne craignais de chagriner son ombre avec ce mot, sacrifiant un jour sa fortune et son bien-être à des intérêts et à des affections de famille, avec une simplicité et une distinction, dont il y a peu d’exemples.

2223. (1889) Essai sur les données immédiates de la conscience « Chapitre I. De l’intensité des états psychologiques »

En d’autres termes, nous évaluons l’intensité d’une douleur à l’intérêt qu’une partie plus ou moins grande de l’organisme veut bien y prendre. […] Comme nous parlons plutôt que nous ne pensons, comme aussi les objets extérieurs, qui sont du domaine commun, ont plus d’importance pour nous que les états subjectifs par lesquels nous passons, nous avons tout intérêt à objectiver ces états en y introduisant, dans la plus large mesure possible, la représentation de leur cause extérieure.

2224. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « De l’état de la France sous Louis XV (1757-1758). » pp. 23-43

Je vous remercie des nouvelles marques d’amitié et d’intérêt que vous voulez bien me donner… Dans les lettres suivantes adressées à Choiseul, Bernis le remercie de certaines formes qu’il a apportées en annonçant sa disgrâce à la cour de Rome ; il lui parle ensuite de quelques affaires particulières qu’il a à cœur, et pour lesquelles M. de Choiseul se montre empressé à l’obliger.

2225. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Sully, ses Économies royales ou Mémoires. — I. » pp. 134-154

Ses solides qualités armées de sévérité et de rudesse l’avaient rendu odieux aux grands, et le peuple même ou la bourgeoisie n’appréciait pas en lui un défenseur des intérêts publics.

2226. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « M. de Stendhal. Ses Œuvres complètes. — I. » pp. 301-321

Le fond de son goût et de sa sensibilité est tel qu’on le peut attendre d’un épicurien délicat : Quelle folie, écrit-il à un ami de Paris en 1814, à la fin de ses Lettres sur Mozart, quelle folie de s’indigner, de blâmer, de se rendre haïssant, de s’occuper de ces grands intérêts de politique qui ne nous intéressent point !

2227. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « William Cowper, ou de la poésie domestique (I, II et III) — I » pp. 139-158

De ceci les sectaires querelleurs peuvent apprendre à démêler leur véritable intérêt : que le frère ne devrait point guerroyer contre le frère, qu’il ne faut se déchirer ni se dévorer entre soi, mais plutôt chanter et briller par un doux accord, jusqu’à ce que cette pauvre nuit passagère de la vie soit écoulée ; respectant ainsi l’un chez l’autre les dons de la nature et de la grâce.

2228. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « William Cowper, ou de la poésie domestique (I, II et III) — III » pp. 178-197

Il nous le décrit à la ronde, semant sa course plus libre de mille impressions qui tiennent soit aux accidents agrestes du terrain, soit aux sons qu’il entend et auxquels il est des plus sensibles, soit à la couleur variée des arbres qu’il distingue et spécifie par toutes leurs nuances ; la vie, l’intérêt, une passion tendre et profonde se fait sentir sous toutes ces descriptions desquelles on ne peut pas dire qu’il s’y amuse, mais bien plutôt qu’il en jouit.

2229. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Le duc de Rohan — II » pp. 316-336

 » Envoyée prisonnière à Niort, on essaya d’agir sur elle dans le cours de l’année suivante pour lui faire écrire à M. de Rohan de rentrer dans le devoir ; on mit en avant des tiers, qui, sans employer le nom du roi, l’exhortaient comme d’eux-mêmes et comme s’ils étaient mus par la seule considération de son intérêt et de celui de ses enfants : « Mais cette femme maligne jusques au dernier point, dit Richelieu, ne voulut jamais condescendre à s’y entremettre par lettres, disant pour prétexte que ce n’était pas un moyen assez puissant et qu’il fallait qu'elle y allât elle-même, ce que Sa Majesté refusa, sachant qu’elle ne le désirait que pour rendre le mal plus irrémédiable, et affermir son fils et ceux de son parti dans la rébellion jusqu’à l’extrémité. » Telle était cette mère invincible, qui portait dans la défense de sa foi l’âme des Porcia, des Cornélie, et des anciens Romains.

2230. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Madame Swetchine. Sa vie et ses œuvres, publiées par M. de Falloux. »

La pensée et l’esprit n’y sont jamais oubliés, mais le sentiment aussi y a sa part, son intérêt et son jeu.

2231. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Merlin de Thionville et la Chartreuse du Val-Saint-Pierre. »

Vaubertrand, dont le père, concierge de la prison des Madelonnettes pendant la Terreur, s’est honoré par des actes nombreux d’humanité, et qui, notamment, a donné asile, pendant six mois, à Quatremère de Quincy frappé de proscription, se complaît aujourd’hui, dans un âge avancé, à célébrer le respectable auteur de ses jours55 ; mais c’est une erreur, à lui, bien qu’assurément des plus innocentes, de croire qu’il faille pour cela emprunter toutes les pompes et l’appareil de la rime et de la poésie : une simple notice en prose eût mieux rempli son intention, et les notes de sa brochure en font l’intérêt.

2232. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Sismondi. Fragments de son journal et correspondance »

C’en est assez, ce me semble, pour créer de nous à lui un premier intérêt.

2233. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Lettres inédites de Michel de Montaigne, et de quelques autres personnages du XVIe siècle »

La seconde période devint moins facile ; l’agitation politique s’y mêla aux soins des intérêts de la ville. » Ce fut durant cette seconde mairie que Montaigne plus exposé montra à un moment beaucoup de zèle, bien de l’habileté et de l’activité, et aussi, vers la fin, quelque faiblesse ou du moins quelque lassitude.

2234. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Dominique par M. Eugène Fromentin (suite et fin.) »

Tout ce préambule a du charme, de l’intérêt ; il y a peut-être un peu de lenteur.

2235. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Catinat (suite et fin.) »

Louis XIV lui écrivit une lettre d’intérêt sur cette blessure.

2236. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Mémoires de Malouet (suite.) »

L’abbé, après m’avoir embrassé, vit là un auditoire intéressant : il attaqua l’amiral sur l’ouverture de l’Escaut, qui était la grande querelle du moment entre l’Autriche et la Hollande ; il nous fit un résumé des droits, des prétentions respectives, des traités et contre-traités, et conclut juste, à son ordinaire, que la France avait intérêt à soutenir la Hollande dans cette contestation.

2237. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Le général Jomini. [III] »

Votre Excellence m’obligera très particulièrement si elle veut bien prendre quelque intérêt au succès de cette demande. » Et dans une note de la main de Clarke : « L’Empereur a accordé cette demande pt m’a donné ses ordres verbalement à ce sujet.

2238. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « UN DERNIER MOT sur BENJAMIN CONSTANT. » pp. 275-299

Adolphe est un des livres que nous aimons le plus dans leur tristesse ; en mainte occasion nous avons parlé de l’auteur avec intérêt, avec sympathie, et comme étant nous-même de ceux qui entrent le plus dans quelques-unes de ses faiblesses.

2239. (1869) Cours familier de littérature. XXVIII « CLXIIIe entretien. Chateaubriand, (suite) »

Il s’éleva des sectes sacerdotales, dont l’intérêt fut d’épaissir le voile de l’erreur.

2240. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série «  Paul Bourget  »

Cela prend à certains moments, et en dehors de l’émotion que le drame lui-même peut inspirer, quelque chose de l’intérêt spécial et de la beauté propre d’une leçon d’anatomie.

2241. (1890) La fin d’un art. Conclusions esthétiques sur le théâtre pp. 7-26

Ce n’est pas un renouveau de l’activité de la Grèce où la vie publique était fondée sur l’intérêt public, où les fêtes mêmes étaient celles de la religion de l’État.

2242. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre XX. La fin du théâtre » pp. 241-268

Ce n’est pas un renouveau de l’activité de la Grèce où la vie publique était fondée sur l’intérêt public, où les fêtes mêmes étaient celles de la religion de l’État.

2243. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XVII. Rapports d’une littérature avec les littératures étrangères et avec son propre passé » pp. 444-461

Il est donc permis de croire que les nations de l’Occident, unies par des intérêts solidaires et par des liens fraternels en dépit des barrières et des inimitiés qui les séparent, se sont par moments trouvées en communion spontanée de pensées et de désirs174.

2244. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. Herbert Spencer — Chapitre I : La loi d’évolution »

Il faut, pour bien comprendre ce qu’est le progrès, rechercher, indépendamment de notre intérêt propre, quelle est la nature des changements qui le produisent.

2245. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre XI, les Suppliantes. »

Mais l’intérêt n’est pas nul dans ce dithyrambe.

2246. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres de lord Chesterfield à son fils. Édition revue par M. Amédée Renée. (1842.) » pp. 226-246

Tout ce petit cours d’éducation par lettres offre une sorte d’intérêt dramatique continu : on y suit l’effort d’une nature fine, distinguée, énergique, telle que l’était celle de lord Chesterfield, aux prises avec un naturel honnête, mais indolent, avec une pâte molle et lente, dont elle veut à tout prix tirer un chef-d’œuvre accompli, aimable, original, et avec laquelle elle ne réussit à faire, en définitive, qu’une manière de copie suffisante et estimable.

2247. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Madame Geoffrin. » pp. 309-329

Quand ses intérêts n’étaient point en cause, elle vous donnait des conseils sûrs et pratiques, dont on avait à profiter dans la vie.

2248. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Monsieur Théodore Leclercq. » pp. 526-547

De là la guerre à mort qui s’engagea bientôt entre lui et tous les esprits sensés qu’un intérêt étroit et direct n’aveuglait pas.

2249. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Jasmin. (Troisième volume de ses Poésies.) (1851.) » pp. 309-329

Les deux jeunes filles, l’aimante et la légère, apportent au jeu un même intérêt de curiosité et d’effroi : « Les deux bouches sont sans parole ; les quatre yeux riants, effrayés, suivent le mouvement des doigts. » Tout allait bien, les cartes promettaient, presque tous les piques étaient dehors, quand, pour dernière carte, la fatale dame de pique tombe et vient crier : Malheur !

2250. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Monsieur de Bonald, (Article Bonald, dans Les Prophètes du passé, par M. Barbey d’Aurevilly, 1851.) » pp. 427-449

Ses lettres à Joseph de Maistre, récemment publiées, nous le montrent simple en effet, suivant de tout point ses idées et les pratiquant, très occupé des détails, et revenant souvent d’une manière naturelle, mais cependant marquée, à ses soucis de famille et d’intérêts domestiques.

2251. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Essai sur Amyot, par M. A. de Blignières. (1 vol. — 1851.) » pp. 450-470

Amyot a rendu des services, 1º un service inappréciable à la langue, en la répandant et en la popularisant dans ses meilleurs tours, dans son économie la plus ample et la plus facile, dans sa diction la plus large et la plus sincère, à l’aide de l’intérêt qui s’attachait aux Vies de Plutarque ; 2º il a rendu un service non moindre à la raison et au bon sens public en faisant circuler Plutarque, et ses trésors de vertu antique et de morale, dans toutes les mains, à l’aide d’une langue si claire, si facile, si diffuse, si courante et si riante.

2252. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Notice historique sur M. Raynouard, par M. Walckenaer. » pp. 1-22

Il aurait pu, sans s’écarter de la vérité historique, faire l’application de ce principe au grand maître des Templiers ; mais il a voulu le représenter comme un modèle de perfection idéale, et cette perfection idéale sur le théâtre est toujours froide et sans intérêt.

2253. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Monsieur Michaud, de l’Académie française. » pp. 20-40

Poujoulat, parut en sept volumes (1833-1835), et elle offre un intérêt très varié et très doux, quoiqu’on y pût désirer plus de naturel et de familiarité encore.

2254. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Montesquieu. — I. » pp. 41-62

Espérons que cet héritage de famille subsiste toujours, et qu’il en sera finalement tiré parti dans l’intérêt de tous, dans celui de la gloire de l’illustre ancêtre.

2255. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Grimm. — I. » pp. 287-307

Grimm, jeune, avait beaucoup souffert, et il n’eût tenu qu’à lui, dit-il quelque part, de se faire une longue liste de malheurs : il aimait mieux reporter sa pensée sur les secours qu’il avait trouvés dans l’intérêt et la bienveillance de quelques hommes généreux.

2256. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « M. Necker. — II. (Fin.) » pp. 350-370

C’est pour se distraire, pour chercher à soulager et à remplir son âme, qu’il conçut son travail estimable contre les athées, les incrédules du temps et les railleurs, et qu’il intitula : De l’importance des opinions religieuses (1788) : Mes pensées, dit-il, ne pouvant plus s’attacher à l’étude et à la recherche des vérités qui ont l’avantage politique de l’État pour objet ; mon attention ne devant plus se fixer sur les dispositions particulières de bien public qui sont nécessairement unies à l’action du gouvernement, je me suis trouvé comme délaissé par tous les grands intérêts de la vie.

2257. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Œuvres de Frédéric le Grand (1846-1853). — I. » pp. 455-475

Les lettres que Frédéric lui écrit durant ces trois ans sont d’un grand intérêt, en ce que l’on continue d’y saisir les progrès et la marche de son esprit.

2258. (1864) William Shakespeare « Première partie — Livre I. Shakespeare — Sa vie »

La seule objection qu’on puisse lui faire, c’est que Shakspeare se prononce plus aisément que Shakespeare, que l’élision de l’e muet est peut-être utile, et que dans leur intérêt même, et pour accroître leur facilité de circulation, la postérité a sur les noms propres un droit d’euphonie.

2259. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre IV : La philosophie — II. L’histoire de la philosophie au xixe  siècle — Chapitre II : Rapports de l’histoire de la philosophie avec la philosophie même »

Les philosophes de bon sens sont les magistrats d’un État libre qui font le bien sans éclat, mais sans tempêtes, et qui, respectant tous les intérêts et tous les droits, sont par là même obligés de s’abstenir de grandes aventures.

2260. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome I « Bibliotheque d’un homme de goût. — Chapitre VI. Des Livres qui traitent de la Rhétorique. » pp. 294-329

Mais j’ai encore moins composé mes Réfléxions d’après mes Panégyriques, que mes Panégyriques d’après mes Réfléxions ; & j’ose espérer qu’on ne trouvera rien dans celles-ci qui ait été dicté au Rhéteur par l’intérêt personnel de l’Orateur ; rien qui décéle l’intention de justifier par des principes particuliers une maniere qui me seroit particuliére.

2261. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Rivarol » pp. 245-272

Mais l’intérêt profond et presque inattendu de l’édition de M. de Lescure n’est pas là encore.

2262. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Henri Heine »

Nous voulons croire, même dans l’intérêt de son génie, qu’il l’adorera.

2263. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « X. Ernest Renan »

Voilà pourquoi le monde hésite à admettre cette notion de la Critique en dehors du monde, et se soucie médiocrement qu’on le mette à feu sous prétexte de science dans l’intérêt de la plus vaine et de la plus inepte curiosité.

2264. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre XI : M. Jouffroy moraliste »

« Quand cet être si fort, si fier, si plein de lui-même, si exclusivement préoccupé de ses intérêts dans l’enceinte des cités et parmi la foule de ses semblables, se trouve par hasard jeté au milieu d’une immense nature, qu’il se trouve seul en face de ce ciel sans fin, en face de cet horizon qui s’étend au loin et au-delà duquel il y a d’autres horizons encore, au milieu de ces grandes productions de la nature qui l’écrasent, sinon par leur intelligence, du moins par leur masse ; lorsque, voyant à ses pieds, du haut d’une montagne et sous la lumière des astres, de petits villages se perdre dans de petites forêts, qui se perdent elles-mêmes dans l’étendue de la perspective, il songe que ces villages sont peuplés d’êtres infirmes comme lui, qu’il compare ces êtres et leurs misérables habitations avec la nature qui les environne, cette nature elle-même avec notre monde sur la surface duquel elle n’est qu’un point, et ce monde à son tour avec les mille autres mondes qui flottent dans les airs et auprès desquels il n’est rien : à la vue de ce spectacle, l’homme prend en pitié ses misérables passions toujours contrariées, ses misérables bonheurs qui aboutissent invariablement au dégoût. » Il se demande si la vie est bonne à quelque chose, et ce qu’il est venu faire dans le petit coin où il est perdu.

2265. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Deuxième partie. — Chapitre XX. Le Dante, poëte lyrique. »

De là, sans doute, l’intérêt moins grand qui s’attache au Purgatoire et au Paradis du Dante.

2266. (1905) Promenades philosophiques. Première série

Elle a cet intérêt d’avoir été faite sur le manuscrit original et de représenter une rédaction beaucoup plus fidèle que celle de l’édition anglaise arrangée, pour le bien de la religion, par l’aumônier de Bacon. […] Paul Sabatier sont pleins de science ; ils ont un autre intérêt, c’est d’être le premier effort grave tenté par l’érudition française pour enlever à la piété ecclésiastique un de ses derniers champs d’activité, l’hagiographie. […] Dans cette question de l’orthographe, le lecteur n’a donc qu’un seul intérêt : c’est que le même mot lui soit toujours présenté sous la même forme. […] Peu importe donc la forme du dessin : ici encore, l’intérêt pour l’écriveur est que cette forme soit immuable. […] Mais ici se présente une difficulté : c’est qu’il y a une très grande quantité d’êtres vivants chez lesquels les sexes sont indiscernables ou que l’homme n’a nul intérêt à discerner.

2267. (1884) Les problèmes de l’esthétique contemporaine pp. -257

Spencer, comme Darwin et toute l’école évolutionniste, donne pour origine première aux sentiments moraux le besoin et l’intérêt ; les sentiments esthétiques, au contraire, se ramenant au jeu, sont plus purs de toute idée utilitaire. […] L’intérêt qu’ils y prennent est brutal, analogue à celui d’un Espagnol devant une course de taureaux : « cela fait mal », diront-ils. […] D’une part, l’intérêt est excité par la recherche d’un but : un mouvement dont nous connaissons la direction et dont nous pouvons constater la réussite ne nous intéresse-t-il pas toujours plus qu’un mouvement sans objet ? […] Aussi l’effort ne nous choque-t-il plus : au contraire, il est une condition de l’intérêt que nous portons au travail. […] D’autres ont trouvé moyen de concilier le souci des intérêts matériels avec toutes les recherches de l’intelligence : ainsi les Grecs, ce peuple de marchands et de poètes, ont excellé dans tous les arts pratiques non moins que dans le grand art.

2268. (1913) Les idées et les hommes. Première série pp. -368

Et il y a cependant, à la fin du livre, l’esquisse d’une fiction ; mais l’intérêt du livre n’est pas là. L’intérêt du livre c’est l’évidente réalité d’une petite ville provinciale (Épinal), décrite ? […] … Or, les phénomènes de la télépathie, dont l’étude est commencée à peine, ont beaucoup d’intérêt ; et ils renouvelleront peut-être la psychologie. […] … Je crois que nous éprouvons, d’un bout à l’autre de ce livre, ce sentiment, qui n’est pas sans nous détacher un peu du livre et de son intérêt. […] L’auteur sait nous accoutumer sans retard à des singularités d’âmes et de mœurs qui, nous ayant divertis, engagent notre confiance et ainsi notre intérêt.

2269. (1914) Une année de critique

Les plus grandes feuilles d’information se réclament d’une absolue indépendance (sauf pour les questions où se mêlent des intérêts financiers, bien entendu). […] Conserver en soi ce feu de la jeunesse, accorder aux conflits qui se déroulent dans l’esprit le même intérêt dramatique que nos auteurs reconnaissent seulement aux conflits sentimentaux, et, selon l’exemple de Nietzsche, faire à toute heure de l’exercice de l’intelligence, une passion, — tel fut le secret d’Henri Franck, et l’essentiel de son évangile. […] Mais que fait tout cela contre mon intérêt particulier ? […] Et l’intérêt de la nation, confondu avec le leur, dictait leurs sentiments, leurs passions, leur conduite. » Non, je ne m’attarderai pas davantage sur ce roman où la volupté chante des airs si gracieux quand la rafale souffle de toutes parts. […] Ils y ont implanté une civilisation inférieure et qui méconnaît aussi bien l’intérêt français que les vœux des indigènes.

2270. (1933) De mon temps…

Elle était d’un vif intérêt quand elle abordait quelque point de l’histoire de « l’Empereur et Roi », mais, quand elle en venait aux uns et aux autres, il fallait se méfier des jugements que portait sur eux cet impulsif à l’imagination chimérique et à l’esprit hanté de phantasmes. […] Quand il avait ainsi bien pris position et assené à l’un ou à l’autre quelque vérité plus ou moins désobligeante, il devenait un causeur de haut intérêt et révélait sa vaste intelligence, son savoir presque universel, son érudition infinie. […] Avec une imprudence incorrigible, il partait en guerre contre les vanités, les prétentions, les intérêts et ferraillait à tort et à travers.

2271. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Étienne de La Boétie. L’ami de Montaigne. » pp. 140-161

La Boétie mérite donc l’intérêt non seulement des érudits, mais de tous ceux qui s’occupent des lettres au point de vue de la morale et des sentiments les plus chers à l’homme.

2272. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Marivaux. — I. » pp. 342-363

Celui-ci paraît prendre intérêt à la jeune fille et la met en pension chez une marchande lingère, Mme Dutour.

2273. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Saint-Martin, le Philosophe inconnu. — I. » pp. 235-256

[NdA] Saint-Martin était si incapable de tout ce qui est affaires et du positif de la vie, qu’il a pu dire au vrai, et cette fois avec sourire : « J’ai un tel éloignement des affaires d’intérêt et des discussions avec les gens de finances et de commerce, que quand j’ai seulement une lettre de change à faire payer et qu’il faut la présenter, donner mon acquit et toucher ma somme, j’appelle cela un procès. » 51.

2274. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Saint-Martin, le Philosophe inconnu. — II. (Fin.) » pp. 257-278

On pourrait s’étonner, après cela, de l’extrême facilité et de l’ouverture naturelle avec laquelle il prit la Révolution française, si l’on ne savait combien les idées chères à certains esprits l’emportent auprès d’eux sur les intérêts et les agréments.

2275. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Le maréchal de Villars — III » pp. 81-102

Qu’elle ne craigne jamais que mon intérêt particulier ait la moindre part à mes actions : j’ose dire que je suis né véritable et vertueux. » Villars ici se pavoise trop ; il donne évidemment à ce mot de vertu l’acception toute personnelle qui sied à Villars : mais il n’est que dans le vrai lorsqu’après la victoire d’Hochstett, réclamant son congé du roi et se plaignant de n’être plus écouté, souffrant de tant de fautes, et de celles qu’on fait sous ses yeux et de celles qu’on va faire, il lui échappe ce mot qui trouverait si souvent son emploi : « Heureux, Sire, heureux les indolents ! 

2276. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « François Villon, sa vie et ses œuvres, par M. Antoine Campaux » pp. 279-302

Si le poète, en outre, a eu particulièrement à souffrir de la vie et des hommes, que ce soit sa faute ou celle de son étoile, si plus qu’un autre il a été humilié par la destinée, je n’imagine rien de plus propre que ces novissima verba, que ces paroles suprêmes, à attirer enfin l’intérêt sur sa personne, et à touchez en sa faveur les plus distraits et les plus froids.

2277. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Théophile Gautier. »

Champfleury a écrit, dans des Mémoires personnels, l’histoire de ces années d’épreuve, et ce récit, à son tour, aura bien son intérêt avec le temps.

2278. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Corneille. Le Cid (suite.) »

C’était un à-propos, un redoublement d’intérêt ; on était tout le temps comme sur des charbons.

2279. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Essai de critique naturelle, par M. Émile Deschanel. »

spectacle d’un intérêt inépuisable !

2280. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Maurice comte de Saxe et Marie-Joséphine de Saxe dauphine de France. (Suite et fin.) »

Par le courrier arrivé de Strasbourg à Paris le 30 janvier, on sait déjà fort au juste à quoi s’en tenir ; et le duc de Luynes, qui représente le coin de la reine et qui n’a nul intérêt à surfaire la dauphine, insère dans son Journal un signalement sans flatterie : « Elle y arriva (à Strasbourg) vêtue à la polonaise.

2281. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Madame Desbordes-Valmore. » p. 232

L’illustre maître Auber, averti par Mme Duchambge, avait déposé un jour un témoignage d’intérêt chez Mme Valmore, à l’occasion d’un de ses derniers deuils : « (À Mme Duchambge, 29 novembre 1854)… Ta lettre m’a émue d’autant plus que tu m’amenais presque de force un consolateur dont le nom est puissant sur moi.

2282. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Œuvres françaises de Joachim Du Bellay. [I] »

J’allais omettre une spirituelle dissertation sur Ronsard et Malherbe, que le professeur Amiel écrivait pour les collèges et gymnase de Genève, à l’ouverture de l’année scolaire 1849-1850 ; nouvelle preuve de l’intérêt que les pays circonvoisins et de langue française mettaient à ce genre de questions, qu’on dirait renouvelées de Balzac et que la critique de notre siècle rajeunit.

2283. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « LES JOURNAUX CHEZ LES ROMAINS PAR M. JOSEPH-VICTOR LE CLERC. » pp. 442-469

Ailleurs192, il lui arrive de parler de la candeur des récits consignés dans les Annales pontificales, avant les luttes passionnées du sénat et du peuple ; il m’est impossible vraiment, en songeant à toutes les fables qu’y affichaient les pontifes, et qui entraient dans l’intérêt aussi de leur politique, de me figurer de quelle candeur particulière il s’agit, si ce n’est que ces Annales étaient tracées sur une table blanchie, in albo.

2284. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Pierre Corneille »

Pierre avait six enfants ; et comme alors les pièces de théâtre rapportaient plus aux comédiens qu’aux auteurs, et que d’ailleurs il n’était pas sur les lieux pour surveiller ses intérêts, il gagnait à peine de quoi soutenir sa nombreuse famille.

2285. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « M. Joubert »

des esprits tout envahis d’eux-mêmes, de leurs prétentions rivales, de leurs intérêts d’amour-propre, et, pour le dire d’un mot, des esprits trop souvent perdus de tous ces vices les plus hideux de tous que la littérature seule engendre dans ses régions basses.

2286. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Madame de Krüdner et ce qu’en aurait dit Saint-Évremond. Vie de madame de Krüdner, par M. Charles Eynard »

Eynard, qui se soucie moins que nous de l’intérêt poétique, et qui croit que l’aimable romancier a fini par guérir radicalement de sa chimère, par obtenir en don l’entière vérité.

2287. (1869) Cours familier de littérature. XXVIII « CLXVIIIe entretien. Fénelon, (suite) »

Le service militaire réduit à cinq ans de présence sous les drapeaux ; les pensions aux invalides servies dans leurs familles, pour être dépensées dans leurs villages, au lieu d’être dilapidées dans l’oisiveté et dans la débauche du Palais des Invalides dans la capitale ; Jamais de guerre générale contre toute l’Europe ; Un système d’alliance variant avec les intérêts légitimes de la patrie ; Un état régulier et public des recettes et des dépenses de l’État ; Une assiette fixe et cadastrée des impôts ; Le vote et la répartition de ces subsides par les représentants des provinces ; Des assemblées provinciales ; La suppression de la survivance et de l’hérédité des fonctions ; Les États généraux du royaume convertis en assemblées nationales ; La noblesse dépouillée de tout privilége et de toute autorité féodale, réduite à une illustration consacrée par le titre de la famille ; La justice gratuite et non héréditaire ; La liberté réglée de commerce ; L’encouragement aux manufactures ; Les monts-de-piété, les caisses d’épargne ; Le sol français ouvert de plein droit à tous les étrangers qui voudraient s’y naturaliser ; Les propriétés de l’Église imposées au profit de l’État ; Les évêques et les ministres du culte élus par leurs pairs ou par le peuple ; La liberté des cultes ; L’abstention du pouvoir civil dans la conscience du citoyen, etc.

2288. (1892) Boileau « Chapitre II. La poésie de Boileau » pp. 44-72

Nous le dirions encore moins de l’Épître IV, ce fragment d’épopée élaboré par la tête la moins épique du monde, où chevauchent si étrangement cuirassiers et courtisans parmi des naïades effarouchées, où, selon l’exorde et la conclusion, l’intérêt principal se porte moins sur l’action que sur le poète si laborieusement vainqueur de la, dureté des noms hollandais.

2289. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Livre II. Littérature bourgeoise — Chapitre I. Roman de Renart et Fabliaux »

Mais tout cela est d’un intérêt ou bien mince, ou bien spécial.

2290. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre III. Le naturalisme, 1850-1890 — Chapitre V. Le roman »

Tout l’intérêt va aux manifestations extérieures par lesquelles cette humanité lointaine se représente à nous, formes de meubles ou de palais, formes de sentiments ou d’actes.

2291. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « Anatole France »

Un petit enfant, c’est aussi la créature la plus aimée d’autres êtres, dont il est la raison de vivre, pour qui il est la suprême affection, la plus chère espérance, souvent l’unique intérêt.

2292. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XIII. Retour de Molière à Paris » pp. 225-264

Ricciardo ne se contentera certainement pas de recevoir les deux mille écus qu’il a donnés, il voudra les deux autres mille qu’il a gagnés et les intérêts des quatre mille écus pendant quatorze ans.

2293. (1765) Articles de l’Encyclopédie pp. 7761-7767

* La gloire de M. de Montesquieu, fondée sur des ouvrages de génie, n’exigeoit pas sans doute qu’on publiât ces fragmens qu’il nous a laissés ; mais ils seront un témoignage éternel de l’intérêt que les grands hommes de la nation prirent à cet ouvrage ; & l’on dira dans les siecles à venir : Voltaire & Montesquieu eurent part aussi à l’Encyclopédie.

2294. (1900) Poètes d’aujourd’hui et poésie de demain (Mercure de France) pp. 321-350

Toute poésie a un double intérêt.

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