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1882. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « H. Forneron » pp. 149-199

Mais, comme Forneron, il ne s’était souvenu que du respect qu’il avait pour la royauté, en la regardant… Il fallait songer à toute autre chose.

1883. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Victor Hugo. Les Contemplations. — La Légende des siècles. »

Qui songerait à le contester ?

1884. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « Edmond et Jules de Goncourt »

« Quand je songe — disait-il, en les voyant paître, — qu’il n’y en a peut-être pas un seul de tendre ! 

1885. (1900) Le rire. Essai sur la signification du comique « Chapitre I. Du comique en général »

Voilà aussi pourquoi des gestes, dont nous ne songions pas à rire, deviennent risibles quand une nouvelle personne les imite.

1886. (1900) Le rire. Essai sur la signification du comique « Chapitre II. Le comique de situation et le comique de mots »

Quand on songe à l’intensité et à la fréquence de ce genre de comique, on comprend qu’il ait frappé l’imagination de certains philosophes.

1887. (1870) La science et la conscience « Chapitre IV : La métaphysique »

Ni l’école critique ni l’école positiviste, qui se réunissent dans une commune réprobation de la métaphysique, ne songent à arrêter l’essor de spéculations du genre de celles de Buffon, de Laplace, de Lamarck, de Geoffroy Saint-Hilaire, de Darwin, sur les lois qui président à l’organisation des êtres animés ou à la formation des mondes.

1888. (1887) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Troisième série pp. 1-326

Il est vrai que l’on ne voit pas bien de quel prince Pascal eût pu songer à faire l’éducation ; que Nicole ne dit point que Pascal eût « une vue » sur cet objet, mais bien « des vues » sur le sujet, ce qui n’est pas tout à fait la même chose ; et qu’enfin cette note « jusqu’ici presque inaperçue », M.  […] Même l’observation ou l’imitation de la vie commune, dont Le Sage a vu le premier tout le parti que l’art pouvait tirer, il n’a pas pu ou il n’a pas su les soustraire aux conventions de la scène, si seulement il y a songé. […] — Vous ne songez pas que l’honneur gâte tout cet amour dès qu’il y entre. […] Quelques pages, perdues dans la quantité des aventures, font songer au Discours sur l’origine de l’inégalité, et quelques pages, avec un peu de bonne volonté, font songer aux Natchez. […] Mais je lui dirai plutôt que Jean-Jacques, étant ce qu’il était, n’eût pas songé seulement à traiter la question, s’il n’avait dû la traiter comme il fit, et que, si je j’ai commencé de montrer, on va le voir tout à l’heure bien plus clairement encore.

1889. (1933) De mon temps…

Et, devant ce portrait si parlant, je songeais à la singulière destinée littéraire de cet écrivain qui avait eu cependant son heure de notoriété. […] D’ailleurs, le plus souvent, nul ne songe à le contredire.

1890. (1903) Légendes du Moyen Âge pp. -291

Il en était au trois centième jour quand Dieu lui envoya cette salutaire pensée, et dès lors il ne songea plus qu’à s’en aller, et « ainsi comme auparavant un jour ne lui semblait pas une heure, maintenant une heure lui semblait dix jours ». […] C’est le problème même du bonheur, que l’humanité, depuis qu’elle pense, qu’elle sent et qu’elle songe, se pose toujours et n’arrive pas à résoudre. […] Tu l’oubliais déjà, sans songer d’ailleurs que je ne puis avoir le rubis dont je parle169. […] Cette circonstance semble bien indiquer que ces différentes versions ont une source commune, bien que d’autres considérations, où je ne puis entrer ici, fassent songer à une classification différente.

1891. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. RODOLPHE TÖPFFER » pp. 211-255

Topffer qu’ayant une fois atteint à l’art, il lui faut tâcher désormais de s’y tenir ; que l’inconvénient et la pente pour tout artiste, en avançant, est de se lâcher, surtout quand on manque d’une scène, d’un public sans cesse éveillé et jaloux ; qu’il n’est déjà plus dans ce cas lui-même, et que, sans trop retrancher à ses plaisirs, il doit songer pourtant qu’il a contribué aux nôtres, et que l’œil est sur lui ?

1892. (1860) Cours familier de littérature. IX « Le entretien. Les salons littéraires. Souvenirs de madame Récamier (2e partie) » pp. 81-159

M. de Chateaubriand imposait le respect par son silence ; il songeait plus qu’il ne parlait : c’était l’esprit le moins improvisateur qui ait jamais existé ; il laissait échapper de temps en temps un axiome et se taisait pour en méditer un autre ; de là, sans doute, la recherche laborieuse de ses plus beaux écrits.

1893. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CXIIIe entretien. La Science ou Le Cosmos, par M. de Humboldt (2e partie). Littérature de l’Allemagne. » pp. 289-364

Que d’ailleurs, dans les plus anciennes poésies des Arabes, la description du sol n’ait tenu que peu de place, il n’y a pas là de quoi s’étonner, si l’on songe, ainsi que l’a remarqué un orientaliste très versé dans cette littérature, M. 

1894. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre II. L’époque romantique — Chapitre III. La poésie romantique »

Avec cela, intelligent, spirituel, finement sensé776, le plus ou le seul homme du monde qu’il y ait parmi nos romantiques, saisissant mieux qu’aucun autre la grâce spéciale ou l’agrément de la vie de salon : très séduisant par ce mélange d’émotion frémissante et d’exquise ironie, par son rayonnement de jeunesse surtout ; car il faut songer qu’à trente ans, presque tout son œuvre était achevé.

1895. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 14 mars 1885. »

Lorsqu’au lendemain de son Tannhæuser, Richard Wagner conçut la pensée de donner un pendant à cette œuvre et d’opposer, dans un contraste pittoresque, le rimeur bourgeois au poète aristocratique, le meistersinger au minnesoenger, il dut songer tout d’abord à consulter le bouquin de Wagenseil que peut-être, il avait feuilleté déjà d’un doigt frémissant et parcouru d’un regard curieux, avec le flair du chercheur lancé sur une bonne piste.

1896. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 novembre 1885. »

Involontairement nous songeons à une autre œuvre du même auteur, qui se rapporte au même cycle de légendes, mais conçue dans la force de la jeunesse, comme un rêve de poésie et comme une véritable inspiration.

1897. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1882 » pp. 174-231

Un romancier, qui avait entendu parler de lui, songea à l’étonner, et lui demanda à se confesser.

1898. (1888) La critique scientifique « La critique scientifique — Analyse sociologique »

A Rome de même, — il est presque oiseux de le dire, — il existait tout un peuple divers, des antagonismes profonds de clan, de famille, de partis, d’individus, qui font que l’on peut concevoir du « Romain » les idées les plus diverses, selon qu’on songe à tel ou tel parmi ceux qui portaient ce nom, à Appius ou à Gracehus, à Scipion ou à Caton, à Sylla ou Marius, à César ou à Cicéron.

1899. (1856) Cours familier de littérature. I « Ve entretien. [Le poème et drame de Sacountala] » pp. 321-398

Songe, mon enfant, que, dans la route inégale de la vie, la plus mâle fermeté se trouve souvent exposée aux plus rudes épreuves, et que, de les surmonter, c’est en cela que consiste la vertu.

1900. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre X : De la succession géologique des êtres organisés »

Il faut encore songer qu’une somme considérable de modifications a dû avoir lieu pendant les longs intervalles négatifs qui ont séparé les formations successives.

1901. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre XII : Distribution géographique (suite) »

. — Dans ces deux chapitres, j’ai essayé de montrer que, si nous tenons compte de notre ignorance quant aux effets si divers que peuvent avoir produits les changements de climat ou les oscillations de niveau du sol qui ont certainement eu lieu depuis une période récente, et de tous les autres changements qui peuvent s’être opérés pendant le même temps ; si nous nous souvenons encore combien nous savons peu de chose des nombreux moyens de transports occasionnels, parfois si extraordinaires, qui existent, et qui offrent un sujet inépuisable d’investigations et d’expériences qui n’ont pas encore été convenablement tentées ; si nous songeons combien il peut être arrivé souvent qu’une espèce se soit étendue sur de vastes régions continues, et qu’elle se soit ensuite éteinte dans quelques stations intermédiaires ; il ne reste plus de difficulté insurmontable qui empêche d’admettre que tous les individus de la même espèce, en quelque lieu qu’ils vivent actuellement, ne soient descendus des mêmes parents.

1902. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Joseph de Maistre »

. — Mais, à chaque instant, des vues lumineuses et de haute politique générale sillonnent le sujet et élargissent les horizons : « Il est bon, dit le publiciste, en tout ceci purement judicieux, qu’une quantité considérable de nobles se jette dans toutes les carrières en concurrence avec le second ordre ; non-seulement la noblesse illustre les emplois qu’elle occupe, mais par sa présence elle unit tous les états, et par son influence elle empêche tous les corps dont elle fait partie de se cantonner… C’est ainsi qu’en Angleterre la portion de la noblesse qui entre dans la Chambre des communes tempère l’âcreté délétère du principe démocratique qui doit essentiellement y résider, et qui brûlerait infailliblement la Constitution sans cet amalgame précieux. » Et plus loin : « Observez en passant qu’un des grands avantages de la noblesse, c’est qu’il y ait dans l’État quelque chose de plus précieux que l’or187. » Il raille de ce bon rire, qui s’essaye d’abord comme en famille, ses compatriotes devenus les citoyens tricolores, et se moque des raisonnements sur les assignats : « Lorsque je lis des raisonnements de cette force, je suis tenté de pardonner à Juvénal d’avoir dit en parlant d’un sot de son temps : Ciceronem Allobroga dixit 188 ; et à Thomas Corneille d’avoir dit dans une comédie en parlant d’un autre sot : Il est pis qu’Allobroge. » Mais déjà il passe à tout moment la frontière et ne se retient pas sur le compte de la grande nation : « Quand on voit ces prétendus législateurs de la France prendre des institutions anglaises sur leur sol natal et les transporter brusquement chez eux, on ne peut s’empêcher de songer à ce général romain qui fit enlever un cadran solaire à Syracuse et vint le placer à Rome, sans s’inquiéter le moins du monde de la latitude. […] Songeons que l’épithète de très-bon est nécessairement attachée à celle de très-grand  ; et c’est assez pour nous : nous comprendrons que sous l’empire de l’Être qui réunit ces deux qualités, tous les maux dont nous sommes les témoins ou les victimes ne peuvent être que des actes de justice ou des moyens de régénération également nécessaires.

1903. (1932) Les deux sources de la morale et de la religion « L’obligation morale »

Qu’on songe à ce qu’il entrait de fierté, en même temps que d’énergie morale dans le « Civis sum romanus » : le respect de soi, chez un citoyen romain, devait se confondre avec ce que nous appellerions aujourd’hui son nationalisme. […] Qu’on songe à tout ce qu’il y a de déférence pour autrui dans ce qu’on appelle amour de soi, et même dans la jalousie et l’envie !

1904. (1886) Le roman russe pp. -351

L’auteur de la Chartreuse de Parme ne songeait guère à faire souche littéraire ; et je ne sais si ce quinteux eût avoué la famille posthume qui lui est survenue. […] Je ne puis songer à passer en revue les types innombrables créés par Gogol : foule qui monte de tous les points de l’horizon, et dont chaque figure se grave dans notre mémoire par des traits et des gestes originaux. […] Et, plus loin encore, qui s’égare dans un songe trop beau ? […] Peut-être songe-t-il que trente ans auparavant, ces âmes serves et mortes étaient les héros de 1812 ; que, sans rien demander ni espérer, par un exemple unique dans l’histoire, ces esclaves ont libéré la patrie envahie, arrosé de leur sang la glèbe où on les retenait attachés. […] Loukéria raconte encore ses mauvais rêves, comment sa mort lui est apparue en songe : non pas que sa mort fût effrayante, au contraire, c’est qu’elle s’éloignait et refusait la délivrance.

1905. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Livre troisième. La connaissance de l’esprit — Chapitre premier. La connaissance de l’esprit » pp. 199-245

Toutes ces conditions se rencontrent dans le rêve ; c’est pourquoi nous avons en songe non seulement des perceptions extérieures fausses, mais encore des souvenirs faux68.

1906. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Livre quatrième. La connaissance des choses générales — Chapitre premier. Les caractères généraux et les idées générales. » pp. 249-295

. — Nous formons ainsi des collections d’unités mentales sans songer à les adapter aux collections d’unités réelles. — Ultérieurement et à l’expérience, toute collection d’unités réelles se trouve adaptée à une collection d’unités mentales. — Exemples. — Nos nombres sont des cadres préalables.

1907. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLVe entretien. Examen critique de l’Histoire de l’Empire, par M. Thiers (2e partie) » pp. 177-248

Comment pouviez-vous songer à vous réconcilier avec lui, et à le ramener en France ?

1908. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLVIIe entretien. Littérature latine. Horace (1re partie) » pp. 337-410

Malgré l’exemple de son père, il ne songea pas à se donner une épouse honnête et des enfants.

1909. (1861) Cours familier de littérature. XI « LXVe entretien. J.-J. Rousseau. Son faux Contrat social et le vrai contrat social (1re partie) » pp. 337-416

Pauvre femme, qui aime en songe un idéal d’innocence sous les traits d’un enfant abandonné et recueilli par elle, et qui, à son réveil, reconnaît qu’elle a réchauffé et allaité un monstre qui la dévore et qui la souille !

1910. (1864) Cours familier de littérature. XVIII « CVIIe entretien. Balzac et ses œuvres (2e partie) » pp. 353-431

Le père ne songea qu’à se prémunir contre la fille ; il lui soutira une renonciation de tous les biens maternels, et lui promit une pension de 1 200 francs.

1911. (1865) Cours familier de littérature. XX « CXVIIe entretien. Littérature américaine. Une page unique d’histoire naturelle, par Audubon (1re partie) » pp. 81-159

Je songeai à ma situation précaire, à mon isolement dans un pays où je n’avais pas un seul ami, à ce désert peuplé d’hommes inconnus, peut-être hostiles.

1912. (1866) Cours familier de littérature. XXI « CXXIIIe entretien. Fior d’Aliza » pp. 177-256

Libres l’un et l’autre, rien ne nous empêchait de songer à nous unir, si nos deux familles consentaient à notre union.

1913. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLIIIe entretien. Madame de Staël. Suite. »

« Le lendemain samedi, 23 mai 1812, à deux heures après midi, je montai dans ma voiture en disant que je reviendrais pour dîner ; je ne pris avec moi aucun paquet quelconque ; en descendant l’avenue de Coppet, je m’évanouis ; ma fille me prit la main et me dit : « Ma mère, songe que tu pars pour l’Angleterre, le pays de la liberté. » À Berne, mon fils me quitta, et, quand je ne le vis plus, je pus dire comme lord Russel : « La douleur de la mort est passée. » Après avoir traversé l’Allemagne et la Pologne, elle se rendit en Russie pendant que Napoléon marchait avec un million d’hommes sur Moscou.

1914. (1913) Les antinomies entre l’individu et la société « Chapitre II. L’antinomie psychologique l’antinomie dans la vie intellectuelle » pp. 5-69

Certes personne ne songe à contester l’importance du langage dans l’évolution de l’intelligence comme instrument d’élucidation des idées.

1915. (1890) L’avenir de la science « III » pp. 129-135

J’ai souvent songé que ce type (haute fierté intellectuelle, jointe aux faiblesses les plus féminines) pourrait servir de sujet à un roman psychologique.

1916. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XVI. La littérature et l’éducation publique. Les académies, les cénacles. » pp. 407-442

Elle ne ressemblait en rien à celle qu’on peut trouver de nos jours dans les chaires des Facultés protestantes ; elle ne recourait pas à l’étude des textes originaux ; elle ne songeait point à les interpréter en suivant leur genèse et leur histoire à travers les siècles.

1917. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 juin 1885. »

Il donna des concerts, où furent exécutés divers fragments, et il songea à faire représenter, intégralement, Tristan.

1918. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 juillet 1885. »

Car, si l’on y songe, les auteurs de Sigurd ont pris une responsabilité assez lourde pour que le succès auquel ils s’attendent ne parvienne pas à les justifier.

1919. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre cinquième. Principales idées-forces, leur genèse et leur influence — Chapitre deuxième. L’idée de l’espace. Son origine et son action »

En réalité il ne songe nullement à imiter la mort ; mais la crainte, en produisant une sorte de paralysie, l’empêche d’être aperçu par son ennemi ; son immobilité le sauve.

1920. (1886) Quelques écrivains français. Flaubert, Zola, Hugo, Goncourt, Huysmans, etc. « Gustave Flaubert. Étude analytique » pp. 2-68

Et la vie passe sur elles ; de petits incidents ont lieu : la bêtise d’une république succède à la niaiserie d’une royauté ; quelques années de vie de province s’écoulent en vides propos et minces occurences ; des entreprises sont tentées auprès d’elles, réussissent ou échouent sans qu’il leur importe, et dans ce plat chemin qui les conduit et tous à une formidable halte, elles ne sentent intensément que le malheur de songer à leur sort.

1921. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre premier. Le Moyen Âge (842-1498) » pp. 1-39

La préoccupation du présent les absorbe tous tout entiers ; et aussi bien le conçoit-on si l’on songe en quel temps ils vivent.

1922. (1840) Kant et sa philosophie. Revue des Deux Mondes

Comme toute révolution, celle-là devait donc proclamer l’absurdité de tout ce qui avait précédé, sans quoi il n’aurait fallu songer qu’à améliorer, et non pas à tout détruire pour tout renouveler.

1923. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre I : Variations des espèces à l’état domestique »

Burgess est si grande, qu’ils ont toute l’apparence de deux variétés tout à fait distinctes. » S’il existe des sauvages assez intelligents pour ne jamais songer à modifier les caractères héréditaires de leurs animaux domestiques, néanmoins ils conserveraient avec plus de soin, pendant les famines et d’autres fléaux auxquels ils sont si fréquemment exposés, tout animal qui leur serait particulièrement utile, de quelque manière que ce fût.

1924. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Robert » pp. 222-249

On ne songe pas à l’art, on admire, et c’est de l’admiration même que l’on accorde à la nature.

1925. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Edgar Poe »

… Il n’y a qu’un Américain, en effet, qui ait pu songer à mêler aux fils brouillés de sa fiction les calculs mathématiques et les probabilités de la science expérimentale.

1926. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Deuxième partie. — Chapitre XVIII. »

Tout ce qui songe que tu existes élève, même dans le silence, un hymne vers toi.

1927. (1910) Victor-Marie, comte Hugo pp. 4-265

Dans cette vue la race elle-même, la race d’Israël culmine, comme un arbre de vie, s’achève, culmine à produire elle-même charnellement Dieu : Et ce songe était tel, que Booz vit un chêne Qui, sorti de son ventre, allait jusqu’au ciel bleu ; Une race y montait comme une longue chaîne ; Un roi chantait en bas, en haut mourait un dieu. […] Voici à présent la première des deux, le premier essai, le premier modèle de la même structure, de la même charpente exactement ; l’autre avant-dernière, la première avant-dernière : Comme dormait Jacob, comme dormait Judith, Booz, les yeux fermés, gisait sons la feuillée ; Or, la porte du ciel s’étant entre-bâillée Au-dessus de sa tête, un songe en descendit. […] Puis de part et d’autre un morceau d’un vers et demi qui de part et d’autre crée une première suspension, un premier degré, dans la suspension, une première attente : Le croissant fin et clair parmi ces fleurs de l’ombre Brillait à l’occident, Or, la porte du ciel s’étant entre-bâillée Au-dessus de sa tête,   Enfin la pierre angulaire d’un demi-vers qui crée une nouvelle attente, qui met, qui tient, qui laisse tout en suspens, en attente au deuxième degré :                              et Ruth se demandait,                              un songe en descendit. […] Seigneur, songez-vous en vous-même Combien ce mot cruel est affreux quand on aime ?

1928. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Alfred de Vigny. »

— c’est alors, dis-je, que ces académiciens de nos amis songèrent à promettre leur prochain concours à la nomination du poète : notre propre nomination à nous-mêmes en devenait plus assurée.

1929. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Théocrite »

On voit qu’à un certain moment, revenu en Sicile, il songea pour sa fortune à se tourner vers Hiéron de Syracuse.

1930. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Deuxième partie. — L’école critique » pp. 187-250

Vous avez sur l’Europe un avantage, vous goûtez Aristophane ; vous le goûtez à force d’intelligence et de science ; car j’ose dire que ce n’est plus un goût naturel, et si l’on représentait aujourd’hui ses pièces à Londres, à Paris ou même à Berlin, j’imagine que le public serait trop étonné pour songer à se divertir.

1931. (1858) Cours familier de littérature. V « XXXe entretien. La musique de Mozart (2e partie) » pp. 361-440

XVI Bientôt après il écrivit, pour un autre théâtre d’Allemagne, la Flûte enchantée, musique arcadienne qui est à la musique ce que le Songe d’une nuit d’été de Shakespeare est à la poésie, une rêverie entre ciel et terre, une coupe d’opium divin qui endort l’âme dans la couche des nuages.

1932. (1859) Cours familier de littérature. VII « XLIIe entretien. Vie et œuvres du comte de Maistre » pp. 393-472

Bonaparte n’a pas voulu m’entendre ; si vous y songez bien, vous verrez que c’est une preuve certaine que j’avais bien pensé.

1933. (1861) Cours familier de littérature. XI « LXIIe entretien. Cicéron » pp. 81-159

Elle est le songe du matin des grandes vies ; elle contient en ombres toutes les réalités futures de l’existence ; elle remue les fantômes de toutes choses avant de remuer les choses elles-mêmes ; elle est le prélude des pensées et le pressentiment de l’action.

1934. (1862) Cours familier de littérature. XIV « LXXXe entretien. Œuvres diverses de M. de Marcellus (3e partie) et Adolphe Dumas » pp. 65-144

Elle s’étonne de ce songe et se hâte de traverser ses appartements pour le dire à ses parents, son père chéri et sa mère.

1935. (1864) Cours familier de littérature. XVIII « CVe entretien. Aristote. Traduction complète par M. Barthélemy Saint-Hilaire (3e partie) » pp. 193-271

Il est bien clair que le phénomène a précédé la notion, et si le philosophe n’avait mille fois senti le mouvement dans le monde extérieur, il est à croire qu’il n’aurait jamais songé à l’analyse d’une notion qu’il n’eût point possédée.

1936. (1865) Cours familier de littérature. XX « CXVIIIe entretien. Littérature américaine. Une page unique d’histoire naturelle, par Audubon (2e partie) » pp. 161-239

Dans l’après-midi du jour suivant, ses visites au chaume cessèrent ; il ne fit plus que voltiger et fredonner autour de son ouvrage, et, par ses chants prolongés et continuels, semblait plutôt se féliciter de ses progrès, que songer, pour le moment, à les pousser plus loin.

1937. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « VIII »

Car la seule phrase dans tous les écrits de Wagner sur laquelle on puisse songer à l’appuyer est celle que je viens de citer ; en effet, c’est ce qu’on a tenté.

1938. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre cinquième. Principales idées-forces, leur genèse et leur influence — Chapitre cinquième. Genèse et action des principes d’identité et de raison suffisante. — Origines de notre structure intellectuelle »

C’est trop songer à la représentation en oubliant la volonté.

1939. (1909) De la poésie scientifique

Leconte de Lisle avait souhaité en la Préface de ses premiers Poèmes antiques que le Poète reprît son rôle ancien d’éducateur de l’humanité  « La Poésie aura un jour à compter avec la Science », écrivait Zola  Spencer, donnant Gœthe en exemple, avait songé cette ; alliance  Taine a prévu la possibilité d’une métaphysique moderne… « On reconnaîtra-que le vaste système-évolutionniste devait être à son tour interprété esthétiquement et que vient à son heure, en tant que conception actuelle du monde, le poème de M. 

1940. (1887) Journal des Goncourt. Tome II (1862-1865) « Année 1864 » pp. 173-235

Le petit-cousin parti, nous avons songé à la marche de l’amour dans nos trois générations.

1941. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1874 » pp. 106-168

Je songe, en dégustant ces succulences, avec le respect qu’on a pour ces choses d’art, quelle nation nous avons été, quel paradis est la France, et quels sauvages sont nos vainqueurs.

1942. (1894) Journal des Goncourt. Tome VII (1885-1888) « Année 1887 » pp. 165-228

Mercredi 19 janvier Avoir en portefeuille La Patrie en danger, cette pièce, la première pièce vraiment documentée historiquement sur la Révolution, cette pièce dont le premier acte est une mise en scène si révélatrice du dix-huitième siècle, cette pièce dont le cinquième acte, par le tragique de la vie des prisons d’alors, est plus dramatique que les tableaux les plus dramatiques de Shakespeare, — et l’avoir en portefeuille cette pièce, au su de tous les directeurs, en quête d’une pièce pour l’anniversaire de 1789, sans qu’aucun songe à vous la demander, c’est vraiment pas de chance !

1943. (1885) La légende de Victor Hugo pp. 1-58

Alors il couvrait de décorations sa poitrine rayonnante d’aigles d’or et d’argent10. » En ces temps il songeait fort peu à la Vendée et à ses vierges martyres, à Henri IV et aux vertus des rois légitimes : Napoléon le possédait tout entier ; et oubliant les jeux de l’adolescence, il étudiait ses campagnes, et suivait sur la carte, la marche de ses armées.

1944. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « XVIII. J.-M. Audin. Œuvres complètes : Vies de Luther, de Calvin, de Léon X, d’Henri VIII, etc. » pp. 369-425

Il était pâle alors, un peu ridé, mais vert, l’œil noir, pensif et lucide, et ses cheveux, coupés très court, blancs et lisses, faisaient songer à un buste, — à ce buste qu’il n’a pas encore, lorsque par ce temps de démocratie orgueilleuse, où nous avons encanaillé jusqu’au marbre, il n’est pas de marché aux chevaux de village qui ne se hérisse de la statue de son grand homme ignoré.

1945. (1907) L’évolution créatrice « Chapitre IV. Le mécanisme cinématographique de la pensée  et l’illusion mécanistique. »

C’est pour avoir coupé toute attache entre les deux termes que les philosophes furent conduits à établir entre eux un parallélisme rigoureux, auquel les anciens n’avaient pas songé, à les tenir pour des traductions, et non pas des inversions l’un de l’autre, enfin à donner pour substrat à leur dualité une identité fondamentale. […] Dès lors, il ne pouvait plus songer à découper l’intelligence en elle, ni par conséquent à retracer la genèse de l’entendement et de ses catégories.

1946. (1898) Introduction aux études historiques pp. 17-281

D’autre part, l’application des méthodes rationnelles entraîne, en certains cas, une dépense formidable de temps et de travail : songez qu’il y a une telle œuvre dont on possède plusieurs centaines d’exemplaires non identiques ; que les variantes indépendantes de tel texte médiocrement étendu (comme les Évangiles) se comptent par milliers ; que des années de travail seraient nécessaires à un homme très diligent pour préparer une « édition critique » de tel roman du moyen âge. […] Personne ne songerait à chercher les vrais sentiments d’un homme dans les assurances de respect qu’il écrit à la fin de ses lettres. […] Dans toutes les sciences d’observation directe, quand même on n’y a pas songé d’avance, les faits observés suggèrent des questions et obligent à les préciser.

1947. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Gabriel Naudé »

Lui qui a tant songé à sauver les autres de l’oubli, il est de ceux, et des plus regrettables, qui sont en train de sombrer dans le grand naufrage.

1948. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre deuxième. Les mœurs et les caractères. — Chapitre I. Principe des mœurs sous l’Ancien Régime. »

En moyenne, ses déplacements exigent par an un demi-million et davantage162  Pour achever de concevoir ce prodigieux attirail, songez que « des artisans et marchands de tous les corps d’état sont obligés, par leur privilège, de suivre la cour » dans ses voyages, afin de la fournir sur place : « apothicaires, armuriers, arquebusiers, bonnetiers-vendeurs de bas de soie et de laine, bouchers, boulangers, brodeurs, cabaretiers, carreleurs de souliers, ceinturiers, chandeliers, chapeliers, charcutiers, chirurgiens, cordonniers, corroyeurs-baudroyeurs, cuisiniers, découpeurs-égratigneurs, doreurs et graveurs, éperonniers, épiciers-confituriers, fourbisseurs, fripiers, gantiers-parfumeurs, horlogers, libraires, lingers, marchands-vendeurs de vin en gros et en détail, menuisiers, merciers-joailliers-grossiers, orfèvres, parcheminiers, passementiers, poulaillers-rôtisseurs et poissonniers, proviseurs de foin, paille et avoine, quincailliers, selliers, tailleurs, vendeurs de pain d’épice et d’amidon, verduriers-fruitiers, verriers et violons163 ».

1949. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCIIIe entretien. Vie du Tasse (3e partie) » pp. 129-224

Et cela sera ainsi, je l’espère, car je vous jure, sur mon honneur, qu’il n’y a personne au monde qui vous persécute ou qui songe seulement à vous nuire ou à vous menacer ; mais, au contraire, chacun vous aime et désire ardemment que vous viviez….

/ 2008