La même diversité se retrouve dans ses écrits, où il y a un peu de tout : roman, histoire, récits de voyages, travaux d’érudition. […] Il avait beau le rejeter, le brillant haillon se retrouvait tout à coup sur ses épaules. […] Il a retrouvé un petit peigne cassé qui avait servi à George Sand, et il va partout avec ce débris dans sa poche. […] Mais si tu renonces à la vie, si tu te retrouves jamais seule en face du malheur, rappelle-toi le serment que tu m’as fait, ne meurs pas sans moi. […] Tous mes amis… sont venus me voir… J’ai éprouvé un grand plaisir à me retrouver là.
Il n’est jamais souhaitable que le pouvoir soit trop longtemps exercé en son nom, mais, dans l’alternance des partis au pouvoir, elle trouve sa place et retrouve toujours son heure. […] À des points de vue différents, Stendhal et Flaubert retrouveraient là, également, un grand sujet. […] Augustin Cochin, historien de la Révolution, a créé un mot qui mérite de rester : celui de « sociétés de pensée », ces sociétés de pensée dont Cochin retrouve l’eau-mère dans le cours même de la Révolution. […] vivement la fin de la guerre, pour qu’on la retrouve, la vraie vie militaire — ?! […] Je sais, au temps de Combes, des radicaux clairvoyants qui discernaient un néo-cléricalisme dans le socialisme, comme, dans la religion de Jean-Jacques, Voltaire retrouvait le principal de ce qu’il combattait.
On dirait, ma parole, d’un Eden retrouvé, puéril, frais, chaste et néanmoins quelque peu sévère, ce qu’il fallait, je pense. […] J’en retrouve quelques-uns dans mes papiers, que je voudrais pouvoir citer entièrement, mais dont plusieurs passages sont peut-être un peu trop… printaniers : À MADAME ***. […] » Et à moi : « Enfin, vous avez retrouvé vos yeux, méchant ! […] Il a récité de beaux vers de cette admirable créature, de si beaux vers qu’il est trop commode aux sots d’en sourire et très bon aux poètes de s’y retrouver, enfin ! […] Aussi c’est le fait d’être un conte, tragique, grotesque, philosophique ou fantastique, attribut particulier au drame Shakespearien, qui le rend perpétuellement amusant, d’autant plus que, bien entendu, la grille du maître s’y retrouve toujours.
Mais après la naissance de l’enfant, des parents se chargèrent du petit, et elle commença un voyage de dix mille kilomètres pour retrouver son mari. […] On le retrouve partout où il y a du sang et des larmes. […] Et il ne se retrouvait heureux, il ne se retrouvait lui-même que dans les villes, parmi les hommes vivants, entre les maisons pleines de vivants ! […] Leurs cœurs nous étaient un sûr asile, et une hospitalité merveilleuse, que nous ne retrouverons plus. […] … tu es toujours le même… Tu n’as pas changé… — Toi non plus, répliquai-je… Je te retrouve aussi joli garçon.
Jusque dans ses égarements on retrouve les titres de sa noblesse. […] Celui qui croit ne l’avoir confiée qu’à l’oreille de quelques amis la retrouve avec effroi dans son village : elle l’a devancé et l’attend à la porte de son château avec des faux et des torches. […] Il retrouve sous les fables du paganisme les idées primitives oubliées déjà, et, comme l’empereur Julien, il le ramène à ses origines. […] C’était l’esprit français qui hésitait à se reconnaître en lui, qui avait cru se retrouver dans les représentations de Mlle Rachel, et qui se retrouvait mieux encore dans l’éloquence politique de Lucrèce et le rire étincelant de La Ciguë. […] Retrouvera-t-on un jour, dans un même talent, cet art de l’homme et ce cœur de la femme, cette double nature à laquelle arrivait Mme Émile de Girardin ?
Et la chasse était amusante, parce que dans l’éparpillement de la correspondance, il retrouvait dans une boutique la fin d’une lettre, dont il avait découvert le commencement dans la boutique d’à côté, et il éprouvait une vraie joie, un jour, de réempoigner chez un épicier éloigné, le milieu de la lettre que le savetier était en train de chiffonner. […] Jeudi 13 juin Ce soir, je retrouve Daudet, de retour de Lamalou, avec du sang sous la peau. […] Vendredi 5 juillet On l’a retrouvé, mon pauvre hérisson, à quelques pas de l’endroit, où il était venu faire ses adieux à la maison. […] En le regardant, je retrouvais mes gais départs pour les vacances en province, la sortie victorieuse de Paris à grandes guides par les rues étroites, le sautillement des croupes blanches devant les vitres du coupé, les relais retentissants du bruit de la ferraille, les villages et leurs pâles vivants, traversés dans le crépuscule, au galop. […] C’est un espèce de Chemin de la Croix, en plus de cent cinquante pastels, exécutés de la manière la plus exacte, d’après les indications des religieux du pays, et vous donnant ainsi que des photographies, les petits sentiers d’oliviers où a dû passer le Christ, avec là-dedans, des bonshommes indiqués dans les Évangiles, de telle profession, de telle localité, retrouvés dans le type général des gens de ce temps-ci de la même profession, et de la même localité, où le peintre s’est transporté.
Dans cet exemple même, nous retrouvons le caractère intrinsèque qui conditionne, en fait, la fonction de signe ; pour vous et pour moi, la fleur est une sensation, un état fort, tandis que son nom est une parole intérieure, un état notablement plus faible ; voilà pourquoi la fleur est devenue un signe ; renversez ce rapport et que le mot devienne le plus fort des deux termes associés, aussitôt il reprendra son rôle de signe, et la fleur sera l’idée, la chose signifiée. […] Nous avons déjà remarqué [§ 8] que le souvenir, même immédiat et sans intervalle d’oubli, est en raison directe de l’intensité de l’état dont on se souvient ; pour des états très faibles, le souvenir est impossible ; les traits spécifiques d’une idée, présents un court instant à la conscience, peuvent être alors suffisamment distincts pour satisfaire l’esprit et lui permettre de passer sans remords à une autre idée, sans pourtant l’être assez pour que, l’instant suivant, l’attention, s’attachant à l’idée qui vient de fuir, les retrouve et les reconnaisse296. […] Nous étions donc en droit de dire que les traits spécifiques des idées, qui n’échappent pas à la conscience, échappent au souvenir, et même à la remémoration réfléchie et analytique ; en effet, fussent-ils renforcés et bien distincts lorsqu’ils reparaissent dans le cours de la remémoration, ils ne sont pas des souvenirs, du moment que l’esprit qui se répète ignore qu’il se répète ; le second fait est l’image du premier, image complète et, de plus, ravivée ; mais l’esprit ne retrouve même pas dans le second tout le premier, et ainsi le souvenir embrasse moins que ne faisait la conscience. […] Si alors le suscité, par sa nature propre ou grâce à l’attention qui lui est accordée, n’est pas atteint par l’habitude négative, il viendra un moment où la cause ne pourra plus être révélée que par son effet, où la connaissance de la loi qui réunit les deux phénomènes, jointe à la conscience distincte du second, pourra seule nous conduire à supposer l’existence du premier, puis à en retrouver quelques traces dans le souvenir. […] L’esprit d’analyse et l’esprit d’examen ne sont que des variétés de l’esprit d’invention : pour confirmer le bon sens, il faut le retrouver soi-même ; pour infirmer le préjugé, il faut le penser à nouveau, dans son vrai sens et sous toutes ses faces, en regard des objections qu’il soulève.
Dans les héros de Shakespeare, je retrouve à la fois l’homme que je suis et l’homme que j’aimerais à être ; mais je n’ai pas la même ressource avec les héros de Calderon. […] On ne les a jamais vus auparavant, et on ne les retrouvera jamais plus. […] Il n’y a jamais eu qu’un Polonius dans le monde, et la nature qui le créa dans une de ses heures de fantaisie confuse ne retrouvera jamais cette bizarre et incomplète inspiration. […] Shakespeare n’a pas eu besoin d’inventer Hamlet, il existait de son temps, et il est facile de retrouver en sa personne bien des traits des gentilshommes anglais de l’époque. […] J’éprouve même une recrudescence d’affection pareille à celle que l’on ressent au retour d’un ami absent depuis longues années et qu’on retrouve tel qu’on l’avait aimé autrefois.
Pour retrouver une semblable accumulation de souvenirs mythologiques, c’est à Ronsard tout justement qu’il faut que l’on remonte, jusqu’à l’ode fumeuse Au chancelier de l’Hospital. […] On ne saurait être plus insouciant, plus détaché de son propre ouvrage ; — et n’est-ce pas d’abord ce qu’oublient tous ceux qui réduisent la « philosophie » de Bossuet tout entière au peu qu’ils en retrouvent dans ses écrits philosophiques ? […] Est-ce pour ce motif que, si l’idée s’en retrouve dans l’Augustinus de Jansénius et dans les Pensées de Pascal, comme étant inséparable de l’idée de Dieu, je ne me rappelle pas que le nom s’y en rencontre une seule fois ? […] N’a-t-on pas retrouvé, dans un sermon de cette époque — Sur la bonté et la rigueur de Dieu, — le dessin un peu grêle, mais aisément reconnaissable de la deuxième partie du Discours sur l’histoire universelle ? […] Mais ce que je puis dire, c’est que l’on retrouve dans ses Éloges l’auteur de ses Lettres galantes et de ses Pastorales.
Ce fut pour lui l’occasion de retrouver les officiers et l’équipage du Consolateur. […] Il n’aurait pas été content. » À Moscou, on retrouva Rachmed. […] Pour retrouver les sujets de Ramsès II, M. […] Il retrouvera, dans un monde meilleur, les personnes qu’il a aimées. […] On retrouve, dans ce nouveau poème, la grâce ingénieuse et touchante de Tobie et de Noël.
On l’avait quitté pamphlétaire, il se révèle idéologue ; — faiseur de bons mots, on le retrouve un grand et mâle prosateur. […] Enfin l’une et l’autre de ces théories s’appuyaient sur une instinctive intuition de la Nature qui se retrouve dans le fond de tout optimisme. […] Toutes périphrases au fond desquelles se retrouve la vieille conception utilitaire. […] Il y faut cette sorte de sentiment tout voisin du mysticisme qui se retrouve au fond des grandes extases religieuses ou amoureuses. […] Il y a une saveur d’originalité profonde dans ces essais pour ainsi dire hors cadre, et cette saveur se retrouve dans les récits d’histoire de M.
Ce n’est pas toutefois que cette idée lui appartienne uniquement ; et au contraire on la retrouverait chez presque tous les contemporains. […] Il a fait mieux, ou pis : il s’est méconnu dans Descartes et dans Bayle pour ne se retrouver que dans Locke et dans Bacon. […] Et puisque c’est ainsi partout, entre l’esprit classique ou l’esprit encyclopédique, la même irréductible opposition ou la même contradiction qui éclate, n’est-il pas assez naturel que nous la retrouvions encore dans la littérature ? […] On discute encore quelquefois l’inutile question de savoir qui des deux, de Diderot ou de Rousseau, a comme qui dirait le premier « retrouvé » cette idée de « nature », contre laquelle trois ou quatre générations d’écrivains et de penseurs avaient jusqu’à eux si vigoureusement réagi ? […] Les Élégies de Chénier sont d’un plus grand poète que celles du chevalier de Parny, mais elles sont bien de la même famille ; et d’un tour, à la vérité plus latin et plus grec ; — mais cependant marquées aux mêmes signes ; — quand encore on n’y retrouve pas des traits de P.
L’inspiration est donc impersonnelle à l’artiste et ne lui appartient pas ; pour l’avoir possédée une heure, un jour, des années entières, il n’est pas sûr de la retrouver le lendemain. […] Le nom de strophe, encore actuellement appliqué aux divisions d’un morceau de poésie lyrique, est un vestige de cette forme ancienne usitée encore longtemps après Pindare et qui se retrouve dans les tragédies grecques. […] Dans la poésie hébraïque, la plus ancienne qui nous soit connue avec celle de l’Inde, l’érudition n’a pu encore déterminer et retrouver les conditions du vers. […] En admettant néanmoins cette dernière hypothèse, nous verrions donc coexister dans le langage des anciens hymnes de l’Inde, la prose pure, le vers et cette forme encore inexpliquée du langage que nous retrouvons dans les psaumes hébreux. […] La confusion de ce qui doit rester distinct, la négation de toute hiérarchie, la révolte des sens contre l’esprit, les théories d’égalité et d’identité absolue, voilà le principe que l’on retrouve dans toutes les maladies de notre temps.
Je ne sais par quel hasard inespéré il s’est rencontré dans les chœurs quelques strophes vraiment lyriques ; je soupçonne qu’on en pourrait retrouver la trace dans Kalidâsi. […] Il retrouve don Juan chez dona Florinde, et il ne songe pas à lui demander compte de sa fuite. […] Ç’a été pour moi une agréable surprise de retrouver dans le nouvel ouvrage de l’illustre académicien les images et les antithèses applaudies il y a dix-huit ans. […] Il a imprimé aux rimes une richesse oubliée depuis Ronsard, au rythme et aux césures des habitudes perdues depuis Régnier et Molière, et retrouvées studieusement par André Chénier. […] À ces conditions, peu à peu les sens épuisés reprendront leur activité première, les désirs éteints se ranimeront, le regard, en se baignant dans l’ombre, retrouvera sa clarté.
Mais le sang pulmonaire, qui ne peut faire disparaître qu’une certaine proportion du sucre, laissera passer le reste avec le sang artériel, dans lequel vous pourrez alors en retrouver. […] J’ai retrouvé ce sucre en partie à cet état dans le sang de la veine porte. […] On voit aussi que le sucre de foie est celui dont on peut injecter les plus grandes quantités sans qu’on le retrouve dans les urines. […] Par la même raison, si l’on injecte la substance directement dans le sang, et en trop grande quantité à la fois, il est clair qu’on la retrouvera dans les urines. […] Dans ces conditions, à peu près tout le sucre versé par le foie disparaît dans le poumon et l’on en retrouve à peine des traces dans le système artériel et dans le système veineux général.
Il a publié un volume de vers, dans lequel on retrouve surtout des impressions éparses déjà dans ses précédents écrits, et ses vers ont été aussi lus que ceux de n’importe quel poète de sa patrie déjà connu. […] Dans les pays non civilisés, on le retrouve encore décidé à ne regarder que ce qui flatte sa vue, à glisser sur le reste. […] Peut-être même ce contraste l’a-t-il servi : le fait est que son tableau de la Hollande est d’une exactitude de proportions et d’une sûreté de lignes qu’on ne retrouve qu’en partie dans ses autres voyages. […] En revanche, on retrouve en M. de Amicis un peintre de race, un miniaturiste charmant, dès qu’il enchâsse dans un cadre restreint une vue particulière, dès qu’il s’applique à une étude de détail. […] Leur première liaison fut de courte durée ; et ce fut seulement deux ou trois ans plus tard qu’ils se retrouvèrent à Turin et que s’engagea leur roman.
La vieillesse et la mort devraient mettre tous les hommes au désespoir bien plus que leurs chagrins particuliers ; mais on se soumet facilement à la condition universelle, et l’on se révolte contre son propre partage, sans réfléchir, que la condition universelle se retrouve dans chaque lot, et que les différences sont plus apparentes que réelles. […] Le goût des écrivains allemands pour l’esprit de système se retrouve dans presque tous les rapports de la vie ; ils ne peuvent se résoudre à vouer toutes les forces de leur âme aux simples vérités déjà reconnues ; on dirait qu’ils veulent innover en fait de sentiment et de conduite comme dans une œuvre littéraire. […] L’imagination se représente cette belle France qui nous accueillerait sous son ciel d’azur, ces amis qui s’attendriraient en nous revoyant, ces souvenirs de l’enfance, ces traces de nos parents que nous retrouverions ; à chaque pas ; et ce retour nous apparaît comme une sorte de résurrection terrestre, comme une autre vie accordée dès ici-bas ; mais si la bonté céleste ne nous a pas réservé un tel bonheur, dans quelques lieux que nous soyons nous prierions pour ce pays qui sera si glorieux, si jamais il apprend à connaître la liberté, c’est-à-dire, la garantie politique de la justice Notice sur Lady Jane Grey. […] Oh Guilford, oh mon époux, vous dont la noble figure est sans cesse présente à mon cœur, vous retrouverai-je, tel que vous êtes, parmi les anges dont vous étiez l’image sur la terre ?
Ils retrouvent leurs pareils jusque dans les figures de marbre et de bronze qui peuplent les allées et les bassins, jusque dans la contenance digne d’un Apollon, dans l’air théâtral d’un Jupiter, dans l’aisance mondaine et dans la nonchalance voulue d’une Diane ou d’une Vénus. […] Nulle privation plus intolérable ; on retrouve la trace de son chagrin jusque dans la protestation qu’il rédigera avant de partir pour Varennes : transporté dans Paris, sédentaire aux Tuileries, « où, loin de trouver les commodités auxquelles il était accoutumé, il n’a pas même rencontré les agréments que se procurent les personnes aisées », il lui semblera que sa couronne a perdu son plus beau fleuron. […] Jusque dans les grades secondaires, on retrouve ces habitudes somptueuses. […] Le plus rustre, auprès d’une femme, retrouve au fond de sa mémoire quelques débris de la galanterie chevaleresque.
Il faut la voir dans Rubens, il est le peintre et le poëte du climat plantureux et humide ; mais on la découvre aussi chez les autres, et, dans cette magnificence de Thompson, dans ce coloris surchargé, luxuriant, grandiose, on retrouve quelquefois la grasse palette de Rubens. […] Un plébéien génevois, protestant et solitaire, que sa religion, son éducation, sa pauvreté et son génie avaient mené plus vite et plus avant que les autres, vint dire tout haut le secret du public, et l’on jugea qu’il avait découvert ou retrouvé la campagne, la conscience, la religion, les droits de l’homme et les sentiments naturels. […] Un vif sentiment du paysage écossais, si grand, si froid, si morne, la pluie sur la colline, le bouleau qui tremble au vent, la brume au ciel et le vague de l’âme, en sorte que chaque rêveur retrouvait là les émotions de ses promenades solitaires et de ses tristesses philosophiques ; des exploits et des générosités chevaleresques, des héros qui vont seuls combattre une armée, des vierges fidèles qui meurent sur la tombe de leur fiancé, un style passionné, coloré, qui affecte d’être abrupt, et qui pourtant est poli, capable de charmer un disciple de Rousseau par sa chaleur et son élégance : il y avait de quoi transporter les jeunes enthousiastes du temps, barbares civilisés, amateurs lettrés de la nature, qui rêvaient aux délices de la vie sauvage en secouant la poudre que le perruquier avait laissée sur leur habit. […] Si M. de Lamartine lisait les odes de Gray et les réflexions d’Akenside, il y retrouverait la douceur mélancolique, l’art exquis, les beaux raisonnements et la moitié des idées de sa propre poésie.
Avec lui ne mourut pas un homme, mais une doctrine, qui ne disparut un moment que pour faire explosion dans le monde, lorsque plus tard Sylla vint s’emparer d’Athènes, et qu’ayant retrouvé les innombrables manuscrits d’Aristote, il les remit à des collecteurs de dépouilles opimes pour les transporter à Rome et en remplir, jusqu’à nos jours, l’univers. […] « Aujourd’hui même on retrouve dans quelques cités des traces de ce système, qui prouvent bien qu’il n’est pas impossible ; et, surtout dans les États bien organisés, où il existe en partie, où il pourrait être aisément complété. […] « Quant aux dissensions, aux procès et aux autres vices que Socrate reproche aux sociétés actuelles, j’affirme qu’ils se retrouveront tous, sans exception, dans la sienne. […] Le philosophe parfait se retrouve dans des considérations merveilleusement sagaces sur l’éducation générale des citoyens : « L’association politique étant toujours composée de chefs et de subordonnés, je demande si l’autorité et l’obéissance doivent être alternatives ou viagères.
Sauf ces quelques nuances, le fond est resté ce qu’il était ; les péripéties, les combinaisons, les types d’un usage éprouvé s’y retrouvent pour nous à l’état de vieilles connaissances ; et le but unique, le but suprême ; battre monnaie avec l’encrier, n’a fait que se préciser davantage. […] L’une des malheureuses victimes ouvre la bouche, elle va parler… Son regard prit une expression terrible et, d’une voix stridente, elle s’écria : — Demandez donc à la lionne ce qui se passe dans ses entrailles de mère quand, rentrant dans sa tanière, elle ne retrouve plus ses lionceaux, qu’on lui a pris… Tout d’abord, elle rugit, puis, les poils hérissés, elle s’élance, elle bondit à la poursuite des ravisseurs. […] je les retrouverai, les misérables, les bandits qui m’ont pris mon enfant ; alors j’aurai les dents terribles de la lionne et ses griffes sanguinaires, je serai sans pitié, j’aurai la férocité de la bête de l’Atlas ! […] D’autre part, l’auteur, comprenant sa tâche qui est de se mettre à la portée de tous, de plaire, d’entraîner les imaginations, de cultiver la curiosité, s’ingéniera à retrouver les qualités que nous sommes en train de perdre et qui sont celles du conteur alerte, inventif, de parler clair et d’humeur facile.
Mesurez-les, tant que vous voudrez, de la coiffure à la chaussure, et vous verrez combien de différences : c’est bien le même amour du luxe, de la toilette et de l’ornement ; c’est bien la même mignardise et la même affectation, et le même caprice, tout proche de la beauté dont il est la juste contrefaçon ; oui, c’est bien, au premier abord, la même coquette, et perfide et galante, le même piège et ses dangers, — et pourtant d’un siècle à l’autre. il nous est impossible de reconnaître et de retrouver les modèles de ces portraits. […] Il n’est pas un de nous qui, trouvant sous sa main, sous ses yeux, un recueil de portraits d’autrefois, quand bien même, dans la suite des temps, ces hommes, dont voici l’image, auraient cessé d’être célèbres ou fameux, n’éprouve cependant un très grand intérêt à contempler ces visages inconnus, un grand charme à retrouver sur ces calmes visages, les passions, les violences, les cruautés, l’enthousiasme et les amours du moment où cet homme a vécu, combattu, aimé, haï ; du moment où cet homme est mort, emportant, avec soi, dans sa tombe ignorée, un lambeau de la vie et de l’histoire universelles ! […] Il est vrai que, par un privilège qui n’appartient qu’aux têtes couronnées, l’extrait de naissance de mademoiselle Mars se retrouve dans Y Almanach royal ; on a tiré le canon, le jour de sa naissance39. […] Ils n’ont jamais pu se réunir, et se retrouver, une seule fois, avant leur mort, depuis la première irruption du Vésuve, en 1789 !
Ce sont là les peintures qui, sans l’enlever aux réalités de sa vie de mère de famille et de maîtresse de ménage rustique, la ravissaient dans ce monde antique, profane ou sacré ; elle y retrouvait les mêmes mœurs, les mêmes images et le même cœur humain que dans sa maison. […] Il avait chanté une guerre entre les Grecs et les Troyens d’Ilion, appelée l’Iliade ; après cette histoire, il voulut chanter une histoire moins héroïque et plus familière, dans laquelle, non pas les héros seulement, mais tout le monde, depuis le héros jusqu’au berger, depuis la princesse jusqu’à la servante, retrouvât l’image de sa propre vie. […] Mais poursuivons. » Elle nous lut alors la conversation de table entre Télémaque et son hôte divin ; comment les prétendants à la main de Pénélope abusent du veuvage de cette mère pour ruiner et déshonorer sa maison ; comment Minerve, sous la figure de l’hôte, s’indigne de cette obsession et engage Télémaque à équiper un vaisseau pour aller à la recherche de son père ; comment, s’il n’a pas le bonheur de le retrouver, il reviendra lui-même, plus grand et plus robuste, à Ithaque, où il immolera par sa force ou par sa ruse les indignes persécuteurs de Pénélope ; comment Pénélope, entendant de sa chambre haute le chantre Phémius chanter devant ses prétendants le retour des Grecs du siège de Troie, descend les escaliers du palais, suivie de ses servantes, s’arrête, modeste et voilée, appuyée sur le montant de la porte et les yeux humides de larmes, en pensant à Ulysse qui n’est pas revenu avec les Grecs ; comment elle supplie Phémius de changer le sujet trop triste de ses chants ; comment Télémaque, déjà rusé comme son père, feint de gourmander respectueusement sa mère, pour qu’elle rentre dans sa chambre. […] Ce soir je les prendrai au moment où ma mère montera dans ses chambres hautes pour retrouver sa couche.
On aime en tout ceci à retrouver de part et d’autre les procédés et le ton des honnêtes gens. […] Réservons-le donc pour ce second rôle mieux abrité et plus pacifique où, borné à l’exécution diplomatique et à la représentation, il retrouvera l’emploi et tout le développement de ses qualités heureuses et de sa courtoisie utile.
Une tentation dont on a d’abord à se garder quand on se débarrasse ainsi du Sully de convention pour vouloir retrouver le réel, c’est d’aller à l’extrémité contraire, c’est de lui chercher un défaut précisément à la place de la qualité dont on l’avait loué, c’est de diminuer sa grandeur, parce qu’elle n’est pas tout à fait celle qu’on avait, dans les derniers temps, préconisée. […] Rosny s’attache dans un temps et pendant une trêve à Monsieur, duc d’Alençon ou d’Anjou, et l’accompagne en Flandre où lui-même il retrouve des alliances, des branches parentes de la famille de Béthune restées catholiques : il semble alors que si ce prince, duc d’Alençon, avait valu un peu mieux, il aurait pu s’affectionner Rosny et le débaucher peut-être du roi de Navarre.
Les hommes trop raffinés ou soi-disant philosophes n’ont plus de ces joies ni de ces douleurs ; mais replongez-les dans les épreuves naturelles, ils les retrouveront. […] Ne le quittons point aujourd’hui nous-même sans saluer en lui cet ensemble de qualités jeunes, aimables, ingénues et fidèles, qui ne se retrouveront plus depuis au même degré.
Ne lui demandez ni la grâce ni l’éclat, ni la noblesse continue : et pourtant, à force de savoir et de bonne foi, elle atteint dans l’ensemble à un certain effet homérique ; il y a une certaine naïveté et magniloquence qui se retrouve dans sa langue naturelle plus qu’élégante. […] Cette personne honnête et probe croit à son lecteur, à son public, à l’affection qu’elle leur inspire, à l’intérêt que le monde témoigne pour la continuation et l’achèvement de son travail, à la compassion qu’il aura d’une interruption venue d’une cause si douloureuse ; elle se souvient de Cicéron pleurant sa fille Tullia, de Quintilien déplorant la perte d’un fils plein de promesses, et, tout en les imitant, elle verse de vraies larmes ; puis, en finissant, la mère chrétienne se retrouve et se soumet115.
En les lisant, on n’y retrouve pas seulement l’affectueuse émotion qui serait dans le cœur de bien des fils à la vue de ce qui ramène vers les années heureuses, mais on y reconnaît aussi ce qu’il y avait de particulièrement sensible, de tendrement sensitif et douloureux dans cette nature de Cowper, qui avait avant tout besoin de la tiédeur et de l’abri du nid domestique : En recevant le portrait de ma mère Oh ! […] Que je puisse seulement te retrouver sur ce pacifique rivage, et des paroles d’adieu ne sortiront plus de mes lèvres !
Il en conserva mieux qu’une impression sensible, il en sauva quelques principes qu’il retrouva en avançant, dans la vie, et qui le rattachent au xviie siècle : il y a en lui un coin par lequel il se séparera du xviiie . […] On ne saurait dire ce qui manque à sa prose : elle est pure, harmonieuse, exacte, mais elle n’invite point à continuer… Marié et veuf d’assez bonne heure, le président ne se remaria point ; il donne à sa femme, Mlle de Montargis, des regrets qui peignent assez bien le mélange de ses sentiments : « Et d’ailleurs, dit-il, où aurais-je jamais retrouvé une femme telle que celle que je venais de perdre ?
En un mot, les vieux académiciens voisins de la fondation et contre lesquels, à ses débuts, Boileau avait eu à guerroyer vécurent assez pour donner la main à des académiciens plus jeunes et qui, dès le début, se retrouvaient opposés à leur tour à Boileau déjà mûr ou déjà vieux. […] Par lui et par Fontenelle l’Académie se retrouva très en avant et en tête des questions littéraires sous la Régence.
Nous nous flattons particulièrement, sinon d’avoir inventé l’histoire, du moins d’en avoir retrouvé la vraie clef, et nous en usons : nous en abusons aussi ; nous remettons perpétuellement en question ce qu’on pouvait croire réglé et jugé. Quiconque a retrouvé un document nouveau en prend occasion de faire un livre, de tenter une réhabilitation.
Nous avons aussi nos infortunes d’Ilion, et, à ce sujet, notre curiosité n’est jamais à bout ; mais c’est sous forme moderne qu’elle se marque, c’est surtout à l’occasion de documents historiques retrouvés, de lettres inédites ; notre manie s’y mêle. […] Mais je ne puis, malgré tout, m’empêcher tristement de sourire quand je vois de jeunes écrivains venir aujourd’hui se faire forts de la vertu entière de la femme en Marie-Antoinette et y mettre comme la main au feu avec une confiance intrépide ; car tous ces chevaliers, dont Burke a parlé dans un éloquent passage, ces jaloux défenseurs qu’avait à son service la reine de France en ses beaux jours et qui lui ont manqué à l’heure du danger, elle les retrouve aujourd’hui un peu tard et après coup.
Le mécontentement de Louis XIV fut des plus vils en apprenant les disgrâces de son armée d’Italie et les fâcheuses conséquences de toutes ces marches en arrière de Catinat ; il en était informé, à n’en pas douter, par des lettres de Tessé, qui servait dans cette armée, et que nous retrouvons avec tout son entrain habituel et son pittoresque de langage. […] Les pierres et marbres, dont les inscriptions sont à peine mutilées, ont été replacés avec piété et avec goût ; on y retrouve intacte l’élégante et ingénieuse épitaphe latine du Père Sanadon.
Ainsi, d’élans en élans, d’émotion en impiété, tout nous mène à la volupté enivrante de la nuit, au meurtre de l’époux, à la volupté encore, sur cette mer de Venise, où reparaissent voguant, pleins d’oubli, le meurtrier aimé et la belle adultère : Peut-être que le seuil du vieux palais Luigi Du pur sang de son maître était encor rougi ; Que tous les serviteurs, sur les draps funéraires, N’avaient pas achevé leurs dernières prières ; Peut-être qu’à l’entour des sinistres apprêts, Les prieurs, s’agitant comme de noirs cyprès, Et mêlant leurs soupirs aux cantiques des vierges, N’avaient pas sur la tombe encore éteint les cierges, Peut-être de la veille avait-on retrouvé Le cadavre perdu, le front sous un pavé ; Son chien pleurait sans doute et le cherchait encore : Mais, quand Dalti parla, Portia prit sa mandore, Mêlant sa douce voix, que la brise écartait, Au murmure moqueur du flot qui l’emportait… Les deux autres drames de ce volume, Don Paez et la Camargo, renfermaient des beautés du même ordre, mais moins soutenues, moins enchaînées, et dans un style trop bigarré d’enjambements, de trivialités et d’archaïsmes. […] qui se retrouve à la fin dans Hassan, que Beppo avait déjà eue, je crois.
Le principe de l’utilité se retrouve dans ce genre comme dans tous les autres. […] La nature féconde de l’île de France, cette végétation active et multipliée que l’on retrouve sous la ligne, ces tempêtes effrayantes qui succèdent rapidement aux jours les plus calmes, s’unissent dans notre imagination avec le retour de Paul et Virginie revenant ensemble, portés par leur nègre fidèle, pleins de jeunesse, d’espérance et d’amour, et se livrant avec confiance à la vie, dont les orages allaient bientôt les anéantir.
IV Tous ces caractères de sa critique, vous les retrouverez dans les romans de M. […] Il retrouve Hélène ; il lui demande son pardon, et elle lui pardonne.
, fierté des gloires militaires de la Révolution et de l’Empire, rêve d’une France libre, glorieuse et honorée parmi les hommes », cela composait une sorte de religion civique, commune alors à un très grand nombre de Français, et faite de très antiques bons sentiments, mais qui, naturellement, revêtaient les formes accidentelles propres à cette époque : on n’était pas clérical dans la maison ; on était de ces Parisiens qui, à l’endroit des « capucinades » officielles de la Restauration, retrouvaient les propos de la Satire Ménippée ; et, le samedi soir, on se réunissait entre amis, sous la tonnelle, pour chanter les premières chansons de Béranger. […] Il eût retrouvé là-bas, faisant belle besogne, son ancien élève, M. le duc d’Aumale.
Je conçois à merveille qu’une date heureusement rétablie, une circonstance d’un fait important retrouvée, une histoire obscure éclaircie aient plus de valeur que des volumes entiers dans le genre de ceux qui s’intitulent souvent philosophie de l’histoire. […] Il y a évidemment une limite où la richesse d’une bibliothèque devient un obstacle et un véritable appauvrissement, par l’impossibilité de s’y retrouver.
Comme le disait Lamartine27 : « Chaque époque adopte et rajeunit tour à tour quelqu’un de ces génies immortels qui sont toujours ainsi des hommes de circonstance ; elle s’y réfléchit elle-même ; elle y retrouve sa propre image et trahit ainsi sa nature par ses prédilections. » Comment se fier à une mobilité aussi intéressée ? […] Comment nous retrouver au milieu des innombrables règles de toute espèce qu’ont multipliées les faiseurs de rhétoriques et de poétiques ?
Ce ne fut que soixante ans après, et quand il avait plus de quatre-vingts ans, qu’un jour, parmi d’anciens papiers de sa mère, cette lettre se retrouva. […] Propre aux commerces les plus délicats, quoique les délices des savants ; modeste dans ses discours, simple dans ses actions, la supériorité de son mérite se montre, mais il ne la fait jamais sentir… Nous retrouvons ici cette langue excellente et modérée que j’ai déjà essayé de caractériser plus d’une fois, la langue des commencements du xviiie siècle, remarquable surtout par le tour, par la justesse et la netteté, la langue d’après Mme de Maintenon, et que toute femme d’esprit saura désormais écrire, celle des Caylus, des Staal et des Aïssé.
Je crois retrouver là, même au sein d’une nature excellente, ce coin d’égoïsme et de sécheresse inhérente au xviiie siècle. […] Toutes choses resteront dans l’état où je les ai trouvées, et vous retrouverez aussi mon cœur tel que vous le connaissez, très sensible à l’amitié.
Il y a deux Fontenelle très distincts, bien que, dans une étude attentive, on n’ait pas de peine à retrouver toujours l’un jusqu’au milieu de l’autre. […] Il ne devine pas qu’il a pu y avoir autrefois, à un certain âge du monde, sous un certain climat, et dans des conditions de nature et de société qui ne se retrouveront plus, une race heureuse qui s’est épanouie dans sa fleur, et que nous pouvons, nous autres modernes, surpasser en tout, excepté en ce premier développement délicat, en ce premier charme divin.
Dans le Cerf, on remarquera avec quel art il a employé à dessein tout le vocabulaire de l’ancienne vénerie : si ce vocabulaire était perdu, c’est là qu’il faudrait le retrouver, ménagé de la façon la plus ingénieuse et la plus large. […] Buffon reconnaissait à Montesquieu du génie, mais il lui contestait le style : il trouvait, surtout dans L’Esprit des lois, trop de sections, de divisions, et ce défaut, qu’il reprochait à la pensée générale du livre, il le retrouvait encore dans le détail des pensées et des phrases ; il y reprenait la façon trop aiguisée et le trop peu de liant : « Je l’ai beaucoup connu, disait Buffon de Montesquieu, et ce défaut tenait à son physique.
Le jeune professeur de rhétorique a évidemment en lui de l’aimable, de l’abondant, quelques-unes de ces qualités d’Amyot qui se retrouvaient dans Rollin, et qui mettent du charme jusque dans un enseignement sévère. […] La jeunesse, qui se plaît aux choses d’amour, ne lui a pas su un moindre gré, alors et depuis, de sa ravissante traduction du petit roman de Daphnis et Chloé, chef-d’œuvre que Paul-Louis Courier a retouché, corrigé et réparé quant au sens, tout en y respectant les belles et naïves expressions du premier interprète, et en les imitant de son mieux dans les parties inédites qu’il a retrouvées.
Le temps et l’éloignement, en éteignant les préventions, affaiblissent malheureusement aussi l’intérêt qui s’attachait à de pures questions littéraires : cet intérêt pourtant peut se retrouver, et plus durable, dans toute étude vraie qui pénètre jusqu’à l’homme. […] Quand Racine, dans Esther, nous fait entendre ses chœurs mélodieux, si bien placés dans la bouche des filles de Saint-Cyr, il retrouve un lyrique vrai, naturel, motivé.
Après vingt ans d’absence ou de négligence, en rentrant dans l’héritage paternel, il a à défendre ses intérêts, à regagner ce qu’il a perdu par la mauvaise foi du paysan ; ses voisins ont empiété tant qu’ils ont pu sur lui et lui ont rogné ses terres ; ses fermiers le paient mal, ses marchands de bois ne le paient pas du tout ; il chicane, il menace, il montre qu’il n’est pas homme « à se laisser manger la laine sur le dos » ; enfin, aux champs comme ailleurs, et plus qu’ailleurs, il retrouve la même espèce humaine qui obéit à ses intérêts, à ses cupidités, tant qu’elle peut et aussi longtemps qu’on la laisse faire. […] Cette légère incohérence du rôle, et que toute l’habileté du jeu ne saurait couvrir, se retrouve un peu dans l’expression même, qui reste sensiblement artificielle et sans une complète fusion ; style de campagnard manié par un docte.
Dans les Lettres persanes, Montesquieu, jeune, s’ébat et se joue ; mais le sérieux se retrouve dans son jeu ; la plupart de ses idées s’y voient en germe, ou mieux qu’en germe et déjà développées : il est plus indiscret que plus tard, voilà tout ; et c’est en ce sens principalement qu’il est moins mûr. […] Très bon dans le particulier, naturel et simple, il mérita d’être aimé de tout ce qui l’entourait autant qu’un génie peut l’être ; mais, même dans ses parties les plus humaines, on retrouverait ce côté ferme, indifférent, une équité bienveillante et supérieure plutôt que la tendresse de l’âme.
On ne retrouve guère des gens qui ont tant d’esprit joint avec tant de candeur et de sentiment. […] Toutefois ne calomnions point la réalité : Frédéric, quoi qu’en ait dit Voltaire et qu’il nous en ait donné à accroire, était un ami solide et sûr ; on le retrouvait le même le lendemain d’une défaite ou le lendemain d’une victoire ; ceux qu’il avait d’abord aimés, il les aima toujours, et ce n’est que quand cette première génération d’amis véritables lui manqua, qu’on le vit, faute d’avoir à qui parler, se complaire trop souvent à des sarcasmes piquants avec des parasites d’esprit.
Donc la notion de quantité et de grandeur se retrouve dans toutes les qualités que nous pouvons concevoir. […] Le principe de causalité et celui d’identité se retrouvent au fond de ce que Spencer appelle tantôt le « postulat » a priori, tantôt l’axiome a priori.
Mais ce que j’estime surtout dans la composition de Doyen, c’est qu’à travers son fracas tout y est dirigé à un seul et même but, avec une action et un mouvement propre à chaque figure, toutes ont un rapport commun à la sainte : rapport dont on retrouve des vestiges même dans les morts. […] Le groupe des deux figures dont l’une se déchire les flancs (quoiqu’il y ait peut-être dans Rubens ou ailleurs un possédé que Doyen ait regardé), sera toujours d’un grand maître ; que s’il a pris cette figure, c’est ut conditor et non ut interpres, et que ce Greuze qui lui en fait le reproche n’a qu’à se taire, car il ne serait pas difficile de lui cogner le nez sur certains tableaux flamands où l’on retrouve des attitudes, des incidents, des expressions, trente accessoires dont il a su profiter, sans que ses ouvrages en perdent rien de leur mérite.
Il fait au cœur et à l’esprit, — plus au cœur qu’à l’esprit encore, — une impression profonde qui y reste et qu’on y retrouvera, quand les livres à tapage seront oubliés. […] Son paradis, je m’y retrouve perfectionnée, sanctifiée, avec mon âme et avec mes affections, avec tous mes souvenirs.
Oui, c’était là le vrai et le grand Rivarol, aussi pour moi le Rivarol impossible à retrouver, comme la beauté d’une femme morte, le Rivarol imaginé, puisque je ne l’ai pas entendu, et qui enivre toujours ma pensée comme si je l’avais entendu, et même peut-être davantage ! […] Par contre du journaliste retrouvé dans le grand historien romain, Napoléon aurait-il trouvé, dans le journaliste français, le grand historien que Burke y a vu le premier ?
Dans la caricature française, dans l’expression plastique du comique, nous retrouverons cet esprit dominant. […] Ainsi, pour en finir avec toutes ces subtilités et toutes ces définitions, et pour conclure, je ferai remarquer une dernière fois qu’on retrouve l’idée dominante de supériorité dans le comique absolu comme dans le comique significatif, ainsi que je l’ai, trop longuement peut-être, expliqué ; — que, pour qu’il y ait comique, c’est-à-dire émanation, explosion, dégagement de comique, il faut qu’il y ait deux être en présence ; — que c’est spécialement dans le rieur, dans le spectateur, que gît le comique ; — que cependant, relativement à cette loi d’ignorance, il faut faire une exception pour les hommes qui ont fait métier de développer en eux le sentiment du comique et de le tirer d’eux-mêmes pour le divertissement de leurs semblables, lequel phénomène rentre dans la classe de tous les phénomènes artistiques qui dénotent dans l’être humain l’existence d’une dualité permanente, la puissance d’être à la fois soi et un autre.
Je retrouve le même sentiment, le même dédain du concret, au fond des objections qu’on élève contre telle ou telle de vos conclusions. […] Maintenant, que l’attention à la vie vienne à faiblir un instant — je ne parle pas ici de l’attention volontaire, qui est momentanée et individuelle, mais d’une attention constante, commune à tous, imposée par la nature et qu’on pourrait appeler « l’attention de l’espèce » — alors l’esprit, dont le regard était maintenu de force en avant, se détend et par là même se retourne en arrière ; il y retrouve toute son histoire.
Voilà où le défaut de mœurs et de procédés se retrouve chez le poëte !
Quant aux hommes, il est vrai, l’historien ne s’occupe guère de les gourmander ou de les louanger à propos de chaque action, il les prend pour ce qu’ils sont, les laisse devenir ce qu’ils peuvent, les quitte, les retrouve, suivant qu’ils s’offrent ou non sur sa route, et se garde surtout de faire d’aucun son héros ou sa victime.
Mais ce qui est commun à toutes deux, et ce qu’on retrouve également chez mesdames de Sévigné et de La Fayette, c’est cette franchise et cette naïveté d’un langage toujours pur, malgré ses négligences et ses familiarités.
Malgré leur ténacité connue, leur règne sera court ; il touche à sa fin, et, une fois qu’ils l’auront perdu, ils ne le retrouveront pas.
Les individus illustres sont assurés de retrouver leur place dans cette prochaine association de l’art vers laquelle convergent rapidement toutes les destinées de notre avenir ; Victor Hugo y fournira une phase de plus, une période nouvelle de son génie ; Alfred de Vigny, merveilleux poète, y marchera d’un pied plus ferme sur cette terre dont il a été jusqu’ici trop dédaigneux.
Lorsqu’on s’est dit qu’il est impossible d’obtenir le bonheur, on est plus près d’atteindre à quelque chose qui lui ressemble, comme les hommes dérangés dans leur fortune ne se retrouvent à l’aise, que lorsqu’ils se sont avoué qu’ils étaient ruinés.
Il a retrouvé la poésie de Lucrèce ; et ses Époques de la nature ont la beauté du cinquième livre du De natura rerum.
Il y avait, chez George Sand, avec une imagination ardente et une grande puissance d’aimer, un tempérament robuste et sain et un fonds de bon sens qui se retrouvait toujours.
Les têtes que la photographie a multipliées aux devantures des papeteries, vous les retrouverez là, peintes ou crayonnées.
Tout en causant, nous nous retrouvons sur le parvis Notre-Dame.
Cette idée de deux anciens prophètes devant ressusciter pour servir de précurseurs au Messie se retrouve d’une manière si frappante dans la doctrine des Parsis qu’on est très porté à croire qu’elle venait de ce côté 567.
C’est une joie plein la poitrine, une de ces joies, de première communion littéraire, une de ces joies qu’on ne retrouve pas plus que les joies du premier amour.
Aujourd’hui même la phonétique n’arrive pas toujours à retrouver leur source.
Αἰετὸς paraît tenir à l’hébreu HAIT, s’élancer avec fureur, à moins qu’on ne le derive d’ATE, devin ; ATH, prodige : on retrouverait ainsi l’art de la divination dans une étymologie.