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1836. (1895) Les règles de la méthode sociologique « Chapitre II : Règles relatives à l’observation des faits sociaux »

On peut dire, en effet, qu’il n’y a pas un seul système où elle ne soit représentée comme le simple développement d’une idée initiale qui la contiendrait tout entière en puissance.

1837. (1833) De la littérature dramatique. Lettre à M. Victor Hugo pp. 5-47

Au reste, Monsieur, honneur à vous qui avez acquis une telle puissance sur les comédiens, qu’ils ont reconnu publiquement qu’on pouvait par arrêt de la Cour les forcer à rejouer une pièce tombée par arrêt du public.

1838. (1913) La Fontaine « V. Le conteur — le touriste. »

À peine eus-je fait dix ou douze pas que je me sentis forcé par une puissance secrète de commencer quelques vers à la louange du grand Armand.

1839. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Villemain » pp. 1-41

Assurément on conçoit Quintilien dans l’antiquité, au sein de ce monde extérieur et sonore où pesait tant la phraséologie romaine, mais dans une société comme la nôtre, où l’âme et la pensée n’ont plus de ressources, d’originalité et de puissance que dans la profondeur de la réflexion ou du naturel, tout Quintilien voulu tombe dans la modiste, et c’est là ce qu’est Villemain, — une modiste de mots !

1840. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « Ernest Feydeau » pp. 106-143

Or, il est pleinement dans son sujet, et n’a jamais plus de puissance que quand il nous peint, non plus les meubles de Boule et les fauteuils capitonnés de l’intimité, mais cet affreux tu à toi de l’adultère où, de douleur en douleur, de pudeur en pudeur, et de honte en honte, les deux amants descendent jusqu’au déshonneur le plus complet, et à l’infamie, car l’homme y devient insensé et abject, sans pouvoir reprendre une part de soi à la passion qui le dévore, et la femme, à son tour, y devient menteuse et infidèle ; elle l’était déjà, mais, entendons-nous !

1841. (1905) Propos de théâtre. Deuxième série

. — L’Affaire Clémenceau n’a jamais été une très bonne pièce ; mais il y avait un dernier acte où Dumas fils avait mis la main, et qui était d’une puissance ! […] Rodogune est en sa puissance… Si elle a tant d’envie de la tuer, elle le peut sans recourir à ses enfants… » À la bonne heure ! […] » de l’air d’une reine sûre de sa puissance, mais de l’air décidé et impatient d’une femme que l’aveuglement de son mari fait sortir de ses gonds et qui veut dire : « Allons ! […] Oui, malgré leur grand goût pour la réalité, et leur puissance d’observation, les artistes du dix-septième siècle ont aimé le développement didactique et le développement oratoire, tous (sauf La Fontaine) et Racine autant que Boileau, et Molière autant que Racine. […] Sa femme nous trace son portrait de la manière suivante : Il lui faut, avant tout, les titres, la puissance.

1842. (1907) Propos de théâtre. Quatrième série

À cet effroi du jésuite on reconnaît le bourgeois de Louis-Philippe ; à cette conviction qu’un journaliste tient dans sa main la réputation et la vie d’une bonne centaine de bourgeois, effarés sous son regard, on reconnaît l’élève de Balzac, qui, lui aussi, a attribué au journalisme une importance énorme et une puissance de démolition évidemment exagérée. […] Tarride, qui y a montré une ardeur, une puissance et surtout un air de sincérité tout à fait extraordinaires ; il est rare qu’un acteur se mette à ce point comme dans la peau d’un personnage. […] Dehelly, forme le duo le plus insuffisant qui se puisse et par Mme de Boncza (qui, il faut le dire, n’a que quelques répliques sans importance). — Elle est miraculeusement jouée par Mme Bartet, qui en porte tout le poids, et qui s’est révélée, c’est le mot, sous un aspect tout nouveau, non plus « divine », mais furie adorable et pitoyable martyre, avec une puissance dans l’imprécation et une profondeur dans la souffrance et le désespoir, dont aucun mot ne peut donner l’idée, ou du moins que je suis parfaitement impuissant à peindre comme je les sens. […] Donnay n’a point réprimé, ce qui est signe qu’il y tenait, et qui, du reste, est trop du meilleur Donnay pour que je ne vous en régale pas en passant : « r Peut-être aussi que viendra le règne du surhomme et que chacun s’appliquera à développer sa volonté de puissance.

1843. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre V. La Renaissance chrétienne. » pp. 282-410

Faire de l’homme un être fort muni de génie, d’audace, de présence d’esprit, de fine politique, de dissimulation, de patience, et tourner toute cette puissance à la recherche de tous les plaisirs, plaisirs du corps, du luxe, des arts, des lettres, de l’autorité, c’est-à-dire former et déchaîner un animal admirable et redoutable, bien affamé et bien armé, voilà son objet, et l’effet au bout de cent ans est visible. […] Une puissance extraordinaire, un gigantesque ressort d’action s’était tout d’un coup tendu dans l’âme, et il n’y avait aucune barrière dans la vie morale, ni aucun établissement dans la société civile que son effort ne pût renverser. […] Sous la simplicité, vous apercevez la puissance, et dans la puérilité la vision.

1844. (1778) De la littérature et des littérateurs suivi d’un Nouvel examen sur la tragédie françoise pp. -158

Cette intolérance ruine l’édifice des connoissances humaines, où doivent entrer tous les matériaux ; & sappe, dans sa bâse, la puissance réelle & la félicité future de l’homme. […] Tout homme a de l’orgueil, je le sais : mais le leur est ordinairement en raison de leur crédit & de leur puissance. […] Il lui est de plus enjoint de renforcer sa voix contre tout ce qui blesse & avilit l’Humanité, de flétrir le despotisme, d’attaquer sans relâche la tyrannie, de se dévouer pour la cause commune, de posséder ce sentiment profond qui se répand à grands flots, de voir le dernier citoyen, & de devenir son Avocat devant l’orgueil de la puissance.

1845. (1856) À travers la critique. Figaro pp. 4-2

Pour le reste, il déclare que tout est bien et d’une grande puissance . […] Art révolutionnaire, matérialiste assurément, mais sachant trouver, au fond des effets grossiers qu’il affectionne, la poésie et la puissance, parce qu’il y cherche avant tout la vérité et la passion. […] Elle a la poésie, l’imagination, la puissance et parfois la profondeur elle parle un magnifique langage, tour à tour dramatique ou coloré, éloquent ou familier, substantiel ou plein de délicatesses ; le contour de la phrase a tant de netteté qu’elle rend transparents jusqu’aux nuages de la pensée et du sentiment. — Pourquoi faut-il, qu’avec de si rares, de si précieuses qualités, ce talent, — ce n’est pas assez dire, — ce génie soit faux avec une grandeur qui n’est qu’à lui et dans des proportions colossales ?

1846. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. DE VIGNY (Servitude et Grandeur militaires.) » pp. 52-90

Quand j’ai insisté, pour rectifier une erreur, sur les premières relations littéraires et les accointances poétiques de M. de Vigny, ce n’est pas du moins que je prétende diminuer aucunement son caractère d’originalité et l’idée qu’on se doit faire de la puissance solitaire et méditative empreinte dans ses poëmes.

1847. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE RÉMUSAT » pp. 458-491

ma sœur, que les paroles des rois ont de force et de puissance !

1848. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Note I. De l’acquisition du langage chez les enfants et dans l’espèce humaine » pp. 357-395

» — Tout ceci ressemble fort aux émotions et aux conjecturés des peuplés enfants, à leur admiration vive et profonde en face des grandes choses naturelles, à la puissance qu’exercent sur eux l’analogie ; le langage et la métaphore pour les conduire aux mythes solaires ou lunaires.

1849. (1895) Histoire de la littérature française « Seconde partie. Du moyen âge à la Renaissance — Livre I. Décomposition du Moyen âge — Chapitre I. Le quatorzième siècle (1328-1420) »

La royauté recueille la puissance qui échappe des mains de la féodalité et de l’Église.

1850. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre V. Le Séminaire Saint-Sulpice (1882) »

Voici un enfant qui n’agit encore que par impulsion et imitation ; et c’est à cet âge qu’on lui fait jouer sa vie ; une puissance supérieure l’enlace dans d’indissolubles liens ; elle poursuit son travail en silence, et, avant qu’il commence à se connaître, il est lié sans savoir comment.

1851. (1830) Cours de philosophie positive : première et deuxième leçons « Première leçon »

Nous sommes aujourd’hui tellement éloignés de ces dispositions premières, du moins quant à la plupart des phénomènes, que nous avons peine à nous représenter exactement la puissance et la nécessité de considérations semblables.

1852. (1828) Préface des Études françaises et étrangères pp. -

Au surplus, Voltaire a vécu au milieu d’une civilisation trop avancée pour composer un bon poème épique, quand bien même il en aurait eu la puissance en lui-même.

1853. (1913) La Fontaine « I. sa vie. »

Oronte est à présent un objet de clémence : S’il a cru les conseils d’une aveugle puissance, Il est assez puni par son sort rigoureux, Et c’est être innocent que d’être malheureux.

1854. (1890) La bataille littéraire. Troisième série (1883-1886) pp. 1-343

» Elle, toute droite, très blanche, entendait chaque mot ; et ces yeux d’ardente prière exerçaient sur elle une puissance. […] Une puissance émanait d’elle et prenait tout ce qu’elle rencontrait d’attention. […] Solange renversa presque un de ces hommes, taillé en hercule : les mains délicates de la jeune femme avaient une puissance irrésistible. […] Être une grâce, Emma, c’est être une puissance. […] Le chapitre dans lequel Victor Hugo décrit la Passion de Jésus-Christ constitue à lui seul un grand poème où le génie du maître se révèle dans toute sa puissance.

1855. (1891) La bataille littéraire. Quatrième série (1887-1888) pp. 1-398

Ajoutez-y la puissance de récit, de description, de relief, personnelle à M.  […] C’est pourtant moins de la puissance de la mère que de celle de l’enfant qu’il s’agit dans Petite Reine, et je remarque, à l’honneur de M.  […] Il était en la puissance d’Honorine comme un oiselet entre deux mâchoires d’étau. […] Il m’est impossible de faire le dénombrement des beautés de premier ordre qui surgissent partout de ce livre paru chez Quantin et contenant, à la fois, tout ce que le poète avait de grandeur et de charme ; je ne puis que former une sorte de bouquet de toutes ces fleurs, fleurs de printemps, d’été ou d’automne, et donner ainsi une faible idée de la puissance et de la délicatesse de leur parfum et de leur couleur. […] Rarement j’ai trouvé dans la plume d’une femme, d’une étrangère, une telle énergie, une telle puissance d’impression.

1856. (1914) L’évolution des genres dans l’histoire de la littérature. Leçons professées à l’École normale supérieure

En même temps, le même homme réintègre dans leurs droits deux puissances que, jusqu’alors, on avait subordonnées dans la littérature : il rend à la sensibilité l’influence dont on l’avait destituée, et il confère à l’écrivain le droit de mettre sa personnalité dans son œuvre. […] Mais il estimait qu’il y avait de la grâce à nombrer nécessairement, comme en ces vers de Racan : Vieilles forêts de trois siècles âgées… Rapprochons tout de suite une autre citation : Il blâmait Racan — notez, n’est-ce pas, que c’est Racan lui-même qui parle, — premièrement de rimer indifféremment aux terminaisons en ent et en ant, comme innocence et puissance, apparent et conquérant, grand et prend… Il le reprenait aussi de rimer le simple et le composé, comme temps et printemps, séjour et jour. […] En voici, au surplus, une preuve assez éloquente : c’est qu’aussitôt que Boileau se fut retiré de la lutte, non seulement ce naturalisme, dont il avait été, avec l’auteur de la Critique de l’Ecole des Femmes et de l’Impromptu de Versailles, le véritable théoricien, ne gagna personne à sa cause, n’étendit même pas son droit jusqu’à faire entrer dans l’art la représentation de la nature extérieure, mais il put voir tout autour de lui la préciosité renaître ; et, dans les ruelles transformées en salons, les Fontenelle et les Lamotte reprendre la tradition des Balzac et des Voiture, ce sera bien autre chose encore, quelques années plus tard, quand la marquise de Lambert, et après elle Mme de Tencin, seront devenues des puissances. […] Mais les frères Perrault, eux — car ils étaient quatre, Claude, Nicolas, Pierre et Charles, — formaient dès lors avec Fontenelle, précisément, et quelques autres, des académiciens surtout, une petite coterie littéraire dont la puissance était faite, pour une moindre part, de leur mérite personnel, et, pour une plus considérable, de la nature de leurs emplois, de l’étendue de leurs liaisons, et, à ce qu’il semble bien, de l’agrément de leur commerce.

1857. (1891) La vie littéraire. Troisième série pp. -396

Il a exposé la doctrine du déterminisme avec une puissance de logique et une richesse d’arguments que Taine lui-même et Ribot n’avaient point atteintes. […] Certains termes avaient pour lui, comme les Runes Scandinaves, des puissances secrètes. […] Il garda son poste au Louvre tout le temps qu’il y eut une œuvre d’art à disputer aux puissances. […] Cet Asmodée dont nous rions fut, en son temps, un démon considérable qui l’emportait en puissance sur Astaroth, Cédon, Uriel, Belzébuth, Aborym, Azazel, Dagon, Magog, Magon, Isaacharum, Accaron, Orphaxat et Beherit, qui sont pourtant des diables qu’on ne méprisait point. […] Il faudrait rechercher ensuite par quel lent et profond travail l’âme chrétienne se forma l’idée de la puissance de la virginité et comment le culte de Marie et les légendes des saintes préparèrent les esprits à l’avènement d’une Catherine de Sienne et d’une Jeanne d’Arc.

1858. (1892) La vie littéraire. Quatrième série pp. -362

— J’ai vu le suaire et les vêtements, les témoins angéliques, et j’ai vu la gloire du Ressuscité. » Et ces paroles charmantes expriment avec la même puissance le retour du printemps et la victoire du Christ. […] D’ailleurs, il est bon et consolant de se dire, avec un historien optimiste, que la puissance créatrice est toujours le partage de la grandeur morale. […] Sa confidente, Charmion, instruite de ses beaux sentiments, lui dit : L’amour, certes, sur vous a bien peu de puissance. […] Ils tenaient les charges et les emplois, ne le cédant aux hellénistes que dans l’École qui était, il est vrai, une grande puissance dans la société du ive  siècle. […] J’ai regardé le pouvoir dont j’étais revêtu comme une émanation de la puissance divine ; je crois l’avoir conservée pure et sans tache, en gouvernant avec douceur les peuples confiés à mes soins, et ne déclarant ni ne soutenant la guerre que par de bonnes raisons.

1859. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre II. Dryden. »

Dans l’histoire de ce talent, on verra l’histoire de l’esprit anglais classique, sa structure, ses lacunes et ses puissances, sa formation et son développement. […] De temps en temps un vers virile et poignant décèle, au milieu de ses raisonnements, la puissance de la conception et le souffle du désir.

1860. (1866) Cours familier de littérature. XXII « CXXXIIe entretien. Littérature russe. Ivan Tourgueneff (suite) » pp. 317-378

Ce ne sont pas seulement les espérances audacieuses et les confiantes rêveries de sa jeunesse qui s’humilient et s’éteignent au souffle glacial des puissances élémentaires ; toute son âme se resserre et se rapetisse : il sent bien que le dernier de ses frères pourrait disparaître de la face de la terre, sans qu’une seule feuille s’agitât sur sa branche ; il sent son isolement, sa faiblesse, le hasard de son existence, et il se hâte, avec une terreur secrète, de revenir aux soucis mesquins et aux petits travaux de sa vie. […] Non, ne t’élance pas là-bas où est la félicité, la foi, la force, la puissance.

1861. (1883) La Réforme intellectuelle et morale de la France

L’esprit allemand avait appliqué à l’art de tuer la puissance de ses méthodes. […] Rétablissons la royauté, rétablissons dans une certaine mesure la noblesse ; fondons une solide instruction nationale primaire et supérieure ; rendons l’éducation plus rude, le service militaire obligatoire pour tous ; devenons sérieux, appliqués, soumis aux puissances, amis de la règle et de la discipline.

1862. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME GUIZOT (NEE PAULINE DE MEULAN) » pp. 214-248

La mort de son père dès 90, la ruine de sa famille, le séjour forcé à Passy et les réflexions sans trêve durant l’hiver dur de 94 à 95, concentrèrent sur le malheur des siens toutes ses puissances morales, et son énergie se déclara.

1863. (1861) Cours familier de littérature. XI « LXVIe entretien. J.-J. Rousseau. Son faux Contrat social et le vrai contrat social (2e partie) » pp. 417-487

La famille en effet est une puissance, l’individu n’est qu’un néant ; l’État le foule aux pieds sans l’apercevoir ; la dynastie de la famille détruite par l’égalité et par la mobilité des héritages, la dynastie royale devient facilement tyrannique ; la conquête même devient plus facile dans un pays où l’esprit de la famille a été anéanti par la dissémination sans bornes de l’égalité des biens.

1864. (1862) Cours familier de littérature. XIV « LXXXIVe entretien. Considérations sur un chef-d’œuvre, ou Le danger du génie. Les Misérables, par Victor Hugo (2e partie) » pp. 365-432

« Il semblait mourir parce qu’il le voulait ; il y avait de la liberté dans son agonie ; les jambes étaient immobiles, les ténèbres le tenaient par là, les pieds étaient morts et froids, la tête vivait de toute la puissance de la vie, et paraissait en pleine lumière.

1865. (1911) La morale de l’ironie « Chapitre III. Les immoralités de la morale » pp. 81-134

L’esprit théologique, l’esprit militaire ont montré leur puissance d’abus.

1866. (1914) Note sur M. Bergson et la philosophie bergsonienne pp. 13-101

Mais il faut aussi que j’avoue que la puissance de la nature est si ample et si vaste, et que ces principes sont si simples et si généraux, que je ne remarque quasi plus aucun effet particulier que d’abord je ne connaisse qu’il peut en être déduit en plusieurs diverses façons, et que ma plus grande difficulté est d’ordinaire de trouver en laquelle de ces façons il en dépend ; car à cela je ne sais point d’autre expédient que de chercher derechef quelques expériences qui soient telles que leur événement ne soit pas le même si c’est en l’une de ces façons qu’on doit l’expliquer que si c’est en l’autre.

1867. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 mai 1886. »

Cette dernière représentation fut une étrange et inattendue manifestation de l’énorme puissance de Wagner.

1868. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « III »

Lucien Solvay, à discuter le génie de Wagner, et rien ne serait plus oiseux que d’analyser encore une œuvre sur laquelle tout a été dit, dont la puissance s’impose, et qui, telle qu’elle est, avec ses sublimités et ses absurdités, atteint les plus hauts sommets de l’art musical… L’auteur de l’article est néanmoins d’avis que le drame lyrique de Wagner ne réalise pas le drame moderne rêvé.

1869. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « IV »

Lamoureux, trop confiant certes en sa puissance, ait refusé le concours direct et personnel de toutes les forces, même modestes, du parti wagnérien ?

1870. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre quatrième. Éléments sensitifs et appétitifs des opérations intellectuelles — Chapitre premier. Sensation et pensée »

Le sentiment de différence est dynamique : c’est celui de la passion provoquant réaction, de la résistance provoquant une exertion de puissance.

1871. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre VIII : Hybridité »

Quand deux espèces sont croisées, l’une d’elles est quelquefois douée d’une puissance prédominante pour léguer sa ressemblance à l’hybride ; et il en est de même, je pense, des différentes variétés végétales.

1872. (1856) La critique et les critiques en France au XIXe siècle pp. 1-54

L’artiste se confie à la vertu de la beauté ; il la fortifie de toute la puissance, de tout le charme de l’idéal : c’est à elle de faire son œuvre ».

1873. (1900) Le rire. Essai sur la signification du comique « Chapitre I. Du comique en général »

Sans doute il y a des vices où l’âme s’installe profondément avec tout ce qu’elle porte en elle de puissance fécondante, et qu’elle entraîne, vivifiés, dans un cercle mouvant de transfigurations.

1874. (1929) Les livres du Temps. Deuxième série pp. 2-509

Quelle puissance lui est supérieure ? […] « Il exerçait une puissance de fascination extraordinaire. […] (Cette autonomie est peut-être au contraire un signe de puissance : il faut se suffire à soi-même pour rester si indépendant.) […] Maurice Barrès, qui le loue encore d’être né, avant tout, pour « n’aimer que le désarroi des puissances de l’âme », a écrit dans ces pages d’Un homme libre un chapitre de critique dont la forme fantaisiste ne doit pas faire méconnaître la solidité. […] Jérôme et Jean Tharaud goûtaient fort le pittoresque oriental ; on ne s’étonnera pas de les voir regretter, comme Pierre Loti et pour des raisons analogues, l’effondrement de la puissance turque.

1875. (1896) Les époques du théâtre français (1636-1850) (2e éd.)

Pas d’action si Rodrigue, penchant plutôt du côté de son amour, et croyant « devoir à sa maîtresse aussi bien qu’à son père », ne tuait pas le comte ; pas d’action non plus si Chimène, obéissant aux intérêts de ce même amour, laissait à la puissance publique le soin de venger son père. […] Je suis le prisonnier de mon programme ; et puisqu’au surplus il n’y a rien dans Polyeucte, — ou peu de chose à notre point de vue, — qui ne fût en germe, ou en puissance au moins, dans le Cid, rien non plus dans Horace que nous ne devions prochainement retrouver dans Rodogune, quoique sous une forme un peu différente, je suis pressé, je me sens pressé, après vous avoir montré les commencements de la tragédie dans le Cid, de vous montrer aujourd’hui les origines de notre comédie dans le Menteur. […] Non sans doute, qu’il ne fût possible après cela d’ajouter quelque chose à tout ce que l’on a dit de Tartufe ; et, par exemple, on pourrait faire observer que le Misanthrope, écrit comme au milieu même des contrariétés que l’on suscitait de toutes parts à l’auteur de Tartufe, s’en ressent ; que la misanthropie d’Alceste, l’excès de son amertume, la disproportion de sa colère aux causes qu’il en donne ou que nous en voyons, s’expliquent en partie par la disposition d’esprit d’un homme qui n’a pas lui-même à se louer des puissances. […] Ajouterai-je qu’il fallait que le roi lui-même intervînt pour nous faire sentir que la puissance publique, seule capable de démasquer certains vices, est seule capable aussi de les punir ou d’en empêcher le progrès ? […] La Bruyère, Messieurs, le sait et l’a dit lui-même : « C’est qu’il se fait généralement dans tous les hommes des combinaisons infinies de la puissance, de la faveur, du génie, des richesses, de la dignité, de la noblesse, de la force, de la capacité, de la vertu, du vice, de la faiblesse, de la stupidité, de la pauvreté, de la puissance, de la bassesse » ; et c’est que ces choses, « mêlées ensemble en mille manières différentes et compensées l’une par l’autre en divers sujets, forment aussi les différents états et conditions ».

1876. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre II. Le théâtre. » pp. 2-96

Pour les apaiser, pour obtenir vingt-quatre ans de puissance, il donne son âme, sans peur, sans avoir besoin d’être tenté, du premier coup, de lui-même, tant l’aiguillon intérieur est âpre52 ! […] C’est cet instinct, un antique instinct germanique, que ces grands peintres de l’instinct mettent tous ici en lumière : Penthéa, Dorothea, chez Ford et Greene ; Isabelle et la duchesse de Malfi, chez Webster ; Bianca, Ordella, Aréthusa, Juliane, Euphrasie, Amoret, d’autres encore, chez Beaumont et Fletcher ; il y en a vingt qui, parmi les plus dures épreuves et les plus fortes tentations, manifestent cette admirable puissance d’abandon et de dévouement85.

1877. (1889) La bataille littéraire. Première série (1875-1878) pp. -312

C’est que les frères Goncourt ont eu le rare bonheur de savoir regarder et écrire alors qu’ils étaient jeunes et que leurs œuvres sont encore empreintes de cette netteté, de cette puissance de vision, qui n’appartiennent qu’à la jeunesse. […] Dans le premier silence de cette minute effroyable, pendant qu’il entendait à l’autre bout du palais la musique étouffée du bal chez la duchesse, ce qui retenait cet homme à la vie, puissance, honneurs, fortune, toute cette splendeur doit lui apparaître déjà lointaine et dans un irrévocable passé. […] Il est impossible d’entrer dans plus de détails sur ce roman demi-historique dont la fable, des plus intéressantes, est écrite avec la puissance extraordinaire d’observation et le charme communicatif qui ont fait la réputation d’Alphonse Daudet. […] C’était tout simplement un sérail composé de jeunes et jolies filles plus belles les unes que les autres, et cet héritage tombait aux mains d’un sceptique qui niait l’amour passion, ne reconnaissant que la puissance de la chair et déclarant insensé l’homme qui se contentait d’une seule femme !

1878. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre I. La Restauration. »

Ainsi transformé, il ne se reconnaissait plus lui-même ; il ne s’attribuait pas ces inspirations véhémentes et soudaines qui s’imposaient à lui, qui l’entraînaient hors des chemins frayés, que rien ne liait entre elles, qui le secouaient et l’illuminaient sans qu’il pût les prévoir, les arrêter ou les régler : il y voyait l’action d’une puissance surhumaine, et s’y livrait avec l’enthousiasme du délire et la roideur de la foi. […] Parfois, sans doute, l’esprit naturel rencontre de bons jugements neufs : Temple, le premier, trouve un souffle pindarique dans le vieux chant de Regnard Lodbrog, et met le Don Quichotte au premier rang parmi les grandes œuvres de l’invention moderne ; de même encore lorsqu’il touche un sujet de sa compétence, par exemple les causes de la puissance et de la décadence des Turcs, il raisonne à merveille. […] De là, aspirant plus haut encore, il avait conquis la puissance, il était entré à la Chambre des communes, il s’y était montré l’égal des premiers orateurs, il avait combattu Pitt, accusé Warren Hastings, appuyé Fox, raillé Burke, soutenu avec éclat, avec désintéressement et avec constance, le rôle le plus difficile et le plus libéral ; il était devenu l’un des trois ou quatre hommes les plus remarqués de l’Angleterre, l’égal des plus grands seigneurs, l’ami du prince royal, même à la fin grand fonctionnaire, receveur général du duché de Cornwall, trésorier de la flotte.

1879. (1902) Le critique mort jeune

  On ne peut rouvrir le petit livre sensuel et mélancolique de 1894 sans y être saisi, comme chacun le fut autrefois, par la puissance et par la subtilité des impressions. […] Bourget y a été attaché par son goût de l’analyse et il y a montré, avec sa précision coutumière, le jeu de toutes les puissances de l’âme, depuis les influences héréditaires jusqu’à l’amour : non moins que l’intelligence et la volonté, en effet, le cœur a une part dans ce drame intérieur. […] Croyez bien qu’un roi qui parle en maître, soutenu par l’intelligence, la force et le respect d’un pays, est un plus beau spectacle qu’une Chambre tumultueuse… Pendant toute la première partie du règne, l’Empereur a gouverné avec les Ministres et le Conseil d’État, et personne ne peut nier qu’il ait eu à ce moment en France comme un renouveau de joie, d’activité, de puissance.

1880. (1893) Alfred de Musset

C’est de la poésie sensuelle, mais d’une sensualité très raffinée et très délicate : Qui ne sait que la nuit a des puissances telles, Que les femmes y sont, comme les fleurs, plus belles, Et que tout vent du soir qui les peut effleurer Leur enlève un parfum plus doux à respirer ? […] L’instinct lui révélait les relations mystérieuses qui existent entre la sonorité des mots employés et l’image qu’on veut évoquer, puissance indépendante de la valeur de l’idée exprimée et à laquelle le large mouvement de l’alexandrin est au plus haut degré favorable. […] Musset, rapporte son frère, considérait ces visites « comme les faveurs d’une puissance mystérieuse et consolatrice ».

1881. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « PARNY. » pp. 423-470

… Tout ce mouvement est d’une vérité profonde et d’une vraiment durable beauté ; il contraste admirablement avec l’invocation toute reposée, toute radoucie, d’une des élégies suivantes, et avec ce début enchanteur : Calme des sens, paisible indifférence, Léger sommeil d’un cœur tranquillisé, Descends du ciel ; éprouve ta puissance Sur un amant trop longtemps abusé !

1882. (1831) Discours aux artistes. De la poésie de notre époque pp. 60-88

Sa main est celle de Dieu lui-même, et elle se promène avec une infatigable persévérance sur la surface rude et ébauchée du globe pour la polir et l’achever ; et si le monde terrestre est l’œuvre de Dieu, il est aussi l’œuvre de l’homme ; car partout déjà sa volonté et sa puissance ont laissé leur trace et leur empreinte.

1883. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre II. Prière sur l’Acropole. — Saint-Renan. — Mon oncle Pierre. — Le Bonhomme Système et la Petite Noémi (1876) »

Sa puissance sur les éléments était effrayante.

1884. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Introduction. Le problème des idées-forces comme fondamental en psychologie. »

Nous allons plus loin encore et nous disons : l’intensité est tellement inhérente à la sensation, à l’émotion, à l’appétition, qu’on ne peut se représenter un état de conscience qui n’aurait pas un certain degré, qui ne serait pas plus ou moins fort ou plus ou moins faible, qui n’envelopperait pas, en d’autres termes, un déploiement d’activité plus ou moins énergique en tant que puissance exercée, et aussi plus ou moins contrebalancée par la résistance.

1885. (1888) Préfaces et manifestes littéraires « Théâtre » pp. 83-168

Une cabale s’organise, et quoi que l’on ait — je ne sais déjà plus qui — prétendu qu’elle était bien disciplinée, c’est se railler du public que de vouloir prétendre qu’une bulle de savon ne peut crever sans que les puissances conjurées n’aient médité sa ruine.

1886. (1856) Cours familier de littérature. I « Ier entretien » pp. 5-78

XXI L’année suivante, un autre hasard contribua davantage encore à me communiquer une sorte de superstition juvénile pour la littérature, et à me la faire considérer comme une sorte de puissance surnaturelle donnée par Dieu aux hommes et propre à tout remplacer en eux, même le bonheur.

1887. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome I « Bibliotheque d’un homme de goût. — Chapitre III. Poëtes françois. » pp. 142-215

La bataille de Coutras est racontée avec l’exactitude de la prose & toute la noblesse de la poésie ; le tableau de Rome & de la puissance pontificale est digne du pinceau d’un grand maître ; le départ de Jacques Clément pour aller assassiner Henri III. est fort beau ; l’attaque des fauxbourgs de Paris est très-bien décrite ; la bataille d’Ivri mérite le même, éloge ; l’esquisse du Siécle de Louis XIV.

1888. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre X : De la succession géologique des êtres organisés »

— J’ai essayé de montrer que nos archives géologiques sont extrêmement incomplètes ; qu’une très petite partie du globe seulement a été géologiquement explorée ; que seulement certaines classes d’êtres organisés ont été conservées à l’état fossile ; que le nombre des espèces et de leurs spécimens individuels, conservés dans nos musées, n’est absolument rien en comparaison du nombre incalculable de générations qui doivent s’être écoulées pendant la durée d’une seule formation ; que l’accumulation de dépôts riches en fossiles, d’une puissance suffisante pour résister à des dégradations ultérieures, n’étant guère possible que pendant des périodes d’affaissement du sol, d’énormes intervalles de temps doivent s’être écoulés entre la plupart de nos formations successives ; que les extinctions d’espèces ont probablement été plus fréquentes et plus rapides pendant les périodes d’affaissement, mais qu’il doit y avoir eu des variations plus considérables pendant les périodes de soulèvement, beaucoup moins favorables que les autres à l’enfouissement des fossiles, de sorte qu’elles forment autant de lacunes dans les archives de la terre ; que chaque formation elle-même s’est accumulée avec intermittence ; que la durée de chaque formation a peut-être été courte en comparaison de la durée des formes spécifiques ; que les migrations d’espèces ont joué un rôle important dans la première apparition des formes nouvelles en chaque région et en chaque formation ; que les espèces très répandues sont les plus variables, et, conséquemment, celles qui doivent avoir le plus souvent donné naissance à des espèces nouvelles ; enfin que les variétés ou espèces naissantes ont presque toujours commencé par être locales.

1889. (1855) Préface des Chants modernes pp. 1-39

La puissance de ces rois des rois, de ces pasteurs des hommes, ferait rire de pitié le prince de Monaco lui-même ; tout cela est fané, usé, rapetassé ; il faut le savoir, mais ne plus le raconter.

1890. (1765) Articles de l’Encyclopédie pp. 11-15754

Vous pouvez disposer à votre gré de chaque corps particulier qui est en votre puissance : mais êtes-vous ainsi le maître de l’étendue, de la figure, ou de la divisibilité ?

1891. (1866) Cours familier de littérature. XXII « CXXXIe entretien. Littérature russe. Ivan Tourgueneff » pp. 237-315

Telle que je la connais, avec son âme angélique, je suis sûr qu’elle me pardonnera, et dans trois mois, je le jure par tout ce qu’il y a de plus sacré, j’irai la rejoindre, et jusqu’à mon dernier jour nulle puissance ne pourra me séparer d’elle. […] Boris, d’ailleurs, n’était point de ces hommes qu’on ne peut remplacer, s’il en est dans le monde qui ont cet honneur suprême, et Viéra n’était pas de nature à se consacrer toute sa vie à un sentiment unique, s’il est des sentiments qui ont cette puissance.

1892. (1923) L’art du théâtre pp. 5-212

IV C’est le théâtre clos, en puissance chez Jean Racine. […] C’est à cause de lui que Porto-Riche, Bernstein, Bataille ont emboîté le pas à Henry Becque, sans sa puissance et son talent, et que, sous prétexte de vérité, tant d’auteurs se sont spécialisés dans le genre aujourd’hui le plus répandu : variations sur l’adultère.

1893. (1902) Propos littéraires. Première série

De cette façon indirecte, le beau, qui n’enseigne rien, est un agent de moralité d’une puissance énorme. […] Zola n’a eu qu’à se souvenir de La Curée, et qu’il a peint une fois de plus, avec moins de puissance et de couleur que dans la Curée, mais non sans vigueur encore. […] Maurice Maeterlinck a senti lui-même et constaté cette parenté : « À certains moments l’humanité a été sur le point de soulever un peu le lourd fardeau de la matière… Les hommes furent plus près d’eux-mêmes et plus près de leurs frères… Ils comprirent plus tendrement et plus profondément la femme, l’enfant, les animaux, les plantes et les choses… Les écrits qu’ils nous ont laissés ne sont peut-être pas parfaits : mais je ne sais quelle puissance et quelles grâces secrètes y demeurent à jamais vivantes et captives… Ce que nous savons de l’ancienne Égypte permet de supposer qu’elle traversa l’une de ces périodes spirituelles. […] ce qu’il y a dans le silence des portes et des fenêtres et dans la petite voix de la lumière ; subissant la présence de son âme et de sa destinée ; inclinant un peu la tête sans se douter que toutes les puissances de ce monde interviennent et veillent dans sa chambre comme des servantes attentives… il m’est arrivé de croire que ce vieillard vivait en réalité d’une vie plus profonde, plus humaine et plus générale que l’amant qui étrangle sa maîtresse », etc. […] En novembre 1871, un compte rendu de la réception de Jules Janin, où l’esprit caustique et la faculté de généreuse indignation d’Édouard Ruel se révèlent avec une puissance déjà remarquable.

1894. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE LA FAYETTE » pp. 249-287

En somme, Mme de Maintenon et Mme de La Fayette étaient deux puissances trop considérables, et qui faisaient trop peu de frais, pour ne pas se refroidir à l’égard l’une de l’autre.

1895. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Charles Nodier »

Les historiens, les philosophes, les érudits, les linguistes, les spéciaux, tous tant qu’ils sont, encaissés dans leur rainure (en laquelle une fois entrés, notez-le bien, ils arrivent le plus souvent à l’autre bout par la force des choses, comme sur un chemin de fer les wagons), tous ces esprits justement établis sont d’abord assez de l’avis des parents, et professent eux-mêmes une sorte de dédain pour le littérateur, tel que je le laisse flotter, et pour ce peu de carrière régulièrement tracée, pour cette école buissonnière prolongée à travers toutes sortes de sujets et de livres ; jusqu’à ce qu’enfin ce littérateur errant, par la multitude de ces excursions, l’amas de ses notions accessoires, la flexibilité de sa plume, la richesse et la fertilité de ses miscellanées, se fasse un nom, une position, je ne dis pas plus utile, mais plus considérable que celle des trois quarts des spéciaux ; et alors il est une puissance à son tour, il a cours et crédit devant tous, il est reconnu.

1896. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre neuvième »

Quelles charmantes images, dans le Dépit amoureux, des brouilleries entre amants sitôt suivies du raccommodement ; de leurs jalousies passagères pour le plaisir d’en être guéris ; de la puissance de l’illusion sur une âme éprise !

1897. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1860 » pp. 303-358

M. de Manteuffel rendait ainsi, par des voies mystérieuses, un signalé service aux puissances occidentales, en même temps qu’à son pays, car si le dernier mot de la guerre était resté à la Russie, la Prusse serait retombée sous la pesante tutelle de la cour de Saint-Pétersbourg.

1898. (1886) Quelques écrivains français. Flaubert, Zola, Hugo, Goncourt, Huysmans, etc. « Gustave Flaubert. Étude analytique » pp. 2-68

Avant de laisser enfanter son imagination, de prêter à sa puissance verbale de beaux thèmes à phrases magnifiques, Flaubert avait rempli sa mémoire de l’infinité de faits que réclamait son style particulier, disconnexe et concis, et que son réalisme le poussait à rechercher aussi véridiques que peuvent les fournir les livres.

1899. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre I : Variations des espèces à l’état domestique »

Aussitôt qu’elle est pleinement reconnue, et ses progrès constatés, la sélection inconsciente tend à en augmenter lentement les traits caractéristiques, quels qu’ils soient, mais sans doute avec une puissance variable, selon que la race nouvelle acquiert ou perd la vogue, et peut-être encore en certains districts plus qu’en d’autres, selon le degré de civilisation de leurs habitants.

1900. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Robert » pp. 222-249

Le précédent est l’ouvrage de l’imagination, celui-ci est une copie de l’art ; ici on n’est arrêté que par l’idée de la puissance éclipsée des peuples qui ont élevé de pareils édifices ; ce n’est pas de la magie du pinceau, c’est des ravages du temps que l’on s’entretient.

1901. (1868) Curiosités esthétiques « I. Salon de 1845 » pp. 1-76

Ce qui prouve encore la puissance de M. 

1902. (1739) Vie de Molière

On voit par là combien l’habitude a de puissance sur les hommes, et comme elle forme les différents goûts des nations.

1903. (1927) Approximations. Deuxième série

Animé de ce besoin de convertir inséparable de maintes formes de la certitude ; et c’est de certitude encore plus que de vérité61 que Pascal est affamé : je le sais, entre les deux termes la démarcation est difficile, impossible peut-être à tracer : elle se sent néanmoins, — et surtout en ceci que chez l’homme que seule la vérité oriente, il existe presque toujours une marge de pensée si désintéressée que de la vérité même cette pensée semble alors déprise ; — semble, mais son détachement est l’expérience nouvelle qu’elle institue ; elle opère à distance, avec lenteur, non sans sécurité, à la façon de l’astronome : dans la fuite du temps elle voit moins l’adversaire qu’un magicien énigmatique dont le retrait même détient puissance, susceptible de devenir le complice de ses entreprises ; elle circonvient, elle flatte ce temps que la pensée de Pascal harcèle, force sans cesse dans ses derniers retranchements, Sublimement intéressé, Pascal tenant la barre jamais ne relâche son étreinte. […] Mais prenez ses ouvrages les meilleurs : Les Amours Perdues ea qui témoignent d’une rare entente des possibilités que recèle la forme du Journal qui, par les allées et venues qu’il permet entre le passé et le présent, par la nostalgie contagieuse qui s’en dégage, abolit un des artifices les plus difficiles à surmonter dans l’art du roman, — au livre il ne manque pas moins quelque chose de plus particularisé, je ne dis pas dans le sujet, mais dans son mode de présentation : un sujet a le droit d’être aussi vague, aussi général que l’on voudra, et de ce vague, de cette généralité nuls dons ne s’accommodent mieux que ceux de Jaloux dont toute l’œuvre exhale avec une pénétrante puissance cette poésie du « trouble » et du « mêlé » qui fut recueil de tant d’autres. […] Et voici, me semble-t-il, la réponse que l’on pourrait opposer à l’objection de Martineau : non, l’homme de génie lui-même ne saurait peindre l’homme de génie si vous envisagez celui-ci dans ses heures de production solitaire, si par cette peinture vous entendez l’« état déjà lyrique de sa pensée » où il donne naissance à ses créations ; — mais si vous le prenez par contre dans ses propos, où il préserve du moins avec nous cette frontière commune d’un monde que ses propos mêmes, il est vrai, commencent à mettre « en fusion », mais dont il n’a pas encore « cristallisé les valeurs », — alors le talent de Jaloux qui se montre ici si plein de richesses, la parfaite justesse d’un ton d’une gravité familière où, sans pour cela jamais s’abaisser, rien n’excède le naturel de la parole, — tout évoque Prémery devant nous, lui confère véritablement une présence. « Son génie, dit Martineau, n’éclate pas en ses proposef », — non en tant que génie en acte ; — oui, en tant que génie en puissance, et toujours conformément aux conditions variables que permet et réclame tout ensemble une situation qui d’un bout à l’autre du livre va sans cesse se modifiant. […] (Dans son cas du reste cette possibilité ne présentait en soi rien de contradictoire puisqu’à maintes reprises il insista sur la nécessité du dédoublement : « Il faut que notre esprit reprenne foi en une réalité distincte de sa puissance, qu’il arrive à distinguer à nouveau en lui un instrument et une matière »). […] Cette « réalité » en laquelle il demande que notre esprit « reprenne foi », cette « réalité » qu’à l’intérieur même de l’esprit il jugeait « distincte de sa puissance », sans doute était-ce elle qui l’orientait : je me le représente aux aguets de quelque instant suprême où, devenu enfin (après combien de campagnes) infaillible, « l’instrument » vienne toucher en plein centre la « matière ».

/ 1999