On n’y trouve qu’une orthodoxie sèche, anti-critique, raide, inféconde, petite : type Saint-Sulpice ; ou bien un niais creux et superficiel, plein d’affectation et d’exagération : le néo-catholicisme, ou bien enfin une philosophie sèche et sans cœur, revêche et méprisante : l’Université et son esprit.
La sensation de mouvement musculaire, non empêché, constitue notre notion de l’espace vide ; la sensation de mouvement musculaire empêché, notre notion de l’espace plein ou de l’étendue.
Helvetius honoroit la personne & les talens, & des louanges outrées de plusieurs Ecrivains médiocres & pleins de morgue, qu’il n’estimoit d’aucune façon. 3.° Cet Ouvrage fourmille de sarcasmes & d’imprécations contre les Princes, les Grands, les Ministres, les Ecclésiastiques ; & ce ton d’emportement & de grossiéreté ne s’accorde point avec la politesse, la modération & la critique délicate qu’on remarque dans le Livre de l’Esprit. 4.° M.
Nous rentrons, au troisième acte, dans la maison Fourchambault, pleine de récriminations et de querelles domestiques.
Et, pour prouver qu’elle l’a bien gagné, elle fouille dans ce million à pleines mains, elle s’en asperge, elle s’y baigne.
C’était cet entresol plein d’idées et de doctrines, qui enfermait toutes les cataractes du ciel et qui devait tôt ou tard éclater.
Son oraison funèbre eût été belle encore ; elle eût été tout entière dans ces paroles qu’un étranger de grand mérite (lord Shelburne, depuis marquis de Lansdowne) avait pu dire, en revenant de le visiter quelques années auparavant : J’ai vu pour la première fois de ma vie ce que je ne croyais pas qui puisse exister : c’est un homme dont l’âme est absolument exempte de crainte et d’espérance, et cependant est pleine de vie et de chaleur.
Chaque jour je le paraissais davantage, et M. de Montperreux se crut payé de retour longtemps avant que je le lui eusse appris. » Tout ce récit que Mirabeau met dans la bouche de Sophie, et qui fait le milieu du second Dialogue, est plein de noblesse, de raison, de dignité dans l’aveu d’une faute, d’une demi-faute.
Un soir Vitellius malade voit une maison pleine de lumière ; on se réjouit là.
A mesure que se fait la coordination du langage et de la pensée, l’enfant cherche toujours ses mots quand il porte un jugement nouveau, mais il les trouve de plus en plus facilement ; d’autre part, quand il parle pour parler, les mots éveillent des pensées de plus en plus riches, nettes et cohérentes ; et, à la longue, l’accord de la parole et de la pensée devient si étroit que l’enfant devenu un adolescent ne peut plus guère trouver une pensée sans la bien exprimer, ni se rappeler des mots sans y attacher un sens plein et sérieux.
Ils ont compris que le problème de la discipline militaire se pose de la même manière que le problème de la discipline industrielle, et bien qu’ayant l’âme toute pleine de justice égalitaire, ils se sont rangés sous des chefs que la veille ils croyaient exécrer.
Au point culminant de la première évolution sont les insectes hyménoptères, à l’extrémité de la seconde est l’homme : de part et d’autre, malgré la différence radicale des formes atteintes et l’écart croissant des chemins parcourus, c’est à la vie sociale que l’évolution aboutit, comme si le besoin s’en était fait sentir dès le début, ou plutôt comme si quelque aspiration originelle et essentielle de la vie ne pouvait trouver que dans la société sa pleine satisfaction.
« Sous l’action combinée de la jurisprudence et des lois récentes, la concession de la personnalité civile s’étend peu à peu à toutes les associations ; il sera bientôt évident que le vieux principe est usé, et qu’il faut lui substituer le principe opposé de la personnalité de plein droit162 », — Ainsi nos institutions mêmes, malgré leurs tendances premières, laissent apercevoir le progrès des forces sociales contre lesquelles elles ne peuvent lutter.
Chaque pas du temps fait des hécatombes d’œuvres dramatiques ; et la grande réputation d’une œuvre passée n’a souvent d’égal que l’étonnement plein de tristesse et de désenchantement que nous cause sa reprise. […] D’ailleurs, si l’art nouveau est plein de dangers, il n’est pas toujours sans charmes, et nous nous laissons volontiers séduire de plus en plus par tous les traits, si exigus qu’ils soient, qui portent l’empreinte de la vérité. […] Considéré en dehors de l’action dramatique, le chant des lavandières n’aurait pour le public que le charme d’une poésie pleine de délicatesse et de fraîcheur et ne lui apporterait qu’un plaisir purement poétique et musical, mais il devient d’une ineffable tristesse en passant par l’âme de la reine. […] cette étoile à droite de cet arbre — Non, celle-là qui se montre à peine et qui brille comme une larme… » Toute cette scène, comme on le voit, est fortement empreinte d’un naturalisme plein de mélancolie. […] Évidemment, celle suite d’exhibitions, souvent pleines de mouvement et d’expression, où le pittoresque atteint une grande intensité, constitue pour les yeux et même pour l’esprit un amusement parfois très vif.
La chambre est pleine de livres dépareillés, que la mère achète pour quelques sous sur les quais, et qu’elle relit toujours, sans se préoccuper du commencement ou de la fin de l’aventure. […] L’esprit, pour peu qu’on l’ait délicat, se soulève plus que le cœur contre ces pages, plus pleines encore d’inepties que de crimes.
XXVIII Ce grand homme avait peut-être le caractère un peu vert d’un homme de parti ; dans les premières périodes de sa vie, il avait pu prendre quelquefois la popularité pour la vertu et l’opposition pour la politique ; il avait pu verser à trop pleine coupe le souvenir de ses victoires comme consolation à un peuple affaissé par ses revers ; il avait pu badiner un peu trop vivement avec le vin et l’amour pour se faire rechercher en bon convive et en indulgent moraliste à la table et dans les rondes suburbaines du peuple. […] Il y aura cette différence entre ma naissance et ma mort que je suis arrivé malgré moi et que je partirai de mon plein gré !
Il en aurait été ainsi, qui jamais se fût imaginé qu’à un état transitoire antérieur ces animaux eussent été des habitants de la pleine mer, et n’eussent employé leurs naissants organes de vol que pour éviter d’être dévorés par d’autres poissons ? […] D’ailleurs, si nous tenons à comparer l’œil à un instrument d’optique, alors il faut nous représenter un nerf sensible à la lumière placé derrière une épaisse couche de tissus transparents renfermant des espaces pleins de fluides ; puis nous supposerons que chaque partie de cette couche transparente change continuellement et lentement de densité, de manière à se séparer en couches partielles différentes par leur densité et leur épaisseur, placées à différentes distances les unes des autres, et dont les deux surfaces changent lentement de forme.
L’abbé, son œil malade couvert d’un mouchoir, et l’âme pleine de scandale de la témérité avec laquelle j’avais avancé qu’un tourbillon de poussière que le vent élève et qui nous aveugle était tout aussi parfaitement ordonné que l’univers. […] Aussi le parterre est-il plein et les lieux de la misère réelle sont-ils vides.
Cependant il étoit plein de vertus & de religion : Mon dieu, s’écrioit-il quelquefois, on a beau dire que je ne crois rien : je vous aime de tout mon cœur. […] Il réfuta les discours & les écrits du P. de Tournemine ; donna, à l’Histoire du peuple de Dieu & à son auteur, les éloges les plus outrés, & paria de son critique en termes indécens & pleins de mépris. […] On trouve, dans ces mêmes observations, une critique vive des peintures indécentes dont l’Histoire du peuple de Dieu est pleine. […] Les jeunes gens en sortoient pleins de grands principes pour la conduite de la vie, & nourris de la lecture des auteurs Grecs & Latins.
Remy de Gourmont rapproche encore des conseils de la médecine moderne sur certains points de physiologie intime les sages décisions des casuistes ; lorsqu’il oppose à l’arrogance des zélateurs de la Vérite cette sage parole d’Escobar que « l’homme ne peut acquérir des choses une certitude pleine et entière » et que, les dogmes de l’Eglise mis à part, il n’est que de variables et incertaines opinions ; lorsqu’il s’amuse enfin à noter que Jules Ferry avait flétri les jésuites pour avoir excusé le vol en cas de nécessité extrême, théorie par où s’affirment aujourd’hui le génie de M. […] Faguet, arrivé à un point de sa carrière où d’habitude un auteur aime à se délasser, ait donné un ouvrage ardu, plein de périls et en même temps d’une utilité manifeste, la « Politique comparée de Montesquieu, Rousseau et Voltaire », où il suit avec une exactitude parfaite la pensée des trois écrivains sur toutes les grandes questions politiques et met en lumière leur désaccord constant. […] Ce livre, déjà plein d’aromates si étranges, il a su l’enrichir de beautés et de raretés nouvelles. […] Bourget a toujours rendu plein hommage ?
Le contemporain de Cicéron (je parle surtout de l’homme du peuple) a l’imagination pleine de légendes ; ces légendes lui viennent d’un temps très antique et elles portent témoignage de la manière de penser de ce temps-là. […] La communauté du culte cessant, toute autre communauté cessait de plein droit, et le mariage était dissous. […] Or, un tel silence ne peut pas signifier qu’en ce cas la fille fût héritière légitime : car il n’est pas admissible que la loi interdise à la fille d’hériter de son père par testament, si elle est déjà héritière de plein droit sans testament. […] Qu’on se figure cette religion du foyer et du tombeau, à l’époque de sa pleine vigueur. […] De là ces luttes de dieux dont le polythéisme est plein et qui représentent des luttes de familles, de cantons ou de villes.
Remarquez du reste que, sensiblement incohérent, comme la plupart des ouvrages de Rousseau, le Contrat Social contient des passages tout pleins du plus pur libéralisme. […] Ils lui apprennent qu’il peut exister quelque chose qui ne soit pas chose de l’Etat, absorbée par l’Etat, à la pleine disposition de l’Etat. […] Il faut, tout en indiquant, s’il y a lieu, si c’est vrai, que les idées qu’on professe n’ont pas laissé d’être obscurément pressenties par de bons esprits d’autrefois — et que les chrétiens rappelassent le souvenir des prophètes juifs, il n’y avait pas de mal — insister surtout sur ceci qu’on est des révoltés, des novateurs et des fondateurs, qu’on a ses raisons pour l’être, qu’on vient changer le monde parce qu’il a besoin d’être changé, et que s’il n’en avait pas besoin on ne serait pas venu ; que, par exemple, dans le cas dont il s’agit, les Juifs n’avaient pas compris Dieu et que Dieu est venu pour se faire comprendre aussi bien de ceux qui ne l’avaient pas compris que de ceux qui ne le connaissaient pas. — Mais être moitié juifs, moitié chrétiens ; et associer Moïse et Jésus ; et, quand on a fait l’Evangile, déclarer sien et vénérable et divin un livre plein de génie poétique, mais en son ensemble aussi peu moral et aussi peu moralisateur que possible et qui donne de Dieu une idée propre à vous rendre athée : c’est là qu’est l’erreur énorme et c’est là qu’est le danger. […] Il n’est que de lire Agrippa d’Aubigné et Théodore de Bèze — je ne dis pas Calvin, qui est beaucoup plus évangélique que biblique et qui a été biblique plus dans ses actes que dans ses livres — pour comprendre quelle dureté, quelle soif du carnage pour le service de Dieu, développe dans des âmes, du reste bien préparées, la lecture quotidienne d’un livre plein de Dieu, de fureurs et de massacres. […] Louis XIV ayant envoyé en Hollande en 1684 le comte d’Avaux, avec pleins pouvoirs d’admettre à une trêve de vingt années les puissances qui voudraient y entrer, les jansénistes, sous le nom de Disciples de saint Augustin, avaient imaginé de se faire comprendre dans cette trêve, comme s’ils avaient été un parti formidable, tel que celui des calvinistes le fut si longtemps.
Car, si l’on a considéré comme un tour de force que la Nuit de noces ait, pendant un demi-acte, laissé le public dans l’incertitude sur la délicatesse ou l’infamie de l’héroïne, que dire de cette comédie, où, durant deux actes pleins, le spectateur ignore si Mme de Riverolles ne s’est pas vengée de son mari en le trompant avec le premier venu, dans un cabinet verrouillé d’un restaurant de nuit, — comme on se jette à la Seine de n’importe quelle pierre du quai ? […] Sous la roche concave et pleine d’os qui luisent, Contre l’âpre granit tes ongles durs s’aiguisent12… Il a connu l’ivresse de l’infini libre, avec l’oiseau, Qui dort dans l’air glacé, les ailes toutes grandes13… Il a ressenti la sérénité nostalgique des éléphants, ces rois dépossédés de notre globe, et suivi la morne chasse du famélique requin : Il ne sait que la chair qu’on broie et qu’on dépèce, Et, toujours absorbé dans son désir sanglant, Au fond des masses d’eau lourdes d’une ombre épaisse Il laisse errer un œil terne, impassible et lent14… Il a connu la mélancolie de l’animal, germe douloureux de la grande tristesse humaine devant l’abîme de l’inconnaissable, et compati au sanglot des chiens, près de la mer, dans la nuit : Devant la lune errante aux livides clartés, Quelle angoisse inconnue, au bord des noires ondes, Faisait pleurer une âme en vos formes immondes ? […] tout cela, jeunesse, amour, joie et pensée, Chants de la mer et des forêts, souffles du ciel, Emportant à plein vol l’espérance insensée, Qu’est-ce que tout cela qui ri est pas éternel 19 ? […] Il a simplement, et dès le début, poussé à leur extrême quelques états de l’âme dont le plein développement n’apparaît que dans la génération suivante.
Ce jeune homme est plein de modestie ; pour sa mise, je n’en dirai rien, l’illustre voyageur avait un peu l’air de débarquer du guazacoalco. […] Jal est un grand bel homme qui porte moustache de raffiné en crocs, des lunettes d’or, un petit carton vert plein d’articles maritimes, et des socques articulés, ou non articulés, je ne suis pas bien sûr. […] Chez lui, c’est un excellent jeune homme, plein de cœur et de dévouement, spirituel à l’excès, et en un mot de la meilleure société possible.
Ce voyage de 18 jours fut plein de péripéties et d’incidents.
Des râteliers toujours pleins, dans cette vaste étable de l’humanité, changent-ils la nature de cette bête de somme plus ou moins repue qu’ils appellent la société humaine ?
Les faits, l’action, le dénouement sont créés par le poète ; mais en effet ce sont bien là, quoi qu’on ait voulu dire, les Musulmans et les croisés du temps de saint Louis ; ce sont réellement leurs idées, leurs affections, leurs habitudes, leurs caractères ; et cette tragédie existait en quelque sorte toute entière dans l’atmosphère historique ; voilà pourquoi elle est si pleine d’intérêt et d’instruction : à beaucoup d’égards, on en peut dire autant d’Alzire.
À partir de 1677, Racine se partage entre sa petite famille et la cour : il était fin, spirituel, plein de tact : « rien du poète, dit Saint-Simon, et tout de l’honnête homme ».
Les Mémoires d’outre-tombe sont tout pleins de thèmes lamartiniens (p. 244 ; III, 207, etc.), mais, vu la date de leur publication, il y a ici seulement harmonie, et non influence.
Il s’emportait contre ces hommes « qui d’abord pleins de goût pour la vérité frappés ensuite d’aveuglement avaient profané de leur rire audacieux et sacrilège le gage sacré de la vie éternelle. » Rabelais s’en souvint en écrivant son quatrième livre.
La morale vraie est un art difficile et délicat, plein de nuances et semé de pièges.
Alors, ce drame : l’âme livrée primitivement à la mensongère tromperie de l’Apparence, et niant l’amour ; puis, cette heure (l’heure possible parmi les pâles existences banalement dévouées aux vies mauvaises, dans le croupissement des animalités, sous l’aveuglement de l’être faux), l’heure (suprême) où le rêve, vague emportement de la pensée, hors le monde habituel te prend, âme, et t’enveloppe de ténèbres majeures et te donne cette vision du Vrai, donc ce choix, — l’heure, extraordinaire, (l’heure du Breuvage) où l’âme songe tout à coup qu’il est une autre vie, qu’elle peut vivre, qu’elle vivra ; dès lors, la lutte ; et le bien heureux moment où, âme, libre tu t’en iras, âme libre, libre du monde faux, éclosant dans le plein ciel de ton monde authentique, ô joyeuse de ton libre amour !
Dans une mise en scène convenable, je signale de lamentables exagérations ; ainsi, au premier acte, l’apparition, sous le clair de lune d’un jardin anglais éclairé à giorno ; nous ne réclamons pas des merveilles de scénerie, et sommes plein d’indulgence pour le pont de chemin de fer du second acte ; mais, au troisième, l’incendie final est d’une exubérance inouïe ; comme nous l’avions prévu, c’est un luxe de flammes, de fumées, de feux de bengale, et un tapage de machineries, une féerie laide et bruyante qui détourne de la musique l’attention des neuf dixièmes du public, et qui empêche l’autre dixième de rien entendre distinctement à la symphonie.
Darwin (Erasme) professe la même théorie, en substituant au mot « vibration » l’expression « mouvements sensoriels. » Bien que son système soit plein d’ « hypothèses absurdes », il a eu le mérite de voir que la psychologie est subordonnée aux lois de la vie, et de couper court par là à des questions mal posées et à des problèmes factices.
Si on lui lisait quelque chose dans la soirée, il se réveillait le lendemain matin l’esprit plein des pensées et des expressions entendues la veille, et il les écrivait de la meilleure foi du monde, sans se douter qu’elles ne lui appartenaient pas.
Mais cette obligation ne constitue pas à vrai dire un fait de Bovarysme : le Bovarysme est un phénomène psychologique ; il n’apparaît qu’avec l’adhésion du vaincu aux manières d’être du vainqueur, qu’avec l’admiration pour le vainqueur ; c’est alors seulement que, de son plein gré, le vaincu, dédaignant sa coutume héréditaire, se conçoit selon le modèle de la coutume étrangère ; c’est alors seulement que le groupe auquel il appartient, s’étant conçu différent de lui-même, disparaît comme entité sociale distincte pour se fondre dans le groupe victorieux.
L’hébreu est plein de noms analogues : le bouc est le poilu ; l’ours, le barbu ; le loup, le jaunet ; l’hyène, la bringée 164.
Elle me fait songer à cette fillette qu’un jour de pluie, sous le toit de chaume qui dégoutte, je voyais s’amuser à recevoir chaque goutte d’eau dans son dé : le vent du ciel chasse au loin les gouttelettes, et l’enfant tend son dé, patiente, et le petit dé n’est pas encore plein.
Hugo se pique d’être « utile », de répandre sur les cœurs à pleines mains la pitié et la générosité, comme le prêtre verse sur les têtes ses bénédictions : bénir efficacement, n’est-ce pas avant tout rendre meilleur ?
… The table is full , comme dit Macbeth, la table est pleine !
les années et les chagrins avaient triomphé de sa beauté, mais elle était encore pleine d’agréments… Elle avait trouvé un dernier ami dans le marquis de Laigues qu’elle aima jusqu’à la fin… (Enfin !)
Et il n’y aurait là qu’un fait de l’ordre pathologique à déplorer, si Michelet était tombé de la vérité et du plein bon sens dans ses fureurs physiologiques ; mais nous savons trop d’où il est tombé !
Voici ce qu’on lit dans un de ses ouvrages, plein de découvertes utiles & de réflexions piquantes.
Dès lors, on comprend à quoi servent les cinq cents millions de cellules et les deux milliards de fibres de notre écorce cérébrale ; grâce à leur multitude, notre mémoire est pleine de clichés ; c’est pour cela qu’un cerveau humain peut posséder une ou plusieurs sciences complètes, cinq ou six langues et davantage, se rappeler des myriades de sons, de formes et de faits. […] Si je leur pince la patte, toutes deux s’enfuient en sautant, et se débattent si je les retiens. » On les met toutes deux dans un grand flacon plein d’eau.
Elle accorde un plein exercice à chaque organe nouvellement formé ; et l’individu modifié est placé dans les conditions de vie qui lui sont les plus favorables. […] Comme l’on voit ici et là un jet fragile et mince s’élancer d’un des nœuds inférieurs d’un arbre, et arriver plein de vie jusqu’à son sommet, lorsque des chances heureuses le favorisent ; de même nous voyons de rares animaux, tels que l’Ornithorynque et le Lepidosirène, qui, à quelques égards, rattachent l’un à l’autre par leurs affinités deux embranchements principaux de l’organisation, arriver jusqu’à notre époque, apparemment soustraits aux fatalités de la concurrence par la situation protectrice de leur station.
Les livres que l’on met d’abord entre les mains des començans, aussi-bien que les autres livres, sont pleins de mots pris dans des sens détournés et éloignés de la premiére signification de ces mots ; par exemple : (…). […] Quand les anciens vouloient exciter quelqu’un à boire, et faire à peu près à son égard ce que nous apelons boire à la santé ; ils prenoient une coupe pleine de vin, ils en buvoient un peu les premiers, et ensuite ils présentoient la coupe à celui qu’ils vouloient exciter à boire. […] Virgile dit que Didon ayant présenté à Bitias une coupe d’or pleine de vin, Bitias la prit et se lava, s’arosa de cet or plein ; c’est-à-dire, de la liqueur contenue dans cette coupe d’or. (…).
Ramée, jeune statuaire, plein de chaleur et d’enthousiasme, touchés l’un et l’autre du feu sacré, s’étaient mis en campagne ; ils avaient visité en pèlerins fervents et infatigables les monuments, les églises, les restes d’abbayes, et la théorie fondée sur l’observation était née ; elle avait apparu, un matin, lumineuse et manifeste.
Son pouls avait cette singularité d’être fort plein et d’avoir une intermittence à chaque sixième pulsation.
Nous payons les tailles et tout plein d’ustensiles, et les ecclésiastiques et nobles, qui ont les plus beaux biens, ne payent rien de tout cela.
Les vents sont pour l’Italie ; ne faites pas fausse route, et vous surgirez à pleines voiles à votre horizon, l’indépendance !
Ce serait de trouver un amoureux d’art, plein de goût et de discrétion, n’ayant en conséquence qu’une vague ressemblance avec feu Chauchard ; il adresserait, sous le voile de l’anonymat, un chèque copieux au littérateur, dénué de millions et de relations, qui se serait contenté d’écrire un beau livre, pour sa joie personnelle, et qui n’aurait employé aucuns moyens louches et malpropres afin de décrocher a timbale d’argent doré.
Quand quelqu’un souhaite lire, il bande, avec une grande quantité de toutes sortes de petits nerfs, cette machine ; puis il tourne l’aiguille sur le chapitre qu’il veut écouter, et en même temps, il en sort, comme de la bouche d’un homme ou d’un instrument de musique, tous les sons distincts et différents qui servent, entre les grands lunaires, à l’expression du langage. » On pourrait dire de même que de nos jours tel roman de Jules Verne, telle fantaisie d’un poète, de Victor Hugo, par exemple, dans Plein ciel, présagent l’invention des bateaux sous-marins ou des nacelles ailées qui opéreront la traversée effrayante d’un astre à un autre.
Mais le troisième acte, après son terrible premier tableau, entrant brusquement dans la troisième manière du Maître, nous jette au plein des émotions multiples où transperce le drame … Cette fois, Madame Vogl donne des craintes de plus en plus vives.
Ce rapport devient insensiblement un pamphlet contre la science en général, que l’auteur accuse de violer grossièrement les plus sacrés mystères de la nature et d’offenser le sentiment du beau en observant la vie dans sa pleine activité et dans son développement.
Mais dans une Physiologie de la vie commune, on ne pouvait guère qu’effleurer ce sujet encore plein d’obscurité et de problèmes.
Plus d’une fois, plein d’espoir, il partit en guerre ; toujours la destinée taquine lui refusa l’occasion de combattre.
Leur gazouillement sur les dalles Couvertes de duvets flottants Est la seule voix de ces salles Pleines des silences du temps.
Il avait dit ailleurs : « Toutes nos spéculations quelconques peuvent être envisagées comme autant de résultats nécessaires de l’évolution spéculative de l’humanité » ; et encore : « Les diverses spéculations humaines ne sauraient comporter en réalité d’autre point de vue pleinement universel que le point de vuehumain. » La rédaction est un peu naïve, mais ce qu’il veut dire est plein de sens.
Déjà connu par des poésies pleines d’énergie, vous avez prêché avec tout l’avantage du talent la nouvelle doctrine.
La montagne est toute pleine De rochers faits comme ceux De notre petit domaine.
Quand vous eûtes passé ce temps plein d’innocence.
Pindare, dont on peut comprendre la lettre, mais dont l’esprit évaporé sous le souffle des siècles rend la gloire incompréhensible, est presque un sujet vierge en littérature Longin et Boileau l’ont touché, mais le peu qu’ils en ont dit, ces porte-respects formidables, a suffi pour empêcher la petite critique familière de l’approcher ; et il est resté, ce fameux Pindare, sans traduction intégrale ou convenable, sous le balustre de son texte : mystérieux, fermé, mais n’ayant plus la vie, — absolument comme un tombeau, Certes, pour qui y voit la vie encore, il n’est rien de plus attirant que ce sépulcre fermé de Pindare, qu’il s’agit d’ouvrir pour nous montrer qu’il est plein de choses immortelles et que la Gloire n’a pas menti !
Dans un nouveau livre sur la Raison d’État il nous place de son autorité privée en pleines mathématiques historiques, et il nous dit avec la séduction de son incomparable dextérité : Regardez-y, voilà l’histoire !
Je dis que je n’y pouvais rien, car j’attendais toujours des avances en proportion de la qualité des gens, et plus de la part d’un duc que de la part d’un autre homme947. » Il triomphait dans son arrogance, et disait avec une joie contenue et pleine de vengeance : « On passe là une demi-heure assez agréable948. » Il allait jusqu’à la brutalité et la tyrannie ; il écrivait à la duchesse de Queensbury : « Je suis bien aise que vous sachiez votre devoir ; car c’est une règle connue et établie depuis plus de vingt ans en Angleterre, que les premières avances m’ont constamment été faites par toutes les dames qui aspiraient à me connaître, et plus grande était leur qualité, plus grandes étaient leurs avances949. » Le glorieux général Webb, avec sa béquille et sa canne, montait en boitant ses deux étages pour le féliciter et l’inviter ; Swift acceptait, puis, une heure après, se désengageait, aimant mieux dîner ailleurs. […] sur quoi il fut arrêté court, comme parlant irrévérencieusement d’un mystère, lequel certainement était très-utile et plein de sens, mais ne devait pas être trop curieusement sondé ni soumis à un raisonnement trop minutieux1006. » À la fin, le frère scolastique s’ennuie de chercher des distinctions, met le vieux testament dans une boîte bien fermée, autorise par la tradition les modes qui lui conviennent, puis, ayant attrapé un héritage, se fait appeler Mgr Pierre.
Il me conduisait le soir au nouveau muséum, tout peuplé de spécimens : on y professe de petits cours, on met en jeu des instruments nouveaux ; les dames y assistent et s’intéressent aux expériences ; le dernier jour, pleines d’enthousiasme, elles chantèrent God save the Queen. […] Au dehors, la rivière coulait à pleins bords en larges nappes d’argent reluisantes.
J’ajoute que les abus auxquels je fais allusion dans ce présent petit livre ne sont heureusement pas trop fréquents : c’est que les marchands d’autographes sont pleins de tact. […] Ce n’est qu’un document dont l’utilisation, en critique et en histoire littéraires, est pleine de difficultés et de pièges de toute espèce, même lorsqu’il s’agit d’une pièce dont l’authenticité est certaine.
Il me conduisait le soir au nouveau muséum, tout peuplé de spécimens : on y professe de petits cours, on met en jeu des instruments nouveaux : les dames y assistent et s’intéressent aux expériences ; le dernier jour, pleines d’enthousiasme, elles chantèrent God save the Queen. […] Au dehors, la rivière coulait à pleins bords en larges nappes d’argent reluisantes.
Pleins d’admiration pour le géomètre, les contemporains du « philosophe » l’ont presque ignoré comme tel. […] Mais si la tragédie n’avait réussi à se constituer qu’en expulsant de sa définition l’usage du romanesque, il y rentre avec le noir poète, et même il y « coule à pleins bords ». […] — Le prétendu roman de Pascal. — Si Pascal a été « joueur », comme le veut Sainte-Beuve ; — « beau, souffrant, plein de langueur et d’ardeur, impétueux et réfléchi, superbe et mélancolique », comme le peint Cousin ; — ou, comme le croit un autre encore, s’il a rêvé de jouer un personnage politique [Cf. […] « La nature nous a mis sur les yeux des voiles trop épais pour connaître les mystères de notre machine… Lorsqu’un médecin vous parle de… remettre la nature dans une pleine facilité de ses fonctions… il vous fait le roman de la médecine… Si nous sommes malades, la nature, d’elle-même, se tire doucement du désordre où elle est tombée. » Dans l’art de Molière enfin, — son naturalisme se manifeste par le choix de ses sujets, qui sont de moins en moins compliqués. — Il n’y a presque plus de « matière », comme dira bientôt Racine, et presque pas d’intrigue dans Le Misanthrope, 1666 ; dans L’Avare, 1668 ; dans Le Bourgeois gentilhomme, 1670 ; dans La Comtesse d’Escarbagnas, 1672 ; dans Le Malade imaginaire, 1673 ; — ou quand il y en a le semblant d’une, comme dans Les Femmes savantes, on ne s’y intéresse point ; — et, à ce propos, des dénouements de Molière. — En second lieu, et tandis que jusqu’à Tartuffe les comédies de Molière ne mettaient en scène que des individus, c’est « la famille » qu’il nous montre constamment dans les dernières ; — dans L’Avare ; dans Georges Dandin ; dans Le Bourgeois gentilhomme ; dans Les Femmes savantes ; dans Le Malade imaginaire ; — et la raison en est que nos ridicules ou nos vices ne prennent toute leur valeur ou ne portent toutes leurs conséquences que dans nos rapports avec les autres. — Et troisièmement, et en dernier lieu, Molière élargit de plus en plus le champ de son observation, de manière à y faire entrer la totalité de son expérience de la vie : — ce qu’il connaît de la province, dans Pourceaugnac et dans La Comtesse d’Escarbagnas ; — de la petite bourgeoisie, dans Le Bourgeois gentilhomme ; — de la demi-bourgeoisie dans Georges Dandin. — C’est comme si l’on disait que, d’œuvre en œuvre, il appelle de plus nombreux spectateurs ; — plus divers, à juger de la vérité de ses peintures ; — et à se reconnaître eux, leurs enfants, et leurs voisins dans les représentations de la vie qu’il leur offre. — Que là même est la raison de l’amertume qui est au fond d’une partie de son œuvre ; — et, à ce propos, de la liaison du « naturalisme » en littérature avec le « pessimisme ». — Si cette liaison, entrevue par Molière, ne l’a pas obligé, de peur de tomber dans le drame, à augmenter la part de la bouffonnerie dans ses dernières œuvres : Monsieur de Pourceaugnac, Le Bourgeois gentilhomme, Le Malade imaginaire ; — et si quelque tristesse n’est pas inhérente à toute observation un peu profonde de la vie ? […] — Invraisemblance de cette supposition. — Qu’en revanche il est plein de La Rochefoucauld, — de Pascal, — et de Malebranche [Cf.