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903. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Victor Hugo — Victor Hugo, Les Feuilles d'automne, (1831) »

On entrevoyait à peine ce que deviendrait chez le poëte cette inspiration personnelle élevée à la suprême poésie, en lisant la pièce intitulée Promenade, qui est contemporaine des Ballades, et la Pluie d’été, qui est contemporaine des Orientales ; le sentiment en effet, dans ces deux morceaux, est trop léger pour qu’on en juge, et il ne sert que de prétexte à la couleur.

904. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « JULES LEFÈVRE. Confidences, poésies, 1833. » pp. 249-261

Si ce volume, qui ne doit pas contenir moins de six mille vers, tombait aux mains de lecteurs qui aiment peu les vers, et ceux d’amour en particulier ; si, d’après la façon austère et assez farouche qui essaye de s’introduire, on se mettait aussitôt à morigéner l’auteur sur cet emploi de sa vie et de ses heures, à lui demander compte, au nom de l’humanité entière, des huit ou dix ans de passion et de souffrance personnelle que résument ces poëmes, et à lui reprocher tout ce qu’il n’a pas fait, durant ce temps, en philosophie sociale, en polémique quotidienne, en projets de révolution ou de révélation future, l’auteur aurait à répondre d’un mot : qu’attaché sincèrement à la cause nationale, à celle des peuples immolés, il l’a servie sans doute bien moins qu’il ne l’aurait voulu ; que des études diverses, des passions impérieuses, l’ont jeté et tenu en dehors de ce grand travail où la majorité des esprits actifs se pousse aujourd’hui ; qu’il s’est borné d’abord à des chants pour l’Italie, pour la Grèce ; mais qu’enfin, grâce à ces passions mêmes qu’on accuse d’égoïsme, et puisant de la force dans ses douleurs, en un moment où tant de voix parlaient et pleuraient pour la Pologne, lui, il y est allé ; qu’il s’y est battu et fait distinguer par son courage ; que, s’il n’y a pas trouvé la mort, la faute n’en est pas à lui ; qu’ainsi donc il a payé une portion de sa dette à la cause de tous, assez du moins pour ne pas être chicané sur l’utilité ou l’inutilité sociale de ses vers.

905. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Des soirées littéraires ou les poètes entre eux »

Si vous ne savez pas d’aventure quelque monologue de tragédie, fouillez dans vos souvenirs personnels ; entre vos confidences d’amour, prenez la plus pudique ; entre vos désespoirs, choisissez le plus profond ; étalez-leur tout cela !

906. (1874) Premiers lundis. Tome II « Jouffroy. Cours de philosophie moderne — III »

La matière, pour être relevée, en fait, de l’interdit sous lequel l’avait placée le christianisme, pour être travaillée et fécondée sans scrupule dans la nature par toute la portion industrielle de la société, pour être ménagée et soignée par chacun de nous dans nos besoins personnels, la matière n’est pas encore absoute pleinement dans l’opinion des moralistes, et ils lui assignent toujours, à elle et à ceux qui la cultivent, un rang inférieur par opposition à l’esprit.

907. (1874) Premiers lundis. Tome II « Thomas Jefferson. Mélanges politiques et philosophiques extraits de ses Mémoires et de sa correspondance, avec une introduction par M. Conseil. — I »

Jeunes gens qui voulons nous retremper et nous affermir dans l’intégrité politique, qui voulons espérer en l’avenir sérieux dont l’aspect momentanément se dérobe, qui sommes résolus à ne nous immiscer d’ici là à aucun mensonge, à ne signer aucun bail avec les royautés astucieuses, à ne jamais donner dans les manèges hypocrites des tiers-partis, faisons donc, pour prendre patience et leçon, ce salutaire voyage d’Amérique ; faisons-le dans Jefferson du moins ; étudions-y le bon sens pratique, si différent de la rouerie gouvernementale ; apprenons-y la modération, la tolérance, qui sied si bien aux convictions invariables, la rectitude, la simplicité de vues, qui, si elle s’abstient maintes fois, a l’avantage de ne jamais s’embarquer dans les solutions ruineuses ; apprenons-y, quelle que soit la vivacité de nos préoccupations personnelles sur certains points de religion, de morale, d’économie ou de politique, à ne prétendre les établir, les organiser au dehors que dans la mesure compatible avec la majorité des esprits : car la liberté et la diversité des esprits humains sont le fait le plus inévitable à la fois et le plus respectable qu’on retrouve désormais dans le côté social de toutes les questions.

908. (1874) Premiers lundis. Tome II « Chronique littéraire »

Barehou ; nous tâcherons peut-être de revenir quelque jour sur l’auteur lui-même, en l’abordant cette fois comme le père d’Hébal, par le côté personnel et plus vivant, et en insistant sur les mérites de l’écrivain.

909. (1875) Premiers lundis. Tome III « M. Troplong : De la chute de la République romaine »

Il l’avait mérité en se faisant de son armée dans les Gaules une milice personnelle, etc.

910. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre XV. De l’imagination des Anglais dans leurs poésies et leurs romans » pp. 307-323

Elles seules choisissent leur genre de vie ; les autres sont forcées de se résigner à celui que la destinée leur impose ; et quand on est amené à l’exercice d’une vertu par la privation de quelques avantages personnels, ou par le joug des circonstances, on n’a jamais toutes les idées et tous les sentiments que peut faire naître cette vertu librement adoptée.

911. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Deuxième partie. Invention — Chapitre II. Définition. — Énumération. — Description »

Peu de jeunes gens en France savent vraiment ce que c’est que le désert : il n’en est guère qui ne puissent, s’ils savent bien conduire leur esprit, le décrire convenablement, et même avec un sentiment personnel.

912. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « (Chroniqueurs parisiens I) MM. Albert Wolff et Émile Blavet »

Il s’agit du Père Hyacinthe : … Mes convictions personnelles n’ont pas à intervenir dans cette affaire ; j’étais allé là comme un Parisien désireux d’entendre une grande parole qui jadis fit courir tout Paris à Notre-Dame, et je n’ai trouvé qu’un comédien de talent.

913. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Ernest Renan, le Prêtre de Némi. »

Car Antistius croit en Dieu, ou plutôt, comme il est impossible que la conception d’un Dieu personnel ne tourne pas à l’anthropomorphisme, il croit au divin. « Les dieux sont une injure à Dieu ; Dieu sera, à son tour, une injure au divin. » Il croit à la raison, à un ordre éternel.

914. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « Anatole France, le Lys rouge »

Il est capable d’une conception générale du monde, qui, en lui montrant l’insignifiance et la vanité de sa pauvre petite aventure personnelle, devrait la lui rendre inoffensive.

915. (1888) Demain : questions d’esthétique pp. 5-30

Demain, questions d’esthétique À propos d’un livre de nouvelles théories esthétiques1, j’eus l’idée de consulter sur l’objet même de ce livre quelques-uns des écrivains que j’estime le plus foncièrement parmi ceux qui représentent les formules accomplies ; Il me semblait précieux d’avoir le sentiment des Maîtres actuels sur les tendances de la jeune littérature, sur sa valeur et sur son avenir : quoique mes conclusions personnelles fussent déjà prises, j’étais curieux de savoir comment, par les théories, les efforts de demain s’accorderaient avec les traditions d’hier et les œuvres d’aujourd’hui.

916. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre XVII. Romans d’histoire, d’aventures et de voyages : Gebhart, Lemaître, Radiot, Élémir Bourges, Loti » pp. 201-217

Il est légitime que l’émotion qui se dégage pour lui d’un moment d’histoire, il la veuille formuler en une légende personnelle.

917. (1882) Qu’est-ce qu’une nation ? « II »

La large zone que la maison capétienne avait ajoutée à l’étroite lisière du traité de Verdun fut bien l’acquisition personnelle de cette maison.

918. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre V. Chanteuses de salons et de cafés-concerts »

Puissant par sa situation personnelle, puissant par ses gendres, il est assuré, quoi qu’il fasse, de tous les respects.

919. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre VIII. Quelques étrangères »

Non seulement il sacrifierait avec indifférence tous les êtres au moindre intérêt personnel ou à la moindre fantaisie.

920. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre septième. Les altérations et transformations de la conscience et de la volonté — Chapitre premier. L’ubiquité de la conscience et l’apparente inconscience »

Mais, si son moi social a disparu, l’animal conserve cependant, en une certaine mesure, son moi personnel, réduit au présent et renfermé comme Robinson dans son île.

921. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1854 » pp. 59-74

Le personnel domestique de mon oncle.

922. (1902) L’humanisme. Figaro

Jamais, chez eux, un aveu personnel, un cri, un battement de cœur.

923. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre II : La littérature — Chapitre I : Une doctrine littéraire »

Ce n’est plus la raison toute seule qui juge : c’est la raison unie à une certaine humeur, à une certaine passion, à un certain tour d’esprit, c’est de la critique personnelle.

924. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre IV : La philosophie — I. La métaphysique spiritualiste au xixe  siècle — Chapitre III : Le présent et l’avenir du spiritualisme »

Les spiritualistes que j’appellerai libéraux sont loin d’être animés de mauvais sentiments à l’égard des religions positives : ils respectent et ils aiment la conviction partout où ils la trouvent, et ils sont loin de renier ce qu’il y a de commun dans leurs croyances personnelles et dans les croyances chrétiennes.

925. (1860) Ceci n’est pas un livre « Mosaïque » pp. 147-175

Ces idées — Alidor est là qui rôde, tout prêt à les amener à lui du bout de sa plume ; et, comme il n’est pas fier, il se chargera de propager vos vues personnelles — sous sa signature.

926. (1811) Discours de réception à l’Académie française (7 novembre 1811)

Si, chez une nation, la satire de tout mérite personnel est une des règles du théâtre, l’ostracisme doit être un des articles de la législation, et les hommes qui se plaisent à voir outrager Euripide, parce qu’il est trop grand, sont les mêmes qui exilent Aristide, parce qu’il est trop juste.

927. (1824) Notice sur la vie et les écrits de Chamfort pp. -

La chaleur avec laquelle il avait embrassé la cause d’une révolution qui heurtait tant de vieilles idées et blessait tant d’intérêts, lui a fait, de tous les ennemis de cette révolution, des ennemis personnels.

928. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre premier. Mme de Staël »

Mais à part ces narrations charmantes, toujours plus ou moins personnelles, et qui vont, par exemple, des Lettres de Mme de Sévigné jusqu’aux Memoranda d’Eugénie de Guérin, les femmes ne s’agitent pas dans un grand horizon d’idées.

929. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XV. Mme la Mise de Blocqueville »

… Comme on le voit, tous modèles vivants et souvenirs personnels !

930. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XXIV. Mme Claire de Chandeneux »

Cette incroyable statue, qui est la monstruosité de la platitude, est moins une flatterie personnelle que l’expression de la tendance universelle vers un bas-bleuisme, accepté enfin, — comme Mme Sand elle-même — par la lâcheté bien plus que par l’enthousiasme du temps.

931. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « L’Angleterre depuis l’avènement de Jacques II »

il a obéi à quelque chose de moins personnel et de plus puissant.

932. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Jacques Cœur et Charles VII »

Doué de l’intelligence historique qui voit bien dans la direction des faits, mais qui ne les ploie jamais sous la pression d’un système ou sous le despotisme d’une force trop personnelle, Pierre Clément est exceptionnel dans ce sens qu’en matière d’histoire, maintenant, on a plus de tendance à élargir ses horizons qu’à les réduire, à noyer son regard qu’à le ramasser.

933. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « M. H. Wallon » pp. 51-66

Tout en admirant les vertus surhumaines de Saint Louis, qui, dans toute époque, auraient fait de lui une des plus éminentes personnalités de l’Histoire, il faut cependant défalquer de l’admiration qu’il inspira ce qui doit en revenir à son époque, prête, alors, par les mœurs, par l’éducation du respect, par son Christianisme profond, à accepter le pouvoir unitaire et personnel de la Royauté.

934. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Nicolas Gogol »

Tel est le Jérôme Paturot russe à la recherche d’une position sociale, et que l’auteur des Âmes mortes, qui nous donne sa carte, appelle le Conseiller de collège, Paul Ivanovitch Tchitchikoff, propriétaire terrien, voyageur pour ses affaires personnelles  !

935. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « III. Donoso Cortès »

Cette vue exprimée et développée déjà par Donoso Cortès, et qu’il démontre, à savoir : le triomphe naturel du mal sur le bien, et le triomphe surnaturel de Dieu sur le mal, par le moyen d’une action directe, personnelle et souveraine, n’avait jamais été formulée avec cette plénitude et cette vigueur.

936. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XVI. Buffon »

Flourens par ses travaux personnels.

937. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XVII. Saint-Bonnet »

La fonction de la Raison, en un mot, est de rappeler constamment l’homme des perceptions contingentes et personnelles aux perceptions impersonnelles et immuables ; de la nature physique où le retient le corps, à la Raison éternelle d’où lui descend la vérité. » Une telle faculté, qui soude presque l’homme à Dieu, s’il est permis de parler ainsi, devait être la première que la philosophie du dix-huitième siècle, la philosophie du moi et de la chose exclusivement humaine, dût fausser.

938. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XXIX. M. Eugène Pelletan »

Il y a en lui des tendresses de cœur, des forces de sentiment qui ne savent plus que devenir dans ce système, sans Dieu personnel, de l’humanité progressive !

939. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XXX. Saint Anselme de Cantorbéry »

L’Allemagne, curieuse comme si elle n’avait pas d’idées à elle, et personnelle au point de chercher ses idées partout l’Allemagne, depuis longtemps, cherchait l’or que Leibnitz avait dit briller dans le fumier du moyen âge.

940. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Raymond Brucker. Les Docteurs du jour devant la Famille » pp. 149-165

Pour mon compte, en effet, je suis persuadé, à distance, que si Brucker fût resté le maître de son inspiration personnelle, son livre y aurait extrêmement gagné en composition et en portée… Mais il obéit chrétiennement à une idée qui n’était pas la sienne, souple jusque-là, ce grand esprit, qui pouvait tout par lui-même mais qui était désintéressé de tout, même de la beauté de son livre, et ne voyait rien de plus que ce qu’on lui montrait, — la puissance de son utilité.

941. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « M. Funck Brentano. Les Sophistes grecs et les Sophistes contemporains » pp. 401-416

Comme la Médecine, enfin, qui n’est pas une science, quoiqu’elle s’en vante, mais un art, la Philosophie n’est-elle, pour l’auteur des Sophistes contemporains, qu’un empirisme ambitieux, plus ou moins temporairement heureux dans ses expériences, selon la force personnelle et relative du philosophe comme du médecin ?

942. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Roger de Beauvoir. Colombes et Couleuvres. »

et qui sera obéi, tous trois personnels et sincères comme tout ce qui s’écoute soi-même, les Poètes de notre temps se classent en Écoles, et, quel que soit leur talent d’ailleurs, ils ne sont, en définitive, que les attachés d’un système — des poètes de parti pris.

943. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Edgar Quinet. L’Enchanteur Merlin »

Quinet, au lieu de trouver une inspiration personnelle, un fond de choses vierge, comme on est en droit de l’exiger de tout homme qui se donne les grands airs d’une épopée, on est assailli des plus importunes et, que dis-je ?

944. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « André Chénier »

Elles montrent trop — et fort inutilement — ses mille procédés de travail, et ces procédés de travail, bons comme toutes les méthodes qui sont relatives et personnelles, n’en sont pas moins chétifs et de nature à rabaisser l’idée qu’on a de son génie.

945. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Madame Ackermann »

Nous avons eu, il est vrai, quelquefois, des poésies impies et blasphématoires, mais ce n’étaient point des poésies personnelles.

946. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Stendhal et Balzac » pp. 1-16

Or, si l’état de la littérature, c’est-à-dire la force intellectuelle d’une époque, se juge par le nombre et la distinction des livres qui sortent de la plume de ses écrivains, la librairie, qui est l’instrument et le véhicule plus ou moins intelligent de la littérature, se juge d’abord par l’état de cette dernière ; mais elle se juge surtout par ce qui est bien davantage son action directe, positive, réfléchie, personnelle, et nous n’entendons plus ici les livres nouveaux qu’elle édite, mais les livres anciens qu’elle réimprime.

947. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Xavier Aubryet et Albéric Second » pp. 255-270

Ce sont des esprits trop personnels et trop libres pour faire partie de ce qu’on appelle une École, — ce manège de cheval auquel les gens d’esprit, ces audacieux casse-cous, répugnent.

948. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Arsène Houssaye » pp. 271-286

Malgré l’éblouissement des qualités personnelles dont le romancier l’a doué comme une marraine-fée, lord Sommerson ne peut pas écrire une femme de plus sur sa liste, — s’il en fait une, comme en faisaient tous les roués du xviiie  siècle.

949. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Paul Féval » pp. 145-158

Alexandre Dumas et qui aurait été, s’il l’eût voulu, assez riche de sa fortune personnelle, M. 

950. (1887) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Troisième série pp. 1-326

Nulle autre cause — il est bon de le noter au passage — n’a eu plus d’influence, au xviiie  siècle, et jusque de nos jours même, sur cette forme du récit personnel que le roman a conservée si longtemps. Les Mémoires d’un homme de qualité, comme la Vie de Marianne et comme l’Histoire de Gil Blas de Santillane, sont autant de récits personnels, on pourrait presque dire : de confessions. […] Ne pourrait-on pas dire en effet que la forme du roman par lettres est à la forme du récit personnel ce qu’une partition d’orchestre, où vingt instruments, qui conservent leur individualité, s’unissent pour produire un effet d’ensemble, est à la même partition, réduite pour piano ? […] Si vous tâchiez de faire passer Paméla de la forme du roman par lettres à celle du récit personnel, vous seriez étonné des sacrifices qu’il y faudrait pour n’aboutir finalement qu’à un squelette de roman. […] La forme du récit personnel, qui convient admirablement en de certains sujets, — Manon Lescaut, Werther, René, Adolphe, — convient moins bien en de certains autres.

951. (1890) Dramaturges et romanciers

Cependant, tant qu’il y aura une littérature d’imagination telle quelle, notre devoir est de la surveiller et d’en tirer à notre profit personnel et au profit du lecteur le meilleur parti possible. […] Être ennuyeux est donc pour un écrivain plus qu’une infortune personnelle, c’est une sorte de trahison envers la vérité qu’il s’est chargé d’expliquer, envers les principes qu’il s’est chargé de défendre, car c’est en ne l’étant pas qu’il peut seulement espérer d’être écouté, surtout à l’époque où nous vivons. […] Celui qui ne sait pas n’est pas exposé à prendre ses réminiscences pour des inventions personnelles et à succomber involontairement au péché de l’imitation. […] Cherbuliez, indépendance qui n’offre aucun des caractères de l’effort personnel, mais qui se présente comme le résultat lent et naturel de l’éducation et de la vie. […] La forme du récit personnel employée par l’auteur est bien peut-être pour quelque chose dans ce résultat, car il est inadmissible qu’on parle de soi avec une cécité aussi prolongée.

952. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre V. La Renaissance chrétienne. » pp. 282-410

Rien, toute la religion est là ; il faut réduire ou supprimer le reste ; elle est une affaire personnelle, un dialogue intime entre l’homme et Dieu, où il n’y a que deux choses agissantes, la propre parole de Dieu, telle qu’elle est transmise par l’Écriture, et les émotions du cœur de l’homme, telles que la parole de Dieu les excite et les entretient330. […] Austère et libre religion, toute purgée de sensualité et d’obéissance, toute intérieure et personnelle, qui, instituée par l’éveil de la conscience, ne pouvait s’établir que chez des races où chacun trouve naturellement en soi-même la persuasion qu’il est seul responsable de ses œuvres et toujours astreint à des devoirs. […] Je vous ai conté cette histoire pour vous montrer que nous ne devons point être trop précipités à croire un rapport, mais que nous devons plutôt suspendre nos jugements jusqu’à ce que nous sachions la vérité358. » Quand un homme prêche ainsi, on le croit ; on est sûr qu’il ne récite pas une leçon, on sent qu’il a vu, qu’il tire sa morale, non des livres, mais des faits, que ses conseils sortent du solide fonds d’où tout doit sortir, je veux dire de l’expérience multipliée et personnelle. […] À côté de lui, Chillingworth, esprit militant et loyal par excellence, le plus exact, le plus pénétrant, le plus convaincant des controversistes, protestant d’abord, puis catholique, puis de nouveau et pour toujours protestant, ose bien déclarer que ces grands changements opérés en lui-même et par lui-même à force d’études et de recherches « sont de toutes ses actions celles qui le satisfont le plus. » Il soutient que la raison appliquée à l’Écriture doit seule persuader les hommes ; que l’autorité n’y peut rien prétendre ; « que rien n’est plus contre la religion que de violenter la religion371  » ; que le grand principe de la réforme est la liberté de conscience, et que si les doctrines des diverses sectes protestantes « ne sont point absolument vraies, du moins elles sont libres de toute impiété et de toute erreur damnable en soi ou destructive du salut. » Ainsi se développe une polémique, une théologie, une apologétique solide et sensée, rigoureuse dans ses raisonnements, capable de progrès, munie de science, et qui, autorisant l’indépendance du jugement personnel en même temps que l’intervention de la raison naturelle, laisse la religion à portée du monde, et les établissements du passé sous les prises de l’avenir. […] Les mémoires, même ceux de Ludlow, de mistress Hutchinson, sont longs, ennuyeux, véritables factums dépourvus d’accent personnel, vides d’effusion et d’agrément ; tous, « ils semblent s’oublier et ne s’occupent que des destinées générales de leur cause410. » De bons ouvrages de piété, des sermons solides et convaincants, des livres sincères, édifiants, exacts, méthodiques, comme ceux de Baxter, de Barclay, de Calamy, de John Owen, des récits personnels comme celui de Baxter, comme le journal de Fox, comme la vie de Bunyan, une grande provision consciencieusement rangée de documents et de raisonnements, voilà tout ce qu’ils offrent ; le puritain détruit l’artiste, roidit l’homme, entrave l’écrivain, et ne laisse subsister de l’artiste, de l’homme, de l’écrivain, qu’une sorte d’être abstrait, serviteur d’une consigne.

953. (1856) Articles du Figaro (1855-1856) pp. 2-6

Leur individualité, s’ils en ont une, est toute arbitraire et personnelle à la pensée du poète ; elle n’est pas, si je puis m’exprimer ainsi, une individualité humaine. […] Celle-ci est l’inspiration personnelle du génie s’abandonnant à l’interprétation arbitraire de la nature ; l’autre, plus circonscrite, mais assurément plus profonde, c’est tout simplement le rayonnement de la vie humaine dans la vérité. […] Je confesse que l’objection est des plus embarrassantes. — Le personnel féminin de la Comédie-Française est évidemment, dans son genre, une collection unique ; — et c’est là, à dire vrai, le sérail d’élite de ce sultan blasé qu’on appelle le public […] À l’édifice commun il apporte sa propre pierre — une pierre qui n’est qu’à lui. — Le lyrisme romantique, même quand il puise ses inspirations au cœur de la société actuelle, ne cesse jamais d’affecter cette tendance égoïste, personnelle, et pour ainsi dire toute subjective, qui est son principal caractère. […] Je n’ai d’ailleurs en vue, dans cette courte esquisse, que le personnel féminin du second théâtre français ; voilà le musée dont je m’institue le cicérone, et je veux bien déclarer par avance, mais sous bénéfice d’examen, que le talent de ces dames ne brille pas d’un moindre éclat que leur beauté.

954. (1938) Réflexions sur le roman pp. 9-257

Un certain sentiment des substituts négatifs et des approximations personnelles que comporte la vérité, sentiment qui peut équivaloir dans les romans de M.  […] Tout art personnel implique un parti-pris. […] Moins que jamais La Colline inspirée nous paraît alors l’aventure personnelle des Baillard. […] Il n’en prenait à témoin, d’ailleurs, que son goût personnel, ce qui était peu. […] Estaunié n’a pas écrit là une œuvre d’analyse personnelle, il n’a point tiré de lui-même, comme Vigny, pour s’en plaindre ou s’y plaire, sa propre solitude.

955. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Camille Jordan, et Madame de Staël »

Les raisons politiques, tirées de l’état présent des esprits, ne manquaient pas à l’argumentation de Camille Jordan : il les développait pleinement et les mettait en lumière ; mais elles étaient vraies alors et avouées, ces raisons de prudence sociale et de sagesse, partout autre part qu’au sein des corps officiels, pour qui l’intérêt personnel et l’instinct de conservation offusquaient le droit, et qui, sans cesse sur la défensive et se sentant menacés, n’avaient de prochain salut et de ressource que dans une crise violente. […] Le poète-tribun s’était fait, avant et après le 18 fructidor, l’ennemi personnel et le satirique acharné de Camille. […] « Que parlé-je, au reste, de mon vœu personnel ? […] Rien n’est si habile, rien n’est si éclairé qu’une haute conscience et un désintéressement complet de tout intérêt personnel.

956. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Jean-Jacques Ampère »

Ce que rejette Ampère, ce qu’il admet pour commencer me paraît tout à fait arbitraire et dépendre moins d’une méthode que d’une impression personnelle et d’une espèce de divination qu’il aurait acquise en vivant beaucoup dans les mêmes lieux et en dormant dans l’antre de la sibylle. […] Tu n’as rien réparé, rien renouvelé ; tu as étouffé, tu as éteint… » On a beau dire, je ne puis me faire à un pareil ton et à de pareilles prises à partie personnelles dans le cadre dès longtemps accompli et immuable de l’histoire. […] Il y met du point d’honneur et en fait son affaire personnelle. […] C’était un esprit de la meilleure trempe et qui était des plus faits pour marquer parmi ceux de sa génération ; des circonstance personnelles le poussèrent vers l’Orient, où il vécut nombre d’années.

957. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Troisième partie. — L’école historique » pp. 253-354

En Allemagne372, M. de Schlegel ouvrait ainsi son Cours de littérature dramatique : « Il n’y a point dans les arts de véritable juge sans la flexibilité qui nous met en état de dépouiller nos préjugés personnels et nos aveugles habitudes, pour nous placer au centre d’un autre système d’idées, et nous identifier avec les hommes de tous les pays et de tous les siècles, au point de nous faire voir et sentir comme eux. […] Au lieu d’interroger les faits, de les respecter en attendant de les comprendre, de les étudier jusqu’à ce qu’ils les aient compris, pour les respecter plus encore, ils les transforment à leur idée, les amènent à leur mesure, les soumettent aux caprices de leur réflexion personnelle, aux impertinentes corrections de leur propre sagesse. […] La prison où nous sommes libres, c’est l’esprit de notre temps, le génie de notre nation, le talent personnel que chacun de nous tient de sa nature et de son éducation. Nous ne pouvons point nous enfuir hors du siècle où nous sommes, échapper au peuple qui nous entoure, sortir du genre spécial pour lequel nous sommes faits411 ; mais nous pouvons idéaliser dans nos œuvres l’esprit de notre siècle, faire honneur au génie de notre nation412, développer, perfectionner notre talent personnel.

958. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre III. La critique et l’histoire. Macaulay. »

. —  Son estime pour les faits particuliers, les expériences sensibles, et les souvenirs personnels. —  Importance des spécimens décisifs en tout ordre de connaissance. —  Essais sur Warren Hastings et sur Clive. […] Il ne peut voir paisiblement l’oppression de l’homme ; tout attentat à la volonté humaine le blesse comme un outrage personnel. […] Il sait que pour donner à des hommes une idée nette et vive, il faut les reporter à leur expérience personnelle. […] Pour cela, il faut faire appel à l’observation personnelle du lecteur, partir de son expérience, comparer les objets inconnus qu’on lui montre aux objets connus qu’il voit tous les jours, rapprocher les événements anciens des événements contemporains.

959. (1904) Zangwill pp. 7-90

Tout cela serait fort bon si nous étions des dieux, ou, pour parler exactement, tout cela serait fort bien si nous étions Dieu ; car si nous voulons évaluer les qualités, les capacités, les amplitudes que de telles méthodes nous demandent pour nous conduire à l’acquisition de quelque connaissance, nous reconnaissons immédiatement que les qualités, capacités, amplitudes attribuées aux anciens dieux par les peuples mythologues seraient absolument insuffisantes aujourd’hui pour constituer le véritable historien, l’homme scientifique, — vir scientificus, — le savant moderne ; il ne suffît pas que le savant moderne soit un dieu ; il faut qu’il soit Dieu ; puisque l’on veut commencer par la série indéfinie, infinie du détail ; puisque l’on veut partir d’un point indéfiniment, infiniment éloigné, étranger, puisqu’avant d’arriver au texte même on veut parcourir un chemin indéfini, infini, pour épuiser tout cet indéfini, tout cet infini, l’infinité de Dieu même est requise, d’un Dieu personnel ou impersonnel, d’un Dieu panthéistique, théistique ou déistique, mais absolument d’un Dieu infini ; et nous touchons ici à l’une des contrariétés intérieures les plus graves du monde moderne, à l’une des contrariétés intérieures les plus poignantes de l’esprit moderne. […] Quand l’homme se trouvait en présence de dieux avoués, qualifiés, reconnus, et pour ainsi dire notifiés, il pouvait nettement demeurer un homme ; justement parce que Dieu se nommait Dieu, l’homme pouvait se nommer homme ; que ce fussent des dieux humains ou surhumains, un Dieu Tout ou un Dieu personnel, Dieu étant mis à sa place de Dieu, notre homme pouvait demeurer à sa place d’homme ; par une ironie vraiment nouvelle, c’est justement à l’âge où l’homme croit s’être émancipé, à l’âge où l’homme croit s’être débarrassé de tous les dieux que lui-même il ne se tient plus à sa place d’homme et qu’au contraire il s’embarrasse de tous les anciens Dieux ; mangeurs de bon Dieu, c’est la formule populaire de nos démagogues anticatholiques ; ils ont eux-mêmes absorbé beaucoup plus de bons Dieux, et de mauvais Dieux, qu’ils ne le croient. […] Une conscience unique serait faite par tous, et tous y participeraient ; l’univers serait un polypier infini, où tous les êtres qui ont jamais été seraient soudés par leur base, vivant à la fois de leur vie propre et de la vie de l’ensemble. » C’est bien le ramassement de toute la mémoire humaine et surhumaine en une conscience Dieu ; or ce ramassement peut s’obtenir par deux moyens ; si l’on croit en Dieu, si l’on admet la résurrection des morts, et le miracle, ce ramassement de toute la mémoire des créatures peut s’obtenir sans passer par l’intermédiaire de l’histoire ; puisque ce sont les mémoires individuelles mêmes qui resservent ; il n’y a pas à rapprendre ; mais si, ce qui est, je pense, la position de Renan, nous ne croyons pas en Dieu, si nous n’admettons pas la résurrection personnelle, individuelle des morts, en un mot si de notre entendement nous rejetons le miracle, il n’y a plus aucun moyen d’obtenir ce ramassement de toute la mémoire sans passer par l’intermédiaire de l’histoire ; le couronnement et l’arrêt de la création s’obtient par la fabrication d’un historien Dieu ; Renan dirait : d’un Dieu historien ; mais pour nous, et pour ce que nous en faisons, cela revient au même ; je crois même que dans la formation de la pensée de Renan, c’est l’historien qui s’est haussé en Dieu, qui a culminé en Dieu, qui s’est fait Dieu, bien plutôt que ce n’est Dieu qui s’est incarné en historien. […] Son œuvre nous tient lieu des expériences personnelles et sensibles qui seules peuvent imprimer en notre esprit le trait précis et la nuance exacte ; mais en même temps elle nous donne les larges idées d’ensemble qui ont fourni aux événements leur unité, leur sens et leur support.

960. (1928) Les droits de l’écrivain dans la société contemporaine

Je connaissais un jeune musicien, un esprit délicat, qui avait reçu en présent d’un écrivain célèbre un livre magnifique accompagné d’une longue dédicace personnelle. […] Le ministre une fois arrêté, la police a ouvert ses coffres-forts, et a saisi des notes personnelles qu’il avait jetées librement sur le papier à des moments perdus. […] Il est de son devoir, prétend-il, de les soumettre à sa censure personnelle. […] Mais ce quelqu’un garde non moins le droit de s’étonner qu’on prétende l’empêcher de parler de gens dont la vie fut publique, surtout quand l’édition de leurs papiers personnels rend cette vie encore plus publique.

961. (1890) Les romanciers d’aujourd’hui pp. -357

Rosny10 pour si personnels qu’en soient le fond et la forme, me plaît moins. […] On lui doit, entre autres livres personnels, Au port d’armes, où il y a sous l’enflure des mots quelques bonnes qualités d’analyse. […] J’ai fait ce rêve dans ma bibliothèque” Mais le rêve qu’on fait dans une bibliothèque, pour s’enrichir du rêve de beaucoup d’autres hommes, ne cesse point d’être personnel. […] Tous ses livres sont des confessions, poèmes brutaux, ou mieux encore affiches d’amour ; mais timbrées d’un sceau personnel et à la date de cette époque. » (Les Chroniques, nº de septembre 1887.) […] Seulement, dans l’édifice composite, vous trouverez un coin décoré d’un goût bien personnel, et c’est l’alcôve ».

962. (1853) Portraits littéraires. Tome I (3e éd.) pp. 1-363

La plupart des écrivains, prosateurs ou poètes, qui célèbrent le dévouement, consultent les livres au lieu de consulter leurs souvenirs personnels. […] L’homme qui consent à garder une femme infidèle consulte son bonheur personnel presque autant que le bonheur de la suppliante. […] Je n’hésite donc pas à placer les odes que l’auteur appelle politiques fort au-dessous du cinquième livre, car ces odes n’ont rien d’original, ni de personnel. […] Sandeau a composé un roman qui a toute la réalité d’un souvenir personnel, et en même temps tout le mouvement d’un drame. […] Elle est représentée par un personnage unique, par Guillaume des Barres ; mais Guillaume des Barres n’est à proprement parler que le confident de Philippe-Auguste : il n’agit pas, il n’a pas de rôle vraiment personnel, il n’exprime pas les sentiments de la noblesse française.

963. (1873) Molière, sa vie et ses œuvres pp. 1-196

Ce travail, entrepris pour une satisfaction toute personnelle, nous a causé une certaine joie à mener à bonne fin, nous ajouterons aussi un véritable profit. […] Il y avait d’abord les injures personnelles, comme cette pipe à fumer qu’on lui jeta à la tête un jour qu’il jouait la comédie. […] Henri Lavoix sur les Portraits de Molière 50, le critique passe en revue ceux des portraits de Molière qui peignent plus nettement sa physionomie personnelle. […] Paul Albert dans son livre sur La Littérature française au xviie  siècle ; tout a été dit et redit. » Sans doute, et aussi bien n’avons-nous eu, en réunissant ces quelques chapitres, d’autre prétention que de témoigner d’une admiration personnelle pour un tel génie. […] La réparation des injustices dont il fut abreuvé, l’acclamation du plus grand nombre qui lui manqua souvent, la reconnaissance d’un pays qu’il illumina de sa gloire personnelle, tout cela est compris entre ces deux chiffres.

964. (1929) Les livres du Temps. Deuxième série pp. 2-509

Nous autres, penseurs timides, nous nous bornons à constater le fait et à honorer la valeur personnelle, d’où qu’elle vienne. […] Paul Arbelet a tenté une apologie de Striyenski : « Il fallait, dit-il, glaner et extraire : œuvre personnelle que chacun entend à sa façon, œuvre difficile où l’on ne saurait contenter tout le monde, mais qui est ici inévitable. […] Le doux Ratisbonne soumet Vigny à sa petite censure personnelle ; ainsi faisait Striyenski pour Stendhal, mais il n’était pas, du moins, son exécuteur testamentaire. […] Ses livres ne sont que des confidences, où il a exprimé par une sorte de besoin personnel un moment de sa pensée, et qui par la suite ne lui paraissent pas plus importantes que les paperasses jaunies ou les fleurs fanées. […] Il est possible que cette aventureuse synthèse exprime moins une réalité que les théories personnelles de l’auteur (ou plutôt des auteurs, car ils sont deux)67.

965. (1884) La légende du Parnasse contemporain

Ce sont ici des opinions personnelles et que nous ne prétendons imposer à personne. […] Je voudrais vous citer quelques-unes des longues pièces, où s’affirme, personnel et virilisé, le grand talent lyrique d’Albert Glatigny. […] à cause de l’impuissance personnelle des auteurs ? […] Il était le bon conseiller des probités littéraires ; sans gêner jamais l’élan personnel de nos aspirations diverses, il fut, il est encore notre conscience poétique elle-même. […] Et si visible qu’y fût l’influence de Charles Baudelaire, on était bien forcé d’y reconnaître aussi une saveur perverse, très personnelle.

966. (1902) Le problème du style. Questions d’art, de littérature et de grammaire

On n’apprend pas à écrire, c’est-à-dire à acquérir un style personnel ; sans quoi rien ne serait plus commun, et rien n’est plus rare. […] Il l’a traduit en La Bruyère ; il a transposé son style en un autre style, tout différent et très personnel. […] Seulement, incapable d’incorporer cette sensibilité personnelle en des formes stylistiques de formation originale, il choisit des phrases qui, l’ayant ému lui-même, doivent encore, croit-il, émouvoir ses lecteurs. […] Ce livre est tellement personnel, tellement tissé comme avec des fibres nerveuses, qu’on n’a jamais pu y ajouter une page qui ne fit l’effet d’une pièce de drap à une robe de tulle. […] Bréal s’est rangé à l’avis des Conservateurs ; là où l’on voyait deux camps, il n’y a plus que des goûts personnels et des opinions esthétiques.

967. (1848) Études sur la littérature française au XIXe siècle. Tome III. Sainte-Beuve, Edgar Quinet, Michelet, etc.

Ce que nous savons en revanche par une lettre à Lutteroth, et celle-là même où il nous apprend que Sainte-Beuve lui attribuait une étude qui n’était point de lui, c’est qu’il avait eu beaucoup de plaisir à lire ce recueil, mais qu’il se sentait un peu gêné vis-à-vis de l’auteur : Le principe auquel ma faiblesse m’a conseillé de me tenir, c’est de ne parler que des auteurs avec lesquels je n’ai eu aucun rapport personnel ; et vous avez lu l’article de M.  […] Jamais, nous le pensons, la poésie n’a été plus personnelle ; jamais les poètes ne nous ont tant parlé d’eux-mêmes ; ils semblent avoir pris pour devise ces paroles de Montaigne : « Je me suis présenté moy mesme à moy pour argument et pour object ; je n’ay pas plus faict mon livre que mon livre m’a faict : livre consubstantiel à son aucteur, membre de ma vie…81 » ; en un mot, ils se déclarent hommes d’abord, artistes en seconde ligne et pour la forme ; ils le disent en vers dans le volume, ils le disent en prose dans la préface ; le moyen de ne les pas croire ? […] Qu’est-ce que l’Éternité succédant au Père Eternel, sinon l’expulsion du Dieu personnel et vivant, et l’abandon de l’univers aux mains de fer de la nécessité ? L’auteur nous fait bien comprendre maintenant pourquoi ce sont les nations qui sont l’objet de son jugement dernier ; c’est que ce jugement lui-même ne se passe dans le ciel que pour la forme ; c’est que, sous le nom du Père Eternel, c’est l’Histoire qui siège sur le divin tribunal ; mais cela même nous apprend que la responsabilité des individus n’est rien, que le moi individuel ne compte pas devant Dieu, que la réalité morale ne réside que dans les masses, que c’est le siècle qui vit et qui pense en moi, qui a tort ou raison en moi, et que mon existence personnelle m’est moins propre que ne l’est à une vague la sienne. […] D’une part, nous avons repoussé le dangereux fantôme d’une humanité personnelle et responsable, retirant à elle peu à peu toute la personnalité et la responsabilité des individus.

968. (1897) Aspects pp. -215

Toute production les offense comme un outrage personnel. […] C’est là le lot assuré à quiconque se permet de ne pas agir selon une coterie et d’apporter une note d’art personnelle. […] Mallarmé et où cet écrivain n’use pas d’une syntaxe exclusivement personnelle. […] Je n’éprouve, est-il besoin de le dire, aucun sentiment d’animosité personnelle contre M.  […] Mallarmé d’obtenir des effets musicaux l’a conduit, malgré tout ce qu’on pourra dire, à se créer une syntaxe personnelle, contraire au génie même de la langue.

969. (1890) Causeries littéraires (1872-1888)

— Non, respectable fille de Richelieu, aucun grief personnel. […] Alphonse Daudet et le résumé de ses griefs contre l’Académie, griefs nullement personnels, comme vous voyez, ce qui enlève à ces violences tout caractère odieux. […] N’oublions toujours pas que l’auteur n’avait aucun grief personnel, aucune vengeance à exercer, ce qui est une circonstance très atténuante. […] Il apportera, en appréciant les livres, une candeur et une intégrité de jugement que ne troublera plus aucune préoccupation personnelle. […] Lemaître, sans renoncer à ses goûts personnels, sans modifier ses sentiments d’artiste et de poète, est devenu à l’égard des bourgeois moins Alceste et plus Philinte.

970. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE RÉMUSAT » pp. 458-491

les doux sentiments personnels redoublent le pas en s’associant à ceux des pères et des aïeux. […] Auprès des princes, l’intérêt personnel est tellement éveillé, les mauvaises passions humaines sont si fréquemment en jeu, que, s’il nous fallait agir d’après nos sensations réelles et nos vraies émotions, nous donnerions à qui nous observe un triste spectacle.

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