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2166. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Μ. Ε. Renan » pp. 109-147

Renan avale et rend des dictionnaires… Le mot le grise comme l’opium grise le Chinois, et perpétuellement, dans ses Dialogues, — où il n’a plus la ressource des petits paysages, comme dans ses Histoires, — il se plonge en des margouillis de paroles (cela ne vaut pas un nom plus noble) dans le genre de celui-ci, par exemple : « L’idéal apparaît comme le principe de l’évolution déifique et comme le créateur par excellence. » Et cela pour ne pas dire : Dieu !

2167. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Michelet » pp. 167-205

Plus tard, nous l’avons vu plus qu’impur, qui est une chose négative, pour devenir souillé, qui est une chose positive et affreuse, dans son Histoire de la Révolution, quand il se complut aux détails monstrueux de la mort de cette noble madame de Lamballe, qui disait : « Fi ! 

2168. (1897) Un peintre écrivain : Fromentin pp. 1-37

La vôtre a été noble.

2169. (1898) Politiques et moralistes du dix-neuvième siècle. Troisième série

Les Français de 1789 étaient exaspérés contre les nobles parce qu’ils étaient presque les égaux des nobles ; c’est la différence légère qui se mesure, et c’est ce qui se mesure qui compte. […] Le riche n’est pas le noble. […] Il y a des riches, comme il y avait des nobles ; mais il y avait des nobles et une noblesse ; il y a des riches, et il n’y a pas une… le mot manque ; rien ne prouve mieux que les riches ne forment pas une collectivité. […] Mais ce n’est pas peu que d’être la moitié d’un sage, surtout quand de ces deux moitiés c’est encore la plus noble et la plus vénérable que l’on a. […] Ce sont ou les naïfs ou les hypocrites qui, pour se complaire à un mot plus noble, ou pour déguiser le mot cru et dur sous le mot pompeux, disent justice au lieu de dire égalité.

2170. (1939) Réflexions sur la critique (2e éd.) pp. 7-263

ils sacrifient ceci et cela, en vue d’obtenir un effet plus noble. […] Cet incident lui a semblé occuper dans la vie une place exorbitante, ridicule, contaminer les plus nobles parties de l’individu, offusquer les plus essentiels besoins de la société. […] » Croyons que le jour où cette élite intellectuelle que sont « les habitués du Théâtre Français » sera « éclairée », le reste du pays ne saura manquer d’emboîter le pas et d’allumer à ce noble feu sa chandelle qui est morte. […] La suppression de l’hérédité ne pouvait être limitée à un transfert de branche à branche : pareillement il est ingénu de ne se retourner contre le goût anglais que lorsqu’on en a extrait pour son usage un titre noble et des commodités. Ce qui fait évanouir Denis implique cent, mille préférences, analogues à celles qui conduisent Denis à juger Grammaire-Club plus noble que Société de Grammaire.

2171. (1903) Légendes du Moyen Âge pp. -291

Une fois qu’une année fut passée, Ses péchés commencèrent à lui faire peine : « Vénus, noble dame fine, Je veux me séparer de vous. […] Je ne m’en soucie pas61… Donnez-moi congé, noble dame, De votre corps orgueilleux. […] Revenez à d’autres pensées : Allons dans ma chambrette, Et jouissons du noble jeu d’amour ! […] Nous sourions à cette poétique conciliation de Dieu et du siècle, déclarés inconciliables, avec une si impitoyable logique, par l’enseignement orthodoxe, et nous nous plaisons un moment à concevoir un paradis tout autre que celui qui effrayait Aucassin, un paradis qui ressemblerait plutôt à cet enfer où il voulait aller avec Nicolette sa douce amie, et où vont « les beaux clercs et les beaux chevaliers qui sont morts aux tournois et aux nobles guerres, et les bons sergents et les francs hommes, et les belles dames courtoises, et l’or et l’argent, et le vair et le gris, et les harpeurs et les jongleurs et les rois du siècle197. » C’est dans ce paradis, sans doute, que retourne l’oiselet quand il prend son vol. […] Le franciscain Jean Faber, qui fit, en 1485, un voyage en Terre Sainte qu’il a raconté dans son Evagatorium, la reconnaissait dans le mont Sainte-Croix, de Chypre, l’ancien promontoire d’Aphrodite : « Le bruit court parmi le peuple en Allemagne qu’un noble de Souabe, appelé le Danhuser, vécut quelque temps dans cette montagne avec Vénus.

2172. (1896) Essai sur le naturisme pp. 13-150

Paganisme, Chrétienté, Génie national, auxquels nous devrons ajouter le mouvement scientifique (qui, remontant aux époques immémoriales de Prométhée et de l’inventeur de la charrue, pour aboutir à Képler et Ampère, modifie tous les jours la nature par ses nobles découvertes), voilà les quatre grandes traditions que doivent rénover pour une définitive synthèse, les jeunes et candides esprits, soucieux d’une œuvre humaine, conforme à la nature. […] D’autres sont nobles comme un laboureur qui vers le soir, avec un sourire, essuie son front mouillé et caresse le flanc des bœufs.

2173. (1894) Journal des Goncourt. Tome VII (1885-1888) « Année 1888 » pp. 231-328

» Quelqu’un a entendu un imbécile patriote de la prose noble, s’écrier dans les corridors : « Ah ! […] Samedi 29 décembre Incontestablement ce n’est pas seulement la langue de la grande Adèle, qui choque le public petit bourgeois, la langue de Mlle de Varandeuil produit peut-être un effet pire, chez les gens qui ne sortent pas d’une famille noble, qui n’ont pas entendu la langue, trivialement colorée, des vieilles femmes de race du temps.

2174. (1895) Journal des Goncourt. Tome VIII (1889-1891) « Année 1891 » pp. 197-291

Or, ce monsieur du pouvoir exécutif, et ces médiocrates de province, ont le chauvinisme de la tragédie, du personnage noble. Mais comme l’intérêt est passé des Empereurs, des Rois de l’antiquité, aux marquis des xviie et xviiie  siècles, puis des marquis aux gros bourgeois du xixe  siècle, ils entendent qu’on s’arrête à ce personnage noble de l’heure présente, et qu’on ne descende pas plus bas.

2175. (1906) La rêverie esthétique. Essai sur la psychologie du poète

Il y a dans la vie, telle qu’elle est, un élément de poésie pure ; ce sont toutes les affections, toutes les tendresses, toutes les passions généreuses, toutes les nobles aspirations, dont seul un pessimisme injuste pourrait nier l’existence ; c’est toute la vie du cœur. […] Une des attitudes que l’art représente le plus volontiers est celle de la méditation ; ce n’est pas seulement parce qu’elle est noble et calme, et qu’elle peut être longtemps soutenue ; c’est surtout pour son effet poétique. […] Il faut que nous puissions trouver en eux quelque chose de charmant, de délicat, de touchant, de noble, d’élevé, en un mot que nous puissions leur appliquer quelque qualificatif d’ordre esthétique. […] Dans cette forme superbe qui lui est préparée d’avance, comment le poète pourrait-il exprimer autre chose que ses plus nobles pensées ?

2176. (1889) Ægri somnia : pensées et caractères

Il les avait toutes : un visage noble et épanoui ; un regard fier avec beaucoup de douceur et de caresses ; une voix dont la puissance ne trouva jamais d’ouïe rebelle, qui pouvait monter sans être criarde, descendre sans être sourde, s’enfler sans déclamer ; un geste qui colorait, fortifiait, achevait la parole, et qui, par sa variété expressive, était comme une seconde voix. […] J’ignore si j’y ai réussi ; mais je sais ce que j’ai tiré, pour l’adoucissement d’une vie éprouvée, du commerce journalier de professeurs et de jeunes gens d’élite, et ce qu’ont dû gagner mes travaux personnels à la pratique des traditions, et au spectacle stimulant des exemples de cette noble maison. […] La guerre fait partie de l’ordre établi par Dieu ; elle développe les plus nobles vertus de l’homme. […] Marchant à petits pas, nous devisions de notre fin politique sans une parole de regret — je le dis pour sa noble mémoire comme pour moi-même, — sur ce que nous perdions personnellement, mais non sans échanger de douloureux sentiments sur le malheur présent de notre pays et sur les menaces de l’avenir.

2177. (1730) Discours sur la tragédie pp. 1-458

Troisiémement : elle doit être noble ; et cette noblesse dépend en même-tems de la pensée et de l’expression. Quoiqu’à parler exactement, les pensées écrites ne soient pas différentes des expressions, puisque les unes étant les signes des autres, les expressions ne peuvent renfermer que les choses qu’elles signifient ; il est pourtant vrai que la pensée peut être noble, sans que l’expression le soit : et voici pourquoi. […] Ce vers de Racine, madame, j’ai reçû des lettres de l’armée, est noble, quoique simple, parce que ce qu’il exprime ne peut être rendu que de la même façon, qui que ce soit qui le dise. Celui-ci du même, pour bien faire, il faudroit que vous la prévinssiez, n’est pas assez noble, parce qu’on n’y sent pas autant la nécessité de ce tour familier, pour bien faire, il faudroit, qui n’est pas d’une élégance uniforme avec ce qui le précede et ce qui le suit.

2178. (1902) La formation du style par l’assimilation des auteurs

La lecture est la plus noble des passions. […] — jusqu’à quel excès effroyable tu as outragé et méconnu les nobles sentiments dont ton cœur est plein et oublié la sauvegarde de l’homme, la seule force de la faiblesse, la seule armure, la seule cuirasse, la seule visière baissée dans le combat de la vie, lu seule aile d’ange qui palpite sur nous, la seule vertu qui marche sur les flots, comme le divin Rédempteur, la prévoyance, sœur de l’adversité. […] Le prêtre fait les onctions sur le corps de la mourante : A ces yeux d’abord, comme au plus noble et au plus vif des sens ; à ces yeux, pour ce qu’ils ont vu, regardé de trop tendre, de trop perfide en d’autres yeux, de trop mortel ; pour ce qu’ils ont lu et relu, d’attachant et de trop chéri ; pour ce qu’ils ont versé de vaines larmes sur les biens fragiles et sur les créatures infidèles, pour le sommeil qu’ils ont tant de fois oublié le soir en y songeant ! […] Lisez ces lignes : Tandis que l’indomptable chevalier se livrait ainsi à la fougue de sa brute imagination, les lueurs du foyer prolongeaient jusqu’au fond de la salle l’ombre démesurée de sa noble stature qui s’élevait jusqu’aux voûtes blasonnées. […] Sa voix était douce, son aspect noble et gracieux, son langage animé et son attrait déjà fort grand.

2179. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. VILLEMAIN. » pp. 358-396

Si cela est vrai, comme nous le disons, des hautes époques et des Siècles de Louis XIV, cela ne l’est pas moins des époques plus difficiles où la grande gloire est plus rare, et qui ont surtout à se défendre contre les comparaisons onéreuses du passé et le flot grossissant de l’avenir par la réunion des nobles efforts, par la masse, le redoublement des connaissances étendues et choisies, et, dans la diminution inévitable de ce qu’on peut appeler proprement génies créateurs, par le nombre des talents distingués, ingénieux, intelligents, instruits et nourris en toute matière d’art, d’étude et de pensée, séduisants à lire, éloquents à entendre, conservateurs avec goût, novateurs avec décence.

2180. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Quelques documents inédits sur André Chénier »

Viens, Fanny : que ma main suspende Sur ton sein cette noble offrande… La pièce reste ici interrompue ; pourtant je m’imagine qu’il n’y manque qu’un seul vers, et possible à deviner ; je me figure qu’à cet appel flatteur et tendre, au son de cette voix qui lui dit Viens, Fanny s’est approchée en effet, que la main du poëte va poser sur son sein nu le collier de poésie, mais que tout d’un coup les regards se troublent, se confondent, que la poésie s’oublie, et que le poëte comblé s’écrie, ou plutôt murmure en finissant : Tes bras sont le collier d’amour !

2181. (1860) Cours familier de littérature. X « LXe entretien. Suite de la littérature diplomatique » pp. 401-463

Or, ce que ces écrivains bien inspirés par leur cœur, mais illusionnés par leurs nobles inspirations même, appellent le principe des nationalités, s’applique-t-il en effet partout et toujours, en tous les temps et en tous les lieux, en toutes les circonstances à tous les actes internationaux du monde politique, de manière à constituer un droit des gens, un droit public, et à servir de guide à la diplomatie des nations ?

2182. (1861) Cours familier de littérature. XII « LXIXe entretien. Tacite (2e partie) » pp. 105-184

« Il faisait fournir des barques et des canots à ceux qui voulaient fuir ; il anéantissait les lettres et les notes qui auraient pu servir de témoignage du zèle qu’on avait montré pour lui, des injures qu’on avait proférées contre Vitellius ; il distribuait des gratifications avec mesure, et nullement comme un homme qui n’a rien à ménager après lui ; ensuite il s’appliqua à consoler le fils de son frère, Salvius Coccéianus, enfant en bas âge, qui tremblait et qui pleurait, louant sa tendresse, gourmandant son effroi, l’assurant que le vainqueur ne serait pas assez barbare pour refuser la grâce de ce neveu, à lui, qui avait conservé à Rome toute la famille de Vitellius, et qui allait, par la promptitude de sa propre mort, mériter la clémence de ce rival : car ce n’était point, ajoutait-il, dans une extrémité désespérée, mais à la tête d’une armée demandant à combattre, qu’il épargnait volontairement à la république une calamité nouvelle ; qu’il avait assez de renommée pour lui-même, assez d’illustration pour ses descendants ; que le premier, après les Jules, les Claude, les Servius, il avait porté l’empire dans une nouvelle famille ; que son neveu devait donc accepter la vie avec une noble assurance, sans oublier jamais qu’Othon fut son oncle, et cependant sans trop s’en souvenir. » VIII « Après ces soins donnés aux autres, il prit quelques moments de repos.

2183. (1861) Cours familier de littérature. XII « LXXIe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins (2e partie) » pp. 305-367

Si la seconde assemblée eût été aussi sensée, aussi patriotique, aussi bien inspirée que la première, ce noble gouvernement de soi-même par soi-même pouvait durer.

2184. (1861) Cours familier de littérature. XII « LXXIIe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins (3e partie) » pp. 369-430

Il n’avait que des passions nobles comme son langage.

2185. (1862) Cours familier de littérature. XIV « LXXXIIIe entretien. Considérations sur un chef-d’œuvre, ou Le danger du génie. Les Misérables, par Victor Hugo (1re partie) » pp. 305-364

Nous avons fait tous deux d’illustres naufrages : l’un, échoué sur un bel écueil, au milieu du libre Océan ; l’autre, sur la vase d’une ingrate patrie, la quille à sec, les voiles en lambeaux, les mâts brisés, le gouvernail aux mains du hasard ; l’un, plein d’espérances et de nobles illusions, ces mirages de la seconde jeunesse des hommes forts ; l’autre, décougégé, trouvant les hommes toujours les mêmes dans tous les siècles, et n’attendant d’eux dans l’avenir que l’éternelle vicissitude de leur nature, qui naît, qui se remue, qui se répète et qui meurt, pour se répéter encore jusqu’à satiété !

2186. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CXIe entretien. Mémoires du cardinal Consalvi, ministre du pape Pie VII, par M. Crétineau-Joly (3e partie) » pp. 161-219

« Rome, 30 septembre 1821. » VI Le duc d’Orléans, plus tard Louis-Philippe, lui écrit peu de temps après : « Éminence, « Le prince de Talleyrand, qui garde de vous le plus tendre souvenir, me disait dernièrement que votre seul plaisir était la culture des fleurs, et votre noble amie la duchesse de Devonshire a bien voulu me confirmer le fait.

2187. (1866) Cours familier de littérature. XXI « CXXIVe entretien. Fior d’Aliza (suite) » pp. 257-320

comprendre enfin, dans une exécration universelle, le climat, le génie, la langue, le caractère de dix nations des plus heureusement douées par le ciel, et chez lesquelles tant de grands écrivains, tant de nobles caractères semblent renouvelés de siècle en siècle pour protester contre la décadence même de cet empire du monde qu’aucun peuple n’a pu conserver ?

2188. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série «  Leconte de Lisle  »

VII Ils ne s’en plaignaient point, ces nobles Grecs pour qui M. 

2189. (1920) Enquête : Pourquoi aucun des grands poètes de langue française n’est-il du Midi ? (Les Marges)

À remarquer que l’effort de Mistral et ses fidèles enfanta non seulement de nobles poètes en oc, mais à la suite, de beaux poètes francisants : pour ne citer que ces trois, tombés au champ d’honneur, le Dauphinois Jean-Marc Bernard, le Gascon Émile Despax, le Provençal Lionel des Rieux (souvenons-nous aussi d’Emmanuel Signoret).

2190. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XIV. La littérature et la science » pp. 336-362

Sully Prudhomme, dans son noble poème de la Justice, a condensé en un dialogue tragique l’antagonisme de ces deux voix que l’homme moderne entend retentir au fond de sa conscience ; l’une est celle de la science, implacable et sereine, qui renverse sans pitié les vieilles idoles, les croyances chères à l’enfance des peuples, les préjugés enracinés par une longue accoutumance ; l’autre est celle du cœur qui proteste, qui tantôt a peur de ce bouleversement, s’attendrit sur les choses détruites, proclame l’inutilité du savoir humain et conseille au chercheur de s’endormir dans le plaisir et l’insouciance, tantôt se révolte, taxe la science d’impie, l’accable d’invectives passionnées, l’accuse de désenchanter la vie, d’anéantir le bonheur et la vertu.

2191. (1881) La psychologie anglaise contemporaine «  M. Georges Lewes — Chapitre II : La Psychologie »

« J’ai déjà dit qu’il a les fonctions les plus nobles, mais il n’exclut pas la part des autres ganglions à la conscience générale.

2192. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1855 » pp. 77-117

La personnification et le représentant de l’homme de 1830, habitué à la bataille, aux nobles luttes, aux sympathies ardentes, à l’applaudissement d’un jeune public, et en portant, inconsolable et navré, au fond de lui, le regret et le deuil.

2193. (1888) Préfaces et manifestes littéraires « Romans et nouvelles » pp. 3-80

Nous nous sommes demandé s’il y avait encore pour l’écrivain et pour le lecteur, en ces années d’égalité où nous sommes, des classes indignes, des malheurs trop bas, des drames trop mal embouchés, des catastrophes d’une terreur trop peu noble.

2194. (1913) La Fontaine « VI. Ses petits poèmes  son théâtre. »

Ô vous de qui les voix jusqu’aux astres montèrent, Lorsque par vos chansons tout l’univers charmé Vous ouït célébrer ce couple bien-aimé, Grands et nobles esprits, chantres incomparables, Mêlez parmi ces sons vos accords admirables… C’est une invocation aux poètes qui ont déjà chanté les amours de Vénus et d’Adonis.

2195. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « Ernest Feydeau » pp. 106-143

Riche, noble, — on n’a plus besoin de noblesse, — et on ne dit pas qu’il le soit, misanthrope marié et trompé indignement par sa femme, qui mériterait bien, par parenthèse, de s’appeler Fanny, car elle lui ressemble horriblement, si ce n’est pas elle.

2196. (1913) Les idées et les hommes. Première série pp. -368

Et, parce qu’on suivra la lente et noble tradition de la littérature française, on ne sera pas réduit à fabriquer des sonnets pour Chloris. […] Puis nous avons une circonspecte méfiance à l’égard de ces nobles synthèses que les métaphysiciens de naguère bâtissaient ; et il fallait qu’entrât dedans, facilement ou non, la réalité : on l’y poussait. […] Maeterlinck épilogue sur l’infini, lequel ne peut être méchant et se châtier en quelque portion de lui-même, sont à peu près de cette qualité noble et fine. […] Tandis que se trémoussent les enfants, les domestiques et l’abbé avec une maladresse douloureuse et tandis que la baronne prépare son noble entêtement, deux volontés règnent et conduisent tout : la Foi et l’Amour. […] Noble résolution, et qui est déjà l’honneur d’un écrivain : remplacer par de tels sujets, d’une si haute dignité, d’un si sublime intérêt, les petites histoires folâtres et mesquines dont les romanciers se contentent vulgairement.

2197. (1876) Romanciers contemporains

Il est assurément des buts plus nobles. […] Alphonse Daudet, nous aurons bientôt à étudier un autre mari trompé ; mais celui-ci, à des défauts physiques qui expliquent ses infortunes, joint à un certain moment les plus hautes qualités morales qui, d’une tète aussi vulgaire que celle de Charles Bovary, font tout à coup une noble, une touchante figure. […] On l’y voit « dès le berceau, et par une pente mystérieuse de son âme, conquis à la nature, à ses montagnes, à ses superbes montagnes cévenoles, d’un profil si sévère, si noble, si hardi, où se découvrent toutes les richesses, des eaux qui défient l’éclat et la pureté du cristal, des bêtes fidèles et aux pieds surs, des hommes honnêtes, énergiques et courageux ». […] C’est l’orgueil qui est noble quand il est la fierté du cœur, haïssable quand il est la passion de celui qui repousse l’égalité, qui révolte par ses superbes dédains tous les hommes auxquels il demande de faire peu de cas d’eux-mêmes en comparaison de lui. […] L’inflexible vieillard demeurant sous l’empire d’une foi implacable, et aussi d’une grandiose autant que puérile chimère, défie son siècle dont il n’est pas, la société moderne qu’il veut remplacer par la société ancienne, et s’il tombe écrasé par la force des choses, vaincu mais non dompté, il offre avant de mourir sa fille en holocauste à son idée ; ne pouvant l’unir à un des siens parce qu’elle est pauvre, ne voulant pas l’unir à Falgouët parce qu’elle est noble, il la jette sans vocation dans un couvent.

2198. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « M. DAUNOU (Cours d’Études historiques.) » pp. 273-362

Il me semble au moins que le scepticisme que certaines discussions historiques provoquent ou entretiennent n’est ni la moins douce ni la moins saine habitude que l’esprit humain puisse contracter. » Bien des nobles cœurs qui veulent de la foi à tout prix se pourront scandaliser de cette conclusion à la Montaigne, qui met la santé de l’esprit là où d’autres voient son plus grand mal ; elle me plaît et me touche chez Daunou, elle est conforme à la nature de cet esprit judicieux et craintif, au moment où, battu des orages, il se retrouve dans la sphère paisible de l’étude et où il respire. […] Daunou n’avait point reçu de la nature ce qu’il faut pour dégager l’élément poétique proprement dit, pour saisir la poésie en tant qu’elle se sépare nettement de la prose, et qu’elle en est quelquefois le contraire ; la poésie, comme il l’entendait, et comme l’entendaient presque tous ses contemporains, n’était que de la prose plus noble, plus harmonieuse, de la prose dans ses plus riches conditions.

2199. (1887) Journal des Goncourt. Tome II (1862-1865) « Année 1863 » pp. 77-169

« Mon Dieu, dit-il, avec un geste onctueux, on ne sait pas trop s’il était noble, on ne lui a jamais vu de famille… c’était un noble de 1814 ; à cette époque on n’y regardait pas de si près.

2200. (1902) Le problème du style. Questions d’art, de littérature et de grammaire

L’imitation n’est pas le mensonge, faculté noble et primordiale, base de toute la civilisation, de toute la création sociale, de tous les arts, et de toutes les littératures ; c’est tout le contraire, c’est la sincérité, c’est la naïveté. […] Comment, avec les pâles personnages humains, les grands poètes ont-ils créé des héros mille fois plus forts, plus nobles et plus beaux, ou plus laids, plus venimeux que les êtres qu’ils avaient sous les yeux ? […] Buffon donnait à son secrétaire des notes précises, avec des conseils, peut-être un plan ; Bexon mettait les notes en littérature, et Buffon revoyait, corrigeait à maintes reprises jusqu’à ce que la plus grande exactitude fût obtenue, exactitude noble et de goût, mais avant tout scientifique. […] En cherchant toujours l’expression la plus noble, Buffon ne perd jamais de vue le point essentiel, qui est l’exactitude, et ce double souci lui fait éviter ces termes étroits dont la laideur est évidente et l’exactitude subordonnée à la connaissance approfondie d’un vocabulaire, d’ailleurs variable.

2201. (1924) Intérieurs : Baudelaire, Fromentin, Amiel

Son beau-père, le général Aupick, était une figure militaire parfaitement noble, un homme de loyauté et de devoir à qui on ne saurait reprocher quoi que ce soit envers son beau-fils. […] D’ailleurs l’éclat du ciel s’adoucit par des bleus si tendres, la couleur de ces vastes plateaux, couverts d’un petit foin déjà si flétri, est si noble, l’ombre elle-même de tout ce qui fait ombre se noie de tant de reflets, que la vie n’éprouve aucune violence, et qu’il faut presque la réflexion pour comprendre à quel point cette lumière est intense ». […] La nuit qui tombait n’augmenta ni la solitude, ni l’abandon, ni l’exprimable désolation de ce lieu. » On voit la différence qui existe dans l’art du paysage entre l’état d’âme à la Chateaubriand et l’état d’âme à la Fromentin : le premier romantique et tendu, rare et noble, le second réaliste, précis, quotidien. […] « C’est un penseur profond à côté de Paul Potter et de Cuyp ; c’est un rêveur attachant quand on le compare à Terburg et à Metzu ; il a je ne sais quoi d’incontestablement noble, lorsqu’on songe aux trivialités de Steen, d’Ostade ou de Brouwer ; comme homme, il a de quoi les faire rougir tous, comme peintre les vaut-il ? 

2202. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « L’abbé Fléchier » pp. 383-416

Lorsque Louis XIV prit en main le gouvernement après la mort de Mazarin, l’Auvergne était un des pays les plus signalés par le nombre comme par l’impunité audacieuse des crimes ; dès 1661 et dans les années suivantes, les intendants ne cessaient d’y dénoncer à Colbert toutes sortes d’abus de pouvoir et d’excès de la part des nobles, protégés et couverts qu’ils étaient par les officiers mêmes de justice : ce fut aussi l’Auvergne que l’on jugea à propos de choisir pour commencer la réparation dans le royaume.

2203. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « MME DESBORDES-VALMORE. » pp. 124-157

Mais quelle différence, me disais-je, entre les douleurs de l’une et celles de l’autre : l’une, la noble châtelaine du Cayla, sous son beau ciel du Midi, dans des lieux aimés, dans une médiocrité ou une pauvreté rurale qui est encore de l’abondance, avec tous les choix et toutes les élégances d’un intérieur de vierge : l’autre, dans la poussière et la boue des cités, sur les grands chemins, toujours en quête du gîte, montant des cinq étages, se heurtant à tous les angles, le cœur en lambeaux et s’écriant par comparaison : « Où sont les paisibles tristesses de la province ? 

2204. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre quatrième. La propagation de la doctrine. — Chapitre I. Succès de cette philosophie en France. — Insuccès de la même philosophie en Angleterre. »

C’était le goût du temps ; M. de Malesherbes, si honnête et si grave, savait par cœur et récitait la Pucelle ; du plus sombre des Montagnards, Saint-Just, on a un poème aussi lubrique que celui de Voltaire, et le plus noble des Girondins, Mme Roland, a laissé des confessions aussi risquées, aussi détaillées que celles de Rousseau462  D’autre part, voici une seconde boîte, celle qui contient le vieux sel gaulois, je veux dire la plaisanterie et la raillerie.

2205. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « De l’influence récente des littératures du nord »

De cette rencontre date une révolution morale dans l’âme de Pierre Bézouchof : le noble, le civilisé, le savant, se met à l’école de cette créature primitive ; il a trouvé enfin son idéal de vie, son explication rationnelle du monde dans ce simple d’esprit.

2206. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Mme Desbordes-Valmore » pp. 01-46

Il est impossible, après avoir lu ces lettres, de croire que Latouche ait jamais été pour Marceline autre chose qu’un ami, à moins de prêter à cette noble femme une puissance diabolique de dissimulation.

2207. (1894) Propos de littérature « Chapitre IV » pp. 69-110

Vielé-Griffin que sollicite la Beauté la plus noble et dont l’œuvre est viril au moins autant que l’œuvre de M. de Régnier, devrait saisir ici la défaillance de son esthétique.

2208. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, le 8 décembre 1885. »

Après avoir rendu plus « humain » le motif du printemps en substituant à la seconde qui le termine une tierce, majeure ou mineure, Wagner l’attribue à Sachs, mais obtient une gravité plus douce et plus noble en étendant la quarte qui sépare la première note de la seconde, à l’intervalle d’une quinte.

2209. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Alexandre Dumas fils — CHAPITRE IX »

Tout cela est dit dans le plus noble et le plus indulgent langage, avec des respects, des égards et des tempéraments infinis.

2210. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Edgar Allan Poe  »

Le noble poème du Corbeau embaume encore, sous de lourdes bandelettes, l’amour d’une morte, dont le souvenir illumine la chambre nocturne aux rideaux de soie bruissants, donne à la réponse fatidique et monotone de l’oiseau toutes ses successives gradations de désespoir, jusqu’à ce finale épandu où s’associent la terreur, la passion, le mystère et la suprême beauté : Prophète, dis-je, être de malheur, prophète, oui, oiseau ou démon !

2211. (1864) William Shakespeare « Première partie — Livre IV. Shakespeare l’ancien »

Dante parlant de Virgile, et l’appelant son maître, ne comble pas cette lacune, parce que Virgile, noble poëte, mais sans invention, est moindre que Dante ; c’est entre égaux, et de génie à génie, de souverain à souverain, que ces hommages sont magnifiques.

2212. (1830) Cours de philosophie positive : première et deuxième leçons « Deuxième leçon »

(3) J’ai cru devoir signaler expressément dès ce moment une considération qui se reproduira fréquemment dans toute la suite de ce cours, afin d’indiquer la nécessité de se prémunir contre la trop grande influence des habitudes actuelles, qui tendent à empêcher qu’on se forme des idées justes et nobles de l’importance et de la destination des sciences.

2213. (1891) La bataille littéraire. Quatrième série (1887-1888) pp. 1-398

Tu seras là pour la consoler, pour l’aimer seul… Pitié pour elle, si ce n’est pour moi… Vois, je n’ai plus de fierté avec toi, je te supplie en son nom, au nom de son cœur dont tu connais la tendresse… Tu l’aimes, je le sais ; je l’ai bien deviné, que tu lui cachais tes soupçons pour lui épargner une douleur… Je te le dis encore une fois : ma vie est un enfer, et je te la donnerais avec délice pour expier ce que j’ai fait ; mais elle, André, mais elle, ta mère, et qui n’a jamais, jamais nourri une pensée qui ne fût noblesse et pureté, non, ne lui impose pas cette torture… — Des mots, des mots, répondis-je, remué malgré moi jusqu’au fond de l’âme par l’explosion de cette souffrance où j’étais bien forcé de reconnaître un accent sincère ; c’est parce que ma mère est noble et pure que je ne veux pas qu’elle soit un jour de plus la femme d’un ignoble assassin… Vous vous tuerez, ou elle saura tout… — Ose-le donc ! […] C’est l’histoire d’un jeune homme, jeune et homme, ce qui n’est plus de mode, dont le cœur est ouvert à tous les sentiments nobles et généreux et que la corruption de nos mœurs politiques, une faiblesse de conscience, il faut le dire, jettent dans le parti contraire à ses convictions. […] Nous serions très jeunes, très purs et très nobles, toujours, toujours ! […] …………………………………………………………………………………………… « Apothéose dérisoire, m’écriai-je après avoir dévoré ces gazettes où nombre des bourreaux qui l’avaient tué rendaient enfin justice, quoi qu’ils en eussent, à leur noble victime, qui, supplice inouï, tomba, non, mais crut peut-être tomber dans l’éternel néant ou le noir absolu ! 

2214. (1925) Feux tournants. Nouveaux portraits contemporains

La mission sociale qu’il se proposait ainsi était une façon comme une autre, mais romanesque, de s’évader d’une médiocrité pénible et d’en finir avec un malentendu familial. « Soldat, professeur, poète, négociant ou ministre, ce qu’il faut, ce que je veux, c’est être grand. » Nobles ferveurs, et dont quelques-unes, déjà, ont satisfait ce cœur exigeant ! […] Drieu récapitule, établit le bilan de son enfance, de son adolescence ; vous n’y trouverez guère trace d’un sentiment bas et vulgaire : épuration, sévères confidences, noble révolte ! […] Mais l’enfance, c’est à quoi il faut toujours revenir pour prendre son plaisir le plus noble.

2215. (1940) Quatre études pp. -154

Mais le plus admirable dans son cas est son accord parfait, son accord idéal, avec son temps, son milieu, son pays : son noble pays, si beau, si grand, et sans comparaison possible le premier de tous. […] On le charge d’honneurs officiels ; quand il meurt, « la reine pleure avec une profonde douleur son noble poète lauréat » ; le peuple se presse à son service funèbre, et défile devant sa tombe, à Westminster. […] l’impure envie S’acharne sur sa noble vie, Semblable au vautour éternel ; Et, de son triomphe irritée, Punit ce nouveau Prométhée D’avoir ravi le feu du ciel28… Il la redira souvent, cette plainte qu’il ne laisse pas échapper sans quelque fierté ; on l’entendra dans tous les temps, dans toutes les langues, venant de tous ceux qui portent la peine et la gloire d’être nés pour exprimer la beauté.

2216. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre II. L’Âge classique (1498-1801) — Chapitre III. La Déformation de l’Idéal classique (1720-1801) » pp. 278-387

Nous prendrons insensiblement leur noble liberté de penser, et leur profond mépris pour les fadaises de l’école. » C’est Voltaire qui écrivait en ces termes à Helvétius, en oubliant d’ajouter que, pour son compte, et de plus, il avait pris Micromégas à Swift, son Poème de la loi naturelle à Pope, et Zaïre à Shakespeare. […] Mais si nous examinons ce qu’il appelait la « noble liberté de penser » des Anglais, nous trouvons que c’est l’agressive incrédulité des Bolingbroke, des Collins, des Toland. […] C’est justement en cela qu’ils ont cru que consistait le progrès, dans l’appauvrissement du vocabulaire, dans une contrainte plus rigoureuse de la syntaxe, dans l’abus des « termes généraux », dans la subordination de l’originalité de chacun aux exigences de tout le monde ; et aussi bien Condorcet l’a-t-il textuellement déclaré : « On a senti que le style devait être plus élevé et plus soutenu que la conversation… La conversation même a pris un ton plus noble… et c’est peut-être à elle que nous devons l’avantage d’avoir, à cette époque de notre littérature, — il écrit en 1776, — un plus grand nombre de gens de lettres qui écrivent avec agrément et avec élégance » [Cf. 

2217. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Les nièces de Mazarin et son dernier petit-neveu le duc de Nivernais. Les Nièces de Mazarin, études de mœurs et de caractères au xviie  siècle, par Amédée Renée, 2e éd. revue et augmentée de documents inédits. Paris, Firmin Didot, 1856. » pp. 376-411

Guizot, dans un intervalle de ses mâles et fermes histoires, s’est dit qu’il y avait lieu d’intéresser sans tant d’aventures et de beaux crimes : il a retracé et buriné à la manière hollandaise la figure de lady Russell, ce modèle des grandes veuves, de celles qui restent fidèles à un noble sang généreusement versé et à une vieille cause.

2218. (1859) Cours familier de littérature. VII « XXXIXe entretien. Littérature dramatique de l’Allemagne. Le drame de Faust par Goethe (2e partie) » pp. 161-232

Le duc de Weimar lui avait donné, indépendamment du ministère de l’instruction publique dans ses États, la direction absolue des théâtres et des nobles plaisirs de sa cour.

2219. (1861) Cours familier de littérature. XI « LXVIe entretien. J.-J. Rousseau. Son faux Contrat social et le vrai contrat social (2e partie) » pp. 417-487

Mais la société politique doit-elle l’égalité des conditions et des biens à tous les hommes venant dans ce monde, rois ou sujets, nobles ou peuple, riches ou pauvres, avec l’avantage ou le désavantage de ce qu’on appelle le fait accompli ?

2220. (1862) Cours familier de littérature. XIII « LXXVIIIe entretien. Revue littéraire de l’année 1861 en France. M. de Marcellus (1re partie) » pp. 333-411

D’un extérieur noble et élégant, il avait une physionomie fine, mais point audacieuse.

2221. (1862) Cours familier de littérature. XIV « LXXXIIe entretien. Socrate et Platon. Philosophie grecque. Deuxième partie. » pp. 225-303

III On a vu cependant combien, dans le Phédon, cette philosophie spiritualiste, la seule vraie, la seule noble, la seule honnête dans ses conséquences, produit la moralité dans les paroles, dans la vie et dans la mort de Socrate.

2222. (1869) Cours familier de littérature. XXVIII « CLXVIe entretien. Biographie de Voltaire »

Résolu à ne pas se marier, afin de donner moins de gages encore à la persécution, il dispersa tous ses capitaux en rentes viagères sur des maisons nobles de France et sur des princes d’Allemagne afin d’avoir un asile partout.

2223. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre troisième »

Ainsi l’avait compris Corneille dans le temps de ses chefs-d’œuvre : c’est pour un amour de ce genre qu’on pardonne à Chimène d’hésiter entre son père et son amant ; à Camille, de haïr la patrie qui lui a coûté la vie de Curiace ; à Cinna, de conspirer contre son bienfaiteur ; c’est cet amour qui rend Pauline adorable, et fait de Sévère une des plus nobles figures du théâtre.

2224. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre premier »

A la peinture poignante que fait Homère de l’orphelin « marchant la tête toujours baissée », elle ajoute : « avec mille sujets de mortification. » Elle le trouve plus noble « mendiant de parte en porte », que « tirant par leur tunique ou par leur manteau les amis de son père. » Elle aime mieux Astyanax « nourri sur les genoux de son père avec tant de soin », que « mangeant la moelle et la meilleure graisse des brebis. » Lamotte mutilait la statue, Mme Dacier la badigeonnait.

2225. (1911) La morale de l’ironie « Chapitre III. Les immoralités de la morale » pp. 81-134

Je ne relève ici que les sentiments louables ou nobles, j’entends ceux qui sont utiles ou nécessaires à la vie commune.

2226. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre II, grandeur et décadence de Bacchus. »

Les Mystères d’Éleusis, si nobles et si ingénus à leur origine, se pervertissent vite dès qu’ils sont possédés par ce démon du midi.

2227. (1888) Petit glossaire pour servir à l’intelligence des auteurs décadents et symbolistes « Petit glossaire »

… Une noble personnalité qui, d’abord engée de réminiscences romantiques et grecques, bientôt se manifeste originale.

2228. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Victor Hugo »

La lutte d’un homme nu contre un lion, qui prendrait la gueule du lion dans ses mains désarmées et lui écartèlerait les deux mâchoires, serait plus noble d’ailleurs et plus croyable que ce duel avec ce canon affolé dans sa course tel que Hugo le fait rouler ; mais c’est précisément parce que ce duel est moins croyable qu’il le choisit.

2229. (1870) La science et la conscience « Chapitre IV : La métaphysique »

Partout et toujours la vraie divinité, nous disons celle qui répond au sentiment religieux, est sortie du sanctuaire de la conscience humaine, plus ou moins pure, noble, adorable, selon les progrès de cette conscience.

2230. (1887) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Troisième série pp. 1-326

Son procédé de parodiste n’avait pas consisté, comme celui de Scarron, par exemple, dans une exagération fantastique et caricaturale du trait de ses originaux, mais bien dans une espèce de réduction du noble et de l’héroïque aux conditions de la vie commune : le fils d’Ulysse devenu le fils de M. Brideron, capitaine de cavalerie dans un régiment allemand, et Pénélope, une grosse fermière ou bourgeoise de village assiégée par « un tas de nobles campagnards ses voisins ». […] Quelque sujet, ou bizarre ou répugnant, ou bas que touche à l’aventure et au hasard de l’inspiration ce moine défroqué, il y croit de toute son âme ; son style, toujours facile, est ample, est harmonieux, est noble ; et, de temps en temps, comme un éclair pour illuminer toute la page, un trait s’en détache, qui est le naturel, la sensibilité, la passion même. […] Le genre noble de la tragédie classique, par une évolution qu’on peut suivre à la trace, est devenu le genre plus familier du roman moderne. […] De même encore — et dût-on m’accuser de cynisme — je trouve que Manon parlait mieux son langage quand elle disait de l’une de ses dupes : « Il n’aura pas la satisfaction d’avoir couché une seule nuit avec moi », qu’en disant avec plus de noblesse, mais avec moins de propriété : « Il ne pourra se vanter des avantages que je lui aurai donnés sur moi. » Dans l’un et l’autre cas, la première version était de la langue forte et précise du xviie  siècle ; dans l’un et l’autre cas, la seconde est de la langue noble et vague du xviiie .

2231. (1894) La bataille littéraire. Sixième série (1891-1892) pp. 1-368

… C’est, outre un excellent morceau littéraire, un bel élan patriotique qui repose un peu de la froide raison de bien des étranges philosophes qui sévissent en ce moment, et nous ramène sur un plus noble terrain que leur champ d’observation. […] C’est la mode aujourd’hui de rire du bourgeois, de le traiter comme une buse, incapable de rien concevoir de grand ni de noble ; c’est faux, archifaux, et ce sont les bohèmes qui ont cru se hausser en le mettant sous leurs pieds, qui ont livré cette diffamation à la circulation. […] « Le bourgeois, il est vrai, veut un marquis pour sa fille, mais le noble ne cherche qu’un magot pour son fils ! […] Phidias lui-même n’a pas soupçonné ces ligues fortes et gracieuses, ces membres élégants et nobles.

2232. (1893) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Cinquième série

Et, pour la Palatine, tout Allemande qu’elle soit — et Allemande renforcée, qui accuse volontiers la corruption française des vices du prince de Birkenfeld ou du duc de Wolfenbuttel, — il faut également l’en croire, quand elle écrit de Saint-Cloud, le 31 juillet 1699 : « Il n’y a plus ici de vices dont on ait honte ; et, si le roi voulait punir ceux qui se rendent coupables des plus grands vices, il ne verrait plus autour de lui ni nobles, ni princes, ni serviteurs, et il n’y aurait même plus aucune maison de France qui ne fût en deuil. » Au cas pourtant que l’on voulût des renseignements plus détaillés, nous en avons, comme on dit, les mains pleines, et si peut-être, en tout temps et partout, les libertés que l’usage accorde ou refuse aux femmes sont une assez juste mesure du degré de sévérité ou « d’avancement » des mœurs, voici une ou deux historiettes qui achèveront d’édifier le lecteur. […] Mais les religieuses, qui veillaient, et sa noble famille, avertie, les ayant séparés, elle résolut de se soustraire à un joug odieux, et elle se fit enlever… par un autre, qui l’épousa.

2233. (1900) La culture des idées

Huysmans cite une symbolique du corps humain, d’après Méliton44 ; elle n’est pas très curieuse ; en voici une autre, tirée du Livre de la Discipline de l’Amour divine (1519) : Moult noble et digne est la créature humaine, laquelle, selon l’âme, est image et semblance de toutes créatures. […] En suivant les métamorphoses des croyances, on devrait parler de Jésus, sans doute, mais pas plus que de Bacchus, d’Isis ou de Mithra : il y a autant que de christianisme, du bacchisme, de l’isiacisme et du mithriacisme dans le catholicisme populaire, tout cela greffé ingénument sur l’arbre aux nobles branches du vieux Panthéon romain. […] Que de femmes, puisqu’il s’agit d’amour, auraient dû, pour leur bonheur éternel, être violentées, et combien ont pâti de la réserve trop noble de leur amant ! […] I Ayant déjà fait quelques études préparatoires au noble métier d’écrivain français, vous n’ignorez pas sans doute que le monde dans lequel vous allez entrer est fort méprisé par ceux-là mêmes qui doivent y vivre et qui en font l’ornement.

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