VI La calèche s’arrêta au sommet du plateau dans un chemin creux, auprès de deux ou trois pauvres chaumières ; les enfants et les chèvres de ces chaumières jouaient au soleil au bord d’un fleuve encaissé et profond, qui coupait la prairie avec un calme et un silence perfides : c’était le Vellino.
Il a joué une comédie, mais c’est la comédie sanglante dont parle Pascal.
Seulement, le drame qu’il a noué et dénoué autour de son type est un drame que l’on joue depuis trop longtemps pour beaucoup passionner les esprits difficiles qui veulent que le talent leur apporte de nouvelles sensations.
Cependant, et sans rien vouloir engager, je ne saurais m’empêcher de dire que nous jouerions de malheur, si, de tout cela, nous ne tirions rien d’utile pour la solution ou la position de quelques questions très générales et très importantes, dont je veux en terminant vous indiquer deux ou trois. […] Mais si l’on ne joue pas sur les mots ; et, quelque idée que l’on se fasse de son objet final, si la critique doit être surtout versée dans l’étude de la littérature et de l’art, non, Bayle n’est pas un critique, et c’est pourquoi nous n’avons pas ici à en parler davantage. […] Il avait préludé dans le Dictionnaire de Bayle ; il se jouait dans les Lettres persanes : on peut dire qu’il n’apprend à se connaître, et à soupçonner sa force et sa fortune prochaine que dans les Lettres anglaises, Or, ce qui le caractérise éminemment, vous le savez, c’est d’être avant tout préoccupé de questions religieuses, politiques, sociales, mais en revanche assez peu soucieux de littérature, et surtout d’art. […] Le critique imprudent qui se croit bien habile, Donnera sur ma joue un soufflet à Virgile. […] Les rédacteurs du Globe n’ont pas joué de rôle original dans l’histoire de la critique moderne : il nous suffira donc de les avoir salués, et nous pouvons passer.
On eut bien effrayé les enthousiastes de 1830 en leur définissant leur rôle social théorique et même le rôle exact qu’ils jouèrent parmi leurs semblables — eux qui s’imaginaient n’en remplir aucun, ne toucher à rien des mœurs. […] On sait quel rôle odieux joue aujourd’hui dans la nation la confédération générale du travail.
« Sîfrit céda aux désirs du roi Gunther et de sa cour, et chaque soir il vit Kriemhilt la belle. » V Ici le poëme se sent des nouvelles orientales des Mille et une Nuits et des talismans surnaturels qui jouent un si grand rôle dans le Tasse et dans l’Arioste. […] Comme il savait jouer de la viole, on l’appelait le ménestrel.
Mais dans un groupe restreint, individuel, une image ne peut-elle pas jouer par rapport aux autres le rôle de signe, et cela naturellement, sans intention significatrice de notre part, sans que l’intervention de la volonté mentale ait changé l’importance relative des images composantes ? […] Un paradoxe étrange est impliqué dans les faits que nous venons d’exposer : l’état le plus fort d’un groupe d’images donné, c’est-à-dire d’une idée, en est le signe ; l’organisation du groupe est parfaite quand une image étrangère à l’essence de l’idée lui est attachée et joue à son égard le rôle de signe ; alors le signe est seul en lumière ; les éléments constitutifs de l’idée, étant tous également faibles et indistincts, sont indiscernables les uns des autres ; et, avec la diversité interne de l’idée, s’est affaiblie sa spécificité propre, c’est-à-dire ce qui la distingue des autres idées considérées, comme elle, à part de leurs signes.
Il n’a pas de rôle à jouer, il n’est pas comédien. » — Sciences, beaux-arts, arts de luxe, philosophie, littérature, tout cela n’est bon qu’à efféminer et dissiper l’âme ; tout cela n’est fait que pour le petit troupeau d’insectes brillants ou bruyants qui bourdonnent au sommet de la société et sucent toute la substance publique En fait de sciences, une seule est nécessaire, celle de nos devoirs, et, sans tant de subtilité ou d’études, le sentiment intime suffit pour nous l’enseigner. — En fait d’arts, il n’y a de tolérables que ceux qui, fournissant à nos premiers besoins, nous donnent du pain pour nous nourrir, un toit pour nous abriter, un vêtement pour nous couvrir, des armes pour nous défendre En fait de vie, il n’en est qu’une saine, celle que l’on mène aux champs, sans apprêt, sans éclat, en famille, dans les occupations de la culture, sur les provisions que fournit la terre, parmi des voisins qu’on traite en égaux et des serviteurs qu’on traite en amis En fait de classes, il n’y en a qu’une respectable, celle des hommes qui travaillent, surtout celle des hommes qui travaillent de leurs mains, artisans, laboureurs, les seuls qui soient véritablement utiles, les seuls qui, rapprochés par leur condition de l’état naturel, gardent, sous une enveloppe rude, la chaleur, la bonté et la droiture des instincts primitifs Appelez donc de leur vrai nom cette élégance, ce luxe, cette urbanité, cette délicatesse littéraire, ce dévergondage philosophique que le préjugé admire comme la fleur de la vie humaine ; ils n’en sont que la moisissure.
C’est le cas, ou jamais, de conférer avec l’Europe ou de déchirer pour toujours le droit public, cette charte des peuples, des États, des trônes, de jouer le monde au jeu des insurrections royales, et de ne plus mettre dans les balances que des ambitions et des boulets, au lieu de droit public !
VIII Rizzio était un jeune Italien d’une naissance infime et de condition presque domestique, doué d’une figure heureuse, d’une voix touchante, d’un esprit souple tant que son sort fut de plier devant les grands ; devenu habile à jouer du luth, à composer et à chanter cette musique langoureuse qui est une des mollesses de l’Italie, Rizzio avait été attaché à Turin, comme musicien serviteur de la maison de l’ambassadeur de France en Piémont.
Il y passait les hivers, il y faisait jouer la tragédie et la comédie sur des théâtres domestiques, il y rassemblait la société élégante et lettrée de Lausanne, il y représentait lui-même avec un remarquable talent les rôles de vieillard dans les grands drames anciens ou nouveaux.
À deux pas de cette femme, sous un morceau de toile noire soutenue par deux roseaux fichés en terre pour servir de parasol, ses deux petits enfants jouaient avec trois esclaves noirs d’Abyssinie, accroupies comme leur maîtresse, sur le sable que recouvrait un tapis.
Les livres où ces détails se trouvent peuvent bien être inconnus d’eux, mais il ne suit pas de là qu’ils le soient de tout le monde… En engageant le Théâtre-Français à jouer toutes les œuvres des maîtres et toutes les pièces notables, depuis Rotrou, comme étude de l’art et de la langue française et comme introduction à la littérature dramatique d’aujourd’hui, nous avons rapporté le drame moderne à M.
Se jouer entre le vrai et le faux n’est pas un bel emploi de l’esprit ; mais à côtoyer ainsi le vrai, on a la chance d’y toucher quelquefois.
La société alors comme un acteur qui a joué la même pièce un millier de fois, saura son rôle.
Je ne jouais jamais ; je passais les heures de récréation assis, cherchant à me défendre contre le froid par de triples vêtements.
Or, et le fait est curieux à remarquer, soit dans Mademoiselle Cloque, soit dans la Becquée, soit dans l’Enfant à la balustrade, l’amour n’apparaît plus ou, s’il intervient, il ne joue qu’un rôle très bref : il n’est jamais le principal élément d’émotion.
Il entend jouer du Molière, puis du Corneille, mais pas la moindre cantate.
Sans doute il nous a donné la preuve éclatante qu’il excelle à se jouer des plus grandes difficultés de la versification.
Ses strophes sont des frises de vases où jouent des bergers tendres et tristes, vivants et rêveurs, rieurs et sérieux.
Collusorius, de colludere, cum avec et ludere, jouer.
Hugo consiste à charrier des mots dans les mille rails du rythme et à jouer à des bouts rimés de colosse aveugle, comme ceux-ci : Génie !
On s’aperçoit à l’exposé de leur sort que les facultés brillantes, que les événements remarqués qui distinguent la plupart des hommes qu’on a vus jouer quelque rôle dans l’histoire, ne sont que des accidents ordinaires dans la vie des vrais poètes : leur esprit semble au-dessus de toutes les chances de la destinée, et suffit de plus au travail qui bâtit des monuments immortels, en dépit des cris injurieux, et des coups de la fortune. […] Mais d’autres génies créateurs naquirent, et leurs inventions devinrent les sources de plaisirs ignorés : ils construisirent d’autres machines merveilleuses ; ils firent marcher de front des fables ingénieusement entrelacées ; ils transformèrent le monde entier en un théâtre magique, où des esprits de lumière et de ténèbres jouèrent la tragédie et la comédie tout ensemble. […] De même l’auteur de la Divine Comédie est l’architecte qui sut bâtir l’immense théâtre, orné du relief de tant de figures chimériques, où l’auteur du Paradis perdu sut faire jouer hardiment une action principale entre les puissances des anges et des démons. […] Son imagination, inépuisable en caprices, et sans cesse courant aux nouveautés, remplit tous les intervalles de nombreux incidents par lesquels il se joue de l’intérêt qui vous émeut, de la curiosité qui vous presse ; vous le suivez, il vous perd et vous laisse là ; vous le retrouvez, il vous mène à d’autres objets ; il s’excuse, et s’arrête ; vous lui pardonnez parce qu’il vous amuse et vous charme ; il vous quitte encore et vous impatiente, vous dépite en vous présentant toujours de différents personnages avec lesquels il vous promène quelque temps sans que vous puissiez savoir où ils vont, ni ce qu’ils deviendront, avant qu’il lui plaise de vous en débarrasser ou d’achever leurs aventures. […] L’auteur de la Pharsale, au contraire, celui de la Henriade, n’ont pas d’autres agents du leur que ces allégories inférieures : la Discorde, la Politique et le Fanatisme jouent les premiers rôles de la ligue ; et le héros n’a, de son côté, que le fantôme de saint Louisz : ce merveilleux moral peut plaire à la philosophie : j’y consens ; mais il est loin d’être admirable, et fort près d’être impoétique.
comme elle joue des pieds et des poings ! […] Nos avocats ont la robe, le rabat et le bonnet : le bonnet joue le rôle que jouait le bâton, et leur sert à faire mille singeries — de vivacité ou de majesté. — Les prédicateurs ont des surplis blancs, dont les ailes voudraient simuler des anges. — Ainsi tout signe a son effet dans la grande mascarade humaine. […] Les Yankees ont montré de l’esprit en acceptant la charge des Anglais pour la faire jouer sur les champs de bataille contre ceux qui l’avaient faite.
Est-ce que Néron de Rome, l’esprit joyeux, ne passait pas le meilleur de son temps à jouer de la lyre ? […] Elle n’est point pour lui un drame grandiose, joué sur le théâtre de l’infini, avec les soleils pour lampes et l’éternité pour fond… mais une pauvre insipide dispute de club dévidée dix siècles durant entre l’Encyclopédie et la Sorbonne.
Absorbée à tout instant par les actes et attitudes qui sortent d’elle, attirée par eux au dehors, s’extériorisant ainsi par rapport à elle-même, elle joue sans doute les représentations plutôt qu’elle ne les pense ; du moins ce jeu dessine-t-il déjà en gros le schéma de l’intelligence humaine 77. […] En approfondissant ce point, un verrait quel rôle capital joue l’idée de désordre dans les problèmes relatifs à la théorie de la connaissance.
Il y a longtemps que je pensais avec l’auteur des Essais que Cicéron est un grand musicien, mais qui prélude trop longtemps avant que de jouer sa pièce, et qui me semble, en la jouant, trop soucieux d’être écouté. […] car Sénèque ne fait ici aucune distinction d’un bon et d’un mauvais acteur, et parle évidemment de ceux qui jouaient les premiers rôles. […] Il jouait aux échecs lorsque le centurion arriva : « Au moins, dit-il à son adversaire, n’allez pas, après ma mort, vous vanter de m’avoir gagné…298 » et à ses amis : « Ce grand problème de l’immortalité des âmes, dont vous avez tant disputé, dans un moment il sera résolu pour moi. » Le philosophe qui l’accompagnait au lieu du supplice, lui ayant demandé, au moment où la hache était levée sur son cou, à quoi il pensait : « J’épie, lui répondit-il, à cet instant si court de la mort, si mon âme apercevra sa sortie du corps… » (Chap. […] Julius, en attendant le centurion, s’amuse à jouer aux échecs.
Il n’a pas cet art charmant qui se joue à la surface. […] Doux, point bruyant, il rêvait beaucoup, ne jouait guère, et seulement avec des petites filles, étant lui-même un peu petite fille. […] Il est toujours resté en lui un peu de l’enfant de chœur habitué à jouer avec les vases de l’autel. […] Il jouera aux courses.
Ici Saint-Simon se trompait peut-être de date comme en d’autres cas, et il ne se rendait pas bien compte de l’effet et de la fermentation qu’eussent produits les états généraux en 1716 ; la machine dont il voulait qu’on jouât pouvait devenir dangereuse à manier.
« Faites tout ce qu’il y a de bon, d’aimable, ce qui ne brise pas le cœur, ce qui ne laisse jamais aucun regret ; mais, au nom de Dieu, au nom de l’amitié, renoncez à ce qui est indigne de vous, à ce qui, quoi que vous fassiez, ne vous rendrait pas heureuse. » XI Ce langage d’un directeur spirituel touchait la jeune femme du monde, parce qu’elle était assez clairvoyante pour lire entre les lignes ce que l’ami se cachait à lui-même ; mais elle jouait avec le feu de l’autel, elle ne s’en laissait pas consumer.
Les scènes variées de guerre et de chasse qu’ils représentent dénoncent une vie nationale active et brillante, où le roi joue le rôle d’une divinité terrestre, assise sur son char, commandant le respect et l’obéissance.
Jésus serait un phénomène unique dans l’histoire si, avec le rôle qu’il joua, il n’avait été bien vite transfiguré.
Quand il s’agit de trouver les lois des choses extérieures, indépendantes de nous, l’imagination joue encore un rôle, mais beaucoup moindre, et elle a infiniment moins de valeur.
Il y a eu dans ces derniers tems plusieurs Drames qui n’ont pas été joués ; mais qui méritoient peut-être plus de paroître sur le théatre que tant d’autres piéces froides, ou alambiquées que nous y avons vu.
On peut ne pas croire aux longs intervalles d’inactivité qui se sont écoulés entre nos formations consécutives ; on peut ne pas accorder toute son importance au rôle que les migrations doivent avoir joué, surtout lorsqu’on étudie séparément et exclusivement les formations de quelque grande région telle que l’Europe ; on peut enfin arguer de l’apparition soudaine de groupes entiers d’espèces nouvelles, bien que ces brusques invasions aient déjà souvent été reconnues fausses par suite de découvertes plus récentes.
D’autres causes ont aussi probablement joué leur rôle.
Comment supposer que le cervelet ne joue pas le même rôle chez les deux êtres dans la direction des mouvements ?
Malgré son intermittence, l’idée reste vivace, jaillissant brusquement du fond de l’inconscient ; elle a plus de stabilité qu’aucune autre ; ses éclipses momentanées ne l’empêchent pas de jouer le rôle principal. […] Ceci admis que l’essentiel de la vie affective consiste dans les tendances, conscientes ou non (la conscience ne joue dans tout cela qu’un rôle subordonné) comment faut-il nous représenter ces tendances ?
De là ce singulier rêve, que l’on a admiré dans la Vie de Jésus, d’une résurrection possible de toutes les consciences dans une conscience finale, terminaison étrange de cette cosmogonie arbitraire, dénouement fantastique de cette merveilleuse féerie que l’univers joue devant nous, et dont nous sommes nous-mêmes les spectateurs et les acteurs. […] Comment pourrait-elle conserver le rôle qu’elle joue dans la philosophie de M.
Son visage avait été défiguré par une opération, mais n’était point du tout laid pour cela ; ses yeux étaient brillants, larges et intelligents ; la joue était enflée d’un côté comme par une fluxion ; l’aspect général était simple, peut-être un peu trop ; mais la plus remarquable bienveillance dans toute sa personne, sa voix et ses manières, donnaient la plus agréable impression à tous ceux qui avaient quelque discernement.
Et, de fait, quoique produite par un contact en apparence faible, elle est produite par un contact effectivement excessif ; la barbe de plume ou le bout de fil qui, promené lentement sur la joue ou le nez, effleure imperceptiblement l’extrémité d’une papille nerveuse, provoque visiblement un ébranlement considérable dans la molécule terminale de la papille ; car la sensation est très vive et survit plusieurs secondes à l’attouchement.
Il s’agit simplement de l’office qu’un objet quelconque peut remplir, de la fonction qu’il exécute, du rôle qu’il joue en contribuant avec d’autres semblables à faire une collection.
« Ni dans un firmament serein voir circuler les vagues étoiles, ni sur une mer tranquille voguer les navires pavoisés, ni à travers les campagnes étinceler les armures des cavaliers couverts de leurs cuirasse, ni dans les clairières des bocages jouer entre elles les biches des bois ; « Ni recevoir des nouvelles désirées de celui dont on attend depuis longtemps le retour, ni parler d’amour en langage élevé et harmonieux, ni au bord des claires fontaines et des prés verdoyants entendre les chansons des dames aussi belles qu’innocentes ; « Non, rien de tout cela désormais ne donnera le moindre tressaillement à mon cœur, tant celle qui fut ici-bas la seule lumière et le seul miroir de mes yeux a su en s’ensevelissant dans son linceul ensevelir ce cœur avec elle !
Ils jouaient la sagesse et la vertu dans les académies et dans les places publiques ; ils accoutumaient les Athéniens à ces jeux d’idées et de paradoxes qui rendaient l’oreille fine et l’esprit sceptique ; pour effacer ces sophistes, il fallait bien parler leur langue à ce peuple infatué.
Quant au cardinal qui en était l’inventeur, s’il ne rencontra pas de difficultés pour faire accepter à son conclaviste le rôle qu’il devait jouer auprès du chef de la faction Mattei, afin de la disposer en faveur de Chiaramonti, ce conclaviste n’en éprouva pas davantage (grâce à Dieu qui nous aidait) pour faire adopter l’idée à ce chef dès qu’il lui en ouvrit la bouche.
Mais point absente à ces vies n’était la musique, et je jouais par fois d’un violon ; et, tout appliqué disciple que je fusse aux rhétoriques diverses, je me sentais musicien et je composais des airs ; je concevais, aux heures de silence, des symphonies dont les ébauches orchestrales m’enorgueillissent ; et c’était, à la vérité, une lutte, alors de ces quinze ans, entre le démon de la musique et l’ange des lettres bien classiques.
Toutes ces impressions, où la sensation et l’appétition motrice jouent le principal rôle, ont un caractère évidemment extensif et, de plus, volumineux, nullement linéaire ou superficiel.
Ce genre d’utopie me rappelle les fossoyeurs d’Hamlet, qui jouent aux osselets dans leur cimetière avec les crânes vides et déterrés des morts.
Si cela n’était pas ainsi, les trois grands témoins de Dieu : l’intelligence, la conscience, l’évidence intérieure, auraient menti en nous, c’est-à-dire que ces trois grands témoins, subornés par la vérité suprême, Dieu, auraient été chargés par Dieu de se jouer en son nom de l’intelligence, de l’évidence, de la conscience, de la vérité, de la foi, de l’espérance de l’homme !
Charmante plaisanterie, triste symbole d’une foi absente qui ne donne aucune unité, aucune spiritualité, aucun but grandiose, aucune tendance même perceptible au génie ; ces mœurs délicieuses, mais toujours légères, sont des osselets avec lesquels un enfant joue sur les deux seuils de la vie.
. — Les Chansons de toile ou d’histoire ; — et qu’elles sont contemporaines de l’épopée nationale, comme le prouvent : — leur tour essentiellement narratif ; — le rôle que les femmes y jouent ; [ce sont elles qui font les avances, et les hommes les traitent avec la brutalité dont ils usent toujours en pareil cas] ; — enfin l’indistinction des éléments épique, lyrique, et même dramatique. — L’élément épique domine dans les Chansons d’histoire proprement dites ; — l’élément dramatique se dégage dans les Pastourelles et Chansons à danser, dont le développement ultérieur aboutit, — sous l’influence des divertissements des Fêtes de Mai, — à de véritables pièces, telles que le Jeu de Robin et Marion, d’Adam de la Halle, 1260 ; — mais le second, l’élément lyrique ou personnel, n’apparaît qu’au contact de la poésie provençale.
À cet égard, le mode de clôture des terres joue un grand rôle.
pourquoi voulez-vous jouer du violon ?
Berlioz reçoit un jour la visite de Paganini, qui lui dit : « J’ai un alto merveilleux, un instrument admirable de Stradivarius, et je voudrais en jouer en public. […] En somme il y a eu, ce moment-là, dans mon esprit une rencontre qui s’explique facilement par mes lectures et mes réflexions des jours précédents : peu de temps auparavant, j’avais lu une étude qui montrait que, au fond de tous les phénomènes physiques où l’on commençait à voir clair, on découvrait des ondes ; et en faisant de la botanique, en étudiant un peu la biologie générale, je voyais bien que l’individu vivant jouait le rôle d’une sorte d’onde complexe, résoluble en ondes vivantes plus simples… Je vins à songer à la loi de Malthus généralisée par Darwin, à la tendance de chaque espèce vivante à une progression indéfinie par voie de généralisation, et j’eus l’idée de remarquer que cette loi n’était pas sans analogie avec la tendance de la lumière et de la chaleur aussi bien que du son, de tous les phénomènes ondulatoires, en un mot, à rayonner sphériquement… » À côté des traces laissées par d’anciennes circonstances dont l’influence ne se démêle pas très nettement, on remarque surtout ici, dans l’invention, la réaction d’un ensemble d’idées formé peu à peu, parallèlement à des idées rivales, profitant des mêmes circonstances qu’elles, longtemps opprimées cependant et n’existant presque que d’une vie latente. […] Les affinités des éléments qui le composent font naître à chaque moment, et selon le hasard des circonstances qui joue ici un grand rôle, des combinaisons diverses qui seront l’aliment du germe en voie d’évolution, et qui contribueront à faire prendre à son développement telle ou telle direction.
Si l’on ajoute à ces noms celui de Domitius Afer, l’heureux et habile avocat des mauvaises causes, éloquent jusqu’à faire ombrage à Caligula (comme Lucain poète faisait ombrage à Néron), trop perdu de mœurs, trop aisément accusateur, démentant le vir probus dicendi peritus, mais qui garde auprès de la postérité le mérite d’avoir eu pour disciple Quintilien ; — Marcus Aper, célèbre à meilleur titre, l’honneur du barreau sous Vespasien, qui joue un grand rôle et le principal dans le Dialogue sur la corruption de l’éloquence, dont quelques personnes même l’ont cru auteur, tant il y plaidé bien la cause des modernes ; — le sophiste Favorinus, né à Arles, célèbre dès le règne de Trajan, en haut crédit et en faveur sous Adrien, et le maître d’Aulu-Gelle ; qui parlait disertement sur tous sujets, qui fit en plaisantant l’éloge de la fièvre quarte (il écrivait en grec), mais qui ne portait pas seulement de l’esprit, qui avait quelquefois de la raison dans les thèses paradoxales qu’il soutenait ; — Fronton, le maître de Marc-Aurèle, dont les lettres retrouvées par M.
» Et celui-ci : « Quand je revois l’aurore descendre du firmament avec son visage de roses et sa chevelure dorée, l’amour m’assaille au cœur et ma joue se décolore, et je me dis dans mes soupirs : Là est Laure maintenant !
Nous sommes grands et ils sont sages ; nous jouons le drame héroïque, intéressant, instructif, quelquefois lamentable, sur la scène des siècles ; nous emportons les applaudissements de la postérité, mais nous disparaissons, et ils demeurent.
Ô plaisante vicissitude des choses humaines qui s’amuse à faire jouer aux hommes les rôles les plus inattendus de tous et d’eux-mêmes !
Nous le vîmes alors profondément humilié et du rôle qu’il avait joué et de la disgrâce où il se cachait à tous les partis.
Il y avait un petit pharaon chez l’ambassadeur d’Espagne, et je jouai pour la première fois.
Deux personnes vont ensemble : l’une se montre et chante ou joue de la flûte ; l’autre se tient en arrière et tire la flèche au signal que le premier lui donne.
Un jour, au commencement de juin, vers midi, me sentant fatigué, je m’étais assis sur un rocher qui surplombait les eaux, et m’amusais, en me reposant, à voir se jouer des troupes de poissons.
Les tours que joue maître Renard à son compère le Loup dans le roman du Renard, ont amusé nos pères.
C’est encore le théâtre, mais le théâtre moins les comédiens, et sans qu’il en coûte à la vérité pour accommoder les pièces au goût de ceux qui les jouent.
Il n’est rien pourtant où il ait été plus singulier, à une époque où l’on préférait les salons aux champs, la clarté des bougies à la lumière du soleil ; où l’on allait à la campagne pour travailler plus à l’aise à l’œuvre philosophique ou pour jouer la comédie.
Quatre situations sont possibles, si on considère le rapport d’intensité entre l’énergie dépensée et l’énergie accumulée, entre le travail produit et la nutrition : 1° un excédent d’acquisition avec dépense insuffisante produit la peine négative du besoin : l’enfant bien nourri souffre de l’immobilité ; 2° un surcroît de dépense succédant à un surcroît d’acquisition produit le plaisir positif de l’exercice : l’enfant est heureux de courir, de sauter, de jouer ; 3° un surcroît de dépense avec insuffisance de réparation produit la fatigue et la douleur positive : une course trop rapide ou trop prolongée amène la lassitude ; 4° l’absence de dépense après l’épuisement produit le plaisir négatif du repos.
Dans ce vaste drame, la vie même est jouée ; les spectateurs sont de la pièce ; ils ne sortent pas d’eux-mêmes, mais, pris à la magie de cet art, s’abandonnent à la belle et facile occasion de poursuivre leur existence quotidienne dans le fictif, dans un lieu sans peines, sans dégradants soucis de soi-même, mais baigné d’une atmosphère de rêve et de brume immense, complexe, obscur, fragmentaire, vaste, noire, et si immédiatement connu d’une vue si proche, que le lecteur s’y perd et s’y trouve comme un passant dans le large miroir des eaux profondes ou stagnent le ciel, le site et lui-même qui reconnaît son ombre dans la leur.
Il a autour de lui Éliphas, Bildad, Tsophar, trois implacables types de l’ami curieux, il leur dit : « Vous jouez de moi comme d’un tambourin. » Son langage, soumis du côté de Dieu, est amer du côté des rois, « les rois de la terre qui se bâtissent des solitudes », laissant notre esprit chercher s’il parle là de leur sépulcre ou de leur royaume.