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1401. (1900) La vie et les livres. Cinquième série pp. 1-352

Parmi celles qui lui inspirèrent l’un et l’autre de ces deux sentiments, il faut citer d’abord cette « Inconnue » dont l’image, d’abord indistincte, puis très précise, a intrigué, passionné, obsédé son esprit et son cœur. […] On remarquera aisément, dans les images éparses que je tâcherai de réunir, la trace toute chaude de la vie réelle, et malgré un léger parfum de noblesse un peu factice, la bonne odeur de la vérité. […] Ses yeux, du matin au soir, étaient divertis par un défilé d’images. […] Malgré les années qui passent, notre expérience est courte et nous restons très jeunes, ayant beaucoup dormi… Les vacances de Pouvillon laissèrent en son esprit des images ravissantes. […] Toutes ses bonnes pensées, il les lui dédie, comme à une image de la Vierge tutélaire et consolatrice.

1402. (1902) Le chemin de velours. Nouvelles dissociations d’idées

Comme le monde extérieur ne peut arriver à la conscience qu’en se faisant identique à la conscience, qu’en épousant avec scrupule tous les replis de la poche et tous ses détours, il arrive qu’en croyant avoir une image du monde nous n’avons qu’une image de nous-mêmes. […] C’est à eux que l’on doit l’image, presque burlesque, d’un Virgile chaste. […] La conscience de l’émotion s’élabore au moment où l’émotion y passe, mais elle ne fait que passer en laissant son image, et elle descend dans les reins. […] Une image portait au verso cet alléchant prospectus. […] Nous avons là une trentaine d’images de miroirs des plus amusantes, — parce qu’elles sont presque toutes semblables.

1403. (1892) Essais sur la littérature contemporaine

Vigny, lui, a essayé, s’est proposé de traduire en images colorées et mouvantes, vraiment « poétiques », des idées « philosophiques » rigoureusement définies, et dignes de ce nom. […] C’est que le mot technique est rarement harmonieux, et il traîne d’ailleurs à sa suite l’expression abstraite, qui, par définition même, fait rarement image. […] Il a l’image heureuse, appropriée, mais il a surtout l’inattendu de l’image, la rencontre fortuite, le contraste piquant, l’esprit qui consiste dans le rapprochement à la fois exact et imprévu. […] Il est image, il est légende, il est idée ; et la pensée, le sentiment, les sens y trouvent également leur compte. […] Une image authentique et fidèle n’est pas celle en effet dont vous avez rassemblé les traits pour la peindre, c’est celle qui s’est gravée d’elle-même dans des yeux qui la voient tous les jours.

1404. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Livre quatrième. La connaissance des choses générales — Chapitre II. Les couples de caractères généraux et les propositions générales » pp. 297-385

. — Quand un chien voit dans une rigole ou dans un creux un liquide coulant, inodore, incolore et clair, cette perception, en vertu de l’expérience antérieure, suscite en lui par association l’image d’une sensation de froid, et la perception, jointe à l’image, fait chez lui un couple. Chez l’enfant, grâce aux noms appris et compris, la même perception évoque en outre le mot eau ; la même image évoque en outre le mot froid, et les deux mots eau, froid, associés entre eux par contagion, font un second couple surajouté. […] On peut considérer leur image sensible, et aussi, à propos de leur image sensible, leur définition abstraite.

1405. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCIVe entretien. Alfred de Vigny (1re partie) » pp. 225-319

Cheveux de sa mère sans doute, qu’il soignait en souvenir d’elle, ne voulant rien livrer aux ciseaux, de ce qui lui rappelait une image adorée de femme et de mère ! […] Cela lui donnait aussi un peu de la douce majesté de Platon ou de la candide et éternelle enfance de Bernardin de Saint-Pierre ; cheveux fins, luisants, ruisselants d’inspiration, autour desquels avaient flotté sous les bananiers les immortelles images de Paul et Virginie. […] Ce n’était pas seulement son enfant, c’était son image. […] Lève-toi, créature de Dieu, faite à son image, et admire-toi encore dans cette condition !

1406. (1888) Journal des Goncourt. Tome III (1866-1870) « Année 1866 » pp. 3-95

Puis je me trouvais couché dans une grande salle, sur un lit, dont la couverture était faite de deux figures pareilles à ces monstrueux masques de grotesques des baraques de saltimbanques, et cette couverture à images en relief se levait et s’abaissait sur moi, et bientôt la couverture ne fut plus faite de ces visages de carton, mais d’un dessus d’homme et d’un devant de femme, semblables à ces peaux de bêtes dont on fait des descentes de lit, et d’un immense semis de fleurs, à propos desquelles je faisais la remarque que j’avais la sensation de leurs couleurs, mais non la perception : — la couleur dans le rêve est comme un reflet dans les idées et non une réflexion dans l’œil. […] Pour ce monde de femmes pâles aux paupières fardées, le monstre est l’image habituelle, familière, aimée, presque caressante, comme est pour nous la statuette d’art sur notre cheminée : et qui sait, si ce peuple artiste n’a pas là son idéal ? […] Leurs mères semblent les avoir conçus, dans la pensée fixe et peureuse de l’image du mari qu’elles trompaient. […] Une figure de l’Echo — ou du moins l’image que je m’en faisais, — entrevue entre des arbres dans un bois de chênes-liège, répétait la musique, aussitôt qu’elle cessait, une, deux, trois fois, sur une note moqueuse.

1407. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des pièces de théâtre — Préface de « Cromwell » (1827) »

Pour rendre sensibles par une image les idées que nous venons d’aventurer, nous comparerions la poésie lyrique primitive à un lac paisible qui reflète les nuages et les étoiles du ciel ; l’épopée est le fleuve qui en découle et court, en réfléchissant ses rives, forêts, campagnes et cités, se jeter dans l’océan du drame. […] Mais si ce miroir est un miroir ordinaire, une surface plane et unie, il ne renverra des objets qu’une image terne et sans relief, fidèle, mais décolorée ; on sait ce que la couleur et la lumière perdent à la réflexion simple. […] Des idées d’emprunt vêtues d’images de pacotille. […] S’il arrivait que la censure dramatique, comprenant combien cette innocente, exacte et consciencieuse image de Cromwell et de son temps est prise en dehors de notre époque, lui permît l’accès du théâtre, l’auteur, mais dans ce cas seulement, pourrait extraire de ce drame une pièce qui se hasarderait alors sur la scène, et serait sifflée.

1408. (1874) Premiers lundis. Tome II « Jouffroy. Cours de philosophie moderne — I »

Dans les premiers temps de l’humanité, la raison de l’homme étant peu développée, c’est l’imagination qui domine ; alors il parle par images figurées ; alors il faut des formes à l’expression de ses idées, de sa raison ; il croit à des causes surnaturelles : c’est le règne de la religion.

1409. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre IV. De la philosophie et de l’éloquence des Grecs » pp. 120-134

Les opinions stoïciennes n’unissaient point la sensibilité à la morale ; la littérature des peuples du Nord n’avait point encore fait aimer les images sombres ; le genre humain n’avait pas encore atteint, s’il est permis de s’exprimer ainsi, l’âge de la mélancolie ; l’homme luttant contre les souffrances de l’âme, ne leur opposait que la force, et non cette résignation sensible, qui n’étouffe point la peine et ne rougit point des regrets.

1410. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre XVI. De l’éloquence et de la philosophie des Anglais » pp. 324-337

Quelques auteurs anglais, cependant, Bolingbroke, Shaftesbury, Addison, ont de la réputation comme bons écrivains en prose : néanmoins leur style manque d’originalité, et leurs images de chaleur : le caractère de l’écrivain n’est point empreint dans son style, et le mouvement de l’âme ne se fait point sentir à ses lecteurs.

1411. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — D — Dumas, Alexandre (1802-1870) »

Vous voyez, on ferait de cela une série d’images populaires.

1412. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Musset, Alfred de (1810-1857) »

Théodore de Banville Je voudrais le montrer non tel que l’a dessiné Gavarni en cette lithographie exquise où le dandy-poète, déjà fatigué de la lutte, pâli par les veilles, ferme à demi ses yeux et regarde tristement le fantôme de la vie ; — mais fier, charmant, jeune, beau comme dans le médaillon où David nous conserva l’image de son enfance adorable, et tel qu’il apparut à cette soirée chez Charles Nodier, où il lut pour la première fois les Contes d’Espagne et d’Italie, et d’où il sortit célèbre.

1413. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — R — Rostand, Edmond (1868-1918) »

Il a l’idée frappée dans le métal sonore de l’expression ; il a l’imagination et l’image qui s’envole comme un oiseau versicolore ; il a l’intelligence qui se communique à la foule par un verbe éclatant ; il a l’art dont les délicats sont ravis et charmés ; il a la force et la sensibilité, l’abondance et la variété, la fantaisie et l’esprit, l’émotion et l’éclat de rire, le panache et la petite fleur bleue.

1414. (1920) La mêlée symboliste. I. 1870-1890 « F.-A. Cazals » pp. 150-164

Il s’agit du portrait de Verlaine, introduit au Luxembourg et qu’a signé le peintre Chantalat, médiocre image, qui semble moins faite d’après nature que calquée sur la photographie d’Otto.

1415. (1888) Préfaces et manifestes littéraires « Japonisme » pp. 261-283

* * * Un curieux fait dans l’histoire de l’humanité que ce grand acte de dévouement accompli dans une société féodale par toute une famille de vassaux, et que, depuis deux siècles, le Japon célèbre par le théâtre, le roman55, l’image.

1416. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre XVII. Morale, Livres de Caractéres. » pp. 353-369

Il y a dans les tours & dans les images une variété ingénieuse qui frappe les esprits les moins attentifs.

1417. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Baudouin » pp. 198-202

Ceux qui peuplent nos jardins publics des images de la prostitution ne savent guère ce qu’ils font.

1418. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre X. Seconde partie. Émancipation de la pensée » pp. 300-314

Ainsi la liberté morale, qui est, en définitive, la vraie liberté, et dont la liberté politique n’est, pour ainsi dire, qu’une image, s’agitait dans les liens de la parole pour les rendre moins pesants.

1419. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XII. Mme la Princesse de Belgiojoso »

Elle l’est plus que jamais devant les horreurs de la corruption musulmane, dont le hideux spectacle lui fait serrer plus étroitement sur son cœur sa croix d’Italienne et son image de saint Charles Borromée.

1420. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Paul de Saint-Victor » pp. 217-229

Il est fort, sincère et simple et d’un enthousiasme contenu, malgré le luxe de ses images, comme on était un héros, autrefois, sous une armure d’or.

1421. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Lenient » pp. 287-299

Ou il fallait condenser l’esprit des choses dans un miroir ardent de réflexions et d’images qui nous les eût renvoyées en quelques tout-puissants rayons, ou il fallait nous montrer les choses elles-mêmes, sans omission et sans superficialité.

1422. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Le cardinal Ximénès »

L’historien qui a essayé de reproduire cette forte et sévère image peut avoir le sentiment de la vie historique, mais, à coup sûr, il n’en a pas la puissance.

1423. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « W.-H. Prescott » pp. 135-148

Et puisque nous sommes en pleine couleur espagnole, je me permettrai cette image : le taureau anglo-saxon a regardé sans fureur tout le rouge du règne de Philippe II, qui aurait mis hors de sens des têtes moins solides que celle de ce Front-de-Bœuf historique.

1424. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Silvio Pellico »

Il n’aura rien respecté de l’image qu’ils lui avaient taillée.

1425. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « L’abbé Galiani »

L’italien combiné de français parut aux Français un phénomène dans lequel ils étaient pour quelque chose, et qu’ils aimèrent comme Narcisse aimait son image.

1426. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « IV. Saisset »

Cousin à son image, il a toujours eu un petit bagage d’idées fort léger.

1427. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XXVII. Silvio Pellico »

Il n’aura rien respecté de l’image qu’ils lui avaient taillée.

1428. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Francis Lacombe »

Mais nous disons que l’imagination, ce singe de l’intelligence , comme l’appelle Schiller, nous pipe souvent avec une image.

1429. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Émile Augier, Louis Bouilhet, Reboul »

Les poésies tendres ou galantes du recueil que nous venons de lire sont très certainement inspirées par Alfred de Musset ; mais c’est de l’Alfred de Musset sans cette fringance hardie et parfois cette divinité d’images qui marque sa poésie, malgré ses irrégularités et ses faiblesses, d’un inextinguible rayon.

1430. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. de Vigny. Œuvres complètes. — Les Poèmes. »

Le magnifique poème de Moïse, à coup sûr, après Eloa, le plus beau du recueil, et qui paraît plus mâle et plus majestueux peut-être à ceux qui oublient ce Satan d’Eloa dont Milton aurait été jaloux, — le poème de Moïse n’apparaît pour la grandeur du sentiment et de l’idée, l’ineffable pureté des images, la solennité de l’inspiration, la transparence d’une langue qui a la chasteté de l’opale, qu’un fragment détaché de cette Eloa qui n’est pas seulement l’œuvre de ce nom, mais chez M. de Vigny, l’angélique substance de la pensée.

1431. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Mistral. Mirèio »

Il y a un chant dans le poème qui est intitulé Le Dépouillement des Cocons, où les compagnes de Mirèio, réunies en un Décaméron laborieux et charmant, commèrent ensemble et rêvent tout haut, dans un dialogue étincelant d’images, et cette peinture dramatique de chacune d’elles montre, par le magnifique dialogue qu’elles tiennent, comme le poète entend la nuance qui diversifie ces fronts de vierge dans l’unité de la beauté et de la pudeur.

1432. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Henri Murger. Œuvres complètes. »

Il y aura même des pièces, comme Le Requiem d’amour, par exemple, où la hantise du souvenir de de Musset sera tellement tenace, que ce souvenir poursuivra le poète, non seulement dans l’image et dans la pensée, mais dans la pose, la coupe et l’allure de son vers !

1433. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Pécontal. Volberg, poème. — Légendes et Ballades. »

La pensée n’y était pas renversée par l’image comme dans la poésie de M. 

1434. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Charles Didier » pp. 215-226

On a tout faussé par des images.

1435. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Feuillet de Gonches »

Hémistiches brisés, tronçons d’images, groupes d’expressions, la phrase de Feuillet, en ses contes, roule du La Fontaine à plein bord.

1436. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre V. Des Grecs, et de leurs éloges funèbres en l’honneur des guerriers morts dans les combats. »

Partout le peuple reconnaissait les images de ses grands hommes ; et sous le plus beau ciel, dans les plus belles campagnes, parmi des bocages ou des forêts sacrées, parmi les cérémonies et les fêtes religieuses les plus brillantes, environnés d’une foule d’artistes, d’orateurs et de poètes, qui tous peignaient, modelaient, célébraient ou chantaient des héros, marchant au bruit enchanteur de la poésie et de la musique, qui étaient animées du même esprit, les Grecs victorieux et libres ne voyaient, ne sentaient, ne respiraient partout que l’ivresse de la gloire et de l’immortalité.

1437. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre V. »

Et Pindare, dans une de ses pythiques, ne manque pas de le célébrer parmi d’autres héros dont il évoque les images : « Là, dit-il, de par Apollon, vint aussi le maître de la lyre, le père des chants sacrés, le sujet de nos louanges à toujours, Orphée54. » Dès lors, le nom d’Orphée avait pris place dans la mythologie des Grecs.

1438. (1828) Introduction à l’histoire de la philosophie

Le monde, tel que l’homme le trouva, lui était étranger ; le monde, tel que l’ont fait les sciences mathématiques et physiques et à leur suite l’industrie, est un monde semblable à l’homme, refait par lui à son image. […] Il en est de même de la religion : dans ses saintes images, dans ses augustes enseignements elle contient toute vérité ; aucune ne lui manque, mais toutes y sont sous un demi-jour mystérieux. […] De tous les objets d’imitation, celui qu’il reproduira le plus volontiers, ce sera l’homme et la figure de l’homme, c’est-à-dire l’image la plus vraie du fini, du mouvement et de la mesure. […] L’ordre admirable qui y règne est une image de l’ordre divin, et ses lois ont Dieu lui-même pour principe. […] J’en entrevois auparavant l’image dans nos anciens États généraux, mais c’en était une image imparfaite et oubliée, et il ne vivait guère que dans les vœux du dix-huitième siècle et dans les essais malheureux de la Révolution française.

1439. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « M. Littré. »

 » Mais il y avait alors, au moment de la vaste éclosion première, je ne sais quel grand printemps plus magnifique et plus fécond ; le monde entier plus jeune menait un printemps plus sacré que ceux qu’on a vus depuis, toute une saison de fête et de triomphe, dont les nôtres ne sont plus que de moindres et pâles images. […] N’appauvrissons pas la mémoire humaine et le Panthéon du passé d’une grande image. […] Je ne puis voir sa chambre à coucher et son lit même, sans me représenter comme une image de la pauvreté antique.

1440. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Deuxième partie. — L’école critique » pp. 187-250

Alors, par une application nouvelle du principe de contradiction, les choses que nous nous représentons avec netteté nous servent à reconstruire a priori quelques-unes de celles dont l’image est devenue confuse. […] Au spectacle ou à la lecture d’un chef-d’œuvre, prétendent-ils, l’image de quelque chose de plus parfait surgit dans notre esprit ; nous comparons la réalité à ce modèle divin, et nous avons trouvé le principe de la critique littéraire. […] Car il est raisonnable de supposer dans le génie des grands poètes originaux, des images idéales de leurs comédies, et des idées obscures, mais positives et a priori du comique parfait, comparables à ces idées créatrices que la métaphysique platonicienne faisait résider dans l’intelligence divine.

1441. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXVe entretien » pp. 317-396

En France on ne se met à genoux que devant Dieu et l’image des saints ; on ne leur offre que de l’encens ; ici l’on se met à genoux pour honorer certains vivants, quand ils sont d’un ordre supérieur ; on leur offre des mets et l’on fait brûler des parfums devant eux. […] L’histoire est le miroir de ma conscience : dans les autres je vois ma propre image, et j’entends, dans le jugement que je porte de mes prédécesseurs, le jugement qu’on portera de moi-même. » « Ces sortes de journaux sont dans les mœurs de la nation chinoise. […] Les dessins d’animaux et de plantes y donnent aux yeux l’image que le texte donne à l’esprit.

1442. (1859) Cours familier de littérature. VII « XXXVIIe entretien. La littérature des sens. La peinture. Léopold Robert (2e partie) » pp. 5-80

C’est cette félicité de l’humanité naïve, laborieuse, opulente de peu, qu’il avait rêvée, qu’il avait vue, et qu’il voulait reproduire en un groupe, comme une image complète du bonheur terrestre, comme l’hymne sans mots de la création. Il pouvait prendre cette image de l’extase humaine sous mille aspects, sous mille formes, dans mille attitudes et dans mille scènes plus élevées du drame de la vie : les palais, les temples, les bosquets, les bords des fontaines lui offraient ces images de la félicité ou de la volupté, dans les champs de victoire, dans les triomphes des guerriers ou des orateurs sauveurs de la patrie et idoles des peuples, dans les actes de foi et de culte qui unissent les hommes à Dieu par la piété, cette plénitude de l’âme ; par les langueurs de l’amour heureux, dans les jardins d’Armide et d’Alcine, où le Tasse et l’Arioste enlacent leurs héros dans les bras de beautés ivres de regards.

1443. (1860) Cours familier de littérature. X « LVe entretien. L’Arioste (1re partie) » pp. 5-80

Prêtez-moi votre divin poème, mon cher professeur, ajouta-t-il en se tournant vers son ami le rhétoricien érudit de Padoue, je me charge de mettre le sinet aux pages avant la lecture, de telle façon que le jeune étranger, la comtesse et même ma petite-nièce Thérésina, pourront tout lire ou tout écouter sans qu’il monte une image scabreuse à l’imagination du jeune homme, ou une rougeur au front de l’innocente. […] Boccace aurait fait une description de cette lecture au bout d’un jardin ; Boucher en aurait fait un tableau : mais ni Boccace ni Boucher n’auraient pu en égaler le charme, à moins que la comtesse Léna et sa jeune image, répercutée en ébauche dans le visage de sa fille Thérésina, n’eussent posé devant eux, comme elles posaient en ce moment devant nous. […] Léna, qui était encore dans la fleur de la seconde jeunesse, quoique ayant porté déjà ce fruit de printemps, dans cette enfant, aurait pu lutter de candeur et de fraîcheur avec Thérésina ; en sorte que la fille, par sa précocité, atteignait la mère, et que la mère, par sa lenteur à prendre les années, attendait la fille pour ne former, pour ainsi dire, à elles deux qu’une image de ravissante beauté, répétée dans deux visages, et pour enivrer deux fois le regard.

1444. (1863) Cours familier de littérature. XV « LXXXVIIIe entretien. De la littérature de l’âme. Journal intime d’une jeune personne. Mlle de Guérin » pp. 225-319

elle y était morte jeune encore, à son quatrième enfant, et entre le lit et la cheminée un portrait d’un peintre ambulant y avait laissé sa douce et mélancolique image. […] C’en est bien un, qu’une belle nature, un air pur, un ciel radieux, petites images du séjour céleste, et qui font penser à Dieu. […] J’y suis quand je veux avec Lamartine, Chateaubriand, Fénelon : une foule d’esprits m’entoure ; ensuite ce sont des saints, sainte Thérèse, saint Louis, patron de mon amie Louise, et une petite image de l’Annonciation où je contemple un doux mystère et les plus pures créatures de Dieu, l’ange et la Vierge.

1445. (1890) L’avenir de la science « XV » pp. 296-320

Un voyageur a traversé la France du nord au sud ; un autre de l’est à l’ouest ; un autre suivant une autre ligne ; chacun d’eux donne sa relation comme la description complète de la France ; voilà l’image exacte de ce qu’ont fait jusqu’ici ceux qui ont tenté de présenter un système de philosophie de l’histoire 131. […] Je suis sûr que Racine, qui croyait, lui, avait dans son salon des images païennes. S’il avait eu des gravures chrétiennes, il les eût traitées comme des images de dévotion.

1446. (1864) William Shakespeare « Première partie — Livre II. Les génies »

Son style, sorte de nuée nocturne, s’illumine coup sur coup d’images qui empourprent subitement tout l’abîme de cette pensée noire et qui vous font dire : Il éclaire ! […] Çà et là une vaste image de l’accouplement s’ébauche dans la forêt : Tunc Venus in sylvis jungebat corpora amantum ; et la forêt, c’est la nature. […] Il est haut, rigide, austère, éclatant, violent, grave, juste, inépuisable en images, âprement gracieux, lui aussi, quand bon lui semble.

1447. (1857) Cours familier de littérature. IV « XIXe entretien. Littérature légère. Alfred de Musset (suite) » pp. 1-80

IV Les Marrons du feu sont une débauche complète de poésie et de licence qui dépasse en talent et en scandale d’images Don Paez. […] C’est toujours le suicide réfléchi qui est le dénouement d’un amour des sens, détestable image à offrir à l’imagination des jeunes hommes ! […] Enfant aux blonds cheveux, jeune homme au cœur de cire, Dont la lèvre a le pli des larmes ou du rire, Selon que la beauté qui règne sur tes yeux Eut un regard hier sévère ou gracieux ; Poétique jouet de molle poésie, Qui prends pour passion ta vague fantaisie, Bulle d’air coloré dans une bulle d’eau Que l’enfant fait jaillir du bout d’un chalumeau, Que la beauté rieuse avec sa folle haleine Élève vers le ciel, y suspend, y promène, Pour y voir un moment son image flotter Et qui, lorsqu’en vapeur elle vient d’éclater, Ne sait pas si cette eau, dont elle est arrosée, Est le sang de ton cœur ou l’eau de la rosée ; Émule de Byron, au sourire moqueur, D’où vient ce cri plaintif arraché de ton cœur ?

1448. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre I. La Restauration. »

Çà et là subsiste une image heureuse, débris de la poésie qui vient de périr ; mais tout le tissu de l’œuvre semble d’un Scarron, aussi ignoble que l’autre et plus méchant. […] Les vilaines paroles le feront rire par sympathie, les images effrontées le divertiront par réminiscence. […] Quand la conversation devient la première affaire de la vie, elle façonne le style à son image et selon ses besoins. Elle en chasse les écarts, les images excessives, les cris passionnés, toutes les allures décousues et violentes. […] Il a du goût, il sent les finesses du style, le mérite d’une image nouvelle, d’une opposition frappante, d’une insinuation ingénieuse et calculée.

1449. (1921) Esquisses critiques. Première série

Bien que son jugement soit pénétrant et solide, sa critique essentiellement subjective se présente principalement en effusions sentimentales, en images lyriques — surtout quand il admire — qui s’adressent au cœur plutôt qu’ils ne persuadent l’intelligence. […] Car nous nous divertissons librement des mésaventures survenues à des êtres qui ne sont pas exactement à notre image. […] Son dessein n’était pas de peindre la vie sans parti pris, mais au contraire d’en donner une image qui fût conforme à ses partis pris. […] Il s’y montre déjà en possession des qualités d’observateur qui le caractérisent, aussi de son accablante ironie — quelques-uns de ses thèmes favoris commencent à s’y moduler, quelques-uns de ses motifs futurs s’y dessinent ; certaines silhouettes s’y trouvent qui sont les préfigures d’images qu’il tracera plus tard. […] Point d’images saisissantes, point d’éclat dans le dialogue auquel manque la sonorité de la vie.

1450. (1895) Impressions de théâtre. Huitième série

Les métaphores et les images y sont un peu faciles. […] Nous sentons qu’une image hante cette femme damnée une image dont elle jouit, malgré elle, avec d’autant plus d’intensité qu’elle sait que ce plaisir non consenti la perd éternellement. […] Maurice Mæterlinck abuse encore un peu de certains procédés trop faciles, comme de personnifier des abstractions dans des images toutes petites et précises à l’excès. […] Dernière image : le tombeau de Jésus, creusé dans un roc. […] Notre image éclate sur les murs et les palissades, pimpante, aimable, d’une canaillerie élégante, le costume professionnel insensiblement tourné en travestissement d’opéra-comique.

1451. (1878) Nos gens de lettres : leur caractère et leurs œuvres pp. -316

Aux murailles, quelques images d’Épinal, et deux toiles gaillardes brossées par un artiste leste et naïf. […] On était emporté par le tourbillon des substantifs, aveuglé par le papillotage des épithètes, assourdi par un cliquetis de mots techniques et barbares, par un tumulte de couleurs, par une tempête d’images. […] Où diable allez-vous chercher ces images qu’ils n’ont jamais vues ? […] ———— Une image juste et neuve, trouvée par un enfant qui regardait neiger : « Vois, père ! […] Pas l’ombre d’une image où se reposer l’esprit, fatigué par ce vide et ce néant !

1452. (1883) Le roman naturaliste

« Les prairies étaient vides ; le vent agitait la rivière ; au fond, de grandes herbes s’y penchaient comme des chevelures de cadavres flottant dans l’eau. » Mêmes images et mêmes mots que dans Madame Bovary : « La rivière coulait sans bruit, … de grandes herbes minces s’y courbaient ensemble comme des chevelures vertes abandonnées, s’étalaient dans sa limpidité. » Voilà une grande pauvreté d’images, et une rare uniformité de procédés. […] Elle trouve maintenant à ce corps d’émeraude, soutenu d’ailes de pourpre, une vague ressemblance avec l’image du Saint-Esprit. […] Condamnerez-vous peut-être le procédé du chef de cette substitution systématique de la sensation au sentiment et de l’image à la pensée ? […] Plus il sera fidèle, comme dans l’Éducation sentimentale, et moins nous prendrons plaisir à la vue des images qu’il reflétera. […] Voilà l’image fidèle de la façon de composer qui tend à s’introduire dans le roman.

1453. (1920) Impressions de théâtre. Onzième série

Trop de lyrisme, trop d’images, trop de beaux vers ! […] Car nous avions les oreilles et les yeux pleins de sa voix et de son image, et ces scènes, dont elle est absente, nous ont fait l’effet d’un grand trou ennuyeux et gris au milieu du drame éclatant. […] C’est cette image devenue, malgré lui, de plus en plus concrète et précise dans sa pensée, qui devrait le torturer plus encore que tout le reste. […] J’accorde la dureté et la gaucherie de certains vers, quelquefois le défaut d’exactitude dans l’expression, quelquefois aussi un peu de banalité dans les images (il y a trop d’aigles, de nuits, de tempêtes, de « sommets » des siècles ou de la gloire). […] Elles ont l’air profondément étonné ; elles font de toutes petites phrases, — car elles ont l’haleine très courte, — des phrases sans liaison entre elles avec, parfois, une image inattendue et vive.

1454. (1916) Les idées et les hommes. Troisième série pp. 1-315

Ainsi l’auteur de La Colline inspirée et de ces pages où les péripéties de la guerre ont leurs images pathétiques. […] Après avoir regardé la nature et avant de la peindre, il a fermé les yeux et il a laissé l’image prendre ses lignes de repos : il copiera l’image reposée. […] Pour qu’il se souvînt d’elle, il eut besoin de prétextes et, mettons, de l’image de Cendrillon dans ses livres. […] Et un arbre pousse de tous côtés ses branches, ses rameaux, les enchevêtre et se dessine de telle sorte qu’il ne ressemble pas à un autre : son image ne se poserait pas sur l’image d’un autre. […] L’une et l’autre, la belle fille et la princesse infortunée, sur les deux images, sont vivantes.

1455. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Vaugelas. Discours de M. Maurel, Premier avocat général, à l’audience solennelle de la Cour impériale de Chambéry. (Suite et fin.) »

Sur presque tout le reste, les femmes ont gagné plus ou moins la partie, et quiconque a voulu leur plaire en écrivant ou en parlant, a dû éviter les sons durs, les images désagréables, les métaphores qui présentent une idée ignoble ou rebutante. […] J’y vois, sous forme légère, l’emblème et l’image de nos propres générations, de nos vies inégales et inconstantes.

1456. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Œuvres françaises de Joachim Du Bellay. [III] »

D’un côté, une langue faite, une manière libre, gracieuse, alerte et vive, une agilité élégante, un heureux badinage ; de l’autre, de l’effort, de la subtilité, du sentiment alambiqué en quête de l’image, une obscurité fréquente et qu’il n’est donné qu’aux érudits d’expliquer et d’éclaircir. […] Cette image des trois poètes, comparés à trois cygnes arrangés flanc à flanc et exhalant leur âme dans leur chant suprême, m’a rappelé un beau passage du Génie du Christianisme, les deux cygnes de Chateaubriand.

1457. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « DES MÉMOIRES DE MIRABEAU ET DE L’ÉTUDE DE M. VICTOR HUGO a ce sujet. » pp. 273-306

C’est un morceau grandiose, tout à effets et à mouvements, plein de tableaux ; l’orateur y est traduit sous vos yeux entouré de ses mille tonnerres et de quelques fanfares ; c’est un de ces morceaux d’éclat où l’on marche d’imprévu en imprévu, où l’image toujours éblouissante et nouvelle surgit à chaque pas, plus soudaine, plus en armes que les légions de Pompée ; c’est une de ces sorties de talent qui gagnent des victoires, au moins de surprise, sur les plus incrédules ; qui marquent que les lions au gîte (pour parler le langage du sujet) ont des ressources et des bonds qu’on n’attendait pas, et qu’il est des natures invaincues qu’on peut bien vouloir traquer, mais qu’on ne décourage guère. […] Béranger, le poëte, me disait un jour qu’une fois que les hommes, les grands hommes vivants, étaient faits types et statues (et il m’en citait quelques-uns), il fallait bien se garder de les briser, de les rabaisser pour le plaisir de les trouver plus ressemblants dans le détail ; car, même en ne ressemblant pas exactement à la personne réelle, ces statues consacrées et meilleures deviennent une noble image de plus offerte à l’admiration des hommes.

1458. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME ROLAND — I. » pp. 166-193

Bancal, lui racontant une ascension qu’il avait faite au Puy-de-Dôme, avait comparé les orages et les tonnerres qu’on rencontre à une certaine hauteur, avec ceux qui attendaient sur leur route péniblement ascendante les amis de la liberté : « L’élévation de votre superbe montagne, lui répond Mme Roland, est l’image de celle où se portent enfin les grandes âmes au milieu des agitations politiques et du bouleversement des passions. » Elle pressentait que c’était là son niveau, et, dans le secret de son cœur, elle ne haïssait pas l’idée d’y être poussée un jour. […] Il est touchant de voir quel respect d’amour mistress Hutchinson porte à son noble époux, avec quelle modestie elle lui attribue toutes ses propres vertus. « Ce qu’elle était, c’était lui tant qu’il était présent ; et ce qu’elle est maintenant n’en est plus qu’une image décolorée. » Mais mistress Hutchinson et Mme Roland diffèrent autant d’ailleurs que les deux Révolutions qui les ont produites.

1459. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « François Ier, poëte. Poésies et correspondance recueillies et publiées par M. Aimé Champollion-Figeac, 1 vol. in-4°, Paris, 1847. »

C’est une épigramme tout à fait à la grecque, mais la similitude de l’image reste frappante : Constiteram exorientem Auroram forte salutans, Quum subito a læva Roscius exoritur. […] D’heureux vers rachètent ces associations bizarres et ces images tirées de si loin.

1460. (1868) Cours familier de littérature. XXV « CXLVIIIe entretien. De la monarchie littéraire & artistique ou les Médicis (suite) »

Les Selve d’amour, autre genre de composition pastorale, ne présentent pas de moins douces images : Al dolce tempo, il bon pastor informa Lasciar le mandre, ove nel verno giaque Il luto grege che ballando in torma Torma all alte montique alle fresch aque ; L’agnel trottendo pur la materna orma Sequi ; et selum che puror ora naque L’ammoral pastor, in braccia porta : Il fido a lutti fu le scorta. […] Le troupeau, bondissant de joie, le précède et l’agneau suit les traces de sa mère, et si quelqu’un d’eux vient de naître à l’instant sur le sentier, le berger l’emporte dans ses bras, pendant que le chien fidèle veille sur tous et leur fait escorte. » De telles images sont d’un vrai poëte.

1461. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre III. Les grands artistes classiques — Chapitre IV. Racine »

Mais j’ai dit aussi qu’il y a des vers, des couplets de poète dans Racine ; la traduction serrée de l’idée que commande la psychologie dramatique, s’achève sans cesse en images, en tableaux qui la dépassent infiniment, et qui ouvrent soudain de larges échappées à l’imagination. […] Mais songez surtout à son accès de fureur prophétique, à ce qu’il a fallu de puissance poétique, de hardiesse artistique, pour concevoir et pour offrir à ce monde de raisonneurs et d’intellectuels un prophète, un vrai prophète, inspiré, délirant, dessinant l’avenir en images actuellement extravagantes.

1462. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre quinzième. »

Avec plus de bruit et plus d’attente, le fameux cardinal de Retz, dans sa retraite de Commercy, égarait quelques belles pages, trop visiblement imitées de Salluste, dans cet écheveau embrouillé qu’il appelle ses Mémoires, image du rôle qu’il joua dans la Fronde. […] Elles sont alors à l’image, non de la vieille épouse clandestine de Louis XIV, toute composée, tout en son rôle, tout occupée à accroître et à cacher sa puissance, mais de la veuve de Scarron, alors qu’elle avait besoin de son amabilité pour attirer la fortune, et que Mme de Sévigné parlait de « son esprit aimable et merveilleusement droit186. » Elles ont je ne sais quoi de plus sensé, de plus simple, de plus efficace.

1463. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre VI. Premiers pas hors de Saint-Sulpice  (1882) »

Notre amitié fut ainsi quelque chose d’analogue à celle des deux yeux quand ils fixent un même objet et que, de deux images, résulte au cerveau une seule et même perception. […] L’image de l’inconnu que je lèse vient ainsi m’arrêter tout court dans mon zèle.

1464. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Août 1886. »

Primitivement, nous ne devions voir Parsifal qu’errer par le monde ; aujourd’hui, ce long épisode de sa vie, qui remplit les vieux poèmes, est réduit à une simple mention, dans ce seul vers : « Je suivis les sentiers de l’erreur et des souffrances … » Dans le Ring et dans Tristan (que le maître considérait comme un acte du Ring) Wagner avait créé l’image de la vie-réelle, du « monde qui n’est que misère » : dans Parsifal, — où il a expressément, tenu à établir un strict parallélisme avec le Ring — il a « bâti le monde saint d’une meilleure vie »au. […] Car Amfortas, c’est Parsifal visionnaire d’une vie concupiscente ; Klingsor, c’est encore la vision, en Parsifal, d’une vie autrement vécue ; et Kundry, les Filles, ce n’est rien que des visions de Parsifal ; les chevaliers, toutes ces ombres, les images de sa voyance : vie de l’âme religieuse et charnelle.

1465. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — V. — article » pp. 457-512

  La Henriade peut, sans contredit, être regardé comme un chef-d'œuvre de Poésie, pourvu qu'on n'exige, dans un Poëme, que la richesse du coloris, l'harmonie de la versification, la noblesse des pensées, la vivacité des images, la rapidité du style. […] Quoique les Divinités du Paganisme eussent une existence réelle dans l'opinion des Grecs & des Latins, Homere & Virgile les représentent sous des images visibles & connues, toutes les fois qu'ils les introduisent sur la Scene pour leur faire jouer un rôle.

1466. (1773) Discours sur l’origine, les progrès et le genre des romans pp. -

J’ignore si ce fut la beauté de certaines images qui détermina l’Empereur Léon l’Isaurien à se faire Iconoclaste*. […] On sait que les Iconoclastes rejettoient le culte des Images.

1467. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Charles Nodier après les funérailles »

Entouré de la famille la plus aimable et la plus aimée, d’une famille que l’adoption dès longtemps n’avait pas craint de faire plus nombreuse, de ses quatre petits-enfants qui Jouaient la veille encore, ne pouvant rien comprendre à ces approches funèbres, de sa charmante fille, sa plus fidèle image, son œuvre gracieuse la plus accomplie, Nodier a traversé les heures solennelles au milieu de tout ce qui peut les soutenir et les relever ; si une pensée de prévoyance humaine est venue par moments tomber sur les siens, elle a été comprise, devinée et rassurée par la parole d’un ministre, son confrère, l’ami naturel des lettres193.

1468. (1875) Premiers lundis. Tome III « Instructions sur les recherches littéraires concernant le Moyen Âge »

Vous mettrez une égale importance à tous manuscrits étendus en vers, quel qu’en soit le titre ; aux voyages, aux écrits satiriques désignés sous le nom de Bibles ; à ceux qui s’intitulent Bestiaires, Volucraires, Lapidaires, ou qui s’offriraient sous des titres latins ; aux espèces de compilations scientifiques, comme l’Image du monde ; aux grands ouvrages allégoriques du genre du Roman de la Rose ; aux grands apologues, aux branches nouvelles qu’on pourrait retrouver du célèbre Roman de Renart, par exemple.

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