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836. (1809) Tableau de la littérature française au dix-huitième siècle

Ce n’est plus cet enthousiasme national, cette admiration égale à celle qu’inspirent les héros et les bienfaiteurs de l’humanité ; ce n’est plus ce triomphe qui lui fut décerné à son dernier jour, comme il descendait dans la tombe. […] Ils étaient désintéressés, bienfaisants ; ils désiraient le bien de leur pays et de l’humanité. […] Un zèle général pour le bien de l’humanité animait toutes les pensées ; on se repaissait d’illusions, à la vérité ; mais elles n’étaient point coupables. […] après un siècle qui s’était enorgueilli de son humanité et de la douceur de ses mœurs, chez une nation dont le caractère n’eut jamais rien de rude, et qui passait pour aimer ses rois, comment un roi put-il être conduit du trône à l’échafaud ? […] Le jour où l’on a pu y attenter, c’est qu’une sorte de délire a comme dissous la société, et aucune vie n’a plus la sauvegarde de la justice et de l’humanité.

837. (1911) Visages d’hier et d’aujourd’hui

Il dédaigna cette chétive humanité qui, dans les premières forêts, n’a pu se tirer d’affaire que par ses ruses. […] On peut aussi se proposer de soulager l’humanité des souffrances qu’elle endure… Mais quoi ? […] Telle est la destinée extraordinaire et poignante des beaux livres qui sont le trésor de l’humanité. […] La bible de l’humanité est écrite depuis longtemps ; et nos ancêtres millénaires ne nous ont pas laissé le soin de la composer. […] La douzaine de livres sur lesquels l’humanité a vécu et vivra suffiront.

838. (1929) Les livres du Temps. Deuxième série pp. 2-509

Peu s’en faut qu’il ne date le déclin de l’humanité du jour où les Aryens ont quitté les plateaux d’Asie pour se commettre avec la canaille d’Europe. […] On sait bien que toutes sortes d’illusions et d’impostures ont déshonoré l’humanité : on préfère prêter attention à des êtres plus sains et à des idées plus fécondes. […] L’histoire de l’humanité est à peine commencée ; l’étude de la nature réserve des découvertes absolument impossibles à prévoir. […] Il ressemble aux Savonarole, à tous les fanatiques iconoclastes et puritains, qui invoquent le souci de la vertu pour détruire les arts et courber l’humanité sous le joug. […] « Qu’importent les vagues humanités, si le geste est beau ? 

839. (1862) Cours familier de littérature. XIII « LXXVIIe entretien. Phidias, par Louis de Ronchaud (2e partie) » pp. 241-331

III Ces trois noms : Phidias, Michel-Ange, Canova, n’expriment pas, à Dieu ne plaise, tout l’art dont ils sont les artistes souverains à trois époques de l’humanité ; mais ils résument, en trois éclatantes individualités, la sculpture dans l’antiquité, la sculpture dans la renaissance, la sculpture moderne dans notre temps. […] LVI Le sort de l’orateur, comme Démosthène ou Mirabeau, les deux plus dignes de ce nom, est plus séduisant que le sort du philosophe ou du poète ; l’orateur participe à la fois de la gloire de l’écrivain et de la puissance des masses sur lesquelles et par lesquelles il agit : c’est le philosophe roi, s’il est philosophe ; mais son arme terrible, le peuple, se brise entre ses mains, le blesse et le tue lui-même ; et puis ce qu’il fait, ce qu’il dit, ce qu’il remue dans l’humanité, passions, principes, intérêts passagers, tout cela n’est pas durable, n’est pas éternel de sa nature. […] Ces pensées sont de la nature même de la scène où on les respire : elles sont graves comme ces ruines des temps écoulés, comme ces témoins majestueux du néant de l’humanité ; mais elles sont sereines comme le ciel qui est sur nos têtes, inondées d’une lumière harmonieuse et pure, élevées comme ce piédestal de l’Acropolis, qui semble planer au-dessus de la terre ; résignées et religieuses comme ce monument élevé à une pensée divine, que Dieu a laissé crouler devant lui pour faire place à de plus divines pensées !

840. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre II. L’époque romantique — Chapitre III. La poésie romantique »

Par là il s’achemina vers la poésie philosophique ; il y fut poussé par une influence générale qui porta tous les nobles esprits de ce temps à souffrir, à espérer, à vivre enfin pour l’humanité tout entière : un large courant d’amour social se répandit après 1830 dans la littérature. […] Le mal et la laideur n’existent que pour l’esprit qui ne sait pas, pour l’œil qui ne voit pas : ainsi va-t-il, imprégnant la nature et l’humanité des couleurs splendides de son âme. […] Il a écrit d’abord pour amuser l’ennui de sa prison, puis il a écrit pour illuminer l’humanité.

841. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 14 mars 1885. »

En outre, le symbole, sans lequel aucune œuvre d’artiste ne saurait avoir de prolongement dans l’humanité entière, se dégage plus visiblement d’une action légendaire que d’un fait seulement historique. […] Naïf comme ces pâtres de Norvège qui se plaisaient jadis à entendre autour de la flamme du pin résineux le récit des Scaldes inspirés, il laisse aux histoires primitives leur charme d’enfance ingénue ; mais, penseur et critique, il sait, sans nuire à sa propre émotion ni à celle des autres, montrer la loi nécessaire des événements dans la suite en apparence désordonnée des circonstances, et il contraint l’humanité vieillie à s’aimer, à se haïr, à se plaindre, à se reconnaître en un mot, dans les contes qui l’ont bercée. […] Wotan s’éteindra dans l’inexorable crépuscule, malgré Siegmund mort pour lui, malgré Siegfried assassiné à cause de lui ; et la walkyrie Brünehilde, la déesse devenue femme, la divinité devenue humanité, terrible sur son cheval dont les grandes ailes palpitent comme des flammes blanches sur les flammes du bûcher, proclamera la fin des dieux engloutis dans l’abîme de leur faute, et la gloire enfin de l’homme extasié dans l’amour.

842. (1888) Préfaces et manifestes littéraires « Théâtre » pp. 83-168

Quand même le romantisme ne posséderait pas à sa tête l’homme unique qui a doté l’art dramatique de la plus sonore langue poétique qui fût jamais, le romantisme aurait un théâtre ; et, ce théâtre, il le devrait à son côté faible, à son humanité tant soit peu sublunaire fabriquée de faux et de sublime, à cette humanité de convention qui s’accorde merveilleusement avec la convention du théâtre. Mais, les qualités d’une humanité véritablement vraie, le théâtre les repousse par sa nature, par son factice, par son mensonge.

843. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1882 » pp. 174-231

Sur la fréquentation de l’humanité, qu’on lui conseille avec toutes sortes de formes révérencieuses, il se met en colère : « Le monde… je vous demande un peu, ce qu’un salon révèle de la vie… ça ne fait rien voir du tout… j’ai 25 ouvriers à Médan, qui m’en apprennent cent fois plus ». […] Got est un excellent, un très remarquable acteur dans une pièce bourgeoise, mais en ce rôle historique, il ne sait ni être bossu, ni boiter, ni pleurer, ni dire un vers, et il n’a pas même la silhouette naine à la Velasquez, qu’aurait eue Rouvière… Puis toujours cette humanité hugotienne, cette humanité à la sublimité des sentiments et qui parle seulement au cerveau, et non pas au cœur, à la fibre.

844. (1890) Impressions de théâtre. Quatrième série

Une profonde humanité y respire — avec la grâce du génie athénien. […] Il parle d’humanité. […] Il est dans la bonne moyenne de l’humanité. […] Et celle de Germinie est d’une vérité et d’une humanité poignantes. […] Il sent une puissance en lui, une puissance qui serait bienfaisante et qui ferait honneur à l’humanité si elle pouvait se déployer.

845. (1900) La vie et les livres. Cinquième série pp. 1-352

Gautier a eu la nostalgie des formes magnifiques où vécut jadis l’humanité. […] Les animaux du Jardin des Plantes ne sont pas les hôtes ni les compagnons de l’humanité. […] Survienne un véritable cas de conscience, un de ces conflits tragiques où la gloire de la patrie et l’honneur de l’humanité sont en jeu. […] l’humanité se répète. […] Il a aimé les petites existences, qui sont, pour ainsi dire, des atomes d’humanité.

846. (1915) Les idées et les hommes. Deuxième série pp. -341

Cependant, il aimait l’humanité ; et il se repentait de n’avoir rien inventé, fût-ce (disait-il) les boutons de corozo. […] Accompagnera-t-elle encore, comme autrefois, le chemin que l’humanité fait au long des âges ? […] Ce temps est passé ; la petite bourgeoisie néglige maintenant les humanités : Horace ne lui est plus un autre Béranger. […] Il montre l’humanité qui s’agite inutilement et qui, avec tout cela, ne dérange pas le hasard. […] C’est une vision, terrible et charmante, de l’humanité.

847. (1858) Cours familier de littérature. V « XXVIe entretien. Épopée. Homère. — L’Iliade » pp. 65-160

Les Troyens, au contraire, sont comme de nombreuses brebis qui, dans l’étable d’un homme opulent, pendant qu’on trait de leurs mamelles le lait éclatant de blancheur, poussent de longs bêlements en entendant les cris de leurs agneaux séparés des mères, etc. » Je passe la bataille, semblable à toutes les batailles, mais diversifiée au cinquième chant par des épisodes et des attendrissements de poète qui mêlent à propos les larmes au sang, l’humanité à la fureur, la pitié à la gloire. […] La théorie superbe du progrès incessant et indéfini de l’humanité dans tous les arts reçoit ici d’un pauvre chanteur aveugle le plus éclatant et le plus éternel démenti. […] La raison n’est pas plus nouvelle dans l’humanité que l’humanité n’est nouvelle sur la terre.

848. (1887) Journal des Goncourt. Tome II (1862-1865) « Année 1862 » pp. 3-73

Dimanche 8 juin Nous allons à la campagne avec Saint-Victor, à la façon des commis de magasins, et tout en nous rendant au chemin de fer, nous nous disons qu’au fond l’Humanité — et c’est son honneur — est un grand don Quichotte. […] Les plus énormes efforts, les plus immenses sacrifices de l’humanité ont été faits en l’honneur de questions idéales. […] 12 septembre Il y a une vieille demoiselle ici, une ci-devant religieuse, qui terminait une longue déploration de toutes les misères et de toutes les dégoûtations de l’humanité par cette réclamation : « Et puis, pourquoi sommes-nous faits en viande ?  […] Mon frère et moi, avons cherché à représenter nos contemporains en leur humanité, avons cherché surtout à rendre leur conversation dans leur vérité pittoresque.

849. (1880) Goethe et Diderot « Gœthe »

il est tellement Indou, ce grand national de Germain, qu’à la page 335 de ses Mémoires il professe les belles choses que voici : « L’humanité tout entière est l’homme véritable, et pour être heureux et content l’homme n’a besoin que de se sentir dans l’ensemble… » Hé ! […] » mais, plus badaud que le Grec, le moderne ajoute : « Tu me caches l’humanité ». […] Son humanité, comme dit Sterne, ne lui a, il est vrai, jamais coûté un sou (j’aime mieux celle de Vincent de Paul). […] Et c’est le cas, honteux pour l’humanité, quand il s’agit de Goethe, J’ai vu traîner devant lui le front de Sainte-Beuve.

850. (1874) Premiers lundis. Tome II « Poésie — Poésie — I. Hymnes sacrées par Édouard Turquety. »

Turquety, puis la plus haute expression de l’humanité dans la personne du pape. » Plus d’éminents poètes religieux se sont jetés de nos jours dans un christianisme vague, plus M. 

851. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre IV. La fin de l’âge classique — Chapitre I. Querelle des Anciens et des Modernes »

Chaque âge de l’humanité lègue aux suivants ses découvertes : donc les bons esprits d’aujourd’hui possèdent toutes les pensées des bons esprits de l’antiquité, et de plus celles qu’ils peuvent former eux-mêmes.

852. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « Marcel Prévost et Paul Margueritte »

Voilà deux livres, Mademoiselle Jaufre et Jours d’épreuves, qui respirent, je vous assure, l’humanité et la pitié.

853. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre II. Recherche des vérités générales » pp. 113-119

Il suit de là que l’histoire a plus d’un point de contact avec les sciences naturelles et que le développement de l’humanité, malgré sa complexité plus grande, peut être éclairci par ce que l’on sait déjà de l’évolution des plantes et des animaux.

854. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — L — article » pp. 23-38

La Philosophie du Fabuliste, il est vrai, ne ressemble en rien à cette manie audacieuse qui tourmente, dégrade & ruine l’humanité, en prétendant l’instruire ; elle est puisée, au contraire, dans la saine raison, présentée avec décence, avec intérêt, & est toujours d’accord avec la politesse & la vertu.

855. (1899) Le monde attend son évangile. À propos de « Fécondité » (La Plume) pp. 700-702

Quand nous saurons adorer la mère, la patrie d’abord, puis l’humanité seront sauvées.

856. (1894) Notules. Joies grises pp. 173-184

Donc le Poète absolu sera celui qui de son humanité animera la beauté inerte des Choses ; car la Forme ne sera jamais qu’un vêtement, lâche quelquefois, mais le plus souvent strict fiancé de l’Idée.

857. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — M. de Voltaire, et l’abbé Desfontaines. » pp. 59-72

Il fit ses humanités dans cette ville, chez les jésuites ; entra dans ce corps en 1700, & le quitta quinze ans après, étant prêtre.

858. (1824) Notes sur les fables de La Fontaine « Livre sixième. »

Bonne satire de l’humanité en général ; puis vient la satire de la société, de l’homme civilisé qui n’a fait, par les conventions sociales, que multiplier les sujets de discorde.

859. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre cinquième. La Bible et Homère. — Chapitre II. Qu’il y a trois styles principaux dans l’Écriture. »

Job est la figure de l’humanité souffrante, et l’écrivain inspiré a trouvé assez de plaintes pour la multitude des maux partagés entre la race humaine.

860. (1782) Plan d’une université pour le gouvernement de Russie ou d’une éducation publique dans toutes les sciences « Plan d’une université, pour, le gouvernement de Russie, ou, d’une éducation publique dans toutes les sciences — Seconde faculté d’une Université. Faculté de médecine. » pp. 497-505

Il y a sans doute quelque différence entre la conservation d’un grand ministre et d’un petit mercier, d’un célibataire et d’un père de famille, d’un bon général d’armée et d’un mauvais poëte ; mais ni le souverain qui nous regarde comme ses enfants, ni le sentiment de l’humanité qui nous rapproche de nos semblables ne s’arrêtent à ce calcul.

861. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Michel Van Loo » pp. 66-70

Dans un âge plus avancé, il scaura que ces démonstrations extérieures promettent de la bienfaisance et de l’humanité.

862. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Histoire des ducs de Normandie avant la conquête de l’Angleterre »

C’est un de ces pleurards historiques qui versent, sur les malheurs de l’humanité au Moyen Âge, ces larmes de crocodile qui ont toujours le même succès sur les esprits ignorants et les âmes sensibles.

863. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Avellaneda »

Soit cette admiration naïve comme en ont souvent les esprits qui vivent sur les idées d’un grand homme, car la moyenne de l’humanité n’est guère plus qu’une plèbe servile de rabâcheurs, soit la spéculation qui déchiquète à son profit toute célébrité nouvelle, les imitateurs de Cervantes se levèrent de toutes parts au premier coup de cloche de sa gloire.

864. (1868) Curiosités esthétiques « III. Le musée classique du bazar Bonne-Nouvelle » pp. 199-209

Ne serait-il pas temps de se garder un peu de cette rage d’humanité maladroite, qui nous fait tous les jours, pauvres aussi que nous sommes, les victimes des pauvres ?

865. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XVII. De l’éloquence au temps de Dioclétien. Des orateurs des Gaules. Panégyriques en l’honneur de Maximien et de Constance Chlore. »

Il eût mieux valu dire que sa valeur n’était rien à son humanité ; qu’empereur il fut modeste et doux ; que maître absolu, il donna, par ses vertus, des bornes à un pouvoir qui n’en avait pas ; qu’il n’eut point de trésor, parce qu’il voulait que chacun de ses sujets en eût un ; que les jours de fêtes, il empruntait la vaisselle d’or et d’argent de ses amis, parce qu’il n’en avait point lui-même ; qu’il fut humain en religion comme en politique ; et que, pendant tout le temps qu’il régna, tandis que les autres empereurs, persécuteurs des chrétiens, lui donnaient l’exemple d’une superstition inquiète et féroce, il ne fit jamais, dans ses États, ni dresser un échafaud, ni allumer un bûcher.

866. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XVIII. Siècle de Constantin. Panégyrique de ce prince. »

Il eut l’âme d’un guerrier, et il aima la pompe et la mollesse ; il fut humain dans sa législation, et barbare dans sa politique ; il pardonna des injures, et fit égorger ses parents et ses amis ; il donnait par humanité, et laissait piller les provinces par faiblesse.

867. (1887) Journal des Goncourt. Tome II (1862-1865) « Année 1863 » pp. 77-169

Et l’on a parlé misère de peuple et promiscuité des faubourgs, et Sainte-Beuve s’est écrié avec un accent d’humanité de 1788, qu’il ne pouvait comprendre que, sur le trône, on ne fût pas un saint Vincent de Paul ou un Joseph II. « Assainir tout cela, ce serait quelque chose, ce serait le commencement », a-t-il répété deux ou trois fois… et de ces hauteurs humanitaires et philosophiques, il est vite descendu à causer des petites filles du peuple, qu’il a fort étudiées, nous dit-il, et qui — remarque très juste — ont, à la puberté, deux ou trois ans de folie, de fureur de danse, de vie de garçon, jetant ainsi leurs gourmes et leurs bonnets par-dessus les moulins : après quoi elles deviennent rassises, rangées, femmes d’intérieur et de ménage. […] Le bal ressemble un peu à ces tableaux de l’Humanité qu’on vend sur les quais, et où l’on voit l’Univers représenté en tous ses costumes. […] Sainte-Beuve dit que le paganisme a été d’abord une jolie chose, puis est devenu une véritable pourriture, une v…… Et le christianisme a été le mercure de cette v….. ; mais on en a trop pris, et maintenant il faut que l’humanité se guérisse du remède. […] Alors il esquisse un Jésus, fils d’une parfumeuse et d’un charpentier, un mauvais sujet qui quitte ses parents et envoie dinguer sa mère, qui s’entoure d’un tas de canailles, de gens tarés, de croquemorts, de filles de mauvaise vie, qui conspire contre le gouvernement établi, et qu’on a très bien fait de crucifier ou plutôt de lapider : un socialiste, un Sobrier de ce temps-là, un exaspéré contre les riches, le théoricien désespéré de l’Imitation, le destructeur de la famille et de la propriété, amenant dans le monde un fleuve de sang, et les persécutions, et les inquisitions, et les guerres de religion, faisant la nuit sur la civilisation, au sortir de la pleine lumière qu’était le polythéisme, abîmant l’art, détruisant la pensée, en sorte que les siècles, qui viennent après lui ne sont que de la m… jusqu’à ce que trois ou quatre manuscrits, rapportés de Constantinople par Lascaris, et trois ou quatre morceaux de statues, retrouvés en Italie, lors de la Renaissance, soient, pour l’humanité, comme un jour rouvert, en pleines ténèbres… » « Ça c’était un livre, ça pouvait être faux, mais le livre avait sa logique. […] Et nous plongeant dans les abîmes de ces cruelles vérités, nous nous disons la belle publication à faire pour des philosophes et des moralistes, d’un choix de documents pareils, avec pour titre : Archives secrètes de l’humanité.

868. (1883) Essais sur la littérature anglaise pp. 1-364

Comment donc prétend-il être plus sage que tout le troupeau de l’humanité jusqu’à lui ? […] Et Fielding, à qui doit-il sa grossière tendresse, sa robuste humanité, sa bonne humeur populaire ? […] Nature et matière, passion et humanité, esprit et génie, oh ! […] L’humanité leur apparaît à tous deux sous le même aspect, un aspect noir, sec, grimaçant, bizarre et compliqué. […] Philosophiquement, elle est vraie : l’enfer n’est-il pas en effet le séjour de toute la partie anarchique de l’humanité ?

869. (1913) Les idées et les hommes. Première série pp. -368

Les annales de l’humanité en témoignent, pour l’effroi du lecteur. […] Certitude, et non vague science qu’on tient du bavardage de l’humanité. […] Ils vivent autant que vit pour l’humanité le rêve qui les a dressés sur le sol. […] … » On a l’air triste et l’on déplaît, quand on n’a pas confiance dans le bel avenir de l’humanité. […] En fin de compte, l’idée du progrès n’est-elle pas une déchéance de l’humanité ?

870. (1913) Les livres du Temps. Première série pp. -406

Ce prétendu ennemi du genre humain défendait à sa manière les éléments supérieurs de l’humanité. […] Lavisse traite de la question des humanités ; mais on pense bien qu’il en dit quelques mots. […] Il a toujours estimé que les rajeunissements nécessaires des plans d’études ne devaient point atteindre les bases fondamentales de l’enseignement des humanités. […] Mais en dehors de ses scrupules religieux, il avait en cette affaire une raison excellente : le christianisme est la religion d’une partie considérable de l’humanité, non de l’humanité tout entière ; et l’art classique vise à l’universel. […] L’humanité va signer un nouveau bail avec la vie.

871. (1925) Feux tournants. Nouveaux portraits contemporains

À dire le vrai, il avait de l’humanité une conception moins barbare, plus conciliante. […] Tout le monde sait que la morale n’intervenait jamais ; une humanité vraie n’animait pas davantage les personnages principaux qui faisaient figure de monstres redoutables. […] La notion de l’homme latin, de l’homme classique importait tout de même plus que d’étroites considérations de parti, auxquelles Léon Daudet opposa fort justement, dans un article, que l’abolition des humanités, c’est l’abolition de la seule Internationale intellectuelle. […] Léon Bérard était très vaste : il ne se contenta point d’augmenter le temps dévolu aux humanités sacrifiées par la réforme de 1902, il sauvegarda les sciences, mit les programmes au fait des découvertes les plus récentes, et cela sans jamais porter aucune atteinte à l’enseignement des langues vivantes. […] Presque autant qu’en conférences internationales, écrit dans une préface le ministre des Humanités, l’époque fut féconde en anniversaires, en centenaires.

872. (1925) Promenades philosophiques. Troisième série

Eh bien, je n’hésite pas à le déclarer, les heureuses natures sont les véritables modèles de l’humanité. […] Répondons sans peur : le plaisir peut fort bien être un idéal, et très favorable au développement et à la grandeur de l’humanité. […] Heureux lui-même, il n’eut qu’une passion : le bonheur de l’humanité. […] Opposition facile, mais bien légère, car, sans les conquérants, l’humanité, ce serait un tas de petites peuplades sporadiques, sans langues, communes, sans liens d’échanges, etc., quelque chose comme l’humanité du Congo. […] Il a mis son esprit au service de l’humanité.

873. (1890) La bataille littéraire. Deuxième série (1879-1882) (3e éd.) pp. 1-303

Bouvard voit l’avenir de l’humanité en beau. […] La loi historique étant que la civilisation aille d’Orient en Occident, — rôle de la Chine, — les deux humanités seront enfin fondues. […] On ira dans les astres, et, quand la terre sera usée, l’humanité déménagera vers les étoiles. […] Ceux qui reconnaissent là l’humanité fréquentent peut-être une humanité qui s’est modelée sur la comédie, mais certainement cette comédie ne peint pas l’humanité. La raison de l’humanité est plus forte que celle de Philinte, le cœur d’Alceste ne vaut pas le cœur de l’humanité.

874. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1860 » pp. 303-358

L’art pour l’art, en aucun temps, n’a eu sa consécration comme dans le discours à l’Académie d’un classique, de Buffon : « La manière dont une vérité est énoncée, est plus utile à l’humanité même que cette vérité. » J’espère que c’est de l’art pour l’art cela. […] La plus admirable traduction, par le marbre et l’art statuaire, d’une humanité contemporaine des Dieux. Cette gracieuse tête renversée par le sommeil sur l’oreiller du bras, l’ombre calme de ces yeux clos, le sourire de cette bouche d’où semble s’exhaler un souffle, la mollesse et la tendresse de ces joues détendues par le repos : c’est le tranquille et beau sommeil de l’humanité au sortir des mains du Créateur.

875. (1739) Vie de Molière

Car pourquoi les talents nous mettraient-ils au-dessus de l’humanité ? […] La coutume humiliante pour l’humanité, que les hommes puissants avaient pour lors de tenir des fous auprès d’eux, avait infecté le théâtre ; on n’y voyait que de vils bouffons, qui étaient les modèles de nos Jodelets ; et on ne représentait que le ridicule de ces misérables, au lieu de jouer celui de leurs maîtres. […] Tiens, voilà un louis d’or ; mais je te le donne pour l’amour de l’humanité.

876. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Charles-Victor de Bonstetten. Étude biographique et littéraire, par M. Aimé Steinlen. — III » pp. 455-479

C’est dans la vieillesse que l’empreinte fixée des passions vicieuses trahit et conserve la honte de la vie, tandis que la belle expression de la vertu devient l’honorable prix d’une carrière consacrée au bien de l’humanité. […] Quand vint l’heure du désappointement, Sismondi fut tenté de pleurer ; Bonstetten ne fit que sourire : il retrouvait bien là sa chère et incorrigible humanité.

877. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Journal et Mémoires, de Mathieu Marais, publiés, par M. De Lescure  »

Bien étroite et bien triste manière pour un prince de comprendre l’humanité et la société! […] L’admiration de Marais pour Boileau est absolue d’ailleurs, et n’excepte pas les derniers fruits de sa veine et les œuvres de sa vieillesse, pas même la triste Satire de l’Équivoque, si critiquée à sa naissance et si tombée depuis, conception étroite et bizarre, où toute l’histoire de l’humanité est renfermée dans celle de la casuistique ; l’amitié, en ceci, abuse Marais et lui fait d’étranges illusions : « J’ai vu l’Équivoque manuscrite, écrit-il à une amie (mars 1711) ; c’est un chef-d’œuvre non seulement de la poésie, mais de l’esprit humain.

878. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Madame Desbordes-Valmore. »

Ce qu’il faut dire à la décharge de sa mémoire, c’est qu’il avait de l’humanité ; que Mme Valmore n’avait jamais invoqué vainement en lui le compatriote et le pays ; qu’elle lui demandait chaque année des grâces pour étrennes, — des délivrances de prisonniers ; qu’elle avait une manière de les lui demander en glissant un mot de patois flamand (acoute’m un peo, écoutez-moi un peu !) […] Il a été parfaitement bon pour moi et d’une humanité profonde pour plusieurs prisonniers dont il m’a accordé la grâce.

879. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. NISARD. » pp. 328-357

La tradition et l’innovation sont les deux pieds de l’humanité. L’humanité peut s’appeler, en quelque sorte, une boiteuse intrépide.

880. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « PENSÉES FRAGMENTS ET LETTRES DE BLAISE PASCAL, Publiés pour la première fois conformément aux manuscrits, par M. Prosper Faugère. (1844). » pp. 193-224

Et quelle charité chez Pascal, et dans ses actions dont quelques-unes ont échappé au mystère, et dans ses paroles où reviennent si souvent des accents d’humanité et de tendresse plus touchants en cette doctrine rigide ! […] Voir surtout au tome II, page 341, le passage inédit où l’auteur, ravi dans une tendre contemplation, voit Jésus-Christ présent, converse avec lui, entend sa parole et lui répond : « On croirait lire, dit M augère, un chapitre de l’Imitation : Je pensois à toi dans mon agonie ; j’ai versé telles gouttes de sang pour toi. — Veux-tu qu’il me coûte toujours du sang de mon humanité, sans que tu donnes des larmes ?

881. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre II. L’époque romantique — Chapitre IV. Le théâtre romantique »

Avec une curiosité que ni la tragédie classique ni le mélodrame populaire ne connaissent, il fera revivre l’humanité disparue : le poète se fera historien. […] L’action historique, les individus réels et connus, seront des symboles, par où il enseignera l’humanité.

882. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre huitième »

La morale de l’Esprit des lois ne l’oblige qu’à des vœux généraux d’humanité, de justice, de liberté pour tous, qui l’acquittent de toute obligation particulière. […] Les défenseurs du premier comme ceux du second méritent bien de l’humanité.

883. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « L’expression de l’amour chez les poètes symbolistes » pp. 57-90

Il va jusqu’à prétendre que l’instinct sexuel est le pôle intellectuel de l’humanité. […] Or, voici à la suite de son exposé et de ses recherches sur la pathogénèse expérimentale, les réflexions qu’il nous suggère : L’humanité, issue de sa larve primitive, n’est arrivée à la conscience d’elle-même qu’après bien des avatars et il lui en reste davantage à parcourir avant qu’elle n’ait rempli ses destins et réalisé son point de perfection.

884. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. John Stuart Mill — Chapitre II : La Psychologie. »

Le principe fondamental de l’école utilitaire, c’est que le seul critérium possible de la justice ou de l’injustice des actions consiste dans leurs conséquences calculables, c’est-à-dire dans leurs tendances : « Toujours depuis que l’homme est devenu un être social et moral, l’observation et le raisonnement ont montré constamment que certaines actions — par exemple, dire la vérité — tendent en général à augmenter le bonheur de l’humanité ; et que certaines actions contraires — par exemple, mentir, — tendent à porter atteinte au bonheur de l’humanité.

885. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Monsieur de Malesherbes. » pp. 512-538

C’était là, ce semble, une haute destinée d’homme de bien déjà toute remplie et toute consommée ; mais, pour l’enseignement de l’humanité et pour sa propre gloire, il fallait que M. de Malesherbes obtienne plus encore. […] « Monsieur, lui écrivait Helvétius, je suis pénétré de vos bontés ; je compte toujours sur votre amitié : j’espère que vous ne m’aurez pas mis entre les mains d’un théologien ridicule. » Il s’agissait bien de cela, en vérité, et des belles protestations d’Helvétius qui s’écriait : « Je n’ai été animé, en composant mon livre, que du désir d’être utile à l’humanité, autant qu’un écrivain peut l’être. » L’affaire avait pris des proportions effrayantes.

886. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1861 » pp. 361-395

Quant à une restitution morale, le bon Flaubert s’illusionne, les sentiments de ses personnages sont les sentiments banaux et généraux de l’humanité, et non les sentiments d’une humanité particulièrement carthaginoise, et son Mathô n’est au fond qu’un ténor d’opéra dans un poème barbare.

887. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre I : La politique — Chapitre III : Examen de la doctrine de Tocqueville »

Ce serait une triste chute pour l’humanité, et sans compensation, si, en passant des siècles aristocratiques aux siècles démocratiques, il fallait renoncer à voir dans la vertu autre chose qu’un égoïsme éclairé. […] Il est digne de la démocratie qui se croit, à raison, je l’espère, la loi future de l’humanité, d’éviter les écueils où ont échoué Athènes et Florence.

888. (1856) Les lettres et l’homme de lettres au XIXe siècle pp. -30

À travers tout leur esprit, on sent le vide de la doctrine : on comprend que, sur ce qui nous touche le plus, ces hommes n’ont rien à nous apprendre ; et le bon sens du public reste indifférent pour eux, comme ils le sont eux-mêmes pour les intérêts les plus chers de l’humanité. […] Nous pourrions citer mille exemples d’humanité et de courtoisie donnés dans la guerre présente par les officiers des nations belligérantes.

889. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre second. De la sagesse poétique — Chapitre VI. De la politique poétique » pp. 186-220

Maintenant recourons à ces preuves divines dont on a parlé dans le chapitre de la Méthode ; examinons combien sont naturels et simples les moyens par lesquels la Providence a dirigé la marche de l’humanité, rapprochons-en le nombre infini des phénomènes qui se rapportent aux quatre causes dans lesquelles nous verrons partout les éléments du monde social (les religions, les mariages, les asiles et la première loi agraire), et cherchons ensuite entre tous les cas humainement possibles, si des choses si nombreuses et si variées ont pu avoir des origines plus simples et plus naturelles. […] Achille est-il juste quand Hector lui demande la sépulture en cas qu’il périsse, et que, sans réfléchir au sort commun de l’humanité, il répond durement : Quel accord entre l’homme et le lion, entre le loup et l’agneau ?

890. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre XI. »

Et, si quelques traits de ce poëme furent le prétexte ou la cause de l’accusation de sacrilège intentée contre Eschyle et repoussée par son frère Aminyas, au nom de leurs blessures communes, jamais l’instinct de la conscience contre un culte faux, jamais le cri de l’humanité contre la force n’aura été plus poétique ni plus grand. […] L’imagination peut rêver sans terme l’allégresse triomphale et l’enthousiasme lyrique de ce dénouement, où le libérateur posait une couronne sur la tête du porte-flamme de l’humanité, en même temps qu’il le déliait de ses chaînes.

891. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. LOUIS DE CARNÉ. Vues sur l’histoire contemporaine. » pp. 262-272

Son christianisme actif le sauve peut-être en cela de quelques-unes des tendances de son esprit ; il croit avec ferveur au progrès social, au travail ininterrompu de l’esprit divin dans l’humanité ; il énumère sans ambiguïté les résultats ou instruments acquis et déjà victorieux, la presse, le jury, le principe électif. « Je suis tellement convaincu, » s’écrie-t-il quelque part, « du triomphe définitif des principes de 89, que je ne les considérerais pas comme compromis pour longtemps, quand, par suite de vicissitudes placées en dehors de nos prévisions, je verrais les Prussiens campés de nouveau dans la cour du Louvre, et les chevaux de l’Ukraine se désaltérer aux bassins de marbre des Tuileries. » Historiquement, et en tout ce qui concerne le mouvement, les phases et les hommes de la Restauration, les jugements de M. de Carné nous semblent approfondis et satisfaisants, du moins dans leur ensemble et eu égard à son point de vue.

892. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Relation inédite de la dernière maladie de Louis XV. »

Ami de M. de Choiseul, ennemi du ministère d’Aiguillon et de la maîtresse favorite, il eût pu dire aux approches du danger, comme Saint-Simon à la nouvelle de la mort de Monseigneur : « La joie néanmoins perçoit à travers les réflexions momentanées de religion et d’humanité par lesquelles j’essayois de me rappeler. » A nos yeux comme aux siens, est-il besoin d’en avertir ?

893. (1874) Premiers lundis. Tome I « M. A. Thiers : Histoire de la Révolution française. IXe et Xe volumes »

Thiers a su en faire jaillir des leçons bien lumineuses, qui nous révèlent de plus en plus la marche de l’humanité et la loi des révolutions : « Les années seules, dit-il, épuisent les partis.

894. (1874) Premiers lundis. Tome II « E. Lerminier. De l’influence de la philosophie du xviiie  siècle sur la législation et la sociabilité du xixe . »

 » Nous lui concéderons son éloquent enthousiasme pour Frédéric, bien que nous doutions un peu qu’à la fin des âges ce nom doive se trouver dans le plus pur froment des mérites de l’humanité.

895. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre III. Le naturalisme, 1850-1890 — Chapitre IV. La comédie »

Plus de factice roman, plus de raide logique : la comédie de Francillon ne nous offre que réalité et humanité.

896. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre II. Enfance et jeunesse de Jésus. Ses premières impressions. »

Il est donc impossible de soulever ici aucune question de race et de rechercher quel sang coulait dans les veines de celui qui a le plus contribué à effacer dans l’humanité les distinctions de sang.

897. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Première partie. Plan général de l’histoire d’une littérature — Chapitre IV. Moyens de déterminer les limites d’une période littéraire » pp. 19-25

On peut appliquer la même remarque à l’histoire : l’humanité fait aussi partie de la nature.

898. (1824) Notes sur les fables de La Fontaine « Livre onzième. »

C’est la mesure de cette nécessité, de l’effort qu’on fait pour s’y soustraire, de la douleur qu’on éprouve en s’y soumettant, qui devient la mesure du caractère moral de l’homme, qui, plutôt que de s’y soumettre, consent à s’immoler lui-même (en n’immolant toutefois que lui-même et non ceux dont le sort lui est confié), et s’élève par-là au plus haut degré de vertu auquel l’humanité puisse atteindre.

899. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre XI. Troisième partie. Conséquences de l’émancipation de la pensée dans la sphère des idées politiques. » pp. 350-362

Un grand ressort des temps anciens, qui fut nécessaire à l’organisation primitive de la société, et qui ne peut plus être pour nous qu’une grande erreur, le sentiment exclusif de la nationalité doit disparaître : il ne peut tenir devant les hauts sentiments de l’humanité ; il restera l’amour du sol natal et l’attachement aux institutions de la patrie, seuls sentiments vrais, naturels, indestructibles comme le cœur de l’homme.

900. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Auguste Vitu » pp. 103-115

À côté de la tragédie, il y a donc de la comédie dans l’histoire, puisqu’il y en a dans l’humanité, et il est des esprits essentiellement faits pour elle.

901. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Tourgueneff »

Tourgueneff raconte quelque touchante histoire, saisie au vol ou ramassée à l’affût, quand il nous peint, comme Sterne le fait souvent avec une perfection si divinement désespérante, et comme tous les humouristes le font avec plus ou moins de talent, ces têtes étranges dans lesquelles l’humanité prend des plis et des creux que l’on n’oublie plus dans les physionomies humaines, une fois qu’on les a contemplées, M. 

902. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Lefèvre-Deumier »

Il n’avait pas seulement, comme tous les romantiques du temps, fait ses humanités dans Shakespeare et bu dans la coupe Tête de mort où lord Byron avait laissé le sang de ses lèvres pour sa peine d’avoir osé jouer avec la douleur !

903. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. de Gères. Le Roitelet, verselets. »

Mais un siècle défait ce qu’un autre a refait Et l’humanité désespère !

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