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682. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « La Révolution d’Angleterre »

Et, pour moi, Guizot l’a si bien compris ainsi, son expérience d’homme d’État et de philosophe l’ont si bien convaincu qu’en Histoire la plus forte des influences n’était ni les choses, ni les idées, ni les missions providentielles, comme disent les confidents indiscrets de la Providence avec d’inexprimables fatuités, ni toutes ces forces chimériques inventées lâchement pour sauver l’homme du danger de sa responsabilité, — espèce de laurier à électricité négative qu’on lui plante sur la tête pour repousser la foudre de Dieu et la condamnation des siècles, — que, dans les biographies récemment publiées, l’illustre historien n’a pas même pris la vie des hommes éclatants, des personnages décisifs de la Révolution d’Angleterre.

683. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « XIV. Vaublanc. Mémoires et Souvenirs » pp. 311-322

Aussi dans ses Mémoires, s’est-il plaint pour elle : mais cet homme de forte expérience (comme il s’appelle tranquillement lui-même pour tout éloge) connaissait tellement les hommes que, même en les traitant d’imbéciles, il ne se fâche plus !

684. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « Léopold Ranke » pp. 1-14

… Le temps n’aurait-il pas été pour lui l’accumulation des bénéfices de l’expérience ?

685. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Μ. Eugène Hatin » pp. 1-14

C’est un jeune homme d’esprit… peut-être, mais c’est, à coup sûr, un esprit de jeune homme, qui manque parfois de lest, ce fardeau pesant parfois, de l’expérience, mais qui nous donne l’aplomb sans lequel notre esprit n’est plus qu’un volant sur la moqueuse raquette des faits.

686. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Vte Maurice De Bonald »

Quoi qu’il y écrive vers la fin le mot de conclusion, il n’y en a pas pourtant de rigoureusement affirmée par ce royaliste contre la royauté qu’il aime encore malgré ses fautes, et ce sont les événements seuls qu’il laisse conclure… Il est évident cependant que l’état général des rois en proie à l’entrainement révolutionnaire a pu être d’un exemple contagieux pour celui qui devra s’appeler Henri V, et c’est par les expériences et les aveux de la papauté elle-même que Bonald constate cet état lamentable.

687. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Auguste de Chatillon. À la Grand’Pinte ! »

Nous aimons à louer avec ferveur et sympathie, un talent très-réel, très-ému, très-naturel et aussi très-cultivé, mais il faut bien reconnaître que M. de Châtillon, triple artiste, peintre, sculpteur et poète, qui n’est pas un jeune homme sans expérience, et dont le début pour le public n’est pas un début pour la Muse, n’a pas su préserver un talent d’une inexprimable délicatesse des épaisseurs et des grossièretés de l’art de son temps.

688. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Henri Heine »

Le xixe  siècle, que j’aurai l’insolence réfléchie d’appeler, malgré les positivismes qu’il invente et les prétentions qu’il affecte, le siècle du scepticisme absolu, du touche-à-tout philosophique, — et de l’écroulement de tout sous ses mains toucheuses, — n’a pas la cuirasse d’une seule conviction à lacer sur le sein nu et délicat de ses poètes… et Heine en a fait l’expérience.

689. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Feuillet de Gonches »

Enfin, c’est un connaisseur en toutes choses, d’une vaste expérience, d’un sens aiguisé, et qui s’approprie avec un rare talent d’assimilation tous les langages. — Nous nous trompions.

690. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXXV. Des éloges des gens de lettres et des savants. De quelques auteurs du seizième siècle qui en ont écrit parmi nous. »

Ses revenus étaient employés à encourager des talents pauvres, à faire des expériences utiles, à acheter des monuments rares, à récompenser des découvertes, ou à des voyages entrepris pour perfectionner des connaissances.

691. (1880) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Première série pp. 1-336

Voltaire savait le monde, il connaissait la vie, il avait une expérience déjà longue des hommes, des mœurs, de la société de son temps et de son pays. […] En Angleterre, par exemple, il avait beaucoup vu ; de la fréquentation d’une société d’élite, il avait beaucoup profité ; de ce séjour de deux ans il avait beaucoup rapporté ; mais ni ces souvenirs, ni ces semences, ni cette expérience n’avaient encore fructifié. […] On a peine à comprendre que, instruit par de telles expériences, Voltaire ait osé s’aller établir à Berlin. […] C’est le calme de la force qui s’est éprouvée par l’expérience, et la sérénité d’une inébranlable conviction contre laquelle rien d’humain ne saurait prévaloir. […] Éclairée par l’expérience de la Révolution, elle a très bien vu qu’en somme, au jour de l’action, dans le partage de l’influence, les écrivains et les publicistes avaient été les dupes de l’événement qu’ils avaient si fort appelé de leurs vœux et hâté de leurs œuvres.

692. (1864) Cours familier de littérature. XVIII « CVe entretien. Aristote. Traduction complète par M. Barthélemy Saint-Hilaire (3e partie) » pp. 193-271

La seule différence qu’il y ait entre eux et lui, c’est qu’il fait les premiers pas dans la carrière, sans pouvoir s’appuyer sur les mathématiques, qui sont encore dans l’enfance, tandis que Descartes et Newton, placés bien plus avant sur le chemin, ont à leur disposition des mathématiques toutes-puissantes, avec des observations presque innombrables de phénomènes, et des expériences de tout genre. […] De plus, l’homme éclairé par l’expérience et sincèrement ami du bien peut faire tourner à son profit cette influence possible du physique sur le moral. […] Sans doute, l’expérience est une chose très précieuse, et il est bon qu’en morale elle tienne sa place.

693. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre onzième »

La révolution de 1789 en mit les plus sensées à l’expérience. […] C’est là l’expérience ; l’utopie seule connaît des âmes ouvertes que la société a rendues défiantes, des cœurs tendres qu’elle a endurcis, d’honnêtes gens dont elle a fait des fripons, des gens sociables qu’elle a métamorphosés en misanthropes. […] Ce novateur dont la maxime est que tout le monde s’est trompé avant lui, n’est jamais meilleur écrivain que quand il a raison, à son insu, avec tout le monde, et qu’il descend de ses superbes rêveries dans le langage de l’expérience et de la pratique commune.

694. (1890) L’avenir de la science « XV » pp. 296-320

Notre idée des lois de la nature, laquelle a renversé à jamais l’ancienne conception du monde anthropomorphique, est le grand résultat des sciences physiques, non pas de telle ou telle expérience, mais d’un mode d’induction très général, résultant de la physionomie générale des phénomènes. […] Les grandes apparitions religieuses présentent une foule de faits inexplicables pour celui qui n’en cherche pas la cause au-dessus de l’expérience vulgaire. […] Blasés par l’expérience, nous n’attendons rien de bien extraordinaire ; mais l’enfant ne sait ce qui va sortir.

695. (1894) Textes critiques

Et l’expérience prouve que les six positions principales (et autant pour le profil, qui sont moins nettes) suffisent à toutes les expressions. […] [Depuis la phrase d’une préface de Beaumarchais…] Depuis la phrase d’une préface de Beaumarchais, le travesti , défendu par l’Eglise et par l’art. « Il n’existe point de tout jeune homme assez formé pour… » La femme étant l’être jusqu’à la vieillesse imberbe et à la voix aiguë, une femme de vingt ans représente, selon la tradition parisienne, l’enfant de quatorze, avec l’expérience de six ans de plus. […] Il a l’avantage d’indiquer le confortable des hôtels et restaurants non d’après leur affiliation à l’U.V.F. ou au T.C.F., mais d’après l’expérience personnelle des auteurs.

696. (1716) Réflexions sur la critique pp. 1-296

Que nôtre propre conduite nous serve en cela de leçon ; nous ne faisons d’anatomie que des morts ; on a même horreur de la maxime qui autorise les expériences sur les personnes obscures. […] Mon sentiment n’est pourtant pas sans preuve, il est même autorisé par l’expérience. […] Ils peuvent avoir acquis en françois toutes les idées nécessaires pour perfectionner leur raison, et toutes les expériences propres à assurer leur goût. […] Et comment l’expérience de Nestor ne lui avoit-elle pas encore appris que toutes comparaisons sont odieuses. […] Laissez à la raison calmer la violence, et respectez en moi l’âge et l’expérience.

697. (1889) Les artistes littéraires : études sur le XIXe siècle

Selon la seule expérience historique, en dehors des arguments de philosophie, il ne semble nullement prouvé que l’art, pour avoir droit à l’existence — et à l’admiration — doive subir aucune prédominance quelconque. […] Il subit la peine d’une trop savante expérience sur ce qui l’entoure ; dès son enfance, il a trop bien acquis, par une sorte de divination, la connaissance exacte de la vie et de l’humanité pour goûter sans arrière-pensée aucun plaisir. […] L’expérience en indique un déjà : les Fleurs du Mal et les Poèmes en prose en donnent un exemple. […] Ils devinent le déterminisme du monde, et quelques-unes des lois brutales qui le dirigent, non point par la lente expérience des faits, accumulés et coordonnés, mais par la répercussion très vive dans leur âme de cette brutalité latente sous l’apparence des choses. […] L’expérience matérielle a déjà démontré d’une manière à peu près certaine le dualisme cérébral250 et rien, selon la logique, ne s’oppose à ce que ce dédoublement de notre être ne soit encore poussé beaucoup plus avant en d’autres dédoublements successifs.

698. (1914) Note conjointe sur M. Descartes et la philosophie cartésienne pp. 59-331

J’irai jusqu’à dire : une certaine expérience de l’événement de Dieu. L’expérience n’est pas venue au-devant de lui seulement jusqu’au commencement des choses qui étaient plus particulières. […] D’autre part, une longue expérience de la peine et de la fidélité leur a de longue date enseigné ce qu’il y a d’attachement douloureux et jaloux sous ces détachements de circonstance. […] Tout homme qui a quelque expérience de la grâce, en lui-même, dans le prochain, connaît ces irrésistibles infusions, ces pénétrations impénétrables, ces invincibles victoires. […] Rien de cette flétrissure que la sainteté même laisse quand elle passe, (car elle ne peut pas ne pas être elle aussi une expérience).

699. (1814) Cours de littérature dramatique. Tome III

L’expérience leur a beaucoup ôté de leur crédit : aujourd’hui elles ne sont plus ni nouvelles, ni brillantes, ni hardies ; elles ne paraissent plus que fausses, chimériques et funestes. […] La raison, éclairée par l’expérience, apprend aux hommes sages à se conformer à l’ordre, à suivre ce qui est établi, à respecter les institutions et les mœurs de leur pays. […] L’expérience a prouvé le contraire : les mœurs des chevaliers sont intéressantes ; mais il faut les adapter à un sujet, les faire entrer dans une action ; ce qui est très difficile, quand on ne veut pas se jeter dans les aventures romanesques. […] Le marquis est un petit-maître aussi sot que fat, un roué sans caractère et sans expérience, un mauvais cœur. […] Les gens sensés se moquent d’une pareille chimère ; des jeunes gens sans expérience se flattent de pouvoir la réaliser : mais les connaisseurs admirent l’art de l’auteur, qui a su répandre une couleur de vraisemblance sur un événement aussi extraordinaire.

700. (1782) Essai sur les règnes de Claude et de Néron et sur la vie et les écrits de Sénèque pour servir d’introduction à la lecture de ce philosophe (1778-1782) « Essai, sur les règnes, de Claude et de Néron. Livre premier. » pp. 15-203

Méla, à qui l’expérience de ces temps avait appris quel était le but de cette affaire, et quelle en serait la fin, la termina par le moyen le plus court et le plus usité : ce fut de se faire couper les veines. […] L’expérience ne prouve que trop qu’il n’est ni aussi commun ni aussi facile qu’on l’imaginerait de se tirer avec noblesse et fermeté de cette dangereuse alternative. […] non : mais c’était au temps et à l’expérience à leur apprendre que l’élève qu’on leur avait confié n’était pas digne de leurs soins ; que l’empereur qu’ils approchaient ne méritait ni leur attachement, ni leurs leçons, ni leurs services, ni leurs conseils. […] La concurrence de deux prétendants au trône impérial pouvait, ainsi que l’expérience le confirma dans la suite, allumer une guerre civile. […] Vous êtes dans la vigueur de l’âge ; une assez longue expérience vous a rendu familier l’art de gouverner : souffrez que vos amis se reposent dans l’âge avancé ; il vous sera même glorieux d’avoir élevé à la grandeur celui qui pouvait supporter la médiocrité. » (TACIT.

701. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Benjamin Constant et madame de Charrière »

Placé au foyer de l’émigration et de la coalition, il est réputé quelque peu aristocrate par ses amis de France qui l’ont perdu de vue, et tant soit peu jacobin par ceux qui le jugent de plus près et croient le connaître mieux ; mais il nous apparaît déjà ce qu’il sera toujours au fond, un girondin de nature, inconséquent, généreux, avec de nobles essors trop vite brisés, avec un secret mépris des hommes et une expérience anticipée qui ne lui interdisent pourtant pas de chercher encore une belle cause pour ses talents et son éloquence. […] Benjamin Constant semble lui-même reconnaître ce qu’elle souffre lorsque, dans cette lettre où il prodigue de si équivoques épanchements, il lui échappe de dire à propos des égards qui sont une triste manière de réparer : « Une cruelle expérience dont je suis bien fâché que vous soyez la victime m’a trop prouvé que des égards ne suffisent pas. » Elle souffrait de bien des manières, elle manquait de secours et d’appui dans ses alentours, elle en venait à douter tout à fait d’elle-même : « Vous n’avez pas comme moi ces moments où je ne sais plus seulement si j’ai le sens commun, mais encore faudrait-il être connue et entendue !  […] À de certains moments, lui-même il se relève le mieux qu’il peut, il est tenté de s’améliorer, de croire à l’inspiration morale ; il s’écrie (17 mai 1792) : « … Une longue et triste expérience m’a convaincu que le bien seul faisait du bien, et que les déviations ne faisaient que du mal, et je combats de toutes mes forces cette indifférence pour le vice et la vertu qui a été le résultat de mon étrange éducation et de ma plus étrange vie, et la cause de mes maux. […] Puisque avec toute cette affectation d’expérience, de profondeur, de machiavélisme, d’apathie, je n’en suis pas plus heureux, au diable la gloire de la satiété ! […] La dernière lettre de lui à elle que nous ayons sous les yeux est du 26 mars 1796, à la veille de son départ pour la France dont il va devenir décidément citoyen ; elle se termine par ces mots et comme par ce cri : « Adieu, vous qui avez embelli huit ans de ma vie, vous que je ne puis, malgré une triste expérience, imaginer contrainte et dissimulante, vous que je sais apprécier mieux que personne ne vous appréciera jamais.

702. (1869) Philosophie de l’art en Grèce par H. Taine, leçons professées à l’école des beaux-arts

Décomposer les idées, noter leurs dépendances, former leur chaîne de telle façon qu’aucun anneau ne manque et que la chaîne entière soit accrochée à quelque axiome incontestable ou à un groupe d’expériences familières prendre plaisir à forger, attacher, multiplier, éprouver tous ces chaînons sans autre motif que le désir de les sentir toujours plus nombreux et plus sûrs, voilà le don particulier de l’esprit grec. […] Ils n’ont point eu l’abnégation du savant moderne qui emploie tout son génie à éclaircir un point obscur, qui observe dix ans de suite une espèce animale, qui multiplie et vérifie incessamment ses expériences, qui, confiné volontairement dans un labeur ingrat, passe sa vie à tailler patiemment deux ou trois pierres pour un édifice immense dont il ne verra pas l’achèvement, mais qui servira aux générations futures. […] Il n’a pas de peine à comprendre la conduite qu’il faut tenir avec Mégare ou Corinthe ; il lui suffît pour cela de son expérience personnelle et de ses impressions journalières ; il n’a pas besoin d’être un politique de profession, versé dans la géographie, l’histoire, la statistique et le reste. […] L’expérience des sens et le raisonnement des savants sont insuffisants et trompeurs ; prenons pour flambeau la révélation, la foi, l’illumination divine. […] Il se renferme dans le cercle visible qu’à chaque génération retrouve l’expérience humaine ; il n’en sort pas ; ce monde lui suffit, il est seul important ; l’au-delà n’est que le séjour vague des ombres vaines ; lorsque Ulysse rencontrant Achille chez Hadès le félicite d’être encore le premier parmi les ombres, celui-ci lui répond : « Ne me parle pas de la mort, glorieux Ulysse.

703. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME ROLAND — I. » pp. 166-193

Durant les mois qui précédèrent le 10 août, l’activité politique de notre héroïne n’avait pas cessé, mais l’expérience avait porté fruit ; elle commençait à moins pousser au mouvement tel quel, et à enrayer un peu. […] Autant il y avait de candeur aux âmes girondines d’alors à ne pas s’apercevoir sitôt du point radical qui les séparait de leurs futurs adversaires, autant il y en aurait peu aux âmes girondines actuelles, éclairées par l’expérience, à le dissimuler.

704. (1875) Premiers lundis. Tome III « De la loi sur la presse »

M. le président Bonjean m’a déjà prévenu sur cet article et a plaidé devant vous le bon droit à grand renfort d’arguments que lui ont fournis sa science approfondie et son expérience ; M.  […] Et m’autorisant plus que jamais de mon expérience d’homme de la presse et avec qui la presse sait bien qu’elle peut tout se permettre sans aucun risque, je dirai : « Ô vous tous qui avez du mérite, un mérite social et de nature à être apprécié de vos concitoyens, ne faites pas la guerre à la publicité.

705. (1861) Cours familier de littérature. XII « LXVIIe entretien. J.-J. Rousseau. Son faux Contrat social et le vrai contrat social (3e partie) » pp. 5-56

Elle s’étend de là aux vieillards de la tribu, supposés les plus sages par droit d’expérience : c’est l’origine des sénats, seniores, qui assistent, éclairent, limitent le pouvoir patriarcal et souverain. […] Confucius résume en lui toutes les lumières, toutes les vertus et toutes les expériences du vieux monde indien ; il résume, de plus, selon toute apparence, le vieux univers antédiluvien, si les révélations, les monuments et les traditions antédiluviennes vivent encore dans la mémoire des hommes.

706. (1824) Observations sur la tragédie romantique pp. 5-40

Mais il est trop aisé de prévoir quel serait le résultat de cette expérience. […] Il a fallu aux classiques comme aux romantiques une longue expérience pour reconnaître que l’amour, dès qu’on l’admet sur la scène, doit l’envahir toute entière, et subordonner tous les intérêts aux siens ; qu’il ne souffre autour de lui l’ambition et la politique que pour les employer à le servir.

707. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre III. Les grands artistes classiques — Chapitre IV. Racine »

Là où l’histoire ne s’impose pas au poète, dans les sujets dont il est maître et qu’il arrange à son goût selon son expérience intime, les hommes pâlissent et s’effacent : que sont Pyrrhus, Oreste, Bajazet, Hippolyte, Thésée, même Acomat, à côté d’Hermione, d’Andromaque, de Roxane, de Phèdre ? […] Plus on a soi-même d’expérience, plus on aperçoit de variété dans son observation.

708. (1911) Enquête sur la question du latin (Les Marges)

Des centaines d’expériences de ce genre ne pouvaient que confirmer, à mes yeux, la valeur éducative supérieure des humanités. […] J’ai assisté aux premières expériences : elles sont étonnantes.

709. (1911) La morale de l’ironie « Chapitre IV. L’ironie comme attitude morale » pp. 135-174

Nous ne pouvons rien dire sur le bien et le mal, dès que nous sortons des formules abstraites, en dehors de notre expérience si courte, et, dans les limites même de cette expérience, nous ne disons bien souvent que des sottises.

710. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre V : La religion — Chapitre II : Examen critique des méditations chrétiennes de M. Guizot »

En montrant et surtout en faisant sentir que la religion apporte une consolation dans les chagrins, une force dans le combat des passions que la philosophie ne donne qu’à très-peu d’âmes, on se placerait, je crois, sur un terrain inexpugnable, sur le terrain de l’expérience intérieure, où chacun est seul juge de ce qu’il éprouve. […] Contre cette expérience, quelle objection peut prévaloir ?

711. (1897) Un peintre écrivain : Fromentin pp. 1-37

J’ajoute qu’il n’existe que dans une âme déjà formée, et qu’on ne peut écrire un roman véritable avant la trentaine, parce que, sauf exception, l’expérience est courte, et que la philosophie de la peine n’est pas née en nous. […] Comment une pareille confusion a-t-elle pu s’établir dans l’esprit d’une romancière qui avait quelque expérience, croit-on, des passions humaines ?

712. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « BRIZEUX et AUGUSTE BARBIER, Marie. — Iambes. » pp. 222-234

Il y a en elle une science achevée qui se dissimule, une expérience sans doute amère qui aime à s’oublier.

713. (1874) Premiers lundis. Tome I « Espoir et vœu du mouvement littéraire et poétique après la Révolution de 1830. »

Ballanche, le jeune homme, qui, plein de nobles et de sincères affections, repousse d’abord le temps présent, comme incomplet et aride, qui résiste aux destinées sociales encore incertaines, et se réfugie de désespoir dans un passé chimérique ; ce jeune homme, type fidèle de bien des âmes tendres de notre âge, finit par se réconcilier avec cette société nouvelle mieux comprise, et par reconnaître, à la voix du vieillard initiateur, c’est-à-dire à la voix de la philosophie et de l’expérience, que nous sommes dans une ère de crise et de renouvellement, que ce présent qui le choque, c’est une démolition qui s’achève, une ruine qui devient plus ruine encore ; que le passé finit de mourir, et que cette harmonie qu’il regrette dans les idées et dans les choses ne peut se retrouver qu’en avançant.

714. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Deuxième partie. Invention — Chapitre III. Du récit des faits. — Antécédents et conséquents. — Causes et effets »

Qu’est-ce au fond que l’expérience, que la connaissance du cœur humain, sinon avoir établi un rapport de cause à effet entre les phénomènes observés ?

715. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Troisième partie. Disposition — Chapitre IV. Unité et mouvement »

L’expérience de tous les pays, de tous les siècles vérifie avec éclat la loi : il apparaît, et que toujours les ouvrages transmis à l’immortalité ont leur unité, et que cette unité est obtenue par mille moyens et susceptible de mille formes.

716. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre I. Les origines du dix-huitième siècle — Chapitre I. Vue générale »

Ainsi ni la révélation ni l’expérience ne la dirigent.

717. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre cinquième. Principales idées-forces, leur genèse et leur influence — Chapitre premier. L’idée force du monde extérieur »

Enfin, ce qui achève de faire la part non seulement du moi, mais même de notre propre corps par opposition aux autres corps, ce sont les expériences où nous touchons et explorons un membre au moyen d’un autre.

718. (1913) Le bovarysme « Première partie : Pathologie du bovarysme — Chapitre II. Le Bovarysme comme fait de conscience son moyen : la notion »

C’est aussi son inconvénient : fausse ou mal formée, elle échappe au contrôle, car rendant inutile l’expérience personnelle, elle tend il la supprimer ; aussi propage-t-elle le mensonge et l’erreur avec la même force, avec laquelle elle propage les vérités.

719. (1905) Les ennemis de l’art d’écrire. Réponse aux objections de MM. F. Brunetière, Emile Faguet, Adolphe Brisson, Rémy de Gourmont, Ernest Charles, G. Lanson, G. Pélissier, Octave Uzanne, Léon Blum, A. Mazel, C. Vergniol, etc… « VII »

J’en ai fait l’expérience.

720. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XIII. Mme Swetchine »

bien, dans ces pages que le pédantisme peut appeler des œuvres, mais qui n’en sont pas, il n’y a que pensées de femme, sensations de femme, expérience de femme, mélancolie de femme à travers ses gaietés… de femme !

721. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Quitard »

Or, Rivarol a dit, avec plus de hardiesse que Quitard qui le cite : « Les proverbes sont les fruits de l’expérience des peuples et comme le bon sens de tous les siècles réduit en formules. » Cela est incroyable, mais malheureusement textuel.

722. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « César Daly »

Je n’ai point à le suivre dans ses corollaires, dont j’aime la hardiesse, d’ailleurs, car il y va jusqu’à soutenir que même la géométrie fournit des symboles à l’architecture, et dans ses développements, éclairés d’exemples qui ajoutent le jour, bon aux regards, de l’expérience, à la clarté quelquefois dure de l’abstraction.

723. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « M. Taine » pp. 231-243

Taine a incarné le positivisme anglais (l’épithète ne fait rien à la chose), n’est rien de plus qu’un soldat de la compagnie du centre dans le régiment philosophique pour l’heure en marche, et quelque jour nous nous chargerons, ses livres en main, de le démontrer… C’est un esprit d’une certaine force d’observation et de déduction, on ne le nie pas, mais qui ne fait guère que mettre en langage moderne l’expérience de Bacon et la sensation de Locke, — ayant pour grands amis, comme dit M. 

724. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Madame de Maintenon » pp. 27-40

Mais, nous devons le dire, nous souhaitons que celui-ci soit aussi ferme que celui-là est pur, et qu’il ressorte avec la même clarté d’idées et la même expérience de style, calme et simple, sur le même fond de renseignements et de lumière.

725. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Lettres d’une mère à son fils » pp. 157-170

Et même ceux-là qui, comme Hyacinthe Corne, pensent le moins à l’être, et qui affectent, au contraire, de se rapprocher le plus du bon sens et de l’expérience dans leurs sources pures en parlant tout simplement comme l’âme d’une mère.

726. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Madame Du Deffand »

Elle appartenait à la première société du monde, sur laquelle elle régna sans être jamais détrônée, dans sa jeunesse par l’esprit et par la beauté, dans la vieillesse par l’esprit redoublé et multiplié de toutes les expériences de la vie et même du malheur de sa cécité.

727. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Collé »

Honoré Bonhomme le compare à un coq en colère sur ses petits ergots, et comme les Lettres inédites sont adressées à un jeune homme sans expérience que Collé veut former pour le monde, M. 

728. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Ch. de Rémusat. Abélard, drame philosophique » pp. 237-250

Mais à présent, quand toutes les expériences et applications ont été faites de la fausse Poétique dont le manifeste fut la préface du Cromwell, nous savons à quoi nous en tenir sur ces drames sans logique, ni dans l’espace ni dans le temps, qu’on nous a donnés pour un art nouveau, quand ce n’était qu’une impuissance.

729. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « L’abbé Brispot »

Si souvent on a répondu sans la faire taire aux objections de la philosophie, si souvent on a vu la pensée se frappant elle-même avec l’arme de ses propres raisonnements, qu’on se trouve amené à reconnaître que l’histoire, la tradition, les faits dans leur simplicité auguste et dans leur sainte authenticité, sont les meilleurs moyens de traduire la vérité chrétienne et de l’introduire ou de l’affermir dans les esprits ; sur ce point les expériences se sont accumulées, mais il importe plus qu’on ne croit de le répéter.

730. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Mgr Rudesindo Salvado »

De tous les gouvernements qui peuvent immensément par eux-mêmes et qui s’imaginent, malgré l’expérience, jeter la civilisation à tous les rivages avec les ancres de leurs vaisseaux, le gouvernement d’Angleterre est assurément le plus intelligent, le plus profond, le plus habile.

731. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « La Bible Illustrée. Par Gustave Doré »

Il faut avoir, je ne dis pas la connaissance, mais l’expérience de tous les Musées du monde, et, par-dessus tout cela, posséder la science de l’Art qu’on juge, la science qui perce jusqu’au métier dans ce qu’il a de plus technique.

732. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « Eugène Sue » pp. 16-26

Eugène Sue en fit l’expérience.

733. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « Les Mémoires d’une femme de chambre » pp. 309-321

Et si ce n’était pas une vraie femme de chambre (comme je le voudrais) qui eût écrit ces Mémoires, timbrés de sa qualité, de son impayable qualité, et qui, pour cela, semblaient nous promettre des révélations auxquelles le génie lui-même ne pourrait pas se substituer, je me disais que c’était au moins un esprit hardi, pénétrant, riche en expériences de tout genre, amères ou bouffonnes, consommé dans l’observation de la vie, cette étude qui nous mange le cœur, pour vouloir jouer ce difficile rôle de femme de chambre qui veut tout dire dans un livre, que ce livre soit, d’ailleurs, d’un moraliste de fonction, ou d’un romancier !

734. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXXI. Des oraisons funèbres de Bourdaloue, de La Rue et de Massillon. »

Cependant l’expérience semble prouver le contraire.

735. (1890) Nouvelles questions de critique

Oui, c’était aussi la mode, en ce temps-là, parmi nos savants, que de proscrire l’hypothèse ; ils ne voulaient que des « expériences » ; et c’était pour nous faire croire que la science n’enregistrait que des certitudes. Mais on a reconnu depuis lors ce qu’il eût été plus simple et plus franc de ne jamais nier, que, sans une hypothèse qui la suggère, il n’y a pas d’expérience possible ; et quand une fois l’expérience est faite, on a également reconnu qu’elle n’avait de signification, de sens, et de portée qu’autant qu’elle concourait à la vérification ou au déclassement, si je puis ainsi dire, de quelque hypothèse antérieure. […] Sans égard à aucune convention, sans aucune expérience d’un art qu’il abordait pour la première fois, et conséquemment sans aucun parti pris ni préjugé d’école, M.  […] Non ; mais à tout le moins parce qu’ils manquent d’expérience, de largeur d’esprit, et du vrai sens de cette vie qu’ils imitent. […] Et moraliste enfin, — ce virtuose ou ce sceptique est presque le seul de ses contemporains à qui la connaissance de l’histoire et l’expérience de la vie, bien loin de l’irriter ou de l’aigrir, aient au contraire enseigné l’optimisme.

736. (1889) La littérature de Tout à l’heure pp. -383

. — Mais comment nos modernes, lestés de toute l’expérience de l’histoire, n’ont-ils pas vu que le principe même de la vulgarisation est faux ! […] Pour accomplir cette tâche immense d’exprimer la synthèse du monde qui s’agitait autour d’eux, ils n’ont pas eu l’imprudence de ne s’en remettre qu’à leur propre expérience et à leurs yeux matériels. L’expérience personnelle pouvait les tromper : ils l’ont corroborée par l’expérience universelle, humaine, par les traditions immémoriales et par le jugement de l’homme impeccable que chacun porte en soi et qui est précisément étranger aux rancunes de la personnelle expérience. […] Richard Wagner a fait deux principales choses : l’union de toutes les formes artistiques et la synthèse des observations et des expériences dans la Fiction. […] C’est le malheur de l’Art qui a voulu que Wagner fut plus musicien que poëte. — Wagner fait la synthèse des observations et des expériences dans la Fiction.

737. (1900) La culture des idées

Mais cet aphorisme ne semble pas le résumé de son expérience personnelle. […] Il y a cependant des vérités que l’on ne songe ni à analyser ni à nier ; elles sont incontestables, soit qu’elles nous aient été fournies par l’expérience séculaire de l’humanité, soit qu’elles fassent partie des axiomes de la science. […] Elle est matière à expériences, mais non à démonstrations historiques ou philosophiques. […] Vie de relation La métaphysique pose des axiomes, l’expérience les vérifie ; si elle n’en a pas le droit, elle le prend. […] La folie des analyses et des expériences socialistes ont abruti définitivement le peuple allemand en développant sa double tendance à la rêverie sentimentale et à la jouissance matérielle.

738. (1809) Tableau de la littérature française au dix-huitième siècle

L’homme a remplacé en nous l’académicien ; et, dépouillant les lettres de ce qu’elles peuvent avoir de futile, nous ne les voyons plus qu’à travers nos puissants souvenirs et l’expérience de notre adversité. […] Il fallait une triste expérience pour montrer que de tels avantages ne peuvent pas se conquérir par l’imitation, et que la prospérité des peuples ne peut naître que de leur propre sol. […] Aussi, quand ensuite on voulut s’occuper des matières de politique, on ne trouva plus de base certaine, et il fallut proposer des doctrines, au lieu de se laisser guider par les habitudes et l’expérience. […] Tant est dangereuse cette confiance dans des opinions qui ne sont le fruit, ni de l’expérience, ni de la réflexion ! […] Tout s’écroule, rien ne se répare ; une longue suite de malheurs vient apporter l’expérience, rabattre l’orgueil des opinions, et inspirer le désir du repos.

739. (1891) Essais sur l’histoire de la littérature française pp. -384

Un même auteur, mûri par l’expérience, transformé par des impressions nouvelles, va d’un système à l’autre. […] Toute la sagesse de Balzac, toute son expérience si vantée du monde se résument en ces deux mots : « Apprendre à se défier ». […] Flaubert l’écrivain, il manque à la fois d’expérience et de bonnes règles. […] Faute d’expérience, M.  […] Après cela, trouvons merveilleux qu’une femme jeune, sans expérience, mariée de travers, dévorée de rêves et de regrets, en soit d’abord éblouie.

740. (1874) Premiers lundis. Tome I « M. A. Thiers : Histoire de la révolution française — I. La Convention après le 9 thermidor. »

Si, dans l’enivrement de l’âge et du patriotisme, leur imagination s’exagéra les périls et se méprit sur les remèdes, le temps et l’expérience auraient fini par tempérer cette fougue généreuse, et la Révolution eût conservé en eux des vertus civiques d’autant plus utiles qu’elles allaient devenir plus rares, et qu’on touchait à une époque de tiédeur et de corruption.

741. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre I. La préparations des chefs-d’œuvre — Chapitre I. Malherbe »

Il dit aussi les grands lieux communs de la vie et de la mort ; il les dit en apparence sans intérêt personnel, dérobant la particularité de ses expériences sous l’impersonnelle démonstration de la vérité générale.

742. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — R — Richepin, Jean (1849-1926) »

Et j’ai songé : « Admirons les effets de la grâce divine, ou simplement peut-être de cette douceur, de cet assagissement, de cette résignation, de cette sérénité qu’apporte l’expérience aux âmes bien nées !

743. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre XV. Les jeunes maîtres du roman : Paul Hervieu, Alfred Capus, Jules Renard » pp. 181-195

Le charme est à toutes les pages de ce livre, si plein d’expérience, de naturel, de simplicité, de goût.

744. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre XXIV. Conférence sur la conférence » pp. 291-305

Comment, n’allant presque jamais au théâtre, depuis qu’après un an d’expérience quotidienne, poursuivie par devoir ou plutôt par métier, en 1888, je reconnus dès 1889 que, plus ça changeait plus c’était la même chose, que, si aux reprises du Courrier de Lyon, le régisseur, je suppose, a l’attention gracieuse de rafraîchir les scènes les plus défraîchies, pour les vaudevilles d’usage courant on néglige même ce soin ingénu, qu’on change, il est vrai sur l’affiche Boucheron en Burani, et dans la pièce Molinchart en Dupotard, mais que ces corrections nominales ne font différer en rien les produits nouveaux de l’invariable étalon déposé dans les prisons où le Palais-Royal fait travailler, — comment, avec ce parti pris évident d’indifférence aux manifestations, dramatiques, viens-je, en personnage de prologue, improviser sur cette scène mon petit solo de rhétorique ?

745. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Préface »

Tu as l’infini de l’espace et l’infini du temps pour ton expérience.

746. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Première Partie. Des Langues Françoise et Latine. — Les traductions. » pp. 125-144

Il se prévaut beaucoup d’une expérience qu’il dit certaine ; c’est l’ennui que cause une lecture de moins de demie heure des longs ouvrages en vers François, & surtout en vers Alexandrins, quelques beaux qu’ils soient d’ailleurs.

747. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 45, de la musique proprement dite » pp. 444-463

L’expérience et le raisonnement nous enseignent qu’il est des bruits beaucoup plus propres à le faire, que le silence même.

748. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 32, que malgré les critiques la réputation des poëtes que nous admirons ira toujours en s’augmentant » pp. 432-452

L’opinion de ceux qui soutiennent que le soleil tourne sur son axe, et l’opinion de ceux qui soutenoient avant l’expérience que le globe du soleil étoit immobile au centre du tourbillon, supposent également que le soleil soit placé au milieu du tourbillon, où Copernic a dit qu’il étoit placé.

749. (1757) Réflexions sur le goût

Car il ne confondra point le plaisir d’habitude avec celui qui est purement arbitraire et d’opinion ; distinction qu’on n’a peut-être pas assez faite en cette matière, et que néanmoins l’expérience journalière rend incontestable.

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