C’est un doux et fin poète, fluide et facile, d’une grâce sérieuse et souvent mélancolique : aussi dissemblable que possible de Marot, et d’une inspiration toute lyrique et personnelle. […] Et toutes ces impressions se fixaient dans de pénétrants sonnets : sonnets satiriques, plus larges que des épigrammes, plus condensés que des satires, expressives images des intrigues de la cour romaine et des corruptions de la vie italienne ; sonnets pittoresques, où la mélancolique beauté des ruines est pour la première fois notée, en face des débris de Rome païenne ; sonnets élégiaques enfin, où s’échappent les plus profonds soupirs de cette âme de poète, effusions douces et tristes, point lamartiniennes pourtant : elles ont trop de concision et de netteté, et il y circule je ne sais quel air piquant qui prévient l’alanguissement.
Pour Rollin, dans ces histoires anciennes qu’il conte à la jeunesse, il y a du moins une chose que ce vieux martyr du jansénisme, ce doux révolté qui se fit chasser de son collège, casser du rectorat, exclure des assemblées de l’Université plutôt que d’accepter l’abominable bulle, il y a une chose qu’il voit dans l’antiquité, et il la fait voir, sans se douter combien elle est subversive de l’ordre établi : c’est la raide énergie des âmes, le sacrifice volontaire et répété des intérêts, des affections, des existences à une idée de patrie, de liberté ou de vertu. […] Il y avait aussi les ministres et le roi : des lettres de cachet envoyaient à la Bastille, à Vincennes, au For-l’Évêque, Voltaire, Diderot, Marmontel, Morellet, Beaumarchais : douces et commodes prisons qui donnaient à peu de frais la gloire du martyre !
Grâce, finesse et bonté, indulgence sans illusions, philosophie douce qui rappelle, avec quelque chose de plus sain et de plus tendre, celle de quelques femmes du siècle dernier, une sagacité qu’on ne trompe pas, mais qui pardonne parce qu’elle comprend, une intelligence très pénétrante et passablement désenchantée, mais consolée par un très bon cœur…, ai-je dit tout ce qu’on trouve dans les Maximes de la comtesse Diane ? […] Mme Sarah Bernhardt est éminemment, par son caractère, son allure et son genre de beauté, une princesse russe, à moins qu’elle ne soit une impératrice byzantine ou une bégum de Maskate ; passionnée et féline, douce et violente, innocente et perverse, névropathe, excentrique, énigmatique, femme-abîme, femme je ne sais quoi.
accueilleraient les plus ingénieux modernes, les La Rochefoucauld et les La Bruyère, lesquels se diraient en les écoutant : « Ils savaient tout ce que nous savons, et, en rajeunissant l’expérience, nous n’avons rien trouvé. » Sur la colline la plus en vue et de la pente la plus accessible, Virgile entouré de Ménandre, de Tibulle, de Térence, de Fénelon, se livrerait avec eux à des entretiens d’un grand charme et d’un enchantement sacré : son doux visage serait éclairé du rayon et coloré de pudeur, comme ce jour où, entrant au théâtre de Rome dans le moment qu’on venait d’y réciter ses vers, il vit le peuple se lever tout entier devant lui par un mouvement unanime, et lui rendre les mêmes hommages qu’à Auguste lui-même. […] Sur la même colline que Virgile, et un peu plus bas, on verrait Xénophon, d’un air simple qui ne sent en rien le capitaine, et qui le fait ressembler plutôt à un prêtre des muses, réunir autour de lui les attiques de toute langue et de tout pays, les Addison, les Pellisson, les Vauvenargues, tous ceux qui sentent le prix d’une persuasion aisée, d’une simplicité exquise et d’une douce négligence mêlée d’ornement.
Il avait cinq pouces de taille de plus que Napoléon ; son front était de son père ; son œil, plus enfoncé dans l’orbite, laissait voir quelquefois un regard perçant et dur qui rappelait celui de son père irrité ; l’ensemble de sa figure pourtant avait quelque chose de doux, de sérieux et de mélancolique. […] Cependant la douce et honorable hospitalité de Vienne ne suffisait pas au maréchal ; il se sentait encore des forces, de l’ardeur, une curiosité active ; pour la satisfaire, pour tâcher de donner « un nouvel intérêt à son existence », il conçut le projet d’un grand voyage à travers la Hongrie, la Russie méridionale, jusqu’en Turquie, en Syrie et en Égypte.
C’est un récit écrit d’après une confidence, et destiné à celle même qui a raconté, qui sourit en se revoyant si justement, si légèrement peinte, et qui, avec une douce malice, prend à quelques endroits la plume pour y retoucher. […] » s’écriait-elle, acceptant tout avec soumission de la bouche de ce prêtre de mérite, mais rude, et y mêlant en échange ce qui était inaltérable en elle, quelque chose d’obligeant et de doux.
Il visita l’Écosse dans l’été même de cette année 1759, et il s’y lia avec les hommes de premier mérite dont cette contrée était alors si pourvue, et qui y formaient un groupe intellectuel ayant un caractère particulier, l’historien Robertson, David Hume, Ferguson et plusieurs autres : En somme, je dois dire, écrivait-il en revenant sur ce voyage d’Édimbourg, que ces six semaines que j’y ai passées sont, je le crois, celles du bonheur le mieux rempli et le plus dense que j’aie jamais eu dans aucun temps de ma vie ; et l’agréable et instructive société que j’y ai trouvée en telle abondance a laissé une si douce impression dans ma mémoire, que, si de forts liens ne me tiraient ailleurs, je crois que l’Écosse serait le pays que je choisirais pour y passer le reste de mes jours. […] Franklin est revenu souvent sur cette vue de la mort, et toujours d’une manière douce et presque riante.
Depuis votre départ nous goûtons cent délices Dans nos doux exercices. […] Il nous donne entre un duel et un billet doux le spectacle de ses lectures, de ses recherches et de ses perplexités érudites.
Il m’eût été facile et doux de grossir cette liste ; j’aurais eu grand plaisir à y adjoindre M. […] Elle réagit contre ces illusions du cœur, dont il est si doux d’être dupe et si facile d’être victime. pauvre vérité ! […] Heureusement qu’il se pique d’être d’humeur douce et pacifique, sans quoi… Mais ne vous y fiez pas trop. […] Raillerie douce ou douceur railleuse, comme on voudra, c’est bien le ton qui convient à la sagesse désabusée du sceptique. […] Aussi n’est-il point doux pour les romantiques et en particulier pour celui qui fut leur porte-drapeau !
Au fond, tu ne l’ignores pas, je suis un doux et un naïf, en dépit des poètes pyrénéens qui sont absolument sûrs du contraire. […] Surtout, il ne faut pas que la mort soit douce. […] À la transparence de sa peau, plus pâle sous l’or doux des cheveux, se mêle ce bleu vague qu’ont les blancheurs immaculées. […] Les paroles qu’elle dit, rares, peureuses, douces, ont le son de cristal des ingénuités parfaites, laissent entrevoir de saintes ignorances. […] Il semble, au contraire, qu’elle ne doive me permettre que le dithyrambe le plus lyrique et le plus doux.
Les lecteurs vont se dédommager à présent, et ils goûteront ce discours net, ingénieux et sensé, nourri de conseils, aiguisé d’une douce malice, et qui, vers la fin, présente un portrait si noble et si élevé du savant pur.
Et ceux qui l’ont connu de près ajouteront : c’était un cœur droit, orné des plus douces vertus.
Mais, âme douce en même temps que forte, il ne prêcha que l’obéissance aux lois, la soumission au monarque et le pardon des injures.
Le prince Henri avait de grandes vertus ; ses lumières, son humanité, sa justice l’avaient popularisé en Europe, et, auprès de la gloire de Frédéric, la sienne, moins brillante, semblait incomparablement plus pure : et ce même prince, sans songer à mal, invente la plus odieuse des iniquités politiques ; à l’occasion, il en cause avec Catherine, il en cause avec son frère ; la partie s’arrange, il s’en félicite, et, dans sa retraite de philosophe, s’en berce comme d’un doux et beau souvenir !
Personne n’a dit, en termes plus doux et plus pénétrants, les petites joies et les grandes douleurs des petites gens.
Peut-être, retiré dans son champ de Hakeldama, Judas mena-t-il une vie douce et obscure, pendant que ses anciens amis conquéraient le monde et y semaient le bruit de son infamie.
Au spectacle de cette période de terreur, c’est, je pense, une consolation de voir s’élever une autre grandeur que la grandeur de la cour, une autre autorité d’exemple et d’opinion, un autre modèle de société, une autre source de mœurs, d’idées, de principes ; c’est surtout un besoin pour les âmes douces et nobles, au milieu des tourments politiques qui les épuisent, d’entrevoir dans une société nouvelle un asile fermé à l’esprit de faction, et où se retrouvent les principales aménités de la vie civilisée.
Tous ces Ouvrages sont plus que suffisans pour donner une idée avantageuse de cet Homme de Lettres, dont les mœurs douces & honnêtes méritoient autant d’égards que l’utilité de ses travaux.
Mecenas , dit-il, étoit homme de bien, de ces gens de bien néanmoins doux, tendres, plus sensibles aux agrémens de la vie, que touchés de ces fortes vertus qu'on estimoit dans la République.
De plus douces émotions reviennent, il est ressaisi par le charme, enlacé par l’illusion, il veut vivre, se redresser, sortir de son suaire, mais il se butte de nouveau, s’arrête, ébauche un geste de renoncement et médite son impassibilité jusqu’à ce que la mort de Céline N.., vienne détruire ce vestige d’amour et résoudre les contradictions de son âme en une longue harmonie de regrets.
Notre vie est devenue douce, mais nos envies ont grandi en disproportion.
Ce vers est d’une sensibilité si douce, qu’il fait plaindre l’aigle, malgré le rôle odieux qu’il joue dans cette fable.
L’épisode de Ruth, raconté dans la grotte sépulcrale où sont ensevelis les anciens patriarches, a de la simplicité : On ne sait qui des deux, ou l’épouse ou l’époux, Eut l’âme la plus pure et le sort le plus doux.
Quant aux heures, Virgile a presque toujours fait briller la plus douce sur l’événement le plus malheureux.
car les satiriques ne manquent pas à la littérature française, mais aucun de ceux-là qui l’ont illustrée n’ont le caractère de force douce, comme l’est la vraie force, qui distingue la poésie satirique de ce chrétien qui trempe son fouet dans l’huile de la charité avant de frapper, et qui n’en frappe que plus fort après.
Trop exigeant et trop véritablement romancier pour se livrer à la douce commodité d’une monographie personnelle, Barbara a délaissé ce moyen psychologique et facile d’exposer par l’analyse ce qu’on ne sait pas montrer autrement : par l’action.
Il s’y joint la douce voix d’une mère et notre main dans sa main.
C’est là encore que l’on voit le génie de ce peuple, qui mêlait à ses plaisirs mêmes des leçons de grandeur ; là, tous les arts étaient asservis à la politique, et la musique même, qui ailleurs n’est destinée qu’à réveiller des idées douces et voluptueuses, ou à irriter une sensibilité vaine, célébrait dans Athènes les grandes actions et les héros.
En effet l’esprit humain possède la double faculté de louer et de blâmer, d’admirer et de se moquer ; et le cœur éprouve un plaisir égal à l’attendrissement qui fait couler de douces larmes, et à l’enjouement qui l’épanouit à la vue des objets risibles. […] L’image des beautés riantes de la campagne séduirait l’auditeur, si la pure naïveté de Théocrite et des églogues virgiliennes, respirait dans le dialogue ; ou si l’on savait animer d’un doux éclat les récits agréables de la Bible. […] À ce tableau de la série des quatre genres nobles et doux, va succéder celui des drames plaisants, bourgeois et satyriques. […] La muse de Racine, formée sur ce beau modèle, le surpassa par une douce mélodie, plus séduisante encore, et plus variée : supérieur à cet habile maître par la diction, il ne l’égala que passagèrement par ce qui tient au pathétique. […] Le bon goût de Fénelon ne se trompa point sur ces nuances, lorsqu’il préféra nous instruire par la bouche des divinités et des nymphes païennes ; lui, de qui l’esprit, aussi doux qu’évangélique, eût prêté tant de charme aux leçons du christianisme.
La gaieté comique, au contraire, est inoffensive et douce ; le jeu varié d’une intrigue, les incidents imprévus, les contrastes bizarres, voilà les matières où elle s’exerce10, et, si quelquefois elle se moque des travers des hommes, c’est d’une manière si générale qu’elle fait rire tout le monde sans offenser personne. […] Il excelle, quand il veut, dans cette gaieté douce qui ne fait de mal à personne. […] Grâce à ce système d’équilibre et de pondération qui ne laisse aucune sottise se développer sans que le bon sens ne reçoive un développement parallèle ; grâce à ces docteurs qui savent Pour toute leur science, Du faux avec le vrai faire la différence96, le poète, mêlant l’utile à l’agréable, nous empêche de prendre le mal pour le bien, le bien pour le mal, et de tomber dans l’erreur d’Orgon, auquel Cléante disait : Vous ne gardez en rien les doux tempéraments. […] Mais elle est rare partout ailleurs, et à part un ou deux autres traits mordants de la même espèce, une gaieté douce règne dans ce petit poème, exempt de fiel et parfaitement inoffensif113. […] Folie aimable et pleine de sens, où étincelle cet esprit fantastique si rare en France, et où règne une plaisanterie vive et douce, qui, bien qu’elle aille quelque fois jusqu’à une sorte de délire, ne cesse jamais d’être légère et inoffensive.
Et à ce sujet il écrivit un fort agréable dialogue, choisissant pour personnages des gens bien élevés, « versés dans les parties les plus polies du savoir, et qui avaient voyagé dans les contrées les plus civilisées de l’Europe. » Il mit la scène « sur les bords de la Tamise, parmi les fraîches brises qui s’élèvent de la rivière et l’aimable mélange d’ombrages et de sources dont tout le pays abonde898 » ; puis, avec une gaieté tempérée et douce, il s’y moqua des pédants, qui consument leur vie à disserter sur la toge ou la chaussure romaine, mais indiqua en homme de goût et d’esprit les services que les médailles peuvent rendre à l’histoire et aux beaux-arts. […] Il était doux et bon, d’une sensibilité fine, timide même jusqu’à rester muet et paraître lourd en nombreuse compagnie ou devant des étrangers, ne retrouvant sa verve que devant des amis intimes, et disant même qu’on ne peut bien causer, sinon à deux. […] Elles ne sont plus élues dans les clubs quand on nomme les belles dont on boit la santé ; elles sont obligées par leurs principes de se coller une mouche sur le côté du front où cela va le plus mal ; elles se condamnent à perdre les toilettes du jour de naissance ; il ne leur sert de rien qu’il y ait une armée et tant de jeunes gens porteurs de chapeaux à plumes ; elles sont forcées de vivre à la campagne et de nourrir leurs poulets, juste dans le temps où elles auraient pu se montrer à la cour et étaler une robe de brocart, si elles voulaient se bien conduire… Un homme est choqué de voir un beau sein soulevé par une rage politique qui est déplaisante même dans un sexe plus rude et plus âpre… Et cependant nous avons souvent le chagrin de voir un corset près d’être rompu par l’effort d’une colère séditieuse, et d’entendre les passions les plus viriles exprimées par les plus douces voix… » Mais, heureusement, ce chagrin est rare ; « là où croissent un grand nombre de fleurs, la terre de loin en semble couverte ; on est obligé d’avancer et d’entrer, avant de distinguer le petit nombre de mauvaises herbes qui ont poussé dans ce bel assemblage de couleurs. » Cette galanterie est trop posée ; on est un peu choqué de voir une femme touchée de si près par des mains si réfléchies. […] « Rien n’a plus amusé la ville, dans ces dernières années, que le combat du signor Nicolini contre un lion, à Haymarket, spectacle qui a été donné fort souvent, à la satisfaction générale de la noblesse haute et basse, dans le royaume de la Grande-Bretagne… Le premier lion était un moucheur de chandelles, homme d’un naturel colérique et entêté qui outrepassait son rôle, et ne se laissait pas tuer aussi aisément qu’il l’aurait dû… Le second lion était un tailleur par métier, appartenant au théâtre, et qui avait dans sa profession le renom d’homme doux et paisible. […] Le son était infiniment doux et modulé en une variété de tons d’une mélodie inexprimable, tout à fait différente de ce que j’avais jamais entendu.
Flaubert dit quelque part : « Ses réponses étaient toujours douces et prononcées d’un ton aussi clair que celui d’une sonnette d’église. » L’image peut, en donnant une très grande netteté à un simple fragment de l’objet qu’il s’agit de percevoir, faire immédiatement sortir de l’ombre la totalité de l’objet. […] Partout où le ciel mit deux cœurs, s’aimer est doux ! […] L’air est si doux qu’il empêche de mourir. […] Mer où la perle éclôt, terre où germe l’épi ; Nature d’où tout sort, nature où tout retombe, Feuilles, nids, doux rameaux que l’air n’ose Ne faites effleurer, pas de bruit autour de cette tombe ; Laissez l’enfant dormir et la mère pleurer ! […] … Et puis, quel air doux et honnête !
Il fut le doux prophète des temps nouveaux. […] Ils sont doux parfois comme des parfums de fleurs. […] Je dois reconnaître toutefois qu’au contact de Musset j’ai frissonné avec une émotion plus pénétrante, plus intime, plus douce à mon souvenir. […] — Et frêles, des cahiers roses, ou mauves, ou bleus, dans les doigts des jeunes filles, se tendent naïfs et jolis, gauches à réjouir l’âme douce de M. […] Mon poète, c’est un être imaginaire et colossal, puissant et doux, en lequel se résument l’universelle bonté, le lyrisme total et toutes les supériorités humaines et littéraires dont Lamartine, Hugo, Musset, Vigny, Gautier, Leconte de Lisle ont reflété quelques rayons.
Byvanck : dîne-t-il chez des amis : Maurice Barrès est l’un des convives, Maurice Barrès, le plus fin, le plus rare, le plus exquis des causeurs et le plus habile à manier la douce ironie. […] Byvanck y a mis son âme, une âme douce et bienveillante, pieuse et morale, candide et savante, d’un invincible optimisme. […] c’était plutôt un faune doux, timide et presque humain, quand il vint vivre parmi les hommes. […] Une voix très douce et lointaine, timide un peu, mais fière aussi un peu, répond : la Résignation. […] Croiriez-vous qu’après la campagne je me sentais le cerveau envahi d’une douce bêtise ?
Car, causer est bien doux, le soir, au coin du feu ! […] C’est alors que l’image de cette victime, de la douce et silencieuse Aliette revient hanter, comme un fantôme, les songes de celui qui l’a méconnue. […] Comme il en avait ardemment goûté la saveur, amère ou douce ! […] Je le croirais presque, à lire ces lignes de la dédicace à une Dame innommée : « Voici que ta douce image pénètre dans ma chambre, et le loquet n’a pas bougé. […] C’est pour cela qu’on souffre à lire Henri Heine, même quand il veut être doux et ne pas blasphémer.
En art, je ne suis pas un Doux et les Doux me déplaisent. […] Tu suceras le lait de ses mamelles fécondes, et son haleine te sera plus douce que l’antique ambroisie.. […] ils n’habitent pas auprès des sources douces Où vont se baigner les bécasses en feuilles mortes. […] Je leur montrerai les grives, les paysans doux, les bécassines en argent, les luisants houx. […] Il y aborda, renouvela sa provision d’eau douce.
De la sensibilité autant qu’il en faut, une mollesse gracieuse, une ironie douce et marquée à peine, un débit modeste et aisé introduisant une narration élégante, ont dès l’abord disposé l’auditoire en faveur du portrait comme il l’était déjà en faveur du peintre.
Il laisse une mémoire charmante et douce, il n’a trouvé dans ses nombreux amis ni un ingrat ni un indifférent.
Elle imagina les petits soupers, les comédies des petits appartements, et institua autour d’elle, dans les jouissances du monarque, une succession douce et régulière que naturellement, sans secousse, le temps convertirait en habitude et en nécessité.
Quand elle eut été sincèrement attachée à ses chefs par des affections personnelles, par une discipline équitable et douce, ou par des souvenirs de victoires, il est difficile encore de penser que ses rangs fussent longtemps demeurés impénétrables aux sentiments d’une population parmi laquelle elle vivait, se recrutait incessamment, et devait rentrer un jour.
Tout cela, mon doux Jésus !
La voix de cette femme mourante est douce et triste ; ce sont les derniers bruits du vent qui va quitter la forêt, les derniers murmures d’une mer qui déserte ses rivages.
Il donne au pin l’épithète d’harmonieux, parce qu’en effet le pin a une sorte de doux gémissement quand il est faiblement agité ; les nuages, dans les Géorgiques, sont comparés à des flocons de laine roulés par les vents, et les hirondelles, dans l’Énéide, gazouillent sous le chaume du roi Évandre, ou rasent les portiques des palais.
Noi leggevamo, etc… « Nous lisions un jour, dans un doux loisir, comment l’amour vainquit Lancelot.
ce Jupiter brisé ; cet autel renversé ; ce brasier répandu ; quel effet entre ces natures féroces ne produit point ce jeune acolyte, d’une physionomie douce et charmante agenouillé entre le sacrificateur et le saint.
Les premiers hommes, fixés sur les hauteurs, près des sources vives, perdirent par une vie plus douce la taille des géants.
En conséquence la métaphysique doit essentiellement travailler au bonheur du genre humain dont la conservation tient au sentiment universel qu’ont tous les hommes d’une divinité douce de providence.
Après tant de vicissitudes contraires et tous ces excès apaisés, il survit de Louise Labé un fonds de souvenir plus vrai, plus doux. […] Car alors que je m’en vais voir La beaulté qui d’un doux pouvoir Le cueur si doucement me brusle, Le bon Sire Aymon se recule, Trop plus ententif (attentif) au long tour De ses cordes qu’à mon amour, etc. […] Je le croirais d’autant plus que le reste du signalement semble indiquer la même dame au doux chant et à la belle voix αύδἠεσσϰ, comme a dit Homère de Circé.
Le jour Chantant l’amour, Et souvent le faisant sans bruit La nuit… ; le Panpan bachique (1809) : Lorsque le champagne Fait en s’échappant Pan, pan… ; ce sont ces autres refrains irrésistibles et qui éveillent de toutes parts l’écho, le Carillon bachique (1808), surtout le Délire bachique (1810) : Quand on est mort, c’est pour longtemps… admirable chant, tout bouillant d’une douce fureur, et où brille dans tout son éclat le génie rabelaisien. […] Et il énumère toutes les zizanies d’alentour, classiques et romantiques, grétristes et rossinistes, Grecs et Turcs ; à propos de ces deux peuples alors aux prises il disait : Qu’êtes-vous sous ce beau ciel Que réfléchit l’Archipel, Turcs si doux et si polis, Et vous, soldats de Miaulis ? […] « Comme lorsqu’un riche, prenant à pleine main la coupe toute bouillante au dedans de la rosée de la vigne, après avoir bu à la santé de son gendre, la lui donne en cadeau pour l’emporter d’une maison à l’autre, — une coupe toute d’or, son bien le plus cher et la grâce du festin, — honorant par là son alliance, — et il rend le jeune époux enviable à tous les amis présents pour un si cordial hyménée ; « Et moi aussi, riche du nectar versé, présent des Muses, j’envoie ce doux fruit de mon génie aux héros chargés de couronnes, et j’en favorise à mon gré les vainqueurs d’Olympie et de Delphes… » 18.
Oui, la nature m’offre encore ses douces et consolantes distractions ! […] Qu’on se rappelle la danse du schall, et cette toilette de bal dans laquelle on pose sur les cheveux blonds de Valérie une douce guirlande bleue de mauves. […] Comme on retrouve là cette frêle et tendre adolescence jetée au bord de l’abîme, cette nature d’âme aimable, mystique, ossianesque, parente de Swedenbourg, amante du sacrifice, ce jeune homme qui, comme René, a dépassé son âge, qui n’en a su avoir ni l’esprit, ni le bonheur, ni les défauts, mais que le Comte, d’une voix moins austère que le Père Aubry pour Chactas, conviait seulement à ces douces affections qui sont les grâces de la vie, et qui fondent ensemble notre sensibilité et nos vertus !
On aurait été heureux de me la voir commettre : il est si doux de déshonorer un ennemi ! Combien n’est-il pas plus doux de le voir se déshonorer lui-même ? […] Toutes les fois que le nom de Saint-Just revenait dans nos entretiens, l’accent s’amollissait, la physionomie s’attendrissait visiblement dans madame Lebas, et un regard d’enthousiasme rétrospectif s’élevait du portrait vers le plafond, comme un reproche muet au ciel d’avoir tranché quelque douce perspective, par la hache de 1794, avec cette tête d’ange exterminateur sur le buste d’un proscripteur de vingt-sept ans.
Où donc trouver cette instruction spéciale aux gens du monde, cette instruction qui est pour eux la source des plus douces jouissances de l’esprit ? […] Aussi ne demandons point aux poètes du nord les molles et suaves harmonies du midi, ni au peintre qui vit au sein des tempêtes politiques le riant tableau d’une existence douce et paisible. […] Mais l’instruction qui convient aux gens du monde et répand tant de charme sur les relations de société, cette instruction qui fait mieux apprécier les œuvres du génie et devient la source des plus douces jouissances de l’esprit, il faut la chercher dans les livres...
C’est un doux fruit de la vieillesse de Saint-Gelais. […] Au sortir de leurs fortes études, rencontrant ce que leur outrecuidance juvénile qualifia tout d’abord d’épiceries de l’école de Marot, ils levèrent l’étendard de la révolte contre la poésie en faveur à la cour, et vinrent secouer, dans sa douce oisiveté de premier poète, Saint-Gelais, lequel savourait nonchalamment, et sans presque le faire voir dans ses vers, ces biens de l’esprit dont la possession enthousiasmait la nouvelle école. […] Une belle demoiselle lui versa sur la tête de l’eau de rosé mêlée de jus d’herbes odoriférantes, symbole évident de sa douce et savoureuse poésie.
L’originalité de sa haine, c’est de n’être pas plus doux pour les victimes que pour les bourreaux. […] Il y a en effet les paroles, expression des pensées, et un musicien invisible qui les accompagne avec un instrument sans nom, plus riche, plus doux et plus mélodieux que le plus parfait qui ait été fabriqué de main d’homme. […] La plus étendue et la plus intéressante de ces Études a appelé sur l’œuvre du plus doux et du plus expressif de nos peintres, Eustache Lesueur, un retour de célébrité auquel est associé désormais le nom de son historien145.
Le sort lui refusa les rôles éclatants et, comme il n’était pas un caractère, il se réfugia, à demi-satisfait, dans les consolations douces. […] Il est « plus doux, plus féminin ». […] On s’est donné, presque malgré lui, à ce maître qui ne voulait pas de disciples ; qui était fier d’esprit au lieu d’être doux et humble de cœur ; qui, loin de prêcher l’amour aux poses abandonnées, vantait l’individualisme et l’effort de se tenir debout.
Ce tribut payé à la douleur conjugale, elle se souvient du commandant, à qui elle vient de donner des droits en acceptant la démission qu’il lui offrait tout à l’heure ; et vite elle lui écrit de partir « pour respecter son veuvage. » Si Louis Guérin ne lit pas entre les lignes de ce billet doux le conseil de se faire tuer au Mexique ou d’y mourir de fièvre jaune, c’est qu’il a la vue basse, comme tous les amants. […] Terminons vite l’historiette de ce billet doux posthume, tombé des mains du père dans la poche du fils, et qui menace, au dernier acte, d’empêcher le mariage de Lucien et d’Aline Lagarde. […] L’amendement peut être bon en lui-même, quoiqu’un billet doux de fiançailles, interprété de travers, soit un dossier bien mince pour la grande affaire d’un drame en cinq actes.
— « L’épi naissant mûrit de la faux respecté ; Sans crainte du pressoir, le pampre tout l’été Boit les doux présents de l’aurore ; Et moi, comme lui belle, et jeune comme lui, Quoi que l’heure présente ait de trouble et d’ennui, Je ne veux pas mourir encore. […] S’il est des jours amers, il en est de si doux ! […] Pour moi Palès encore a des asiles verts, Les Amours des baisers, les Muses des concerts ; Je ne veux pas mourir encore. » — Ainsi, triste et captif, ma lyre toutefois S’éveillait, écoutant ces plaintes, cette voix, Ces vœux d’une jeune captive ; Et secouant le joug de mes jours languissants, Aux douces lois des vers je pliais les accents De sa bouche aimable et naïve.
Il n’y a jamais cherché la fortune, mais il y poursuivait une renommée pure, légitime : douce chimère qui nous fait oublier l’absence de la richesse, et berce, par l’espoir de n’être pas tout à fait oublié, les derniers ans de notre laborieuse existence ! […] Selon moi le vrai civisme de l’auteur dramatique qui ne s’est point lancé dans la carrière de la politique est d’éclairer les hommes par une douce philosophie, de les reprendre spirituellement de leurs vices et de leurs travers, et enfin de chercher à les rendre meilleurs. […] Moi, je crois au contraire que loin de nous avoir fait un public, vous avez complètement défait le nôtre ; public bien respectable dont j’ai longtemps brigué les honorables suffrages ; public qui se composait alors d’une grande partie de la jeunesse instruite, de l’élite de la société, d’un grand nombre d’anciens magistrats, d’artistes, de savants qui le soir régulièrement venaient se délasser de leurs graves travaux et chercher de douces émotions ou égayer leur esprit à nos jeux scéniques.
Cela donne confiance et douce joie ; cela est éminemment consolateur. […] Seulement l’un pouvait, d’une douce aventure sans conséquence, tirer un roman immortel. […] Correction pour cause de répétition ; dans son texte il avait douces trois lignes plus bas : « … Et à travers leurs manières douces ». […] France sont immoraux avec une grande naïveté, et l’on se sent pour eux pleins d’une indulgence très douce et cordiale, encore que coupable. […] Filons doux.
Sans sortir d’un même climat, on a remarqué, en Suisse par exemple, que la même langue, douce dans la plaine, s’aspire à mesure qu’on avance dans la montagne. […] On les retrouverait, ces harmonies, dans le doux chroniqueur naïf, comme dans l’aimable fabuliste ; la grâce avec la bonhomie, la finesse avec la crédulité. […] Génie pathétique avant tout, Delacroix n’a presque jamais représenté les affections douces ou tendres. […] L’harmonie bleuâtre de Gainsborough, en contradiction des préceptes de Reynolds, indique une nature tendre et exquise, une âme subtile et douce. […] « Il m’est doux de dormir, et encore plus d’être de marbre.
oui, plus douce, mille fois plus douce ! […] qui verra deux fois ta grâce et ta tendresse, Ange doux et plaintif qui parle en soupirant ? […] L’admiration émue l’enveloppait d’une trop douce flatterie. […] Te voir à Paris, bientôt, me sera plus doux que mes affaires ne me seront embêtantes. […] Il n’y a pas trace dans cette autobiographie d’une amitié d’enfance, d’une de ces douces fraternités d’élection propres à la douzième année.
Alors il ouvre de nouveau la cellule chaste et solitaire où pose, éclairée par une douce lumière, l’angélique figure de Mme de Couaën. […] Pour en secouer l’impression pénible, pour tromper un peu cette fuite précipitée de moi-même et de ma jeunesse, dans la plaine des environs, à plusieurs lieues à l’entour, ou par un ciel voilé d’avril, ayant à la face un petit vent doux et mûrissant, ou par ces jours non moins tièdes et doux d’une automne prolongée, jours immobiles, sans ardeur et sans brise, quand il semble que la menue saison n’ose bouger de peur d’éveiller l’hiver, — j’employais les heures d’après-midi à parcourir à pied de grands espaces ; et, m’enhardissant ainsi en liberté et en solitude, j’essayais de croire que je n’avais jamais été plus avide, plus inépuisable à tous les vœux et à tout l’infini de l’amour. […] Cependant, le temps s’écoulait dans ce doux commerce ; les suppléments demandés n’arrivaient pas. […] Comme chez toutes les nations dont la conquête et le pillage ont épuisé la sève, ses mœurs sont douces, sa physionomie est triste. […] « Ma fin est douce et tranquille : si tu étais là, assis sur le bord de mon lit, avec notre père et Frédéric, j’aurais l’âme brisée, et ne verrais pas venir la mort avec cette résignation et cette sérénité.
Ils viennent danser autour de ses cendres ; ils ont même retenu quelque chose de son langage : tant leur est douce la mémoire de ce Romain qui s’accusait d’être le barbare, parce qu’il n’était pas entendu du Sarmate ! […] » Cela est doux à lire, n’est-ce pas ? […] La simplicité de regard et d’attitude s’accorde heureusement avec cette couleur chaude et mollement dorée qui me semble faite pour traduire les douces pensées du soir. […] Nous avons entendu reprocher à cet éminent artiste sa couleur un peu trop douce et sa lumière presque crépusculaire. […] Rien n’est plus doux que d’admirer, rien n’est plus désagréable que de critiquer.
Et cette douce fille meurt en pardonnant à tout le monde. […] Puis c’est la prière, le doux sommeil de la nuit, le réveil de de l’aurore. […] C’est conté avec agrément, dans une forme naïve et semi-archaïque, avec un doux lyrisme de troubadour et de fins paysages d’Ile-de-France. […] Cette affection assez calme et sans illusions peut leur être douce, mais non pas nous émouvoir bien vivement. […] Il a épousé une femme intelligente et douce, qui respecte son travail.
Il était dans son heureux déclin, dans le plein et doux éclat du soleil couchant. […] La douce émotion que l’on ressent au soir d’une journée bien employée respirait sur ses traits ; notre conversation roulait sur de grands et nobles sujets ; je voyais alors se montrer tout ce que sa nature renfermait de plus élevé, et mon âme s’enflammait à la sienne. […] Toute la maison du poète-philosophe se composait alors de son fils et de sa belle-fille, femme aimable, instruite, douce, qui gouvernait le ménage et qui répandait sur la vie de Goethe la douce sérénité de son âme.
Rousseau s’est fait illusion, en croyant que ce qu’il appelle « le doux coloris de l’innocence » y serait un correctif des « tableaux voluptueux. » Un précepteur qui séduit son élève, une jeune fille « qui se laisse vaincre à l’amour », seront toujours de mauvais professeurs de morale. […] Rousseau n’avait jamais vu un enfant se réconciliant avec ses parents après une faute avouée et pardonnée, ni ses bras jetés autour du cou de sa mère, ni ces douces larmes que lui fait verser sa conscience soulagée ! […] C’est presque au lendemain du jour où il avait manqué au premier et au plus doux des devoirs, qu’il s’éveilla d’un sommeil sans remords, réformateur public de son temps. […] Le plus doux des chrétiens du dix-septième siècle, Nicole, qui recommandait de ne point dédaigner les preuves philosophiques de l’existence de Dieu, eût absous la première partie de la profession de foi du vicaire savoyard.
On y devine quelque chose de doux dans le regard. […] Quelques erreurs ne doivent pas nous empêcher de lui payer un juste tribut d’admiration, de respect et surtout de reconnaissance ; car les hommes lui devront longtemps les doux plaisirs que procurent à une âme jeune encore les premiers regards jetés sur la nature, et les consolations qu’éprouve une âme fatiguée des orages de la vie en reposant sa vue sur l’immensité des êtres paisiblement soumis à des lois éternelles et nécessaires.
Il a fait d’assez jolis vers, doux ou railleurs, mais sans haleine. […] Il marche par les champs, par les vertes prairies, Et de si doux pensers nourrit ses rêveries, Que pour lui les soleils sont toujours trop hâtés.