/ 1876
878. (1927) Des romantiques à nous

La musique de la steppe, ils venaient de la découvrir. […] Un jour je découvris la source d’où elle le tenait par intermédiaire. […] Mon automne, qu’ils n’agitent plus, leur découvre plus de douceur. […] Nous nous découvrions nos peines, nos rêves, nos espérances. […] Je découvrais avec ivresse l’œuvre du géant germanique, dont je n’avais encore rien entendu au théâtre, mais que je dévorais en partitions.

879. (1803) Littérature et critique pp. 133-288

On n’ignore pas que les poèmes attribués au barde Ossian n’ont été découverts que dans ces derniers temps par l’Anglais Macpherson. […] Notre imagination aime surtout ce qu’elle devine, et croit découvrir davantage, quand elle ne voit rien qu’à demi. […] S’il ne pouvait les arrêter, il plantait sa grande croix dans un lieu découvert, et s’allait cacher dans les bois. […] Le temps découvre les imperfections des plus grands héros, et rien ne se dissimule à son tribunal. […] Témoins les deux jeunes enfants Zélandais, qui découvrirent en jouant le télescope.

880. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre II. Le Roman (suite). Thackeray. »

Comme nous savons, lorsqu’elle vient nous rendre visite, découvrir l’occasion d’apprendre à nos amis sa position dans le monde ! […] Elle parle au jeune homme du beau temps qu’il fait et du poudding qu’elle vient de préparer : Pendennis découvre dans ces deux phrases une profondeur d’intelligence étonnante et une majesté d’abnégation surhumaine. […] Il faut s’arrêter ; un volume n’épuiserait pas la liste des perfections que Thackeray découvre dans l’aristocratie anglaise. […] L’auteur laisse de parti pris cent nuances fines qu’il aurait pu découvrir et nous montrer.

881. (1868) Cours familier de littérature. XXV « CLe entretien. Molière »

Elle avait découvert à Villejuif, près de Paris, le jeune Baron, enfant prodige, qui jouait en maître sur son théâtre. Molière le découvrit et voulut se l’attacher. […] Mais Enrique, le père d’Agnès, se découvre et lui fait épouser Horace. […] On ne saurait trop admirer l’adresse avec laquelle Elmire sait en même temps tenir dans le respect le plus audacieux des hommes, et pousser un hypocrite à se montrer à découvert.

882. (1882) Autour de la table (nouv. éd.) pp. 1-376

Emporté par ses propres ailes, il veut aller au hasard, tout tirer de son propre fonds et découvrir tout sans rien chercher. […] Au tremblement du sol, la foule découvrira-t-elle l’abîme du torrent, devinera-t-elle le secret de son cours ? […] Les hommes découvriront autant de sentiment dans mes chants qu’ils verront de sang sur mon visage. […] C’est la pensée et non le cœur qui dévoilera tes voies aux hommes ; c’est par la pensée, non par le cœur, qu’ils découvriront où tu as déposé tes armes. […] Si on lui en faisait reproche et qu’il découvrit en vous l’hypocrisie du beau, comme il disait un jour devant moi, il ergotait avec une verve et une force exubérantes pour vous prouver que le beau n’existe pas.

883. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Histoire de la querelle des anciens et des modernes par M. Hippolyte Rigault — [Introduction] » pp. 132-142

Rigault n’oublie rien, et il découvre chemin faisant beaucoup de choses ; il dessine au passage quantité de figures devant lesquelles on n’est guère accoutumé à s’arrêter, et on emporte l’idée de physionomies nouvelles et distinctes.

884. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) «  Poésies inédites de Mme Desbordes-Valmore  » pp. 405-416

Quant à elle-même, portant et cachant son mal, ce mal, dit-elle, dont on n’ose souffrir, dont on n’ose ni vivre ni mourir, elle découvre tout au fond de son cœur, un jour, qu’il n’y a qu’un remède, un consolateur ; et comme elle a en elle de cette flamme et de cette tendresse qui transportait les Thérèse et les Madeleine, comme elle a sucé la croyance avec le lait, elle regarde enfin là où il faut regarder, et elle s’écriera dans des stances qui se peuvent lire, ce me semble, après certain sermon de Massillon : La couronne effeuillée J’irai, j’irai porter ma couronne effeuillée Au jardin de mon père où revit toute fleur ; J’y répandrai longtemps mon âme agenouillée : Mon père a des secrets pour vaincre la douleur.

885. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Madame Desbordes-Valmore. »

Et ce mot, je ne l’entends pas : Car je suis une faible femme, Je n’ai su qu’aimer et souffrir ; Ma pauvre lyre, c’est mon âme, Et toi seul découvres la flamme D’une lampe qui va mourir… Je suis l’indigente glaneuse Qui d’un peu d’épis oubliés À paré sa gerbe épineuse, Quand ta charité lumineuse Verse du blé pur à mes pieds… Envoyant à M. 

886. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « quelque temps après avoir parlé de casanova, et en abordant le livre des « pèlerins polonais » de mickiewicz. » pp. 512-524

Les poëtes savent les sentiers par instinct ; ils en découvrent sans cesse d’inconnus dans leurs courses buissonnières : per avia solus.

887. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre II. Des tragédies grecques » pp. 95-112

On ne découvre point de nouvelles fables merveilleuses, lorsque la crédulité du vulgaire ne s’y prête plus.

888. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Seconde partie. De l’état actuel des lumières en France, et de leurs progrès futurs — Chapitre IX et dernier. Conclusion » pp. 586-601

comment imposer silence aux sentiments qui vivent en nous, et ne perdre cependant aucune des idées que ces sentiments nous ont fait découvrir ?

889. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — R — Richepin, Jean (1849-1926) »

Il nous le découvre moins dans sa Chanson des gueux, si heureusement renouvelée ces temps-ci par les Soliloques du pauvre, de M. 

890. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre XV. Les jeunes maîtres du roman : Paul Hervieu, Alfred Capus, Jules Renard » pp. 181-195

Même il ne tomba pas à la renverse quand il découvrit un boudoir, comme fit, aux temps qu’il préparait des adolescents au bachot, tel actuel académicien, à monocle aujourd’hui.

891. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XXV. Mort de Jésus. »

M. de Vogüé a découvert, à 76 mètres à l’est de l’emplacement traditionnel du Calvaire, un pan de mur judaïque analogue à celui d’Hébron, qui, s’il appartient à l’enceinte du temps de Jésus, laisserait ledit emplacement traditionnel en dehors de la ville.

892. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre II. Filles à soldats »

Vos indépendances sont heureuses et vous font découvrir des choses bien imprévues, ces « bagatelles », par exemple, qui vous paraissent « fades auprès des alcools d’une conspiration ».

893. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Première Partie. Des Langues Françoise et Latine. — Les traductions. » pp. 125-144

Il en montra la nécéssité, en même temps qu’il en découvrit les obstacles.

894. (1757) Réflexions sur le goût

C’est en se permettant les écarts que le génie enfante les choses sublimes ; permettons de même à la raison de porter au hasard, et quelquefois sans succès, son flambeau sur tous les objets de nos plaisirs, si nous voulons la mettre à portée de découvrir au génie quelque route inconnue.

895. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre X. Mme A. Craven »

C’est la même turlutaine d’événements que dans les dames de cette époque : ce sont des fleurs jetées, par les fenêtres, à de beaux cavaliers, — des bals masqués, — la poésie des femmes qui n’y vont pas et des dramaturges qui y vont trop — des bals masqués où l’épouse masquée est prise pour la maîtresse par le mari infidèle et qui découvre ainsi la catastrophe !

896. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Tallemant des Réaux »

Impossible de le découvrir.

897. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « Th. Carlyle » pp. 243-258

Philarète Chasles, le chercheur de truffes littéraires, avait découvert Carlyle et lui faisait politesse.

898. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Madame de Créqui »

Nous sommes en pleine réalité historique et littéraire, et cette réalité est telle qu’on s’en servira désormais pour confondre le mauvais plaisant de faussaire, en opposant le nu du spirituel, sérieux et ferme visage, maintenant découvert, au masque animé qui traita la Critique, pendant tant d’années, comme Mercure traite Sosie dans l’imbroglio d’Amphitryon.

899. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Alexis de Tocqueville »

Dans les autres fragments, au contraire, dans le Voyage en Sicile, la Course au lac d’Onéida, et surtout les Quinze jours au Désert, plusieurs critiques, parmi lesquels on doit ranger Sainte-Beuve, ont annoncé qu’ils avaient découvert et cueilli un Tocqueville nouveau, à l’imagination rosée, dont personne ne pouvait se douter dans le grave publiciste américain.

900. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XX. M. de Montalembert »

Après avoir tâté ce fier sujet de saint Bernard, qui n’est pas un aérolithe tombé dans l’histoire, mais qui a des racines dans le passé, qu’il faut découvrir, et d’autres racines dans l’avenir, qu’il faut suivre encore, M. de Montalembert, à qui les habitudes oratoires ont ôté le degré d’attention nécessaire pour approfondir un sujet, a laissé là le sien, mais du moins a voulu utiliser les lectures qu’il avait faites pour le traiter.

901. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XXVIII. M. Flourens »

Non, il prit tout simplement et tout brutalement le cerveau, le découvrit, le disséqua, et, sous la pointe de ce scalpel, qui est le seul instrument de vérité pour les matérialistes, il montra que le cerveau était le siège exclusif de l’intelligence ; que l’ablation d’un de ses tubercules déterminait la perte du sens de la vue, mais que l’ablation d’un lobe laissait la sensation et détruisait seulement la perception.

902. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « M. Matter. Swedenborg » pp. 265-280

le sceptique et méthodique Descartes, mademoiselle Antoinette Bourignon, madame Guyon, et, à Londres, Pordage et Jane Leade ; mais il faut insister surtout sur Descartes, à qui Dieu se révéla, le 10 novembre 1619, « au milieu des explosions et des étincelles », pour lui enseigner le chemin de la science, comme il se révéla à Londres à Swedenborg, en avril 1745, pour lui découvrir le vrai sens des textes sacrés.

903. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « MM. Delondre et Caro. Feuchtersleben et ses critiques. — L’Hygiène de l’âme » pp. 329-343

Il avait découvert que l’indécision est un spasme… Oui !

904. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « M. Athanase Renard. Les Philosophes et la Philosophie » pp. 431-446

c’est de découvrir, à travers le bruit que font les sots, à qui le monde appartient, quelque noble esprit ignoré, dédaigné, obscur, et de réclamer pour lui l’attention et le respect auxquels il a droit.

905. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Laurent Pichat »

Qui sait ce qu’on découvrirait Si l’on retrouvait la clé rose ?

906. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Malot et M. Erckmann-Chatrian » pp. 253-266

Malot a cherché et a découvert ?

907. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « Gogol. » pp. 367-380

Ils rêveront peut-être, — s’ils rêvent, — de quelque fantastique Russe nouvellement découvert, un fantastique froid !

908. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Deuxième partie. — Chapitre XXV. Avenir de la poésie lyrique. »

Disons-le même : à cet emploi de sa force, à cette extension graduelle du christianisme et de la civilisation vers nos confins orientaux d’Asie et d’Afrique, est attaché le véritable équilibre du monde, la prédominance glorieuse et durable du génie de l’Europe devant cet immense continent américain qu’elle a découvert et peuplé.

909. (1898) Politiques et moralistes du dix-neuvième siècle. Deuxième série

C’est avec une tranquillité magnifique qu’il affirme que « l’humanité se trompe depuis trois mille ans » et que « SEUL » — c’est lui qui met le mot en grandes majuscules, — il a découvert le secret parfaitement simple qui la rendra en huit jours ce qu’elle doit être et ce que Dieu a voulu qu’elle soit. […] « Il ne faut d’autre effort de génie que d’aller en avant », et l’on découvrira que c’est au minimum sur 100 familles qu’il faut faire l’expérience, laquelle est d’un succès certain. — L’argument semble peu concluant, et l’on ne voit pas trop la concorde, impossible dans de petites associations, naissant tout à coup dans de plus grandes, à une certaine limite fixe, comme une île sortant des flots. […] « Ma raison me dit, ma raison m’affirme, ma raison est arrivée à découvrir… » Il y a une logique à peu près universelle, il n’y a que des raisons absolument individuelles. […] C’est sa seconde patrie qu’il découvre là.

910. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre I. La Renaissance païenne. » pp. 239-403

Voilà le sentiment que nous découvrons encore aujourd’hui dans leurs poésies, chez Greene, Lodge, Jonson, Spenser, Shakspeare, chez Sidney comme chez tous les autres. […] À l’idée d’un baiser, il défaille. « Mon cœur bondissant montera à mes lèvres pour avoir son contentement, pour baiser ces roses parfumées par le miel de la volupté, ces lèvres qui entr’ouvrent leurs rubis pour découvrir des perles296. » Il y a des magnificences orientales dans l’éblouissant sonnet où il demande pourquoi les joues de Stella sont pâlies : « Où sont allées les roses qui ravissaient nos yeux ?  […] Dans tous les arts, les premiers maîtres, les inventeurs découvrent l’idée, s’en pénètrent et lui laissent produire sa forme. […] Vingt fois en le lisant on se frappe la tête et on se demande avec étonnement comment un homme a pu se tourmenter et se guinder ainsi, alambiquer son style, raffiner les raffinements, découvrir des comparaisons si saugrenues. […] Il a indiqué la route et ne l’a point parcourue ; il a enseigné à découvrir les lois naturelles, et n’a découvert aucune loi naturelle.

911. (1829) Tableau de la littérature du moyen âge pp. 1-332

Je ne sais par quelle cause, soit par une tradition de la Chine, venue jusqu’à la foire de Leipsick, soit par l’invention fortuite d’un Allemand, l’imprimerie vient de se découvrir. […] J’avais donc l’espérance de découvrir quelque fragment de cette ancienne langue des Italiens ; mais en vain j’y ai mis tous mes soins ; en vain d’autres ont fait probablement la même recherche. […] On peut y découvrir avec d’anciens rudiments de la langue romane, les premiers indices de quelque indépendance religieuse, depuis la grande invasion du pouvoir pontifical. […] Quelquefois, sous les décombres de ces vieux temps, nous découvrirons des choses éclatantes et neuves ; plus souvent, nous n’y trouverons que des matériaux informes et bruts. […] Vous découvrez l’homme ingénieux du dix-neuvième siècle qui se cache sous les formes naïves du conteur du treizième.

912. (1924) Souvenirs de la vie littéraire. Nouvelle édition augmentée d’une préface-réponse

On découvrait d’immenses pays chaque fois qu’on tournait la page. […] Tout est découvert. […] Il les citait à tout propos et, découvrait-il chez eux quelque beau vers oublié, il en faisait part à tous ses amis.‌ […] Après une perte de 250 francs au baccarat, qui avait précédé un gain de 140 francs, j’ai découvert un Grec. […] Un mot de Taine lui fit découvrir Cournot, qui orienta ses idées vers la philosophie sociale.

913. (1922) Nouvelles pages de critique et de doctrine. Tome I

Il faut croire qu’elle est malaisée à découvrir parmi les sophismes où nous avons grandi, car beaucoup d’intelligences d’aujourd’hui y répugnent encore, par crainte peut-être des conséquences. […] Il a fait plus, il nous a découvert à nous-mêmes nos sensibilités. […] Diderot ne publie même pas le Neveu, qui ne paraît qu’en 1823, découvert par Goethe ! […] Même chez les maîtres les plus incontestés de notre prose, un La Bruyère, un Bossuet, des chipotiers découvriraient des fautes. […] Pour eux, le fait seul existe, indépendamment des circonstances où il a été découvert.

914. (1891) La bataille littéraire. Quatrième série (1887-1888) pp. 1-398

De là le reproche qui nous est fréquemment fait de n’avoir pas découvert ou signalé tel homme déclaré de génie, et qui le plus souvent ne représente qu’un accident littéraire. […] Lui qui vous aime, que vous aimez, vous découvrira la poitrine, vous découvrira les pieds. […] Le premier, il avait découvert la brèche de l’enceinte où l’on risquait le moins de se rompre les os. […] Les phrases restent masquées comme les visages, et c’est heureux, car si chacun se découvrait à cette minute, laissait voir sa pensée du fond, quel désarroi dans l’illustre société ! […] Les autres monts peuvent sinon l’égaler, du moins s’élever à de respectables hauteurs ; mais la nature les a mis au second plan, derrière lui, et ce n’est que le touriste, l’explorateur amant de la montagne qui découvrira leurs beautés.

915. (1862) Notices des œuvres de Shakespeare

Le soleil ne parut point durant six mois, jusqu’à ce qu’enfin les meurtriers ayant été découverts et exécutés, il brilla de nouveau sur la terre, et les champs se couvrirent de fleurs, bien que ce ne fût pas la saison. […] Il lie conversation avec la duègne, qui lui découvre tout, lui vante la constance de son ancienne maîtresse, et prépare la réconciliation qu’achève la vue de Nicuola elle-même. […] Gillette fut trouver la mère de sa rivale, se découvrit à elle et lui promit une forte récompense si elle voulait favoriser ses projets. […] Cependant le roi de Sicile était parvenu à découvrir les traces de son fils. […] Cependant ce qu’il en découvre ne suffit pas encore à la tyrannie de ses volontés ; la bassesse ne va jamais tout à fait aussi loin qu’il l’a conçu, et qu’il a eu besoin de le concevoir : obligé de sacrifier ensuite ce qu’il a d’abord corrompu, il faut que sans cesse il séduise de nouveaux agents pour abattre de nouvelles victimes.

916. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome IV pp. -328

Ils découvrirent sa retraite. […] On avoit découvert, par quelques préparations chymiques, que ce remède renfermoit une propriété purgative. […] Guillaume Harvei, médecin Anglois, la découvrit. […] Plusieurs plagiats, dans le goût de celui qu’on a découvert plus récemment à l’article gravure, sont mis au jour. […] Le docteur cria si fort, qu’il découvrit la mauvaise foi du soutenant.

917. (1923) Paul Valéry

Mais cette Autre, la Parque immémoriale, la réalité d’avant l’individu, et qui ne faisait qu’un avec le monde, elle demeure poétiquement évoquée sur le plein lumineux, où les regards de l’œil éternel ne découvrent que des abstractions — et vision idéale que limite, fragmente, abolit la vision réelle. […] Il semble qu’un soleil se lève, qu’une terre se dessine, et que de vastes épaisseurs d’êtres, de souvenirs, de durée, se découvrent. L’ombre qui m’abandonne, impérissable hostie, Me découvre vermeille à de nouveaux désirs, Sur le terrible autel de tous mes souvenirs. […] L’accent poétique est mis, chez Parménide et chez Lucrèce, sur l’émotion de l’homme qui découvre la vérité. […] Nous nous trouvons des goûts et des dons que nous ne soupçonnions pas en nous ; le musicien devient stratège, le pilote se sent médecin ; et celui dont la vertu se mirait et se respectait elle-même se découvre un Cacus caché et une âme de voleur. » Mais pour le Socrate qui est devenu une réalité, un corps, une technique, il y a manière d’utiliser les Socrates qui demeurèrent Idées, et Valéry, dans son Léonard de Vinci, a rêvé, sous le nom de Léonard, d’un esprit qui aurait laissé coexister le plus grand nombre possible de ces Idées dans sa richesse intérieure.

918. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE CHARRIÈRE » pp. 411-457

Pensez-y un moment, mon cher frère, et vous me direz si vous trouvez autant d’avantage à pouvoir verser notre cœur dans le sein d’un ami, à lui découvrir nos fautes et nos alarmes, à recevoir ses avis et ses consolations, qu’il y a d’amertume à pleurer sa mort ou à compatir à ses souffrances… » Et en post-scriptum ajouté après la mort de son frère : « Il m’a fait éprouver celle de ce premier chagrin. » Mlle de Zuylen lisait et parlait l’anglais, et possédait cette littérature. […] Malgré mes soins sur les lieux, je ne me flatte pas d’avoir tout recueilli ; on en découvrait toujours quelque petit nouveau, inconnu ; la bibliographie de ses œuvres deviendrait une vraie érudition, et s’il y avait aussi bien deux mille ans qu’elle fût morte, ce serait un vrai cas d’Académie des inscriptions que d’en pouvoir dresser une liste exacte et complète228. […] C’est au milieu des sentiments d’une affection exaltée par la reconnaissance, qu’Émilie découvre les désordres de Joséphine.

919. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Gabriel Naudé »

Le chapitre VII, dans lequel il commente à sa guise le conseil d’Aristote, que celui qui veut se réjouir sans tristesse n’a qu’à recourir à la philosophie, nous le montre, au milieu de cette fougue du temps, savourant ce profond plaisir du sceptique qui consiste à voir se jouer à ses pieds l’erreur humaine, et laissant du premier jour échapper ce que, vingt-cinq ans plus tard, il exprimera si énergiquement dans le Mascurat  : « Car, à te dire vrai, Saint-Ange, l’une des plus grandes satisfactions que j’aie en ce monde, est de découvrir, soit par ma lecture, ou par un peu de jugement que Dieu m’a donné, la fausseté et l’absurdité de toutes ces opinions populaires qui entraînent de temps en temps les villes et les provinces entières en des abîmes de folie et d’extravagances. » Aussi quelle pitié pour lui que la Fronde, et que toutes les frondes ! […] Feuilletez ceux que je vous nomme, et vous me direz si vous ne découvrez pas visiblement, dans leurs mots et dans leurs pensées, des esprits verts quoique ridés, des voix sonores et cassées, l’autorité des cheveux blancs, enfin des têtes de vieillards. […] Naudé, qui cite cette épigramme dans la préface de ses Rose-Croix, l’a remise depuis dans son Mascurat, et en a fait la plus jolie page de ce gros in-4° : « La fable ancienne ou moderne dit que le Dieu d’Amour lit présent au Dieu du Silence, Harpocrate, d’une belle fleur de rose, lorsque personne n’en avoit encore vu et qu’elle étoit toute nouvelle, afin qu’il ne découvrît point les secrètes pratiques et conversations de Vénus sa mère ; et que l’on a pris de là occasion de pendre une rose ès chambres où les amis et parents se festinent et se réjouissent, afin que, sous l’assurance que cette rose leur donne que leurs discours ne seront point éventés, ils puissent dire tout ce que bon leur semble. »  — Cette dévotion du silence a encore inspiré à Naudé une jolie épigramme, la seule même assez gracieuse qu’on trouve dans le recueil de ses vers.

920. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCIIIe entretien. Vie du Tasse (3e partie) » pp. 129-224

Tous les écrivains du temps se sont efforcés de découvrir les motifs d’une cruauté si contraire aux sentiments qu’Alphonse avait manifestés jusque-là pour le Tasse : les uns ont aggravé cette cruauté en prétendant que la démence du Tasse était une calomnie et un prétexte ; les autres l’ont attribuée à la découverte des amours du Tasse et de Léonora ; le plus grand nombre, à la crainte que le Tasse libre n’allât porter à quelque autre cour d’Italie la gloire de son génie et la dédicace de son poème. […] « À la vue soudaine d’armes inconnues, ils se troublent et s’effrayent ; mais Herminie les salue, les rassure, découvre ses beaux yeux et sa blonde chevelure : Heureux bergers, leur dit-elle, continuez vos jeux et vos ouvrages ; ces armes ne sont point destinées à troubler vos travaux ni vos chants. […] Il sent trembler sa main, tandis qu’il détache le casque et qu’il découvre le visage du guerrier inconnu : il la voit, il la reconnaît ; il reste sans voix et sans mouvement : ô fatale vue !

921. (1864) Cours familier de littérature. XVII « Ce entretien. Benvenuto Cellini (2e partie) » pp. 233-311

Je jurais après tous ceux qui s’approchaient de moi, je les frappais des pieds et des mains, et je me désolais en disant : J’éprouve quelque trahison, mais je la découvrirai ; et, avant de mourir, je saurai m’en venger. […] « Deux jours après, lorsque mon ouvrage fut bien refroidi, je commençai à le découvrir peu à peu. […] « Cependant, grâces à Dieu, mon Persée fut achevé, et je le découvris tout à fait au public un jeudi matin.

922. (1865) Cours familier de littérature. XX « CXXe entretien. Conversations de Goethe, par Eckermann (2e partie) » pp. 315-400

Vers le sud et le sud-ouest, on découvrait toute la chaîne de montagnes de la forêt de Thuringe ; à l’ouest, au-delà d’Erfurt, le château élevé de Gotha et la cime de l’Inselsberg ; et vers le nord, à l’horizon, les montagnes bleuâtres du Harz. […] On peut encore voir trace de nos noms, mais l’écorce s’est tellement resserrée et gonflée qu’on ne les découvre presque plus. […] Les buissons se sont changés en arbres épais, et c’est à peine si on peut découvrir le magnifique hêtre de notre jeunesse !

923. (1899) Les industriels du roman populaire, suivi de : L’état actuel du roman populaire (enquête) [articles de la Revue des Revues] pp. 1-403

Si nous en croyons l’honorable Jérôme Paturot, qui tâta de cet exercice, quand il s’en fut à la recherche d’une position sociale, il leur tenait à peu près ce langage, dès qu’il pensait découvrir en eux des signes de vocation et des promesses de savoir-faire : « Thèse générale, pour réussir : il faut être apte à cuisiner une sorte de feuilleton de ménage, qui tienne dans la famille sa place quotidienne et son rôle économique, ni plus ni moins que le pot-au-feu. […] Pourtant, ce n’est pas la plus précieuse de la collection, et j’en découvre une autre, qui l’emporte de plusieurs carats. […] Trouver un gîte pour abriter cette espérance, découvrir un homme de lettres en instance d’emploi pour lui donner la vie : l’une et l’autre affaires ne lui demandent pas longtemps.

924. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre X, Prométhée enchaîné »

Il rêvait comme un cauchemar le monde qu’il n’avait pas encore découvert. […] Ce fut dans la crypte d’une vieille basilique de l’Ombrie que le premier bas-relief représentant son histoire fut découvert parmi des sculptures bibliques et des tombeaux de martyrs. […] Par-delà l’étroit horizon qui ceignait le monde, Prométhée a découvert des océans et des continents ignorés ; il a fait entrer des humanités inconnues dans le cercle de ses conquêtes.

925. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre cinquième. Principales idées-forces, leur genèse et leur influence — Chapitre quatrième. L’idée du temps, sa genèse et son action »

Outre les éléments mécaniques et dynamiques, sensitifs et appétitifs, qu’on découvre dans la conception du temps, il y a aussi des éléments logiques, que Spinoza avait entrevus et sur lesquels Taine a principalement insisté dans sa théorie de la mémoire. […] Nous croyons, au contraire, que l’animal peut sentir et commence par sentir sans aucune intuition du successif, comme si tout était simultané ; qu’il peut agir et agit comme en présence de choses toutes actuelles, alors même que ces choses sont de simples images ; qu’il apprend plus tard à reporter ces images dans un milieu différent de l’actuel, dont il fait d’abord la connaissance par l’appétit et le besoin, sous forme de potentiel s’actualisant ; qu’il découvre enfin et conçoit la succession après avoir fait l’expérience répétée d’un certain nombre de sensations et appétitions successives en fait. […] Il est bien vrai qu’il reste dans mon imagination un cadre en apparence vide, une sorte de longue allée déserte, le long de laquelle je conçois que tout va se ranger ; mais c’est là encore le dernier résidu de l’intuition sensible : regardez-y de près, vous y découvrirez une conscience vague de sensations, d’appétitions, de vie et surtout de mouvement.

926. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « III — Bossuet et la France moderne »

Si nous examinons de près leur existence, nous y découvrirons des merveilles. […] Or, je crois avoir découvert le vrai coupable, l’auteur responsable de la violation de l’Édit de Nantes, des Dragonnades, de la Révocation et de l’émigration. […] Je découvre dans cette médaille, un sens qui dut échapper aux hommes d’alors.

927. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE KRÜDNER » pp. 382-410

On le découvrait tout au plus de profil, ou le dos tourné, dans le coin du prochain roman. […] On rapporte (et c’était déjà dans ces années de conversion) qu’un homme distingué qui venait souvent chez elle, épris des charmes de sa fille qui lui ressemblait avec jeunesse, s’ouvrit et parla à la mère, un jour, de l’émotion qu’il découvrait en lui depuis quelque temps, des espérances qu’il n’osait former ; et Mme de Krüdner, à ce discours assez long et assez embarrassé, avait tantôt répondu oui et tantôt gardé le silence ; mais tout d’un coup, à la fin, quand le nom de sa fille fut prononcé, elle s’évanouit : elle avait cru qu’il s’était agi d’elle-même. — Au reste, pour bien entendre, selon la mesure qui convient, ce reste de facilité romanesque chez Mme de Krüdner au début de sa conversion, et aussi la décence toujours conservée au milieu de ses inconséquences du monde, il faut ne pas oublier ce mélange particulier en elle de la légèreté et de la pureté livonienne qui explique tout.

928. (1860) Cours familier de littérature. X « LVIIe entretien. Trois heureuses journées littéraires » pp. 161-221

Ces amours moins vagues et moins éthérés, quoique aussi purs, vous feront découvrir dans votre cœur des fibres plus émues et plus consonantes au cœur humain ; vous descendrez des généralités idéales aux personnalités passionnées de la vie humaine, et, après avoir été un poète d’autel, vous deviendrez un poète de foyer. […] C’est toi qui la première, au sentier du désert, Fis marcher pas à pas mon enfance inquiète, Qui m’as nourri d’un miel dans les bois découvert, Et, dans l’eau du torrent, m’as baptisé poète.

929. (1860) Cours familier de littérature. X « LVIIIe entretien » pp. 223-287

Mais il faut y prendre garde cependant : quand cette confidence mérite d’être divulguée par les lecteurs d’élite, étonnés et charmés de ce qu’ils découvrent d’inattendu dans ces pages, la confidence ne reste pas longtemps un secret entre l’auteur et ses amis ; le public écoute aux portes, l’admiration passe du dedans au dehors par les trous de la serrure, et la France se dit avant qu’on y ait pensé : « J’ai un vrai poète de plus. » IV J’ai subi moi-même cet inconvénient de publicité éclose en une nuit, dans ma jeunesse : complétement inconnu la veille, j’étais célèbre le lendemain. […] Avant le jour suivant, les deux pèlerins, à pas muets, font le tour du château pour découvrir la lueur mourante de la lampe de nuit, à travers les vitres, de leur hôte.

930. (1862) Cours familier de littérature. XIII « LXXVIe entretien. La passion désintéressée du beau dans la littérature et dans l’art. Phidias, par Louis de Ronchaud (1re partie) » pp. 177-240

Quoique encore dans l’âge où rien ne décline dans l’homme, sa tête intelligente a déjà perdu quelques-uns de ces fins cheveux blonds qui, comme des feuilles inutiles, se dispersent avant l’été pour mieux laisser mûrir dans le front découvert ce fruit précoce, la pensée, dans les hommes qui le portent. […] À mesure qu’elle se rétrécit et qu’elle s’élève, on découvre au fond une perspective tout à fait alpestre, qu’on était loin de prévoir en s’y engageant pour remonter le cours de la rivière.

931. (1862) Cours familier de littérature. XIV « LXXXIIIe entretien. Considérations sur un chef-d’œuvre, ou Le danger du génie. Les Misérables, par Victor Hugo (1re partie) » pp. 305-364

Relisons-le pour nous complaire et nous attendrir sur ces amours de deux êtres innocents, dans un jardin redevenu inculte, forêt vierge pour ce couple virginal de la rue Plumet, site que Bernardin de Saint-Pierre est allé chercher à l’île de France pour Virginie, Chateaubriand en Amérique pour Atala, et que Hugo a su découvrir tout fait et peindre en grisaille sans couleurs dans un vil faubourg de Paris, Éden dépaysé dont il est le Milton, le Théocrite, le Bernardin de Saint-Pierre et le Chateaubriand, avec plus de vérité, de larmes, de passions, de couleur et de lumière dorée que ces grands modèles. […] La bergère s’en aperçoit trop tard, lance le chien après les chevreaux pour les ramener dans ses limites ; les gardes, aux ordres de leur chef, se découvrent, tirent sur le troupeau, tuent les chevreaux, cassent une jambe au petit chien, atteignent de grains de plomb égarés les vêtements et le cou de la jeune fille.

932. (1863) Cours familier de littérature. XV « LXXXIXe entretien. De la littérature de l’âme. Journal intime d’une jeune personne. Mlle de Guérin (2e partie) » pp. 321-384

. — En lisant un livre de géologie, j’ai rencontré un éléphant fossile découvert dans la Laponie, et une pirogue déterrée dans l’île des Cygnes, en creusant les fondations du pont des Invalides. […] S’il en laisse voir quelque chose, c’est pour nous apprendre que ce globe est un abîme de malheurs, et que ce qu’on gagne à remuer ses entrailles, c’est d’y découvrir plus de cimetières.

933. (1920) Enquête : Pourquoi aucun des grands poètes de langue française n’est-il du Midi ? (Les Marges)

Il a découvert, dans les éléments, des mines inexplorées dont il a extrait le métal unique de son Vers. […] Jacques Chaumié s’est contenté de dresser un inventaire fort sommaire de la poésie française, sans quoi il lui eût été facile de découvrir des poètes dans le Midi.

934. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 15 décembre 1886. »

… Tu découvriras la caverne de Fafner et tu t’empareras de son trésor. […] Quelques lignes seulement, dans lesquelles Wagner dit qu’il a découvert que même dans l’amour entre les sexes « on peut trouver le chemin du salut, c’est-à-dire de la négation de la volonté de vivre. » Il se flatte ainsi de pouvoir expliquer ce qui était pour Schopenhauer un sujet d’étonnement : le fait qu’on voit fréquemment des amants dont le sort rend l’union difficile, se donner ensemble la mort et mettre ainsi une fin au plus grand bonheur imaginable, plutôt que de recourir aux moyens les plus désespérés et que de supporter toutes les misères afin de rester unis le plus longtemps possible. — Dans une note on nous apprend que ce fragment de lettre date de l’époque de Tristan.

935. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — CHAPITRE VI »

Le dénouement, c’est le châtiment de maître Guérin, jugé, condamné et exécuté par son fils, qui découvre en lui l’usurier abrité sous le nom de Brenu. […] S’il se débraille, il se découvre ; son masque ne doit pas avoir de défaut.

936. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Alexandre Dumas fils — Chapitre X »

Alexandre Dumas vient de découvrir avec tant d’éclat, une lune sociale aussi changeante, que la lune visible et qui tourne, comme elle, autour d’un monde supérieur, en réverbérant péniblement sa lumière. […] Les défauts échappaient, dans le bruit et le rayonnement du premier succès, et il fallait de l’attention pour les découvrir.

937. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre troisième. Le souvenir. Son rapport à l’appétit et au mouvement. — Chapitre premier. La sélection et la conservation des idées dans leur relation à l’appétit et au mouvement. »

Double merveille qui, si on parvenait à en découvrir le secret, nous livrerait sans doute le secret de l’esprit même. […] J’ai senti la chaleur, le battement du sang, le mouvement qui traverse de part en part comme un trait, enfin un léger élancement douloureux, à tel point que je me suis demandé si j’avais découvert un mal de dents sourd qui préexistait ou si j’avais moi-même réveillé la douleur endormie.

938. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre sixième. La volonté — Chapitre deuxième. Le développement de la volonté »

Nous sommes des raisonneurs à outrance, et nous avons l’habitude de « maximiser » tous nos actes : c’est-à-dire que nous découvrons toujours quelque maxime générale dont nous présentons notre acte comme conséquence. […] Dans la collection je prends la raison la plus vraisemblable et, si l’on est surpris de me rencontrer, je réponds avec la plus grande sincérité : « On étouffait dans la maison ; j’ai voulu voir mes roses. » Encore bien moins l’hypnotisée sait-elle d’où lui vient l’idée d’aller trouver son docteur tel jour à telle heure précise ; cependant, en vertu d’une suggestion à longue échéance, elle y va et elle découvre à cette démarche les raisons les plus plausibles : — Il y a longtemps que je ne vous ai vu ; j’ai voulu vous demander de vos nouvelles, vous donner des miennes, vous consulter. — La suggestion hynoptique ne peut exciter à un acte sans susciter la tendance à expliquer cet acte par des raisons ; l’initiative du sujet trouve ensuite telles raisons déterminées.

939. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1883 » pp. 236-282

Au temps de la jeunesse du peintre, je l’avais trouvé insupportable, plus tard, et surtout depuis quelque années, où je dînais avec lui chez Sichel, j’avais découvert sous l’enveloppe balourde et grossière de l’homme, un loyal garçon. […] Le portrait n’est pas de La Tour, mais au milieu d’un fouillis de choses, je découvre chez le docteur, un petit chef-d’œuvre d’un des grands sculpteurs du xviiie  siècle, dont le nom retrouvé par moi dans un catalogue, m’est sorti de la mémoire.

940. (1899) Esthétique de la langue française « Esthétique de la langue française — La déformation  »

On découvrirait alors que fusiniste et ornemaniste, par exemple, étant des formations orales, apparues à une époque où la langue prononce identiquement in et ain, an et ent, ne pouvaient prendre, en se dérivant, une prononciation que ne contiennent pas leurs radicaux ; l’aspect de ces deux mots décèle leur origine, qui est récente et populaire. […] Rien ne peut mieux réussir à en préserver le Public, que quelque Ouvrage qui en fasse sentir le ridicule : et pour cela il n’y a autre chose à faire que de lui présenter, dans un Extrait fidèle, toutes ces phrases vuides et alambiquées, dont les nouveaux Scudéris de notre temps ont farci leurs ouvrages, même les plus sérieux. » On n’est pas très surpris en lisant ce dictionnaire d’y trouver voués à la réprobation des honnêtes gens des mots tels que : Agreste, amplitude, arbitraire, assouplir, avenant ; « aviser, pour dire découvrir de loin, est un mot bas et de la lie du peuple » ; broderie, coûteux, coutumier, découdre défricher, sont tenus pour des termes incompatibles avec la littérature, et on rejette encore : détresse, émaillé, enhardir, équipée, germe, geste, etc.

941. (1886) Quelques écrivains français. Flaubert, Zola, Hugo, Goncourt, Huysmans, etc. « Victor Hugo » pp. 106-155

S’il s’efforce de discerner la loi de ces développements, et la cause de cette opulence, s’il tente de classer les idées d’un alinéa*, les aspects d’une description, les traits d’une physionomie et les phases d’une œuvre, il découvrira aussitôt que la principale habitude de style et de composition chez M.  […] Il arrive que sous l’impérieux flux de paroles l’on découvre le cours mince et lent de la pensée, le pauvre motif de certains passages de bravoure, la psychologie rudimentaire des personnages, l’impuissance des descriptions à montrer les choses ; l’humanité et le monde réels presque exclus de cent mille vers et de cent mille lignes, tout ce dénûment du fond sous la luxuriance de la forme font de l’œuvre du poète un ensemble hérissé et creux, analogue au faisceau massif de tours qu’une cathédrale érige sur une nef vide.

942. (1857) Cours familier de littérature. III « XVe entretien. Épisode » pp. 161-239

Mais cette première impression toute sensuelle épuisée, je glissai bien vite dans les impressions plus intimes et plus pénétrantes de la mémoire et du cœur ; elles me poignirent, et je ne pus les supporter à visage découvert, bien qu’il n’y eût là, et bien loin tout alentour, que mes chiens, ma jument, les arbres, les herbes, le ciel, le soleil et le vent : c’était trop encore pour que je leur dévoilasse sans ombre l’abîme de pensées, de mémoires, d’images, de délices et de mélancolie, de vie et de mort dans lequel la vue de cette vallée et de cette demeure submergeait mon front. […] Chaque pas de mon cheval, en descendant des montagnes, me découvrait un pan de plus de la vallée, du village, des hameaux enfouis sous les noyers, de mes jardins, de mes vergers, de ma maison ; mon œil s’éblouissait et s’humectait de reconnaissance en reconnaissance.

943. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Notes et éclaircissements. [Œuvres complètes, tome XIII] »

On voulait achever le Louvre, faire venir des eaux, découvrir les quais de la Cité, etc. etc. […] plus on le lit, et plus on lui découvre un talent unique, soutenu par toutes les finesses de l’art : en un mot, s’il y a quelque chose sur la terre qui approche de la perfection, c’est Jean. » (Ibid.

944. (1895) Les règles de la méthode sociologique « Chapitre II : Règles relatives à l’observation des faits sociaux »

Ce n’est donc pas en les élaborant, de quelque manière qu’on s’y prenne, que l’on arrivera jamais à découvrir les lois de la réalité. […] Mais il n’importe ; car il ne s’agit pas simplement de découvrir un moyen qui nous permette de retrouver assez sûrement les faits auxquels s’appliquent les mots de la langue courante et les idées qu’ils traduisent.

945. (1913) La Fontaine « V. Le conteur — le touriste. »

Comme la ville va en montant [très exact], on la découvre quasi tout entière. […] Du reste, ne m’en demandez rien de particulier, car, pour parler franchement, je l’entretins peu, et de choses indifférentes ; bien résolu, si nous eussions fait un plus long séjour à Châtellerault, de la tourner de tant de côtés que j’aurais découvert ce qu’elle a dans l’âme, et si elle est capable d’une passion secrète.

/ 1876