C’est le caractère et la gloire de la science moderne d’arriver aux plus hauts résultats par la plus scrupuleuse expérimentation et d’atteindre les lois les plus élevées de la nature, la main posée sur ses appareils. […] Et ne dites pas que celui qui sera arrivé à ce résultat tout négatif aura perdu sa peine. […] Ce fut par d’informes traductions qu’Anquetil-Duperron aborda la littérature zende, comme, au Moyen Âge, ce fut par des versions arabes très imparfaites que la plupart des auteurs scientifiques de la Grèce arrivèrent d’abord à la connaissance de l’Occident. […] Un jour, ma mère et moi, en faisant un petit voyage à travers ces sentiers pierreux des côtes de Bretagne qui laissent à tous ceux qui les ont foulés de si doux souvenirs, nous arrivâmes à une église de hameau, entourée, selon l’usage, du cimetière, et nous nous y reposâmes.
Je suis certain que, doué comme il l’était d’une force originale et d’un génie propre, même en débutant plus simplement et sans viser tant à se singulariser, il fût bientôt arrivé à se distinguer manifestement des poètes dont il repoussait le voisinage, et dont le caractère sentimental et mélancolique, solennel et grave, était si différent du sien. […] M. de Musset n’échappera point à ce destin, dont il n’aura peut-être pas tant à se plaindre ; car il y a de lui des accents qui iront d’autant plus loin, on peut le croire, et qui perceront d’autant mieux les temps, qu’ils y arriveront sans accompagnement et sans mélange. […] Ce n’est pas au moment où M. de Musset s’élevait le plus haut que cette vogue mondaine s’est déclarée ; elle n’est venue qu’après, comme il arrive d’ordinaire, mais elle existe. […] Le goût de M. de Musset est arrivé à la maturité, et il serait beau à son talent de servir désormais son goût et de ne plus se permettre de faiblesses.
Ce n’est que graduellement, et par une étude de plus en plus délicate, qu’on est arrivé à bien savoir, non seulement les circonstances et les faits littéraires des diverses époques, mais à en sentir le style et à le respecter. […] Walckenaer n’eût aucun souci de ce qu’on appelle proprement style ; il lui arrivait quelquefois de s’en préoccuper, et il y a de lui telle page où il a visé évidemment au tableau. […] En voulant vérifier ses notes, il lui arrivait d’y introduire des confusions légères. […] Lorsqu’il publia en 1845 son excellente et louable édition (la première complète) de La Bruyère, il lui arriva de commettre un certain nombre de ces distractions qu’un bibliophile instruit, M.
L’histoire, plus libre, moins préoccupée d’arriver à une conclusion dogmatique, sera moins tentée d’altérer le caractère des doctrines ; et la philosophie, moins subordonnée à l’histoire, sera plus portée à des recherches nouvelles et approfondies. […] C’est par là que l’histoire elle-même peut se plier à cette loi d’Aristote : « la science ne s’occupe que du général. » Il est arrivé pour l’histoire ce qui est arrivé pour la science : elle s’est démembrée, elle s’est divisée en chapitres particuliers, qui sont devenus des sciences distinctes. […] A la sèche histoire du moyen âge, à la chronique conteuse et naïve de Joinville et de Froissart ont succédé d’abord les grandes imitations de l’antiquité, à savoir les récits oratoires et politiques ; puis on est arrivé à penser que les événements intérieurs de la vie d’un peuple ont un intérêt non moins grand que les événements plus palpables de la politique et de la guerre.
Voilà précisément ce qui est arrivé à l’image de Stendhal sur la cristallisation, autour de laquelle cristallisent elles-mêmes toutes les facettes du Livre de l’amour. […] Delacroix a écrit un livre fort intelligent, mais la richesse psychologique de Stendhal est telle qu’arrivé à la fin de ce livre on le voudrait au moins doublé pour qu’il répondît à son titre. […] L’amour parfait arrive à noyer les instants de la possession charnelle dans une telle constance et une telle habitude de possession générale qu’ils cessent presque d’être des instants privilégiés, et ne participent plus qu’à ce privilège général d’une vie nombreuse, élastique et tendue, qu’ils relient ces « conversations » tout autant que ces conversations les relient. […] Pour arriver à cette pacification il n’y aurait qu’à suivre sur un plan plus large le rythme même du livre de M.
Je me rappelle dans quelle situation douloureuse d’esprit et d’âme j’ai fait Joseph Delorme, et je suis encore étonné, quand il m’arrive (ce qui m’arrive rarement) de rouvrir ce petit volume, de ce que j’ai osé y dire, y exprimer.
Qu’arrivera-t-il autrement ? […] Ses Mémoires venaient de paraître ; arrivèrent en foule à l’hôtel les félicitations empressées et curieuses ; on cherche madame de Genlis.
Nous pouvons craindre des fatalitez du même genre que celles qui arrivent à Pyrrhus dans l’Andromaque de Racine, mais non de commettre des crimes aussi noirs que le sont ceux de Narcisse dans Britannicus. […] Il ne lui arrive rien dans la catastrophe que nous ne lui aïons souhaité plusieurs fois durant le cours de la piece, et nous applaudissons alors au ciel qui justifie enfin sa lenteur à punir.
Section 28, du temps où les poëmes et les tableaux sont apprétiez à leur juste valeur Enfin le temps arrive où le public apprétie un ouvrage non plus sur le rapport des gens du métier, mais suivant l’impression que fait cet ouvrage. […] Mais, comme je l’ai déja dit, la chose n’arrive point, et je ne pense pas qu’on puisse me citer une seule piece françoise rejettée par le public lorsqu’il la vit dans sa nouveauté, laquelle le public ait trouvée bonne dans la suite, et quand les conjonctures qui l’auroient fait tomber auroient été changées.
Ainsi, il pourrait arriver qu’on nous accusât d’avoir voulu absoudre le crime, sous prétexte que nous en faisons un phénomène de sociologie normale. […] Il arrive sans cesse qu’une chose, tout en étant nuisible par certaines de ses conséquences, soit, par d’autres, utile ou même nécessaire à la vie ; or, si les mauvais effets qu’elle a sont régulièrement neutralisés par une influence contraire, il se trouve en fait qu’elle sert sans nuire, et cependant elle est toujours haïssable, car elle ne laisse pas de constituer par elle-même un danger éventuel qui n’est conjuré que par l’action d’une force antagoniste.
« Longtemps la gloire fugitive Semble tromper leur noble orgueil ; La gloire enfin pour eux arrive, Et toujours sa palme tardive Croît plus belle au pied d’un cercueil. […] Celui qui, dans ce temps-là, sur les ruines des temples du christianisme, en rappelait l’ancienne gloire, eût-il pu deviner qu’à peine arrivé au terme de son travail, il verrait se rouvrir ces mêmes temples sous les auspices d’un grand homme ? […] « Ce n’est pas toujours en troupes que ces oiseaux visitent nos demeures : quelquefois deux beaux étrangers, aussi blancs que la neige, arrivent avec les frimas : ils descendent, au milieu des bruyères, dans un lieu découvert, et dont on ne peut approcher sans être aperçu ; après quelques heures de repos, ils remontent sur les nuages. […] Le père Souël ne tarda pas à arriver au rendez-vous. […] « On m’accuse d’avoir des goûts inconstants, de ne pouvoir jouir longtemps de la même chimère, d’être la proie d’une imagination qui se hâte d’arriver au fond de mes plaisirs, comme si elle était accablée de leur durée ; on m’accuse de passer toujours le but que je puis atteindre : hélas !
Dans la correspondance de Chateaubriand, ce nom de Marcellus revient souvent, et aussi dans le journal d’Alexandrine d’Alopens (Mme Albert de La Ferronnays). » Quand j’ai reçu cette lettre, je venais d’arriver, en feuilletant le Bouillet, aux mêmes conclusions. […] J’ai peur de m’être, à moi-même, mon ami le plus cher, c’est-à-dire d’être comme tout le monde ; or il m’arrive assez souvent, je vous assure, de mêler de l’ironie aux jugements intimes que je porte sur moi. […] Quand elles arrivent, l’île est en pleine révolte, les plantations incendiées par les noirs, le cousin disparu. […] Un jour elle s’intéresse à un jeune forçat repentant, arrive à le tirer du bagne, fait une quête pour lui. […] Nous prenions quelque livre latin, qu’elle devinait encore mieux qu’elle ne le comprenait, et elle arrivait comme l’abeille à saisir aussitôt le miel dans le buisson.
Marguerite arrive, pâle comme une morte, au bras de M. de Varville, et, juste ciel ! […] Cette question de budget, où l’honneur d’un homme est en jeu, n’est point suffisamment résolue par son abandon d’une rente provenant de la fortune de sa mère : la donation arrive trop tard et n’aboutit pas. […] Cependant, arrive un de ses amis de collège, M. […] Cependant, arrive son mari qui part pour la chasse et vient prendre congé d’elle. […] Aussi bien Paul Aubry, qui l’a suivie à perdre haleine sur les grands chemins, arrive tout exprès pour attiser son délire.
J’arrive aux fables que j’ai appelées « les fables naturistes ». […] L’aube du jour arrive, et d’amis point du tout. […] Et maintenant, j’arrive à mes conclusions sur La Fontaine. […] Ce n’est pas ce qui lui est arrivé cette année, je sais bien… Tant mieux pour lui ! […] Vous pensiez voir arriver le mot de raison parce qu’on a toujours dit : le classicisme c’est la raison !
Ils font mouvoir alors une pièce de leur propre jeu, et ainsi, jouant « à l’aveugle », se représentant mentalement à tout moment les positions respectives de toutes les pièces sur tous les échiquiers, ils arrivent à gagner, souvent contre d’habiles joueurs, les parties simultanées. […] Elles se présentaient surtout comme indiquant une certaine direction d’effort à suivre pour arriver à l’articulation du nom cherché. […] Si nous n’y arrivons pas, c’est à une autre représentation schématique que nous nous transportons. […] On travaille sur un schéma du tout, et le résultat est obtenu quand on arrive à une image distincte des éléments. […] Le schéma de la danse n’arrive pas du premier coup à se remplir des images appropriées.
Il n’est presque rien arrivé à Goethe ; il lui est arrivé ce qui arrive au plus obscur d’entre nous. […] C’est ce qui n’arrive jamais à Flaubert. […] Et c’est ce qui arrive aujourd’hui pour Ernest Renan. […] La chose arrivera toujours à ceux qui sont exclusivement et souverainement observateurs. […] Savez-vous ce qui arrive dans ces unions disproportionnées ?
Cela arrive, car la philosophie, elle aussi, a ses scribes et ses pharisiens. […] Mais grand est son embarras quand elle arrive à l’esprit. […] Comparaisons et métaphores suggéreront ici ce qu’on n’arrivera pas à exprimer. […] Pourquoi, étant plus détaché de la réalité, arrive-t-il à y voir plus de choses ? […] J’arrive alors au second point, qui est très voisin du premier.
Rien de tout cela n’est arrivé. […] Arrivés à l’abstraction, ils se sont encore, au cours des âges, phonétiquement rétrécis. […] On est même arrivé à faire la synthèse de corps dont on ignorait la composition exacte. […] Cela arrive aux hommes, car les femmes jalouses avec excès ne sont pas rares. […] Il arrive donc que le joueur se surestime constamment, et avec une parfaite bonne foi.
Tel est le mécanisme de l’opération par laquelle notre esprit abolit un objet et arrive à se représenter, dans le monde extérieur, un néant partiel. […] Arrivons au premier. […] Il n’y arrivera pourtant pas encore. […] Mais, puisque j’applique la même méthode, j’arrive au même résultat ; une troisième vue va simplement s’intercaler entre les deux autres. […] Il a pu arriver accidentellement aux anciens d’expérimenter en vue de mesurer, comme aussi de découvrir une loi qui énonçât une relation constante entre des grandeurs.
Si j’ai désiré quelque chose vivement (ce qui ne m’arrive plus guère), c’est qu’il lance ce nouvel acte dans le public qui l’idolâtre, comme un tison infernal, tout fumant et tout brûlant, et qu’il ne laisse dans l’esprit des spectateurs, à la fin de la pièce, que la coupe, l’urne, le spectre, Shakespeare, le Dante et Talma. […] Il commençait à faire nuit quand je suis arrivé… Nous sommes revenus pied par le bois de Boulogne. […] Ducis, qui n’avait pas pu venir dîner, est arrivé… Il n’apercevait d’abord que moi, et il s’avançait vers moi pour m’embrasser, mais reconnaissant successivement M. […] Elle a été avertir son mari qui est arrivé en bonnet de coton. […] Ducis qui est juge au tribunal et qui demeure avec lui est arrivé.
En 1760, au Grandval, chez le baron d’Holbach, partagé entre la société la plus séduisante et les travaux de philosophie ancienne qu’il rédigeait pour l’Encyclopédie, ces circonstances d’autrefois lui revenaient à l’esprit avec larmes ; il remontait par la rêverie le cours de sa triste et tortueuse compatriote, la Marne, qu’il retrouvait là, sous ses yeux, au pied des coteaux de Chenevières et de Champigny ; son cœur nageait dans les souvenirs, et il écrivait à son amie, mademoiselle Voland : « Un des moments les plus doux de ma vie, ce fut, il y a plus de trente ans, et je m’en souviens comme d’hier, lorsque mon père me vit arriver du collège, les bras chargés des prix que j’avais remportés, et les épaules chargées des couronnes qu’on m’avait décernées, et qui, trop larges pour mon front, avaient laissé passer ma tête. […] A la manière dont Diderot sentait la nature extérieure, la nature pour ainsi dire naturelle, celle que les expériences des savants n’ont pas encore torturée et falsifiée, les bois, les eaux, la douceur des champs, l’harmonie du ciel et les impressions qui en arrivent au cœur, il devait être profondément religieux par organisation, car nul n’était plus sympathique et plus ouvert à la vie universelle. […] Sa vie bienfaisante, pleine de bons conseils et de bonnes œuvres, dut lui être d’un grand apaisement intérieur ; et toutefois peut-être, à de certains moments, il lui arrivait de se redire cette parole de son vieux père : « Mon fils, mon fils, c’est un bon oreiller que celui de la raison ; mais je trouve que ma tête repose plus doucement encore sur celui de la religion et des lois. » — Il mourut en juillet 178491. […] Tous les chemins et tous les sentiers se terminent à ces précipices, à l’exception d’un seul, mais très-étroit et très-difficile à reconnoître, qui aboutit à un pont par lequel on évite le torrent de feu et l’on arrive à un lieu de sûreté et de lumière… Il y a dans cette île un nombre infini d’hommes à qui l’on commande de marcher incessamment. […] Ainsi ils arrivent insensiblement vers le bord du précipice, d’où ils sont emportés dans ce torrent de feu qui les engloutit pour jamais.
Il y a eu des degrés toutefois ; ce même Homère, de qui nous tenons l’adieu du vieux Pélée donnant à son fils cette royale leçon de prééminence et d’excellence généreuse, nous représente Achille dans sa tente, au moment où les envoyés des Grecs arrivent pour le fléchir, surpris par eux une lyre à la main et tandis qu’il s’enchante le cœur à célébrer la gloire des anciens héros. […] Quand on lit de suite et tout d’une haleine cette série d’épîtres plates, de rondeaux alambiqués et amphigouriques, et qu’on tombe sur quelque dizain vif et bien tourné, on est surpris, on est réjoui ; mais il arrive le plus souvent que l’éditeur est oblige de nous avertir qu’il se rencontre quelque chose de pareil dans les œuvres de Marot ou de Saint-Gelais. […] Ce qui arrive lorsque, lisant des vers de roi et de prince et les trouvant agréables, on se dit involontairement : « Mais n’y a-t-il point là un secrétaire-poëte caché derrière ? […] On était bien loin d’agir ainsi dans une pensée de plagiat ; mais la lecture, la science, semblait alors une si grande chose, qu’elle se confondait avec l’invention ; tout ce qui arrivait par là était de bonne prise. […] Grosley a déjà très-bien remarqué que ce Larivey, sous son air champenois, fils naturel d’un des Giunti, fameux imprimeurs italiens, avait tourné et comme parodié en français le nom de son père (l’arrivé, advena).
Vieillards enfin arrivés au terme « du long espoir et des vastes pensées », le fabuliste nous aide à nous souvenir. […] Les événements y sont plus réduits, les passions s’y précipitent plus vite, les discours y sont moins longs ; mais cette loi du drame, qui, par des routes plus ou moins détournées, fait arriver chacun à ce qu’il a mérité, y est observée exactement, et l’on goûte à la fois un plaisir de surprise en la voyant contrariée, un plaisir de raison quand elle s’accomplit. […] Pour arriver à sa vraie pensée, pour se trouver lui-même, il fallait que le goût vînt lui donner du doute sur ce qu’il avait écrit dans cette première faveur de l’esprit pour ce qu’il vient de produire. Voilà une bien illustre preuve que nous n’arrivons au naturel que par le travail. […] L’antiquité même de cette langue, la difficulté d’arriver au sens ôte le sel aux plus piquants ; c’est un plaisir de savant, trop indirect pour être dangereux.
On peut rêver qu’une de ces évolutions arrive à dominer, organiser le monde, le spiritualiser, ce qui est un autre mot pour la même chose, et selon la loi d’évanescence, le conduire au non-être. […] En partant du monde ou de la société, nous en arrivons à ne considérer dans l’individu que sa qualité d’élément cosmique ou d’élément social. […] Et chacun y arrive plus ou moins, et quelques-uns transforment sensiblement à leur image le milieu qui les entoure. […] C’est un mensonge avec lequel on ne cherche pas toujours à tromper, encore que l’on y arrive souvent. […] Il se borne trop à en changer le vernis et la couleur, et se flatte trop aisément d’être arrivé à la béquille idéale, à la béquille éternelle en méprisant les béquilles à la vieille mode qui ont jadis soutenu ses ancêtres.
Je suppose que tout homme que je vois pour la première fois doit être un homme de mérite et un homme de bien, sauf à changer d’avis (ce qui m’arrive souvent) si les faits m’y forcent. […] J’ai renoncé depuis longtemps à l’omnibus ; les conducteurs arrivaient à me prendre pour un voyageur sans sérieux. […] Il m’est arrivé fréquemment, écrivant une lettre, de m’arrêter pour tourner en propos général les idées qui me venaient. […] Si les gens de goût me reprochent de m’être montré fils de mon siècle en prétendant ne pas l’être, je les prie d’être bien persuadés au moins que cela ne m’arrivera plus. […] Tout arrive, les quaternes comme le reste.
Mme Plessy est en brûleuse de maison ; Provost arrive en retard, plié en deux par un rhumatisme ; l’amoureux, tout emmitouflé, joue enfoui dans un cache-nez, et les acteurs, tout en faisant le geste d’ôter leur chapeau, le gardent… Quelque chose de bourgeoisement fantomatique. […] J’y vois l’image d’un monsieur et d’une dame dans leur lit, la conjonction corporelle par-dessus les blonds petits cheveux de l’enfant ; et l’enfant arrive à me faire l’effet d’un phallus dessiné sur les murs. […] Et après des gros mots des uns et des autres contre l’Église, il arrive que quelqu’un cite cette parole de Montrond, le viveur, l’ami de Talleyrand, auquel un prêtre demandait à son lit de mort, s’il avait blasphémé l’Église : « Monsieur le curé, j’ai toujours vécu dans la bonne compagnie ! […] » * * * — Pour arriver il faut enterrer deux générations, celle de ses professeurs et celle de ses amis de collège : la génération qui vous a précédé et la vôtre. […] * * * — Dans cette concurrence des falsifications, on arrivera, peut-être avant cent ans, à désigner du doigt dans la société un homme qui aura mangé, une fois dans sa vie, de la viande, de la vraie viande venant d’un vrai bœuf.
Vous verrez à quel point il y a là une sorte de passion, c’est bien le mot, une sorte de complaisance attendrie, de complaisance amoureuse (je voulais éviter le mot et j’y arrive) pour les jouissances délicates et profondes de la solitude. […] Il est clair comme le jour, ainsi que cela arrive souvent — non, cela n’arrive qu’aux gens d’esprit, et par conséquent cela n’arrive pas très souvent mais comme il arrive quelquefois, qu’il profitait de ce travers. […] Remarquez qu’il arrive quelquefois que l’immoraliste est plus moral que l’amoraliste.
Et en attendant ce jour, et même s’il n’arrive jamais, ne sait-on pas qu’il existe des esprits, en grand nombre, qui se penchent d’eux-mêmes, sans aucune préoccupation personnelle, vers la souffrance et vers la misère, et qui cherchent des devoirs à remplir comme d’autres des joies à prendre ? […] Et, sans doute, il arrivera que ces croquis auront été faits et multipliés en vue d’une œuvre déterminée, mais le contraire est la loi commune. […] N’est-ce pas évident, quand le romancier entreprend, comme il est si souvent arrivé, de raconter sa propre histoire et, plus spécialement, son enfance ? […] Alors la lettre arrive, la lettre qu’on n’attendait plus et qui appelle la femme à Paris, dans ce monde de la richesse, des cadeaux, du bien-être, des rubans de soie, des dentelles, dont on parle si souvent dans le bourg. […] Leur vie grandissante emplit la maison, comme les enfants arrivés à l’âge d’hommes.
C’est ce qui arrive sur-tout à l’égard du plan. Le génie Anglois est un coursier fougueux, mais indompté : il franchit souvent la carriere lorsqu’il ne faudroit que la fournir ; & s’il se retrouve quelquefois au but, on ignore trop souvent par quelle route il y est arrivé. […] Ce fut pourtant ce qui arriva. […] Il peut arriver aussi que, même dans l’âge mûr, l’esprit ait ses indigestions, ses dégoûts : rien n’empêche alors qu’il ne prenne quelques doses de Roman, par régime. […] Il faut, lorsqu’on arrive au terme, pouvoir se rappeller la route qu’on a suivie ; mais il ne faut pas qu’on puisse entrevoir le terme, du milieu de la route.
Au xiiie siècle, au siècle d’Albert le Grand, arrivent les grandes encyclopédies, où s’amassent et s’organisent tous les éléments de la science d’alors. […] Mais on devra arriver, dans la voie des recherches que je sollicite, à fixer avec plus de précision les circonstances et l’origine des inventions mémorables en astronomie, en agriculture, en art militaire, qui ont changé la face de la science et de la société. — L’emploi de la vapeur dans les machines se voit au xvie siècle : en sera-t-il fait mention quelque part auparavant ? […] Enfin, en lisant la description fidèle que Jean de Salisbury nous donne de l’état de l’enseignement à Paris au milieu du xiie siècle, de la multitude des maîtres et de la diversité des opinions, il est impossible de ne pas espérer qu’avec des recherches patientes et bien dirigées, on arriverait à retrouver beaucoup de choses précieuses et nouvelles.
Il arrivera, je le crois, une époque quelconque, où des législateurs philosophes donneront une attention sérieuse à l’éducation que les femmes doivent recevoir, aux lois civiles qui les protègent, aux devoirs qu’il faut leur imposer, au bonheur qui peut leur être garanti ; mais, dans l’état actuel, elles ne sont, pour la plupart, ni dans l’ordre de la nature, ni dans l’ordre de la société. […] Il est arrivé ce qui s’applique à tout dans la disposition actuelle des esprits : on croit toujours que ce sont les lumières qui font le mal, et l’on veut le réparer en faisant rétrograder la raison. […] Si, pour comble de malheur, c’était au milieu des dissensions politiques qu’une femme acquit une célébrité remarquable, on croirait son influence sans bornes alors même qu’elle n’en exercerait aucune ; on l’accuserait de toutes les actions de ses amis ; on la haïrait pour tout ce qu’elle aime, et l’on attaquerait d’abord l’objet sans défense avant d’arriver à ceux que l’on pourrait encore redouter.
On croit être bref quand on dit : « J’arrivai à la maison ; j’appelai le portier ; il me répondit ; je demandai après son maître ; il me dit qu’il était sorti. […] Par là on arrivera à la vraisemblance. […] Aussi, quand de l’armée arrivèrent les détails de sa mort, quand affluèrent les renseignements des témoins oculaires, Mme de Sévigné, lisant, écoutant tout avec émotion, coordonnant les détails dans son esprit si net, dressant toutes les circonstances dans son imagination si vive, ne fit que décrire à sa fille la vision intérieure qu’elle avait du fait en ses moindres particularités.
Et, en effet, pour Charles Weiss, comme pour le siècle dont il est le fils, le mal produit par la révocation de l’Édit de Nantes a été le plus grand mal qui puisse arriver à un gouvernement ou à un peuple ; et savez-vous pourquoi ? […] Or, pourquoi n’arriverait-il pas un jour à propos de la révocation de l’Édit de Nantes ce qui est arrivé à propos de cette grande affaire de la succession d’Espagne, dans laquelle Louis XIV apparaît si grand et si pur ?
Arriver au point juste en toutes choses, diminuer l’hyperbole, diminuer le quelque chose d’énorme que Diderot nous donnait pour la définition de la poésie, et qui n’est la poésie que pour des enfants ou pour Diderot tombé en enfance sous la pression de son matérialisme grossier ; voir clair, — expression charmante pour dire la seule chose utile et digne de l’esprit humain, tout cela n’est, certes ! […] Les détails mêmes, les arabesques si chères à la Fantaisie, à cette Belle au Bois dormant qui s’est assoupie au branle monotone de la littérature de Louis XIV et que la gloire du xixe siècle sera d’avoir réveillée, toutes ces choses qui ne sont pas la poésie elle-même, mais qui y touchent, ne paraissent point là en réalité ce qu’on les croyait à distance : « Pour faire un paradis persan, — disait Lord Byron en plaisantant, — il faut beaucoup de ruisseaux de limonade et des milliers de longs yeux noirs. » Pour faire un poème indien, la méthode ne serait peut-être pas beaucoup plus compliquée… Les fragments de Colbrooke et la Sacountala, quoique traduite avec la bégueulerie française par M. de Chézy (un homme qui aurait appris la Trénis aux Bayadères), ont suffisamment montré que la métaphore indienne était vite épuisée, comme il doit arriver toujours chez les peuples immobiles, qui n’observent pas, qui n’agissent point, et qui vivent de la vie végétale de l’humanité. […] En imagination, en invention poétique, comme en raison, en aperçus, en déductions, le génie oriental arrive au nihilisme de tous les côtés à la fois, et le ballon de la supériorité indienne crève enfin jusque sous les lèvres qui avaient le plus d’intérêt à le gonfler !
Cela n’arrivera pas et il y aurait un grand malheur à ce que cela arrivât. […] Ces choses arrivent tous les jours. Il se peut même qu’elles arrivent aujourd’hui. […] Sévère est arrivé. […] Non, Sévère arrive peu à propos.
Les mensonges sont continuellement nécessaires, même pour arriver au trompe-l’œil. […] Decamps arrivait par l’intimité du détail. […] Ici, l’imagination a une plus grande part, et cependant, comme il arrive souvent que le roman est plus vrai que l’histoire, il arrive aussi qu’un modèle est plus clairement exprimé par le pinceau abondant et facile d’un coloriste que par le crayon d’un dessinateur. […] On pourra ainsi, en élargissant la méthode, arriver au rébus sentimental. […] Il arrive même, en ces cas-là, qu’un élève inattendu, comme M.
Elle en arrivait à ne plus mettre sur pied de soldats nationaux. […] Cette autre soie arrive du Japon. […] Arrive que pourra. […] Et qu’il n’arrive jamais à étreindre ce fantôme. […] Taine devait arriver à prendre vis-à-vis des doctrines jacobines la position qu’il a prise.
Il était arrivé vêtu du petit manteau et affublé du titre d’abbé Rivarol. […] La plupart des hommes, aujourd’hui, y arrivent avec un cortège de prétentions à imposer. […] Ils signifient la plus absolue incapacité d’arriver à l’idée abstraite. […] Des mandolinistes arrivent qui nous jouent des airs de Naples. […] Ces Parisiens arrivent au théâtre ayant travaillé toute la journée.
Maintenant, sont-ils arrivés en Europe ces quatre rouleaux ? […] Et même, pour aider à l’antithèse des sujets qu’il offre au public, il arrive à Hokousaï de recourir parfois à la scatologie. […] Cette éruption qui a fait pousser sur la droite du Fouzi-yama un petit mamelon, amène une planche caricaturale où un Japonais explique à un Japonais, affligé d’une énorme loupe à la joue, qu’il est arrivé à la montagne ce qui est arrivé à sa joue. […] Nous allons lui faire tenir une boutique de poissons, et nous lui avons aussi trouvé une femme qui va arriver ici dans deux ou trois jours. […] Or, celui qui apprendra à bien manœuvrer la règle et le compas, il pourra arriver à exécuter les dessins les plus fins et les plus délicats.
Elle rompait là-dessus des lances avec ses parents et amis d’autrefois : et cependant, quand l’Empereur rencontrait Mme de Coigny aux Tuileries, la sachant femme avant tout, prompte aux bons mots et aux reparties, il lui arrivait le plus souvent de lui demander : « Comment va la langue ? […] Nous espérions, arrivées au sommet, voir le soleil éclairer tout cela ; mais il n’a pas paru. […] Mme de Coigny elle-même se prête à ces longues promenades romantiques, qui font l’étonnement des baigneurs, « ces promenades à travers tout pour n’arriver à rien. » Nous avons été nous promener après la pluie sur la montagne couverte de grès qui forment un escalier. […] Quand elle arrive à Paray, c’est le repos qu’on lui ordonne ; en quittant Paris, il ne lui reste que le souffle. « Le repos ou la mort, m’a dit le docteur en partant. — J’aime mieux le repos. » Sa santé est intérieurement épuisée ; elle a des défaillances, des impuissances de vivre, qu’elle ne répare qu’avec des journées de silence et de la moindre action possible. […] Dans ce manoir sans vue, dans ce pays fermé et sans horizon, elle a l’horizon moral, et le rayon lui arrive de là.
Horace Vernet, qui avait à peindre le siège et la prise d’assaut de Constantine, partit de Paris (fin d’octobre) quinze jours après l’affaire, pour voir les lieux, les débris encore fumants, et il espérait bien arriver à temps pour assister à quelque petite fusillade. […] Mais il est arrivé à Bone ; il est logé, installé chez Yusuf, lequel, en légère disgrâce, est pendant ce temps-là à Paris ; il voit les amis d’Yusuf, la première Mlle Yusuf, une musulmane aux longs yeux pleins de douceur et de mélancolie, et qui lui a cédé la maison ; il s’inquiète d’abord de l’avenir de son ami, et donne de bons avis sur les hommes, sur les gouverneurs présents et passés, des jugements qui ne seraient pas tous à reproduire ici. […] Il y en a certains qui me paraissent des tombeaux de la même forme et de la même construption que ceux de Corneto, moins soignés cependant, mais semés çà et là le long d’une voie romaine pendant un assez long espace, deux lieues environ avant d’arriver à Sohma, où se trouve un tombeau monumental, dont j’ai fait le croquis. […] Et c’est ainsi qu’Horace Vernet arriva à réaliser et à fixer en trois tableaux, vrais et dramatiques, irréprochables d’exactitude, admirables de composition et de vie, les préliminaires et l’instant même de ce glorieux assaut. […] Or, il arriva qu’en voulant préluder au concerto de Weber, je me laissai entraîner, sans m’en apercevoir, à la fantaisie ; tout à coup je songeai que je ferai plaisir à Vernet en prenant ces deux thèmes, et je me mis à les travailler pendant un moment avec fougue.
Ces copies, incomplètement imprimées, arrivaient ainsi peu à peu, et par bribes, dans le public lettré ; un extrait venait, tant bien que mal, s’ajouter à l’autre, jusqu’à ce que Brunck, à Strasbourg, en 1772, avec l’initiative et la décision qui le caractérisent, publia un texte complet, un peu travaillé à sa manière, et dans un cadre arbitrairement distribué ; mais enfin, on put jouir, grâce à lui, de cette récolte exquise de tous les miels de la Grèce. […] Supposons donc que l’on soit devant une suite de tableaux que le poète décrit et s’attache à caractériser l’un après l’autre, comme étant l’expression vivante des personnages représentés ; on arrive ainsi devant un tableau de Philoctète à Lemnos. […] Tout d’abord ce sont deux musiciennes, Mélo et Satyra, qui dédient et consacrent les instruments de leur art aux Muses : « Mélo et Satyra, arrivées à un grand âge, filles d’Antigénide, les dociles des servantes des Muses (ont fait ces offrandes) : Mélo consacre aux Muses de Pimplée ces flûtes que la lèvre rapide effleure ; et l’étui en buis qui les renferme ; Satyra, amie des amours, consacre cette syrinx dont elle-même a réuni les tuyaux avec de la cire, douce flûte, nocturne compagne des buveurs, avec laquelle après toute une nuit elle a vu bien souvent se lever l’aurore battant la mesure aux portes des cours et des maisons4. » Ces deux demoiselles étaient des musiciennes un peu ambulantes qu’on louait, surtout la seconde, pour des sérénades. […] Les courtisanes elles-mêmes ne se privaient pas de ces offrandes, et l’une d’elles, Calliclée, en se retirant, faisait comme Laïs, mais d’un air plus satisfait, et consacrait à Vénus ses instruments de toilette, devenus inutiles : « Cet Amour d’argent, une frange pour la cheville du pied, ce tour lesbien de cheveux foncés, une bandelette transparente pour soutenir le sein, ce miroir de bronze, ce large peigne de buis qui coule comme à pleine eau dans l’onde de la chevelure5, — voilà ce qu’ayant gagné ce qu’elle voulait, ô libérale Vénus, Calliclée vient déposer dans ton sanctuaire. » A côté de cela, une petite fille pieuse et fervente, — elle ou ses parents, — s’adressait à la déesse Rhéa pour obtenir d’arriver au seuil de l’hyménée dans toute sa fleur et sa fraîcheur : « Ô toi qui règnes sur le mont Dindyme et sur les crêtes de la Phrygie brûlante, Mère auguste des dieux, que par toi la petite Aristodice, la fille de Siléné, arrive fraîche et belle jusqu’à l’hyménée, jusqu’à la couche nuptiale, terme de sa vie de jeune fille ; elle le mérite pour avoir bien souvent, et dans le vestibule de ton temple et devant l’autel, agité çà et là (dans une sainte fureur) sa chevelure virginale !
Par le courrier arrivé de Strasbourg à Paris le 30 janvier, on sait déjà fort au juste à quoi s’en tenir ; et le duc de Luynes, qui représente le coin de la reine et qui n’a nul intérêt à surfaire la dauphine, insère dans son Journal un signalement sans flatterie : « Elle y arriva (à Strasbourg) vêtue à la polonaise. […] On était à souper : un courrier arrivé à Versailles apporte une lettre à l’adresse de la duchesse de Brancas ; cette dame d’atours, voyant l’écriture du prince et supposant que la lettre ne pouvait rien contenir que d’agréable, la présente aussitôt à la dauphine sans l’avoir lue elle-même. […] C’est ce qui arriva à Lawfeld. […] il avait secoué poudre et perruque ; il parut à la Cour dans cet état naturel ; ce que le duc de Luynes a eu soin de noter dans son journal : « Jeudi dernier (21 décembre) M. le maréchal de Saxe arriva ici (à Versailles) ; il porte présentement ses cheveux qui lui donnent l’air plus jeune. » Revenu à Chambord à la paix et y passant le plus de temps qu’il pouvait pendant les deux dernières années, y menant un train de prince, il se livrait à la chasse, aux plaisirs, à tous les exercices violents.
La nuit du 5 au 6 février, c’était le tour de Victor, Sa mère, qui tenait beaucoup (car elle y croait déjà) à la gloire future de son fils, regretta qu’il eût laissé passer un concours sans s’y essayer : les pièces, en effet, devaient être envoyées à Toulouse avant le 15, et il aurait fallu que Victor eût expédié la sienne dès le lendemain matin pour qu’elle pût arriver à temps. […] Le parti dit royaliste arrivait aux affaires dès cette époque ; Hugo jeune, non envié encore, caressé de tous, eût pu aisément se laisser porter et parvenir vite et haut. […] D’autre part, le brevet de pension était aussi arrivé à Victor Hugo vers l’époque où parut son premier volume d’Odes, et il avait attribué cette faveur royale à sa publication récente : il n’en sut que plus tard la vraie origine. […] Aussi les marques qu’il en contracta sont légères et se discernent à peine : ses premières ballades se ressentent un peu de l’atmosphère où elles naquirent ; il y a trop sacrifié au joli : il s’y est trop détourné à la périphrase : plus tard, en dépouillant brusquement cette manière, il lui est arrivé, par une contradiction bien concevable, d’attacher une vertu excessive au mot propre, et de pousser quelquefois les représailles jusqu’à prodiguer le mot cru. […] Et puis la dissolution de la coterie arriva assez vite par l’effet d’un contre-coup politique.
Trop peu compétent pour mon compte en matière si éparse et si mobile, je ne ferai que courir, relevant quelques points à peine et en hâte d’arriver à son dernier succès, mais heureux au moins si j’ai montré que le propre de la critique est de n’être point prude, qu’elle aime et va querir partout les choses de l’esprit, qu’elle tient à honneur de s’en informer et d’en jouir. […] Dans sa longue et prodigieuse pratique, dans son association passagère et ses mariages d’esprit avec tant d’auteurs, il est arrivé à connaître à fond le tempérament dramatique et le faible d’un chacun. […] Mais juillet 1830 arriva. […] Or, s’il y était entré dès 1820, si les dix années qu’il a passées ailleurs et qu’il n’a certes pas perdues, il les eût là employées en tentatives multipliées, en perfectionnements plus larges, que serait-il arrivé ? […] Si cette réalité n’était qu’affreusement triste, on trouverait encore moyen de s’en tirer ; mais elle réunit à une tristesse profonde tous les caractères de contradictions et de ridicules, et tellement en grand qu’on n’arrive au théâtre que bien blasé.
On ne doit pas trop s’en plaindre : il arrive ainsi que des documents, peut-être utiles, s’amassent sans être compromis par les idées de personne. […] Berger est arrivé par là et loue tout ce qui vient de là. […] Ailleurs192, il lui arrive de parler de la candeur des récits consignés dans les Annales pontificales, avant les luttes passionnées du sénat et du peuple ; il m’est impossible vraiment, en songeant à toutes les fables qu’y affichaient les pontifes, et qui entraient dans l’intérêt aussi de leur politique, de me figurer de quelle candeur particulière il s’agit, si ce n’est que ces Annales étaient tracées sur une table blanchie, in albo. […] Il serait fastidieux d’énumérer, et moi-même je n’ai jamais traversé ces pays qu’en courant ; mais un jour il m’est arrivé aux champs, dans la bibliothèque d’un agréable manoir, de rencontrer et de pouvoir dépouiller à loisir plusieurs années de cette considérable et excellente collection intitulée l’Esprit des Journaux, laquelle, commencée à Liége en 1772, s’est poursuivie jusque vers 1813. […] Les poésies anglaises nous arrivaient en droite ligne ; les premiers poëmes de Crabbe étaient à l’instant analysés, traduits.
Mais on est heureux lorsqu’à travers cette variété d’emplois et de talents on arrive de tous les côtés, on revient par tous les chemins au moraliste et à l’homme, à une physionomie distincte et vivante qu’on reconnaît d’abord et qui sourit. […] Au sortir d’un duel où l’on avait blessé un ami, on arrivait au déjeuner de l’abbé Raynal pour y guerroyer contre les préjugés ; on était le soir du quadrille de la Reine après avoir joui d’une matinée patriarcale de Franklin ; on courait se battre en Amérique, et l’on en revenait colonel, pour assister au triomphe des montgolfières ou aux baquets de Mesmer, et mettre le tout en vaudeville et en chanson. […] Chaque après-midi, à une certaine heure, dans les jardins, l’impératrice faisait sa promenade régulière : deux allées parallèles étaient séparées par une charmille ; elle arrivait d’ordinaire par l’une et revenait par l’autre. […] Le moment était arrivé où dans ce déchaînement de passions violentes et de préventions aveugles, il n’y avait certes aucun déshonneur pour les hommes sages, pour les esprits modérés, à se sentir inhabiles, et impuissants. […] A côté des exemples à la Plutarque dont il l’autorise, et qui feraient un peu trop lieu-commun en se prolongeant, arrive un souvenir d’hier, un mot de Catherine, une de ces anecdotes de xviiie siècle que M. de Ségur conte si bien ; on passe avec lui d’Épaminondas à l’abbé de Breteuil, et le tout s’assaisonne, et l’on rentre en souriant dans le réel de la vie.
La profondeur et la tristesse de l’œuvre, c’est cet écoulement d’une vie, où il n’arrive rien, et, sans qu’il arrive rien, la submersion finale de toutes les espérances juvéniles dans la niaise, stupide et monotone existence du bourgeois de petite ville. […] Il est arrivé à faire une œuvre objective et point du tout impersonnelle. […] Ayant vécu à Lyon et à Paris, dans les quartiers populeux, parmi la petite bourgeoisie, ayant peiné, et longtemps coudoyé les gens qui peinent, commerçants, employés, ouvrières, il a représenté les vieilles maisons, les rues bruyantes de Lyon et de Paris, la vie laborieuse et tumultueuse des fabriques, les durs combats pour arriver aux échéances ou atteindre le jour de paye, l’effort journalier, épuisant, contre la misère : le Petit Chose, Jack, Fromont jeune et Risler aîné, des coins du Nabab et de l’Évangéliste sont d’exquises et fortes peintures de la vie bourgeoise et presque populaire. […] Deux romanciers qui ont circonscrit leur observation, sont arrivés à rendre supérieurement certains milieux particuliers, avec les espèces morales qui s’y développent : M.
En résumé les faits sont des faits, et s’il arrive qu’ils sont conformes à une prédiction ce n’est pas par un effet de notre libre activité. […] Ce ne serait évidemment pas la première fois que les chimistes en arriveraient à séparer deux corps qu’ils n’auraient d’abord pas su distinguer ; tels par exemple le néodyme et le praséodyme, longtemps confondus sous le nom de didyme. Je ne crois pas que les chimistes redoutent beaucoup que pareille mésaventure arrive jamais au phosphore. Et si par impossible elle arrivait, les deux corps n’auraient probablement pas identiquement même densité, identiquement même chaleur spécifique, etc., de sorte qu’après avoir déterminé avec soin la densité par exemple, on pourra encore prévoir le point de fusion. […] On arriverait encore à s’entendre avec nos non-euclidiens hypothétiques, bien qu’ils ne soient plus des hommes, parce qu’ils conserveraient encore quelque chose d’humain.
Paul Bourget Lorsque, il y a deux ans, — qu’il pensât réagir contre le symptôme de désorientation intellectuelle qui se dégage nettement de la littérature présente, ou qu’arrivé au seuil de l’âge où l’on aime revoir ce par quoi l’on a été quelque chose, il obéît simplement à un scrupule de lettré, — M. […] Et cela dit combien c’est se leurrer que de vouloir faire de la critique objective dans un ordre de contingences tout subjectif ; et cela dit aussi que tout ce qu’un écrivain adopte, — pour ne pas parler de ce qu’il pourrait lui arriver de créer, — est extrêmement représentatif de sa manière d’être, de son essence, et qu’il peut enfin y avoir autant de manières d’être ému, analogiquement estimables, pourvu qu’elles apparaissent également sincères, qu’il y a de modes de sentir et de goûts formés et distingués. […] Et cela ne veut nullement dire qu’il n’ait été très loin du premier coup, puisque c’est à l’ampleur du saut qu’il doit d’avoir été remarqué, ni qu’observateur né, s’il en fut, et sachant tirer des choses tout ce qu’elles peuvent en apprendre à qui est spécialement conformé pour en condenser le sens, dans son esprit, en formules d’une généralisation savante, il n’ait révélé une intelligence extraordinairement précoce, et ouverte à un degré d’universalité, si tant est que, comme il arrive fatalement aux natures compliquées, cette intelligence est restée passive, en ce qu’elle a reçu et démêlé, sans que, par spécialisation de génie, elle ait réussi à créer par là-dessus. […] Qu’arrive-t-il, dès lors, au style de M. […] Il nous faut remonter aux formules qui la nécessitent pour n’arriver qu’à en soupçonner idéalement la logique inéluctable.
Or il arriva que l’Art Parnassien, en 1885, ne répondait plus guère aux aspirations secrètes de la jeunesse littéraire d’alors, de celle qui résistait d’instinct au naturalisme et était impatiente d’y opposer quelque chose de nouveau. […] « Le style de décadence, dit Théophile Gautier, n’est autre chose que l’art arrivé à ce point de maturité extrême que déterminent, à leurs soleils obliques, les civilisations qui vieillissent. […] Je crois qu’en étudiant l’histoire de ce que nous pourrions appeler les méthodes d’expressions poétiques, nous en arriverions assez aisément à conclure que la principale et la plus habituellement usitée fut à peu près celle-ci : La poésie consistait donc à ce que le poète cherchât, par les moyens en son pouvoir, à imposer au lecteur son émotion et sa pensée. […] Or il arriva, il y a une quinzaine d’années, que quelques écrivains, prévenus instinctivement, s’aperçurent que certaines de ces règles du vers, si impérieusement établies, reposaient peut-être plus sur l’usage que sur une nécessité véritable ils résolurent de s’en affranchir. […] Tout en parlant poésie, me voici insensiblement arrivé aux poètes, mais c’était déjà parler d’eux que de parler de la façon dont ils ont compris la Poésie.
Ces diverses inexactitudes de détail m’ont mis en doute sur l’ensemble du travail, et, reprenant moi-même l’étude de Condorcet dans les parties qui me sont accessibles ainsi qu’à tout le monde, je suis arrivé à une tout autre appréciation de l’homme et du caractère ; et, comme Condorcet a été un personnage politique des plus considérables, un de ceux qui font les révolutions, qui y poussent, qui en espèrent tout, qui ne s’arrêtent qu’au dernier moment, au bord extrême du précipice, et qui y tombent, j’ai cru utile de dégager mon point de vue avec franchise et hardiesse. […] Necker, au point d’écrire à Voltaire (25 octobre 1776) : « Vous savez, mon illustre maître, ce qui vient de nous arriver. […] Il pousse quelque part l’espérance du progrès jusqu’à conjecturer qu’il pourra arriver un temps où il n’y aura plus de maladies, et « où la mort ne sera plus que l’effet ou d’accidents extraordinaires, ou de la destruction de plus en plus lente des forces vitales. […] Arrivé à la célébrité dès l’âge de trente ans, secrétaire perpétuel de l’Académie des sciences, bientôt membre de l’Académie française, honoré par toute l’Europe, aucun savant, aucun homme de lettres n’eut certes moins que lui à se plaindre de l’ancienne société, et il en était, avant 89, l’un des plus sérieux ornements. […] Quand il s’anime d’un sentiment patriotique sincère, sa chaleur elle-même n’arrive jamais au rayon.
Cet orateur inné qui était en lui, et qui s’agita de bonne heure sous l’écrivain, sentait bien que, pour arriver à cette action vaste et souveraine, pour embrasser les masses et les foules d’un tour familier et puissant, il fallait quitter cette langue que j’appellerai patrimoniale et domestique, cette manière de s’exprimer toute particulière qui était ta griffe et parfois le chiffre de sa maison ; il lui fallait quitter une bonne fois le style de famille et descendre de sa montagne. Il descendit donc, et, pour arriver à la langue générale et publique, il ne craignit point de traverser la déclamation à la nage et de se plonger dans le plein courant du siècle, bien sûr qu’il était d’en ressortir à la fin non moins original et plus grand. […] Après avoir tâché de faire vibrer chez son père la fibre noble et fière, il arrive au pathétique, et il trouve de beaux accents. […] Mais, certes, je ne m’exposerai point à voir arriver à pas lents la stupidité, le désespoir, et peut-être la démence. […] Il arrive sans effort à l’ampleur et à la solennité des images.
Ces idées saines, mais hardies, de Mirabeau, pouvaient difficilement arriver à leur adresse. […] Ici, en dégageant les relations de Mirabeau avec La Fayette de tout ce qui est secondaire et trop personnel et de quelques mauvaises paroles, en ne les prenant que dans leur ensemble et leur but, et dans leur véritable esprit, il nous est impossible, et nous croyons qu’il sera impossible à tout lecteur impartial, de ne pas arriver à un résultat des plus fâcheux pour l’illustre général et pour sa renommée historique définitive. […] Cette correspondance était à peine entamée qu’il en mettait soigneusement de côté les pages, et il les adressait à M. de La Marck (15 juillet 1790) avec ces mots : « Voilà, mon cher comte, deux paquets que vous ne remettrez qu’à moi, quelque chose qu’il arrive, et qu’en cas de mort vous communiquerez à qui prendra assez d’intérêt à ma mémoire pour la défendre. […] Mirabeau, à chaque fois, ne cesse de sonner le tocsin pour réveiller la Cour de sa torpeur, le roi de son inertie, pour amener la reine à mettre à ses idées autant de suite qu’elle y met de cœur : Quatre ennemis arrivent au pas redoublé, écrit-il à la date du 13 août 1790, l’impôt, la banqueroute, l’armée, l’hiver… Encore une fois, c’est la conception d’un grand plan qu’il faut arrêter, et pour cela il faut avoir un but déterminé. […] Il est certain que le moment est arrivé de se décider entre un rôle actif et un rôle passif ; car celui-ci, tout mauvais que je le crois, l’est moins à mes yeux que cette intercadence d’essais et de résignation, de demi-volonté et d’abattement, qui éveille les méfiances, enracine les usurpations, et flotte d’inconséquences en inconséquences.
Et dans ce portrait de Sapho toujours, qui nous est précieux, elle arrive enfin aux charmes de l’esprit, sur lesquels elle s’étend avec un redoublement de complaisance : Car les charmes de son esprit surpassent de beaucoup ceux de sa beauté. […] J’ai beau leur parler de la beauté de la saison, des nouvelles qui courent et de toutes les choses qui font la conversation ordinaire, ils en reviennent toujours à leur point : et ils sont si persuadés que je me contrains pour leur parler ainsi, qu’ils se contraignent pour me parler d’autres choses qui m’accablent tellement que je voudrais n’être plus Sapho quand cette aventure m’arrive. […] Ce qui pour nous est extravagance était pourtant ce qui faisait passer alors l’enseignement de main en main, et le faisait arriver plus sûrement à son adresse. […] Et on se met d’examiner ce que doit être une conversation pour être agréable et digne d’une compagnie d’honnêtes gens ; et, pour cela, elle ne doit être ni trop limitée aux sujets de famille et domestiques, ni tournée aux sujets purement futiles et de toilette, comme il arrive si souvent aux femmes entre elles : « N’êtes-vous pas contrainte d’avouer, remarque un des interlocuteurs de Mlle de Scudéry, que qui écrirait tout ce que disent quinze ou vingt femmes ensemble, ferait le plus mauvais livre du monde ? […] Il a fait en ceci comme il lui arrive trop souvent dans ses conclusions : il y a mis de l’emphase, et il a exagéré.
Les lettres qu’on a de lui à cette date (1774-1775) nous le montrent émerveillé lui-même de sa destinée, se retournant, se regardant de profil pour se dire combien elle est étrange et bizarre, courant le monde, l’Angleterre, l’Allemagne, faisant sept cent quatre-vingts lieues en six semaines, et plus de dix-huit cents lieues en huit mois, et s’en vantant, attentif dans ses absences à ne point se laisser oublier, à se remettre de temps en temps sur le tapis par des récits de périls et d’aventures qui n’arrivaient qu’à lui seul. […] Cependant, de retard en remise, de carnaval en carnaval, l’heure du Barbier arrivait ; il fut représenté le 23 février 1775 ; mais voilà bien un autre mécompte. […] Il y eut là pour lui cinq ou six années uniques (1771-1776) où, sous le coup de la lutte et de la nécessité, et dans le premier souffle de la faveur, il arriva à la pleine expansion de lui-même, et où il se sentit naître comme des facultés surnaturelles qu’il ne retrouvera plus jamais à ce degré. […] Les voitures arrivaient à la file ; le comte d’Artois s’était mis en route déjà pour venir de Versailles à Paris, quand le duc de Villequier fit signifier aux comédiens qu’ils eussent à s’abstenir de jouer la pièce, sous peine « d’encourir l’indignation de Sa Majesté ». […] Je n’assurerais pas que Beaumarchais en ait senti lui-même toute la portée ; je l’ai dit, il était entraîné par les courants de son siècle, et, s’il lui arriva d’en accélérer le cours, il ne les domina jamais.
D’ailleurs, il n’a aucun goût sensible pour les écrivains éloquents ou les poètes ; il cite une fois, sur « la crainte qui serait la cause première des religions (Primus in orbe Deos, etc.) », un mot de Pétrone ou de Stace, qu’il attribue par mégarde à Lucrèce : jamais il ne lui arrive de citer Virgile, Horace, un vers d’Homère, ce qui fait la douceur habituelle de ceux qui ont pratiqué ces sentiers de l’Antiquité ; il ne fleurit jamais son chemin d’un souvenir : avec des connaissances si approfondies et si particulières, il n’a pas plus la religion de la Grèce que celle de Sion. […] Il a des paroles de tolérance et d’intelligence universelle qu’il n’a pas toujours pratiquées, et qu’il lui arrivera d’oublier encore : C’est pour ne connaître, dit-il, que soi et les siens qu’on est opiniâtre ; c’est pour n’avoir vu que son clocher qu’on est intolérant, parce que l’opiniâtreté et l’intolérance ne sont que les fruits d’un égoïsme ignorant, et que quand on a vu beaucoup d’hommes, quand on a comparé beaucoup d’opinions, on s’aperçoit que chaque homme a son prix, que chaque opinion a ses raisons, et l’on émousse les angles tranchants d’une vanité neuve pour rouler doucement dans le torrent de la société. […] Il voulait obtenir de lui de laisser arriver des journaux de France dont on était privé depuis longtemps. L’amiral y consentit, et, dans ces journaux qui arrivèrent, on lut des articles de Volney qui étaient dans le sens prochain de l’avenir. […] Mais laissons-le poursuivre et nous raconter avec plus d’abandon que nous ne lui en avons jamais vu, qu’il n’est plus comme autrefois l’homme exact, esclave de ses projets une fois arrêtés : Ceci me rappelle encore un singulier Hollandais, jadis ambassadeur au Japon, et que j’ai connu à Paris, Titsing ; il me disait en février : « Je partirai le 6 septembre prochain, à sept heures du matin, pour aller voir ma sœur à Amsterdam ; j’arriverai le 12, à quatre heures. » Si cela manquait de demi-heure, il était malheureux.
Cependant il arrive que le monde s’apaise. […] Il ne faut pas oublier que Marie-Antoinette avait quinze ans et demi, lorsqu’elle arrive en France, lorsqu’elle tombe dans ce royaume du papillotage et du Plaisir, parmi cette génération de Françaises qui semblent représenter la Déraison, dans l’agitation fiévreuse de leurs existences futiles et vides. […] Puis arrive l’heure où les crédulités de l’enfance, les illusions de la jeunesse abandonnent l’humanité. […] Ce sera dans la communion de cette inspiration d’un temps, sous la possession de son charme et de son sourire, que l’historien arrivera à vivre par la pensée aussi bien que par les yeux dans le passé de son étude et de son choix, et à donner à son histoire cette vie de la ressemblance, la physionomie de ce qu’il aura voulu peindre. […] Il rappellera comment, par les exigences de leur toute-puissance, par les lâchetés et les agenouillements qu’elles obtinrent autour d’elles d’une petite partie de cette noblesse, ces trois femmes anéantirent dans la monarchie des Bourbons ce que Montesquieu appelle si justement le ressort des monarchies : l’honneur ; comment elles ruinèrent cette base d’un état qui est le gage du lendemain d’une société : l’aristocratie ; comment elles firent que la noblesse de France, celle qui les approchait aussi bien que celle qui mourait sur les champs de bataille, et celle qui donnait à la province l’exemple des vertus domestiques, enveloppée tout entière dans les calomnies, les accusations et les mépris de l’opinion publique, arriva comme la royauté, désarmée et découronnée, à la révolution de 1789.
* * * — C’est étonnant, comment tout à coup dans le livre que je suis en train de faire, un chapitre, qui n’est pas arrivé à son tour d’exécution, prend despotiquement possession de ma pensée, et je dois le faire immédiatement, sinon il ne sera jamais bien fait. […] * * * — Là, devant la feuille blanche, quand on arrive avec son idée, indécise, vague, flottante, et qu’il faut couvrir cette feuille de papier, de pattes de mouches noires, donnant une solidification exacte, logique, rigoureuse, au brouillard de votre cervelle, les premières heures sont vraiment dures, sont vraiment douloureuses. […] Il arrive quelques instants après, la figure décomposée, la bouche en fer à cheval, et si troublé, qu’il me donne, ce qu’il ne faisait jamais, une poignée de main, — poignée de main qui me gêne. […] Et rien ne pouvait calmer la désespérance du mourant, ni l’absolution qu’il avait reçue, ni les lettres scellées d’absolution, qui lui furent envoyées de l’évêché ; il n’avait foi qu’en la présence de l’évêque, et en l’absolution donnée par lui seul — et l’évêque n’arriva que lorsqu’il était mort. […] Got, aujourd’hui, ne voulait-il pas me persuader, que l’intonation d’un vers, d’une phrase, un comédien ne la cherchait pas avec le bruit de sa bouche, que c’était une opération cérébrale, et que du premier coup l’acteur y arrivait, quand il l’avait cherchée avec sa cervelle.
Mais il ne faut pas oublier que l’ouïe et la vue rendent pour nous sensibles, dans les vibrations mêmes de l’air et de la lumière, les changements apportés à la direction et à l’amplitude de ces vibrations par les corps qu’elles ont rencontrés ; lorsque ces corps sont agités par des ondes nerveuses, celles-ci, arrivent Jusqu’à nous, portées pour ainsi dire par les ondes lumineuses ou sonores. […] Repassez près de la fenêtre : le pot de fleurs renferme maintenant une plante, un modeste réséda dont l’odeur vous arrive. […] On peut, comme dans l’architecture, arriver au beau par l’utile ; mais quand l’esthéticien tient déjà le beau, il n’a pas à chercher l’utile, sinon par surcroît et par une sorte de luxe à rebours. […] Ce que nous y admirerons, ce ne sera pas une intelligence purement dépouillée et nue, mais une intelligence suivant une direction, se proposant un but, faisant effort pour y arriver, écartant les obstacles, une volonté enfin et, qui plus est, une volonté humaine, avec laquelle nous sympathisons, dont nous aimons la lutte, les efforts, le triomphe. […] Alors se crée un milieu moral et mental où nous sommes constamment baignés et qui se mêle à notre vie propre : dans ce milieu, l’induction réciproque multiplie l’intensité de toutes les émotions et celle de toutes les idées, comme il arrive souvent dans les assemblées, où un grand nombre d’hommes réunis sont en communication de sentiments et de pensées.
ce qui est arrivé à Gœthe est arrivé à M. […] C’est là ce qui est arrivé à M. […] Il ne fit pas comme le Coureur Antique qui, arrivé au but de sa course, tomba expirant sous son flambeau renversé. […] Auguste Le Prévôt, où il est estompé dans une rêverie pieuse, à la nuance de laquelle il aurait dû s’arrêter, mais qu’il a forcée et trop forcée partout ailleurs ; dans la pièce qui commence par le vers : J’arrive de bien loin, et demain je repars ; idée charmante, inspirée par la famille, cette source de toute poésie intime ; dans Les Larmes de Racine, où l’on retrouve le détail secret, domestique, obscur, dans lequel M.
La même chose arrive lorsque le public donne son approbation à un ouvrage blâmé par les connoisseurs. […] Ainsi comme l’ouvrage auquel ils veulent bien rendre justice, parvient bien-tôt à la réputation bonne ou mauvaise qui lui est dûë ; le contraire arrive lorsqu’il ne la lui rendent pas, soit qu’ils prévariquent, soit qu’ils se trompent de bonne foi.
Aussi, qu’arrive-t-il ? […] Comment y arriva-t-on ? […] Il se joue des desseins des hommes et fait arriver ce qu’il veut. […] Montesquieu, pour dégoûter les grands de la politique, en plaide l’inutilité : ce qu’on prévoit n’arrive jamais ; ce qu’on ne prévoit pas arrive. […] Ce fui le contraire qui arriva.
Il arrive au lac des Onondagas. […] L’armée royaliste y arrive le 1er septembre. […] Elles arrivent enfin à la Jérusalem céleste. […] Toujours le pire arrive. […] Le tigre arrive aux deux martyrs.
C’est arrivé à l’affaire des dogmes que M. […] Elle arrive trop tard pour quelques-uns, trop tôt, je le reconnais, pour quelques autres ; en moyenne elle arrive à temps. […] Ernest-Charles en arrive au portrait de Ferry. […] C’est précisément cet accident qui est arrivé à M. […] Il n’y trouve rien du tout. « Rien n’arrive », dit-il.
Il l’a remarqué lui-même, aucun ouvrage n’arriva mieux à son moment. […] C’est bien ce qui est arrivé en effet, et nous le verrons assez. […] En effet, voici ce qui était arrivé. […] Dufond du désespoir le philosophe est arrivé au transport et au ravissement du pur amour. […] Bien des fois c’est ainsi qu’Hugo arrive à donner la sensation du sublime.
Son père, premier confident de toutes ses élucubrations poétiques, ne le décourageait pas, et il lui arrivait quelquefois de dire à l’un de ses bons amis lyonnais, M. […] Guizot (quand celui-ci ne faisait qu’arriver de Genève), n’était point, à proprement parler, un échantillon de droite lignée française, et ne pouvait faire en rien concurrence à son compagnon. […] Celui-ci, profitant enfin d’un éclair de liberté, accourait d’Italie ; il arriva trop tard. […] Je suis arrivé à temps ; mais quelle arrivée ! […] Lorsqu’il arrive à des époques positivement historiques, je m’étonne encore de la méthode d’Ampère.
Qu’arriva-t-il ? […] Nous sommes arrivés à une de ces époques de renouvellement où, après la destruction d’un ordre social tout entier, un nouvel ordre social commence. […] Mais, de pas en pas, à quelle nuit profonde nous sommes arrivés ! […] Mais qu’arrive-t-il ? […] L’homme arrive à la connaissance avec égoïsme, et voilà son péché ; c’est par la manière dont il acquiert la connaissance qu’il y a chute.