. — Dix jours après on se retrouverait aux Palais des Arts Libéraux, où ce serait : Mais plus aiguë et plus parfaite Exactement la même fête.
Il se retrouvait dans leurs oracles sacrés ; il s’envisageait comme le miroir où tout l’esprit prophétique d’Israël avait lu l’avenir.
Nous retrouvons dans ce non-moi des mouvements et des formes qui nous sont connus en nous-mêmes.
Je l’ai dit déjà, mais il faut y revenir, les hommes, pour se venger sans doute de ce qu’elle pouvait être sublime et rester femme, l’appelèrent hommasse, croyant ainsi la rapprocher d’eux ; mais elle ne l’était pas, même physiquement, quoiqu’on l’ait dit et qu’elle tînt de son père, le Suisse emphatique, ces gros traits que Gérard n’a pas craint de peindre, sentant bien que la femme, la femme idéale qui transforme et divinise tout, se retrouverait toujours en ces yeux astres, dans lesquels on ne savait ce qui brillait le plus du feu ou des larmes, et dans cette bouche si éloquemment entr’ouverte, et dans cette poitrine de Niobé, et dans ces bras d’une rondeur toute-puissante, robustes seulement pour s’attacher.
Du reste, malgré la justesse de la vue première : — faire une histoire des proverbes qui fût l’histoire des mœurs perdue par de l’expression retrouvée, — et malgré des travaux pleins d’intérêt, mais qui ne sont, après tout, que des préliminaires, cette histoire qui l’a tenté Quitard ne l’a pas faite néanmoins avec son Dictionnaire et son Étude.
Nous avons l’œuvre spéculative de Daly, cette œuvre d’une haleine immense, qui respire dans les vingt volumes in-4º de la Revue de l’Architecture, et qui continuera d’y respirer pendant peut-être vingt autres encore, nous l’espérons, pour le bonheur de la science du xixe siècle, qui peut s’y voir, et le profit du xxe qui devra l’y retrouver les jours qu’il aura besoin d’elle !
Mais ce qu’on n’a pas retrouvé, ni avant ni depuis, dans cette sincérité, ce qui fait vraiment Villon et lui étoile le front de sa Muse, c’est le pathétique poignant et charmant des larmes dans le rire et du rire dans les larmes, qui est aussi le pathétique de la nature au mois d’avril, quand il pleut et qu’il fait soleil.
Et voilà que nous nous retrouvons une cinquantième fois devant une vieille poétique abattue, qu’on n’oserait peut-être pas relever en littérature, mais qu’on croit pouvoir très bien relever en histoire, et qui est vraie partout, ou qui ne l’est pas plus en histoire qu’en littérature !
Enfin, il aurait peut-être prouvé ce que nous disions tout à l’heure sur les formes diverses qu’a revêtues souvent en France une politique unitaire : c’est que, bon pour pacifier le pays, l’Édit de Nantes, qui avait rapproché deux partis sans les fondre, présentait des inconvénients et des dangers alors que, défatigués des événements qui avaient longtemps pesé sur eux, ils se retrouvaient avec leurs vieilles haines augmentées de prétentions nouvelles… Si, après un tel examen, l’écrivain qui l’aurait tenté eût condamné comme une faute radicale, une faute politique et à tout point de vue, la révocation de l’Édit de Nantes, personne, du moins parmi ceux qui ont le sentiment de la dignité de l’Histoire, ne l’eût accusé de superficialité ou de mauvaise foi.
Nous le répétons, voilà qui donne à ce livre un intérêt incomparable, que la suite de son histoire ne retrouvera plus.
Ainsi, pour n’en donner qu’un exemple, que je pourrais accompagner de beaucoup d’autres, l’écrivain anglais compare quelque part les découragements de Nelson au commencement d’une carrière à laquelle il faillit renoncer « aux sécheresses de ces mystiques qui finissent par être des saints » ; et cette comparaison qui veut être une idée, je la retrouve littéralement dans M.
Selon moi, donc, le premier don fait aux Apôtres et à leurs successeurs, fut le grain de sénevé du pouvoir temporel des Papes… et il faut aller jusque-là pour le retrouver.
C’était cette origine qu’il fallait retrouver et interroger.
Ivre de grec et de latin, la Renaissance, cette Érigone, l’a résolue, avec cet affolement que lui inspirait cette antiquité retrouvée.
Ainsi, pour n’en donner qu’un exemple, que je pourrais accompagner de beaucoup d’autres, l’écrivain anglais compare quelque part les découragements de Nelson, au commencement d’une carrière à laquelle il faillit renoncer, « aux sécheresses de ces mystiques qui finissent par être des saints » ; et cette comparaison, qui veut être une idée, je la retrouve littéralement dans M.
Je n’y retrouve qu’épuisée, ramollie, finie, cette formidable Sophie Arnould qui faisait tout trembler devant son esprit, devant cette furie de mots coupants et vibrants que personne n’eut au même degré qu’elle, dans un temps où l’esprit dominait le génie et où les hommes de génie étaient encore plus des hommes d’esprit, comme Voltaire et Montesquieu… Allez !
Il nous cite dans son Introduction des fragments d’écrits politiques retrouvés à la Bibliothèque du Louvre et dans lesquels, à différentes époques, ce La Gervaisais aurait montré une sagacité politique d’une grande acuité.
L’Église retrouvait tout à coup ses ennemis du dix-huitième siècle, non plus insolents, épigrammatiques et frivoles, comme au temps de Voltaire et de Montesquieu, mais respectueux, dogmatiques et profonds, et qui avaient inventé pour draper leur haine deux superbes manteaux dont celui de Tartufe n’aurait été qu’un pan, l’éclectisme et l’impartialité.
Il a choisi cette forte thèse parce qu’il l’a rencontrée sur la route de ses déductions, mais surtout parce que, triomphante, elle entraînerait la ruine du matérialisme, — sa ruine définitive, — sans que dans ses débris il pût retrouver une pierre pour se faire un bastion.
Il ne descend pas dans cette vase saignante ; et c’est, en somme, un innocent enfantelet de livre, même dans sa conception du péché, Telles sont les qualités et les défauts de l’Imitation, que nous retrouvons aujourd’hui, avec des qualités qui s’ajoutent aux siennes dans cette langue aimable de l’Internelle Consolacion, bien préférable, selon nous, au latin décharné et abstrait de l’original.
Et c’est là ce qui donne, d’ailleurs, à ce désespoir, une profondeur infinie ; c’est cette idée d’un Dieu qu’on hait et qu’on insulte pour avoir inventé la mort, et qu’on retrouve toujours sous sa haine et sous son blasphème, repoussant, comme un horrible polype, avec une obstination éternelle, à mesure qu’on l’arrache de son cœur et de sa raison !
Ni poème inédit de Goethe ou de Byron, ni drame perdu et retrouvé de Calderon ou de Shakespeare, ni roman, ni histoire, ciselés par les maîtres de l’observation et de l’analyse, ni chefs-d’œuvre quelconques, ne sauraient, selon nous, lutter en intérêt et en importance avec ce modeste livre écrit par un moine, traduit par un prêtre, et dans lequel se joue un souffle qui n’est ni le talent ni le génie de l’homme, et qu’il faut bien appeler la force de Dieu pour y comprendre quelque chose !
les pierres qui tombent ne vous fassent pas peur et qu’en fermant les yeux l’imagination les voie terribles ; Jonathas devant l’armée de Nicanor, où la ligne des éléphants est d’une originalité si formidable ; les Plaies d’Egypte, entre autres la Plaie des ténèbres, où les bêtes rampantes qui se coulent, dans le noir de la nuit, le long des escaliers, où gisent tant d’êtres humains aveuglés de ténèbres et de désespoir, sont du Martynn heureusement retrouvé ; etc.
Mais ceux qu’on n’a pas retrouvés ?
Et plus tard, sous le sourire de Don Juan, sous la seule contraction d’ironie qui ait passé par ces lèvres pâles et si fièrement désespérées, on retrouve aussi le sérieux profond et la rêverie de celui qui partout n’est que Childe-Harold.
On a beau être un artiste redoutable, au point de vue le plus arrêté, à la volonté la plus soutenue, et s’être juré d’être athée comme Shelley, forcené comme Leopardi, impersonnel comme Shakespeare, indifférent à tout, excepté à la beauté comme Gœthe, on va quelque temps ainsi, — misérable et superbe, — comédien à l’aise dans le masque réussi de ses traits grimés ; — mais il arrive que, tout à coup, au bas d’une de ses poésies le plus amèrement calmes ou le plus cruellement sauvages, on se retrouve chrétien dans une demi-teinte inattendue, dans un dernier mot qui détonne, — mais qui détonne pour nous délicieusement dans le cœur : Ah !
on en voudrait ici retrouver les premières gouttes, mais c’est vainement qu’on les cherche dans la coupe étroite de ce petit livre, — grand comme le creux de la main… Elles n’y sont pas.
L’argot des tapis-francs, qui parut si savoureux à nos goûts écœurés, quand nous l’entendîmes pour la première fois, ne sauvera point Les Mystères de Paris, car on retrouve cet argot curieux et horrible flans des livres auprès desquels on peut dire que ceux de M.
V Et, en effet, l’originalité vraie d’Edgar Poe, ce qui lui gardera une place visible dans l’Histoire littéraire du dix-neuvième siècle, c’est le procédé qu’on retrouve partout dans ses œuvres ; aussi bien dans son roman d’Arthur Gordon Pym que dans ses Histoires extraordinaires, et qui fait du poëte et du conteur américain ce qu’il est, c’est-à-dire le plus énergique des artistes volontaires, la volonté la plus étonnamment acharnée, froidissant l’inspiration pour y ajouter.
Telle est la trame de ce roman vulgaire, de ce mélodrame en récit, coupé de dissertations filandreuses, dans lesquelles on oublie le roman et ses personnages qu’on voudrait ne pas retrouver.
misérables intérêts, sources de tant de querelles entre des héros, vous ne prévalûtes jamais dans le cœur de celui-ci aux mouvements de son zèle ; il promit son bras, ses conseils, sa vie, s’il était besoin, mais sous le même général qui commandait déjà l’armée ; il eut beau cependant se dépouiller de ses titres, il les retrouva dans l’estime du général, dans le respect des officiers, et dans l’affection des soldats.
Nous retrouverons Chateaubriand plus d’une fois, car c’est l’un des principaux personnages de la comédie du style. […] elle est particularisée avec des traits tellement généraux qu’il n’y en a peut-être aucun dans son portrait qui lie se retrouvât en n’importe quelle autre femme secrètement amoureuse. […] Sans doute, M. de Régnier a fait, lui aussi, des vers libres ; mais, par une sorte de magie, ses vers libres finissaient toujours par être réguliers, par retrouver cette plénitude reposée du rythme qui nous rassure et nous semble la seule véritable musique. […] On retrouve la même abréviation dans les Quatre fils Aymon, lesquels étaient les fils d’Aymon. […] Alors seulement on se retrouve l’égal de l’ignorant.
Est-ce que jamais personne d’entre vous a pu se reconnaître au milieu de ces suppositions de personnes, de ces changements de noms, de ces déguisements, de ces filles perdues et retrouvées, retrouvées et perdues, qui forment toute l’intrigue et le dénouement du Dépit ? […] Parmi les représentants les plus outrés de ce rigorisme, nous retrouvons un très grand adversaire de Molière, un adversaire qui pense très juste sur bien des points, mais qui, en tout ce qui regarde les femmes, est souvent d’un ridicule achevé. […] Ces crudités de langage, ces mots et ces expressions « bravant l’honnêteté », ces traits de mœurs brutales et grossières, qui çà et là nous heurtent à la rencontre, son siècle les supportait, ou même s’en arrangeait volontiers, par une raison bien simple : c’est que, pour une part, en dépit de ses élégances et de son brillant éclat, il s’y retrouvait lui-même ; la société du temps, telle qu’elle était, en partage la responsabilité avec le poète. […] J’ai signalé, comme je l’ai dû, en critique fidèle, leurs violences, leur âpreté, mais en vérité je les leur pardonne, parce que leur cœur est le premier à souffrir des blessures qu’ils font, et parce que sous la raillerie, même excessive, je retrouve l’accent de la douleur. […] Au milieu de la multiplicité de leurs personnages, trois types persistent que l’on trouve dès l’origine dans Molière, que l’on retrouve encore dans Beaumarchais, à la veille de 89, quand déjà les mouvements précurseurs de l’orage agitent l’air : le marquis, le bourgeois et le valet.
Mlle Desprès a été bonne au premier acte, excellente, mais là vraiment excellente, au second, surtout dans le grand couplet : « Oui, prince, je languis… Se serait avec vous retrouvée ou perdue. » Là elle m’a rappelé Sarah Bernhardt à trente ans, et, vous savez, Sarah à trente ans dans le rôle de Phèdre, rien au monde, et non pas même M. […] Idée de Molière : la passion maîtresse change le caractère d’un homme ou d’une femme à l’égard de celui qui sait l’exploiter. — Et de même qu’Orgon, lorsqu’il est désabusé à l’égard de Tartuffe, retrouve contre Tartuffe même toute la vigueur et même tout l’emportement de son caractère ; de même Philaminte, quand elle est éclairée à l’endroit de Trissotin, retrouve contre Trissotin lui-même toute sa hauteur et toute son insolence de mépris : Qu’il a bien découvert son âme mercenaire ! […] Or, je remarque que ces gens-là se retrouvent toujours à la fin tels qu’on les a vus d’abord. […] Nous retrouvons bien là le baron Hulot, Crevel, Mme Hulot, M. […] La réconciliation des deux époux s’y fait en gaîté, sans attendrissement inattendu et sensibilité déconcertante, moitié par des moyens de vaudeville très adroitement préparés dès le premier acte, moitié par le cours naturel des choses, qui veut que quand on a porté des griefs légers devant un tribunal, d’une part on les y voit s’évanouir au grand jour, d’autre part on est si excédé de papiers timbrés, d’assignations et d’avoués distraits et d’avocats ridicules, qu’on est tout heureux de se retrouver chez soi et qu’on se trouve réciproquement très agréable.
La paix, la prospérité, le bien-être ont commencé ; les industries nouvelles et l’activité croissante ont tout d’un coup décuplé les objets de commodité et de luxe ; l’Amérique et l’Inde découvertes ont fait briller à tous les yeux des trésors et des prodiges entassés dans le lointain des mers inconnues ; l’antiquité retrouvée, les sciences ébauchées, la Réforme entreprise, les livres multipliés par l’imprimerie, les idées multipliées par les livres, ont doublé les moyens de jouir, d’imaginer et de penser. […] que mon âme n’est-elle changée en petites gouttes d’eau pour tomber dans l’Océan, et qu’on ne la retrouve jamais ! […] Il veut voir dans l’homme non quelque passion générale, l’ambition, la colère ou l’amour ; non quelque qualité pure, la bonté, l’avarice, la sottise, mais le caractère, c’est-à-dire l’empreinte extraordinairement compliquée, que l’hérédité, le tempérament, l’éducation, le métier, l’âge, la société, la conversation, les habitudes ont enfoncée en chaque homme, empreinte incommunicable et personnelle qui, une fois enfoncée dans un homme, ne se retrouve nulle part ailleurs. […] VII En face de cette bande tragique aux traits grimaçants, aux fronts d’airain, aux attitudes militantes, est un chœur de figures suaves et timides, tendres par excellence, les plus gracieuses et les plus dignes d’amour qu’il ait été donné à l’homme d’imaginer ; vous les retrouverez, chez Shakspeare, dans Miranda, Juliette, Desdémone, Virginia, Ophélia, Cordélia, Imogène ; mais, elles abondent aussi chez les autres, et c’est le propre de cette race de les avoir fournies, comme c’est le propre de ce théâtre de les avoir représentées. […] Les calomniateurs vont la jeter dans la profonde fontaine ; mais le dieu, prenant une des perles de sa chevelure liquide, la laisse tomber sur la blessure ; la chaste chair se referme au contact de l’eau divine, et la jeune fille, revenue à elle, va retrouver celui qu’elle aime encore106 : « Parle, si tu es là, c’est ton Amoret, ta bien-aimée — qui prononce ton cher nom.
Sans doute ce n’est là qu’une vue esthétique, mais on ne la retrouve pas en regardant ceux des mammifères qui passent, dans les vieilles classifications à la Hæckel, pour être les devanciers de l’homme. […] Comment croire que la nature, après avoir produit toute la série des mammifères, a tout d’un coup retrouvé la main qu’elle avait oubliée depuis les primates ? […] Il a retrouvé à Saïda un compatriote comme lui dans la Légion, un autre qui s’est fait professeur de piano et cela lui suffit comme patrie. […] On se demande quelle tête ferait le client si on refusait de lui servir avec son café le demi-londrès traditionnel et si on lui répondait : « Allez le chercher vous-même. » Peu importe que le prix soit majoré ou non, le bénéfice se retrouve dans le pourboire. […] J’ai mis un point d’exclamation à la suite de cette modeste formule pour indiquer que, moi aussi, je sais en apprécier les bienfaits théoriques, quoique pratiquement, il ne m’a jamais été possible d’y retrouver mon chemin.
De ces éléments, un seul est stable et permanent ; il doit se retrouver dans toutes les combinaisons : c’est la nouveauté. […] En œuvrant ainsi, on échappe au bizarre et à l’obscur ; le lecteur n’est pas brusquement jeté dans une forêt dédalienne ; il retrouve son chemin, et sa joie de cueillir des fleurs nouvelles se double de la joie de cueillir des fleurs familières. […] Un tel art, outre qu’il a l’inconvénient de répugner au peuple des lecteurs (qui veut qu’on lui conte des histoires et qui alors les demande au premier venu), est le signe d’une évidente et trop dédaigneuse absence de passion : or le dramaturge est un passionné, un amoureux fou de la vie, et de la vie présente, non des choses d’hier, des représentations mortes dont on retrouve les décors fanés dans les cercueils de plomb, mais des êtres d’aujourd’hui avec toutes leurs beautés et leurs laideurs animales, leurs âmes obscures, leur vrai sang qui va jaillir d’un cœur et pas d’une vessie gonflée, si on les poignarde au cinquième acte. […] Cette même anecdote, moins la conclusion, se retrouve dans A Rebours où des Esseintes agit, mais sur un jeune voyou, à peu près comme M. de Grandville et pour un motif de scepticisme haineux. […] … Adieu donc, n’espère plus retrouver le crapaud sur ton passage.
C’est dans cette voie, c’est au cours et au prix de ce travail que la partie spirituelle de l’homme se retrouvera, se reconquerra elle-même, et avec elle-même, selon le vœu de M. […] On s’est enthousiasmé à l’idée que l’on retrouvait, par-delà les productions chères à des époques d’un goût trop aristocratique et trop policé, une littérature et un art qui, nés du « peuple » et pour le « peuple », devaient être baignés d’une humanité plus profonde. […] Aujourd’hui, c’est au village que nous retrouvons ces vieilles mélodies. […] Vous le retrouvez vingt ans plus tard. […] Je le retrouvais chaque année et je jonissais de son cœur et de son intelligence pendant les quelques mois que j’ai coutume de passer en Béant.
À côté des formes de la servilité se retrouvaient les formes, et quelquefois même les saillies de l’indépendance. […] Enfin, en 1569, on retrouve les enfants de chœur de Saint-Paul jouant, « vêtus de soie et de satin », des pièces profanes dans la chapelle d’Élisabeth, dans les différentes maisons royales, et si bien exercés à leur profession qu’ils étaient devenus, du temps de Shakespeare, une des troupes d’acteurs les plus accréditées de Londres. […] Des pièces contestées, Périclès est, à mon avis, la seule à laquelle se rattache, avec quelque certitude, le nom de Shakespeare, la seule du moins où se rencontrent des traces évidentes de sa coopération, surtout dans la scène où Périclès retrouve et reconnaît sa fille Marina qu’il croyait morte. […] Les événements suivent leur route, l’homme entre dans la sienne ; il emploie sa force à les détourner de la direction dont il ne veut pas, à les vaincre quand ils le traversent, à les éluder quand ils l’embarrassent ; il les soumet un moment à son pouvoir pour les retrouver bientôt, plus ennemis, dans le cours nouveau qu’il leur a fait prendre, et il succombe enfin, mais tout entier, dans la lutte où se brisent sa destinée et sa vie. […] On en peut retrouver les principes dans les ouvrages de Shakespeare ; mais-il ne les a ni pleinement connus, ni toujours respectés.
Léonide heureuse de sa voix à moitié retrouvée, me montre avec orgueil son dos, où il n’y a plus de peau par la morsure des taxia. […] Mercredi 18 mars Dans la correction des épreuves des Lettres de mon frère, quand je le retrouve au collège, écrivant un drame en vers sur Étienne Marcel, cela me rappelle que, quelques années avant, dans ce même collège, en rhétorique, j’envoyais à Curmer une monographie de « La Cuisinière » pour Les Français peints par eux-mêmes, puis, que je faisais une « Histoire des Châteaux au moyen âge » pour entrer à la Société d’Histoire de France, tandis que mon frère continuait à versifier et à fantaisier. […] Mardi 22 septembre Départ pour Avignon, où l’on doit venir me prendre pour retrouver Daudet chez Parrocel. […] Là-dessus, Daudet dit avec justice : « Ma pièce, comme mon livre, aura pour elle les hommes, qui tous y retrouveront un morceau de leur existence, et n’aura jamais pour elle, les femmes.
Renonçant à retrouver l’Évangile et la religion des apôtres, il reste catholique : ne prétendant plus ressusciter l’âme grecque ou latine, il redevient Français. […] J’y retrouve toutes les gentillesses et les curiosités dont le bon François de Sales était coutumier. […] Les Jodelle et les Garnier, n’ayant pas retrouvé dans leurs manuscrits de Sophocle ou de Sénèque la mise en scène du théâtre grec ou romain, n’avaient eu garde de penser à la partie matérielle de l’art. […] Je retrouve dans le Traité Nicomède aussi bien qu’Auguste ; et Nicomède est postérieur à 1649. […] Il n’y a pas de développement du caractère : tout ce qui est au commencement se retrouve à la fin, quand l’auteur ne l’annule pas d’un trait de plume.
Aux xve et xvie siècles, on retrouvait d’hier cette Antiquité ; on sy mêlait, on ne s’en dégageait pas : on ne la jugeait pas d’une seule vue et avec netteté.
On en retrouve trace et témoignage dans le présent volume ; cette âme semble tout à fait vouée à aimer sans être aimée, sans trouver de juste réponse dans l’objet de son erreur.
J’aurais voulu, par exemple, un La Mennais devenu catholique et libéral, comme au lendemain de l’Avenir, mais ayant la force de demeurer tel sous le coup même des encycliques et malgré l’appel et l’attrait de la démocratie : je l’aurais désiré s’enfermant pendant quelque temps dans un religieux silence, et n’en sortant depuis qu’à de rares intervalles par des écrits de réflexion et d’éloquence où il aurait tout concilié, tout maintenu du moins, où il n’aurait rien sacrifié, où il serait resté opiniâtrément le prêtre de la tradition antique et des espérances nouvelles : en s’attachant à un tel rôle bien difficile sans doute, mais si fait pour imposer à tous le respect et l’estime, il aurait fini, sans la chercher, par retrouver son heure d’action et d’influence, et il n’aurait pas eu à l’acheter au prix de la considération.
De plus, en poursuivant l’image, en supposant le fleuve détourné, brisé, fatigué à travers les canaux, les usines, saigné à droite et à gauche, comme le Rhin dans les sables et la vase hollandaise, on retrouve la critique telle exactement que la font les besoins de chaque jour, dans sa marche sans cesse coupée et reprise.
On retrouve dans ces petits débats toute la vivacité et tout le mordant de ce libre esprit ; ainsi dans une lettre à M.
Thiers l’a rêvé aussi, ce rôle idéal ; il s’en fait l’interprète pour tous, et de même que dans les chants du chœur antique, dans ces vœux, ces prières, ces conseils jetés au milieu de l’action sans la hâter ni la ralentir, le spectateur aimait à entendre le cri de la nature humaine et à reconnaître ses propres impressions, de même, en lisant l’historien, on éprouve une vive et continuelle jouissance à retrouver partout l’accent simple et vrai d’une émotion qu’on partage et à sentir un cœur d’homme palpiter sous ces attachants récits.
La grande différence qu’il y a entre cet art-là et l’art classique ne serait-elle pas que l’art classique choisit le fait suprême, intense, où tous les semblables sont contenus, comme le moins dans le plus ; l’autre, au contraire, l’art réaliste ou naturaliste, quand il ne cesse pas d’être un art, choisit encore, mais choisit le fait moyen, rigoureusement équivalent, identique aux faits de la collection qu’il représente, n’ayant rien de plus, rien de moins, comme une expérience de physique ne doit rien contenir qui ne se retrouve dans toutes les apparitions ou reproductions du phénomène qu’elle manifeste ?
À mesure que la vie du corps s’éteignait, son âme se rassérénait et revenait peu à peu à sa céleste origine. 11 retrouva le sentiment de sa mission ; il vit dans sa mort le salut du monde ; il perdit de vue le spectacle hideux qui se déroulait à ses pieds, et, profondément uni à son Père, il commença sur le gibet la vie divine qu’il allait mener dans le cœur de l’humanité pour des siècles infinis.
De 1650 à 1660, nous voyons donc la marquise, âgée de 70 à 80 ans, sa seconde fille mariée au comte de Grignan et de temps à autre madame de Montausier ; mais on ne retrouve que rarement, à l’hôtel Rambouillet, madame de Longueville, sa fille, madame de Nemours ; madame de Sablé, les Scudéry même.
On ne fit point un crime à la Motte-Houdart de s’être ainsi expliqué dans une Ode lue & applaudie par toute l’Académie Françoise, à qui elle étoit adressée : Notre âge retrouve un Homere Dans ce Poeme salutaire, Par la Vertu même inventé : Les Nymphes de la double cîme Ne l’affranchirent de la rime, Qu’en faveur de la vérité.
Les âmes qui retrouvent en cette œuvre leur âme, l’admirent, se groupent autour d’elle et se séparent des hommes d’âme diverse… En d’autres termes (remarquons la fin de ce paragraphe), la série des œuvres populaires d’un groupe donné écrit l’histoire intellectuelle de ce groupe, une littérature exprime une nation, non parce que celle-ci l’a produite, mais parce que celle-ci l’a adoptée et admirée, s’y est complue et reconnue. » En ces quelques lignes se trouvent exprimées une doctrine et une méthode, qui ne marchent pas nécessairement ensemble.
J’aurais peur de les vaincre, et jamais je n’en retrouverais de meilleurs !
À ces esprits de vanité insensée, la Vierge Marie, invoquée sous tant de noms magnifiques dans les Litanies, apparaît surtout comme une femme ; et cette femme prend, à ces orgueilleuses d’être femmes, l’imagination et le cœur plus fort même que le Dieu-Homme ; et c’est ainsi que le bas-bleuisme se retrouve dans leur foi religieuse qu’il infecte, et qu’il fait son impertinente poussée jusque dans le ciel !
L’auteur de Louis XVI et sa Cour 38, qui fut aussi le traducteur de Chesterfield et de Cantu, est d’instinct, d’éducation et d’étude, un esprit vraiment littéraire, qu’on aime à retrouver présent dans l’historien alors qu’il manie avec le plus de préoccupation les choses de l’histoire, et dans un temps surtout où, comme dans le nôtre, la Spécialité est entrain d’assassiner, avec un si grand succès, la littérature !
IV Laissons donc dire le titre de ce livre, qui nous invite avec un nom de femme ; laissons même les détails charmants et naïfs de ce poème retrouvé du chapelain de la comtesse Mathilde, dont Renée, l’habile enchâsseur qui sait faire reluire les moindres pierres, a orné les pages de sa chronique ressuscitée.
Tous les traits y sont ; l’historien n’en a omis aucun et il en a retrouvé quelques-uns qu’on ne connaissait pas ; par exemple, la jalousie qui dévorait ce pékin pour ce qui était militaire et gloire militaire.
La nature de Pelletan s’est retrouvée.
le génie qui voit et qui juge se retrouve toujours dans l’amoureux !
Il a fini par mourir joueur… Comme dans Richard III, Richard redevint lui-même… Il se reprit et il se retrouva comme il était avant la catastrophe de son amour.
Les deux femmes qui créent, par l’antagonisme de leurs sentiments, le drame de son livre, il en a monté les qualités et les défauts jusqu’à cette note suraiguë qu’il appelle l’outrance, cette outrance que vous retrouvez jusque dans le dénoûment si peu attendu d’un pareil livre, où un colosse de l’énergie et de l’orgueil de Guy Livingstone finit par se transformer jusqu’à subir patiemment et sublimement le plus cruel outrage, sous l’empire des sentiments les plus nobles et les plus doux de la nature humaine : le respect de la parole donnée, le repentir et la fidélité dans l’amour.
Sous les brumes du spleen anglais, on retrouvait l’azur lumineux de la Grèce éternelle, de la Grèce aux immuables horizons, aux lignes sinueuses, aux contours arrêtés dans leur splendeur nette, en ces vers anglais plus étonnants que s’ils avaient été écrits dans la langue d’Alcée et de Pindare, et qui, bien plus sculptés que peints encore, ressemblent à des bas-reliefs de Phidias !
Pascal, en effet, a été plus retrouvé, plus restauré, plus raconté que jugé de ce jugement définitif et suprême qui donne la raison suffisante d’un homme ; il a produit plus d’étonnement que d’admiration encore, et presque plus de frayeur que d’étonnement.
On est entré, du premier pas, d’une telle roideur dans le fanatisme de la haine, qu’on ne peut s’avancer d’un degré de plus dans la frénésie à froid du mensonge et dans le souillement des choses sacrées… Avoir vécu vainement dix-huit cents ans de Christianisme et d’Histoire, pour se retrouver, à la fin de ce xixe siècle, qu’ils disent lumineux, de l’opinion de la canaille romaine et des plus atroces empereurs de cette canaille sur le compte des Juifs et des chrétiens, c’est encore moins fort d’absurdité et moins transcendant de sottise impudente, que d’avoir posé comme un fait scientifique et démontré la honteuse et humiliante folie du céleste Rédempteur du genre humain.
Il a poussé l’utopie (mais par là il est vrai qu’il se retrouvait Allemand) jusqu’à vouloir être le Franklin d’un Bonhomme Richard médical, et, quoiqu’il n’eût pas la brouette de Franklin, son livre n’en a pas fait moins rondement le tour de l’Allemagne, pour, après l’avoir fait, nous arriver en France, où tous les niais à surprise, ravis de voir un Allemand si peu Allemand, et tous les petits Voltaires du truism, vont lui préparer le plus bel accueil.
Sépulcre (au fond) de scepticisme, blanchi et recrépi de protestantisme à la surface, c’est le Guizot de toute sa vie que nous retrouvons dans ce livre, mais avec des changements profonds et des modifications singulières.
Malheureusement (je l’ai dit déjà et c’est la seule critique qu’il y ait à faire dans ces Contes), tout n’y est pas de la même puissance, et j’y retrouve l’inégalité que j’avais indiquée déjà dans les premiers ouvrages de Hello, cette inégalité qui est dans la nature des hommes qui vont très haut, et qui retombent d’autant plus raide et plus bas qu’ils se sont élevés davantage.
voilà qu’il trouve, pour résultat d’une étude faite dans les écrits de nos plus forts manigraphes et de nos physiologistes les plus avancés, la conclusion déconcertante que les anciennes possessions, au sens théologique du mot, se retrouvent trait pour trait au xixe siècle, et que le Moyen Age, dont on s’est tant moqué, a ici, comme en tant d’autres choses, victorieusement raison contre l’Institut.
et tout est fresque de cette beauté dans cette longue description, dans cette empreinte levée si ardemment de l’Espagne du xvie siècle… L’évocateur de cette Espagne perdue et retrouvée ajoute encore, quelques pages plus bas : « Les danseuses d’Andalousie n’avaient point dégénéré depuis le temps de Martial et de Pline où elles emplissaient de leur folie lascive les festins consulaires et les voies impures de Suburra.
Déjà les femmes simplement et solidement littéraires ne pleuvent pas dans l’histoire ; mais les femmes poètes… dites-moi, pour que je les ramasse, où il est tombé de ces étoiles filantes, qui ont brillé et se sont évanouies, de ces astres faux qui semblaient se détacher du ciel pour venir à nous et qu’on n’a jamais pu retrouver ?
Et aux yeux de la Critique elle-même, aux yeux de la Critique qui vient trente ans après faire tomber de son doigt glacé la poudre rose, or et argent qui saupoudre encore ce que Delphine Gay a écrit, pour voir le vrai de ce qui est tracé sous cette poussière étincelante, ce moment est aussi le meilleur de sa pensée, et ce moment de Delphine Gay, Mme de Girardin a pu le regretter sans cesse, car elle ne le retrouva jamais !
Et enfin, puisqu’il est descriptif, La Fontaine, l’originalité du paysagiste, quand, en France, de son temps, il n’y en avait pas encore un seul dans la littérature, et que Fénelon nous donnait (dans son Télémaque) une nature souvenue et tirée des Anciens… Eh bien, disons-le, à travers toutes ces originalités différentes, qu’on retrouve quand on les y cherche dans le génie décomposé de La Fontaine, la meilleure à mes yeux et la plus étonnante, celle qui le fait le mieux ce phénix de La Fontaine, celle qui complète le mieux toutes ses puissances par un charme vainqueur de tout, c’est la bonhomie, c’est cet accent de bonhomie qui se mêle à tous les détails de son œuvre, — et je n’entends pas ici que les Fables, mais les Contes !
Il est, je viens de le dire, de la famille française des Rabelais, des Régnier, des Molière, des Boileau, de ces esprits les plus mâles d’entre nous, et par là il se retrouve plus classique que Barthélemy et Barbier.
— je les retrouve à toute place dans ce recueil de poésies, et avec un accent plus mâle et plus grandiose encore que celui des vers que je viens de citer : Ce Sisyphe éternel est beau, seul, tout meurtri, Brûlé, précipité, sans jeter un seul cri, Et n’avouant jamais qu’il saigne et qu’il succombe À toujours ramasser son rocher qui retombe.
Mais, oublié un moment, son tempérament se retrouve.
Les deux femmes qui créent, par l’antagonisme de leurs sentiments, le drame de son livre, il en a monté les qualités et les défauts jusqu’à cette note suraiguë qu’il appelle l’outrance, cette outrance que TOUS retrouvez jusque dans le dénoûment si peu attendu d’un pareil livre, où un colosse de l’énergie et de l’orgueil de Guy Livingstone finit par se transformer jusqu’à subir patiemment et sublimement le plus cruel outrage sous l’empire des sentiments les plus nobles et les plus doux de la nature humaine : le respect de la parole donnée, le repentir et la fidélité dans l’amour.
Ainsi, voyages et aventures, c’est l’épopée d’un pareil Scapin, décrit par Gogol comme un type de Russe immortel, — qui ne peut pas mourir, — et qu’on retrouvera toujours, c’est cette épopée qui compose le livre des Ames mortes.
Toute la fin respire le charme de l’amitié, et porte l’impression de cette mélancolie douce et tendre, qui quelquefois accompagne le génie, et qu’on retrouve en soi-même avec plaisir, soit dans ces moments, qui ne sont que trop communs, où l’on a à se plaindre de l’injustice des hommes ; soit lorsque blessée dans l’intérêt le plus cher, celui de l’amitié ou de l’amour, l’âme fuit dans la solitude pour aller vivre et converser avec elle-même ; soit quand la maladie et la langueur attaquant des organes faibles et délicats, mettent une espèce de voile entre nous et la nature ; ou lorsqu’après avoir perdu des personnes que l’on aimait, plein de la tendre émotion de sa douleur, on jette un regard languissant sur le monde, qui nous paraît alors désert, parce que, pour l’âme sensible, il n’y a d’êtres vivants que ceux qui lui répondent.
Ainsi tels vers de description placés au prologue se retrouvent soit en strophes soit isolés dans le dialogue subséquent lorsque j’ai jugé à propos de renforcer l’impression première ou de remettre en évidence un des motifs principaux. […] Enfin il arrive à Londres, où il retrouve Herzen et Ogareff, le 27 décembre 1861. […] Cette confusion d’un art avec un autre, cette hypertrophie du sens des correspondances se retrouvent dans toutes les décadences. […] Tous, les plus infirmes comme les plus robustes, se retrouvent solidaires, se sentent touchés lorsque quelque porte-clairon de la renommée bourgeoise s’efforce de jeter une pelletée d’immondices sur celui d’entre eux qu’ils reconnurent génial. […] STÉNO Il me semble que j’ai perdu puis retrouvé Ma jeune âme parmi ces choses familières.
En 1841, le grand-duc de Toscane, Léopold II, fit faire des travaux, dans l’espoir de retrouver l’image du chantre de la Divine Comédie. […] Certaine nuit que la jeune fille allait, comme de coutume, retrouver son amant, l’aîné de ses frères la surprit sans qu’elle le vît. […] On retrouva son corps sous les décombres, et elle fut inhumée au cimetière musulman d’Aïn-Sefra, au pied de la haute dune de sable. […] Je t’en rends grâce mille fois, mon ange, ma chère belle, je t’ai retrouvée. […] Avons-nous retrouvé un Racine ?
Mais l’opinion de Port-Royal sur la nature humaine se retrouvera dans ses tragédies ; elle le fera véridique et hardi dans ses peintures de l’homme. […] Mais que la manière exacte et sobre de nos classiques retrouve d’agrément, après tant d’orgies de couleurs et tant d’efforts trop visibles pour voir et pour peindre ! […] À son retour d’Uzès, nous retrouvons d’abord Racine à l’hôtel de Luynes. […] Phèdre sera plus complexe, plus macérée dans la passion : mais nous ne retrouverons plus la fraîcheur de cet enchantement. […] Ce dialogue si rapide et si coupé, je crois bien que nous ne le retrouverons plus (sauf dans Dufresny peut-être) jusqu’au dialogue en prose de Beaumarchais.
« On en retrouvera quelque trace dans l’élégie intitulée la Fille du Pêcheur, qui n’a jamais été ni achevée ni publiée par moi. […] Ce qu’il y a de curieux, c’est que le trait final se retrouve dans l’Odyssée, à la fin du meurtre des prétendants : « Ayant ainsi parlé, il saisit à terre, de sa main vigoureuse, l’épée qu’Agélaos tué avait laissé tomber, et il frappa Léiôdès au milieu du cou, et, comme celui-ci parlait encore, sa tête roula dans la poussière. […] On retrouve dans Bernardin, à qui J. […] On le retrouve dans la Clélie, Cyrus et surtout dans l’Astrée. […] En parcourant cet ouvrage Musset affirme y avoir retrouvé non seulement des pensées, mais des pages entières du livre de l’Indifférence.
Edgar Quinet, on retrouve sous des formes différentes le même scepticisme religieux, à la fois dogmatique et vague, ambitieux et vide. […] Sue touchant l’héritage et la propriété, nous les retrouvons, plus atténuées seulement dans la forme, plus enveloppées de poésie ou de métaphysique, dans plusieurs romans de Mme Sand. […] On le retrouve dans La Confession générale de Frédéric Soulié. […] On le retrouve, enveloppé comme jadis de précautions oratoires et de maximes morales, dans deux romans plus récents du même écrivain, Gilbert et Gilberte et La Bonne aventure. […] » Sauf la brutalité de la forme et le cynisme sans exemple du langage, on retrouve à peu près les mêmes idées sous la plume de plusieurs écrivains257.
Quoique cette première forme de la philosophie théologique se retrouve avec évidence dans l’histoire intellectuelle de toutes nos sociétés, elle ne domine plus directement aujourd’hui que chez la moins nombreuse des trois grandes races qui composent notre espèce. […] Tous nos vrais besoins logiques convergent donc essentiellement vers cette commune destination : consolider, autant que possible, par nos spéculations systématiques, l’unité spontanée de notre entendement, en constituant la continuité et l’homogénéité de nos diverses conceptions, de manière à satisfaire également aux exigences simultanées de l’ordre et du progrès, en nous faisant retrouver la constance au milieu de la variété. […] Il est aisé de reconnaître que les discussions ontologiques des écoles grecques se sont essentiellement reproduites sous d’autres formes, chez les scolastiques du Moyen Âge, et nous retrouvons aujourd’hui l’équivalent parmi nos psychologues ou idéologues ; aucune des doctrines controversées n’ayant pu, pendant ces vingt siècles de stériles débats, aboutir à des démonstrations décisives, pas seulement en ce qui concerne l’existence des corps extérieurs, encore aussi problématique pour les argumenteurs modernes que pour leurs plus antiques prédécesseurs. […] Dans cette vaste expansion sociale, chacun retrouvera la satisfaction normale de cette tendance à s’éterniser, qui ne pouvait d’abord être satisfaite qu’à l’aide d’illusions désormais incompatibles avec notre évolution mentale. […] Cette simultanéité nécessaire n’existe pas seulement pour lui quand il considère ces études dans leur destination abstraite et générale, comme seule base rationnelle de l’ensemble des conceptions humaines : il la retrouve encore, quoique moins directement, même envers les diverses applications concrètes, dont chacune, au fond, au lieu de se rapporter exclusivement à une certaine branche de la philosophie naturelle, dépend aussi plus ou moins de toutes les autres..
L’Europe compte à elle seule cinq ou six langues qui depuis plusieurs siècles ont produit des œuvres considérables de tout ordre ; et nos yeux peuvent s’étendre de l’Europe à toutes les autres contrées, dont quelques-unes, sans rivaliser avec elle, valent bien du moins qu’elle les connaisse, ne serait-ce que pour y retrouver ses propres origines. […] Suivant Platon, au contraire, le témoignage des sens n’est pour l’âme qu’une occasion de s’élever à la notion universelle qu’elle porte en elle, et qu’elle y doit retrouver, quand elle sait rentrer en soi sous la conduite de la philosophie. […] VII Il termine par cette magnifique profession de foi, si claire, si ferme et si résolue dans un temps où l’on ose tout dire, excepté le vrai : Quand l’homme s’est compris lui-même ; quand, disciple fidèle de cette sagesse immuable dont Platon et Descartes sont les plus clairs interprètes, il a compris ce qu’est en lui la pensée, il affirme, avec une certitude désormais inébranlable, que son intelligence, qui ne s’est point faite elle-même, vient d’une intelligence supérieure à elle ; il affirme que son intelligence agit sous l’œil de son créateur, et qu’elle doit le retrouver infailliblement au-delà de cette vie.
Il avait eu son temps de suprématie et de gloire, dont on retrouve encore la mention lointaine dans l’Iliade. […] On retrouve déjà chez les Aryens, ses ancêtres, la croyance que le Ciel change comme la terre, qu’il a ses avènements et ses décadences, et que des dynasties divines s’y succèdent dans le cours des temps. — « Chantons », — dit un Hymne du Rig-Veda — « les naissances des dieux qui, célébrés par nos voix, verront le jour dans l’âge à venir. […] Sans doute, il y retrouva Achille, son glorieux élève, et la jeune ombre héroïque put remonter, en jouant, sur le spectre équestre de son ancien maître.
Vendredi 10 janvier Dans cette maison maudite qui est derrière mon jardin, ce sont du jour à la nuit et de la nuit au jour, des aboiements de deux molosses qui m’énervent, et m’ont empêché des nuits entières de dormir, et si je n’avais retrouvé les volets intérieurs que j’ai fait faire pour mon frère, pendant sa maladie, je serais obligé d’aller coucher dehors. […] À ce sujet, il raconte qu’à Port-Saïd, il a vu, caché, la toilette d’une colonie de femmes indiennes, embarquée pour je ne sais où, et dont l’adhésion des vêtements au corps, obtenue comme au moyen d’épingles, était faite absolument par l’art du drapement, et cet art de fermeture sans épingles, sans boutons, sans nœuds de cordon s’étend jusqu’aux pantalons des hommes, ces pantalons simplement drapés, que le prince Louis retrouvait encore ces temps-ci au Japon. […] Lavoix me disait, ce soir, s’être trouvé à Jérusalem, avec un placeur de vin, très voltairien, qu’un jour il rencontre dans la rue, tout bouleversé, tout extraordinaire, et qui interrogé par lui sur ce qu’il avait, lui répondit : « Je viens du tombeau du Christ, où je ne sais pas ce qui m’est arrivé, j’ai voulu dire une prière… je les avais oubliées… et je rentre à l’hôtel pour en apprendre une. » Lundi 27 octobre J’ai passé aujourd’hui toute la journée chez Lenoir, à chercher et à retrouver la ressemblance de mon frère, sur l’ébauche du médaillon, qu’il fait en découpure pour sa tombe.
La langue de cet avenir vers lequel nous dérivons, je l’ignore et ne m’en soucie, mais je sais très bien que le mouvement d’idées et de critique de 1830 nous fit retrouver la langue perdue du xvie siècle, la seule dans laquelle on pût bien traduire le plus grand poète que le xvie siècle ait produit ! […] Ce fils d’un homme qui a relevé le nom propre, le mot cru, le terme concret, devant l’expression abstraite, vague et académiquement décente, ce jeune homme qui veut que la langue retrouvée du passé soit une langue révolutionnaire, n’a-t-il pas eu parfois la faiblesse de se montrer ici plus littéraire qu’interlinéaire, quand c’est interlinéaire qu’il fallait ? […] » Que Cuvier, dont l’idée nous porte à la tête et nous grise, ait retrouvé des espèces perdues, cela se conçoit : il allait du connu à l’inconnu, du même au même, — non au différent, — et il tenait dans deux doigts de sa main un petit os, base de ses inductions sublimes.
Ces « sources », que nos érudits retrouvent sous la poussière des vieux bouquins, elles étaient alors plus ou moins connues de tous ; le lecteur de Poliziano, de Bembo, de Du Bellay, saluait au passage tel auteur ancien et se réjouissait de le voir heureusement « translaté » en langue moderne. […] la discussion a été féconde, et, après avoir bouleversé les « règles », les auteurs dramatiques ont retrouvé peu à peu les lois. […] La civilisation dont nous sommes aussi fiers que l’Égypte le fut de la sienne pourrait sombrer dans une nouvelle barbarie… Notre effort ne serait pas perdu ; d’autres peuples, recommençant l’ascension, retrouveraient nos traces et vivraient de notre indomptable espérance.
Il avait même là-dessus une théorie : il considérait ce manque de la sixième pulsation comme un temps d’arrêt, un repos de nature, et il paraissait croire que ces pulsations en moins et qui lui étaient dues devaient se retrouver en fin de compte et s’ajouter à la somme totale de celles de toute sa vie : ce qui lui promettait de la longévité. […] Ce Talleyrand a eu bien de la peine à passer au gosier de certaines gens du monde ; il y a eu des arêtes : nous sommes un peuple si réellement léger, si engoué de ses hommes, si à la merci des jugements de société, que l’histoire, pour commencer à se constituer, a souvent besoin de nous arriver par l’étranger… » Et dans une note détachée et inédite, que je retrouve dans le dossier, il disait : « J’ai écrit de bien longs articles, et pourtant ils sont des plus abrégés et des plus incomplets, je le sens, sur un tel sujet.
La peste décimait Florence ; les vivants ne suffisaient plus à ensevelir les morts ; les cantiques funèbres qui accompagnent les cortéges aux campo santo se taisaient, faute de voix pour gémir ; les tombereaux précédés d’une clochette pour annoncer leur passage aux survivants s’arrêtaient le matin de porte en porte, pour emporter comme des balayeuses, sans honneurs, tout ce que ce souffle de la mort avait fait tomber de tous les étages pendant la nuit ; on ne se fiait pas même pour une heure à l’amitié ou à l’amour ; on n’était pas sûr de retrouver en rentrant ceux qu’on laissait, encore jeunes et sains, à la maison en gage à la contagion invisible ; le moindre adieu était un éternel adieu, le lendemain n’existait plus, l’avenir était mort avec tant de morts. […] Dans un jeune univers, si tu dois y renaître, Puisses-tu retrouver la force et la beauté !
Cette poésie qui marche à pied, qui ne se drape pas à l’antique, qui ne se met ni blanc ni rouge sur la joue, qui ne porte ni masque tragique ni masque comique à la main, mais qui a le visage véridique de ses sentiments, et qui parle la langue familière du foyer, cette poésie qui semble une nouveauté parce qu’elle est la nature retrouvée de nos jours sous les oripeaux de la déclamation et de la rhétorique en vers, sera la poésie de ce nouveau venu dans la famille qui chante. […] J’analyserai avant peu de mois sous les yeux du lecteur ces poèmes maritimes, ruraux et guerriers, où l’on retrouve tant d’échos d’Homère, de Théocrite ou de Tyrtée.
Mais non, ne vous bornez pas à les lire, apprenez-les comme moi de mémoire ; il n’y a point d’édition qui vaille cette édition impalpable, invisible, inarticulée que nous portons en nous jusqu’au tombeau et que nous retrouverons sans doute dans nos cendres au ciel. […] » XIV On doit s’imaginer l’impression que de pareils vers éclos du cœur d’une jeune femme et retrouvés sur les lèvres d’une grand’mère en cheveux blancs faisaient sur moi.
L’usage retrouvé ne nous a-t-il pas aussitôt donné un Mistral et un Aubanel ? […] La langue perdue se serait-elle, alors, retrouvée ?
La jeunesse s’en va, la vieillesse arrive ; nous les retrouvons toujours fidèles ; ils ont été nos guides, ils deviennent nos soutiens, et leur immortalité nous console de la mort et nous aide à mourir. […] Nous ne retrouverons ni les mêmes intonations, ni la même pantomime ; tout sera changé L’effet sera certainement moindre, s’il n’est pas complètement nul.
De ce nom de Pabu Tual, Papa Tual, retrouvé, dit-on sur d’anciens vitraux, on conclut que saint Tudwal avait été pape. […] Je me retrouvais moi-même, quand j’avais revu mon haut clocher, la nef aiguë, le cloître et les tombes du xve siècle qui y sont couchées ; je n’étais à l’aise que dans la compagnie des morts, près de ces chevaliers, de ces nobles dames, dormant d’un sommeil calme, avec leur levrette à leurs pieds et un grand flambeau de pierre à la main.
Enfin elle s’est rappelée qu’elle avait abandonné, il y a quelques six ans, en pleine fleur, un merveilleux sujet ; elle l’a repris, simplement : et elle a retrouvé de beaux jours, cotre vieille gaîté française. […] Mais ce qui frappe surtout dans ces chansons populaires, c’est la concordance extraordinaire entre les paroles et les airs ; dans dix, vingt chansons, sur des sujets pareils on retrouve la même tournure mélodique.
Là, nous retrouvons madame d’Ange, qui porte, dans le salon de la Vernières, les airs et la hauteur d’une duchesse à un bal bourgeois ; puis les deux nouveaux amis Olivier et Raymond. […] Cet ami des hommes, nous le retrouvons dans l’Ami des femmes.
Quand un animal, appartenant à un groupe donné, présente un instinct d’une complication exceptionnelle, on retrouve un instinct analogue, mais plus rudimentaire, chez la plupart des animaux du même groupe. […] Surpris, on les recherche ; parfois on tombe juste, quand elles sont suffisamment conscientes pour qu’on les puisse retrouver ; sinon, de bonne foi, on les invente.
Samedi 3 mars Il a vraiment un comique charmant qui vous extirpe le rire, mais ce comique, quand on veut le retrouver, le fixer sur le papier, en donner un mot, une saillie, une plaisanterie, ce n’est plus rien. […] Le portrait n’est pas de La Tour, mais au milieu d’un fouillis de choses, je découvre chez le docteur, un petit chef-d’œuvre d’un des grands sculpteurs du xviiie siècle, dont le nom retrouvé par moi dans un catalogue, m’est sorti de la mémoire.
Si donc, au sens que nous définissions tout à l’heure, l’hélice contient moins que la circonférence et le mouvement qu’on y prétend retrouver, en un autre sens elle contient davantage : une fois acceptée comme l’amalgame d’une certaine figure plane avec un certain mode de mouvement, on y découvrirait aussi bien une infinité d’autres figures planes complétées respectivement par une infinité d’autres mouvements. […] Il faudra alors que le nouvel espace dégorge du temps, que L2 soit diminué de c 2T2 pour que l’on retrouve équation .
[NdA] Quelqu’un, à moi de bien connu, qui fut un moment compagnon de Musset dans cette vie d’imagination et d’effréné désir, a osé encore écrire une pensée que je surprends et que je dérobe, une pensée qui exprime à souhait, et plus qu’à souhait, cette forme de déréglement et de fureur passionnée si chère à la génération dite des enfants du siècle : « Je me fais quelquefois un rêve d’Élysée ; chacun de nous va rejoindre son groupe chéri auquel il se rattache et retrouver ceux à qui il ressemble : mon groupe, à moi, je l’ai dit ailleurs, mon groupe secret est celui des adultères (moechi), de ceux qui sont tristes comme Abbadona, mystérieux et rêveurs jusqu’au sein du plaisir et pâles à jamais sous une volupté attendrie. — Musset, au contraire, a eu de bonne heure pour idéal l’orgie, la bacchanale éclatante et sacrée ; son groupe est celui de la duchesse de Berry (fille du Régent), et de cette petite Aristion de l’Anthologie qui dansait si bien et qui vidait trois coupes de suite, le front tout chargé de couronnes : “κώμοι και μανίαι, μέγα χαίρετε…” (Anthol. palat.
J’eus toutefois la satisfaction de voir que ceux qui avaient le plus anciennement, le plus habituellement vécu dans le même monde et les mêmes sociétés que M. de Chateaubriand, et qui en jugeaient sans prévention, reconnaissaient la vérité de la plupart de mes remarques, et y retrouvaient leurs propres souvenirs dans leur mélange, « de très bons souvenirs, et parfois d’assez mauvais. » C’est ce que m’écrivait l’illustre chancelier M.
Aussi ne croyez nullement que la traduction de M. de Pongerville retrace en quelque chose son modèle ; c’en est une contrefaçon pâle et fade, vernissée d’une plate et monotone élégance, où l’on ne retrouve rien du nerf logique ni de la poésie étincelante du maître.
Mais elle doit elle-même se défier d’une tendance excessive à retrouver tout l’homme dans ses productions du début, à le ramener sans cesse, des régions élargies où il plane, dans le cercle ancien où elle l’a connu d’abord, et qu’elle préfère en secret peut-être, comme un domaine plus privé ; elle a à se défendre de ce sentiment d’une naturelle et amoureuse jalousie qui revendique un peu forcément pour les essais de l’artiste, antérieurs et moins appréciés, les honneurs nouveaux dans lesquels des admirateurs nombreux interviennent.
On retrouve toujours l’amant de Maria ; Marguerite de Cérisy est la même que la coquette des Confidences, la femme sans cœur.
Soumet du nôtre, je voudrais du moins qu’on pût les peindre au naturel tels qu’ils furent, et que cette réalité qu’on chercherait vainement dans leurs œuvres majestueuses se retrouvât dans l’expression entière de leur physionomie, car la physionomie humaine a toujours de la réalité.
. — Et à ce propos d’omissions volontaires, qu’il nous soit encore permis de répondre d’avance à une objection qui ne manquera pas de nous être faite par les curieux : pourquoi ne retrouve-t-on pas ici quelques autres articles dont la signature saute çà et là aux yeux dans le Globe d’avant 1830 ?
Jeunes gens qui voulons nous retremper et nous affermir dans l’intégrité politique, qui voulons espérer en l’avenir sérieux dont l’aspect momentanément se dérobe, qui sommes résolus à ne nous immiscer d’ici là à aucun mensonge, à ne signer aucun bail avec les royautés astucieuses, à ne jamais donner dans les manèges hypocrites des tiers-partis, faisons donc, pour prendre patience et leçon, ce salutaire voyage d’Amérique ; faisons-le dans Jefferson du moins ; étudions-y le bon sens pratique, si différent de la rouerie gouvernementale ; apprenons-y la modération, la tolérance, qui sied si bien aux convictions invariables, la rectitude, la simplicité de vues, qui, si elle s’abstient maintes fois, a l’avantage de ne jamais s’embarquer dans les solutions ruineuses ; apprenons-y, quelle que soit la vivacité de nos préoccupations personnelles sur certains points de religion, de morale, d’économie ou de politique, à ne prétendre les établir, les organiser au dehors que dans la mesure compatible avec la majorité des esprits : car la liberté et la diversité des esprits humains sont le fait le plus inévitable à la fois et le plus respectable qu’on retrouve désormais dans le côté social de toutes les questions.
Et à quelle époque serait-il plus opportun de le faire qu’à celle où la notion et l’idée du souverain se personnifie d’elle-même, et où la nation, grâce à une impulsion incomparable, acquiert et retrouve la seule chose qui lui avait manqué depuis quarante ans, la grandeur ?
Les saisons, qui parcourent sans cesse ce monde en discorde, retrouvent à leur retour ces deux êtres toujours heureux ; et le printemps applaudissant à leurs belles destinées, répand sur leur tête sa guirlande de roses.
Ils ont loué, comme les chantres des premières hymnes, la naissance du soleil et son cours ; ils ont retrouvé dans leur coeur renouvelé les figures des légendes primitives.
L’isvoschik était charmant avec le col blanc de sa chemise ressortant de son caftan, et serrant son cou vigoureux et rouge ; il avait un traîneau commode, plus élevé que les traîneaux ordinaires (jamais Levine ne retrouva son pareil), attelé d’un bon cheval, qui faisait de son mieux pour courir, mais qui n’avançait pas.
Mais c’est ici le lieu de parler de lui : pour la première fois, nous rencontrons dans l’histoire de notre littérature une individualité fortement caractérisée, qui se retrouve dans les ouvrages les plus divers.
L’Italie la première avait retrouvé les deux clefs de l’antiquité : elle avait compris la vérité, senti la beauté des œuvres anciennes.
Son influence se retrouve partout pendant un demi-siècle.
Vous retrouvez dans un coin de bibliothèque un vieil exemplaire des Méditations.
Après l’abdication de l’empereur, Wolfgang retrouve son père rapatrié, et une belle royaliste qu’il aime depuis son adolescence, Mme de Timey.
Si nous voulions retrouver des fragments de ce dialogue, nous ne serions point embarrassés.
Des circonstances adviennent en son impériale famille à l’occasion desquelles il est avoué, recherché, trouvé dans les bagnes français, ramené en Orient, dans sa gloire, ses honneurs, avec, miracle, la princesse Isabelle, jadis aperçue à Rugen, dès lors adorée sans espoir, qu’une mère chérie lui retrouve et lui donne : le bonheur sans phrase, le bonheur des mains jointes, des extases, de l’impuissance à remercier le Créateur que crée le flux de notre félicité, à qui la vertu de notre reconnaissance veut une personnalité… La vie s’attaque à ce bonheur.
On la retrouve en géométrie, dans la théorie de la représentation conforme et en analyse pure, dans celle des imaginaires.
Même aux soirées de la Plume, j’ai vu le Poète s’imposer, un temps, la correction suprême d’un faux col anglais et d’un haut de forme, retrouvé derrière un meuble lors d’un déménagement.
Jérusalem et son temple leur apparurent comme une ville placée sur le sommet d’une montagne, vers laquelle tous les peuples devaient accourir, comme un oracle d’où la loi universelle devait sortir, comme le centre d’un règne idéal, où le genre humain, pacifié par Israël, retrouverait les joies de l’Éden 85.
On retrouva Jésus lui-même dans ce sacrement.
Nous les retrouvons quand nous revenons.
« Mais on serait également injuste envers madame de Maintenon, si on se plaisait à attribuer le chagrin de voir madame de Montespan revenir à la cour, à des motifs peu dignes d’elle, et à ces petites passions qu’on retrouve si souvent dans la société.
Longtemps après, Thyeste, retrouvé à Delphes, est reconduit et emprisonné à Mycènes.
Il avait l’air d’abord de ne vouloir donner que des textes plus corrects, quelques lettres ou papiers retrouvés au fond des bibliothèques, et voilà qu’il a fait apparaître, dans toute leur hauteur, de grandes figures, ou qu’il a ranimé avec feu des physionomies charmantes.
Un jour qu’il avait été obligé de le quitter deux heures, il le retrouvait sur la place où il avait accroché le sous-préfet, et lui racontait comment les petites filles s’amusent dans les pensions.
Un tel procédé se retrouve dans l’ancienne poésie italienne.
Au contraire, quand nous lisons une œuvre écrite en français, c’est nous, c’est notre esprit particulier que nous voulons absolument retrouver dans cette œuvre ; nous refusons de nous adapter à l’auteur, c’est l’auteur qui doit s’adapter à nous.
Les trois mille Océanides éplorées lui apparaissaient en foule dans les nuées au-dessus du Pinde ; dans les cent vallées de l’Œta il retrouvait l’empreinte profonde et les coudes horribles des cent bras des hécatonchires tombés jadis sur ces rochers, il contemplait avec une stupeur religieuse la trace des ongles crispés d’Encelade sur le flanc du Pélion.
Le poëte lui-même fut si touché dans ce moment qu’il écrivit à Paris, qu’en revoyant le roi de Prusse, il avoit retrouvé ce roi enchanteur.
. — Sous l’empire d’une passion très-vive, on voit l’aphasique retrouver momentanément la parole. — M.
Les grands hommes peuvent seuls comprendre ce dernier point des connaissances humaines, où l’on voit s’évanouir les trésors qu’on avait amassés, et où l’on se retrouve dans sa pauvreté originelle.
Un voyage qu’il fit à Spa, puis à Cologne, ne lui rendit pas la santé qu’il avait espéré y retrouver.
Il laisse avec mélancolie errer ses regards en arrière ; il porte au-dedans de lui une vague inquiétude dont il ignore la cause ; il se crée des sentiments factices, et qu’il sait être ainsi, pour suppléer aux émotions qu’il ne retrouvera plus ; il s’étonne du désenchantement où il est plongé ; il a beau être séparé de la religion, ou par les passions dont il est devenu le jouet infortuné, ou par les séductions d’un esprit raisonneur, qui, à force de vouloir approfondir, égare ; il ne peut être sourd aux plaintes touchantes d’une mère, qui ne devait pas s’attendre à lui voir trahir ce qu’elle regardait comme ses plus chères espérances, ni aux terribles accusations de ses aïeux, qui lui reprochent, du fond de la tombe, d’avoir abandonné la portion la plus précieuse de leur héritage.
la femme dans Mme de Staël, la femme qu’on voulait chasser de son génie et que j’y ramène et que je voudrais y faire pour toujours retrouver… Certes, oui, je l’aimerais et l’admirerais bien moins, si elle était plus homme !
Il en reste une Institutrice, — l’institutrice qu’on retrouve sans cesse dans Mme de Genlis.
Mais un pareil fait n’était nouveau et grave que pour l’imagination européenne, qui a la candeur de son ignorance… et la fatuité de nos mœurs, que nous voulons retrouver partout.
Pour eux, en effet, — le comédien et la comédienne, — la critique retrouve de la conscience.
Il n’était point athée d’ailleurs, il n’était que sceptique, mais tellement poète qu’il se retrouvait catholique à certaines heures, — par exemple quand il entendait l’orgue dans les églises, — nous disent les mémoires de sa vie, — et plus profondément encore quand il écrivait ces strophes adorables (dans Don Juan) qui commencent par Ave Maria, la salutation angélique du soir, Shelley, lui, était un atheist froid, résolu, obstiné, au signe de la bête qu’il avait mis sur son front par-dessus le signe du génie !
cette tradition de tous les génies militaires sur la nécessité de la discipline, retrouvée aujourd’hui dans sa beauté sévère sous la plume du colonel Ardant du Picq, sera considérée, qui sait ?
Et voilà qu’avec une ardeur et une jeunesse d’esprit retrouvées, mais trop tard, car Guizot a bien conquis le droit au repos ( otium cum dignitate !
Quoi qu’il en soit, après Fénelon, contre lequel le cœur lui a manqué un peu, Lerminier retrouve toute l’indépendance de sa pensée ; et, suivant l’erreur qui tombe, d’esprit en esprit, toujours plus bas et toujours plus large, de Fénelon en Montesquieu, de Montesquieu en Mably, de Mably en Barthélemy, de Barthélemy en Saint-Just et en Robespierre, et de ces derniers en toute cette plèbe de démocrates timbrés encore de République, il dresse admirablement le compte de cette longue lignée d’adorateurs de la Grèce, qui l’aiment, il est vrai, à la manière grecque, avec un bandeau sur les yeux, et qui ont cru, soit dans leurs livres, soit dans leurs essais d’organisation politique, qu’on pouvait détremper et pétrir les cendres des civilisations consumées pour en faire le ciment des institutions des peuples vivants !
Nature particulière de climat, de production et de situation ; influence de ces agents physiques sur les habitants qui viennent successivement s’y fixer ; importance des révolutions intérieures qui agitèrent ces populations ; part immense qu’elles prirent aux événements qui se déroulèrent dans l’Espagne et dans les Gaules… » Et, plus loin, il ajoute encore : « Si les champs catalauniques furent, au temps d’Attila, selon la belle expression de Jornandès : l’aire où venaient se broyer les nations, les Pyrénées, au contraire, furent la retraite bienfaisante où les débris de ces mêmes nations abritèrent leurs pénates et leurs croyances… Lorsque le mouvement torrentiel des diverses races a fini de s’agiter à leur base, l’historien retrouve dans leurs vallées l’Ibère, le Gaulois et le Cantabre, avec leurs forces primitives, leurs fueros, leur farouche liberté.
Elle est restée obscure, cette bataille, et il faut aller la chercher au fond de quelque chronique oubliée, lorraine ou bourguignonne, pour la retrouver !
tant mieux qu’elle ne s’en soit pas occupée, si nous devions retrouver dans les ombres dissipées de cette époque Marie de Montmorency, l’Artémise chrétienne, changée soudainement en Cathos !
… Madame de Sévigné et ses amoureux, ces patiti qu’elle régalait de petites faveurs innocemment perverses, n’a donc rien à faire avec les femmes vertueuses pour de bon du xviie siècle, avec ces saintes dont l’abbé Maynard, l’éminent auteur du Saint Vincent de Paul, nous écrit en ce moment la vie ; et si Hippolyte Babou, de cette main légère qui est la sienne, nous les môle à madame de Sévigné et à ses amoureux, dans son volume, comme des cartes à jouer qu’on fait se retrouver dans le même paquet, c’est que Babou, qui sait bien ce qu’il fait et qui ne fait que ce qu’il veut, ne veut être aujourd’hui qu’un faiseur de tours de cartes avec l’Histoire.
Nicolardot qui n’a pas, lui, au cœur, l’indignation sainte de M. de Maistre, et dans sa main le pinceau de feu de ce coloriste inspiré, ce livre froid, méthodique, dur comme le fait qui s’y entasse en grêle coupante, réconciliera certainement les admirateurs de Voltaire avec le foudroyant portrait des Soirées de Saint-Pétersbourg, car il y a pis pour l’honneur de Voltaire que ce supplice en effigie auquel de Maistre l’a cloué, et ce sont les pages bien autrement impitoyables, où on le retrouve descendu, culbuté de son piédestal dans la vie, dans cette vie d’un moment qui passe et qu’on croit oubliée, cette vie qui tombe comme une escarre de notre immortalité historique, quand nous sommes immortels, et que voici ressuscitée et ramenée tout à coup sous le regard, dans ce qu’elle eut de plus chétif, de plus obscur et de plus honteux !
Seulement, il était dispersé… IV On le retrouva plus tard, rallié, aggloméré, massé, dans le Protestantisme, qui continua l’hérésie Albigeoise, non pas expressément et littéralement dans les doctrines, mais dans son principe de révolte et dans son mépris de toute autorité religieuse.
Dans l’édition du Monde illustré, il y avait une phrase charmante, qu’on ne retrouve pas dans l’édition en volume.
… IV Eh bien, c’est ce grand chroniqueur, c’est ce grand gazetier de la Science et de la Nature, c’est cette immense commère du globe (qu’on me passe le mot parce qu’il est juste), qui nous raconte tout ce qui se passe à sa surface, ou dessus, ou dessous, ou dedans, que je retrouve, trait pour trait, tout entier, dans cette Correspondance où l’on m’avait annoncé qu’il y avait un second Humboldt !
de retrouver à Paris les discussions et Richardson : « Je nous croyais déchus, — écrit-il, — mais les Français le sont cent fois plus que nous.
L’âme de cette femme brûle sans flamber, elle se déchire sans faire de bruit, et tout ce que je connais de plus cruel, le sourire de la résignation, retrouvée toujours quand elle croit l’avoir perdue, revient bientôt planer au-dessus de toutes ses douleurs et de toutes ses agitations !
Ainsi, voyages et aventures, c’est l’épopée d’un pareil Scapin, décrit par Gogol comme un type de Russe immortel, — qui ne peut pas mourir et qu’on retrouvera toujours, — c’est cette épopée qui compose le livre des Âmes mortes.
Esprit physiologiquement religieux, tourné de tendance primitive et de tempérament vers les choses de la contemplation intellectuelle, métaphysicien et presque mystique, l’auteur de Terre et Ciel n’était point, par le fait de ses facultés, destiné aux doctrines de la philosophie moderne, mais pour des raisons qu’il connaît mieux que nous, et qu’il retrouverait s’il faisait l’examen de conscience de sa pensée, il n’a pu cependant y échapper.
Dès les premières pages de cette biographie, où le savant que nous allons retrouver dans les Travaux et idées de Buffon se sent et pèse si peu, je vois, avant toute vocation scientifique, cette faculté de l’ordre que j’ai signalée et qui est la maîtresse-faculté et la faculté maîtresse dans Buffon.
Comte, mais avec ce désavantage que lui, l’escamoteur philosophique, il ne sait pas les retrouver… Ce déplorable escamoteur en second, qui ne sait rien faire revenir sous son gobelet de ce qu’il en ôte, a, pour toute baguette magique, une affirmation sans preuve, bête, en effet, comme un coup, de baguette : mais en philosophie ce qu’on écarte n’est pas supprimé.
c’est ce grand chroniqueur, c’est ce grand gazetier de la Science et de la Nature, c’est cette immense commère du globe (qu’on me passe le mot parce qu’il est juste), qui nous raconte tout ce qui se passe à sa surface, ou dessus, ou dessous, ou dedans, que je retrouve, trait pour trait, tout entier aujourd’hui dans cette Correspondance où l’on m’avait annoncé qu’il y avait un second Humboldt !
l’un comme l’autre, l’esprit qui vivait le plus comme celui qui vivait le moins, ils devaient si bien retenir, en eux, la marque de cette philosophie, que, malgré le temps, la réflexion et la peur inspirée par des doctrines qui ont fini par donner Arnold Ruge à l’Allemagne et Proudhon à la France, on la retrouve partout en eux à cette heure, aussi bien dans le plus puissant devenu le plus prudent, et qui affecte, pour désorienter l’opinion et n’y pas répondre, de sculpter avec un amour comiquement idolâtre le buste d’une femme sur un tombeau, que dans le plus faible resté le plus hardi, — puisqu’il est resté philosophe, — s’efforçant vainement, dans son interprétation de la métaphysique de saint Anselme, d’échapper aux conséquences, maintenant dévoilées, de la philosophie qui les a également asservis !
Sous ce pêle-mêle d’idées et d’images, de sentiments et d’abstractions, il y a une unité qui tient au fond du livre et de l’âme de l’auteur, et qui nous venge bien du manque d’unité de cette forme que j’ai signalée ; et cette unité du sujet, retrouvée, à toute place, dans cette dispersion de qualités qui rayonnent de toutes parts, en ce livre formidable, comme les balles écartées d’une espingole, c’est justement ce qui est en cause dans cette misérable heure : c’est la grandeur et le droit de la paternité !
Jamais ils n’auraient pu, comme Schopenhauer, ramener tout à cette volonté par laquelle, seule, le monde est intelligible, et qu’il retrouve partout identique à elle-même et au même degré dans tous les êtres.
C’est une vaste polémique engagée et soutenue du haut de la chaire, mais qui n’en est ni moins forte, ni moins victorieuse parce qu’elle en est descendue, parce que nous la retrouverons toujours à portée de notre main quand, lassés, nous voudrons nous appuyer, pour reprendre haleine, contre le mur de l’orthodoxie, et revoir de là la défaite de l’ennemi vaincu… Modèles d’apologie et de discussion, elles furent prononcées pour rappeler aux pieds de notre Dieu abandonné les générations actuelles, et elles ont fait leur moisson sans doute, mais le confessionnal le sait seul et ne parle pas, ce tombeau de la pénitence !
Le clergé, lui, en subit l’influence à une grande profondeur, et Dieu sait s’il en retrouva la trace quand Luther reprit la tradition de la révolte où Jean Huss l’avait laissée !
On trouve, ou plutôt on retrouve partout devant soi de l’Homère, du Dante, du Rabelais, de l’Arioste, du Byron, du Cervantes, du Goldsmith, etc., mais ce qu’il y a de ces hommes de génie n’y est reconnaissable que pour faire lumière à la stérilité foncière de ce singulier poète, qui s’imagine inventer peut-être, quand il ne fait que se souvenir !
Ces cruelles et sacrilèges Poésies, qui insultent Dieu et le nient, et le bravent, rappellent involontairement les plus grandes douleurs de l’orgueil humain, et on y retrouve comme un grandiose souvenir des yeux convulsés de la Niobé antique, des poignets rompus du Crotoniate et de la cécité de Samson dans l’entre-deux de ses piliers, — cette terrible cécité, qui renverse quand elle tâtonne !
Au fond, Saint-Maur est, de tempérament, assez poète pour se passer de littérature, pour ne pas avoir besoin de cette impalpable et brillante poussière de la fleur des autres qui colore quelquefois ses ailes et que j’aurais voulu n’y pas retrouver· III Et, en effet, c’est un poète, Saint-Maur, et un poète involontaire.
Il s’est même vanté, et trop vanté en maint endroit, d’être l’archéologue et l’antiquaire de l’avenir, le peintre minutieux et fidèle d’un Paris disparu et qu’il sera curieux de retrouver.
C’est cette note riante, sonore et comique, qui court partout dans l’œuvre éclatante et profonde et qu’on retrouve perlant tout à coup dans les endroits les plus mélancoliques, les plus passionnés et les plus touchants.
Ils n’avaient pas ce qui doit se retrouver au fond de toute œuvre non pour qu’elle soit plus utile, mais pour qu’elle soit plus belle, car l’idéal dans les arts (si vous creusez bien), c’est la plus grande somme de moralité.
Paul Féval une valeur native, si je ne retrouvais pas dans ses livres les rayons brisés d’un talent de romancier très-au-dessus de son emploi, je croirais qu’il a cédé à son instinct en écrivant le roman d’aventure et qu’il est exactement de niveau avec son inspiration ; mais il est impossible de conclure ainsi quand on a lu M.
Ce n’est plus là le paysan éternel, retrouvé dans quelque anse des Cyclades, entre sa charrue et sa barque ; le même qu’il fut depuis la Bible jusqu’à Homère, et depuis Homère jusqu’aux chansons des Palikares, mais le paysan des temps où nous sommes, ce débris d’homme fruste qui se polit chaque jour, la dernière goutte du limon créateur, qui n’ait pas perdu sa virginité !
C’est surtout à propos de ces esprits imitateurs qu’il faut rappeler l’incorrecte mais énergique expression proverbiale : « un de perdu, deux de retrouvés !
En effet, je retrouve bien dans Hogarth ce je ne sais quoi de sinistre, de violent et de résolu, qui respire dans presque toutes les œuvres du pays du spleen.
Cet art, outre une imagination très vive et prompte à s’enflammer, supposait encore en eux des études très longues ; il supposait une étude raisonnée de la langue et de tous ses signes, l’étude approfondie de tous les écrivains, et surtout de ceux qui avaient dans le style, le plus de fécondité et de souplesse ; la lecture assidue des poètes, parce que les poètes ébranlent plus fortement l’imagination, et qu’ils pouvaient servir à couvrir le petit nombre des idées par l’éclat des images ; le choix particulier de quelque grand orateur avec qui leur talent et leur âme avaient quelque rapport ; une mémoire prompte, et qui avait la disposition rapide de toutes ses richesses pour servir leur imagination ; l’exercice habituel de la parole, d’où devait naître l’habitude de lier rapidement des idées ; des méditations profondes sur tous les genres de sentiments et de passions ; beaucoup d’idées générales sur les vertus et les vices, et peut-être des morceaux d’éclat et prémédités, une étude réfléchie de l’histoire et de tous les grands événements, que l’éloquence pouvait ramener ; des formules d’exorde toutes prêtes et convenables aux lieux, aux temps, à l’âge de l’orateur ; peut-être un art technique de classer leurs idées sur tous les objets, pour les retrouver à chaque instant et sur le premier ordre ; peut-être un art de méditer et de prévoir d’avance tous les sujets possibles, par des divisions générales ou de situations, ou de passions, ou d’objets politiques, ou d’objets de morale, ou d’objets religieux, ou d’objets d’éloge et de censure ; peut-être enfin la facilité d’exciter en eux, par l’habitude, une espèce de sensibilité factice et rapide, en prononçant avec action des mots qui leur rappelaient des sentiments déjà éprouvés, à peu près comme les grands acteurs qui, hors du théâtre, froids et tranquilles, en prononçant certains sons, peuvent tout à coup frémir, s’indigner, s’attendrir, verser et arracher des larmes : et ne sait-on pas que l’action même et le progrès du discours entraîne l’orateur, l’échauffe, le pousse, et, par un mécanisme involontaire, lui communique une sensibilité qu’il n’avait point d’abord.
Bossuet a la familiarité des grands hommes, qui ne redoutent pas d’être vus de près : il est sûr de ses forces, et saura les retrouver au besoin.
Baudelaire se brisèrent en mille pièces, — et je défie bien la postérité d’en retrouver un morceau. […] — Elle est intéressée à se retrouver tout entière dans ces peintures ; et comme elle se trouve avoir toutes les passions de celles-ci, elle se figure aisément qu’elle en a aussi le visage. — C’est une erreur généralement accréditée aujourd’hui parmi les femmes qu’elles sont toutes jolies, et les plus laides ne sont pas les moins empressées de faire parade de leurs prétentions à la beauté. […] Pichat, les symboles cachés dans la matière, de retrouver l’idée de Dieu dans la brutalité du fait et de révéler aux masses les mystères des découvertes. […] Je retrouve dans les Histoires émouvantes, le Billet de mille francs ; mais à la place de Thérèse Lemajeur et de l’Assassinat du Pont-Rouge, M. […] Marquet, mais elle venait d’être engagée en Russie, et elle avouait hautement sa préférence pour Saint-Pétersbourg, — ce paradis retrouvé des comédiens.
Le feuilletoniste de la Presse publiait l’autre jour, sous la rubrique : Revue des théâtres, un fragment de son voyage à Munich, dans lequel on retrouve, avec sa sûreté de main et son talent plastique, toutes les intempérances de l’art matérialiste dont il est le grand prêtre. […] Barroilhet, le baryton ridicule, et dont le profil maigre et tiré et la peau ont pris des tons de cire qui la font ressembler à une sainte de Ribeira, vous retrouverez trait pour trait la prima donna assise au balcon des Italiens, le soir de débuts de Cruvelli. […] Puis, si l’estomac, en se vidant, dissipait le nuage et l’éclair du cerveau si l’azur y pendait en lambeaux comme un vieux ciel de théâtre troué, Gérard faisait un nouvel effort d’imagination et retrouvait le hatchis des Orientaux au fond du gobelet méphitique où le portefaix verse le poison appelé genièvre. […] On y retrouve, avec le même procédé d’orchestration, pour doubler la première phrase de l’allegro, le petit chœur syllabique et mezza voce, employé comme effet d’opposition dans l’effluve de sonorité instrumentale. […] et je ne répondrais pas qu’il amusât très fort ceux qui s’évertuent à l’applaudir de même mais en fin de compte, l’auteur parle toujours la langue admirable qui me charmait dans Flaminio et le Pressoir, et l’Odéon a retrouvé les beaux jours de François le Champi.
Vous ne pouvez donc pas prononcer, en faisant la liaison : « zet devant et derrière » ; car c’est comme si vous disiez au public : Vous savez, ami public, et je ne l’ignore pas non plus, que laquais prend une s à la fin du mot ; je ne peux pas vous faire tort de cette s ; il faut qu’elle se retrouve. […] Hier, de l’orchestre, j’examinais la physionomie des loges ; je retrouvais sur tous les visages cette expression d’ennui respectueux et décent qui m’avait frappé, huit jours auparavant, à l’Odéon, quand on jouait Le Roi Lear. […] Les Américains et les Anglais, tels que nous les peignent des plumes libérales, retrouveraient dans cet Alceste un de leurs ancêtres. […] Testard, après les avoir retrouvés sous la couche uniforme de prose dont ils avaient été badigeonnés jusqu’ici. […] Je disais tout à l’heure qu’il n’y en avait qu’une dans l’ouvrage où se retrouvât la main de Molière.
Je dirai seulement de ce tendre intérêt qu’il inspira à Mlle Cuvier, intérêt mystérieux resté bien longtemps secret, et dont il est permis à peine de dévoiler quelque chose aujourd’hui79, que plus tard les voyages d’Ampère en Allemagne, puis dans le Nord, y apportèrent un arrêt et un obstacle, peut-être un brisement et une rupture intérieure : à son retour du Nord, il ne retrouva plus celle qui savait si bien l’écouter ; la noble jeune fille si distinguée, et depuis quelque temps promise à un autre, mourait de consomption avant l’autel. […] Et le soir, combien de fois, rentrant vers minuit, Ampère retrouvait son ami veillant encore, et là, assis au bord du lit, le pressant des questions qui le préoccupaient et que les rencontres de la journée avaient suscitées en lui, il prolongeait jusque bien avant dans la nuit les doctes enquêtes et les poursuites historiques de sa pensée ! […] Adieu tendrement. » Tocqueville mourait en avril : la chère malade, pour laquelle Ampère avait tant tardé à venir et qu’il alla retrouver dès qu’il le put, mourait en septembre de cette même année (1859). […] Cuvier et retraçant le fin profil de la jeune fille, a écrit : « … C’était Clémentine, l’unique enfant de Cuvier, une créature angélique dans laquelle l’illustre académicien se plaisait à retrouver quelques-uns des dons les plus rares de sa grande intelligence.
Grâce à lui, l’idée de la Beauté s’est exhaussée d’un degré sublime ; le monde plastique a retrouvé sa reine. […] On le perd de vue pendant sept années, jusqu’au jour où on le retrouve bataillant bravement au siège de Viana, à côté du roi de Navarre, son beau-frère. […] Michel-Ange vint le retrouver à Bologne ; il entra, avec une moue de lion privé battu par son maître, dans la salle où le pape soupait, entouré du Sacré Collège. […] L’homme se retrouvait dans l’attitude étonnée d’Adam s’éveillant au milieu du peuple infini des êtres éclairés par la première aurore. […] Lorsque Saint-Simon, qui avait connu Philippe V duc d’Anjou, le retrouva roi d’Espagne dans son ambassade de 1718, il fut frappé de stupeur.
Cet art perdu, il l’avait retrouvé. […] Une certaine solennité qu’il avait dans ses ouvrages et qu’on ne retrouve nullement dans ses lettres, lui a fait un peu de tort. […] Je n’aurai de repos, je ne retrouverai l’usage de mon esprit et de mes facultés que sur les bords du Doubs. […] Nous retrouverons cette théorie en son lieu. […] Vous croyez échapper à la barbarie, vous la retrouvez sous une nouvelle forme : l’ouvrier fonctionnaire, c’est le travail noir opposé au travail blanc.
Je retrouvai le primitif, le paysan qui était en moi dès l’enfance, qu’une existence contraire à mes instincts les plus essentiels avait presque anéanti. […] Grâce à la Réforme, premier essor de la liberté individuelle, grâce aux chefs-d’œuvre grecs retrouvés, grâce à ce flot de lumière sans lequel nous serions de pauvres sauvages abrutis sous la discipline imbécile des moines et du Grand-Lama des Sept Collines, le catholicisme subit sa première défaite. […] — Peut-être… C’est pourquoi je vous lirai, mes benoîts rimeurs, avec un esprit fraternel, sans en vouloir à ceux d’entre vous qui ne me ressemblent pas, sans exalter à l’excès ceux chez qui je retrouverai des sensations analogues aux miennes. […] « Je découvris de nouveau la vie ; je me retrouvai moi-même ; je savourai toutes les bonnes choses, même les petites, comme d’autres pourraient difficilement les savourer. […] Et alors, tu retrouveras chaque douleur et chaque joie, et chaque ami et chaque ennemi, et chaque espoir et chaque erreur, et chaque brin d’herbe et chaque rayon de soleil, et toute l’ordonnance de toutes choses.
Cette restriction se retrouve chez M. […] Louis Bertrand retrouveront ici ses savoureuses qualités de conteur et de paysagiste. […] Il est fort substantiel et l’on y retrouve un tas de choses significatives. […] Il faut retrouver l’idée sous le symbole. […] A Constantinople, il avait l’impression d’être chez lui et de retrouver une patrie.
Les pièces que, dans ce cas, j’appellerais : pièces de l’époque du dénigrement, sont des articles de Revue, déjà réimprimés pour la plupart dans d’autres volumes, et qu’on retrouvera dans celui-ci. […] Victor Hugo a commencé par les orages ; il peut, il doit finir par ce noble repos du poète qui retrouve, au sortir des mauvais jours, un ciel pur sur une terre amie. […] Mais ce naïf, retrouvé par eux, porte un peu la faute de son origine toute réactionnaire. […] Que d’endroits où il ne se retrouve plus ! […] C’est de cette façon que j’ai pu restituer à des pages écrites ultérieurement quelques vues ainsi retrouvées.
Surtout il perdait l’es prit dans les revers ; les gens qui en ont se reconnaissent ci ce que c’est là qu’ils le retrouvent. […] Ce vieil air de ronde, qui est très joli, et qui vient du moyen âge, car si haut qu’on remonte dans notre littérature, on le retrouve toujours, est très aimé de nos poètes ; mais il leur a joué souvent d’assez méchants tours. […] Cela est assez stupide ; mais il est incontestable que c’est d’un effet divertissant en France pour les oreilles des illettrés ; on retrouve ce procédé maintenant encore dans certains récitatifs de café chantant. […] Mais comment rompre avec un livre où l’on rencontre un « Dieu terrible » et où la prédestination se retrouve à toutes les pages ? […] Aussi haut qu’on remonte dans le moyen âge, la Renaissance littéraire, c’est-à-dire la littérature française inspirée de l’antiquité, on la retrouve toujours, si bien qu’on finit par se dire que la Renaissance est un préjugé.
Il y a dans Atala des teintes crues, des tons criards qui plaisent à la multitude, mais que le goût réprouve, et qui ne se retrouvent pas dans René. […] Ces défauts se retrouvent, et avec plus de saillie encore, dans l’Histoire de la Civilisation européenne et dans l’Histoire de la Civilisation française. […] La foule aime à retrouver de vieilles plaisanteries, et s’applaudit volontiers d’une clairvoyance qui ne la met pas en frais d’attention. […] Ici encore nous retrouvons la nécessité, la légitimité de l’idéal. […] à quoi bon feuilleter les livres poudreux pour retrouver le sens des siècles évanouis, puisque l’admiration est acquise d’avance à toutes les paroles qui s’échapperont de la bouche du poète ?
Je ne conçois pas qu’on puisse reprocher comme un manque de dignité à des jeunes gens pauvres, diversement occupés dans la journée, de se retrouver à la seule heure et au seul endroit où ils le puissent, c’est-à-dire à l’heure du dîner et autour de ma table. […] J’y retrouve une préoccupation d’arrangement : « Les rossignols chantaient Rose, les merles me sifflaient. […] Ce n’est pas seulement dans ses travaux bibliographiques qu’on retrouve ces qualités, il met dans ses romans toutes ses croyances, tous ses amours, toutes ses haines. […] J’avoue que cela ne m’émeut pas, parce que cela ne vient pas spontanément, et que je retrouve tous ces mots ailleurs. […] Il n’aura pas retrouvé le signe maçonnique qu’on est probablement tenu d’y mettre pour se faire reconnaître.
Vous retrouvez enfin (et c’est ici l’essence même du roman) la préoccupation scientifique qui remplit, dès le début, les livres de M. […] Il a retrouvé sans effort apparent les allures gaillardes d’une époque où l’amour s’appelait la bagatelle. […] que je retrouve en vous la femme. […] Comme elle appartient à la plus haute société, il la retrouve dans un bal. […] N’y retrouve-t-on pas encore en mille endroits le puritain ennemi du luxe, le Genevois ami des petits États, le Suisse partisan du système fédératif ?
A son retour en France et à la reprise d’armes, on la retrouve gouvernée encore quelque temps par les avis de M. de La Rochefoucauld, qui cette fois les donne meilleurs à mesure qu’il va être plus désintéressé. […] Dans ses soins et ses conseils autour des gracieuses ardeurs de la princesse de Clèves et de M. de Nemours, M. de La Rochefoucauld songeait sans doute à cette fleur de jeunesse moissonnée, et il retrouvait à son tour à travers une larme quelque chose du portrait non imaginaire.
Vous les retrouvez, non pas piquants, mais âcres et d’une saveur brûlante, dans la Nouvelle Héloïse, en vingt endroits de l’Émile, et d’un bout à l’autre des Confessions. […] Mettons-nous à leur place, et nous retrouverons leurs impressions.
Sous le poète on sentait le philosophe à caractère sobre ; l’Arioste se retrouvait dans sa maison. […] Les Tassi, race noble et militaire, déjà connus au douzième siècle, avaient leur château dans les environs de Bergame, non loin de Mantoue, terre féconde, qui ne paraît pas, au premier aspect, favorable à l’imagination, mais qui voit d’en bas les Alpes d’un côté, les Apennins de l’autre, et à qui ces deux hauts horizons noyés dans un ciel limpide inspirent on ne sait quelle grandeur et quelle élévation sereines, qu’on retrouve dans Virgile, dans le Tasse, dans Pétrarque, tous poètes de la basse Italie.
Il retrouva sa belle-sœur, femme de Guillaume de Humboldt, dans cette capitale. […] XIII Quelques mois plus tard, me trouvant à Naples au moment où le Vésuve faisait sa mémorable explosion de 1811, je retrouvai le ministre prussien dans cette ville.
CXXVIII Mais Hyeronimo, qui ne comprenait rien à mes changements, à mes silences et à mes éloignements de lui, paraissait lui-même malade de cœur et d’humeur, de la même fièvre et de la même langueur que moi ; à mon dépit, il semblait à présent moins me chercher que me fuir ; il ne me regardait plus en face et jusqu’au fond du regard comme auparavant ; il frissonnait comme la feuille du tremble quand, par hasard, il fallait que sa main touchât la mienne en jetant les panouilles de maïs dans mon tablier ou en retournant les figues dans le même panier sur le toit ; nous ne nous parlions plus que de côté, quand il fallait absolument se parler pour une chose ou pour une autre, et pourtant, nous ne nous haïssions pas, car, à notre insu, nous étions aussi habiles à nous chercher qu’à nous fuir, tellement qu’on aurait dit que nous ne nous fuyions que pour nous retrouver, et que nous ne nous retrouvions que pour nous fuir.
Le seigneur qui a sa « librairie » et ses lecteurs, le bourgeois, dernier client du jongleur, veulent qu’on exprime leurs passions, leurs opinions ; le présent les possède, et que l’œuvre soit vieille ou neuve, ils n’en ont cure, pourvu qu’ils y retrouvent le présent. […] Mais voici une femme, Christine de Pisan, que nous retrouverons bientôt, et voici un homme qui est comme la première ébauche de l’humaniste en France, un homme qui a étudié seulement ès arts, qui n’a pas touché à la théologie, qui n’a aucun grade : c’est Jean de Montreuil104, secrétaire de Charles VI et prévôt de Lille.
Sans doute, dans les passages proprement « éloquents », j’ai cru retrouver quelque reste d’artifice quand il y parlait au nom du sentiment ; et j’eusse aimé mieux (quoique le morceau ait été acclamé) qu’il évoquât les « chers paysans de France » autrement que par prosopopée. […] Et là encore, la façon dont nos plus décidés révolutionnaires reçurent le despote ami impliquait une gentillesse et une finesse d’esprit héritées de beaucoup de siècles et retrouvées fort à propos.
Je retrouve la lettre que je lui écrivis à ce sujet le 29 mars 1844, dans un moment où mes doutes sur la foi me laissaient un calme relatif : J’ai été heureux, mais non surpris, en apprenant que tu avais fait le pas décisif. […] Le 6 septembre 1845, j’écrivis à M. ***, mon directeur 21, la lettre suivante, dont je retrouve la copie dans mes papiers.
Jamais La Fontaine et Mlle de La Fontaine n’ont été séparés complètement, et ils se sont, presque jusqu’à la fin de La Fontaine, toujours vus de temps à autre ; ils se sont toujours retrouvés, avec plus ou moins de plaisir, je n’en sais rien, mais ils se sont toujours retrouvés, soit à Paris, où il est bien certain que Mlle de La Fontaine a accompagné son mari à l’époque où La Fontaine était le commensal de Fouquet, soit à Château-Thierry, où La Fontaine allait souvent.
Les hommes eurent souvent aussi deux noms : on retrouve, à un certain âge de la société, ces doubles noms affectés de prérogatives ou des significations différentes, dont l’un est le nom d’un être connu dans le ciel, et dont l’autre est le nom du même être connu sur la terre. […] On s’en tirera par un choix de phrases prises dans des ouvrages consacrés, et où l’on retrouvera le mot employé dans tous les sens qui lui ont été imposés soit par l’usage, soit par le génie particulier des auteurs.
mais, il faut bien le reconnaître, il s’en retrouve par la vulgarité du sujet qu’il traite. […] Il y a telles pages dans Le Nabab qui emportent avec elles le fond du roman, et où, comme je l’ai signalé plus haut, le poète des Amoureuses, qui chantait à l’aurore de sa jeunesse comme le rossignol oriental épris de la rose, se retrouve, avec ces teintes de mélancolie que la vie fait tomber sur le talent, afin qu’on en ait davantage !
Il retrouva quelques années après une compagnie plus à son gré dans la société de l’Entresol (1725), vrai berceau d’une Académie des sciences morales et politiques.
Mais ceci se retrouvera à l’occasion de quelque prochain recueil.
Dutrey, m’écrivait : « … Ce n’est pas sans une vive émotion que j’ai retrouvé, dans ce que vous dites de lui, l’expression si fidèle des souvenirs que m’a laissés notre longue amitié.
C’est, au reste, la même J…, qu’après diverses rencontres Casanova retrouvait, six ou sept ans plus tard, dans la galerie de Fontainebleau, devant être présentée au roi Louis XV le lendemain ; mais sa majesté étant venue à passer avec M. le maréchal de Richelieu, lorgna la galante étrangère un peu dédaigneusement, et dit au maréchal assez haut pour que J… pût l’entendre : « Nous en avons ici de plus belles. » L’iris fascinateur avait manqué son triomphe, et la présentation n’eut pas lieu.
Jamais, dans nos crises révolutionnaires, jamais aucun homme n’aurait parlé cette langue dont j’ai cité quelques mots remarquables ; mais dans tout ce qui nous est parvenu des rapports qui ont existé par écrit entre les magistrats d’Amérique et les citoyens, l’on retrouve ce style vrai, noble et pur dont la conscience de l’honnête homme est le génie inspirateur.
Quand le renard s’approche du corbeau, pour lui voler son fromage, il débute en papelard, pieusement et avec précaution, en suivant les généalogies ; il lui nomme « son bon père, dom Rohart, qui si bien chantoit » : il loue sa voix qui est si claire et si épurge. » « Au mieux du monde chantissiez, si vous vous gardissiez des noix. » Renard est un Scapin, un artiste en inventions, non pas un simple gourmand ; il aime la fourberie pour elle-même ; il jouit de sa supériorité, il prolonge la moquerie ; quand Tibert le chat par son conseil s’est pendu à la corde de la cloche en voulant sonner, il développe l’ironie, il la goûte et la savoure ; il a l’air de s’impatienter contre le pauvre sot qu’il a pris au lacs, l’appelle orgueilleux, se plaint de ce que l’autre ne lui répond pas, qu’il veut monter aux nues, et aller retrouver les saints.
Etienne Pasquier208, que nous retrouverons quand nous parlerons de l’éloquence judiciaire, prolongera sa vie jusqu’au début du xviie siècle littéraire : mais il est bien de la génération et de la période qui nous occupent.
Nous aussi, quand nous cherchons à retrouver la vie sentimentale du XVIIIe siècle, ou les manières de penser de la Renaissance, nous poursuivons l’image d’un passé qui n’est plus.
Nous retrouvons ici le conflit entre les solidaristes et les individualistes.
J’apprends que le manuscrit des Valentines, par bonheur retrouvé, est aux mains de l’éditeur Messein.
Mais que je retrouve bien plus dans vos sublimes folies les besoins et les instincts suprasensibles de l’humanité que dans ces pâles existences que n’a jamais traversées le rayon de l’idéal, qui, depuis leur premier jusqu’à leur dernier moment, se sont déroulées jour par jour exactes et cadrées, comme les feuillets d’un livre de comptoir !
Mais je n’ai pu retrouver le passage où j’ai pris cette citation.
Or, il semble que la discordance, la difformité, la bizarrerie se retrouvent alors jusque dans l’extérieur des gens Le grand Condé, avec son nez en bec d’aigle, a l’apparence d’un oiseau de proie.
« Un récent philosophe60 a montré d’une manière incontestable que la cause et la puissance c’est tout un ; et par suite tout se réduit à rechercher quel est l’état de l’esprit qui précède immédiatement une action. » Nous n’analyserons point ce chapitre sur la Volonté, notre but étant surtout de faire connaître des résultats nous les retrouverons avec plus d’ampleur dans M.
Nous retrouvons les mêmes tendances dans le grand physicien Tyndall, dans Huxley, qui s’élève même parfois aux plus hautes conceptions philosophiques, soit pour faire ses réserves à l’égard du positivisme, soit pour adhérer à l’idéalisme de Berkeley.
Cette tradition respectueuse de la critique se retrouve tout entière chez les Latins.
Le rêve qu’on a en soi, on le retrouve hors de soi.
À la vérité, il reste toujours à expliquer comment ce qui est extérieurement mouvement détermine intérieurement la sensation de chaleur ; mais c’est là, je le répète, ce qui est en question, et l’on retrouve toujours deux ordres de phénomènes irréductibles, dont les uns sont la condition des autres, mais qui ne peuvent se confondre.
On est tout stupéfait, de quelque côté et par quelque chemin qu’on y vienne, de se retrouver à son pied.
Nous en avons déjà vu plusieurs exemples, et heureusement nous en retrouverons encore.
Nous retrouvons les gaulois dépeints avec ce caractere dans l’histoire romaine, et principalement dans un récit de Tite-Live.
Pour résumer, la lecture d’un auteur qui est philosophe est une discussion continuelle avec lui, une discussion où se retrouvent tous les charmes et tous les dangers aussi d’une discussion dans la vie privée.
Et si vous me dites qu’à faire ainsi, l’on finit par dénaturer le poète, l’on finit par ne plus chercher en lui que le musicien et par ne plus le trouver poète quand il ne fait plus de la musique ; je vous répondrai que, quand on commence à sentir cela, on doit faire taire l’orchestre comme on éteint une lampe ; qu’on doit cesser de lire tout haut et recommencer à lire tout bas et que, de même que pour saisir l’idée et s’en pénétrer on doit d’abord lire tout bas, de même, après avoir assez longtemps lu tout haut, on doit revenir à la lecture intime pour retrouver devant soi l’homme qui pense.
Je me suis replongé dans les premières sensations intellectuelles et les premières admirations de ma vie ; mais ces sensations retrouvées, je ne les ai pas dues à celle de qui j’en attendais de plus vives et de plus complètes.
Roselly de Lorgues nous raconte que dans son premier voyage Colomb trouva devant lui une vaste mer d’herbes, mais il passa, et quand il revint, il ne la retrouva plus.
Quand les historiens qui auront parlé de la Ligue avant ou après lui (peu importe), mais comme lui, seront tous convaincus d’erreur, de mauvaise foi ou d’ignorance, quand leurs assertions, réduites à néant, sous le souffle d’une Critique puissante, ne feront plus nuée sur les faits, et ne cacheront plus le vrai des choses, l’influence de Voltaire déshonorée se retrouvera encore dans une foule de têtes, comme un tic incorrigible dont l’esprit français ne guérira pas, tant, cet esprit, il l’a détraqué !
IV Rien de plus curieux que l’histoire de ce magnétisme de l’Empire Romain, retrouvé partout par l’historien des Institutions de l’ancienne France, et même jusque dans les invasions contre l’Empire.
C’est la même foi peut-être, mais, on le conçoit, l’accent sorti de l’âme d’une femme qui aimait Jésus-Christ comme nos Saintes, à nous, peuvent l’aimer, ne devait pas se retrouver dans le livre d’un homme, — d’un prédicant, — d’un polémiste, tel qu’a voulu l’être le comte de Gasparin en ses Conférences.
On prétend retrouver dans ce visage — médaille invulnérée — le signe des fronts qui souffrirent et qui les marque, en les défigurant d’une manière sublime, comme le fer à cheval de Redgauntlet !
L’instinct royal, impérissable comme sa gaieté, se retrouvait ici… dans la laveuse de vaisselle de cloître qu’elle avait voulu devenir, cette ambitieuse !
Monsieur de Cupidon — comme dit la vieille petite nudité de ce nom — est, on s’en doute bien, cet Amour que le xviiie siècle avait conçu et réalisé, dont la monographie est depuis longtemps trop connue pour que nous la recommencions, et qui, revenu après sa mort sous la forme d’un dandy moderne, traverse le monde et retrouve tous les personnages de sa vie antérieure, affublés comme lui de formes nouvelles : Voici monsieur Dubois plaisamment fagoté !
… Que me fait de savoir que ces lettres ont été sauvées d’une maison incendiée par les Prussiens, et qu’on n’a pas pu retrouver celles de l’homme que Réa Delcroix a aimé !
De quelque état de barbarie et de férocité que partent les hommes pour se civiliser par l’influence des religions, les sociétés commencent, se développent et finissent d’après des lois que nous examinerons dans ce second livre, et que nous retrouverons au livre IV où nous suivons la marche des sociétés, et au livre V où nous observons le retour des choses humaines.
Aussi, lorsque la ville est prise, retrouve-t-elle Ménélas avec plaisir et lui crie-t-elle : « Tue ! […] Ce qui nous reste de Lycophron est si peu de chose qu’il suffit de le nommer, si l’on veut, pour permettre aux curieux de retrouver facilement le passage. […] Benda retrouverait aisément ces fautes de quantité, pour les corriger dans la prochaine édition. […] Au surplus, est-ce bien surtout de se retrouver là-haut en famille qu’il s’agit dans la doctrine orthodoxe ? […] Après tout, cette fameuse réalité ne nous importe pas tant que cela, et surtout nous ne désirons pas tant la retrouver telle quelle dans les livres : nous en sommes rassasiés et la vie nous suffit.
On retrouve ici la lâcheté générale de l’homme. […] Cet homme, qui a dit cela à ce peuple, a transposé, a surélevé un instinct de ce peuple, de sorte que ce peuple dans la pensée de cet homme se retrouve d’abord, ce qui est nécessaire ; et se retrouve plus beau, se retrouve en beauté, ce qui a des conséquences extraordinaires pour son bien-être moral et pour son bonheur. […] Quand on a étudié le caractère d’une personne et qu’on lui fait raconter ses rêves, on retrouve en eux tous ses sentiments à un plus haut degré de naïveté et dans une plus nette et pure lumière de naïveté et de candeur. […] Il est donc certain que Nietzsche, persuadé que l’homme est un être qui doit se surmonter, a souvent, peut-être toujours, songé à se dépasser lui-même et, au-delà de son immoralisme et de son athéisme, à retrouver une morale supérieure et un théisme supérieur, peut-être une religion supérieure. […] De là sa passion pour le drame de Wagner dans lequel il a cru — avec raison selon moi — retrouver la tragédie grecque.
Retrouvées, elles auraient le menu charme d’un petit bruit de nid ; dans ce nid pépiait notre génie lyrique. […] La légende, qui incarna dans le cadavre retrouvé d’une jeune fille le renouveau de l’esprit et de la forme antiques, aurait pu, aurait dû être plus vaste. […] Mais l’alexandrin toujours subsiste, héroïque et vaste ; on le retrouve dans la Bataille de trente Bretons contre trente Anglais ; on le retrouve dans le poème plébéien de Cimelier, la Chronique de Bertrand Duguesclin. […] Vous le retrouverez, plus poète, dans le violent génie éphémère d’Auguste Barbier. […] Même lorsque, dans les heures de jour, elle demeurait éteinte, il la retrouvait encore dans l’éblouissement et dans l’amour de l’avoir vue.
Prose latine et de la meilleure époque, vers latins et du meilleur coin, voilà ce qu’il faut retrouver, et voilà ce qu’il faut élaborer avec une curiosité diligente pour enchanter et pour fortifier les esprits. […] Et naturalisme, rationalisme et humanité se retrouvent, en une forte synthèse, dans l’esprit encyclopédique, pour former une philosophie achevée et une morale admirable. […] D’un geste de l’ancien métier, subitement retrouvé, il tendit le corps du côté de la porte, comme s’il entendait venir l’adjudant de semaine. […] C’est cette idée très répandue, à ce qu’il me semble, qu’on retrouve dans l’éloquente conférence que faisait récemment M. […] Lassalle retrouvera cette idée plus tard.
Joannidès, il faut remonter à la période 1860-1870 pour retrouver un petit nombre de représentations de cette tragédie. […] Lanson, qui aime à retrouver le drame bourgeois du dix-huitième siècle dans Augier et dans Dumas fils, aurait pu citer en note, et c’eût été un bien joli bas de page, le couplet étincelant de J. […] On le retrouvera ce soir ou demain, et on lui fera son affaire. […] La variété ne pouvait se retrouver que dans les formes du travers… Mon tableau pousse au noir, je le reconnais. […] De là les étonnements de la critique à son endroit, qui, souvent, ne retrouvait plus son Scribe, et ne savait d’où lui venait ce Scribe tout nouveau.
Villon retrouve avec originalité et vigueur la sève des satires et des fabliaux ; il mêle à l’esprit quelques accents de tendresse ; il promet, il a l’air de débrouiller quelque chose ; il fait espérer un recommencement. […] C’est une vie d’un moment qu’ont de tels discours, même lorsqu’ils réussissent, une vie bien éphémère ; le lendemain, imprimés, on n’y retrouve plus, bien souvent, les grâces ou les malices de la veille. […] Le rhétoricien pourtant se retrouve dans ce passage même ; il n’a fait que retourner sa rhétorique.
Voici une jeune fille, jolie et honnête, qui traverse la cour des Fontaines et le quartier des légistes pour aller retrouver son frère. […] Lorsque le vieux Peggotty apprend que sa nièce est séduite, il se met en route, un bâton à la main, et parcourt la France, l’Allemagne et l’Italie, pour la retrouver et la ramener à son devoir. […] Après un intervalle, vous les retrouvez au seizième siècle, quand eut passé la littérature française importée de Normandie ; elles sont l’âme même de la nation.
L’art, sous toutes les formes, en est alors comme l’image sensible : la hardiesse ne s’y montre jamais que dans la sagesse, et l’invention n’est que le bonheur de retrouver le bien de tous. […] Cet homme, tombé de la toute-puissance qu’il avait exercée avec modération, exilé dans un coin de l’île de Samos, où il vit du travail de ses mains ; puis, par un retour de fortune, ramené en triomphe à Salente, où il retrouve la faveur du prince et la puissance, et ne s’en sert pas contre ses ennemis enfin se retirant dans une solitude, non pour s’y dérober à ses devoirs envers sa patrie qu’il continue à servir par ses conseils à Idoménée, mais pour échapper par l’obscurité à l’injustice et à l’envie ; cette création, que rendent vraisemblable certains exemples de la sagesse antique, reçoit de l’esprit chrétien, habilement caché sous une mise en scène grecque, une grandeur inconnue des héros comme des sages du paganisme. […] Retrouvée, comme on sait, au commencement de ce siècle par Renouard.
Je le retrouverai bien quelque jour. […] Pierre Louys retrouve le nom véritable et esquisse pour la première fois l’histoire encore incertaine. […] Historiettes Hier, j’ouvris par hasard un tome de la « Chronique scandaleuse » (qui ne l’est pas plus que les autres mémoires secrets du dix-huitième siècle) et, en ayant parcouru quelques pages, j’y retrouvai quelques-unes des histoires gaies qui ont fait la réputation de tels de nos contemporains, celle-ci, par exemple : « Un officier municipal, chargé de surveiller les concerts, fait un jour venir un musicien et le reprend sur sa néglicence : « Vous vous reposez trop souvent, pendant que les autres jouent.
Si je m’imagine un interlocuteur ou un auditoire, alors aussi ma parole intérieure devient plus intense, plus nette, plus variée d’intonations et plus lente ; elle est pourtant moins lente que dans le cas précédent ; elle prend l’allure exacte de la parole extérieure, c’est-à-dire qu’elle est continue, sauf les intervalles nécessaires à l’audition distincte des mots et ceux qui résultent de la nécessité de reprendre haleine ; ceux-ci, comme les premiers, doivent se retrouver dans la parole intérieure de l’homme d’imagination, car il croit entendre sa propre voix telle qu’elle est quand elle est extérieure et, par suite, soumise à d’impérieuses conditions physiologiques. — Par la même raison, la parole intérieure n’est plus alors ni concise ni personnelle : étant comme un discours adressé à autrui, elle se fait prolixe et, autant que possible, impersonnelle, afin d’être clairement entendue et d’entraîner la conviction. […] Enfin, on se parle quelquefois à soi-même à la seconde personne avec autant de vivacité qu’à un interlocuteur ; ici, nous retrouvons la parole intérieure morale ; les reproches, les conseils, les résolutions sont en effet des occasions de hausser le ton de la parole intérieure et de lui donner une allure impersonnelle. […] Sans parler ici de l’ivresse, tous ces effets de l’imagination et de la passion se retrouvent à un plus haut degré d’exaltation, et surtout à l’état continu, chronique, chez les aliénés.
Tous les efforts pour créer des ordres pauvres ne sont pas autre chose qu’un retour instinctif à l’esprit ancien de l’Église, et un effort pour retrouver contact avec le peuple, qui échappe. […] Il a vu la Révolution, affreuse partout, épouvantable, comme on sait, à Lyon, et il a gardé de ces scènes horribles, un souvenir que l’on retrouve à peu près dans tous ses ouvrages. […] Il doit y avoir dans l’idée de la figue un mythe perdu dont il importerait de retrouver le sens. […] Partout vous retrouvez : punition d’une première faute, travail imposé à l’homme après une période de bonheur dans l’oisiveté, science acquise au prix du malheur. […] Partout vous retrouvez : tache originelle, travail imposé, expiation.
. — Et nous avons retrouvé dans les journaux et revues de l’époque la collaboration de Gobineau ; elle est considérable. — Elle comporte, en dehors des œuvres d’imagination, des études politiques, économiques, — et celles qui nous intéressent, parues dans la Revue Nouvelle en 1845 et 1846. — puis d’une façon régulière sous forme de feuilleton dans le Commerce en 1844 et 1845, enfin dans la Quotidienne en 1845, 1846 et 1847. — Les premières de ces rubriques n’ont suivi que de peu d’années le premier article qu’ait écrit Gobineau, lequel, parut le 25 août 1838, dans une revue « France et Europe » et est intitulé Poètes Persans : Moulana, Djelaleddin, Roumi : l’orientaliste qu’il fut tout jeune portait déjà aussi dans son cerveau à cette époque l’ample ouvrage qui conduisait sa pensée à travers les siècles et toutes les races de la terre, mais il ne dédaignait pas de s’intéresser au mouvement littéraire de son temps, et pour l’étudier, juger les hommes et les œuvres, il apportait cette sorte d’ardeur intellectuelle, cette curiosité et cette perspicacité implacable qui sont les caractéristiques de son génie. […] Là, on le retrouve ; on reconnaît l’auteur du Père Goriot, à la description nette et vive des costumes et des allures. […] Il ne s’arrête pas au placage des descriptions de mœurs ou de costumes, et de même que, dans ses poésies, on l’a vu moins soucieux que ses contemporains de ce qu’on appelle la couleur locale, de même, dans ses nouvelles on le retrouve peu enclin à aiguiser la curiosité du lecteur par des peintures de faits matériels. […] Heine ; c’est là que la verve rabelaisienne, l’âcreté sarcastique de Luther se retrouvent plus que dans aucune œuvre moderne ; non, certes, on ne peut disputer à ce morceau un rang distingué parmi les productions de la poésie de nos temps ; mais, précisément à cause de tant d’avantages nous sommes forcés de nous taire ; il nous est impossible d’insister sur une scène où l’on trouve une révélation de l’avenir de l’Allemagne, contemplée au fond d’une sorte d’urne qui jusque-là était restée étrangère à toutes fonctions divinatoires.
Ceux-là mêmes qui devraient se rejoindre, se retrouver, s’unir, dans l’immense foule médiocre, ceux-là, ne se connaissant pas, ne se peuvent donc reconnaître ; — et puis, chacun d’eux a sa langue. […] Dans un sermon de Bossuet, Racine assurément, ne retrouvait rien moins que ses fines préoccupations psychologiques, — mais soyez sûrs qu’il y admirait en tout cas la même volonté de nombre, d’équilibre et d’harmonie ! […] Paul Bourget ajoute : « Je ne saurais les relire, ces lignes si simples, sans une émotion presque pieuse, et je crois que beaucoup des écrivains qui ont eu leurs vingt ans entre 1865 et 1880 y retrouveraient de même en un raccourci puissant, ce qui fut la foi profonde de leur jeunesse. » Nous retiendrons ce mot : l’empirisme était devenu une foi. […] Si hâtivement qu’il créât pourtant, il créait ; il avait de l’art une conception instinctive qu’on retrouve à l’origine de ses plus véridiques productions. […] Il me faudrait étudier son vers, son rythme, ce talent suprême de mise en œuvre objective que l’on retrouve dans la forme encore : ah !
Dans un voyage en France, quelques années après (1766), Horace Walpole retrouve le duc de Nivernais et son monde ; il se loue en toute occasion de sa serviabilité, de son obligeance ; mais il le peint au vif dans sa haute coterie. […] M. de Nivernais n’a ni la simplicité d’Ésope, ni la naïveté de La Fontaine : mais son style est plein de raison et d’élégance ; on y retrouve le vieillard et l’homme de bonne compagnie 6. » C’est sur cet éloge que nous finirons.
Fort aimée de sa mère, fort sérieuse, intelligente, mais sans vivacité décidée, assez maladive, la jeune Pauline passa ses premières années dans ce monde dont elle recevait lentement une profonde empreinte, plus tard si apparente ; c’était comme un fond ingénieux, régulier et vrai, qui se peignait à loisir en elle, et qu’elle devait toujours retrouver. […] Mais je retrouve plus tard Mlle de Meulan qui arrive à des opinions également neuves et justes en matière de poésie, par suite de cette même indépendance et droiture de raison.
Le pasteur et le pharmacien retrouvent le jeune homme auprès de ses chevaux, sur la place du village. […] Il y retrouva sa même place dans la confiance sans bornes du duc Charles-Auguste et dans la prédilection de la duchesse Amélie.
Les supplices mêmes se ressemblent dans les deux visions du philosophe grec et du poète toscan ; on y retrouve jusqu’aux cercles inférieurs du Dante. […] Dans toutes les erreurs sociales du monde, vous retrouverez une réminiscence de Platon !
C’est peut-être un préjugé, Monsieur, je n’ose pas le décider, mais il n’en est pas moins vrai que, même parmi nous, les plus pauvres, les plus ignorantes des familles du peuple, soit à la ville, soit à la campagne, un instinct, absurde peut-être, mais invincible, nous inspire partout et toujours une répugnance naturelle pour certaines familles entachées de crimes fameux dans quelques-uns de leurs membres, et capables, nous le supposons du moins, de retrouver cette capacité du crime de génération en génération ; nous nous en éloignons tant que nous pouvons, nous disons que cette race est mal famée, nous ne leur donnons pas nos filles, nous ne permettons pas à nos garçons de chercher des femmes parmi eux. […] Il m’a rappelé ce vieux frère quêteur du couvent de la montagne, auquel je dois le miracle de charité qui m’a sauvé et le bonheur de retrouver mon père, ma tante et ma cousine.
Villemain, j’avais vu madame de Staël dans cette maison et ailleurs éclairer d’une vive lumière quelques entretiens accidentels sur la politique, les lettres, les arts, parcourir le passé et le présent comme deux régions ouvertes partout à ses yeux, deviner ce qu’elle ne savait pas, aviser par le mouvement de l’âme ou l’éclair de la pensée ce qui n’était qu’un souvenir enseveli dans l’histoire, peindre les hommes en les rappelant, juger, par exemple, le cardinal de Richelieu avec une sagacité profonde, et il faut ajouter une noble colère de femme, puis l’empereur Napoléon qui résumait pour elle tous les despotismes, et que sa parole éloquente retrouvait à tous les points de l’horizon comme une ombre gigantesque qui les obscurcissait. […] Nous retrouvons en ce moment l’impression fugitive de cette apparition, dans une lettre à un de nos amis d’enfance qui nous a été restituée après la mort de cet ami ; nous demandons pardon au lecteur d’en détacher cette page.
Pour les 1re et 2e parties, l’originalité des raisonnements de Pascal est dans l’application des méthodes scientifiques au problème théologique : le physicien et le géomètre se retrouvent dans ces étonnantes démonstrations où la religion est tantôt offerte par hypothèse, comme le système astronomique de Copernic, opposé à celui de Ptolémée, se vérifie par la concordance de ses conséquences logiques avec les faits observés, et tantôt jouée comme à la roulette, sur un calcul de probabilités. […] D’autres théories de Pascal sont celles du temps : sa doctrine politique, au fond, se réduit à des opinions assez répandues parmi le tiers état intelligent depuis la fin du xvie siècle, et elle se retrouvera, l’accent seulement étant changé, dans la Politique de Bossuet.
Elles en renouvelaient l’esprit, en même temps qu’elles retrouvaient les fondements de la philosophie. […] Sans accorder à ses contradicteurs qu’il était aussi instruit en toutes choses qu’homme de son siècle, et de beaucoup le plus instruit dans les matières de science et de philosophie, on peut dire que l’antiquité, qu’il avait arrachée de sa mémoire, comme corps de doctrines, y était restée comme méthode générale ; et c’est par l’effet d’une illusion qu’il crut inventer beaucoup de choses qu’il retrouvait.
Nous le retrouvons tout pareil à la fin du xviiie siècle. […] Le malheur est que ces Edens sont des paradis perdus dont on n’a jamais su retrouver l’entrée.
Ils se retrouvent avec de légers cris ; ils se présentent les uns aux autres. […] a phrase de cc vœu qui réapparaît, comme une prophétie réalisée, dans la scène finale, dans le chant de Heiling : « Ma mère, tout s’est accompli » C’est encore ici que nous retrouvons Berlioz avec son Benvenuto Cellini (1838) si méconnu jadis, sifflé à Paris, tombé à Londres, acclamé seulement à Weimar en 1852, et qui vient de remporter de si éclatants succès à Carlsruhe, Mannheim, Munich.
Et voici qu’en buvant, le soir, nos vins vermeils Nous croirons retrouver les beaux, les vieux soleils Qui luisaient aux coteaux ardents de la jeunesse… — Et nous nous sentirons envahis d’une ivresse Triste et joyeuse au souvenir des vieux soleils ! […] « L’âme fidèle, inguérissable du mal de ne pouvoir se taire, a retrouvé l’amie éternelle : Toute seule devant ton flot pendant des heures, Je voudrais promener mon silence anxieux Et puisqu’il n’est jamais de larmes dans mes yeux M’écouter longuement pleurer lorsque tu pleures Ou bien, parmi la nuit, le fracas et le vent, À l’heure où la tempête est à son apogée, Crier en toi, sauvage, affolée, enragée, Les cheveux dénoués et les poings en avant.
… Malheureusement, dans l’Histoire de Philippe II, on retrouve tout entier l’historien des Ducs de Guise. […] Je l’ai dit déjà, on l’y fuyait, mais ceux qui la fuirent la retrouvèrent derrière les frontières, et ils ne l’y auraient pas trouvée qu’ils l’eussent apportée avec eux… Lâche en Europe, défectionnaire à tous les devoirs chez tous les gouvernements, cette anarchie, qui était partout, fut plus cruelle en France qu’ailleurs, et Forneron pas plus que M.
Hugo se croit inventeur à son tour, et un inventeur colossal, parce qu’il a retrouvé quelques formes perdues du xvie siècle ! […] … L’auteur des Pauvres gens, cette poésie à la Crabbe, mais d’une touche bien autrement large et émue que celle du réaliste Anglais, le peintre de La Rose de l’infante, ce Vélasquez terminé et couronné par un poète, préfère peut-être à ces chefs-d’œuvre et à tant de pièces que nous avons indiquées déjà les deux morceaux qui terminent le recueil, intitulés Pleine terre et Plein ciel, ces deux morceaux dont je me tairai par respect pour cette Légende des siècles dans laquelle j’ai retrouvé vivant M.
Mais je suis sûr que dorénavant je n’en retrouverai jamais plus rien sous la plume de celui qui nous reste… VIII7 J’ai félicité M. […] La petite place canaille se retrouve ici… Elle est aussi bien souvent dans les dialogues des deux frères, dans leurs conversations chez eux.
Il y a des mots comiques où ce motif se retrouve à l’état de résonance lointaine, mêlé à une naïveté, sincère ou feinte, qui lui sert d’accompagnement. […] Je crois qu’on le retrouverait au fond de beaucoup de suggestions comiques, surtout dans le comique grossier, là où paraît s’accomplir sous nos yeux la transformation d’une personne en chose.
On retrouve autre chose que ce qu’on savait déjà, mais qui le vaut bien.
Né en Bourgogne, d’une famille parlementaire (1627), il s’annonça de bonne heure par les plus brillantes dispositions ; son feu, sa vivacité étaient modérés par une douceur et une sagesse qui se retrouvent dans toute sa vie ; sa parole était de feu, mais son esprit, sa conduite furent toujours sages.
À son arrivée dans ce monde sulpicien, il lui semblait, au contraire, se retrouver de nouveau dans son milieu de Bretagne ; entouré d’hommes graves, paisibles, de maîtres instruits (l’abbé Gosselin), quelques-uns profonds et très originaux (l’abbé Pinault, par exemple), il commença à développer lui-même sa propre originalité : « L’éducation ecclésiastique, a-t-il dit, qui a de graves inconvénients quand il s’agit de former le citoyen et l’homme pratique, a d’excellents effets pour réveiller et développer l’originalité de l’esprit.
La poésie pour lui est ailleurs : elle a quitté les déserts, elle s’est transportée et répandue en tous lieux, en tous sujets ; elle se retrouve sous forme détournée et animée dans l’histoire, dans l’érudition, dans la critique, dans l’art appliqué à tout, dans la reconstruction vivante du passé, dans la conception des langues et des origines humaines, dans les perspectives mêmes de la science et de la civilisation future : elle a diminué d’autant dans sa source première, individuelle ; celle-ci n’est plus qu’un torrent solitaire, une cascade monotone, quand tout le pays alentour, au loin, est arrosé, fécondé et vivifié d’une eau courante, souterraine, universelle.
… Mais Mme Tastu a rendu si supérieurement les accents de l’original, qu’on sent qu’elle les a retrouvés dans son âme.
Il suffirait, pour combattre le mauvais effet des paroles de Collé, et pour prouver que Prevost resta digne jusqu’à la fin de la société des honnêtes gens, d’opposer le témoignage de Jean-Jacques, qui, dans ses Confessions (partie II, livre VIII), parle de l’abbé qu’il avait beaucoup vu, comme d’un homme très-aimable, très-simple ; Jean-Jacques seulement ajoute qu’on ne retrouvait pas dans sa conversation le coloris de ses ouvrages.
Mais qui vous a dit, ô vous qui désespérez si légèrement du moyen le plus commode et le plus sûr ; qui vous a dit que ces révélations antérieures, vraies selon les époques, progressives comme le genre humain qu’elles ont élevé et transformé, ne doivent pas toutes se retrouver et aboutir en une révélation définitive, également inspirée, quoique d’un caractère différent d’inspiration, et qui, leur rendant à chacune leur vrai sens, saura absoudre et glorifier Dieu, apaiser et réjouir l’humanité ?
Il serait dès lors déplacé, inexact et injuste, de s’obstiner à retrouver l’auteur derrière le moindre geste de son protagoniste littéraire : un cas de neurasthénie évoluant dans une mentalité d’artiste et d’érudit peut être initiateur d’un tableau plus complet.
En effet, toutes les occupations chez lui se tournent en plaisirs, et on le retrouve dans ses vers tel qu’on vient de le voir dans sa vie.
De là vient la surprise qu’on éprouve souvent, quand, tout échauffé encore d’une inspiration qu’on croit féconde, on veut faire l’examen rigoureux de ce qu’on a inventé : on sentait en soi un bouillonnement d’idées, prêtes à déborder, et voilà qu’on ne retrouve presque plus rien.
« Les alexandrins tiennent la place en notre langue, telle que les vers héroïques entre les Grecs et les Latins. » Voilà la vraie trouvaille de Ronsard en fait de rythme, et le grand service rendu par la Pléiade à la poésie : sous l’influence de l’hexamètre latin, l’alexandrin, création du moyen âge, et dont Rutebeuf avait montré la force et la souplesse, l’alexandrin, délaissé au xive et au xve siècle, ignoré ou à peu près de Marot, est retrouvé, relevé, remis à sa vraie place, qui est la première : ce n’est pas tant le vers noble de notre poésie, que le vers ample ; et c’est par là qu’il vaut.
Tout cela se retrouvera plus tard ; et cette communication établie entre l’art et la littérature ne sera pas sans contribuer à la révolution romantique.
Certaines règles de précision et de probité intellectuelles, on ne saurait trop le répéter, se retrouveront à tous les étages, et dans toutes les directions de l’explication de textes.
Toute la vieille France se retrouve en province, çà, et là, par fragments.
Si je ne me trompe, nous retrouverons quelque chose de cette honnête candeur chez Madeleine de Scudéry, la vierge sage, d’âme héroïque et d’esprit prolixe Voici Marguerite d’Angoulême, très savante, très entortillée, toute fumeuse de la Renaissance, souriante, gaie et bonne à travers tout cela, avec son grand nez sympathique, le nez de son frère François Ier Puis, c’est l’autre Marguerite, Marguerite de Valois, point pédante celle-là, dégagée, galante avec une entière sécurité morale, que rien n’étonne, qui raconte si tranquillement la Saint-Barthélémy ; la première femme de son siècle qui écrive avec simplicité ; une inconsciente, un aimable monstre, comme nous dirions, aujourd’hui que nous aimons les mots plus gros que les choses Je mets ensemble les enamourées, les femmes brûlantes, les Saphos, chacune exhalant sa peine dans la langue de son temps : Louise Labé mettant de l’érudition dans ses sanglots ; Mlle de Lespinasse mêlant aux siens de la sensibilité et de la vertu, Desbordes-Valmore des clairs de lune et des saules-pleureurs… Mlle de Gournay est une antique demoiselle pleine de science, de verdeur et de virilité, une vieille amazone impétueuse que Montaigne, son père adoptif, dut aimer pour sa candeur, une respectable fille qui a l’air d’un bon gendarme quand, dans son style suranné, elle défend contre Malherbe ses « illustres vieux ».
On peut même prétendre que Verlaine est le seul Français ayant dans ses vers cette intimité profonde et émouvante que l’Allemand considère comme le signe particulier du lyrisme, comme elle se retrouve, par exemple, dans les chansons populaires ou les poésies lyriques de pur sentiment de Goethe.
Tant vaudra son jugement, tant vaudra sa critique, et toutes les qualités d’impression déjà requises assiduité, ferveur, clairvoyance se retrouvent dans le jugement, avec d’autres plus foncières.
C’est pourquoi au fond de l’un et de l’autre individualisme on retrouve le même sentiment d’une antinomie entre l’individu et la société.
C’est par ce procédé que les analystes ont fait progresser la Science et si l’on examine le détail même de leurs démonstrations, on l’y retrouvera à chaque instant à côté du syllogisme classique d’Aristote.
De ces cinq villes, Magdala, Dalmanutha, Capharnahum, Bethsaïde, Chorazin 398, la première seule se laisse retrouver aujourd’hui avec certitude.
Désormais, en effet, Jésus se retrouve tout entier et sans nuage.
On verra qu’il se retrouva toujours quelque chose d’Agrippa dans madame de Maintenon, si injustement accusée d’avoir favorisé la révocation de l’édit de Nantes.
C’est ainsi que se sont conservés ces lettres et mémoires que Chardon de La Rochette retrouva en manuscrit à Dijon, dans les papiers du président Bouhier, et qu’il fit imprimer en 1808. — Infidèle à Du Boulay comme elle l’avait été à tous, et après quelques derniers éclats, Mme de Courcelles, devenue veuve, finit par faire ce qu’on appelle un sot mariage.
On a beaucoup insisté, et avec raison, sur la personnalité divine ; mais on s’est trop borné à prouver cette vérité par la psychologie, on a trop cru que tout était démontré lorsqu’on avait dit que tout ce qui est dans l’effet doit se retrouver dans la cause, que, l’homme étant un être intelligent et libre, Dieu doit être aussi, mais infiniment, intelligent et libre.
Guizot, en revenant prendre part aux luttes contemporaines, a retrouvé dans ses vieux jours, comme au temps de sa maturité, des adversaires passionnés, et l’on ne se tromperait pas beaucoup en supposant que ce vieil athlète n’en a pas été trop fâché.
L’auteur que vous avez lu personnellement, si vous me permettez de parler ainsi, l’auteur que vous avez lu personnellement, ce qu’il fallait faire en effet, si vous le relisez sans consultation, vous retrouvez en le relisant, toutes les mêmes impressions que vous avez eues à une première lecture ; elles ont laissé leurs « traces », comme dit Malebranche ; vous creusez fatalement dans le même sillon.
L’identité d’inspiration se retrouve jusque dans le choix des personnages de la charmante nouvelle allégorique que Furetière a, suivant le goût du temps, intercalée dans la seconde partie de son roman.
Jérusalem, par exemple, la Jérusalem du matin de la passion du Christ, apparaît non comme un Herculanum retrouvé, figé et conservé merveilleusement sous sa poussière, mais comme un Herculanum tout chaud, tout vivant, tout mouvant et tout éclatant sans la couche de poussière qu’il n’a pas eu besoin d’essuyer.
Voilà ce que nous retrouvons, sans adjonction, sans accroissement, sans modification d’aucune sorte, en ces deux volumes de Correspondance où Stendhal se montre complètement, mais ne s’augmente pas.
Telle elle était, cette femme de grâce immortelle, charmante en cheveux blancs et aveugle comme quand elle avait ses cheveux châtains et ses yeux, couleur de ses pensées, et dont j’aurais voulu retrouver au moins le profil perdu dans ces Souvenirs sans mémoire.
C’est, enfin, toujours le produit du xviiie siècle, l’athée à tout, excepté à la force humaine, qui voulait être à lui-même son Machiavel et son Borgia ; qui n’écrivit pas, mais qui caressa pendant des années l’idée d’un Traité de logique (son traité du Prince, à lui), lequel devait faire, pour toutes les conduites de la vie, ce que le livre de Machiavel a fait pour toutes les conduites des souverains ; voilà ce que nous retrouvons sans adjonction, sans accroissement, sans modification d’aucune sorte en ces deux volumes de Correspondance, où Stendhal se montre complètement, mais ne s’augmente pas !
Cette même foi à la science — aux sciences qui étudient l’homme — se retrouve chez Taine 24, un penseur qui eut autant d’influence que Renan en France, et qui en eut peut-être plus encore que Renan à l’étranger.
Grâce à ces principes, les faits de l’histoire certaine retrouveront leurs origines primitives, faute desquelles ils semblent jusqu’ici n’avoir eu ni fondement commun, ni continuité, ni cohérence.
Ai-je besoin d’ajouter, puisqu’on en retrouvera le témoignage, que mon Enquête m’a laissé aussi des impressions de sympathie et d’admiration d’autant plus vives qu’elles ont été plus rares. […] L’art retrouvera la vie par l’occultisme. […] La Beauté brisée ne retrouvera sa perfection qu’à travers son grand regret de la Splendeur perdue : le Poète est le chancelier de ce regret. […] » « Je te crois… » et je vais pour lui expliquer, mais elle m’arrête : « Je savais bien que tu le retrouverais : j’ai dit un Souvenez-vous Marie ! […] L’alexandrin se retrouve pour ainsi dire inviolé.
Je prouvai que le sublime de l’esprit était proportionnel à la vertu du cœur dans Sophocle, Corneille, et Molière : nous retrouvons dans le pur et doux Virgile les mêmes dispositions que dans le sensible Racine. […] Ils sont bons en effet à fournir des exemples d’épisodes, et non de poèmes complets : on n’y retrouve pas même l’unité qui joint toutes les aventures racontées dans la Divine Comédie du Dante. […] Nous en retrouverons l’emprunt dans les magies de l’Arioste et du Tasse : il a chez eux plus d’éclat, mais moins de ce charme que répand la mélancolie. […] Je retrouvai dans les sexes des fleurs, parmi les zoophytes et les madrépores, de nouvelles amours, et jusqu’aux hermaphrodites de la fable. […] Là, par une fiction très originale et moins énigmatique que celle de l’auteur de l’Apocalypse qu’il y conduit, nous retrouvons toutes les choses perdues sur notre globe, ou par notre faute, ou par le temps, ou par hasard.
C’est ainsi encore que nous retrouvons le Renan profondément sensible au sentiment religieux, que nous connaissons assez, dans ces lettres écrites à cœur ouvert et de toute abondance d’âme. […] S’il a été droit à l’époque révolutionnaire, c’est parce qu’il savait que dans les époques de trouble le prétendu carnassier primitif, très recouvert dans les époques paisibles, se découvre et se retrouve, et se prouve. […] Après une terrible crise, elle retrouve cet amour-là, ou se persuade qu’elle l’a retrouvé. […] D’abord, quoique avec discrétion et une habileté de distribution où l’on retrouve l’art ou plutôt le goût exquis qui est naturel à l’auteur, il contient trop de politique. […] Où se retrouvera le Sterne c’est dans la discussion sur l’immortalité de l’âme, qui est, sauf quelques mots un peu rudes, du pur Renan des meilleurs jours ; c’est dans le passage délicieux du départ de M.
L’homme donc, qui voit une chose belle et qui éprouve le désir de s’unir à elle, n’est donc qu’un homme qui a autrefois contemplé la Beauté absolue et qui est vivement frappé d’en retrouver une image, si imparfaite qu’elle soit. […] Il la sait en effet ; mais il faut le mettre sur le chemin de la retrouver. […] Et à tel jeu et au cours de ces alternances, c’est la vérité qui se perdrait et qui ne se retrouverait plus. […] C’est là qu’est le vrai et en même temps je voudrais avoir montré que c’est là que la moralité retrouve son compte aussi bien et même mieux que dans la théorie qui lui attribue tout, lui sacrifie tout et jette tout au pied de ses autels. […] Et alors la justice perd son nom, mais retrouve sa source, perd son nom, mais retrouve sa vraie nature.
Retrouvé par sa femme qui veut le rendre à sa famille sauvée et à sa fortune restaurée, il lui dit : « Je veux bien, mais pourrai-je emmener la petite ? […] L’abolition des mœurs monarchiques a beau lui nuire ; même sous notre démocratie, il retrouvera sa gloire ; son génie est l’image du nôtre ; son œuvre est l’histoire des passions écrite à notre usage ; il nous convient par ses défauts et ses mérites ; il est pour notre race le meilleur interprète du cœur. […] Vous retrouverez sa métaphysique et ses preuves dans saint Thomas, dans saint Augustin, dans saint Anselme. […] Son esprit est comme l’abrégé de l’esprit des autres, et l’on retrouve plus forts en lui que dans les autres les caractères et les circonstances qui ont formé le goût des contemporains. […] Selon Joseph, il a été écrit l’an 420 par Mormon et enseveli dans la colline où lui, Joseph, l’a retrouvé quatorze cents ans plus tard.
On se réjouit de cette bonne fortune zoologique, et on le dissèque avec une curiosité minutieuse, en se disant qu’on n’en retrouvera peut-être pas un second. […] Par elle, ils ont retrouvé ou renouvelé le sens des dogmes, relié Dieu au monde, l’homme à la nature, l’esprit à la matière, aperçu l’enchaînement successif et la nécessité originelle des formes dont l’ensemble est l’univers. […] Il a retrouvé les grandes vues de ses maîtres. […] Car chaque âge a son théorème ou représentation spirituelle de l’univers. » Ses grandes œuvres poétiques ou pratiques ne font que publier ou appliquer cette idée maîtresse ; l’historien se sert d’elle pour retrouver le sentiment primitif qui les engendre et pour former la conception d’ensemble qui les unit.
Je le retrouve tout entier, avec un peu du personnage de la page 503. […] C’est ici même qu’on pourrait retrouver l’unité de ses idées si diverses et en fixer le point central. […] Nos vies, un moment liées, se retrouveront seules. […] Peut-être demain, peut-être dans cent ans la page introuvable sera la page retrouvée ; peut-être jamais. […] « J’y retrouve le Midi dans ce Talleyrand. » Quel Midi ?
Près du docteur Rivals, Jack laisse en partant une affection naissante, celle de Cécile, que nous retrouverons plus tard. […] Le père Bazouge marchait le premier, très soûl et très convenable ; dès qu’il était à la besogne, il retrouvait son aplomb. […] Elles retrouvèrent un petit chapeau de peluche, à longs poils, couleur marron ; mais il était tout mangé de vermine. […] Il a été traduit par Piotre Artamoff, l’auteur de l’Histoire d’un bouton, cette amusante satire du formalisme allemand, où l’on a retrouvé quelque chose de l’humour d’Henri Heine. […] On ne retrouverait son pareil que sur le dos des balayeurs de Londres, qui demandent fièrement l’aumône en habit de bal et en chapeau rond.
On retrouve ici trace des opinions plébiscitaires qu’un partisan du régime impérial considère comme le droit et le salut. […] Et quel délice, de les retrouver tels qu’autrefois ! […] Peut-être le manuscrit n’est-il pas d’une lecture très facile ; mais, comme ces deux passages se retrouvent dans les Sourires pincés et dans la Lanterne sourde, il était facile de corriger les deux fautes. […] Ne changez pas de chemise devant lui : vous retrouveriez votre torse et le relief exagéré de vos omoplates, huit jours après, au milieu d’un conte. […] Il retrouve partout cette idée d’une foule disparue.
Nous les retrouverons au dénouement. […] Il fait alors sa généalogie, retrouve dans les ancêtres les germes qui s’épanouiront en lui par les lois de l’hérédité. […] Ce n’est pas fini, le jeudi et le vendredi, où va-t-on le retrouver ? […] En elles, c’est encore Cornélis que nous retrouvons. […] N’écoutez pas ce que vous dit le monde, mais retrouvez au fond de vos cœurs la loi naturelle gravée par Dieu.
Et sans doute il existe d’autres, bien d’autres de ces feuilles de passages séparées, que peut-être la publicité donnée au nom d’Hokousaï fera retrouver au Japon ou ailleurs. […] Nous y retrouvons le prêtre à la barre de fer, Rotishin, le tueur de tigre, Boushô, et Itijôsei la femme forte, à côté de Kiumonirô Shishin, l’homme au corps entièrement tatoué de dragons, et de Rosénsho, ce mortel qui avait le pouvoir de produire des orages pour terrifier l’ennemi ; — tous deux faisant partie des cent huit héros de l’épopée chinoise. […] Et, comme on se moque de lui, et qu’on lui dit que cette recherche de l’argent dans l’eau coûte beaucoup plus cher que l’argent perdu, il répond que l’argent dans la rivière ne profite à personne, tandis que l’argent donné pour le retrouver profite à des gens. […] Alors le ministre, prenant la tête du brigand et le sabre retrouvé, rassure le mari en lui disant qu’il racontera au prince que c’est lui qui a tué le brigand, après qu’il avait assassiné sa femme et son serviteur. […] Ces deux panneaux complétant les six Poètes, et de la même dimension, et portant la même signature que les quatre autres, nous les retrouvons dans la collection de M.
Le héros dont il s’agit est tout Gaulois, et vous le retrouverez presque entier dans Scapin, Gil Blas et Figaro. […] Walter Scott l’a retrouvé dans son Quentin Durward. […] Sa tourterelle était une ménagère sentimentale108, sa fauvette une sage châtelaine adonnée aux arts, son hibou un d’Alembert rustique, son chien un gouverneur à la Jean-Jacques109, son lionceau un Grandisson irréprochable ; tous ses personnages allaient se retrouver dans Berquin.
Lundi 11 février Frantz Jourdain me communique la lettre d’acceptation de Rops, pour le comité du banquet, lettre chaudement sympathique, où je lis : « Il y a quelques jours, où je relevais mes anciens calepins de notes, de ces notes qu’on s’adresse à soi-même, j’y retrouve ceci : Dans le travail, lorsque par lâcheté, l’envie de faire du chic vous prend, et que l’on se sent glisser à la facilité et à la légèreté banale de l’exécution, penser aux Goncourt, à la sincérité, à l’honnêteté, à la droiture de leur œuvre. […] L’effet de cet homme au scaphandre, avec cet appareil sur la figure, ressemblant à un masque antique : ç’a été comme une apparition dans une vision, dans le rêve d’un buveur d’opium… et cet homme vous parlant la tête au-dessus de l’eau, de ce bateau au fond de l’eau, grand comme un navire de ligne, avec un revêtement entier d’émail à l’extérieur, et à l’intérieur de plaques de marbre vert, de marbre rouge… J’ai vu, une fois, le plongeur rapporter une tête de lion avec un anneau dans la gueule — l’attache des barques qui s’accotaient au navire… mais la merveille, jusqu’à ce jour retrouvée, est une tête de Méduse. » Jeudi 14 novembre Ce soir, chez Daudet, Larroumet cause curieusement du Maroc, qui est comme le dernier asile du vieil islamisme, et où les supplices auraient une qualité de férocité, dégotant ceux de la Chine. […] Il lui était venu une paresse un peu dédaigneuse à chercher, à retrouver, à inventer — tout en imaginant un détail plus distingué que moi, quand il voulait s’en donner la peine.
C’est lui qui sème à pleines mains dans l’air, dans l’eau, dans la terre, dans le feu, ces myriades d’êtres intermédiaires que nous retrouvons tout vivants dans les traditions populaires du moyen-âge ; c’est lui qui fait tourner dans l’ombre la ronde effrayante du sabbat, lui encore qui donne à Satan les cornes, les pieds de bouc, les ailes de chauve-souris. […] Voici maintenant le côté douloureux de ce drame grotesque : c’est après avoir été ainsi rompu dès son premier jet, que ce génie, tout moderne, tout nourri du moyen-âge et de l’Espagne, forcé de mentir à lui-même et de se jeter dans l’antiquité, nous donna cette Rome castillane, sublime sans contredit, mais où, excepté peut-être dans le Nicoméde si moqué du dernier siècle pour sa fière et naïve couleur, on ne retrouve ni la Rome véritable, ni le vrai Corneille. […] Mais cette forme est une forme de bronze qui encadre la pensée dans son mètre, sous laquelle le drame est indestructible, qui le grave plus avant dans l’esprit de l’acteur, avertit celui-ci de ce qu’il omet et de ce qu’il ajoute, l’empêche d’altérer son rôle, de se substituer à l’auteur, rend chaque mot sacré, et fait que ce qu’a dit le poëte se retrouve longtemps après encore debout dans la mémoire de l’auditeur.
Les noms qui ont fait souvent le plus grand bruit à leur époque, et c’est surtout en ce qui concerne le roman, tombent des mémoires et ne se retrouvent plus guère que dans des traités spéciaux de littérature. […] C’est ainsi que nous retrouvons à chaque page des lueurs molles, des clartés molles, des expressions molles, des physionomies molles, des douceurs molles, etc., etc. […] Il n’en est pas moins vrai que vous ne retrouverez dans aucun ordre un succès équivalent à celui-là.
Là, tandis que les uns perdaient autour d’un tapis verd les plus belles heures du jour, les plus belles journées, leur argent et leur gaieté, que d’autres, le fusil sur l’épaule, s’excédaient de fatigue à suivre leurs chiens à travers champs ; que quelques-uns allaient s’égarer dans les détours d’un parc dont, heureusement pour les jeunes compagnes de leurs erreurs, les arbres sont fort discrets ; que les graves personnages faisaient encore retentir à sept heures du soir la salle à manger de leurs cris tumultueux sur les nouveaux principes des économistes, l’utilité ou l’inutilité de la philosophie, la religion, les mœurs, les acteurs, les actrices, le gouvernement, la préférence des deux musiques, les beaux-arts, les lettres et autres questions importantes dont ils cherchaient toujours la solution au fond des bouteilles, et regagnaient, enroués, chancelans, le fond de leur appartement, dont ils avaient peine à retrouver la porte, et se remettaient, dans un fauteuil, de la chaleur et du zèle avec lesquels ils avaient sacrifié, leurs poumons, leur estomac et leur raison pour introduire le plus bel ordre possible dans toutes les branches de l’administration ; j’allais, accompagné de l’instituteur des enfans de la maison, de ses deux élèves, de mon bâton et de mes tablettes, visiter les plus beaux sites du monde. […] Nous sommes dans la nature, nous y sommes tantôt bien, tantôt mal, et croyez que ceux qui louent la nature d’avoir au printemps tapissé la terre de verd, couleur amie de nos yeux, sont des impertinens qui oublient que cette nature, dont ils veulent retrouver en tout et partout la bienfaisance, étend en hiver sur nos campagnes une grande couverture blanche qui blesse nos yeux, nous fait tournoyer la tête et nous expose à mourir glacés. […] Entraîné par le charme du clair de lune de Vernet, j’ai oublié que je vous avais fait un conte jusqu’à présent et que je m’étais supposé devant la nature (et l’illusion était bien facile), puis tout à coup je me suis retrouvé de la campagne au sallon. — Quoi l’instituteur ; ses deux petits élèves, le déjeûner sur l’herbe, le pâté, sont imaginés ?
« Ce pouvoir, dont le commissaire a dépouillé le régisseur et que le régisseur paralyse à son tour dans les mains du commissaire, se retrouve libre et sans contrepoids à l’égard des auteurs condamnés par la constitution actuelle du théâtre à subir des relations avec M. […] Vous avez retrouvé comme par enchantement toutes les souplesses, toutes les naïvetés dont notre langue semblait déshabituée depuis deux siècles ; vous avez rendu à la période française l’ampleur flottante et majestueuse qu’elle avait perdue depuis la Renaissance ; vous avez sculpté notre idiome, vous l’avez découpé en trèfles et en dentelles ; vous avez gravé dans la parole les merveilleux dessins qui nous ravissent dans les tours moresques, dans les palais vénitiens, dans les vieilles cathédrales chrétiennes. […] Eugène Sue sera toujours, dans ses histoires, l’admirable romancier que vous savez, comme aussi vous le retrouverez toujours dans ses romans l’historien que vous avez appris à connaître et à aimer.
Il va oublier et faire oublier, je l’espère pour lui, pour ses amis, pour la littérature, ses outrances et ses folies dans les joies retrouvées du ménage. […] Alors que Leconte de Lisle et Barbey d’Aurevilly retrouveront, à mesure que les siècles vieilliront et disparaîtront, plus de gloire, plus de jeunesse et plus de vie. […] Quelles paroles retrouver qui soient dignes de sa grandeur sereine ? […] La langue, qui se mourait, ressuscite en une explosion magnifique de mots retrouvés et nouveaux qu’elle avait oubliés et qu’elle ne connaissait pas. […] Caro venait chaque année, durant les six mois de belle saison, heureux de retrouver, en ce paysage choisi, la solitude et le silence.
Il dit de Mlle de Beauvais, mariée au comte de Soissons, qu’elle était fille naturelle, et l’on a retrouvé et l’on produit le contrat de mariage des parents. […] Membre du Conseil de régence, il est devenu un des personnages du gouvernement, et bien que rarement ses avis prévalent, il est continuellement admis à les donner et ne s’en fait pas faute ; on a des entretiens sans nombre où la matière déborde sous sa plume comme elle abondait sur ses lèvres ; l’intérêt, qui se retrouve toujours dans de certaines scènes et dans d’admirables portraits des acteurs y languit par trop de plénitude et de regorgement.
lisez la merveilleuse lettre suivante, retrouvée tout récemment dans ses papiers aux archives du vieux palais de Florence. […] « 10 décembre 1513. » II Quel est le cœur qui ne soit pas ému de l’accent à la fois naïf, simple et pathétique de cette lettre, la plus belle protestation contre le sort que nous connaissions parmi toutes les lettres des grands hommes anciens et modernes retrouvées dans les archives du genre humain ?
Mais ce n’est pas si tragique, car Ulysse pourrait retrouver un autre chien. Mais lui, le lépreux, où retrouverait-il Miracle ?
Nous avons tranché le serpent, mais nous ne l’avons pas tué ; il réunira ses tronçons et redeviendra ce qu’il était, tandis que notre impuissante malice sera exposée aux dents dont il aura retrouvé la force. […] Que Dieu les bénisse et me permette de les retrouver dans l’immortelle réunion promise à ceux qui s’aiment ici bas !
Il y retrouvait un autre principe directeur et consolateur, qu’il énonçait dès ses premiers essais : l’amour, ayant pour essence la pitié, pour effet le sacrifice. […] Dans tout ce qu’a fait Gautier, se retrouve le talent qui fait sa personnalité.
Je veux dire d’abord que MM. de Goncourt sentent avec une extrême vivacité et perçoivent dans un extrême détail les objets, les spectacles qui les entourent ; et que, tout secoués et presque souffrants de ces impressions multiples, délicates et quasi lancinantes (soit qu’ils les éprouvent pour la première fois ou qu’ils les retrouvent), il les traduisent sans les laisser s’amortir, dans une langue inquiète, impatiente et comme irritée d’être inégale à ce qu’elle veut rendre, et avec une fièvre où s’exagère encore l’acuité de l’impression primitive : si bien qu’on sent maintes fois dans leur style la vibration même de leurs nerfs trop tendus. […] D’un chapitre à l’autre on est surpris de retrouver Coriolis beaucoup plus bas qu’on ne l’avait laissé.
J’aime mieux la chrysalide se développant dans le tombeau qu’elle s’est filé elle-même, préparant ses ailes brillantes dans sa vieille peau, et paraissant cadavre au moment où elle va s’élancer dans les airs, éclatante merveille de sa propre création ; j’aime mieux cela qu’une pensée mélancolique, une pensée de mort et de renaissance, une pensée de ruine et de construction nouvelle, qui va se loger dans les vieux débris du passé, dans les tours des seigneurs du Moyen-Âge ou dans les églises gothiques, et qui dit : — Voilà mes palais, j’ai retrouvé mon héritage ; — et qui ment en disant cela, puisqu’elle se lamente en elle-même amèrement, et qu’elle désire autre chose d’un désir brûlant qui la dévore. […] On s’étonne de retrouver tant de poésies primitives ; voilà un demi-siècle qu’on en déterre, et la mine semble encore vierge ; on est surpris d’en trouver jusque chez les nègres et les sauvages de l’Amérique du Nord.
J’y retrouve les chants d’oiseaux. […] Dans cette pièce, Froissart voulant avoir le compte de 2, 000 fr. qu’il possède, outre le revenu de sa cure de Lestrines interroge un dernier florin qu’il a retrouvé en un anglet d’un bourselot, II y a là de piquantes ressemblances avec Rabelais deux curés menant joyeuse vie, et celui de Lestrines professant sur l’argent la même doctrine que le curé de Meudon met dans la bouche de Panurge.
On se souvient qu’à la scène deuxième du premier acte des Meistersinger, David, l’apprenti d’Hans Sachs, énumère les tons et les modes qu’il faut connaître pour se faire recevoir dans la maîtrise de Nuremberg : « Le bref, le long, le traînard, la tortue, La plume d’or, l’écritoire d’argent, L’azuré, l’écarlate et le vert de laitue, L’aubépin parfumé, le plumage changeant, Le tendre, le badin et les roses fleuries, Le ton galant et le mode amoureux, Le romarin, la reine des prairies, Les arcs-en-ciel, le rossignol joyeux, Le mode anglais, la tige de canelle Les pommes d’or, la fleur de citrouille, La grenouille, le veau, le gai chardonneret, L’ivrogne qui chancelle, L’alouette des blés, le chien d’arrêt, Les plaintes de la tourterelle, La peau de l’ours, le pélican fidèle, Enfin le cordonnier modèle. » Ces appellations burlesques qu’on croirait inventées à plaisir par quelque parodiste en belle humeur, se retrouvent dans le livre de Wagenseil avec le nom de leurs ingénieux inventeurs. […] On retrouve encore dans le livre de Wagenseil la nomenclature baroque des fautes, que dans le finale du premier acte, Beckmesser met à la charge de son rival.
Mais les naturalistes modernes ont su retrouver les fonctions fondamentales jusque chez les derniers mollusques et protozoaires. […] Supposons que par une accumulation d’expériences sûres et variées on en soit venu à constater, par exemple, que telle manière de sentir suppose elle-même telle variété d’imagination, qui suppose elle-même telle façon de juger et de raisonner, qui suppose telle manière de vouloir et d’agir, etc., etc, que cette détermination soit aussi précise que possible, on pourrait à l’aide d’un seul fait reconstituer un caractère, puisque le problème se réduirait à ceci : Etant donné un membre de la série, retrouver la série tout entière.
C’est là une conception atomistique de l’esprit qu’on retrouve chez Locke et chez Herbart, mais qui n’en est pas plus admissible. […] Chez les mammifères, nous trouvons des réflexes très compliqués et mécaniquement coordonnés, mais nous ne retrouvons plus dans la moelle épinière le même pouvoir d’adapter les mouvements aux variations des circonstances.
Les âmes qui retrouvent en cette œuvre leur âme, l’admirent, se groupent autour d’elle et se séparent des hommes d’âme diverse. […] On la retrouvera dans la correspondance de Flaubert ou de Mallarmé, chez Brunetière, voire dans certains textes théoriques de Zola, sans parler des penseurs spiritualistes.
C’est en ces termes qu’un moraliste de société, le duc de Lévis, commence un chapitre assez piquant sur les médecins qui étaient en vogue vers 1774 ; et au nombre des conditions requises alors pour réussir, indépendamment des talents propres à la profession, il met un esprit délié, la connaissance et l’usage du monde, des manières agréables : « Mais, avant tout, il fallait qu’ils eussent ou qu’ils feignissent un cœur sensible. » On retrouve quelque chose de ce soin et de cette prétention dans les éloges de Vicq d’Azyr.
Il convient pourtant qu’il n’est pas inutile de l’être quelquefois ; car il faut avoir la tête bien grosse quand on a éprouvé une perte en un lieu pour ne pas y pourvoir lorsqu’on se retrouve exposé au même hasard ; c’est le cas de se faire sage par sa perte : « Mais je me suis bien trouvé, ajoute-t-il, de ne l’avoir pas été, et aime mieux m’être fait avisé aux dépens d’autrui qu’aux miens. » Pour un personnage tout d’action et si homme de main, il est à remarquer comme il aime les préceptes, les sentences, et à moraliser sur la guerre ; il le fait en un style vif, énergique, imaginatif, gai parfois et qui sourit : oh !
Dans les exploits de Montluc durant les années qui suivent et où il ne retrouve plus une occasion d’éclat égale à celle de Sienne, il apparaît un peu plus du capitaine d’aventure que d’un vrai chef et, comme disait M. de Guise, d’un lieutenant de roi.
L’autre pièce que j’ai à citer est intitulée Le Retour, c’est l’être humain (homme ou femme) qui, après avoir vécu, souffert et failli, revient au lieu natal, dans le manoir domestique, et y retrouve tous les anciens témoins de son innocence et de son bonheur : « Nous reviens-tu avec le cœur de ton enfance, un cœur libre, pur, aimant ?
Tous les tons lugubres ou les motifs captivants, qui se retrouveront dans la suite du récit, y sont rassemblés.
. — Lorsqu’il est renvoyé du ministère, en cette crise violente et décisive qui déchira en deux sa vie de royaliste, ses lettres à Mme Récamier manquent et font défaut ; elles n’ont pas été retrouvées, nous dit-on, avec les autres papiers ; elles devaient renfermer trop d’éclats de colère et de haine vengeresse, ce qui sans doute les aura fait dès longtemps supprimer.
Ce furent des curieux de tout temps que les de Luynes ; non que je veuille remonter, pour retrouver en lui ce trait caractéristique, au chef même de leur race, à l’auteur de leur illustration historique, et insister sur les talents ornithologiques par lesquels il gagna, dit-on, la faveur de Louis XIII.
Noble but, noble effort, et par lequel il réalisait un des vœux de sa première jeunesse, lorsqu’après le récit d’une de ses courses opiniâtres à travers les montagnes de la Sicile, il s’écriait en finissant : « Pour moi, je ne demande à Dieu qu’une grâce : qu’il m’accorde de me retrouver un jour voulant de la même manière une chose qui en vaille la peine !
On le retrouve à l’armée dans l’été de 1795, faisant les fonctions d’adjudant-général chef de brigade.
Dans une visite qu’il revint faire dans la soirée au général en chef, Saint-Cyr le retrouva le même, sans plan arrêté, et la nuit ne changea rien à son irrésolution : il ne donna point d’ordres.
Il eut notamment la fortune de connaître à Périgueux le général Bugeaud, qu’il devait retrouver plus tard, et dont le rude et mâle bon sens, plus probe que délicat, lui imprima un pli.
Nous y retrouvons de petits romans dans lesquels tout est beau et parfait d’une part, tout est laid et gâté de l’autre, selon qu’on est ou qu’on n’est pas bon catholique.
Édélestand du Méril répond à la question en des termes que je résumerai ainsi : « Il est aujourd’hui certain que, sauf pour Riquet à la houppe, dont on ne connaît pas encore l’analogue, Perrault, dans tous ses autres Contes, a recueilli avec plus ou moins d’exactitude des traditions orales, qui se retrouvent non seulement chez nos voisins les Italiens et les Allemands, mais en Scandinavie et dans les montagnes d’Écosse.
Aujourd’hui il publie cette traduction complète de Térence, qu’il a gardée neuf ou dix ans sous clé, selon le conseil d’Horace, et il nous donne la joie, en le lisant, de retrouver, de relire aussi par occasion quelque chose du plus pur et du plus attique des poètes romains.
C’est dans les loisirs de cette prison qu’il aurait commencé son Don Quichotte, et il se serait vengé, bien doucement d’ailleurs, des gens du lieu par ces premiers mots du livre immortel : « Dans une bourgade de la Manche, dont je ne veux pas me rappeler le nom, vivait il n’y a pas longtemps un hidalgo… » Établi ensuite avec sa famille à Valladodid, où était alors la Cour, il y vivait si pauvrement que sa sœur doña Andréa aidait à la subsistance commune par le travail de son aiguille ; on a retrouvé la note d’un raccommodage qu’elle fit pour les hardes d’un seigneur.
De loin, il s’élèvera et paraîtra de plus en plus, aux regards d’une postérité qui aura, je le suppose, bien d’autres visées, comme une colonne, ou mieux une double ou triple pyramide un peu singulière d’aspect ; mais en approchant, en le considérant de près, que de belles et grandes choses on y retrouvera, dites pour la première fois et de cette manière durable et superbe qui ne saurait s’imiter !
. — La vanité humaine, moyennant subterfuge, se retrouve partout.
C’est presque une profanation, à côté de cette Mlle Leduc, même épousée et devenue comme dans une mascarade marquise de Tourvoie, de nommer la comtesse de Bouflers qui présidait avec tant d’intelligence et de goût au salon de l’Isle-Adam, cette généreuse amie de Hume, de Rousseau et de Gustave III, esprit supérieur malgré de légers travers, et dont quelques pages, aujourd’hui retrouvées, sont dignes de l’histoire41.
Les deux ou trois passages qui ont été donnés dans mon ouvrage de Chateaubriand et son Groupe littéraire, 14eleçon, tome I, pages 351-353, se retrouveront ici à leur place et avec plus d’exactitude : « Note commencée au printemps de 1810, continuée en 1817 ou 1818, etc.
J’ai regret surtout aux pensées poétiques ; les autres se retrouvent, se renouvellent ; l’une remplace l’autre : la pensée poétique, seule, ne se remplace point.
« Le sentiment qui a gravé ces petits faits dans ma mémoire m’en a conservé, dit l’auteur, un souvenir distinct. » Même en les dépeignant, voyez comme sa sobriété se retrouve !
Ces expressions vous raniment, vous transportent, vous persuadent un moment que vous allez vous élever au-dessus de tous les égards factices, de toutes les formes commandées, et qu’après une longue contrainte, le premier ami que vous retrouverez, c’est votre propre caractère, c’est vous-même.
Cette manière de ne considérer qu’un seul côté dans tous les objets, et de les présenter toujours dans le même sens, est ce que l’on peut imaginer de plus fatigant, dès qu’on n’est pas susceptible de l’esprit de parti ; et l’homme le plus impartial, témoin d’une révolution, finit par ne plus savoir comment retrouver le vrai, au milieu des tableaux imaginaires où chaque parti croit montrer la vérité avec évidence.
. — Pour ce qui est des pures idées et de leur rapport avec les noms, le principal secours a été fourni par les noms de nombre et, en général, par les notations de l’arithmétique et de l’algèbre ; on a pu ainsi retrouver grande vérité devinée par Condillac et qui depuis cent ans demeurait abattue, ensevelie et comme morte, faute de preuves suffisantes. — Pour ce qui est des images, de leur effacement, de leur renaissance, de leurs réducteurs antagonistes, le grossissement requis s’est rencontré dans les cas singuliers et extrêmes observés par les physiologistes et par les médecins, dans les rêves, dans le somnambulisme et l’hypnotisme, dans les illusions et les hallucinations maladives. — Pour ce qui est des sensations, les spécimens significatifs ont été donnés par les, sensations de la vue et surtout par celles de l’ouïe ; grâce à ces documents et grâce aux récentes découvertes des physiciens et des physiologistes, on a pu construire ou esquisser toute la théorie des sensations élémentaires, avancer au-delà des bornes ordinaires jusqu’aux limites du monde moral, indiquer les fonctions des principales parties de l’encéphale, concevoir la liaison des changements moléculaires nerveux et de la pensée. — D’autres cas anormaux, empruntés également aux aliénistes et aux physiologistes, ont permis d’expliquer le procédé général d’illusion, et de rectification dont les stades successifs constituent nos diverses sortes de connaissances. — Cela fait, pour comprendre la connaissance que nous avons des corps et de nous-mêmes, on a trouvé des indications précieuses dans les analyses profondes et serrées de Bain, Herbert Spencer et Stuart Mill, dans les illusions des amputés, dans toutes les illusions des sens, dans l’éducation de l’œil chez les aveugles-nés auxquels une opération rend la vue, dans les altérations singulières auxquelles, pendant le sommeil, l’hypnotisme et la folie, est sujette l’idée du moi. — On a pu alors entrer dans l’examen des idées et des propositions générales qui composent les sciences proprement dites, profiter des fines et exactes recherches de Stuart Mill sur l’induction, établir contre Kant et Stuart Mill une théorie nouvelle des propositions nécessaires, étudier sur une série d’exemples ce qu’on nomme la raison explicative d’une loi, et aboutir à des vues d’ensemble sur la science et la nature, en s’arrêtant devant le problème métaphysique qui est le premier et le dernier de tous.
Elle ne sera délogée et reléguée entre les conventions surannées que par Racine, qui retrouvera l’amour douloureux, l’antique désir, enveloppé et compliqué de tout ce que quinze ou vingt siècles ont ajouté au fond naturel de l’homme.
On n’y retrouve guère ce pétillement de fantaisie, qui rendaient Chaulieu séduisant dans un souper, au Temple, à Saint-Maur ou à Sceaux.
Il fallait même qu’il en fut ainsi ; devenue plus subjective après la bataille contre le Parnasse, elle devait retrouver le geste avec le rythme.
Et, quand l’humanité ne sera plus, Dieu sera, et l’humanité aura contribué à le faire, et dans son vaste sein se retrouvera toute vie, et alors il sera vrai à la lettre que pas un verre d’eau, pas une parole qui auront servi l’œuvre divine du progrès ne seront perdues.
Comment se retrouver dans cette masse immense ?
., il semble que la littérature, revenue au pôle qui fut son point de départ après avoir atteint l’autre, devrait se retrouver dans la situation même où elle était quand commençait l’oscillation.
Nous allons la retrouver amplement exposée, sous le titre des Emotions.
Il a retrouvé cette société qui lui plaît (les amis de madame de Montespan).
Il se retrouve plus sensible qu’auparavant aux innombrables beautés de l’univers, à la verdure, aux fleurs, aux rayons du matin, aux chants des oiseaux, et il porte aussi frais qu’à quinze ans son bouquet de muguet et d’églantine.
Ici nous retrouvons un cardinal de Retz tout différent (sauf la beauté de l’esprit) de ce qu’il avait paru d’abord.
que de vérités sensibles à tous ceux qui ont souffert, qui ont désiré, perdu, puis retrouvé la voie, et qui n’ont jamais voulu désespérer !
Il me serait assez difficile de l’exposer dans les termes même où il le produit ; qu’il me suffise d’en donner l’idée, tel que plus tard on le retrouve chez Descartes ou chez Fénelon : c’est que par cela même que l’esprit humain peut concevoir l’idée d’un Être infini, parfait, et au-dessus duquel il n’en est aucun autre, il devient nécessaire, par là même, que cet Être parfait et infini existe.
Avec moins d’exagération pourtant, on retrouve des titres à peu près semblables sur ces petits livrets à couverture pistache ou noisette qu’abomine M.
Nous avons retrouvé les protecteurs-nés de nos antiques libertés, ceux qui pouvaient seuls consacrer et rendre durables nos libertés nouvelles.
L’art de discuter les témoignages, d’interroger les monuments, de faire parler aux traditions leur véritable langage : voilà plus qu’il n’en faut pour retrouver de grands sujets de gloire.
Sa poésie, emphatique et creuse, elle ne cessa de la mêler à tout et on la retrouve jusque dans ses œuvres en prose, qui ne sont que des prétextes à vers.
Par exemple, il pourrait supprimer, dans celui-ci, le fragment retrouvé, qu’il nous assure être de Sterne, sur les Infinis et sur les Étoiles… Sterne, ni même le livre sur Sterne de M.
L’édifice vacilla terriblement et depuis lors il n’a pu retrouver son aplomb.
« Un philosophe a le premier émis cette “absurdité” que l’esclave était un homme au même titre que son maître43. » Si l’égalitarisme est apparu d’abord dans les sociétés gréco-romaines, puis dans nos sociétés modernes, c’est qu’il s’est rencontré, ici et là, des penseurs pour l’inventer ou le retrouver ; ses créateurs, ce sont les philosophes stoïciens, les prophètes chrétiens ; plus tard, c’est Descartes, c’est Rousseau, c’est Kant.
On remarque sur les lois, qu’en diminuant l’abus des procédures, et réglant la forme des tribunaux, il laissa subsister le vice de cent législations opposées, et ne fit qu’ébaucher un ouvrage immense, qui, parmi nous, attend encore le zèle d’un grand homme ; sur l’agriculture, qu’il connut peu les vrais principes qui l’encouragent, principes découverts par Sully, employés dans les belles années de Henri IV, oubliés sous le ministère orageux et brillant de Richelieu, retrouvés ensuite par Fénelon, et développés avec succès dans ce siècle, où les grands besoins font chercher les grandes ressources ; sur le commerce, qu’il eut peut-être sur cet objet des vues beaucoup plus vastes que solides ; que ses vues même étant en contradiction avec ses besoins, d’un côté il voulait le favoriser, et de l’autre il le chargeait d’entraves ; sur les manufactures, qu’il les encouragea avec grandeur, mais qu’il fit quelquefois de ces arts utiles le fléau de l’État, en immolant le laboureur à l’artisan ; enfin, sur la partie militaire, que sa perfection même nous donna une gloire éclatante et dangereuse, qu’elle arma la France contre l’Europe, et l’Europe contre la France, et fut récompensée et punie par trente ans de carnage.
Je frémissais en les entendant ; je me disais : Si Dieu est juste, il me punira327. » Car sitôt que la conscience a retrouvé l’idée du modèle parfait328, les moindres manquements lui semblent des crimes, et l’homme condamné par ses propres scrupules tombe consterné d’horreur « et comme englouti. » « Moi qui menais la vie d’un moine irréprochable, dit encore Luther, je sentais pourtant en moi la conscience inquiète du pécheur, sans parvenir à me rassurer sur la satisfaction que je devais à Dieu… Alors je me disais : Suis-je donc le seul qui doive être triste en esprit ? […] Représentez-vous cette figure pâlie, angoisseuse, et qui porte sous sa roideur et sous son flegme une ardeur secrète ; on la retrouve encore en Angleterre dans ces pauvres sectaires râpés qui, une Bible à la main, se mettent tout d’un coup à prêcher au milieu d’un carrefour, dans ces longues faces qui, après le service, n’ayant point eu assez de prières, entonnent un psaume dans la rue. […] Plus qu’aucun peuple de l’Europe, à force de concentration et de rigidité intérieures, ils retrouvent la conception sémitique du Dieu solitaire et tout-puissant : étrange conception qu’avec tous nos procédés critiques nous parvenons à peine aujourd’hui à reformer en nous-mêmes. […] Admirable livre où respire tout l’esprit de la réforme, où, à côté des touchantes tendresses de l’Évangile et des accents virils de la Bible, palpitent la profonde émotion, la grave éloquence, la générosité, l’enthousiasme contenu des âmes héroïques et poétiques qui retrouvaient le christianisme et qui avaient connu les approches du bûcher. « Père tout-puissant et miséricordieux, nous avons erré et nous nous sommes égarés hors de tes voies, comme des brebis perdues. […] Mais dans les grandes angoisses, dans les sourdes agitations de l’esprit inquiet et vide, aux funérailles de ses proches, les fortes paroles du livre le retrouveront sensible ; car elles sont vivantes354 et ne s’arrêtent pas dans les oreilles comme le langage mort : elles entrent jusqu’à l’âme, et sitôt que l’âme est remuée et labourée, elles y prennent racine.
J’ai essayé de dégager la part de la nature et de la liberté, de retrouver dans l’enfant et le jeune homme les linéaments de l’être actuel. […] Cependant les Mais… Mais… à qui Voltaire faisait leur part dans l’ensemble de sa lune de miel berlinoise, notre Genevois pouvait en retrouver et en cultiver la graine. […] La conséquence est qu’il faut ou couper court à tout désir en renonçant à tout ce qui le fait naître, ou retrouver le calme par la suppression de l’inconnu. » Mais ce choix Amiel ne le fait pas. […] Amiel finit d’ailleurs par faire bien des concessions), son hostilité contre le monde jésuitisé qui commence, aux portes de la cité, chez le symbolique curé de Confignon, et cette croyance moins en la bonté de Dieu qu’en sa justice, une justice qu’Amiel reconnaît et salue, quand il regarde jusqu’au fond dans les épaisseurs de sa vie singulière : cet On n’a droit à rien, que, par une instructive coïncidence, on retrouve chez Stendhal. […] Voici le jardin botanique de Montpellier, où l’on rencontre quotidiennement M. et Mme Teste, « où tous les gens à pensées, à soucis et à monologues descendent vers le soir, comme l’eau va à la rivière, et se retrouvent nécessairement.
En un mot, est-il possible de retrouver l’origine des principes universels et nécessaires, et la route qu’ils ont dû suivre pour arriver à ce qu’ils sont aujourd’hui ? […] Je la retrouve toutes les fois que je la cherche, et elle se présente souvent quoique je ne la cherche pas. […] Attendons, nous retrouverons bientôt et l’art et le génie qui l’accompagne. […] Quand vous auriez retrouvé et prêté à l’acteur qui joue le rôle de Brutus le costume que porta jadis le héros romain, le poignard même dont il frappa César, cela toucherait assez médiocrement les vrais connaisseurs. […] On perdrait les écrits de Port-Royal qu’on retrouverait Port-Royal tout entier dans Champagne.
Il jugeait par lui-même, et discernait, sans paresse, sans préjugés ; l’originalité se retrouvait en chacun de ses Jugements. — Au reste, il n’a guère eu rien à voir à aucune de ces tentatives que nous appelons nôtres ; il était disparu auparavant. […] Il est lui-même, comme esprit, de cette lignée des Pythagore et des Platon ; il en retrouve et en fait puissamment sentir l’inspiration politique et civile, voisine du sanctuaire ; en ce sens on a eu raison de dire ce beau mot, qu’il est le Prophète du passé 207. […] Ainsi va le monde ; et, pour qui a la tournure d’esprit religieuse, il y a moyen encore, dans tout cela, de retrouver Dieu. — Je crois avoir répondu fort terre-à-terre, mais non pas trop indirectement, à la doctrine du Principe générateur. […] Lorsqu’une fois cette tâche est remplie, je me retrouve au-dehors, je suis en mesure de m’exprimer plus librement, me souvenant toujours, s’il est possible, de ce que j’ai dit et jugé ; mais je parle plus haut, s’il est besoin, et du ton que m’inspire la rencontre.
Les poètes, ces précurseurs des littératures, naissent parmi eux ; les conteurs leur succèdent ; quelques historiens, jaloux de retrouver dans le passé fabuleux les traces du chemin que leurs races ont fait à travers le monde, recherchent ces traces dans les vieilles traditions et les gravent avec orgueil dans leurs annales. […] Quelle joie ils éprouvèrent à se retrouver ensemble ! […] En sortant des appartements de sa maîtresse, il n’avait plus retrouvé Moumou à sa place habituelle, et il ne se rappelait pas que jamais la fidèle bête se fût écartée du seuil où elle l’attendait. […] Il avait remarqué le chemin qu’il avait suivi ; il était sûr de le retrouver, et il cheminait vigoureusement avec une détermination dans laquelle il y avait à la fois du désespoir et du contentement.
Une certaine lourdeur, poids et mesure, qu’on retrouvera dans mon volume en train, Bonheur, ne vous arrête-t-elle pas, sans trop vous choquer, j’espère, ès les très jeunes « prologue » et « épilogue » du livre qu’on vous offre à nouveau ce jourd’hui ? […] Les lecteurs de la Plume se réjouiront d’y retrouver les chefs-d’œuvre, tous, et s’amuseront à lire des essais, des ébauches, même des débauches, ô littéraires ! […] Par rime mauvaise je veux dire, pour illustrer immédiatement mes raisons, des horreurs comme celles-ci qui ne sont pas plus « pour » l’oreille (malgré le Voltaire déjà qualifié) que « pour » l’œil : falot et tableau, vert et pivert, tant d’autres dont la seule pensée me fait rougir, et que pourtant vous retrouverez dans maints des plus estimables modernes. […] On a lu, dans le premier Tome des Œuvres Posthumes de Paul Verlaine, les premières pages de cette Étude, dont nous avons retrouvé, depuis la publication de ce Tome, les pages que nous donnons ici.
On retrouve Molière et Du Fresne à Narbonne, au commencement de 1650. […] La belle saison venue, elle reprit sa vie nomade, nous la retrouvons à la fin de 1654 à Montpellier, où le prince et la princesse de Conti se rendirent pour l’ouverture des États de Languedoc, fixée au 7 décembre. […] Mais d’Assoucy, dans ses Aventures, ne tarde pas à nous l’y faire retrouver. […] Ils le retrouvèrent après leur longue absence, peu aisé sans doute, et nous voyons par le Registre de La Grange que, le 10 août précédent, on avait « retiré sur la chambrée 100 livres pour M. […] Mais quiconque aura étudié la manière d’écrire de l’auteur du Tartuffe, retrouvera dans la Lettre sur l’Imposteur des tours et des expressions qui ne sont qu’à lui.
Ils commencèrent donc par faire une réserve solennelle en faveur de ce culte qu’ils voulaient pouvoir retrouver, à l’heure du besoin, comme joug, comme sûreté, comme dernier asile. […] Les traits essentiels de l’espèce se retrouvent tous dans l’individu ; s’étudier soi-même, c’est donc étudier l’espèce, et qui saurait se décrire parfaitement, ferait sans doute connaître l’espèce. […] « Nous nous investissons, dit-il, des qualités d’aultruy et laissons chomer les nostres38. » Il aime la solitude, le recueillement, où l’on se retrouve dans la société de soi-même. […] Là se retrouvait, par la foi, un culte en esprit et en vérité, entretenu de temps à autre par des révélations surnaturelles. […] En un mot, tous les caractères d’une législation temporaire se retrouvent dans cette législation divine.
Depuis les idées les plus abstraites jusqu’aux sensations les plus animales, nous avons retrouvé la même couche fondamentale ; les idées sont des sensations ou des images d’une certaine sorte ; les images elles-mêmes sont des sensations capables de renaître spontanément. […] Elles sont nombreuses surtout pour la vue ; l’excitation du nerf optique, et partant la sensation des couleurs ou de la lumière, dure après que l’ondulation éthérée a cessé de frapper la rétine ; en ce cas, les paupières fermées, ou l’œil tourné d’un autre côté, on continue à voir l’objet que l’on regardait d’abord ; selon les cas, l’image est incolore ou colorée, de couleur persistante, ou de couleur changeante ; et ces illusions sont soumises à des lois connues108 par lesquelles s’expliquent une multitude de faits singuliers. — Les mêmes sortes de sensations spontanées se retrouvent dans l’ouïe109. […] Vous la retrouvez dès que vous vous reportez sur elle ; elle rejaillit d’elle-même à la lumière sitôt que les importuns sont partis.
Comptez les détails de mœurs, de géographie, de chronologie, de cuisine, la désignation mathématique de chaque objet, de chaque personne et de chaque geste, la lucidité d’imagination, la profusion de vérités locales ; vous comprendrez pourquoi sa moquerie vous frappe d’une impression si originale et si poignante, et vous y retrouverez le même degré d’étude et la même énergie d’attention que dans les ironies et dans les exagérations précédentes : son enjouement est aussi réfléchi et aussi fort que sa haine ; il a changé d’attitude, il n’a point changé de faculté. […] S’il hait l’aristocratie, c’est moins parce qu’elle opprime l’homme que parce qu’elle corrompt l’homme ; en déformant la vie sociale, elle déforme la vie privée ; en instituant des injustices, elle institue des vices ; après avoir accaparé l’État, elle empoisonne l’âme, et Thackeray retrouve sa trace dans la perversité et dans la sottise de toutes les classes et de tous les sentiments. […] Thackeray a dû remonter au sens primitif des mots, retrouver des tours oubliés, recomposer un état d’intelligence effacé et une espèce d’idées perdue, pour rapprocher si fort la copie de l’original.
Si cet homme est sourd de naissance, la langue n’étant pour lui qu’une simple peinture, il verra passer tour à tour les hiéroglyphes ou les images des choses sur lesquelles il méditera28. » Les mêmes idées et presque les mêmes termes se retrouvent dans les ouvrages de de Bonald, chez qui la parole intérieure devient la clef de voûte d’un système complet de philosophie théorique et pratique, ou, comme il dit, « l’explication du mystère de l’être intelligent. » A ce titre, cette doctrine mérite de nous arrêter quelque temps ; il est important de constater que la plus extrême des philosophies qui proclament la nécessité du langage repose sur une description inexacte et sur une interprétation fautive du phénomène de la parole intérieure. […] Signalons brièvement les défauts de cette théorie : le rôle de l’audition pure, mais attentive, dans l’acquisition de la parole, est méconnu par Maine de Biran, comme il l’avait été déjà par Montaigne ; — la description du phénomène de l’audition, que nous retrouverons presque identique dans Cardaillac, est fautive ; — comme plus tard dans les ouvrages de Bain, une importance beaucoup trop grande est attribuée au mouvement musculaire, qui n’est qu’un moyen, et qui comme tel, est négligé par l’attention [ch. […] Haller est plus précis ; retrouvons-nous chez lui l’opinion de Bonald, partagée, à ce qu’il semble, par J.
Les brillants oiseaux d’Amérique voguent sur la Néva avec des bosquets d’orangers ; ils retrouvent en arrivant la noix du cocotier, l’ananas, le citron et tous les fruits de leur terre natale. […] XII À partir de ce moment, le comte de Maistre ne se retrouve plus que dans le recueil de ses lettres familières, publiées par sa famille.
Tout récemment un érudit italien, le cardinal Maï, fureteur obstiné et pieux du Vatican, a retrouvé une faible partie du chef-d’œuvre cicéronien de la République. […] Les ouvrages de Cicéron retrouvés consoleraient le monde de la perte de tous les autres livres ; c’est l’encyclopédie de l’âme, de la pensée et du talent.
L’homme mûr retrouvera son bien dans les essais du jeune homme. […] Molière eût pu trouver dans l’observation de la nature un moyen de la lui arracher une dernière fois ; mais soit fatigue après cinq actes si pleins, soit pitié pour la passion d’Arnolphe et souvenir de son propre cœur, Molière termine la pièce par un dénoûment postiche : il fait retrouver à Agnès un père dans un personnage venu d’Amérique, et son fiancé dans son amant.
Nous allons retrouver une autre antinomie entre l’individualité et la socialité. […] Nous retrouvons ici l’antinomie que nous poursuivons entre la sociabilité et l’individualité.
C’est d’abord Aristote, le dieu de la philosophie du Moyen Âge, qui tombe sous les coups des réformateurs du XVe et du XVIe siècle, avec son grotesque cortège d’Arabes et de commentateurs ; puis c’est Platon, qui, élevé un instant contre son rival, prêché comme l’Évangile, retrouve sa dignité en retombant du rang de prophète à celui d’homme ; puis c’est l’antiquité tout entière qui reprend son sens véritable et sa valeur, d’abord mal comprise dans l’histoire de l’esprit humain ; puis c’est Homère, l’idole de la philologie antique, qui, un beau jour, a disparu de dessus son piédestal de trois mille ans et est allé noyer sa personnalité dans l’océan sans fond de l’humanité ; puis c’est toute l’histoire primitive, acceptée jusque-là avec une grossière littéralité, qui trouve d’ingénieux interprètes, hiérophantes rationalistes qui lèvent le voile des vieux mystères. […] L’homme dans cette hypothèse a tout fait par ses facultés naturelles : ici spontanément et obscurément ; là scientifiquement et avec réflexion ; mais enfin l’homme a tout fait : il se retrouve partout en face de sa propre autorité et de son propre ouvrage.
La soirée, cette soirée du mardi gras, passée dans la contemplation, à la façon dont on regarde un ciel bleu pailleté d’étoiles, dans la contemplation des bonnes feuilles de notre volume de Pages retrouvées : contemplation et mélancolique feuillètement de ces pages à l’encre encore fraîche, qui font revivre en moi le ressouvenir émotionné de l’élaboration de tous ces articles de notre début dans les lettres. […] Impossible de retrouver ses vêtements.
J’en ai conservé la saveur que laissent aux doigts des roses séchées retrouvées sur la pierre d’un vieux sépulcre : vers, prose, correspondance, épanchement du cœur, enjouement d’esprit, fines railleries, plaisanteries d’autant plus rieuses qu’elles sont plus inoffensives, voilà le patrimoine héréditaire de cet ancêtre de Voltaire et d’Alfred de Musset. […] En remontant avec attention le cours des générations dans les plus humbles familles, on retrouve presque toujours dans la première goutte du sang la source de la dernière.
même dans cette poésie plus artificielle se retrouve ce charme de rêveries mélancoliques inconnu à l’Espagne et à l’Italie, et ce parfum de mysticité dans la religion et dans l’amour qui rappelle l’ancienne Allemagne. […] Quand on étudie les procédés des mathématiques, on est frappé de retrouver partout le même procédé constamment employé.
Homme de cœur et d’une grande bonté morale, il était supérieur lorsque, triomphant de ses airs d’aristocratie intellectuelle et de ses assertions absolues auxquelles il s’abandonnait quelquefois, il retrouvait l’onction.
Tout humble qui prie lui paraît son coreligionnaire plus sûrement que tout raisonneur et tout petit docteur qui discute, il a beau être de Genève, il se retrouve encore du diocèse et de la paroisse de saint François de Sales par un côté.
Le xixe siècle a été particulièrement favorable à Marivaux ; le gracieux interprète qu’il a retrouvé sur la scène, cette actrice inimitable qui a débuté par ses rôles malins et ingénus, leur a rendu à nos yeux toute leur jeunesse.
Quand il touche à des coins de littérature, il ne retrouve pas cette propriété de langage qu’il a dans les exposés de science.
Hamilton ses frères, qui étaient de l’expédition d’Irlande et du parti de Jacques II, échouèrent en quelque occasion particulière, furent blâmés et encoururent quelque disgrâce à Saint-Germain : elle en fut piquée et outrée dans sa tendresse et dans son orgueil ; elle s’y retrouva tout entière avec « son humeur hautaine, injuste et révoltée ».
Antoine Petit, pour le dédommager, le choisit pour son suppléant dans la chaire d’anatomie du Jardin des plantes, et Vicq d’Azyr y retrouvait le même public, la même affluence ; mais cette fois ce fut Buffon, intendant du Jardin des plantes, qui, destinant cette chaire à Portal plus ancien et plus connu, ne permit pas à Vicq d’Azyr de continuer.
Mais aussi il y a un historien des plus heureusement doués dont le procédé est autre : il lit, il étudie, il se pénètre pendant des mois et quelquefois des années d’un sujet, il en parcourt avec étendue et curiosité toutes les parties même les plus techniques, il le traverse en tous sens, s’attachant aux moindres endroits, aux plus minutieuses circonstances ; il en parle pendant ce temps avec enthousiasme, il en est plein et vous en entretient constamment, il se le répète à lui-même et aux autres ; ce trop de couleur dont il ne veut pas, il le dissipe de la sorte, il le prodigue en paroles, en saillies et en images mêmes qui vaudraient souvent la peine d’être recueillies, car, plume en main, il ne les retrouvera plus : et ce premier feu jeté, quand le moment d’écrire ou de dicter est venu, il épanche une dernière fois et tout d’une haleine son récit facile, naturel, explicatif, développé, imposant de masse et d’ensemble, où il y a bien des négligences sans doute, bien des longueurs, mais des grâces ; où rien ne saurait précisément se citer comme bien écrit, mais où il y a des choses merveilleusement dites, et où, si la brièveté et la haute concision du moraliste font défaut par moments, si l’expression surtout prend un certain air de lieu commun là où elle cesse d’être simple et où elle veut s’élever, les grandes parties positives d’administration, de guerre, sont si amplement et si largement traitées, si lumineusement rapportées et déduites, et la marche générale des choses de l’État si bien suivie, que cela suffit pour lui constituer entre les historiens modernes un mérite unique, et pour faire de son livre un monument.
Je dois cependant avertir que depuis cette défaite des genres auxquels il s’était voué, Saint-Amant n’a pas cessé de garder çà et là des fidèles, et qu’il a même retrouvé en dernier lieu des admirateurs, ou du moins des curieux passionnés.
On a retrouvé, dans ces dernières années, l’acte de baptême qui constate que Claude-Louis-Hector de Villars (ce prénom de Claude a toujours été omis par la suite) fut baptisé le 29 mai 1653, dans la chapelle du couvent de la Visitation de Moulins.
Il revint à Genève avec son fils en 1792 : il y retrouva cette Révolution qui s’y propageait et y engendrait plus que des parodies.
J’en conclus que, s’il est si difficile, même de près, de saisir la qualité dominante chez un de nos contemporains, il est bien plus difficile, ou, pour mieux dire, tout à fait impossible de prétendre la retrouver et surtout la contrôler, la rectifier avec certitude, à une telle distance, chez les personnages de l’histoire de Tite-Live ou chez l’historien lui-même.
Steinlen, « on en retrouve toujours des membres dans les maisons religieuses d’hommes et de femmes, tandis que les autres, restés dans le monde, sont souvent choisis comme arbitres dans les différends ».
Mesnard l’a retrouvé dans les manuscrits de la Bibliothèque Impériale sous ce titre un peu fastueux : Projets de Gouvernement résolus par Mgr le Duc de Bourgogne, Dauphin, après y avoir bien mûrement pensé ; et il n’a pas eu de peine à mettre à ce travail anonyme le nom d’un rédacteur éclatant.
On y retrouve l’homme qui a prospéré à la sueur de son front, et qui ne craint pas de faire sentir le poids et même la dureté de ses conseils à celui qui, après l’avoir lésé, se voit forcé, de recourir à lui.
Ville heureuse où l’on est dispensé d’avoir du bonheur, où il suffit d’être et de se sentir habiter ; qui fait plaisir, comme on le disait autrefois d’Athènes, rien qu’à regarder ; où l’on voit juste plus naturellement qu’ailleurs, où l’on ne s’exagère rien, où l’on ne se fait des monstres de rien ; où l’on respire, pour ainsi dire, avec l’air, même ce qu’on ne sait pas, où l’on n’est pas étranger même à ce qu’on ignore ; centre unique de ressources et de liberté, où la solitude est possible, où la société est commode et toujours voisine, où l’on est à cent lieues ou à deux pas ; où une seule matinée embrasse et satisfait toutes les curiosités, toutes les variétés de désirs ; où le plus sauvage, s’il est repris du besoin des hommes, n’a qu’à traverser les ponts, à parcourir cette zone brillante qui s’étend de la Madeleine au Gymnase ; et là, en quelques instants, il a tout retrouvé, il a tout vu, il s’est retrempé en plein courant, il a ressenti les plus vifs stimulants de la vie, il a compris la vraie philosophie parisienne, cette facilité, cette grâce à vivre, même au milieu du travail, cette sagesse rapide qui consiste à savoir profiter d’une heure de soleil !
Il faut en venir à ce roman en prose, Daphnis et Chloé, à ce dernier des Daphnis, pour y retrouver, comme dans une petite épopée finale, toute la grâce, toute la tradition, la fleur suprême, en un mot, de ces fables pastorales pressée et, rassemblée.
Aller en Grèce dès 1824, c’était, pour bien des âmes lassées et rassasiées de tout, le réveil moral, la guérison des passions factices, des vagues ennuis ; — pour le vieux soldat des grandes guerres, c’était retrouver un digne emploi de son épée non rouillée encore ; — pour le jeune homme en proie aux lâches oisivetés et aux inoccupations rongeantes, c’était la réalisation inespérée d’un beau rêve, cette fois saisissable et palpable ; c’était le baptême et la consécration pour une grande cause.
Il s’agit des belles-lettres : Velléius, à un moment, se met à en discourir, car il ne s’interdit pas les digressions, et c’est une de ses formes ordinaires de dire : « Nequeo temperare mihi… Je ne puis m’empêcher, je ne puis me contenir… » Il vient de parler des colonies romaines établies sous la République, et, passant à un tout autre sujet, il s’adresse à lui-même une question : Pourquoi y a-t-il pour les choses de l’esprit des époques et comme des saisons exclusivement favorables, où tout se rassemble et se groupe, et passé lesquelles on ne retrouve plus le même goût ?
Valéry Vernier, avec ses Filles de minuit : une pièce de ce dernier, Vingt ans tous les deux, serait assurément connue et célèbre, si par impossible on la supposait transmise de l’Antiquité et retrouvée à la fin de quelque manuscrit de l’Anthologie ; on y verrait une sorte de pendant et de contrepartie de l’Oaristys. — J’aurais certainement pu, si je les avais reçus à temps, joindre les Printemps du Cœur de M.
Ce qu’il y a de bien certain, c’est que si chez celui-ci, vers la fin, le poëte était tout à fait fondu dans le chrétien, il se retrouvait tout entier, toujours armé et sur le qui-vive, toujours irritable en Despréaux.
Rousset a retrouvé une partie de son Journal de voyage.
Droz, Auger, Campenon, tous exacts et honnêtes esprits, mais un peu froids, un peu ternes et sans nouveauté : il se retrouvait plus à sa place et dans son vrai monde, lorsqu’il était en compagnie des Royer-Collard, des de Serre, ses vrais maîtres, et qui lui témoignaient par leur considération qu’ils le tenaient, malgré sa jeunesse, pour l’un des leurs.
Ayant eu moi-même l’honneur de connaître dans les dernières années le général Jomini, j’ai plus d’une fois entendu de sa bouche le récit des principaux événements qu’il avait à cœur d’éclaircir, et il le faisait presque dans les mêmes termes qu’on retrouve sous la plume du colonel Lecomte.
En vain, des races se sont mêlées ou renouvelées ; sitôt qu’elle retombe dans la solitude, elle reprend, comme si rien ne s’était passé, le début de son ancien poëme, et recompose incessamment le premier tableau de l’épopée. » Or c’est précisément ce début de l’ancien poëme pélasgique, ce tableau si obscurci de l’épopée primitive dont on retrouve à tout moment les vestiges confus, mais certains, et les débris parlants, si l’on suit le voyageur au mont Ithôme, au mont Lycée, à Tyrinthe.
C’est une conversation douce et choisie, d’un charme croissant, une confidence pénétrante et pleine d’émotion, comme on se figure qu’en pouvait suggérer au poëte le commerce paisible de cette société où une femme écrivait la Princesse de Clèves ; c’est un sentiment intime, unique, expansif, qui se mêle à tout, s’insinue partout, qu’on retrouve dans chaque soupir, dans chaque larme, et qu’on respire avec l’air.
Nous retrouvons ce rapport de Millevoye a Lamartine délicatement exprimé dans une page du roman de Madame de Mably, par M.
Les hommes de lettres d’Italie, pour retrouver les manuscrits antiques qui devaient leur servir de guides, ayant besoin de la fortune et de l’approbation des princes, étaient plus éloignés que dans tout autre pays du genre d’indépendance nécessaire à cette philosophie.
En composant cet ouvrage, où je poursuis les passions comme destructives du bonheur, où j’ai cru présenter des ressources pour vivre sans le secours de leur impulsion, c’est moi-même aussi que j’ai voulu persuader ; j’ai écrit pour me retrouver, à travers tant de peines, pour dégager mes facultés de l’esclavage des sentiments, pour m’élever jusques à une sorte d’abstraction qui me permit d’observer la douleur en mon âme, d’examiner dans mes propres impressions les mouvements de la nature morale, et de généraliser ce que la pensée me donnait d’expérience.
Scève, très en vogue depuis Deschamps, se retrouvent aussi chez Ronsard : même le quatrain qu’il appelle strophe saphique est dans les Psaumes de Marot, et par le principe de la succession des rimes (aaab — bbbc, etc.) nous ramène en plein moyen âge, jusqu’à Rutebeuf.
La politique et la religion de Mme de Staël Si viril que soit son esprit, la femme en elle se retrouve par le peu de souci qu’elle a de systématiser sa connaissance ou ses idées, et par l’influence que la sensation, l’affection exercent à son insu sur ses conceptions les moins sentimentales.
Mais avec Fédora, nous avons retrouvé la vraie Sarah, l’unique et la toute-puissante, celle qui ne se contente pas de chanter, mais qui vit et vibre tout entière.
Et l’on retrouvera presque à chaque page de ses grands romans cet art d’extraire de la réalité des antithèses bouffonnes ou navrantes, d’où jaillissent la surprise, le rire et souvent la pitié.
Frantz Jourdain L’Académie française ne me semble ni en décadence, ni en progrès ; comme le nègre, elle continue, et si, comme vous l’affirmez, elle a retrouvé tout son lustre, ce doit être un lustre en fonte malléable, en vieille ferraille, en cuivre oxydé ou en zinc d’art, un lustre où fument, encerclées de bobèches en papier, des cires poussiéreuses et de vieilles chandelles.
Il serait curieux de retrouver les positions d’origine des chefs de, ce mouvement vague, falot et si réel : il y a des chrétiens, des catholiques, le parti de Mun ; il y a des philosophes, les néokantiens, les néo-thomistes ; il y a des politiques : les adversaires d’un régime républicain de nuance maçonnique ; il y a des artistes : les successeurs des naturalistes, donc leurs adversaires en esthétique, en morale, en politique, en [sociologie. — Ce pieux mouvement n’est pas sans danger.
Ils semblent avoir eu une très inexplicable et très antiphilosophique aversion pour admettre cette loi, dans son sens large ; comme si cette simplicité en vertu de laquelle on trouve qu’une loi est renfermée dans une plus haute, et celle-ci dans une plus haute, et ainsi de suite, jusqu’à un petit nombre qui paraissent tout renfermer, ne devait pas se retrouver dans le monde de l’esprit, comme dans celui de la matière39.
Cette cérémonie et bien d’autres qui se glissèrent autrefois dans notre liturgie, sont comme les médailles du paganisme qu’on retrouve dans les fondations du christianisme.
Elle y a retrouvé, de siècle en siècle, des chevaliers, des amoureux et des vengeurs.
Le talent proprement dit, l’art d’écrire lui vient chemin faisant ; il dira à propos des sépulcres restés vides, qui furent construits près de Jérusalem par Hérode le Tétrarque : « Alors, comme à présent, il y avait des grandeurs passagères ; et des tombeaux promis et élevés ne recevaient pas les cendres qui devaient les occuper. » Mais c’est l’Égypte surtout qui est le but où tend le voyageur ; il y retrouve, en y mettant le pied, les souvenirs présents et les émotions héroïques de sa jeunesse.
» Prière de Bossuet prosterné à genoux au lit de mort de Madame, épanchement naturel et prompt de ce grand cœur attendri, vous fûtes le trésor secret où il puisa ensuite les grandeurs touchantes de son Oraison funèbre, et ce que le monde admire n’est qu’un écho retrouvé de ces accents qui jaillirent alors à la fois et se perdirent au sein de Dieu avec gémissement et plénitude !
La grande âme contemptrice et désolée de Chateaubriand, si souvent retrouvée partiellement par Musset, par Gautier, par Vigny, par Lamartine lui-même, le tempérament neurasthénique des romantiques, est l’âme même, intime et profonde, du romantisme ; et si Vigny est considéré à présent, plus que tout autre, comme le représentant du romantisme, c’est que du romantisme il a négligé le magasin des accessoires, mais exprimé plus fortement que personne l’esprit même.
Cependant, comme sur un visage où régnait la douleur et où l’on a fait poindre la joie, je retrouverai la passion présente confondue parmi les vestiges de la passion qui passe, il peut aussi rester au moment que le peintre a choisi, soit dans les attitudes, soit dans les caractères, soit dans les actions, des traces subsistantes du moment qui a précédé.
Elles ne sauraient se retrouver également chez tous puisqu’ils ne sont pas de même nature ; le carbone n’est pas l’azote et, par suite, ne peut revêtir les mêmes propriétés ni jouer le même rôle.
De même, quand Oreste et Pilade entrent en scène, Oreste disant : « Oui, puisque je retrouve un ami si fidèle ».
Nous n’avons peut-être pas avancé une assertion qu’on ne puisse retrouver en germe, et parfois très nettement, dans les lettres de Flaubert, par exemple.
Ils toléreront que l’historien de la marquise de Pompadour ou de mademoiselle de La Vallière raconte des anecdotes à la fois libres et historiques ; qu’un diplomate signant Trois-Étoiles rapporte un propos léger, — qu’on appellera gaulois pour le faire passer, — d’un personnage russe ou anglais ; qu’un naturaliste s’exprime en termes clairs sur les phénomènes naturels : et d’ailleurs, quinze jours après l’apparition de la livraison, vous êtes sûrs de retrouver intacts, dans plus d’une maison, sans une coupure aux tranches, les articles de cette sorte.
Zola nous donnera ces romans sur « l’Armée », et sur « les Chemins de fer », voie montante et voie descendante, qui doivent compléter, je crois, l’épopée des Rougon-Macquart, tenons-nous pour assurés d’y retrouver les mêmes personnages.
Il y a en eux quelque chose d’éternel qui se retrouve dans tous les spectacles éphémères. […] L’athéisme de Bysshe et la curiosité des sciences mystérieuses se retrouveront chez le jeune Shelley ; mais nous ne saurons jamais si les années auraient fait ressortir en lui les autres traits de son aïeul. […] On ne se propose rien de moins que de pénétrer le secret de l’inspiration, d’en décomposer les éléments, d’en retrouver les emprunts et, par un effort contraire à celui du créateur, de dissocier tout ce qui est entré dans la fonte de sa création. […] Le peintre écrivain s’y retrouve tout entier ; mais, encore plus harmoniste que coloriste, il y a réalisé une harmonie entre les êtres et les choses dont on citerait peu d’exemples. […] Loin d’exploiter le succès, il semblait s’en défier comme d’une chaîne et ignorer que le public, malgré son goût affiché pour la nouveauté, désire toujours retrouver dans le dernier livre d’un auteur ce qu’il a goûté dans le précédent.
La syllabe génératrice commune à tous ces mots est la syllabe am, qui se retrouve la même dans les mots latins amator, amor, amatorius, amatoriè, &c… amicus, amicè, amicitia, &c. […] J’en dis autant des racines, soit génératrices soit élémentaires, que l’on retrouve les mêmes dans quantité de langues, qui semblent d’ailleurs avoir entre elles peu d’analogie. […] Quelques génitifs inusités hors de la composition, se retrouvent de même dans des verbes composés de la même racine élémentaire : tibi-cen, tibi-cinis ; con-cino, con-cinis ; parti-ceps, parti-cipis ; ac-cipio, ac-cipis. […] C’est pour cela qu’en latin il n’est jamais construit qu’avec un nom appellatif, quoiqu’on rencontre souvent des locutions où il paroît lié à d’autres mots : mais on retrouve aisément par l’ellipse le nom appellatif auquel se rapporte le génitif. […] Adverbe ; & que ce complément est un nom appellatif : en décomposant l’adverbe, on retrouvera l’analogie.
Nous retrouvons là le poète, s’attardant à mi-chemin du style de l’érudit et du savant, comme il est demeuré à mi-chemin des formules du philosophe. […] La Famille Benoîton, où certaines caricatures sont très amusantes, a aussi sa tache, les fameuses lettres, ces lettres que l’on retrouve partout dans le répertoire de M. […] Quand Sainte-Beuve poussai ce cri désespéré « Ô physiologistes, je vous retrouve partout ! […] On le retrouve, avec sa vie de producteur géant, dans les moindres alinéas. […] Désirée, retenue près de sa mère, manque plusieurs rendez-vous, et, lorsqu’elle retrouve Auguste, ils restent tous les deux embarrassés.
Littré l’a retrouvée, et il la rend à son tour, en y joignant la connaissance plus précise qui caractérise les modernes : « On prétend, dit-il, que Virgile, interrogé sur les choses qui ne causent jamais ni dégoût ni satiété, répondit qu’on se lassait de tout, excepté de comprendre (præter intelligere). […] Il y a dans la petitesse de l’homme, dans la petitesse de sa terre, dans la brièveté de sa vie, quelque chose qui contraste singulièrement avec les énormes distances qu’il soupçonne, et les vastes intervalles de temps qu’il suppute et qu’il retrouve dans les ombres du passé.
Vous trouverez partout des amis qui seront empressés de remplacer ceux que vous aviez dans ce pays-ci, qui vous en dédommageront ; mais, pour moi, je ne retrouverai pas mon voisin. […] L’esprit, le cœur, voilà ce qui survit à tout, ou ce qui devrait survivre ; le retrouver, le montrer est une vraie joie : y ajouter même au besoin un peu du sien n’est pas défendu ; on supplée ainsi à ce qui nous échappe.
Pierre Cependant vos romantiques se retrouvaient entre eux, non pas il est vrai dans les salons, qu’ils n’aiment pas, mais au café. […] En redevenant françaises, selon le désir qu’elles en ont manifesté avec éclat, par leur protestation en 1871 contre le traité de Francfort, et par leur enthousiasme de 1918 à l’entrée de notre armée qui les délivrait, l’Alsace et la Lorraine se sont retrouvées exactement dans la même situation que l’Ile-de-France, la Normandie, la Touraine, la Picardie, la Bourgogne, la Gascogne, la Provence, etc… Dans ces conditions, parler d’oppression est un non-sens.
Je revois sans difficulté à plusieurs années de distance cinq ou six fragments d’un objet, mais ¡non son contour précis et complet ; je puis retrouver un peu mieux la blancheur d’un sentier de sable dans la forêt de Fontainebleau, les cent petites taches et raies noires dont les brindilles de bois le parsèment, son déroulement tortueux, la rousseur vaguement rosée des bruyères qui le bordent, l’air misérable d’un bouleau rabougri qui s’accroche au flanc d’un roc ; mais je ne puis tracer intérieurement l’ondulation du chemin, ni les saillies de la roche ; si j’aperçois en moi-même l’enflure d’un muscle végétal, ma demi-vision s’arrête là ; au-dessus, au-dessous, à côté, tout est vague ; même dans les résurrections involontaires qui sont les plus vives, je ne suis qu’à demi lucide ; le fragment le plus visible et le plus coloré surgit en moi sans éblouissement ni explosion ; comparé à la sensation, c’est un chuchotement où plusieurs paroles manquent à côté d’une voix articulée et vibrante. […] Évidemment, de retour chez lui, à sa table, Mozart avait retrouvé en lui-même, comme dans un écho minutieusement exact, ces lamentations composées de tant de parties et promenées à travers une série d’accords si étranges et si délicats.
On ne monte pas plus haut que certaines pages extatiques de Faust : plus haut, l’air raréfié ne porte plus l’homme ; mais il y a de grandes raisons de penser que, si la nature n’enfante pas souvent une individualité poétique de la force de Goethe, la littérature allemande dans son ensemble retrouvera une période de splendeur égale à la période qui porte le nom de Goethe. […] De cette reconnaissance de l’Occident avec l’Orient par l’Allemagne, un grand prodige s’opérera dans l’univers intellectuel : l’identité des idées retrouvée par l’identité des langues.
Dans ce moteur initial, source et principe de tous les mouvements dans l’univers, il retrouvera donc encore les mêmes éléments qu’il a déjà constatés. […] Autant qu’on peut discerner à de telles distances les causes de cette mort, on les retrouve aisément dans la politique de son pays et dans les passions des hommes, bonnes ou mauvaises.
Il aima toujours ces jeux en mémoire d’elle ; il s’y rappelait ses paroles, et un de ses gestes retrouvé lui semblait un bonheur arraché à la tombe ! […] « Mon père avait protégé jadis un homme qu’il avait retrouvé, en 1814, notaire à Paris.
Goulden se trompe, Joseph est déclaré valide, il part pour la campagne de Leipzig, il est blessé, il revient à Phalsbourg, il retrouve sa cousine, il l’épouse ; Goulden les reçoit, eux et leur tante. […] J’avoue même que moi, qui vivais, qui pensais et qui sentais déjà en ce temps-là, moi qui partageais les angoisses du peuple pauvre et sacrifié à la noblesse des barons d’empire, je retrouve dans ce livre la mémoire minutieuse de cette époque de la grandeur d’un homme de guerre et de la servitude d’un peuple ébloui de ses chaînes : il n’y a pas de plus grande leçon de dédain pour l’opinion de l’humanité que celle que l’humanité donne elle-même en divinisant quarante ans après le maître qui faisait de l’héroïsme avec le sang inutilement versé de quelques millions de ses pareils.
Il retrouve ses parents et il leur vient en aide. […] Je n’en lis pas une page sans retrouver avec reconnaissance les conseils que j’ai suivis dans ma jeunesse, avec regret ceux que j’aurais dû suivre.
Cette doctrine de découragement ne se retrouve pas seulement chez les disciples de Schopenhauer et chez Rolph, mais aussi chez N. […] Nous avons sans doute retrouvé ce même ressort de la peine, presque seul, dans la sensibilité inférieure de l’homme, dans les émotions venues des organes internes, de la température, de la pression, etc.
Du bas en haut et du haut en bas, nous nous sommes promenés, cherchant à retrouver quelque chose de notre vieil Opéra : une blague, un vrai rire, la charité d’un sourire, un abandon de corps gratis, du désordonnement, de la fantaisie, du caprice, enfin l’apparence d’une intrigue — qui ne fût pas de cinq louis. […] Dans les drames, quand le père frotte sa fille retrouvée comme les boutons de son gilet, ça m’est absolument indifférent, je ne vois que les plis de la robe de sa fille.
Nous ne craignons pas de le dire : Cela ne peut venir que d’une tradition antique au-delà de toute antiquité connue, et d’une philosophie conservée et retrouvée de l’humanité primitive, philosophie remontant, de génération en génération, jusqu’à une génération première douée de communications plus lumineuses et plus directes avec l’auteur de toute lumière, Dieu. […] Voici les notes retrouvées sur les marges de la Bible de famille.
Il serait précieux de retrouver quelque témoignage tout à fait contemporain.
Ou plutôt qui n’a vu l’un de ces braves guerriers et intrépides serviteurs de l’Empire, mais serviteurs vers la fin moroses et grondeurs envers leur grand chef trop infatigable, et qui, dès qu’ils l’eurent perdu et vu tomber, retrouvèrent l’enthousiasme pur et le culte ?
Telle était l’âme de Bailly dès qu’elle retrouvait un moment de calme et de repos.
À Florence, il regrettait, au milieu des qualités exquises et courtoises des habitants, de ne retrouver « ni le pittoresque, ni le caractère qui se conserve tant et si prononcé de l’autre côté de l’Apennin ».
De même dans l’ordre purement physique et en présence de la nature des montagnes, il va jusqu’au bout, il ne recule pas devant les sites bouleversés et désolés : mais il est surtout heureux si là où l’on s’y attendrait le moins, et en sortant des horreurs convulsives qui marquent les déchirements du globe, il retrouve tout d’un coup dans le spectacle de l’ensemble, et sous l’effet du soleil, de l’ombre et de la lumière, cette harmonie suprême qui fait le beau grandiose et le sublime.
À celle nouvelle, il éprouva une impression soudaine et qu’il a rendue bien énergiquement ; tout son sang se glaça, en écoutant le gentilhomme qui lui faisait ce récit : « S’il m’eût donné, dit-il, deux coups de dague, je crois que je n’eusse point saigné ; car le cœur me serra et fit mal d’ouïr ces nouvelles ; et demeurai plus de trois nuits en cette peur, m’éveillant sur le songe de la perte. » Il se représentait la scène du conseil, sa promesse solennelle de la victoire, la conséquence incalculable dont une défaite eût été pour la France, et dans ce prompt tableau que son imagination frappée lui développa tout d’un coup, cet homme intrépide retrouva la peur à laquelle il était fermé par tout autre côté.
Ubicini a eu raison de remarquer que si de Voiture on connaît aujourd’hui l’écrivain bel esprit, le négociateur politique est encore à retrouver.
La Fontaine intitulée Les Deux Perroquets, le roi et son fils : il y a des outrages après lesquels offenseur et offensé ne se pardonnent pas, et la confiance une fois perdue ne se peut retrouver. « Ce conte, à quelques endroits près, a dit Voltaire, le meilleur juge du mondeab, est un ouvrage distingué » ; et il accorde à Sénecé une imagination singulière.
Quelques vieux papiers retrouvés, et qui souvent, si on les lit bien (mais rien n’est plus difficile que de bien lire, surtout ce qui n’est pas imprimé), n’en apprennent pas plus que ce qui est connu déjà ; quelques documents inédits qui, dans tous les cas, doivent se combiner avec les notions déjà certaines et acquises, sont des prétextes à bouleversement ; on casse les jugements reçus, on refait des réputations à neuf ; chacun embouche des trompettes pour la découverte qu’il veut avoir faite, et, dans l’empressement de réussir, volontiers on accorde tout à son voisin pour qu’en retour il vous accorde tout à vous-même.
Et c’est cette parole, vive et jaillissante, qu'elle a retrouvée, grâce à son fidèle interprète.
Mais bientôt, jusque dans le Lamennais de ce temps-là, nous allons retrouver celui que nous avons connu en dernier lieu, le même caractère exactement, la même âme, une âme excessive, inquiète, haletante, appelant sans cesse et repoussant le repos, enviant la mort etactivant la vie, se croyant une mission d’en haut, unevocation, et tenu d’y obéir : car qui a résisté à Dieu et a eu la paix ?
Son acte de baptême, enfin retrouvé, a fixé tous les doutes.
Amenée, moins encore par mon âge que par la reconnaissance qu’il laisse croître, à étudier la vieillesse, je me retrouve peu sur le chemin des autres, et je voudrais ici l’étudier dans ses rapports avec Dieu et l’autre vie ; montrer que la vieillesse est pleine de grandeur et de consolation ; que son activité, concentrée en un foyer, en est plus intense ; que la dignité, la beauté d’une situation dont l’âme fait toute la vie, élèvent au-dessus de tout cette situation même ; et qu’enfin, comme on l’a dit du prêtre, si le vieillard est le plus malheureux des hommes, il est le plus heureux des chrétiens, le plus averti, et, s’il le veut, le plus consolé.
J’insiste parce que plus tard, devenu écrivain, ce même caractère en lui se retrouvera.
. − Le même portrait du roi se retrouve presque identique dns le Palais-Royal ou les Amours de Madame de La Vallière, l’un des pamphlets qui sont imprimés d’ordinaire à la suite de l’Histoire amoureuse des Gaules de Bussy-Rabutin.
Dans son beau livre sur Averroès, sur ce philosophe arabe dont le nom signifiait et représentait, bien qu’à tort, le matérialisme au Moyen-Age, il a parlé excellemment de Pétrarque, de ce prince des poëtes et des lettrés de son temps, qu’il proclame le premier des hommes modernes en ce qu’il a ressaisi et inauguré le premier le sentiment de l’antique culture, et « retrouvé le secret de cette façon noble, généreuse, libérale, de comprendre la vie, qui avait disparu du monde depuis le triomphe des barbares. » Il nous explique l’aversion que Pétrarque se sentait pour l’incrédulité matérielle des Averroïstes, comme qui dirait des d’Holbach et des Lamettrie de son temps : « Pour moi, écrivait Pétrarque cité par M.
Mais qu’on n’aille pas dire, à cause de cette inévitable imprévoyance mêlée à tant d’espérances légitimes et depuis justifiées, que le xviiie siècle, dans son ensemble comme dans son élite, ne reste pas incomparablement supérieur à la seconde moitié du xviie siècle par les lumières et la connaissance de l’homme vrai, de l’homme moderne en société, de l’homme civil, religieux, politique, tel qu’il sort et se prononce dans les cahiers des États-Généraux, et tel qu’il se retrouve, somme toute, après le naufrage même, au temps du Consulat : ce serait substituer un préjugé littéraire à un fait positif, à une vérité historique incontestable.
Gœthe reconnaissait toutefois à Chateaubriand un grand talent et une initiative rhétorico-poétique dont l’impulsion et l’empreinte se retrouvaient assez visibles chez les jeunes poëtes venus depuis.
C’est encore, pour tout dire, comme si l’on comparait tel ou tel lambeau ou segment de ces vieilles tapisseries ou toiles peintes retrouvées à Reims avec un chef-d’œuvre de Paros : matière et art, tout diffère.
Foucault quitte le Béarn en effet ; il a regagné ses éperons ; il retrouve une grande intendance, et est envoyé à Poitiers (septembre 1685).
Théophile Gautier y arrivait tout plein de la Grenade des Ballades et des Orientales ; il dut rabattre de quelques illusions au premier abord devant la Grenade réelle et moderne ; mais bientôt, à la visiter en détail et à la bien pénétrer, il retrouva tous ses ravissements.
Les procès-verbaux sont ci-joints en original, lesquels sont signés des officiers des lieux, afin que l’on ne puisse point dire que ces pièces aient été faites après coup. » Avait-on retrouvé heureusement ces pièces réclamées par Louvois, ou bien, en cas de défaut et de manque, y avait-on suppléé, comme il l’avait désiré ?
Eux, ils ont dû tout retrouver, tout recommencer pour leur compte à nouveau.
Insuffisants et impuissants aux premiers rôles où le hasard des événements les avait portés, on les retrouve, à peu d’années d’intervalle, aux seconds rangs, devenus de bons, de fermes, d’intègres et infatigables serviteurs du pays.
À moins de six semaines de là (17 octobre), nous le retrouvons en pleine voie de succès : « J’ai été ici très bien reçu de la reine.
On dira que Mirabeau, il est vrai, était payé pour ne pas se fier à la justice des pères et pour compter sur leur tyrannie et leur délire ; mais où est-il ailleurs ce modèle de père de famille que l’antique Rome connaissait et subissait avec crainte, et jusqu’à la hache inclusivement ; que l’état patriarcal nous montre de loin dans sa candeur et sa blancheur plusieurs fois séculaire ; que la vénération du Moyen-Age avait retrouvé peut-être ; où est-il présentement, dans la familiarité et dans la facilité de nos mœurs, dans la promiscuité de nos habitudes ?
. — Cet article nécrologique se retrouvera plus loin dans le présent volume.
C’est après tout, pourraient-ils penser, le même tour d’esprit qu’on apporte dans des sujets divers ; l’élévation s’y retrouverait sans doute, mais la négligence aussi dans le détail et dans l’emploi.
Par exemple, on a retrouvé, tout entière de sa main, une première ébauche de la fable intitulée le Renard, les Mouches et le Hérisson ; et, en la comparant à celle qu’il a fait imprimer, on voit que les deux versions n’ont de commun que deux vers.
Tout ce qui tient dans la littérature grecque à la religion païenne, à l’esclavage, aux coutumes des nations du Midi, à l’esprit général de l’antiquité avant l’invasion du peuple du Nord et l’établissement de la religion chrétienne, doit se retrouver avec quelques modifications chez les Latins.
L’histoire elle-même a subi depuis le milieu du siècle les mêmes influences que nous avons retrouvées dans toutes les parties de la littérature : romantique effrénément avec Michelet, elle est devenue objective, c’est-à-dire ou scientifique ou réaliste, souvent les deux à la fois.
Là, il me semble bien qu’on ne retrouve même pas l’ombre d’un sentiment sincère, si ce n’est le besoin même d’étonner et de scandaliser, et un puéril instinct de révolte — pour rien, pour le plaisir.
Saint Bernard, qui retrouve quelquefois la langue de Cicéron, n’échappe pas à la subtilité et aux pointes de Sénèque ; Abélard cite l’Art d’aimer d’Ovide dans des discussions sur les textes sacré.
Si l’une d’elles nous a fait connaître un rapport vrai, ce rapport est définitivement acquis et on le retrouvera sous un déguisement nouveau dans les autres théories qui viendront successivement régner à sa place.
Notre victoire prouve surabondamment que, sous la pression de la nécessité, notre race toujours capable d’héroïsme, sait retrouver l’énergie et la vigueur nécessaires.
En un mot, on y retrouve tout le talent des précédentes études, tel qu’on a pu l’entrevoir à travers notre analyse.
Le second acte, c’est la soirée où les deux rivales vont se retrouver face à face.
On retrouverait plus ou moins de cette veine dans tous ses éloges.
Je deviens de jour en jour philosophe, et, pourvu que j’aie le plaisir de vous retrouver et de vous décharger mon cœur, je ne compte pour rien tout le reste.
M. de Lamartine se retrouve ici en plein dans cette compagnie d’honnêtes gens dont j’ai parlé : il doit aimer particulièrement M.
Nous retrouvons, peu après, Beaumarchais propriétaire d’une autre charge en cour, ayant acheté moyennant quittance des lettres de noblesse, et ayant titre : écuyer, conseiller-secrétaire du roi, lieutenant général des chasses au bailliage de la varenne du Louvre, dont le duc de La Vallière était capitaine.
L’abbé Gerbet fut le consécrateur et l’exhortant dans cette scène si profondément sincère et si douloureusement pathétique, mais où le chrétien retrouvait de saintes joies.
Lebrun-Tossa, et dont il parlait aussi négligemment que possible, n’était autre, à très peu près, sauf changement du nom des personnages, que la pièce de Conaxa retrouvée à la Bibliothèque impériale ; il ne croyait pas qu’on pût prendre la mesure exacte du secours qu’il avait reçu, dont il n’avait point parlé jusque-là et dont il ne parlait même alors que le moins possible.
J’ai donné l’article en son entier dans Pages retrouvées, volume publié, l’année dernière, chez Charpentier.
Ce serait méconnaître la force, la fécondité et l’abondance variée de Catulle Mendès, oublier Heredia et son souci du style et de la belle vision brève ; ignorer Gabriel Vicaire qui a retrouvé aux gerbes de la chanson populaire française quelques frais bouquets de bleuets !
Nous avons vu qu’il n’est point de critère infaillible à l’aide duquel on puisse distinguer les espèces des variétés bien tranchées, et que, dans les cas où les liens intermédiaires entre deux formes douteuses ne se retrouvent point, les naturalistes sont obligés d’en déterminer le rang d’après la somme des différences qu’elles présentent, jugeant par analogie si elles sont, oui ou non, suffisantes pour donner à l’une d’entre elles ou à toutes les deux le titre d’espèce.
La connaissance que nous avions d’un caractère est juste sans doute, mais elle est générale ; elle est d’ensemble et par conséquent elle est flottante encore ; ce qui nous ravit, c’est d’avoir retrouvé dans le roman cette même connaissance sous un rayon plus vif qui fait sortir les traits de détail, qui met en relief les particularités significatives et qui nous fait dire : « Comme c’est vrai !
. — Sorti du sein des tempêtes, nourri dans le berceau d’une révolution, élevé sous la mâle discipline du génie de la guerre, le dix-neuvième siècle ne peut en vérité contempler son image et retrouver ses instincts dans une philosophie née à l’ombre des délices de Versailles, admirablement faite pour la décrépitude d’une monarchie arbitraire, mais non pour la vie laborieuse d’une jeune liberté environnée de périls97.
… Le lendemain matin, nous nous retrouvâmes à la gare du Nord. […] C’est parmi les souvenirs de l’un de mes automnes, le plus charmant peut-être, que je retrouve l’image du poète Stéphane Mallarmé, qui vient de mourir. […] C’était une jolie peinture, et je la retrouverais volontiers dans ma mémoire, sans le Diable qui, juste à cette époque, commença à turlupiner mes nerfs. […] Comme je me retrouve à l’aise dans ce vieux compartiment, clair et capitonné. […] G…, charmant compagnon de voyage que j’avais connu à Agay et que je retrouve ici, m’invite à manger des oursins.
Pour retrouver un pareil état, il faut franchir les régions moyennes et interroger un Gœthe, un Taine ou un Nietzsche, les hommes chez qui l’intelligence a enfin vaincu, par son excès même, et repoussé les supplications de la pitié et les tentations sentimentales de la justice. […] Cette délicieuse et héroïque romaine (qu’on retrouva au siècle dernier couchée en poussière dans sa robe sanglante) ayant changé de religion, changea de cœur. […] Pour l’œuvre des quatre derniers siècles et pour ce qui, vers 1450, restait indemne de l’œuvre antérieure, et pour ce qui s’est retrouvé depuis en des poussières, l’imprimerie a été, jusqu’ici, un mémorable bienfait. […] On peut juger de la valeur absolue, mais non de la valeur relative de ce qui reste : ici, nous retrouvons Pratinas ; il nous enseigne que la gloire est un fait. […] L’édition de 1550 contenant les Odes et le Bocage s’est retrouvée en 1882, à la vente P.
il est bien vrai que j’ai erré à l’aventure et que j’ai fait de moi un bouffon, exposé aux yeux du public, ensanglantant mon âme et vendant à vil prix mes plus chers trésors180. » « Disgracié de la fortune181, dit-il encore ; disgracié aux regards des hommes, je pleure dans la solitude l’abjection de mon sort ; je jette les yeux sur moi, maudissant mon destin, me souhaitant semblable à quelqu’un de plus riche en espérances ; en beauté, en amis, dégoûté de mes meilleurs biens, me méprisant presque moi-même182. » On retrouvera plus tard les traces de ces longs dégoûts dans ses personnages mélancoliques, lorsqu’il parlera « des coups de fouet et des dédains du siècle, de l’injure de l’oppresseur, des outrages de l’orgueilleux, de l’insolence des gens en place, des humiliations que le mérite patient souffre de la main des indignes et qu’il souffre quand il pourrait se donner à lui-même quittance et décharge avec un poinçon de fer de six pouces183. » Mais le pire de cette condition rabaissée, c’est qu’elle entame l’âme. […] Et quand plus tard elle le retrouve abandonné et fou, elle s’agenouille auprès de lui avec une émotion si pénétrante, elle pleure sur cette chère tête insultée avec une pitié si tendre, qu’on croit entendre l’accent d’une mère désolée et ravie qui baise les lèvres pâlies de son enfant251. […] On sourit dans Winter’s Tale quand Hermine descend de son piédestal et que Léontès retrouve dans la statue sa femme, qu’il croyait morte. […] Elles y retrouvent ou elles y rencontrent des amants qui deviennent leurs époux.
., un mouvement, un transport, un trait énergique et brûlant, dont le modèle ne se retrouve dans le langage des amoureuses de Racine. […] Si les règles de l’art dramatique pouvaient se perdre, on les retrouverait dans cette tragédie. […] On retrouve d’abord dans Devisé tous les traits dont Quinault a peint sa Mère coquette : ce sont les mêmes idées, les mêmes plaisanteries, les mêmes ridicules ; c’est la même aversion pour sa fille, le même désir de lui enlever son amant. […] On veut aussi que le Veau perdu et retrouvé soit de Champmêlé, parce que ce fut lui qui présenta la pièce aux comédiens ; mais l’opinion la plus commune et la plus probable, est qu’elle appartient à La Fontaine. […] On retrouvait dans la Femme juge et partie quelque chose de semblable, un jaloux qui se débarrasse de sa femme, non pas, il est vrai, si avantageusement, puisqu’au contraire il faut qu’il paie pour s’en défaire ; mais enfin c’est toujours un acte de la tyrannie d’un mari.
Si les mouvements intellectuels, même sains et féconds, d’une époque, sont en règle générale classés en grandes divisions qui reçoivent un nom particulier, ce sont les historiens de la civilisation ou de la littérature qui, après coup, embrassent des yeux le tableau d’ensemble de cette époque et y établissent pour leur propre commodité des sections et des classes, afin de se retrouver eux-mêmes plus facilement dans la diversité des phénomènes. […] J’ai constaté que chez les sujets normaux cette même symétrie des mouvements se retrouvait sous l’influence de la fatigue. […] Les morceaux de gazon, les fleurs et les fruits, rendus avec une exactitude de botaniste ; les rochers, les terrains et les formations montagneuses géologiquement justes ; les dessins bien nets de tapis et de tapisseries que nous retrouvons dans les tableaux modernes, — c’est à Ruskin et aux préraphaélites qu’on les doit. […] Nous y retrouvons même certains détails, par exemple les eaux profondes et tranquilles (…ver per acque nitide e tranquille Non si profonde, che i fondi sien persi…. […] Les « lis à la main », il les a empruntés aux tableaux des « primitifs », mais on retrouve ici aussi un léger écho du salut matinal du Purgatoire (30e chant) : Manibus o date lilia plenis.
Premièrement donc, marchaient deux grands chevaux menés en main par deux palefreniers ; puis deux pages montés sur deux autres grands chevaux, l’un desquels était le cheval même de bataille, le grand coursier gris qu’avait monté Rosny, et qui avait été blessé dans la première charge : il avait été retrouvé heureusement, et il décorait la pompe, tout fier de ses nobles blessures.
D’Incarville dit au roi que le fonds s’épuise : Rosny rassure le roi et dit qu’il y en a encore, et, après contestation, quand on en vient aux preuves, il faut bien finalement que les quatre-vingt-dix mille écus qui n’ont pas été dépensés se retrouvent.
Il apporte, dans sa composition des jardins, un grand souvenir de la société et un goût de l’y réunir et de la retrouver.
Je ne veux point parler ici de cette science de dialectique et de ces ingénieuses subtilités de division, dans lesquelles on retrouve le théologien profond, l’ancien professeur de théologie morale : j’ai dans l’idée ces hardiesses et ces présences d’esprit de l’orateur, qui, même en développant ses thèmes généraux, s’adresse aux opinions, aux susceptibilités régnantes, et qui, pour déployer ses voiles et voguer presque contre le vent, consulte en bon pilote les courants et les flots.
Dans la difficulté d’y pénétrer sans entamer à fond le grand règne dont il fut l’un des exacts et puissants instruments, je me bornerai à bien définir la nature et l’étendue des charges dont il eut à s’acquitter, et ensuite nous retrouverons avec une agréable surprise l’homme de lettres au-dessous.
J’ai supporté avec le courage d’un stoïcien la captivité pendant les six mois brumeux, neigeux et pluvieux, qui ont passé sur ma tête en prison : ce même courage ne m’a point abandonné, mais à mon insu, et malgré moi, ma pensée me quitte à tout moment ; et, quand je la retrouve, c’est au milieu des jardins et des campagnes dont je ne jouis pas, moi qui m’étais tant promis d’en jouir ; et, pour m’entretenir encore dans cette disposition d’âme, moitié pénible, moitié agréable, le hasard a fait que ce moment de l’année se rencontre avec la traduction de cette partie de L’Été où Thomson, avec un charme inexprimable, une mélancolie philosophique, peint les délices de la promenade… Il traduisait donc Thomson sous les verrous ; il regrettait de ne pouvoir suivre le cours de botanique et les herborisations de Desfontaines ; il donnait à sa fille, âgée de dix-huit ans, distinguée par l’esprit et le savoir, de bons conseils de tout genre.
Ce n’est point dans vos harangues, ce n’est point dans vos sermons qu’elle se renferme ; on la retrouve dans vos lettres, et dans vos conversations les plus familières.
On l’y retrouve surtout dans les premières années, engendrant encore les tracasseries jusque dans son bonheur, se montant la tête pour son éternelle Pucelle ; car s’il avait eu tort de la faire, elle l’en a bien puni ; il se créait des dangers en idée, se voyait déjà décrété par un parlement, et tenait parfois ses paquets tout prêts, même en plein hiver et pendant les mois de neige, pour pouvoir d’un saut, s’il le fallait, franchir la frontière.
Chez lui rien d’essayé, rien de livré au hasard de la jeunesse : il est entré tout armé ; il a pris place avec une netteté, une vigueur d’expression, une concentration et un absolu de pensée qu’il a appliqués tour à tour aux sujets les plus divers, et dans tous il s’est retrouvé un et lui-même.
» Ici nous retrouvons quelques-unes des idées particulières et, si l’on veut, des préventions de Vauvenargues, un reste de gentilhomme, ou plutôt un commencement de grand homme ambitieux, qui aimerait mieux franchement être Richelieu que Raphaël, avoir des poètes pour le célébrer que d’être lui-même un poète ; qui aimerait mieux être Achille qu’Homère : « Quant aux livres d’agrément, ose-t-il dire, ils ne devraient point sortir d’une plume un peu orgueilleuse, quelque génie qu’ils demandent ou qu’ils prouvent. » Il ne permet tout au plus la poésie à un homme de condition et de ce qu’il appelle vertu, que « parce que ce génie suppose nécessairement une imagination très vive, ou, en d’autres termes, une extrême fécondité, qui met l’âme et la vie dans l’expression, et qui donne à nos paroles cette éloquence naturelle qui est peut-être le seul talent utile à tous les états, à toutes les affaires, et presque à tous les plaisirs ; le seul talent qui soit senti de tous les hommes en général, quoique avec différents degrés ; le talent, par conséquent, qu’on doit le plus cultiver, pour, plaire et pour réussir. » Ainsi la poésie, il ne l’avoue et ne la pardonne qu’à titre de cousine germaine de l’éloquence, et qu’autant qu’elle le ramène encore à une de ces grandes arènes qui lui plaisent, à l’antique Agora ou au Forum, ou à un congrès de Munster, en un mot à une action directe sur les hommes.
Cependant, tout en errant de porte en porte avec l’air d’abandon d’un mauvais sujet et là démarche incertaine d’un homme ivre, je me retrouvai tout à coup, sans le savoir, dans le marché aux comestibles… » Et quand, errant ainsi à travers la ville, il est venu à rencontrer une dame de qualité, Byrrhène, qui se trouve être une amie de sa famille ; quand cette dame, l’ayant conduit jusque chez elle et le voulant retenir pour hôte, essaye du moins de le mettre en garde contre l’hospitalité du vieux ladre chez qui il est descendu et dont la femme, lui dit-elle, est une magicienne du premier ordre et de la pire espèce, Lucius, à cette nouvelle inattendue, qu’il se trouve logé chez une magicienne, est saisi d’un plus violent désir de chercher précisément ce qu’on lui recommande defuir ; il ne sait que prendre, comme on dit, ses jambes à son cou pour courir de toutes ses forces au danger.
L’ancien disciple de Bacon se retrouve avec toute son initiative dans la pensée et dans les considérants de cet acte mémorable qui honore sa vieillesse et sa fin de carrière.
Soulié a retrouvé des pièces qui permettent de reconstituer avec plus de précision que par le passé l’histoire de l’Illustre Théâtre.
Il avait retrouvé la veine ; il ne la laissa point refroidir, et toute la fin de cette campagne, qui influa sur la conclusion de la paix, fut marquée par des éclairs de fortune glorieux et des sourires consolateurs.
La netteté, la résolution de l’esprit se retrouvent dans la parole qui ne fait qu’un saut sur le papier, et sans songer à ce qu’on appelle le style, ni y faire songer, il se trouve qu’on en a un.
Cette barbarie, cette demi-civilisation saxonne, croisée d’habileté et de finesse normande, le tout enfermé, tassé dans son île, travaillé, trituré, pétri et mûri durant des siècles, selon ce que l’auteur nous a si bien fait voir, se retrouve, dans la conclusion, à l’état de la plus forte, de la plus solide, de la plus sensée, de la mieux tenue, de la mieux pondérée, de la plus positive et de la plus poétique des nations libres.
Et ces sauvages-là se retrouvent partout : ils n’étaient pas alors dans la Polynésie seulement ; Louis XVI les eut plus d’une fois autour de son palais.
Cette lettre de la reine à son frère Joseph se trouve dans le recueil de M. d’Hunolstein ; elle ne se retrouve pas dans celui de M.
Catinat, même plus tard devenu général, se montra toujours d’une rare intrépidité personnelle, d’une bravoure presque excessive dans un chef ; cet homme si prudent et concerté dans ses mouvements et sa stratégie en tant que commandant d’armée, se retrouvait sur le terrain, en un jour de bataille, le capitaine du régiment des gardes, et s’exposait comme un simple grenadier jusqu’à se faire plus d’une fois réprimander par Louis XIV.
Sur la montagne, la verdoyante ramée des hêtres triomphait si bien du feuillage noir des sapins, elle s’étendait si lustrée, si criante, elle montait si vaillamment jusqu’à la région des pâturages, et ceux-ci commençaient à verdoyer si ferme, qu’à part la coupole de neige qui couvrait le fin sommet, on ne voyait que ce vert terrible qui semblait refouler la pensée en soi-même. » En allant chez la vieille, il y a un endroit plus élevé, un col à passer, et, si l’on s’y arrête pour jouir du spectacle, on voit en bas cette vallée se déroulant au plus loin dans sa moire verte et « d’un vert criard », mais de l’autre côté, du côté du village, au-dessus et par-delà, on voit la montagne et ses dernières pentes, mouchetées de sapins, semées de hêtres et offrant aussi des places plus riantes, car la saison y est retardée, et quand le vallon est en mai, on n’est là-haut qu’en avril : « Les vergers croissaient parmi, et comme j’avais monté pour arriver au col, je retrouvais fleuris les arbres qui, dans le vallon, avaient passé fleur. » Voilà des expressions charmantes et neuves, nées de l’observation même.
nous te retrouvons au moins en partie.
N’y a-t-il donc pas un milieu, ô homme, entre l’effroi et le vertige de Pascal, et cette expansion, cette chaleur tout humaine, tout intéressée, qui fait qu’on se cherche et qu’on se retrouve partout ?
L’indépendance des idées est nécessaire à l’indépendance de l’admiration. » Ils veulent du présent, du vif, du saignant dans les œuvres : « En littérature, on ne fait bien que ce qu’on a vu ou souffert. » L’Antiquité leur paraît encore à juger ; ils ne paraissent accepter rien de ce qu’on en dit ; ils croient que tout est à revoir, et que le procès à instruire n’est pas même commencé ; ce respect du passé en littérature, ce culte des anciens à tous les degrés, qu’il s’agisse des temps d’Homère ou du siècle de Louis XIV, est, selon eux, la dernière des religions qu’on se prendra à examiner et à percer à jour : « Quand le passé religieux et politique sera entièrement détruit, peut-être commencera-t-on à juger le passé littéraire. » Ils ne font grâce entre les anciens qu’à Lucien, peut-être à Apulée, à cause de l’étonnante modernité qu’ils y retrouvent : ce sont pour eux des contemporains de Henri Heine ou de l’abbé Galiani.
En attendant, l’on sent ce qui manque, et parfois l’on en souffre ; on se reprend, dans certaines heures d’ennui, à quelques parfums du passé, d’un passé d’hier encore, mais qui ne se retrouvera plus ; et voilà comment je me suis remis l’autre matinée à relire Eugène de Rothelin, Adèle de Sénange, et pourquoi j’en parle aujourd’hui.
Hervé et Christel n’avaient pas besoin de confronter longuement leurs âmes, de s’en expliquer la source et le cours : On s’est toujours connu, du moment que l’on aime, a dit un poëte ; mais il est doux de se reconnaître, de faire pas à pas des découvertes dans une vie amie comme dans un pays sûr, de jouir jour par jour de ce nouveau, à peine imprévu, qui ressemble à des réminiscences légères d’une ancienne patrie et à ces songes d’or retrouvés du berceau.
Mais ces différences importent peu, car on n’aboutit par là qu’à une sorte de revue ; on a fabriqué un casier commode, garni de cases, où l’on retrouve aisément la sensation qu’on veut considérer ; on n’a rien fait de plus.
Colère du roi, douleur du prudhomme qui va avoir la tête tranchée : mais le saint, apparaissant, sans se ménager, aux trois filous, au roi, à son sénéchal, oblige les uns à restituer, les autres à retrouver le trésor.
Il avait été chargé d’affaires en Angleterre sous la régence, et il y avait fréquenté le théâtre : il avait ainsi développé en lui un don naturel de comique excentrique, qui se retrouve dans diverses scènes de son théâtre et dans les chaudes caricatures de la Fausse Agnès 481.
Lacordaire parlait devant Lamartine, Hugo, Berryer, Guizot, Cousin, devant des hommes dont on ne retrouverait guère les pareils.
Jamais de ces analyses de sentiments faites par l’auteur ex professo, et qu’on retrouve même chez Flaubert et les Goncourt ; jamais de « morceau psychologique ».
Mais il se défend et ne grince que toutes les cinq minutes un alexandrin bébête : Il ne tarissait pas au cours des épithètes… Saurait bien retrouver la Mouche dans son vol.
Giboyer qui survient, avait quitté Maxime libéral, il le retrouve clérical : des ailes de pigeon lui ont poussé pendant son absence ; le lis planté sur un fumier a pris les opinions de son espèce héraldique ; il demande à s’épanouir sur le drapeau blanc.
Joubert se contente de désirer qu’on adore et qu’on regrette avec tendresse ce qui ne se retrouvera plus : Dans le luxe de nos écrits et de notre vie, ayons du moins l’amour et le regret de cette simplicité que nous n’avons plus et que peut-être nous ne pouvons plus avoir.
Le propre des conversations de Napoléon, comme de celles de Pascal, était de se graver bon gré mal gré dans les esprits qui l’écoutaient, de nous arriver reconnaissables même à travers les témoins les plus ordinaires, et l’on est tout surpris, quand on les retrouve rapportées quelque part, de l’éclat soudain qu’elles jettent sur les pages insignifiantes d’à côté.
Elle aime Walpole comme la plus tendre des mères aurait aimé un fils longtemps perdu et tout à coup retrouvé.
Aujourd’hui il s’agit de sortir une bonne fois des petites idées d’une rhétorique par trop littéraire, de retrouver l’homme et le roi dans l’écrivain, et de saluer en lui l’un des meilleurs historiens que nous possédions.
D’Alembert avait déjà vu Frédéric plusieurs années auparavant ; en le revoyant, il est frappé de le retrouver supérieur à sa gloire même.
Rulhière, vers le même temps, put retrouver quelques-uns de ces traits de méfiance dont il prenait note, dans un Rousseau plus jeune, mais également atteint du soupçon, dans Bernardin de Saint-Pierre qu’il avait beaucoup connu en Russie.
Warwick, représenté en novembre 1763, eut une sorte de triomphe que l’auteur ne retrouva jamais depuis.
Le désir et l’espoir me prennent de tirer quelque chose de chacun de ces volumes ; car pour peu qu’il y ait au fond une nature de poète, si incomplète qu’elle soit, on a chance d’y rencontrer tel accent, telle note, telle particularité d’expression et de sentiment qui ne se retrouvera plus.
Elle se serait demandé si cette perspective de la remplacer en France ne valait pas mieux que ce qu’elle allait retrouver en Espagne.
il s’arrangeait pour une disgrâce, et il retrouva une carrière.
Il nous a laissé une idée riante de son enfance au sein d’une famille unie et tendre ; il avait un frère et deux sœurs ; ayant perdu sa mère de bonne heure, il retrouva dans son père une affection toute maternelle.
À une lecture superficielle, le Testament politique peut sembler procéder d’abord par maximes un peu banales et par lieux communs : mais lisez bien, vous retrouverez toujours l’homme d’État et le moraliste expérimenté.
Un certain nombre de ces voyageurs, hommes ou femmes, après diverses aventures plutôt extraordinaires qu’agréables, se retrouvent réunis de nouveau à l’abbaye de Notre-Dame-de-Sarrance, et là, comme la rivière du Gave n’était pas guéable, on décide d’établir un pont : L’abbé, dit le conteur, fut bien aise qu’ils faisaient cette dépense, afin que le nombre des pèlerins et pèlerines augmentât, les fournit d’ouvriers, mais il n’y mit pas un denier, car son avarice ne le permettait.
Et sans demander, en pleine nuit, il retrouve son hôtel de la place du Mont-Parnasse, ce que, dit-il, il ne pourrait faire aujourd’hui.
J’ai seulement voulu montrer qu’à huit siècles de distance on retrouve, en des circonstances peu analogues, la présence d’un vers qui souffre mal l’analyse prosodique, et qui est essentiellement différent de toutes les formes du vers, latines ou françaises.
Dira-t-on qu’il y a un type moyen qui se retrouve dans la plupart des individus et que l’estimation objective des choses exprime la façon dont elles agissent sur l’individu moyen ?
Ainsi, il y a quelques années, un père blanc s’étant noyé avant d’arriver à Ségou, on l’a retrouvé avec le nombril et la cloison du nez entièrement rongés ; ce sont les morceaux de prédilection de la faro.
C’est une recherche d’épingles perdues, à retrouver et à reficher sur la pelote… Certes, je les crois très capables, entre les deux pots de confitures qu’elles ont à faire, de ramasser ces épingles-là.
Il a planté là insoucieusement l’opinion publique, les goûts publics, les femmes qui deviennent de plus en plus des choses publiques, et il s’est plongé, d’un magnifique élan, dans l’innocence, la pureté, tous les azurs, tous les éthers, toutes les modesties, toutes les naïvetés des cœurs simples, toutes les célestes gaucheries, comme Léandre se jetait dans l’Hellespont pour aller retrouver sa pauvre Héro sur le rivage solitaire !
Dans cette Vie de Jésus où devaient s’allonger des textes retrouvés par une critique qui se vante de déterrer des truffes à chaque pas, et dont je nie la supériorité de groin jusqu’à nouvel ordre, je n’ai rien trouvé de découvert, de concluant, de médusant, et qui, scientifiquement, impose silence à ma foi.
On a beau être un artiste redoutable, au point de vue le plus arrêté, à la volonté la plus soutenue ; et s’être juré d’être athée comme Shelley, forcené comme Leopardi, impersonnel comme Shakespeare, indifférent à tout excepté à la beauté comme Gœthe, on va quelque temps ainsi, misérable et superbe, comédien à l’aise dans le masque réussi de ces traits grimés ; mais il arrive que tout à coup, au bas d’une de ses poésies le plus amèrement calmes ou le plus cruellement sauvages, on se retrouve chrétien dans une demi-teinte inattendue, dans un dernier mot qui détonne, — mais qui détonne pour nous délicieusement dans le cœur : Ah !
On y retrouve au moins l’observation du détail simple, ingénu, domestique, et cette couleur locale, déjà vue et goûtée dans Marie, mais que dans Marie elle-même on voudrait plus profonde ; car nous sommes en Bretagne, et la Bretagne est un pays de clair-obscur.
Mais, d’abord, de l’aveu de Tocqueville lui-même, si elle manque à leur fédération, on la retrouverait en chacun d’eux ; et d’ailleurs c’est surtout la centralisation « administrative » qui leur fait défaut : la centralisation « gouvernementale » y est aussi forte que dans bien des monarchies d’Europe208.
Loi de Spinosa retrouvée par Dugald Stewart.
Deux heures après, je le retrouvai rouge, les veines du front gonflées, entouré de pages raturées, les volumes de M. de Biran honteusement jetés par terre, et de très-mauvaise humeur.
. — Les naturalistes montrent que dans une classe ou même dans un embranchement du règne animal, le même plan d’organisation se retrouve chez toutes les espèces : que la patte du chien, la jambe du cheval, l’aile de la chauve-souris, le bras de l’homme, la nageoire de la baleine, sont une même donnée anatomique appropriée par quelques contractions ou allongements partiels aux emplois les plus différents. […] Il y a plaisir surtout à retrouver dans les phrases de Théopompe une trace de l’esprit raisonneur que les maîtres d’éloquence et de sagesse avaient développé dans les jeunes gens. […] Les solides raisonnements de l’ecclésiastique anglais n’expliquaient pas grand-chose ; il fallait, pour comprendre cette décadence, l’habitude de se mettre à la place des personnages, et de retrouver leurs sentiments en les éprouvant. […] Vous aviez déjà vu ces fines et touchantes analyses, et vous retrouvez dans l’historien de Marguerite l’historien de madame de Chantal. […] Quel don que de retrouver tous les sentiments, d’entrer dans l’âme de tous les êtres, de reproduire dans l’étroite enceinte de soi-même toutes les formes de la vie et la variété infinie de l’univers !
On a retrouvé des invitations à souper, griffonnées de sa main, avec l’en-tête : « Cabinet du ministre ». […] Il préférait retrouver une petite bande d’amis, auxquels il donnait rendez-vous à table. […] Il a écrit, à propos de son dernier recueil, cette phrase mélancolique : « Je réunis ici ce que j’ai retrouvé de mes poésies, soit inédites, soit publiées çà et là dans les revues ou les journaux. […] Sous les excommunications de l’un, sous les épigrammes de l’autre, on retrouve, au fond, les mêmes sentiments : ceux de M. […] Il retrouve, dans le carmin, l’azur et le vermillon des atlas, les itinéraires de ses anciennes étapes.
Le paradoxe d’un Lasserre royaliste et catholique admirant Voltaire et Molière se retrouve dans ses idées politiques et explique sans doute son évolution. […] On vous retrouve dans le sombre poème des Confessions, étincelantes de lumière alpestre. […] Toute l’énergie de la vie intérieure se dépensant en imaginations violentes, on cesse d’être tourmenté de soi-même et on retrouve, par cet artifice un équivalent de la quiétude du « primitif ». […] Il crée René, ce personnage qui va occuper de lui toute la littérature et se retrouver dans le cœur de tous les jeunes hommes imaginatifs. […] Au contraire, l’artiste fût-il asservi aux idées générales les plus ténébreuses, peut, esprit plus mobile et plus aisé, retrouver, sous l’influence persuasive de la nature, des jours de liberté et de lucidité.
Si vous regardez l’homme ainsi découronné, vous y retrouverez d’abord les instincts sanguinaires de la brute primitive. […] Tous les fins sentiments, tous les rêves, cet enchantement, cette sereine et sublime lumière qui transfigure en un instant notre misérable monde, cette illusion qui, rassemblant toutes les forces de notre être, nous montre la perfection dans une créature bornée, et le bonheur éternel dans une émotion qui va finir, tout disparaît ; il ne reste chez lui qu’un appétit rassasié et des sens éteints ; le pis, c’est qu’il écrit sans verve et correctement ; l’ardeur animale, la sensualité pittoresque lui manquent ; on retrouve dans ses satires un élève de Boileau. […] Qu’il se reconnaisse, qu’il retrouve les gens et les façons qu’il vient de quitter à sa taverne ou dans l’antichambre ; que le théâtre et la rue soient de plain-pied. […] » Il y a dans ces âmes un fonds indestructible d’instincts moraux et de mélancolie grandiose, et c’en est la plus grande marque que de retrouver ce fonds à la cour de Charles II. […] Mistress Candour dit que « lord Buffalo a découvert milady dans une maison de renommée médiocre. » Elle ajoute qu’une veuve de « la rue voisine a guéri de son hydropisie et vient de retrouver ses formes d’une façon tout à fait surprenante690. » L’acharnement est si fort qu’ils descendent au rôle de bouffons.
Reconnaissons cependant que bien des vérités avancées par les doctrines prématurées sont inattaquables et se retrouveront dans le système parfait. […] Toute la vie élémentaire s’y retrouve et les remplit seule. […] Nous reprenons les choses au point où les Encyclopédistes les ont dû laisser, peu avancées, hélas, parce que cent vingt ans les ont poussées dans une voie différente, parce que les mêmes abus qu’ils voulaient supprimer se retrouvent aujourd’hui, aussi exorbitants, au profit d’une autre classe pareillement insatiable et non moins nombreuse.
Ce ne fut qu’en 1816 qu’on découvrit, qu’on multiplia, qu’on imprima tout à coup, avec un grand retentissement de l’opinion publique de l’autre côté du Rhin, ce merveilleux poëme, médaille retrouvée dans les décombres de l’ancienne civilisation allemande. […] La couleur poétique seule et l’empreinte de l’antiquité, l’originalité des vieilles choses, nous paraissent laisser quelque lustre à regretter dans ce beau travail ; nous avons cherché à le retrouver et à le rétablir où il nous a paru que la fidélité littérale l’avait effacé ou affaibli. […] « Il baisa la bouche de sa bien-aimée : « Que Dieu m’accorde, femme, de te retrouver en bonne santé, et que tes yeux aussi puissent me revoir !
Je retrouve en rentrant du cimetière, au Grenier, Rodenbach qui me dit écrire un poème inspiré par sa maladie, où il cherche à peindre l’affinement produit par la souffrance, l’espèce d’étape supérieure, que cela fait monter à notre humanité. […] En battant des rues, des ruelles interminables, avec le sentiment que chaque pas m’éloigne de mon gîte, j’ai soudainement l’angoisse d’avoir oublié le nom de mon hôtel, sans pouvoir le retrouver, quelque effort que je fasse : angoisse horrible qui ne dure qu’un moment, il est vrai. […] Sur la paroi de gauche, sont exposés : Le Chat malade de Watteau, cette spirituelle eau-forte de Liotard, avec seulement quelques rentraitures de burin : eau-forte mettant en scène l’« Alarme d’Iris » et contre l’opulent sein de la grasse fillette, la tête rebiffée de Minet, auquel un médecin ridicule du théâtre italien tâte le pouls ; — les deux bandes du Spectacle des Tuileries, ces deux eaux-fortes où Gabriel de Saint-Aubin montre toute sa science du dessin, dans la représentation microscopique des promeneurs et des promeneuses de la grande allée, en 1762 ; — le Sunset in Tipperary (le Coucher du Soleil en Irlande), l’estampe que je regarde comme une des plus remarquables eaux-fortes modernes, et où Seymour Haden, qui retrouva le noir velouté de Rembrandt, a pour ainsi dire, imprimé, sur une feuille de papier, la mélancolie du crépuscule.
Depuis le romantisme, la langue s’est peu enrichie et les rimes se sont usées : on les retrouve toujours les mêmes — les mêmes avec une certitude décourageante. […] Les pleurs répandus, les baisers vibrants, Uniront les cieux aux mondes souffrants Comme l’arc-en-ciel aux heures d’alarmes… — Terre, nous gardons ton culte béni, Car nous retrouvons, peuplant l’Infini, L’air de nos baisers et l’or de nos larmes. […] Le poète, très distingué lui aussi, des Fumerolles, l’enragé chercheur du Rythme poétique où l’on retrouve avec plaisir toute la saveur des Modestes Observations sur l’art de rimer de Clair Tisseur, M. de Souza nous envoie cette savante consultation : Cher Monsieur, Vous me demandez mon opinion sur l’Évolution poétique, sans plus.
Je ne sais si on le retrouverait aujourd’hui dans aucun auditoire, à ce degré et avec ces qualités. […] Renan ; nous retrouverons, soit leur esprit, soit l’application de leurs maximes, dans les écrits qui viennent d’exciter si vivement l’attention publique. […] Croit-on qu’il nous fût si difficile de retrouver dans le Gendre de M. […] On retrouve beaucoup de son débraillé dans la plupart des jeunes gens de Regnard. […] Regnard, au besoin, a toujours retrouvé ce ton et même ces sentiments ; ç’a été le bienfait de sa belle Provençale.
On se tromperait beaucoup si l’on regardait cette tragédie d’Œdipe comme indigne de Corneille : on y retrouve partout sa force, son élan, cette vigueur de logique, cette abondance de grandes idées, ces caractères mâles qu’on admire dans ses bons ouvrages. […] J’ai toujours été surpris que Zaïre, si philosophe avec Fatime quand ses raisonnements ne servent à rien, ne retrouve pas son érudition et sa philosophie quand il faut justifier, devant son frère, son amour et sa religion ; elle embarrasserait beaucoup Nérestan, qui n’est pas un grand docteur, en lui répétant ce qu’elle a déjà dit sur le pouvoir de l’éducation. […] Le même caractère de nouveauté et d’originalité se retrouve dans un front qui lève les yeux. […] Il avait retrouvé à soixante-dix ans assez de vigueur pour achever son Catilina, commencé depuis vingt ans. […] Je conviens qu’Athalie, qui n’est pas une meilleure femme que Sémiramis, et qui a tué toute la race de David, est troublée d’un songe, et encore plus de l’incident merveilleux qui lui fait retrouver en réalité l’objet qu’elle a vu en songe ; mais ce trouble ne va pas jusqu’à de lâches frayeurs ; il ne fait pas d’une grande reine une femmelette pusillanime, agitée de remords, plaintive et pénitente.
Routledge, a pu laisser sortir de ses presses un travail de cette sorte. « Il descend avec le sourire d’un Machiavel », se retrouve sous cette forme : « He descends into the smile of a Machiavelli ». […] Le premier se retrouve dans les lettres de Walpole, le second dans une histoire que le Pogge raconte à un habitant de Pérouse qui s’en allait, l’air mélancolique, parce qu’il ne pouvait pas payer ses dettes : « Va ! […] Ce genre de thèses politiques, de prophéties après coup, se retrouve à chaque instant dans le livre de M. […] La victime est retrouvée « contusionnée et couverte de sang parmi les débris des pots à fleurs » par un policeman comique. […] Quant à la sympathie active, qui de nos jours est devenue une profession pour tant de braves gens, il croit que vouloir faire du bien aux autres est une occupation aussi sotte que de battre du tambour dans une forêt, afin de retrouver un fuyard.
Il s’agit, dans ce bloc confus et presque informe, de retrouver et de tailler le buste de l’homme. […] S’il y avait erreur de sa part à cela, comme il est bienséant aujourd’hui de le reconnaître, ce n’était pas à la cour romaine qu’il pouvait s’en guérir ; ce n’était point en quittant la France sous Richelieu pour la retrouver bientôt sous Mazarin.
Je retrouve donc entre la comédie et la tragédie, son contraire, cette belle opposition symétrique qui avait d’abord semblé m’échapper et qui est comme la splendeur de la vérité de l’une et de l’autre théorie. […] Comment retrouver l’idéal perdu de la nature libre et du grand homme ?
Il était obligé de mendier un secours d’argent auprès du lord trésorier, puis auprès du comte de Newcastle ; sa triste « muse bloquée, claquemurée, étriquée, clouée à son lit, incapable de retrouver la santé ou même le souffle117 », haletait et peinait pour ramasser quelque idée ou obtenir quelque aumône. […] En vain, dans ses tragédies latines, Séjan, Catilina, il s’enchaîne dans le culte des vieux modèles usés de la décadence romaine ; il a beau faire l’écolier, fabriquer des harangues de Cicéron, insérer des chœurs imités de Sénèque, déclamer à la façon de Lucain et des rhéteurs de l’empire, il atteint plus d’une fois l’accent vrai ; à travers la pédanterie, la lourdeur, l’adoration littéraire des anciens, la nature a fait éruption ; il retrouve du premier coup les crudités, les horreurs, la lubricité grandiose, la dépravation effrontée de la Rome impériale ; il manie et met en action les concupiscences et les férocités, les passions de courtisanes et de princesses, les audaces d’assassins et de grands hommes qui ont fait les Messaline, les Agrippine, les Catilina et les Tibère124.
Le pays se retrouvera libre, grâce à l’armée. […] Or, durant quatorze années que j’ai vécu dans l’armée, ce n’est qu’en elle, et surtout dans les rangs dédaignés et pauvres de l’infanterie, que j’ai retrouvé ces hommes de caractère antique, poussant le sentiment du devoir jusqu’à ses dernières conséquences, n’ayant ni remords de l’obéissance ni honte de la pauvreté, simples de mœurs et de langage, fiers de la gloire du pays, et insouciants de la leur propre, s’enfermant avec plaisir dans leur obscurité, et partageant avec les malheureux le pain noir qu’ils payent de leur sang.
En tournant autour de ces arbres, nous retrouvâmes la grande allée ; nous étions près de la maison. […] Je mis les oiseaux dans mon foulard, et j’allai dans un petit bois isolé : « Là, me dis-je, tu pourras tranquillement voir tes roitelets. » Mais, lorsque j’ouvris mon mouchoir, deux s’enfuirent, disparurent, et je ne pus les retrouver.
La Bruyère mort, il se passera plus de cent ans avant que son pittoresque se retrouve. […] Cet ennemi de l’esprit classique a, dans son besoin d’unité, soumis le réel aux simplifications et aux généralisations les plus impérieuses Sa philosophie se retrouve, dramatisée, dans le roman naturaliste ; et l’on sait que le roman naturaliste lui faisait horreur.
Descartes a entrevu ce caractère de l’affirmation quand il a dit que tout jugement est volontaire, sans apercevoir le côté passif et fatal qui se retrouve aussi dans tout jugement. […] Son élément essentiel est cette perception d’une ressemblance que nous retrouvons au fond de toute pensée, avec la perception de la différence.
Si une personne est interrompue quand elle chante ou quand elle récite quelque chose de mémoire, elle est presque toujours obligée de revenir en arrière pour retrouver la suite d’idées qui lui était accoutumée. […] On retrouve des instincts presque identiques chez des êtres, si éloignés dans l’échelle organique, qu’il est impossible de supposer qu’une telle ressemblance soit l’héritage d’un parent commun ; et il faut dès lors se résigner à admettre qu’ils ont été acquis chacun par une série de procédés sélectifs parfaitement indépendants.
nous allons les retrouver. […] Nous pouvons imaginer en effet, comme tout à l’heure, que le duplicata S′ se soit détaché à un certain moment de S et doive ensuite venir le retrouver.
Il a confessé ce sentiment avec une vive énergie ; c’est au moment où, ses études de droit terminées, et se sentant homme déjà, il rentre dans sa famille et s’y retrouve traité un peu en enfant : Sans existence propre, dit-il, je vis que, quelle que fût la tendresse de mon père pour moi, je ne paraîtrais jamais, ou du moins de longtemps, dans les sociétés qui pouvaient un peu fixer mon ambition, que sous l’ombre de ce même père qui m’y présentait.
S’il est pénible, comme elle l’a dit, de durer trop longtemps, de vivre dans le monde avec des gens de qui l’on n’est pas connu, qui n’ont point été de la vie qu’on a menée autrefois, qui sont en un mot d’un autre siècle, il est très agréable dans la retraite, et sur le banc d’un jardin, de se retrouver devant des âmes toutes neuves et toutes fraîches, qui sont dociles à se laisser former et avides de tout ce que vous leur dites.
Elle supposait que c’était Mme de Maintenon qui, d’accord avec le père La Chaise, avait ourdi et mis en jeu toute la persécution contre les réformés : elle se retrouvait sur ce point non seulement humaine, mais un peu calviniste ou luthérienne, avec un reste de vieux levain ; elle pensait de près comme les réfugiés de Hollande écrivaient de loin.
Une aimable cousine, une compagne d’enfance, qu’il avait retrouvée avec bonheur et dont la fortune était considérable, lady Hesketh, lui fit arranger dans les environs d’Olney, à Weston, l’un des plus jolis villages d’Angleterre, une maison commode pour lui et Mme Unwin, et elle-même y venait passer chaque année plusieurs mois.
En revanche, Rohan se plaît fort à célébrer une action héroïque de sept soldats de Foix qui, s’enfermant dans une bicoque auprès de Carlat, arrêtèrent le maréchal et toute son armée deux jours entiers, et, après lui avoir tué plus de quarante hommes, se sauvèrent au nombre de quatre ; trois sur les sept, trois proches parents, voulurent demeurer et se sacrifier, parce que l’un était blessé et hors d’état de sortir : « Ainsi les quatre autres, dit Rohan, à la sollicitation de ceux-ci et à la faveur de la nuit, après s’être embrassés, se sauvent, et ces trois-ci se mettent à la porte, chargent leurs arquebuses, attendent patiemment la venue du jour, et reçoivent courageusement les ennemis, desquels en ayant tué plusieurs, meurent libres. » Ce sont là les seuls éclairs du récit chez Rohan, qui voudrait bien assurer aux noms de ces braves soldats une immortalité dont il n’est pas le dispensateur : il fallait de certains échos particuliers, et qui ne se retrouvent pas deux fois, pour nous renvoyer les glorieux noms qui ont illustré les Thermopyles.
Il est curieux de voir, à cette fin de campagne, l’impatience du vieux guerrier qui, arrivé toutefois à son but pour la politique, frémit de colère de n’avoir pu frapper un dernier coup, et de se voir obligé à remettre l’épée dans le fourreau sans s’être vengé une bonne fois de ses ennemis dans une bataille : « En fait de campagne, disait-il en se jugeant avec une sorte d’amertume, nous n’avons fait (cette fois) que des misères55. » Dans les années qui suivent, on retrouve Frédéric et le prince Henri en conversation par lettres, en discussion philosophique sur les objets qui peuvent le plus intéresser les hommes, la religion, la nature humaine et le rang qu’elle tient dans l’univers, les ressorts et mobiles qui sont en elle, et les freins qu’on y peut mettre.
Ce qui est plus étrange encore que l’étonnement de Voltaire, c’est que cet étonnement ait été partagé par l’illustre marquise, qui passe pour un géomètre d’une certaine force : il fallait que ce jour-là elle eût perdu ses principes, selon le mot piquant et bien connu de Mme de Staal de Launay : « Elle fait actuellement la revue de ses principes : c’est un exercice qu’elle réitère chaque année, sans quoi ils pourraient s’échapper, et peut-être s’en aller si loin qu’elle n’en retrouverait pas un seul.
La retraite des deux ailes, vers deux ou trois heures de l’après-midi, s’était faite régulièrement et sans être inquiétée. « Notre canon, dit l’un des généraux de l’artillerie, tira toujours sur l’ennemi jusqu’au dernier moment de la retraite, et le contint si bien, que les derniers coups qui se tirèrent en cette journée furent des coups de canon. » Le maréchal de Bouflers eut toute raison d’écrire au roi, de son camp de Ruesne, dès le 11 au soir : « Je puis assurer Votre Majesté que jamais malheur n’a été accompagné de plus de gloire. » On lit dans la relation de la bataille qui fut publiée par les alliés (c’est-à-dire les ennemis) : « On ne peut refuser au maréchal de Villars la gloire d’avoir fait ses dispositions et ménagé ses avantages avec autant d’habileté qu’un général pût jamais le faire. » L’honneur de nos armes dans ces contrées, qui était resté comme accablé et gisant sous le coup des défaites d’Oudenarde et de Ramillies, se releva ; les adversaires, les Anglais surtout, avouaient qu’ils avaient, en ce jour, retrouvé les braves Français, les Français d’autrefois, et qu’on voyait bien qu’ils ne demandaient qu’à être bien menés pour être toujours les mêmes.
Et si ce moi se retrouve, quelle région, quelle félicité pourrait lui faire perdre ce qui lui était identifié ?
Tu le sais, d’Auberive, notre Dauphiné est fier de vous : dans ce temps où tout s’en va, votre race a conservé intact cet honneur, ce vieil et pur honneur qui est le premier des biens… Si jamais tu pouvais l’oublier, je m’en souviendrais pour toi… Quand je regarde ton Emmanuel, si enthousiaste, si beau, si digne de sa sainte mère, je retrouve en lui cette fleur de noblesse que notre siècle ne connaît plus, qui bientôt, peut-être ne sera plus qu’un nom, mais que nous ne devons pas laisser périr, nous qui en sommes les gardiens… Quoi !
Il est temps que la beauté du langage vienne faire oublier ce qu’il y a d’un peu singulier, et même d’un peu comique, dans la situation du vieillard : « Tout cassé que je suis, je cours toute la ville… » Dès que don Diègue et Rodrigue se sont rencontrés, Corneille retrouve ses accents et traduit admirablement son modèle, lequel, à cet endroit, est des plus beaux : « Touche ces cheveux blancs à qui tu rends l’honneur ; Viens baiser cette joue, et reconnais la place Où fut jadis l’affront que ton courage efface. » — Admirable !
On en retrouve le souvenir à beaucoup d’endroits des écrits de M. de Sénancour.
Si votre bonheur trouve sa fin, et que vous ayez besoin de me retrouver dans un jour de tristesse ou d’ennui, comptez sur moi toujours.
On est donc heureux quand on retrouve ce premier portrait chez les personnages voués depuis à la célébrité, et quand un hasard imprévu nous vient révéler ce qu’ils furent précisément au moment unique et choisi, en cette fleur, en cette heure ornée, comme disait la Grèce : dans tout le reste de notre vue sur eux, il y a plus ou moins anachronisme.
Le sens du moyen-âge était complètement perdu ; l’âme seule d’un Milton pouvait en retrouver quelque chose, et Boileau ne voyait guère dans une cathédrale que de gras chanoines et un lutrin.
Il a plié la phrase comme l’idée ; il a retrouvé les coupes de Ronsard proscrites par Boileau.
L’Eglise catholique, avec Du Perron et François de Sales, achève sa réforme intellectuelle, elle retrouve la science et l’éloquence.
Adèle, ambitieuse et sèche, épouse un vieux pour sa fortune, la dévore en quelques années et, après toutes sortes d’intrigues malpropres pour pousser son mari, se retrouve veuve et sans un sou, et se réfugie à Paris, où nous savons bien ce qu’elle deviendra.
Que ton vers soit la chose envolée… On souffre lorsqu’après des images grandes ou fluides apparaissent des mots prosaïques ressortissant du vocabulaire de la philosophie ou empruntés à la terminologie de la Science ; l’esprit qui croyait planer avec le rêve se retrouve soudain à terre.
Ne le retrouvions-nous pas encore hier, dans un essai pourtant de M.
Ne le retrouvions-nous pas encore hier, dans un essai pourtant de M.
Ici la discussion historique retrouve tous ses droits.
Si nous entrons dans un autre domaine, celui de la science, nous y retrouvons encore la continuité dans le développement.
Dans la Théogonie, Prométhée se retrouve, pour ainsi dire, en famille.
Au troisième acte, nous retrouvons madame Pommeau dans un bal du grand monde, où sa toilette fait scandale.
On entend un langage ému, on retrouve des sentiments délicats et tendres.
Le voilà immortel dans la mémoire des hommes ; il y est fixé à jamais dans l’attitude de la jeunesse, du talent, de la vertu retrouvée à travers les erreurs et les épreuves, et du sacrifice suprême, enviable, qui épure et rachète tout.
Par malheur, une pièce essentielle, celle même qui, si elle existait, serait le document capital pour bien juger du point de départ de Jeanne d’Arc et de ses dispositions primitives, cette pièce manque et ne s’est jamais retrouvée.
L’irritation et la fureur qu’excitèrent les événements de 1815 redonnèrent une fièvre qui fit oublier la fatigue et qui embrasa les cerveaux ; les partis se retrouvèrent aux prises comme s’il n’y avait pas eu déjà tout un cercle accompli de révolutions.
Quand on les retrouve s’écrivant de nouveau, ils sont décidément vieux, très vieux l’un et l’autre, et leur plus grand plaisir est de parler du passé avec regret ou de badiner de la vieillesse avec agrément.
On sent dans ces dernières pensées l’homme de la famille, l’époux au cœur antique, l’homme simple et qui retrouvait dans le cercle domestique la bonhomie et l’aménité.
On retrouve quelques-unes de ces pensées et de ces expressions tout à fait poignantes dans la brochure qu’il publia à Bruxelles en mars 1793 (Considérations sur la nature de la Révolution de France, et sur les Causes qui en prolongent la durée), et dans laquelle il dit à tous de grandes vérités.
Cet écrivain tombera à mesure que les choses sérieuses reprendront de l’ascendant et autant que la société se trouvera bien gouvernée ; mais toutes les fois qu’elle entrera en opposition contre le gouvernement, quel qu’il soit, Voltaire retrouvera tout son crédit, parce qu’il est fort amusant à lire pour ceux qui sont mécontents.
Et quand on lui eut nommé M. d’Andilly : « J’en suis bien aise, répliqua-t-il, mais cela ne me convient nullement. » Il prit les lettres, les déchira, et les jetant à Brienne : « Refaites-en d’autres où je parle en roi et non pas en janséniste. » — C’est cette note royale que Louis XIV donna ensuite aux Périgny et aux Pellisson, et qu’ils s’appliquèrent à observer dans les rédactions qu’il leur confia ; c’est cette marque qu’il importe aujourd’hui de retrouver avant tout et de reconnaître, sans se mettre à exalter plus que de raison tel ou tel secrétaire.
Ils restent jeunes plus longtemps : on les retrouve frais et curieux, agréables et nullement chagrins dans leur vieillesse.
Les hommes, selon lui, ne font le bien que quand ils ne peuvent faire autrement : « Mais, dès qu’ils ont le choix et la liberté de commettre le mal avec impunité, ils ne manquent jamais de porter partout la confusion et le désordre. » Machiavel est très persuadé que les hommes ont beau avoir l’air de changer pendant des jurées de régime, qu’au fond ils ne changent pas, et que, certaines occasions se reproduisant, on les retrouve absolument les mêmes.
Les jugements fins et vrais, les révélations piquantes, se retrouvent à cent autres pages.
Puis en 1815, aux heures du désastre et de la ruine, on le retrouve.
., ont en commun le caractère essentiel d’être des moyens d’expressions peu représentatifs, et contenant un minimum d’images expresses : évidemment, ces moyens, à part le fait même qu’étant esquissés, on peut les compléter selon sa fantaisie, et qu’ils ne risquent guère ainsi de heurter le goût de personne, provoquent dans l’esprit ou dans les sens chargés d’en extraire une image définie, un effort, une excitation, un plaisir de divination et de composition, un ébranlement diffus qui est déjà un commencement d’émotion d’autant plus esthétique qu’elle est absolument dénuée de tout coefficient de peine ou de plaisir. « Comme il faut plus d’énergie, dit Dumont (Théorie scientifique de la sensibilité) pour retrouver un objet sous un signe indirect que sous un signe direct, on fournit à l’entendement occasion d’employer plus de force disponible et par conséquent d’éprouver plus de plaisir. » Le profit que l’on a à employer ce moyen d’expression qui est le propre de la poésie, est malheureusement combattu par la fatigue qu’il cause et les images peu définies, c’est-à-dire peu associables, que l’on en extrait.
L’on ne retrouve chez l’auteur russe ni les façons de dire nettes, ni les conversations alertes, achevées, décisives, ni les descriptions en couplets poétiques, ni les personnages habituels de nos livres moyens.
Qu’après l’avoir vu archange, on le retrouve frère.
Peuhl (ou Torodo)………………… 54 Gourmantié………………………. 42 Ouolof………………………….. 26 Haoussa…………………………. 24 Malinké…………………………. 23 Hâbé……………………………. 17 Môssi…………………………… 8 Soussou…………………………. 3 Kouranko………………………… 2 Sénofo………………………….. 2 Kissi…………………………… 1 Khassonké……………………….. 1 Dyerma………………………….. 1 Gourounsi……………………….. 1 Voici la répartition détaillée de ces contes, classés par races, pour permettre à ceux qui désireront étudier plus spécialement la littérature merveilleuse de telle ou telle race, de se retrouver plus aisément dans ce recueil : Classification des contes par répartition entre les diverses races I.
L’opinion rompit avec la croyance, et ce levier que l’Église plaçait sur le cœur des peuples ne retrouva pas son point d’appui.
Ce sont les fragments retrouvés de ces correspondances et de ces articles, mêlés à quelques impressions d’un voyage dans les Pyrénées, qu’on a réunis et qu’on a eu raison de recueillir.
Mais nulle part de foi féconde et de grande poésie, quand enfin, sur le tard, deux religieux, le Père Pitra et le Père Lacordaire, retrouvèrent l’accent qu’il faut avoir quand on se mêle de parler des Saints.
A voir les avions se chercher, foncer l’un sur l’autre, se mitrailler, reprendre le large, revenir à la charge jusqu’à ce que l’un des deux s’enfuie ou tombe, je retrouve tout pur le plaisir passionnant des courses de taureaux : émotion pareille, l’arène est en haut. » Tout cela se résume dans cette profession de foi : Au risque de vous paraître fou, je déclare en mon âme et conscience que j’aime être ici ; j’aime la tranchée de première ligne, comme un « pensoir » incomparable ; on y est ramassé sur soi-même, toutes ses forces rassemblées ; on y jouit d’une entière plénitude de vie.
Il faut y joindre l’allongement du Temps et le déplacement des simultanéités, tout ce que nous allons retrouver, après transposition, dans la théorie d’Einstein.
C’étaient peut-être les vers mêmes, que nous retrouvons, au début de la Théogonie108 : « Ayons les Muses en tête de nos chants, les Muses qui habitent le grand et fertile sommet d’Hélicon, et dansent de leurs pieds légers autour de la fontaine bleuâtre et de l’autel du puissant fils de Saturne ; les Muses qui, lavant aux sources du Permesse leur beauté délicate, auprès de l’Hippocrène, ou sur le divin sommet d’Holmios au plus haut de l’Hélicon, forment des chœurs gracieux, sous leurs pas tressaillants ; puis, élancées de là, sous le voile d’un épais nuage, ont marché dans la nuit, jetant d’harmonieuses clameurs, en hymnes à Jupiter porte-égide, à la sainte Junon, reine d’Argos aux brodequins dorés, à la fille du dieu porte-égide, Minerve aux yeux pers, à Phébus Apollon, à Diane chasseresse, à Neptune qui enceint la terre et l’ébranlé, à la vénérable Thémis, à Vénus aux roulantes prunelles, à Hébé parée d’une couronne d’or, à la belle Dioné, à l’Aurore, au Soleil immense, à la Lune brillante, à Latone, à Japet, au ténébreux Saturne, à la Terre, au vaste Océan, à la Nuit sombre et à la race sacrée des autres dieux : célébrons ces Muses, qui enseignaient une si belle chanson à Hésiode, occupé de paître ses agneaux, aux bords de l’Hélicon divin. » Cette poésie brillante et gracieuse, non moins ancienne que les chants homériques, mais indigène en Béotie, offerte aux yeux et gravée dans les temples de cette religieuse contrée, suffisait à dénouer la langue du jeune homme, né pour les vers, qui vivait dans ces lieux.
Phèdre, surexcitée par la pensée qui l’obsède sans trêve, agitée par la fièvre qui la dévore, a voulu quitter sa couche, revoir la lumière du jour, peut-être retrouver quelques traces fatales de cet Hippolyte dont le fantôme habile sa pensée. […] Or, entre la présentation et la représentation d’un fait, il existe une différence qui consiste en ce qu’un nombre variable de détails d’importance diverse, plus ou moins bien observés dans la présentation, ne se retrouvent plus dans la représentation. […] Ainsi, dans la comédie, quand une jeune fille pleure elle porte son mouchoir à ses yeux, et son air ainsi que le mouvement de sa poitrine suffisent à dessiner l’image du chagrin, parce que ces différents traits sont généraux et se retrouvent à peu près dans l’expression de toutes les douleurs de l’âme. […] Eh bien, ces nuances qui différencient les images initiales de ces rôles, il faut ne pas les laisser perdre ; elles doivent se retrouver à tous les moments de l’action, dans toutes les attitudes, dans les moindres gestes, dans la façon d’entrer et de sortir. […] On comprendra, dès lors, que si l’intuition fournit aisément aux comédiens les images initiales de chacun de ces rôles, la réflexion, l’étude, la comparaison leur seront nécessaires pour arriver laborieusement à fixer toutes les images dérivées, dans lesquelles le spectateur doit toujours retrouver l’image initiale.
James Sully (et c’est ici que je me retrouve sur mes positions), c’est que c’est seulement chez l’enfant et chez le sauvage, c’est seulement chez l’être primitif qu’un des deux éléments suffit. […] Il parle à un public qui en partie seulement connaît la pièce pour l’avoir vue, en partie la connaît par ce que les journaux en ont dit, et qui aime à retrouver sous forme vivante les commentaires que les critiques ont faits de l’ouvrage. […] Pour retrouver cette sensation-là, qui est infiniment agréable, il faut descendre (je parle au point de vue du cours du temps) jusqu’à l’Ami Fritz, chef-d’œuvre peut-être de la comédie populaire et villageoise ; ou il faut remonter, et à mon avis ceci n’est pas aussi bon, à la Partie de chasse de Henri IV. […] De même, en 1855, elle avait donné à l’Odéon Maître Favilla, que ni je n’ai vu jouer ni je n’ai pu retrouver en brochure. […] Tous, plus ou moins, … étaient calmes d’apparence, rassis au milieu de leurs créations ardentes ; ils y portaient, jusqu’au centre, un certain sang-froid, une clairvoyance qui ne se perdait guère dans le feu et la fumée des moments extrêmes, ou qui se retrouve tout après.
Le journalisme est un métier, et qui n’est pas à la portée de tout le monde, j’entends ce journalisme quotidien dont le tour de main ne se retrouve guère ailleurs. […] Le critique peut expliquer au géomètre qu’Athalie prouve quelque chose, mais dans l’ordre de ce qui est, comme disait Pascal, vérité d’agrément et non de démonstration ; le critique musical peut et même doit retrouver et faire sentir dans son commentaire et son explication, qui sont des actes, des créations, quelque chose de la précision souveraine qui était présente dans la composition de la symphonie et dans l’habileté de ses exécutants. […] Le critique ignorant est celui qui ne connaît point ou qui connaît mal ces objets de comparaison. » Nous retrouvons la lignée de Chapelain et de Boileau : le critique est l’homme qui connaît la nature propre de chaque genre, les règles que ce genre doit inspirer, les conditions auxquelles l’œuvre doit satisfaire pour se trouver en conformité avec lui. […] Une semaine comme faisait Sainte-Beuve, quelques mois comme faisait Jules Lemaître conférencier, plusieurs années comme fait l’agrégé qui prépare sa thèse dans la bonne paix d’un lycée de province, vivre avec un auteur, rechercher ses traces, penser à lui, s’imprégner de son esprit et lui prêter un peu du sien, le retrouver sans cesse au coin de ses lectures, de ses pensées, de ses promenades, voilà un mode de critique qui nous est devenu tout à fait familier, et qui pourtant ne date pas de bien longtemps. […] De même que le genre du dialogue a réellement cessé après Platon, aussi bien que le genre de la tragédie après Racine, ne traînant jusqu’à nous qu’une file d’imitateurs pâles, de même aucune œuvre critique n’a approché du Phèdre, n’a retrouvé à la même source le même mouvement créateur.
. — Je ne demandais qu’un bon soldat gaillard. » Depuis, la paix l’a mise à l’aumône ; mais à la foire de Cunningham elle a retrouvé son brave drôle ; l’uniforme en lambeaux pendillait si splendidement autour de ses côtes ! […] Thomas Moore, le plus gai et le plus français de tous, moqueur spirituel1199, trop gracieux et recherché, et qui fit des odes descriptives sur les Bermudes, des mélodies sentimentales sur l’Irlande, un roman poétique sur l’Égypte1200, un poëme romanesque sur la Perse et l’Inde1201 ; Lamb, le restaurateur du vieux drame ; Coleridge, penseur et rêveur, poëte et critique, qui, dans sa Christabel et dans son Vieux Marinier, retrouva le surnaturel et le fantastique ; Campbell, qui, ayant commencé par un poëme didactique sur les plaisirs de l’Espérance, entra dans la nouvelle école tout en gardant son style noble et demi-classique, et composa des poëmes américains et celtes, médiocrement celtes et américains ; au premier rang Southey, habile homme qui, après quelques faux pas de jeunesse, devint le défenseur attitré de l’aristocratie et du cant, lecteur infatigable, écrivain inépuisable, chargé d’érudition, doué d’imagination, célèbre comme Victor Hugo par la nouveauté de ses innovations, par le ton guerrier de ses préfaces, par les magnificences de sa curiosité pittoresque, ayant promené sur l’univers et l’histoire ses cavalcades poétiques, et enveloppé dans le réseau infini de ses vers Jeanne d’Arc, Wat Tyler, Roderick le Goth, Madoc, Thalaba, Kehama, les traditions celtiques et mexicaines, les légendes des Arabes et des Indiens, tour à tour catholique, musulman, brahmane, mais seulement en poésie, en somme protestant prudent et patenté. […] C’est la sympathie seule qui peut retrouver les mœurs éteintes ou étrangères, et la sympathie ici est interdite.
Cette activité, longtemps dispersée sur toutes sortes de sujets dont aucun ne lui paraissait ingrat, s’est retrouvée la même à la fin sur d’autres sujets purement agréables et parfaitement désintéressés.
C’est à sa manière un millénaire, un utopiste à imagination pieuse ; et les beaux résultats qu’il se peint à l’avance, le futur âge d’or de sa philosophie divine, cette espèce d’Éden plus ou moins retrouvé dès ici-bas, quelles que soient les épreuves de la crise dernière, ne lui paraissent pas trop chèrement payés. — Lui, de tous les hommes le moins semblable assurément à Condorcet, il lui arrive de rêver et de délirer comme lui.
On retrouve dans cette fin toute la verve que nous lui avons vue précédement à nous parler de son père, et cette touche qui sent sinon le vieux Romain, du moins le vieux Français.
Croyez que par là on retrouverait ce qu’on a eu, des poètes, des auteurs, des généraux, des peintres, des politiques, des prédicateurs, etc.
Mon plaisir a été grand d’y retrouver un Senac de Meilhan complet, avec toutes ses opinions et ses jugements sur les choses sérieuses.
Villars allait se retrouver à sa vraie place : toutefois, cette mission des Cévennes et le caractère qu’il y déploya ne le diminuent point à nos yeux.
Rigault a eu raison de louer (page 470) en les entendant redites de nos jours et retrouvées avec grâce par un homme de beaucoup d’esprit qu’il compare à M. de Tréville.
[NdA] Il se retrouve comme un écho de ce gémissement universel qui s’éleva à la mort de Henri IV, dans une fort belle lettre de Bossuet à Louis XIV, du 10 juillet 1675.
et de longs soupirs ridicules, mais celle que les délicats, les voluptueux, les prince de Ligne, les Saint-Évremont de tous les temps, ceux qui y ont vécu ou qui étaient dignes d’y vivre ont goûtée, ont décrite, ont vainement essayé de retrouver après l’avoir perdue, j’aurais voulu, moi aussi, te traverser et te connaître, mais non pas me renfermer en toi et y mourir !
On retrouvait dans le préfet de Mayence le vieux conventionnel du Comité de salut public, avec sa frugalité et sa laboriosité toute républicaine. » Au dîner de l’Empereur où le préfet était invité et en attendant que le maître eût paru, il faut entendre Jean-Bon sous son costume de préfet le plus modeste possible, et, sauf l’habit, tout en noir, bas noirs, cravate noire, rendre raillerie pour raillerie à la troupe dorée qui souriait de sa tenue et de son peu de cérémonie.
Nous retrouvons M.
Ce général, qui avait la force du corps singulière du roi son père, avec la douceur de son esprit et la même valeur, possédait de plus grands talents pour la guerre. » Cette douceur d’esprit qui étonne un peu d’abord, nous la retrouverons nous-même et nous la vérifierons.
Il indique fort nettement qu’il ne tenait qu’au maréchal de Saxe, ce jour-là, d’achever la défaite des Alliés : « Mais, ajoute-t-il, le maréchal, ne voulant pas finir la guerre, s’arrangeait pour ne gagner les batailles qu’à demi. » Nous retrouvons un écho de ces mêmes bruits dans les Mémoires de d’Argenson : c’était le thème des envieux du maréchal, du parti Conti, de tous les prétendus nationaux se faisant arme de tout contre un étranger.
En fin de compte, quand le don d’invention est très-réel et très-vif, tout se retrouve, et l’on a peu à regretter.
Outre les galanteries amoureuses et les beaux sentiments de rigueur qu’on prêtait à ces vieux républicains, on avait une occasion, en les produisant sur la scène, d’appliquer les maximes d’état et tout ce jargon politique et diplomatique qu’on retrouve dans Balzac ; Gabriel Naudé, et auquel Richelieu avait donné cours.
Sarcastique et hideuse figure qu’on retrouve toujours dans toutes les révolutions, flaireurs du vent, baladins de la foule qui montent indifféremment sur les tréteaux ou sur l’échafaud pour y provoquer le rire atroce des égorgeurs, ou pour y mourir eux-mêmes sans conviction, sans dignité et sans courage.
Ces gens-là étaient moins blasés que nous sur tous ces lieux communs de morale ; et, après tout, il n’y avait guère plus d’un siècle qu’on les avait trouvés ou retrouvés.
Après un demi-siècle, il retrouve les sentiments complexes du jour du départ, l’allégresse, l’anxiété, le regret, tout ce que le connu que l’on quitte, et l’inconnu où l’on va, peuvent mêler d’agitations morales aux impressions physiques de l’œil et de l’oreille.
Il demande à la tragédie la vérité, l’intérêt, la passion ; je n’insisterai pas sur l’idée qu’il nous donne d’une tragédie psychologique et pathétique, composée par un artiste curieux et scrupuleux : c’est inutile ; cette tragédie dont Boileau nous développe la formule abstraite, nous la retrouverons tout à l’heure, vivante, dans Racine.
Les transports où me jetaient les vers de Musset, voilà que je ne les retrouve plus.
En outre, ce ne doit pas être un mince plaisir, et c’est tout au moins une raison de vivre, que de savoir que l’on continue une race célèbre, de retrouver son nom mêlé partout à l’histoire, de reconnaître des aïeux dans les conducteurs de peuples et parmi les premiers acteurs qui ont joué publiquement leur rôle sur la scène du monde.
— Je le retrouve, ô mon trésor !
On voit, d’ailleurs, que cette définition ne s’applique pas seulement à l’espace, que dans tout ce qui tombe sous nos sens, nous retrouvons les caractères du continu physique, ce qui permettrait la même classification ; il serait aisé d’y trouver des exemples de continus de quatre, de cinq dimensions, au sens de la définition précédente ; ces exemples se présentent d’eux-mêmes à l’esprit.
Dans ce jugement on retrouve la libre activité de mon esprit.
Nous n’aurions donc demandé à nos sens toutes les représentations, et, impatients d’élaborer notre formule de foi, nous ne nous serions épuisés pour la construction de notre édifice idéal, que pour y retrouver encore un résidu des tares physiques qui alourdirent notre marche et influencèrent nos jugements !
Cette gaudriole qui, au fond et malgré les pensées sérieuses, lui est si naturelle, joue et circule dans toute sa première manière ; elle traverse la seconde ; elle se retrouve jusque dans sa dernière.
C’est ici que le Breton se retrouve en lui.
Ceci interrompit un peu les fêtes de Sceaux, et il y a deux temps, deux époques distinctes dans cette longue vie mythologique de plaisirs, dans ce que j’appelle cette vie entre deux charmilles : la première époque, celle des espérances, de l’ivresse orgueilleuse, et de l’ambition cachée sous les fleurs ; puis la seconde époque, après le but manqué, après le désappointement et le mécompte, si l’on peut employer ces mots ; car, même après une telle chute, après la dégradation du rang et l’outrage, après la conspiration avortée et la prison, cette incorrigible nature, revenue aux lieux accoutumés, retrouva sans trop d’effort le même orgueil, le même enivrement, le même entêtement de soi, la même faculté d’illusion active et bruyante, de même qu’à soixante-dix ans elle se voyait encore jeune et toujours bergère.
Elle avait retrouvé, vers la fin, un lien de cœur réel et une vraie flamme pour un M. de Poterat, ancien capitaine de cavalerie, âgé comme elle de trente-cinq ans environ, et elle était près de l’épouser, lorsqu’il mourut de la poitrine.
Tallemant nous dit qu’elle avait en causant un ton de magister et de prédicateur, qui n’était nullement agréable : ce ton se déguisait dans ses romans en passant par la bouche de ses personnages, et il nous faut aujourd’hui une certaine étude pour retrouver le didactique au fond.
Le soir, il se fait traîner chez quelque dame ou chez quelque ami, cherchant un peu de cette conversation substantielle ou piquante qui lui est comme la tasse de café nécessaire à l’esprit : Ici donc ou là, je tâche, avant de terminer ma journée, de retrouver un peu de cette gaieté native qui m’a conservé jusqu’à présent : je souffle sur ce feu comme une vieille femme souffle, pour rallumer sa lampe, sur le tison de la veille.
Ces pirouettes-là se retrouvaient dans sa conversation quand il se voyait en face d’une idée qui le gênait.
En perdant le privilège du Mercure, Marmontel ressentit ce coup d’aiguillon qui de temps en temps nous est bon et nécessaire ; il retrouva sa liberté et son temps pour les longs ouvrages, et il se rapprocha de l’Académie.
Si nous trouvions à redire à ce langage, ce serait plutôt à l’ironie du ton et à cet accent de dédain envers ceux mêmes qu’on défend, accent qui est trop naturel à Rivarol, que nous retrouverons plus tard à Chateaubriand, et qui fait trop beau jeu vraiment à l’amour-propre de celui qui parle.
Une des pièces les plus positives qu’il eût pu produire et qui est une lettre du général Bordesoulle à lui adressée, par laquelle les généraux s’excusent d’avoir exécuté ce mouvement du 4 au 5 avril qu’on était convenu de suspendre, cette lettre avait été négligée, omise par le maréchal, et ne fut retrouvée au fond d’un tiroir qu’après 1830, par ses amis, occupés alors à le justifier.
Le président de Brosses a l’idée bien naturelle de se présenter pour remplacer le président Hénault ; mais ici il retrouve Voltaire.
Il serait curieux de retrouver ces articles qui apportèrent, dit-on, consolation et espérance.
Des visions l’obsèdent, de faibles rappels sonnent dans son souvenir ; un vague fantôme de femme reparaît ainsi, en quelques phrases obscures, à la fin de plusieurs chapitres des Reisebilder ; cette « Maria la morte », dont il croit entendre la « voix soyeuse » dans un vieux palais de Vérone, dont il retrouve le vague visage dans une galerie de très anciens portraits à Gênes : « Dans mon cœur vibrait le souvenir de Maria la morte.
Et cette antithèse, d’où sort l’antiphrase, se retrouve dans toutes les habitudes de l’homme ; elle est dans la fable, elle est dans l’histoire, elle est dans la philosophie, elle est dans le langage.
Je n’en disconviens pas ; mais je fais remarquer que pour retrouver ces vérités primitives, mêlées à tant de chimères, de superstitions et de préjugés, il faut une analyse éclairée qui sépare le vrai du faux, et les vérités vraiment naturelles des illusions de l’ignorance et de l’habitude.
« Je serais d’accord avec les vitalistes, dit-il, s’ils voulaient simplement reconnaître que les êtres vivants présentent des phénomènes qui ne se retrouvent pas dans la nature brute, et qui par conséquent leur sont spéciaux.
L’on écrit régulièrement depuis vingt années ; l’on est esclave de la construction ; l’on a enrichi la langue de nouveaux mots, secoué le joug du latinisme, et réduit le style à la phrase purement française ; l’on a presque retrouvé le nombre que Malherbe et Balzac avaient les premiers rencontré, et que tant d’auteurs depuis eux ont laissé perdre ; l’on a mis enfin dans le discours tout l’ordre et toute la netteté dont il est capable : cela conduit insensiblement à y mettre de l’esprit.
Madame Vassé et tant d’autres moitiés d’artistes que je nommerais bien ont aussi des lits, mais on y retrouve tout ce qu’on y oublie.
Tu retrouves deux fils pour mourir après toi, Et je n’en puis trouver pour régner après moi.
Après Février et l’élan démocratique donné aux esprits par l’établissement d’une république, Cassagnac est un des premiers qui aient retrouvé la véritable intelligence de l’Histoire sur une époque formidable qui n’a pas encore jeté son arrière-faix d’erreurs et de crimes sur le monde.
Un jour le désir le prend de connaître la vérité sur Lourdes, et il part, non sans quelque vague et lâche espoir d’y retrouver sa foi perdue, « la foi du petit enfant qui aime et ne discute pas. » Les spectacles auxquels il assiste, la mise en scène organisée par les « Pères de la grotte » en industriels soucieux d’une fructueuse exploitation de leur entreprise, lui font, dès le premier jour, perdre cette naïve espérance.
Sous cette « nécessité » se cache une conspiration de causes diverses, qui ne se retrouvent pas toutes au point de départ de tous les groupements sociaux.
Enfin, Balzac la créa parmi nous ; Balzac qui eut longtemps la plus grande réputation, et qu’on n’estime point assez aujourd’hui dont les lettres sans doute sont peu intéressantes et quelquefois ridicules, mais qui, dans ses ouvrages, et surtout dans son Aristippe et dans son Prince, à travers des fautes de goût, a semé une foule de vérités de tous les pays et de tous les temps, et où l’on retrouve l’âme d’un citoyen et la hauteur de la vertu, relevées quelquefois par l’expression de Tacite.