Il lui arriva un peu ce qui arrive à de certaines jeunes filles qui épousent des vieillards : en très-peu de temps leur fraîcheur se perd on ne sait pourquoi, et le voisinage attiédissant leur nuit plus que ne feraient les libres orages d’une existence passionnée : Je crois que la vieillesse arrive par les yeux, Et qu’on vieillit plus vite à voir toujours les vieux, a dit Victor Hugo.
Tout amoureux qu’ils étaient cependant des âges chevaleresques et monarchiques, des légendes et des prouesses, le spectacle de nos exploits et de nos désastres récents, les grandes révolutions contemporaines, surtout la merveilleuse destinée de Napoléon et sa double chute, les avaient fortement remués : champions du vieux temps, et remplis d’affections modernes, ils étaient novateurs, même en évoquant le passé.
Antithèses étranges et profondes, plus profondes qu’ailleurs, ou plus sensibles, ou plus souvent rencontrées : Entre le soleil et la pluie ou le brouillard, entre les paysages de gares, de docks, d’usines et de mines et les paysages de bois, de lacs et de pâturages ; Entre le passé et le présent, qui partout se côtoient, dans les institutions, dans les mœurs, dans les édifices ; Entre la richesse formidable et l’épouvantable misère ; Entre le sentiment inné du respect et l’attachement inné à la liberté individuelle ; Entre la beauté des jeunes filles et la laideur des vieilles femmes ; Entre l’austérité puritaine et la brutalité des tempéraments ; Entre le don du rêve et le sens pratique, l’âpreté au travail et au gain ; Entre les masques et les visages, etc.
Et, sauf ce dernier type que le progrès de la décence publique fit supprimer définitivement, tous ces personnages jeunes ou vieux, maîtres ou valets, furent transmis par Molière à ses successeurs et se perpétuèrent sur notre scène classique.
En lisant cet article, nous songions aux vieux Français, à Rabelais, à Ronsard, à Montaigne, à Corneille, à Pascal, à Diderot, et aux Français modernes, à Hugo, à Michelet, à tant d’autres : tous petits hommes aimables et spirituels.
Discours lors de la distribution des prix du lycée Louis-le-Grand 7 août 1883 Jeunes Élèves, C’est sans doute le voisinage de notre vieux Collège de France et de votre maison, la première de toutes en noblesse universitaire, qui m’a valu l’honneur d’être désigné par M. le ministre de l’instruction publique pour présider à cette cérémonie.
Les imitations religieuses furent aussi grossières ; rien ne pouvait être plus contraire à la religion concrète d’un grec que la divinisation des idées abstraites, que ce culte de la déesse Raison, inauguré avec un appareil emprunté aux rites du paganisme, dans la vieille cathédrale gothique de la Cité, à Notre-Dame.
Il a instamment prié le mauvais plaisant d’apprendre que tous les journalistes, indistinctement, sont des soleils d’urbanité, de savoir et de bonne foi, et de ne pas lui faire l’injure de croire qu’il fût du nombre de ces citoyens ingrats, toujours prêts à adresser aux dictateurs du goût et du génie ce méchant vers d’un vieux poëte : Tenez-vous dans vos peaux et ne jugez personne ; que pour lui, enfin, il était loin de penser que la peau du lion ne fût pas la peau véritable de ces populaires seigneurs.
Il instruisoit à la fripponerie un vieux père de famille accablé de dettes & qui le consultoit sur la manière de tromper ses créanciers & les juges.
S’il nous arrive de nous promener aux Tuileries, au bois de Boulogne, ou dans quelque endroit écarté des Champs Elysées sous quelques-uns de ces vieux arbres épargnés parmi tant d’autres qu’on a sacrifiés au parterre et à la vue de l’hôtel de Pompadour, sur la fin d’un beau jour, au moment où le soleil plonge ses rayons obliques à travers la masse touffue de ces arbres dont les branches entremêlées les arrêtent, les renvoient, les brisent, les rompent, les dispersent sur les troncs, sur la terre, entre les feuilles, et produisent autour de nous une variété infinie d’ombres fortes, d’ombres moins fortes, de parties obscures, moins obscures, éclairées, plus éclairées, tout à fait éclatantes ; alors les passages de l’obscurité à l’ombre, de l’ombre à la lumière, de la lumière au grand éclat, sont si doux, si touchants, si merveilleux, que l’aspect d’une branche, d’une feuille arrête l’œil, et suspend la conversation au moment même le plus intéressant.
Qu’on demande à nos navigateurs si les vieux pilotes qui n’ont que leur expérience, et si l’on veut leur routine pour tout sçavoir, ne devinent pas mieux dans un voïage de long cours en quel lieu peut être le vaisseau que les mathematiciens nouveaux à la mer, mais qui durant dix ans ont étudié dans leur cabinet toutes les sciences dont s’aide la navigation.
Je l’ai dit, et je le redis avec la plus entière conviction, sans le christianisme, sans les idées morales que le christianisme a mises dans le monde, le despotisme finissait inévitablement par s’acclimater dans la vieille Europe.
Il y a bien une phrase dans l’introduction où il est question de l’image gracieuse de l’amour d’Henri IV et de Gabrielle ; mais c’est de suite fini, et l’auteur, qui a encore ce vieux œil de poudre sur la pensée, ne retourne plus à cette bergerie : il redevient et reste sérieux.
Marmont étant ce qu’il était : un satrape par-dessus un soudard, et tout cela chamarré d’idées modernes et de vieille civilisation sur toutes les coutures, et d’un autre côté les circonstances de 1814 ayant été ce qu’elles furent à l’heure où le caractère de cet homme s’effondra, nul historien de sens ne s’étonnera de cette honteuse affaire d’Essonnes, qui fut une si grande catastrophe.
a le tort ici de n’être pas assez vieux.
Le monde, ce vieux conte répété (non pas deux fois, le nombre exigé pour que le plus beau conte soit ennuyeux, a dit Shakespeare), l’a été cent et le sera mille.
… La tête de la vieille France se dessécherait-elle ?
Ses idées se bornent assez modestement à redemander ces vieux errements parlementaires dont le coup d’État et la raison de Napoléon III nous ont si bien débarrassés.
Ce tableau représente, en un verger sacré, Un vieux pâtre taillant une flûte, entouré D’un beau groupe d’enfants aux têtes attentives, Qui se pressent, muets, dans des poses naïves.
Le vieux Littré a magnifiquement parlé, me rappelait Bourget, de cet océan de mystère qui bat notre rivage, que nous voyons devant nous réel et pour lequel nous n’avons ni barque, ni voile…1 .
À Waterloo, ils ont fait une riche moisson ; ils ont recruté un vieux colonel de l’Empire évanoui, en lui enlevant ses habits. […] Ce qui lui fait croire qu’il se trompe et qu’il doit réparation à ce brave philanthrope enrichi, c’est l’arrestation inopinée d’un autre forçat, vieux gibier abruti de cour d’assises, un nommé Champmathieu, qui a volé des pommes dans le pays. […] On l’entend, et l’on reconnaît dans Cambronne la vieille âme des géants.
Cette comédie est sans rapport direct avec notre vieille farce française : les jeunes filles et l’amour, avec le dénouement du mariage, y tiennent une telle place que cela seul suffit à séparer les deux genres. […] Et si sa comédie est à tel point nationale, c’est qu’il ne l’a pas reçue des mains de ses devanciers comme une forme savante aux traditions réglées ; il l’a extraite lui-même et élevée hors de la vieille farce française, création grossière, mais fidèle image du peuple ; il l’a portée à sa perfection sans en rompre les attaches à l’esprit populaire. […] Même les types de convention que la tradition comique offrait à Molière, il les a rendus vivants, par réflexion aux mœurs de son temps : Laporte et Gourville sont les équivalents réels des Mascarille et des Scapin ; et les Martine ou Dorme, les servantes du vieux temps, qui sont de la famille et ont leur franc parler, n’ont rien de conventionnel que leurs jeunes visages.
Zola : Je pense — dit Pommageot en s’animant — que toutes les vieilles blagues du romantisme sont finies ; je pense que le public en a assez, des phrases en sucre filé ; je pense que la poésie est un borborygme ; je pense que les amoureux de mots et les aligneurs d’épithètes corrompent la moelle nationale ; je pense que le vrai, le vrai tout cru et tout nu est l’art ; je pense que les portraits au daguerréotype ressemblent… — C’est un paradoxe ! […] Elle est entrée comme servante chez une vieille demoiselle à qui elle se dévoue corps et âme. […] Et au milieu de tout cela, la malheureuse garde son cœur d’or, continue de soigner sa vieille maîtresse avec idolâtrie, parvient à lui tout cacher.
Il est tout simple que l’Amérique du Nord, naïve et virginale quand on la considère sous un de ses aspects, vieille, refrognée, pédante et aristocrate quand on regarde sa civilisation exotique, produise la poésie de son ciel et de ses forêts, en contraste avec la mesquinerie de ses colons. […] J’aime mieux la chrysalide se développant dans le tombeau qu’elle s’est filé elle-même, préparant ses ailes brillantes dans sa vieille peau, et paraissant cadavre au moment où elle va s’élancer dans les airs, éclatante merveille de sa propre création ; j’aime mieux cela qu’une pensée mélancolique, une pensée de mort et de renaissance, une pensée de ruine et de construction nouvelle, qui va se loger dans les vieux débris du passé, dans les tours des seigneurs du Moyen-Âge ou dans les églises gothiques, et qui dit : — Voilà mes palais, j’ai retrouvé mon héritage ; — et qui ment en disant cela, puisqu’elle se lamente en elle-même amèrement, et qu’elle désire autre chose d’un désir brûlant qui la dévore.
quel damage chi ot à l’empereour et à tous les Latins de la terre de Romenie, de tel home pierdre par telle mésaventure, qui estoit uns des meillors chevaliers et des plus vaillans et des plus larges qui fust el remahant dou monde Et ceste mesaventure avint l’an de l’incarnation Jesu-Christ mil deux cent et sept ans2. » Il n’a péri de cette langue que la vieille orthographe gauloise. […] Il n’appartient qu’au grand art de l’histoire de faire faire ce progrès aux langues ; or, n’oublions pas, malgré la faveur de mode dont jouissent les monuments de notre vieille langue, que les chroniques de Froissart ne sont pas de l’histoire. […] Il y a moins de mots étrangers, moins de saxon, moins de vieux gaulois, moins de latinisme dans les mots, sinon dans les tours, et peut-être plus de variété dans la phrase.
Après la soupe mangée sur la table luisante de noyer, entourée de bancs du même bois, on voit les vieilles femmes sortir toutes courbées par l’âge et par le travail. […] XVII Ce troisième visiteur était l’abbé Dumont, neveu du vieux curé du village de Bussières, hameau que nous voyions blanchir au pied de la montagne, parmi les vignes et les chènevières. […] Ces marches n’étaient jamais balayées par le balai de la servante : il n’y avait pas de serviteurs dans la maison ; les deux vieilles sœurs et le solitaire qui vivait avec elles épluchaient eux-mêmes leurs herbes, ou jetaient les coquilles des œufs de leurs poules sur la galerie.
Je ne sais pas comment, au pied d’une colonne D’où l’ombre des vieux jours sur le barde descend, L’herbe parle à l’oreille, ou la terre bourdonne, Ou la brise pleure en passant. […] Adieu donc, mon vieux père ! […] … Sous un soleil de plomb la terre ici fondue Pour unique ornement n’a que son étendue ; On n’y voit pas bleuir, jusqu’au fond d’un ciel noir, Ces neiges où nos yeux montent avec le soir ; On n’y voit pas au loin serpenter dans les plaines Ces artères des eaux d’où divergent les veines Qui portent aux vallons par les moissons dorés L’ondoîment des épis ou la graisse des prés ; On n’y voit pas blanchir, couchés dans l’herbe molle, Ces gras troupeaux que l’homme à ses festins immole ; On n’y voit pas les mers dans leur bassin changeant Franger les noirs écueils d’une écume d’argent, Ni les sombres forêts à l’ondoyante robe Vêtir de leur velours la nudité du globe, Ni le pinceau divers que tient chaque saison Des couleurs de l’année y peindre l’horizon ; On n’y voit pas enfin, près du grand lit des fleuves, Des vieux murs des cités sortir des cités neuves, Dont la vaste ceinture éclate chaque nuit Comme celle d’un sein qui porte un double fruit !
Et qui sait si, à cette époque, les vieux ne murmureront pas, comme je le fais en ce moment pour Tortoni, « Dire qu’il y avait là, jadis, un charmant petit magasin de chaussures ! […] Ce serait une contradiction bien étrange si nous ne remarquions pas que l’individu est encore, malgré tout, assez solidement encadré et soumis à de vieilles règles de conduite, tandis que la foule, quelle qu’elle soit, et où qu’elle soit, au théâtre, dans la rue, dans une réunion électorale, sait désormais qu’elle ne dépend plus que d’elle-même et a des mœurs de souveraine absolue. […] C’est comme si, d’une douce insistance, vous l’aviez forcé à boire un verre de la vieille liqueur d’illusion ; et il en arrive presque à oublier que ce ne sont point les compagnons de sa jeunesse qu’il a devant lui, mais déjà leurs fils.
Il tira des archives de divers Monastères, des fables puériles, des contes de vieille, & les publia à Lyon sous le titre de Vie des plus célébres & anciens Poëtes provençaux 1515., in-12. […] La Pucelle de Chapelain est au rang de ces vieilles décrépites qu’on n’ose plus regarder. […] A la place de ce pompeux galimathias, qui étoit le sublime de nos vieux rimailleurs, il mit un style noble, doux, majestueux.
Pourtant cette distinction est presque aussi vieille que l’esprit humain, ce qui montre combien elle est naturelle et nécessaire. […] Les vieilles écoles, les vieilles doctrines métaphysiques, peuvent être emportées par le courant de la science moderne ; la spéculation métaphysique peut changer de méthode ; le matérialisme et le spiritualisme des temps passés peuvent disparaître définitivement de la scène philosophique pour faire place à des idées plus complètes, à des théories plus positives : le problème métaphysique qui les a suscitées restera, non-seulement dans le domaine de l’imagination et du rêve, mais encore dans le domaine de la philosophie la plus sévère, quoi qu’en disent l’école critique de Kant et l’école positiviste de Comte.
Et Pausanias n’est pas un homme du vieux temps comme Hérodote : il est du deuxième siècle après Jésus-Christ, c’est-à-dire d’un siècle éminemment philosophique, du siècle des Antonins. […] Nous ne saurions maintenant arbitrer ces vieilles querelles où les questions n’étaient pas si simples ni, probablement, tous les torts du même côté. […] Madame de Sévigné raconte une conversation où Boileau « soutint les anciens à la réserve d’un seul moderne qui surpassait, à son goût, et les vieux et les nouveaux ». […] Mais il bataillait dans la joie, en riant et plaisantant, d’une verve incoercible, à la vieille mode française. […] Il n’a pas changé le vieux joug pour un neuf, mais a vraiment ôté le poids de nos épaules.
Une des forces d’une religion, c’est qu’elle est vieille ; une des faiblesses d’une religion, c’est aussi qu’elle est vieille, parce qu’elle s’est compliquée terriblement. […] Tout vieux professeur a remarqué des inclinations toutes pareilles chez les jeunes Français. […] Ceux-là ne sont-ils pas jeunes et ceux-ci ne sont-ils pas vieux ? […] Ce qui m’inquiète et m’attriste aussi, c’est qu’à mesure que ces vieilles idées reparaissent et que se renouvellent ces vieilles pratiques si souvent condamnées par nos chefs, chaque jour déclinent ces grandes idées libérales qui sont l’essence même de cette République française qui n’est rien si elle n’est pas la liberté organisée. […] C’est une vieille vérité et c’est une erreur d’aujourd’hui.
« La déesse Calypso ne m’a pas offert d’éternelles amours sous ses grottes tapissées de fleurs ; l’adroite Circé n’a pas voulu faire de moi son époux immortel ; mais j’ai traversé de bien douces et de bien belles patries ; j’ai compris que Sturler s’oubliât à Florence depuis seize ans, et que Le-Duc quittât Rome les larmes aux yeux ; j’ai senti qu’on pouvait rêver la paix de l’âme au bruit harmonieux des flots de Sorrente et de Baïa, oublier le monde à l’ombre de quelques vieux arbres, dans une petite maison isolée sur les rivages d’Éleusis. […] « Cette nuit encore, comme la fatigue avait écarté de moi le sommeil, j’ouvris à l’aube la fenêtre du grenier où je reçois l’hospitalité comme les voyageurs d’Homère : à travers le feuillage pâle des oliviers, j’apercevais les eaux du port, le double rocher qui en ferme l’enceinte, et derrière eux le mont Nérite que ne couronnent plus, comme au temps d’Ulysse, de vertes forêts… Aucun bruit ne troublait le silence de la nuit… Peu à peu l’aurore éclaira de lumières plus vives ce paysage si simple et si calme, les coqs chantaient, et des portes entrouvertes, les gens du faubourg s’en allaient lentement achever la vendange dans les champs de pierres où le vieux Laërte cultivait de ses mains de jeunes arbres… « Adieu ! […] Ses compagnons et lui ne purent guère rapporter sur la topographie de l’ancienne Thèbes que des notions assez conjecturales, comme on les peut tirer d’une ville entièrement détruite « dont il ne reste que trois ou quatre pierres et une vieille mosaïque ». […] Ce sont des adieux que je vais faire au ciel d’Orient, et j’aspire à me renfermer comme vous dans l’horizon du ciel natal, dans le cercle étroit des affections domestiques et des petits devoirs de la vie de chaque jour. » J’ai dit qu’il préparait ses thèses : il avait choisi pour sujet de sa thèse française Ronsard d’abord ; mais bientôt le Ronsard tout entier l’avait effrayé ou rebuté, et il s’était restreint à suivre de près « l’imitation d’Homère et de Pindare » dans le vieux poète.
, I, p. 25) : Je suis horriblement triste, et du vieux fonds que tu me connais, et de ce qui s’ajoute chaque jour, et enfin de la peur que me fait éprouver ce continuel accroissement, quand je viens à y songer. […] Dans les autres cas, lorsqu’il empoigne et se met à déshabiller, à tenailler, à désarticuler, à démantibuler un homme, que ce soit Thiers, Girardin, Havet, Jourdan, Eugène Suë, Hugo et les fils Hugo, Lamartine même, ou telle vieille barbe de 48, ou tel sinistre pantin du 4 septembre, ou le vieux Pyat, ou Edmond About, ou Henri Rochefort (ah ! […] C’était le caprice d’un esprit curieusement « traditionnaliste » que de ressusciter ainsi la vieille satire en vers, après que le lyrisme romantique avait ruiné les « petits genres » et que le journalisme les avait rendus inutiles.
Il aime à redonner à un mot son sens primitif, qui souvent s’est oublié et perdu de vue dans l’acception figurée, et à lui rendre tous les sens qu’il avait en passant de la langue latine dans la nôtre, et que nos vieux écrivains lui avaient conservés.
Dans l’autre épisode, c’est un vieux nègre affranchi, Juan, retiré près de San Salvador, qui raconte l’histoire de son père Zombé.
Le vieux Desmarets, avant de mourir, légua sa querelle à Charles Perrault.
« Il y a l’École romane on l’on t’apprendrait à tisser des tapisseries avec de vieilles laines et des ors ternis, où l’on t’imposerait le respect des mythologies défraîchies — ou tu deviendrais un néo-grec douteux et un gracculus véritable.
« Quand la débauche et le dévergondage sont poussés à un certain point de scandale, je suis persuadée, dit madame de Sévigné, que cet excès fait plus de tort aux hommes qu’aux femmes. » Elle s’exprime ainsi à l’occasion d’un marquis de Thermes qui l’avait fort assidûment visitée aux eaux de Vichy et qui n’osa la revoir à Paris, étant là sous le joug de la maréchale de Castelnau, sa jalouse maîtresse, qui avait si bien renoncé aux bienséances, que, malgré son veuvage, elle ne prenait pas la peine de cacher ses grossesses… Mais laissons Thermes sous sa férule », dit-elle en finissant ; « il y aurait encore bien des choses à dire d’une autre vieille férule qui ne fait que trop paraître sa furie ».
Ce vieux monarque, dont le seul crime est d’aimer trop un fils coupable ; ce généreux Hector, qui connaît la faute de son frère, et qui cependant défend son frère ; cette Andromaque, cet Astyanax, cette Hécube, attendrissent le cœur, tandis que le camp des Grecs n’offre qu’avarice, perfidie et férocité : peut-être aussi le souvenir de l’Énéide agit-il secrètement sur le lecteur moderne, et l’on se range sans le vouloir du côté des héros chantés par Virgile.
Elle tend toujours à monter comme à l’aide de ces ailes que lui attachait Platon et que revendique le vieux Corneille1.
Il n’y a rien à dire sur ces vieilles billevesées et je n’aurais pas ramassé ce livre, s’il n’avait pesé que cela.
Henri IV n’a pas le fanatisme religieux qui fut la plus honorable passion du XVIe siècle, et pour cette raison, qui n’est pas la seule, du reste, mais qui est la plus puissante, il est peut-être la seule figure de son histoire qui soit entièrement sympathique à Forneron, l’écrivain politique de ce temps, qui, au temps de Henri IV, se serait certainement rangé dans le parti des politiques, qui mirent fin à la guerre civile et tirèrent de la vieille Constitution de la monarchie catholique, qui avait été la monarchie française, une monarchie d’un autre ordre, — la monarchie des temps modernes.
Conserver, en le modifiant, tout ce qui peut être sauvé du passé d’un peuple, c’est peut-être la seule ressource laissée pour manifester leur génie aux grands politiques des vieilles civilisations.
— mais éphémères, sur les grimaces les plus extérieures d’une société qui s’en sera allée où s’en vont les vieilles lunes et toutes les grimaces, pas plus tard que demain matin.
Le Journal des Débats, qui est un journal grave, un vieux bohème de la grande espèce, plein de jours et de profondeur, a pensé que ses légers confrères de la petite ne mettaient pas assez au jeu contre nous en n’y mettant que la monnaie de singe de leurs grimaces, et lui, qui a des théories à revendre, s’est cavé contre nous d’une théorie.
Issu de Guizot le doctrinaire, mais avec un tour d’esprit autrement vivant et enflammé que celui de son maître, Dupont-White s’est contenté de recommencer la balançoire connue entre l’idée abstraite de l’État et l’idée abstraite de l’Individu, et de nous refaire, sous une autre forme, la vieille cote mal taillée entre l’autorité et le progrès reprise tant de fois !
Louis Wihl, dans tout l’azur de cette fantaisie qu’il roule autour de sa pensée, a des traits vibrants de Juvénal et de vieilles foudres de prophètes ; mais, au point de vue de la pure fantaisie, de l’humour, de l’ironie légère, il est certainement au-dessous d’Henri Heine, ce fils du clair de lune bleuâtre, de la rose et du rossignol.
Faites pour le temps et dévorées par lui, ces chansons ne seront plus, dans quelques années, comme les chansons du vieux Maurepas, que des renseignements historiques, feuilletés par le curieux, en souriant.
L’auteur de Césara 25, le prêtre de l’Église Hugo, est aussi, par la même occurrence, l’apôtre de cette autre Église humanitaire qui flambe neuf et va remplacer incessamment la vieille religion divine qui avait suffi jusque-là aux plus forts et aux plus nobles esprits, mais qui ne suffit plus maintenant, même aux plus imbéciles… Or, c’est dans les intérêts de cette religion humanitaire que l’auteur de Fanfan la Tulipe, laissant là les amusettes du théâtre où il s’est oublié si longtemps, s’est mis à écrire cette grande pancarte, qui aura plusieurs cartons, et qu’il appelle Les Chevaliers de l’Esprit, titre un peu vague.
Il serait bien peu vraisemblable que, dès le temps où ces images étaient incessamment sous les yeux des Romains, la fête de Vénus, placée par la tradition à une des époques les plus riantes de l’année, à la saison des belles nuits et des aurores matinales, n’ait pas été embellie du charme des vers, ou même qu’on n’ait eu, pour célébrer ces gracieux souvenirs, que quelque vieux débris du rituel païen.
Mais, que nous importent à nous ces vieilles histoires, et faut-il qu’elles fassent à jamais partie de la biographie d’un grand poète ? […] Ils reprochent aux directeurs, en fait de nouveautés, de n’en accueillir et de n’en « monter » que de vieilles. […] Il est bon que l’on sache, au sortir du collège, que le vieux Corneille, par exemple, en son Cinna, n’a point voulu flatter Louis XIV sous le nom d’Auguste. […] Assurément, nos vieux poètes, l’auteur, quel qu’il soit, de la Chanson de Roland, nos vieux conteurs, nos vieux chroniqueurs, Villehardouin, Joinville ou Froissart, sont fort éloignés de cette perfection de forme qu’on pouvait presque faire toucher au doigt dans un chant de l’Énéide ou dans un discours de Cicéron. […] Mais qu’on traite seulement le français, le vieux français, comme on faisait jadis le latin, empiriquement… et modestement.
L’esprit du grand jurisconsulte Favre n’avait pas cessé de hanter ces vieilles maisons parlementaires. […] » Ainsi donc ce jeune magistrat, si opposé par sa nuance religieuse à notre vieille race parlementaire et gallicane des L’Hôpital et des de Thou, si supérieur par la gravité des mœurs à cette autre postérité plus récente et bien docte encore de nos gentilshommes de robe, de Brosses ou Montesquieu, M. de Maistre était autant versé qu’aucun d’eux dans les hautes études ; il vaquait tout le jour aux fonctions de sa charge, à l’approfondissement du droit, et il lisait Pindare en grec, les soirs. […] Vers 1820, un très-jeune homme qui était reçu chez M. de Maistre, et qui s’effrayait de lui voir entre les mains quelque tome tout grec de Pindare ou de Platon, fut un jour fort étonné de lui entendre chanter de sa voix la plus joviale et la plus fausse quelques couplets du vieux temps, la Tentation de saint Antoine, par exemple. […] Chaque jour M. de Maistre avait à peine achevé son repas que le Père Hintz (c’était le nom du savant) arrivait chargé de vieux livres, et des dissertations s’établissaient à fond entre eux sur le grec, l’hébreu, le copte. […] On ne replante pas à volonté les grands et vieux arbres ; et des nouveaux, c’est le cas, pour le réfuter, de dire avec lui : Rien de grand n’a de grand commencement, crescit occulto velut arbor cevo.
Chacun cherchait à déterrer les vieux monumens pour s’en faire un point d’appui. […] Arrêtez, cria-t-il au vieux rimeur, épargnez-nous les autres détails. […] Le fils du vieux Lémery honorait & rectifiait son pere. […] On dirait qu’il veut ressusciter le vieux Ronsard. […] Rameau en avait trop lui même pour s’en tenir à de vieilles pratiques monotones, restraintes & usées.
Dans l’histoire, dans la critique, l’étude des faits et du milieu remplace les vieilles règles scolastiques. […] Héritier de Scribe, il a renouvelé les vieilles ficelles et poussé l’art scénique jusqu’à la prestidigitation. […] Jamais je n’ai mieux pénétré le charme de l’esprit littéraire, tel que le cultivait la vieille France. […] C’est cette vieille idée que j’ai tenté de réaliser dans Une page d’amour. […] Paul Alexis, est un de mes vieux amis, un garçon de grand talent que j’aime beaucoup.
moi aussi, j’ai cru quelque temps que tout était fini pour notre vieille Europe. […] Plus tard, en 1825, il retrouva dans une malle, à Lyon, de vieux papiers oubliés où cette théorie était déjà ébauchée en entier ; ce travail ancien, qui le frappa comme une découverte, se rapportait probablement à l’époque de sa jeunesse où il avait tenté une réfutation du Contrat Social : tant il y avait eu antériorité instinctive et prédestination, pour ainsi dire, dans les idées de M. […] Ballanche ; les vieilles expressions latines, les étymologies essentielles de Vico ont passé intégralement dans leur langage ; et tout à côté de ces paroles anticipées, ce sont des chants qui appartiennent à la lyre antique, des expressions orphéennes tirées comme avec un plectre d’or.
On ne peut croire qu’un vieux général aussi consommé que Cassius ait élevé un lâche à un tel commandement dans son armée ; la lâcheté, dont se vante plus tard Horace dans ses vers railleurs contre lui-même, n’était donc en réalité qu’une plaisanterie ou une flatterie à Auguste ; il voulait persuader par là à ce prince, neveu de César, que tous ceux qui avaient combattu jadis contre lui étaient indignes de porter une épée et un bouclier. […] …… Après que chacun de nous a bu à sa soif, l’entretien se ravive ; nous causons, non pas sur nos voisins pour en médire, ni sur les propriétés pour les envier, ni sur le talent plus ou moins merveilleux du danseur Lepos ; nous nous entretenons sur des sujets qui nous intéressent davantage, et qu’il n’est pas sage d’ignorer : si le bonheur de l’homme consiste dans la richesse ou dans la vertu ; si le mobile de la véritable amitié est l’intérêt ou l’estime, etc… » Puis le poète, pour diversifier l’entretien, introduit dans le dialogue son voisin Cervius, qui a l’habitude de conter les vieux apologues populaires ; Cervius, à propos des richesses de leur autre voisin, un certain Abellius, le propriétaire du plus vaste domaine de la vallée d’Ustica, récite en vers inimitables, même par La Fontaine, la fable du Rat de ville et du Rat des champs. […] ……………………………………………………… ……………………………………………………… Tes vers en tout pays sont cités d’âge en âge ; J’ai vécu plus que toi, mes vers dureront moins ; Mais au bord du tombeau je mettrai tous mes soins À suivre les leçons de ta philosophie, À mépriser la mort en savourant la vie, À lire tes écrits pleins de grâce et de sens, Comme on boit d’un vin vieux qui rajeunit les sens.
Mannaëi, le décharné bourreau d’Hérode, la vieille nourrice au profil de bête qui sert Salammbô, sont dépeints en traits dont le lecteur doit imaginer l’ensemble. […] Que l’on joigne à cette médiocrité des lieux et des gens, le mince intérêt des aventures, un adultère diminué de tout l’ennui de la province, la vie campagnarde de deux vieux employés, l’existence sociale de quelques familles moyennes à Paris, que traverse le désœuvrement d’un jeune homme nul, on reconnaîtra dans les romans de Flaubert, tous les traits essentiels de l’esthétique réaliste. […] Il vécut ainsi douloureusement au déclin de sa vie, ce grand homme, haut de taille, portant sur ses lourdes épaules, une grosse face rubiconde, bénigne et naïve, que coupait une moustache blanche de vieux troupier, que dominait le vaste ovale d’un front rouge, sur des yeux bleus, « dont la pupille, dit M. de Maupassant, toute petite, semblait un grain noir toujours mobile. » Et cet homme à la carrure de cuirassier, qui semblait fait, avec sa mine bonasse de reître, pour courir les aventures, enlever les bataillons à la charge, se tanner le cuir sous des soleils incendiés ou de glaciales bruines, passa sa vie dominé par on ne sait quelle infime modification vasculaire de son encéphale comme un mince artisan, fabriquant, dans l’ombre de la chambre, des objets infiniment délicats.
Sa famille appartenait à cette vieille bourgeoisie française qui avait la distinction des mœurs de la noblesse sans en avoir les légèretés et les vices. […] « Mandez-moi si mes vieux livres sont bien en ordre sur les tablettes et si mes onze volumes de saint Chrysostome y sont ; voyez-les de temps en temps pour en enlever la poussière. […] Le vieux Corneille, à qui il avait demandé des conseils en lui soumettant la tragédie d’Alexandre, lui avait répondu ce que nous lui aurions répondu nous-même aujourd’hui que nous jugeons de sang-froid et à distance la nature de son génie : « qu’il avait un admirable talent de poète épique, mais qu’il ne lui trouvait pas le nerf vibrant et concentré de la tragédie ».
Mais, d’un poème a l’autre, pendant quatre cents ans, des premières Chansons de geste aux dernières versions en prose de la Bibliothèque bleue, cette matière épique a flotté comme à l’état diffus, sans qu’aucun de nos vieux trouvères, ni l’auteur de Roland, ni celui d’Aliscans, réussît à lui imposer une forme qui la fixât, comme on dit, sous l’aspect de l’éternité. […] 2º Le Poète ; — et qu’en saluant en lui le seul ou le « premier » de nos « vieux romanciers » ; Boileau ne s’est pas trompé. — L’écolier parisien du xve siècle ; — ses aventures ; — et comment elles ont failli le conduire au gibet ; — il était peut-être à la veille d’être pendu quand il a composé sa Ballade des pendus et ses deux Testaments ; — quoique d’ailleurs dans la littérature de son temps le Testament soit une forme consacrée. — S’il a fait partie d’une bande de voleurs, — et qu’en tout cas il était « ès prisons » de La Charité-sur-Loire lors de l’avènement de Louis XI. — Il en sortit à cette occasion, et, de ce moment, on perd sa trace. — Mais on en sait assez pour affirmer que la grande supériorité de son œuvre tient à ce qu’il a « vécu » sa poésie. […] 3º Les Œuvres. — Le Mystère du Vieux Testament, en 49 000 vers, dont la première édition est ou doit être des environs de l’an 1500 ; — Le Mystère de la Passion, d’Arnoul Gréban, publié par MM.
On lui attribue tout ce qui paraît de plus beau et de plus enviable au moment où l’on est, et la vieille chanson rhabillée recommence sans cesse. […] Quelques-unes de ces romances sont d’un grand caractère : la première entre autres, dans laquelle on voit don Diègue, tristement inconsolable de l’outrage qu’il a reçu du comte et qui cette fois est bien un soufflet, trop vieux et trop débile pour en tirer vengeance par lui-même, et se demandant si l’un de ses fils est de force et de cœur à le suppléer.
Encouragé, enhardi par son premier succès, l’abbé Brandelet entreprit de bâtir une église dans sa paroisse même, à Laviron ; la vieille église, insuffisante pour contenir les fidèles, avait de plus l’inconvénient grave de menacer ruine. […] Il ne serait pas difficile d’emprunter aux vieux érudits, aux spirituels et malins tels-que Bayle, des mots légers au désavantage des épouses.
Envoie-moi aussi par la même occasion mes vieilles soutanes, si elles existent encore, mes surplis et l’aube qu’on avait faite pour moi. […] Béranger (c’était là son faible) ne perdait aucune occasion de se donner le beau rôle, le rôle du sage, et il passait même toutes les limites du sans-gêne lorsque, rentrant chez lui après une visite à La Mennais, il disait à qui voulait l’entendre : « Je viens de voir ce vieux grigou… » On aurait du reste à citer de pareils propos de Béranger sur tous ses amis, Thiers, Mignet, Cousin, etc.
Vieux, infirme et sans ressources, il n’avait pu atteindre jusqu’à la dignité d’invalide, et tout ce qui avait été possible, ç’avait été d’obtenir pour lui, par la protection spéciale de M. […] « Il y a, rue de Richelieu, nº 10, une bonne vieille concierge.
J’en ai connu de tels, même dans l’ordre civil, témoin le vieux Monnard, caractère antique, longtemps professeur à l’Académie de Lausanne où j’eus l’honneur un moment d’être son collègue, mort professeur à l’Université de Bonn, traducteur et continuateur de l’illustre historien Jean de Muller. […] Cet homme d’étude, qui, dans sa jeunesse, avait été précepteur du comte Tanneguy Duchâtel (les Suisses sont volontiers précepteurs dans leur jeunesse), n’avait pas varié une minute au fond du cœur ni faibli dans sa première et vieille trempe helvétique ; et quand je pense à cet homme de bien, vétéran des universités, ancien membre de la Diète aux heures difficiles, si modeste de vie, mais intègre et grand par le caractère, je me le figure toujours sous les traits d’un soldat suisse dans les combats, inébranlable dans la mêlée comme à Sempach, la pique ou la hallebarde à la main.
Il dédie son livre à la mémoire de l’abbé Séguin, vieux prêtre, son directeur, mort l’année dernière à l’âge de quatre-vingt-quinze ans : « C’est pour obéir aux ordres du directeur de ma vie que j’ai écrit l’histoire de l’abbé de Rancé. […] J’étudiai néanmoins ; je lus, et c’est le résultat de ces lectures qui compose aujourd’hui la vie de Rancé. » Cette humble origine de l’ouvrage sied à l’humilité du sujet ; cette docilité de l’illustre auteur est touchante ; mais le vieux confesseur avait raison ; avec le coup d’œil du simple, il lisait dans le cœur de René plus directement peut-être que René lui-même ; il avait touché les fibres secrètes par où René était fait pour vibrer à l’unisson de Rancé.
Pierre-Jean de Béranger, comme sa chanson du Tailleur et de la Fée nous l’apprend, est né à Paris, en l’an 1780 (19 août), chez un tailleur, son pauvre et vieux grand-père du côté maternel. […] la plainte du pays ; la douleur morne, l’espoir opiniâtre de la vieille armée ; l’espoir plus léger, l’impatience et les moqueries de la jeunesse ; la tristesse dans le plaisir ; de l’esprit tour à tour piquant, coloré, attendri, comme il ne s’en trouve que là depuis Voltaire ; de suaves et gracieuses enveloppes d’une pureté d’art antique, et qui par moments rappellent, ainsi qu’on l’a remarqué avec goût, Simonide, Asclépiade et les érotiques de l’Anthologie.
Il a une multitude de remarques rapides sur les vieilles filles, les vieilles femmes, les filles disgraciées ou contrefaites, les jeunes femmes étiolées et malades, les amantes sacrifiées et dévouées, les célibataires, les avares : on se demande où il a pu, avec son train d’imagination pétulante, discerner, amasser tout cela.
A défaut de chants héroïques perdus, on a plusieurs vieilles chansons familières, piquantes ou touchantes, et demeurées populaires à travers les âges. […] En parlant des mots d’abord nobles, de quelques mots employés par Malherbe lui-même, mais qui finirent par être déshonorés dans un emploi familier, et qu’il fallut expulser alors de la langue de choix : « C’est le cheval de parade, dit-il, qui, sur ses vieux jours, est envoyé à la charrue20. » Ailleurs (préface du troisième volume), quand, voulant marquer que la poésie d’une époque exprime encore moins ce qu’elle a que ce qui lui manque et ce qu’elle aime, il dit : « C’est une médaille vivante où les vides creusés dans le coin se traduisent en saillies sur le bronze ou sur l’or, » ceci n’est-il pas frappé, de l’idée à l’image, comme la médaille même ?
Qu’on en gémisse ou non, la foi s’en est allée ; la science, quoi qu’on dise, la ruine ; il n’y a plus, pour les esprits vigoureux et sensés, nourris de l’histoire, armés de la critique, studieux des sciences naturelles, il n’y a plus moyen de croire aux vieilles histoires etaux vieilles Bibles.
Le peuple, qui aime surtout le merveilleux, et qui préfère partout les Jeanne d’Arc et les Dunois aux vieux rois, s’enthousiasme pour ce berger ; il l’élève au-dessus de Saül lui-même dans ses bénédictions sur la route. […] « Être enfant avec les enfants, homme avec les hommes, vieux avec les vieillards ; se proportionner aux trois âges de la vie humaine, c’est le secret de plaire à tous ; et cependant il y a pour les mortels une quatrième condition de bonheur plus difficile : « S’accommoder de sa fortune présente !
Tout le matériel et tout le personnel des vieilles légendes subsista, dûment consacré et baptisé au nom de Jésus-Christ : le pays des morts fut le purgatoire de saint Patrice ; mais l’esprit chrétien ne pénétra pas profondément : tout ce monde merveilleux garda l’intégrité de son âme celtique. […] Un chevalier toutes les nuits vient regarder la dame accoudée à sa fenêtre : elle a un vieux mari qui s’inquiète, et lui demande ce qu’elle fait ainsi ; elle répond qu’elle vient entendre le chant du rossignol, et le brutal fait tuer le doux chanteur : la dame envoie le petit corps de l’oiseau à son ami, qui le garde dans une boite d’or : et c’est tout.
Il a usé du latinisme largement, comme tous ses contemporains : il a provigné les vieux mots, il a dit eselaver, fantastiquer, grenouiller, etc. : si les mots sont de lui, le principe est de Ronsard. […] L’humanité a reconnu en lui un exemplaire de sa commune nature ; et pour l’attester il suffira de nommer Bacon qui fait ses Essais à l’imitation de notre gentilhomme périgourdin, Shakespeare, à qui Montaigne peut-être a révélé la richesse psychologique et dramatique de Plutarque, qui à coup sur lisait, annotait, transcrivait parfois Montaigne ; le vieux Ben Johnson même l’avait entre les mains.
Sarcey, même par le bon Dieu des catholiques, pour les jolies pages pittoresques et cordiales que lui ont inspirées les vieux prêtres du collège de Lesneven. […] Il blague la patrie et au besoin il mourrait pour elle ; il blague l’amour filial et pleure quand on lui parle de sa vieille mère, il blague les beautés de l’Italie et se mettrait à genoux devant un Raphaël.
Il faudrait maintenant reprendre cette analyse historique où Gourmont l’a laissée, car il s’est tout de même passé certaines choses depuis cette époque symboliste qui paraît déjà vieille. […] vient de proclamer Valéry Larbaud après le vieux Malherbe).
Ses disciples pullulent et se jettent sur le vieux monde, les armes à la main. […] Dans les fleurs, aux plis blancs de sa robe échappées, Suivez sa chevelure au vent, comme le chien Suit la flûte du pâtre au temps des épopées… Elle cueille humblement dans la joie en éveil Les lauriers les plus verts des plus nobles conquêtes Sans vieux fracas d’acier ni dur clairon vermeil.
La première base de ce catholicisme-là, c’est le mépris, la malédiction, l’ironie : malédiction contre tout ce qui a fait marcher l’esprit humain et brisé la vieille chaîne. […] La vieille foi est impossible : reste donc la foi par la science, la foi critique.
Il m’est sans doute bien pénible de songer que la moitié peut-être du genre humain éclairé me dirait que je suis dans l’inimitié de Dieu, et pour parler la vieille langue chrétienne, qui est la vraie, que, si la mort venait à me surprendre, je serais damné à l’instant même. […] Esprits déprimés, vieux radoteurs… Ceux-ci sont les stricts orthodoxes.
Dans celle même querelle, le vieux Nestor, avec son impartialité vénérable, reconnaît l’offense qu’Agamemnon a faite à Achille, mais il le rappelle en même temps au respect que tous les alliés doivent au chef suprême : Il n’est point permis à Agamemnon, bien que le plus puissant, d’enlever à Achille la vierge que les Achéens lui ont donnée ; tu ne dois point non plus, fils de Pelée, résister au Roi, car tu n’es point l’égal de ce porte-sceptre glorifié par Zeus. […] Cassandre était la plus belle des cinquante filles du vieux roi troyen, « semblable à Aphrodite », dit Homère.
Le commandant du fort, M. de Saint-Mauris, homme déjà vieux, vaniteux et capable de passions chétives, ne se démasqua que par degrés, et accorda d’abord à son prisonnier bien des facilités voisines de l’indulgence. […] Quelque intérêt que j’eusse à les ménager, je leur fis sentir plus d’une fois que je commençais à être bien vieux pour avoir tant de Mentors, et qu’un homme de mon âge, qui a toujours vécu dans les grandes villes, pouvait supporter, sans en être étourdi, le tumulte de Pontarlier.
L’Atala de Girodet est, quoi qu’en pensent certains farceurs qui seront tout à l’heure bien vieux, un drame de beaucoup supérieur à une foule de fadaises modernes innommables. […] Les tableaux nouveaux et inconnus du public sont les Deux Foscari, la Famille arabe, la Chasse aux Lions, une Tête de vieille femme (un portrait par M.
Nous sommes à Waterloo ; nous voyons les campagnes plates avec les villages et les fermes aux noms fameux, les moulins, les fossés ; nous voyons l’armée de Napoléon au repos, l’armée de Wellington au repos, et puis les estafettes qui partent, le premier coup de canon, la mêlée, les charges, l’héroïque jeunesse qui tombe ou qui s’élance, la Vieille Garde qui donne, la vie et la mort qui s’affirment, l’une et l’autre, avec la plus effroyable énergie, dans l’espace le plus restreint et dans le temps le plus court, c’est-à-dire l’objet des plus fortes impressions et des plus durables souvenirs qui puissent se graver en nous. […] Remarquez d’ailleurs, qu’en peinture également, toutes nos préférences s’attachent aux peintres de la vie d’intérieur… Une vieille fille qui file près d’une fenêtre, d’où tombe un rayon de soleil ; une porte s’entrouvrant sur une chambre qu’on devine paisible ; la perspective d’une rue calme et déserte, retiennent longtemps notre attention et nous suggèrent mille pensées.
« Sous l’action combinée de la jurisprudence et des lois récentes, la concession de la personnalité civile s’étend peu à peu à toutes les associations ; il sera bientôt évident que le vieux principe est usé, et qu’il faut lui substituer le principe opposé de la personnalité de plein droit162 », — Ainsi nos institutions mêmes, malgré leurs tendances premières, laissent apercevoir le progrès des forces sociales contre lesquelles elles ne peuvent lutter. […] Boutmy montre177 comment « ce droit ne peut plus prendre son assiette sur les vieilles corporations, trop de fois remaniées et morcelées.
Ainsi, dans quelques restes d’un vieux chant guerrier, le poëte s’écriait : « Hélas ! […] Après avoir cherché dans la vieille Asie les plus hautes inspirations de l’enthousiasme lyrique, après en avoir contemplé la vertu guerrière dans les luttes d’un coin de terre monothéiste et civilisé contre l’Assyrie barbare et idolâtre, on est mieux préparé à le reconnaître dans l’immortelle victoire de cette petite péninsule de la Grèce, ingénieuse et libre, sur l’Orient despotique de Suse et d’Ecbatane, traînant à sa suite les descendants des anciens esclaves des rois et jusqu’à des milices de ce peuple juif tombé, du joug de Babylone sous celui de la Perse.
— Je le sais, mon Ami : je me sens bien vieux déjà, on me dit savant plus que je ne suis, et je voudrais être sage ; mais ne le suis-je pas du moins un peu en ceci ?
C’est de la sorte seulement qu’on s’explique bien la chute des vieilles races, et la facilité avec laquelle, au jour soudain des colères divines et populaires, l’orage les déracine, sans que la voix tardive des sages, sans que les intentions les plus pures des innocentes victimes, puissent rien conjurer.
Lerminier effleure tour à tour en passant le mélancolique Boulanger, le jeune Vauvenargues18, le vieux Fontenelle et d’Alembert le circonspect provocateur !
D’autre part, à reprendre les vieux sujets de fables, quelle imagination il faudrait, pour en tirer quelque chose !
Ses Révolutions de France et de Brabant, son Histoire des Brissotins, son Vieux Cordelier, ses lettres offrent un intérêt littéraire qu’on trouve rarement parmi les écritures de ce temps-là.
Cette première période est débordante de vie ; en même temps qu’il mène une campagne en faveur des peintres impressionnistes, il livre d’autres œuvres où sont fixées d’admirables notations de peintre, dignes d’un fils instinctif des vieux maîtres flamands.
Le Souvenir s’éveille et reprend, aujourd’hui, En sourdine, les vieux, les adorables Thèmes Des renouveaux lointains et du bonheur enfui.
Serrée comme un îlot entre les deux grandes provinces du judaïsme (la Judée et la Galilée), la Samarie formait en Palestine une espèce d’enclave, où se conservait le vieux culte du Garizim, frère et rival de celui de Jérusalem.
La première comprend tout le moyen âge et se prolonge, jusque vers le milieu du xvie ° siècle ; les œuvres qui la remplissent offrent ces caractères communs d’être, en immense majorité, d’inspiration féodale et catholique, d’appartenir à des genres nés spontanément sur le sol même de la France : la langue seule dans laquelle elles sont écrites, langue à deux cas qu’on nomme aujourd’hui le vieux français, suffirait à les séparer de celles qui les ont suivies.
Quelques-uns ont cru devoir changer l’ancienne, par la même raison qu’on a réformé nos vieilles modes.
Il est plus malaisé de repenser les lieux communs pour les rajeunir que de les retourner comme de vieilles redingotes pour se donner comme habillé de neuf.
Le feuilleton n’est donc plus aujourd’hui qu’une ribambelle de vieilles histoires, imitées de Janin, — quand il n’est pas un daguerréotype d’après Théophile Gautier.
Enfantin, l’ex-pape saint-simonien, se pose à nouveau, non pas en saint Pierre de cette fois, mais en saint Paul de l’Église future qui doit prochainement succéder à la vieille Église chrétienne, et déclare aujourd’hui avoir — comme prêtre !
Touchant aux lakistes contemporains par une extrémité de son talent, et par l’autre aux affectés de tous les temps et de tous les pays, il a du moins la passion mêlée à tout cela, et si on l’applaudissait chez les Cathos, les Madelons et les Philamintes des vieilles sociétés grimacières, il y étoufferait !
Son secret mourait à sa bouche… Avant d’à jamais t’assoupir, Douleur déjà vieille et finie, Que de maux il fallut subir !
Pour réchauffer cette climature, l’auteur ne s’est-il pas imaginé de faire tomber dans cette neige alpestre une goutte du sang immortel du vieux Dante ?
D’un autre côté, les événements qui font en ce moment fermenter cette vieille terre, qu’on croyait épuisée, et qui se remue comme si elle était immortelle, donnent à un livre de voyage en ce pays un intérêt de hauteur d’histoire.
et si on lui demande comment, déjà vieux, et n’ayant plus que peu de temps à passer sur la terre, cependant, par un lâche amour pour la vie, il a pu se résoudre à traîner les restes d’une vieillesse si honteuse, après avoir enfreint les lois de son pays, que répondra-t-il ?
Mais les flots de la barbarie, mal contenus par le despotisme usé du vieux monde, allaient pour un temps tout submerger et tout détruire, sauf les croix immortelles des églises, qui apparaîtraient encore çà et là sur l’abîme.
Le portrait du vieux Lester et de ses deux filles est un beau prologue et qui ouvre simplement la marche du récit. […] Une femme vieille et passablement laide fait des avances au connétable, et le rappelle du gouvernement d’Italie pour se donner à lui. […] Ni les cours, ni les voyages, ni les roueries diplomatiques et parlementaires, ni la plus vieille et la plus intime familiarité avec les livres de toutes sortes, ne suffisent à nous détacher, dans le sens poétique, de la vertu et de ses combats. […] Ceux qui l’accusent d’impartialité ne l’ont pas lu ou l’ont bien mal compris ; il n’y a pas une de ses chroniques qui n’ait le sens et l’énergie du plus hardi pamphlet, qui ne flétrisse et ne couronne aussi bien que les vieilles comédies d’Athènes. […] La critique européenne, et en particulier la critique française, n’ont pas encore secoué leurs vieilles habitudes.
A présent, me sera-t-il permis de citer le vieux proverbe : Dis-moi qui tu hantes, je te dirai qui tu es ? […] Que le courtisan de la veille est vieux le lendemain ! […] Je suis vieux, incapable des moindres soins, et dans l’impossibilité de porter plus loin le fardeau de mon opulence, je demande qu’on m’en soulage. […] On fit un crime au vieux philosophe d’avoir pris une jeune femme. […] si le vieux philosophe en était tendrement aimé ?
Il y a, sans doute, des gens qui naissent avec cette « haute curiosité », comme l’appelait Renan ; mais ce sont gens qui naissent vieux. […] Ce qui est neuf, cependant, est de toute façon le mal, étant ce qui conquiert et veut renverser les vieilles bornes et les pitiés anciennes. […] Les hommes de bien de toutes les époques ont été ceux qui ont approfondi les vieilles idées pour leur faire porter des fruits, les cultivateurs de l’esprit. […] Précisément, répond Nietzsche, l’erreur c’est de vouloir que la morale soit « la morale universelle », comme disent les vieux cahiers de philosophie. […] Je ne connais rien sur la terre qui soit plus joyeux que le spéciale de vieux ânes et de vieilles filles qu’agite le doux sentiment de la vertu, et « j’ai vu cela », comme parlait Zarathoustra.
Il se forme ainsi chez lui, si l’expérience réussit, un système coordonné qui n’est que l’incarnation nouvelle, pour ainsi dire, d’une vieille tendance générale. […] En voici le sujet : Le vieux roi, inquiet du sang versé et soucieux de l’œuvre à laquelle il a collaboré, s’adresse à Dieu pour être rassuré et demande sinon une prolongation de sa vie, au moins une association moins imparfaite aux desseins du Maître. […] « David bénéficie de Comme un jeune bourgeon sous une vieille écorce34. […] Si au lieu d’une vieille esclave, c’était Médée qui aidait Créuse à se parer ! […] La vieille fille dévote est peut-être devenue le principal personnage d’Un cœur simple.
Pourquoi ne peut-on pas enter un homme sur un autre homme, comme on ente un jeune rejetton sur un arbre déjà vieux ? […] Toutes les Pièces faites depuis près de cent ans sont fondues dans le vieux moule de notre Tragédie Françoise. […] Le Théâtre de Shakespear, une fois connu, le heurtera avec sa rudesse victorieuse ; & il tombera, comme un vieux mur cimenté d’argile cède en poussière au boulet qui le frappe. […] C’est une des meilleures observations d’Helvétius, lorsqu’il dit que les nouveautés utiles & que la réformation des vieilles erreurs appartiennent de droit aux jeunes gens. […] Que l’Ecrivain adorateur de vieux simulacres, qu’il croit pleins & qui ne sont que creux, se prosterne & s’environne d’un respect superstitieux, à force d’attention, il copiera quelques beautés.
Nous attaquerons de front les larrons de renommée qui se gobergent dans l’insolence de l’impunité ; mais nous ne nous amuserons pas à exhumer de vieux bouquins pour la satisfaction de convaincre monsieur un tel d’avoir pillé une phrase ou mis à sac un chapitre nous jugerons de plus haut, laissant ces procès-verbaux puérils aux gardes-champêtres et aux gendarmes de la critique. […] — La plus farouche, la plus implacable et la plus en colère des tragédies du vieux répertoire, devenue le pendant de la Chute des feuilles ! […] Le romantisme se faisait vieux, et il avait beau se montrer d’autant plus aimable et plus empressé qu’il vieillissait davantage, les jolies femmes se retiraient de lui. […] Laurent-Pichat, l’auteur des Chroniques rimées, dépouille sans retour la muse des vieilles friperies trouées dont quelques-uns s’obstinent à enharnacher ses épaules, et fait hardiment de la poésie l’interprète et l’apologiste des idées nouvelles. […] Lisez la Chanteuse des rues, Vieille histoire, les Douleurs d’un nom, je vous défie de n’être pas de mon opinion.
Son père, capitaine de la marine marchande et occupé d’un petit commerce, était de vieille race bretonne (le nom de Renan est celui d’un des plus vieux saints d’Armorique). […] La presse religieuse, dans sa vieille haine contre M. […] La puissance de son imagination, la magie de son style donnaient à l’histoire de la vieille Rome la réalité de l’histoire contemporaine. […] On commença, au contraire, à le connaître d’une manière plus sérieuse et plus scientifique ; on publia de vieux textes, on étudia l’ancienne langue, l’ancien droit, on se mit à fouiller et à classer les archives. […] Jamais il ne souffrit que le drap qui recouvrait sa table à écrire fût changé, ni que les vieux cartons sales et déchirés où il renfermait ses papiers fussent renouvelés.
Épouse ou maîtresse, la vieille demoiselle n’imagine qu’un moyen d’assurer à la fois et de se faire pardonner sa fortune, qui est d’affecter la dévotion et la pruderie. […] Le vieux Saint-Évremond, de l’autre côté du détroit, l’encourage. […] C’est ce qu’on ne saurait dire de la tragédie du vieux Crébillon, — Atrée et Thyeste, Rhadamiste et Zénobie, ses chefs-d’œuvre ! […] Quelques vieux mots se perdent, et l’effigie s’en démonétise : ils n’ont plus cours, et on les voit d’eux-mêmes se retirer de la circulation. […] La Vieille Coquette, Le Vieux Galant, L’Allemand, — Le Français, — Le Maître d’école, etc.]. — Comme dans la comédie de Dancourt, c’est à la « peinture des conditions » que le romancier demande maintenant l’intérêt ; — et à ce titre Gil Blas lui-même n’est qu’une comédie. — Les allusions contemporaines dans le roman de Le Sage ; — et s’il est plus sincère, quand il s’en défend, que l’auteur des Caractères ?
Le nouveau panégyriste de Dumas s’est proposé de venger le vieux conteur des dédains des « humanistes ». […] D’autre part, si la psychologie collective, en tant que science, est récente, elle est, en fait et en pratique, aussi vieille que la société elle-même. […] Cette année-là, il fait paraître à un mois de distance : les Prophètes du Passé et Une vieille maîtresse. […] Le héros d’Une vieille Maîtresse, Ryno de Marigny constate avec effroi et satisfaction ce pouvoir qu’a sur lui la Vellini. […] Il a décrit non sans poésie la Normandie des plages et des landes, évoqué non sans relief les rues tortueuses et les vieilles maisons des petites villes ; Valognes a trouvé en lui son Balzac.
Pareillement le lion de La Fontaine sait les affaires ; il est prévoyant, calculateur ; il administre, enrégimente, organise, et sait même se passer d’un Louvois. « Il tient conseil de guerre, envoie ses prévôts39 », assigne à chacun son poste, « connaît les divers talents et tire usage de ses moindres sujets. » La Fontaine dresse un catalogue de l’armée, comme il y en avait au ministère ; la fable imite à l’occasion le style40 de la chancellerie et le vieux langage officiel, copie les passe-ports comme tout à l’heure les circulaires, parle de défrayer « les députés eux et leur suite. » Il est vrai que le passe-port ne les protégera guère, et que les convives au lieu de manger le souper le fourniront. […] Dans nos vieux fabliaux, il n’est que malin et méchant. […] Le seigneur du pays l’a longtemps taillée et foulée à merci. « C’est sur eux qu’il fondait sa cuisine. » « Viviers et réservoirs lui payaient pension. » Mais le voilà vieux, et la pension se fait attendre ; en conséquence, il prend tout d’un coup le ton familier, et se fait populaire. […] Il n’y a que ce vieux mot tout rustique qui puisse peindre une pareille hutte.
Je cherchai un abri contre les premières ondées de pluie sous un petit rocher qui s’avançait en demi-voûte le long du rivage ; deux petits bergers du pays, et un vieux mendiant de Genève qui regagnait la ville, sa besace pleine de châtaignes et de morceaux de pain, s’y étaient abrités avant moi. […] Elle me parla de ma mère, qu’elle avait connue à la cour dans son enfance ; de mes vers, qui révélaient, disait-elle, une fibre malade dans un cœur sain ; du danger de la solitude absolue à mon âge, qui fausse ou qui aigrit les impressions, ces sens du génie ; du bonheur qu’elle aurait à remplacer pour moi ma famille éloignée et à m’introduire dans la sienne comme un enfant de plus parmi les charmants enfants dont la Providence avait orné son foyer et consolé ses vieux jours. […] On voyait qu’en secouant le vieux tronc il tenait déjà une monarchie dynastique en réserve dans ce palais des révolutions. […] C’était une leçon de diplomatie donnée par un vieux ministre à un jeune poète.
Après le Napoléon du Consulat, le Napoléon de 1815 revenant de l’île d’Elbe avec des paroles de modération et de paix, et appelant à lui non seulement les hommes d’épée, ses vieux compagnons d’armes, non seulement les fonctionnaires de tout ordre, ses anciens serviteurs, mais les amis même de la Révolution et de la liberté, tous les hommes de la patrie, quelle que fût leur origine, ce Napoléon était le plus fait pour toucher et pour entraîner.
Mais il paraît que Prétextat, vieux prêtre blanchi dans le saint ministère, et plein d’une terrible expérience, — d’ailleurs préparé au choc par les précédents aveux de la reine, déjà si semblables à de cyniques défis, — doit être surpris par sa dernière révélation, au point d’en perdre subitement et complètement la tête.
Jules Janin La scène du IVe acte, entre Monaldeschi et Sentinelli (dans Christine), représente l’action la plus puissante du drame moderne, et les plus vieux dramaturges en seraient fiers.
Autre chose ou simplement le contraire, se décèle une mutinerie, exprès, en la vacance du vieux moule fatiguée, quand Jules Laforgue, pour le début, nous initia au charme certain du vers faux.
Les vieux types de la commedia dell’arte y furent dénigrés, proscrits, par suite de l’influence de la comédie française, avec une rigueur qui ne fut dépassée que par l’Allemagne où, dans une représentation solennelle, le pauvre Arlequin fut brûlé en effigie sur la scène de Leipsig.
Dans cette pièce, l’ancêtre, le vieux juge Petrus représente la raison d’État et le dogme de l’infaillibilité juridique.
C’est l’année où, tandis que Th. de Banville jette en suprême adieu Les Occidentales et Rimes dorées, Verlaine donne Bonheur ; Stéphane Mallarmé, Pages ; Henri de Régnier, Épisodes, Sites et Sonnets ; Jean Moréas, le Pèlerin passionné ; Maurice du Plessys ; la Dédicace à Apollodore ; Laurent Tailhade, Vitraux et le Pays du Muffle ; Rodenbach, le Règne du Silence ; Stuart Merrill, Les Fastes ; Gustave Kahn, Chansons d’amant ; Emmanuel Signoret, le Livre de l’Amitié ; René Ghil, le Vœu de Vivre ; Louis Dumur, Lassitudes ; Gabriel Vicaire, À la Bonne Franquette ; Ajalbert, Femmes et Paysages ; Ernest Raynaud, Les Cornes du Faune 3, et si je ne devais m’en tenir aux poètes, je mentionnerais que c’est l’année où Maurice Barrès donne Sous l’œil des barbares et Trois stations de psychothérapie ; Léon Bloy, la Chevalière de la mort ; Huysmans, Là-Bas ; Péladan, l’Androgyne ; Rachilde, La Sanglante ironie ; Albert Autier, Vieux… 1891 !
On conçoit, après le déchiffrement de l’inscription par Hayashi, l’intérêt que j’eus à savoir la part qu’il avait pu prendre à l’expédition contre la résidence de Kotsuké ; part dont je ne trouvais trace ni dans le roman de Tamenaga Shounsoui, ni dans les légendes du vieux Japon de M.
Ce vieux & respectable orateur pouvoit avoir raison, en préconisant ainsi la représentation de nos chefs-d’œuvre dramatiques.
La croyance à l’existence de Dieu, ou la vieille souche, restera donc toujours.
Tous ces bavardages de correspondances diplomatiques, ramassées par des admirateurs posthumes, n’auront plus à sortir de leurs vieux tiroirs.
C’est notre vieux Boileau Despréaux.
Nous sommes peu exposés, il est vrai, à gâter présentement des Corneille, et nous semblons en avoir fini avec ce vieux brimborion de la Guirlande de Julie, mais il n’en faut pas moins toujours mettre le pied sur ces affectations sociales, parce que, sous une forme ou sous une autre, elles repoussent toujours.
Excepté le vieux rabâchement de bigoterie, placé çà et là, comme la cassure dans un verre étoilé, et l’épithète de frénétique appliquée à saint Pie V, pas un mot qui, dans cette Histoire de Philippe II, sente son Américain ou son Anglais.
… Même ceux-là qui auraient trouvé leur compte à une histoire de Louis-Philippe, ont semblé s’être donné le mot pour n’en pas parler, et l’on a pu croire à cette vieille tactique qui s’appelle la conspiration du silence et qui n’est peut-être que celle de la peur.
je n’ai trouvé dans cet Essai de philosophie religieuse ni philosophie, ni religion, car le déisme n’est pas plus une religion que le spiritualisme n’est une philosophie, et le mot même d’essai n’est pas plus vrai que le reste avec sa modestie, car un essai suppose qu’on s’efforce à dire une chose neuve, et l’auteur en redit une vieille dont nous sommes blasés, tant nous la connaissons !
À dater de Heine, de cet Allemand presque Français tant il s’était naturalisé parmi nous, la France n’a vécu que sur les vieux poètes qui existaient de son temps à lui et que la personnalité de son génie, à lui, effaçait, même de Musset, qui faisait songer à lord Byron, que Henri Heine ne rappelait pas.
Leur gaieté même est âpre, quand ils plaisantent, et l’on voit, à travers la jeunesse de l’un et la maturité de l’autre, la tête de mort d’un siècle vieux… Enfin, — et c’est là le plus grand reproche qu’on puisse leur adresser, — observateurs de la vie sensible et descripteurs acharnés et presque chirurgicaux du défaut et du vice humain, pour tout ce qui tient à la vie morale, ce sont d’indifférents sourds-muets.
Ce sont, pour ainsi dire, nos premiers titres de noblesse : et on les revoit avec le même plaisir, que nous voyons dans des galeries antiques, les vieux portraits de nos ancêtres.
Des hommes perfides du haut de la nef m’avaient jeté dans les flots soulevés du courant61. » À part les désinences doriques affectées par l’original, ne sent-on pas ici, jusque dans la simplicité des tons, le calcul d’un art plus moderne, comme nous le sentons, pour le moyen âge, dans quelques ballades récentes en vieux langage de France, d’Espagne ou d’Angleterre ?
Et de plus c’est un mystère, on n’en parle qu’à demi-voix, parce que la langue toscane imitée des vieux Toscans, rude et tendue comme du vandale, et forcée comme par des tenailles, est inconnue aux Italiens eux-mêmes, en sorte que cet homme réunit en lui tous les prestiges, l’inconnu, l’antique, la vigueur masculine des écrivains du seizième siècle : un Tacite en vers du dix-huitième ! […] Enfin il y avait le toscan, la vieille langue étrusque de Machiavel, de Michel-Ange, de Dante, rugueuse, nerveuse, un peu sauvage, un peu latine, brève, forte, concentrant en peu de mots un grand sens, telle que Dante l’a chantée, telle que Machiavel l’a écrite, langue faite pour des héros, des poètes, des philosophes, et qui ne s’entend bien qu’à Florence, entre les deux rives de l’Arno et à Pistoia, langue locale s’il en fut jamais, héritière d’un peuple qui n’a point d’héritage sur la terre, langue de puritains et de pédants, qui prétendent avec raison être à eux seuls l’Italie classique… C’est celle-là qu’Alfieri choisit. […] Dans l’ardeur bouillante de cet âge, raisonner et juger n’étaient peut-être qu’une noble et généreuse manière de sentir. » XII Ici nous approchons du seul véritable intérêt de cette vie, l’amour conçu par Alfieri pour la comtesse d’Albany, reine légitime d’Angleterre, se rendant alors à Florence avec son vieux mari, le prétendant Charles-Édouard, héros de roman dans sa jeunesse, découragé et avili par l’adversité.
Mais ce peuple a-t-il consulté d’autre loi que sa colère, quand il a attaqué ce vieux donjon sans défenseurs et ce vieux cachot sans prisonniers, et massacré en allant triompher à l’Hôtel-de-Ville le gouverneur et les victimes très étrangères à ces événements ? […] en règle avec l’opinion en applaudissant lyriquement aux premiers égarements de la révolution ; En règle avec le vieux classique, en accumulant tragédies sur tragédies ; En règle avec l’avenir, comptant sur la gloire et sur l’immortalité anonyme qu’il se préparait en silence au bout de la rue ; En règle avec la fortune, puisqu’il avait encore quatre chevaux de selle, ayant vendu tous les autres à son ami pour monter sa maison à Paris ; En règle enfin avec le bonheur, puisqu’il allait à leur maison de campagne, en Alsace, passer les mois inoccupés de l’année dans l’intimité d’une union paisible.
Lethmal, vieux barde de Selma, était resté près d’elle : « Vénérable vieillard, lui dit-elle en tournant sur lui ses yeux humides de larmes, j’entends le rugissement de la mort. […] Trois vieux pins pendent de son front sourcilleux ; à son pied s’étend une vallée verdoyante. […] Le fils d’Odgal, Erath, furieux de la mort de son frère, qu’Armar avait tué, descend sur le rivage, déguisé en vieux matelot.
Dans les portraits de Montesquieu, soit individuels, comme le fermier général, le poète, le directeur, le vieux guerrier, le décisionnaire ; soit collectifs, tels que les casuistes, les femmes d’intrigue, les nouvellistes, etc., Montesquieu mêle avec grâce ce qu’il sait du cœur humain, ce qu’il a vu des mœurs parisiennes, ce que l’histoire lui a appris du caractère français jusque dans les Gaulois du temps de César. […] Là sont les chambres « bien meublées sans magnificence », où nous avons passé les heures paresseuses, feuilletant les vieux livres dans de vieux fauteuils de damas effacé, qui ajoutaient à la douceur de notre repos, en répandant autour de nous les images tranquilles et comme un air du passé.
C’est la forme de nombreux vieux poèmes allemands. […] Naturellement, il est toujours question de « sainte majesté », de « femmes divines », d’« iniques sentences », de « laver l’outrage », de la « glace des âmes », des « plaines d’azur du ciel »… Nous retrouvons aussi tout le bataillon de nos vieux amis : l’heure d’ivresse, qui rime avec tendresse, les saphirs et les zéphirs, courroux et jaloux, les flammes et les âmes, les armes et les alarmes… Quant aux changements de sens qu’a subis le texte de Wagner en passant par les mains de M. […] Ce sont de vieux mythes réchauffés, des aperçus théoriques de pure fantaisie, des analyses de drames cent fois refaites et toujours inutiles puisque la nature même du drame reste incomprise, et toujours les mêmes psychologies profondes sur la distinction entre l’homme et l’artiste, et autres inepties !
Les centaures, les Harpies, les lacs de bitume d’où s’élèvent en mugissant de douleur des bustes à demi consumés, des âmes liées à des arbres morts, des chiennes affamées poursuivant des esprits en fuite, des damnés transformés en buisson, des pluies de feu sur des déserts de sable et qui l’allument comme l’amadou le briquet, tous les héros de la Fable confondus avec ceux de l’histoire et du temps, des rencontres inattendues du poète avec les âmes de ses contemporains morts avant lui, et des signalements grotesques, tels que celui de Brunetto Latini, premier maître de Dante : « Ces âmes clignaient les yeux en nous regardant, comme le vieux tailleur regarde le trou de l’aiguille » ; Des vers sublimes, tels que celui-ci du disciple au maître en le rencontrant : « Tu m’enseignais là-haut comment l’homme s’éternise ! […] Elles regardent passer le voyageur en tournant leurs cous luisants et leurs cornes bronzées vers le vieux berger, qui les garde, comme pour l’avertir ou l’interroger du regard. […] Une vieille femme, l’aïeule sans doute, se tient à quelques pas en arrière, accroupie la tête dans son tablier ; ses cheveux blancs découverts remuent, légèrement agités par le vent de la musette, comme des duvets de chardon mort sous l’haleine du chameau qui broute à côté.
* * * La belle rime n’est pas la seule vieille chose qu’en, ses vers très modernes respecte ce très moderne poète. […] Il nous semble cependant que ce soit plutôt la veine même des vieux auteurs de farces et des conteurs de fabliaux (dont Molière était nourri) qui reparaisse en M. […] Elles sont déjà vieilles. […] Capus44 ou bien encore dans un vieux recueil d’ana45. […] Voici par exemple un vieux viveur, qui tout comme Le Marquis de Priola a eu, vingt ans auparavant, un enfant naturel à l’éducation duquel il a pourvu sans jamais cependant s’occuper de lui.
« Attaquer ses vices quand on est vieux, c’est lutter contre un ennemi victorieux, lorsqu’on n’a plus ni force ni courage. […] Mais que j’attende ou n’attende pas, le vieux centurion des dieux, le temps, est toujours en marche. […] Le rêve d’une vieille femme avait peut-être mis les armes à la main du brave Iroquois qu’on vient d’entendre parler si fièrement à ses ennemis. […] pourquoi ces meubles recherchés, ces vins, plus vieux que vous, ces projets qui se succèdent sans fin, ces arbres qui ne rendent que de l’ombre ? […] Et que lui importe, et que nous importe, à nous, un vieux stoïcien qui n’est plus385 ?
On connaît la traduction en vieux français de Daphnis et Chloé, par Paul-Louis Courrier. […] A côté de lui, un vieux en guêtres de cuir se tenait si courbé, que son front lui touchait les genoux. […] Jeune, on désire ; vieux, on regrette. […] Pourquoi nous obliger à lire les vieux auteurs ? […] Gardons-nous de nous laisser rebuter par son vieux français, sous lequel palpite un style aussi vivant que s’il datait d’hier.
Cette libre comédie, à qui nous devons la vieille et bonne pièce de l’Avocat patelin, a donc, comme les autres, son terme de perfection. […] Ni lui, ni le vieux Eschyle, ni Sophocle, ne prévalurent par la seule pitié ; mais la terreur et l’admiration furent les supports de leurs ouvrages immortels. […] « Tel bouillonnait encor son vieux sang dans ses veines. […] L’auteur français avoua lui-même, lorsqu’il eut la profonde expérience du théâtre, que les amours épisodiques de la vieille Jocaste déparaient la beauté de cette antique tragédie. […] Bientôt Tirésias, vieux, demi-nu, aveugle, pauvre, et sans pouvoir, jettera la consternation dans l’âme d’un roi si puissant, qui n’appela ce devin que pour trouver un remède aux maux de ses sujets.
Rappelez-vous ce qu’il dit de la violence des passions en Afrique, dans Candide, récit de la vieille : « C’est du feu, du vitriol, etc. » « A propos de l’aqueduc : « Ici on est dans l’invraisemblance jusqu’au cou. […] Dourdain, homme modeste, instruit, ancien barbiste, ancien secrétaire du vieux et respectable comte de Ségur, et qui, placé à la recommandation de son fils, le général Philippe de Ségur, dans les bureaux du ministère de l’intérieur, a toujours et obstinément refusé tout avancement.
En les rapprochant des événements récents (et on ne peut s’empêcher de le faire en voyant les mêmes intérêts aux mains, les mêmes guerres recrudescentes, et jusqu’aux mêmes devises sur les drapeaux), on apprend combien la vieille plaie a duré et s’est aigrie, combien, à plus de quarante ans de distance, on a peu gagné de remèdes par cette science sociale tant vantée : on rentre dans l’humilité alors, de se voir si médiocrement avancé, bien que sous l’invocation perpétuelle de ce dieu Progrès que de toutes parts on inaugure77. […] Quoi qu’il en soit, par les qualités de son cœur et son amour de vieille date pour Mme Roland, le bon Lanthenas méritait de mieux finir.
C’est le kalos endios dont nous parlent les vieux géographes du Bosphore. […] XXII J’ai écrit une Médée dans ma première jeunesse ; elle est encore enfouie dans les caisses de mon grenier, où les voyageurs de la vie enferment leurs hardes usées qui n’en sortiront jamais que pour faire du vieux papier pour des hommes nouveaux.
Madame la marquise de L… me présenta à la vieille princesse de T…, sa première belle-mère, pour laquelle elle avait conservé les sentiments d’une fille. […] J’étais touché jusqu’aux larmes de la compassion de ce vieux serviteur partageant son morceau de pain avec le fils déshérité de son maître.
Le vieux Corneille, quand il fit sa rentrée, dut se mettre, en grommelant, à l’école de son heureux successeur, et l’imita trop pour sa gloire. […] Esther est une élégie pieuse, aimable et un peu enfantine, avec son fantoche de sultan et son épouvantail de ministre : mais le vieux Juif Mardochée, la douce dévote.
Il tourne les dieux des sauvages américains en machines poétiques, et il les rend insipides comme la vieille mythologie elle-même. […] Et les Mémoires d’outre-tombe, si mêlés, à travers tant de fatras, n’ont guère pour se relever, outre l’intérêt documentaire, qu’un certain nombre de tableaux où le vieux maître s’est retrouvé tout entier : la vie de Combourg, le camp de Thionville et le marché du camp, la garde de Napoléon faisant la haie à l’impotent Louis XVIII, les impressions de Rome662, etc. ; tout ce qui est sensation pittoresque n’a pas vieilli d’un jour dans toute son œuvre.
Il se borne trop à en changer le vernis et la couleur, et se flatte trop aisément d’être arrivé à la béquille idéale, à la béquille éternelle en méprisant les béquilles à la vieille mode qui ont jadis soutenu ses ancêtres. […] Ses désirs tendraient à susciter une humanité pacifique, moins industrielle qu’artiste, où les éléments seraient un peu plus libres, seraient moins pressés les uns contre les autres, au physique et au moral, où s’ébaucheraient librement des groupes plus unis qui s’agrandiraient peut-être, en brisant les vieilles formes d’associations, et se fédéreraient à leur tour.
Œdipe appartient à Sophocle ; c’est en parlant de Œdipe à Colone que nous raconterons le bannissement du vieux roi. […] Avant cela, cette ville sera renversée de son faîte, puisque son défenseur a péri, toi qui la protégeais, et ses femmes fidèles et ses petits enfants. » Et elle termine par ce regret d’une spiritualité pénétrante. — « Hector, tu me laisses en proie à d’affreuses douleurs, car en mourant tu ne m’as point tendu les bras de ton lit, et tu ne m’auras point dit quelque sage parole dont je puisse me souvenir, les jours et les nuits, en versant des larmes. » — La vieille Hécube vient ensuite ; plus haineuse et plus sombre dans son désespoir.
Chamfort, ne sachant que faire pour subsister, se fit adresser d’abord à un vieux procureur en qualité de dernier clerc : le vieux procureur jugea qu’il était propre à mieux, et en fit le précepteur de son fils, qui avait à peine quelques années de moins.
Seigneur, je suis un peu chagrin ; excusez ma faiblesse : mon vieux cerveau est troublé… »20. […] Il est des âmes hantées, comme les vieilles maisons, par les fantômes qu’elles ont trop longtemps abrités.
Il me semble néanmoins facile de concevoir, malgré nos habitudes contraires, que ce trait, emprunté de la vie commune, est plus propre que la description la plus pathétique à faire ressortir la situation du héros de la pièce, d’un vieux guerrier couvert de gloire, fier de ses droits héréditaires et de son opulence antique, chef naguère de vassaux nombreux, maintenant renfermé dans un dernier asile, et luttant avec quelques amis intrépides et fidèles contre les horreurs de la disette et la vengeance de l’empereur. […] Il se défie de ses propres gardes, de ses créatures les plus dévouées, et force un vieux serviteur qui lui reste encore à goûter le premier les mets qu’il lui apporte.
Le gastrique qui suit une bonne hygiène peut vivre tout aussi vieux que l’homme sain. […] Mais s’il se trouve, au contraire, qu’elle est liée à cette vieille structure sociale que nous avons qualifiée ailleurs de segmentaire39 et qui, après avoir été l’ossature essentielle des sociétés, va de plus en plus en s’effaçant, on devra conclure qu’elle constitue présentement un état morbide, quelque universelle qu’elle soit.
La doctrine que vous nous apportez, nous la connaissons : elle sort de nos ateliers ; c’est nous, philosophes, qui l’avons fabriquée ; et c’est de la vieille, très vieille marchandise.
. — “Je suis une Gauloise du Nord, me disait-elle, je n’entends que le vieux français ; je n’entends pas le nouveau.
Shée, qui avait perdu son fils tué dans la guerre d’Espagne, en 1811, vieux et prêt à s’éteindre sous la Restauration, avait obtenu de substituer sa pairie à son petit-fils Edmond d’Alton-Shée, le nôtre, lequel né en 1810, se trouva pair par hérédité en 1819 à la mort de son aïeul.
La visite de Bénédict au château trois jours après, cette voix mélodieuse et virile par laquelle il s’annonce encore, son apparition brusque et légère au tournant du ravin, les scènes du piano, et de si gracieux subterfuges opposés à la hauteur sèche de la comtesse et à la familiarité cynique de la vieille marquise, composent une suite de préludes amoureux, un enchaînement romanesque, que les visites de Valentine à la ferme, durant le voyage de sa mère, achèvent de dérouler et de resserrer.
M. de Chateaubriand, plus fort, plus grand homme, et sachant mieux à quoi se prendre, frappa bien davantage ; lorsqu’il commença pourtant, il était moins que madame de Staël en harmonie avec l’esprit progressif et les destinées futures de la société, mais il s’adressait à une disposition plus actuelle et plus saisissable ; il s’était fait l’organe éclatant de tout ce parti nombreux que la réaction de 1800 ramenait vivement aux souvenirs et aux regrets du passé, aux magnificences du culte, aux prestiges de la vieille monarchie.
Je pourrais faire voir cette unité dans Othello ou dans Macbeth : j’aime mieux la rendre sensible dans une des pièces où l’on s’attendrait le moins à la trouver, dans un de ces drames que sa fantaisie découpait dans les vieilles chroniques, et où il ne semblait guère songer à mettre un autre ordre que l’ordre historique des événements : dans Richard III.
Rien de tragique au reste dans cette âme inquiète et dans cette vie orageuse : Bayle est une figure originale de savant à la vieille mode : paisible, doux, gai, sans ambition, indifférent à la gloire littéraire, il s’enferme dans son cabinet, et ne se croit jamais malheureux, dès qu’il peut lire, écrire, imprimer en liberté.
Encore moins connut-il l’idée nouvelle, créée par la science grecque, base de toute philosophie et que la science moderne a hautement confirmée, l’exclusion des dieux capricieux auxquels la naïve croyance des vieux âges attribuait le gouvernement de l’univers.
Mais prises en elles-mêmes, toutes ces vieilles précautions n’étaient que puériles.
Il fallait, dit la princesse, que madame de La Sablière fut bonne à quelque intrigue, parce qu’elle était vieille, laide, et avait eu quelque galanterie 65. » Rochefort avait sans doute ajouté ces particularités mensongères pour ne point inquiéter Mademoiselle ; car à cette époque, madame de La Sablière n’avait que 23 ans, était d’une beauté remarquable, pleine d’esprit.
La Mothe, quoique vieux athlète, ne dédaigna pas de rentrer en lice avec un ennemi de cet âge : mais il conserva ce ton d’empire, ces airs de présomption que lui passoient ses adorateurs, & qui ne lui réussirent point alors.
Villemain, ce vieux symbole poussif de l’éloquence, comme M.
II En effet, l’espèce de galerie historique élevée aujourd’hui par Blaze de Bury à la vieille famille des Kœnigsmark, si célèbre autrefois en Suède et en Allemagne, ne contient guères qu’un seul portrait qui vaille la peine qu’on s’y arrête ; mais ce portrait est tout un poème, et ses accessoires en font un tableau.
Pensez à la gloire des œuvres de Gœthe, et encore à la vieille fortune des doctrinaires, dont les livres étaient assurément moins vides que celui-ci.
IV Et il en est une parmi les autres, car César Daly a la fécondité des théories, il en est une dont je veux dire un mot, d’abord parce qu’elle prouve lumineusement ce que j’avance, mais aussi parce qu’elle refait et remet vaillamment sur pied cette vieille idée faussée de l’éclectisme, à laquelle Daly a restitué sa part de vérité exacte.
C’est ainsi qu’il a fait sortir des analyses les plus ingénieuses et les plus subtiles un Carlyle très complet et très contrasté, lequel, malgré tout ce qui aurait dû, dans ce vieux puritain halluciné, répugner à la raison philosophique de M.
. — Vieux, fripé, le tabard en loques, le nez tuberculeux, c’est un de ces Pauvres sublimes, types immortels des misères méritées, que Callot campe sur des béquilles avec des tournures qu’il est impossible d’oublier !
La renommée qu’il doit à Voltaire tombera en miettes devant la Critique qui le touchera d’un doigt ferme, comme un vieux tableau pulvérisé.
Si on lit son livre d’aujourd’hui comme nous venons de le lire, après celui d’un autre que nous allons nommer, on reconnaît en son ouvrage bien moins présente la Correspondance qu’il affirme que la vieille biographie de Southey dont il ne parle pas.
Si on lit son livre après celui d’un autre que nous allons nommer, on reconnaît, en son ouvrage, bien moins présente la Correspondance qu’il affirme que la vieille biographie de Southey dont il ne parle pas.
Donnez une chiquenaude à cette vieille couronne de roses et de lierre qui a tant usé de chapeaux de Roger-Bontemps, et vous verrez apparaître de là-dessous un front ferme et froid, une tête solide qui n’a pas une illusion, pas une griserie sur les choses qui grisaient le plus les gens de son temps et même encore beaucoup de ceux du nôtre, sans qu’il soit besoin de boire pour cela au cabaret.
Doudan, qui pouvait rester X, et qui a été X toute sa vie, car il avait le goût exquis de l’obscurité, est un esprit de la race de Joubert, de ce délicieux Joubert découvert après sa mort comme un diamant au fond d’un vieux bonheur du jour (c’en était un ce jour-là !)
Je n’y trouve plus qu’une vieille mendiante, sans poésie et sans pittoresque, tendant la main à tout le monde ; affligée d’un squirre qui la punit par où elle a péché ; cynique quand elle parle de ses infirmités physiques, — de l’ébrèchement de son Cuvier ; concubine sentimentale après avoir été une concubine débauchée ; mettant le sentiment qu’affectait aussi son corrompu de siècle par-dessus sa corruption.
La renommée qu’il doit à Voltaire tombera en miettes devant la Critique qui le touchera d’un doigt ferme, comme un vieux tableau pulvérisé.
Celui qui porte ce nom encore ignoré de Georges Caumont, le malheureux qui mourut à vingt-cinq ans, noirement jaloux des quatre-vingts ans de bonheur insolent du vieux Voltaire, et qui semble dire à Dieu : Est-ce donc sa vertu que vous récompensiez ?
Évidemment, si nous en croyons son histoire : L’Empereur Soulouque et son Empire 21, il y a, dans l’extravagance cruelle de cette caricature d’empereur et la faculté de tout souffrir de cette caricature de peuple, des choses qui rappellent à leur façon les folies et les furies des vieux monstres connus, solennels et sérieux, et la patience ou l’enthousiasme plus incompréhensible encore, du monde qui les acclama.
Je connais, de vieux temps, le docteur Favrot.
Seulement, s’il l’était vis-à-vis des autres, ce qui est toujours une question quand il s’agit de paganisme, l’auteur d’Impressions et Visions 27, nous n’hésitons pas à le dire, reste très coupable vis-à-vis de lui-même, parce qu’il a diminué un talent qu’on n’a point reçu pour qu’on le diminue en lui imposant des formes vieilles qu’il faut laisser là à tout jamais ; car le génie serait impuissant à les raviver, s’il pouvait en avoir l’idée.
sur celui de Molière qu’il énerve, affadit et disloque, tombe de dix degrés dans cette trivialité supportable et de ressemblance, à la scène, dans la bouche d’une servante comme Dorine ou d’un vieux bourgeois comme Gorgibus, mais devient dans un poème où le poète parle toujours, d’une incomparable platitude.
Donc, comme le vieux Gœthe, qui se transforma en marchand de pastilles turc dans son Divan, et nous donna aussi un livre de poésie, — plus dramatique que lyrique aussi, et qui est, peut-être, son chef-d’œuvre, — l’auteur des Fleurs du mal s’est fait scélérat, blasphémateur, impie par la pensée, absolument comme Gœthe s’est fait Turc.
Il tirait des perles du vieux fumier d’Ennius.
D’artiste devenu homme de parti, il attaqua l’Église, les gouvernements, les législations, toute la vieille société dont il ne gardait que les vices, et il publia successivement tous ces livres qui ont le plus mordu, vitriol terrible, sur les imaginations de ce temps.
Le vieux Diderot du xviiie siècle est vivant et plus vivant dans cette œuvre d’un homme du xixe siècle que dans la sienne, et la différence qu’il y a entre les deux œuvres de ces Ménechmes, à distance, n’est pas seulement une différence de cent ans !
C’est la vieille thèse, la thèse individuelle, et il faut bien le dire, puisque c’est la même chose, la thèse bohême contre les sociétés.
Il n’y a point de loi ; on déterre une vieille loi dans le code romain, rendue par des ministres despotes, sous deux princes imbéciles, employée une seule fois en France, sons un tyran.
Lorsqu’on découvrit, en 1840, le portrait de Dante par Giotto, sur la muraille d’un vieux palais qui sert aujourd’hui de prison, Giusti adressa des vers à l’ombre du grand Florentin. […] La vieille gloire est éteinte, et toutes les terres d’Italie sont pleines de tyrans, et tout paysan qui prend les armes devient un martyr ; la fosse de Caïn attend, pour ses vieilles et pour ses nouvelles offenses, celui qui, nourri de remords et de honte, du haut des montagnes du Piémont, nous a meurtris et torturés. […] C’est une vieille connaissance que nous n’avons pas le courage de critiquer. […] à quoi bon dédoubler les personnages comme les feuillets d’un vieux livre superposés, scellés ensemble, si les feuillets dédoublés demeurent, pour nous, aussi obscurs, aussi indéchiffrables que les feuillets réunis ? […] Le temps des bergeries est passé ; les paysans de Florian ne sont plus maintenant qu’une vieille guenille, bonne tout au plus à distraire les enfants et les nourrices ; ils sont enveloppés, avec les paysans de Berquin, dans un légitime oubli.
De même que les enfants, auxquels on les compare, s’il leur vient à l’esprit une sottise ou une énormité, nos vieux conteurs n’hésitent pas à la dire ou plutôt à la lâcher telle quelle : n’est-ce pas admirable ? […] Ce que je sais bien, pour ma part, c’est que je ne retourne presque pas une fois aux imprimés du vieux temps sans y retrouver, — par hasard, tout à fait par hasard, — quelques-uns de ces inédits autour desquels nous voyons mener si grand fracas. […] Je crois entendre ici le vieux Corneille proclamant son fameux principe, que « le sujet d’une belle tragédie doit n’être pas vraisemblable ». […] On dirait un bouquet de fleurs de rhétorique, et encore parmi lesquelles un véritable Hugolâtre, qui serait un peu le juge en même temps que le dévot de son Dieu, lui reprocherait d’en avoir mis de trop insignifiantes, mais surtout de trop vieilles et de trop fanées. […] Pourras-tu revenir dans les soirs, ô vieux Rêve !
Il aime surtout une vaste salle de verdure, formée par de vieux frênes, aux environs de Francfort. « Oh ! […] Parlant d’une visite au château de Fontainebleau, il ajoute : « J’étais si en train et si triste que j’aurais pu faire une seconde partie à René, au vieux René. […] Dans les montagnes où il cherche un asile, il rencontre une jeune personne, victime comme lui, des fureurs révolutionnaires, et qui se cache dans une chaumière, sous la garde d’une vieille servante. […] Nous vous donnerons, disait-il, de l’incroyable, de l’affreux, du terrible, de l’extravagant, et s’il le faut, le diable lui-même remplacera votre vieux Apollon. […] Un premier amour trompé lui suggère la pensée du suicide, mais un vieux pistolet emprunté pour ce funeste usage trahit son dessein ; Élie rentre donc dans le monde ; mais il y rentre découragé.
La vieille Hellas n’est pas morte ; Hélène surgit en toute femme qu’on aime ; nos lavandières entre les peupliers du bord de la Loire accomplissent le geste séculaire de Nausicaa et sourient du même sourire sans peur à Ulysse nu. […] Levant les yeux, nous nous voyons Debout, rêveur et calme Contre le vieux décor… — Maître, qui disait que vous étiez mort ? […] Un menuisier cloue du bois, un paysan fauche de l’herbe et c’est l’annonce de la Mort, l’implacable intruse, Hjalmar, le vieux roi sensuel poussé par sa femme, s’introduit chez la princesse Maleine. […] Bigalume est une scénette dont les personnages se composent d’un vieux pédagogue radoteur, d’une gentille jeune fille romanesque et d’un petit lutin futé. […] Nulle part le vieux précepte oriental « puissiez-vous jouir de vos yeux » ne fut mieux accueilli.
Examinons Hector, Tibère, Clytemnestre, Sylla, l’École des Vieillards, les Deux Gendres, et quelques pièces de Picard et de Duval ; examinons les divers autres genres, depuis les romans de madame Cottin jusqu’aux chansons de Béranger ; et nous reconnaîtrons que tout ce qu’il y a de bon, de beau et d’applaudi dans tous ces ouvrages, tant pour le style que pour l’ordonnance, est conforme aux préceptes et aux exemples des bons écrivains du vieux temps, lesquels n’ont vécu, lesquels ne sont devenus classiques que parce que, tout en cherchant des sujets nouveaux, ils n’ont jamais cessé de reconnaître l’autorité de l’École. […] Auger, je n’ai parlé que du théâtre 28) sont de quatre espèces : 1º Les vieux rhéteurs classiques, autrefois collègues et rivaux des La Harpe, des Geoffroy, des Aubert ; 2º Les membres de l’Académie Française, qui, par la splendeur de leur titre, se croient obligés à se montrer les dignes successeurs des impuissants en colère qui jadis critiquèrent le Cid ; 3º Les auteurs qui au moyen de tragédies en vers font de l’argent, et ceux qui par leurs tragédies, et malgré les sifflets, obtiennent des pensions. […] Cette tragédie qui, par l’absence du vers alexandrin, héritera de tous les mots naïfs et sublimes de nos vieilles chroniques30, est donc tout à fait dans l’intérêt de la Chambre des Pairs. […] Faut-il donc troubler le repos de ces vieux rhéteurs qui vivent encore sur l’esprit de Geoffroy ?
Le fleuve cherche son niveau, l’oiseau cherche sa région. » « — Quelle carrière pour Lamartine depuis le jour où il chantait dans l’Isolement : Souvent sur la montagne, à l’ombre du vieux chêne, Au coucher du soleil tristement je m’assieds !
« Vous vous souvenez, dit Balzac, du vieux pédagogue de la cour et qu’on appelait autrefois le tyran des mots et des syllabes, et qui s’appelait lui-même, lorsqu’il était en belle humeur, le grammairien à lunettes et en cheveux gris… J’ai pitié d’un homme qui tait de si grandes différences entre pas et point, qui traite l’affaire des gérondifs et des participes comme si c’était celle de deux peuples voisins l’un de l’autre, et jaloux de leurs frontières.
Richepin a dû, ce jour-là, prendre le mot théâtre dans une de ses vieilles acceptions, — théâtre de l’Europe…, théâtre des curiosités de… Cette réserve faite (elle est sans importance), toutes ces saynètes, qui se jouent elles-mêmes dans un cerveau de littérateur, cette indignation contre le bourgeois non artiste qui soulevait déjà le poète de la Chanson des gueux … C’est cette haine qui inspire les saynètes où Polichinelle triomphe de Pierrot, dans cette gamme de la concurrence vitale qui s’appelle la peinture des portraits, en démontrant la supériorité du miroir où l’on se voit, de ses yeux prévenus, sur la tenace recherche technique et le souci de pittoresque et de caractère qu’un peintre peut posséder.
Les coins des Sourires pincés, les papillotes de ses Coquecigrues, les éclairs de sa Lanterne sourde, autant de petites pages à relire jusqu’à la mémoire par cœur sans altération du plaisir, puisqu’il n’y a pas là rire émoussable ou surprise de suite éventée, puis aussi qu’il ne fatigue point par les bavardages et les délayages où s’embourbent les vieux comiques, sous prétexte de récit « bon enfant », puis enfin qu’il surveille son style jusqu’à une maîtrise spéciale, menue et propre, excellente à dire ce qu’il veut sans plus.
Cette maison n’était plus que la réunion très bornée de la famille et ces vieux amis ; ce n’était plus le fameux hôtel de Rambouillet, c’était la demeure peu fréquentée d’une femme qui se survit à elle-même, entre la caducité et la décrépitude ; c’était le séjour de ces souffrances et de ces infirmités dont le ciel, dit La Bruyère, a pourvu la vieillesse pour la consolation de ceux qui partent et de ceux qui restent.
Les documents sont jetés au hasard — ceux qui sont intéressants et ceux qui ne le sont pas — dans le vieux moule naturaliste.
Une fois cette grande Église philosophique constituée, qui l’empêcherait de prendre pour temple la vieille Église chrétienne, rajeunie, émancipée, animée du vrai souffle des temps modernes, entraînée par l’esprit nouveau, mais le purifiant, le pacifiant par cet esprit d’amour dont l’Évangile, plus qu’aucun livre religieux, a eu le secret ?
Il a trop souvent renvoyé les images nouvelles qui venaient à lui, pour faire accueil à de vieilles connaissances ».
La vieille critique devient donc, avec M.
Il eut le sentiment de l’unité, d’accord en cela avec le vieux génie de Rome et avec le génie humain.
Ce n’est pas tout que de vouloir être le fils de quelqu’un, il faut l’être, ou du moins tellement ressembler à ce quelqu’un-là qu’on puisse le faire croire, et ce n’est pas là le cas Fournier a beau grimer son sourire, il a beau se barder de bouquins, comme disait Nodier, qui se moquait bien de cette bouquinerie et qui ne l’aimait peut-être que pour s’en moquer, — car c’est encore une des manières d’aimer de cette aimable créature qui s’appelle l’homme, — il n’a point, lui, Édouard Fournier, cette fleur de raillerie charmante, qui fait tout pardonner, que Nodier fourrait entre les feuillets de ses vieux livres et qui ne s’y dessécha jamais.
Le xviie siècle venait d’expirer, et celui-là qui lui succédait allait bientôt justifier le mot contemplatif du vieux Mathieu dans son Louis XI : « Les grandes montées font les grandes descentes. » Le scandale du testament de Charles II éclatait, comme une trahison de Louis XIV, quoique Louis XIV — et Moret le rappelle avec raison dans son histoire — ne fût pour rien dans la dictée de ce testament, inspiré (ou imposé peut-être) par le génie du patriotisme espagnol à la tête imbécile de Charles II.
Il s’est cru brouillé avec la fantaisie, parce qu’il épousait un vieux système.
Marier sa fille et la marier bien, l’élever, de longue main, en vue de ce grand fait du mariage qu’il croit la destinée la plus sublime de la femme, ce notable embarras qui a tant fait gauloiser l’esprit français, cette vieille difficulté que les moralistes de l’ancien temps, les moralistes anti-rêveurs, croyaient éternelle, — comme, du reste, ici-bas, toutes les manières d’être heureux, — Alexandre Weill a cru qu’il pourrait, en s’y prenant bien, la diminuer, ou complètement s’en rendre maître.
J’attendais du neuf, et déjà on me donnait du vieux.
Il faut être Camille Desmoulins, l’André Chénier du journalisme révolutionnaire, qui en a l’iambe en prose et la langue souple, pure comme un camée, parfumée d’antiquité et quelquefois de mélancolie, pour qu’on puisse toucher sans dégoût ou sans indifférence aux haillons du Vieux Cordelier.
Je ne sache que Lope de Vega, qui, avec ses dix-huit cents pièces de théâtre, ait plus écrit que Balzac, mais Lope de Vega est plus un nom qu’on prononce qu’une chose intégrale qui se lit, et il n’a pas fait, dans ses œuvres, vingt volumes qui puissent égaler les vingt volumes de la Comédie humaine, qui sont immortels, et qui, si le vieux monde ne tombe pas en enfance, resteront, comme l’Iliade, sous les yeux et dans les préoccupations de l’humanité.
Lawrence32 I Pendant que Dickens, le populaire et vulgaire Dickens, semble avoir, comme la société elle-même, transformé les anciennes conditions du Roman dans ce glorieux pays du Roman, l’Angleterre, voici tout à coup un nouveau romancier qui s’élève et qui, méprisant ce qu’on dit des genres épuisés, ne craint pas de revenir à ce vieux roman de high life que ceux qui l’ont écrit le mieux, comme Bulwer, par exemple, ont depuis longtemps abandonné.
, laquelle a trouvé que lui, Byron, l’auteur du Corsaire, de Lara, du Giaour, de Don Juan, et de tant d’autres chefs-d’œuvre, était, en termes de cette École : horriblement poncif ; que ses Turcs et ses Grecs ressemblaient à des sujets de pendule ; que tout cela était vieux et passé comme le turban de madame de Staël, comme le Malek-Adel de madame Cottin… Ah !
ayant été, ce vieux Tithon, aimé jusque-là de l’Aurore, alors tout est dit !
Les vieilles défroques poétiques que je retrouve dans les anges et le ciel de Swedenborg, et qui me les gâtent, lui paraissent, à lui, de la vraie poésie, et je lui en fais mon compliment.
Mais comme il n’a pas une idée à lui, dans tout le courant de son ouvrage, il se bute, pour en avoir une, dans la vieille opinion philosophique et gallicane, et de là, de cette moelleuse main qu’on lui connaît, si habile aux nuances et aux délicieux coloris, il nous protestantise légèrement la catholique figure de saint Louis, pour arriver par une pente douce à la figure, tout à fait protestante, celle-là, de Calvin !
Mais ce n’est pas le fond de cette profonde coupe de rêveries, dans laquelle, si on la vidait, on regarderait peut-être encore, comme ce vieux enivré de roi de Thulé regardait au fond de la sienne, en l’emplissant de ses longues larmes avant de la jeter dans la mer !
C’est dans cette vieille loque philosophique que Laurent Pichat a enveloppé sa poésie.
C’était là une donnée virile digne de l’esprit viril de Walter Scott, le vieux féodal écossais.
Lawrence36 I Pendant que Dickens, le populaire et vulgaire Dickens, semble avoir, comme la société elle-même, transformé les anciennes conditions du roman dans ce glorieux pays du Roman, l’Angleterre, voici tout à coup un nouveau romancier qui s’élève et qui, méprisant ce qu’on dit des genres épuisés, ne craint pas de revenir à ce vieux roman de high life que ceux qui l’ont écrit le mieux, comme M.
Pour nous, le Tchitchikoff des Ames mortes n’est qu’un prétexte, un vieux moyen pour faire tourner sous notre regard le panorama social, religieux, politique, administratif, de la Russie tout entière.
Le pasteur Camille Rabaud, vieillard plus qu’octogénaire, de vieille souche cévenole, avait deux petits-fils.
Nous sommes aux antipodes de cette vieille morale conventionnelle qui charpentait ses mélodrames et ses romans sur cet insoutenable lieu commun, que le vice est toujours puni et la vertu récompensée… N’est-ce pas ?… Il est bien entendu que ces vieux mots de bien et de mal, de vice et de vertu, qu’on est forcé d’employer pour éviter d’interminables périphrases, n’ont qu’un sens tout à fait relatif. […] Selon la vieille formule des alchimistes, nous sommes des microcosmes : des mondes en diminutif, mais des mondes. […] Les hommes nouveaux, au contraire, croiraient volontiers à la banqueroute définitive de la science, qui, selon eux, a troublé les âmes par de vaines promesses, et sur les ruines de laquelle ils voient déjà se relever la vieille religion. […] Le cas du dernier héros de Tolstoï, Posdnicheff, est de même ordre : et c’est avec une puissance égale à celle qu’il a déployée dans ses grands romans que le vieux maître suit pas à pas, dans un cœur violent, la marche ascendante de la haine.
Ne retrouve-t-on pas, exprimés dans les légendes des vieux peuples, tout leur caractère personnel, toutes leurs aspirations confuses, en même temps que celles de l’humanité entière ? […] Quant à ses rimes, elles sont d’une sonorité inaccoutumée qui compense la liberté du rythme : le vieux Pinde frémit en les entendant « rugir » comme des « bêtes fauves ». […] La rime batelée, par exemple (du vieux verbe bateler, faire des tours), qui ramenait la même consonance non seulement à la fin des vers correspondants, mais à l’hémistiche de tout autre vers placé entre eux, produisait de jolis effets d’harmonie, et en même temps elle compliquait le rythme même, ce que ne fait pas la rime riche. […] Avec cette forme trop pauvre, il devient tellement difficile d’être original en vers, qu’on comprend ceux qui cherchent l’originalité dans la fausseté des idées et des images, comme l’ont fait souvent Baudelaire et ses successeurs ; il y a un moyen suprême de tirer quelque chose de nouveau des vieux mots et des vieilles rimes : c’est de chercher entre eux des alliances impossibles et des rapprochements absurdes. […] Les mots simples, primitifs, concrets, qui seuls conviennent à ce langage, sont le plus souvent vieux comme le monde ; le poète les force à recevoir et à rendre nos idées modernes, et malgré nous ils résonnent à nos oreilles d’un accent profond comme le passé, doux comme ces vieux refrains auxquels sont associés des souvenirs de jeunesse : nous sentons en les entendant se réveiller en nous l’antique nature humaine, tout instinctive et passionnée.
Pour la vérité, m’affirment le Job de Bonnat, le Saint Sébastien de Ribot et la vieille femme de Rodin. […] Dans le tronc noueux des vieux arbres on se plaira à voir des ébauches de forme humaine. […] Ce sera, par exemple, une vieille paysanne vue de profil, dont il s’agit de prendre rapidement un croquis. […] On se rappelle ces vieux tableaux où un bouquet bien clair se détachait sur un fond bien sombre. […] Il posera sur une table un objet quelconque, un vieux bouquin, une bourriche d’huîtres, ou le classique hareng-saur, et le reproduira avec soin.
On se moque aussi de ceux qui « comparent » Corneille et Racine, Lamartine et Hugo, Balzac et George Sand ; et, quoiqu’un peu vieille, il semble bien que la plaisanterie réussisse toujours. […] N’ayons point dessein d’imiter ce que l’on conte de ridicule de ce vieux docteur ; notre ambition se doit proposer de meilleurs exemples. […] Aussi est-ce à peine, si sous le règne de Henri IV, et plus tard, sous la Régence — puisque « le vieux pédagogue » ne mourut qu’en 1628, — quelques irréguliers se cabrèrent, dont Mathurin Regnier, par exemple, ou encore Théophile de Viau. […] La meilleure page du Vieux Cordelier de Camille Desmoulins, ou, pour mieux dire, la seule qui survive, la seule que l’on lise, n’est qu’un commentaire ou une paraphrase des Annales de Tacite. […] La sécheresse du premier, sa continence et sa frugalité ne se retrouvent-elles pas dans ses vers, dans le caractère de son style, dans cette absence de grâces, dans cette sévérité d’ajustements qui sentent le vieux célibataire ?
Elle avait dix-sept ans, et il en avait cinquante-cinq ; on était en pleine Terreur ; mais il n’en poursuivait pas moins son amoureuse idylle ; et c’était Virginie qui craignait de ne pas assez plaire à ce vieux Domingo. […] On dira que le poète était bien vieux alors ? […] Je n’en veux pour garant que le discours de madame de Vergnes, l’une des grand-mères de Sibylle, à son vieux beau de mari, qui lui a durement reproché de n’avoir pas « deux idées dans le cerveau ». […] Le long des vieux troncs morts à l’écorce moussue, Sinistre et fatigué revient à pas égaux. […] revendiquer sur lui les droits d’une vieille maîtresse ?
C’est ce qui explique qu’ils ne sont compris que de leur génération, parce que le cerveau des vieilles gens, cloisonné, se refuse à toute nouveauté. […] Cette simplicité est savante ; dans cette poésie, il y a un rythme doux et tendre, dont le flux laisse en nous une émotion très subtile : Aux eaux douces du songe où longuement s’attarde Notre langueur, Fantômes incertains, lorsque je vous regarde Avec douleur, Écartez les linceuls qui me cachent votre âme Sous tant de plis ; Car le temps, vieux tisseur, a mêlé dans leur trame Beaucoup d’oublis. […] Voici deux strophes qui nous évoquent le soir, entrant en nous, se faisant nous : Le jour tombe, le jour trébuche, Comme un vieux mendiant à besace, Par les sentiers noirs pleins d’embûches. […] ……… Mon cœur est las enfin des mauvaises amours Des songes de mes nuits et des maux de mes jours ; Mon cœur est vieux autant qu’un très ancien grimoire, Et, désespérément, j’appelle l’Heure Noire. […] Il ne faut pas avoir de pitié pour ce qui meurt : Le vieux jour se cramponne aux ramures du soir ; Le corbeau sépulcral fait claquer son vol noir ; ……………………………………………………………………………………… L’ombre qui tombe étend ses lugubres lambeaux Sur le sol souffreteux où se fane la vie… Le monde poitrinaire au bois toussaille encor Ses arbres consumés crachent des feuilles d’or… Devant la joie neuve du printemps, Cécile Sauvage aura le même sourire, sans gravité inutile : elle nous dira le vol des hannetons « qui titube et qui grince », « la chouette miauleuse et qui n’a pas sommeil ».
Cela est si bien imité, des trous, des fentes, la couleur, les pierres détachées, du vrai lierre qui couvre la moitié du vieux bâtiment ; c’est à s’y tromper, mais on ne s’y trompe point. […] Malgré son bon cheval, son chien fidèle, son excellent et vieux Antoine, il s’aperçoit qu’il est bien seul, les soirées d’hiver commencent à lui paraître longues. […] Un vieux tilleul ôte à mes fenêtres une assez belle vue : j’ai souhaité qu’on le coupât ; mais quand je l’ai vu de près, j’ai trouvé moi-même que ce serait grand dommage.
Sa femme et ses enfants étaient morts ; il vivait seul, délaissé, servi par une vieille femme. […] En vain, dans ses tragédies latines, Séjan, Catilina, il s’enchaîne dans le culte des vieux modèles usés de la décadence romaine ; il a beau faire l’écolier, fabriquer des harangues de Cicéron, insérer des chœurs imités de Sénèque, déclamer à la façon de Lucain et des rhéteurs de l’empire, il atteint plus d’une fois l’accent vrai ; à travers la pédanterie, la lourdeur, l’adoration littéraire des anciens, la nature a fait éruption ; il retrouve du premier coup les crudités, les horreurs, la lubricité grandiose, la dépravation effrontée de la Rome impériale ; il manie et met en action les concupiscences et les férocités, les passions de courtisanes et de princesses, les audaces d’assassins et de grands hommes qui ont fait les Messaline, les Agrippine, les Catilina et les Tibère124. […] Là vivait Éarine que le fleuve vient d’engloutir, et que son amant en délire ne veut pas cesser de pleurer, « Éarine, qui reçut son être et son nom avec les premières pousses et les boutons du printemps, Éarine, née avec la primevère, avec la violette, avec les premières roses fleuries ; quand Cupidon souriait, quand Vénus amenait les Grâces à leurs danses, et que toutes les fleurs et toutes les herbes parfumées s’élançaient du giron de la nature, promettant de ne durer que tant qu’Éarine vivrait… À présent, aussi chaste que son nom, Éarine est morte vierge, et sa chère âme voltige dans l’air au-dessus de nous171. » Au-dessus du pauvre vieux paralytique, la poésie flotte encore comme un nuage de lumière.
Le vieux duc de Mantoue, père du libérateur du Tasse, charmé de voir son fils lié d’affection avec le premier des poètes d’Italie, lui fit préparer des appartements somptueux dans son propre palais, le vêtit du costume et des armes d’un chevalier, et ordonna qu’il fût traité par ses serviteurs comme le plus illustre des hôtes. […] « Je ne jouis, écrit-il au cardinal Albano, que d’une ombre de liberté ; je n’aurai de repos qu’à Rome. » La mort du vieux duc de Mantoue et l’élévation au trône du jeune prince de Mantoue, son ami, le rappelèrent encore dans cette ville. […] « Ensuite il la console et l’accueille avec la tendresse d’un père ; il la conduit sous sa chaumière auprès d’une vieille épouse à qui le ciel fit un cœur comme le sien ; la fille des rois revêt de rustiques habits ; un voile grossier couvre ses cheveux ; mais son regard, son maintien, tout dit qu’elle n’est point une habitante des bois.
Elle a foi dans son vœu ; Elle ose la première à l’avenir en feu, Quand chassant le vieux Siècle un nouveau s’initie, Lire ce que l’éclair lance de prophétie. […] n’avais-je pas ouï dire (c’est l’un des bergers qui parle) que depuis l’endroit où les collines commencent à s’incliner en douce pente, jusqu’au bord de la rivière et jusqu’à ces vieux hêtres dont le faîte est rompu, votre Ménalque, grâce à la beauté de ses chansons, avait su conserver tout ce domaine ? […] En partant de ce lieu pour aller à Mantoue, lorsqu’on arrivait à l’endroit où le Mincio s’étend en un lac uni, on était à mi-chemin ; c’est ce que nous apprend le Lycidas de la neuvième églogue, en s’adressant au vieux Mœris, qu’il invite à chanter : “Vois, le lac est là immobile, qui te fait silence ; tous les murmures des vents sont tombés ; d’ici, nous sommes déjà à moitié du chemin, car on commence à apercevoir le tombeau de Bianor.”
Je ne saurais voir aucune différence entre ces divers actes et ceux qu’accomplit le pur instinct à l’état sauvage : chacun d’eux est accompli sans le secours de l’expérience, par les jeunes individus comme par les vieux, à peu près par tous de la même manière, et par tous avec passion. […] Si nous cherchons à établir une série, peu étendue, il est vrai, de degrés transitoires, nous trouvons l’un des termes extrêmes représenté par les Bourdons, qui déposent leur miel dans leurs vieux cocons, en y ajoutant quelquefois de courts tubes de cire. […] Car c’est ainsi que le grossier Bourdon ajoute des cylindres de cire à l’ouverture circulaire de ses vieux cocons.
Les barrières du champ clos n’existant plus, ces talents ont pu, sans infidélité, aller à leur tour dans tous les champs de l’avenir, qui déjà, de bien des côtés, s’ensemençaient sans eux ; ils ont pu arriver à temps, et là, en perspectives sociales, en espérances, en images sublimes, prélever, par droit de génie, toutes les dîmes glorieuses, qu’ils ajoutent chaque jour à leurs vieilles moissons. […] Ce qu’il nous raconte, ou plutôt ce qu’il raconte à sa sœur et ce qu’il se rappelle à lui-même, ce n’est pas vieux et apaisé qu’il y revient ; depuis cette dernière maladie à laquelle il manque de succomber, peu après la mort de Laurence, le manuscrit cesse.
À Paris670, « le cendrier, le marchand de bouteilles cassées, le gratte-ruisseau, le crieur de vieilles ferrailles et de vieux chapeaux », dès qu’ils ont un gîte, payent la capitation, trois livres dix sous par tête.
On ne s’apercevait pas que le protestantisme, en s’étendant en Allemagne, y formait une ligue religieuse, la plus envenimée des ligues, contre l’Autriche, vieille catholique d’habitudes espagnoles sous Philippe II et le duc d’Albe ; on ne s’apercevait pas, enfin, qu’un empire mystérieux et immense était né en Moscovie, grandissait en Orient et au Nord, et allait bientôt demander un espace proportionné à sa croissance en Pologne, dans la Turquie d’Europe et dans la haute Allemagne. […] L’Espagne, autrefois si militaire, si navale, si terrible par son infanterie et par ses flottes, n’existait plus, comme Espagne, qu’en Amérique ; en Europe, elle était notre alliée à tout prix contre la maison d’Autriche dépossédée du midi ; les Pays-Bas autrichiens n’étaient pour ainsi dire qu’une colonie continentale, trop séparée de l’Autriche pour tenir longtemps à l’Empire ; les Italiens des papes étaient les ennemis naturels et invétérés de l’Autriche, vieux Italiens de souche, détestant le joug des Germains, toujours pour eux des barbares ; le beau royaume de Naples et de la Sicile était devenu espagnol bourbonien, et par conséquent français ; la Toscane appartenait encore à un dernier des Médicis, Parme à l’Espagne, Venise et Gênes s’appartenaient à elles-mêmes ; le Piémont, puissance alors insignifiante, oscillait entre l’Autriche et nous, toujours plus entraîné vers le plus fort.
J’en découvris une autre bien plus sûre, bien plus précise et bien plus originale dans Souberbielle, vieux et fidèle terroriste, resté jusqu’à quatre-vingts ans fanatique de Robespierre comme au jour de la proclamation de l’Être suprême, et ne cessant pas de déplorer le 9 thermidor et le supplice du tribun-pontife, comme l’holocauste de la vertu. Souberbielle, qui demeurait presque invisible dans le quartier de la place Royale, avec une vieille servante, me recevait au chevet de son lit avec une joie mal déguisée, comme un mourant reçoit un légataire pour lui confier avant la mort ses chers souvenirs.
XV Pendant qu’il accomplissait ma commission, j’entrai dans une boutique de fruitier obscure et presque souterraine ; il n’y avait là que deux vieilles femmes parfaitement tranquilles, accoudées sur leur escabeau, autour d’une petite table, et qui mangeaient leur morceau de pain et de fromage, en s’entretenant de la révolution que tout le quartier était allé acclamer sur la place de la Bastille. […] « S’ils veulent emboucher le clairon de Pindare, « N’ont-ils pas Hiéron, la fille de Tyndare, « Castor, Pollux, l’Élide et les jeux des vieux temps, « L’arène où l’encens roule en longs flots de fumée, « La roue aux rayons d’or de clous d’airain semée, « Et les quadriges éclatants ?
Taine nous dit qu’en certaines circonstances, par exemple à la mort de quelque vieux compagnon d’armes, il avait des accès de sensibilité et de douleur suivis de rapides oublis. […] Il y a même celle du vieux Dupin, ce Chevreul des vaudevillistes, à qui l’on demandait s’il avait vu l’empereur : « Oui, répondit-il, je l’ai vu.
Sully Prudhomme, dans son noble poème de la Justice, a condensé en un dialogue tragique l’antagonisme de ces deux voix que l’homme moderne entend retentir au fond de sa conscience ; l’une est celle de la science, implacable et sereine, qui renverse sans pitié les vieilles idoles, les croyances chères à l’enfance des peuples, les préjugés enracinés par une longue accoutumance ; l’autre est celle du cœur qui proteste, qui tantôt a peur de ce bouleversement, s’attendrit sur les choses détruites, proclame l’inutilité du savoir humain et conseille au chercheur de s’endormir dans le plaisir et l’insouciance, tantôt se révolte, taxe la science d’impie, l’accable d’invectives passionnées, l’accuse de désenchanter la vie, d’anéantir le bonheur et la vertu. […] La science devient encore et surtout poétique, parce qu’elle transforme et renouvelle en nous la conception du monde, parce qu’elle fait naître une philosophie plus complexe et plus large que les vieux systèmes désormais dépassés. « La poésie, écrivait Lamartine123, sera de la raison chantée.
« Le genêt rajeuni balançait ses branches fleuries semblables à des rayons qui lanceraient des parfums ; et le soleil avait tant de force qu’on entendait déjà au midi, dans le pré, chanter le grillon noir dont la carapace est sculptée de signes étranges… » Mais ils se sont égarés en quelque ancien chemin abandonné, creux comme un lit de torrent, et « où les racines des vieux chênes mettaient à la hauteur du front des passants le geste menaçant de leurs griffes tortueuses, de leurs serres noires ouvertes… » Arrivés, un peu effrayés, à la forêt, ils se sont enfoncés en quelqu’une de ces « cavernes glauques que formaient les trouées de verdure où s’entassait la fraîcheur ». […] Dans la lumière d’une chapelle abandonnée « entra une vieille femme bretonne qui pleurait.
D’autre part, ce sont des spéculations mystérieuses où, comme hanté des vieilles religions philosophiques de l’Orient, le poète trouve les formes des vérités naturelles et éternelles, qu’il accorde avec les données de notre science moderne. […] Non point, en leur ignorant orgueil d’hommes de l’Occident, vers les très vieilles et tout poétiques Sagesses millénaires nées de l’entre-pénétration des esprits vierges et des torrides et humides Forces, — non point vers le ressouvenir qu’en eurent les philosophes Ioniens.
— Le docteur Simon va me dire, tout à l’heure, si notre vieille Rose vivra ou mourra. […] Une épouvante nous a pris du double fond de son âme, de la faculté puissante, de la science, du génie consommé, que tout son être a du mensonge… * * * Ces notes, je les extrais de notre journal : Journal des Goncourt (Mémoires de la vie littéraire) ; elles sont l’embryon documentaire sur lequel, deux ans après, mon frère et moi composions Germinie Lacerteux, étudiée et montrée par nous en service chez notre vieille cousine, Mlle de Courmont, dont nous écrivions une biographie véridique à la façon d’une biographie d’histoire moderne.
Vous avez lu tant de fois les vieux que vous les savez ; il s’en fait peu de nouveaux, et, parmi ce peu, tous ne sont pas bons. […] Souvenez-vous aussi de ce bois qui paraît en l’enfoncement avec la noirceur d’une forêt âgée de dix siècles : les arbres n’en sont pas si vieux à la vérité ; mais toujours peuvent-ils passer pour les plus anciens du village, et je ne crois pas qu’il y en ait de plus vénérables sur la terre.
; Peut-être que le seuil du vieux palais Luigi, etc. !
Le caractère des personnages principaux est fortement tracé, éclairé en plein tout d’abord, et soutenu jusqu’au bout ; le comte de Goyck, et surtout son vieux père impénitent et goutteux, sont d’une vérité à faire peur.
Le vieux et brave Friant, ce modèle des divisionnaires dans la main de l’Empereur, en avait, jugé avec son coup d’œil exercé : « Sire, nous ne « viendrons jamais à bout de ces gens-là, si vous ne les « prenez à revers, au moyen de l’un des corps dont « vous disposez. » — « Sois tranquille », lui répondit Napoléon ; « j’ai ordonné ce mouvement trois fois, et « je vais l’ordonner une quatrième. » C’était le corps de d’Erlon que Napoléon avait demandé à Ney dès trois heures un quart ; un ordre rédigé par le maréchal.
« De la sorte, l’énergique et brutal conseil de Caton l’Ancien fait place aux galantes fadaises de Dorat, et, au lieu des mœurs de la vieille Rome, le lecteur n’entrevoit que l’âge brillant des cinq maîtresses.
» Et viennent alors les signes évidents, les bouleversements d’hier et ceux de demain qui se devinent, les peuples héroïques qui succombent, mais qui renaîtront ; l’agitation sourde, universelle, du vieux monde et les apprêts sombres et irrécusables d’un dernier grand combat.
Milton, vieux, aveugle et sans gloire, se faisant lire Homère ou la Bible par la douce voix de ses filles, ne se croyait pas seul, et conversait de longues heures avec les antiques génies.
Qu’on se figure les Contrebandiers chantés dans la montagne du Jura, Jeanne la Rousse chantée dans un village des Ardennes, le Vieux Vagabond aux guinguettes des barrières, et le Pauvre Jacques dans chaque bourgade ?
Il revient à elle après tant de courses ; il la trouve jeune et souriante comme aux premiers jours ; il se trouble et en même temps se ranime à son contact et sous son souffle ; il tend les bras vers elle, et sa vieille âme endolorie par tant d’efforts et d’expériences reprend la santé et le courage par l’attouchement de la mère qui l’a portée.
Il prit deux fois femme ; et la deuxième au moins, laide, vieille et pauvre — mais pourquoi l’épousait-il ?
Rochefort (La Gloire à Paris) : 1° « L’action très grande de Rochefort est dans cette belle gaieté qui est le fond de son tempérament vraiment français » 2° « Rochefort est un des rares Parisiens de l’ancien temps qui ait conservé dans l’âge mûr cette belle insouciance et cette bonne humeur qui furent autrefois les qualités maîtresses de la race française. » (Je pense qu’il faut entendre : « Rochefort est un Parisien le l’ancien temps, un des rares Parisiens qui aient conservé », etc. ) 3° « Chacun dans sa sphère plisse le front… Je ne vois plus guère que Rochefort qui ait conservé la gaieté de la vieille race française » 4° « Après avoir exaspéré beaucoup de ses contemporains par la violence excessive de ses écrits, il les ramène aussitôt à lui par les éclats de sa gaieté si française. » Pour Offenbach, le refrain est : « Quel artiste !
Nous étions déjà si vieux quand nous sommes nés !
Piombino l’engage à amasser du bien pour ses vieux jours.
Don Juan se sauve l’épée à la main ; le vieux commandeur le poursuit, flamberge au vent.
Ibsen glorifie l’intelligence courageuse qui brise les vieux cadres des civilisations, qui foule aux pieds les préjugés surannés et qui dresse sur leurs ruines une vérité neuve et fraîche, destinée, il est vrai, elle aussi, à vieillir et à périr.
Il faut donc admettre qu’une nation peut exister sans principe dynastique, et même que des nations qui ont été formées par des dynasties peuvent se séparer de cette dynastie sans pour cela cesser d’exister, Le vieux principe qui ne tient compte que du droit des princes ne saurait plus être maintenu ; outre le droit dynastique, il y a le droit national.
Vieux, il écrivit sur son maître cet évangile bizarre 452 qui renferme de si précieux renseignements, mais où, selon nous, le caractère de Jésus est faussé sur beaucoup de points.
La grande originalité renaîtra-t-elle, ou le monde se contentera-t-il désormais de suivre les voies ouvertes par les hardis créateurs des vieux âges ?
C’est dans le même temps encore que madame de Montespan, d’accord avec madame de Richelieu, cherche à l’éloigner de la maison du roi en la mariant à un vieux duc, assez malhonnête homme et fort gueux 102.
Je suis trop vieille pour changer de condition ; et selon le bien que j’aurai, je songerai à m’établir en pleine tranquillité.
Avant leur noble transformation, opérée par le génie clément de la race, quelques dieux venus de l’Asie avaient rapporté dans l’Hellade l’appétit des vieilles idoles carnivores.
On ne put s’empêcher de rire du portrait « d’un vieux capitaine de cavalerie travesti en philosophe, marchant en raison composée de l’air, distrait & de l’air précipité ; l’œil rond & petit, la perruque de même ; le nez écrasé ; la physionomie mauvaise, ayant le visage plein, & l’esprit plein de lui-même ».
Dans une visite faite il y a quelques années à l’asile de Stéphansfeld, en Alsace, nous eûmes occasion de voir un vieux desservant, âgé de soixante-dix ans, et arrivé à un état très-avancé de démence.
Bref, se trouvant à tout, et n’arrivant à rien… Ce vers-là devrait être la devise de certains vieux courtisans que l’on connaît.
Aussi ses bergers sont-ils plus polis que ceux des Eglogues de Virgile ; ils le sont même trop ; & l’Astrée, dit M. de Fontenelle, n’est pas moins fabuleuse par la politesse & les agrémens de ses bergers, que nos vieux romans le peuvent être par leurs enchanteurs, par leurs fées & par leurs aventures bizarres & extravagantes.
Ne voïons-nous pas encore par l’ancienne institution des danses des prêtres saliens, que nos vieux romains n’ont pas dédaigné cet art.
Jeune ou vieux, riche ou pauvre, il fut toujours aimable, toujours joyeux.
La chaleur avec laquelle il avait embrassé la cause d’une révolution qui heurtait tant de vieilles idées et blessait tant d’intérêts, lui a fait, de tous les ennemis de cette révolution, des ennemis personnels.
Ils faisaient le sac de Troie, et ne songeaient point à en tirer l’ancien palladium, les vieux pénates, pour leur chercher, comme Énée, un asile assuré, de nouveaux sanctuaires.
Les vieux monuments de la langue latine, sous ce rapport, nous raconteront, plus tard, comme la Bible.
Elle n’a pas certainement la finesse, le profil caméen, la sveltesse de cou, l’élancement de tige de Pauline Borghèse ; mais il n’y a pas qu’une seule manière d’être femme, et Mme de Staël, même physiquement, l’était autant que femme puisse l’être… Quant à l’âme, cette vieille civilisée de la fin du xviiie siècle était aussi primitivement femme qu’Ève elle-même !
Il y a de l’adultère, du naufrage, de l’assassinat, de l’enfant enlevé, du procès criminel, de la pendaison, interrompue au moment final ; toutes les péripéties haletantes et pirouettantes des romans d’Alexandre Dumas et de Ponson du Terrail — ces conteurs bas, aimés des esprits bas — tout le vieux jeu du mélodrame, retourné de la scène au récit !
Eh bien, nulle part elle n’a sacrifié aux préjugés haineux de ces vieux païens, qu’elle a pris pour juges de ses Œuvres !
Du reste, quand on va au fond de ce mot, dont le monde actuel est follement épris comme d’une nouveauté, on y trouve une chose assez vieille : c’est l’action très connue et très continue des siècles, en vertu de laquelle les mœurs se polissent.
Mais la patrie, qu’elle croyait avoir inventée et dont elle parlait toujours avec une si grande bouche, n’absorbait pas si bien les âmes que l’honneur, le vieil honneur à la manière de la vieille France, ne passât quelquefois par-dessus la patrie !
Enfin, à propos d’Horace, il se remet à souffler dans ce vieux cornet à bouquin qu’on appelle l’ordre et la liberté, et nous assure qu’Horace était conservateur.
, devenu vieux et passé à l’état d’idole japonaise du salon-chapelle de Mme Récamier, faisait confidence de ses Mémoires d’outre-tombe à quelques adorateurs, à la condition qu’ils feraient beaucoup d’indiscrétions.
Elle saisit alors ces vieux chrétiens du Moyen Âge, élevés dans la forte discipline d’un esprit doublement romain, comme une passion juvénile et contre-nature qui saisirait un vieillard austère et dégraderait sa noble vieillesse.
Quand la France aura un Shakespeare, nous saurons alors les affres de ce temps… On sortait des guerres civiles d’Armagnac contre Bourgogne, de la folie de Charles VI, des déportements d’Isabeau, mais on était entré dans une période non moins funeste : la guerre étrangère, l’invasion par les Anglais, et tous ces désastres et toutes ces incomparables misères invétérées depuis tant d’années, et qui allaient durer trente ans encore, « Quand le roi Charles VII commença la guerre pour son droit, — nous dit un vieux historien avec une expression tragique, — il y avait soixante-dix ans que la France était dans le sang et dans la misère… Il n’y avait de toutes parts que déchirements, confusions, frayeurs, solitude… Le paysan, dénué de chair et de graisse, n’avait que les os… encore étaient-ils foulés !
Assurément, depuis Denise de Montmorency, qui sous Charles VI défendit si vaillamment le château de son mari contre les Anglais, jusqu’à cette vieille abbesse de Montmorency, qui mourut sur l’échafaud en 1794, après avoir béni, comme si elle avait été dans sa stalle de chœur et la crosse à la main, la religieuse qui portait sa croix et qui mourut après elle, on peut ranger bien des Montmorency, de nom ou d’alliance, qui eurent aussi, comme celle d’Amédée Renée, l’éclat dans la vie, la force de l’âme, le malheur, et le cloître pour dôme à tout cela, — le seul dôme qui aille bien à toutes nos poussières.
Saint Louis, qui fut un Roi tout court, le Roi net, comme on disait en Espagne, le Roi père de la société, — de même que le père est le Roi de la famille, ainsi que le voulait dans sa théorie ce vieux imbécile de Bonald, — doit apparaître aux fiers cerveaux du xixe siècle comme un Roi bon tout au plus pour un peuple enfant, digne, sinon du mépris tout à fait, au moins de l’indulgence de l’Histoire… En deux mots, voilà pour le Roi.
— refaire à neuf le vieux travail fait à la première heure, c’est entrer un peu trop en danse pour son compte dans un livre consacré à autrui, et mettre sa personnalité amie et vivante à la place de la personnalité morte d’un ami trépassé.
quand on pense à la destinée et au caractère du vieux Roi auquel il souhaitait cette houlette, on peut se dire que la grâce de l’esprit n’a jamais été plus atrocement cruelle !
Pour nous, le Tchitchikoff des Âmes mortes n’est qu’un prétexte, un vieux moyen pour faire tourner sous notre regard le panorama social, religieux, politique, administratif, de la Russie tout entière.
Vieux livre sous une peau nouvelle, l’ouvrage de M.
C’est, jeune, absolument le même homme qui, vieux, envoyant son fils à l’impératrice de Russie, et lui constituant presque une maison, lui dit au milieu de ses largesses et de ses tendresses : « Et surtout, payez vos gens, toutes les semaines, monsieur !
Le vieux serpent de l’Erreur ne périt pas pour changer de peau.
Pelletan justifiait l’ambition naïvement montrée de son titre (et il n’y a rien dans cette naïveté fière qui nous déplaise, qu’on le croie bien), nous aurions le symbole du dix-neuvième siècle, et nous saurions à présent quoi mettre à la place de ce vieux symbole de Nicée, tué par l’Analyse et par la Science, et qui ne peut plus satisfaire, — disent les philosophes, — les besoins de foi des peuples actuels.
Les vieilles épées se nettoient très bien de leur rouille dans le sang de l’ennemi, et en s’y plongeant, elles reprennent leur pureté meurtrière et le fil immortel de leur acier.
Ce n’est plus l’Athéisme du vieux Matérialisme du xviiie siècle, ce n’est pas non plus celui des récents athées de l’Allemagne.
D’ailleurs, ce travail, qui a un autre but que d’expliquer les procédés de l’art oratoire et d’en mettre les beautés en lumière, sera la preuve d’un fait qu’il faut incessamment rappeler aux peuples affolés de l’art de bien dire, comme le sont les peuples vieux et impuissants ; c’est que l’éloquence véritable, celle que les âges n’éteignent point en passant sur elle, exprime toujours, je ne dis pas seulement une conviction… qu’est-ce que la conviction d’un homme ?
Lorsqu’on lit ce titre de Sophistes contemporains, on croit qu’on va nager en pleine mer de sophismes, et on ne nage qu’entre deux rives : — la Grèce, la vieille Grèce et l’Angleterre, — et encore l’Angleterre réduite à ces derniers temps et à ces deux sophistes qui ont récemment abaissé dans leur personne le mâle esprit anglais, lequel faisait mieux, en sophistes, quand il produisait Locke et cette grande canaille philosophique de Bacon !
En regard et en contraste, d’un autre côté, je pourrais citer, avant tout, pour prouver ce que j’ose appeler le catholicisme inné des facultés de Dargaud, cette sereine figure du curé et celle plus divine encore de la vieille tante Berthe, deux anges captifs dans des corps de vieillards, deux adorables têtes de saints comme le catholicisme seul en peut produire et le sentiment deviné du catholicisme en peut seul exprimer !
C’est une histoire militaire rondement racontée, d’un ton moitié gai et moitié attendri, par un homme qui a L’habitude des récits militaires, car c’est Antoine Gandon, l’auteur des Mémoires d’un vieux chasseur d’Afrique, laquelle a fait en son temps plus d’une razzia de lecteurs.
Il s’en est allé avec les vieilles lunes… Et c’est comme cela que s’en iront peu à peu tant de romans et de compositions de notre pays où Paris, le tic de Paris, le parlage de Paris, les mœurs banales et coulées de Paris, tiennent évidemment trop de place, — des œuvres de talent pourtant, mais qui n’en ont pas assez pour lutter contre l’influence qui les diminue, et pour les élargir et les faire durer.
L’homme de lettres, aux travaux considérables, a intercepté le conteur ; mais aujourd’hui, ramené par Christian de l’érudition des livres à l’érudition du cœur, plus intéressante et plus amère, Francis Wey, s’il persévère dans la route où il vient de faire un nouveau pas, devra plus tard effacer l’homme de lettres sous le conteur, — le conteur, plus cher que tout dans les vieilles littératures !
toutes les débauches du rêve, toutes les hyperboles de l’hallucination, et puis toutes ces blanches et sveltes Espagnoles que de vieilles sempiternelles lavent et préparent soit pour le sabbat, soit pour la prostitution du soir, sabbat de la civilisation !
Gorgias, né en Sicile, avait le premier donné cet exemple dans Athènes ; Critias et Alcibiade, encore jeunes, Thucydide et Périclès, déjà vieux, venaient l’entendre et l’admiraient ; Eschine, le rival et l’ennemi de Démosthène, eut le même talent.
Ailleurs, se faisant aussi guerrier que le Crétois Hybrias dans une vieille chanson, il disait43 : « Avec la lance, je trouve le pain pétri pour moi ; avec la lance, je recueille la vendange d’Ismare ; avec la lance, j’ai de quoi boire à mon aise couché. » Mais cette prouesse ne se soutint pas ; et, par une justice du sort, l’aveu de sa faiblesse a survécu dans le petit nombre de vers qui nous sont restés de lui.
La Vieille Coquette, le Vieux Galant, le Musicien, le Poète tragique, le Greffier… — Ch. […] Le Licencié, le Maître d’école, la Vieille Marquise, la Procureuse, le Peintre des femmes… — Ch. […] L’autre est un polygame : il y a six mois qu’il se maria par intérêt avec une vieille veuve du royaume de Valence. […] Il n’est pas jusqu’à une vieille actrice qui ne lui rappelle immédiatement la « déesse Cotys » ; et il ne dit pas de lui qu’il est le plus discret des valets confidents, mais qu’il en est l’« Harpocrate ». […] Le vieux Corneille, au siècle précédent, n’avait pas été plus étonné ni plus scandalisé quand il vit réussir les tragédies de Racine, que Voltaire en voyant le succès des écrits du citoyen de Genève.
C’est la vieille, vous savez, c’est la bonne, c’est celle des Sainte-Beuve, des Mérimée, des Renan, des Jules Girard. […] Ajoutez qu’en français le mot mégère représente toujours à nos imaginations une vieille femme, ou au moins une femme d’un âge respectable. […] C’est la vieille romanesque entêtée et impénitente. […] Armande est la vieille fille devenue envieuse et qui a pris la carrière du bel esprit comme un rôle et pour cacher ses mauvais sentiments. […] Ce n’en est plus la mode ; elle sent son vieux temps.
Les vieux murs, les pierres rongées par la pluie souriaient au soleil levant. […] Les architectures de tous les âges mêlaient leurs ogives et leurs trèfles, leurs statues et leurs colonnes ; le temps avait fondu leurs teintes ; le soleil les unissait dans sa lumière, et la vieille cité semblait un écrin où tous les siècles et tous les génies avaient pris soin tour à tour d’apporter et de ciseler leur joyau. […] Autour d’elles comme pour les garder, des arbres énormes, vieux de quatre siècles, allongeaient leur files régulières ; et j’y trouvais une nouvelle trace de ce bon sens pratique qui a accompli des révolutions sans commettre de ravages, qui, en améliorant tout, n’a rien renversé, qui a conservé ses arbres comme sa constitution, qui a élagué les vieilles branches sans abattre le tronc ; qui seul aujourd’hui, entre tous les peuples, jouit non-seulement du présent, mais du passé.
En ce moment, il a quarante et un ans ; il doit mourir à cinquante et un ans, dix ans après, après avoir composé, entre L’École des femmes et le moment de sa mort, vingt comédies ou impromptus, sans compter les intermèdes, sans compter les pastorales, sans compter sa part dans la comédie-ballet de Psyché, faite en communauté avec Corneille, déjà bien vieux. […] Il arrivait à un Romain de tuer sa femme, parce qu’elle avait bu quelques gouttes de vin pur sans sa permission ; il pouvait, d’après le vieux droit de la République, sans dire pourquoi, l’étrangler en conseil de famille. […] L’expérience, si vous y réfléchissez, l’expérience acquise autrement que dans la méditation spéculative des grands moralistes, — cette spéculation dont on fait fi, — l’expérience acquise dans le courant de la vie, c’est un vieux préjugé : elle ne sert jamais à rien. […] Jourdain, une de nos vieilles connaissances, s’est poussé dans le monde, et il veut qu’on s’en aperçoive, peu soucieux toutefois de passer pour gentilhomme, depuis qu’il est certain de tenir soigneusement enveloppée dans ses sacs la seule noblesse qui ne soit plus une chimère. […] ALCIBIADE Timon est un vieux fou.
On voit bien, dit-elle, que c’est ici l’habitation d’un vieux fou. […] Le vieux poëte rit de tout son cœur, & l’on se quitta de part & d’autre, avec beaucoup de regrets. […] Il est assez étonnant qu’aucun étymologiste n’en ait parlé, & que nous n’ayons sur cet article qu’une vieille tradition. […] Jadis on trinquoit, on se tappoit bonnement dans la main ; aujourd’hui, c’est même un crime de leze-société, de répéter ces vieux mots. […] Lorsqu’on la presse de retourner à Dieu, elle répond qu’elle est trop vieille pour faire de nouvelles connoissances.
Dire naïvement ce qu’on a vu ou cru voir, réfléchir peu, ne pas développer le sentiment et ne l’affecter jamais, ainsi faisaient les narrateurs des vieux temps. […] L’abbé de Mably suivait donc, ainsi que les autres écrivains, une marche destructive, et contribuait, sans le savoir, à affaiblir les liens déjà usés qui unissaient encore les membres d’une vieille société. […] Peut-être ces preux chevaliers, leurs nobles faits d’armes, leurs vertus simples, et toute cette histoire des vieux temps de la patrie, auraient-ils dû inspirer Dubelloy d’une manière plus vraie, et l’éloigner des pompeuses déclamations où il est tombé. […] La vieille France parle à son imagination ; la France de Louis XIV satisfait sa fierté ; la France du dix-huitième siècle occupe sa pensée, et la France des premiers jours de la révolution lui semble s’élever à la hauteur de l’éloquence et de l’enthousiasme des peuples libres. […] Dans votre paisible enceinte, consacrée à tout ce qui adoucit et efface des souvenirs douloureux, étrangère aux ressentiments de nos vieilles discordes, je me vois contraint à retracer le tableau d’une époque déjà éloignée, d’un temps que notre sécurité actuelle repousse chaque jour davantage dans le passé !
Comme elle apprenait à lire, étant enfant, par les soins de sa sœur aînée, dans Florian, dans Estelle et Némorin, on lui faisait épeler surtout le paragraphe où il est dit (c’est le vieux Raimond qui s’adresse à Némorin) : « Cependant vous aimez ma fille ; » et là-dessus elle se sauvait dans le cimetière pour n’en pas lire davantage, et en répétant ce mot-là durant de longues heures. […] Vieux, infirme et sans ressources, il avait obtenu, par la protection de M.
C’était le goût du temps ; M. de Malesherbes, si honnête et si grave, savait par cœur et récitait la Pucelle ; du plus sombre des Montagnards, Saint-Just, on a un poème aussi lubrique que celui de Voltaire, et le plus noble des Girondins, Mme Roland, a laissé des confessions aussi risquées, aussi détaillées que celles de Rousseau462 D’autre part, voici une seconde boîte, celle qui contient le vieux sel gaulois, je veux dire la plaisanterie et la raillerie. […] Candide, dernier chapitre : « Quand on ne disputait pas, l’ennui était si excessif que la vieille osa un jour lui dire : Je voudrais bien savoir lequel est le pire, ou d’être violée cent fois par des pirates nègres, d’avoir une fesse coupée, de passer par les baguettes chez les Bulgares, d’être fouetté et pendu dans un autodafé, d’être disséqué, de ramer aux galères, d’éprouver enfin toutes les misères par lesquelles nous avons passé, ou bien de rester ici à ne rien faire C’est une grande question, dit Candide. » 472.
Entre tant d’écrivains qui, depuis Herder, Ottfried Muller et Gœthe, ont continué et rectifié incessamment ce grand effort, que le lecteur considère seulement deux historiens et deux œuvres, l’une le commentaire sur Cromwell de Carlyle, l’autre le Port-Royal de Sainte-Beuve ; il verra avec quelle justesse, quelle sûreté, quelle profondeur, on peut découvrir une âme sous ses actions et sous ses œuvres ; comment, sous le vieux général, au lieu d’un ambitieux vulgairement hypocrite, on retrouve un homme travaillé par les rêveries troubles d’une imagination mélancolique, mais positif d’instinct et de facultés, anglais jusqu’au fond, étrange et incompréhensible pour quiconque n’a pas étudié le climat et la race ; comment avec une centaine de lettres éparses et une vingtaine de discours mutilés, on peut le suivre depuis sa ferme et ses attelages jusqu’à sa tente de général et à son trône de protecteur, dans sa transformation et dans son développement, dans les inquiétudes de sa conscience et dans ses résolutions d’homme d’État, tellement que le mécanisme de sa pensée et de ses actions devient visible, et que la tragédie intime, perpétuellement renouvelée et changeante, qui a labouré cette grande âme ténébreuse, passe, comme celles de Shakspeare, dans l’âme des assistants. […] Nul n’a mieux enseigné à ouvrir les yeux et à regarder, à regarder d’abord les hommes environnants et la vie présente, puis les documents anciens et authentiques, à lire par-delà le blanc et le noir des pages, à voir sous la vieille impression, sous le griffonnage d’un texte, le sentiment précis, le mouvement d’idées, l’état d’esprit dans lequel on l’écrivait.
À peine eut-elle pris sa place accoutumée, que trois ou quatre vieux personnages s’approchèrent d’elle, lui parlèrent avec le plus tendre intérêt. […] La France était travaillée des frissons et des douleurs d’un grand enfantement ; elle sentait remuer dans son sein quelque chose, un génie ou un monstre, elle ne savait pas bien quoi ; mais les vieilles choses s’écroulaient pour faire place aux nouveautés.
Si vous montez l’escalier sans marches du Vatican, comme une colline aplanie pour laisser les vieux pontifes monter sans perdre haleine au sanctuaire de leurs oracles ; si vous entrez dans la chapelle Sixtine pour contempler sur ses murs et sur ses voûtes le tableau du Jugement dernier, ce poëme dantesque du pinceau, peint par un géant, où l’imagination, le mouvement, l’expression, la forme, la couleur semblent défier la création par son image, et si vous demandez quelle main de Prométhée moderne a jeté derrière lui ces gouttes d’huile pour en faire des hommes, des anges, des démons, des dieux ? […] Un vieux serviteur florentin, nommé Urbin, du lieu de sa naissance, composait toute sa domesticité.
Je lis dans une lettre de Marceline : « Valmore a rêvé de solliciter l’Odéon… Ce serait comme administrateur qu’il voudrait ce théâtre, et je t’avoue que j’aimerais mieux présentement pour lui cette carrière que celle d’acteur, car son genre est perdu en province. » Cela signifie qu’il paraissait « vieux jeu », — en province ! […] (J’ai reçu d’un « vieux lecteur des Débats » ce renseignement : « L’acteur Valmore a créé le rôle du geôlier dans Marie Tudor en 1832 ou 1833 ; il disait d’une voix pâteuse, exécrable, les quelques lignes de ce rôle ; il était très mauvais artiste. ») Elle perd sa première fille, Junie.
Du reste, et c’est par là que je termine, j’ai déjà rapproché de Mirabeau l’auteur des Fleurs du mal, je le rapproche de Dante, et je réponds que le vieux Florentin reconnaîtrait plus d’une fois dans le poète français sa fougue, sa parole effrayante, ses images implacables et la sonorité de son vers d’airain. […] Donc, comme le vieux Goethe, qui se transforma en marchand de pastilles turc dans son Divan, et nous donna ainsi un livre de poésie, — plus dramatique que lyrique aussi, et qui est peut-être son chef-d’œuvre, — l’auteur des Fleurs du mal s’est fait scélérat, blasphémateur, impie, par la pensée, absolument comme Goethe s’est fait Turc.
On voulut, par égard pour La Fontaine, qui à cette époque-là était très vieux, valétudinaire, lui donner cependant le jeton. […] Ce mot-ci s’interprétera Des Jeannetons ; car les Clymènes Aux vieilles gens sont inhumaines.
Toutes les fables de La Fontaine, à en excepter quelques-unes, si vous voulez, comme la Vieille et les Deux Servantes, et lesfables de ce genre-là qui, du reste, sont des contes et non pas des fables, presque toutes les fables de La Fontaine sont des fables naturistes, c’est-à-dire des fables où il y a, à travers le récit, une échappée, une avenue rapidement ouverte sur quelques scènes, et, en général, sur quelques scènes charmantes de la nature. […] Mais peut-être faut-il accepter cette vieille loi du genre qui nous vient de l’antiquité, car La Fontaine n’inventait pas ces sociétés bizarres et ces invraisemblances au point de vue de l’histoire naturelle.
On pouvait donc, à la rigueur, se risquer à répéter le vieux train de calomnies qui va de Pasquier à Pascal, de Pascal à Voltaire, et de Voltaire qui tombe si bas, qu’on se détourne avec dégoût de toute cette plèbe de noms ennemis. […] Les Capucins reprirent la vieille règle de Saint-François : la prière de nuit et le silence.
Le goût de notre époque, qui s’est reporté sur les vieux papiers et qui a mis l’inédit en honneur, favorisait cette idée, qui, toute de curiosité pour nous, est une idée de piété chez ceux qui l’ont conçue.
Joubert, général de brigade à vingt-six ans, au moment de l’entrée en campagne (1796), est un des bras les plus actifs de cette jeune et déjà vieille armée d’Italie.
Le vieux parti de Louis XIV, battu partout ailleurs, prit sa revanche là où il était encore maître.
Le poëte, en effet, a vraiment à cœur de rapprocher les divers cultes qui lui sont chers, celui de son vieux maître Béranger, de son ancien catéchiste de première communiante, M.
Mais la vieille plaie du libertin se rouvre ; elle saigne au sein de ce bonheur et le corrompt.
Il y a un endroit qui m’a paru un charmant exemple de ce qu’on peut appeler l’euphémisme chrétien : il s’agit de la mort, comme toujours ; mais Rancé évite d’en prononcer le nom, tout en y voulant tourner et comme apprivoiser l’esprit un peu faible de son ami, qui est vieux et, de plus, malade en ce moment.
Son neveu, le jeune duc de Holstein, et le vieux chancelier Mullem, qui précède de peu Charles XII, se sont donné rendez-vous dans le Hartz.
Il en approchait pourtant en maniant le vieux français, en lisant Rabelais, Marot, la reine de Navarre.
Ce bonhomme, érudit à la mode du xvie siècle, solidement et lourdement, lecteur de vieux romans, admirateur de Ronsard, critique sévère de Malherbe, fait une ode à Richelieu qui est de la même étoffe que l’ode à Louis XIII, et, dans son dogmatisme enveloppé de pédanterie, indique déjà les deux grandes lois classiques : autorité de la raison, et autorité des anciens.
Et ce vieux capitaine a tant de finesse native, tant d’expérience accumulée, il a tant fait pendant soixante ans pour faire jouer les ressorts des âmes de ses soudards, pour saisir ses supérieurs aussi par les propriétés de leur humeur, qu’en racontant sa vie, il dépasse sans y songer la couche superficielle des faits historiques ; il plonge à chaque moment dans les consciences, les découvre dans les actes, les gestes, les paroles ; il se découvre lui-même à nous jusqu’au fond de son être intime.
L’âme du vieux
Vous avez, d’autre part, Zanobio ou Cassandro ou le docteur Gratiano Forbisone avec sa fille ou sa femme Flaminia, son fils Flavio ou Cinthio, son valet Arlequin, sa servante Ricciolina ; puis le capitan, Burattino, valet du capitan ou hôtelier ou jardinier, et la vieille Pasqualina.
La chasse à l’inédit a fait sortir des greniers et des vieilles malles quantité de papiers qui auraient pu y rester sans dommage ; des chiffons sans valeur ont été érigés en documents précieux et publiés avec une exactitude implacable.
Saint-Pavin, l’esprit fort, le poète, l’ami de Ninon, trace de lui-même ce portrait peu flatté 49 : Mon teint est jaune et safrané, De la couleur d’un vieux damné, Pour le moins qui le doit bien estre Ou je ne sçay pas m’y connoistre.
Mais tandis que le vieux Parnasse, ainsi qu’une ombre flasque se traînait, roi pompeux d’un royaume d’ombres, le Réalisme alors magnifié par vingt romanciers, prôné par autant de critiques, semblait vivre de la plus authentique des vies, de la plus saine, de la plus riche, de la plus organique, — et on l’eût pris pour l’Art, s’il n’eut été si près de la Science, et si semblable à la Critique.
Il ne faut pas oublier le chien qui court annoncer à de vieux parents le retour d’un fils chéri ; et cet autre chien qui, resté fidèle parmi des serviteurs ingrats, accomplit ses destinées, dès qu’il a reconnu son maître sous les lambeaux de l’infortune.
Le Christ est assez bien dessiné, le tableau pas mal composé ; mais la couleur en est sale et grise ; mais cela est monotone, vieux, passé, sans effet ; mais cela ressemble à une croûte qui s’est enfumée dans l’arrière-boutique du brocanteur ; mais cela est à demi-effacé, et le peintre a eu tort de s’arrêter à moitié chemin.
Le corps des païsans andalous est-il conformé naturellement comme le corps des païsans de la vieille Castille ?
Peut-être les idées qui nous viennent alors, sont-elles déja venuës à bien d’autres, qui dans un premier mouvement auroient voulu pouvoir les publier le jour même, pour désabuser incessamment le monde de ses vieilles erreurs.
Les contempteurs des anciens ne sont en droit de reclamer, comme des gens de leur secte, que ceux des critiques qui ont avancé que les anciens ne devoient qu’à de vieilles erreurs et à des préjugez grossiers une réputation dont leurs fautes les rendent indignes.
Dans les comédies, les masques des valets, des marchands d’esclaves et des parasites, ceux des personnages d’hommes grossiers, de soldat, de vieille, de courtisanne et de femme esclave, ont tous leur caractere particulier.
C’est partout un remue-ménage assourdissant ; — on dirait un camp de Philistins, la veille d’une prise d’armes : maint Goliath brandit belliqueusement sa plume et s’essaye à des attitudes menaçantes ; — celui-ci ramasse un argument oublié dans un coin, cet autre fourbit à neuf une vieille phrase qui se rouillait.
Pourquoi ne ferions-nous pas comme elles et ne réserverions-nous pas à nos vieux jours un sujet d’entretien ?
profond, à fond d’âme, qui nous vengerait des étouffements de l’étouffeur Moore, ne serait pas, ne pourrait pas être, sous un titre fallacieux, ce vieux procès de lord Byron, jugé par tous les témoins de sa vie, ces témoins que nous connaissons tous, — que nous avons rapprochés et comparés tous, et dont nous avons épuisé tous les témoignages !
Apprenez-moi, si vous le savez, ô antiquaires de la littérature d’hier, plus vieille que celle d’un siècle !
Après la Ligue, le parti protestant, politique, parlementaire, anti-romain, levait ses mille têtes et pulvérisait la vieille unité de la France.
Depuis des siècles, et surtout depuis le xvie , on a cru que l’Empire Romain était une dégradation de la République et la décadence de Rome, châtiée enfin de l’immense corruption de la victoire par les Barbares, ses vainqueurs, qui lui ouvrirent les veines et les lui vidèrent de son vieux sang, pour y infuser leur jeune sang de Barbares.
… Tous ces haïsseurs de la vieille Église romaine se sont pris de je ne sais quel goût, — ou plutôt d’un goût que je m’explique très bien, — pour un livre qui a la prétention d’être un livre de science sociale en restant du christianisme.
Mais les jésuites, cette garde pontificale immortelle, ne devaient point leur existence à une pensée de Clément XIV ; ils n’étaient pas les hommes d’un homme ou d’un règne, et ils comptaient, quand on les supprima, plus de siècles de services et d’actions d’éclat que les plus vieux soldats de Napoléon n’avaient de chevrons.
Hommes et femmes : Louis de Laudon, Wilfrid Nore, Conrad Lanze, le vieux Coxe, Jean-Théodore, Harriet, Aurore, Liliane, etc., sont des patriciens et des patriciennes de l’humanité, à blason dans la tète et dans le cœur ; et ce sont, ne l’oubliez pas !
Jamais les artistes ne se consoleront du pittoresque, défunt de la vieille et pesante diligence ; ce qui n’empêche pas certaines gens, qui ne sont en rien des barbares, de trouver infiniment plus : beau le gracieux et silencieux tramway électrique, à l’allure noble et rapide.
Dans ce moment, l’orateur se peint vieux, accablé d’infirmités et de faiblesse, courbé sous le poids des ans, mais ranimant ses forces languissantes, pour former ce prince destiné à commander un jour au monde : « Viens mon fils, dit-il, viens sur les genoux d’un faible vieillard, recevoir les leçons que la sagesse destine aux princes ; ce sont celles que reçut Antonin, Numa, Marc-Aurèle et Titus.
lui demanda le vieux philanthrope. […] dit le vieux dont le visage devint rude. […] C’était l’ancienne armée qui s’incarnait en ce moment dans le vieux soldat. […] Vieille maman, je n’ai pas eu de chance, moi non plus. […] Adieu, les vieux !
Pourquoi ne pas admettre que ce pauvre ambassadeur, déjà vieux et vaincu du temps , comme dit le poëte, finit par se décourager et par devenir bon homme ? […] Les Bonneval du Limousin sont de la plus vieille souche ; il y a un dicton dans le pays : « Noblesse Bonneval, richesse d’Escars, esprit Mortemart. […] Personne ne s’adresse à elle pour demander des grâces au vieux maréchal… » (Lettre XI.)
Il tient à ma famille par les liens du sang ; Astyage est déjà vieux, et n’a point d’enfant mâle. […] Il fait ensuite prendre les armes à tous les habitants d’Ecbatane, jeunes et vieux, restés dans la ville, les mène contre les Perses, livre une bataille, la perd, et tombe vivant au pouvoir de l’ennemi : son armée y fut entièrement détruite. […] Il écrivit après les Indes, après la Chine, dont il ne connaissait pas même le nom ; après Homère, prodige insondable d’histoire, de poésie, de philosophie et de langue pour la Grèce ; après la Sicile et la Grande Grèce italique, où Pythagore avait enseigné ; tout cela était vieux, lui seul était jeune.
Ce que le poète imitait du temps, ce galant, cette tendresse qui fâchait si fort le vieux Corneille, il avait assez d’esprit pour le rendre agréable, et assez de goût pour n’y pas trop raffiner : Mais, s’il faut dire tout, contre un mal qui sait plaire, On ne fait pas toujours tout ce que l’on croit faire ; Et, pour se reprocher un crime qu’on chérit, Pour peu que l’on se dise, on croit s’être tout dit6. […] Personne ne le crut, sauf dans les compagnies que prévenait contre toute nouveauté l’admiration pour le vieux Corneille. […] Racine y a bien songé, dans le fameux discours de Mithridate à ses enfants ; mais plus le vieux roi est grand en parlant de ses défaites et de ses invincibles espérances, plus il s’abaisse par sa jalousie de vieillard amoureux et par les stratagèmes dont il use pour s’assurer s’il est trompé.
« Nulle paix, dit-il, ne peut être que bonne à acheter très chèrement. » Et pourtant dans la même lettre il fait ce beau portrait de la France : « Vous êtes comme le lion terrassé, mais la gueule ouverte, expirant, et prêt à déchirer tout. » Oui, c’était là, et fort heureusement, le lion de la bataille de Denain ; c’était le vieux Louis XIV déclarant qu’il aimerait mieux s’ensevelir avec sa noblesse sous les ruines de son royaume que de consentir à cette paix très chèrement achetée dont voulait Fénelon. […] On a vu quels durs avis le précepteur donne au vieux roi, l’étrange conseil de restituer ses conquêtes, comme illégitimes, et, pour unique remède à tous les maux de la guerre, la défaite. […] Je ne remarquerai donc pas que la fameuse lettre à Louis XIV, écrite spontanément ou commandée, respire la prévention la plus amère et la plus violente, et que si Fénelon s’y est montré si dur pour Louis XIV, dans un temps où il n’avait rien perdu de sa faveur, il est douteux que, disgracié et relégué à Cambrai, il vît les fautes du vieux roi d’un œil moins prévenu.
Je me porte beaucoup mieux que je ne me suis jamais porté : j’ai une espèce de cheval qui me porte aussi très-bien, quoi qu’il soit vieux et usé. […] Sur mon grabat je célébrais Glycère, Le jus divin d’un vin mousseux ou grec, Buvant de l’eau dans un vieux pot à bière. […] La seule différence qu’il y aurait, ce serait qu’en finissant de vous écrire, je craindrais que ma lettre ne fût une vieille guenille peu intéressante au bout de l’année ; mais, hors de là, je vous écrirais tout aussi fleissig144 qu’à, présent. […] Les circonstances ont changé mon goût : à Paris, je cherchais tous les gens d’un certain âge, parce que je les trouvais instruits et aimables ; ici, les vieux sont ignorants comme les jeunes, et roides de plus. […] À vingt ans, Benjamin Constant se considérait déjà comme bien blasé, bien vieux, et il lui échappait quelquefois de dire : Quand j’avais seize ans , reportant à cet âge premier ce qu’on est convenu d’appeler la jeunesse.
Vieille ? […] Geoffrin, mari de cette illustre présidente de la société des Gens de lettres au dix-huitième siècle, dont Sainte-Beuve rapporte cette anecdote : Un jour, un étranger demanda à Mme Geoffrin ce qu’était devenu ce vieux Monsieur qui assistait autrefois régulièrement aux dîners, et qu’on ne voyait plus : — « C’était mon mari, fit-elle, il est mort » ! […] De sorte que le vieux précepte du critique, si dur qu’il parût à son ambitieux disciple, pourrait contenir une vérité des plus fondamentales, applicable à nous tous et dans beaucoup de choses autres que la littérature : « Toutes les fois que vous avez écrit quelque phrase qui paraît particulièrement excellente, prenez garde de l’effacer. » Avec Thomas Carlyle, nous croyons à la valeur de cette spontanéité, jour ouvert sur une âme mise à nu. […] Pour n’avoir pas su nous rendre un compte exact ou du moins suffisant, des éléments qui composent le génie de ces hommes, véritables demi-dieux ayant dominé leur époque, on fut sévère à celle-ci au-delà de toute mesure : « Le Génie, s’écriait Barbey d’Aurevilly dans un élan lyrique… Mais ce qui fait le plus le génie, aux yeux de ceux qui savent le comprendre, c’est quand il réagit avec fierté contre sa race, quand il se cogne contre son milieu, ou qu’il le secoue autour de lui, comme le lion secoue sa crinière… c’est enfin quand il porte le moins ou repousse le plus de ces influences fatales dont on voudrait le faire sortir. » Magnifique mouvement d’éloquence à la française, chez cet autre Normand d’authentique génie… plaidoyer pro domo… défense personnelle où l’on retrouve l’accent du vieux lion méconnu qui justement secoue sa crinière et sort encore les griffes qui marquèrent tant et de si profondes entailles ! […] Devenue vieille et châtelaine de Nohant, l’auteur d’Indiana voulut bien reconnaître que la Fortune avait souri à sa carrière.
Toulet. » « Mon Dieu, que nous trouverons notre vieux Paris changé le jour où nous nous retrouverons. […] Radiguet, dans ses poèmes, ne semble pas s’être sacrifié ni s’être soumis aux vieilles règles du jeu. […] Et quatrain d’un érotisme qui ne déplaît guère et qui resterait sans doute inédit… Usée elle comme un vieux sou Que pour porter bonheur l’on troue Pour distinguer face de pile Il convient de n’être pas saoul. […] Il participait alors aux généreuses « utopies », le mot n’est pas de moi, qui voulaient offrir l’indépendance au peuple du midi de la France, aux vieux Albigeois. […] C’était Cully, le berceau de la famille Ramuz ; c’est à quelques kilomètres de là, à Treylorrens, que Ramuz passa quelques mois de la guerre, dans une vieille maison de vignerons, aux murs épais et dont le pressoir, dans une cave énorme, était le plus bel ornement.
Le fond du Naturalisme, continue-t-elle, c’est le déterminisme, résurrection, sous la forme scientifique chère au xixe siècle, du vieux Fatalisme païen jusque-là battu en brèche par les doctrines chrétiennes et principalement par la doctrine augustinienne du libre arbitre. […] En Angleterre, Coleridge, Charles Lamb, Southey, Wordsworth, Walter-Scott, rompaient avec la tradition, dédaignaient la civilisation classique et préféraient une vieille ballade à l’Enéide, le moyen-âge à Rome. […] Ce fut sans doute Velázquez qui détacha de la toile la figure de parchemin, le taciturne visage du Domine Cabra ; seul Velázquez pouvait donner un semblable clair-obscur à la vieille soutane, au visage jauni, au pauvre ameublement de l’avare. […] Soit qu’il nous conte l’épopée burlesque de Tartarin de Tarascon, le don Quichotte de Gascogne, qui part de sa ville natale, résolu à tuer des lions dans les forêts africaines et ne réussit qu’à mettre à mort une bourrique et à achever un vieux lion aveugle et agonisant ; soit qu’avec des traits si particuliers et une physionomie si régionale, il évoque le tambourinaïre de Numa Roumestan, ou Numa lui-même, caractère magistral qui porte le sceau indélébile d’une province, Daudet nous fera toujours sourire et nous remuera toujours. […] On crut même Zola vieux, laid, ou ridicule.
En France, où tant d’institutions survivent à leur utilité, où les privilèges ne sont plus justifiés par les services, où les droits se sont changés en abus, quelle architecture incohérente que celle de la vieille maison gothique ! […] Avec quelle colère et de quel élan vais-je me jeter contre la vieille barrière On s’en aperçoit au ton véhément, au style amer, à l’éloquence sombre de la doctrine nouvelle.
Là, ma mère est assise sur un rocher, et sa vieille tête est branlante. […] Il faisait entreluire à travers les fusils de ses vétérans des lueurs de constitution populaire et de vieux républicanisme qui fascinaient la multitude et qui prêtaient un prétexte aux tergiversateurs.
Bourget ait songé à ramener de force et en bloc l’ancien régime avec ses divisions inexorables, et à empêcher, par principe, les migrations de classe exceptionnelles et justifiées ; il a simplement voulu montrer combien étaient salutaires les coutumes qui, dans la vieille société française, préservaient les familles des désordres que nous y voyons généralisés aujourd’hui. […] Qu’est-ce que le Maître de la Mer, sinon une peinture vive et imagée de la lutte entre l’idéal archaïque de chevalerie et de désintéressement, gardé par le vieux monde comme un legs des temps anciens et, d’autre part, l’esprit d’arrivisme utilitaire, l’esprit prosaïque et niveleur qu’un homme du Nouveau-Monde incarne ici avec prestige ?
En un mot, la singularité n’étonne que les hommes communs, C’est pourquoi on oublie si vite nos romans contemporains qui représentent des fous raffinés dans une ambiance de vide, tandis que nous gardons dans notre mémoire le souvenir des vieux contes sur les hommes communs dans un monde fou. […] Chacun sait que Louis XVIII, franc-maçon, athée et goinfre, chef du parti jésuite au surplus et capucin en public, comme il fut rabelaisien dans le privé, est un type essentiellement vieille France.
Henri IV n’a pas le fanatisme religieux qui fut la plus honorable passion du xvie siècle, et pour cette raison, qui n’est pas la seule, du reste, mais qui est la plus puissante, il est peut-être la seule figure de son histoire qui soit entièrement sympathique à Forneron, l’écrivain politique de ce temps, qui, au temps de Henri IV, se serait certainement rangé dans le parti des politiques qui mirent fin à la guerre civile, et tirèrent de la vieille Constitution de la monarchie catholique, qui avait été la monarchie française, une monarchie d’un autre ordre, — la monarchie des temps modernes. […] L’historien a pu trouver piquant d’ouvrir par le point de vue inattendu de l’Émigration cette vieille histoire révolutionnaire, labourée maintenant par tant de bœufs qui y tracent toujours le même sillon et y bavent toujours les mêmes idées.
Si aujourd’hui elle ne fait plus de métaphysique, dans la vieille acception du mot, elle fait toujours de la philosophie : c’est-à-dire qu’elle poursuit la formule la plus simple et la plus compréhensive tout à la fois où elle puisse enfermer la riche diversité des phénomènes et des êtres de la nature. […] Pendant que la spéculation métaphysique, satisfaite ou fatiguée, s’en tient aux vieilles théories du passé, la spéculation scientifique cherche les siennes dans la voie ouverte par les sciences de la nature.
La poésie érotique n’est pas l’enfance, mais l’enfantillage de la poésie. » Voilà l’anathème du vieux Caton ; — pas si Caton qu’il en avait l’air, pas si Aristide du moins, et qui, dans son austérité de censeur en titre, ne dédaignait ni les places, ni les émoluments, ni les biens solides pour sa famille : — « Les Bonald, je les connais », disait M.
Malebranche aussi, tout chrétien qu’il était d’habitude et de pratique, s’est posé les grands problèmes, et a cherché à élargir l’idée un peu étroite, et trop matérielle selon lui, de la vieille métaphysique chrétienne.
honneur à tous ceux que les préjugés d’hier n’ont pas arrêtés davantage et n’arrêtent pas chaque jour dans l’interprétation des fouilles terrestres profondes, dans la perscrutation intime et atomistique de la vie, ou dans l’exploration ascendante et le déchiffrement graduel des vieux âges !
Lorsque le destin plus prospère Me ramena chez mon vieux père, Le seuil de la maison se ferma devant moi ; Les valets insolents, à l’audace impunie, Me jetèrent de loin leur brutale ironie… Et j’ai souffert cela pour toi !
Combien de vieux soldats, de généraux même, après Waterloo, recoururent à la bêche, à la charrue, et y cherchèrent la distraction de la défaite, l’oubli de l’affront national, avec acharnement et une sorte de rage !
Je vis, grâce au ciel, sans reproche ; tel en Hollande qu’à Paris, point dévot, mais réglé dans ma conduite et dans mes mœurs, et toujours inviolablement attaché à mes vieilles maximes de droiture et d’honneur.
Bernier le ton exact d’un ministre évangélique, l’auteur a, en quelques endroits, multiplié les termes familiers aux réformés, et qui ne les choquent pas comme étant tirés des vieilles traductions de la Bible qu’ils lisent journellement.
« La lettre d’un vieux ami de province, citée dans l’article de George Sand sur Maurice de Guérin, (Revue des deux mondes, 15 mai 1840), est de moi.
Le seul vrai ridicule, celui qui naît du contraste avec l’essence des choses, s’attache à leurs efforts : lorsqu’elles s’opposent aux projets, à l’ambition des hommes, elles excitent le vif ressentiment qu’inspire un obstacle inattendu ; si elles se mêlent des intrigues politiques dans leur jeunesse, la modestie doit en souffrir ; si elles sont vieilles, le dégoût qu’elles causent comme femmes, nuit à leur prétention comme homme.
Si l’on visait à donner une connaissance pratique de l’ancienne langue, si l’on avait aussi de bons textes appropriés aux nécessités scolaires, ce ne serait pas une grande affaire, et ce serait un plaisir de lire couramment quelques vieux auteurs.
Une puissance de création médiocre ; un peu de jalousie, de malignité à l’égard des grands contemporains, où l’on sent un dépit de n’avoir pas percé soi-même au premier rang ; un excès de sévérité pour les vaincus du combat politique qui ne sont pas satisfaits de leur défaite, une insistance à les convertir, où le journaliste officiel, payé, protégé, se découvre trop, et qui fait que des Lundis, à les lire tout d’une suite, émane un déplaisant parfum de servilité ; certain goût de commérages et d’investigations scabreuses, où l’on devine que, sous prétexte d’exactitude historique, se satisfait une imagination inapaisée de vieux libertin : voilà le mal qu’on peut dire de Sainte-Beuve857 .
oui, c’est un vagabond, un vieux vagabond des routes et des faubourgs !
Dans un salon, une vieille perruche « m’entreprend » sur Émile Augier (à propos de la statue de la duchesse d’Uzès, dont on parle à la cantonade).
Si nous pouvions nous replacer dans le courant des idées qui régnaient de leur temps, nous reconnaîtrions que beaucoup de ces vieux géomètres étaient analystes par leurs tendances.
Certes un vieux maître voyant un homme sans célébrité venir vers lui et garder à son égard des allures d’indépendance, se fût révolté ; on n’a guère d’exemples d’un chef d’école accueillant avec empressement celui qui va lui succéder.
Il n’eut sans doute aucune connaissance de ce que le vieux sanctuaire de Melkarth, à Tyr, pouvait renfermer encore d’un culte primitif plus ou moins analogue à celui des Juifs 416.
Une sorte de besoin amenait cette théologie, pour corriger l’extrême rigueur du vieux monothéisme, à placer auprès de Dieu un assesseur, auquel le Père éternel est censé déléguer le gouvernement de l’univers.
Les Sadducéens avaient à ce sujet un argument grossier en apparence, mais dans le fond assez conforme à la vieille théologie.
Je vous le donne pour un véritable chevalier français, et vous pouvez désormais le regarder comme un vieux colonel. » L’héroïque figure de Ney n’a cessé de remplir et de dominer la relation qu’on vient de parcourir ; c’est par une telle parole de lui qu’il y avait convenance et gloire, en effet, à la couronner.
Il est père d’une dynastie de Dives, dont les vieux fabliaux ont conservé la filiation : Elfe, c’est-à-dire le Rapide, fils de Prométhée, puis Elfin, roi de l’Inde, puis Elfinan, fondateur de Cléopolis, ville des fées, puis Elfilin, bâtisseur de la muraille d’or, puis Elfinell, le vainqueur de la bataille des démons, puis Elfant, qui construisit Panthée tout en cristal, puis Elfar qui tua Bicéphale et Tricéphale, puis Elfinor le Mage, une espèce de Salmonée qui fit sur la mer un pont de cuivre sonnant comme la foudre, non imitabile fulmen œre et cornipedum pulsu simularat equorum, puis sept cents princes, puis Elficléos le Sage, puis Elféron le Beau, puis Obéron, puis Mab.
On ne voyoit partout que des Jupiter, des Mars, des Apollon & des Neptune, qui n’étoient jamais sortis de leurs vieux châteaux, ou de leurs comptoirs.
La vieille théorie des tempéraments et de leur influence sur les caractères peut avoir été plus ou moins exagérée ; mais l’expérience de tous les jours est là pour nous montrer que la gaieté, la tristesse, l’audace, la timidité, et beaucoup d’autres affections ont une liaison étroite avec l’organisation.
Si vous me peignez une chaumière, et que vous placiez un arbre à l’entrée, je veux que cet arbre soit vieux, rompu, gercé, caduc ; qu’il y ait une conformité d’accidents, de malheurs et de misère entre lui et l’infortuné auquel il prête son ombre les jours de fête.
Ce n’est pas sans étonnement que nous voyons, dans le Discours préliminaire de la dernière édition du Dictionnaire de l’Académie française, le secrétaire perpétuel reproduire contre l’auteur du Dictionnaire universel cette vieille accusation d’avoir dérobé le travail de ses confrères.
Je ne dirai pas de lui la vieille phrase traînée « c’est un esprit qui s’est cherché longtemps », d’abord parce qu’elle traîne, ensuite parce qu’elle ne serait pas juste.
Il a des mots qui sont des affres : « La caducité — dit-il, en blêmissant de se voir vieux, — a un pied sur un tombeau et l’autre pied sur un gouffre !
« La caducité, dit-il en blêmissant de se voir vieux, a un pied sur un tombeau et l’autre pied sur un gouffre. » « Stendhal, dit son biographe, M.
Nul doute, comme nous le voyons par Horace, que l’influence de cette vieille et libre poésie ne se soit mêlée à l’art alexandrin, dans les premières leçons d’élégance grecque et de poésie qu’un Lucrèce, un Gallus, un Catulle, rapportaient de Grèce et d’Égypte.
vous iriez dire à la vieille Emilie Qu’à son âge il sied mal de faire la jolie… . . . . […] Philinte sait très bien que, quand il demande à Alceste : « Vous diriez à Emilie qu’elle est vieille coquette ? […] Arnolphe, vieux relativement à Agnès, l’a laissée ignorante et idiote pour qu’elle l’aimât. […] Les plus vieux sont pour elle les plus charmants, et je vous avertis de n’aller point vous faire plus jeune que vous êtes. […] Non, de beaux portraits de Saturne, du roi Priam, du vieux Nestor et du bon père Anchise sur les épaules de son fils.
Telle est la propriété des impôts, qui se métamorphosent avec la facilité et l’énergie du vieux Protée ; on n’en voulut pas à Montesquieu. […] Et d’abord je remarque, à l’ouverture même du livre, une vérité vieille comme le monde et hardie à force de vétusté.
Gœthe et Beethoven sont tous deux Allemands du Sud ; Burns et Carlyle, Ecossais ; Poe et Whitman, Américains de vieille roche. […] Rappelons que Binet et Féré venaient tout juste de publier leur livre sur le « magnétisme animal » (Alcan, 1887), relançant le débat sur cette vieille question qui a traversé tout le xixe siècle.
V Tel est ce drame : on y aperçoit déjà un raffinement de style qui touche de près à la corruption du goût chez les peuples vieux ; mais la candeur, la douceur, l’innocence des sentiments et des mœurs qui forment le fond de la religion et de la civilisation des Indes primitives, y édifient partout le lecteur ou le spectateur. […] » L’interrogation des vieux parents et les réponses naïves des enfants sont dignes d’Éliacin dans notre Athalie.
Enfin, lors même que les quelques espèces fossiles qui sont communes au vieux monde et au nouveau seraient retranchées de l’ensemble, le parallélisme général des autres formes successives de l’organisation, pendant les périodes paléozoïques et tertiaires, serait cependant évident à première vue et suffirait pour établir la corrélation des diverses formations. […] Je fus si vivement frappé de ces faits, que, dès les années 1835 et 1846, j’insistai fortement sur cette « loi de succession des types » et sur « cette étonnante parenté entre les morts et les vivants du même continent. » Le professeur Owen a étendu depuis la même généralisation aux mammifères du vieux monde.
Navier, je distingue un passage sur les épidémies dans les campagnes, un autre sur les caractères odieux du crime d’empoisonnement : ainsi dans l’Éloge de M. de Lassone, un passage sur les maladies des vieilles filles ; dans l’Éloge de M.
L’auteur avait voulu peindre les guerres et discordes des comtes et des prélats d’Alsace, ranimer les cadavres de l’histoire, mettre en actions les légendes ou chroniques qui se rattachaient aux débris des vieux châteaux : ils passeront devant les yeux du lecteur dans leur costume antique, disait-il de ses personnages, ils agiront suivant les mœurs de leur siècle ; en un mot, je copierai fidèlement la nature, même lorsque je suppléerai par la fiction aux faits que le temps a ensevelis dans les ténèbres de l’oubli.
Par son cri d’alarme, il fait bien sentir le danger où fut à une certaine heure la France de se réveiller toute calviniste, au moins par la tête, c’est-à-dire à la Cour, dans les classes élevées et même dans la haute bourgeoisie ; car il y eut un moment de mode presque universelle pour la nouvelle religion ; la jeunesse parlementaire en était plus ou moins atteinte : « Il n’était fils de bonne mère, dit Montluc, qui n’en voulût goûter. » Montluc ne fait point la part de la conviction et de la conscience chez bon nombre de ses adversaires ; mais chez les chefs et les grands il fait très bien la part des motifs ambitieux et intéressés : « Si la reine (Catherine de Médicis) et M. l’amiral (de Coligny) étaient en un cabinet, et que feu M. le prince de Condé et M. de Guise y fussent aussi, je leur ferais confesser qu’autre chose que la religion les a mus à faire entretuer trois cent mille hommes, et je ne sais si nous sommes au bout… » Homme d’autorité et royaliste de vieille roche, il met bien à nu et dénonce l’esprit républicain primitif des Églises réformées et leur dessein exprès de former un État dans l’État.
» Ainsi soupirait, traversant l’air, une voix sortie des vieilles murailles des ancêtres.
Émile Chasles n’a pas manqué de relever dans son étude intitulée Les Confessions de Vauvenargues : Ce qu’il y a de plus avisé pour l’emprunt qui me regarde, écrit Vauvenargues à Saint-Vincens, c’est de battre à plusieurs portes, de savoir qui a de l’argent, et de sonder tout le monde ; pauvres, riches, domestiques, vieux prêtres, gens de métier, tout est bon, tout peut produire ; et, si l’on ne trouvait pas dans une seule bourse tout l’argent dont j’ai besoin, on pourrait le prendre en plusieurs, et cela reviendrait au même.
Causant avec un homme de la vieille Cour, M. de Luynes, qui aimait ainsi à interroger chacun sur son coin d’histoire, tirait de lui cette jolie anecdote : Du temps du feu roi, toutes les petites circonstances par où on pouvait lui faire sa cour étaient des grâces importantes.
Freslon (3 novembre 1835) : C’est enfin la semaine prochaine que j’abandonnerai la lecture des livres et la recherche des vieux papiers, pour commencer à écrire moi-même.
conservez-le pur jusqu’au dernier soupir, et ne doutez pas qu’avec une conduite aussi régulière, un patriotisme aussi intact et aussi soutenu, on ne distingue toujours les vieilles brigades d’Italie et qu’elles ne soient toujours chères à la patrie.
Je voyais aussi un vieux général polonais dévot aux chapelets et aux médailles dont il avait éprouvé et dont il préconisait maint effet ; à deux pas de là, le peintre Overbeck, dans son atelier, dévot à l’art pur chrétien.
Biot la portait encore sur bien des objets, astronomie, physique, chimie, agriculture, et les plaisirs actifs, chasse, pêche, nage ; vieux, il disait en souriant : « J’ai aimé dans ma vie bien des choses. » Faudrait-il en conclure qu’il s’est trop dispersé, et qu’il ait eu le droit de se dire à lui-même comme La Fontaine : J’irais plus haut peut-être au Temple de Mémoire, Si dans un genre seul j’avais usé mes jours… ?
Jeune ou vieux, il n’a cessé de se peindre, et, ce qui vaut mieux, de se montrer, de se laisser voir, et, en posant solennellement d’un côté, de se livrer nonchalamment de l’autre, à son insu et avec une sorte de distraction.
Je ressens là, sous une nouvelle forme, la vieille haine dont on me poursuit depuis des années et qui cherche à s’approcher tout doucement de moi.
Que d’autres aillent s’amuser et s’éterniser dans ces vieilles contrées usées de Rome, de la Grèce ou de Byzance, lui il était allé choisir exprès un pays de monstres et de ruines, l’Afrique, — non pas l’Égypte trop décrite déjà, trop civilisée, trop connue, mais une cité dont l’emplacement même a longtemps fait doute parmi les savants, une nation éteinte dont le langage lui-même est aboli, et dans les fastes de cette nation un événement qui ne réveille aucun souvenir illustre, et qui fait partie de la plus ingrate histoire.
Ayant fait sa première pièce qu’il vendit aux édiles pour être représentée, on exigea qu’il la lût auparavant au vieux poète Cécilius, alors en grand renom, et qui faisait ainsi l’office de censeur.
Bonhomme, c’est-à-dire du bon vieux.
» — « Non, répondit Bailly ; mais je vous ai donné l’exemple de ne jamais désespérer des lois de votre pays. » Il donnait de plus le bien rare exemple, lui, victime de la Révolution, de ne pas la calomnier : « L’orage qui gronde en ce moment, disait-il, ne prouve rien sans doute, et fera tomber bien des feuilles de la forêt ; il arrachera même quelques arbres ; mais il emportera aussi de vieilles immondices, et le sol épuré peut donner des fruits inconnus jusqu’ici. » L’agonie de Bailly était comme épuisée et consacrée dans toutes ses circonstances : elle s’augmente et se couronne de deux ou trois traits sublimes, grâce à M.
Né le 2 février 1754, en plein XVIIIe siècle, d’une des plus vieilles familles de la monarchie, fils aîné d’un père au service et d’une mère attachée à la cour, Charles-Maurice de Talleyrand, entièrement négligé de ses parents dès sa naissance et qui, disait-il, « n’avait jamais couché sous le même toit que ses père et mère », éprouva au berceau un accident qui le rendit boiteux.
On est effrayé de cette inutile consommation des jours, et on voit avec peine s’approcher le moment qui doit confirmer cette contradiction dans la vie, de devenir vieux sans avoir vu que l’on fût jeune.
Ce sont des esprits crédules, soit qu’ils se passionnent pour ou contre les vieilles erreurs ; et leur violence, sans arrêt, leur donne le besoin de se placer à l’extrême de toutes les idées, pour y mettre à l’aise leur jugement et leur caractère.
Ces vieilles romances anonymes67, contemporaines des anciennes chansons de geste, nous offrent le même sentiment violent, grossier, sans nuances ni raffinement.
Telle fable est un conte, un fabliau, exquis de malice, ou saisissant de réalité, le Curé et le Mort, la Laitière et le Pot au lait, la Jeune Veuve, la Fille, la Vieille et ses deux servantes.
Il faut croire que le prestige de l’imprimé agit encore aussi fortement qu’au vieux temps.
Et je m’assure que, si vous m’accordez votre protection, les arguments de tous ces vieux porteurs de calottes et de lunettes ne me feront jamais répondre un seul mot à propos.
Parmi tous ces simples qui sont là, à l’ombre de ces vieux arbres, pas un, pas un seul ne vivra dans l’avenir.
Cette loi me paraît être résumée par deux vieux proverbes, qui semblent se contredire et qui en réalité se complètent : A père avare, fils prodigue, et Tel père, tel fils.
Il déchire les vieilles morales, détruit les « valeurs anciennes ».
Elle allait au péril en souriant, avec sécurité, avec charité, un peu comme ces rois très chrétiens du vieux temps, un jour de semaine sainte, allaient à certains malades pour les guérir.
Telle qu’elle est, victime de la plus odieuse et de la plus brutale des immolations, exemple de la plus épouvantable des vicissitudes, elle n’a point besoin que le culte des vieilles races subsiste pour soulever un sentiment de sympathie et de pitié délicate chez tous ceux qui liront le récit et de ses brillantes années et de ses dernières tortures.
Le vieux dicton philosophique sur le désir, nihil appetimus uni sub specie boni , n’est applicable qu’au désir produit par l’anticipation d’un plaisir dans notre pensée ; mais ce désir né de l’idée n’est pas le désir primitif, le penchant.
Aujourd’hui même on y conserve, on y réédite sous le nom de Royaux de France un recueil de romans en prose dérivés de nos vieux poèmes.
Vous souffrez volontiers que certains hommes conservent un culte de vénération pour vingt-cinq ans de notre histoire, parce qu’eux ont été plus ou moins mêlés aux événements de cette époque récente, parce qu’ils en ont plus ou moins adopté les résultats ; et vous vous irritez de ce que certains autres hommes, plus religieux dépositaires des mœurs anciennes, des vieilles habitudes, des illustrations consacrées par les siècles, se retirent quelquefois dans le silence de leurs foyers pour brûler un grain d’encens aux pieds de leurs premiers dieux domestiques, qui, après tout, furent assez longtemps les dieux de la patrie.
On peut croire cependant que pareil hommage ne s’était pas fréquemment renouvelé pour Auguste : car l’empereur, alors vieux et malade, en parut charmé et voulut récompenser un si bon exemple.
Nous ne connaissons qu’une humanité déjà évoluée, car les « primitifs » que nous observons aujourd’hui sont aussi vieux que nous, et les documents sur lesquels travaille l’histoire des religions sont d’un passe relativement récent. […] Je le demande à l’auteur de « La Mentalité primitive », et j’évoquerai un souvenir très ancien, à peine plus vieux cependant que notre vieille amitié. […] me dis-je, mais c’est ce vieux tremblement de terre de B***. […] c’est ce vieux tremblement de terre. » Analogue avait été l’impression des autres assistants.
Sans doute, c’est pour repousser ou pour éloigner de lui par avance l’accusation de pédantisme, qui est celle dont tous nos professeurs, petits et grands, jeunes et vieux, semblent avoir aujourd’hui le plus de peur. […] D’un autre côté, le vieux fonds gaulois subsiste toujours, et la politesse nouvelle n’en a pas encore triomphé. Dans cette même société qui travaille à épurer les mœurs, à spiritualiser au moins l’expression de l’amour, ils sont toute une école qui prétend, au contraire, continuer d’aimer « à la vieille française », sans tant de phrases ni de manigances, et « pour soy rigoler », comme eût dit Rabelais. […] C’est même ce qu’un savant homme a exprimé quelque part assez dédaigneusement, en disant de Bossuet qu’il n’avait jamais eu d’autre philosophie que celle de ses vieux cahiers de Navarre. […] Parmi ces débauchés et ces libres esprits, si l’on veut que Molière ait pris des leçons de philosophie, elles ont donc dû ressembler singulièrement à celles que le « petit Arouet » recevra plus tard à son tour de la vieille Ninon de Lenclos et des habitués de la société du Temple.
Le quiproquo n’est pas sans piquant qui consiste en ceci qu’Eroxène et Daphné viennent toutes deux demander au vieux Lycarsis la main de son fils et que Lycarsis croit tout de suite que c’est lui-même qu’elles adorent. […] Dans Tartuffe Dieu n’occupe la pensée que d’un imbécile qui est Orgon, d’une vieille bête qui est Madame Pernelle et d’un coquin, Tartuffe, qui n’y croit certainement pas, et les honnêtes gens et les gens sensés de la pièce, qui auraient quelques raisons d’en parler, n’en disent rien. […] Il est assez vieux ; il a quarante ans. […] Son rôle pourrait être intitulé à quoi rêvent les vieilles filles. […] Elle est intellectuelle, elle est littéraire en ce qu’elle a l’âme la plus livresque qui se puisse, une âme de cabinet de lecture, et quand elle sera tout à fait vieille, die écrira ses mémoires où l’univers apprendra qu’il a été amoureux d’elle pendant un demi-siècle et qu’elle l’a désespéré par les escarpements de sa vertu.
Ainsi, d’après les explications du catalogue, le Réveil de la conscience nous représente une jeune femme qui a été entraînée au mal par un homme « vulgaire et léger » et installée par lui dans un petit cottage de Londres ; elle a la conscience soudain réveillée par les sons d’une vieille romance : « Oft in the stilly night », que joue son amant sur un piano et qui lui rappelle le temps où elle marchait dans le droit chemin. […] Si demain j’entrais en lutte avec Garibaldi, il est probable que j’aurais pour moi la majorité des vieux diplomates, mais l’opinion publique européenne serait contre moi. […] À peine le vieux patron est-il sur pied, qu’un nouveau malheur frappe la famille : Luca, le second fils, qui avait été pris à son tour par la conscription, est tué à Lissa. […] Il est à bout, maintenant, le vieux patron : à force de souffler sur lui, la misère, les orages et le malheur l’ont abattu tout de bon. […] Ses idées de jeunesse n’ont rien d’excessif : il manquait d’imagination, comme il se plaît à le reconnaître : « Chez moi, la folle du logis est une vieille paresseuse que j’ai beau exciter, elle ne se met jamais en mouvement. » Cette qualité négative le poussait aux sciences d’application et aux questions pratiques.
» Ou l’Histoire vénitienne de 1840, ou l’Enfer, ou le Paradis du Maquereau, ou Dieu chasse à l’Homme, ou des poèmes tels que l’Accord : Ici l’orgie funèbre secoue ses chaînes d’or Et pourri sous la grâce de tes Jupes curules, Hétaïre, en ces caves, perfides ergastules, Le vieux tapis d’Orient ne connaît pas l’aurore. […] Il y avait Henri Mannbm et Thomas Mann, qui, vers 1905, étaient les deux rnaîtres du roman, chacun venant d’un sens opposé : celui-ci, le constructeur de grands édifices tels les « Buddenbrocks », œuvre historique de la vieille race prussienne. […] En tout cas, Les Trois Sauts de Wang-Lun, livre où sont décrites l’âme et la vie des vieux Chinois avec une sensibilité et une finesse dignes de Flaubert, laisse entrevoir un très grand talent.
C’était le temps des portraits : Mme de La Fayette, vers 1659, en fit un de Mme de Sévigné, qui est censé écrit par un inconnu : « Il vaut mieux que moi, disait celle-ci en le retrouvant dans de vieilles paperasses de Mme de La Trémouille en 1675, mais ceux qui m’eussent aimée il y a seize ans l’auroient pu trouver ressemblant. » C’est toujours sous ces traits jeunes et à jamais fixés par son amie, que Mme de Sévigné nous apparaît immortelle. […] Il leur semble qu’on leur paroît cent ans dès qu’on est plus vieille qu’eux, et ils sont tout propres à s’étonner qu’il soit encore question des gens ; et de plus il croiroit plus aisément ce qu’on lui diroit de M. de La Rochefoucauld que d’un autre.
Prenons d’abord les plus fréquents, c’est-à-dire les représentations, idées, conceptions que nous avons des objets et notamment des corps extérieurs : par exemple, je me représente la vieille pendule à colonnes qui est dans la chambre voisine. […] La plupart des légendes, surtout les légendes religieuses, se forment de la sorte. — Un paysan dont la sœur était morte hors du pays m’assura qu’il avait vu son âme, le soir même de cette mort ; examen fait, cette âme était une phosphorescence qui s’était produite dans un coin, sur une vieille commode où était une bouteille d’esprit-de-vin. — Le guide d’un de mes amis à Smyrne disait avoir vu une jeune fille apportée en plein jour à travers le ciel par la force d’un enchantement ; toute la ville avait été témoin du miracle ; après quinze heures de questions ménagées, il fut évident que le guide se souvenait seulement d’avoir vu ce jour-là un petit nuage dans le ciel. — En effet, ce qui constitue le souvenir, c’est le recul spontané d’une représentation qui va s’emboîter exactement entre tel et tel anneau dans la série des événements qui sont notre vie.
Cette croyance pure, morale, antique, existait ; c’était la vieille religion du Christ, ouvrage de Dieu suivant les uns, ouvrage des hommes suivant les autres, mais, suivant tous, œuvre profonde d’un réformateur sublime ; réformateur commenté pendant dix-huit siècles par les conciles, vastes assemblées des esprits éminents de chaque époque, occupées à discuter, sous le titre d’hérésies, tous les systèmes de philosophie, adoptant successivement sur chacun des grands problèmes de la destinée de l’homme les opinions les plus plausibles, les plus sociales, les adoptant, pour ainsi dire, à la majorité du genre humain ; arrivant enfin à produire ce corps de doctrine invariable, souvent attaqué, toujours triomphant, qu’on appelle unité catholique, et au pied duquel sont venus se soumettre les plus beaux génies ! […] Si elle ne décelait pas le goût pur, la foi simple et solide des écrivains du siècle de Louis XIV, elle peignait avec charme les vieilles mœurs religieuses qui n’étaient plus.
Mille fois plus éloquent que Platon, mille fois plus passionné que Fénelon, aussi poétique que le sophiste grec, aussi religieux que l’archevêque français, né à une époque où le vieux monde féodal mourait, où la France sentait déjà remuer dans ses flancs l’embryon d’une révolution radicale, l’enfant de Genève, J. […] Je m’étais figuré une vieille dévote bien rechignée ; je vois un visage pétri de grâces, de beaux yeux bleus pleins de douceur, un teint éblouissant, des formes séduisantes ; rien n’échappa au rapide coup d’œil du jeune prosélyte, car je devins à l’instant le sien, sûr qu’une religion prêchée par de tels missionnaires ne saurait manquer de mener en paradis.
… » Examinant ensuite si l’amende ou l’exil serait une peine plus douce ou plus convenable pour lui : « Ce serait, dit-il, une belle existence pour moi, vieux comme je suis, de quitter mon pays, d’aller errant de ville en ville, et de vivre de la vie d’un proscrit ! […] C’est pourquoi, déjà vieux et cassé comme je suis, je me suis laissé atteindre par le plus lent des deux, la mort ; tandis que le crime s’est attaché à mes accusateurs, plus jeunes et plus agiles que moi.
L’acte de foi dans la bonté de la nature humaine répond à un acte d’énergie, à une affirmation de vitalité de la part d’une humanité qui veut vivre, qui se sent forte et à qui sa surabondance de force permet d’abandonner sans terreur ses vieux foyers et ses vieux abris, pour se lancer à la poursuite de l’inconnu.
voilà un livre réputé vieux comme le monde, écrit, selon les Hébreux et selon les chrétiens, sous la dictée de l’écrivain dont les mots sont des astres et dont les pages sont firmaments ! […] Prophète lui-même, il donne à sa langue la hauteur, l’autorité, l’antiquité et quelquefois la divinité du Vieux Testament.
Si le profond géomètre Euler est resté une bonne vieille femme, c’est un cas aussi extraordinaire que celui de Pascal. […] Dictionnaire de Chimie et Dictionnaire des Drogues simples, où il y a une forte dose de vieilles traditions sans valeur.
Reste pour nous le spectacle même de l’état des âmes décelé par cette poésie : la ferveur dans une foi confuse encore, le jeu de la fantaisie dans l’abstraction même ; quelque chose enfin de semblable aux rêves de Proclus, ramenant les vieilles fables du polythéisme vers une sorte d’allégorie morale, vers un mystique amour de la science et de la vertu. […] « Mais toi, élevant tes ailes, tu as franchi les voûtes bleues du ciel, et tu t’es arrêté dans le milieu le plus limpide des sphères intellectuelles, à l’origine du bien suprême, là où le ciel est silencieux, où n’existent plus ni le temps inépuisable, infatigable, attirant dans son cours tout ce qui vient de la terre, ni les maux sortis du vaste sein de la matière, mais seulement l’éternité exempte de vieillesse, ou plutôt jeune et vieille à la fois, distribuant aux êtres divins leur part du bienheureux séjour. » Le pontife chrétien, le défenseur, le père du peuple de Ptolémaïs, est ici redevenu le disciple enthousiaste de Platon.
Sa troupe et lui représentèrent la même année devant leurs Majestés la tragédie de Nicomède, sur un théâtre élevé par ordre du roi dans la salle des gardes du vieux Louvre. […] Sa vieille réputation fit que les comédiens osèrent la jouer en 1719, mais ils ne purent jamais l’achever.
Malherbe avait dit : « J’apprends tout mon français à la place Maubert. » Lui, Töpffer, il veut qu’à deux siècles de distance cette parole bien comprise signifie : Je rapprends et je retrempe mon français chez les gens simples, restés fidèles aux vieilles mœurs, comme il en est encore dans la Suisse romande, en Valais, en Savoie, en dessus de Romont, à Liddes, à Saint-Branchier, au bourg Saint-Pierre.
Et Arago de son côté repassant sur ses souvenirs : Au moment où j’écris ces lignes, dit-il, vieux et infirme, avec des jambes qui peuvent à peine me soutenir, ma pensée se reporte involontairement sur cette époque de ma vie où, jeune et vigoureux, je résistais aux plus grandes fatigues et marchais jour et nuit dans les contrées montagneuses qui séparent les royaumes de Valence et de Catalogne du royaume d’Aragon, pour aller rétablir nos signaux géodésiques que les ouragans avaient renversés.
J’ai souvent pensé qu’un homme de notre âge qui a vu le Premier Empire, la Restauration, le règne de Louis-Philippe, qui a beaucoup causé avec les plus vieux des contemporains de ces diverses époques, qui, de plus, a beaucoup lu de livres d’histoire et de mémoires qui traitent des derniers siècles de la monarchie, peut avoir en soi, aux heures où il rêve et où il se reporte vers le passé, des souvenirs presque continus qui remontent à cent cinquante ans et au-delà.
Celui-ci, le long des étangs et sous les vieux chênes, rêva plus qu’il n’étudia.
Il se plaît à les raconter avec détail, et dans ces endroits de ses Mémoires il nous rappelle le vieux Montluc, grand amateur et narrateur aussi d’escarmouches et d’actions particulières.
Il a le crayon rouge, heurté, brusque et expressif de nos vieux dessinateurs qui logeaient près des Halles, il a le croquis parlant.
Regardez-y bien : tous ces Génevois de la vieille souche ont finesse, modération, une certaine tempérance, l’analyse exacte, patiente, plus de savoir que d’effet, plus de fond que d’étalage ; et quand ils se produisent, ils ont du dessin plutôt que de la couleur, le trait du poinçon plus que du pinceau ; ils excellent à observer, à décrire les mécanismes organiques, physiques, psychologiques, dans un parfait détail ; ils regardent chaque pièce à la loupe et longtemps ; ils poussent la patience jusqu’à la monotonie ; ils sont ingénieux, mais sans une grande portée.
Le vieux Michaud de l’Académie, journaliste spirituel, celui que l’empereur Napoléon appelait un mauvais sujet, avait une maxime : « On ne dit bien que ce qui est difficile à dire. » 21.
Quand on ne l’a connu que vieux, on ne se figure guère M.
Le vieux poète joue aux fables avec le jeune enfant ; il lui en récite, il lui en emprunte, il en compose sur des sujets de son choix (le Chat et la Souris), et il se déclare d’avance battu et vaincu : « Il faut, lui dit-il en tête de son douzième livre qui lui est tout dédié, il faut, Monseigneur, que je me contente de travailler sous vos ordres ; l’envie de vous plaire me tiendra lieu d’une imagination que les ans ont affaiblie ; quand vous souhaiterez quelque fable, je la trouverai dans ce fonds-là. » Et aussi, en récompense, quand La Fontaine meurt, on trouve parmi les thèmes ou les versions du jeune prince un très joli morceau sur cette mort (in Fontani mortem), un centon tout formé de la fleur des réminiscences et des plus élégantes expressions antiques.
Les élèves de David se partageaient en divers groupes fort distincts : dans l’un, les vieux camarades restés un peu révolutionnaires ou jacobins, au langage du temps, et communs ; dans un autre, les nouveaux.venus et qui tenaient plus, ou moins à l’ancien régime par la naissance, par les opinions ou le ton, Forbin, Saint-Aignan, Granet ; plus loin et toujours ensemble, deux jeunes Lyonnais fort réservés et qu’on disait religieux, Révoil et Richard Fleury ; un beau jeune homme faisant secte à part, Maurice Quaï, un ami de Nodier, mort jeune, noble penseur, véritable type olympien ; et quelques autres encore dans l’intervalle.
Il y a, en un mot, tout un monde enchevêtré dans les bras et les pieds du vieux chêne.
Heureusement le jour baissait ; c’était bien sa vois, c’était un peu son regard, tout le reste était une vieille femme, que j’accusais dans mon cœur d’enfermer par magie celle que j’avais vue à Rome.
Oui, tandis qu’il aspirait à continuer Cervantes et à monter en croupe derrière lui sur ses poétiques inventions, il l’appelait, pour tout remercîment, « vieux et manchot. » M.
Nefftzer et Scherer n’étaient pas pour lui des amis d’hier seulement5, et s’il m’était permis de citer un vieux proverbe qui me revient, dans ces souvenirs d’une vie qui, comme celle de tout grand travailleur, ne laissait pas d’avoir ses éclaircies de gaieté, je dirais qu’ils se connaissaient bien, ayant mangé plus d’un grain de sel ensemble6.
Une compagnie d’honnêtes gens, aimant les lettres, y arrivant, y revenant de bien des côtés, se plaisant à en causer dans leur âge mûr, ou sur leurs vieux jours, s’y réconciliant, s’il le faut, et croisant sur un même point, sur un mot de vocabulaire, des pensées d’origine bien diverse, ainsi je me figure la réunion de famille et le tous-les-jours de l’Académie.
Après chaque livre ou chaque prix, il achetait de jolis cabriolets, avec lesquels il courait de Paris à Abbeville, pour y voir sa mère, sa famille, ses vieux professeurs ; il se remettait au grec près de ceux-ci.
Mon récit paraissait vivement les intéresser, et, s’ils m’interrompaient, c’était pour m’adresser des questions d’une remarquable naïveté et qui prouvaient que, dépourvus de toute notion, même superficielle, sur les sciences et les voyages, ils étaient aussi ignorants sur ces matières que pouvaient l’être de vieux rentiers au Marais. » Note 5.
Fils peu tendre, vieux garçon, citoyen désintéressé de la fortune publique, enfin parfaitement égoïste, il n’a pas l’excitation qui vient du cœur.
Deux grands faits politiques et sociaux se sont produits : d’abord, le triomphe certain de la République sur les vieilles formes monarchiques et sur les dynasties héréditaires.
Il se pourrait qu’elles fussent charmantes sans être bien neuves, qu’elles ajoutassent peu de chose au vieux trésor des anciens moralistes, qu’elles n’eussent guère d’autre valeur que celle d’un exercice élégant.
. — À vrai dire, Adolphe Dupuis en fit un bon gros homme, presque un vieux général.
» Et quant au mariage, voici Pasquariel, libraire, qui vend un livre, lequel ressemble de bien près à notre vieux livre des Quinze joyes, ce sont : « Les Agréments et les chagrins du mariage, en trois tomes ; le chapitre des agréments contient la première page du premier feuillet du premier tome et le chapitre des chagrins contient tout le reste. » Bon ou mauvais, vrai ou faux, tout cela ne nous vient pas d’au-delà des monts.
« Je n’ai jamais eu de haine pour personne, dit-il ; je ne suis pourtant pas incapable de me venger96. » Quand il croyait n’être que sévère au nom de la morale, il conservait un vieux ressentiment qu’il ne savait pas toujours démêler de ses sévérités.
Un jour, Garat, dans sa jeunesse, alla voir Diderot déjà vieux.
Madame aimait l’esprit, le distinguait en lui-même, l’allait chercher, le réveillait chez les vieux poètes, comme Corneille, le favorisait et l’enhardissait chez les jeunes, comme Racine ; elle avait pleuré à Andromaque, dès la première lecture que le jeune auteur lui en fit : « Pardonnez-moi, madame, disait Racine en tête de sa tragédie, si j’ose me vanter de cet heureux commencement de sa destinée. » Dans toutes les cours qui avaient précédé de peu celle de Madame, à Chantilly, à l’hôtel Rambouillet et à l’entour, il y avait un mélange d’un goût déjà ancien, et qui allait devenir suranné : avec Madame, commence proprement le goût moderne de Louis XIV ; elle contribua à le fixer dans sa pureté.
Et terminons en remarquant que par cette Philosophie évolutive, close en disparaissant est la vieille et prolixe et puérile querelle du Matérialisme et de l’Idéalisme : car elle les unit, en ce que ce dernier sort éternellement de l’autre.
Concernant cette question des rapports entre génie et folie, au moins aussi vieille que le Problème XXX, 1 d’Aristote, Hennequin, comme on le voit, fait partie ici des détracteurs de la théorie biologisante.
Des actes farouches s’accomplissent, une mort soudaine, une tentative de viol, le double assassinat d’une vieille usurière et d’une mûre mystique ; et ces faits se répercutent en d’infinis affolements ; l’on assiste au trouble naissant puis despotique et mortel que cause, en une pauvre cervelle de petite fille, le souvenir d’un passé de cruauté et de souffrance ; dans Crime et châtiment l’horrible fièvre du remords sévit, étreint le meurtrier, le relâche, l’endurcit, le rompt et le prosterne en une faiblesse mêlée de férocité et de désespoir, jusqu’à ce que, cerné par la société, retranché de sa famille et renié de lui-même, il trouve auprès d’une humble fille le secret oublié des larmes et la paix du châtiment.
Qui ne connaît de son passage dans les bouillons, « cette épouvantable tristesse qu’évoque une vieille femme en noir, tapie seule dans un coin et mâchant à bouchées lentes un tronçon de bouilli ?
Il faudrait faire sortir de la bouche de chacun de ces personnages, comme on le voit à nos vieilles tapisseries de château, une légende qui dît ce qu’ils veulent.
Le vieux capitaine Durand, qui fut sous le Directoire l’amant d’une ex-déesse Raison, et à qui les réquisitoires contre le « parti prêtre » viennent de causer un retour de jeunesse en lui rappelant Le Constitutionnel de 1825, fera voter pour toi tous ses métayers. — Il va résilier son abonnement à L’Indépendant de Quévilly pour prendre L’Opinion nationale.
Phèdre se lèvera donc tout à l’heure, et c’est pour qu’elle se lève avec vraisemblance que Racine fait lever Œnone, ce qu’il est naturel, du reste, que Phèdre lui commande, puisqu’Œnone, vieille femme, est à genoux, inclinée et dans une position incommode et fatigante.
Il paraît qu’elle est destinée à conserver encore quelque temps, à l’extrémité de l’Europe, le dépôt des vieilles traditions de l’ordre de choses qui vient de finir ; il est peut-être, en effet, utile qu’il reste des témoins de plusieurs âges de civilisation.
» que Babou oppose une sœur, mademoiselle Bénigne, vieille chrétienne charmante, comme l’autre est païen, qui dit, quand il fait grand vent : « Les saints soufflent » ; qui, pour peindre le caractère joyeusement tonitruant de son frère, dit encore : « Dieu est bon, quoiqu’il tonne !
Quant à ceux qui ne lui reprochent que ses obscénités, il faut vraiment qu’ils aient oublié dans quel temps ils vivent, et les autres romans qu’ils lisent, et à quelle sorte d’histoires, sur leurs vieux jours, ils s’acharnent encore eux-mêmes.
Qu’on le nie devant les monuments irréfragables de l’histoire, ou que l’on confesse que la lumière naturelle n’est pas si faible pour nous avoir révélé tout ce qui donne du prix à la vie, les vérités certaines et nécessaires sur lesquelles reposent la vie et la société, toutes les vertus privées et publiques, et cela par le pur ministère de ces sages encore ignorés de l’antique Orient, et de ces sages mieux connus de notre vieille Europe, hommes admirables, simples et grands, qui, n’étant revêtus d’aucun sacerdoce, n’ont eu d’autre mission que le zèle de la vérité et l’amour de leurs semblables, et, pour être appelés seulement philosophes, c’est-à-dire amis de la sagesse, ont souffert la persécution, l’exil, quelquefois sur un trône et le plus souvent dans les fers : un Anaxagore, un Socrate, un Platon, un Aristote, un Épictète, un Marc-Aurèle !
Sa sœur Nanerl se marie à peu près en même temps à Salzbourg ; son pauvre père reste seul ; Mozart se dévoue à ses vieux jours et l’appelle auprès de lui à Vienne. […] D’Aponte, suivi de sa charmante femme, ne manque pas de trouver un prétexte pour passer par Venise et pour aller à Cénéda surprendre sa famille, embrasser son vieux père, éblouir ses frères, ses sœurs, ses amis d’enfance du spectacle de sa prospérité.
D’un côté de cet amphithéâtre de rochers s’élève au sommet un vieux château en ruines ; les pans de murs percés de brèches et de fenêtres se confondent avec les roches grises qui les portent. […] « De vieux hêtres, dont la tête touche les nues, défendent l’approche de cette forêt aux rayons du soleil.
On voit se dessiner sur la ligne de la mer les profils de quelques vieilles glaneuses qui portent une gerbe sur leurs têtes, ou de quelques belles jeunes filles balançant à la cadence de leur pas, sur leurs épaules, une urne étrusque contenant l’eau pour les lieurs de blé mûr ; leur ombre lapidaire les suit sur la route comme un pli de leur lourde robe. […] Je les connaissais de vieille date.
II C’est ainsi que le comte de Maistre nous apparaît aujourd’hui, à trente-sept ans de distance du temps où nous nous promenions ensemble sous les châtaigniers de la vallée de Chambéry, lui me récitant ses vers sur le Caucase et sur le Phâse, deux excellentes rimes pour un vieux poète revenant de Russie, moi lui récitant les premières stances des Méditations, sans penser qu’un jour il serait divinisé et moi lapidé pour de la prose ou pour des vers. […] Il ne pouvait improviser un trône pour M. de Maistre sans détrôner ou un autre souverain des vieilles races, ou un nouveau souverain de sa propre maison.
Les vieux cerfs se reconnaissent à deux autres marques : ou ils n’ont plus de dents, ou elles sont petites, et la partie de leur bois qu’on appelle les défenses ne renaît plus. Ce sont ces cornichons qui viennent en devant du bois, et dont le cerf se sert pour se défendre : quand il est vieux il ne les a plus, son bois monte droit.
Il parlait avec lenteur, sans se presser, comme on se figure que doit parler un vieux roi. […] Ces deux grandes puissances que je viens de nommer n’étaient pas des amis du fait établi ; leur ferme persuasion était bien plutôt qu’il fallait épurer le vieux levain, et que l’on ne pouvait continuer à marcher toujours dans la fausseté, l’injustice et l’imperfection. » * * * Mardi, 27 janvier 1824.
Elles sont aussi vieilles et aussi vivaces que l’inégalité, laquelle date du jour où il y a eu deux hommes sur la terre. […] — et qui séduit dans la maison paternelle la jeune fille confiée à ses soins ; et Julie, héroïne sous le toit de son vieux mari, fille coupable sous le toit de sa mère.
C’est une tentative fort habile pour mettre sur la scène les principaux faits de la mythologie allemande, et pour condenser tout cet amas de vieilles légendes dans une histoire simple et intéressante. […] Et c’est là un exemple de son penchant pour les propositions antithétiques, car au même moment il esquissait Jésus de Nazareth, le drame du Dieu qui meurt pour expier la fauta des hommes ; de même que plus tard nous voyons Tristan, la mort par amour, le pousser à créer les Vainqueurs, le renoncement absolu à l’amour. — Mais quant à tout le reste, ce n’est au fond qu’une condensation, qu’une dramatisation de vieux mythes ; un effort qu’on aurait certes tort de déprécier, surtout puisqu’il a fourni un cadre si précieux à la tragédie ultérieure.
Où donc Job aurait-il pris sa science de la nature, son expérience des choses humaines, sa lassitude de la vie, son suicide du désespoir, si ce n’était dans le trésor de nos misères et de nos larmes déjà accumulé depuis de longs siècles dans l’abîme d’un temps déjà vieux ? […] Les hommes, en effet, n’ont plus de tels accents : Platon, Socrate, Cicéron sont pâles et énervés auprès de ce poète du désert et des vieux jours.
Mais, sans tomber dans ces excès de l’analogie, il est bien difficile de renoncer à la vieille comparaison entre les quatre âges de la vie individuelle et les diverses périodes de la vie de l’humanité, — comparaison toujours trompeuse et toujours reproduite, tant est naturelle et puissante chez l’homme cette tendance à chercher partout les conditions de sa propre existence, à se faire, comme disait le sophiste Protagoras, la mesure de toutes choses. […] Comme nul ne sait combien de siècles l’humanité doit durer encore, nul ne peut dire si elle est jeune ou vieille, et toute tentative pour retrouver dans le développement de l’espèce les différentes phases de l’existence individuelle est nécessairement chimérique.
Le principe de concurrence entre les organismes voisins, ou entre les descendants et leurs ancêtres, a dû rendre un pareil cas très rare ; car c’est une loi générale que les formes vivantes nouvelles et progressives tendent à supplanter les vieilles formes demeurées fixes. […] Mais il ne suffit pas même d’étudier les Principes de géologie ou de lire quelques traités spéciaux écrits par divers observateurs sur telle ou telle formation et de prendre note des supputations de chaque auteur s’efforçant de donner une idée adéquate de la durée de chaque période, ou même du temps nécessaire à la formation de chaque couche ; il faut avoir examiné soi-même, pendant des années, de puissantes masses de strates superposées ; il faut avoir vu la mer à l’œuvre, rongeant continuellement les vieux rochers de ses plages pour en faire de nouveaux sédiments.
Pourtant il s’en consolait tout bas et prenait assez crûment son parti à la manière des vieux Gaulois, en se disant ou à peu près, comme dans le fabliau (je rends le sens, sinon les paroles) : « Après tout, ce n’est qu’une femme perdue, et il s’en retrouvera assez. » Je ne donne pas cette manière de sentir pour très délicate ni pour chevaleresque, mais elle est de Sully.
Cependant « Le Malade imaginaire n’est pas celle des comédies de Molière que j’aime le mieux, disait-elle ; Tartuffe me plaît davantage. » Et dans une autre lettre : « Je ne puis vous écrire plus long, car on m’appelle pour aller à la Comédie ; je vais voir Le Misanthrope, celle des pièces de Molière qui me fait le plus de plaisir. » Elle admirait Corneille, elle cite La Mort de Pompée ; je ne sais si elle goûta Esther : elle aurait aimé Shakespeare : « J’ai souvent entendu Son Altesse notre père, écrivait-elle à sa demi-sœur, dire qu’il n’y avait pas au monde de plus belles comédies que celles des Anglais. » Après la mort de Monsieur et durant les dernières années de Louis XIV, elle avait adopté un genre de vie tout à fait exact et retiré : « Je suis ici fort délaissée (5 mai 1709), car tous, jeunes et vieux, courent après la faveur ; la Maintenon ne peut me souffrir ; la duchesse de Bourgogne n’aime que ce que cette dame aime. » Elle s’était donc faite absolument ermite au milieu de la Cour : Je ne fraye avec personne si ce n’est avec mes gens ; je suis aussi polie que je peux avec tout le monde, mais je ne contracte avec personne des liaisons particulières, et je vis seule ; je me promène, je vais en voiture ; mais depuis deux heures jusqu’à neuf et demie, je ne vois plus figure humaine ; je lis, j’écris, ou je m’amuse à faire des paniers comme celui que j’ai envoyé à ma tante.
Déjà vieux et hors de la carrière (et il ne mourut qu’à près de quatre-vingt-six ans), il disait avec un soupir, en rejetant ses regards sur le passé : Je m’en irai sans avoir déballé ma marchandise ; et comme on ne m’a jamais mis en œuvre, on ne saura point si j’étais propre à quelque chose ; je ne le saurai pas moi-même : je m’en doute pourtant, et, croyant me sentir des talents, il y a eu des temps dans ma vie où je me suis trouvé affligé en songeant qu’ils étaient perdus, et en les comparant avec ceux des personnes à qui je voyais occuper les premières places.
Il ne dépend pas de vous de faire l’impossible ; mais ce qui peut soutenir la réputation des armes du roi et la vôtre est que vous fassiez jusqu’à la fin tout ce qu’un vieux et grand capitaine ferait pour redresser les choses.
Je considérais l’autre jour, au musée du Louvre, le buste de Buffon, par Augustin Pajou : il y est représenté déjà vieux ; le contour de l’œil, les tempes ridées et un peu amaigries le disent : mais c’est une belle tête, digne, haute, noblement portée.
« En suivant les discours de Bossuet dans leur ordre chronologique, a très bien dit l’abbé Vaillant, nous voyons les vieux mots tomber successivement comme tombent les feuilles des bois. » Les expressions surannées ou triviales, les images rebutantes, les oublis de goût, qui sont encore moins la faute de la jeunesse de Bossuet que de toute cette époque de transition qui précéda le grand règne, disparaissent et ne laissent subsister que cette langue neuve, familière, imprévue, qui ne reculera jamais, comme il l’a dit de saint Paul, devant les « glorieuses bassesses du christianisme », mais qui en saura aussi consacrer magnifiquement les combats, le gouvernement spirituel et le triomphe.
Plus je deviens vieux, plus je pense que c’est la meilleure chose pour un artiste qui aime véritablement son art. » — En octobre 1826, au moment d’une réunion avec sa mère, qu’il avait décidée à venir passer quelque temps à Rome, il écrivit au même ami M.
» Louis XIV remarquait là une chose assez piquante : il eût été digne de son esprit judicieux (s’il eût été plus étendu) de se dire que Schomberg était avant tout un réformé, le soldat européen de sa cause religieuse et politique, et que c’était lui seulement, Louis XIV, qui vers la fin, et quand le vieux soldat s’était cru Français, l’avait trop fait ressouvenir de cette patrie antérieure.
41 On pourrait faire pareil rapprochement de lui à Montaigne dans une quantité de pages ; ce que le vieux Sorel avait déjà remarqué, et ce qui a fait dire à Balzac, je crois, que Charron n’était que le secrétaire de Montaigne et de du Vair.
Il est vrai que quelques-uns lui ont fait cette charité de revoir ses écrits, et nommément sa Sagesse et sa Divinité (probablement ses Discours chrétiens), pour en retrancher les plus apparentes impiétés ; mais on peut dire que les œuvres de ce Charron ressemblent à une vieille roue toute rompue et démembrée, etc.
La première lettre de Henri le montre très amoureux, et les ennemis qui le savent s’embusquent dans un moulin pour le prendre au passage, s’il se hasarde à courir vers la dame de ses pensées : « Ne craignez, rien, mon âme, écrit Henri ; quand cette armée, qui est à Nogaro, m’aura montré son dessein, je vous irai voir, et passerai sur les ailes d’Amour, hors de la connaissance de ces misérables terriens, après avoir pourvu, avec l’aide de Dieu, à ce que ce vieux renard n’exécute son dessein. » Terriens, pour habitants de cette vile terre ; il y a ici du langage d’amour un peu alambiqué, et qui sent sa cour de Henri III.
Sauf de rares passages dans le ton de ce que je viens de citer, sauf de courts moments où le vieux coursier de guerre se redresse comme au son du clairon, il s’oublie, il se traîne ; il ne donne pas à sa propre manière son perfectionnement graduel, et, après une si fière et tumultueuse entrée, il a une fin lente, inégale et incertaine.
Quelques vieux papiers retrouvés, et qui souvent, si on les lit bien (mais rien n’est plus difficile que de bien lire, surtout ce qui n’est pas imprimé), n’en apprennent pas plus que ce qui est connu déjà ; quelques documents inédits qui, dans tous les cas, doivent se combiner avec les notions déjà certaines et acquises, sont des prétextes à bouleversement ; on casse les jugements reçus, on refait des réputations à neuf ; chacun embouche des trompettes pour la découverte qu’il veut avoir faite, et, dans l’empressement de réussir, volontiers on accorde tout à son voisin pour qu’en retour il vous accorde tout à vous-même.
Un autre général de l’empereur, le comte de Schlick, venant du côté du Tyrol pour réparer l’échec de Fernamond, Rohan allait encore se trouver entre deux armées, avec cette aggravation fâcheuse que les régiments qui arrivaient avec Schlick étaient de vieilles troupes aguerries, et que l’armée espagnole, commandée par Serbelloni et rassemblée à Morbegno, frontière du Milanais, était de 4000 hommes et 300 chevaux, aussi des meilleurs soldats.
La reconnaissance, le tendre attachement que j’ai pour vous, cette amitié de vieille roche qui ne se dément jamais, m’oblige d’en agir sincèrement avec vous.
» Et puis le voilà qui s’échauffe sur ce sujet ; enfin il nous en a tant parlé, que toutes les duchesses sont à épousseter les vieux bouquins et toutes les histoires de Suisse qu’il y a dans la bibliothèque.
J’ai besoin d’air, de mouvement, defoi, d’amour, de tout ce qu’on cherche vainement au milieude ces vieilles ruines… Le Pape est pieux et voudrait lebien ; mais, étranger au monde, il ignore complètement etl’état de l’Église et l’état de la société. » Ses lettres de cette date sont tout entières à lire dans le volume ; elles exhalent des cris d’aigle et de prophète.
Il étale ses vieilles misères, ses anciennes guenilles, et il les secoue devant lui en badinant.
Or, Miçkiewicz, déjà vieux, sollicité un jour de se laisser aimer, refusa noblement par une fierté d’âme et une susceptibilité suprême que M.
Le roi et feu Monsieur aimaient beaucoup les œufs durs. » Fagon nous donne l’aperçu d’un souper du roi déjà vieux (1709), qui répond bien à un tel dîner ; il est vrai que cela avait toutes les peines du monde à passer : « La variété, dit-il, des différentes choses qu’il mêle le soir à son souper avec beaucoup de viandes et de potages, et entre autres les salades de concombres, celles de laitues, celles de petites herbes, toutes ensemble assaisonnées comme elles le sont de poivre, sel, et très fort vinaigre en quantité, et beaucoup de fromage par-dessus, font une fermentation dans son estomac, etc. » Si tel était un souper ou un dîner ordinaire de Louis XIV, il est curieux de voir quelles étaient ses diètes, quand on le mettait au régime ; par exemple (1708) : « Le roi, fatigué et abattu, fut contraint de manger gras le vendredi, et voulut bien qu’on ne lui servit à dîner que des croûtes, un potage aux pigeons, et trois poulets rôtis ; le soir, du bouillon pour y mettre du pain, et point de viandes… Le lendemain, il fut servi comme le jour précédent, les croûtes, un potage avec une volaille, et trois poulets rôtis, dont il mangea, comme le vendredi, quatre ailes, les blancs et une cuisse !
J’ai connu dans ma jeunesse un aimable et vieux professeur de l’Université dont le fils, militaire brillant et déjà colonel, fut tué à Waterloo.
Ce drame, dont la composition remonte au xiie siècle, est au premier rang parmi les très-rares échantillons que l’on possède du drame purement religieux, — ou hiératique comme disent les savants, — en vieille langue française.
Les haines religieuses, en bien des lieux, s’associaient et s’accouplaient aux haines politiques pour les mieux empoisonner encore, et ce vieux levain de cupidité, d’avarice et d’envie qui fait le fond de la nature humaine autant et plus que la bonté (quoi qu’en ait dit Bossuet dans une phrase oratoire célèbre, empruntée au déclamateur Tertullien), ce mauvais fond sauvage qu’il n’est besoin que d’éveiller pour le remettre en goût et en appétit, faisait le reste.
Vous m’avez dit souvent dans nos promenades solitaires : « Que ne suis-je encore dans ce jardin d’une maison de Jésuites, dans cette retraite pieuse et champêtre, à genoux, au pied du vieux sycomore, où j’adressais à Dieu les élans d’une première ferveur et d’un vif amour !
Si Collin d’Harleville avait eu du style, et s’il avait fait de mieux en mieux dans le genre du Vieux Célibataire, on aurait pu l’appeler chez nous un demi-Térence ; mais il est resté au quart du chemin.
Non certes, je n’ai pas voulu détacher du vieux tronc une âme qui ne fût pas mûre. »
C’est que notre propre progrès est incessant, et que, par la même illusion, nous attribuons toujours au vieux poète des émotions nouvelles et de plus en plus profondes, dont la lecture de ses poèmes est pour nous l’occasion… Chaque lecture nous révèle un développement nouveau.
La Diète de Ratisbonne, prise à tout instant pour juge et harcelée de réclamations, ne savait qu’opposer un veto impuissant, réserver les droits, se plaindre et demander, que la France voulût bien produire une bonne fois toutes ses prétentions : c’était, disait-elle, le seul moyen pour elle de couper court d’un seul coup à « ce chancre de prétentions que la France proposait sans cesse, et qui ne pourrait être qu’irrémédiablement contagieux pour l’Empire. » On en vint même, dans cette guerre de chicane, jusqu’à soupçonner que, parmi les titres qu’on produisait à l’appui du droit de la France, tous les parchemins n’étaient pas aussi vieux qu’on le disait.
Une vieille nation n’offre point une table rase ; nous ne sommes pas des hommes tout neufs ni des hommes quelconques.
Le vieux levain remuait, remontait à la surface et aigrissait tout.
« Il m’avait reçu d’abord avec de grandes démonstrations de joie ; mais, lorsque je fus près de le quitter, son visage vénérable se couvrit de larmes ; il me retint par mon habit, et prenant ce ton de dignité qui sied si bien à la vieillesse, s’apercevant, malgré sa cécité, de ma grande émotion, il me dit : « Attendez » ; puis il se mit à genoux, pria Dieu, et, m’imposant ses mains sur la tète, il me donna sa bénédiction. » Ce vieux soldat, Jacques Des Sauts, comme on l’appelait (probablement parce qu’il habitait près de la chute de l’Oyapock), est-il réellement l’original qui a suggéré l’idée de Chactas, également aveugle, également contemporain du siècle de Louis xiv, et qui se souvenait toujours de Fénelon, « dont il avait été l’hôte ?
Ce banquet est destiné précisément à fêter la vieille race, la tribu, la famille, la langue distincte, le contraire, en un mot, des dîners de l’ancienne Revue encyclopédique sous M.
La figure qu’on fera devant ces autres générations survivantes et toujours assez peu bien disposées, l’idée générale qu’on laissera de soi et la considération définitive qu’on ménagera à ses vieux jours littéraires, dépendent beaucoup de la façon dont on va se comporter et se poser en ces années où tant de féconds emplois sont possibles encore.
Le dernier chapitre, dans lequel Colomba rencontre à Pise le vieux Barricini mourant, et lui verse à l’oreille un dernier mot de vengeance, a paru à quelques-uns exagéré et tomber clans le roman.
Notre poëte visitait souvent le bon vieux rimeur en sa maison du faubourg Saint-Marceau, et courtisait Claudine tout en devisant, à souper, des auteurs du xvie siècle avec le mari, qui put lui donner là-dessus d’utiles conseils et lui révéler des richesses dont il profita.
Molé s’en est emparé avec bonheur, avec l’accent d’une vieille amitié et de la justice ; il a ainsi renoué la chaîne dont le nouvel élu n’avait su voir que les derniers anneaux d’or.
Nous avons ainsi nos deux termes extrêmes : l’observation vivante, directe du vieux Shakespeare, inconscient de la beauté clinique de son drame — et la pénible érudition avec son cortège d’erreurs et de tares essentielles, aboutissant, en une situation analogue, à une parfaite incohérence des symptômes décrits.
Tout le corps parle ; souvent, à défaut du mot, c’est le geste qui exprime ; une grimace, un haut-le-corps, un bruit imitatif deviennent signes à la place du nom ; pour désigner une allée de vieux chênes, la taille se dresse droite, les pieds se prennent au sol, les bras s’étendent raides, puis se cassent aux coudes en angles noueux ; pour désigner un fourré de chèvrefeuille et de lierre, les dix doigts étendus se recourbent et tracent des arabesques dans l’air, pendant que les muscles du visage se recourbent en petits plis mouvants. — Cette mimique est le langage naturel, et, si vous avez quelque habitude de l’observation intérieure, vous devinez à quel état intérieur elle correspond.
Dans le Paysan parvenu, rien de plus, comiquement humain que la façon dont l’affection pour un beau garçon s’insinue chez une vieille fille dévote.
Mais un site admirable et dominant, un rocher s’élançant à pic et surmonté d’une vieille tour qui s’y incruste et qui en semble le prolongement, font bientôt oublier les escaliers que le temps a disjoints, et les murs qui s’affaissent sous le poids des terrasses.
La coutume barbare de l’internat est une vieille institution, mais s’il y a là des épreuves communes à la jeunesse de tous les temps, il faut reconnaître qu’à aucune époque, l’enfance n’avait eu l’âme si impressionnable et ne s’en était montrée si douloureusement affectée.
Voilà la vérité, déjà enclose dans le vieux mythe d’Orphée, bâtisseur de villes et autour de laquelle se jouait le caprice de sa dialectique.
Le Moyen Âge se faisait un Empire avec de vieux et très inexacts souvenirs.
Solon et Lycurgue ont donné un corps aux vieilles institutions ioniennes ou doriennes.
Apprends-moi, si je dois ou me taire, ou parler… Aujourd’hui vieux lion, je suis doux et traitable126… Mes défauts désormais sont mes seuls ennemis.
Ce voyage à Rouen n’était que le dénouement d’une ancienne liaison, la vieille histoire des lettres à rendre et du dernier rendez-vous.
Au point de vue littéraire et poétique, il ne faudrait voir Chaulieu que de cette manière, tout à fait vieux, et devenu dès lors aussi tout à fait honnête homme, assis sous ses arbres de Fontenay ou à l’ombre de ses marronniers du Temple.
Mme de Genlis tout à fait vieille, et telle qu’elle parut dans la société depuis sa rentrée en France, déployait de l’agrément et de l’amabilité, mais dans un cercle restreint.
Le vieux poète a célébré le charme de ces petites réunions dans une épître à Droz, qu’il a représenté dans son intérieur modeste : Goûtez votre bonheur, Couple aimable et sensible ; Dieu rassembla pour vous, sous votre toit paisible, Des trésors de raison, et de grâce et d’esprit ; L’art de se rendre heureux dans vos mœurs fut écrit.
Marguerite en donne très gentiment une raison toute naturelle : Mais lors l’âge ancien de votre tante et mon enfantine jeunesse avaient plus de convenance, étant le naturel des vieilles gens d’aimer les petits enfants, et de ceux qui sont en âge parfait, comme était lors votre cousine, de mépriser et haïr leur importune simplicité.
Nos vieilles chroniques font une grande différence, sous le rapport des mœurs et des opinions, entre les Français du nord et ceux du midi : cette différence peut se comparer avec celle que les poètes et les historiens établissent, dans les temps héroïques, héroïques, les peuples du Péloponnèse et ceux de la Grèce proprement dite.
Voilà pourquoi il a écrit ce livre, où la pitié déborde dans tous les types ; voilà pourquoi il a raconté ces histoires vraies de vieux soldats, dont l’un devient une véritable mère pour la femme folle de l’homme qu’il fut forcé, par devoir, de faire fusiller, et dont l’autre meurt en bénissant le gamin d’émeute qui l’assassine.
Les désastres que la France a subis sont le châtiment de son impiété et de son éloignement progressif de Dieu, dont on invoque la pitié, afin que le Saint-Siège puisse reconquérir son autorité et la France son calme, c’est-à-dire sa vieille foi chrétienne.
Personne ne se scandalisa en voyant M. de Chateaubriand recommander le christianisme à titre d’agréable, changer Dieu en tapissier décorateur, et répondre à la géologie nouvelle que le monde fut créé vieux.
que ne nous a-t-il pas fait accroire, ce vieux sorcier ! […] » L’amère ironie dont Nietzsche enveloppe le vieux cliché antiwagnérien de l’absence de mélodie ne suffit pas, vraiment, pour en renouveler l’à-propos. […] Beethoven est l’événement intermédiaire entre une vieille âme fragile qui se brise sans cesse et une âme ivre de jeunesse et d’avenir qui arrive sans cesse ; sur sa musique repose ce demi-jour d’une perte continuelle et d’un espoir éternellement vagabond, — le même demi-jour dont était baignée l’Europe lorsqu’elle avait rêvé avec Rousseau, lorsqu’elle avait dansé autour de l’arbre de la liberté, lorsqu’elle s’était enfin presque mise à genoux aux pieds de Napoléon. […] pour le goût des peuples de civilisation vieille et caduque. […] Cependant, Wagner s’est fait largement pardonner ce péché dans ses vieux jours tristes, lorsque anticipant sur la tendance qui depuis lors a passé dans la politique, il commença sinon à suivre, du moins à prêcher le chemin qui conduit à Rome. » Au même ordre d’idées se rattache une vue qu’il développe largement dans Choses humaines : à savoir que la musique est un produit tardif de toute civilisation.
« Au milieu de la barbarie féodale dont le xve siècle portait encore l’empreinte, l’Italie, — dit Michelet, — offrait le spectacle d’une vieille civilisation. […] Il y a d’ailleurs autre chose, dans ce roman fameux, et, par exemple, sous l’humaniste et sous l’érudit, on n’a pas de peine à retrouver le Gaulois, Gaulois de race et de tempérament, le continuateur ou l’héritier de Villon, du Roman de la Rose, des conteurs de nos vieux fabliaux. […] Calays et Zéthès ou Castor et Pollux] ; — Il se meut dans la mythologie comme dans son élément naturel ; — et il y trouve la puissance de créer à son tour ses mythes ; — [Cf. l’Hymne de l’Or ou l’Hymne de l’Équité des vieux Gaulois] ; — Mais la pureté de son dessin n’y égale pas toujours la vigueur de son coloris. — Importance croissante de la description dans les Hymnes ; — et de la rhétorique ; — [Cf. l’Hymne de la Mort ou Le Temple de Messeigneurs le Connétable et des Chatillons]. — Du genre épique le poète évolue vers la prose oratoire.
Au retour, observé les effets de soleil, les gazons drus et élastiques avec leurs gentianes, leurs myosotis, leurs anémones : le bétail s’enlevant sur le ciel ; les rochers effleurant le sol ; les effondrements circulaires ; les vagues pétrifiées, vieilles de quelques cent mille ans ; le roulis de la terre, le bercement du soir. […] Si j’ai quelquefois envié ce don d’éloquence, c’eût été pour fixer l’instant où, dans une soirée d’hiver, sur la terrasse d’une vieille église, je sentis entrer en moi, avec le rayon d’une étoile, le sentiment de l’amour de Dieu. […] On verse le vin nouveau dans de vieilles outres ; peu s’en faut que déjà elles ne se rompent. […] L’école naturaliste arracha violemment ces oripeaux de théâtre, vieux restes du xviie siècle. […] Car notre siècle est vieux et ne rajeunit guère.
Voilà le Rhin qui agit, et qui, de plus, se revêt d’un déguisement : « À ces mots, essuyant sa barbe limoneuse, « Il prend d’un vieux guerrier la figure poudreuse. […] « À ces mots du vieux roi blanchi dans les douleurs, « — Songe à ton père, Achille, et respecte mes pleurs » : « Ces deux grands ennemis qu’un sort fatal assemble, « Tristement embrassés, pleurent soudain ensemble ; « L’un regrettant son fils devant lui massacré, « L’autre son père absent et Patrocle expiré. […] Une telle métamorphose, produite sans nécessité, puisqu’elle ne concourt pas à la marche des événements, et sans vraisemblance, puisqu’elle contrarie même les idées mythologiques qui ne changent que des êtres animés en êtres inanimés, n’a pour excuse que la tradition d’une vieille crédulité des peuples albains. […] Le lâche Polymnestor avait égorgé l’enfant que le vieux Priam lui avait confié, dans l’espoir que ce meurtre lui serait payé par les Grecs victorieux. […] D’ailleurs il n’entre dans l’Enfer que pour obéir à la loi des vieilles épopées, il n’y reste pas assez de temps pour nous y fixer : montons plutôt avec lui sur le char d’Élie, et voyons-le transporter son merveilleux dans la sphère de la lune.
Témoin, dans les dernières années de sa vie, de la Révolution française, il se plaisait à adhérer en tout à la profession de foi de Burke : « J’admire son éloquence, disait-il, j’approuve sa politique, j’adore sa chevalerie, et j’en suis presque à excuser son respect pour les établissements religieux. » Et il ajoutait qu’il avait quelquefois pensé à écrire un dialogue des morts, dans lequel Lucien, Érasme et Voltaire se seraient fait leur confession, seraient convenus entre eux du danger qu’il y a à ébranler les vieilles croyances établies et à les railler en présence d’une aveugle multitude.
Il disait aussi, en indiquant du geste sa vieille amie qui, toujours un peu bergère, se promenait par les jardins : « Tenez !
Il a aussi de temps en temps de petites lettres pour le seul de ses premiers amis et camarades d’école et de jeunesse qu’il ait conservé, Joseph Hill, à qui il rappelle le temps où celui-ci, dans leurs promenades, « couché tout de son long sur les ruines d’un vieux mur au bord de la mer », s’amusait à lire la Jérusalem ou le Pastor Fido.
Saint-Marc Girardin défendait les études classiques avec l’autorité qu’il a et la grâce qu’il y savait mettre : notre cœur à nous qui sommes plutôt du vieux monde, était pour lui ; et pourtant notre raison, notre bon sens reconnaissait qu’il y avait du vrai dans les assertions positives du savant qui voulait faire brèche, et qui représentait toute une race vigoureuse d’esprits.
Et toute cette familiarité du « vieux frère » (comme il s’appelle) se relève d’une constante admiration pour cette sœur qu’il estime évidemment supérieure à lui par les talents et la beauté de l’intelligence, par le génie, il articule le mot : « S’il y a un être créé digne d’avoir une âme immortelle, c’est vous, sans contredit ; s’il y a un argument capable de me faire pencher vers cette opinion, c’est votre génie64. » Il est prodigue envers elle d’attentions, de petits présents ; il entre dans ses peines, il tremble pour sa vie ; il nous la fait voir avec « un je ne sais quoi de gracieux, un air de dignité tempérée par l’affabilité », que les mémoires de la margrave ne nous indiqueraient pas ; il nous intéresse, en un mot, par l’affection respectueuse qu’elle lui inspire, à cette frêle créature d’élite, à « ce corps si faible et cette santé délicate à laquelle est jointe une si belle âme ».
Mais l’homme dur et rigide, l’homme tout d’une pièce, plein de maximes sévères, enivré de sa vertu, esclave des vieilles idées qu’il n’a point approfondies, ennemi de la liberté, je le fuis et je le déteste… Un homme haut et ardent, inflexible dans le malheur, facile dans le commerce, extrême dans ses passions, humain par-dessus toutes choses, avec une liberté sans bornes dans l’esprit et dans le cœur, me plaît par-dessus tout ; j’y joins, par réflexion, un esprit souple et flexible, et la force de se vaincre quand cela est nécessaire : car il ne dépend pas de nous d’être paisible et modéré, de n’être pas violent, de n’être pas extrême, mais il faut tâcher d’être bon, d’adoucir son caractère, de calmer ses passions, de posséder son âme, d’écarter les haines injustes, d’attendrir son humeur autant que cela est en nous, et, quand on ne le peut pas, de sauver du moins son esprit du désordre de son cœur, d’affranchir ses jugements de la tyrannie des passions, d’être libre dans ses idées, lors même qu’on est esclave dans sa conduite.
Un roi, en effet, je veux dire quelqu’un qui est né pour l’être, qui se croit et se sent de race et d’étoffe à cela, soit qu’il s’appuie à la vieille idée du droit divin, ou qu’il s’inspire de la pensée d’une haute mission, suscitée et justifiée par l’attente universelle, doit avoir en soi une noble confiance.
Il juge très bien, à première vue, du changement de configuration du sol, et de l’ensevelissement de l’ancienne Rome : la forme des montagnes et des pentes n’est plus du tout la même, et il tenait pour certain « qu’en plusieurs endroits nous marchions sur la tête des vieux murs et sur le faîte des maisons tout entières. » La liberté de vie à Rome lui paraît bien différente de celle de Venise : la sûreté y manque.
Le rejeton de vieille race était attaché à ses rochers.
Lorsqu’il a eu à parler de Mme Roland, comme s’il s’agissait avant tout de la disculper et de la défendre, il a essayé de diminuer son rôle actif auprès de son mari et sa part virile d’influence : il s’est refusé également à admettre qu’il se fût logé dans ce cœur de femme aucun sentiment autre que le conjugal et le légitime, ni aucune passion romanesque : « Écoutez-les, disait-il hier encore, en s’adressant par la pensée aux différents historiens ses prédécesseurs et en les indiquant du geste tour à tour : ceux-là, soit admiration sincère pour le mérite de Mme Roland, soit désir de rabaisser celui des hommes qui l’entouraient, voient dans la femme du ministre la tête qui dirige et son mari et les législateurs qui le fréquentent, et répétant un mot célèbre : Mme Roland, disent-ils, est l’homme du parti de la Gironde ; — ceux-ci, habitués à se laisser aller à l’imagination du romancier ou du poète, transforment l’être qu’ils ont créé en nouvelle Armide, fascinant du charme de ses paroles ou de la douceur de son sourire ceux qu’elle réunit dans ses salons ou qu’elle convie à sa table ; — d’autres enfin, scrutateurs indiscrets de la vie privée, se placeront entre la jeune femme et son vieux mari, commenteront de cent façons un mot jeté au hasard par cette femme, chercheront à pénétrer jusqu’aux plus secrets sentiments de son âme, compteront les pulsations de son cœur agité, selon que telle ou telle image, tel ou tel souvenir l’impressionne, et montreront sous un voile transparent l’être vers lequel s’élancent sa pensée et ses soupirs ; car à leur roman il faut de l’amour. » Et il ajoute, plein de confiance dans le témoignage qu’il invoque : « Mme Roland a raconté elle-même avec une simplicité charmante ce qu’elle a pensé, ce qu’elle a senti, ce qu’elle a dit, ce qu’elle a fait. » Eh bien !
Peut-être tout n’échoua-t-il que parce qu’il manqua à Louis XVI, à ce souverain de vieille race, une seule petite chose, ce qui fait le souverain même, la fermeté.
Jeune encore, à l’époque des grandes guerres du premier Empire français, il était à Ghadamès au milieu d’une réunion d’hommes graves, lorsqu’on apporta la nouvelle d’une reprise d’hostilités entre les chrétiens. « Tant mieux 1 dit un vieux marchand, puissent-ils s’entre-tuer jusqu’au dernier !
Il en parle souvent comme d’une chose résolue et presque faite : était-ce de sa part une feinte, comme autrefois les faux semblants de retraite du vieux précepteur Fleury auprès de Louis XV ?
Dans l’eau, ridée par une botte de paille qu’un homme trempe au lavoir pour lier l’avoine, les joncs, les arbres, le ciel, se reflètent avec des solidités denses, et sous la dernière arche du vieux pont, près de moi, de l’arc de son ombre se détache la moitié d’une vache rousse, lente à boire, et qui, quand elle a bu, relevant son mufle blanc bavant de fils d’eau, regarde. » Une telle page, assurément, est ce qu’on attend le moins d’un littérateur : elle semble détachée de l’album d’un peintre, d’un Troyon consciencieux, sincère, qui ne marcherait point sans son carnet.
On sent que, par tournure d’esprit comme par position, ils sont bien plus voisins de la France d’avant Louis XIV, de la vieille langue et du vieil esprit français ; qu’ils y ont été bien plus mêlés par leur éducation et leurs lectures, et que, s’ils sont moins appréciés des étrangers que certains écrivains postérieurs, ils le doivent précisément à ce qu’il y a de plus intime, de plus indéfinissable et de plus charmant pour nous dans leur accent et leur manière.
Le couvent chez Mme de Duras est un vrai cloître, rude, austère, pénitent ; le prêtre est redevenu un vrai confesseur, et, comme dit Ourika, un vieux matelot qui connaît les tempêtes des âmes.
Mille fois du moins, dans ces vieux romans tant goûtés, on voit le page, messager d’amour, dans sa grâce adolescente, faire oublier à la dame du château celui qui l’envoie.
Après huit cents ans, malgré tant de coups de la hache royale et l’immense changement de la culture sociale, la vieille racine féodale dure et végète toujours.
On marchait lentement, à cause du vieux moine mon confesseur, qui me faisait des exhortations à l’oreille que je n’entendais pas, et qui s’arrêtait de moment en moment pour me faire baiser le crucifix.
Dès la préface du premier volume, Perrault prenait position comme un homme du monde engagé contre des pédants et des cuistres : il se représente bataillant contre « un certain peuple tumultueux de savants qui, entêtés de l’antiquité, n’estiment que le talent d’entendre bien les vieux auteurs ».
A voir leurs œuvres, on serait tenté d’abord de regretter le vieux Hardy, qui était grossier et brutal, mais qui du moins n’était ni précieux, ni galant, ni italien, ni espagnol : on regrette le gros bon sens avec lequel il maniait ses sujets, son action directe et rapide, ses sentiments peu raffinés, mais naturels.
Cet homme de collège et de théâtre, ce vieux professeur qui avait près de soixante ans quand le xviiie siècle expira, n’avait, à aucun moment, été ébloui par les lumières de ce siècle brillant.
Qui mieux que lui, par exemple, a peint les vieux et les belles de l’Empire ?
Il les justifie du reproche de vouloir matérialiser la société ; il y montre les travailleurs comme n’étant pas simplement une classe dans la société, mais la société même : « Le travail, dit-il, dont l’ingénieux Franklin fit toute la science du bonhomme Richard, sera le dernier réformateur de la vieille Europe.
Chapelain était le chef de ce vieux parti encore régnant.
Sur ces entrefaites, la reine s’est évadée la nuit du château de Blois (février 1619) ; elle s’est réfugiée auprès du duc d’Épernon, et Luynes, qui gouverne, craint qu’en obéissant à l’influence de ce vieux seigneur et aux brouillons dont elle va être entourée, elle ne devienne un grave danger.
Sa première entreprise fut couronnée d’un plein succès ; pendant un travail de plusieurs années, il reconquit les bailliages rebelles, reconstitua les débris de l’Église qu’il était appelé à régir, et rendit à l’humble Savoie sa vieille unité.
C’est un vieux conte, mon ami, que pour former cette statue, vraie ou imaginaire que les anciens appeloient la règle et que j’appelle le modèle idéal ou la ligne vraie, ils aient parcouru la nature, empruntant d’elle, dans une infinité d’individus, les plus belles parties dont ils composèrent un tout.
En 1709 le prince Emmanuel D’Elbeuf en faisant travailler à sa maison de campagne, située entre Naples et le mont Vesuve, sur le bord de la mer, trouva un bâtiment orné de peintures antiques ; mais je ne sçache point que personne ait publié le dessein de ces peintures, non plus que le dessein de celles de la vieille Capouë.
Elles se répandent déja sur les belles lettres, et elles en feront disparoître les vieux préjugez, ainsi qu’elles les ont fait disparoître des sciences naturelles.
Ils dépensent d’un coup, dans un souper joyeux ou dans l’achat d’une vieille toile, le rare bank-note qui s’échappe pour eux du portefeuille de la Providence.
La graisse et les boyaux de Takisé (Le taureau de la vieille).
Ils ont supprimé tout le verbiage des vieilles littératures au profit de la Sensation et de l’idée : leurs livres sont des quintessences.
Il n’y a, au fond, dans toute cette histoire, reprise en sous-œuvre par du Méril, que la vieille histoire connue, qui peut s’écrire en quelques mots et qu’il a mise en cinq cents pages, — si brillantes de talent, du reste, qu’il semble ne pas avoir bavardé, — de la comédie, sortant partout de la danse, sa plus profonde racine ; dérivant, en peu de temps, du langage mimique au langage religieux et processionnel ; s’imprégnant plus tard de politique dans des sociétés fortement politiques comme les sociétés grecques, et vivant ainsi jusqu’au moment où l’imagination reconquiert ses droits et crée une autre comédie, la comédie désintéressée de tout ce qui n’est pas l’observation de la nature humaine… Et, vous le voyez !
L’auteur des Mémoires eu chercha laborieusement la raison avec cet art des inductions et des interprétations qu’il possédait mieux que personne et qui le rend un historien si séduisant, si éblouissant et si dangereux, et il la trouva, nous dit-il, dans l’opposition et l’influence de Mme de Maintenon, la vieille fée, — de Mme de Maintenon, sa seconde haine ; la seconde raison de la popularité actuelle de son livre, et pour nous la seconde tache de ces admirables et adorables Mémoires, que nous voudrions effacer.
C’est, sous son nom abstrait, mis bravement à la tête du livre pour faire tête de Méduse aux sots et les empêcher d’y toucher, — car les sots de moins dans un débat en rendent facile la conclusion, — une thèse vieille comme l’Église elle-même.
Toujours vieille fille romanesque, l’imagination publique s’était monté la tête, et c’était bien la peine, la pauvre diablesse !
Les vieux taillis de chênes montent au fond en colonnades.
Les gens d’esprit méprisent les ornements ; il faut parler devant eux non comme un livre, mais comme un homme, c’est-à-dire être exact, trouver des idées, noter des faits, ne pas se croire à la Sorbonne, devant un public de jeunes enthousiastes et de vieux badauds.
Les rudes imitations ou les élans patriotiques des vieux poëtes de la tragédie romaine ne retentiront plus au théâtre, ne plairont plus aux esprits élégants et seront comptés parmi les admirations surannées qu’on reprochait à Cicéron en fait de poésie.
Il chante le bonheur de l’étude et le bonheur de l’amour, et certes il n’est guère possible de choisir une idée plus vieille. […] C’est une vérité vieille comme le monde, et que M. […] Le personnage du marquis de La Seiglière est une création qui ferait honneur aux esprits les plus exercés ; le vieux Stamply est composé avec une franchise, une vérité que je ne me lasse pas d’admirer. […] L’auteur semble si convaincu de ce qu’il raconte, il croit si bien au caractère, aux paroles de ses personnages, que sa foi entraîne la nôtre, et nous écoutons le marquis et sa fille, le vieux Stamply, Bernard et madame de Vaubert, comme si nous les avions près de nous. […] Il n’y a pas jusqu’à la vieille Marthe qui n’intéresse et n’ajoute à l’effet du tableau.
Et dès que j’eus reconnu le goût du morceau de madeleine trempé dans le tilleul que me donnait ma tante (quoique je ne susse pas encore et dusse remettre à bien plus tard de découvrir pourquoi ce souvenir me rendait si heureux), aussitôt la vieille maison grise sur la rue, où était sa chambre, vint comme un décor de théâtre s’appliquer au petit pavillon, donnant sur le jardin, qu’on avait construit pour mes parents sur ses derrières (ce pan tronqué que seul j’avais revu jusque-là) ; et avec la maison, la ville, depuis le matin jusqu’au soir et par tous les temps, la Place où on m’envoyait avant le déjeuner, les mes où j’allais faire des courses, les chemins qu’on prenait si le temps était beau. […] De même quand Swann cherche Odette dans tout Paris et qu’il a envoyé son cocher visiter les restaurants où elle peut être encore : Le cocher revint lui dire qu’il ne l’avait trouvée nulle part, et ajouta son avis, en vieux serviteur : « Je crois que Monsieur n’a plus qu’à rentrer ». […] Plus loin, quand Swann commence à être jaloux, après la scène où il a cru surprendre Odette avec Forcheville, et où il s’est aperçu qu’il se trompait de fenêtre et avait pris pour une conversation entre les deux amants, celle, toute paisible, que menaient deux innocents vieux messieurs : Il ne lui parla pas de cette aventure, écrit Proust, lui-même n’y songeait plus. […] Mais le cocher revint lui dire qu’il ne l’avait trouvée nulle part, et ajouta son avis, en vieux serviteur : Je crois que Monsieur n’a plus qu’à rentrer. […] Tous les poncifs, toute la vétusté d’expression, toute la timidité devant l’exactitude des mots d’un vieux diplomate de carrière, apparaissent dans ce court passage et là encore nous avons, il me semble, cette même impression d’intégrité, de parfaite prépondérance de la réalité sur les goûts, le choix, les réactions possibles de l’auteur, que nous éprouvions tout à l’heure quand Proust nous décrivait les odeurs de Combray ou nous montrait Swann perdant tout à coup son indifférence.
Je ne puis croire que vous deviez plutôt fier votre personne à l’inconstance des flots & à la merci de l’étranger, qu’à tant de braves gentils hommes & tant de vieux soldats qui sont prêts de lui servir de remparts & de boucliers : & je suis trop serviteur de votre majesté pour lui dissimuler que si elle cherchoit sa sûreté ailleurs que dans leur vertu, ils seroient obligés de chercher la leur dans un autre parti que dans le sien ». […] Le renard qui pour se venger de la calomnie du loup, conseille au vieux lion la peau d’un loup fraîchement écorché, pour réchauffer sa majesté, est plus qu’habile courtisan. […] C’étoient de petits magots dont on ornoit son cabinet ; c’étoient les amusemens des vieilles femmes & des enfans, qui n’étoient autorisés par aucun culte public. […] On mangea toûjours du boeuf & des oignons ; mais il est difficile de savoir ce que pensoient les vieilles femmes d’Egypte, des oignons sacrés & des boeufs. […] La statue de la fortune avoit parlé ; les Scipions, les Cicérons, les Césars à la vérité n’en croyoient rien ; mais la vieille à qui Encolpe donna un écu pour acheter des oies & des dieux, pouvoit fort bien le croire.
Molière accusé de plagiat par les Italiens ; il a imité nos vieux auteurs. […] Qu’on le remarque d’ailleurs, c’était de la part de Molière un bon calcul pour apprendre au public le chemin de son théâtre, de ne pas faire voir ses acteurs dans le genre qui leur était le moins favorable, ou dans une vieille pièce qui eût pu servir à établir des comparaisons. […] Le vieux Malherbe prit à tâche de réparer les torts qu’un parrain peu romanesque avait eus envers elle. […] Mais l’auteur d’une pièce satirique contre Molière44 la traite plutôt en grand-mère, et dit qu’il ne sortit de la coquille qu’un vieux poisson. […] Molière, se fiant maladroitement à l’expression souriante de la figure d’un vieux courtisan, s’incline.
L’expression en est si austère qu’elle effraie, et si sainte Que le vieux péché en nous organisé Frémit jusque dans sa racine originelle154. […] En elle se viennent confondre toutes les aspirations en une aspiration unique, en un seul amour, en une seule oraison : « Ainsi l’on ne voit jamais dans nos vieilles villes la Cathédrale se dégager nettement des maisons où elle est comme prise… L’église levait de la ville et la ville naissait de l’église, étroitement adhérente aux flancs et comme sous les bras de l’Ève de pierre177. » Elle était le signe de la communion en Dieu et de l’unité vivante de la cité. […] Caréol, vieille demeure dont les murs sont gris ! […] si tu savais, si tu savais terre excessivement vieille et si jeune, le goût amer et doux, le goût délicieux qu’a la vie si brève de l’homme294… Ce n’est plus pour s’apprendre que l’âme cherche et repousse les voluptés ; maintenant qu’elle s’est saisie, elle veut simplement entretenir perpétuel le sentiment qu’elle a de sa vie ; de chaque minute d’elle-même elle veut éprouver le passage : elle est comme une flamme qui demande à toutes les brises de l’aviver, et de son ardeur augmentée elle se ravit ; elle n’admet aucune fatigue, mais craint sans cesse que ne s’émousse son allégresse intérieure. […] Pouvons-nous étouffer le vieux, le long Remords, Qui vit, s’agite et se tortille, Et se nourrit de nous comme le ver des morts, Comme du chêne la chenille ?
Brutus, on le sait, près de se percer de son épée, s’écria, selon Dion Cassius : « O misérable Vertu, tu n’étais qu’un nom, et moi je te suivais comme une réalité ; mais tu obéissais en esclave à la fortune145 » Et le vieux Théophraste, comblé de jours et d’honneurs, à l’âge de plus de cent ans, interrogé par ses disciples au moment d’expirer, leur répondit par des paroles moins connues, non moins mémorables, et qui revenaient à dire qu’il n’avait suivi qu’une fumée, et qu’il se repentait de la gloire, autant que Brutus de son côté se repentait de la vertu146. […] Du haut du toit désert de cette vieille tour Tu chantes ta chanson tant que dure le jour, Passereau solitaire, et ta voix isolée Erre avec harmonie à travers la vallée.
C’est un précieux qui continue de l’être alors qu’il n’y avait déjà plus de précieuses, ou qu’il n’y avait plus que la vieille Mlle de Scudery qui l’était encore. […] Le chevalier vieillissant, avec ses airs solennels, n’est plus qu’une ruine, le monument singulier d’une vieille mode, un de ces originaux qu’il aurait fallu voir poser devant La Bruyère.
Avec quelle aimable et charmante ironie ne parle-t-il pas de sa bonne mine, de sa vertu, de sa grâce, de son courage, enfin de « l’aimable Jack Falstaff, le bon Jack, l’honnête Jack, le vaillant Jack Falstaff, le plus vieux et le plus gros des trois seuls honnêtes gens, qui en Angleterre aient échappé à la potence ! […] Ce n’est pas par une fantaisie aristocratique que Shakespeare met habituellement des princes sur la scène, c’est par une nécessité de l’art, c’est afin d’avoir des figures indépendantes ; et pour cela il ne suffit pas de prendre des princes, il faut encore les tirer du fond des âges fabuleux de la vieille Europe.
Tu vois clair comme le jour que désormais la destinée de tes vieux parents, celle de ta si jeune, si bonne et si aimante sœur, est uniquement entre tes mains. […] Tu es un jeune homme de vingt-deux ans ; tu n’as par conséquent pas le sérieux de l’âge qui peut empêcher de rechercher ta connaissance ou ton amitié tant de jeunes hommes de quelque rang qu’ils puissent être, tant d’aventuriers, de mystificateurs, d’imposteurs, jeunes ou vieux, qu’on rencontre dans le monde de Paris.
Il eut sa part des colères qu’elles excitaient ; et son nom, tout vieux qu’il était, fut un des plus souvent invoqués par les deux camps. […] « La tragédie est donc à l’épopée comme les vieux acteurs croient que les nouveaux sont à leur égard.
Comme toutes les grandes créations artistiques, c’est une œuvre traditionnelle, continue et successive, sortie précédemment des flancs de la vieille muse allemande et venant peut-être de l’Inde dont l’Allemagne est la fille. […] Le talent, s’il n’est pas dû aux parents seuls, demande cependant une bonne organisation physique ; il n’est donc nullement indifférent d’être né le premier ou le dernier, d’avoir pour père et mère des êtres jeunes et vigoureux, ou bien vieux et débiles.
Jésus avait abrogé la Loi Juive, mais cette Loi avait laissé aux âmes une vieille empreinte, bientôt reparue. […] C’est la vieille doctrine d’Épicure : combien plus profonde ?
puis j’arrive au vers : Regrettez-vous le temps où nos vieilles romances Ouvraient leurs ailes d’or vers un monde enchanté ? Voilà deux vers qui commencent par le même hémistiche : Regrettez-vous le temps… Comment se fait-il que je termine le second en ajoutant : où nos vieilles romances, au lieu de le terminer comme le premier en ajoutant : où le ciel sur la terre ?
Ces rayures sont souvent plus apparentes chez les poulains, et parfois elles disparaissent complétement chez les vieux Chevaux. […] Ainsi que nous l’avons vu tout à l’heure chez plusieurs espèces du genre Cheval, les rayures sont plus apparentes et plus fréquentes chez les jeunes sujets que chez les vieux.
Il goûte ces plaisirs secrets de petite curiosité malsaine qui sont le péché ordinaire, sauf exceptions, Dieu merci, des vieux savants solitaires et confinés. […] En butte à la poursuite d’un vieux libertin, elle n’aura point le mouvement de dégoût violent d’un cœur orgueilleux, la nausée d’une patricienne. […] Tout ce qui se rapporte au gouvernement républicain, dans son livre, est tiré de l’étude qu’il a faite et de la vision qu’il a gardée de la vieille Rome. […] Elle a devant elle vieilles lois nationales, vieilles coutumes, antiques religions, qu’elle ne doit pas enfreindre. […] Royauté et vieilles lois n’est-ce point la « monarchie » ?
Il n’a tout son prix qu’adressé par un très jeune homme à un Premier ministre très vieux, et qui l’oubliait un peu trop en ce moment.
Heureusement pour lui, ces sentiments se rencontrèrent juste avec l’heure mémorable où la vieille société, minée d’abus et incapable de se réparer elle-même, allait demander des remèdes absolus et une simplification dans toutes les branches ; l’occasion était prochaine où il pourrait les appliquer.
Louis XIV le reconnut et eut à cœur de s’en acquitter : 1º en fondant l’Hôtel des Invalides, dont une partie fut réservée pour des officiers vieux ou blessés ; 2º par la formation des compagnies de cadets qu’on exerçait dans les places frontières, et où l’on élevait 4 000 fils de gentilshommes ; 3º enfin, dès que Mme de Maintenon lui en eut suggéré l’idée, par la fondation de la maison royale de Saint-Cyr, destinée à l’éducation de 250 demoiselles nobles et pauvres.
Le mot de prud’homie comprenait toutes les vertus, la sagesse, la prudence et le courage, l’habileté au sein de la foi, l’honnêteté civile et le comme il faut, tel que l’entendait cette race des vieux chrétiens dont Joinville est pour nous le rejeton le plus fleuri, et l’on définirait bien cet ami de saint Louis, qui resta un vieillard si jeune de cœur et si frais de souvenirs, en disant qu’il fut le plus gracieux et le plus souriant des prud’hommes d’alors.
Il a réveillé et stimulé tant qu’il a pu le vieux fonds français ; il a agacé et taquiné la paresse nationale des élèves de Fontanes, si Fontanes a eu des élèves.
[NdA] Voici la fin du morceau : Quel contraste de voir sur ce lit fortuné, Au lieu du blond Phœbus, digne amant de Daphné, Un étique Apollon, à l’œil terne, au teint pâle, Étalant deux grands bras sur un linge assez sale, Et coiffé d’un velours aux mites échappé, Que ceint en auréole un vieux galon fripé !
Il est moins vieux que Fontenelle et moins gênant, parce qu’il exige moins de soins et de complaisances.
Eugène seul et Villars restèrent en présence, et, comme l’a dit le vieux Crébillon en des vers dont ce trait rachète l’incorrection, Villars montra qu’avec un foudre de moins Eugène pouvait être vaincu.
messieurs les érudits et les chercheurs, les déchiffreurs de chartes et de parchemins d’archives, les infatigables transcripteurs de tous authentiques documents, je vous estime, je vous révère pour votre science et vos travaux dans ce qui est du Moyen Âge ; mais que de mal, vous et les vôtres, vous avez fait sans vous en douter en propageant jusque dans la littérature moderne le culte des vieux papiers !
Je serai d’un meilleur commerce quand je serai vieux ; je veux, du moins, avoir cette espérance.
Il le simplifie beaucoup trop en n’y voyant que la lutte du bien et du mal, cette lutte éternelle, dit-il, qui est vieille comme le monde.
Voir le vieux Mézeray, excellent rapporteur de ces choses du xvie siècle.
Deux hommes de grand caractère, un de leurs vieux pasteurs et guerriers, Javanel, depuis des années réfugié à Genève, et Arnaud, leur nouveau conducteur, organisèrent cette marche secrète et savante.
Or, nous avons affaire ici à tout ce que l’Empereur a de meilleures et de plus vieilles troupes.
La religion, les mœurs, si nécessaires pour attirer la bénédiction de Dieu et pour contenir les peuples, ne sont pas oubliées ; enfin je suis dans la joie de mon cœur, et prie Dieu qu’il vous conserve ainsi pour le bien de vos peuples, pour l’univers, pour votre famille et pour votre vieille maman que vous faites revivre. (16 juin 1774.) » Elle y mêle de sages avis, de ne rien précipiter, de tout voir de ses propres yeux, de ne rien changer à la légère ni par un premier entraînement.
. — C’est pour nous autres, vieux diplomates, qu’il est singulier de voir dans les journaux les articles secrets d’un traité qui porte la clause de deux mois pour les ratifications ; — du reste, ce traité-là ne sera pas d’un grand secours pour les Grecs ; ce qui les aidera véritablement, c’est l’insurrection de la Dalmatie, si, comme je le crois, elle est générale dans cet inattaquable pays.
Pline le Jeune, parlant d’un vieux et aimable rhéteur, Isée, qui avait un prodigieux talent de parole et d’amplification, une élégance et une pureté de diction réputée attique, ajoute : « Il a plus de soixante ans, et il n’en est encore qu’à s’exercer au sein des écoles ; c’est dans cette classe d’hommes qu’on trouve le plus de simplicité, de sincérité et de bonté pure ; car, nous autres, qui passons notre vie au barreau et dans les contestations réelles, nous y apprenons, bon gré, mal gré, beaucoup de malice32. » Gresset, même dans le temps de ses plus grandes malices, fut toujours un peu un homme de cette nature, un scholasticus comme Pline le dit en bonne part du rhéteur Isée, et comme Voltaire l’a dit moins bénignement de lui dans ces vers si connus : Gresset doué du double privilége D’être au collége un bel-esprit mondain, Et dans le monde un homme de collége.
Pour moi, je l’avoue, ce repas très-frugal bien qu’appétissant, et où préside d’ailleurs une exacte privation, n’a rien qui me choque, comme le font, dans la charmante correspondance de Diderot, certains aveux sur les quinze mauvais jours dont mademoiselle Voland paie un petit verre de vin et une cuisse de perdrix de trop ; et ce n’est pas du tout non plus le cas épicurien de Ninon vieillie écrivant au vieux Saint-Évremond : « Que j’envie ceux qui passent en Angleterre, et que j’aurois de plaisir à dîner encore une fois avec vous !
C’est à deux lettres de distance de la précédente qu’elle parle si joliment de la vie prosaïque qu’elle mène à Vincennes, chez son oncle le chanoine, entre outes ces figures de lutrin : « Tandis qu’un bon chanoine en lunettes fait résonner sa vieille basse sous un archet tremblotant, moi je râcle du violon ; un second chanoine nous accompagne avec une flûte glapissante, et voilà un concert propre à faire fuir tous les chats.
Les romans que l’on nous a donnés depuis quelque temps, dans lesquels on voulait exciter la terreur, avec de la nuit, des vieux châteaux, de longs corridors et du vent, sont au nombre des productions les plus inutiles, et par conséquent, à la longue, les plus fatigantes de l’esprit humain.
Un intendant748 écrit que, dans sa province, le gouvernement doit opter, et opter dans le sens populaire, se détacher des privilégiés, abandonner les vieilles formes, donner au Tiers double vote.
Maintenant je *suis seule et vieille à cheveux blancs ; Et le long des buissons abrités de la bise, Chauffant ma main ridée au foyer que j’attise, Je garde les chevreaux et les petits enfants : Cependant dans mon sein la voix intérieure M’entretient, me console, et me chante toujours.
Je ne demande rien de plus à ce jeune sage, prince de la jeunesse — de la jeunesse d’un siècle très vieux 70.
Devenu professeur, je me mis à l’œuvre ; mais, en sondant notre vieux sol gaulois, j’y rencontrai le fond romain, et pour le bien connaître je m’en allai à Rome.
Ce sont tes frères les Souvenirs ; Ils marchent sur des feuilles mortes Et portent des miroirs où leurs faces pâles Se confrontent à d’autres faces, les mêmes et plus pâles, Ils savent tous les coins des vieux jardins et les ombres, Et les clefs de toutes les portes Et l’âtre doux en reflet aux dalles, Et la maison filiale d’aïeules graves, Et d’autres qui teillaient le chanvre sur les portes Auprès de celles qui sont mortes.
Un vieux sergent peut avoir plus de mérite qu’un officier novice.
Je ne vous ai point été voir, parce que je ne vais voir personne… Et il lui fait sentir, à elle qui se croyait déjà une vieille amie, qu’elle n’est pour lui qu’une amie nouvelle, qui fait nombre avec tant d’autres, et qui n’a pas encore réussi à se loger à fond dans un coin de son cœur.
Dans les petits morceaux faits exprès, tels que l’Éloge de Richardson ou les Regrets sur ma vieille robe de chambre, il a bien de la grâce, des pensées heureuses, des expressions trouvées ; mais l’emphatique revient et perce par endroits, l’apostrophe me gâte le naturel.
Il suppose qu’une cousine du chevalier est obligée de cacher quelque temps le mariage qu’elle contracte avec un galant homme, pour ne pas choquer une vieille tante de ce dernier, de laquelle on attend une grasse succession (toujours des rentes).
Le Père Joseph se compose de quatre dialogues dans lesquels le père convertisseur et politique parle successivement à la vieille marquise, à sa fille la comtesse, et au fils de celle-ci, jeune officier, à trois générations, essayant auprès de chacune le langage qu’il croit le mieux lui convenir.
Leclerc, était conseiller au parlement de Dijon, qui renfermait alors bien des hommes d’étude et d’érudition, maint personnage de bonne race et en qui la vieille sève n’avait pas tari.
Un soir, en 1714, le vieux roi près de sa fin envoya le duc de Noailles prendre dans son cabinet des papiers écrits de sa main, qu’il voulait jeter au feu : « il en brûla d’abord plusieurs qui intéressaient la réputation de différentes personnes ; il allait brûler tout le reste, notes, mémoires, morceaux de sa composition sur la guerre ou la politique.
Ce vieux chevalier de Saint-Louis avait, en effet, des idées philosophiques et politiques ; il était de son siècle par les idées, sinon par les mœurs.
L’objet de mon voyage lointain pourrait bien ne pas trouver grâce devant une piété sévère, et, si j’avais la dévotion et les scrupules de nos vieux pèlerins, peut-être me faudrait-il revenir une seconde fois aux saints lieux et faire un nouveau pèlerinage pour expier ce qu’il y a de mondain et de profane dans celui que j’achève maintenant.
Partagé entre les vieux Romains de la résistance et celui qui passa le premier le Rubicon, Montesquieu ne comprend donc pas César au même degré qu’il a fait pour les autres grands hommes ; il ne le suit qu’avec une sorte de regret.
c’est un de vos vieux défauts d’aller toujours trop vite.
» Avec Montaigne, Grimm est en pleine France et en vieille France ; il y est comme chez lui.
Vieux, dans sa retraite, ayant eu l’occasion d’être présenté, à Genève, au Premier consul qui partait pour la campagne de Marengo, et de s’entretenir avec lui, il en rapporta surtout l’impression de cette force de volonté, de ce qui lui manquait à lui-même, et il écrivit cette note : Ce qui distingue éminemment le Premier consul, c’est la fermeté et la décision de son caractère ; c’est une superbe volonté qui saisit tout, règle tout, et qui s’étend ou s’arrête à propos.
Le vieux Tissot qui, au milieu de ses abaissements, avait des jugements de critique, disait de lui : « Il aurait eu du talent s’il avait aimé la retraite. » 59.
Le personnage le plus universellement sympathique est celui qui vit de la vie une et éternelle des êtres, celui qui s’appuie, sur le vieux fond humain et, se soulevant sur cette base immuable, s’élève aux pensées les plus hautes, que l’humanité atteint seulement en ses heures d’enthousiasme et d’héroïsme.
C’est le vieux bourgeois de Paris, non le bourgeois badaud comme l’Étoile, notant jour par jour ce qui se passe dans la rue ; non le bourgeois railleur et frondeur comme Gui Patin, qui se dédommage dans les lettres familières du décorum des fonctions officielles ; non le bourgeois pédant et esprit fort comme Naudé, qui fait le politique parce qu’il a été le secrétaire d’un cardinal italien ; non le bourgeois naïf et licencieux, comme la Fontaine, qui flâne en rêvant ; — c’est le bourgeois parlementaire, né près du palais de justice, ayant jeté aux orties le froc de la basoche, mais ayant conservé le goût des mœurs solides et des sérieuses pensées, le bourgeois demi-janséniste, quoique dévoué au roi, aimant Paris, peu sensible à la campagne, détestant les mauvais poètes et les fausses élégances des ruelles et des salons, peu mondain, indifférent aux femmes, et par cela même un peu gauche, un peu lourd, mais franc du collier.
Takisé, le taureau de la vieille.
Il était de ces Légers terribles qui voulaient combattre les idées nouvelles avec le ridicule, cette vieille arme de France, et franchement c’était là beaucoup de raisons, à ce qu’il semble, pour que le Tacite de Burke ne pût jamais naître dans Rivarol.
Vieille, triste et presque ridicule histoire !
Les mathématiques remontent à l’antiquité grecque ; la physique a déjà trois ou quatre cents ans d’existence ; la chimie a paru au xviiie siècle ; la biologie est presque aussi vieille ; mais la psychologie date d’hier, et la « recherche » psychique » est encore plus récente.
Il eût été malheureux, enfermé dans notre vieille École normale, entre les murs nus d’une mansarde délabrée, en face des sales ruelles du quartier latin.
Dans cette vie si calme, dans cette belle vie de citoyen, dans cette communauté si pure, dans ce doux hospice, me fit naître Marie invoquée à grands cris ; et, sur votre antique baptistère, je reçus à la fois les noms de chrétien et de Cacciaguida », À ces traits naïfs, trop altérés dans toute traduction, à ce langage d’une si maligne et si poétique candeur, on peut comparer les regrets et la verve moqueuse d’Horace, ses louanges des vieux Romains et de leurs chastes épouses, son âpre censure des mœurs dégénérées et de la danse ionienne.
Entre ces érudits modestes qui s’ensevelissent dans les fondations d’un vieux règne et dans les monuments d’un siècle où ils deviennent ensuite d’indispensables guides (comme l’abbé Le Grand), entre ces peintres éclatants et fougueux qui mettent toute leur époque en pleine lumière et qui la retournent plus vivante à tous les regards (comme Saint-Simon), Duclos n’a suivi qu’une voie moyenne, conforme sans doute à la nature de son esprit, mais qu’il n’a rien fait pour élargir, pour décorer chemin faisant, pour marquer fortement à son empreinte et diriger vers quelque but immortel ou simplement durable : l’abbé Le Grand le surpasse dans un sens, comme dans l’autre Saint-Simon le couvre et l’efface, et comme le domine Montesquieu.
Le caractère d’Aladin et ses nobles imprudences de conduite ont leur contrepoids et leur correctif dans la sagesse d’un vieux moine philosophe, le Kalender : Le Kalender avait beaucoup vu, beaucoup observé, méprisait les hommes et s’en accommodait ; il ne connaissait point de vérité absolue, ne trouvait rien de grand, ni de vil, ni de petit… Jamais il ne faisait de reproches sur ce qu’on aurait dû faire : il prenait les choses où elles en étaient, et les hommes comme ils étaient… Il ne donnait point de conseils, mais quelquefois des avis… Jamais il ne raisonnait contre les passions, mais il prouvait souvent qu’on n’avait pas de passion.
Malgré moi tu m’apprends toutes sortes de hontes, moi qui connais tout ce qu’il y a de bon et de beau parmi les hommes. » Le vieux poète, imbu d’une philosophie naturellement païenne et voluptueuse, s’adresse à un jeune ami Cyrnus.
Il parlait avec lenteur, sans se presser, comme on se figure que doit parler un vieux roi.
Royer-Collard un fonds de vieux chrétien qui subsista toujours, qui se réveilla dans ses dernières années, mais qui, même dans la période la plus mondaine et la plus oublieuse, ne lui permit jamais de considérer la philosophie que comme la suivante et, tout au plus, comme la dame de compagnie de la religion.
Il écrivait dès ce temps-là dans la Revue indépendante, dans la Revue des Deux Mondes, le National, la Liberté de penser… Vers, prose, littérature, philosophie, il s’essayait en tous sens, et plus d’un de ses collègues de la vieille roche s’effrayait des nouveautés d’aperçus ou de sujets qu’il introduisait dans l’enseignement normal.
Songer à lui substituer l’abbé Raynal, vieux, fatigué, moins grand que célèbre, dès longtemps retiré de la scène, qu’une dernière affaire, un dernier conflit allait achever de ruiner et d’user, et qui enfin n’était pas membre de cette Assemblée devenue souveraine !
Mme Duchambge, que je n’ai connue que déjà passée, qui avait dû être des plus agréables, et qui, toute ridée qu’elle était, rappelait, par les mille petits plis de son fin et mignon visage, certaine jolie vieille de l’Anthologie : De ses rides les petits plis De nids d’amours sont tout remplis ; Mme Duchambge avait eu pour dieu de sa jeunesse l’aimable enchanteur Auber, dont elle adorait toujours l’étoile de plus en plus brillante, inconstante et légère.
Elle a foi dans son vœu ; Elle ose la première à l’avenir en feu, Quand, chassant le vieux Siècle, un nouveau s’initie, Lire ce que l’éclair lance de prophétie.
A son arrivée dans sa vraie patrie littéraire, sa surprise fut grande, comme sa reconnaissance : il s’était cru étranger, et chacun lui parlait de la Sibérienne, du Lépreux, des mêmes vieux amis.
Ces vers sont du vieux poëte Mellin de Saint-Gelais, avant la règle des rimes féminines et masculines.
Je partirai, j’irai en de lointains voyages, je reviendrai dans cette vieille terre pleine de vous, où je vous ai reçue ; je ne vous reverrai jamais !
De ce nombre étaient mesdames de Sénozan, de Montmorency, de Canisy, de Montmorin, le fils de madame de Montmorin, âgé de dix-huit ans, M. de Loménie, ancien ministre de la guerre, et un vieux courtisan de Versailles, le comte de Sourdeval.
L’applaudissement va toujours au « trompeur et demi » qui trompe le trompeur : et quand Renart cuidant engeigner autrui est lui-même engeigné, il ne garde que le prestige de sa vieille réputation et l’honneur d’avoir eu la première idée d’une fourberie.
Confinés dans leur bureau, relégués dans leur domaine spécial à l’écart de la vie réelle, privés des joies saines d’une activité extérieure, et portant des fruits visibles, ils s’étiolent, perdent toute sûreté d’instincts, et souvent dégénèrent : c’est dans leurs rangs que se recrute l’armée sans cesse plus nombreuse des décadents — mécontents ou résignés, pessimistes ou dilettantes — qui constituent un danger des plus sérieux pour l’avenir de notre vieille Europe87. » Ainsi la désintégration des individualités, la dissociation en elles de l’intelligence et de l’instinct, de la pensée et de l’action, de la théorie et de la pratique ne font que s’accentuer sous l’influence de notre mécanisme social.
La poésie semble donc résigner son vieux pouvoir oratoire dont elle s’est servie si longtemps.
Et lorsque, des hauteurs où cette pensée nous transporte, on abaisse ses regards sur l’état actuel de l’Europe, lorsque l’on songe que ce sont ces mêmes cabinets que nous avons vus pendant trente ans si complaisants envers tous les gouvernements nés de notre Révolution, qui ont successivement traité avec la Convention, recherché l’amitié du Directoire, brigué l’alliance du dévastateur du monde ; lorsque l’on songe que ce sont ces mêmes ministres que nous avons vus si empressés aux conférences d’Erfurt qui viennent maintenant, gravement, de leur souveraine science et pleine autorité, flétrir de noms injurieux la cause pour laquelle Hampden est mort au champ d’honneur et lord Russell sur l’échafaud, en vérité le sang monte au visage ; on est tenté de se demander : Qui sont-ils enfin, ceux qui prétendent détruire ainsi, d’un trait de plume, nos vieilles admirations, les enseignements donnés à notre jeunesse, et jusqu’aux notions du beau et du juste ?
Galiani, vers ce temps, se livrait aux études les plus sérieuses : il publiait à vingt et un ans un livre sur la monnaie ; il rendait à un savant illustre, alors très vieux et presque aveugle, à l’abbé Intieri, le service de décrire en son nom, dans un petit traité substantiel et tout positif, un procédé nouveau pour la conservation des grains.
La duchesse du Maine, à cette seconde époque de Sceaux, avait à la tête de ceux qu’elle appelait ses bergers le spirituel marquis de Sainte-Aulaire, qui fit pour elle son célèbre quatrain, et qui n’avait guère moins de quatre-vingt-dix ans : cela rajeunissait singulièrement la duchesse de s’être donné un si vieux berger ; elle ne paraissait plus qu’une enfant auprès de lui.
quel assemblage grotesque de vieilles idées et de nouveaux projets, de petites répugnances et de désirs d’enfants, de volontés et de nolontés, d’amours et de haines avortés !
Elle ressemble en ceci au vieux moraliste Charron qui se contente de bien exprimer les pensées et de les joindre ensemble, de quelque part qu’elles lui viennent, pourvu qu’il les trouve justes et à son gré.
Il nous prouve très bien, par l’exemple des langues, que la métaphore et l’image sont si naturelles à l’esprit humain, que l’esprit même le plus sec et le plus frugal ne peut parler longtemps sans y recourir ; et, si l’on croit pouvoir s’en garder en écrivant, c’est qu’on revient alors à des images qui, étant vieilles et usées, ne frappent plus ni l’auteur ni les lecteurs.
Tirant une clef de sa poche, il ouvre ; et, au lieu d’in-folio, je vois des rangées de bouteilles des meilleurs vins, et nous nous mîmes tous deux à rire de grand cœur : « C’est là, me dit le pacha, ma bibliothèque et mon harem ; car, étant vieux, les femmes abrégeraient ma vie, tandis que le bon vin ne peut que me la conserver, ou du moins me la rendre plus agréable. » Les détails qui suivent montrent que le spirituel pacha avait cherché à tirer tout le meilleur parti de sa position nouvelle ; qu’il avait réuni autour de lui ce qu’on pouvait appeler les honnêtes gens de là-bas, et fait rendre à la Turquie tout ce qu’elle renfermait de ressources de société.