Elles avaient donné à la France tout ce que peut donner le despotisme : la concentration et la règle de toutes ses forces intellectuelles et matérielles dans un effort universel des intelligences disciplinées sous l’Église et sous le roi.
Villemain, pindarique sur les ailes neuves et dans les régions inexplorées avec Victor Hugo, élégiaque avec moi, oratoire avec Royer-Collard, de Serre, Foy, Lainé, Berryer naissant, et leurs émules de tribune, néo-grecque avec Vigny, romanesque avec Balzac, humoristique avec Charles Nodier, satirique avec Méry, Barthélemy, Barbier, intime avec Sainte-Beuve, guerroyante et universelle avec cette légion de journalistes survivants au jour, avant-postes des idées ou des passions libres de leurs partis qui, de Genoude à Carrel, de Lourdoueix à Marrast, de Girardin à Thiers, combattaient aux applaudissements de la foule entre les dix camps de l’opinion lettrée.
Nous chanterons l’impérissable Dieu, glorieux Fils du Dieu père de tous les siècles, le Fils créateur du monde, essence universelle, sagesse infinie, Dieu parmi les êtres célestes, et mort parmi les habitants du monde souterrain.
Voici quelques-uns des mots qu’on distinguait dans le chorus universel.
Des becs de gaz s’allumaient çà et là comme des étoiles isolées ; dans l’effacement universel, ils prenaient tout le regard.
« Mais cette probabilité naturelle se change en certitude, quand nous faisons entrer en ligne de compte cette loi universelle de notre expérience, qu’on nomme loi de causalité, et qui nous rend incapables de concevoir le commencement d’une chose quelconque sans une condition antécédente ou cause.
Le succès fut soudain et universel.
XXV Le succès fut soudain, universel, immense ; Rome l’acclama tout entière dans l’atelier ; Paris l’acclama avec la même unanimité involontaire dans le Louvre ; ce ne fut qu’un cri.
IX « À tous ces titres, la traduction d’Orphée, consacrée par les annales grecques, doit tenir sa place dans la reconnaissance universelle, puisqu’elle est le plus ancien témoignage de l’admiration des siècles pour la poésie et de son influence sur la civilisation.
C’était, si vous voulez, une lubie nationale (bien que l’étoffe ne manque pas pour les grands hommes dans ce pays de toutes les grandeurs) ; c’était un caprice héroïque et poétique : mais le caprice était universel et sincère, par conséquent jusqu’à un certain point respectable.
A côté des fausses vues, des illusions, des subtilités de l’esprit d’utopie, il y a mille vérités de détail qui leur donnent des démentis ; à côté du moraliste arbitraire, qui façonne le cœur humain pour sa philosophie, et qui fait l’élève pour le maître, il y a le moraliste selon la morale universelle, qui glisse, comme en cachette de l’autre, quelques grains du plus pur froment dans l’ivraie de cette fausse philosophie.
La musique, en outre, complète et renforce l’expression dont la poésie a revêtu les sentiments ; elle donne aux paroles et aux cris partis du cœur une puissance de pénétration plus grande ; elle leur donne en même temps une signification plus large, plus générale, en les traduisant dans une langue universelle.
Chamberlain, surtout ses études sur Tristan : c’est là que l’esprit même de l’œuvre ce Wagner est condensé, qu’on nous le montre artiste, et non point préoccupé de systèmes, — toute théorie amoindrissant l’essor d’un génie si universel en ses conceptions, si ardent en ce qu’il réalisa d’elles.
On peut dire que le genre humain serait resté sans éducation, faute du maître universel qui lui a tout enseigné.
* * * — Dans l’élite de ceux qui pensent, il se fait une visible réaction contre le suffrage universel et le principe démocratique ; et des esprits se mettent à voir le salut de l’avenir dans une servitude de la canaille, sous une aristocratie bienfaisante des intelligences.
Il se vantait, l’innocent du Palais, de faire du Prussien, un adepte de la fraternité des peuples, en lui faisant luire, en récompense de sa modération, la popularité qu’il s’acquerrait près des générations futures, réunies dans un embrassement universel.
Il est écrasé par le nombre, assommé par l’universelle stupidité, raillé par de niais plaisantins, et sent vaguement que plus il exaltera son génie, moins ses œuvres auront d’utilité actuelle, recueilleront de larges admirations l’autoriseront à satisfaire les prétentions de son orgueil.
Il est universel chez elle, géographe, chronologiste, antiquaire, historien, poëte, orateur, physicien, moraliste, théologien.
Ses talents d’étalagiste littéraire n’eurent pas suffi pour lui assurer cette admiration de confiance, si universelle ; ses actes, plus encore que ses écrits, lui valurent la haute estime de la bourgeoisie.
Mais déjà l’amour, qui donne le mouvement au soleil et aux étoiles, tournait mon désir et mon velle (ma volonté) comme une roue qui circule sous une impulsion universelle. » XXVI Et ainsi finit par ce dernier vers le triple poème, comme le rêve d’un théologien qui s’est endormi dans un cloître aux fumées de l’encens et aux chants du chœur, et à qui son imagination représente en songe les images incohérentes des tableaux de sacristie qu’il regardait sur les murailles en s’endormant.
Un enseignement littéraire ainsi gradué sur l’âge, sur le goût, sur les forces, sur la température des années de notre vie auxquelles elle s’adapte rationnellement, donnerait à l’enfance, à l’adolescence, à la jeunesse, à l’âge mûr, un attrait bien plus naturel et bien plus universel pour les belles choses de l’esprit en harmonie avec l’âge et le sexe des disciples.
Archives des Sciences, supplément à la Bibliothèque universelle de Genève. 1860.
Vous avez constaté la nécessité fatale de cette alimentation de tous les êtres les uns par les autres, et, devant cette échelle de destruction universelle, vous avez trouvé l’ingénieuse et intéressante distinction de la mort et de la douleur. […] Rien n’est inutile, rien ne sera perdu dans ce grand laboratoire où l’humanité entasse lentement et avec ordre ses matériaux divers pour le grand œuvre d’une régénération universelle. […] C’est-à-dire qu’Éros, le principe du bien, la pensée d’amour et d’harmonie dont l’univers est la manifestation, apparaît à Manfred à travers la beauté des choses visibles ; tandis qu’Antéros, l’esprit de haine et d’oubli, c’est-à-dire la muette indifférence d’une loi physique, qui n’a pour cause et pour but que sa propre existence et sa propre durée, apparaît à Faust à travers la bizarrerie, le désordre et l’effroi de la vie universelle. […] Le roman a été pour Balzac le cadre et le prétexte d’un examen presque universel des idées, des sentiments, des pratiques, des habitudes, de la législation, des arts, des métiers, des coutumes, des localités, enfin de tout ce qui a constitué la vie de ses contemporains.
Benjamin Constant y est venu de son côté ; à ce moment, l’Assemblée des notables, les conflits avec le parlement, excitent un vif intérêt ; la curiosité universelle est en jeu, et celle du nouvel arrivant n’est pas en reste. […] Si des inquiétudes morales sur presque tous les objets sans exception ne me tuaient pas, et surtout si je n’éprouvais, à un point affreux que je n’avoue qu’à peine à moi-même, loin de l’avouer aux autres, de sorte que je n’ai pas même la consolation de me plaindre, une défiance presque universelle, je crois que ma santé et mes forces reviendraient.
Ils se débattent contre une force dont ils ne se rendent pas compte ; ils se refusent à un plaisir qui leur devient volontiers une fatigue ; ils sont honteux, au fond de l’âme, de se savoir si peu dignes de tant de soins et d’être servis, mieux qu’ils ne méritent, par ces plumes vaillantes, animées à bien faire, ennemies des barbarismes, jalouses de la forme, en pleine abondance, en pleine énergie, actives à ce point que du jour au lendemain elles ont abordé les questions les plus ardues ; correctes à ce point qu’il serait difficile de rencontrer, dans ce va-et-vient universel de la langue pratique, officielle, intelligente, une faute aux règles les plus difficiles de la grammaire la plus sévère ! […] Sachez cependant parler son langage à chacun de ces esprits dont se compose l’esprit universel.
Cette année, le jury s’est montré avare de place à l’exposition universelle pour les jeunes peintres : l’hospitalité était si grande vis-à-vis des hommes acceptés de la France et des nations étrangères, que la jeunesse en a un peu souffert. […] Je prends donc un des mille badauds qui ont été s’extasier et se tordre les côtes dans la boutique de réalisme accolée à l’exposition universelle, et je lui dis : Voilà ton siècle et le voilà toi-même ; le reconnais-tu ?
Il tient ce siècle ainsi que les empereurs des peintures portent le globe universel. […] Il est l’universel et le Trismégiste. […] Et à l’heure actuelle, après tant d’œuvres déjà que tant d’œuvres suivront, sa renommée rendue universelle par des triomphes de théâtre est une des gloires les plus solidement établies de la littérature actuelle.
Si, au lieu de déplorer la cruelle nécessité qui ravit à la terre le grand poète aussi bien que l’homme inutile et justement ignoré, ce qui n’est pas un thème très neuf, il se fût contenté de rapprocher la grande image de Shakespeare et la société anglaise contemporaine, le génie universel qui nous a légué une si glorieuse famille et l’égoïsme cupide qui domine maintenant la patrie de Shakespeare, je suis sûr que la pièce eût été plus belle encore, parce qu’elle fût devenue plus vraie. […] Je ne pense pas que ces paroles servent à dessiner le caractère de Latréaumont, et je suis sûr qu’elles exciteront un dégoût universel. […] Il croit que la passion sans le ridicule, et le ridicule sans la passion, n’expriment qu’imparfaitement l’humanité, et il veut, par la mise en œuvre de tous les éléments de la réalité, s’élever jusqu’à la vérité générale, universelle.
Quand Fromentin, deux mois après, mourut, Blanc, poursuivant ses avantages, écrivit dans le Moniteur universel une lettre où les Maîtres d’autrefois étaient représentés comme la honte de la critique. […] « Je me sens en communauté d’esprit avec les Goethe, les Hegel, les Schleiermacher, les Leibnitz, bien opposés pourtant entre eux, tandis que les philosophes français, rhéteurs ou géomètres, malgré leurs hautes qualités, me laissent froid, parce qu’ils ne portent pas en eux la somme de la vie universelle, qu’ils ne dominent pas la réalité complète, qu’ils ne suggèrent rien, qu’ils n’agrandissent pas l’existence. » Il voit les Français comme des maîtres précisément en ce qui lui manque, l’art d’écrire, de composer et d’exposer, de vivre, en « la rigueur des conclusions pratiques ». […] Au contraire de l’esprit français, Amiel ne cherche pas une logique universelle, il ne croit pas à une logique immanente ; mais « l’absurde est le caractère de la vie ; les êtres réels sont des contresens en action, des paralogismes animés et ambulants ».
Donc, la morale universelle, et non seulement la règle des Codes et celle des Églises confessionnelles, mais la morale même du cœur ne saurait absoudre Emma Oison ; c’est bien entendu, et l’auteur, je dois le dire, ne prétend nulle part nous insinuer le contraire. […] Si c’est vertu, encore mieux ; seulement vous rentrez du coup dans la morale universelle (dont, après tout, les lois écrites sont des interprétations qu’on ne saurait dire entièrement mensongères et qui, d’ailleurs, peuvent être à leur tour interprétées). […] La France, qui avait paru d’abord prendre son devoir très sérieux, glissait peu à peu à des distractions : naturalisme, pornographie, Exposition universelle, jeux stériles et abominables de la politique, brigandages financiers, etc., etc.
Savez-vous quelle était, sur « le vrai Voltaire », et le Voltaire qui « devait rester », l’opinion non pas générale, mais universelle et unanime, des contemporains de Voltaire et des hommes de la génération suivante, jusqu’à, et y compris, Chateaubriand ? L’opinion universelle était que ce qui devait rester éternellement de Voltaire, c’était ses tragédies. […] Il y a là Courbet, avec ses éternelles théories sur l’art, un peu confuses ce jour-ci, parce qu’il a oublié « d’amener son Castagnary » ; il y a là Morvieux — nom sous lequel l’auteur cache quelqu’un que je crois reconnaître, mais que je ne nommerai point de peur de me tromper — Morvieux, l’omnicontempteur et l’envieux universel, ennemi juré de quiconque a du génie, du talent ou seulement de la facilité ; Pelloquet, le penseur, qui n’a jamais écrit une ligne ni dit un mot et qui s’est acquis ainsi une immense réputation de philosophe ; et l’inventeur, et le critique et le parasite de grand homme, autrement dit le pariétaire ; et le simple idiot mangeur de haschich, etc., etc. […] Ce qui lutte dans le cœur de Thérèse, c’est la pitié, la pitié ordinaire, la charité générale et universelle ; et, d’autre part, le besoin de s’immoler elle-même, son immolation d’elle-même étant malheureusement attachée à celle d’Ervann, et inséparable de celle d’Ervann. […] Il la voit comme une juive selon Darmesteter, sans religion, même « sans morale », mais pénétrée et enflammée de patriotisme, « messianique », ayant une idole, elle aussi, qui est le peuple juif, la race juive, convaincue « que l’histoire juive longe l’histoire universelle sur toute son étendue et la pénètre par mille trames » [c’est mal écrit, par extraordinaire, mais cela se comprend très bien], éperdue d’amour, de pitié, d’admiration pour tout ce qui est juif et uniquement pour ce qui est juif, et parfaitement persuadée, comme son maître Darmesteter, que depuis toujours, et maintenant, et surtout désormais, l’âme juive est la conscience même de l’humanité.
Seul, peut-être, le roman résiste à cet effondrement universel. […] Sont-ce ceux où le sens individuel triomphe de la loi universelle, où l’exception l’emporte sur la règle, où les subtilités dans le raisonnement, les quintessences dans les idées, les raffinements dans le sentiment encombrent le récit et l’obscurcissent ? […] « Il est universel, écrasant, dit le professeur, ce n’est qu’endroit qu’il faiblit. — Aussi en géométrie, répondit l’illustre savant. » Cette charmante anecdote nous revient naturellement à l’esprit. […] Il est impossible, par exemple, d’imaginer rien de plus gaulois, de plus rabelaisien, de plus parisien aussi que ce dialogue surpris dans un de ces établissements d’utilité universelle qui abondent à Paris ; c’est souvent bien près d’être indécent, mais jamais immoral. […] En y multipliant des personnages gangrenés, en représentant la contagion du mal comme universelle et inévitable, il a dépravé les consciences et créé une véritable anarchie morale.
quelle trouvaille de notre temps, quelle panacée universelle ! […] La pensée que le visage de ma mère pourrait un jour disparaître à mes yeux pour jamais, qu’il ne serait qu’une combinaison d’éléments susceptibles de se désagréger et de se perdre sans retour dans l’abîme universel, cette pensée, non seulement me fait saigner le cœur, mais aussi me révolté, comme inadmissible et monstrueuse. […] Cette fois, c’est de Paris même qu’il s’agit, du Paris d’aujourd’hui encore éclairé par la lueur de cette apothéose sans précédente qui restera dans son histoire sous le nom d’Exposition universelle de 1889. […] Les partis, soi-disant libéraux, qui se plaisent à montrer la Russie comme un Empire au moins aussi despotique que celui de l’Allemagne, savent-ils seulement que Nicolas Ier, le monarque russe qui a le plus majestueusement représenté le principe autocratique, ait pu dire, dans une lettre autographe adressée à Napoléon III la veille du Coup d’État : — « En principe, je suis d’autant moins contre le suffrage universel, que je ne saurais oublier que ma dynastie est, par deux fois, issue de l’acclamation populaire. » Et enfin, que ce farouche tyran a écrit aussi : « Si je n’étais pas l’Empereur autocrate de toutes les Russies, je serais le premier des républicains. » Ces paroles étranges ici sont très naturelles pour ceux qui connaissent la Russie.
Et du Légataire universel, que vous semble ? […] Que si vous me demandez comment cela se fait qu’à vingt ans de distance l’un de l’autre, ces deux hommes, Molière et Regnard, soient si peu semblables celui-ci à celui-là, et pourquoi donc le public du Misanthrope et des Femmes savantes accepte, avec tant de bonne grâce et de si grands éclats de rire, Le Légataire universel et Les Folies amoureuses ? […] Le Légataire universel . — La Marchande à la toilette J’en veux à Regnard, puisqu’il avait deviné Madame la Ressource de n’avoir pas fait, d’un bout à l’autre, une comédie intitulée : La Marchande à la Toilette, — une comédie en chair et en os, et comme Regnard l’eût faite, cette comédie, à peine indiquée en passant ! […] est nécessairement la proie et la dupe de cette créature, qui est la tentatrice universelle.
— rétablir de l’art littéraire une notion plus universelle et plus juste ! […] Dès que le moindre des personnages de Paul Claudel ouvre la bouche, un flot s’en échappe, un torrent de versets pleins de sens, de suc et de splendeur verbale : et ces mots sont si neufs, si apparemment spontanés, et ils semblent si peu sortir de la bibliothèque universelle où M. […] En de vagues accords où se mêlent Des battements d’ailes Des sons d’étoiles Des chutes de fleurs, Dans l’universelle rumeur Elle se fond doucement et s’achève La chanson d’Eve… Quelle délicatesse, quelle variété, quelle mobilité de ligne !
Une grande vie se rattache et rassemble autour d’elle, avec une prévoyance universelle et un détail minutieux, tous les appendices dont elle use ou dont elle pourrait user Ainsi chaque prince, chaque princesse a sa faculté, sa chapelle157, il ne convient pas que l’aumônier qui leur dit la messe, que le chirurgien qui les soigne, soient d’emprunt.
Cependant, lorsque j’eus permis au public de voir ma statue, il s’éleva, grâces à Dieu, un cri si universel d’approbation, qu’il ne laissa pas que de me consoler.
La littérature nationale, cela n’a plus aujourd’hui grand sens ; le temps de la littérature universelle est venu, et chacun doit aujourd’hui travailler à hâter ce temps. » — Quel est le plus grand philosophe de tous ?
Pas de littérature spéciale pour le peuple, mais un peuple capable de comprendre la littérature universelle, telle doit être la formule éducatrice de la démocratie.
Wagner, « L’Histoire Universelle dans la Légende », 1848.)
Cette notion du temps est un produit raffiné de la réflexion humaine, comme les notions de l’infini, de l’immensité, de la causalité universelle, etc.
. — « Écoutez, mes enfants, comme tous les détails de la mer prennent dans la bouche de ce poète universel la même précision et la même vie que les détails de la maison.
Il est difficile d’établir que cette loi soit d’application universelle chez les espèces à l’état sauvage, mais de bons observateurs, et plus particulièrement les botanistes, la croient générale.
Mais je pourrais prouver qu’aucun de ces signes caractéristiques de l’instinct n’est universel.
La seconde guerre punique duroit encore quand Marcellus fit transporter à Rome les dépoüilles des portiques de Syracuse, lesquelles donnerent à quelques citoïens romains un goût pour les arts, qui devint bien-tôt à Rome un goût universel, et qui fut cause dans la suite de tant de dépredations.
Elle est sensiblement la même pour le commun des hommes, depuis les temps les plus reculés jusqu’à nos jours ; et l’idée de la « morale universelle », si chère à la philosophie française de 1840, est juste en ceci que, pour l’infime portion de l’histoire de l’humanité que nous connaissons, la conception morale apparaît comme ayant peu varié, et le progrès moral comme difficile, au moins, à bien discerner. […] S’il les dompte, aura-t-il une grande joie, un grand bonheur, signe que l’ordre universel attache une récompense à l’énergie humaine victorieuse du mal : voilà certainement les questions que se sont posées les hommes depuis qu’ils s’assemblent dans un amphithéâtre pour voir d’autres hommes faire certaines grimaces. […] Il y a trois morales, ou, si vous voulez, trois façons d’entendre la morale universelle : « 1o Nous nous devons à la Patrie, tout entiers, y compris notre conscience, et il faut, au besoin, violer en nous la justice pour le service de la patrie. » Et ceci, bien entendu, c’est la morale d’Ulysse. — « 2o Nous nous devons à la Pitié, et il faut écouter la voix divine de la pitié, la voix de la pitié qui est la voix des dieux ; même aux dépens de la Patrie. » Et ceci est la morale de Néoptolème. — « 3o Nous nous devons à quelque chose qui est au-dessus de la patrie, du droit, de la pitié et des dieux, et ce quelque chose, je ne sais pas du tout le définir, mais je l’entrevois et je m’y sacrifie. » Et ceci est la morale où arrive peu à peu Philoctète, et c’est parce qu’il y arrive peu à peu qu’il évolue, lui, lui seul (ou à très peu près), et qu’il va d’un point à un autre, du reste par un très beau chemin. […] Certainement Racine a un fond solide de psychologie humaine, de psychologie générale et universelle qui est de tous les temps et de tous les lieux ; certainement encore le fond de son drame est toujours une pure et simple « comédie », c’est-à-dire, pour prendre l’excellente définition de Fénelon, « une étude des mœurs des hommes dans la condition privée ».
Quand Descartes17 part du doute universel et répudie l’autorité, il donne des préceptes bien plus pratiques pour l’expérimentateur que ceux que donne Bacon pour l’induction. […] Pour le physicien, l’attraction universelle n’est qu’une idée abstraite ; la manifestation de cette force exige la présence de deux corps ; s’il n’y a qu’un corps, nous ne concevons plus l’attraction. […] Je me réserve de traiter ailleurs la question de savoir s’il y a des différences qui séparent les forces des corps vivants de celles des corps bruts ; qu’il me suffise de dire pour le moment que les deux vérités qui précèdent sont universelles et qu’elles embrassent les phénomènes des corps vivants aussi bien que ceux des corps bruts. […] L’évidence de cette vérité tend à amener et amènera nécessairement une réforme universelle et profonde dans l’enseignement scientifique.
Il faut que cela soit, pourtant, puisque, venant en aide à la Revue-Buloz, une Revue, qu’on dirait, au premier aspect, imprimée en langue française, le Causeur universel (4e année d’existence), consacre un premier-Paris à un travail signé Le Coq sur ce lugubre sujet : ENFERS ! […] Si, comme l’a dit M. de Bonald, la littérature est l’expression de la société, il est évident que le Causeur universel s’adresse de préférence aux sociétés qui s’en vont, le dimanche, manger des matelotes à La Rapée et des fritures à l’Île Saint-Denis.
Il était dominé par une irrésistible sympathie, par une sympathie universelle, par le désir d’embrasser d’un seul regard la nature entière, et de lire dans le temps et dans l’espace, dans toutes les manifestations de ces deux idées déjà si générales par elles-mêmes, une idée plus générale et plus haute, l’idée une et suprême, l’idée divine. […] Puis l’homme paraît entre le monde et Dieu, et bientôt Dieu, l’homme et le monde se confondent dans l’Être universel ; tout est Dieu. […] Affilié à la secte la plus pure de la république universelle, à la secte des quakers, le docteur est indulgent aux douleurs qu’il ne partage pas. […] À brasser des lois de finances, tandis qu’elles devraient se dévouer à l’ambition universelle de M.
N’étoit-il pas plus simple d’intituler le dictionnaire de toutes les sciences, dictionnaire universel, mais il a fallut revêtir son frontispice du mot Encyclopédique, comme étant plus sonore, plus pompeux ; & c’est ainsi qu’on fait croire aux ignorans que la science est une magie impénétrable au commun des mortels. […] Il me fit le plus grand éloge du prince Henri, & il faut avouer que ses connoissances universelles, que son génie militaire, que sa simplicité, lui méritent toutes les louanges possibles. […] Voltaire étoit trop friand d’éloges, pour qu’il n’eût pas fait des idylles & des chansons, lui sur-tout, qui affectoit le titre d’homme universel, s’il eût eu le talent de bien les travailler.
On ne peut douter qu’au septième et au huitième siècle cette révolution, peut-être insensible d’un jour à l’autre, ne fût universelle. […] En effet, si vous imaginez une cause qui ait dû animer les esprits, les enhardir et les forcer à la parole publique, en langue vulgaire, c’est sans doute cet enrôlement universel au nom de la croix, ce religieux appel qui s’adressait à l’ignorant, au villageois, comme au seigneur, c’est-à-dire souvent à deux ignorants ensemble. […] Quelquefois aussi quand on était troubadour, et que l’on commettait d’autres fautes que celles qui étaient alors universelles et permises aux troubadours, on était dégradé, et on retombait à l’état de jongleur. […] Il resta quelques mots d’origine teutonique, çà et là répandus dans notre vocabulaire, presque entièrement formé de termes latins ; et sous ce rapport, le roman wallon, le français du Nord, ne différa nullement du roman méridional ; il est également héritier direct et universel de la langue latine.
Ainsi, dans le développement de la pensée humaine, il y a comme une mystérieuse et universelle collaboration à des degrés très divers (car elle va de ceux qui comprennent à ceux qui trouvent, en passant par ceux qui pressentent), et, par suite, de la joie et de l’orgueil pour tout le monde. […] On ne sentait point, chez l’excellent bonhomme du premier acte, le plus petit germe de haine, et surtout il y avait, dans la façon dont il parlait de la nature (et qui rappelle Michelet beaucoup plus que Jean-Jacques), autre chose que l’« idyllisme » sensuel du dernier siècle ; il y avait une profondeur d’apaisement et de bonté, une joie d’abandon aux forces naturelles et de communion avec les choses, par suite une sorte d’indulgence universelle, de nihilisme tendre, qui devait le rendre à jamais impropre aux affirmations furieuses, aux fanatismes précis et méchants, aux haines qui se traduisent par des actes… Et enfin, Boussanel, troisième manière, est trop beau ; il parle trop bien ; son sanglant délire est splendide comme celui des martyrs et des apôtres : « Grand cœur fou de Chalier, sois mon cœur ! […] Ce n’est que substituer, dans un cas déterminé, son sens propre à l’aveugle prescription de l’obscure morale universelle… Eh ! […] C’est que, à peine l’acte par lequel il affirmait sa morale particulière était-il accompli, la morale universelle s’est vengée.
Un accès de la fièvre universelle l’avait atteint jusque dans sa sagesse ; il fut pendant quelques jours comme transporté159.
., lieutenant-colonel du régiment de Poitou, ensuite colonel du régiment des grenadiers royaux, et maréchal des camps et armées du Roi… » (Saint-Allais, Nobiliaire universel de France, XVII, 402.)
Cette supériorité universelle si manifeste pour nous, qui connaissons la véritable idée de la comédie, n’est pas encore admise en France, où l’admiration, légitime en soi, pour un grand écrivain national, aveugle par son excès la critique littéraire, et fausse les plus simples notions d’esthétique, au point que les genres les plus opposés sont confondus, que les comédies les plus gaies sont les moins estimées, et que les plus sérieuses passent pour les plus belles.
Cet article fut remarqué par le correspondant parisien d’une revue suisse la Bibliothèque universelle, qui en donna une analyse et en traduisit quelques passages.
En avouant mon indulgence, j’avoue donc que je participe à la politesse universelle qui est la marque de la lassitude ou de la lâcheté de notre époque.
Dans les métaphores, qui ne doivent être que des métamorphoses rationnelles, des symboles de l’universelle transformation des choses, le poète peut passer quelques-uns des degrés insensibles de la vie, non les sauter à plaisir ; il peut comparer la machine à la bête, l’être immobile à l’être qui se meut, l’animal inférieur à l’animal supérieur ; mais ce n’est que bien haut dans l’échelle des êtres qu’il peut, en général, chercher des points de comparaison avec l’homme52.
En floréal, cet énorme buisson, libre derrière sa grille et ses quatre murs, dans le sourd travail de la germination universelle, tressaillait au soleil levant presque comme une bête qui sent la sève d’avril monter et bouillonner dans ses veines, et, secouant au vent sa prodigieuse chevelure verte, semait sur la terre humide, sur les statues frustes, sur le perron croulant du pavillon et jusque sur le pavé de la rue déserte, les fleurs en étoiles, la rosée eu perles, la fécondité, la beauté, la vie, la joie, les parfums.
Laplace a bien démontré qu’aucune cause liée à l’attraction universelle ne peut déplacer l’axe de rotation du sphéroïde terrestre, mais Laplace, dans tous ces calculs, a toujours considéré les corps célestes comme des masses rigides parfaitement homogènes ou, tout au moins, formées de couches concentriques d’une parfaite homogénéité sur toute leur circonférence, de sorte que leur centre commun de gravité dût coïncider avec leur centre de figure.
Ce n’est pas moi qui voudrais être un philosophe, un Arcésilas, un Solon morose, de ces gens qui s’en vont la tête baissée, l’œil fixé à terre, murmurant, rongeant, rageant » : Arcésilas, philosophe grec (Pitane, Eolide −315 ou −314 — −241 ou −240), sans doute cité ici parce qu’il prôna entre autres, contre le dogmatisme des stoïciens, la suspension universelle du jugement ; Solon, le célèbre législateur athénien (v.-640 — v. 558) qui est est à l’origine de la vaste réforme sociale et politique qui fonde le commencement de la démocratie athénienne.
La première vertu du poète, comme du romancier, celle sans qui toutes les autres aussitôt diminuent de prix et risquent de tomber à rien, c’est l’universelle sympathie pour les misères et les souffrances de l’humanité. […] Et de fait, au temps où nous sommes, dans l’universelle confusion des idées, il y a si peu de convenance entre les mots dont on use et les choses qu’ils expriment, qu’il se pourrait bien que cette solution, quoique bizarre à première apparence, et même paradoxale, fût cependant la bonne.
Il y a répandu un grand optimisme historique et un esprit de bienveillance universelle. […] La suggestion proprement dite, comme l’entendent ceux qui étudient aujourd’hui les maladies nerveuses, n’est qu’un cas particulier de cette universelle suggestion que Rabelais décrit si magnifiquement dans son chapitre sur les « debteurs et emprunteurs ». […] On communie avec la foule dans la bêtise universelle.
» Tels qu’ils sont, ils se montrent ; ils font ressortir, ils mettent dans son jour la complaisance universelle et un peu vile de Philinte, l’égoïsme féroce d’Arnolphe, la sottise de Monsieur Jourdain, les minauderies prétentieuses d’Armande ou la préciosité solennelle de Philaminte. » Je remarque ici que la théorie ne doit pas être très sûre puisqu’elle ne produit pas, puisqu’elle ne fournit pas des jugements concordants sur les personnages, puisque, toujours en s’appuyant sur elle, on nous range le même personnage, tantôt parmi les servants de la nature, tantôt parmi ceux qui la contrarient. Dans le texte que je viens d’extraire, l’homme qui est dans le sens de la nature c’est Alceste, et il est le personnage chéri de Molière, il est son Alceste, et Philinte, contrariant la nature, puisqu’il la déguise, est un complaisant « universel et un peu vil » que Molière méprise et ridiculise. […] Notez que, huit fois sur dix, c’est à la vanité que Molière s’en prend et s’attaque ; or plus vous descendez dans les classes que l’on répute comme étant le plus près de la nature, plus vous trouvez partout la vanité qui est une tendance presque absolument universelle.
Je crois voir un avocat préparant un choix de plaidoyers pour toutes les causes, en voyant Hugo choisir des sujets qu’il sait être bien vus par le public : afflictions, déclamations sur la misère, la prostitution, la mort, l’amour maternel, la fraternité universelle. […] Jean-Antoine Étex a publié un Essai d’une Revue synthétique sur l’Exposition universelle de 1855 qui me rappelle fortement les visions bibliques. — L’animal redoutable à têtes de dragon vu par saint Jean, c’est certainement la Synthèse. — Cette brochure est curieuse, nous en reparlerons. […] Je ne sais si je continuerai, si j’irai jusqu’au bout de cette Étude et peut-être est-ce à dessein que je me suis arrêté sur une des pièces possibles de ce livre, afin de montrer enfin un côté moins mauvais, et cependant j’aurais encore à parler de sa manière de comprendre les enfants, la nature, les oiseaux ; de la charité, de l’amour universels qui le saisissent soudain, comme les moines du moyen âge qui, eux, prêchaient, fondaient des couvents et vivaient dans la pauvreté ; des poésies si cruellement trahissantes sur la mort de sa fille et de son gendre, d’une collection de vers purement ridicules, de la simplicité spéciale qu’il incruste parfois dans sa versification, et enfin de ses systèmes…..
Mais c’étaient Fritz et la petite Sûzel qui faisaient l’admiration universelle, à cause de leur grâce et de leur air bienheureux.
Non, ce n’est pas l’applaudissement de tous qu’il a dans l’oreille et le cœur, non ce n’est pas l’acclamation universelle : c’est un on-dit, « que Girardin a blagué tout le temps », c’est le rapport de la maussaderie de la figure de tel critique ; enfin tout ce qu’il peut se forger de mauvais, d’hostile, de perfide dans les feuilletons du lundi.