Il n’est pas le dernier écrivain dont on ne connaît que les plaisanteries, dont on ignore à peu près le talent profond et grave, sinon triste.
Tout cela prouve aussi une chose assez triste, c’est que l’art, la science et la littérature ne fleurissent pas chez nous par suite d’un besoin intime et spontané, comme dans l’ancienne Grèce, comme dans l’Italie du XVe siècle ; puisque, là où il n’y a pas d’excitation extérieure, rien ne se produit.
Ce triste soulagement des condamnés vulgaires n’allait pas à sa haute nature.
Quelle triste occupation de chicaner ainsi avec son propre plaisir !
Il y eut donc en elle un bas-bleu, pour lui donner son triste nom.
Au fond, une triste page de l’histoire d’Irlande !
Et voilà le seul mal qu’aura fait ce Retour du Christ, qui, par lui-même, n’a point le triste honneur d’être dangereux !
Hildebrand ne lui a pas seulement paru un grand homme, qui a plus ou moins raison et qui s’est plus ou moins trompé dans ses desseins, selon la triste condition des grands hommes.
Toute cette grave histoire, c’est celle d’une société qui passa sa vie à jouer aux petits jeux et aux petits vers, et qui eut la triste puissance de rapetisser une minute Condé et Bossuet.
Triste condition de cette femmelette que l’on appelle l’esprit humain !
Triste procédé, qui pourrait dispenser la Critique de s’occuper d’un ouvrage dont le fond est déjà connu, si, d’un autre côté, le nom de l’auteur, le titre du livre, et les quelques points de suture qui tiennent les morceaux dont il est composé rapprochés, ne révélaient pas suffisamment l’éternel dessein de propagande contre lequel on ne saurait mettre trop en garde les esprits faibles sur lesquels Michelet, avec son talent mystico-sensuel, peut beaucoup agir.
Weill, retournant Jean-Jacques Rousseau, triste besogne !
III Car c’est là le côté sérieux mais terrible de ces recueils de futilités, — de ces vains et tristes livres dans lesquels on nous rapporte avec une importance, maintenant grotesque, la façon dont les classes qui pouvaient tout et qu’on appelle l’ancien régime, passèrent leurs dernières heures en France !
Michelet avait les lèvres trop fines, pour que l’éclat de rire que pousse parfois Carlyle aux plus tristes ou aux plus terribles instants de l’Histoire pût s’y étaler à l’aise et y retentir.
Cette vie fort douloureuse et fort triste, qu’il fut toujours disposé à donner pour rien et qu’il a donnée pour moins que rien, car ce fut pour une question qui ne le regardait pas, toute cette vie fut éternellement dominée par deux impossibilités qui la rendirent intolérable.
Triste gloire, du reste, que de pocher une biographie avec la vie la plus digne, la plus fière et la plus translucide de pureté, pour la servir à un public républicain et libre-penseur !
Mais tout cela, qui est imposant et frappant, n’est pas la figure calme, correcte, gracieusement triste et désabusée, et souverainement raisonnable, de la marquise de Créquy des Lettres, une femme qu’il faut mettre entre Madame de Maintenon et Madame Du Deffand, plus bas que l’une et plus haut que l’autre.
Si pédant, si triste, si Allemand qu’on soit, quand on fait le Titan, on est toujours burlesque.
Sans Montaigne et sans un sentiment dont nous allons parler tout à l’heure, Pascal n’aurait jamais été que l’écrivain des Provinciales, ce chef-d’œuvre qui ne serait pas si grand, si les Jésuites étaient moins grands et moins haïs, les Provinciales, où le comique de cet immense Triste, qui veut plaisanter, consiste dans une ironie, répétée dix-huit fois en dix-huit lettres, et dans cet heureux emploi de la formule : mon révérend père, qui — puisqu’on parlait à un jésuite — n’était pas extrêmement difficile à trouver !
Aux systèmes des philosophes dont il écrit la triste chronique, il oppose le sien, qui n’est pas un système, mais une vue générale et planant sur l’esprit humain… Le Dr Athanase Renard n’a point le bon sens étranglé de Reid, l’Écossais, étroit en philosophie comme en religion (le presbytérianisme), mais il a le bon sens dilaté d’un Gaulois, agrandi par l’idée catholique… La race vit et pense dans le Dr Athanase Renard, et c’est pour cela que je l’aime et que je l’estimé, moi qui crois à la race, et qu’en toute chose nous ne valons pas nos pères !
Il dit les tristes variations des corps savants sur ce sujet, et, mêlant la polémique à l’histoire, séparant, dans la question magnétique, l’agent mystérieux confondu tous les jours avec le fluide qu’il emploie, il marque l’agent magnétique du double caractère de la fascination et de la surintelligence, et fait alors sortir la notion catholique de l’observation de tous les faits.
Plus de bourgeons au noir rameau, Triste impuissance de l’aînesse ; Tandis que sur l’antique ormeau Le lierre étouffait de jeunesse !
Comme tous les jeunes gens qui vécurent sous Louis-Philippe, ce triste Napoléon de la paix à tout prix, en se dévorant d’activité étouffée, Musset, qui n’avait ni les millions ni la pairie de lord Byron, devint homme du monde du temps, avec l’âme la moins faite pour le monde.
On eût dit que le poète des Méditations avait senti sous le faux de ces tristes volumes d’églogues et de romances une sœur à lui et à de Musset, son cadet superbe, — une Cendrillon de leur poésie, de leur poésie déjà négligée aussi, à tous les deux !
Joséphin Soulary a peut-être l’esprit plus grand que ses Sonnets, et son humour, à ce bizarre, ce vin noir comme le sang d’un cœur triste, finira peut-être par devenir fougueuse à force d’être comprimée, et passera par-dessus le bord, rose et or, du verre de Bohême aux pans régulièrement taillés, dans lequel il la sert avarement aux lèvres qui l’aiment et qui en voudraient beaucoup plus !
Seulement, Barthélemy et Barbier, ces Archiloques, sont des Tristes, des Violents, des Amers, et par ce côté-là ils sont plus romantiques que Pommier, qui, en revanche, mêle souvent à la vigueur de sa satire la vis comica de l’esprit gaulois.
Il y a un caricaturiste qui nous étreint le cœur et qui nous plante aux lèvres un rire plus triste que les larmes : c’est ce grand profanateur de Cervantès.
Et nous ne pouvons retenir ces graves et tristes paroles en présence de livres que, chaque jour, le hasard de la publicité nous apporte… Tous romans, ou à peu près, qui font trembler de l’inanité de leur fond et de l’imitation facile de leur forme !
C’est, selon moi, une des choses les plus tristes de ce temps, que de voir M.
Quand par une triste journée de décembre, depuis les tranchées du bois Saint-Mard, j’ai aperçu au-delà des lignes allemandes les toits et les clochers de Noyon, comment n’aurais-je pas souffert de sentir souillée par le Barbare, la ville de Jean Calvin ?
Il est triste, pour tant d’écrivains, qu’en les oubliant on ne leur ait rendu que justice.
Alors il fait voir ce grand homme étendu sur ses trophées ; il présente l’image de ce corps pâle et sanglant, auprès duquel, dit-il, fume encore la foudre qui l’a frappé, et montre dans l’éloignement les tristes images de la religion, et de la patrie éplorée.
Et qui nous a mis en si triste état ? […] Lui, d’une voix triste : Cruel problème ! […] Seulement il murmure d’une voix triste : Cruelles énigmes ! […] Triste période où tout lui est blessure, jusqu’à l’air de dédain du domestique qui vient le chercher le dimanche. […] C’est le dernier coup, n’est-ce pas, porté à ce triste personnage ?
Mais, d’autre part, la maison était pleine de recoins obscurs, « ce qui lui donnait le frisson », la rue triste et noire, le rez-de-chaussée privé d’air et de lumière, et comme étouffé sous le poids des galeries qui s’avançaient en saillie aux étages supérieurs. […] Combien, méconnus de leurs semblables, trouvèrent enfin un confident de leurs peines dans le doux et triste ami de Charlotte ! […] Avec des paroles tristes et dures le conseiller commenta le sens du psaume ; plus il parlait, plus il touchait de près à la faute commise par les deux malheureux ; plus ses allusions devenaient claires. […] Ils ne connaissent point les révoltes de l’envie en ses retraites sombres ; anneaux d’une chaîne indestructible, que le doute acharné et l’amour de soi ont seuls le triste pouvoir d’interrompre, en chacun d’eux l’humanité vit tout entière, et ils vivent eux-mêmes dans l’universel. […] Je suis vaine, ajouta-t-elle avec un sourire triste ; je veux que la dernière impression que vous emporterez de moi soit une impression joyeuse.
Dans leur éclat qui ne ternit aucun mélange, ils sont les exacts reflets de l’âme moderne, et de ce qu’elle a eu de plus mystérieux, de plus sombre, de plus triste et de plus exquis. […] Triste constatation dernière ! […] Bergerat a rappelé à ce sujet la boutade triste qu’il avait empruntée à Claudius Popelin, et qu’il aimait à répéter : « Rien ne sert à rien ! […] Maxime Du Camp a raconté, avec les détails les plus précis, pour quels motifs et sous quelles influences son ami se décida à entreprendre cette triste scène de la vie de province. […] Dans tous ces tristes caractères, il y a bien les éléments de la comédie intime et bourgeoise.
Argan, désabusé sur sa triste femme et éclairé sur le bon naturel de sa fille Angélique, consent qu’elle épouse Géante, à condition toutefois que Cléante se fasse médecin. […] Réfugiée à Paris en 1792, elle y avait eu la plus triste des aventures. […] On n’a jamais encore mieux mis à nu les plus tristes erreurs de ce cher et « malheureux » dix-neuvième siècle. […] C’est à Quinet que revient le triste honneur d’avoir formulé un certain nombre d’absurdités solennelles qui devinrent le credo des partis démocratiques. […] En 1870 l’enseignement supérieur était tombé dans un triste état de langueur, et des réformes s’imposaient.
C’est aussi prendre la plume dans une certaine humeur, ou joyeuse ou triste, qui tient à mille influences, depuis des impressions aussi puériles que celle du temps clair ou brouillé, froid ou chaud, jusqu’aux joies ou aux contrariétés dont nous ne rendons pas compte à notre correspondant. […] Mais que ce froissement d’amour-propre l’ait incité à de vilaines représailles de plume contre ses rivaux triomphants, par le sursaut d’une rancune consciente de son triste motif, comment l’admettre, quand toute son œuvre atteste un sentiment si vif de la beauté littéraire ? […] Quand j’évoque, à la distance des années, l’image de ces deux maîtres disparus, j’aime à penser que je les ai toujours trouvés si déférents l’un pour l’autre, si étrangers au triste défaut d’envie. […] Qu’il est triste et profond, ce vers si simple, et de quelle mélancolie il est chargé ! […] Mais, qu’il soit triste ou qu’il soit gai, toujours le poète est assiégé, de visions qui lui représentent et les horizons de la terre bressane, et la silhouette de ses demeures, les costumes de ses habitants, leurs travaux, leurs gestes de peine ou de détente.
A cet âge d’exaltation, la rêverie, les combinaisons romanesques, le sentiment et les obstacles qu’il rencontre, la facilité à souffrir et à mourir, étaient, après le culte singulier pour son père, les plus chères occupations de son âme, de cette âme vive et triste, et qui ne s’amusait que de ce qui la faisait pleurer. […] Cécile, enfant de six ans, s’avançant vers la triste Sophie, qu’une passion silencieuse dévore, lui dit : Pourquoi donc loin de nous restes-tu maintenant ? […] Mme de Duras fut une sorte de lien52, et c’est à M. de Chateaubriand que, dans sa dernière maladie, Mme de Staël a pu dire ces belles paroles : « J’ai toujours été la même, vive et triste ; j’ai aimé Dieu, mon père, et la liberté. » Pourtant la politique alors traça une séparation entre eux, comme autrefois la philosophie. […] Que signifie ce triste avant-coureur dont la nature fait précéder la mort, si ce n’est l’ordre d’exister sans bonheur et d’abdiquer chaque jour, fleur après fleur, la couronne de la vie ? […] C. ; il contient de sombres vérités, quoique à mon avis ce soit un ouvrage trop triste pour être jamais populaire.
Il serait des plus facile, à quelqu’un qui croirait que cela en valût la peine, de retracer les pentes d’habitude devenues le lit profond ou non, clair ou bourbeux, où s’écoulent mon style et ma manière actuels, notamment l’un peu déjà libre versification, enjambements et rejets dépendant plus généralement des deux césures avoisinantes, fréquentes allitérations, quelque chose comme de l’assonance souvent dans le corps du vers, rimes plutôt rares que riches, le mot propre évité des fois à dessein ou presque… En même temps la pensée triste et voulue telle, ou crue voulue telle. […] Mais, plus on me lira, plus on se convaincra qu’une sorte d’unité relie mes choses premières à celles de mon âge mûr : par exemple les Paysages tristes ne sont-ils pas, en quelque sorte, l’œuf de toute une volée de vers chanteurs, vagues ensemble et définis, dont je reste peut-être le premier en date oiselier ? […] Nous ignorons ce détail, mais en serions bien triste. […] Marceline Desbordes Valmore naquit à Douai, ville triste, que pour ma part j’aime, parce que c’est presque le pays de ma mère, Arras, et qu’elle est baignée par la même Scarpe si bien célébrée par notre héroïne. […] Voltairiens aussi, mesquins, étroits, bêtes aussi se montrèrent, en répétant les fades et platement grotesques « critiques » du triste rimailleur de Nanine et d’Alzire, les enragés adversaires du romantisme, et « enragés » ici n’est pas de trop.
J’étois bien triste, et je ne savois par où me consoler ; car de l’ôter de mon cœur, cela me sembloit impossible ; et, quoique le peu d’apparence de pouvoir passer ma vie auprès d’elle m’eût désespéré, je me plaisois trop à m’en souvenir pour essayer de l’oublier. […] Il servait encore en 1664, et il fit partie de l’expédition navale contre les pirates de Barbarie, laquelle, après un assez brillant début, eut une triste fin. […] Voir la lettre 11e, où il se montre comme assiégé par les créanciers, qui l’empêchaient, de sortir de chez lui et de faire des visites ; la lettre 37e, sur le triste état de ses affaires ; la lettre 8e, sur une dette de jeu.
De sérieux, fort peu ; de scrupule et de tenue, pas davantage. « C’est mon triste destin, disait-il, que je ne peux rien obtenir de la cour, que j’écrive contre elle ou pour elle. » Et il faisait mettre sur son tombeau : « La vie est une plaisanterie ; je l’avais bien pensé autrefois, mais à présent je le sais. » C’est ce rieur insouciant qui, pour se venger du ministère, fit l’Opéra du Gueux, la plus féroce et la plus fangeuse des caricatures. […] Un homme passionné, triste, naturellement replié sur lui-même, fait la conversation avec les objets ; un grand ciel grisâtre où dorment des vapeurs d’automne, un jet soudain de soleil qui vient illuminer une prairie humide l’abattent ou le raniment ; les choses inanimées lui semblent vivantes ; et la clarté faible, qui le matin vient rougir le bord du ciel, le remue autant que le sourire d’une jeune fille à son premier bal. […] Naturellement, l’éloge amène la satire, et on voit paraître dans le camp opposé Fielding, ce vaillant gaillard, et Sheridan, ce brillant mauvais sujet, l’un avec son Blifil, l’autre avec son Joseph Surface, deux tartufes, surtout le second, non pas brutal, rougeaud et sentant la sacristie comme le nôtre, mais mondain, bien vêtu, beau diseur, noblement sérieux, triste et doux par excès de tendresse, et qui, la main sur le cœur, la larme à l’œil, verse sur le public une pluie de sentences et de périodes, pendant qu’il salit la réputation de son frère et débauche la femme de son voisin.
Lorsque Énée, voyant à Carthage, dans le temple de Junon, des peintures qui représentent le siège de Troie, fait cette remarque : Sunt lacrymæ rerum…, cela signifie simplement, comme vous savez : « Notre triste renommée est donc parvenue jusqu’en ce pays ! […] Et c’est ainsi qu’il a vu l’ancien régime et la Révolution également tristes et haïssables. […] Ces idées sont, presque toujours, majestueusement tristes.
On n’a entendu parler, de nos jours, en fait de passions du cœur, que de la plus triste sorte d’adultères inconnus à nos pères, et dont ils n’ont pas l’air même de se douter ; adultères plus réglés que les mariages, plus réguliers que les justes noces. […] Elle annonça cette triste nouvelle à ses amis, d’une voix calme et résignée, sans emphase et sans éclat, tout simplement, si bien qu’il était facile de comprendre que sa volonté était irrévocable. […] Mais les femmes elles-mêmes ont manqué à Marivaux ; les femmes, de nos jours, ont imité les hommes du jour ; elles se sont livrées à toutes sortes d’imaginations furibondes, à toutes sortes de paradoxes exécrables ; elles ont fait de la poésie érotique, elles ont fait de l’esprit boursouflé, elles ont fait de la critique sentimentale, elles ont déclamé, elles ont plaidé, elles ont fondé des religions, elles ont criblé de pétitions la Chambre des Pairs, elles ont arrangé l’histoire à la taille de leurs petites passions, elles ont essayé de toutes les tristes choses viriles : pas une d’elles n’a voulu se souvenir que la causerie, une causerie fine, agaçante, spirituelle, est surtout le partage des femmes, que le ciel les a faites pour parler aux hommes, non pas du haut de la chaire, de la tribune ou du théâtre, tout simplement, assises dans un fauteuil.
Ils n’ont pas même le triste honneur d’être injustes avec connaissance. […] Pour éviter un pareil reproche, tirons le rideau sur ces tristes fruits de l’accueil qu’on fait dans le monde aux savants. […] Je plains les gens de lettres à qui leur fortune rend nécessaire une ressource si triste et si dangereuse ; c’est à eux de mettre au moins dans leur conduite tant de dignité et de noblesse que ce soit au bienfaiteur même à leur avoir obligation.
A chaque nouvelle esquisse dont l’inépuisable vaudevilliste enrichissait la galerie du Théâtre de Madame : Il y a là, s’écriait-on plus de comique que dans les tristes nouveautés de la rue de Richelieu ! […] Il m’écrivait un jour, pour me définir son triste état, que je ne savais pas si grave et si désespéré : « C’est la situation d’Augustin Thierry, à la gloire près.
J’ai souvenir de quelques promenades d’alors et de bien des discours sensés, fleuris, mélancoliques un peu, car il était triste, par ses yeux souffrants encore, par les désirs contrariés d’un bonheur qu’il a depuis trouvé dans le mariage, par les circonstances publiques enfin. […] Rencontrait-on en passant des roses odorantes, il lui échappait quelque distique de Martial sur les roses120, et l’entretien reprenait, assez pareil, je me figure, si on avait su y donner la réplique, à ces belles formes de conversations morales, entremêlées aussi de vers, qu’affectionne Cicéron, pendant les intervalles du Forum, pendant les heures tristes de la patrie.
Il disait lui-même que sa première pensée au réveil était toujours triste. […] L’aimable chose est si en souffrance pour le quart d’heure, qu’il a dû être raconté et analysé (j’en demande bien pardon à ses mânes) par celui de tous les auteurs de Tristes qui a le moins le bonheur de lui ressembler.
L’impression qui résulte de ces vers, quand on les a lus ou entendus, est celle d’un stoïcisme triste et résigné qui traverse noblement la vie en contenant une larme. […] Il aurait foi moins que jamais aux hommes ; et, sans désespérer des progrès d’avenir, il serait triste et dégoûté dans le présent.
Il est doux, même pour les misérables, de contempler ces félicités complètes ; elles leur prouvent que, si le bonheur est rare, au moins il est possible en ce triste monde, et que, parmi tant de mauvais rêves, il y a aussi de phénoménales réalités. […] La saison et sa peine étaient en harmonie ; Sa demeure en débris et les feuilles tombaient ; Les bois tristes, les cœurs sans espoir, succombaient.
Il est beau de mourir victime de sa foi, il est triste de mourir dupe de son ambition. » Est-ce là un apologiste ou un juge ? […] Son front était serein, son regard assuré, sa bouche grave et un peu triste ; les pensées sévères de l’antiquité se fondaient dans sa physionomie avec les sourires et l’insouciance de la première jeunesse.
Un rayon oblique de soleil pénétrait dans la ruche ; une mère, grave, triste, affairée, y faisait réciter des devoirs à des enfants de différents âges : c’étaient ses fils. […] Non, la bienséance, même quand elle est triste, n’est pas seulement une convenance, elle est une vertu !
Triste résultat de cette philosophie naturelle. […] « Ce spectacle d’une nature animée où l’homme ne paraît point, continue Humboldt, a quelque chose d’étrange et de triste.
Stella nous dit que, dans cette bienheureuse planète, les grands artistes contemplent enfin leur idéal vivant : Ils possèdent leur songe incarné sans effort : C’est aux bras d’Athéné que Phidias s’endort ; Souriante, Aphrodite enlace Praxitèle ; Michel-Ange ose enfin du songe qui la tord Réveiller sa Nuit triste et sinistrement belle. […] J’aime cet effort désespéré d’un poète triste et lucide pour exprimer l’ivresse et la joie.
Le plus triste rôle à jouer parmi les hommes est celui de la nullité. […] Moins triste était le sort de notre auteur tragique On n’en était encor qu’au sommeil léthargique Que provoque l’ennui de ne pouvoir bouger.
Elle est triste à faire pleurer, cette figure si humble et si résignée d’épouse subalterne : une ombre en robe noire, un portrait de famille passé de ton et retourné contre la muraille ! […] Quant à M. de Charzay, revenu de Sologne, petit rentier comme devant, il a le mauvais goût de préférer la triste Elisa à cette rieuse et jolie Mathilde, qui, du reste, nous a tout l’air de s’en consoler assez vite.
» Et il disait cela, les yeux clignotants avec dedans un regard blessé — et triste comme la mort. […] * * * — Je copie ces quelques lignes dans de vieilles notes d’Edmond : « Quand je commençai à être un jeune homme, je me rappelle qu’allant au printemps dans la campagne, j’avais une impression langoureusement triste de cette terre à la pauvre petite verdure, de ces arbres maigrelets, de toute cette puberté souffrante de la nature, et je me surprenais des larmes dans les yeux, gonflé de désirs, les glandes des seins douloureuses, l’âme, pour ainsi dire, pleine de bourgeons.
Parmi les modernes, ce nom et ce rôle sont inconnus ; mais à l’épilogue des anciens, ils ont substitué l’usage des petites pièces ou comédies, qu’on fait succéder aux pièces sérieuses, afin, dit-on, de calmer les passions et de dissiper les idées tristes que la tragédie aurait pu exciter. […] Dans l’événement le plus triste et le plus terrible, tout n’est pas également capable d’imprimer de la terreur ou de faire couler des larmes.
Naguère en m’arrêtant il m’a traité de maître, Le long temps et l’habit me l’ont fait méconnaître : Autant qu’il était propre, aujourd’hui négligé, Je l’ai trouvé d’abord tout triste et tout changé, « Est-ce vous ? […] La triste tragédie, Pour plaire maintenant, en farce travestie, Des jolis quolibets et des propos bouffons Préfère l’agrément à ses graves leçons.
En effet, si la fatalité est la reine du monde, la loi éternelle, pourquoi le philosophe est-il triste lorsqu’il proclame ses arrêts ? […] Le fatalisme, dont il fait à présent une profession si ouverte, est certainement la plus triste et la plus humiliante de toutes les erreurs de notre esprit, car c’est son aveuglement par le fait et non plus l’éblouissement par l’idée ; et ce n’est pas seulement une erreur absolue, c’est aussi une erreur facile, qui ne coûte pas plus à celui qui l’exprime qu’à celui qui l’accepte, et qui, descendue d’une tête qui pense, va, par le chemin le plus court, se mettre à la portée du premier venu.
Le héros, le triste héros de M. […] Émile Zola — et pour moi ce n’est pas un éloge — doit être tenu pour le réaliste le plus accentué, le plus résolu, le plus systématiquement exaspéré d’une littérature qui n’a de cœur pour rien et mal au cœur de rien… Ni MM. de Goncourt, qui ont commencé la triste chaîne du Réalisme contemporain, ni Flaubert et tant d’autres, par lesquels elle a passé pour aboutir à M.
Son effet général est triste. […] Je ne sais quoi de tendre, de triste et d’exalté palpite dans leurs lettres.
Son siècle y prêtait, et il ne manque pas de le prendre à témoin pour toutes les contradictions qu’il rassemble : Regardez cet univers, mon aimable amie, jetez les yeux sur ce théâtre d’erreurs et de misères qui nous fait, en le contemplant, déplorer le triste destin de l’homme !
Eh bien, à la longue, elle n’a pas échappé au vice littéraire le plus commun et le plus triste : l’envie, vers la fin, s’y était nichée, et, un jour, mon cher directeur, ma probité même et ma conscience d’écrivain y ont été incriminées… Pourquoi ?
Ce phénomène de guerre des plus singuliers est expliqué par l’historien à l’entière et triste satisfaction du lecteur.
mais cela est triste ; cela fait que votre esprit s’en revient, comme vous l’avez dit, . . . . . . avec un cri terrible, Ébloui, haletant, stupide, épouvanté !
Son séjour dans l’Ardèche, de 1815 à 1821, et qui fut consacré à de vertueuses douleurs, sembla (ceci est triste à dire) l’avoir rouillé littérairement.
il est des talents jactancieux qui se font gloire d’étaler et de produire au jour les tristes objets dont ils ont rempli leur vie.