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751. (1817) Cours analytique de littérature générale. Tome II pp. 5-461

Une courte citation de quelques vers composés à l’imitation des tours et des termes de Rabelais, dans un dialogue entre ce gai philosophe et la raison, achèvera de vous caractériser sa ressemblance avec Aristophane. […] Ici, les ressorts de la haute comédie ont l’aisance, la simplicité, le lustre qui lui conviennent : là, les ressorts de la seconde ont toute la vivacité, le vernis brillant, et l’impulsion excessive qui pousse au dernier terme l’extravagante gaîté du sujet. […] Prendrai-je des circonlocutions sans fin, plutôt que de prononcer un terme qui abrège toutes les difficultés ? […] Les interlocuteurs de l’Impromptu de Versailles se parlent en ces termes du succès qu’obtiendra certaine comédie composée pour le punir. […] Il est un objet plus grave dont j’ai reculé l’examen au terme de mes leçons sur la comédie : l’instant n’est pas venu pour moi de développer les sublimités et les profondeurs de son chef-d’œuvre contre la secte indéracinable de l’imposture.

752. (1864) Cours familier de littérature. XVIII « CIIIe entretien. Aristote. Traduction complète par M. Barthélemy Saint-Hilaire (1re partie) » pp. 5-96

Rousseau, M. de Bonald, Royer-Collard, n’emploient ni d’autres idées ni d’autres termes. La monarchie à mille formes, l’aristocratie, l’oligarchie, la démocratie, la démagogie, l’anarchie, la république dérivée de la représentation ou des décrets directs du peuple, l’État, la souveraineté de l’État, les changements violents ou les révolutions lentes, les passions du peuple ou les factions des grands, les combinaisons variées de ces divers principes de gouvernement, les décadences ou les renaissances qui les précipitent ou qui les relèvent, tout cela est écrit dans la Politique d’Aristote aussi nettement que dans les cent mille brochures des doctrinaires de nos jours ; à l’exception du principe de l’esclavage, passé en loi et en morale par l’habitude, et considéré par le publiciste d’Athènes comme l’œuvre de la nature et non comme une erreur des lois, il n’y a rien dans Aristote qui ne soit dans les mêmes termes aujourd’hui dans nos philosophes politiques. […] « Ceci doit également nous faire comprendre pourquoi la plupart des gouvernements sont ou démagogiques ou oligarchiques ; c’est que, la moyenne propriété y étant le plus souvent fort rare, et tous ceux qui y dominent, que ce soient d’ailleurs les riches ou les pauvres, étant toujours également éloignés du moyen terme, ils ne s’emparent du pouvoir que pour eux seuls, et constituent ou l’oligarchie ou la démagogie. […] Nécessairement elles seront d’autant meilleures qu’elles se rapprocheront davantage du moyen terme, d’autant moins bonnes qu’elles en seront plus éloignées.

753. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre V : Lois de la variabilité »

C’est cette loi de variations simultanées que j’entends exprimer par le terme de corrélation de croissance. […] Comme cette répétition végétative, dirai-je, pour employer les propres termes du professeur Owen, semble être un signe d’infériorité organique, l’observation précédente semble d’accord avec l’opinion généralement adoptée par les naturalistes, que les êtres placés très bas dans l’échelle naturelle sont plus variables que ceux qui sont plus élevés. […] Ce terme de caractères sexuels secondaires est employé par Hunter pour désigner des caractères attachés à l’un des deux sexes seulement, mais qui ne sont pas en connexion directe avec les fonctions génératrices. […] Dans tous les pays, ces rayures apparaissent beaucoup plus souvent chez les individus gris-brun ou gris-souris que chez les autres ; mais ce terme de gris-brun laisse une assez grande marge, et comprend une échelle de tons très divers depuis le brun-rouge et le noir jusqu’à la nuance de crème.

754. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Discours sur le système et la vie de Vico » pp. -

Il serait temps désormais de prendre un moyen terme ; de suivre le jugement individuel, mais avec les égards dus à l’autorité ; d’employer la méthode, mais une méthode diverse selon la nature des choses2. » Celui qui assignait à la vérité le double criterium du sens individuel et du sens commun, se trouvait dès lors dans une route à part. […] Il aimait aussi à observer le soin avec lequel les jurisconsultes pèsent les termes des lois qu’ils expliquent. […] Il ne conserva d’autre lexique que le Nomenclateur de Junius pour l’intelligence des termes techniques. […] L’auteur arrivait au terme de sa vie et de ses malheurs ; depuis plusieurs mois il avait perdu connaissance.

755. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Gibbon. — II. (Fin.) » pp. 452-472

Ce sont de beaux chapitres, traités avec une sorte de prédilection, et qui, jusqu’au terme, témoignent bien de la fertilité. […] Quant à la ville même, après l’avoir vue en toutes saisons, aux heures de coquetterie et de glorieux printemps comme aux heures d’isolement et de retraite d’hiver, Gibbon déclare que son goût pour elle n’a point faibli, et il le dit en des termes agréables, comme tous ceux dont sa correspondance est semée : De ma situation ici, je n’ai pas grand-chose de nouveau à dire, excepté une très rassurante et singulière vérité, c’est que ma passion pour ma femme ou maîtresse, Fanny Lausanne, n’est point attiédie par la satiété et par une possession de deux ans.

756. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Le président Hénault. Ses Mémoires écrits par lui-même, recueillis et mis en ordre par son arrière-neveu M. le baron de Vigan. » pp. 215-235

, a dit Voltaire par un mot qui résume tout, et qui insinue le correctif dans la louange ; il a dit autre part du président en des termes tout flatteurs : « Il a été dans l’histoire ce que Fontenelle a été dans la philosophie ; il l’a rendue familière. » Il faut bien, au reste, se garder de prendre à la lettre tous les éloges que Voltaire donne au président en ces années où il croyait avoir besoin de lui en Cour, le président étant devenu surintendant de la maison de la reine ; il ne l’appelle pas seulement un homme charmant, à qui il dit : « Vous êtes aimé comme Louis XV » ; il le déclare son maître, « le seul homme qui ait appris aux Français leur histoire », et qui y a trouvé encore le secret de plaire. […] Il parle de lui, au début, en termes modestes, et qui sont faits pour être agréés : Je n’ai point joué de rôle, dit-il, mais j’ai souvent été témoin.

757. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Vie de Maupertuis, par La Beaumelle. Ouvrage posthume » pp. 86-106

Formey, qui l’avait vu dans ce court séjour, en parle en assez bons termes : « Sa physionomie, dit-il, était revenante ; il s’exprimait bien, et l’on ne peut pas dire qu’il ait eu le dessous dans ses écrits polémiques contre Voltaire. […] Il lui semble que le stoïcisme tout pur, quand on ne le tempère point par de l’épicuréisme, est une substance trop forte qui agit comme un poison ; et il continue en ces termes : Malheureusement pour ces espèces d’animaux qui se disent raisonnables, il semble que l’erreur soit leur partage.

758. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Journal et mémoires du marquis d’Argenson, publiés d’après les manuscrits de la Bibliothèque du Louvre pour la Société de l’histoire de France, par M. Rathery » pp. 238-259

Il a des innovations de termes les plus inutiles : « Nous avions toujours un grand atlas sur la table, pour suivre la position du local des événements » ; pour dire, le lieu des événements. […] [NdA] Je le définis ainsi d’après son livre même, qui est déjà un symptôme des temps (1743), et qui parut dans l’intervalle qui sépare le publications de l’abbé de Saint-Pierre du Contrat social de Jean-Jacques ; livre tout logique, tout de raison ou de raisonnement, qui procède par principes et conséquences, ne tient nul compte des faits existants ni des précédents historiques, et pousse l’idée jusqu’à son dernier terme sans faire grâce d’un seul chaînon.

759. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « M. De Pontmartin. Causeries littéraires, causeries du samedi, les semaines littéraires, etc. »

Le mot est mal choisi ; et, en général, dès que M. de Pontmartin veut élever son style, il lui arrive de manquer de propriété dans les termes. […] Est-ce un critique pourtant dans la justesse et la sévérité du terme ?

760. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Mémoires de l’abbé Legendre, chanoine de Notre-Dame secrétaire de M. de Harlay, archevêque de Paris. (suite et fin). »

Il parlait avec tant de grâce, tant de feu, tant de majesté, souvent une heure durant, il s’énonçait en si beaux termes, tantôt latins, tantôt français, et disait de si belles choses, si curieuses, si recherchées, que les gens qui n’étaient venus qu’à dessein de le critiquer (ils étaient sans doute en grand nombre) ne pouvaient s’empêcher d’admirer son érudition et de se récrier comme les autres sur sa mémoire. […] Et qu’était-ce quand il s’agissait du pasteur même, et d’un pasteur au terme d’une vie sans repentance, surpris et enlevé comme dans un dernier flagrant délit de diversion mondaine ?

761. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « La comtesse d’Albany par M. Saint-René Taillandier (suite et fin.) »

appris l’italien auquel elle excella vite, qu’au commencement de sa liaison avec Alfieri et pour lui complaire ; jusque-là, on ne parlait que français dans son salon ; — elle disait donc de l’Angleterre, en termes justes et excellents : « J’ai passé environ quatre mois en Angleterre et trois à Londres. […] Il est certain qu’il y a peu de femmes qui puissent se vanter d’avoir eu un ami tel que lui ; mais aussi je le paye bien cher dans ce moment, car je sens cruellement la perte… J’ai trouvé du courage dans toutes les circonstances de ma vie : pour celle-ci, je n’en trouve pas du tout ; je suis tous les jours plus accablée, et je ne sais pas comment je ferai pour continuera vivre aussi malheureuse… » Au docte helléniste Villoison elle écrivait une lettre dans le même esprit, presque dans les mêmes termes (9 décembre) ; on y lisait : « … Ah !

762. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Sismondi. Fragments de son journal et correspondance »

Avec Mme d’Albany, tout en étant vrai, il reste plus dans les termes d’homme du monde et de société. […] Mais ce qu’avait voulu le docte et impertinent Schlegel dans sa brochure, c’était surtout de se divertir avec ironie et de nous irriter, et comme il l’a dit ensuite lui-même : « C’était une expérience que je m’amusais à faire sur l’opinion littéraire, sachant d’avance qu’un orage épouvantable éclaterait contre moi. » Un autre Allemand, moins distingué et plus bizarre, un hôte de passage, le poète tragique et mystique, Zacharias Werner, qui séjourna à Coppet et qui passa ensuite par Florence, est annoncé par Sismondi à la comtesse en des termes assez piquants, et plus gais qu’on ne l’attendrait d’une plume aussi peu badine ; mais Werner y prêtait : « Werner, disait Sismondi, est un homme de beaucoup d’esprit ; — de beaucoup de grâce, de finesse et de gaieté dans l’esprit, ce à quoi il joint la sensibilité et la profondeur ; et cependant il se considère comme chargé d’aller prêcher l’amour par le monde.

763. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Corneille. Le Cid(suite et fin.)  »

Je suppose qu’il est environ neuf ou dix heures du matin : Rodrigue étant supposé se donner un couple d’heures de repos, le combat singulier pourra encore avoir lieu vers midi, avant l’expiration du terme fatal et sacramentel. […] L’idée qui se rapporte bien au plus subtil raffinement de la passion est celle-ci : Rodrigue, sous prétexte de lui faire ses adieux, vient déclarer à Chimène qu’il ne se défendra pas contre don Sanche, qu’il est décidé à se laisser vaincre et tuer ; il espère ainsi lui arracher l’ordre de vivre et de vaincre, mais il tient à le lui faire dire, à l’entendre de sa bouche en termes formels ; il ne se contentera pas à moins.

764. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Marie-Antoinette »

Très peu d’esprits ont le loisir et la faculté de tout lire, d’avoir présents au même instant à la pensée les différents termes de comparaison, et de ne se décider qu’après examen et toutes pièces vues, toutes parties entendues. […] Feuillet de Conches, non seulement pour la citation de Senac de Meilhan, limitée aux mêmes termes, mais aussi pour le rapprochement de cette citation avec le mot sur Zamore (voir son Introduction, page xxviil).

765. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Mémoires de Malouet (suite.) »

Lui-même, Malouet, il est caractérisé par d’autres en termes assez piquants, selon leur point de vue. […] Ils seraient bien coupables ou bien bornés, le roi lui-même ne serait pas excusable, s’il prétendait réduire ces États généraux aux mêmes termes et aux mêmes résultats qu’ont eus tous les autres : cela ne se passera pas ainsi ; ils doivent avoir un plan d’adhésion ou d’opposition à certains principes.

766. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Œuvres inédites de F. de La Mennais »

Et en effet, toute sa vie devait être une longue escrime… » Pendant un séjour à la campagne, dans un château près de Sézanne, en 1837, La Mennais, causant en toute liberté, se plaisait à revenir sur ses commencements, sur les souvenirs contrastés de sa jeunesse, et voici en quels termes le jeune précepteur des enfants de la maison a résumé l’impression vivante que lui avaient laissée ces entretiens : « C’est le matin qu’il était le plus communicatif. […] On aura remarqué que le talent d’écrivain, sans qu’il y vise, lui est venu de lui-même chemin faisant : il y a déjà telle lettre qui pourrait se citer d’un bout à l’autre, notamment l’une de 1812, où il introduit un passage de Fénelon en se l’appliquant, et qui débute en ces termes : « Je ne peux pas dire que je m’ennuie, je ne peux pas dire que je m’amuse, je ne peux pas dire que je sois oisif, je ne peux pas dire que je travaille.

767. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « QUELQUES VÉRITÉS SUR LA SITUATION EN LITTÉRATURE. » pp. 415-441

Mais quand les grandes doctrines sont taries, qu’on ne peut plus que les simuler encore par simple gageure et jeu, quand les questions d’ambition personnelle et d’amour-propre débordent, que la popularité à tout prix est la conseillère, on devient facile et de bonne composition ; les acceptions distinctes s’effacent ; tous les efforts de l’Académie, bien loin de pouvoir rétablir les nuances entre les synonymes, ne sauraient maintenir leur sens moyen au commun des mots ; les termes d’homme de talent, d’écrivain consciencieux, se prodiguent pêle-mêle à chaque heure, comme de la grosse monnaie effacée. […] En quatre ou cinq années (terme moyen), ils ont usé une réputation qui a eu des airs de gloire, et avec elle un talent qui finit presque par se confondre dans une certaine pétulance physique.

768. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « DU ROMAN INTIME ou MADEMOISELLE DE LIRON » pp. 22-41

Le père d’Ernest était dans les ambassades ; M. de Liron trouve naturel qu’Ernest y entre à son tour : voici l’âge ; pour l’y introduire, il a songé à l’un de ses anciens amis, M. de Thiézac, qui, de son côté, se voyant au terme décent du célibat, songe que Mlle de Liron lui pourrait convenir, et arrive à Chamalières après l’avoir demandée en mariage. […] Mais c’est ici le lieu de dire que Mlle de Liron était belle, et comment elle l’était ; car sa beauté va s’altérer avec sa santé jusque-là si parfaite, et quand Ernest la reverra après le terme prescrit, malgré l’amour d’Ernest et ses soins de plus en plus tendres, elle lira involontairement dans ses yeux qu’elle n’est plus tout à fait la même.

769. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. Herbert Spencer — Chapitre I : La loi d’évolution »

Les termes pied, pouce, doigt, coudée, pas, et autres semblables, usités à l’origine dans presque toutes les langues, ne sont-ils pas des faits à l’appui de l’origine empirique de l’idée de mesure, si elle rencontrait des sceptiques. […] Avec quelque succès que nous puissions réduire l’équation à ses derniers termes, nous ne serons pas pour cela en état de déterminer l’inconnue : au contraire, il n’en devient que plus évident que cette inconnue ne pourra jamais être trouvée.

770. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Histoire du Consulat et de l’Empire, par M. Thiers. Tome IXe. » pp. 138-158

Génie si positif pourtant dans le détail, son idéal, pour dernier terme, sortait hors du possible. […] On assiste à l’intimité des deux empereurs ; on comprend la grandeur de l’un, on partage la fascination de l’autre ; on peut pressentir aussi que cette fascination aura son terme.

771. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Monsieur de Bonald, (Article Bonald, dans Les Prophètes du passé, par M. Barbey d’Aurevilly, 1851.) » pp. 427-449

Dans un chapitre intitulé « Des gens de lettres », il saisit très finement les qualités distinctives de cette nouvelle espèce, née ou développée seulement au xviiie  siècle ; il dénonce les inconvénients d’un pareil corps vaguement introduit dans l’État et y devenant une puissance ; il essaie de la restreindre et d’assigner les termes dans lesquels il conviendrait, selon lui, de renfermer toute discussion littéraire, soit par rapport à la religion, soit par rapport aux mœurs. […] Pour prouver la religion des premières familles et le sacerdoce des premiers patriarches, qu’avait-il besoin de passer par des espèces d’équations et de proportions où il fait entrer ses termes favoris, cause, moyen, effet, qui répondent ici à père, mère, enfant, et tout ce qui s’ensuit ?

772. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Le Brun-Pindare. » pp. 145-167

Fréron, dans L’Année littéraire, ne manqua pas cette occasion de critique ; il y raillait l’enthousiasme lyrique du jeune poète, méconnaissait les beautés réelles de son ode, et disait en propres termes : « Il m’est passé bien des odes par les mains ; je n’en ai point encore lu d’aussi mauvaise que celle de M.  […]  » Jusqu’au terme de sa vieillesse, il conserva une fermeté rare ; la cécité, quand il en fut totalement menacé, ne l’affligeait pas, et il en a parlé avec sérénité et presque avec magnificence dans son ode sur La Vieillesse : La nuit jalouse et passagère Dont le voile ombrage mes yeux, N’est qu’une éclipse mensongère D’où l’esprit sort plus radieux.

773. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Œuvres de Louis XIV. (6 vol. in-8º. — 1808.) » pp. 313-333

« J’ai souvent remarqué avec étonnement, dit encore Mme de Motteville, que dans ses jeux et dans ses divertissements ce prince ne riait guère. » On a une lettre par laquelle il demande au duc de Parme (5 juillet 1661) de lui faire venir un Arlequin pour sa troupe italienne : il le demande dans les termes du plus grand sérieux, et sans le moindre petit mot de gaieté. […] Mais la réponse que l’on peut faire à Saint-Simon, c’est Louis XIV qui va la lui faire, et dans des termes dignes de tous deux : À peine remarquons-nous, dit ce roi sensé, l’ordre admirable du monde, et le cours si réglé et si utile du soleil, jusqu’à ce que quelque dérèglement des saisons ou quelque désordre apparent dans la machine nous y fasse faire un peu plus de réflexion.

774. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Paul-Louis Courier. — II. (Suite et fin.) » pp. 341-361

Le premier pamphlet de Courier est sa Pétition aux deux Chambres, datée du 10 décembre 1816, et commençant en ces termes : « Je suis Tourangeau, j’habite Luynes sur la rive droite de la Loire, lieu autrefois considérable, que la révocation de l’édit de Nantes a réduit à mille habitants, et que l’on va réduire à rien par de nouvelles persécutions, si votre prudence n’y met ordre… » Suit l’exposé des faits, la rencontre de Fouquet à cheval allant au moulin, et du curé avec le mort qu’on mène au cimetière, Fouquet refusant de céder le pas, d’ôter le chapeau, lâchant même un juron au passage, et, pour ce méfait, pris un matin par quatre gendarmes et conduit pieds nus et mains liées entre deux voleurs aux prisons de Langeais ; puis, quelques mois après, l’arrestation de douze personnes dans ce petit endroit de Luynes, toutes enlevées nuitamment et jetées en prison pour propos séditieux ou conduite suspecte. […] Dans cette formation du parti libéral où il entrait alors tant d’éléments divers, Courier reste ce qu’il était de tout temps, le plus antibonapartiste possible, ennemi des grands gouvernants, se faisant l’avocat du paysan, l’homme de la commune, prêchant l’économie, parlant contre la manie des places, voulant de gouvernement le moins possible, faisant des sorties contre la Cour et les gens de cour toutes les fois qu’il y a lieu, méconnaissant ce qu’il y a eu de grand, d’utile, de nécessaire dans l’établissement des Louis XIV, des Richelieu, des grands directeurs de nations, disant en propres termes, pour son dernier mot et son idéal : « La nation enfin ferait marcher le gouvernement comme un cocher qu’on paie, et qui doit nous mener, non où il veut, ni comme il veut, mais où nous prétendons aller, et par le chemin qui nous convient » ; disant encore, et cette fois plus sensément : Il y a chez nous une classe moins élevée (que les courtisans), quoique mieux élevée, qui ne meurt pour personne, et qui, sans dévouement, fait tout ce qui se fait ; bâtit, cultive, fabrique autant qu’il est permis ; lit, médite, calcule, invente, perfectionne les arts, sait tout ce qu’on sait à présent, et sait aussi se battre, si se battre est une science.

775. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Le cardinal de Richelieu. Ses Lettres, instructions et papiers d’État. Publiés dans la Collection des documents historiques, par M. Avenel. — Premier volume, 1853. — I. » pp. 224-245

Avenel fait remarquer en même temps ce terme bref de huit jours : quelque chose du caractère impérieux du cardinal se retrouve, même quand il s’agenouille et s’humilie : il semble prescrire un terme à Dieu même32.

776. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Œuvres de Frédéric le Grand (1846-1853). — I. » pp. 455-475

Il nous définit, à d’autres jours, son ami en des termes moins métaphysiques et charmants de grâce ; tremblant pour sa santé, au moment où il le voit s’éloigner pour aller en Russie : « Votre corps délicat, lui dit-il, est le dépositaire d’une âme fine, spirituelle et déliée. » Par allusion sans doute à cette frêle enveloppe que l’âme dévore, il l’appelle familièrement son cher Diaphane. […] Cependant le roi Frédéric-Guillaume, son père, était au terme de sa vie et de son long règne ; atteint d’une hydropisie croissante, il ne pouvait plus aller que peu de temps ; chaque jour on attendait sa mort, et les regards, les ambitions se tournaient du côté du prince si longtemps écarté.

777. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre cinquième. Principales idées-forces, leur genèse et leur influence — Chapitre sixième. Genèse et action des idées de réalité en soi, d’absolu, d’infini et de perfection »

Cette idée est donc tout entière réductible à des éléments de conscience que nous combinons et auxquels nous affectons des négations : l’absolu est un objet non relatif, un non-moi non connaissable pour moi, une limite, un commencement, un premier terme infranchissable, etc. […] Nous sommes donc en possession de ces quatre termes : puissance, acte, unité de la puissance et de l’acte en certains points, rapprochement de la puissance et de l’acte en d’autres points.

778. (1868) Curiosités esthétiques « VI. De l’essence du rire » pp. 359-387

Il faut remarquer que chaque terme de chaque classification peut se compléter et se nuancer par l’adjonction d’un terme d’une autre, comme la loi grammaticale nous enseigne à modifier le substantif par l’adjectif.

779. (1919) L’énergie spirituelle. Essais et conférences « Chapitre III. “ Fantômes de vivants ” et “ recherche psychique ” »

Après avoir écouté attentivement, il prit la parole et s’exprima à peu près en ces termes : « Tout ce que vous dites m’intéresse beaucoup, mais je vous demande de réfléchir avant de tirer une conclusion. […] Le cerveau, en dehors de ses fonctions sensorielles, n’a d’autre rôle que de mimer, au sens le plus large du terme, la vie mentale.

780. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre X. »

Cratinus, avant Aristophane, n’avait pas craint de traduire en plein théâtre, sous un terme de composition grotesque, ce qu’il nommait la race porco-béotienne, portant des robes ornées de franges. […] car, si elle connaît quelque chose de plus dans nos malheurs, seule elle nous en dira le terme pour les mortels.

781. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XXVI » pp. 100-108

Le vieux Michaud, l’auteur de l’Histoire des Croisades, ne parlait jamais de lui que comme d’un bel esprit de collége, ce qui, dans ces termes brefs, était souverainement injuste.

782. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XXIX » pp. 117-125

Sa lettre à Villemain sur la liberté de l’enseignement commence en ces termes : « Vous n’aurez point de vacances cette année, monsieur le ministre, ni votre successeur l’année prochaine, s’il plaît à Dieu, car les catholiques ne veulent plus interrompre la guerre qu’ils livrent à l’enseignement de l’État… » Au nom d’un article de la Charte, au nom des serments d’août 1830, voici en fait ce que les catholiques, par l’organe de Veuillot, réclament : 1° Liberté pour tout citoyen d’ouvrir école ; 2° Liberté pour tout citoyen de fréquenter telle école que bon lui semblera, et d’y envoyer ses enfants ; 3° Formation d’un jury d’examen pour le baccalauréat, réunissant aux garanties nécessaires de science et de sévérité, les garanties non moins indispensables de moralité et d’impartialité, afin que devant ce jury, tout citoyen, sous le seul patronage de sa capacité et de son honneur, puisse demander le diplôme, quelle que soit l’école qu’il ait fréquentée, et quand même il n’en aurait fréquenté aucune.

783. (1874) Premiers lundis. Tome I « [Préface] »

Ce mot de Lundis est même devenu le terme traditionnel et consacré pour désigner ses œuvres il en est en quelque sorte le synonyme.

784. (1874) Premiers lundis. Tome I « Madame de Maintenon et la Princesse des Ursins — II »

« Le seul art dont j’oserais soupçonner madame de Sévigné, dit madame Necker, c’est d’employer souvent des termes généraux, et, par conséquent, un peu vagues, qu’elle fait rassembler, par la façon dont elle les place, à ces robes flottantes, dont une main habile change la forme à son gré. » La comparaison est ingénieuse ; mais il ne faut pas voir un artifice dans cette manière de madame de Sévigné, non plus que dans celle de mesdames des Ursins et de Maintenon : c’est la manière de l’époque et l’un des mérites inséparables de son style.

785. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « Contre une légende »

Renan…   Je pourrais ajouter que cet homme « fuyant » a eu la vie la plus harmonieuse, la plus soutenue, la plus une qu’on puisse concevoir ; que cet « épicurien » a autant travaillé que Taine ou Michelet ; que ce grand « je m’enfichiste » (car on a osé l’appeler ainsi) est, au Collège de France, l’administrateur le plus actif, le plus énergique et le plus décidé quand il s’agit des intérêts de la haute science ; que, s’il se défie, par crainte de frustrer l’humanité, des injustices où entraînent les « amitiés particulières » il rend pourtant des services, et que jamais il n’en a promis qu’il n’ait rendus ; que sa loyauté n’a jamais été prise en défaut ; que cet Anacréon de la sagesse contemporaine supporte héroïquement la souffrance physique, sans le dire, sans étaler son courage ; que ce sceptique prétendu est ferme comme un stoïcien, et qu’avec tout cela ce grand homme est, dans toute la force et la beauté du terme, un bon homme… Mais je ne sais s’il lui plairait qu’on fît ces révélations, et je m’arrête.

786. (1913) Le bovarysme « Troisième partie : Le Bovarysme, loi de l’évolution — Chapitre II. Bovarysme essentiel de l’être et de l’Humanité »

L’esprit s’élève-t-il au-dessus de cette conception contradictoire, il ne trouve un terme et un but à la vie phénoménale que dans la cessation de celle-ci, dans sa résorption en un état d’unité absolue hors de la conscience de soi-même : c’est à quoi aboutissent tous les efforts logiques du souci religieux ou métaphysique, le Boudhisme avec une entière sincérité, le Brahmanisme et le Déisme avec la confusion en Dieu assignée comme but au perfectionnement individuel.

787. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Jean de Meun, et les femmes de la cour de Philippe-le-Bel. » pp. 95-104

Il s’y sert des mots de verger, de jardin, de rosier & de rose, pour exprimer, en termes honnêtes, des choses qui ne le sont pas.

788. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre quatrième. Éloquence. — Chapitre II. Des Orateurs. — Les Pères de l’Église. »

C’est du prêtre de Carthage que Bossuet a emprunté ce passage si terrible et si admiré : « Notre chair change bientôt de nature, notre corps prend un autre nom ; même celui de cadavre, dit Tertullien, parce qu’il nous montre encore quelque forme humaine, ne lui demeure pas longtemps ; il devient un je ne sais quoi qui n’a plus de nom dans aucune langue 187 : tant il est vrai que tout meurt en lui, jusqu’à ces termes funèbres par lesquels on exprime ses malheureux restes ! 

789. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « M. Alaux. La Religion progressive » pp. 391-400

[I] Quoique le titre jure dans les termes, et qu’il soit difficile de comprendre comment une religion — c’est-à-dire une chose qui vous lie — puisse progresser, je n’ai pas fait le fier avec ce livre.

790. (1900) Taine et Renan. Pages perdues recueillies et commentées par Victor Giraud « Taine — VII »

S’il est vrai que les nations sont constituées par une poussière de fellahs, cet homme savant et vénérable en prend trop aisément son parti ; il a trop peur que la raison pure intervienne et dérange ces sommeils, cette belle ordonnance animale…‌ Mais, à peine ai-je écrit ce mot « servilité » que je l’efface et je reviens au terme exact : discipline.

791. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre quatrième. Du cours que suit l’histoire des nations — Chapitre III. Trois espèces de jurisprudences, d’autorités, de raisons ; corollaires relatifs à la politique et au droit des Romains » pp. 299-308

C’est dans ce sens que la loi des douze tables prend toujours le mot autorité ; auteur signifie toujours en terme de droit celui de qui on tient un domaine.

792. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME GUIZOT (NEE PAULINE DE MEULAN) » pp. 214-248

Un jour, peu après son retour de Plombières, où elle avait en vain cherché quelque soulagement, comme la conversation, près d’elle, s’était engagée et roulait depuis quelque temps sur la question de savoir si l’individualité persiste après la mort ou si l’âme s’absorbe dans le grand Être, elle sortit de son abattement déjà extrême, et, d’une voix par degrés raffermie, résumant les diverses opinions, elle conclut avec vivacité et certitude pour la persistance de l’âme individuelle au sein de Dieu100 Le 1er août 1827, au terme de sa lente maladie, à dix heures du matin, elle pria son mari de lui faire quelque bonne lecture ; il lui lut une lettre de Fénelon pour une personne malade, et, l’ayant finie, il passa à un sermon de Bossuet sur l’immortalité de l’âme : pendant qu’il lisait, elle expira. […] Le sentiment qu’elle inspire est tel que les termes d’estime et de respect peuvent seuls le rendre, et que c’est presque un manquement envers elle, toujours occupée d’être et si peu de paraître, que de venir prononcer a son sujet les mots d’avenir et de gloire 15 mai 1836. […] « Une femme arrivée au terme de la jeunesse ne doit plus supposer qu’elle puisse avoir commerce avec les passions, fût-ce même pour les vaincre ; on sent que sa force doit être dans le calme, et non dans le courage. » (19 avril 1806.)

793. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre II. La première génération des grands classiques — Chapitre III. Pascal »

Les choses qu’on lit ailleurs, dans Montaigne même, sans y faire grande réflexion, ni y apercevoir grande conséquence, prennent, lorsqu’il les rend, presque dans les mêmes termes, une gravité, une portée qui saisissent l’esprit : par un mot, ou même par l’insaisissable frémissement de sa phrase, on sent qu’il y voit un monde, et on se dispose à l’y voir avec lui. […] Il parle comme parlera deux siècles et demi plus tard Renan, après tant de merveilleuses découvertes qui auront fait comprendre à la fois et le progrès infini, et les étroites limites de la connaissance : il est en effet curieux de voir que Renan a refait la méditation des Deux Infinis en des termes qui rappellent étrangement Pascal348. […] Il n’y a pas eu de rupture dans sa vie intellectuelle : il y a eu une évolution continue, au terme de laquelle il a tout quitté pour suivre Jésus-Christ.

794. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — H — Hugo, Victor (1802-1885) »

Alexandre Dumas fils Mon cher Maître, je ne sais pas comme vont s’y prendre tous ceux qui vous fêteront le 26 février pour vous dire en termes variés ce que tout le monde pense. […] Ils se servent d’épithètes et d’images, ils ont des alliances de termes et des surprises de rimes, des tours de phrases et des formes de pensée qui sont des réminiscences inconscientes de Victor Hugo. […] Leconte de Lisle Quelles que soient les causes, les raisons, les influences qui ont modifié sa pensée ; bien qu’il se soit mêlé ardemment aux luttes politiques et aux revendications sociales, Victor Hugo est, avant tout, et surtout, un grand et sublime poète, c’est-à-dire un irréprochable artiste, car les deux termes sont nécessairement identiques.

795. (1908) Dix années de roman français. Revue des deux mondes pp. 159-190

N’est-ce pas la réaction provoquée par lui qui a réintégré dans le roman le souci du sentiment poétique et l’élégance qui substitue à la crudité des termes certaine préoccupation cérébrale désormais muée en ironie, — une ironie que nous apprécions d’autant plus qu’elle éloigne l’écrivain comme le lecteur des bassesses recherchées autrefois ? […] Le terme même de « roman collectif » appartient, je crois l’avoir dit, à M.  […] Avec quelle patience ne s’est-il pas exercé à manier une langue où la finesse mordante d’une sorte d’humour coupant et froid, qui est tout à fait un goût contemporain, se relève de termes et de tournures empruntées aux littérateurs du xviiie  siècle !

796. (1891) Esquisses contemporaines

Amiel s’efforce de remédier à ces inconvénients par des néologismes souvent hasardeux et par l’accumulation des termes synonymes. […] Nos oreilles ont été attentives à la plainte que pousse l’univers au cours sans terme de ses évolutions. […] Car, en dernière instance, l’âme se trouve à l’origine et au terme de tout. […] Sincérité, unité, harmonie, paix, autant de termes corrélatifs… Ô mon Dieu ! […] Telle qu’elle est cependant, nous tenons à le répéter, elle est moins un terme qu’un commencement ; moins un résultat qu’un acte d’initiative personnelle.

797. (1902) Le problème du style. Questions d’art, de littérature et de grammaire

Elle précède la métaphore, comparaison où manque l’un des termes, à moins que les deux termes ne soient fondus en un seul. […] L’antithèse est généralement naïve ; il serait naïf de vouloir atteindre la vérité en changeant, comme en algèbre, la valeur des signes qui relient les valeurs de chaque terme. […] Vielé-Griffin dit qu’il y a cinq ou six nuances d’e en français, il se trompe sur le terme, non sur le fait. […] Pica pourrait maintenir son terme « littérature d’exception » ; mais à condition de ne plus lui donner qu’un sens tout extérieur, un sens hiérarchique, si je puis dire. […] On n’en sait rien, surtout pour le second terme, nique.

798. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Molière »

On conçoit jusqu’à cet effroi naïf du janséniste Baillet qui, dans ses Jugements des Savants, commence en ces termes l’article sur Molière : « Monsieur de Molière est un des plus dangereux ennemis que le siècle ou le monde ait suscités à l’Église de Jésus-Christ, etc. » Il est vrai que des religieux plus aimables, plus mondains, se montraient pour lui moins sévères. […] Cette tragi-comédie achevée avec applaudissement, Molière, qui aimait à parler comme orateur de la troupe (grex), et qui en cette occasion décisive ne pouvait céder ce rôle à nul autre, s’avança vers la rampe, et, après avoir « remercié Sa Majesté en des termes très-modestes de la bonté qu’elle avait eue d’excuser ses défauts et ceux de sa troupe, qui n’avoit paru qu’en tremblant devant une assemblée si auguste, il lui dit que l’envie qu’ils avoient eue d’avoir l’honneur de divertir le plus grand roi du monde leur avoit fait oublier que Sa Majesté avoit à son service d’excellents originaux, dont ils n’étoient que de très-foibles copies ; mais que, puisqu’elle avoit bien voulu souffrir leurs manières de campagne, il la supplioit très-humblement d’avoir agréable qu’il lui donnât un de ces petits divertissements qui lui avoient acquis quelque réputation et dont il régaloit les provinces. » Ce fut le Docteur amoureux qu’il choisit. […] discret et lâché à propos l’avait fait juger capable. « Voyez, petit garçon, dit alors Molière à Baron enfant qui était là, voyez ce que fait le silence quand il est observé avec conduite. » Quant à la scène sérieuse, mélancolique, du jardin, entre Chapelle et Molière, que nous avons donnée, Grimarest la raconte à peu près dans les mêmes termes, mais il y fait figurer le physicien Rohault au lieu de Chapelle. […] Louis XIV congédia brusquement le curé et la veuve ; en même temps il écrivit à l’archevêque d’aviser à quelque moyen terme. […] Les mêmes sentiments se retrouvent exprimés par des termes presque semblables dans la bouche d’Alceste : Mais avec tout cela, quoi que je puisse faire, Je confesse mon foible, elle a l’art de me plaire ; J’ai beau voir ses défauts et j’ai beau l’en blâmer, En dépit qu’on en ait, elle se fait aimer.

799. (1896) Essai sur le naturisme pp. 13-150

Moréas nous entretient du Pinde ou de l’Eurotas, en termes si délicieux qu’il puisse s’exprimer, cela nous émotionne médiocrement. […] Pour ce sceptique, le sourire est un signe de sagesse, et lui-même se confie à nous en de pareils termes : « À certains jours, nous sommes aussi capables de prendre plaisir à des plaisanteries faciles sur ce qu’il y a de plus profond et d’essentiel en nos âmes. […] Charles Maurras, un sens péjoratif à ce terme, un artiste romantique. […] C’était au début du Symbolisme, encore le terme n’était-il pas inventé. […] Et c’était en ces termes qu’il préconisait l’expression spontanée : « Un poète chante, — l’aurore — l’été.

800. (1892) Essais sur la littérature contemporaine

Le jugement littéraire est un rapport complexe de trois termes inégaux. […] C’est alors que la mort peut venir, ou plutôt c’est justement là ce que les hommes appellent la mort, quoique ce ne soit, si l’on y réfléchit, que le terme de la perfection. […] Car je ne l’ai pas assez dit, en termes assez clairs, et c’est par là que je veux terminer. […] Il y en a bien des raisons, dont celle-ci n’est pas l’une des moindres, que l’imitation de la nature et de la vérité, qui sont le commencement de l’art, en sont aussi le terme. […] Le style en est sans doute un peu pénible, la phraséologie trop embarrassée de termes scientifiques ou philosophiques.

801. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Gui Patin. — I. » pp. 88-109

Belin, avec qui il était dans les meilleurs termes, il lui a parlé contre les qualités occultes admises par Fernel. […] — Une autre annonce plus complète de bienfaisance commençant par ces mots : Jésus Maria, fut promulguée et lue dans les prônes le jour de Pâques 1641, en des termes tout conformes à la dévotion chrétienne.

802. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Duclos. — II. Duclos historien » pp. 224-245

Ce billet est le plus vif de tous ceux qu’on lit dans la correspondance de Voltaire avec Duclos ; car ils ne furent jamais dans des termes intimes ni bien tendres. […] Les réflexions sur l’état misérable de la France, sur le pillage, l’indiscipline et les désordres de tout genre qui désolaient les provinces sous le règne de Charles VII, sont résumées chez Duclos aux mêmes endroits du récit, et presque dans les mêmes termes que l’a fait l’abbé Le Grand : seulement Duclos ramasse les traits avec plus de concision et d’un ton d’autorité que le digne annaliste ne se permet pas.

803. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Marivaux. — I. » pp. 342-363

Cette vivacité, telle que je la viens de décrire, n’est point d’un genre à accepter de ces termes bouillants et qui sentent l’enthousiasme. […] Il désire donc simplement qu’on se nourrisse de tout ce que l’on sent de bon chez les modernes ou chez les anciens, et qu’ensuite on abandonne son esprit à son geste naturel : « Qu’on me passe ce terme, qui me paraît bien expliquer ce que je veux dire, ajoute-t-il aussitôt malicieusement ; car on a mis aujourd’hui les lecteurs sur un ton si plaisant, qu’il faut toujours s’excuser auprès d’eux d’oser exprimer vivement ce que l’on pense. » Si Marivaux n’avait jamais employé d’autres expressions plus hasardées ou plus raffinées, on aurait pu l’accuser encore de recherche (qui n’en accuse-t-on pas d’abord parmi ceux qui ont un cachet ?)

804. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « [Chapitre 5] — III » pp. 132-153

Ce sont ses termes. […] Le seul maître qu’il connaisse de cette science politique est l’abbé de Saint-Pierre, qu’il admire sans réserve, sauf la forme, et dont, selon lui, le seul malheur a été de ne pas être agréablement éloquent : « Quelques termes bizarrement placés, quelques idées de minuties qui l’occupent sur le chemin du grand, lui donnent du ridicule, et le ridicule dégoûte trop du bon en notre jolie patrie. » Mais au fond il lui accorde que « ses projets sont tous bons.

805. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Histoire du règne de Henri IV, par M. Poirson » pp. 210-230

» C’est en ces termes que ses fidèles serviteurs eux-mêmes, et les plus clairvoyants, se posaient la question. […] La menue noblesse, quand elle était mandée, venait bien en armes et avec grand état pour une quinzaine de jours ; mais, le terme passé, rien ne les pouvait retenir, pas même les brevets de pension qu’exigeait en partant un chacun pour son salaire.

806. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « La femme au XVIIIe siècle, par MM. Edmond et Jules de Goncourt. » pp. 2-30

Ils ont recours, pour suppléer aux livres qui font souvent défaut ou qui ne s’expriment qu’en termes trop vagues et trop abstraits, à ces auxiliaires que les littérateurs proprement dits, que les illustres Villemain et leurs disciples ont trop négligés, aux arts du dessin, aux tableaux ou estampes du temps ; eux, ils y sont maîtres-amateurs et connaisseurs. […] Lorsque M. de Choiseul fut exilé à Chanteloup, elle y voulut aller, quoique n’étant pas en termes parfaits avec lui ni avec la duchesse de Choiseul auparavant.

807. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Don Carlos et Philippe II par M. Gachard Don Carlos et Philippe II par M. Charles de Mouy »

Dans toutes ces lettres une pensée revient et se marque en termes exprès : c’est que ce n’est pas pour une offense ni pour une faute particulière, ni dans un but de châtiment, de correction et d’amendement, que le prince est enfermé, et qu’il ne l’est point, par conséquent, pour un temps limité : « Cette affaire a un autre principe et d’autres racines. » Ce principe, c’est la raison d’État qui frappe un héritier reconnu pour incapable, inepte et indigne, pour incurable, et qui l’interdit à jamais, si elle ne le retranche. […] Il mourut, au commencement du septième mois de sa captivité, le 24 juillet, à une heure du matin, après avoir dicté, deux jours auparavant, un testament en bons termes, et faisant une fin très-chrétienne qui édifia ceux qui en furent témoins.

808. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Entretiens sur l’architecture par M. Viollet-Le-Duc (suite et fin.) »

La première Grèce était simple dans son principe architectural ; ce principe, c’était la ligne horizontale, la plate-bande (comme on dit en termes techniques) posant horizontalement sur deux points d’appui verticaux ; la stabilité résultait des simples lois de la pesanteur, sans qu’il fût besoin de l’adhérence des matériaux. […] Sans entrer dans les différences de détail, sans recourir à des termes spéciaux qu’il nous siérait moins qu’à tout autre d’employer, et nous bornant à noter avec M. 

809. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Jean-Bon Saint-André, sa vie et ses écrits. par M. Michel Nicolas. (suite et fin.) »

Si je pouvais, à l’égard d’un homme si peu mystique et qui, même sous sa forme religieuse première, acceptait si peu la chose, si j’osais pourtant employer le terme qui s’offre le plus naturellement, je dirais qu’il avait fait là son purgatoire. […] Beugnot, en effet, était d’une tout autre origine politique que Jean-Bon, et d’inclinations primitivement royalistes ; mais il faut voir en quels termes francs et nets il parle de l’homme qu’il eut l’occasion de connaître personnellement à Mayence pendant l’armistice de 1813 : « Il s’y montrait sous beaucoup de rapports, dit-il, le préfet modèle.

810. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Essai de critique naturelle, par M. Émile Deschanel. »

Il nous faut en prendre décidément notre parti, écrivains et gens de lettres : tout homme d’esprit qui est d’une profession, s’il a à s’en expliquer devant le public, surpasse d’emblée les lettrés, même par l’expression ; il a des termes plus propres et tirés des entrailles mêmes du sujet. […] Un littérateur qui croirait devoir arrondir et émousser les termes serait ridicule et arriéré de deux siècles.

811. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Œuvres françaises de Joachim Du Bellay. [II] »

Enfin tout s’épuise et s’use, tout a son terme. […] Notez que Fénelon, un siècle et demi après, n’a pas donné d’autres conseils, et il les a donnés presque dans les mêmes termes.

812. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. CHARLES MAGNIN (Causeries et Méditations historiques et littéraires.) » pp. 387-414

En d’aures termes, on ne rencontre pas d’ordinaire chez M. […] Je ne saurais rendre l’effet désagréable que produit sur moi, par instants, ce style bizarre, baroque, bariolé de métaphores et de termes abstraits, à phrases courtes, à paragraphes secs, décharnés, qui sentent encore le résumé du contentieux, et qui poussent par soubresauts l’éloquence du factum jusqu’à une sorte d’élancement lyrique.

813. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « M. DE BARANTE. » pp. 31-61

Il est presque arrivé déjà à la moitié de son terme, et il semble vouloir justifier cette parole que Mme de Staël proférait sur lui dès l’origine : « Le xviiie  siècle énonçait les principes d’une manière trop absolue ; peut-être le xixe commentera-t-il les faits avec trop de soumission. […] Froisart au point de départ, Comines au point d’arrivée, les deux termes du voyage étaient rassurants, et le chemin entre les deux n’était pas dépeuplé de pèlerins et le conteurs, Monstrelet, le Religieux de Saint-Denis et bien d’autres.

814. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE PONTIVY » pp. 492-514

MADAME DE PONTIVY248 Non, il n’est pas vrai que l’amour n’ait qu’un temps plus ou moins limité à régner dans les cœurs ; qu’après une saison d’éclat et d’ivresse, son déclin soit inévitable ; que cinq années, comme on l’a dit, soit le terme le plus long assigné par la nature à la passion que rien n’entrave et qui meurt ensuite d’elle-même. […] M. de Murçay, s’asseyant à la hâte près de celle dont il ne pouvait se croire désuni, commença en des termes aussi passionnés que le permettait le lieu, et avec des regards que mouillaient, malgré lui, des larmes à grand’peine dévorées : « Quoi !

815. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « La jeunesse du grand Condé d’après M. le duc d’Aumale »

Je songe à ce que nous dit M. le duc d’Aumale du recueil de poésies latines que le duc d’Anguien offrait à son père en termes si élégants, et j’ai peur que recueil et dédicace ne soient partis des mêmes mains. « Le Père Pelletier, nous confesse avec esprit M. le duc d’Aumale, eut peut-être plus de part que son élève à la composition du recueil. […] Et le nouveau secrétaire d’État, Michel Le Tellier, écrivit à Gassion cette lettre que M. le duc d’Aumale ne cite pas et n’avait pas à citer, et dont les termes me paraissent très significatifs : Monsieur, la bonne part que vous avez eue en la gloire de la bataille de Rocroy a été publiée si hautement et est si connue de tout le monde, qu’il n’a pas été besoin que vos amis se soient mis en peine de faire savoir à la reine de combien de valeur et de prudence a été accompagnée la conduite que vous avez tenue en cette occasion si importante, etc.

816. (1902) L’œuvre de M. Paul Bourget et la manière de M. Anatole France

Logique et désordre, sont-ce des termes capables de ne pas nous laisser perplexes sitôt que le spectacle des choses nous oblige à les rapprocher ? […] Mais, si l’auteur du Jardin d’Épicure était aussi peu épris de sa dialectique qu’il veut en avoir l’air, nous lui eussions su gré davantage de cette phrase paisible aux débordements cadencés, de cette harmonie sereine que son verbe emprunte aux souhaits mêmes de l’ouïe la plus exigeante, de cette idéalité du terme qui semble parler de perfection, et dont M. 

817. (1900) Poètes d’aujourd’hui et poésie de demain (Mercure de France) pp. 321-350

Ce n’est pas chose aisée, d’ailleurs, ajoute Théophile Gautier, que ce style méprisé des pédants, car il exprime des idées neuves avec des formes nouvelles et des mots qu’on n’a pas entendus encore. » Mettons à part, dans l’ample et belle définition de Gautier, quelques points plus particuliers et gardons-en les termes généraux tels que recherches des nuances, recul des bornes de la langue, expression d’idées neuves avec des formes nouvelles et des mots qu’on n’a pas entendus encore, tous ces soins s’appliquent parfaitement bien à toutes les époques de littérature actives et belles c’est justement cela que firent les Renaissants du xvie  siècle et les Romantiques de 1830, Ronsard, comme Hugo. […] Un symbole est, en effet, une comparaison et une identité de l’abstrait au concret, comparaison dont l’un des termes reste sous-entendu.

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