Ainsi les noirs, qui seraient tenus hors la loi des marchés à New-York, y subissent et y subiront la loi du mépris, l’ostracisme de la misère, l’extinction de leur race par la faim dans la fédération qui prétend faire la guerre au Sud pour la liberté et l’égalité des noirs ! […] Leurs salons se tiennent dans les hôtelleries ; leurs cercles d’hommes, qui ne sont tempérés par aucune bienveillance et par aucune politesse féminine, ne sont que des clubs de trafiquants acharnés utilisant leur repos même pour leur fortune à la fin du jour, fiers de ne connaître que ce qui rapporte, et ne s’entretenant que des entreprises réelles ou illusoires où l’on peut centupler son capital. […] » Je fis peu d’attention à ses paroles ; je lui laissai sans défiance le bijou qu’elle semblait admirer si naïvement, et, pressé d’un grand appétit, je me mis à souper ; mon chien me tenait compagnie et partageait mon repas. […] La vieille femme, stupéfaite, tenait encore en sa main son couteau. […] Au lieu d’abandonner son produit, comme ceux de sa famille ont coutume de le faire, ce charmant petit poisson veille dessus avec toute la sollicitude d’un oiseau qui couve ; il se tient immobile au-dessus du nid, observant ce qui se passe aux environs.
XXIX « Quelques tribuns voulaient établir dans leur assemblée une opposition analogue à celle d’Angleterre et prendre au sérieux la Constitution, comme si les droits qu’elle paraissait assurer avaient eu rien de réel, et que la division prétendue des corps de l’État n’eût pas été une simple affaire d’étiquette, une distinction entre les diverses antichambres du consul dans lesquelles des magistrats de différents noms pouvaient se tenir. […] « Le jour où le signal de l’opposition fut donné dans le tribunat par l’un de mes amis, je devais réunir chez moi plusieurs personnes dont la société me plaisait beaucoup, mais qui tenaient toutes au gouvernement nouveau. […] Plusieurs hommes, qui tenaient des places de lui, étaient désignés pour servir la révolution qui devait briser son pouvoir, et il lui importait que désormais tous ses agents se crussent perdus sans ressources, si leur maître était renversé ; enfin, surtout, ce qu’il voulait, au moment de saisir la couronne, c’était d’inspirer une telle terreur que personne ne sût lui résister. […] Corbigny de tenir la main à l’exécution de l’ordre que je lui ai donné, lorsque le délai que je vous accorde sera expiré. […] Quand il s’agit de plaire au théâtre, l’art de se circonscrire dans un cadre donné, de deviner le goût des spectateurs, et de s’y plier avec adresse, fait une partie du succès ; tandis que rien ne doit tenir aux circonstances extérieures et passagères dans la composition d’un poëme épique.
On dit qu’il abandonne Elsa parce qu’il tient à sa divinité et ne veut pas la perdre. […] Quiconque ne s’en tiendra pas là n’y comprendra rien. […] Mais il ne s’en tient pas là, il va jusqu’à dire que Lohengrin a une signification comparable pour nous, à celle qu’avait pour les Grecs Antigone, au moment où le génie de Sophocle conçut cette tragédie. […] L’Association, pour la facilité des relations, se subdivise en agences locales et en comités locaux, et tient, comme il a été dit, des assemblées générales, annuelles. […] Et toute l’action dramatique que tient le livret de l’opéra Léonore, qu’est-elle, sinon une répétition affaiblie du Drame vécu dans l’Ouverture, quelque chose pareille à l’interminable commentaire explicatif d’un Gervinus sur une scène de Shakespeare ?
Une observation attentive pendant trois semaines entières sur un aveugle-né avait persuadé à Platner qu’un homme privé de la vue ne perçoit que l’existence de quelque chose d’actif, différent de ses propres sentiments de passivité, et qu’en général il ne perçoit que la différence numérique des impressions ou des choses. « En fait, pour les aveugles-nés, le temps tient lieu d’espace. […] Si l’on tient un doigt immobile entre notre paupière close et le soleil, nous ne remarquons pas la présence de ce doigt ; si on lui imprime un mouvement de va-et-vient, nous le discernons. […] La supériorité de la vue tient, comme nous venons de le voir, à ce que nous avons en réalité une multitude de petits yeux juxtaposés, de petits tubes télescopiques l’un à côte de l’autre. […] L’étendue serait donc subjective, et tiendrait à notre, organisation physiologique. […] Ces ondes centrifuges tiendraient à la réaction des centres, à leur élasticité et à leur résistance, qui oblige le mouvement à se réfléchir.
Voyez-vous, je tiens le secret d’un idiot, mais qui le possède de La Rounat. […] Il fabriquait des poésies, etc., etc., et finissait par tenir un Hôtel de la Farce, où il y avait la Fête de la Vidange… Homais me semble la figure réduite, pour les besoins du roman, du Garçon. […] Tenez, la fable des anciens, la coupe du Léthé, voilà ce qui doit être. […] On a pris Sébastopol par le ministère des affaires étrangères. » Il y avait à Saint-Pétersbourg, pendant la guerre, un attaché militaire de Prusse, M. de Munster, très aimé en Russie, et qui envoyait au roi Guillaume tous les détails secrets de la campagne, les procès-verbaux des conseils de guerre tenus chez les Impératrices. […] Nous descendons avec un interne à la consultation qui se tient dans le cabinet du chirurgien, et où il y a des bancs et une barrière.
Quant à la définition scientifique, qui, elle, peut tenir tout entière dans les douze syllabes d’un alexandrin, elle est un véritable non-sens en poésie : à quoi bon donner une règle à ce qui est la règle même ? […] Les siècles fatidiques Ont tenu jusqu’au bout leurs promesses antiques. […] Nous sommes dans ces environs de Paris où, pendant les beaux jours, on transporte les scènes et la vie factice de l’opéra-comique ; le convenu social, sous toutes ses formes, tient une large place dans l’existence parisienne.Il est juste, d’ailleurs, d’ajouter que Coppée ne s’est pas contenté, dans la vie sociale comme au théâtre, de regarder le devant de la scène, les dehors uniquement. […] Cela tient à ce que l’aristocratie vraie, qui est un objet d’imitation servile de la part des foules, est aujourd’hui composée des savants ou des artistes, nécessairement incrédules ; autrefois l’aristocratie était composée d’hommes qui partageaient les préjugés religieux, qui leur empruntaient d’ailleurs une partie de leur autorité et qui avaient intérêt à s’appuyer sur eux. […] Les causes et les lois te tiennent prisonnier, Les causes et les lois, c’est ce qu’il faut nier, Si tu ne veux pas croire en Dieu, ….
Il tient à eux par la conception qu’il a de son art, le voulant à la fois moralisateur et amusant par sa notion superficielle de l’être humain qu’il ne sait ni étudier ni montrer tel qu’il est, mais qu’il simplifie et déforme tel qu’il le lui faut pour faire rire ou s’indigner, par l’invraisemblance et l’incohérence de ses fables, par l’outrance de sa verve, par son ignorance de la nature, de la beauté, du normal, des grandes passions et des grands intérêts humains. […] Quand dans Bleak House, l’avoué qui figure dans ce récit, regarde l’heure qu’il est à diverses horloges, en se dirigeant vers sa maison où l’attend une femme qui va l’assassiner, Dickens discute sur les avertissements qu’auraient dû donner au promeneur ces cadrans taciturnes et leur fait tenir les discours que, pour son malheur, l’homme de loi ne put entendre. […] Tous ces êtres, pareils aux personnages d’une comédie, sont essentiellement des causeurs, des personnes dont on ne sait que ce que donnent à conclure leurs dires, leurs réflexions, leurs digressions, les propos qu’ils se tiennent et qu’ils répliquent, la manière dont ils parlent, leur énonciation, leurs gestes, leurs débats, et parfois quelques actes bien moins significatifs que leurs paroles. […] Dickens était porté à reproduire tout l’existant ; il a commencé, d’abord comme tous ses congénères, par prendre ce qu’il est convenu que l’on dédaigne ; il s’en est tenu là, et dans toute son œuvre on aurait peine à trouver un grand homme ou une femme séduisante, ou simplement des gens bien élevés. […] Pas un billet qu’il écrive pour proposer une promenade en commun, pour inviter à dîner, pour expliquer une affaire, qui ne soit conçu en termes rapides, d’un style concité, frémissant de passion, de vitalité, d’exubérante bonne humeur ; il y narre à ses correspondants les petits faits qui arrivent chez lui, avec autant de drôlerie et de vivacité qu’il en met dans ses livres ; ses pages les plus célèbres ne sont ni meilleures ni autres que la lettre dans laquelle il raconte au pied levé, avec tout l’humour des grandes occasions, le lamentable trépas d’un corbeau familier qu’il tenait à sa villa.
Il faut que la nature même la plus féconde tienne enfin un jour ce qu’elle a promis. […] C’est quelque chose de neuf dans l’idée, de contrastant dans l’esprit, d’heureux dans l’expression, d’inespéré dans le mot, qui tient au caractère plus encore qu’au génie de l’écrivain. […] Ce feu de l’enthousiasme était si ardent et si pur en elle, qu’à chaque instant on croyait voir cette enveloppe consumée tomber en une pincée de cendre et tenir dans une urne ou dans la main. […] Mais si l’on entend par caractère cette solidité de membres, cet aplomb de stature, cette énergie de pose qui font qu’un homme se tient debout contre les vents de la vie et qu’il marche droit à pas réguliers dans les sentiers difficiles, vers un but humain ou divin placé au bout de notre courte carrière humaine ; non, Alfred de Musset ne reçut pas de la nature et ne conquit pas par l’éducation ce caractère, seul lest qui empêche le navire de chavirer dans le roulis des vagues. […] Il me semblait que j’entendais la voix ricaneuse de don Juan, ou la voix plus grinçante de Heine le poète réprouvé de cette école, nous dire, en se faisant une joie de notre horreur : Tenez, regardez votre idéal : Ici la jeunesse, ici la beauté, ici l’innocence, ici l’amour, ici la pudeur, ici la vertu, ici la piété, ici la poésie, cette fleur de l’âme !
Quel est pour lors le parti que doit prendre l’acteur que le poëte tient à la gêne ? […] Ainsi plus la poésie pastorale tient de la rusticité ou du rafinement, plus elle s’éloigne de son objet. […] La fiction tient lieu aux amans de la réalité, & les plus passionnés n’adorent souvent que leur propre ouvrage, comme le sculpteur de la fable. […] ce qu’ils ont de plus remarquable, & que deux exemples nous suffisoient pour développer nos principes, nous nous en sommes tenus aux deux fabulistes françois. […] Il suffit, direz-vous, à l’ambitieux d’être craint ; la crainte lui tient lieu d’amour : il domine, ses voeux sont remplis.
« Mes compliments à votre enfant et à la mère, si elle le permet. » Cette sorte de crainte que Mme Camille avait de Mme de Staël et cette première glace à briser, de la part d’une jeune femme timide en présence d’une femme supérieure, ne tinrent pas, et d’autres lettres nous la laissent voir en tiers avec son mari et celle qui savait si bien se proportionner. […] Certes, quand tout tenait à une seule phrase d’éloge, il est un peu dur que celle qui a le courage de la refuser passe pour avoir voulu l’écrire […] Chose non moins singulière, dans le temps même où Mme de Staël quittait Pétersbourg et allait chercher un asile en Suède, Napoléon, maître de Moscou et à la veille de cette fatale retraite, trouvait le moment de donner son avis sur la question de la presse comme il l’entendait, et il le donnait en des termes formels qui font le plus absolu contraste avec le procédé qu’on avait tenu envers Mme de Staël. […] Ce qui ne veut pas dire, comme l’a cru un de ses biographes, qu’il entra au séminaire ; il était comme élève dans le pensionnat particulier qu’y tenaient les sulpiciens de Lyon. […] Mme Récamier l’aura sans doute remis à Camille pour le faire tenir à Mme de Staël, et il n’aura pu s’acquitter de la commission.
On n’a jamais su qu’il ait refusé ou tenu une promesse. […] Cependant il manqua à cette même promesse, et, je l’avoue, nous trompa tous les deux ; mais ici, je prie qu’on distingue entre une promesse et un marché, car certainement il tiendra le marché avec celui qui lui aura fait la plus belle offre. […] — (Mesdames, je risque la vole.) — On dit qu’il y aura six doyens pour tenir le poêle. — (Je voudrais bien savoir à quel roi faire invite.) — Madame, votre mari assistera-t-il — aux funérailles d’un si bon ami ? […] Un père avait trois fils, Pierre, Martin et Jean ; il leur légua en mourant à chacun un habit1002, les avertissant de le tenir propre et de le brosser souvent. […] C’est pourquoi on a grand tort de tenir enfermés les gentlemen de Bedlam, et une commission chargée de les trier trouverait dans cette académie beaucoup de talents enfouis capables de remplir les plus grands postes dans l’armée, dans l’État et dans l’Église
La science autrefois ne formait que des prétentions vaniteuses, et des conceptions chimériques, lorsqu’elle se tenait à l’écart, loin de la vie pratique, et se disait souveraine de l’homme. […] Faute d’une théologie naturelle, on s’en tient à la théologie positive, et l’on demande à la Bible la métaphysique que ne donne pas la raison1365. […] En France et à Rome, chez les races latines, surtout au dix-septième siècle, ils aiment à se tenir au-dessus de la terre, parmi les mots nobles ou dans les considérations générales, dans le style de salon et d’académie. […] Explications, récits, dissertations, anecdotes, peintures, rapprochements, allusions aux événements modernes, tout se tient dans son livre. C’est que tout se tient dans son esprit.
Cependant le Sphinx de la Révolution tient toujours écrit sur sa bandelette mystérieuse la formule du problème posé par nos pères : Liberté, Égalité, Fraternité. […] La synthèse nouvelle, n’étant pas faite, laisse de toute part un vide immense ; et, pour remplir le vide, on met à dessein l’erreur, comme si elle pouvait tenir la place de la vérité, et comme si l’erreur et la vérité ne devaient pas se combattre, en telle sorte que le tout devienne creux et vide. […] La Bible nous représente les Hébreux, tandis que Moïse, monté au Sinaï, demandait à Dieu invisible la vérité et la loi, et se tenait prosterné au milieu des tonnerres et des éclairs, dans le silence et dans la crainte, dansant eux autour du veau d’or. […] J’obéissais au roi, et le roi s’appelait fils aîné de l’Église, tenait son pouvoir de ses pères, et reconnaissait le tenir de Dieu. J’obéissais aux nobles, qui eux-mêmes obéissaient au roi, et qui tenaient également leur puissance de leurs pères, mais, comme le roi, se soumettaient, dans la morale et la religion, à l’Église.
Elles tiennent étrangement du fantôme et de l’animal, — se faisant tentantes par un caractère d’apparition, par l’aspect cadavéreux, par l’enluminure macabre, enfin par un renversement de nature parlant à des appétits d’amour viciés. […] — Tenez, fait la princesse, vous me dégoûtez. […] Puis, dit-il, quand il a le bonheur de pouvoir raccorder la pensée de l’auteur avec un type vivant qu’il a en vue : c’est fait, il tient son personnage. […] Il cherche sur lui des lettres, et les feuilletant : — « Tiens, voilà la dépêche de ma mort, pour mon fils ! […] Heureusement qu’il n’y tient pas, et, comme militaire, il n’est pas trop opposé au coup de pistolet du dénouement.
Tiens ! […] J’y tiens cependant. […] Elle tient un journal d’impressions pittoresques. […] Tiens, voilà le photographe de la rue du Cherche-Midi ! […] Aussitôt ils se tinrent cois.
Taine l’a justement remarqué : les mots tiennent la place des images qu’ils désignent, et la plupart du temps ils ne les évoquent pas.
. — Madame Bigarot n’y tient pas, un acte, en collaboration avec Félix Cressan (1899).
Son Ovide Chrétien est dans le même goût ; tout y change de face : les Héroïdes sont des Lettres pieuses ; les Fastes, les six jours de la création ; les Tristes, les Lamentations de Jérémie ; un Poëme sur l’amour de Dieu, remplace celui de l’Art d’aimer, l’Histoire de quelques Conversions tient lieu des Métamorphoses.
Il s’étoit attendu à des critiques du moins spécieuses, & on n’a publié contre lui que des Libelles, où l’invective, le sarcasme, l’injure, & les traits de mauvaise foi, tiennent la place des raisons.
Le chapitre des métaphores pourrait tenir en vingt lignes, si on ôtait les exemples ; si on y mettait tous les exemples possibles, il demanderait vingt gros volumes.
mon père y tient l’urne fatale ; Le sort, dit-on, l’a mise en ses sévères mains : Minos juge aux Enfers tous les pâles humains.
Ce Berger qui tient un chardon à la main et qui tente le sort pour savoir s’il est aimé de sa bergère, ne signifie pas grand chose.
Cela tient à bien des causes : allusions à des personnages inconnus, polissonneries et malices de quartier, rythme gênant, langue embrouillée, incertaine, et pourquoi pas aussi ? […] Ainsi pour Rabelais, ainsi pour d’Aubigné poète et pour bien d’autres. — Ainsi pour Vous déjà (car nous voyons sous nos yeux s’accomplir le mystérieux phénomène), ô le plus charmant et le plus ardent des poètes de cet âge, Vous que je n’ai pas hésité à saluer du nom de génie quand vous n’aviez que dix-huit ans, mais qui, dans vos brillants écrits, n’avez pas tenu en entier toutes vos promesses ; qui, au milieu d’admirables éclats de passion, de jets ravissants d’élégance et de grâce, avez semé tant de disparates, de taches et d’incohérences, avez laissé tomber tant de lambeaux décousus ! […] Villon ne s’en tint pas là : il vint un moment où il descendit jusqu’à une Margot, dont il nous ouvre le bouge, et il s’y montre installé comme chez lui, — mieux que chez lui.
En un mot, sans faire injure à aucune entre les différentes formes d’institutions existantes, je crois à des hommes et à des génies gouvernants, et j’estime que, dans toutes les variétés de vocations et de capacités humaines, c’est celle-ci qui tient le premier rang. […] Le charme ou l’influence de Mme de Staël le tenait dès lors tout entier, et décida de la ligne qu’il suivit. […] Laboulaye que les plus libéraux eux-mêmes peuvent, à certain jour, être forcés de reconnaître, dès qu’ils touchent et tiennent à un gouvernement, qu’il y a des nécessités politiques auxquelles il n’est pas donné d’échapper.
Gachard comme à celui du meilleur guide, de l’historien qui tient de longue main tous les fils de cette histoire, et qui a su en faire le tissu le plus solide et le plus ferme. […] Don Carlos ayant été choisi pour être parrain de ce premier enfant, une fille, il se trouvait tellement débile qu’il ne put tenir lui-même l’infante sur les fonts et la rapporter de la chapelle du château dans la chambre de la reine : il fallut que don Juan lui rendît ce service. […] Je vous engage à ne pas faire cette demande ; car les députés qui la feraient pourraient me tenir pour leur ennemi capital, et j’emploierais tous mes moyens à les détruire. » Cela dit, il tourna le dos aux députés et sortit de la salle.
De qui le tenait-il ? […] Il s’en tint le plus habituellement à l’ironie et à l’art pur. […] Il est de ces esprits qu’une façon de phrase, Un certain choix de mots tient un jour en extase, Qui s’enivrent de vers comme d’autres de vin, Et qui ne trouvent pas que l’art soit creux et vain.
« Le maréchal Soult demandait au roi d’Espagne de manœuvrer avec ses forces réunies devant lord Wellington, de manière à le tenir en échec, mais sans hasarder une action sérieuse, jusqu’à ce que l’armée du maréchal fût en mesure d’attaquer l’armée anglaise par son flanc gauche et ses derrières, sur la rive droite du Tage, et de lui couper toute retraite. […] Le gouverneur de Majorque, à son tour, le général Reding, Suisse au service d’Espagne, se refusa obstinément à les recevoir ; « il y mit même une dureté qui semblait tenir de la cruauté bien plus que des circonstances, car il accompagna son refus de la menace de couler bas le navire, s’il n’avait pas viré de bord dans les vingt-quatre heures. » On dut reprendre le large. […] J’engage M. de Beauverger à faire, dans une seconde édition, non plus une brochure, mais un petit volume de cet épisode virgilien (je tiens à ce mot) de la grande épopée militaire des dix années.
J’ignore s’il a gagné aux voies trop détournées, où il s’est tenu, beaucoup d’âmes de mystère ; mais il n’a en rien touché le grand nombre des âmes accessibles d’ailleurs aux belles et bonnes paroles, et dignes de consolation. […] La Révolution frappa sa famille comme toutes celles qui tenaient à l’ordre ancien par leur naissance et leurs opinions : les plus reculés souvenirs de Lamartine le reportent à la maison d’arrêt où on le menait visiter son père. […] En même temps que la matière et le fond ont augmenté chez Lamartine, le style et le nombre ont suivi sans peine et se sont tenus au niveau.
Cette intelligence secrète et sentie que n’ont pas eue tant d’estimables historiens, pourtant réputés à bon droit critiques, ce don, cet art particulier dont la sobre magie se dissimule à chaque pas, qui ne convertit pas tout en or, mais qui rend à tout ce qu’il touche la qualité propre et la vraie valeur, tient de très-près à l’esprit poétique, modéré et corrigé comme je l’entends. […] Mais, un beau jour, il s’aperçoit que la chanson peut tout tenir d’essentiel, même le grand, et le voilà qui s’y porte en entier et y triomphe. — Arrivons donc à cette histoire littéraire dans laquelle le talent, l’imagination, la sagacité et le savoir de M. […] Là-dessus le Père Sirmond, loin de se tenir pour battu, publia au long l’histoire de cette secte que les contradicteurs ne continuèrent pas moins d’appeler fabuleuse.
L’école d’où sortait M. de Barante la ramena aux idées, et rétablit le point de vue élevé que la littérature doit tenir dans une société polie, mais sérieuse. […] En un mot, s’il m’est permis de reprendre une image déjà employée, une fois entré en lice avec le roman historique, et le tournoi ouvert aux yeux des juges, il fallait tenir la gageure et ne pas recourir aux armes défendues. […] Réimprimant en 1829 son ancienne brochure Des Communes et de l’Aristocratie, il s’était félicité d’en retrancher ce qui tenait aux controverses antérieures des partis : « Il y a un grand contentement, disait-il, à supprimer les vivacités d’une vieille polémique, à se censurer soi-même ; à se trouver en harmonie avec des hommes honorables dont autrefois on était plus ou moins divisé ; à se sentir plus toléré et plus tolérant ; à reconnaître qu’autour de soi tout est plus calme dans les opinions et les souvenirs. » Ce passage dut plus d’une fois lui revenir en mémoire, ce me semble, avec le regret de penser qu’il ne se rapportait pas également à d’autres, et qu’à mesure que les choses étaient réellement plus calmes, les esprits des amis entre eux devenaient précisément plus aigris.
Mais il ne put tenir contre Racine : il fut jaloux, et malheureux. […] Puis il créa la tragédie vraie, à laquelle il se tint. […] De 1652 à 1659, de Pertharite à Œdipe, il se tient éloigné du théâtre.
Mais les yeux des amoureuses nous suivent longuement, nous tiennent, nous hantent ; et nous les revoyons toujours. […] Octave Feuillet résume comme il suit : Développer à toute leur puissance les dons physiques et intellectuels qu’il tenait du hasard, faire de lui-même le type accompli d’un civilisé de son temps, charmer les femmes et dominer les hommes, se donner toutes les joies de l’esprit, des sens et du pouvoir, dompter tous les sentiments naturels comme des instincts de servage, dédaigner toutes les croyances vulgaires comme des chimères ou des hypocrisies, ne rien aimer, ne rien craindre et ne rien respecter que l’honneur : tels furent, en résumé, les devoirs qu’il se reconnut et les droits qu’il s’arrogea. […] Je retrouve ce style poli, souple, bien tenu, presque toujours précis, non pas coloré, mais fleuri, et cette allure qui me fait songer à un cheval de race, long, aux jambes fines, avec de subits frémissements à fleur de peau.
Je m’en tiendrai donc à lui. […] Je me suis défendu par bonnes raisons dont l’une est la modestie que M. le duc m’a promis de garder en telles actions. » Et M. le duc d’Aumale ajoute, non moins plaisamment : « Il y a lieu de croire que M. le duc tenait sa promesse. » Vous pensez bien que, pour moi, je me garderais bien d’en douter. […] Nous avons vu quelle place insignifiante tient Gassion dans la narration de M. le duc d’Aumale : or, avant de commencer son récit, M. le duc d’Aumale nous fait un portrait de Gassion beaucoup plus développé que celui des autres généraux, très coloré et très vivant : Gassion était connu de M. le Duc, qui avait déjà servi avec lui.
Pour moi, de même que je m’en tiens religieusement aux noms des écrivains qui subsistent, bornant mon étude à en peser la valeur consacrée, de même j’accepte les termes généraux qui ont servi à caractériser certaines époques, et je me contente de me rendre compte de leur signification. […] Un jour j’escrivis à ma mie Son inconstance seulement ; Mais elle ne fut endormie A me le rendre chauldement ; Car dès l’heure tint parlement A je ne sais quel papelard, Et lui a dit tout bellement : Prenez-le, il a mangé le lard37. […] Christine ne fait d’ailleurs aucune difficulté de recevoir des secours d’Apollon, et, dans les discours qu’elle tient au poète, elle s’autorise de l’Art d’aimer d’Ovide.
Encore une fois, ce n’est point le mariage qui est la gloire de madame de Maintenon, c’est le désintéressement, c’est le sacrifice de son amour, c’est le vertueux usage de l’empire qu’il lui donnait sur le cœur du roi pour le remettre dans ses devoirs : et c’est à l’honnêteté morale de madame de Maintenon, à celle de sa société tout entière, à la considération et aux aimables qualités qu’elle tenait de ses nobles amies, qu’est due la gloire que j’ai pris plaisir à célébrer. […] Il tint parole à sa muse, car il chanta les dragonnades sous le titre de L’Hérésie détruite. […] À l’exemple de cette société, elle fit de la conversation et des correspondances épistolaires, le moyen d’exercer, de perfectionner, de tenir en haleine, d’exciter par l’émulation, les facultés que la nature a départies aux Français pour rendre la vie sociale, douce, heureuse, et faire envie à tout le monde civilisé.
Dispensez-moi de vous dévider l’inextricable écheveau par lequel il tient le baron. […] Cela tient du salmigondis et du logogriphe ; autant vaudrait suivre sous terre le travail des taupes. Tant il y a que le jésuite tient l’escroc de bonne compagnie, qu’il en fait son complice et son âme damnée, et le force de s’allier à lui pour marier l’héritière à son élève Adhémar.
Il croyait tenir la clef du bonheur des hommes et des races futures ; il distribuait et prêtait volontiers cette clef à tous ; mais quand on a une telle confiance dans la justesse d’une seule de ses propres vues, qui embrasse l’avenir du monde, on peut être ensuite facile et sans trop de prétentions sur le reste : la vanité, sous un air de bienveillance, a en nous un assez bel et assez haut endroit où se loger. […] Turgot ne s’en tient pas, en fait de morale, à une pure impression mobile de sensibilité physique, il a des principes plus fixes : « Je suis en morale, dit-il d’une manière charmante, grand ennemi de l’indifférence et grand ami de l’indulgence, dont j’ai souvent autant besoin qu’un autre. » Condorcet, dans son besoin d’activité et de propagation extérieure, paraît croire qu’on ne peut éviter certains vices peu dangereux sans risquer de perdre de plus grandes vertus : « En général, les gens scrupuleux, pense-t-il, ne sont pas propres aux grandes choses. » Turgot ici l’arrête tout court ; il semble deviner l’homme de parti et de propagande qui perce déjà, et il lui dit : « La morale roule encore plus sur les devoirs que sur les vertus actives… Tous les devoirs sont d’accord entre eux. […] Le grand sophisme de Condorcet et son malheur, c’est de n’avoir pas senti en lui le cri du sens moral immédiat, et de s’être trop longtemps tenu pour absous de toutes les manœuvres de parti en vue du plus grand bonheur futur de l’espèce humaine.
Quand on fut en vue du camp, malgré la défense expresse que la reine avait faite que personne ne la précédât, Mme de La Vallière n’y put tenir, et elle fit courir son carrosse à toute bride à travers champs, tout droit au lieu où elle croyait trouver le roi : « la reine le vit ; elle fut tentée de l’envoyer, arrêter et se mit dans une effroyable colère ». […] On souriait donc de Mme de La Vallière et de ses velléités de religion qui ne tenaient pas : « À l’égard de Mme de La Vallière, écrivait Mme de Sévigné à sa fille (27 février 1671), nous sommes au désespoir de ne pouvoir vous la remettre à Chaillot ; mais elle est à la Cour beaucoup mieux qu’elle n’a été depuis longtemps ; il faut vous résoudre à l’y laisser42. » Et encore (15 décembre 1673) : « Mme de La Vallière ne parle plus d’aucune retraite ; c’est assez de l’avoir dit : sa femme de chambre s’est jetée à ses pieds pour l’en empêcher : peut-on résister à cela ? […] À l’instigation de la Montespan, il prenait ce petit chien et le jetait à la duchesse de La Vallière, en disant : Tenez, madame, voilà votre compagnie, c’est assez.
Par son père et par son grand-père, il tient à la classe des artisans, et il put en étudier les mœurs dans ce qu’elles ont de plus honorable et de plus laborieux. […] Une fois qu’il tient son auditoire, il le prend, le fait à lui et s’y adapte. […] Si Mme Angebert tient plus à la vérité qu’à la fausse exaltation, elle peut aisément s’informer à son tour auprès des personnes de Provins qui nous ont le mieux initié à la connaissance de ce touchant mais trop faible caractère ; elle peut, par exemple, demander à Mme Guérard communication des lettres de Moreau écrites en janvier 1834, et elle verra qu’il faut se résoudre, quand on a le sens juste et bienveillant, à ne voir dans le chantre de la Voulzie qu’un poète.
tenait en ses mains la balance de nos destinées et semblait se plaire à prolonger l’incertitude. […] En mars 1815, à la nouvelle du débarquement de Napoléon, Louis XVIII envoya un courrier à Châtillon-sur-Seine pour mander à l’instant Marmont, dont l’avis fut de tenir bon à Paris et de résister. […] Lorsque l’aide de camp fut enfin introduit, le roi lui fit cette seule réponse : « Dites au maréchal qu’il groupe ses troupes, qu’il tienne bon, et qu’il agisse par masses. » Il serait pénible de pousser plus loin ce récit qui présenterait jusqu’à la fin les mêmes situations, les mêmes efforts infructueux, les mêmes récidives, avec des chances de moins en moins favorables à chaque minute écoulée.
Ce n’est point seulement l’aversion que j’ai pour la polémique, qui m’en tiendrait éloigné, c’est l’idée très haute que je me suis formée des talents et des vertus qu’il faut pour l’enseignement de la jeunesse. […] Au lieu de s’en tenir aux préceptes serrés et brefs, aux prescriptions techniques, à la Poétique d’Aristote ou aux Partitions oratoires de Cicéron, auxquelles Gibert en revenait toujours et dont le siècle n’avait que faire, le bon Rollin s’abaissait et s’oubliait aux exemples, et même aux digressions ; s’il disait avec surabondance des choses inutiles, il y mêlait une variété de beaux endroits qui empêchaient l’ennui. […] En face de telles générations, quel langage tenir ?
On y rencontre en première ligne un bel esprit, une manière de poète, et surtout un homme très gai, très divertissant, le second tome de Voiture, mais plus intéressé, Sarasin, qui tient la place de favori, et avec qui il faut jouer serré. […] C’était le maréchal de Villeroi, assez triste guerrier, qui avait tenu ce propos. […] Un jour que Louis XIV lui a dit au siège devant Douai : « Mon frère, vous pouvez aller vous divertir, car nous allons tenir Conseil » ; Monsieur, tout mortifié de se voir traité en enfant, s’en va se plaindre à Cosnac qui lui dit : « Eh bien !
Après le dîner, pendant que celui-ci causait vivement et tenait à la main sa tasse de café trop chaude, Volney, tout en l’écoutant, la lui prenait, la posait sur la cheminée, la touchait de temps en temps ou l’approchait de sa joue pour s’assurer du degré de chaleur, et la lui vendait quand elle était à point : Bonaparte, dans sa conversation rapide, ne s’était pas aperçu du manège, dont plus d’un assistant avait souri. […] C’est ici la pierre philosophale ; tandis qu’à la campagne il reste de la moralité, et qu’en faisant un bon sort de son vivant, on peut trouver serviteur d’attache… On pourrait arrêter ici le philosophe et lui demander pourquoi il y a à la campagne un fonds restant de moralité plutôt qu’à la ville, et si cela ne tient pas précisément à ce qu’il a voulu détruire. […] Tout ce qui tient à Volney, tout ce qu’il a produit doit avoir un caractère particulier, dont la recherche n’est jamais bannie.
Elle tenait son bras droit au-dessus du poignet et se plaignait d’y souffrir beaucoup. […] On peut, comme dans l’architecture, arriver au beau par l’utile ; mais quand l’esthéticien tient déjà le beau, il n’a pas à chercher l’utile, sinon par surcroît et par une sorte de luxe à rebours. […] L’architecture, en premier lieu, organise les matériaux, les met en ordre ; en second lieu, elle les soumet à une sorte d’action d’ensemble qui élève d’un seul mouvement l’édifice au-dessus du sol et, par l’harmonie des lignes, la continuité du jet ascensionnel, rend léger ce qui est pesant, fait monter et tenir debout, dans la position de la vie, ce qui tend à s’affaisser, à s’écraser.
Voltaire était au lit, il tenait le livre à la main, tout à coup il se dresse, jette le livre, allonge ses jambes maigres hors du lit et crie à Marmontel : — Votre Shakespeare est un huron. — Ce n’est pas mon Shakespeare du tout, répond Marmontel. […] Quand il vous tient, vous êtes pris. […] Désormais le rosier sera tenu de compter ses roses.
Rome même entendra sa voix ; et un jour cette ville maîtresse se tiendra bien plus honorée d’une lettre du style de Paul adressée à ses citoyens, que de tant de fameuses harangues qu’elle a entendues de son Cicéron. […] Un Pontife assisté d’un jeune garçon qui tient une boîte d’encens, et qui a une couronne de fleurs sur la tête. […] Le dessin des sujets d’Herculanum est sec, et tient beaucoup de la sculpture et des bas-reliefs.
Le signe qui tient de la nature même une partie de sa force et de sa signification, est plus puissant et agit plus efficacement sur nous que le signe qui doit au hazard ou au caprice de l’instituteur toute son énergie. […] Mais suivant notre construction le cas d’un nom ne sçauroit être marqué distinctement dans une phrase, qu’à l’aide de la suite naturelle de la construction, et par le rang que le mot y tient. […] Le lecteur qui se donnera la peine de prononcer tout haut ces vers de l’abbé De Chaulieu, sentira bien que le rithme qui tient l’oreille dans une attention continuelle, et que l’harmonie qui rend cette attention agréable, et qui acheve pour ainsi dire d’asservir l’oreille, font bien un autre effet que la richesse des rimes.
Par une logique que je reconstitue difficilement, mon précepteur en bas violets, qui me lisait Claudine à l’Ecolef et tenait devant moi avec ses joyeux confrères des propos d’une vigueur toute militaire, s’acharnait en même temps à me donner des superstitions et des terreurs contre les romanciers qu’il dénommait « pornographes ». […] Apollinaire tint par réaction des propos barrésiens cependant que l’ambigu Francis, dont la pensée était ailleurs et dont le regard fixait avec rancune des pinards détestables, disait des choses molles en faveur de la Patrie. […] C’est là notre délivrance, que nous tenons des étoiles — et c’est là en même temps l’éternel danger d’une vie crépusculaire.
Le propre de l’éloquence est non seulement de remuer, mais d’élever l’âme ; c’est l’effet même de celle qui ne paraît destinée qu’à nous arracher des larmes ; le pathétique et le sublime se tiennent ; en se sentant attendri, on se trouve en même temps plus grand, parce qu’on se trouve meilleur ; la tristesse délicieuse et douce, que produisent en nous un discours, un tableau touchant, nous donne bonne opinion de nous-mêmes par le témoignage qu’elle nous rend de la sensibilité de notre âme ; ce témoignage est une des principales sources du plaisir qu’on goûte en aimant, et en général de celui que les sentiments tendres et profonds nous font éprouver. […] Le premier de ces deux ressorts a sans doute le plus de force ; mais l’imagination peut quelquefois en jouer le rôle et en tenir la place. […] Mais si les ombres du tableau sont nécessaires, elles ne doivent pas être trop fortes ; il faut sans doute à l’orateur et à l’auditeur des endroits de repos, mais dans ces endroits l’auditeur doit respirer, et non s’endormir ; et c’est aux charmes tranquilles de l’élocution à le tenir dans cette situation douce et agréable.
N’envisageant ici que l’abbé Pierre parmi les figures multiples de la trilogie, je tiens à constater que pour nous, il disparaît parfois sous les vagues énormes du récit. […] Pour toute question que l’esprit pose elle tient des mots tout prêts ; elle l’enveloppe dans un filet d’abstractions où s’endort bientôt toute capacité d’intuition personnelle, et qu’il ne saurait rompre sans une extraordinaire vigueur native. […] Atrophié dès le début par le séminaire, obscurci à l’âge viril par la chasteté, tenu perpétuellement en laisse par l’Église, malade de corps, de cœur et d’intelligence, le prêtre nous apparaît donc, parmi l’espèce humaine, l’être le moins apte à remplir le rôle qui lui est destiné, celui d’apôtre, d’éclaireur et de guide.
Pour celles-ci l’accroissement quantitatif semble en quelque sorte de rigueur : chacune d’elles paraît tenir pour une nécessité vitale l’assimilation du plus grand nombre possible d’individus. […] S’il est vrai que c’est la quantité, la complexité et la variété des contacts sociaux qui nous importent, quel compte ne devons-nous pas tenir de la multiplication des moyens de transport et de communication ! […] C’est le prestige, c’est le cortège d’honneurs dont un haut personnage reste entouré dans notre imagination qui nous empêche de l’assimiler aux autres hommes, et de les tenir, eux et lui, pour des unités comparables.
Dans sa prétendue définition de l’Art, le comte Tolstoï ne tient aucun compte de ce phénomène primordial. […] La musique lui tenait au cœur. […] Nietzsche se laisse égarer ici par ses aspirations personnelles : il cesse d’être objectif, il ne tient plus compte de ce que l’auteur avait en vue. […] Jamais on ne l’a autant et mieux joué qu’à présent et il est, avec Bach, le seul qui « tienne » encore, intangible et complet, après Wagner. […] Il tient, sans doute, à des causes physiologiques, ethniques et sociologiques tout ensemble.
ma croyance, ami, que n’est-elle la tienne !
Nous n’en voulons que tirer une conclusion, c’est que, si isolé qu’on se fasse, si désintéressé de tout et si moqueur absolu, on tient toujours à quelque chose ou à quelqu’un, ce qui est heureux, mais ce qui gêne le métier.
Et il n’y a pas d’activité qui aille sans effort : il n’y a naturel ni abandon qui tienne.
Sans hésitation, Albert Samain, à condition qu’il tienne, les promesses de son livre superbe : Au jardin de l’Infante.
Il me semble plus modeste et plus sage de nous en tenir à la méthode inductive, de partir pour le moment de faits bien et dûment constatés, en nous élevant petit à petit à ces faits généralisés que l’on appelle des lois.
Nos temples, moins petits que ceux d’Athènes, et moins gigantesques que ceux de Memphis, se tiennent dans ce sage milieu où règnent le beau et le goût par excellence.
À peine savent-ils manier le pinceau et tenir la palette, qu’ils se tourmentent à enchaîner des guirlandes d’enfants, à peindre des culs joufflus et vermeils, et à se jeter dans toutes sortes d’extravagances qui ne sont rachetées ni par la chaleur, ni par l’originalité, ni par la gentillesse, ni par la magie de leur modèle.
Le corps d’Anacréon est bien modelé, le bras qui tient la coupe fin de touche, quoique défectueux de dessin ; les étoffes étendues sur ses genoux sont belles ; la jambe droite qui porte le pied en avant sort du tableau.
Elle est assise et de repos, la jambe droite croisée sur la jambe gauche, le bras gauche nu, tombant mollement, et la main allant se poser sur le bord de son bouclier ; le bras droit aussi nu, amené avec le même naturel, la même grâce, la même mollesse et presque parallèlement au premier, vers la cuisse où la main tient négligemment une couronne.
Cela tient dans ce cas, à l’entrecroisement des nerfs optiques qui a lieu au chiasma. […] Quelques observateurs ont critiqué mon expérience : cela tient à ce qu’ils n’avaient pas attendu pour mettre l’amidon en contact avec la salive. […] À quoi tient cette différence ? […] Or cela tient particulièrement à ce que le péritoine du cheval étant beaucoup plus sensible, le suc pancréatique obtenu par le procédé de MM. […] Nous savons déjà que cela tient au procédé employé pour l’obtenir.
Il tint garnison à Neu-Brandenbourg, petite ville située aux environs de Berlin. […] À quoi tiennent les destinées du monde ! […] Et tout se tient dans la vie des peuples. […] Tout se tient dans la vie des peuples. […] Tenez, connaissez-vous le professeur Treitschke, de Berlin ?
Le jeune poëte servait mieux la pensée impériale par deux odes sur les campagnes de 1806 et de 1807, par une autre Au Vaisseau de l’Angleterre, qui a de l’énergie dans la menace : Il n’a pas lu clans les étoiles Les malheurs qui vont advenir ; Il n’aperçoit pas que ses voiles Ne savent plus quels airs tenir ; Que le ciel est devenu sombre… Un jour, en 1808, à Fontainebleau, l’Empereur, qui se souvenait de la méprise de Schœnbrunn et de la visite de Saint-Cyr, et pour qui l’auteur était devenu très-distinct, dit à une dame du palais, qui s’intéressait à M. […] quelle joie De tenir dans mes mains et leur vie et ma proie De les voir, reculant à l’aspect de leur roi, Fuir sans trouver d’asile où se sauver de moi, Et, pâles de leur crainte et de la mort future, Implorer vainement, même la sépulture ! […] Je me tiens à l’héroïne de la tradition et de l’illusion ; je me borne au point de vue français et de 1820 encore ; je me reporte à la première représentation, à l’une des cinquante premières. […] Lebrun la carrière de la haute administration et des affaires, a tenu, en quelque sorte, pour lui les promesses et payé l’arriéré de l’Empire.
Prenons les plus beaux rameaux de notre poésie classique depuis Malherbe ; rien, absolument rien n’y est passé, rien ne s’y reconnaît de cette verte sève qui tenait aux racines mêmes de la vieille France. […] Pour tenir tête à Villon, Charles d’Orléans a un premier défaut : il est trop clair, et il n’y a pas moyen de lui prêter plus qu’il n’a. […] On peut, entre le programme tracé au début par Du Bellay et le résultat final, entre ce qui a été promis et ce qui a été tenu, établir une balance très-inégale et se prévaloir de la différence ; il n’en est pas moins vrai que des qualités essentielles et neuves furent conférées à la langue poétique ; de beaux et charmants exemples furent donnés. […] Cette pièce, admirable d’un bout à l’autre, prouve tout ce qu’avec du travail et une conduite meilleure de son talent il aurait pu être, et le rang qu’il pouvait tenir entre le ?
Le penseur est tenu de se préoccuper de ses phrases au moins autant que de ses idées. […] Ouvrez-les ; chacune d’elles est un trésor ; il y a mis, dans un étroit espace, un long amas de réflexions, d’émotions, de découvertes, et notre jouissance est d’autant plus vive que tout cela, saisi en une minute, tient aisément dans le creux de notre main. « Ce qui fait ordinairement une grande pensée, dit-il lui-même, c’est lorsqu’on dit une chose qui en fait voir un grand nombre d’autres, et qu’on nous fait découvrir tout d’un coup ce que nous ne pouvions espérer qu’après une longue lecture. » En effet, telle est sa manière ; il pense par résumés : dans un chapitre de trois lignes, il concentre toute l’essence du despotisme. […] — Prenons-y garde pourtant : la gaieté est encore un ressort, le dernier en France qui maintienne l’homme debout, le meilleur pour garder à l’âme son ton, sa résistance et sa force, le plus intact dans un siècle où les hommes, les femmes elles-mêmes, se croyaient tenus de mourir en personnes de bonne compagnie, avec un sourire et sur un bon mot475. […] C’est un systématique qui, replié sur lui-même et les yeux obstinément fixés sur son rêve ou sur son principe, s’y enfonce chaque jour davantage, en dévide une à une les conséquences, et tient toujours sous sa main le réseau entier.
Il me suffira de rappeler que les principaux débats engagés dans les Chambres de la Restauration ont porté sur la liberté des cultes et toutes les questions particulières qui y tenaient, sur les biens nationaux et l’indemnité des émigrés, sur la liberté de la presse, sur l’organisation du système électoral, sur les majorats, sur la guerre d’Espagne, sur toutes sortes d’applications ou d’interprétations de la Charte, et, au fond, toujours sur la question de savoir qui l’emporterait, de la Révolution, ou de l’« absolutisme ». […] Et ce légitimiste renforcé, en fait, était assez libéral, à la façon de nos anciens magistrats du Parlement : il haïssait, ou méprisait les émigrés ; il tenait la Révolution pour un fait providentiel, comme tous les autres673, et, ce qui est plus méritoire, comme un fait historique, qui devait changer les maximes du gouvernement royal ; il lui semblait absurde qu’on pût prétendre à biffer tout bonnement vingt ans d’histoire, et quelles années ! […] Enfin, il est du petit, bien petit nombre des orateurs qui n’ont pas vieilli, et qui se lisent vraiment avec plaisir : cela tient à la belle fermeté de son style, aussi grave et moins triste que celui de Guizot. […] Il tenait l’idée de morceler et de détruire la France pour une idée absurde, et le fait, s’il se réalisait, pour un des plus grands maux qui pussent arriver à l’humanité.