Il est pris ici dans un rythme général, dans un système nouveau, ou un besoin de système nouveau, pour évoquer le passé : tout le mouvement qui s’exprime par les noms de Renan, de Taine, de Leconte de Lisle. […] Pour montrer un ceci de l’avenir qui tue un cela du passé, Chateaubriand avait eu recours à la machinerie épique, à un système d’art qui appartenait au passé ; Victor Hugo avait eu recours au roman, à un système d’art penché sur l’avenir. […] « Sénécal — qui avait un crâne à pointe — ne considérait que les systèmes. […] Un des reproches principaux adressés par la critique à Salammbô, c’est de mettre en scène une époque perdue, détachée du système de la civilisation occidentale, et qui nous touche aussi peu qu’un morceau de planète étrangère. […] On évitait de le contredire, par ménagement pour son système nerveux.
Cette croyance pure, morale, antique, existait ; c’était la vieille religion du Christ, ouvrage de Dieu suivant les uns, ouvrage des hommes suivant les autres, mais, suivant tous, œuvre profonde d’un réformateur sublime ; réformateur commenté pendant dix-huit siècles par les conciles, vastes assemblées des esprits éminents de chaque époque, occupées à discuter, sous le titre d’hérésies, tous les systèmes de philosophie, adoptant successivement sur chacun des grands problèmes de la destinée de l’homme les opinions les plus plausibles, les plus sociales, les adoptant, pour ainsi dire, à la majorité du genre humain ; arrivant enfin à produire ce corps de doctrine invariable, souvent attaqué, toujours triomphant, qu’on appelle unité catholique, et au pied duquel sont venus se soumettre les plus beaux génies !
La porte, en chêne massif, brune, desséchée, fendue de toutes parts, frêle en apparence, était solidement maintenue par le système de ses boulons, qui figuraient des dessins symétriques.
La question allait se poser entre le système constitutionnel et le régime absolu dans les États d’Italie dépendant de l’influence de la maison de Bourbon.
Système de la politique positive, Discours préliminaire, p. 23.
Et quand je disais que le japonisme était en train de révolutionner l’optique des peuples occidentaux, j’affirmais que le japonisme apportait une coloration nouvelle, un système décoratoire nouveau. enfin si l’on veut une fantaisie poétique dans la création de l’objet d’art, qui n’exista jamais dans les bibelots les plus parfaits du moyen âge et de la renaissance.
La morale de Dickens élaborée en système ou réduite à ce que l’auteur l’a faite, à quelques aspirations vers un état de bonté et de simplicité inoffensives, à quelques condamnations précipitées de ce qu’il y a de dur dans l’homme et la société, est fausse et inutile comme toutes celles qui sont issues de vœux, d’un idéal, de plus de générosité que d’expérience.
De même que l’Iliade et l’Odyssée, ces deux épopées du monde grec, furent évidemment des chants populaires et des traditions confuses des peuples helléniques, avant d’être recueillies, coordonnées et divinement chantées par Homère, de même les poèmes épiques de l’Inde, le Ramayana et le Mahabarata, furent primitivement des récits héroïques et des systèmes religieux réunis, combinés, chantés par les derniers poètes, auteurs de ces poèmes.
Après avoir été longtemps la Gaule semi-barbare sous ses druides, caste sanguinaire dont un système historique faux veut faire aujourd’hui une académie de platoniciens ; après avoir succombé sous les Romains, le flot des races orientales et des émigrations du Nord l’envahit, et la mélange d’un sang plus pur et plus raffiné que le sang gaulois.
Il avait commencé son système de séduction par le cœur de la reine, mère de Louis XIV.
Ne sens-tu pas qu’un pareil système n’est propre qu’à dégrader d’autant la pensée dans le monde ?
Il semble ainsi qu’au Moyen Âge une façon de penser et de sentir commune, imposée à l’Europe entière par la triple autorité de la religion, du système féodal, et de la scolastique, ait opprimé en littérature, pendant plus de quatre ou cinq cents ans, et comme anéanti toutes les distinctions d’origine, de race et de personne.
Le grand homme n’est plus celui qui fait vrai, c’est celui qui sait le mieux concilier le mensonge avec la vérité ; c’est son succès qui fonde chez un peuple un système dramatique qui se perpétue par quelques grands traits de nature, jusqu’à ce qu’un philosophe poëte dépèce l’hipogrife et tente de ramener ses contemporains à un meilleur goût.
Tout simplement parce que ce système d’attentive répression, — à condition qu’il n’exclue pas toute indulgence ni toute douceur, — me paraît plus capable, après tout, de redresser les mauvaises natures que de déformer ou d’appauvrir les bonnes. […] Et ces interprétations sont peut-être d’autres erreurs ; mais alors cela fait tout un système d’erreurs si fortement et si logiquement liées entre elles, qu’il faudrait être aussi savant et aussi subtil que M. […] On eût canonisé le meilleur, mais on eût regardé comme le plus intelligent l’homme le plus capable d’ordonner en un système cohérent des idées plus élucidées et mieux définies… » Ne m’accusez pas, je vous prie, de faire faire, par mes correspondants, mon feuilleton de Pâques. […] Et si vous saviez combien on en rencontre aujourd’hui, de ces dignes sœurs des Paul Astier, des Lortigue, des « petits féroces » signalés par Alphonse Daudet ; de ces terribles poupées inassouvies, de ces petites bêtes de joie dont l’exaspération et l’affinement du système nerveux a fait des petites bêtes d’ennui et de tristesse et dont peut-être on n’avait point revu de si parfaits exemplaires depuis la décadence romaine et byzantine ; de ces gracieuses mondaines qui n’ont pas d’enfants ou qui les subissent ; idolâtres de leurs corps ; clientes enragées de toutes les bonnes faiseuses, — y compris les faiseuses d’anges ; éprises, dans ces derniers temps, des abominables courses de taureaux, et qui, si vous leur racontez qu’en Espagne c’est bien mieux et qu’on y rebouche le ventre aux chevaux étripés avec un bouchon de paille, vous répondent du ton le plus naturel (j’ai entendu ça) : « Oh !
Avec ce système, on s’explique tout, mais on se gâte tout ; on perd sa fraîcheur d’impression ; le moi se dédouble ; on devient un appareil photographique ; on s’épuise à trouver, on se fouille jusqu’au sang ; on se consolerait presque de mourir, si on pouvait noter son agonie. […] Paul Bourget a très bien remarqué d’ailleurs que son style algébrique et abstrait est merveilleusement approprié à son système de psychologie démonstrative et mathématique. […] La Correspondance de Grimm lui a beaucoup servi et, à travers les nombreux mémoires publiés au dix-septième et au dix-huitième siècle, on pourrait suivre de sa part tout un système de notes bien prises. […] Ce système, tendant à nous faire vivre ce que l’auteur a vécu, n’a rien de commun avec l’effort qui s’adresse à notre admiration désintéressée. […] Or ces sortes de créations ont précisément le don de dérouter le public des premières, ce public spécial qui, pour se croire l’arbitre du goût, n’en est souvent que le bourreau, Théodore Barrière les connaissait bien, ces esprits forts, rebelles aux émotions et aux larmes, qui affectent de rire aux passages émus, lorsqu’il disait qu’avec ce système de persiflage le théâtre serait mort dans vingt ans.
Mais, au sujet de cette longue suite d’études trop nombreuses et trop diverses pour n’avoir pas été, sur plus d’un point, hâtivement menées, il ne se pose pas la question de savoir ce que, par avance, l’esprit de système leur ôte de valeur. […] Leur tour d’esprit, leur éducation les poussent à situer les auteurs, les écrits, dans des catégories qui les encadrent de manière à prêter aux faits, aux paroles, aux physionomies, une apparence inattendue et quelquefois un air d’originalité ; mais, le plus ordinairement, tout ce système préconçu, échafaudé sur des préventions, déforme les aspects de la réalité ou nous la fait perdre de vue. […] Par les moyens si variés dont témoigne son œuvre, par l’accumulation vraiment paradoxale des sujets qu’il a tour à tour ou ensemble abordés, et sur lesquels son esprit vif, agile et clair a projeté tout aussitôt une belle lumière, Émile Faguet a donné au métier de critique la popularité ; il a excellé dans l’analyse des ouvrages des penseurs, dans la reconstruction, ingénieuse autant qu’aisée, de leurs systèmes.
Les différences qui existent dans leur talent et dans le système de leur style s’apercevront un jour dans leurs élèves, mais tous tiendront plus ou moins à la grande et primitive école.
Il s’y est attaché, il les aime, il a reçu d’elles le système entier de ses idées pratiques et spéculatives ; il ne flotte point, il ne doute plus, il sait ce qu’il doit croire et ce qu’il doit faire.
La métaphysique est le plus creux des romans quand on veut lui faire bâtir des systèmes surnaturels ; mais, quand on se borne à lui demander l’explication naturelle et rationnelle des faits dont nous sommes entourés et que notre légèreté nous empêche d’approfondir, la métaphysique n’est plus le roman du cœur ou de l’esprit, elle est la sibylle infaillible de la raison ; elle vous dit le mot de tout ; elle a la clef de tout ; elle ne vous mène pas bien loin, parce que, au-delà d’un certain nombre de pas dans l’inconnu, tout est mystère ; mais, ce petit nombre de pas dans l’inconnu, elle vous les fait faire avec sûreté, et, quand elle n’y voit plus clair, elle s’arrête et elle vous dit : Je ne sais pas.
Ses successeurs, malgré les agitations que les secousses de la révolution française imprimaient à l’Italie, poursuivirent en paix le système libéral et populaire de Léopold.
— Je fis ce qu’il me dit, et ce noble et généreux conseil devint pour moi dès lors un système.
« Cette note demandait encore que l’on entrât dans le système de l’Empereur, que le Pape fît la guerre aux Anglais, qu’il reconnût pour ses amis et pour ses ennemis les amis et les ennemis de l’Empereur, et autres choses semblables, conséquences de sa prétendue soprasovranità.
De cet excès de confiance dans la vue de l’esprit est résulté ce mélange de systèmes faux et de théories vraies, de rêveries brillantes et de divinations fécondes, qui se heurtent dans ses œuvres.
À côté de lui est un grand gaillard brun et grave, un homme de la Bourse, toqué d’Égypte, et qui, sous le bras, un plâtre d’un Chéops quelconque, expose en phrases solennelles son système de travail : se coucher à huit heures du soir, se lever à trois heures, prendre deux tasses de café noir, et aller en travaillant jusqu’à onze heures.
* * * — Tous les systèmes, toutes les religions, toutes les idées sociales se sont produits ici-bas.
On la mettait sur le compte de l’équilibre du système nerveux, de l’abstention du tabac.
Ces vers attestent que le poète ne restait terre à terre que par système, mais qu’il pouvait, s’il l’avait voulu, déployer des ailes dans une région plus haute de la pensée.
Barrande a dernièrement ajouté au système Silurien un autre étage inférieur, très abondant en espèces toutes spéciales à cette formation.
Rejetant tout système préconçu qui serait étranger à l’art, ne nous préoccupant ni des sciences ni des philosophies, nous tenterons d’étudier les êtres en eux-mêmes et dans leurs rapports vitaux avec leurs milieux.
On peut la deviner, tant c’était un homme de bon sens, cet Aristophane, mais enfin on ne dit pas ce que deviennent les partageux de cette comédie ; on n’a que le commencement de leur cantique et il faut bien s’en contenter ; seulement, à l’acte suivant, on voit que le poète comique a repris le dessus et qu’il accable, de son ironie et de son mépris, le grand système ! C’est ainsi qu’Aristophane se moque du grand système par la bouche de Chremyle le bourgeois. — Ô surprise !
Toute concurrence serait impossible devant le système du grand vulgarisateur. […] Quel que fût le système d’un artiste et quel que fût son art, quand même il serait de ceux — et qui donc l’en blâmerait ? […] En somme, nous concevons, mes amis et moi, sans nous y conformer, le système poétique de Stéphane Mallarmé.
La marquise passa après nous, emplissant toute la niche de sa corpulence et de ses falbalas ; puis vint la grand-mère, grognant et ricanant de ce drôle de système. […] La maîtresse était moins farouche, cette fois ; mais la nouvelle méthode, assez vague, l’enseignement plein de distraction et de mollesse, donnèrent des résultats analogues à ceux du premier système. […] Mais il dut renoncer à ce système, le jour où, avec une naïve impudence, nous lui proposâmes de supprimer la morale, et de donner tout de suite les quarante sous.
. — Le monde croulerait, dit au contraire Renan, qu’il faudrait philosopher encore, et j’ai la confiance que si jamais notre planète est victime d’un nouveau cataclysme, à ce moment redoutable, il se trouvera encore des âmes d’hommes qui, au milieu du bouleversement et du chaos, auront une pensée désintéressée et scientifique, et qui, oubliant leur mort prochaine, discuteront le phénomène et chercheront à en tirer des conséquences pour le système général des choses4. […] Épousant enfin avec trop de chaleur la cause des érudits et oubliant un peu le grand et hardi penseur qu’il est lui-même, Renan en vient à faire cette imprudente profession de principes et de foi : « Notre méthode est par excellence la méthode désintéressée ; nous ne travaillons pas pour nous ; nous consentons à ignorer, afin que l’avenir sache ; nous travaillons pour l’humanité, bien différents de ces égoïstes penseurs des premiers âges, qui cherchaient à improviser pour eux un système des choses plutôt qu’à recueillir pour l’avenir les éléments de la solution. » J’ai quelque honte de mettre en doute la possibilité d’une si belle abnégation, et je veux m’efforcer de croire qu’il s’est rencontré des érudits assez purs pour se désintéresser de la science elle-même, désintéressement prodigieux au prix duquel l’indifférence à la gloire n’est rien. […] Macaulay, dans un passage éloquent de son essai sur Oryden, a fait une concession imprudente aux doctrines fatalistes qui, dans la suite logique des faits généraux de l’histoire, réduisent au rôle d’agents à peu près négligeables le génie et la volonté des individus : Sans Copernic nous aurions le système de Copernic, sans Christophe Colomb l’Amérique eût été trouvée, sans Locke nous aurions une théorie juste de l’origine des idées dans l’esprit de l’homme. […] Lucrèce, grand poète, n’a pas une vraie originalité comme métaphysicien, puisqu’il n’est que le plus éloquent disciple de Démocrate et d’Épicure ; ne faut-il pas être aveuglé par ce respect superstitieux de l’antique qui fait confondre la rouille avec l’or pour ne point voir qu’un degré de plus d’imagination et de génie proprement poétique aurait très heureusement débarrassé sa Muse de cette gangue des systèmes où ses ailes sont trop empêtrées ?
Il y a une première exubérance, une griserie des horizons nouveaux vaguement entrevus, des excès de toutes sortes qui dépassent le but et qui tombent dans l’arbitraire du système abhorré dont on vient de combattre les abus. […] pour lui emprunter davantage sa rhétorique, son système de confidents, de déclamation, de récits interminables ; mais pour revenir à la simplicité de l’action et à l’unique étude psychologique et physiologique des personnages. […] Seulement, avec ce système, toute dignité littéraire est impossible, le critique n’est plus qu’un reporter ; autant le remplacer par un télégraphe qui irait plus vite. […] C’est là aujourd’hui la meilleure méthode critique, lorsqu’on l’emploie sans outrer l’esprit de système. […] Et cela s’explique aisément : la Révolution est encore trop voisine de nous, pour que notre système de mensonge, dans les pièces historiques, puisse lui être sérieusement appliqué.
Champfleury : l’écrivain spontané, l’homme de jet et de tempérament, qui est l’auteur des nouvelles, — et le serf, la victime d’un système, qui est le romancier. […] Comment un esprit, si fin qu’il en est subtil, a-t-il pu se faire le serviteur d’un si grossier système ? […] Cette fois, l’homme à système disparaît dans l’artiste, et le roman est bien un roman. […] Remercions M. d’Aurevilly d’avoir exposé si carrément toutes les conséquences du système catholique bien appliqué, conséquences qui ne pouvaient être proclamées que par un ennemi de l’Église ou par un ultramontain entier comme ce disciple de Joseph de Maistre.
Les résultats d’un pareil système sont pires en français, si l’on se propose de copier les expressions élégantes des grands écrivains. […] « Je ne croirai pas aisément, dit Nodier, à la perfection d’une imitation de style d’une certaine étendue, parce que le système de la composition me détromperait, même quand la composition de la phrase me ferait illusion. […] Il a eu les qualités et le parti pris de ce système. […] Voici comment Taine, qui a lui-même de beaux exemples du style à antithèses, loue le style antithétique de Cornelis de Witt, auteur d’un ouvrage sur Washington : « Les symétries de la pensée sont opposées membre à membre, pour que la symétrie des tours mette en lumière la symétrie des idées ; et la phrase, construite avec la force d’un système, se déroule avec la noblesse d’une période.
Le bien, c’est qu’il n’y a pas eu ici ombre de système, rien qui sente l’auteur ; rien même qui sente le peintre : ce délicieux Terburg est venu sans qu’il y ait eu de pinceau.
On écrit d’après un système, il faut connaître son sujet.
Une intuition pure est chose impossible dans le système même de Kant.
Nous connaissons des différences corrélatives, non seulement à l’un des sexes exclusivement, mais encore à cette courte période de la vie ou de l’année pendant laquelle le système reproducteur est actif : tel est le plumage nuptial de beaucoup d’oiseaux, et tel est encore le crochet de la mâchoire du Saumon mâle.
Je ne mérite point cette faveur ; mais si j’en étais digne de quelque manière ce serait pour avoir donné beaucoup au sentiment et rien à l’esprit de système. […] Les systèmes philosophiques ont réussi en raison du génie de leurs auteurs, sans qu’on ait jamais pu reconnaître en l’un d’eux des caractères de vérité qui le fissent prévaloir. […] Il n’a qu’un soleil, tandis que beaucoup de systèmes en ont deux ou trois. Son astre central doit avoir peu d’éclat, vu des systèmes les plus voisins.
Edmond et Jules de Goncourt ont été dans l’obligation de chercher leur originalité laborieuse dans l’exagération d’un système qui proclame et introduit le matérialisme dans l’art. […] Dans ses livres, l’exception humaine revêt un esprit et un corps sous la magie du style ; mais l’homme ne vit pas ; il n’est pas cadavre non plus il est mensonge, système, thèse arbitrairement soutenue dans l’intérêt de certaines idées philosophiques, qui changent avec les conversions multipliées de l’écrivain.
Flourens, armé de documents irréfutables, a consacrés aux grands travaux accomplis par le Tsar dans son Empire, réorganisation de son immense armée, création de gigantesques lignes de chemins de fer, amélioration du système financier, etc., etc., toutes révolutions pacifiques intérieures qui ont eu pour effet de concentrer les forces autrefois éparses de la Russie. […] Frédéric Masson explique comment la logique découlant des faits l’a conduit à reconnaître la nécessité providentielle de Napoléon dans l’histoire de la France, et pourquoi il s’est rallié au système impérial. […] Schuré a pris les éléments de ce livre qu’il sous-intitule : Esquisse de l’Histoire secrète des Révolutions et qui, à l’opposé de l’Histoire de tous les cultes, de Dupuis, ouvrage aride dont les conclusions ne reposent que sur un système, offre tout l’intérêt d’une œuvre littéraire.
Faire la synthèse de l’Europe, bâtir des systèmes, suivre le développement des doctrines, ce sont de beaux programmes, mais d’une application délicate, si l’on veut éviter le pédantisme et le paradoxe. […] Il s’en était fait un système, qu’il a exposé dans la préface de ses Reisebilder102. » Voici ce que dit Heine dans cette préface103 : « Il sera toujours difficile de déterminer comment on doit traduire un auteur allemand en français. […] On s’est moqué des causeries anecdotiques que Jules Claretie alimentait par un intelligent système de fiches.
Ampère a peut-être cédé un peu plus qu’il ne fallait à la tentation de faire un système ; je ne vois pas que M. […] Guizot des généralisations trop ambitieuses et trop compréhensives : il a pu se tromper ; mais ses systèmes n’étaient point bâtis en l’air, ils avaient un fondement, et l’esprit humain ne peut pas se contenter de notions empiriques, il a besoin de théories. […] Abandonner les droits de citoyen dans le combat qui va s’engager entre un parti faible, mais relativement honnête, et le parti de la subversion et du crime, c’est à mon avis se rendre indirectement solidaire du mal plus grand qui résultera de cette absence de combattants, c’est tomber dans cet exécrable système qui fut celui de tous les fanatismes humains depuis la Saint-Barthélemy jusqu’à 93, de faire ou de permettre le mal pour le bien. […] Dans une lettre à Virieu il ne manque pas de faire ressortir le grand enseignement contenu dans ce fait : « Je persiste à trouver l’inertie des chefs royalistes mauvaise et immorale… Je vois tous les jours combien dans la pratique mon système produirait des résultats différents du leur.
Cela est venu plus tard, je ne sais comment, par la multiplicité des expériences et des comparaisons et par quelque affinement des sens et de tout le système nerveux. […] Par ce procédé toutes les suppositions sont possibles, et, sauf la mort des personnages, laquelle tranche toute question, il n’y a pas un dénouement qui résiste à l’application de ce système, etc. » C’est le langage même du bon sens.
Au surplus, du moment que les habitants de la lune sont représentés par de misérables hommes comme vous et moi, il était tout à fait impossible de les affubler d’un costume qui ne fût pas tout bonnement humain ; et, comme vous savez, en dépit des variétés superficielles de coupes et de fanfreluches, l’habillement humain se ramène à deux grands systèmes, sans plus : celui des draperies et celui des culottes. […] « Leurs yeux sont supérieurs à nos meilleurs télescopes, et leur système nerveux vibre au passage d’une comète et découvre électriquement des faits que nous ne connaîtrons jamais sur la terre. » De plus, ils sont « androgynes ». […] Ils ont pu, par exemple, au moyen de la téléphotographie, prendre des « vues » détaillées de ce qui se passe dans les autres planètes du système solaire. […] Et, comme leur système musculaire doit être plus parfait que le nôtre et, par suite, être beaucoup plus simple et offrir un moindre volume, ce ne sont donc que des têtes montées sur deux ailes et quatre longs membres décharnés.
Il est déiste, partisan de l’immortalité de l’âme, socialiste (et c’est lui qui a inventé le mot de socialisme, à ce que l’on croit), collectiviste et communiste — et libéral aussi, de temps en temps, par une espèce d’horreur du despotisme qu’il voudrait satisfaire tout en adoptant le système communautaire. […] Une égalité adoucie par la solidarité ; une solidarité pénétrant l’égalité et en la pénétrant l’adoucissant, et en l’adoucissant la rendant charmante, et en la rendant charmante l’affermissant : voilà le système, pénétré lui-même du plus aimable et du plus naïf optimisme, qui est, autant qu’on peut se rendre compte, celui de Leroux. […] Les cahiers des villes et les cahiers généraux du tiers demandent l’impôt consenti par la nation, la liberté civile et l’abolition des lettres de cachet (sauf, ce qui est curieux, celles qui seraient sollicitées par les familles contre un membre dont la conduite serait notoirement dépravée), la liberté de la presse, la simplification du système d’impôts, l’accessibilité à tous les emplois publics pour tous les citoyens, la responsabilité des ministres devant les états généraux. […] Seulement, M. de Gourmont étant philosophe, je veux dire ayant, sinon un système philosophique, du moins un esprit philosophique et une tendance philosophique générale, ces réflexions ne laissent pas, mises bout à bout, de faire un livre.
Le système de la « paix à tout prix » fit croire aux bourgeois censitaires que la France ne ferait plus jamais la guerre, sauf dans les endroits où les petites gens et les vaillants princes sont seuls admis à l’honneur de cueillir des lauriers pour les classes « digérantes ». […] Il est inexact d’attribuer les dernières victoires des Prussiens à telle ou telle branche de leur système militaire, et ce serait faire injure au vainqueur que de chercher dans l’excellence même d’un système l’unique explication des événements de l’été dernier… Ce qu’il nous importe de dire et ce que nous croyons vrai, c’est que si la Prusse a pu presque instantanément mettre en ligne une armée considérable, très instruite, bien commandée, complètement pourvue et, à défaut d’expérience, animée du plus vif sentiment de l’honneur ; si elle a pu opérer à la fois sur l’Elbe, sur le Mein, dans la Thuringe, et, tout en dispersant les levées de la Confédération germanique, envahir la Bohême avec des troupes supérieures en nombre et en organisation aux légions vaillantes et aguerries que lui opposait l’Autriche, elle doit ce grand résultat aux institutions militaires qu’elle a su maintenir, coordonner, développer pendant la paix. » Et il ajoute : « Les institutions militaires ne donnent pas, ne garantissent pas la victoire ; elles donnent le moyen de combattre, de vaincre ou de supporter des revers.
Le système de composition, chez lui, fut la nouveauté. […] L’inconvénient en effet de l’expression qui bouge, c’est que survienne le moment où elle aboutit à la trépidation, et cette trépidation se rattache chez les Goncourt au fait qu’ils ont érigé le système nerveux en une valeur différenciée et consciente à l’excès. […] Elle suppose qu’un système nerveux infiniment délicat soit maintenu en sa perfection d’équilibre ; elle ne suppose pas moins une sensualité. […] Il écrivait ici en février 1924 : « l’idée de la relativité pénètre lentement, mais invinciblement, le système entier de nos conceptionsin ».
Il célèbre en strophes ou en hexamètres la paix de Ryswick ou le système du docteur Burnet ; il compose de petits poëmes ingénieux sur les marionnettes, sur la guerre des pygmées et des grues ; il apprend à louer et à badiner, en latin, il est vrai, mais avec tant de succès que ses vers le recommandent aux bienfaits des ministres et parviennent jusqu’à Boileau.
Je vous félicite d’avoir cédé à votre talent, en le dégageant de tout système.
Rousseau, Chateaubriand dans Atala ou René, et, de nos jours, Mme Sand, se livrent, sous la forme de roman, au lyrisme le plus transcendant de leur génie, et, pour flatter tantôt l’aristocratie, tantôt la religion, tantôt la démocratie du temps, chantent depuis les licencieuses amours de la Nouvelle Héloïse ou depuis les ridicules systèmes d’éducation de l’Émile, éminemment propre à former un peuple de marquis, jusqu’aux rêveries grotesques et féroces d’un socialisme et d’un communisme qui nient la nature, et qui prétendent refaire le monde mieux que le Créateur.
Et, après avoir conté l’histoire de la courtisane Afra, qui devint chrétienne et fut martyre : Mets de côté ta passion, tes systèmes et tes livres, ô, George.
Corneille, en ne souffrant que des femmes capables de l’héroïsme des hommes, suivait sa nature et son système.
Hubert, janséniste déguisé, qui substituait à la doctrine de la prédestination pure celle de l’impuissance morale, et imaginait le système des deux délectations.
Et j’aime à me figurer que l’atelier de Rembrandt était au midi, et que par un système quelconque, un arrangement de rideaux, par exemple, il dirigeait un jour ensoleillé sur son modèle, l’amassait sur ce qu’il voulait, le dardait à sa volonté, peignant, en un mot, les choses et les êtres non plus éclairés par un jour des Limbes.
Lundi 19 juillet C’est absurde, ce ferment batailleur qu’il y a en moi, avec cette impressionnabilité du système nerveux, qui dans les imaginations de la nuit et de l’insomnie, à propos des choses les plus simples, me fait entrevoir les complications les plus malheureuses, les conflits des plus violents.
On sent beaucoup moins le système que la méthode.
Celui qui a dit de Victor Hugo qu’il résumait à lui seul la poésie du xixe siècle a sans doute entendu marquer par là, d’une façon ironique et piquante, qu’il avait passé sa vie à démarquer le système de ses plus illustres contemporains.
Gœthe, le penseur du xixe siècle, l’incrédule Arlequin fait des pièces et morceaux de tous les systèmes, depuis Platon jusqu’à Leibniz, ce pieux impie qui dit également, dans la même page, Dieu et les dieux, a parlé le premier des étoiles qui ont conjoint à sa naissance.
On part, on cause, la conversation tombe sur les divers systèmes des philosophes ; Chapelle est pour Gassendi, Molière est pour Descartes ; et chacun d’eux, afin de ranger le moine de son parti s’écriait : n’est-il pas vrai, mon révérend père ? […] Dimanche, le gros bon sens de Sganarelle, l’opposition d’un impie à grands systèmes, avec un valet ignorant par qui le premier est sans cesse confondu, et auquel, pour toute réponse, il est forcé de dire avec autorité : paix ; la naïveté des paysans, l’aimable simplicité des petites filles séduites, les leçons vigoureuses de dom Louis, la générosité des frères d’Elvire, enfin, le portrait si sublime de l’hypocrisie nous préparant d’avance à la perfection du Tartuffe. […] Enfin, si je joue le rôle de Célimène, j’observe d’abord que je suis ce qu’on appelait une coquette du grand monde, et non une bourgeoise qui tient cercle ; que je dois être mise noblement, et non comme une marchande de modes : si je descends ensuite avec Molière dans le cœur humain, j’y lis qu’il y a loin d’une coquette à une femme facile ; que la première, par système, se garde bien d’affranchir ses esclaves en les rendant heureux ; j’y vois que si mes regards, ma contenance assurée avec décence, ne démentent pas leur ton avantageux, mon personnage est non seulement tout à fait manqué, mais que je porte un coup mortel à tous ceux de la pièce : ma cousine Éliante aura tort de m’excuser ; la prude Arsinoé aura dit vrai ; le courroux des deux petits maîtres sera moins comique ; enfin, Alceste ne pourra, sans se dégrader, oublier mes torts et m’inviter à le suivre dans son désert ; disons plus, si je suis une femme perdue, je dois accepter sa proposition.
Le système est fait, ils ne peuvent que l’ordonner et le commenter.
Point de système, point de métier, une pure éloquence naturelle ; des rimes imparfaites, des négligences, des incorrections, rien du versificateur.
L’on sait de quelle importance sont en classification les caractères tégumentaires ; or, tous les poissons électriques ont la peau nue, et, dans un système de classification reposant sur cette base, ils seraient tous placés dans le même ordre.
Je mettrais à tout ce système plus de vraisemblance et de clarté, si j’en avais le temps.
Nous comprenons par lui, comme par La Bruyère ou Nicole, la force de la prévention, l’entêtement du système, l’aveuglement de l’amour. […] Ils sont épicuriens par système, séducteurs par profession.