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707. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1879 » pp. 55-96

* * * — Une jeune fille du grand monde, me contait aujourd’hui, qu’une de ses amies, décidée à épouser un garçon très riche, en dépit d’une saleté repoussante, avait eu l’idée de lui faire ordonner par son médecin, le médecin des deux familles, des bains de vapeur, pour une maladie quelconque, dont il l’avait menacée. […] Son frère, qui est très riche et mourant, doit lui faire 3 000 livres de rente : avec cela, sa place et ses gains de littérature, il se retrouvera à peu près sur ses pieds.

708. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome I « Bibliotheque d’un homme de goût. — Chapitre II. Des poëtes étrangers. » pp. 94-141

Des images riches, agréables & toujours variées ; des peintures naturelles de la vie champêtre, font l’ornement de sa prose. […] On y voit un auteur abondant dans ses expressions, presque toujours juste dans ses comparaisons, riche dans ses images, intéressant dans la conduite de sa piéce.

709. (1856) Les lettres et l’homme de lettres au XIXe siècle pp. -30

Il y a bien des couches dans la profondeur d’un vrai talent ; la première couche peut être riche : qui nous dit que la seconde ou la troisième ne le serait pas davantage, si le chercheur d’or, stimulé par un maître sévère, creusait sans cesse et allait plus à fond ? […] Appuyée sur la science, servie par le commerce et les institutions de crédit, elle a ses princes qu’elle couronne d’un diadème d’or ; grands propriétaires, puissants banquiers, suzerains d’ateliers et de comptoirs, plus riches que des rois et plus indépendants.

710. (1899) Le roman populaire pp. 77-112

L’orgue a-t-il été inventé pour l’unique plaisir des riches, ou n’est-il pas plutôt la preuve d’un effort de génie, pour assembler tous les instruments sous les doigts d’un seul homme et les faire entendre à des foules ignorantes, et, d’autre part, peut-on douter que l’âme de ces foules en ait été embellie et réjouie ? […] Ils la connaissaient sous ses divers aspects, égalité de nature, égalité dans la souffrance et dans le mérite, égalité devant la mort, égalité dans la destinée immortelle, et, s’ils étaient tentés de l’oublier, un grand fait venait la leur rappeler, et c’était, aux mêmes fêtes chrétiennes qui les réunissaient, la participation de tous aux mêmes sacrements, la même dignité morale reconnue aux maîtres et aux serviteurs, aux riches et aux pauvres, égalité, en somme, la plus parfaite, puisqu’elle s’opère par la commune grandeur des hommes.

711. (1919) L’énergie spirituelle. Essais et conférences « Chapitre I. La conscience et la vie »

Or, si nous tenons compte de cette indication et si nous suivons cette nouvelle ligne de faits, nous trouvons que partout où il y a joie, il y a création : plus riche est la création, plus profonde est la joie. […] En lutte avec elles-mêmes et en guerre les unes avec les autres, elles cherchent visiblement, par le frottement et par le choc, à arrondir des angles, à user des antagonismes, à éliminer des contradictions, à faire que les volontés individuelles s’insèrent sans se déformer dans la volonté sociale et que les diverses sociétés entrent à leur tour, sans perdre leur originalité ni leur indépendance, dans une société plus vaste : spectacle inquiétant et rassurant, qu’on ne peut contempler sans se dire qu’ici encore, à travers des obstacles sans nombre, la vie travaille à individuer et à intégrer pour obtenir la quantité la plus grande, la variété la plus riche, les qualités les plus hautes d’invention et d’effort.

712. (1896) Matière et mémoire. Essai sur la relation du corps à l’esprit « Résumé et conclusion »

Mais à mesure qu’on passe des mouvements aux images, et des images plus pauvres aux images plus riches, ressemblance et contiguïté se dissocient : elles finissent par s’opposer sur cet autre plan extrême où aucune action n’adhère plus aux images. […] Non seulement, par sa mémoire des expériences déjà anciennes, cette conscience retient de mieux en mieux le passé pour l’organiser avec le présent dans une décision plus riche et plus neuve, mais vivant d’une vie plus intense, contractant, par sa mémoire de l’expérience immédiate, un nombre croissant de moments extérieurs dans sa durée présente, elle devient plus capable de créer des actes dont l’indétermination interne, devant se répartir sur une multiplicité aussi grande qu’on voudra des moments de la matière, passera d’autant plus facilement à travers les mailles de la nécessité.

713. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre second. De la sagesse poétique — Chapitre VI. De la politique poétique » pp. 186-220

Auparavant, l’ordre des sénateurs, composé entièrement de nobles, occupait seul les magistratures ; les plébéiens riches purent entrer dans cet ordre. […] Dès lors on distingua le patricien du sénateur et du chevalier, le plébéien de l’homme sans naissance (ignobilis) ; plébéien ne fut plus opposé à patricien, mais à sénateur ou chevalier ; ce mot désigna un citoyen pauvre, quelque noble qu’il pût être ; sénateur, au contraire, ne fut plus synonyme de patricien, mais il désigna le citoyen riche, même sans naissance.

714. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre XI. »

Ce jeune Shelley, mélancolique ennemi d’une société où il était né heureux et riche, et où il vivait libre, ce poëte sceptique qui, sur le registre des moines hospitaliers du mont Saint-Bernard inscrivait ironiquement son nom de visiteur, en y ajoutant l’épithète Ἄθεος, dans son rêve du passé et sa folle anticipation de l’avenir, faisait, sous le titre antique de Promet fiée délivré, une sorte de dithyrambe pour l’âge de raison de Thomas Payne, vaine tentative méditée par des esprits faux, dès l’abord noyée dans le sang par des furieux, stérilement reprise par des plagiaires insensés, et dont l’apparente menace ne sert qu’au pouvoir absolu, qu’elle arme d’un prétexte étayé sur la peur publique ! […] Mais, j’ai encore à célébrer une autre gloire de cette ville, le don magnifique d’un Dieu puissant, l’orgueil de cette terre si riche de ses coursiers, de ses jeunes poulains et des flots de la mer.

715. (1874) Premiers lundis. Tome I « M. A. Thiers : Histoire de la Révolution française — II. La Convention après le 1er prairal. — Le commencement du Directoire. »

Elle se déguisa d’abord sous la réaction, frivole en apparence, qu’afficha la classe riche et moyenne de Paris contre les mœurs et les modes de la Terreur.

716. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Troisième partie. Disposition — Chapitre II. Utilité de l’ordre. — Rapport de l’ordre et de l’originalité »

Dans ce siècle, le plus vraiment riche et fécond de notre littérature, nul ne semble se soucier d’inventer sa matière.

717. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre III. Le naturalisme, 1850-1890 — Chapitre IV. La comédie »

La dot devient la misère des jeunes filles riches, l’obstacle au bonheur, dans Ceinture dorée (1855), dans Un beau mariage (1859), dans les Fourchambault (1878), déjà dans Philiberte (1853).

718. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre XI. Trois bons médanistes : Henry Céard, Joris-Karl Huysmans, Lucien Descaves » pp. 145-156

Il n’y a pas de vocabulaire plus riche, de syntaxe plus opulente.

719. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 5, des études et des progrès des peintres et des poëtes » pp. 44-57

Si Raphaël avoit fait plusieurs tableaux d’un coloris aussi vrai et aussi riche, il seroit cité entre les plus excellens coloristes.

720. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Le marquis de Grignan »

Il épousa la fille de Saint-Amans, un riche financier de ce temps ; mais, à cette date de son histoire, Frédéric Masson, l’amoureux de madame de Sévigné, le railleur qui se moque de ce qu’il adore, et dans les moqueries duquel on voit pourtant encore trembler l’amour, n’est plus le riant, le gai, l’ironique historien des premières pages et des premières années de cet enfant ou de ce jeune homme gâté par sa grand’mère, et on n’a plus affaire — changement soudain !

721. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Rome et la Judée »

Nous sommes tous, plus ou moins, incapables de variété profonde, de riche multiplicité.

722. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Madame Sand »

Il fut un moment, en effet, dans l’histoire de Madame Sand, où, par suite d’affaires, elle ne se trouva plus assez riche.

723. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Dante »

On essayait de couper la robe sans couture, de se tailler un capuchon pour sa petite tête dans ce riche et vaste manteau.

724. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Roger de Beauvoir »

Moi qui suis persuadé que la douleur peut magnifiquement féconder un homme, je m’attendais à voir sortir le grand poète, le poète définitif, du fond de cette riche nature de poète qui s’est tant dépensée sur les grands chemins, en entrant dans toutes les auberges ; je m’attendais à le voir clore cette vie qui n’a eu qu’un tort, c’est d’être trop heureuse, mais qui ne l’a plus… Je dirai tout à l’heure les qualités du recueil, et si j’ai cité, à une strophe près, toute sa préface, c’est qu’elle donne bien la teinte générale de son livre, et, comme il le dit lui-même, sa senteur.

725. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Le Conte de l’Isle. Poëmes antiques. »

C’est un masque de talent (je le veux bien), mais un masque qui n’a que deux costumes à son usage, — les acteurs de la pensée sont moins riches que ceux de la scène, — le costume antique et le costume indien.

726. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre cinquième. Retour des mêmes révolutions lorsque les sociétés détruites se relèvent de leurs ruines — Chapitre IV. Conclusion. — D’une république éternelle fondée dans la nature par la providence divine, et qui est la meilleure possible dans chacune de ses formes diverses » pp. 376-387

Mais comme tout devait s’y ramener à l’urne du sort ou à la balance, la Providence empêcha que le hasard ou la fatalité n’y régnât en ordonnant que le cens y serait la règle des honneurs, et qu’ainsi les hommes industrieux, économes et prévoyants plutôt que les prodigues ou les indolents, que les hommes généreux et magnanimes plutôt que ceux dont l’âme est rétrécie par le besoin, qu’en un mot les riches doués de quelque vertu, ou de quelque image de vertu, plutôt que les pauvres remplis de vices dont ils ne savent point rougir, fussent regardés comme les plus dignes de gouverner, comme les meilleurs120.

727. (1882) Autour de la table (nouv. éd.) pp. 1-376

Sa riche et étrange coiffure est-elle en rapport logique avec sa nudité ? […] Si nous étions tous riches, nous arriverions très facilement à ne pas rendre nos sépultures dangereuses pour les populations ; mais comme les riches sont le petit nombre, et que le grand nombre est forcé de faire de ses dépouilles une sorte de voirie et un foyer d’infection, il serait grand temps de réformer ce fatal système. […] Ce sentiment du beau matériel, dont l’art était pour nous l’expression naguère, s’applique désormais, riche des formes que l’art nous inspire, à des sujets plus étendus et plus graves. […] La longue et riche chaîne des travaux de Goethe me confirme dans cette conviction, qu’il est artiste plus que poète. […] Avec deux affaires comme celle-là dans l’année, j’étais riche et satisfait.

728. (1903) Légendes du Moyen Âge pp. -291

Assurément la végétation eût été plus belle et plus riche au mois de juin, et d’autre part j’aurais eu plaisir à me trouver à Roncevaux le 15 août, au jour anniversaire de la bataille ; mais, en somme, nous avons été favorisés dans notre visite par un temps exceptionnel en cette saison. […] À vrai dire, on ne voit pas bien en quoi la trahison consiste : Ganelon, envoyé à l’émir de Saragosse et gagné par de riches présents (dans la Chanson, poussé aussi par sa haine contre Roland), lui conseille simplement de simuler la soumission et d’attaquer l’arrière-garde quand l’armée de Charles passera les monts. […] C’est la mise en action, sous une autre forme, de la parole évangélique : « Il est plus facile à un chameau de passer par le trou d’une aiguille qu’à un riche d’être sauvé. — Aucun riche ne peut donc être sauvé ? […] Vient ensuite la maison du mauvais riche. » Tout est digne de remarque dans cette notice, et d’abord l’assurance avec laquelle l’auteur oppose à la bonne foi des simples, qui croient qu’on a rencontré plus d’une fois Jean Boutedieu, la meilleure information des gens raisonnables, qui savent que le personnage en question était Jean Dévot-à-Dieu, l’écuyer de Charlemagne ; puis le rapprochement étymologique de M.  […] « De tout ce qui convient à un homme riche. » 212.

729. (1913) Le mouvement littéraire belge d’expression française depuis 1880 pp. 6-333

La robuste charpente massive et riche ! […] Cette œuvre est riche, réconfortante, idéaliste. […] Hélène de Sparte, pièce beaucoup plus équilibrée, écrite en alexandrins, d’une langue riche et soignée, d’une excellente facture latine, est à l’œuvre dramatique de Verhaeren ce que sont les Rythmes souverains à l’œuvre poétique. […] Pourquoi se laisseraient-ils hypnotiser par leur faiblesse et l’insignifiance de leur volonté vis-à-vis de l’organisme fantastique de l’Univers, puisqu’ils ont la faculté d’apprécier en leur fragile existence un phénomène assez riche pour se suffire à lui-même et satisfaire leur ardeur, car seul il relève de la réalité ? […] Une pensée riche et pénétrante, un esprit juste non sans ingéniosité, le souci incessant de ne point voir mesquin, de rechercher les causes, de supputer les effets, en un mot la solidité perspicace de sa méthode élève Nautet à la hauteur d’un historien littéraire.

730. (1913) Les livres du Temps. Première série pp. -406

Il croit que Flaubert, riche et indépendant, a « mené l’existence des viveurs de province », ce qui est fâcheux, car « pauvre il eût travaillé » ! […] La Révolution a supprimé l’Académie royale, banni ou ruiné les riches amateurs, détruit le prestige de l’art français en Europe. […] Flaubert oublie son nihilisme et Châteaubriand son ennui pour peindre dans la joie : lorsqu’on a de si riches palettes, on ne peut constamment y broyer du noir. […] Les progrès du bien-être, du machinisme industriel, d’une civilisation pratique et individualiste qui a placé l’homme sur un piédestal, n’ont pu satisfaire la multitude qui s’ennuie, qui envie les riches et qui manque d’aliment moral. […] Louis Barthou, dont la collection est déjà fort riche en autographes de ce poète.

731. (1888) Poètes et romanciers

Hugo est beaucoup plus riche dans la satire À propos d’Horace. […] qu’il soit fétiche, Loup, bœuf, ibis, singe, éléphant ; Qu’il soit cet Olympe si riche En symboles d’un monde enfant. […] dit-elle en s’éveillant : J’épousais un vieux mari et j’étais riche ! […] Quand il a réussi à encadrer dans quelques rimes riches et insignifiantes un beau vers, un trait d’imagination ou de sentiment sur lequel s’arrêtera l’attention du lecteur, l’artiste est content, ou plutôt il est à bout. […] Avec son imagination savante, quels riches tableaux il aurait pu tracer !

732. (1866) Nouveaux essais de critique et d’histoire (2e éd.)

Comment devenir riche ? […] La plupart de ses fripons se trouvent à la fin riches, titrés, puissants, députés, procureurs généraux, préfets, comtes. […] Sa lésine est d’autant plus basse qu’il est né riche bourgeois, et que son rang l’oblige à garder valets, diamants et voitures. […] Il est respecté par les plus riches bourgeois, qui lui font la cour espérant épouser sa fille. […] Bolton, fils d’un riche armateur, fut huit ans missionnaire à Paris, ne gagnant le plus souvent que dix francs par mois.

733. (1846) Études de littérature ancienne et étrangère

Qu’on lise son cinquième chant sur la formation de la société, et qu’on juge si la poésie offrit jamais un plus riche tableau. […] Et maintenant, parmi cette libre et riche variété de tant de littératures modernes, Virgile n’a pas perdu sa puissance. […] À dix-huit ans et demi, il épousa la fille d’un riche fermier du voisinage, Anna Ataway, qui avait alors vingt-six ans. […] Nulle part Delille n’a montré un plus riche et plus heureux naturel, plus d’originalité, de chaleur et d’éclat. […] Jeune encore, il se remaria l’année suivante à miss Catherine Gordon de Gight, riche et noble héritière d’Écosse, qu’il séduisit par ses agréments et l’éclat de son nom.

734. (1896) Journal des Goncourt. Tome IX (1892-1895 et index général) « Année 1894 » pp. 185-293

Or — c’est curieux et personnel à la race hébraïque — l’autopsie avait lieu le plus souvent chez un banquier, chez un riche juif de l’endroit, dont les enfants voulaient préserver leur avenir, des maladies de leur père. […] C’est un exemplaire des Maîtresses de Louis XV, la dernière reliure de Capé, faite en imitation des riches reliures à arabesques fleuronnées du siècle dernier. […] En fait d’objets chinois ou japonais, il y a encore sur les murs, deux panneaux de Coromandel, ces riches panneaux de paravents, à intailles coloriées, où des fleurs et des poissons ressortent si bien du noir glacé de la laque ; — un bas-relief composé d’un bâton de commandement, en jade, posé sur un pied de bois de fer, admirablement sculpté ; — une plaque de porcelaine ayant dû servir à la décoration d’un lit d’un grand personnage, une plaque de porcelaine de la famille verte, où les peintures de la porcelaine arrivent à la profondeur intense des colorations d’émaux, enchâssés dans le cuivre ; — une grande sébile en bois (destinée à contenir des gâteaux secs), où un quartier de lune, fait d’une plaque d’argent, brille au milieu des aiguilles du noir branchage verticillé d’un sapin. La cheminée porte, entre deux flambeaux d’émail de Saxe, une petite pendule du xviiie  siècle, et se trouve surmontée d’une glace dans un cadre en bois doré du plus riche contournement, terminé par un cœur flamboyant, traversé de deux flèches enguirlandées de fleurettes. […] Lundi 17 décembre Une conversation à voix basse entre deux garçons de café, chez Riche : — Des chevaliers d’industrie, je te dis !

735. (1817) Cours analytique de littérature générale. Tome II pp. 5-461

mais les modernes sont en cela plus riches que le peuple grec, et de plus, instruits par son érudition première, et par les exemples qu’il a prodigués à la postérité. […] Ses conducteurs désirent en outre lui faire combler la ville de tant de biens, que les débats jaloux des riches et des indigents y soient terminés, et que tous les citoyens jouissent d’une égale opulence. […] Le bourgeois Chrémyle ne croit plus qu’il faille s’écarter du sentier de l’honneur pour devenir riche ; il le pensait, n’ayant vu dans la misère que les vertus et la science, tandis que les fourbes, les menteurs, les débauchés, et les intrigants, étaient seuls heureux et fortunés. […] Ici, ce n’est que la sottise des alliances disconvenantes entre les manants riches et les nobles gueux. […] Mais sied-t-il qu’un tel insolent, dont la vanité réside dans les hasards de sa haute naissance, et qui compte pour rien le patrimoine, s’abaisse, en aventurier, à se vanter d’une opulence qu’il n’a pas, et rougisse de son père appauvri, au point de l’introduire dans la maison riche à laquelle il s’allie, par intérêt de fortune, sous le nom et sous l’apparence d’un intendant obscur de ses fermes ?

736. (1915) Les idées et les hommes. Deuxième série pp. -341

La drôle de maison, riche de corridors et de greniers ! […] Or, Guillaume Cotin et Thibault de Vitry étaient, en 1456, de vieux, riches et gros chanoines de Notre-Dame. […] Par l’oncle ou autrement, il aura des avis relatifs à un religieux d’Angers très riche et qu’il sera fructueux de dévaliser. […] Puis, les paroles de l’Écriture sont les riches symboles de vérités variées et nombreuses, dogmatiques et morales. […] Puis, un jour, Geneviève épousait un certain Calvières, un industriel, un homme riche.

737. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des pièces de théâtre — Préface de « Cromwell » (1827) »

Et en effet, le cœur de l’homme, jusqu’alors engourdi par des cultes purement hiérarchiques et sacerdotaux, pouvait-il ne pas s’éveiller et sentir germer en lui quelque faculté inattendue, au souffle d’une religion humaine parce qu’elle est divine, d’une religion qui fait de la prière du pauvre la richesse du riche, d’une religion d’égalité, de liberté, de charité ? […] Nous dirons seulement ici que, comme objectif auprès du sublime, comme moyen de contraste, le grotesque est, selon nous, la plus riche source que la nature puisse ouvrir à l’art. […] Et ici, que la jeune littérature, déjà riche de tant d’hommes et de tant d’ouvrages, nous permette de lui indiquer une erreur où il nous semble qu’elle est tombée, erreur trop justifiée d’ailleurs par les incroyables aberrations de la vieille école. […] La matière était riche.

738. (1857) Cours familier de littérature. IV « XXIIe entretien. Sur le caractère et les œuvres de Béranger » pp. 253-364

Un fermier riche et de son âge, Qu’elle espérait voir son époux, La quitta, parce qu’au village On riait de ses cheveux roux. […] Combien de fois moi-même, dans des réunions d’un ordre moins plébéien, à la campagne, avec le riche cultivateur, le curé, le notaire, le médecin, l’officier en retraite groupés autour d’une table rustique à la fin du jour, combien de fois n’ai-je pas entendu le coryphée libéral du canton entonner au dessert, d’une voix chevrotante, la chanson du Dieu des bonnes gens, du Vieux Sergent, de la Bonne Vieille, tandis que la table tout entière répétait en chœur, excepté moi, le refrain aviné, et qu’une larme d’enthousiasme mal essuyée sur la manche du vieil uniforme tombait entre la poire et la noix dans le verre du vétéran ! […] Il s’en allait à pied, dans la poussière ou dans la boue, d’une extrémité de Paris à l’autre : il présentait ses requêtes à toutes les administrations, il quêtait pour le pauvre chez tous les riches, il visitait dans tous les hôpitaux les malades pour lesquels il avait obtenu un lit ; puis, quand il lui restait un peu de marge de sa journée, après ces sacrés devoirs accomplis, il venait s’asseoir et causer au coin de mon foyer ou au chevet de mon lit avec la quiétude d’une conscience qui a la satisfaction de sa journée sur le cœur. […] Construisons ce mausolée ære publico, sou par sou, avec le denier du pauvre et du riche, afin que ce sépulcre impartial, voté par les uns, adopté par les autres, soit l’autel de la concorde et devienne la propriété commune de tous ceux qui aiment la patrie jusque dans ses égarements, la liberté jusque dans ses éclipses, la probité jusque dans ses haillons !

739. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Les poëtes français. Recueil des chefs-d’œuvre de la poésie française »

le rubis, l’émeraude, Dont ses bras et son front ruissellent étoilés ; Tout ce que la nature a de riche et de frêle, Tout ce qu’a pu rêver le goût le plus hardi, Tout cet or répandu, tout cet art, tout ce zèle, Pour que Suzon l’efface en robe d’organdi, Ou qu’on dise : « Voyez comme elle est encor belle ! 

740. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « en tête de quelque bulletin littéraire .  » pp. 525-535

Avec sa généreuse et facile indulgence, il a favorisé à l’entour ce qu’il importait plutôt de restreindre, et, dans les propres développements de sa riche nature, il est allé, cédant de plus en plus lui-même à ce qu’il eût fallu repousser.

741. (1874) Premiers lundis. Tome II « Des jugements sur notre littérature contemporaine à l’étranger. »

En réponse à l’admiration, à la bienveillance enthousiaste avec laquelle nous avons accueilli ses derniers grands hommes, l’Angleterre, en particulier, découronnée comme elle l’est aujourd’hui de ses plus beaux noms littéraires, se montre d’une sévérité singulière contre la France, qui, seule pourtant, depuis la disparition des Goethe, des Schiller, des Byron et des Scott, continue d’offrir une riche succession de poètes, et une variété renaissante de talents.

742. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Conclusion » pp. 355-370

Nous savons que si Corneille est inégal, c’est qu’il est souvent sublime ; nous savons que si l’imagination de Molière n’est pas riche en fantaisies comme celle de Shakespeare, c’est qu’il peint la réalité comique plus fidèlement.

743. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Deuxième partie. Invention — Chapitre V. Des personnages dans les récits et dans les dialogues : invention et développement des caractères »

a pu tenir dans une courte existence d’enfant entre la première communion et le premier examen ; alors votre expérience est riche, et il ne vous manquera que de l’appliquer.

744. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre II. Distinction des principaux courants (1535-1550) — Chapitre II. Jean Calvin »

J’y retrouve, sous l’éminente autorité de l’Écriture, sans cesse alléguée et impérieusement dressée, j’y retrouve une pensée nourrie et comme engraissée du meilleur de la sagesse antique, et un sens du réel, une riche expérience qui donnent à tout ce savoir une efficacité pénétrante.

745. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Musset, Alfred de (1810-1857) »

Tant de dons précieux, un esprit si fin, un tact si délicat, une fantaisie si mobile et si riche, une gloire si précoce, un si soudain épanouissement de beauté et de génie, et au même instant les angoisses, le dégoût, les larmes et les cris !

746. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre II. La commedia dell’arte » pp. 10-30

Chacun pouvait se faire un fonds plus ou moins riche de traits conformes à son caractère.

747. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre VI. La commedia sostenuta » pp. 103-118

Mais quand elle voit le riche mobilier, la quantité de livres qui encombrent la chambre, quand elle voit le monceau de monnaie d’or qui a été laissé sur la cheminée par les clients sans doute, elle rougit de ses dix mocenighi.

748. (1920) La mêlée symboliste. I. 1870-1890 « F.-A. Cazals » pp. 150-164

Pères conscrits, qu’on nous ôte de là Ce faux Otto (peccavit Chantalat)28, Et que vos murs, en échange, aient l’étrenne De ces dessins où, plus riche d’éclat, F.

749. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Deuxième partie. Ce qui peut être objet d’étude scientifique dans une œuvre littéraire — Chapitre III. L’analyse externe d’une œuvre littéraire » pp. 48-55

On a bien vite reconnu si la rime est riche ou pauvre, si la césure est régulière ou vagabonde.

750. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — R. — article » pp. 24-41

Notre Poëte a eu l’avantage de s’exercer sur une matiere infiniment riche de son propre fonds, & il a su y répandre toutes les beautés dont elle étoit susceptible.

751. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des pièces de théâtre — Préface de « Ruy Blas » (1839) »

Il a d’abord habité le haut de la société, voici maintenant qu’il vient se loger dans le bas, et qu’il s’en accommode ; il se moque de son parent l’ambitieux, qui est riche et qui est puissant ; il devient philosophe, et il compare les voleurs aux courtisans.

752. (1782) Plan d’une université pour le gouvernement de Russie ou d’une éducation publique dans toutes les sciences « Plan d’une université, pour, le gouvernement de Russie, ou, d’une éducation publique dans toutes les sciences — Quatrième faculté d’une Université. Faculté de théologie » pp. 511-518

Je ne le veux ni pauvre ni riche.

753. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Paul de Saint-Victor » pp. 217-229

L’imagination, dans l’auteur de tant d’éblouissants feuilletons écrits pendant trente ans, toutes les semaines, s’avivait et se renouvelait de la plus opulente mémoire qui ait jamais puisé au torrent de toutes les littératures… On peut dire de la mémoire de Saint-Victor ce qu’on dit de certains riches, écrasants de richesses, « qu’ils ne connaissent pas leur fortune » Chaque semaine de ces trente ans d’éblouissement dont je viens de parler, on s’attendait à l’épuisement de la sienne.

754. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « M. Eugène Talbot » pp. 315-326

Dans ce temps de critique pointilleuse où l’histoire, cette riche draperie, s’effiloche sous le travail des ronge-mailles qui fendent en quatre chaque fil dont elle est faite, ce sera une originalité et un contraste qui auront leur ragoût, que cette vieille et toujours jeune histoire d’Hérodote contrastant, par le respect des traditions et le sentiment des choses divines, avec nos histoires contemporaines, qui mettent Dieu sous la remise et qui sont, elles, si jeunes et cependant si vieilles déjà !

755. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Laïs de Corinthe et Ninon de Lenclos » pp. 123-135

Y a-t-il rien de plus naturel et de plus vulgaire que la position de Laïs quand elle eut hérité des grands biens de son Eupatride, et quand, riche, belle et courtisane, elle conviait à ses repas les hommes les plus célèbres de son temps et faisait bavarder, après boire, toutes ces pauvres sagesses, doublement enivrées ?

756. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Francis Wey » pp. 229-241

En somme, il a toujours passé pour un gaillard d’érudition, très vif, très éveillé, très dispos, et dont la riche santé et le tempérament heureux ont dû inquiéter et mécontenter souventes fois ses maîtres, les bilieux ennuyés de l’Histoire majestueuse !

757. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Gérard de Nerval  »

Il était riche, ou du moins il avait assez pour ne pas craindre ce cruel baiser de la misère qui est une morsure dont les faibles meurent, mais qui fait regimber jusqu’au ciel un homme vraiment fort !

758. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Auguste de Chatillon. À la Grand’Pinte ! »

Je ne sais trop s’il y voit trouble Ou si l’architecte y voit bien : Les plus riches paieront le double, Les pauvres, dit-il, presque rien !

759. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXXV. Des éloges des gens de lettres et des savants. De quelques auteurs du seizième siècle qui en ont écrit parmi nous. »

Peiresc, beaucoup moins riche, sut employer ses richesses avec grandeur.

760. (1890) Derniers essais de littérature et d’esthétique

De riches coffrets et de splendides reliures protègent les livres sacrés des Saints, et au lieu du symbole grossièrement taillé des premiers missionnaires, nous avons de magnifiques œuvres d’art, telles que la croix processionnelle de l’Abbaye de Cong. […] Morris a fait remarquer que nous étions plus riches que le Moyen-Age, et qu’ainsi nous devrions être mieux en mesure d’encourager cette façon charmante de couvrir les murs, qui est absolument sans rivale au point de vue du ton artistique. […] Il n’y a point de sentimentalisme en lui ; il plaint les riches plus que les pauvres, si tant est qu’il plaigne quelqu’un, et la prospérité lui paraît chose aussi tragique que la souffrance. […] La lassitude et la guerre sont les résultats d’une société artificielle fondée sur le capital, et plus cette société devient riche, plus elle s’enfonce en réalité dans la banqueroute, car elle n’a ni assez de récompenses pour les bons, ni assez de châtiments pour les méchants. […] Mais à mesure qu’il avance dans la vie, l’architecture du style se fait plus riche et plus complexe, l’épithète devient plus précise et plus intellectuelle.

761. (1859) Cours familier de littérature. VII « XXXVIIIe entretien. Littérature dramatique de l’Allemagne. Le drame de Faust par Goethe » pp. 81-160

Comment donc un jeune homme riche et indépendant comme vous l’êtes peut-il se prêter à une mauvaise plaisanterie qui finira mal ? […] Une jeune fille, belle, riche, séduisante, mais capricieuse, nommée Lilli, lui donna le désir d’un mariage d’amour et de raison réunis en elle. […] » — Faust supplie Méphistophélès de lui procurer un autre écrin plus riche pour remplacer celui que la mère de Gretchen a enlevé à sa bien-aimée.

762. (1863) Cours familier de littérature. XV « LXXXVIIIe entretien. De la littérature de l’âme. Journal intime d’une jeune personne. Mlle de Guérin » pp. 225-319

Mademoiselle de Cahuzac, d’une maison assez riche pour le pays, avait apporté en dot à M. de Guérin quelques petites terres, et, après la mort de ses grands-parents, une assez grande maison meublée dans la petite ville de Cahuzac. […] X Tel apparaissait le château du Cayla, vieux nid démantelé, qu’habitaient encore les jeunes rejetons de l’ancienne famille, heureux et riches tant qu’ils ne le quittaient pas, pauvres et réduits aux dernières conditions de la société aussitôt qu’ils en sortaient pour chercher dans le monde leur ancienne place. […] On conçoit quelle mélancolie incurable devait être le fond des pensées de ces quatre ou cinq solitaires, riches de passé, dénués d’avenir ; condamnés à languir dans ce petit domaine, ou à être submergés par la loi de la société en sortant.

763. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre onzième »

Soit : il n’y a plus de riches ; mais comment ferez-vous, tous les biens partagés, pour que les parts restent toujours égales ? […] Il lui semble plus moral de dire à Émile : « Les pauvres ont bien voulu qu’il y eût des riches » ; affreux mot qui pourra donner aux pauvres l’idée de retirer la concession, ou, s’ils sont trop sensés pour écouter cette provocation, voilà la charité abolie et la pauvreté aggravée. […] « Il pensait, nous dit-il, faire acte de citoyen et de père, et se regardait comme un membre de la république de Platon. » On voudrait bien croire à une aberration d’esprit ; mais une lettre écrite longtemps avant les Confessions nous donne le vrai motif : « Il a voulu, dit-il, soustraire ses enfants à une société qui n’en eût fait que des décrotteurs ou des bandits, ou qui ne les eût protégés qu’au prix d’infamies. » Et il ajoute : « C’est l’état des riches, c’est votre état qui vole au mien le pain de nos enfants115. » Voilà bien l’utopiste essayant de cacher le père sans entrailles ; il y a, dans ces paroles sauvages, la mauvaise humeur d’un homme qui a conservé assez d’honnêteté pour s’attacher, avec une sorte de rage, à un sophisme qui lui voile sa faute.

764. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1857 » pp. 163-222

Nous qui ne croyons pas qu’avec l’argent on puisse se procurer ni un sens, ni même un bonheur de plus, nous userions de l’argent expérimentalement, nous ferions des folies de dépenses pour essayer entre quatre murs notre originalité, et la légèreté spécifique d’une grosse somme, et le soufflet qu’on peut donner aux adorations de la foule et de la plèbe des riches. […] Octobre Le café Riche semble en ce moment vouloir devenir le camp des littérateurs qui portent des gants. […] Ce serait à faire croire à la postérité, que nous fûmes un peuple de portiers mettant à c… des laveuses de vaisselle, à peine décrassées, dans le décor et le mobilier riche d’un roman de Paul de Kock.

765. (1887) Journal des Goncourt. Tome II (1862-1865) « Année 1864 » pp. 173-235

* * * — De toutes les peintures modernes, celles qui prennent la plus belle cristallisation, qui se revêtent de la plus riche patine, qui se culottent le mieux en chefs-d’œuvre : ce sont les Decamps. […] Il y a dans ce moment-ci un curieux type de filles de la haute volée, se faisant une clientèle de petits hommes, encore au collège, se préparant ainsi, chez les enfants de parents riches, de futurs entreteneurs. […] Dans la soirée, à la première chandelle qu’elle voit allumée, il faut qu’elle se couche, disant : « Si j’étais riche, j’apprendrais à ne pas dormir le soir ! 

766. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1874 » pp. 106-168

Mardi 14 avril Dîner chez Riche, avec Flaubert, Tourguéneff, Zola, Alphonse Daudet. […] J’ai eu un parent très riche et très avare, qui aurait donné de son argent, et pas mal, pour voir tomber du ministère Lamartine, qu’il ne connaissait pas du tout. […] Ils combattent leur répulsion par des cadeaux, et triomphent à la longue de l’antipathie de ces pauvres et faibles créatures, en développant et encourageant chez elles, des désirs de cocottes qu’ils satisfont, à l’instar des riches entreteneurs.

767. (1853) Portraits littéraires. Tome I (3e éd.) pp. 1-363

Assurément le serment du jeu de paume offrait à André Chénier un thème riche en développements de toute sorte. […] Jamais notre langue ne s’est montrée plus mélodieuse et plus riche que dans les périodes qu’André Chénier prête à Homère. […] Il est vivant, animé, riche en images, semé de comparaisons heureuses, et n’est jamais attiédi par des artifices de rhéteur. […] Hugo dans la carrière du roman ; car ce travail n’est pas moins riche en enseignements que l’analyse de ses œuvres lyriques. […] Hugo s’est-il montré dans cette œuvre plus riche, plus varié que dans les romans précédents ?

768. (1924) Critiques et romanciers

Un riche monsieur des environs offre une somme, trois cents francs au moins, de Miraut : vendre Miraut ! […] Cette œuvre courte et sans fatras, riche de sentiments et d’idées, est toujours en chemin, toujours en quête, et ne baguenaude pas, ne se laisse pas divertir. […] Ce sont de remarquables études, riches d’information nouvelle et de chiffres éloquents, dépourvues de toute ironie et de plaisante gaieté. […] L’apprentie épouse un riche bourgeois, qui ne vaut rien, qui la rend si malheureuse qu’elle le quitte. […] Ces deux personnes, qui ne sont plus jeunes, et qui ne sont pas riches, ne rêvent que de bien agir.

769. (1894) Études littéraires : seizième siècle

Il avait l’œil bon déjà et des qualités d’observateur ; car il se rappelle quand il écrit ses Mémoires que la Bourgogne était heureuse, à cette époque, et un peu trop heureuse, amollie, voluptueuse, fastueuse, trop riche. […] À cette époque, le consentement paternel n’était pas nécessaire, et très souvent les jeunes filles riches étaient circonvenues par des entremetteurs intéressés, ecclésiastiques ou autres, pour conclure des mariages où les officieux trouvaient leur compte. […] Genève au xve  siècle était une ville riche, luxueuse et assez dissolue. […] Nous ne nous occuperons guère que de la seconde partie. — La langue française, selon Ronsard et du Bellay, est assez souple, assez agréable et assez forte ; elle n’est pas assez riche. […] Comme idées de détail sur les genres littéraires, le style, la langue et la rythmique, la Défense est très riche encore et très intéressante.

770. (1769) Les deux âges du goût et du génie français sous Louis XIV et sous Louis XV pp. -532

Il offrit au Dieu l’éloquente, la sublime Henriade ; mais ce fut de l’air d’un homme qui a plus d’un riche présent à faire. […] Semblables à ces héritiers fastueux qui, moins riches que ceux à qui ils succedent, ont l’art de le paraître davantage, & chez qui le luxe extérieur couvre, avec éclat, une indigence prochaine. […] Quel riche mêlange d’objets & de couleurs ! […] Il déploie, à son gré, toute la richesse & toutes les ressources de notre Langue, & il prouve combien elle est riche & fertile en ressources. […] Nous sommes si riches, à cet égard, que nous dédaignons de compter nos richesses.

771. (1895) La comédie littéraire. Notes et impressions de littérature pp. 3-379

Et ils cherchent autour d’eux le véhicule qui doit les conduire au but désiré : le mariage riche, l’héritière. […] oui, les riches auraient dû se dépouiller pour les pauvres. […] Fabié n’a pas à son service le riche vocabulaire d’un Gautier, la prodigieuse souplesse d’un Mendès ; il sait son métier, il l’exerce honnêtement, mais sans beaucoup de magnificence ni d’ampleur. […] Elle résiste à la volonté de son père qui voudrait lui faire épouser un riche héritier qu’elle déteste, mais elle résiste avec humilité, avec décence, ainsi qu’il convient à une enfant chrétiennement élevée. […] Il se dit qu’il n’y avait là que des jeux de lumière sur des bijoux et sur des étoffes riches.

772. (1856) Le réalisme : discussions esthétiques pp. 3-105

Non, si l’on réduit le rôle de l’imagination à créer des combinaisons capricieuses, si riches puissent-elles être. […] Courbet est-il bien certain qu’un petit enfant de bourgeois riche entrerait dans un atelier avec ses parents, quand il s’y trouve une femme nue ?) […] Il marche d’un pas assuré dans l’art, il montre avec orgueil d’où il est parti, où il est arrivé, ressemblant en ceci à ce riche manufacturier qui avait accroché à son plafond les sabots qui l’avaient amené à Paris. […] Et lord Byron, inconsolable de son pied boiteux, et qui va se faire tuer en Grèce, parce que, riche à millions, il ne sait plus que faire de la vie. […] Il ne restera plus qu’à développer l’intention d’après un système plus exact, en englobant aussi de la même manière toutes les classes subalternes de la société, dont les arts ne s’étaient pas plus occupés jusqu’à ce jour des paysans ; tout ce petit monde des villes et des bourgades qui, avec les paysans, représente au moins les trois quarts et demi de la population française ; tout ce petit monde si riche en types innombrables qu’il ne s’agit pas plus de créer, que les savants ne créent les objets de leurs découvertes ; si riche en types auxquels il n’y a qu’à attacher la ficelle pour les faire danser comme des pantins, en dégageant de leurs cabrioles soit la moralité discrète, soit l’éclat de rire qui console et fortifie, et alors seulement vous pourrez vous vanter d’avoir réalisé la grande synthèse artistique du monde moderne.

773. (1869) Philosophie de l’art en Grèce par H. Taine, leçons professées à l’école des beaux-arts

Dans le legs que nous avons reçu de l’antiquité se trouve une collection, la plus riche que nous ayons, d’arguments captieux et de paradoxes ; leur subtilité eût trouvé la carrière étroite si elle n’avait poussé ses courses aussi bien du côté de l’erreur que du côté de la vérité. […] Tout est pour lui ; il oblige les riches à lui fournir à leurs frais des chœurs, des acteurs, des représentations et tous les plus beaux spectacles. […] Un méridional, un Grec, est naturellement vif d’esprit, bon et beau parleur ; les lois ne se sont pas encore multipliées, enchevêtrées en un Code et en un fatras ; il les sait en gros ; les plaideurs les lui citent ; d’ailleurs, l’usage lui permet d’écouter son instinct, son bon sens, son émotion, ses passions, au moins autant que le droit strict et les arguments légaux. — S’il est riche, il est imprésario. Vous avez vu que leur théâtre est moins compliqué que le nôtre, et, pour faire répéter des danseurs, des chanteurs, des acteurs, un Grec, un Athénien a toujours du goût. — Riche ou pauvre, il est soldat ; comme l’art militaire est encore simple et qu’on ignore les machines de guerre, la garde nationale est l’armée. […] Pour l’apaiser, deux hommes de la ville, riches et nobles, vont en Asie s’offrir à Xerxès. — Quand arrivent les Perses, toutes les cités consultent l’oracle ; il ordonne aux Athéniens d’appeler leur gendre à leur secours ; ils se souviennent que Borée enleva Orythie, fille d’Erechthée, leur premier ancêtre, et ils lui bâtissent une chapelle près de l’Ilissus.

/ 1723