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1292. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre neuvième »

Tircis répond : Alors ne pense pas que j’épouse un visage   : Je règle mes désirs suivant mon intérêt.

1293. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « VI »

Exclu du Mont-Salvat pour le sacrilège méfait dont Dieu jadis châtia mortellement Onan (car ainsi satisfaisait-il à la règle de virginité des Graliens), ce Klingsor suscita par magie, sur le versant de monts opposés au Mont-Salvat, un château et un beau jardin d’été, lieux d’enchantements et perditions.

1294. (1888) Impressions de théâtre. Première série

Dumas tout le premier, si dur pour Rodrigue et Chimène dans une de ses préfaces, les absout dans une autre sans y prendre garde : « … Je ne nie pas non plus, écrit-il dans la préface de la Dame aux Camélias, qu’il n’y ait (en dehors du mariage) de ces passions irrésistibles, fatales, qu’aucune loi ne peut combattre, qu’aucun raisonnement ne peut vaincre, qui emportent ceux et celles qui les subissent, non seulement au-delà des règles du monde, mais au-delà même des bornes de la terre. […] Huit portraits satiriques défilent, puis une dissertation en règle. […] Il ne faudrait pourtant pas croire qu’elle soit la seule pièce, de Boileau à Diderot, qui viole aussi directement les règles établies par l’auteur de l’Art poétique. […] La fantaisie, l’indépendance à l’égard des règles, et ce qu’on a appelé depuis le romantisme n’ont jamais cessé d’y faire des leurs dans quelque coin. […] Elle y rencontre le marquis d’Arcy, qui l’a aimée autrefois, et à qui elle s’est refusée, par dignité, et aussi parce que la liberté d’esprit doit avoir pour rachat le respect absolu des règles qui maintiennent l’ordre social.

1295. (1898) Essai sur Goethe

Et maintenant que je vois combien de mal m’ont fait de leur trou les maîtres des règles, et combien d’âmes libres sont encore courbées sous leur joug, mon cœur crèverait si je ne leur déclarais la guerre et ne cherchais chaque jour à renverser leurs tours. […] Vous savez, Messieurs, par expérience, comme elles sont faites selon la règle, se ressemblent comme deux souliers, et sont ennuyeuses, par-dessus le marché ; je ne m’étendrai donc pas là-dessus. […] Il devait, d’abord, s’éloigner autant que possible de toute forme classique : point de règles ! […] Enfin, après cinq années, l’affaire s’arrange grâce à l’intervention du comte de Königstein, et se règle par le paiement à Gœtz et à Sindelfinger d’une somme de 1.000 florins d’or, soit, d’après des calculs d’équivalences, vingt-trois fois la valeur de la somme originairement contestée. […] Il l’a opposé à la tyrannie des institutions établies, qui choquaient ses opinions libertaires, comme il opposait Shakespeare aux règles classiques et les ogives de la cathédrale de Strasbourg aux colonnes de l’architecture antique.

1296. (1906) La rêverie esthétique. Essai sur la psychologie du poète

Exprimer sa pensée, toute sa pensée, rien que sa pensée, c’est bien la règle à laquelle le prosateur se sent astreint. […] On a constaté que dans le vers classique, et même dans le vers romantique, il y avait beaucoup trop de règles arbitraires, de prohibitions irrationnelles, d’entraves toutes gratuites à la liberté de l’écrivain. […] Bouleversez comme vous l’entendrez toutes les règles de la prosodie, mais ne touchez pas au rythme.

1297. (1913) Poètes et critiques

Il pourrait rappeler aux réformateurs et aux déformateurs du vers français, à leurs disciples, s’il en reste, que les poètes les plus grands ont dû la moitié de leur gloire à la possession complète du métier : si l’on prétend trouver à cette règle une exception, ce n’est pas plus Verlaine que Gautier qui la fournit. […] Les déclamations de ce jeune garçon contre l’idée de règle et de tradition, impudemment vociférées, aidèrent, semble-t-il, l’homme et le parnassien à s’affranchir de beaucoup trop de préjugés, à s’affermir aussi dans ce projet, déjà formé, de n’écouter, de ne traduire que soi-même. […] Et certes, si Verlaine a dû quelques indications à Desbordes-Valmore, il était beaucoup plus d’accord, de sentiment et de langage, avec Shakespeare, lorsque, aussitôt après avoir transcrit ces vers délicieux, il modulait subtilement quelques préceptes de son art, en homme parvenu à comprendre tout le sens de cette règle des anciens : « La poésie est la musique. » Mais ce n’est pas chez les anciens, c’est dans un des sonnets du Pèlerin féru d’amour (The passionate Pilgrim) qu’il avait trouvé la formule.

1298. (1929) Les livres du Temps. Deuxième série pp. 2-509

Inutile de constater que notre corps ne s’anéantit pas, mais se dissout dans la matière, car c’est de notre pensée qu’il s’agit, et pour lui appliquer la règle du « rien ne se perd, rien ne se crée », il faudrait démontrer d’abord que cette pensée est une substance ou une force, et non pas une simple « phosphorescence », comme le professait M.  […] Vogüé réagit : « Ces défenses puériles, pour ne pas dire révoltantes, n’ont jamais été enfreintes depuis dix siècles ; elles contribuent plus que toute chose à donner un caractère étrange à ce coin de terre, mis hors la loi de nature aussi loin que la fureur ascétique peut la poursuivre. » Il ne dédaigne pas de nous apprendre que cette blancheur est purement idéale, attendu que la règle de saint Basile proscrit l’usage non seulement de la viande, mais des bains, et que les moines portent toute la barbe et ont la chevelure ramenée en nattes sous un haut cylindre d’un tissu grossier : car l’Église orientale a conservé l’antique croyance que le fer ne doit pas toucher la tête de ceux qui se vouent au Seigneur. […] Il faut avouer que ces Turcs qui laissaient les moines se gouverner à leur guise et imposer la règle de saint Basile aux fonctionnaires musulmans étaient de bonne composition.

1299. (1854) Nouveaux portraits littéraires. Tome II pp. 1-419

C’est elle qui l’encourage, c’est elle qui lui donne la passion du bien, la passion du beau ; c’est dans ses yeux qu’il lit la règle de sa vie ; c’est pour lui plaire, pour être digne d’elle, qu’il combat toute mauvaise pensée, qu’il se résout à la pratique des vertus les plus difficiles. […] Laisser faire et laisser dire, se taire et se croiser les bras, ce n’est pas comprendre, ce n’est pas pratiquer la foi catholique ; c’est se conduire comme si l’on avait pris pour règle de sa vie les paroles de Ponce Pilate ; c’est dire en face de toute chose qu’on réprouve : Je m’en lave les mains ! […] L’auteur a bien fait de mettre en scène le père Fauveau, car il était nécessaire que l’opinion acceptée comme règle universelle de conduite fût représentée par un esprit tout à la fois honnête et obstiné. […] Prouver qu’une femme, en préférant son mari et ses enfants à toutes les séductions du monde, en fermant l’oreille à la voix de la passion, règle sa vie d’après le plus habile des calculs, c’est en vérité une chose trop facile, et ce n’est pas la peine d’écrire deux mille vers pour imposer à l’auditoire une pareille conviction : il n’y a pas une loge dans la salle où cette pensée ne soit déjà pleinement acceptée au lever du rideau.

1300. (1910) Victor-Marie, comte Hugo pp. 4-265

C’est la règle. […] Le comte est bien content d’être enfin entré dans la règle. […] Mais je n’ai rien vu dans les règles du poëme dramatique qui dût me détourner de mon entreprise. […] Comparer votre courage, comparer le mien, où serait ma norme, où ma règle, où le niveau de nos vies.

1301. (1896) Les Jeunes, études et portraits

Poètes, ils rêvent d’on ne sait quelle sorte de vers sans rythme, sans cadence, sans règles et sans lois. […] On s’est repris à croire que notre activité intellectuelle a un but et qu’elle ne saurait se développer en dehors de certaines règles dont les formules changeantes composent la morale qui est de tous les temps. […] Voici la loi de la « réaction égale à l’action » le droit du « soi parce que c’est soi » la philosophie de l’erreur, le jeu des probabilités, la règle de la moindre chance. […] De même ils essaient d’apporter dans la composition, soumise aux règles d’une rhétorique trop impérieuse, plus d’imprévu et de fantaisie.

1302. (1896) Écrivains étrangers. Première série

La règle principale pour y parvenir est de se développer également et concurremment dans toutes les sciences, dans tous les arts, et dans toutes les aptitudes, et de telle façon que le développement du corps aille de pair avec celui de l’esprit. […] Et de même il n’a pas été inutile à Walt Whitman d’avoir étudié dans les écoles et d’avoir habité les villes, et d’avoir connu les règles que les races civilisées avaient imposées à leur poésie. […] Et si tous les romanciers, jusqu’ici, ont échoué à faire revivre le passé, et les Walter Scott, et les Alexandre Dumas, et les Alfred de Vigny, et les Flaubert, c’est qu’ils ont tous manqué, par quelque point essentiel, aux règles du roman historique. […] Et si ce ne sont point les règles absolues du genre, ce sont du moins celles que semblent s’être proposées deux écrivains, M. 

1303. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Madame de Verdelin  »

Règle générale : il y a un certain air de famille entre l’admiratrice et l’admiré.

1304. (1929) Dialogues critiques

Il a tourné les têtes de certains écrivains médiocres, qui avec raison ne comptent pas sur leur mérite et leur réputation pour pénétrer à l’Académie, mais restent dans les règles de la modestie en ne se jugeant pas inférieurs à ce devancier, et qui peuvent s’y guinder tout aussi bien que lui par le comitardisme ?

1305. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Livre deuxième. Les images — Chapitre premier. Nature et réducteurs de l’image » pp. 75-128

Règle générale : Dans le même sens, et en général de sens à sens, les sensations normales se tiennent.

1306. (1859) Cours familier de littérature. VII « XLIIe entretien. Vie et œuvres du comte de Maistre » pp. 393-472

Maintenant, je suis en règle ; si vous ne voulez pas me croire, vous êtes bien le maître de faire tout ce qu’il vous plaira de ma personne ; elle est ici.

1307. (1863) Cours familier de littérature. XV « LXXXVIIIe entretien. De la littérature de l’âme. Journal intime d’une jeune personne. Mlle de Guérin » pp. 225-319

Je me règle sur le soleil, et nous nous levons ensemble.

1308. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CXe entretien. Mémoires du cardinal Consalvi, ministre du pape Pie VII, par M. Crétineau-Joly (2e partie) » pp. 81-159

C’était d’un seul coup blesser la justice, les règles et l’usage, qui les placent au-dessus des grands dignitaires et des princes du sang.

1309. (1865) Cours familier de littérature. XX « CXVIIIe entretien. Littérature américaine. Une page unique d’histoire naturelle, par Audubon (2e partie) » pp. 161-239

Cette règle d’observation, je l’ai toujours reconnue à la preuve, pour être réciproquement vraie, comme on dit en arithmétique : qu’on me donne la nature d’un terrain quelconque, boisé ou découvert, haut ou bas, sec ou mouillé, en pente vers le nord ou vers le sud, et quelle qu’en soit la végétation, grands arbres, essences spéciales ou simples broussailles ; et d’après ces seules indications, je me fais fort de vous dire, presque à coup sûr, quelle est la nature de ses habitants.

1310. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « VII »

Les exceptions qu’on peut trouver à cette règle ont toutes une raison spéciale : c’est un aperçu soudainement ouvert sur une signification symbolique, ou bien une réminiscence mythologique légèrement indiquée (Voir Wolzogen : la Langue dans les poèmes de Wagner).

1311. (1909) De la poésie scientifique

L’apport poétique qui se trouve maintenant consacré sous le nom de « Poésie scientifique », représente  de son principe philosophique à sa technique prosodique et rythmique, — une Doctrine continue… Je me suis simplement appliqué à moi-même la règle morale qui ressort de cette doctrine, d’avoir tendu, selon toutes les puissances accrues de culture qui étaient en moi, à l’art le plus complexe et le plus complet lié en la plus solide unité qui m’était possible : en le plus de volonté, en le plus d’effort.

1312. (1887) Journal des Goncourt. Tome II (1862-1865) « Année 1864 » pp. 173-235

Presque toute la société se rallie à cette théorie, en déclarant qu’un Mirabeau échappe aux règles de la petite probité bourgeoise : « Alors, Messieurs, nous écrions-nous, il n’y a plus de morale, de justice chez les historiens en histoire, si vous avez deux mesures, deux balances, l’une pour les hommes de génie, l’autre pour les pauvres diables.

1313. (1888) Journal des Goncourt. Tome III (1866-1870) « Année 1868 » pp. 185-249

La règle absolue des sociétés, la seule logique, la seule naturelle et légitime doit être le privilège.

1314. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1872 » pp. 3-70

Il est dans Werther, quand Goethe dit par la bouche de son héros : « Cela me confirme dans ma résolution de m’en tenir uniquement à la nature. » Et il ajoute : « Toute règle, quoi qu’on dise, étouffera le sentiment de sa nature et sa véritable expression. » Mardi 28 mai On cherchait aujourd’hui les raisons de la puissance de résistance des hommes, nés autour de l’année 1800.

1315. (1864) William Shakespeare « Première partie — Livre II. Les génies »

Avoir, par obéissance aux règles, tronqué et raccourci la vieille tragédie native, c’est là le malheur de Corneille.

1316. (1856) Cours familier de littérature. II « XIIe entretien » pp. 429-507

Cela dépasse la portée de l’intelligence des hommes, des anges, et vraisemblablement de tous les êtres créés dans les règles logiques de l’intelligence.

1317. (1884) Articles. Revue des deux mondes

S’il obéit, il remplit sa destinée d’être raisonnable ; s’il n’obéit pas, il la manque ; mais, observée ou violée, la loi n’en est pas moins loi, en ce sens qu’elle commande absolument et que la raison aperçoit un désordre partout où elle aperçoit une révolte de la volonté contre la règle du bien.

1318. (1926) L’esprit contre la raison

La citation de Dostoïevsky à laquelle Crevel fait allusion introduisait dans le Manifeste une critique en règle du roman, notamment de « l’inanité des descriptions ».

1319. (1896) Matière et mémoire. Essai sur la relation du corps à l’esprit « Chapitre IV. De la délimitation, et de la fixation des images. Perception et matière. Âme et corps. »

Il est vrai que cette seconde sélection est beaucoup moins rigoureuse que la première, parce que notre expérience passée est une expérience individuelle et non plus commune, parce que nous avons toujours bien des souvenirs différents capables de cadrer également avec une même situation actuelle, et que la nature ne peut pas avoir ici, comme dans le cas de la perception, une règle inflexible pour délimiter nos représentations.

1320. (1854) Causeries littéraires pp. 1-353

Ici ni Vaugelas ni du Marsais n’étaient respectés ; les métaphores étaient lancées au hasard, sans le moindre souci des analogies, et il y avait quelque chose de singulier à voir ce jeune poëte, arrivé pour réagir contre une école ennemie de toute règle et de tout frein, préluder à son rôle de correcteur par de choquantes incorrections. […] « Entre Abailard et les théologiens de son temps, nous disent-ils, se débattaient la cause de la liberté et celle de la règle. […] que, même dans ces temps éclairés, dans cet âge viril dont parle l’éloquent historien d’Abailard, la cause de la liberté et celle de la règle ont assez de peine à se confondre, que leur alliance est marquée par assez d’orages et de rechutes, que l’état de maturité des nations paraît souvent assez près de retomber à l’état d’enfance pour justifier surabondamment les méfiances de l’esprit d’autorité contre l’esprit de contrôle. […] Règles, liens, obéissance, gouvernement des âmes, sainte régularité des pratiques et des habitudes, tout ce qui répare et tout ce qui fonde, tout cela se fortifie et se resserre sous ses mains puissantes à sa voix, le vrai mot d’ordre de la foi circule de bouche en bouche, et multiplie sur ses traces les soldats de l’orthodoxie.

1321. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « M. de Fontanes »

Je crois bien que votre conduite n’est pas conforme aux règles d’une morale très-sévère ; mais l’héroïsme a ses licences : et Voltaire ne manquerait pas de vous dire que vous faites votre métier d’illustre brigand comme Alexandre et comme Charlemagne. […] « Il faut faire remarquer le désordre perpétuel des finances, le chaos des assemblées provinciales, les prétentions des parlements, le défaut de règle et de ressorts dans l’administration ; cette France bigarrée, sans unité de lois et d’administration, étant plutôt une réunion de vingt royaumes qu’un seul État ; de sorte qu’on respire en arrivant à l’époque où l’on a joui des bienfaits dus à l’unité des lois, d’administration et de territoire.

1322. (1856) Le réalisme : discussions esthétiques pp. 3-105

Des goûts ni des couleurs il ne faut discuter, prétend le proverbe ; ce qui revient à dire qu’en fait d’art, chaque artiste n’a à puiser ses ressources et ses règles qu’on lui-même, et par conséquent qu’il est assez puéril de se morfondre à la recherche des théories absolues en cette matière. […] Admettre que l’art doit rester libre et personnel, c’est-à-dire primesautier, c’est admettre aussi que l’artiste, comme je l’établissais en commençant, n’a à rechercher ses ressources et ses règles qu’en lui-même, et à procéder, en restant toujours de son époque, comme si rien n’avait été fait avant lui.

1323. (1932) Le clavecin de Diderot

Ou encore, et, ici, l’exception confirme la règle, cette faculté de se décomposer, les professeurs dans leurs jours lyriques, en font la vertu intrinsèque d’un temps, d’un lieu, de certains êtres. […] Un problème posé d’après les règles et formules de la psychologie traditionnelle, des questions réduites à elles-mêmes, au gré de la méthode analytique, ne peuvent recevoir de juste solution, ni même de réponse approximative.

1324. (1898) La poésie lyrique en France au XIXe siècle

quelle sera notre règle de conduite ? Notre règle de conduite, eh bien, ce sera de souffrir, non pas avec résignation, mais avec une sorte de silence stoïque.

1325. (1925) Proses datées

L’étude dont il s’agit concerne Alexandre Dumas fils et Blaze de Bury et contient un certain nombre de lettres médites du fils Dumas dont l’une nous offre un éreintement en règle de Victor Hugo. […] Il est vrai que j’écrirai le contraire, que je jurerai mes grands dieux que c’est un livre d’art pur, de singerie, de jonglerie ; et je mentirai comme un arracheur de dents. » Nous voici donc fixés : les Fleurs du Mal ne sont pas plus un livre de sentiments fictifs qu’elles ne sont un livre strictement, logiquement, architecturalement composé, selon des règles théoriques. […] L’esprit classique croit à la règle et l’impose ; l’esprit romantique la rejette et la nie ou plutôt il a foi en celle que se fixe l’individu.

1326. (1891) Esquisses contemporaines

Nous leur avions appris les règles de l’art et les lois de la beauté : ils introduisirent parmi nous des facteurs hostiles aux saines traditions de la culture latine. […] On estimait être en droit de distribuer le blâme ou l’éloge suivant des règles fermement établies par la tradition, l’usage et le goût. […] La filiation des peuples, la marche des civilisations, le caractère des temps, le génie des langues, le sens des mythologies, l’inspiration des poésies nationales, l’essence des religions, sont autant de révélations dues à la science moderne — Explication du passé, cette règle du jugement contient en même temps le secret de l’avenir.

1327. (1884) Propos d’un entrepreneur de démolitions pp. -294

Quand Versailles, cette exorbitante miniature de ses rêves, fut habité par lui, un immense besoin d’uniformité naquit dans le silence solennel de cet horizon de bois et l’Étiquette, passablement lâche et facile dans les jours troublés de la Fronde, devint cette règle rigide, austère, difficile, inexorable, qui rappelle le renoncement monastique et dont Louis XIV fut le fondateur ou, tout au moins, le réformateur. […] Après Louis XIV, l’Étiquette devint ce que devient ordinairement toute grande Règle monastique après la mort de son fondateur, une lettre majuscule en tête de tous les chapitres de la médiocrité ; une lettre dont l’esprit s’efface, indéchiffrable à force d’être surchargée. […] Le second, l’auteur des Névroses, est une sorte de fossoyeur idéal qui creuse sa tombe dans la cave la plus ténébreuse de sa propre personnalité solitaire, trappiste effroyable sans Règle et sans Christ, pour qui le vaste ciel est tendu de noir et qui remplace par une procession de spectres tout le symbolisme chrétien.

1328. (1888) Impressions de théâtre. Deuxième série

On a cru, avec l’illustre La Motte, devoir se soustraire à ces règles. […] On dirait, je crois, plus justement, qu’elle tend vers le mélodrame, tout en gardant les formes convenues de la tragédie et en observant obstinément ses règles les moins justifiées ; ce qui fait, au total, quelque chose d’assez hybride et déplaisant. […] Voltaire a péché à la fois par une certaine grossièreté et vulgarité de conception dramatique, et par une aveugle soumission aux règles les moins essentielles de la tragédie classique. […] Comme on comprend, là-bas et autrefois, sur cette terre grecque, sous le ciel si pur, dans quelque exquise petite ville, près des beaux temples et parmi les belles statues, chez un petit peuple très beau, très noble, peu vêtu et occupé tout le jour aux exercices du corps, comme on comprend et comme on aime cette vision souriante, superficielle et légère de la vie, cette philosophie voluptueuse, cette morale du plaisir qui, chez cette race, ne pouvait devenir grossière, car elle était toujours sauvée par le sens et le goût inné de l’élégance et la mesure ; et l’amour du beau, de ce qui sied (comme disaient ces anciens), était pour eux une règle suffisante. […] L’autre s’intéresse violemment et uniquement aux hommes d’aujourd’hui, à leur vie, à leurs mœurs, à leurs passions ; il nous représente les drames où ils se heurtent, — drames infimes, à les considérer du sein de Bouddha ; il prend au sérieux les agitations de ces pauvres hommes, leurs vertus, leurs péchés, leurs angoisses de cœur et de conscience, et il cherche des règles pour les diriger.

1329. (1864) Physiologie des écrivains et des artistes ou Essai de critique naturelle

Dans Richard III, les deux assassins que ce monstre, le duc de Glocester, charge d’aller tuer son frère George, duc de Clarence, ont soin de se munir d’un warrant, et font bien : autrement sir Robert Brakenbury, lieutenant-geôlier de la Tour de Londres, ne les laisserait pas pénétrer jusqu’auprès de ce prisonnier qui dort, et qu’ils veulent assassiner pendant son sommeil ; mais, sur l’exhibition du warrant, le lieutenant-geôlier, bien Anglais et bien formaliste, constate que tout est en règle, et cède la place aux deux assassins, en sûreté de conscience. […] Vous savez le mot qu’on attribue à Alexandre Dumas fils : « Mon père est un grand enfant, que j’ai eu quand j’étais tout petit. » Mais les exceptions confirment la règle. […] Le même cours des planètes Règle nos jours et nos nuits : On m’a vu ce que vous êtes, Vous serez ce que je suis. […] C’est s’exprimer d’une manière trop absolue ; c’est prendre l’exception pour la règle.

1330. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre V. Comment finissent les comédiennes » pp. 216-393

Mais, en fin de compte, ça devait être ennuyeux quand mademoiselle Dumesnil voulait mettre dans son jeu un peu de règle et d’art ? […] Au même instant (on ne sait plus si en effet nous n’avons pas quitté pour jamais la règle de l’unité et les autres lois d’Aristote), le poète interrompt son hymne et son imprécation commencées (imprécation éloquente à ce point que Lucrèce l’a transportée dans son poème) pour gourmander l’ingratitude et la paresse des Athéniens. […] Ainsi, par cette règle, on occupera bientôt tout l’amphithéâtre d’un laquais qui siffle, d’un malade dans sa garde-robe, d’un homme ivre qui dort ou qui vomit !

1331. (1782) Essai sur les règnes de Claude et de Néron et sur la vie et les écrits de Sénèque pour servir d’introduction à la lecture de ce philosophe (1778-1782) « Essai, sur les règnes, de Claude et de Néron. Livre second » pp. 200-409

La Mettrie est un auteur sans jugement, qui a parlé de la doctrine de Sénèque sans la connaître ; qui lui a supposé toute l’âpreté du stoïcisme, ce qui est faux ; qui n’a pas écrit une seule bonne ligne dans son Traité du Bonheur, qu’il ne l’ait ou prise dans notre philosophe, ou rencontrée par hasard, ce qui n’est et ne pouvait malheureusement être que très-rare ; qui confond partout les peines du sage avec les tourments du méchant, les inconvénients légers de la science avec les suites funestes de l’ignorance : dont on reconnaît la frivolité de l’esprit dans ce qu’il dit, et la corruption du cœur dans ce qu’il n’ose dire ; qui prononce ici que l’homme est pervers par sa nature, et qui fait, ailleurs, de la nature des êtres, la règle de leurs devoirs, et la source de leur félicité ; qui semble s’occuper à tranquilliser le scélérat dans le crime, le corrompu dans ses vices ; dont les sophismes grossiers, mais dangereux par la gaîté dont il les assaisonne, décèlent un écrivain qui n’a pas les premières idées des vrais fondements de la morale, de cet arbre immense dont la tête touche aux cieux et les racines pénètrent jusqu’aux enfers, où tout est lié, où la pudeur, la décence, la politesse, les vertus les plus légères, s’il en est de telles, sont attachées comme la feuille au rameau, qu’on déshonore en l’en dépouillant ; dont le chaos de raison et d’extravagance ne peut être regardé sans dégoût que par ces lecteurs futiles qui confondent la plaisanterie avec l’évidence, et à qui l’on a tout prouvé, quand on les a fait rire ; dont les principes, poussés jusqu’à leurs dernières conséquences, renverseraient la législation, dispenseraient les parents de l’éducation de leurs enfants, renfermeraient aux Petites-Maisons l’homme courageux qui lutte sottement contre ses penchants déréglés, assureraient l’immortalité au méchant qui s’abandonnerait sans remords aux siens ; et dont la tête est si troublée, et les idées sont à tel point décousues, que, dans la même page, une assertion sensée est heurtée par une assertion folle, et une assertion folle par une assertion sensée ; en sorte qu’il est aussi facile de le défendre que de l’attaquer. […] Ma conscience, et non votre opinion, sera la règle de ma vie ; mon propre témoignage prévaudra auprès de moi sur celui de tout un peuple. […] Je ne me suis jamais écarté de ces règles sans m’en repentir.

1332. (1924) Souvenirs de la vie littéraire. Nouvelle édition augmentée d’une préface-réponse

« De la règle métrique à laquelle Moréas a rêvé de se conformer, tout le gêne. […] Elle cessera d’exister, le jour où elle ne demandera plus ni effort ni règles. […] Elle cessera d’exister, le jour où elle ne demandera plus ni effort ni règles. […] Le Catholicisme était chez lui un mode de penser bien plus qu’une règle de conduite.

1333. (1930) Le roman français pp. 1-197

Le sol où on est né, où naquirent tous les ancêtres, la mère qui vous enfanta, le père qui travailla pour vous, et vous a dit : « Voilà quelles sont les règles de vie », l’Église où tout enfant on a cru à un certain Dieu et dit sa prière, tout cela tient à vous comme votre chair même, tout cela, c’est vous. […] Du symbolisme, ou plutôt d’une réaction « vers-libriste » contre la prosodie régulière des vers français à laquelle l’école parnassienne avait imposé des règles encore plus rigides. […] Elle a besoin d’une direction, d’une règle : elle entre donc au couvent.

1334. (1888) Études sur le XIXe siècle

La maison était un tombeau : « Je voudrais que tu pusses passer une seule journée chez nous, pour te faire une idée de la façon dont on peut vivre sans vie, sans âme, sans corps » ; et la règle de fer de la comtesse Adélaïde s’appesantissait sur ses enfants, tous de nature vive, aimante, ardente, et durement réprimés dans leurs expansions. […] Après avoir soigneusement distingué de la musique indépendante la musique d’accompagnement 20, Hegel définit en ces termes le rôle de la dernière : « De ce qui a été dit précédemment sur la position respective du texte et de la musique, se déduit immédiatement cette règle que, dans le premier domaine, l’expression musicale doit se lier bien plus étroitement au sujet déterminé que là où la musique peut s’abandonner librement à ses propres mouvements et à ses inspirations. […] Tu n’as qu’à me dire ce que tu veux et penses, et je voudrai et penserai ce que tu me diras. » Ou bien : « Camille est arrivé à temps pour me montrer ce qui est pratique et ce qui est chimérique. » Ou encore : « J’ai déserté la bannière de nos démagogues, et je m’enrôle aveuglément sous la tienne. » III Rien de plus singulier, on pourrait dire de plus dissonant, que cet épisode sentimental dans la carrière de Cavour : ce fut son tribut aux besoins romanesques qui sommeillent dans tous les cœurs, et pour une fois, tout en prêchant le juste milieu à son Inconnue, — c’est le nom qu’il donne dans son journal à la femme aimée, — il se laissa entraîner hors de ses règles de modération par le vent de passion qui passait sur lui.

1335. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre deuxième. Les mœurs et les caractères. — Chapitre I. Principe des mœurs sous l’Ancien Régime. »

D’ailleurs la règle est que, lorsqu’ils se retirent, le roi leur fait une pension de 20 000 livres et donne 200 000 francs de dot à leur fille  Ce n’est pas trop pour leur train. « Ils sont obligés de tenir un si grand état de maison, qu’ils ne peuvent guère s’enrichir dans leur place ; ils ont tous table ouverte à Paris au moins trois fois par semaine, et à Versailles, à Fontainebleau, table ouverte tous les jours205. » M. de Lamoignon étant nommé chancelier avec 100 000 livres d’appointements, on juge tout de suite qu’il se ruinera206 ; « car il a pris tous les officiers de cuisine de M. d’Aguesseau, dont la table seule allait à 80 000 livres.

1336. (1860) Cours familier de littérature. X « LIXe entretien. La littérature diplomatique. Le prince de Talleyrand. — État actuel de l’Europe » pp. 289-399

IV Ce droit public, ce droit des gens, a ses règles écrites, aussi inviolables, aussi sacrées que le droit privé entre les individus.

1337. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCVe entretien. Alfred de Vigny (2e partie) » pp. 321-411

Mais pour moi c’est fort triste ; car vous avez beau être un bon enfant, je ne peux pas m’en dispenser ; l’arrêt de mort est là en règle, et l’ordre d’exécution signé, parafé, scellé ; il n’y manque rien.

1338. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 juin 1886. »

Laforgue, maintenant la forme des vers, a osé déjà varier les rythmes suivant des raisons précises, et violer les sottes règles dites « pour les yeux » : comprenant que les sonorités seules importaient dans la poésie, et qu’un mot singulier y pouvait bien rimer avec un terme pluriel, s’ils avaient même façon d’être prononcés.

1339. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre X, Prométhée enchaîné »

Ô Dieu qui aimes la jeunesse, reçois avec bonté ces dons d’un éphèbe ami de la règle et du devoir ! 

1340. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre quatrième. Éléments sensitifs et appétitifs des opérations intellectuelles — Chapitre deuxième. Les opérations intellectuelles. — Leur rapport à l’appétition et à la motion. »

Quand la représentation est moins semblable encore à l’objet et ne fait que figurer non une analogie de formes, mais une analogie de lois, de règles, de rapports, elle constitue le symbole proprement dit.

1341. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre VII : Instinct »

Cette règle s’applique même aux diverses races humaines, et aux divers représentants de ces races ; car les nations les moins avancées comme civilisation, et les individus les moins développés sous le rapport intellectuel, multiplient plus rapidement que les autres, ou plutôt comptent plus de naissances avec plus de morts, ce qui leur donne une vie moyenne moins élevée, et les soumet ainsi à une sélection naturelle plus rigoureuse.

1342. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Granier de Cassagnac » pp. 277-345

Il a combattu pour le pouvoir, les principes, la monarchie, l’autorité, la règle, les idées chrétiennes, quelle que fut l’indignité de ceux qui portaient cette Arche des peuples.

1343. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « III — Bossuet et la France moderne »

Le premier suit sa libre inspiration, viole les règles et les traditions ; le second observe en tous points l’étiquette, habille sa pensée d’un perpétuel vêtement de parade.

1344. (1889) Essai sur les données immédiates de la conscience « Chapitre I. De l’intensité des états psychologiques »

Sans même aller aussi loin, il semble plus conforme aux règles d’une saine méthode d’étudier d’abord le beau dans les oeuvres où il a été produit par un effort conscient, et de descendre ensuite par transitions insensibles de l’art à la nature, qui est artiste à sa manière.

1345. (1936) Histoire de la littérature française de 1789 à nos jours pp. -564

Comme tous les livres de Mme de Staël, celui-ci est animé par un problème central qui fait corps avec la vie de l’auteur, avec ses tragédies intérieures ; les épreuves et les luttes que l’opinion impose à une femme qui aime hors la règle. […] Pour la première fois elle fut l’objet d’un récit suivi et vivant, où les œuvres viennent s’encadrer, où elles sont analysées, jugées, moins d’après un code de règles préexistantes que d’après l’expérience littéraire des honnêtes gens. […] On remarquera que dans l’article qu’elle consacre à Faust dans l’Allemagne, Mme de Staël juge le poème d’après les règles et le goût du xviiie  siècle, et ne paraît rien entendre à son caractère de mythe.

1346. (1903) Propos de théâtre. Première série

Ces bons Chinois, pour qui c’est une règle que toute œuvre de théâtre ait un but ou un sens moral, n’ont pas, à notre goût du moins, réussi davantage. […] Voilà un bel argument en faveur de l’éternité des Règles. […] Il me faut un papier Signé, contresigné, paraphé, très en règle. […] C’est de règle.

1347. (1856) Articles du Figaro (1855-1856) pp. 2-6

Notre littérature s’était affranchie : la voilà qui tend de nouveau ses mains et son cou à la chaîne des froides règles, au joug de l’idée reçue, à la servitude du lieu commun, et aux menottes du préjugé. — Au lieu de la chaudière des sorcières du grand William, où se tordaient pêle-mêle, dans une ardente fusion, l’inspiration primesautière, la folie sans queue ni tête et l’originalité en révolte du romantisme, nous n’avons plus que le pot-au-feu sensé, la marmite économique, où mijotent doucettement et bonifacement les vertueux ingrédients de l’école du Bon Sens. […] Certes, je me trompe fort, ou voilà un éloge en règle.

1348. (1925) Les écrivains. Première série (1884-1894)

Cette préface, l’évangile révolutionnaire du romantisme, renverse un par un, et les règles falotes, et les bornes aveugles, et les préjugés rampants. […] À moins d’incompréhension — ce qui n’est pas rare — ou de mauvaise foi — ce qui est une règle à peu près générale — il n’y avait pas à se méprendre sur la signification de ces pages. […] Laurent Tailhade, foudroyé par la bombe, sanglant, le crâne fendu, la chair déchirée par la mitraille, râlait sur le plancher du restaurant Foyot, la justice accourut, qui, interrompant le pansement, fit subir au blessé le supplice d’un interrogatoire en règle.

1349. (1908) Esquisses et souvenirs pp. 7-341

Ce poète a vécu dans une discordance qui était une parfaite harmonie : ses malheurs et ses fautes ne lui firent point transgresser la règle de l’Idéal. […] C’est ainsi que cette nature d’élection, se mettant en quelque sorte hors de la vie commune, rentre davantage dans la Beauté et peut servir de règle avec une sûreté plus grande. […] Je découvre en cela une règle établie fort sagement.

1350. (1894) La bataille littéraire. Septième série (1893) pp. -307

Leur unique désir a été d’être vrais et de donner plutôt au public des études sincèrement faites d’après nature, que des tableaux composés suivant les règles qui se sont établies. […] il connaît son chemin ; Il marche, il a deux pieds, un bâton à la main, De bons souliers ferrés, un passeport en règle ; Au besoin, il prendrait des ailes comme l’aigle ! […] Les Trophées suffisent pour prouver que nous avons en M. de Heredia un poète vraiment français, et puis, comme dit La Bruyère : « Quand une lecture vous élève l’esprit, vous inspire des sentiments nobles, ne cherchez pas une autre règle pour juger de l’ouvrage : il est bon et fait de main d’ouvrier. » V.

1351. (1899) Musiciens et philosophes pp. 3-371

Tout ce qu’il lui est permis de faire, c’est de dégager de ses observations un certain nombre de principes qui ne seront point des règles, mais la simple notation de faits précis, de résultats concrets d’une activité identique dans son Essence, quoique variable infiniment dans ses manifestations. […] Toute la théorie de l’Art se trouvait ainsi réduite à un certain nombre de règles et de lois, précises comme les articles d’un code, mais insuffisantes pour embrasser la série illimitée des manifestations nécessairement variables de l’émotion créatrice. […] Dans l’Art s’exprime et se révèle véritablement la conscience morale d’une époque et d’une race ; dans la religion, cette conscience se formule en préceptes, en règles de conduite non seulement personnelles mais encore sociales.

1352. (1895) La comédie littéraire. Notes et impressions de littérature pp. 3-379

Il s’est dit : Rien n’est banal comme un poète qui se borne à faire des vers ; je vais composer un livre qui, sous prétexte de poésie, soit à la fois une partition musicale orchestrée selon les règles modernes, une galerie de tableaux impressionnistes et un édifice architectural.

1353. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Alexis Piron »

.… » Beaune passait pour la Béotie de la Bourgogne ; toute balourdise, toute ânerie se mettait sur le compte des Beaunois ; c’était de règle.

1354. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Eugène Gandar »

C’est la loi de toute lutte et la règle de quiconque brûle d’atteindre le but : Sudavit et alsit.

1355. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Malherbe »

Ils y ont gagné, Racan et même Maynard, de laisser quelques strophes parfaites, dans le sens de l’imitation d’Horace et selon les règles posées par le chef de l’école restaurée.

1356. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1875 » pp. 172-248

À la fin du dîner, Nigra, le ministre d’Italie, parlant des cardinaux, des prêtres d’Italie, et de leur tolérance et de leur manica larga, à l’endroit des choses d’amour, Saint-Victor dit brillamment : « Pour eux, les dogmes, c’est comme les règles du whist, il faut s’y soumettre, mais ils n’y attachent pas d’importance ! 

1357. (1925) La fin de l’art

Ceux-là seulement peuvent avoir l’illusion d’en avoir démêlé tous les secrets, qui ne la cherchent qu’à travers les règles des grammairiens, car le grammairien connaît la loi.

1358. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre XI : Distribution géographique »

Ne serait-ce pas une étrange anomalie qu’en descendant un degré plus bas dans la série, jusqu’aux individus de la même espèce, une règle tout opposée prévalût, c’est-à-dire que les espèces, au lieu d’être locales, fussent formées à la fois en deux ou trois régions complétement séparées ?

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