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1970. (1895) La vie et les livres. Deuxième série pp. -364

Voilà ce que prouve, avant tout, le dépouillement méthodique des vieilles pierres et des vieux papiers. […] Le polytechnicien, le normalien, le chartiste, le saint-cyrien, l’élève de l’École centrale, injustement malmenés par le nouvel historien de notre enseignement national, prouveront aisément (et je suis tout à fait de leur opinion) que les écoles fondées par la Convention, ont rendu plus de services que les collèges « moyenâgeux », et qu’on a le droit, jusqu’à nouvel ordre, de ne pas accorder un crédit illimité aux associations d’étudiants. […] le jour où tu auras fait une belle œuvre d’art, tu auras plus prouvé ton amour de la justice et du droit qu’en écrivant vingt volumes d’économie politique.

1971. (1864) Physiologie des écrivains et des artistes ou Essai de critique naturelle

L’hérédité de telle ou telle faculté intellectuelle dans telle ou telle famille est prouvée jusqu’à l’évidence par des exemples innombrables. […] C’est donc pousser trop loin le paradoxe que de dire, comme le docteur Moreau : « En aucun cas le fonctionnement intellectuel ne saurait être plus parfait que lorsque ces divers états morbides se trouvent réunis chez le même individu, c’est-à-dire lorsque le sujet est d’une constitution tout à la fois rachitique, scrofuleuse et névropathique ; en d’autres termes, lorsque par sa constitution il touche à la fois à l’idiotie et à la folie. » Cela ressemble presque à une plaisanterie ; et pourtant cela est écrit sérieusement, et développé dans tout un volume, Développé, oui ; mais non pas prouvé : M.  […] Le meilleur argument, sans doute, pour prouver comme quoi le vin donne de l’esprit, serait cette jolie leçon inspirée à l’aimable professeur… faut-il dire Babrius, ou Ebrius ?

1972. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre II. Le théâtre. » pp. 2-96

Quand Henri V fait la cour à Catherine de France, c’est avec le grossier entrain d’un matelot qui aurait pris goût pour une vivandière ; et comme les gabiers qui aujourd’hui se tatouent un cœur sur le bras pour prouver leur passion à leur payse, vous trouvez des gens qui « avalent du soufre et boivent de l’urine9» pour gagner leur maîtresse par un témoignage d’amour. […] Prouvez-moi coupable, séparez ma tête de mon corps ; nous nous quitterons bons amis, mais je dédaigne de devoir ma vie à votre pitié, monsieur, ou à celle de tout autre… Quant à vos grands mots, libre à vous, monseigneur, d’effrayer les petits enfants avec des diables peints.

1973. (1933) De mon temps…

On citait aussi de sa part des fantaisies singulières, ne fût-ce que celle de ces conférences sur des sujets érotiques, accompagnées de démonstrations physiques, que le romancier prononçait en petit comité, ayant pour tout vêtement un frac qui ne couvrait que la partie supérieure de sa personne, mais ces fanfaronnades et ces excès n’empêchaient pas Maupassant d’être un travailleur acharné et ponctuel, ainsi que le prouvait sa production incessante qu’activait encore l’abus des excitants qui eurent une si fâcheuse influence sur l’état d’une santé déjà menacée par une lourdes tares accidentelles. […] Je distingue une fine figure malicieuse et j’écoute ses propos qui prouvent que Heredia n’a pas convaincu son interlocuteur, propos que ponctue parfois un bref ricanement de mauvais augure.

1974. (1892) Un Hollandais à Paris en 1891 pp. -305

Il oublie de prouver qu’il est plus naturel de parler que de chanter, ce qui ne pourrait s’établir par l’exemple des oiseaux et des poètes lyriques. […] Y a-t-il quelque chose de plus comique que l’embarras d’un homme qui, réfugié dans le port du mariage après une jeunesse agitée, et croyant y trouver le repos, se voit déçu, parce que sa femme l’aime trop passionnément, et le lui prouve et le lui fait sentir ? […] vous nous aviez promis de nous mettre tous d’accord, et j’avais compté que dans un mythe quelconque vous nous auriez prouvé qu’un Alexandrin, un Romain et une personne du xixe  siècle sont le même homme : et voilà que vous avez rendu la confusion encore plus grande en introduisant ce nom incongru de palikare. » — « L’homme qui a deux âmes a les âmes île tous les temps et de tous les peuples », dit S… avec toute la gravité que sa bonne humeur lui permettait. […] Le chanoine Docre prouve précisément sa croyance à la vertu de la messe par la peine qu’il prend pour rendre les paroles de l’office sacrilèges. […] Du moins il s’empressa d’ajouter : — « Ce qui me prouve que je suis sur la bonne voie, c’est que dans l’histoire des institutions sociales je rencontre la même succession de faits que dans celle des mots.

1975. (1925) Les écrivains. Première série (1884-1894)

C’est là qu’on lit les choses les plus stupéfiantes de ce temps et qu’il est prouvé fort congrûment que nous ne sommes pas en guerre ; que nos soldats ne meurent pas au Tonkin ; qu’il n’y a point de Chinois, et que jamais la France ne fut plus prospère. […] Pour prouver que je n’ai rien exagéré dans mon admiration, il faudrait citer, citer encore, n’importe quelle scène, au hasard, car toutes offrent des surprises et d’incomparables grandeurs. […] La Belgique — cela est prouvé de toutes les manières — n’est qu’une plaisanterie inventée, un jour de festin, par M.  […] Patinot et, mieux, qui le prouvent.

1976. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « Quelques « billets du matin. » »

On ne doit jamais abattre ses arbres, sinon dans les cas d’absolue nécessité et quand il est bien prouvé qu’ils ont atteint depuis longtemps le maximum de leur développement possible, et qu’ils ne peuvent plus que dépérir. […] Il l’a bien prouvé dans sa préface du Disciple. […] Cela prouve que nous sommes un très vieux peuple, et qui fut puissant par l’action et par la parole.

1977. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Les Mémoires de Saint-Simon » pp. 423-461

De là le petit duc et sa séquelle en ont voulu mal de mort à mon père et l’ont traité d’ingrat, comme si la reconnaissance, qui est une vertu, devait se prouver par des crimes ; et cette haine d’une telle légitime rejaillit sur les pauvres enfants qui s’en10… Si la haine ou l’humeur éclate quelque part, c’est assurément dans cette injurieuse boutade bien plus que dans tout ce que Saint-Simon a écrit sur les d’Argenson.

1978. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLVIIIe entretien. Littérature latine. Horace (2e partie) » pp. 411-480

Horace a voulu prouver dans ce badinage qu’il savait jouer avec le pinceau comme avec la lyre.

1979. (1860) Cours familier de littérature. IX « Le entretien. Les salons littéraires. Souvenirs de madame Récamier (2e partie) » pp. 81-159

L’amitié de ces deux femmes l’une pour l’autre prouve le sentiment d’une affection sans jalousie dans l’auteur de Corinne, et le sentiment d’une affection sans envie dans madame Récamier.

1980. (1865) Cours familier de littérature. XX « CXVIe entretien. Le Lépreux de la cité d’Aoste, par M. Xavier de Maistre » pp. 5-79

L’accueil aisé, l’esprit liant, l’humeur facile des habitants du pays, me rendit le commerce du monde aimable ; et le goût que j’y pris alors m’a bien prouvé que si je n’aime pas à vivre parmi les hommes, c’est moins ma faute que la leur.

1981. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre III. Les grands artistes classiques — Chapitre III. Molière »

Il est même remarquable que Molière a si bien posé les traits caractéristiques des diverses classes de la société française, qu’à travers toutes les révolutions, les grandes lignes de ses études restent vraies : Balzac et Augier nous aideraient à le prouver.

1982. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 novembre 1885. »

Hennequin tâche d’appliquer les théories de Spencer sur l’évolution pour prouver que le drame musical de Wagner est bien « le dernier terme de l’art », le point ultime de l’évolution esthétique.

1983. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Introduction. Le problème des idées-forces comme fondamental en psychologie. »

C’est à prouver la non-ingérence du sujet dans le « contenu » de la conscience que sont employées les nombreuses et intéressantes expérimentations de Münsterberg, dont chacune, d’ailleurs, est susceptible d’une double interprétation.

1984. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre deuxième. L’émotion, dans son rapport à l’appétit et au mouvement — Chapitre quatrième. Les émotions proprement dites. L’appétit comme origine des émotions et de leurs signes expressifs. »

Le chat lui-même, quand il est à la fois irrité et épouvanté, prend une forme arquée et tendue, comme le prouve la gravure même placée par Darwin dans son livre.

1985. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre sixième. La volonté — Chapitre troisième. La volonté libre »

Cette parfaite détermination de l’avenir dans ma pensée prouve que mon avenir, ici, dépend véritablement de moi, être conscient et raisonnable, non de telle ou telle influence extérieure, non de telle passion, qui se réduirait elle-même à une action extérieure et à une perturbation nerveuse.

1986. (1888) La critique scientifique « La critique scientifique — Analyse sociologique »

Taine essaye de prouver par un nombre considérable de faits, deux sortes de causes sont assignées plus ou moins explicitement : l’hérédité (préface et début de l’Histoire de la littérature anglaise) qui fait participer tout homme aux caractères de ses ascendants, ceux-ci à ceux des leurs, et ainsi de suite à travers toute l’étendue de la race ; la sélection naturelle (dans le 2e chapitre de la Philosophie de l’art) qui s’opère entre les artistes et entre les facultés de l’artiste, grâce à sa participation à toute la situation sociale, grâce à son imitation de l’état d’âme de ses contemporains, à la malléabilité particulière de son esprit, aux conseils qu’il reçoit et à accueil qui est fait à ses œuvres.

1987. (1856) Cours familier de littérature. I « Ier entretien » pp. 5-78

La petite fenêtre basse et le volet à coulisse percé de trous carrés qui éclairaient ce pavillon prouvaient assez qu’il avait été primitivement destiné aux colombes.

1988. (1856) Cours familier de littérature. II « XIe entretien. Job lu dans le désert » pp. 329-408

L’âme de l’homme, selon moi, est incontestablement un principe immatériel ; je ne saurais pas le prouver, mais je le sens et je le crois ; c’est la meilleure des preuves.

1989. (1919) L’énergie spirituelle. Essais et conférences « Chapitre V. Le souvenir du présent et la fausse reconnaissance »

Mais rien ne prouve que ce phénomène, quand on le trouve précis, complet, nettement analysable en perception et souvenir, quand surtout il se produit chez des gens qui ne présentent aucune autre anomalie, ait la même structure interne que celui qui se dessine sous une forme vague, à l’état de simple tendance ou de virtualité, dans des esprits qui réunissent tout un ensemble de symptômes psychasthéniques.

1990. (1900) Le rire. Essai sur la signification du comique « Chapitre III. Le comique de caractère »

Pour prouver que telle est bien l’essence de la comédie, et qu’elle s’oppose par là à la tragédie, au drame, aux autres formes de l’art, il faudrait commencer par définir l’art dans ce qu’il a de plus élevé : alors, descendant peu à peu à la poésie comique, on verrait qu’elle est placée aux confins de l’art et de la vie, et qu’elle tranche, par son caractère de généralité, sur le reste des arts.

1991. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE STAEL » pp. 81-164

Les adversaires et les critiques qui se servent volontiers d’une supériorité pour en combattre une autre dans tout grand individu trop complet à leurs yeux33, qui prennent acte du talent déjà prouvé contre le talent nouveau auquel il prétend, rendent sur ce point à Mme de Staël un hommage intéressé et quelque peu perfide, égal, quoi qu’il en soit, à celui de ses admirateurs. […] Ces faits ont été souvent contestés, et l’une des considérations qui prouvent qu’ils peuvent l’être encore, c’est l’impossibilité où l’on est de les concilier avec plusieurs des faits les mieux constatés de l’histoire des connaissances humaines. » Le critique reproche au livre trop peu de plan et de méthode : « Un autre genre de fautes, ajoute-t-il, c’est trop de subtilité dans certaines combinaisons d’idées.

1992. (1923) Critique et conférences (Œuvres posthumes II)

Oui, n’est-ce pas, ou peut s’en faut, et je vous ai prouvé que la rime est un mal nécessaire dans une langue peu accentuée, la rime suffisante pour le moins ? […] L’exposition de 1855 ouverte en pleine guerre de Crimée, celle de 1867, étalant ses splendeurs pendant qu’on fusillait au-delà des mers ce Maximilien l’Unique que notre gouvernement d’alors avait placé sur un trône acheté par tant de vies précieuses, celle de 1878 préludant au sanglant conflit russo-turc, enfin le centenaire et l’exposition dernière éclatant au milieu de luttes d’opinion sans exemple peut-être dans notre histoire et sous la menace d’une formidable coalition étrangère plus à nos aguets que jamais, démontrent à l’évidence l’inanité des rêveurs qui prétendent encore essayer de nous présenter ces gigantesques Concours Généraux comme des panacées universelles, comme les fêtes annonciatrices et les prémisses d’une fraternité prouvée dérisoire et odieusement mensongère par les événements eux-mêmes, et quels !

1993. (1888) Poètes et romanciers

L’art se prouve comme le mouvement. […] qui se douterait que Racine ait été effaré comme une goule, et Abraham lui-même, ainsi que le prouvent ces vers : À Racine effaré nous préférons Molière. […] Du reste, la responsabilité de ses refrains égrillards tourmentait Béranger vieillissant, et il revient sur ce sujet avec une insistance qui prouve, sinon du regret, du moins une certaine inquiétude : « C’est à la fin de 1815 que je hasardai la publication de mon premier volume de chansons. […] Bien ne prouve mieux que je ne croyais pas qu’ils dussent encourir de graves reproches.

1994. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Le maréchal de Saint-Arnaud. Ses lettres publiées par sa famille, et autres lettres inédites » pp. 412-452

Pensée triste qui ne change rien à mes résolutions, à ma fermeté, à mon entrain, à ma confiance même, parce que j’ai foi dans le Dieu de la France et dans ses soldats, mais qui vous prouve que je ne me fais pas d’illusions et que j’envisage tout d’un œil calme.

1995. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE LA FAYETTE » pp. 249-287

Elle s’entendait bien aux procès, et l’empêcha de perdre le plus beau de ses biens en lui fournissant les moyens de prouver qu’ils étaient substitués.

1996. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « M. Ampère »

Ce qu’il faut seulement conclure de cet amas de vers et de prose où manque, non pas la facilité, mais l’art, ce que prouve cette littérature poétique, blasonnée d’algèbre, c’est l’étonnante variété, l’exubérance et inquiétude en tous sens de ce cerveau de vingt et un ans, dont la direction définitive n’était pas trouvée.

1997. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Livre troisième. La connaissance de l’esprit — Chapitre premier. La connaissance de l’esprit » pp. 199-245

En effet, la preuve serait un cercle vicieux ; car, si la mémoire est véridique, c’est en vertu de certaines lois qui accommodent le souvenir à son objet ; or ces lois ne peuvent être extraites par nous que des faits que nous observons et dont nous nous souvenons pour les comparer ; en sorte que, pour prouver l’exactitude du souvenir, il faudrait d’abord admettre l’exactitude du souvenir.

1998. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Livre quatrième. La connaissance des choses générales — Chapitre premier. Les caractères généraux et les idées générales. » pp. 249-295

Les planètes semblent décrire une ellipse ; l’observation et le calcul de leurs perturbations prouvent que cette ellipse n’est pas exacte. — Bref, quand nous comparons l’œuvre de la nature et l’œuvre de l’esprit, nous vérifions que leur conformité n’est pas entière ; la première se rapproche de la seconde ; rien de plus.

1999. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXIIe entretien. Vie et œuvres de Pétrarque (2e partie) » pp. 81-155

Le récit du long entretien de l’empereur et de Pétrarque prouve que l’empereur était aussi lettré que Pétrarque était politique.

2000. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLVe entretien. Examen critique de l’Histoire de l’Empire, par M. Thiers (2e partie) » pp. 177-248

Ou bien, si, comme en France en 93, une commotion passagère a emporté l’antique religion du pays, l’homme, à l’instant même où il avait fait vœu de ne plus rien croire, se dément après quelques jours, et le culte insensé de la déesse Raison, inauguré à côté de l’échafaud, vient prouver que ce vœu était aussi vain qu’il était impie.

2001. (1861) Cours familier de littérature. XI « LXIVe entretien. Cicéron (3e partie) » pp. 257-336

« Par tout ce que je viens d’exposer, je crois avoir suffisamment prouvé la supériorité de l’homme sur le reste des animaux.

2002. (1864) Cours familier de littérature. XVIII « CVIIe entretien. Balzac et ses œuvres (2e partie) » pp. 353-431

Je le dis, je le pense, ouvrons-le : c’est à lui de le prouver.

2003. (1866) Cours familier de littérature. XXI « CXXIIIe entretien. Fior d’Aliza » pp. 177-256

De pareils morceaux n’ont jamais rien prouvé, que le plus ou moins de talent de leurs auteurs à se pénétrer des couleurs de leur sujet, ou à exercer leur verve satirique sur des nations ou des époques, c’est-à-dire sur des abstractions inoffensives.

2004. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1860 » pp. 303-358

Il a de la sève des arbres dans le sang… Puis il parle avec un mépris colère de Feuillet, de la cour basse qu’il fait aux femmes dans ses œuvres, disant : « Ça prouve qu’il n’aime pas la femme.

2005. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre neuvième. Les idées philosophiques et sociales dans la poésie (suite). Les successeurs d’Hugo »

S’il ne peut pas disparaître, S’il existe et si j’ai tort, Il me prouvera son être En m’écrasant tout d’abord.

2006. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Charles Dickens »

Comme le prouve les chefs-d’œuvre dramatiques, ce procédé est suffisant, s’il est employé par quelque grand artiste soucieux de ne l’appliquer qu’à faire connaître et deviner les natures fortement caractérisées qu’il préfère d’habitude décrire ; il permet de travailler en vigoureux reliefs et, entre les mains d’un poète comme Shakespeare, il va jusqu’à révéler des âmes aussi purement méditatives que celle d’Hamlet ou de Prospero.

2007. (1856) Cours familier de littérature. II « VIIIe entretien » pp. 87-159

Pour le prouver, il faut envisager d’un regard le caractère de la littérature française, depuis ses premiers balbutiements jusqu’à nos jours.

2008. (1857) Cours familier de littérature. III « XVIIIe entretien. Littérature légère. Alfred de Musset » pp. 409-488

Ses œuvres, à dater de ce jour, nous prouvent assez qu’une foi quelconque, soit religieuse, soit philosophique, soit même politique, lui manqua aussi ; nous n’en voudrions d’autre preuve que ses vers.

2009. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Robert » pp. 222-249

Souvenez-vous seulement que toutes ces figures, tous ces groupes insignifians prouvent évidemment que la poétique des ruines est encore à faire.

2010. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Edgar Poe »

L’Edgar Poe qu’il nous donne ici — nous allons le prouver — n’est rien de plus que l’Hoffmann du matérialisme américain, et il a moins de sincérité que l’Hoffmann de l’Allemagne.

2011. (1890) Impressions de théâtre. Quatrième série

Voilà mon opinion, et je la prouve. […] En somme, l’exercice auquel nous nous sommes livrés ne prouve rien, puisqu’il est également possible de « démontrer » que Henri III est, comme il dit, « une merveille de composition », et que Henri III est composé de deux actions à peu près indépendantes l’une de l’autre. […] Elle me l’a prouvé. […] — « Mais j’y joins un sentiment désintéressé, et pour vous prouver que vous devez bien plus à mon penchant…, je voudrais n’avoir point reçu de vous tant de soins généreux dans mon enfance. » Ariste, sans écrire. […] » répète-t-il de plus en plus attendri… et tout à coup, il a une idée, qui est d’un très grand psychologue (quoique le brave garçon ne se pique pas de stendhalisme) : « Comme ce serait facile, se dit-il en lui-même, de lui prouver qu’elle s’est trompée… Il n’y aurait pas besoin de lui donner la raison.

2012. (1858) Du roman et du théâtre contemporains et de leur influence sur les mœurs (2e éd.)

« Ce qui fait l’immense supériorité de l’amour sur tous les autres sentiments, ce qui prouve son essence divine, c’est qu’il ne naît point de l’homme même ; c’est que l’homme n’en peut disposer ; c’est qu’il ne l’accorde pas plus qu’il ne l’ôte par un acte de la volonté ; c’est que le cœur humain le reçoit d’en haut sans doute, pour le reporter sur la créature choisie entre toutes dans les desseins du ciel ; et quand une âme énergique l’a reçu, c’est en vain que toutes les considérations humaines élèveraient la voix pour le détruire ; il subsiste seul et par sa propre puissance57. » La faute n’est pas de céder à la passion, mais de la combattre, mais de refouler son essor : « Ah ! […] Cette thèse, il la justifiait par cet étrange raisonnement que, mieux on établit l’incompatibilité de la vertu et du bonheur en ce monde, mieux on prouve par là même la nécessité d’une vie future qui rétablisse l’équilibre et venge la justice divine. […] Les deux bases de la société sont la famille et la propriété : on s’est évertué à prouver qu’elles étaient aussi ruineuses l’une que l’autre. […] Ce mot résume le drame, et les acclamations dont il était couvert ont assez prouvé quels formidables échos il trouvait dans la foule.

2013. (1910) Variations sur la vie et les livres pp. 5-314

Mais cette façon d’agir pouvait bien prouver de sa part un manque de goût, et une science de la musique peu profonde. […]   À la date du 14 février 1841 — Vigny avait alors quarante-quatre ans — nous trouvons une nouvelle lettre qui nous prouve que la comédienne gardait ses façons irritables et ses exigences. […] Quant à produire, non des effets terribles au moyen de la vue, mais seulement des effets prodigieux, cela n’a rien de commun avec la tragédie, car il ne faut pas chercher, dans la tragédie, à provoquer un intérêt quelconque, mais celui qui lui appartient en propre. » Ces paroles d’Aristote nous prouvent que si les anciens accordaient toute liberté lorsqu’il s’agissait d’émouvoir au théâtre, ils n’en avaient pas moins leur opinion bien arrêtée en matière de précellence.

2014. (1911) Psychologie de l’invention (2e éd.) pp. 1-184

Le vin, le café, le thé, certains médicaments, certaines injections le prouvent constamment. […] L’analyse seule m’a prouvé que cette forme de rêverie était souhaitable. […] Nouvelle adaptation à des conditions d’existence déjà anciennes, accommodation à un changement du milieu, elle rend à la société trop de services, et des services trop évidents, pour qu’on ait à prouver son utilité.

2015. (1730) Des Tropes ou des Diférens sens dans lesquels on peut prendre un même mot dans une même langue. Traité des tropes pp. 1-286

Il faut que les histoires dont on tire ensuite des allégories aient été composées dans la vue de l’allégorie ; autrement les explications allégoriques qu’on leur done ne prouvent rien ; et ne sont que des aplications arbitraires dont il est libre à chacun de s’amuser come il lui plaît, pourvu qu’on n’en tire pas des conséquences dangereuses. […] Il est vrai en général que les citations et les aplications doivent être justes autant qu’il est possible ; puisqu’autrement elles ne prouvent rien, et ne servent qu’à montrer une fausse érudition : mais il y auroit bien du rigorisme à condâner tout sens adapté. Il y a bien de la diférence entre raporter un passage come une autorité qui prouve, ou simplement come des paroles conues, ausquelles on done un sens nouveau qui convient au sujet dont on veut parler : dans le premier cas, il faut conserver le sens de l’auteur ; mais dans le second cas, les passages, ausquels on done un sens diférent de celui qu’ils ont dans leur auteur, sont regardés come autant de parodies, et come une sorte de jeu dont il est souvent permis de faire usage.

2016. (1858) Du vrai, du beau et du bien (7e éd.) pp. -492

Aussi un empiriste conséquent, tel que Hume, prouve aisément qu’aucune expérience sensible ne donne légitimement l’idée de cause. […] Cela ne prouve pas que vous n’aimiez pas cette personne ; cela prouve seulement que la personne n’est pas pour vous sans ses qualités. […] Mais nous avons prouvé que l’objet de l’art n’est pas le plaisir : le plus ou moins de plaisir qu’un art procure ne peut donc être la vraie mesure de sa valeur. […] Le bourreau va lui prouver qu’il n’a pas réussi, mais non qu’il a agi contre la justice, car il n’y a point de justice. […] Tout cela prouve qu’il y a en nous un pouvoir différent des sens et du désir, qui, sans en disposer, exerce quelquefois sur eux une autorité indirecte.

2017. (1926) La poésie de Stéphane Mallarmé. Étude littéraire

Ainsi : Mon doute, amas de nuit ancienne, s’achève En maint rameau subtil, qui, demeuré les vrais Bois même, prouve, hélas ! […] C’est que cette phrase existe du point de vue d’une émotion qui agit, non d’un discours qui prouve. […] Et ce culte elle ne le rend — c’est sa pierre de touche — qu’à ceux qui prouvèrent leur œuvre par leur vie, qui de leur propre foi donnent une raison à la foi d’autrui. […] Tant mieux : il yad’autre part aise, et maturité, à demander un soleil, même couchant, sur les causes d’une vocation122. » II n’est pas de ceux qui ne prouvent le mouvement qu’en marchant. […] Ici l’intelligence dernière se prouve.

2018. (1901) Figures et caractères

Il voulut le bonheur, comme pour bien se prouver qu’il n’existait pas et qu’on n’en saisissait jamais que le fantôme éphémère, et la gloire, comme pour s’attester qu’elle n’est rien. […] Kipling comme nous avons adopté M. d’Annunzio, ce qui prouve au moins de notre part une compréhension impartiale des talents les plus contraires, car je ne connais rien de plus dissemblable que ces deux esprits, et le contraste est piquant de les voir se coudoyer dans la faveur littéraire actuelle. […] Druce, libre enfin de redevenir uniquement le mystérieux châtelain du château de Welbeck avec qui il ne faisait qu’un ; car Mme Anna-Maria Druce soutient que son mari, qu’elle épousa par-devant le magistrat de Marylebone, n’était autre que le prétendu lépreux, le duc Richard de Portland, ce qu’elle offre de prouver en justice par des témoignages, des lettres et des portraits, si bien que les tribunaux sont saisis de l’affaire et qu’elle sera jugée incessamment. […] Mesdames, Messieurs, Le choix que vous faites chaque année de quelqu’un pour parler une heure parmi vous prouve, par ceux que vous y avez parfois conviés, un soin à ne vous pas régler par les raisons où l’on s’en tient ailleurs.

2019. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Delille »

Sans répondre à ce qu’aurait de trop direct la question, et d’embarrassant pour l’orgueil ou pour la modestie, il est permis d’affirmer, selon l’entière évidence, que la victoire de l’école nouvelle se prouve du moins dans la ruine complète de l’ancienne, et que dès lors on a loisir de juger sans colère et de mesurer en détail celle-ci, dût quelque partisan de l’heureux Pompée de cette poésie nous venir dire : Ô soupirs !

2020. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Livre deuxième. La connaissance des corps — Chapitre premier. La perception extérieure et les idées dont se compose l’idée de corps » pp. 69-122

. — Une fois arrivés à cet état d’esprit, et à partir de ce moment pour tout le reste de notre vie, nous n’avons jamais conscience d’une sensation présente sans la rapporter instantanément à quelqu’un des groupes de possibilités dans lesquels est enregistrée une sensation de la même espèce, et, si nous ne savons pas encore à quel groupe la rapporter, nous sentons au moins la conviction irrésistible qu’elle doit appartenir à un groupe ou à un autre, en d’autres termes, que sa présence prouve l’existence, ici et actuellement, d’un grand nombre et d’une grande variété de possibilités de sensation sans lesquelles elle ne se serait pas produite.

2021. (1858) Cours familier de littérature. V « XXXe entretien. La musique de Mozart (2e partie) » pp. 361-440

Scudo en citant ces paroles si justes ; c’est la doctrine pratiquée par Phidias, par Virgile, par Raphaël, doctrine contraire à celle du musicien rival de Mozart, Gluck, qui voulait au contraire que la musique ne fût que la traduction littérale de la parole… Le principe de Gluck, qui est celui de la France, nous prouve, ajoute le commentateur, que si Mozart s’était fixé à Paris, il n’aurait jamais écrit le chef-d’œuvre de beauté et de sentiment de Don Juan. » XII Sous cette haute inspiration de Mozart nous avons vu comment d’Aponte, son poète, composait les scènes et les dialogues entre deux ivresses, le vin et l’amour, et en la présence nocturne des fantômes de Dante, ouvert sur sa table.

2022. (1859) Cours familier de littérature. VII « XXXVIIIe entretien. Littérature dramatique de l’Allemagne. Le drame de Faust par Goethe » pp. 81-160

D’abord il prouve l’innocente et naïve confiance de la jeune fille ; puis il annonce au spectateur qu’elle a un frère chéri au service, frère dont la mort accidentelle sera bientôt un crime de son amour pour Faust ; puis enfin cette tendresse pour sa petite sœur, qu’elle élève si maternellement au berceau, prépare un contraste terrible avec le crime de délire qui lui fera plus tard sacrifier à la fièvre le propre fruit de ses entrailles.

2023. (1859) Cours familier de littérature. VII « XLIIe entretien. Vie et œuvres du comte de Maistre » pp. 393-472

Si l’on peut voir au premier coup d’œil quelque chose de trop hardi dans cette ambition, la réflexion prouvera bientôt que le sentiment qui m’anime ne peut s’appeler audace ni légèreté, et que l’homme qui prend une telle détermination y a suffisamment pensé.

2024. (1860) Cours familier de littérature. IX « LIIIe entretien. Littérature politique. Machiavel (2e partie) » pp. 321-414

Cette anecdote, qui paraît incroyable, est vraie pourtant ; elle prouve à quel degré de suspicion et de crainte de son ombre le prince royal de Piémont, le futur Charles-Albert, était alors descendu dans ces ombres du palais Pitti qui lui prêtaient leur hospitalité et leur solitude.

2025. (1867) Cours familier de littérature. XXIII « cxxxve entretien. Histoire d’un conscrit de 1813. Par Erckmann Chatrian »

fit-il, ça prouve que vous avez un bon estomac, puisque vous aimez le vinaigre.

2026. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre IV. Les tempéraments et les idées (suite) — Chapitre V. Jean-Jacques Rousseau »

Qui le prouve ?

2027. (1922) Enquête : Le XIXe siècle est-il un grand siècle ? (Les Marges)

Votre enquête prouve que cela vient.

2028. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre sixième »

Les négliger, c’est prouver qu’on n’est observateur qu’à demi, et qu’auprès d’un homme on ne sait pas voir son entourage.

2029. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1857 » pp. 163-222

Il nous fait des compliments sur notre Venise parue dans L’Artiste, nous disant que pour lui « c’est le plus fin bouquet de parfums de la ville des doges », et afin de nous prouver qu’il a tout senti, tout compris, nous décrit l’Osteria della Luna, sa situation, son architecture, sa couleur, enfin nous la fait revoir : « Mais, nous dit-il, ce ne sera pas compris, il faut tous y attendre.

2030. (1894) Journal des Goncourt. Tome VII (1885-1888) « Année 1887 » pp. 165-228

Samedi 12 mars Le pourboire, cette générosité essentiellement française, prouve l’humanité d’une nation.

2031. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre onzième. La littérature des décadents et des déséquilibrés ; son caractère généralement insociable. Rôle moral et social de l’art. »

On se contente parfois d’invoquer, pour prouver la décadence, le souci extrême que poètes et prosateurs montrent de la forme et du mot, souci qui prime celui des idées.

2032. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Conclusions »

Rien ne prouve que n’importe lequel des personnages de Racine ou de George Sand, que l’Agamemnon même d’Eschyle, l’Électre de Sophocle, que les héros étranges de M. 

2033. (1864) William Shakespeare « Première partie — Livre II. Les génies »

Et la transfiguration qu’il annonce, il la prouve.

2034. (1857) Cours familier de littérature. III « XVIe entretien. Boileau » pp. 241-326

Il prouva sa mission par ses œuvres.

2035. (1857) Cours familier de littérature. III « XVIIe entretien. Littérature italienne. Dante. » pp. 329-408

.… Il y a là une divine intelligence du cœur de la femme qui prouve que le Dante avait aimé.

2036. (1857) Cours familier de littérature. IV « XXIIIe entretien. I. — Une page de mémoires. Comment je suis devenu poète » pp. 365-444

« Ceux qui cherchent à déshériter l’homme, à lui arracher l’empire de la nature, voudraient bien prouver que rien n’est fait pour nous.

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