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825. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « MME DESBORDES-VALMORE. (Les Pleurs, poésies nouvelles. — Une Raillerie de l’Amour, roman.) » pp. 91-114

Comme elle nous le dit en vraie fille de La Fontaine, à quelque chère idole en tout temps asservie, elle aimait une fleur, elle adorait quelque arbrisseau ; elle lui parlait à genoux, lui confiait ses peines, jouissait des mêmes printemps ou souffrait des mêmes vents d’hiver. […] Sous son masque de Thalie, pour parler ici comme elle ce mythologique langage, elle ne sécha pas une seule de ses larmes. […] Les petits enfants, qu’elle aime à peindre, ont été plus précoces et ont parlé un langage plus impossible que jamais. […] Je suis, comme tout le monde, à la vie pour souffrir ; — c’est plutôt apprendre à penser qu’à parler. […] Elle y fut remarquée par des acteurs de l’Opéra-Comique de Paris, qui y étaient de passage ; ils en parlèrent à Grétry, qui se chargea de l’éducation musicale de la jeune fille.

826. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Boileau »

« Il me semble que la perruque est assez heureusement frondée dans ces vers. » Cela rappelle cette autre hardiesse avec laquelle dans l’Ode à Namur, Boileau parle de la plume blanche que le roi a sur son chapeau 7. […] Le François, né malin, forma le vaudeville, Agréable indiscret, qui, conduit parle chant, Passe de bouche en bouche et s’accroît en marchant. […] « Il ne s’est jamais vanté, comme il est dit dans le Bolœana, d’avoir le premier parlé en vers de notre artillerie, et son dernier commentateur prend une peine fort inutile en rappelant plusieurs vers d’anciens poëtes pour prouver le contraire. La gloire d’avoir parlé le premier du fusil et du canon n’est pas grande. Il se vantoit d’en avoir le premier parlé poétiquement, et par de nobles périphrases. » (Racine fils, Mémoires sur la vie de son père.)

827. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre V. Transition vers la littérature classique — Chapitre I. La littérature sous Henri IV »

Il en avait trouvé le vrai principe : « parler affectionnément et dévotement, simplement et candidement, et avec confiance ». […] Je ne sais même pas s’il convient de parler des idées de Régnier : rien de moins profond, de plus vague et de plus banal que la morale de Régnier. […] Des façons de parler proverbiales, des dictons de Paris émaillent ses propos, et leur donnent une saveur un peu vulgaire, mais piquante. […] Et nous voyons précisément ces caractères apparaître dans les écrivains dont j’ai parlé. […] Vauquelin et Régnier organisent la satire : Hardy, dont j’ai remis à parler, établit la tragédie.

828. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Madame de La Tour-Franqueville et Jean-Jacques Rousseau. » pp. 63-84

Mais, dès cette première lettre, il prend ses précautions et se peint déjà avec ses variations bizarres : « J’espère, madame, malgré le début de votre lettre, que vous n’êtes point auteur, que vous n’eûtes jamais intention de l’être, et que ce n’est point un combat d’esprit auquel vous me provoquez, genre d’escrime pour lequel j’ai autant d’aversion que d’incapacité. » Il entre alors très au sérieux dans ce jeu prolongé des Claire, des Julie et des Saint-Preux ; il ne fait pas semblant, comme ce serait de bon goût à un écrivain bien appris, de traiter légèrement les personnages de son invention ; il continue de leur porter respect, et d’en parler dans le tête-à-tête comme s’ils étaient de vrais modèles : À l’éditeur d’une Julie, vous en annoncez une autre, une réellement existante, dont vous êtes la Claire. […] Au sortir de cet élan romanesque, Rousseau rentre dans la réalité plus qu’il ne faudrait, en étalant à ces deux jeunes femmes, qu’il ne connaît pas, le détail de ses maux physiques, de ses infirmités : Vous parlez de faire connaissance avec moi ; vous ignorez sans doute que l’homme à qui vous écrivez, affligé d’une maladie incurable et cruelle, lutte tous les jours de sa vie entre la douleur et la mort, et que la lettre même qu’il vous écrit est souvent interrompue par des distractions d’un genre bien différent. […] Montaigne parle bien d’une maladie pareille qu’il avait, mais il en parle à ses lecteurs, c’est-à-dire à tout le monde ; tandis qu’ici Rousseau en parle dans une lettre particulière à de jeunes femmes à qui il écrit pour la première fois : c’est là un renchérissement et un embellissement. […] Elle a un tort pourtant comme toutes les femmes de cette école de Rousseau : elle ne parle pas seulement de sa sensibilité et de ses grâces, elle parle de son caractère, de ses principes, de ses mœurs et de sa vertu. […] Je ne l’aime pas quand elle est en adoration devant son idole, quand elle lui parle solennellement de l’univers, quand à propos d’un imprimé de lui, qu’il lui fait parvenir par la petite poste, elle s’écrie : « J’ai soupiré de ne pouvoir pas prendre l’univers à témoin d’une distinction si flatteuse. » Elle me paraît peu aimable quand elle lui dit encore : « Vous avez le plus beau génie du siècle ; moi j’ai le meilleur cœur du monde… Vous êtes digne qu’on vous élève des statues ; moi je suis digne de vous en élever. » Tout cela est déclamatoire, comme une page même de Jean-Jacques.

829. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Mémoires et correspondance de Mallet du Pan, recueillis et mis en ordre par M. A. Sayous. (2 vol. in-8º, Amyot et Cherbuliez, 1851.) — I. » pp. 471-493

Et Bonald, triomphant cette fois de toute prévention contre un écrivain calviniste et ami d’une sage liberté, parlait en 179664 des « excellents tableaux politiques, et l’on pourrait dire prophétiques, de la Révolution française, que M.  […] Mais c’est assez parler en général : voyons donc un peu en détail ce que c’était que Mallet du Pan. […] Mallet du Pan, arrivant de France avec une mission secrète de Louis XVI, très désigné d’ailleurs à l’attention des souverains et des cabinets comme à celle des princes émigrés par sa rédaction politique du Mercure, se trouvait consulté, et sollicité de parler de divers côtés à la fois. Le maréchal de Castries, du côté des princes, frères du roi, lui écrivait : « J’ai vu l’impression que vos écrits faisaient sur tous les bons esprits… Il est temps de parler à la nation et de l’éclairer. » Mallet reprit la plume pour parler non à la nation, qui, à cette date, avait peu de liberté d’oreille et d’entendement, mais aux chefs des cabinets et à ceux de l’émigration, pour les éclairer, s’il se pouvait, sur ce qui, selon lui, était raisonnable et nécessaire ; car il ne voyait plus qu’un moyen de mener à bien cette grande « guerre sociale », comme il l’appelait : c’était d’en faire une guerre à la Révolution seule, à la Convention qui résumait en elle l’esprit vital de la Révolution, non à la France. […] Les plus chauds des émigrés à Bruxelles, groupés au Parc, le dénonçaient comme républicain et ne parlaient que de le pendre après la contre-révolution opérée.

830. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Œuvres de Louis XIV. (6 vol. in-8º. — 1808.) » pp. 313-333

Les originaux, déposés par le duc de Noailles à la Bibliothèque du roi, y ont été conservés ; c’est d’après ces manuscrits que se fit en 1806 la publication des six volumes dont je parle, et auxquels, je ne sais pourquoi, le public n’a jamais rendu la justice ni accordé l’attention qu’ils méritent. […] Rien de tel ne se montre dans les Mémoires de Louis XIV, non plus que dans ceux de Napoléon ; c’est de l’histoire toute pure, ce sont les réflexions d’hommes qui parlent de leur art, et le plus grand des arts, celui de régner. […] Il parlait humainement à ceux qui le servaient : il leur disait des choses spirituelles et obligeantes, et fut docile en tout ce que les médecins désirèrent de lui. […] Pendant qu’il parle avec tant de force, une douceur surprenante lui ouvre les cœurs et donne je ne sais comment un nouvel éclat à la majesté qu’elle tempère. […] Le roi entra sur ces entrefaites, fit recommencer la lecture et interrompit : « Vous me faites parler comme un saint, et je ne le suis pas. » Brienne lui dit que son premier commis avait fait revoir les lettres par un des plus habiles hommes de France en fait de style et d’éloquence.

831. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Rivarol » pp. 245-272

En effet, pour qui veut parler avec cette propriété qu’il aimait et qu’il appelait la probité de la langue française, les ouvrages de Rivarol ne sont pas des œuvres. […] Et quand l’occasion d’en parler est inévitable, c’est avec un mortel regret que j’en parle toujours. […] Voltaire ravi la comparait à un feu d’artifice perpétuel tiré sur l’eau, et Chênedollé, qui en a parlé quarante ans après l’avoir entendue, à une cascade inépuisable, éclatante et sonore, qui a ses courbes et ses arcs-en-ciel, et qui jaillit pour retomber et pour rejaillir. […] Il y a bien encore un quatrième biographe de Rivarol ; mais à quoi bon parler de celui-là, qui n’est que solennel et vulgaire là où MM.  […] Mais, c’est par ces simplicités toutes puissantes qu’il a toujours quand il pense ou parle en histoire, qu’il mérite le nom glorieux que Burke, critique ce jour-là, lui avait donné.

832. (1893) Impressions de théâtre. Septième série

Wangel, laisse-moi, dit-elle, te parler devant lui. […] Ils ne parlent que de ce brave Durosier. […] Ils ne peuvent plus parler que de lui. […] Pour comble d’agrément, ces animaux parlaient comme parlent les paysans au théâtre. […] Son parler est imagé et ingénieux.

833. (1864) Histoire anecdotique de l’ancien théâtre en France. Tome I pp. 3-343

Nous en parlerons avec quelques détails, un peu plus loin. […] Les orateurs parlaient avec sincérité. […] t’avais-je promis de ne parler qu’à toi ? […] il avait à peine parlé, qu’un nouvel et terrible adversaire entrait en ligne contre lui. […] Elle parlait plusieurs langues.

834. (1939) Réflexions sur la critique (2e éd.) pp. 7-263

On ne parle pas comme on écrit, on n’écrit pas comme on parle. […] Les descriptions dont parle M.  […] Sainte-Beuve en parle froidement. […] Vodoz, l’attitude politique dont parle M.  […] » C’est Denis qui parle ainsi.

835. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XXIX » pp. 117-125

On se souvient encore et l’on raconte que, dans son zèle pour la christianisation au moins apparente et officielle de l’Université, Cousin avait, il y a quelques années, rédigé, — oui, rédigé de sa propre et belle plume un catéchisme : cet édifiant catéchisme était achevé, imprimé déjà et allait se lancer dans tous les rayons de la sphère universitaire, quand on s’est aperçu tout d’un coup avec effroi qu’on n’y avait oublié que d’y parler d’une chose, d’une seule petite chose assez essentielle chez les catholiques : quoi donc ? […] Tout croule quand nous ne sommes plus là. — Vingt empires dorment dans les tombeaux qu’ils nous ont creusés. » Voilà qui s’appelle parler de soi, et sinon croire, au moins ne pas douter. […] — Dans son feuilleton des Débats de lundi 25, le même Janin parle joliment d’un vaudeville de Théophile Gautier, le plus spirituel de nos cyniques. […] Il excelle et il est maître toutes les fois qu’il parle du gaspillage de l’esprit.

836. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Quatrième partie. Élocution — Chapitre V. Figures de construction et figures de pensées. — Alliances de mots et antithèses »

Ce ne sont pas là des façons de parler, ce sont des façons de penser. […] Ainsi parfois, on interroge, sachant très bien ce qu’on demande ; on doute, étant certain ; on interpelle son lecteur, sans avoir besoin qu’il réponde ; on fait des questions, pour faire soi-même les réponses ; on s’écrie, voulant affirmer ; on n’achève pas sa pensée, pour la faire mieux entendre ; on dit qu’on ne parlera pas d’une chose, et l’on en parle. […] La prosopopée, par laquelle on fait parler les morts, les absents, ou les choses, se ramène à la métaphore et à l’allégorie, qui la contiennent en germe.

837. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Mallarmé, Stéphane (1842-1898) »

ses théories sur le théâtre suprême, sur l’union de l’art et de la morale, tout cela rayonne dans ses écrits d’une telle irradiation, que je ne saurais sans altération vous en parler. […] Ferdinand Brunetière D’autres raisons nous ont empêchées de parler de M.  […] Il en a trouvé de superbes et antérieurs modèles chez un poète de sa génération, je veux parler de ce nostalgique et mélodieux Léon Dierx. […] Il est presque inutile cependant de faire remarquer que ce n’est point dans ce sens que je parle.

838. (1887) Discours et conférences « Discours prononcé à Quimper »

Le monde nous écoute volontiers, quand nous lui parlons de ses intérêts généraux ; car nous avons le don de la sympathie, cette intuition, cette illusion si l’on veut, qui, dans tout homme, je dirai presque dans tout être conscient, nous fait toucher une vie sœur de la nôtre, dans toute fleur nous montre un sourire, dans l’univers entier nous fait voir un grand acte d’amour. […] Dès que je leur ai parlé breton, ils m’ont tenu absolument pour un des leurs. […] On me parla d’un Renan qui était mort en laissant un avoir d’environ cinquante mille francs. […] Nous sommes prêts à vivre, quand tant de gens ne parlent que de mourir.

839. (1899) Esthétique de la langue française « Esthétique de la langue française — Chapitre VIII »

Voici une nomenclature très abrégée des principaux emprunts directs de la langue française aux parlers les plus divers. […] Voilà des mots (et il y en a beaucoup d’autres) sans lesquels il serait difficile de parler français, et auxquels le puriste le plus exigeant n’oserait adresser aucun reproche ; ils sont presque tous entrés anciennement dans la langue, et c’est ce qui explique la parité de leurs formes avec celles des mots français primitifs. […] Toute une série de mots anglais ont gardé en français et leur orthographe et leur prononciation, ou du moins une certaine prononciation affectée qui suffit à réjouir les sots et à leur donner l’illusion de parler anglais. […] Coaching, yachting, quel parler !

840. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Seconde Partie. De l’Éloquence. — Éloquence du barreau. » pp. 193-204

Il parla, il écrivit en toute occasion. […] Comme ils ont à parler de politique ou de législation, leurs harangues doivent être pleines de mouvemens & de grandes vues. […] Pourquoi parler, dans mon affaire, De viol, de poison, de fureur sanguinaire. […] Mais, encore une fois, parlez de mes trois chèvres.

841. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre quatrième. Éloquence. — Chapitre II. Des Orateurs. — Les Pères de l’Église. »

L’éloquence des docteurs de l’Église a quelque chose d’imposant, de fort, de royal, pour ainsi parler, et dont l’autorité vous confond et vous subjugue. […] Il tourne son âme inquiète vers le Ciel : quelque chose lui dit que c’est là qu’habite cette souveraine beauté après laquelle il soupire : Dieu lui parle tout bas, et cet homme du siècle, que le siècle n’avait pu satisfaire, trouve enfin le repos et la plénitude de ses désirs dans le sein de la religion. […] » Le même homme qui a tracé cette brillante image du vrai Dieu, va nous parler à présent avec la plus aimable naïveté des erreurs de sa jeunesse : « Je partis enfin pour Carthage. […] Tertullien parle comme un moderne ; ses motifs d’éloquence sont pris dans le cercle des vérités éternelles, et non dans les raisons de passion et de circonstance employées à la tribune romaine, ou sur la place publique des Athéniens.

842. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 1, du génie en general » pp. 1-13

Nous apprenons à faire les choses pour lesquelles nous avons du génie, avec autant de facilité que nous en avons à parler notre langue naturelle. […] On n’acquiert point la disposition d’esprit dont je parle ; on ne l’a jamais si on ne l’a point apportée en naissant. […] Mon sujet ne veut pas que je parle plus au long de la difference qui se rencontre entre le génie des hommes, et même entre le génie des siecles et des nations. […] On peut profiter beaucoup dans la lecture de ces ouvrages, quoiqu’ils ne méritent pas toute la confiance du lecteur : je ne dois parler ici que du génie qui fait le peintre et le poëte.

843. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 10, du temps où les hommes de génie parviennent au mérite dont ils sont capables » pp. 110-121

Comme les génies sont plus tardifs les uns que les autres (c’est ce que j’avois à dire en second lieu) comme leurs progrès peuvent être retardez par tous les obstacles dont nous avons parlé, nous n’avons pas prétendu marquer l’âge de trente ans, comme une année fatale, avant laquelle et après laquelle on ne dût rien attendre. […] Quintilien, que sa profession obligeoit d’étudier le caractere des enfans, parle avec un sens merveilleux sur ce qu’on appelle communément des esprits tardifs et des esprits précoces. […] Je parle des maîtres ordinaires, car si le maître lui-même a du génie, il discernera l’éleve de dix-huit ans qui en aura. […] Mais cet enfant, dès qu’il est parvenu dans l’âge où il faut penser, parler et agir de soi-même, déchoit tout-à-coup de ce mérite précoce.

844. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 30, objection tirée des bons ouvrages que le public a paru désapprouver, comme des mauvais qu’il a loüez, et réponse à cette objection » pp. 409-421

Il vous dira dans le lieu même, qu’il met une difference immense entre ces pieces et le Misantrope, et qu’il n’y vient que pour voir un acteur qui réussit dans quelque personnage bizarre, ou bien une scéne qui aura du rapport avec une avanture récente et dont il est parlé dans le monde. […] Mais après un certain nombre de représentations, le monde comprit que la maniere de traiter la comédie en philosophe moral étoit la meilleure, et laissant parler contre le Misantrope les poëtes jaloux, toujours aussi peu croïables sur les ouvrages de leurs concurrens, que les femmes sur le mérite de leurs rivales en beauté, il en est venu avec un peu de temps à l’admirer. […] Apulée parle de ce même Philemon dans le second livre des florida, comme d’un poëte qui avoit de très-grands talens, et qui sur tout étoit recommandable par la morale excellente de ses comédies. […] La meilleure preuve qu’on puisse avoir de l’excellence d’un poëme quand il commence à paroître, c’est donc qu’il se fasse lire, et que tous ceux qui l’ont lu en parlent avec affection, quand bien même ce seroit pour lui reprocher des fautes.

845. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 17, de l’étenduë des climats plus propres aux arts et aux sciences que les autres. Des changemens qui surviennent dans ces climats » pp. 290-294

Les sels et les sucs spiritueux de ces denrées jettent dans le sang des nations septentrionales une ame, ou, pour parler avec les physiciens une huile étherée, laquelle ne se trouve point dans les alimens de leur patrie. […] J’ai oüi dire à Monsieur Regis, célebre medecin d’Amsterdam, que depuis que l’usage des denrées dont je viens de parler, s’étoit introduit dans cette ville parmi les gens de toute condition, on n’y voïoit plus la vingtiéme partie des maladies scorbutiques qu’on y voïoit auparavant. […] Le mélange des corpuscules qui entrent dans la composition de l’air dont je parle, peut être mauvais par quelques excès d’un de ses bons principes.

846. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre I. La préparations des chefs-d’œuvre — Chapitre II. Attardés et égarés »

Il écrivait à Balzac, très curieux de savoir quelle était cette nouvelle puissance : « On n’y parle pas savamment, mais on y parle raisonnablement, et il n’y a lieu au monde, où il y ait plus de bon sens et moins de pédanterie ». […] Je parle des genres sérieux de poésie : car, pour le burlesque, l’influence de l’Espagne fut considérable. […] Au total, l’Espagne, comme l’Italie, recommandait à la France le goût effréné de l’esprit, le culte des formes les plus raffinées de sentir et de parler. […] Je n’en parlerai pas : ce sont les parties mortes et bien mortes de la littérature classique. […] L’essence du burlesque, c’est le manque de convenance : faire parler les dieux et les héros comme on parle aux faubourgs, aux halles, et mettre tout le détail de la forme en désaccord constant avec la nature du sujet.

847. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Lettres de m. l’Abbé Sabatier de Castres ; relatives aux trois siecles de la littérature françoise.ABCD » pp. -641

Mais le trait dont je vous parle n'est rien en comparaison de celui-ci. […] C'est le même Ecclésiastique de qui j'ai eu occasion de parler, dans une Note du Discours préliminaire de la quatrieme Edition des Trois Siecles, pag. 49. […] L'Auteur y parle d'avance le langage de la Postérité ; car il ne faut pas croire que la Postérité se laisse subjuguer par les hommages que le Siecle présent a rendus & rend encore à l'Auteur de la Pucelle. […] Dès qu'il veut parler de Législation, de Politique, d'Administration, de Police, je ne sais, sa plume s'embarrasse & son génie semble l'abandonner. […] Cet Auteur parle de tout avec esprit & avec grace.

848. (1882) Autour de la table (nouv. éd.) pp. 1-376

Julie ne parle ainsi que par boutade. […] Ainsi parla Théodore. […] Sa foi parle le langage de la légende. […] parle ! […] Parle !

849. (1911) L’attitude du lyrisme contemporain pp. 5-466

Griffin parle quelque part de la douleur « éternelle et suave ». […] L’auteur nous veut parler des regards pauvres et las. […] On a beaucoup parlé de Moréas, pas assez de Fort. […] comme Mithouard a parlé religieusement de Léon Reynier ! […] Ne parle-t-on pas de lois rythmiques en morale et en histoire ?

850. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « M. Boissonade. »

Boissonade a à parler en 1809 de l’Iliade, à propos des traductions du prince Lebrun et de Bitaubé. […] Il y parlait peu, je l’ai dit, mais ce peu était fort écouté. […] Un jour deux de ses confrères de l’Institut, Letronne et Gail, se trouvant à proximité de son habitation, et sentant leur estomac qui parlait, eurent l’idée de le voir, de lui demander rafraîchissement et réconfort ; il fit dire qu’il n’y était pas. […] Obligé de parler publiquement, de louer publiquement, eussiez-vous refusé ? […] Il avait fait des rapprochements curieux de nos plantes avec celles dont parlent les anciens.

851. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. NISARD. » pp. 328-357

Le moment où je parle est déjà loin de moi ! […] Si vos opinions lui semblent se rapprocher des siennes, il vous en félicite ; si vous avez parlé avec chaleur du bon goût, il vous en remercie. […] Nisard, au reste, s’est enfoncé de plus en plus fort dans la même illusion de goût, lorsque, plus tard, il n’a écrit si au long et parlé si haut sur Carrel que pour faire aboutir immédiatement l’éloge à M. le duc d’Orléans. […] n’enflez pas tant votre voix pour mêler tous ces hommes et Carrel ensemble au même moment, pour saluer l’un comme prince, pour parler de l’autre comme d’un père, et proclamer celui-là devant tous comme votre seconde conscience ; pour Dieu ! […] Eu même temps qu’il célèbre les maisons de campagne de ses amis, il parle de leurs mœurs, de leurs goûts, de leur âme.

852. (1895) La musique et les lettres pp. 1-84

Le Domaine public, dont il a été parlé, représente, en l’espèce, parfaitement, la place publique ou quelque édifice. […] Il convient d’en parler déjà, ainsi qu’un invité voyageur tout de suite se décharge par traits haletants de témoignage d’un accident su et le poursuivant : en raison que le vers est tout, dès qu’on écrit. […] Très peu se sont dressé cette énigme, qui assombrit, ainsi que je le fais, sur le tard, pris par un brusque doute concernant ce dont je voudrais parler avec élan. […] Le temps a parfait l’œuvre : et qui parle, entre nous, de scission ? […] La Confiance, cette fois lecture, mieux Discours, me paraît un genre à déployer hors frontières. — Toi que voici chez nous, parle, est-il indiqué par hommage, on accède.

853. (1921) Enquête sur la critique (Les Marges)

Mais s’il parle d’un tambour, qu’il résonne avec lui et qu’il ne cherche pas à vibrer comme une harpe. […] Mais contrairement aux opinions établies, un bon critique n’est pas nécessairement celui qui nous encense ou, tout au moins, parle de nous. […] M’étant jusqu’à présent occupé surtout de poésie, on me pardonnera sans doute de parler encore d’elle. […] Le tout est de faire parler de soi et de lancer son nom au public. […] Elle lui donne le temps de la réflexion qui est si salutaire et qui manque au journaliste auquel on conseille, s’il en veut bien parler, de ne jamais lire les livres soumis à sa critique.

854. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre X. La littérature et la vie de famille » pp. 251-271

Tels étaient les sentiments romanesques qui étaient applaudis par les spectateurs, sans parler des spectatrices. […] Rodogune, sa pièce favorite, n’est qu’un duel entre deux femmes qui toutes deux commandent un crime atroce ; l’une parle en mère et ordonne à ses deux fils de tuer celle qu’ils aiment ; l’autre parle en amante et ordonne aux deux mêmes princes de tuer leur ; mère. […] Il faudrait parler maintenant des relations entre parents et enfants, entre frères et sœurs, etc. […] Je n’ai aucun motif de te parler sévèrement… Adieu l’antique autorité paternelle ! […] Ces simples rapprochements parlent d’eux-mêmes.

855. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Discours préliminaire, au lecteur citoyen. » pp. 55-106

Tous ceux qui vous entendroient parler ainsi ne pourroient s’empêcher de dire : Voilà un Médecin habile & charitable ; & moi, malade, quand je serois guéri, je rougirois de ma frénésie, & vous remercierois de vos soins. […] Convenez, Lecteur impartial, que jamais les ennemis de notre Nation n’en ont parlé avec ce délire méprisant, & que les François qui honorent la Philosophie ressemblent au moins un peu à la femme de Sganarelle, qui aimoit à être battue. […] L’Auteur de la Lettre d’un Théologien, dont nous avons parlé dans l’article de M. […] Tout le monde sait avec quel humeur, avec quel mépris les Philosophes du siecle parlent des Grands & des Gens en place. […] Helvetius étoit trop bon Citoyen, trop chéri des François, trop jaloux de leur suffrage, pour se permettre de parler de sa Patrie avec le mépris qu’affecte pour elle l’Auteur du Livre de l’Homme & de ses facultés. 5.° On sait que M.

856. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre XIV, l’Orestie. — Agamemnon. »

. — « Si ce palais prenait une voix, il parlerait clairement ; quant à moi, je parle volontiers à ceux qui savent : pour qui ignore ou ne comprend pas, je ne sais rien, j’oublie tout. » — La terreur sort déjà de cette réticence de l’esclave. […] … Si l’armée laissait derrière elle des dieux offensés, la ruine des vaincus susciterait leur vengeance, même quand d’autres crimes n’auraient point été commis. » — Sombre discours qui pense d’un côté et parle de l’autre, où l’équivoque louche, où le vœu ricane et sous-entend la menace. […] Mais Cassandre parle à des esprits assourdis par l’âge ; les vieillards comprennent ce qu’elle dit du passé, ils s’obstinent à ne pas entendre le sens urgent de ses prédictions. Puisqu’il le faut, elle dira tout, parlera sans ombres : — « Je te le dis, Agamemnon va périr. » Ils se récrient : «  — Tais-toi, malheureuse !  […] Elle dit au Chœur qui a parlé de ce démon domestique : « Tu l’accuses enfin, le Génie trois fois terrible de cette race !

857. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome I « Bibliotheque d’un homme de goût. — Chapitre II. Des poëtes étrangers. » pp. 94-141

Dès qu’il a parlé par votre bouche, il a été reçu par-tout ; par-tout il a été applaudi. […] Les Espagnols ont, dit-il, des façons de parler qu’on ne me blâmera pas d’avoir changées. […] Elle a prêté son style au Poëte Anglois, & l’a fait parler avec autant de pureté que d’élégance. […] Le Poëme d’Hudibras, dont je vous parle, semble être un composé de la satyre menippée & de Dom-Quichotte. […] Sans parler du Choix des Poésies Allemandes, publié par M.

858. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « II — La solidarité des élites »

Ils nous parlent d’unité parmi les choses, d’amitié parmi les hommes. Ils nous parlent d’une « religion » encore à naître, d’une « nature » encore incomprise, d’une « vie » plus large. […] Laissons parler trois d’entre eux, déjà lointains et profondément éloignés l’un de l’autre. […] Oserai-je parler de l’Américain Walt Whitman, le dernier de nos trois « hommes nouveaux » ? […] Je vous dirai encore : La vérité vous est fermée, vous n’avez pas su lire dans le monde, dont les livres ne parlent pas !

859. (1899) Le roman populaire pp. 77-112

Si on ouvre des romans de Flaubert ou de Feuillet, pour ne parler que des morts, on a l’impression que ces écrivains ont eu l’ambition de plaire à des lecteurs instruits, tout au moins à des bacheliers. […] La phrase reste toute simple ; elle parlait à l’imagination, elle parle au cœur, c’est-à-dire aux deux forces qui commandent à tous. […] Soyez des hommes qui respirent avec certificat, et ne parlez pas avec tant de présomption d’une existence tout au plus réelle, qui n’a rien de légal. » Ainsi du roman populaire. […] Nos pères, enseignés par le christianisme, avaient un sens plus profond de l’égalité, dont nous parlons sans cesse, mais à laquelle nous avons tant de peine à souscrire. […] Aimez ceux dont vous aurez à parler, car c’est la condition essentielle pour qu’ils se reconnaissent et vous suivent.

860. (1922) Durée et simultanéité : à propos de la théorie d’Einstein « Chapitre III. De la nature du temps »

Ce que nous voulons établir, c’est qu’on ne peut pas parler d’une réalité qui dure sans y introduire de la conscience. […] Est-ce à un tel voyage que nous pensons quand nous parlons du Temps impersonnel ? […] Les théoriciens de la Relativité ne parlent jamais que de la simultanéité de deux instants. […] De celle-là nous avons parlé dans la première partie de notre travail ; nous nous occuperons spécialement d’elle tout à l’heure. […]   Mais nous venons de prononcer le mot « réalité » ; et constamment, dans ce qui va suivre, nous parlerons de ce qui est réel, de ce qui ne l’est pas.

861. (1906) Propos de théâtre. Troisième série

Ménécée n’apparaît pas sur la scène ; il n’est qu’un personnage dont on parle, et encore dont on ne parle pas beaucoup. […] Parle-moi de régner, parle-moi d’Antigone. […] N’en parlons pas. […] C’est la Divinité qui parle. […] — A qui veut-elle apprendre à parler Vaugelas ?

862. (1890) La bataille littéraire. Deuxième série (1879-1882) (3e éd.) pp. 1-303

« Quand je ne parle pas, je ne pense pas !  […] Parle ! […] Godefroy à parler. […] Il me parla des nombreuses injustices dont il avait été victime. […] … ne parlez pas !

863. (1868) Rapport sur le progrès des lettres pp. 1-184

L’art d’écrire et de parler s’applique à tout. […] Nous aurons plus d’une fois à parler de ce rapport de Chénier. […] N’en pas parler abrégeait la besogne. […] Quand on parle de progrès, il faut s’entendre. […] Nous n’avons pas parlé des femmes poëtes.

864. (1809) Tableau de la littérature française au dix-huitième siècle

Elle est moins dramatique, et parle moins à l’imagination. […] Elle n’est pourtant, si l’on peut ainsi parler, qu’un moyen artificiel de créer la vérité. […] C’est en ce sens que Fénelon, tout admirateur qu’il était de l’antiquité, parla toujours de la politique française. […] Il reste encore à parler de ces hommes du premier ordre qui font la gloire de leur siècle. […] Le succès plus que le mérite de l’Histoire des deux Indes, nous impose l’obligation d’en parler.

865. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Parny poète élégiaque. » pp. 285-300

J’ai déjà écrit sur Parny52 ; je voudrais parler de lui une fois encore, et cette fois sans aucune gêne, sans aucune de ces fausses réserves qu’imposent les écoles dominantes (celle même dont on est sorti) et les respects humains hypocrites. […] » Ainsi parlait un critique, qui est aussi un traducteur de Dante53, et auquel bien des gens doivent de le lire en français ; car l’original leur est absolument fermé. […] La nature parle ; l’expression suit, facile, heureuse, égale à ce qui est à dire. […] M. de Montalembert, ce jour-là mon voisin, et témoin de mon frémissement de critique, m’enhardit à parler et, je puis dire, m’y poussa. […] Grand Aristote, parlez pour vous, pour les sages, pour les politiques, pour les orateurs, pour les critiques !

866. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Le père Lacordaire. Quatre moments religieux au XIXe siècle. »

Les Martyrs, qui n’avaient parlé qu’à mon imagination et à mon goût de jeune homme, leur parlaient encore sans doute, mais ils trouvaient dans ma foi un second abîme ouvert à côté de l’autre, et c’était le mélange de deux mondes, le divin et l’humain, qui, tombant à la fois dans mon âme, l’avait saisie sous l’étreinte d’une double éloquence, celle de l’homme et celle de Dieu82. […] Dieu nous l’avait donné aux confins de deux siècles, l’un corrompu par l’infidélité, l’autre qui devait essayer de se reprendre aux choses divines, et sa muse avait reçu le même jour, pour mieux nous charmer, la langue d’Orphée et celle de David. » Certes, on ne saurait mieux ni plus magnifiquement parler de Chateaubriand, et dans une langue même qui le rappelle et qui rivalise avec lui. […] Cela le mène à dire, par exemple, à un jeune homme qui lui parlait de l’Allemagne où il avait voyagé : « Parmi les hommes que vous me nommez comme les gloires récentes de l’Allemagne, il en est au moins deux, Kant et Goethe, qui ont été de mauvais génies. […] Il érige volontiers l’absence de toute critique en précepte et en dogme ; il dira par exemple à un jeune homme qui, selon lui, lit trop, et qui s’adresse à des auteurs de tout bord et de toute opinion, comme il sied à un estomac viril et à tout esprit émancipé : « Je n’ai pas grand plaisir à vous voir lire des livres tels que ceux dont vous me parlez. […] Ne tromper personne, à commencer par soi-même, ne s’en faire accroire ni à soi ni aux autres ; n’être ni dupe, ni charlatan à aucun degré ; ne jamais aller prendre et montrer des vessies pour des lanternes (je parle à la Rabelais), ou des phrases brillantes pour des idées, ou de pures idées pour des faits ; mettre en tout la parfaite bonne foi avant la foi ; c’est aussi là un programme très-sain et un bon régime salubre pour l’esprit.

867. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « LA REVUE EN 1845. » pp. 257-274

Ce court moment dont nous parlons, et où la philosophie elle-même souriait au roman, c’était, en un mot, la lune de miel de la critique et de la poésie à la Revue des Deux Mondes, et là, comme ailleurs, les lunes de miel ne luisent qu’une fois. […] Elle redevient alors ce qu’elle est par essence et ce qu’implique son nom, c’est-à-dire un témoin indépendant, au franc parler, et un juge. […] Tous les critiques distingués en leur temps, je parle des critiques praticiens qui, comme des médecins vraiment hippocratiques, ont combattu les maladies du jour et les contagions régnantes, La Harpe, le docteur Johnson, ont été doués de ce sens juste et vif que la nature sans doute accorde, mais qu’on développe aussi, et que plus d’un esprit bien fait peut, jusqu’à un certain point, perfectionner en soi. […] On a beau faire et se dire de prendre garde, le ton de chacun grossit un peu et se monte toujours plus ou moins sur celui des interlocuteurs ; les voix les plus pures sont vite sujettes à s’enrouer si elles essayent de parler dans le vacarme. […] Parler trop longtemps de ces choses, ou seulement en connaître, c’est déjà par malheur y tremper ; c’est violer soi-même le goût, prêter à son tour l’oreille au Cyclope ; c’est peut-être faire la police des lettres, mais à coup sûr en corrompre en soi la jouissance. » Telle était ma pensée d’alors, telle aujourd’hui et plus confirmée elle est encore, à l’aspect de ce que nous voyons.

868. (1861) La Fontaine et ses fables « Première partie — Chapitre II. L’homme »

Je vous en fais juge : sans parler d’autres merveilles sur lesquelles M. d’Hervart m’obligea de jeter la vue. » Ici perce la pointe de gaieté sensuelle ; mais il revient et ajoute avec une grâce charmante : « Si cette jeune divinité qui est venue troubler mon repos y trouve un sujet de se divertir, je ne lui en saurai point mauvais gré. […] Personne n’a parlé moins respectueusement « des puissances. » Il semble particulièrement se plaire à railler les grands. […] Nul n’a parlé de l’amitié comme lui, avec une émotion si vraie et si intime. […] Il s’oubliait lui-même, il s’enfonçait si bien dans ses personnages fictifs, qu’il s’intéressait à eux, leur parlait, revenait à eux comme à d’anciens amis, leur donnait une place dans sa vie, s’effaçait devant eux, et mettait au jour de véritables êtres. […] Quand Platon l’eût pris, désormais à table il ne voulait plus parler que de Platon.

869. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Alexandre Dumas fils — Chapitre XI »

L’amour filial l’emporte, il a promis à son père de parler pour lui. […] Que, pour le mettre à l’épreuve, il lui parle d’un projet de voyage, et il verra l’enthousiasme que mettra André à lui conseiller cette absence. […] Il lui reste à tenter l’épreuve : il parle à André de son faux projet de voyage. […] Le père et le fils s’abordent et se parlent comme des étrangers. […] Il sort légèrement dégradé de la terrible scène où son père lui parle de si haut et le met si bas.

870. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Mémoires touchant la vie et les écrits de Mme de Sévigné, par M. le baron Walckenaer. (4 vol.) » pp. 49-62

Songez qu’il écrit de cette furie à tout ce qui est hors de Paris et voit tous les jours tout ce qui y reste : ce sont les d’Hacqueville… C’est ainsi qu’elle le surnomme, et elle continue d’en parler comme s’il était plusieurs. […] Orpheline de bonne heure, elle ne sentit point la tendresse filiale ; elle ne parle jamais de sa mère ; une ou deux fois il lui arrive même de badiner du souvenir de son père ; elle ne l’avait point connu. […] En parlant d’elle, on a à parler de la grâce elle-même, non pas d’une grâce douce et molle, entendons-nous bien, mais d’une grâce vive, abondante, pleine de sens et de sel, et qui n’a pas du tout les pâles couleurs. […] Parmi les personnes qu’il rencontre sur son chemin, dans son quatrième volume, est une marquise de Courcelles qui eut une célébrité fâcheuse, et dont Mme de Sévigné parle dans ses lettres. […] Walckenaer a consacré tout un chapitre à cette beauté romanesque ; mais il s’est appliqué à la traduire, et il ne la laisse pas assez parler elle-même.

871. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXXVII. Des éloges en Italie, en Espagne, en Angleterre, en Allemagne, en Russie. »

Les Italiens modernes, quoiqu’ils descendent presque tous de Gaulois, d’Africains, de Germains, de Goths, de Lombards, d’Allemands et de Français, bien plus que des anciens Romains, aiment toujours la langue qu’on parlait autrefois au Capitole : elle leur rappelle qu’ils ont été les maîtres du monde. […] La musique, pour laquelle les Italiens sont si passionnés, et qu’ils ont cultivée avec tant de succès, est de tous les arts celui qui parle aux sens avec le plus d’empire. […] Enfin, dans leur conversation même, si souvent ingénieuse et piquante, par la vivacité des images et la force de la pantomime qui anime tous leurs discours, ils semblent surtout parler à l’imagination et aux sens. […] Je ne parle pas de ces gazettes où les écrivains politiques, animés par une faction ou par leur propre caractère, vantent toutes les semaines, à tant par feuilles, un projet ou un homme. Je ne parle pas non plus des poètes ; les poètes, en tout pays, sont une nation à part, et ils sont panégyristes en Angleterre comme ailleurs ; la seule différence, c’est que les poètes anglais louent peut-être avec moins de délicatesse et plus d’enthousiasme.

872. (1911) Nos directions

La terre, un jour, parla par eux. […] parle plus haut, ma jeune pensée ! […] Non que « l’Idée », pour parler comme M.  […] Enfin, le héros parle. […] Non seulement le héros parle : il vit.

873. (1884) La légende du Parnasse contemporain

Afin de lire Virgile dont André Chénier lui avait parlé, il apprit le latin. […] — Quand che tis : mon cher, fous pensez pien que c’est une façon de parler. […] Il parlait de Paris souvent. […] Henry Laujol a raison de parler ainsi. […] Je te parle.

874. (1904) Le collier des jours. Souvenirs de ma vie

Savais-je déjà parler ? […] On ne m’avait jamais parlé d’elle, pas plus qu’on ne me parlait de ma mère, et je ne savais pas que j’avais une sœur. […] Elle ne parlait presque pas, et on nous disait que c’était par timidité. […] … On ne nous avait jamais parlé de lui. […] … Et si tu savais comme elle parle du nez… on dirait qu’elle ne se mouche jamais !

875. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XVII » pp. 70-73

En disant qu’il n’avait aucun avenir, je ne croyais pas parler pour sitôt. […] Ils ont parlé un peu fort, et ils les ont eus. […] Buloz en était tout pâle l’autre jour. — On se parle à l’oreille : — Eh bien, quoi ? 

876. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre second. Poésie dans ses rapports avec les hommes. Caractères. — Chapitre IV. Le Père. — Priam. »

Priam doit se faire une grande violence pour parler ainsi au meurtrier d’Hector : il y a une profonde connaissance du cœur humain dans tout cela. […] Ainsi Priam ne parle encore de lui qu’en se confondant avec Pélée ; il force Achille à ne voir que son propre père dans un roi suppliant et malheureux. […] Enfin Priam, après avoir parlé des hommes au fils de Thétis, lui rappelle les justes dieux, et il le ramène une dernière fois au souvenir de Pélée.

877. (1911) Lyrisme, épopée, drame. Une loi de l’histoire littéraire expliquée par l’évolution générale « Lettre-préface à Henri Morf et Joseph Bédier » pp. -

Plus on m’a parlé de Hegel, et moins j’ai voulu le lire, craignant d’être absorbé par lui, détourné de ma voie personnelle ou tenté de me différencier de lui. […] En effet, certains historiens de la poésie estiment qu’il suffit, pour en parler, de la science des dates et des sources, comme si, pour parler de peinture, il suffisait de connaître les lois de la perspective et celles des couleurs complémentaires ; ce n’est pas auprès de vous, chers amis, que je m’excuserai d’avoir aussi écouté les voix secrètes de la sympathie… Toute foi est faite de poésie ; et toute vie qui ne tend pas au seul pain quotidien est un acte de foi.

878. (1858) Cours familier de littérature. V « XXVIe entretien. Épopée. Homère. — L’Iliade » pp. 65-160

Ce n’est plus l’homme qui chante, ou qui parle, ou qui agit en lui ; c’est la Divinité. […] À la vue de son enfant, Hector sourit sans parler, tandis qu’Andromaque s’approche, du héros, et lui prenant la main dans les siennes, lui parle ainsi : « Infortuné ! […] Ulysse parle en diplomate consommé ; Phénix, vieillard qui a élevé jadis Achille sur ses genoux, parle en vieillard verbeux et en père tendre. […] L’infortuné Priam parle en vain à son fils, du haut des murailles, pour le conjurer de s’abriter derrière les remparts. […] Thétis, mère d’Achille, se rend à l’ordre de Jupiter, et va dans la tente d’Achille parler à son fils.

879. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre huitième »

Le théâtre de Corneille parle surtout à l’imagination et à la raison. […] Si elle parlait de mourir, Pyrrhus pourrait ne pas la croire, et elle aurait compromis sa gloire sans le persuader. […] Pourquoi Dieu, dans la Genèse, prend-il la parole, si ce n’est pour nous parler de nous ? […] Racine ne parle nulle part des trois unités. […] Dans le théâtre antique, le chœur représente la foule ; c’est quelque vieillard sans nom qui le conduit et qui parle pour tous.

880. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre quatorzième. »

Voilà l’usurpation dont parle si admirablement Saint-Simon. […] A la vérité, il ne parle pas de son chef : ce sont, dit-il, des bruits qu’il a recueillis et qu’il rapporte ; mais il les rapporte en homme qui y croit. […] Il se mêle d’ailleurs aux aveux de Fénelon sur sa dureté cette constante préoccupation de plaire, dont parle Saint-Simon. […] Latins et français, ces grands poètes avaient le même dessein : rendre leurs peintures sensibles, frappantes, et parler au génie de leur pays par le génie même de sa langue. […] Je ne parle que de ses écrits de choix.

881. (1889) Derniers essais de critique et d’histoire

Ils parlent et s’énoncent facilement. […] Nous sortîmes sans parler, l’un à côté de l’autre. […] Marc-Aurèle et les philosophes stoïciens, qui sont les derniers prêtres de l’antiquité, parlent ainsi. […] Celui-ci a sa place obligée dans la Faculté dont nous parlons. […] Il parlait calo, de manière à étonner les bohémiens d’Espagne.

882. (1904) En lisant Nietzsche pp. 1-362

On parlait de Napoléon. […] Vous parlez de science ? […] Vous parlez d’arts ? […] Je vais vous parler de la mort des peuples. […] Ils parlent sans expérience.

883. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « quelque temps après avoir parlé de casanova, et en abordant le livre des « pèlerins polonais » de mickiewicz. » pp. 512-524

quelque temps après avoir parlé de casanova, et en abordant le livre des « pèlerins polonais » de mickiewicz. […] Tout cela est bien long pour dire qu’ayant parlé l’autre fois de quelque ouvrage assez peu grave nous avons à donner aujourd’hui un mot sur une œuvre de patriotisme et de piété, et pour demander pardon d’être la même plume qui passe d’un Casanova au livre des Pèlerins polonais… « Moi, disait Diderot, mon métier est celui de critique, métier comme celui d’homme d’affaires, d’avoué, d’avocat consultant et plaidant, de médecin. […] Je ne parle pas, bien entendu, des vers de Voltaire ; mais, dans sa prose, combien de ces mots sans image apparente, et qui sont la pensée même en son plus vrai mouvement ! […] On nous parle toujours de Lucain, de Stace ; mais Properce n’est-il pas un peu dur, un peu érudit, un peu obscur ? […] En indiquant Fortunio qui vient de paraître, je ne prétends certes pas en donner l’analyse ni en parler longuement.

884. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XIII » pp. 109-125

Avant de parler des ruelles et des alcôves établies par les coteries, nous chercherons à connaître les cercles de la bonne compagnie qui existèrent entre 1560 et 1660 ; mais auparavant disons encore quelque chose de l’ombre qui resta de la société de Rambouillet, après sa dispersion. Nous avons vu à quoi se réduisait la famille de la marquise de Rambouillet, depuis l’absence de la duchesse de Montausier : toutefois, j’ai omis, par inadvertance, de parler de la plus jeune sœur de la duchesse, Angélique Claire d’Angennes, mariée en 1658 au comte de Grignan, le même qui, après un second mariage, épousa en troisièmes noces, en 1669, mademoiselle de Sévigné, avec qui sa mère lia cette correspondance si charmante qui est entre les mains de tout le monde. […] Le duc de Saint-Simon parle de l’hôtel d’Albret comme d’une maison somptueuse, où affluait la meilleure compagnie, et il en suppose l’existence du vivant de Scarron, mort en 1660. […] Madame de Caylus parle aussi de l’hôtel de Richelieu : « Monsieur et madame de Richelieu avaient l’un et l’autre du goût pour les gens d’esprit. […] Ce sel tant vanté de la Grèce En faisait l’assaisonnement ; Et malgré la froide vieillesse, * Son esprit léger et charmant, Eut de la brillante jeunesse Tout l’éclat et tout l’enjouement. » Vigneul de Marville en parle ainsi : « Elle écoutait avec une attention qui débrouillait toutes choses, et répondait encore plus aux pensées qu’aux paroles de ceux qui l’interrogeaient.

885. (1757) Réflexions sur le goût

Dans un ouvrage de poésie, par exemple, on doit parler tantôt à l’imagination, tantôt au sentiment, tantôt à la raison, mais toujours à l’organe ; les vers sont une espèce de chant, sur lequel l’oreille est si inexorable, que la raison même est quelquefois contrainte de lui faire de légers sacrifices. […] Il prétendra que le plaisir, qu’elle nous procure est un plaisir d’opinion, qu’il faut se contenter, dans quelque ouvrage que ce soit, de parler à l’esprit et à l’âme : il jettera même par des raisonnements captieux un ridicule apparent sur le soin d’arranger des mots pour le plaisir de l’oreille. […] Les deux causes d’erreur dont nous avons parlé jusqu’ici, le défaut de sensibilité d’une part, et de l’autre trop peu d’attention à démêler les principes de notre plaisir, sont la source éternelle de la dispute tant de fois renouvelée sur le mérite des anciens. […] Tout ce qui appartient non seulement à notre manière de concevoir, mais encore à notre manière de sentir, est le vrai domaine de la philosophie : il serait aussi déraisonnable de la reléguer dans les cieux et de la restreindre au système du monde, que de vouloir borner la poésie à ne parler que des dieux et de l’amour. […] Observons en finissant, que quand ces reproches seraient fondés, ils ne seraient peut-être convenables, et ne devraient avoir de poids que dans la bouche des véritables philosophes ; ce serait à eux seuls qu’il appartiendrait de fixer l’usage et les bornes de l’esprit philosophique, comme il n’appartient qu’aux écrivains qui ont mis beaucoup d’esprit dans leurs ouvrages, de parler contre l’abus qu’on en peut faire.

886. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « L’abbé Maynard »

Il dit dans son cœur à l’époque actuelle : « Je te parlerai ton langage, mais pour t’apprendre à respecter ce que tu dédaignerais de connaître si je te parlais seulement le mien. » Et, en effet, le monde, auquel on est obligé de s’adresser quand on est écrivain, aurait laissé dans l’ombre une œuvre qui n’eût été qu’hagiographique sur Vincent de Paul. […] Et il a enfin été digne de parler de cet homme qu’on enterre un peu trop dans sa grande âme, mais qui était aussi, il faut bien qu’on le sache ! […] Si l’on osait parler d’originalité à propos d’un livre qui est bien plus une action sacerdotale qu’autre chose, on dirait que, parmi tous les livres, histoires et biographies dont nous sommes recrus sur le xviie  siècle, celui-ci a changé tout ce qu’on connaît, en éclairant l’histoire de la divine lumière qui sort de saint Vincent de Paul. […] — ont repris, dans un journal fameux, l’abbé Maynard d’avoir parlé, dans un livre sur le doux Vincent de Paul, de Jansénius et de ses erreurs avec une rigueur méritée.

887. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Jules de Gères »

car lorsque pour la première fois j’en parlai, c’était en 1859… Mais, moi, je m’en souviens. […] Vous savez avec quels accents il y parle du mendiant Homère et de Virgile, qui garda les chevreaux ; seulement, la pauvreté d’Homère et l’humble condition de Virgile sont des misères poétiques et pittoresques. […] Et encore je n’en suis pas bien sûr… Même avec des défauts, un poème (je ne parle pas de celui de Chapelain) est une œuvre d’haleine, de composition, d’invention, qui surpasse de beaucoup, en forces employées, les maigres et presque mécaniques proportions et difficultés du sonnet. […] Et vous le voyez parle livre de Gères, il y a des sociétés de sonnettistes, comme il y a des compagnons du tour de France et des francs-maçons ! […] Figaro parle quelque part de « se pelotonner  ».

888. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXIV. Siècles de barbarie. Renaissance des lettres. Éloges composés en latin moderne, dans le seizième et le dix-septième siècles. »

Alphonse, en Espagne, fut astronome, et réforma les cartes des cieux ; mais on n’en ignora pas moins l’art de parler et d’écrire avec éloquence sur la terre. […] Les descendants des Bructères et des Sicambres, et des Celtes et des Bataves, eurent l’ambition de parler, sur les bords du Danube et dans les marais de la Hollande, comme Caton et Pompée avaient parlé dans le sénat, ou Cicéron sur la tribune. […] Ajoutez que, dans les temps dont nous parlons, la plupart des écrivains étaient étrangers à leur pays et à leur siècle. […] Veut-on que des hommes, ensevelis dans les mines, parlent avec éloquence de ce qui se passe sur la terre ?

889. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXX. De Fléchier. »

Supposez l’homme dont parle Lucrèce, et qui, des bords de la mer, contemple un vaisseau qui fait naufrage, et suit de l’œil les mouvements de tant de malheureux qui périssent : si ce tableau a porté le trouble et l’agitation dans son âme ; si ses entrailles se sont émues ; si au moment où le vaisseau s’est enfoncé, il a senti ses cheveux se dresser d’horreur sur sa tête ; en peignant à d’autres le spectacle terrible dont il a été le témoin, cherchera-t-il à le relever par des oppositions et des contrastes étudiés ? […] S’il nous parle de la vie mortelle de ses héros, c’est pour nous persuader de leur bienheureuse immortalité. […] Son défaut est de toujours écrire, et de ne jamais parler. […] L’amitié de Racine et de Bourdaloue, et les beaux vers de Despréaux, ne contribueront pas moins à sa gloire que cet éloge funèbre, et apprendront à la postérité que l’orateur a parlé comme son siècle. […] Laisse-moi reposer dans le sein de la vérité, et ne viens pas troubler ma paix par la flatterie que j’ai haïe. » Et ailleurs, après avoir parlé des conseils qu’on lui donnait sur la manière de se conduire à la cour, l’orateur ajoute : « Ces conseils lui parurent lâches ; il allait porter son encens avec peine sur les autels de la fortune, et revenait chargé du poids de ses pensées, qu’un silence contraint avait retenues.

890. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Deuxième partie. — L’école critique » pp. 187-250

. — L’école critique L’école dogmatique a parlé. […] Au dix-septième siècle, il parlait de règles ; aujourd’hui, il parle d’idéal. […] Bien entendu, je parle dans l’hypothèse où nos critiques ne seraient pas poètes, c’est-à-dire créateurs. […] Lysidas me fait une nécessité de mettre mes idées anciennes en langage nouveau, non parce qu’il écrit plus mal ou parle moins, simplement qu’autrefois, mais parce qu’il pense avec beaucoup plus de profondeur. […] Elle parle de la comédie, et elle ne commence pas par la définir !

891. (1863) Cours familier de littérature. XV « LXXXVIIIe entretien. De la littérature de l’âme. Journal intime d’une jeune personne. Mlle de Guérin » pp. 225-319

Je voulais lui parler, je ne sus que lui dire ; les mourants parlent mieux que nous. […] Alors on en parle, toute petite que soit la chose. […] « Si je voulais parler de ce que je dois faire demain ! […] « Pourquoi parler de mort un jour de naissance ? […] Demain j’en parlerai.

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