Dans _Rosmersholm_, Rosmer, descendant d’une vieille famille très fermement religieuse, a recueilli chez lui une jeune fille libre penseuse et révolutionnaire, Rébecca, dont il subit l’influence jusqu’à renier ses anciennes croyances et embrasser, comme on dit, les « idées nouvelles ». […] Et, si je la nomme de nouveau, c’est qu’elle eut un merveilleux don de réceptivité et qu’elle refléta toutes les idées et toutes les chimères de son temps. […] II Si donc tout ce que nous admirons chez les récents écrivains du Nord était déjà chez nous, comment se fait-il que, retrouvé chez eux, cela ait paru, à beaucoup d’entre nous, si original et si nouveau ? […] Ce qui nous plaît, au bout du compte, dans les œuvres septentrionales, c’est l’accent, l’accent nouveau, particulier, d’idées, de sentiments, d’imaginations qui ne nous étaient point inconnus. […] Faut-il voir là une conséquence indirecte des nouveaux programmes de l’enseignement secondaire, de l’affaiblissement des études classiques ?
« Et toute une génération grandit pour toi et t’assure de nouveaux esclaves, — sans que, du reste, tes anciens adorateurs aient le courage de déserter ton seuil impie. […] La Haute et le Nouveau Jeu, Leur Cœur et Nocturnes, le Prince d’Aurec et Viveurs, c’est la surface brillante et pourrie de la société contemporaine, décrite par un esprit aigu, — mais en même temps jugée, le plus souvent sans le dire, par une âme qui, dans sa rencontre avec l’éphémère, continue de porter en soi quelque chose de stable et de traditionnel : la vieille France, simplement. […] Il y a même ajouté de nouveaux tics. […] Voyez, dans le Nouveau Jeu, l’entretien nocturne du père Labosse avec son valet de chambre : chef-d’œuvre absolu ; du Balzac en petites phrases. […] Le philosophe Izoulet a trouvé cette formule : « L’individu comme principe et comme fin ; l’État comme moyen. » Voilà peut-être l’idéal nouveau.
À cela rien de bien nouveau. […] » Aujourd’hui les magazines répandent dans tous les milieux les noms et les portraits des actrices et l’analyse des pièces ; il en est de même des modes nouvelles : dans le moindre village, on a vu des coiffures à la grecque et des robes entravées. […] « Aujourd’hui comme hier, il y a des gens capables de lire et de comprendre, mais à condition qu’on leur offre des idées véritablement nouvelles et des sensations d’art originales. […] « Nous lirons demain quand on nous donnera quelque chose à lire de nouveau. […] Attendons avec patience que les écoliers d’aujourd’hui, devenus des hommes nouveaux, écrivent des livres dignes de ceux que l’on écrivait hier.
Quelques scènes heureuses, de beaux vers, plutôt des rôles que des caractères, l’amour sous la forme de la galanterie, des pièces dont les meilleures laissent une impression d’estime pour l’auteur plutôt que le souvenir de personnages vivants ; l’art demeurant dans les grandes voies, mais sans produire d’effets nouveaux ; une langue saine dans les bons endroits, incorrecte, vague, sans couleur dans le reste, et, là même où elle est irréprochable, paraissant fatiguée ; telle est la tragédie dans les mains des imitateurs de Corneille et de Racine. […] D’un poète si singulier, il ne pouvait manquer de sortir du nouveau. […] En fait de nouveau, nous n’avons donc eu de Crébillon que des promesses ou des menaces. […] Il crut que plus de rapidité dans l’action produirait des effets nouveaux, que plus de spectacle ajouterait à la vraisemblance, que le plaisir des yeux rendrait plus vif le plaisir de l’esprit. […] Trompé par sa sévérité même, il pensait créer à nouveau ce qu’il ne faisait que rhabiller, et, en mettant sous le joug sa muse légère, il se flattait d’avoir trouvé le secret de joindre à l’éclat des ouvrages faciles la solidité des ouvrages travaillés.
Enfin, chez les athéniens, les spectacles donnés par les magistrats en certains temps de l’année, étaient des fêtes pompeuses et magnifiques où se signalait la brillante rivalité de tous les arts, et où les sens, séduits de toutes les manières, rendaient l’esprit des juges moins sévère et moins difficile ; ici, la satiété, qui naît d’une jouissance de tous les jours, doit ajouter beaucoup à la sévérité du spectateur, lui donner un besoin plus impérieux d’émotions fortes et nouvelles ; et de toutes ces considérations, on peut conclure que l’art des Corneille et des Racine devait être plus étendu, plus varié et plus difficile que l’art des Euripide et des Sophocle. […] C’est ici le triomphe d’un art sublime et nouveau. […] Les moeurs, nouvelles pour nous, d’une nation avec qui nous avions eu long-temps aussi peu de commerce que si la nature l’eût placée à l’extrémité du globe ; la politique sanglante du sérail, la servile existence d’un peuple innombrable enfermé dans cette prison du despotisme ; les passions des sultanes qui s’expliquent le poignard à la main, et qui sont toujours près du crime et du meurtre, parce qu’elles sont toujours près du danger ; le caractère et les intérêts des visirs qui se hâtent d’être les instrumens d’une révolution, de peur d’en être les victimes ; l’inconstance ordinaire des orientaux, et cette servitude menaçante qui rampe aux pieds d’un despote, et s’élève tout à coup des marches du trône pour le frapper et le renverser : voilà le tableau absolument neuf qui s’offrait au pinceau de Racine, à ce même pinceau qui avait si supérieurement crayonné la cour de Néron ; qui dans Monime et dans Iphigénie traça depuis avec tant de vérité la modestie, la retenue, le respect filial que l’éducation inspirait aux filles grecques ; qui dans Athalie nous montra les effets de la théocratie sur ce peuple fanatique, toujours conduit par des prodiges, ou égaré par des superstitions. […] Osons cependant l’avouer (car la vérité, qui est toujours sacrée, doit l’être surtout dans l’éloge d’un grand homme ; elle tient de si près à sa gloire, qu’on ne peut altérer l’une sans blesser l’autre), avouons-le ; soit que le succès des ouvrages de théâtre dépende essentiellement du choix des sujets ; soit que le premier élan du génie soit quelquefois si rapide et si élevé, que lui-même ait ensuite beaucoup de peine, de la hauteur où il est parvenu d’abord, à prendre encore un vol plus haut et plus hardi ; quoi qu’il en soit, depuis Andromaque , Racine, offrant dans chacun de ses drames une création nouvelle et de nouvelles beautés, n’avait encore rien produit qui fût dans son ensemble supérieur à cet heureux coup d’essai. […] Sa voix qui enchantait la France, ne blessera plus vos oreilles par de nouveaux accens ; et peut-être allez-vous lui pardonner sa gloire, quand il cessera de l’augmenter.
C’est ainsi encore que les mots servent à exprimer des idées nouvelles sans que leur contexture change. […] En effet, une tendance ne peut concourir, même dans cette mesure restreinte, à la production d’un phénomène nouveau que si elle est nouvelle elle-même, qu’elle se soit constituée de toutes pièces ou qu’elle soit due à quelque transformation d’une tendance antérieure. […] Par exemple, nous avons expliqué les progrès constants de la division du travail social en montrant qu’ils sont nécessaires pour que l’homme puisse se maintenir dans les nouvelles conditions d’existence où il se trouve placé à mesure qu’il avance dans l’histoire ; nous avons donc attribué à cette tendance, qu’on appelle assez improprement l’instinct de conservation, un rôle important dans notre explication. […] Seulement, ils y sont associés et c’est cette association qui est la cause de ces phénomènes nouveaux qui caractérisent la vie et dont il est impossible de retrouver même le germe dans aucun des éléments associés. […] On comprend bien que les progrès réalisés à une époque déterminée dans l’ordre juridique, économique, politique, etc., rendent possibles de nouveaux progrès, mais en quoi les prédéterminent-ils ?
Lorsque l’homme a voulu exercer sa puissance à faire de nouvelles espèces, soit dans les plantes, soit dans les animaux, il n’a pu parvenir qu’à créer un individu ; et cet individu isolé n’a point eu en lui ce qu’il fallait pour se perpétuer. […] On me répondrait encore que l’homme étant doué d’une grande puissance d’imitation, et ayant de plus une certaine paresse qui le porte à adopter les méthodes existantes, pour se dispenser d’en créer de nouvelles, il a dû en résulter naturellement que lorsqu’une langue a été une fois inventée, il a pu se contenter des formes qu’il a trouvées, et qu’alors toutes les langues se sont moulées les unes sur les autres. […] Cet illustre auteur, dans ses Recherches philosophiques sur les premiers objets de nos connaissances morales, qu’il vient de publier, a fortifié par de nouvelles preuves, par de nouveaux raisonnements, par la discussion des systèmes opposés, la théorie du don primitif de la parole. […] Ainsi les premiers instituteurs du langage n’auraient pas tout fait pour nous, et nous léguerions de nouveaux trésors à nos descendants, au lieu de ne leur livrer que des mines épuisées.
Les premiers auteurs parmi les Orientaux, les Égyptiens, les Grecs et les Latins, les premiers écrivains qui firent usage des nouvelles langues de l’Europe, lorsque la barbarie antique reparut au moyen âge, se trouvent avoir été des poètes. […] Autre principe de l’héroïsme romain, appuyé sur trois vertus civiles : confiance magnanime des plébéiens, qui veulent que les patriciens leur communiquent les droits civils, en même temps que ces lois dont ils se réservent la connaissance mystérieuse ; courage des patriciens, qui retiennent dans leur ordre un privilège si précieux ; sagesse des jurisconsultes, qui interprètent ces lois, et qui peu à peu en étendent l’utilité en les appliquant à de nouveaux cas, selon ce que demande la raison. […] Les faibles veulent les lois ; les puissants les repoussent ; les ambitieux en présentent de nouvelles pour se faire un parti ; les princes protègent les lois, afin d’égaler les puissants et les faibles. […] Dans son premier article, cet axiome est un nouveau principe de l’héroïsme des premiers peuples ; dans le second, c’est le principe naturel des monarchies. […] Au contraire, on appela gentes minores, les maisons nobles nouvelles fondées après les cités, telles que celles des Pères, dont Junius Brutus, après avoir chassé les rois, remplit le sénat, devenu presque désert par la mort des sénateurs que Tarquin le Superbe avait fait périr.
C’est une branche charmante et bien variée de la littérature française dès le Moyen Âge que le conte, depuis les auteurs de fabliaux jusqu’à La Fontaine, en passant par les nouvelles de la cour de Bourgogne, par les jolis romans d’Antoine de La Sale, par les contes de Marguerite de Navarre, de Des Périers. […] C’est à un Français transfuge (nouveau coup de fortune !) […] Cependant, n’apercevant plus au loin à travers la plaine de corps d’ennemis qui résiste, il fait chercher de toutes parts nouvelles du roi Jean. […] Le prince de Galles fait aussi demander des nouvelles du brave chevalier Jacques d’Audelée, le héros de la journée : « De messire James d’Audelée, est-il nul qui en sache rien ?
En présence de ce sort nouveau et aventureux qui attendait les poèmes homériques, ainsi lancés derechef à travers tous les périls de la critique sur le vaste océan des conjectures, un admirateur attristé du vieil Homère, se voyant arraché tout à coup à ses habitudes, aurait pu, par contraste, adresser aux amis de Virgile ces paroles de félicitation empruntées au poète lui-même : Vivite felices, quibus est fortuna peracta Iam sua ; nos alia ex aliis in fata vocamur. […] 50 Toute une race de nouveaux philologues est née depuis, pour qui évidemment Heyne n’est plus le grand prêtre de Virgile. […] Mais, quelles que soient la sévérité et l’exigence qu’apportent les nouveaux venus dans la recension des textes et dans l’épluchure des moindres scolies, il me semble que tous sont encore virgiliens, en ce sens qu’ils ne se mangent pas trop entre eux et qu’ils ne font pas comme les homérisants qui, quand ils s’en mêlent, ont de vraies querelles à mort, des colères d’Achille et d’Ajax. […] Toutes les leçons nouvelles ne me satisfont pas ; ou du moins il en est une à laquelle, malgré toutes les autorités critiques, je me refuse à adhérer.
La Fontaine entremêlait à des fables nouvelles quelques contes assez bienséants. […] Port-Royal, en ces années sincères de la paix de l’Église, refleurissait et fructifiait de nouveau, avec l’abondance d’un dernier automne. […] « Quand vous suivez cette correspondance, vous tournez la page, et le nom écrit d’un côté ne l’est plus de l’autre ; un nouveau Genonville, une nouvelle du Châtelet paraissent et vont, à vingt lettres de là, s’abîmer sans retour ; et les amitiés succèdent aux amitiés, les amours aux amours. […] Les lettres s’abrègent, diminuent en nombre, se remplissent de nouvelles, de descriptions, de choses étrangères ; quelques-unes ont retardé, mais on est moins inquiet.
Nisard, dans ces milieux divers, se disait honnête et il l’était ; mais il avait un sens qui le détournait des fausses espérances et des excessifs désespoirs ; mais, par ses goûts classiques mêmes, par son habitude raisonnée de prosateur, par un certain ballottage équitable qui neutralise les écarts, il se tenait, dans ses variations, à des idées moyennes d’expérience et de portée actuelle, que l’expression seule grossissait un peu ; il n’était du reste nullement fermé à plusieurs des discussions nouvelles qui s’agitaient, et il en retirait, après coup, matière à digression littéraire, sans s’éprendre du fond : autant de garanties contre l’erreur et pour la marche de ce genre de talent. […] Nisard ne feint d’avoir sans doute que pour rajeunir un point de son sujet qui n’est plus nouveau. […] Nisard, a constitué la prose, a été surfait de cette sorte, puis mis presque à l’oubli ; et le premier qui ait rappelé et fait de nouveau valoir ses vrais titres à cette constitution de la prose française, c’est… qui ? […] Mais ce sera toujours malgré vous, indépendamment de vous, que l’homme de talent nouveau, ce rebelle longtemps hors des murs, se formera.
C’est la destinée et l’honneur de certains esprits, c’est la magie de certains talents illustres, de ne pouvoir toucher à une question qu’elle ne s’anime à l’instant d’un intérêt nouveau, qu’elle ne s’enflamme et n’éclate aux yeux de tous. […] Une des difficultés du nouveau travail était le classement de cette foule de notes et de petits papiers qui s’ajoutaient ; un excellent esprit de méthode a introduit l’ordre dans ce chaos. […] Il est mort, il s’est éteint en février dernier, demandant jusqu’à la fin des nouvelles de l’édition de Pascal, et ne pouvant dire tout à fait comme le vieillard Siméon qu’il mourait content ; c’eût été trop de joie pour lui. […] Faugère, avec un tact parfait, se garde d’insister sur ce blâme ; mais, en racontant et en développant les inexactitudes littérales qui ont été commises d’après divers motifs, il semble apporter de nouvelles preuves contre ces excellents hommes.
Mais jamais un nouveau Sainte-Beuve ne trouverait maintenant à publier sans réductions, sa copie, à moins d’être propriétaire du journal où il voudrait la voir paraître. […] Je ne serais pas surpris qu’elle sût de nouveau imposer son autorité : il suffira de quelques critiques décidés, possédant, avec de l’instinct et du talent, du caractère. […] Quant à supposer la possibilité de l’accueil éventuel que la presse pourrait réserver à un nouveau Sainte-Beuve, c’est là, en raison du dédain que professent les plus riches des feuilles publiques accaparées par des besognes entièrement autres, une supposition à la réalisation de laquelle je ne crois pas. […] Jacques Morland : « Mon journal, monsieur, est une affiche. » Jamais, dit encore Mlle Charasson, « un nouveau Sainte-Beuve ne trouverait maintenant à publier sa copie, à moins d’être propriétaire du journal où il voudrait la voir paraître. » Elle souhaiterait que les journaux eussent « un courrier littéraire quotidien, ne contenant que des notes brèves, rédigées par plusieurs mais sous le contrôle d’un seul, et deux feuilletons critiques hebdomadaires, l’un réservé aux romans et aux livres de poèmes les plus remarquables, l’autre aux livres de critique littéraire, histoire, philosophie, sociologie, etc. ».
Pour combattre la révolution, on avait demandé à la religion des armes nouvelles. […] On sent des réminiscences du Giaour et du deuxième chant de Don Juan ; réminiscences habilement déguisées d’ailleurs sous des couleurs nouvelles. […] On a de Pouchkine quelques ouvrages en prose, des nouvelles, dont plusieurs sont charmantes, comme la Fille du Capitaine et la Dame de Pique ; beaucoup d’articles de critique littéraire, et un travail historique sur la révolte de Pougatchev. […] Mais Pouchkine attrapa bien ceux qui annonçaient que de la mission impériale sortirait un nouveau poème.
Le vocabulaire se montre relativement restreint ce qui n’est pas toujours, en soi, un défaut à mes yeux ; n’y a-t-il même pas pour un poète un mérite nouveau à exprimer avec un petit nombre de moyens autant et plus que d’autres, qui remuèrent toute la langue française ? […] Griffin infusa l’esprit même du peuple, et il en passa quelque chose dans la forme désormais plus aisée qui trouva des grâces nouvelles, comme « à la bonne franquette » parmi les vergers fleuris. […] Nous avons été artificiels durant tant d’années que nous trouvons quelque peine à redevenir naturels, à nous unir de nouveau avec l’âme populaire, demeurée elle-même malgré nous. […] Ce ne seront plus, alors, les devoirs de littérature qu’on écrivit trop souvent chez nous ; ce ne sera pas non plus la ballade unie et assez vaine de Bürger, ni le récit uniquement pittoresque de Hugo ; mais puisque les hantises de la philosophie ont invinciblement enlacé nos esprits, puisqu’ils s’accoutument à susciter des choses la signification cachée, une Légende, une Chanson doivent se révéler, vivantes et nouvelles, où la spontanéité jaillira toute ingénue dans le rythme, où notre inquiétude d’art s’exercera à des plastiques sûres mais non dominatrices, — où notre idée s’affirmera plus claire en une mélodieuse simplicité.
Ce plan-là en vaut un autre ; il était nouveau alors : il n’a pas cessé d’être bon. […] Dans l’éloquence religieuse sortie du cœur du dix-septième siècle, il signale « un art nouveau inconnu des anciens et sans modèle » ; il n’en est pas touché. […] Le promoteur de la première croisade, Pierre l’Ermite, c’est « Coucoupètre ou Cucupiètre, ce Picard qui marche à la tête de l’armée, en sandales et ceint d’une corde, nouveau genre de vanité. » L’éloquence de saint Bernard lui vaut quelque justice ; mais Voltaire s’en rachète bien vite aux yeux de Frédéric, par un portrait de saint Bernard « refusant l’emploi de général pour se contenter de celui de prophète, prêchant partout en français à des Allemands, et prédisant des victoires à des armées qui sont battues. » Pour saint Louis, auquel il n’a pas nui, aux yeux de Voltaire, d’avoir tenu tête à Rome, il l’admire sincèrement ; mais Saladin lui est plus cher. […] N’en fais rien, je t’en supplie par la foi en Jésus-Christ, et ne souffre pas qu’on le fasse… Sans doute il faut ôter aux criminels la faculté de commettre de nouveaux crimes ; mais c’est assez que, laissés en vie, avec tous leurs membres, la loi les fasse passer de l’agitation insensée dans un repos inoffensif, ou qu’ils soient arrachés aux mauvaises œuvres pour être employés à quelque œuvre utile.
Les nouveaux venus auront un sens plus sûr des réalités et cesseront de rendre la femme responsable de leurs propres vices. […] Tous, excédés de platitude et d’ennui, la tête pleine de visions et de fumées, partent : Au fond de l’inconnu pour trouver du nouveau. […] D’âge en âge, et degré par degré, à travers, les générations successives, qui ne sont que des ébauches, un type accompli d’homme nouveau ne cesse de s’élaborer dans ses moelles. […] Aussi bien il faut étendre ici la signification de symboliste à celle de poète nouveau, sans quoi, étant donné le caractère protéiforme du mouvement, il ne serait plus possible de s’entendre.
Et ce monde nouveau voudra-t-il de moi ? […] Nouvelles sources de peines intellectuelles excessivement vives, et auxquelles je suis actuellement en proie ; car c’est pour moi un supplice de me spécialiser, et, de plus, nulle spécialité ne cadre parfaitement avec les divisions de mon esprit. […] L’Université s’est alors offerte à moi : ici, vous le comprendrez, nouvelles difficultés. […] Pour vous et pour vos amis, je vous supplie de ménager votre santé durant la convalescence et de ne point la compromettre de nouveau par un travail prématuré.
Les contes d’autrefois, les fabliaux ainsi que les romans, depuis ceux de la Table ronde jusqu’à ceux qui s’étalent sous des couvertures neuves dans les vitrines des libraires, ont aussi de mille manières exploité la mine inépuisable que leur offrent des sentiments toujours les mêmes et cependant toujours nouveaux par la forme qu’ils prennent aux différentes époques. […] Elles peuvent coexister dans la même époque ; elles peuvent se combiner de façon à produire des variétés nouvelles. […] J’aime mieux indiquer ce qu’il sied de noter avec soin à chaque moment, si l’on veut aboutir à des résultats précis et nouveaux. […] Il faudrait ensuite relever, en attachant une attention scrupuleuse aux dates, les types nouveaux de femmes qui surgissent soit au théâtre soit dans le roman et voir en quoi ils sont la reproduction de types apparus dans la réalité.
Vous n’aurez plus désormais à m’interroger sur de nouveaux voyages : car la nature est immuable et les nuages blancs sont éternels. » — L’idée du Nirvana intervient quelquefois dans les poésies chinoises, comme le crâne dans les festins antiques, pour exciter l’homme à jouir de son jour ; mais alors l’ivresse qu’elle inspire n’a rien de la gaieté vive qui pétille, au souvenir de la mort, dans la coupe ciselée d’Horace ; c’est avec une résignation narcotique que les philosophes du Fleuve-Jaune endorment leur âme, en buvant l’oubli. — « Combien, — dit Litaï-Pé dans la Chanson du Chagrin, — pourra durer, pour nous, la possession de l’or et du jade ? […] Revienne une nouvelle tempête, et la chauve-souris d’Albert Dürer étendra de nouveau ses ailes noires sur le ciel, jusqu’à l’obscurcir cette fois tout entier. […] Tout habilement adoucie qu’elle soit, — et c’est là peut-être la seule faute de la comédie corrigée, — sa crédulité n’en semble pas moins encore un peu forte lorsqu’on la rapporte à son nouveau caractère. […] Diane, son nouveau drame a tous les symptômes de la convalescence : la faiblesse, l’indécision, le tâtonnement, l’incertitude, mais aussi l’émotion, l’attendrissement, et, ça et là, de soudains élans vers la vie, l’originalité et l’essor ; ce n’est pas encore le poète libre et charmant de l’Aventurière et de la Ciguë, mais ce n’est plus déjà le versificateur terne et prudent de Gabrielle.
Il arrêta immédiatement la vente du livre ; sa première idée fut de le faire examiner de nouveau par un autre censeur. […] Mais ces nouvelles précautions ne tinrent pas ; il y avait eu bientôt du relâchement, et l’ennemi avait trouvé moyen de s’introduire dans la place sous l’œil même des sentinelles. De nouvelles plaintes très vives s’élevèrent à l’occasion du septième tome (1758), et l’abbé de Bernis, alors ministre, dut écrire à M. de Malesherbes pour aviser à des moyens plus efficaces de censure. […] Après vous avoir répondu, monsieur, comme parent et ami de M. de Lamoignon, me permettrez-vous de vous dire mon avis comme amateur de la littérature et comme m’intéressant au succès d’un ouvrage périodique qui doit acquérir un nouveau lustre entre vos mains ?
L’épisode des amours avec Sophie, qui ont été le grand éclat et le grand scandale de la jeunesse de Mirabeau, est traité dans ces Mémoires avec des détails nouveaux et une extrême précision. […] Enfin la marquise, après cette explication, se dit convaincue, mais non pas persuadée encore ; elle n’est pas fâchée d’avoir à entendre une autre fois de nouvelles raisons : Mais six heures sonnent, et la foule des beaux esprits et des élégantes de Pontarlier va vous assaillir, lui dit Mirabeau. […] Je me souviens que vous m’avez promis de nouvelles preuves de votre indifférence pour Belinde, et j’ai quelque envie de vous sommer de votre parole. […] Ainsi on ne pouvait dire que Mirabeau avait fait de nouvelles dettes.
Mais dans sa seconde édition il se permit beaucoup moins de liberté, & son ouvrage acquit un mérite plus solide avec de nouvelles graces. […] Le fond de cet ouvrage n’est ni une guerre, ni une querelle de héros, ni le monde en armes pour une femme ; c’est un nouveau pays découvert à l’aide de la navigation. […] Madame Ricoboni a aussi commencé un nouveau Théâtre Anglois qui peut beaucoup servir à la connoissance des nouveaux Poëtes dramatiques de cette nation.
La foule allait d’elle-même, déjà tout habituée, au marchand de nouvelles fausses et d’idéal frelaté. […] Ils y choisissent les cadres les plus nouveaux et les plus variés. […] On peut souhaiter surtout que des hommes nouveaux, sur qui n’aura pas pesé le joug des écoles anciennes, comprennent la mission très belle qui s’offre à eux. […] Et je me disais aussi, me rappelant les foules sombres de chez nous, qu’elles devraient bien avoir, comme eux, leurs poètes de la tribu, pour composer et leur apprendre à chanter de nouveau la chanson de la route.
Les nobles, par leur propre avarice, avaient déterminé l’institution du nouveau cens, qui devint, avec le temps, le principe de la démocratie. […] En conséquence de l’éducation sauvage des géants dont nous avons parlé, l’éducation des enfants doit conserver chez les peuples héroïques cette sévérité, cette barbarie originaire ; les Grecs et les Romains pouvaient tuer leurs enfants nouveau nés ; les Lacédémoniens battaient de verges leurs enfants dans le temple de Diane, et souvent jusqu’à la mort. […] Telles sont les mœurs du nouveau monde et d’une grande partie de l’ancien. […] Tout ce que nous avons dit jusqu’ici sur l’héroïsme des premiers peuples, reçoit un nouveau jour des axiomes relatifs à l’héroïsme romain, que l’on trouvera analogue à l’héroïsme des Athéniens encore gouvernés par le sénat aristocratique de l’aréopage, et à l’héroïsme de Sparte, république d’héraclides, c’est-à-dire de héros, ou nobles, comme on l’a démontré.
Tout cela était loin de Rousseau, et du siècle nouveau qui s’annonçait. […] Par toutes ces préférences, Bossuet, le plus grand lettré, comme le plus grand inspiré des siècles nouveaux de l’Église, et le moderne du génie le plus antique, touchait intimement, sans le vouloir, à cette poésie lyrique et gnomique, dont Pindare fut l’Homère. […] La splendeur du soleil, la magnificence des rois, les merveilles des arts, les palais, les fêtes, la solennité des sacrifices, la guerre avec ses terribles images et sa sanglante parure, les casques d’airain, les aigrettes flottantes plaisent également aux deux poëtes et leur reviennent d’un attrait si vif que ce qui semblerait parfois image vulgaire brille toujours nouveau sous leurs paroles de feu. […] Ce rapprochement de Pindare avec Bossuet n’a été pour nous, on le voit, ni un paradoxe ni une prétention à des vues nouvelles, mais un cadre abrégé où se plaçaient d’eux-mêmes les principaux traits de la physionomie du poëte grec.
Était-ce une apothéose du Pouvoir par la clémence, un triomphe du génie sur la force, l’inauguration d’un âge nouveau de la Grèce affranchie des invasions barbares et embellie de monuments immortels ? […] Hermann démontre qu’il ne s’agit dans ces listes que des représentations de l’ancien et du nouveau répertoire, c’est-à-dire des acteurs et des chanteurs appliqués aux œuvres de l’ancien théâtre, puis des poëtes, acteurs et chanteurs des pièces nouvelles, comme on continuait d’en faire et d’en jouer, d’après l’ancien modèle plus ou moins altéré. […] S’agit-il des importuns et des originaux qui viennent visiter sa ville nouvelle bâtie dans l’air, il ne manque pas de mettre dans le nombre un poëte, qui s’annonce par ce lieu commun lyrique137 : « Je suis le chantre aux harmonieuses paroles, le serviteur empressé des Muses, d’après Homère. » Et puis, ce qui nous rappelle encore mieux d’illustres exemples : « J’ai fait un chant sur votre ville de Néphélococcygias, beaucoup d’élégants dithyrambes et des parthénies à la manière de Simonide. » Le poëte, enfin, qui se charge de célébrer les villes nouvelles, et qui compare l’essor de la voix des Muses à la vitesse des plus rapides coursiers, demande un présent pour sa Muse, et offre des vers de Pindare en retour : cela fait, il emporte manteau et tunique venus fort à propos dans cette région froide de l’air.
Je souris de voir comme, en avançant dans la vie, on ne sait pas se garder ce penchant au retour, et comme on étale ingénument devant les générations nouvelles le contentement d’avoir été d’une génération meilleure. […] Mignet s’écrie, en ne nous montrant que le beau côté et en revoyant tout à travers un prisme : Un esprit nouveau s’éleva de toutes parts. […] Ce n’était plus le jeune enthousiaste de l’École normale, rompant douloureusement avec le Dieu de ses pères et se mettant en marche vers la découverte d’un dogme nouveau ; ce n’était plus le superbe initiateur des premiers temps du Globe, altier et plein d’ambitieuses promesses, et qui croyait tenir la nouvelle vérité : c’est l’homme qui a connu le néant des espérances, qui a reçu la leçon des choses et les injures de la vie.
Nouveaux voyages en zigzag, par Töpffer. […] Ce sont ces nouveaux Voyages qu’on publie aujourd’hui74, et pour lesquels les mêmes artistes ou d’autres également distingués ont prêté le concours de leur crayon ou de leur burin. […] Ainsi Saussure découvrait l’Alpe et en annonçait sobrement la poésie, vers le même temps où Bernardin de Saint-Pierre versait les trésors tout nouveaux de la nature tropicale et des mornes de l’île de France, et un peu avant que Chateaubriand eût trouvé la savane américaine.
Marivaux fut du nombre des jeunes auteurs qui cherchèrent sur ce théâtre nouveau une variété et une légèreté de formes que ne leur permettait pas la scène française. […] 81. » Il mêlait aux éloges, aux beaux noms de La Bruyère et de Théophraste qu’il ne craignait pas d’appliquer à notre auteur, quelques réserves et quelques censures morales, en priant son nouveau confrère de les lui passer et de les mettre sur le compte du ministère saint dont il était chargé. […] Un nouveau siècle était né et avait grandi : Marivaux appartenait à l’époque de transition, à la génération ingénieuse et discrète de Fontenelle, de Mairan, de La Motte, et le monde désormais appartenait à Voltaire régnant, à Montesquieu, à Buffon, à Rousseau, à d’Alembert, à cette génération hardie et conquérante qui succédait de toutes parts et s’emparait de l’attention universelle : Marivaux a eu parmi nous, disait Grimm en 1763, la destinée d’une jolie femme, et qui n’est que cela, c’est-à-dire un printemps fort brillant, un automne et un hiver des plus durs et des plus tristes.
De là, délivré de nouveau, et au moment encore une fois de rentrer à Marseille, il est rejeté par un coup de vent en Afrique, à Bougie ; il revoit Alger et y séjourne plus longtemps qu’il n’avait fait d’abord. […] Condorcet le premier sentit qu’il était temps d’exposer les vrais titres des hommes éminents dont l’Académie des sciences s’était honorée ; mais, malgré le mérite de quelques-uns de ses éloges, il ne sut point offrir de parfaits modèles de ce genre nouveau. […] Flourens, que je louerais mieux si je n’avais l’honneur d’être son confrère, s’applique, et chaque fois avec un succès nouveau, à étendre et à enrichir cette forme où il est maître.
La gloire de Bossuet est devenue l’une des religions de la France ; on la reconnaît, on la proclame, on s’honore soi-même en y apportant chaque jour un nouveau tribut, en lui trouvant de nouvelles raisons d’être et de s’accroître ; on ne la discute plus. […] Ces vérités ne sont déjà plus nouvelles : combien de fois ne les avons-nous pas entendues !
N’ayant pas cru faire assez, Bailly revint encore sur ce sujet dans de nouvelles Lettres sur l’Atlantide de Platon et sur l’ancienne histoire de l’Asie, qui ne parurent qu’en 1779, après la mort de Voltaire, mais qui lui étaient également adressées comme s’il était toujours présent. […] Martin68, a vu, non pas naître, mais se développer avec une faveur toute nouvelle deux hypothèses peu conciliables, et pourtant acceptées alors avec enthousiasme par les mêmes esprits, parce qu’elles dérivent d’une même source, de la passion pour le nouveau et l’inconnu, savoir : l’hypothèse du progrès indéfini de l’humanité, et l’hypothèse d’un âge d’or des sciences mathématiques et physiques près du berceau du genre humain. » En effet, dans le temps même où Turgot traçait pour l’humanité le programme d’une marche ascendante et d’un progrès indéfini, que Condorcet devait développer avec une sorte de fanatisme et pousser aux dernières limites, jusqu’à dire que la mort pour l’homme pourrait se retarder indéfiniment, Buffon, Bailly se reportaient en arrière vers un âge d’une date non assignable, dans lequel ils plaçaient je ne sais quel peuple sage, savant, inventeur à souhait, et créaient un véritable âge d’or pour des imaginations d’académiciens. […] Il faut l’avouer, nous sommes nés pour les préjugés, bien plus que pour la vérité ; la vérité même n’est opiniâtre que lorsqu’elle est devenue préjugé… Les idées nouvelles, faibles parce qu’elles sont naissantes, n’ont pas la force de pénétrer, et, pour se placer, elles attendent des têtes neuves… Machinalement ou physiquement, l’homme est imitateur ; mais si la nature a voulu qu’il fût porté par un penchant secret, par une force assez grande, à faire tout ce qu’il voit faire, elle a voulu lui conserver son originalité par l’amour-propre… Ce n’est plus là une discussion à la Foncemagne, c’est même plus vif qu’une conversation d’Anacharsis chez Barthélemy.
Dorat, en convenant qu’il avait dû corriger beaucoup dans le drame nouveau, qu’il avait francisé autant qu’il l’avait pu l’expression parfois extraordinaire, soutenait pourtant que, dans ce siècle où il n’y avait plus de genres, la pièce accommodée à la scène pourrait plaire et faire tourner les têtes : On les a vues tourner pour beaucoup moins, ajoutait-il. […] Il vécut donc avec les bergers, avec les paysans ; et lorsque les Esquisses de l’état naturel, civil et politique de la Suisse, présentées dans une suite de lettres, par William Coxe, parurent en anglais et obtinrent du succès, Ramond se trouva en mesure à l’instant de les traduire en les perfectionnant, en y ajoutant nombre de chapitres originaux qui les complétaient et en faisaient un ouvrage tout nouveau. […] Le soleil aussi offre un spectacle nouveau : petit et presque dépourvu de rayons, il brille cependant d’un éclat incroyable, et sa lumière est d’une blancheur éblouissante ; on est étonné de voir son disque nettement tranché, et contrastant avec l’obscurité profonde d’un ciel dont le bleu foncé semble fuir loin derrière cet astre et donne une idée imposante de l’immensité dans laquelle nous errons.
A peine arrivé à sa maison, un vieil esclave déguisé en négresse lui apporte des nouvelles du petit Hannibal qu’on élève clandestinement, et qui est déjà un enfant terrible : « Il invente des pièges pour les bêtes farouches. […] Les Carthaginois attribuent ces nouveaux échecs à la perte du voile, et s’en prennent à la fille d’Hamilcar qui passe pour y avoir participé. […] Son talent, à lui, est dans toute sa vigueur, dans son cours de développement ; il est en voie d’œuvres nouvelles et a devant lui l’avenir.
Mais de nouvelles difficultés commencèrent, et ces difficultés, qui se prolongent et traînent depuis plus de trente ans, elles sont encore à résoudre. […] Grenier est un esprit essentiellement moderne ; il l’a assez prouvé dans une brochure curieuse intitulée : Idées nouvelles sur Homère (1861), dans laquelle il s’exprime en pleine liberté sur ce père de toute poésie, et en sens contraire de l’opinion commune. […] Grenier, en acceptant à peu près son point de vue, et en faisant toutefois remarquer que le nouveau contempteur d’Homère ne garde pas assez de mesure.
Il est naturel et il paraît juste qu’au moment même où l’unité de la France s’accomplit et se consomme en tous sens par l’immense réseau des communications et par une facilité, pour chacun, d’un déplacement à la minute, et presque d’une omniprésence universelle, il y ait un sentiment de résistance sur quelques points, un reploiement sur soi et un suprême effort de quelques fidèles pour sauver les vieilles mœurs ou du moins les vieilles chansons, pour les préserver et les clôturer, s’il est possible, pour leur assurer même, comme par défi, et grâce à un stimulant nouveau, une sorte de regain et de renaissance. […] Anatole Leroy-Beaulieu, un nouveau venu sympathique, avec ses Heures de solitude ; et une ancienne connaissance, M. […] Les nouveaux Souvenirs de celui-ci faisaient tort aux premiers.
Beaumarchais, comme un joueur excité par l’abstinence, tentera de nouveau avec fureur les chances et la folie des intrigues. […] Mais combien les personnes qui connoissoient l’intérieur de ce monastère y trouvoient-elles de nouveaux sujets d’édification ! […] Nous croyons faire preuve d’un respect mieux entendu en déclarant le style de Racine, comme celui de La Fontaine et de Bossuet, digne sans doute d’une éternelle étude, mais impossible, mais inutile à imiter, et surtout d’une forme peu applicable au drame nouveau, précisément parce qu’il nous paraît si bien approprié à un genre de tragédie qui n’est plus.
Rousseau se désaccoquina du café et désavoua les couplets dans le monde ; mais on en parlait toujours ; de temps à autre de nouveaux couplets clandestins se retrouvaient sur les tables, sous les portes ; cette petite guerre dura dix ans et ouvrit le siècle. […] Il avait reçu comme une lettre morte les traditions du règne qui finissait ; il s’y attacha obstinément ; ses antipathies littéraires et sa jalousie contre les talents rivaux l’y repoussèrent chaque jour de plus en plus ; il tint pour le dernier siècle, parce que le petit Arouet était du nouveau. […] Quels qu’aient été sa conduite secrète, ses nouveaux tracas à l’étranger, sa brouille avec le prince Eugène, etc., etc., il demeura digne à l’article du bannissement.
Les habitudes et les facultés qui leur servaient dans l’état ancien leur nuisent dans l’état nouveau. […] L’organe, appliqué si longtemps sur les minces détails de la vie élégante, n’embrasse plus les grandes masses de la vie populaire, et, dans le milieu nouveau où subitement il est plongé, sa finesse fait son aveuglement. […] Cette marque de sensibilité de leur part a été accueillie par de nouveaux transports de tendresse et de reconnaissance. » 316.
On va voir ce qu’est devenue celle d’Esope en entrant dans ce monde nouveau. […] Ainsi réunis par un nouveau lien, les objets et les événements prennent un nouveau relief.
La lutte philosophique Deux journaux firent une guerre acharnée à la philosophie : les Nouvelles ecclésiastiques parlaient au nom du Jansénisme ; le Journal de Trévoux était l’organe des Jésuites. […] Suspendue pendant dix-huit mois après l’apparition des deux premiers volumes, puis reprise et menée avec ardeur, la publication de l’Encyclopédie venait d’être arrêtée de nouveau par le Parlement (1757) : l’un des deux directeurs de l’entreprise, Dalembert, ami de son repos, s’effrayait, se retirait ; ni Diderot ni Voltaire ne pouvaient le faire revenir sur sa décision. […] Daguesseau (1668-1751), chancelier, fut exilé en 1718 pour avoir combattu le système de Law, rappelé en 1720, exilé de nouveau en 1722, et ne reprit les sceaux qu’en 1737.
Rien ne peut lui plaire », — et, sans prendre seulement la peine de feuilleter le petit volume, il me tint à peu près ce discours : « Jamais on n’a écrit autant de Pensées que dans ces derniers temps : Petit bréviaire du Parisien, Roses de Noël, Maximes de la vie74, Sagesse de poche, sans compter les nouvelles maximes de La Brochefoucauld dans la Vie parisienne. […] Et ce qui ferait reconnaître encore (si on ne le savait) qu’il a été écrit par une femme, c’est l’aimable étourderie avec laquelle elle pille souvent, sans le savoir, les classiques du genre et invente de nouveau ce qui a été dit longtemps avant elle. […] Dans Fédora La femme harmonieuse et pliante, la femme électrique et chimérique a fait de nouveau la conquête de Paris.
L’homme nouveau, riche de pensées, sobre de gestes, est fait pour réserver sa vie intime, haïr la vedette personnelle, et frapper la médiocratie en plein cœur par l’audace réfléchie, la résolution logique de ses idées, en soustrayant son visage à tout examen. […] Elle aidera la formation du type nouveau. […] Il y aurait à donner le coup de grâce à des créations aussi funestes que celle de Murger ; avant de contribuer de nouveaux ouvrages d’imagination à la bibliothèque des auteurs actuels, il y aurait à écrire un livre de première nécessité sur l’organisation sociale des créateurs eux-mêmes.
Le Sénat, afin d’éteindre ces dissensions, attira autour de lui les principales têtes de la discorde ; mais ce levain, au lieu de se perdre dans la masse de l’État, aigrit tellement les esprits, qu’il fallut bientôt être Noir ou Blanc à Florence comme à Pistoie : c’étaient chaque jour des affronts et des atrocités nouvelles. […] Arrivés à l’hémisphère qui répond au nôtre, ils découvrent un nouveau ciel et d’autres étoiles. […] C’est un des grands défauts du poëme, d’être fait un peu trop pour le moment : de là vient que l’auteur, ne s’attachant qu’à présenter sans cesse les nouvelles tortures qu’il invente, court toujours en avant, et ne fait qu’indiquer les aventures.
De là le nouveau roman qu’il nous donne, et qui a pour héroïne la supérieure et fondatrice d’un institut de Toulouse, lequel fut détruit en 1686, comme affilié et un peu cousin germain du monastère de Port-Royal. […] De concert avec l’abbé de Ciron, elle posa les bases de l’institut nouveau qu’elle prétendait fonder ; elle dressa les Constitutions de la congrégation dite de l’Enfance, ainsi nommée parce qu’il s’agissait d’y honorer particulièrement la divine enfance de Jésus-Christ. […] Qu’on joigne à cela de bonnes œuvres, l’éducation gratuite des jeunes filles, l’instruction des calvinistes nouvelles converties, le soin des pauvres, et l’on aura quelque idée de cet institut habilement concerté, fait pour séduire, attrayant, et utile peut-être, mais empreint évidemment d’un reste d’orgueil humain, et même de coquetterie mondaine.
Il quitta Vienne le 22 avril 1834, et, dans un voyage de près de onze mois, il chercha les distractions sérieuses, un noble emploi de l’intelligence, et cette instruction que la vue des choses nouvelles et des hommes dissemblables ne cesse d’apporter jusqu’à la fin aux esprits restés jeunes et généreux. […] qu’ils aillent dans la Terre sainte, s’écrie-t-il encore, qu’ils entrent à Jérusalem, même avec une foi douteuse, ceux-là qui sont avides de nouvelles émotions ; pour peu que leur imagination soit vive, et leur cœur droit et sincère, elles arriveront en foule à leur âme. […] Il crut lire, dans l’avènement et l’affermissement du pouvoir nouveau, un ajournement désormais indéfini de ses espérances : le mal du pays le gagna ; ce cœur si fort fut brisé.
Avez-vous jamais réfléchi à ce que c’était que ces hommes de la Chambre de 1815, dont en général les montres s’étaient arrêtées subitement au 18 Brumaire, et qui, après quinze ans d’isolement, de colère ou de bouderie à l’écart, se virent un jour appelés à l’exercice d’un gouvernement nouveau et à remettre en vigueur les formes parlementaires et délibératives ? […] Ces hommes de la Chambre de 1815 arrivèrent ou revinrent impraticables parce qu’ils étaient violents, parce qu’ils avaient accumulé en silence mille aigreurs et mille rancunes, parce qu’ils étaient restés, dix années durant, à l’état de pistolets chargés : quand on vint à vouloir s’en servir de nouveau, ils éclatèrent dans la main qui les employait. […] À ce monde nouveau, pour l’intéresser, il faudra une littérature différente, plus solide et plus ferme à quelques égards, moins modelée sur l’ancienne, et qui, aux mains des gens de talent, aura elle-même son originalité.
Sully-Prudhomme, Mallarmé et Kahn, voilà donc ce que produit la conscience non déguisée que la Poésie, en d’autres temps logique telle qu’on la conçoit, ne peut plus être la même en les temps nouveaux peu à peu découverts : une pensée malgré tout religieuse, des principes à priori et rêveries paradoxales, erreurs pédantes de raisonnement et d’expérience scientifique. […] Cette Œuvre sera la mienne, qui est conçue, dont le plan, un livre, des extraits sont publiés : car ce Poète nouveau, rationnel, directeur de la pensée et comme exerçant une magistrature, ça été mon vouloir de l’être, selon mon pouvoir… * * * Une Philosophie évolutive. […] Et merci aussi à la Wallonie, autre Revue qui, en Belgique, accueillit l’Art nouveau.
Épiques ou apocalyptiques, puisque c’étaient les qualités nouvelles qu’il fallait louer dans Germinal, par exemple, ou dans L’Œuvre, nous ne l’eussions pu faire d’ailleurs qu’aux dépens des anciennes, de celles que nous goûtions peu, mais que nous reconnaissions enfin dans L’Assommoir ou dans Le Ventre de Paris ; et, pour La Joie de vivre, en dépit des clameurs, nous n’y pouvions vraiment rien voir de plus obscène ou de plus incongru que dans Pot-Bouille ou dans Nana. […] Cela sentira seulement la caserne au lieu de la ferme, le fumier de cheval au lieu du fumier de vache, ou l’odeur de fumée, d’huile et de graisse à graisser au lieu de l’odeur des blés mûrs et du foin nouveau ; mais il s’y passera les mêmes choses, entre deux trains, sous le hangar aux marchandises ou dans un coin de la lampisterie, qu’ici entre deux coups de faulx, derrière une meule de foin. […] Zola, — dont je ne connais, pour moi, que le premier roman : La Fortune des Rougon, où il y ait quelque ombre de naturalisme, — enfermait soigneusement ses règles sous six clés, comme l’autre, quand il ajoutait un nouveau tome à l’histoire de ses Rougon-Macquart.
S’il se porte à des figures plus hardies, elles sont suivies, raisonnables, tirées d’objets ordinaires, préparées de loin, sans rien qui puisse étonner ou choquer, simples effets d’une éloquence passionnée, simples moyens oratoires, au même titre que les raisonnements et les faits : « La religion de Pascal, dit-il, n’est pas le christianisme des Arnaud et des Malebranche, des Fénelon et des Bossuet ; fruit solide et doux de l’alliance de la raison et du cœur dans une âme bien faite et sagement cultivée ; c’est un fruit amer, éclos dans la région désolée du doute, sous le souffle aride du désespoir. » Telle est l’imagination de l’orateur, bien différente de celle de l’artiste, qui est brusque, excessive, aventureuse, qui se plaît aux images nouvelles, qui frappe et éblouit le lecteur, qui se hasarde parmi les figures les plus rudes et les plus familières, qui ne se soucie pas d’élever, par des transitions ménagées, les esprits jusqu’à elle, et dont la folie et la violence mettraient en fuite l’auditoire que l’orateur doit se concilier incessamment pour le retenir jusqu’au bout. […] On plonge dans cette sombre cave, et on cherche des mains l’entrée du précieux et nouveau souterrain où M. […] Cet amour passionné de la démonstration pure qui fait le philosophe, ce scrupule inquiet sur le sens des mots, ces habitudes algébriques, ce retour incessant sur soi-même, ce doute inné qui l’empêche de se faire illusion et le porte à mesurer perpétuellement le degré de probabilité de ce que les autres appellent certitude, ce mépris du sens commun, cette haine pour les arguments du cœur, cette foi absolue en l’observation et en la preuve, ce besoin éternel de vérifications nouvelles, voilà les qualités qui seraient des défauts dans un orateur.
Je vous rends mille grâces de vos nouvelles ; le marquis17 a vu avec douleur le théâtre fermé, et sur cela il prend la résolution d’aller à son régiment ; ma chaise de poste, qui le mènera à Paris samedi, vous ramènera ici dimanche. […] ) Nos nouvelles ne sont pas si intéressantes que les vôtres : une pauvre servante s’est prise de passion pour un jardinier.
— Mais non ; il est et il demeure bien résolu que de nouvelles conditions de stabilité ont été introduites dans le monde ; les ruines brusques et violentes n’appartiennent qu’à l’histoire ancienne ; dupes, entraînés et turbulents jusqu’à ce jour, les hommes ont, de ce matin, cessé de l’être. […] L’imprimerie, notre grand secours, à force de nous venir en aide, ne finira-t-elle point par produire un ensevelissement d’un genre nouveau ?
Mais les débris de l’ancienne faction montagnarde, et les mécontents de toute espèce que suscitait contre lui le nouveau gouvernement formaient une opposition suffisamment redoutable, qui grossissait de jour en jour. […] Le nouveau Directoire enfin, définitivement composé de Barras, Sieyes, Roger-Ducos, qui ne voulaient pas la Constitution, de Gohier et Moulins, qui la voulaient, mais sans moyens de la maintenir, remplit l’intérim qui s’écoula depuis le 30 prairial jusqu’au retour d’Égypte et au 18 brumaire.
Mais M. d’Eckstein n’accordait aucune place ni aucune valeur aux tentatives nouvelles de révolte, d’ironie, d’irrévérence et de liberté fougueuse qui éclataient déjà dans l’art, en attendant qu’elles se fissent jour en politique. […] Ainsi, dans les excellents articles qu’il a publiés sur la littérature allemande, le Ion a pu choquer les personnes les mieux disposées à ces points de vue nouveaux.
Nous désirions qu’il prît la tête du progrès ; qu’il ne laissât pas la société, un instant unie dans une sympathie héroïque, se débander de nouveau et se dissoudre ; qu’il gardât, quelque temps du moins, leur prestige à ces idées de liberté qui n’avaient pas encore failli. […] Au fond, et sous nos formes de polémique démocratique, nous étions évidemment préoccupés d’une économie politique plus réelle que l’ancienne, d’une constitution plus équitable de la propriété, d’un art nouveau, d’une religion inconnue.
« L’absurdité grandit comme une fleur fatale », grandit davantage aux jardins pleins d’odeurs mortelles de son cerveau — et, impitoyablement, il y répand de nouveaux poisons. […] Le titre seul de son drame (Les Moines) évoquait quelque nouveau Torquemada tout en ardeurs extrahumaines, en paradisiaques ou bien infernales visions, en azur et en flammes.
« L’on est, dit-il, esclave de la construction ; l’on a enrichi la langue de nouveaux mots, secoué le joug du latinisme, et réduit le style à la phrase purement française. […] L’on a mis enfin dans le discours tout l’ordre et toute la netteté dont il est capable : cela conduit insensiblement à y mettre de l’esprit57. » Ce n’est pas sans raison que La Bruyère dit : L’on a enrichi la langue de nouveaux mots.
C’est sur cette corde unique qu’il est obligé, nouveau Paganini (s’il l’est !) […] Dans ce grand sujet de Rome et la Judée, dans ce vis-à-vis énorme, mais si facile à la rhétorique et aux déclamations, du monde de l’ancien Testament aboli, de la Synagogue dispersée par l’épée romaine, et de la chaire de Saint-Pierre érigée debout, dans l’apocalypse d’un monde nouveau, il aurait fallu une touche si mâle et si ferme, il aurait fallu quelque reflet surnaturel de saint Paul et de saint Jean réunis, formant le rayon d’une inspiration plus que pittoresque et plus que littéraire, et, au lieu de cela, nous avons un peintre grêle de salon, — presque un feuilletoniste d’histoire, quelque chose comme un Pontmartin historique ; car Champagny, dans ce dernier livre, a beaucoup de Pontmartin !
Enfantin, l’ex-pape saint-simonien, se pose à nouveau, non pas en saint Pierre de cette fois, mais en saint Paul de l’Église future qui doit prochainement succéder à la vieille Église chrétienne, et déclare aujourd’hui avoir — comme prêtre ! […] Toujours est-il qu’il n’a pas répondu comme au père Félix… et qu’il semble, lui et ses amis, recommencer un nouveau silence… En sortira-t-il encore une fois ?
Autrefois, il suffisait de se déplacer pour avoir un avantage très net sur son voisin qui ne bougeait pas ; mais aujourd’hui les déplacements étant devenus fort aisés pour tout le monde (preuve de grande civilisation, comme l’on sait), les descriptions et les faits nouveaux, qu’allaient chercher au loin des voyageurs incapables de penser et d’inventer au coin de leur feu et les portes fermées, deviennent, par la facilité avec laquelle on se les procure, du domaine commun, tout autant que si ce domaine était immobile. […] À ses yeux, c’est un de ces points où toute la vie d’une nation reflue, quand l’activité nationale, fatiguée de chercher en vain la sève qui lui manque, s’efforce de se répandre au dehors et d’atteindre des puissances nouvelles.
Et c’était, à l’entrée de chaque nouveau personnage, une clameur de surprise joyeuse. […] Le poète nous fait assister à une crise morale d’où sortira un homme nouveau. […] Son nouveau propriétaire, M. […] Après, tu nivelleras de nouveau. […] Il faut qu’il la perde de nouveau, puisqu’il l’adore !
Nul personnage nouveau. […] Worms-Clavelin, dans ce nouveau volume, apparaît à peine, M. […] Cela fait un retard nouveau. […] C’était de nouveau l’aimé qu’elle voyait mourir, là, devant elle. […] En revenant de Rome il glisse de nouveau au rationalisme.
Mais aussitôt nous perdons une seconde fois sa trace, et l’obscurité s’épaissit de nouveau. […] En effet, c’étaient les chefs-d’œuvre d’un art nouveau. […] Nouveau Dangeau, qui sait s’il n’avait pas tenu la plume ? […] Ne prévoyait-il donc pas ce que l’avenir lui ménageait là-bas d’humiliations nouvelles ? […] Je m’informerai après lui pour avoir de ses nouvelles.
Francis-Boeuf, Jean (1873-1933) [Bibliographie] Sur le sentier, vers et nouvelles (1900).
Nous n’en sentons pas la vertu et la grâce ; nous ne le sentons que quand il est nouveau, de récente création. […] C’est un point de vue nouveau. […] Quelque chose est né désormais, qui est nouveau dans le monde, et qui est adorable. […] Par quoi te distingues-tu des autres hommes et que me diras-tu de nouveau sur la façon dont on doit envisager la vie ? […] Vous avez remarqué sans doute que dans chaque nouveau volume de cette série M.