Vous êtes Italiens, sans doute, mais vous êtes Italiens comme les Hellènes étaient Grecs, Grecs dans la communauté de famille générique et dans la vaste autonomie du Péloponnèse, des îles et de l’Ionie, mais, en réalité, Lacédémoniens, Athéniens, Thébains, Corinthiens, Samiens, branches distinctes, toujours séparées, quelquefois hostiles de cette grande et héroïque famille grecque contenue à peine entre les montagnes du Péloponnèse, les archipels et les rivages de l’Asie Mineure ; branches ayant chacune son territoire, ses flottes, ses formes de gouvernement diverses, aristocratique ici, populaire là, militaire dans les montagnes, navale dans les ports, monarchique en Asie, théocratique à Éphèse, républicaine en Europe, rivale en temps de paix, confédérée en temps de guerre, indépendante pour le gouvernement intérieur, amphictyonique pour la défense commune, forme élastique qui s’étend ou se resserre selon les besoins de la race hellénique, et qui, en faisant l’émulation au dedans, la sûreté au dehors, le mouvement et le bruit partout, fit de la Grèce en son temps l’âme, la force, la lumière et la gloire de l’humanité ! […] IV Vous êtes arrivés dans cet état à une époque qu’on peut appeler l’époque française de l’humanité.
Le chiffre n’a pas d’âme : l’âme a une force à millions de chevaux, comme on dit, qui soulèverait plus de poids que la vapeur ; ils se défient de cette force, ils dévirilisent l’humanité pour la dompter ; l’homme spécial ne leur refuse rien, l’homme universel leur fait peur ; il sent et il pense ; la conscience et la pensée sont les deux ennemies divines de la servitude, Némésis de la tyrannie ; l’antiquité n’en avait qu’une, nous en avons deux. […] Les vendangeurs, épars dans les vignes fécondes, Au vent de la montagne exhalaient leur gaieté ; Et les amis rêveurs montaient entre deux mondes, En haut la solitude, en bas l’humanité...
La moitié de l’humanité serait éternellement occupée à massacrer l’autre moitié ; et, ces moitiés de croyants se divisant de nouveau en sectes antipathiques, l’humanité tout entière finirait par être immolée au dernier croyant !
Il n’y en a pas dans toute la terre de langue d’oc, parce que la race a perdu sa langue, qui était une des plus propres à la poésie que l’Humanité ait connue : Ce fait d’une répartition si tranchée des grands poètes de langue française nous a semblé tellement intéressant que nous croyons utile de recueillir à son sujet des opinions autorisées. […] Chaumié, « une des plus propres à la poésie que l’Humanité ait connue ».
Mais il faut rejeter les douleurs imaginaires et l’humanité doit marcher libre, débarrassée de la croix qui pèse sur elle depuis trop de siècles. […] Le poète et la bien-aimée vont regardant dans leurs yeux le reflet de la joie des choses et oublieux de l’humanité mauvaise et dolente.
» jette Hébrard, — et comme on cherche à voir dans le blanc de ses yeux, s’il est sérieux ou s’il blague, — le directeur du Temps improvise une théorie, éloquemment paradoxale, dans laquelle il proclame que le café, est une sorte d’école normale d’humanité très parfaite, où l’on arrive de suite au ferraillement et au corps à corps, sans les salamalecs et les exordes de la porte. […] Il dit à peu près cela : « Il était trop bon et il n’avait pas le sens critique de l’humanité, ce qui le rendait parfois un mauvais juge des hommes, avec lesquels il était en rapport, mais quelquefois aussi, il voyait parfaitement juste… » Spuller s’arrête quelque temps et reprend : « Voyez-vous, il avait des conceptions, des conceptions comme celle-ci : un jour, parlant du couronnement de l’Empereur de Russie, il m’a dit, qu’en cette occasion, il fallait que la France affirmât à la face de l’Europe, fièrement, la République, et qu’il voulait envoyer à ce couronnement, comme représentant du pays, devinez qui ?
Démosthène et Cicéron ne parlaient que pour eux, de leurs affaires ou de leur nation : nous parlions pour l’humanité tout entière ; notre affaire était l’affaire de la raison générale, la cause de l’homme et de l’esprit humain. […] XXII Mais peut-on louer en conscience et en humanité une assemblée qui gouvernait à coups de hache, comme si le meurtre était un gouvernement ?
Ferrari, l’homme du phalanstère commandait aux soldats de plomb de sa chimérique humanité. […] Mais en s’en rapportant aux faits seuls, est-il vraiment certain que l’humanité fasse toujours historiquement le même geste, et que les peuples ne varient jamais la figure de leurs évolutions ?
Ils la veulent tous, sans être des Hugo et même en restant des pieds plats, les libres penseurs et les athées de ce temps, comme l’ont voulue, à toutes les époques de l’Histoire, tous les révoltés, tous les hérétiques, toute l’indomptable canaille de l’humanité. […] Seulement, Béranger a le style de ses idées et Hugo n’a pas le style des siennes, et rien n’est plus déplaisant que le contraste de la platitude de ses idées avec la redondance de sa poésie… Rien de plus choquant que de voir ce diable de grand vers dont personne ne nie que Hugo ait la puissance, et qui ne devrait dire que des choses proportionnées à sa grandeur, ne débagouler que des choses ineptes et vulgaires sur l’une des plus grandes questions (si ce n’est la plus grande) qui puisse occuper l’humanité.
Tous ses héros ne sont pas des héros ; ils sont de taille de foule, et ils vivent coude à coude avec ce qu’il y a de plus commun dans l’humanité. […] La canaille n’est jamais très-loin dans l’humanité.
Il s’insinue donc dans sa familiarité, et devient son complice et son instrument, guettant l’heure et l’instant propice : mais, en attendant, il a trop vécu, il a trop plongé chaque jour dans la vase immonde, il a trop vu la lie de l’humanité ; il s’est réveillé de ses rêves.
Ceux qui ont servi sous le général Friant, questionnés sur ses mérites et qualités, nous ont donné de lui une idée que le colonel Michel, un d’entre eux, a résumée heureusement dans ce vivant portrait : Le général Friant, par son bon naturel, son excellent cœur, ses sentiments généreux, l’humanité qui le dominait, aimait ses soldats, les soignait comme ses propres enfants, vivant de leur vie, se mêlant avec eux, tout en conservant sa dignité ; il en était chéri et estimé au point que pas un d’eux n’eût balancé à sacrifier sa vie pour sauver celui qu’ils appelaient : Notre bon, notre brave père. — (Tombant mortellement blessé près de lui à la Moskowa, un voltigeur lui disait : « Mon général, voilà quatorze ans que je suis sous vos ordres ; votre main, et je meurs content
Hommes, soyons ouverts à tous les sentiments d’humanité, de communication facile et libre, et, s’il se peut, fraternelle : nation, gardons intègre le nerf des nations.
Chansons nouvelles et dernières Il est dans l’histoire de l’humanité un premier âge où les poëtes ont exercé une fonction publique, sacrée, un sacerdoce populaire.
M. de Lamartine a publié, il y a deux ans à peu près, une brochure sur la Politique rationnelle, dans laquelle des perspectives approchantes sont assignées à l’âge futur de l’humanité, et, bien qu’il semble y apporter, pour le détail, une moins impatiente ardeur, ce n’est que dans le plus ou moins de hâte, et non dans le but, que ce noble esprit diffère d’avec M. de La Mennais.
Si ce volume, qui ne doit pas contenir moins de six mille vers, tombait aux mains de lecteurs qui aiment peu les vers, et ceux d’amour en particulier ; si, d’après la façon austère et assez farouche qui essaye de s’introduire, on se mettait aussitôt à morigéner l’auteur sur cet emploi de sa vie et de ses heures, à lui demander compte, au nom de l’humanité entière, des huit ou dix ans de passion et de souffrance personnelle que résument ces poëmes, et à lui reprocher tout ce qu’il n’a pas fait, durant ce temps, en philosophie sociale, en polémique quotidienne, en projets de révolution ou de révélation future, l’auteur aurait à répondre d’un mot : qu’attaché sincèrement à la cause nationale, à celle des peuples immolés, il l’a servie sans doute bien moins qu’il ne l’aurait voulu ; que des études diverses, des passions impérieuses, l’ont jeté et tenu en dehors de ce grand travail où la majorité des esprits actifs se pousse aujourd’hui ; qu’il s’est borné d’abord à des chants pour l’Italie, pour la Grèce ; mais qu’enfin, grâce à ces passions mêmes qu’on accuse d’égoïsme, et puisant de la force dans ses douleurs, en un moment où tant de voix parlaient et pleuraient pour la Pologne, lui, il y est allé ; qu’il s’y est battu et fait distinguer par son courage ; que, s’il n’y a pas trouvé la mort, la faute n’en est pas à lui ; qu’ainsi donc il a payé une portion de sa dette à la cause de tous, assez du moins pour ne pas être chicané sur l’utilité ou l’inutilité sociale de ses vers.
Aujourd’hui que la victoire semble décidée et que bientôt la sécurité va naître, la politique et l’art se sépareront sans s’isoler ; l’art, retiré du tourbillon, jeune encore et déjà mûr d’expérience, tracera dans la solitude son œuvre pacifique, qu’il animera de toutes les couleurs de la vie, de toutes les passions de l’humanité.
Il te semblait encor voir sans cours et sans rive, Comme une eau dans les joncs, flotter l’humanité ; Alors, toujours, partout, sereine ou désolée, Dans la plus froide nuit comme au plus beau soleil, N’as-tu pas cette autre âme à tes destins mêlée, etc., etc.
Mais, les yeux fixés avec admiration sur les sommets les plus lointains et les plus âpres du passé, il ne voyait pas les moissons florissantes que l’équité et l’humanité des mœurs avaient fait naître dans le champ d’une civilisation plus moderne.
L’un sauva sa patrie par son éloquence oratoire et ses talents consulaires ; l’autre, dans ses commentaires, écrivit ce qu’il avait fait ; l’autre enfin, par le charme de son style, l’élévation philosophique dont ses lettres portent le caractère, se fit aimer comme un homme rempli de l’humanité la plus douce, malgré l’énergique horreur de l’assassinat qu’il commit.
Mais peut-être direz-vous que, si elle est philosophe dans ses propos, c’est qu’elle reçoit Paul Vence à sa table et qu’elle a de la mémoire ; que c’est un instinct secret qui lui fait trouver plaisir aux rues mal soignées et fortement odorantes où grouille de l’humanité en tas, et qu’enfin son absence de préjugés lui vient de son tempérament et de son hérédité, car elle est la fille d’un rapace.
S’ils cherchent par-delà tout Évangile précis à cette heure où tous lès Évangiles tombent en ruines une religion qui satisfasse à la fois leur cœur et leur raison dans le fonds commun de toutes les religions et de toutes les métaphysiques, dans le frisson de mystère dont certaines questions ont toujours fait frémir toute l’humanité, dans les hiéroglyphes de l’ancienne Egypte, dans les grimoires de Paracelse et dans les méditations de Spinoza ne les condamnez pas si vite : êtes-vous bien sûr qu’ils aient tort ?
Tous pensaient qu’il vivait dans une sphère supérieure à celle de l’humanité.
Une des idées favorites du maître, c’est qu’il était le pain nouveau, pain très supérieur à la manne et dont l’humanité allait vivre.
La Muse dramatique, attachée comme une Pythie esclave au trépied du dieu, s’échappe ainsi du sanctuaire et passe du côté de l’humanité.
* * * — L’humanité a tout trouvé à l’état sauvage : les animaux, les fruits, l’amour.
Cette sympathie court risque d’être bien « générale » et, en voulant s’étendre à tous, de ne s’appliquer à personne : elle ressemble à celle que nous pouvons éprouver pour un membre quelconque de l’humanité, un Persan ou un Chinois.
Il est très difficile d’appliquer une telle méthode à la question qui nous occupe, au moins dans l’humanité ; on ne peut à volonté, si ce n’est dans des cas très rares et avec quelques périls, jouer avec l’intelligence humaine, comme avec des vapeurs ou des gaz32 ; mais, hélas !
A la vérité, ce n’est pas là l’homme du temps d’Homère, de même que la Phèdre de Racine n’est pas la femme du temps d’Homère ; mais c’est l’humanité telle qu’elle s’est développée avec le temps, telle qu’elle existait déjà au temps où fut écrit le mystérieux, le sceptique, le mélancolique écrit de l’Ecclésiaste.
Imagination militaire, ce qui veut toujours un peu dire imagination chevaleresque, il s’est profondément pénétré de la personnalité de ce peuple arabe, — le seul peuple réellement poétique qu’il y ait maintenant sur la terre, et dont la description ressemble aune page de la Bible oubliée dans des feuillets de ce Khoran qui ne sera bientôt plus pour l’humanité qu’un livre oublié, — une poésie chantée !
On respire enfin d’être sorti du vieil étouffoir des climats où depuis si longtemps on a fait suffoquer l’humanité, et l’on se dit qu’après tout voici une nouvelle manière de battre le jeu de cartes de l’Histoire !
Et, en effet, je l’ai dit plus haut, mais il faut le répéter à ceux qui ont appelé la guerre et son art du nom avilissant de militarisme pour mieux l’insulter, tout se passe, dans tous les mondes possibles, comme dans le monde de la guerre ; et ce que dit l’auteur des Études sur le Combat de la discipline des armées, on peut le dire de toutes les institutions de l’humanité, — religion, législation, gouvernement et art même, car l’art a ses règles, — qui toutes ont leurs disciplines, ces institutions, ou, pour parler mieux, qui ne sont que des disciplines sans lesquelles l’homme, faible créature, s’abolit, s’efface et se réduit au rien qu’il est , comme disait Bossuet !
Il n’aurait plus été l’homme de goût, l’homme de tradition, le professeur d’humanités et de belles-lettres, l’écrivain des Débats !
Ni Saint Augustin, ni Saint Denys l’Aréopagite, ni Saint Chrysostôme, ni aucun des Pères de l’Église — qui furent les plus grands esprits de l’humanité — dont nous savons les noms, mais dont nous ne lisons plus les ouvrages, ne trouveraient maintenant une miette de gloire à ramasser pour leur génie, — ce génie qui fut consubstantiel à leur foi.
Qu’on ne l’oublie pas, si l’on veut rester ferme dans la réalité humaine, les progrès de l’humanité ne sortent jamais que de l’action et de la réaction réciproque de l’initiative et du commandement de quelques-uns, et du bon sens et de l’obéissance de tous, — en d’autres termes, de l’union sympathique et féconde des gouvernants et des gouvernés.
Et vraiment peut-on dire à tort, quand on a lu cette histoire de France et ces claires paroles dans l’avertissement de l’édition de 1854 : « la philosophie de l’histoire est en mesure aujourd’hui de restituer au druidisme la part très considérable qui lui revient dans le développement de l’humanité, et au génie celtique une part plus grande dans le développement moral du moyen âge et de l’âge moderne » ?
Mais, heureusement pour lui et pour son peuple, la sainteté lui épargna cette vulgaire façon d’être un grand homme à la manière de l’humanité.
C’est elle qui lui fit écrire ce mot d’avenir à la tête de son journal, le plus grand acte de sa vie, et ce fut elle encore qui le fit croire à l’avenir de l’humanité, avec l’obstination d’un utopiste de Bretagne.
On s’en souvient : ils avaient, au dix-huitième siècle, mis partout leurs trois dieux, Voltaire, Rousseau et Franklin, qu’ils appelaient le Flambeau de l’humanité dans le style du temps, sérieux et comique, déclamatoire et plat.
Franchement, le Symbole de Nicée ne se donne pas tant de peine pour être plus utile à l’humanité et plus grand !
Nul d’entre eux ne s’avise de nier la majesté de ce sujet grandiose, qui renferme plus qu’aucun autre, à quelque place qu’on la choisisse, tout ce qui constitue le jeu des forces vives de l’humanité.
Il a compris que le front de l’humanité allait à ce bandeau de veuve, et que pour cette reine de deux jours, qui soupire entre un peu d’argile et un peu de cendre, c’était bien la véritable couronne !
… l’action entre ces quatre personnages sans individualité et même sans humanité, l’action a-t-elle une individualité davantage ?
L’âme religieuse de cet homme triple atteignait au sublime d’une foi profonde, quoique erronée ; mais pour retomber bientôt de cette hauteur aux faiblesses, ou aux forces, de l’humanité : à l’amour toujours païen de la femme, — à cette époque plus païen que jamais, — aux fureurs sacrées, comme disent les poètes » de la Muse, aux sonnets ardents qu’à la cour, pendant les trêves de ces guerres protestantes, il jetait, comme des torches, dans l’escadron volant des filles de la reine, pour leur embraser les sens et les cœurs.
Je ne sais point par quelles spirales cette amie de Proudhon est descendue au fond du dernier cercle de l’enfer de la Philosophie, mais elle y est descendue, et c’est du fond de cet horrible trou que, comme la Sachette de Notre-Dame de Paris, elle élève une voix désespérée pour l’humanité et pour elle ; — car, après tout, si elle a la bravoure de l’athéisme, si elle fait de l’héroïsme contre le néant, elle n’est pas, pour cela, très heureuse d’être athée.
Et d’autant que la langue de ce pays-là n’est ni la langue de la France, ni la langue de l’humanité !
Toutes ces contorsions, ces faces bestiales, ces grimaces diaboliques sont pénétrées d’humanité.
Vous en voyez plusieurs passionnés pour l’étude, et indifférents pour la gloire ; éloignés de cette ostentation, qui est toujours faiblesse ; ne s’apercevant pas même de ce qu’ils sont, ce qui est la vraie modestie ; honorant leurs bienfaiteurs, louant leurs rivaux, assez fiers pour faire du bien à leurs ennemis ; vous en voyez quelques-uns, ornés des grâces, qui, dans le monde, font pardonner les vertus ; mais ce qui fait le caractère du plus grand nombre, ce sont toutes les qualités que donne l’habitude de vivre plus avec les livres qu’avec les hommes : je veux dire des mœurs, les sentiments de la nature ; cette candeur si éloignée de toute espèce d’art ; Cette bonne foi de caractère qui agit d’après les choses, non d’après les conventions, et ne songe jamais à prendre son avantage avec les hommes ; une simplicité qui contraste si bien avec le désir éternel d’occuper de soi, vice des cœurs froids et des âmes vides ; l’ignorance de presque tout, hors des choses utiles et grandes ; une politesse qui quelquefois néglige les dehors, mais qui, au lieu d’être ou un calcul fin d’amour-propre, ou une vanité puérile, ou une fausseté barbare, est tout simplement de l’humanité ; enfin cette tranquillité d’âme, qui, ayant apprécié tout, et n’estimant dans ce songe de la vie que ce qui mérite de l’être, c’est-à-dire, bien peu de choses, ne se passionne pour rien, et se trouve au-dessus des agitations et des faiblesses.
Mais en même temps ce prêcheur candide est un observateur très véridique, très minutieux et parfois très pénétrant de l’humanité moyenne. […] Ainsi, chose admirable, l’humanité tend à l’extinction de la misère dans la mesure même où elle tend au perfectionnement intérieur, et son salut spirituel et son salut économique ne font plus qu’un aux confins extrêmes de l’idéal. […] Et voilà, certes, un beau miracle de sympathie, d’humanité et de charité. […] Un Norvégien d’aujourd’hui (ou une Norvégienne) est-il vraiment un être impénétrable, sauf aux Norvégiens et aux Danois, et à part de tout le reste de l’humanité ? […] Il hait la « philosophie », la fausse humanité, la sensiblerie du temps.
Il y a gagné de doubler son aristocratie native d’une étoffe vivante d’humanité. […] Une certaine largeur d’humanité, l’acceptation des formes à la mode, même des préjugés reçus, sont aussi nécessaires. […] Dans le raccourci de leurs syllabes que ne tient-il pas d’humanité ! […] On peut s’attendre à toutes les destructions dans l’avenir lorsque l’on voit de ces tombes ouvertes dans le passé et que l’on se rappelle ce que l’humanité y a laissé choir de son cœur. […] Il n’y a pas d’art, il n’y a que de l’humanité.
qu’ils sont loin de l’humanité profonde et de la tranquille audace d’un Ibsen, d’un Ostrowsky ou d’un Pisemsky ! […] L’acte par lequel la race se perpétue, les relations des sexes et tous les sentiments qui naissent de là, forment, par la force des choses, une part éternelle et essentielle de la vie de l’humanité. […] L’opinion publique ou, pour mieux dire, une loi traditionnelle presque aussi vieille que l’humanité, fait plus étroits, dans le mariage, les devoirs de la femme. […] Elles respirent l’humanité, la tendresse, la compassion pour les petits. […] Prospero, c’est l’âme ; Caliban, c’est la matière ; Prospero, c’est l’humanité supérieure ; Caliban, c’est la basse humanité ; les autres sont l’humanité moyenne.
Michel, et qui, aussi bien, est incontestablement, une très grande date dans l’histoire de l’humanité. […] Les amoureux ne sauront jamais combien ils perdent de temps pour le bonheur de l’humanité et pour le leur, d’abord à ne pas s’expliquer, et ensuite à s’expliquer. […] Plusieurs religions dans l’humanité, voilà ce qui est pour eux quelque chose de pénible et de dangereux et de fatal. […] Et où se trouvera la doctrine qui pourra concilier tant d’exigences diverses et contradictoires et contenir en son sein une humanité qui a besoin et d’indépendance et de cohésion, et qui a le désir du port et aussi de la tempête ? […] L’humanité, comme a dit Comte, se compose de plus de morts que de vivants. » — Solidarité éternelle.
Ainsi je serais tenté de dire que l’humanité tout entière travaille aux chefs-d’œuvre, longtemps avant et longtemps après l’artiste qui les produit. […] En second lieu, comme tous, ou presque tous, furent de grands peintres de la vie humaine, raison pour laquelle ils survivent et survivront autant que survivra l’humanité, ce sera une occasion pour nous de nous étudier nous-mêmes à leur lumière. […] Pour moi, je pense que Corneille a eu raison de ne pas troubler le plaisir bien autrement noble et bien autrement vif de voler sur les cimes et de sentir que l’humanité dont on fait partie peut s’élever si haut. […] Curiace a des sentiments non moins nobles, non moins fermes, mais sa fermeté, à lui, n’exclut pas l’humanité : Je vous connais encore, et c’est ce qui me tue. […] » Voilà le langage de l’héroïsme véritable, qui n’exclut pas l’humanité.
Pour inventer une idée dont le germe ne se trouvât nulle part, il faudrait inventer l’humanité toute entière. […] Pourra-t-il, au gré de son caprice, effacer de son œuvre l’humanité qui doit servir de ciment à toutes les pierres de son temple ? […] Ainsi, pas un de ces caractères n’est tiré de l’humanité à laquelle nous appartenons. […] Hugo, il faut de toute nécessité que les drames du maître soient au-dessus de l’humanité, c’est-à-dire monstrueux ou divins. […] Hugo évite l’histoire, ce n’est pas pour la dominer, c’est pour éviter, du même coup, l’humanité qui, à toutes les époques de sa biographie, a ses lois irrésistibles et constantes.
Par là, il restitue à ses créatures l’humanité dont il les avait en partie dépouillées. […] Que l’on n’objecte pas que c’est par mépris de l’humanité que l’auteur choisit de pareils types : il n’a rien d’un pessimiste. […] Dans ce monde enchanté vit une humanité privilégiée. […] C’est qu’il l’exerce aux dépens d’une humanité qu’il juge avec sévérité, et de fait M. […] Ce qu’il poursuit, c’est une beauté idéalement vierge, une humanité plus alerte, moins civilisée, dont la vie serait plus différenciée et que le progrès n’aurait pas uniformément standarisée.
Pourquoi les joies de la famille et la destination providentielle de l’humanité ne trouvent-elles, dans les Feuilles d’automne, qu’un écho confus et à peine saisissable ? […] Le jour où il a voulu écrire les Feuilles d’automne et chanter les joies de la famille et le but assigné à l’humanité, le châtiment a commencé. […] Si le maniement de la strophe n’avait pu dispenser le poète de l’étude attentive de la vie domestique, comment la pratique de plus en plus savante de la versification l’eût-elle initié à la connaissance des intérêts politiques ou des droits généraux de l’humanité ? […] Pour que ce rôle se révélât pleinement et fût compris par les poètes et par la foule, il fallait que l’humanité eût été gouvernée pendant quinze siècles par la loi chrétienne. […] L’histoire serait pour le romancier, pour le poète dramatique, un enseignement incomplet ; mais l’histoire interprétée par la vie de chaque jour, éclairée par l’étude générale de l’humanité, offrirait à M.
L’humanité ne vit pas d’une idée. […] Le saint-simonisme est une mystique de la production et de l’amour de l’humanité. […] Il est exclu qu’on la considère comme une force propre de renouvellement, comme le mouvement de cette humanité qui « ne vit pas d’une idée », et qu’à ce titre, on lui confère une fonction et on lui réserve un rôle. […] Par l’infatigable prédication de Jaurès, le socialisme devint une doctrine pacifiste et son tribun le Forgeron de la Paix, dont il forge le fer dans l’Humanité. […] La culture de l’humanité survivra-t-elle à ces trois expériences conjuguées ?
Quelle sympathie pour l’humanité ! […] Combien Heine eût gardé plus sûrement jusqu’au bout la conscience sereine de son talent, s’il lui avait donné pour objet et pour appui des croyances plus fermes, la Providence, l’humanité, la justice ! […] Joignez à cela que le panthéisme s’est fait parti politique et qu’il s’est offert avec assurance aux esprits impatients de progrès comme la seule force capable de pousser l’humanité en avant. […] En face d’un livre non signé, on n’a plus devant soi un misérable écrivain, sujet aux erreurs de l’humanité, qui se hausse sur un piédestal et y trébuche. […] Ainsi le plan de Robert avorte ; Élisabeth apprend qu’il existe une science rigoureusement construite de l’humanité, de ses droits et de ses devoirs, d’où la notion de Dieu, telle que la conçoivent les chrétiens, est absente, et que cette science n’a plus de mystère pour son mari.
Ce qu’il faut dire à la décharge de sa mémoire, c’est qu’il avait de l’humanité ; que Mme Desbordes-Valmore n’avait jamais invoqué en vain en lui le compatriote et le pays ; qu’elle lui demandait chaque année des grâces pour étrennes ; qu’elle avait une manière de les lui demander en glissant un mot de patois flamand (acoutè’m un peo, écoutez-moi un peu !) […] Il a été parfaitement bon pour moi et d’une humanité profonde pour plusieurs prisonniers dont il m’a accordé la grâce.
L’humanité ne serait qu’un massacre en permanence pour racheter le genre humain. […] Les révélateurs, les poètes et les sages ont roulé éternellement cette pensée dans leur âme, et l’ont perpétuellement montrée dans leur ciel, dans leurs rêves ou dans leurs lois, comme la perspective de l’humanité.
Si les femmes combattaient comme l’homme, chaque coup mortel tuerait en elles deux êtres au lieu d’un ; l’enfant dans son sein ou à sa mamelle périrait en même temps que la mère ; les carnages humains seraient doubles, l’humanité serait décimée dans sa source comme dans sa fleur. […] C’est qu’apparemment le vers est un instrument exclusivement viril qui veut, comme l’éloquence de la tribune, une main d’homme pour le faire vibrer complétement à l’oreille, au cœur, à la raison, à la passion de l’humanité.
C’est le confident de la sagesse et de la terreur de Jéhovah, le Jupiter Tonnant de l’Olympe biblique, la crainte de Dieu rendue visible aux hommes, l’autorité de la loi attestée par l’éclair de l’illumination, le commandement divin, infaillible et absolu fait homme, mais conservant dans son humanité la majesté du Dieu qu’on sent derrière l’homme. […] Mais Michel-Ange l’affermit, le simplifia, l’éclaira, donna à ses piliers les muscles qui leur manquaient pour porter un Panthéon dans le ciel, le décora de son unité, de sa lumière, de son harmonie, ces trois attributs de la Divinité qu’il renferme, et mit, pour ainsi dire et pour la première fois, le christianisme en plein jour et en plein firmament ; enfin il fit le modèle, il commença les premières courbes de cette immense et sublime coupole qui écraserait le sol, si elle ne paraissait soutenue par le miracle de la pensée qui l’éleva dans les airs ; il attacha à jamais ainsi son nom et sa mémoire au plus grand acte de foi que l’humanité moderne ait construit en pierres.
Puis comme cet héroïsme à vide n’est pas compatible avec la réelle humanité, voici comment le roman s’est transcrit dans la vie : derrière la façade théâtrale des vertus chevaleresques, toute la brutalité de l’égoïsme individuel se donne cours. […] Tandis que le bon prêtre de Rouen qui fait la Chronique des quatre premiers Valois, un pauvre écrivain, montre les petites gens faisant déjà le succès d’une bataille, tandis que le carme Jean de Venette, en son mauvais latin, ose excuser la Jacquerie par l’oppression féodale, Froissart rit des bourgeois qui prétendent s’armer pour défendre leur ville et leur vie ; ce n’est pour lui qu’une « garde nationale » fanfaronne et poltronne ; et sereinement, sans une inquiétude de justice, ni un tressaillement d’humanité, il crie : Mort aux Jacques !
Sans s’être classé dans aucun parti, et siégeant, comme il disait, au plafond, Lamartine s’était donné le rôle de jeter, au travers de la discussion des intérêts, toutes les nobles idées de justice, d’humanité, de générosité, sans esprit et sans ambition de parti, faisant simplement sa fonction de poète, tâchant d’élever les consciences, et versant sur les politiciens toute la noblesse de son âme en larges nappes oratoires. […] Il tenait l’idée de morceler et de détruire la France pour une idée absurde, et le fait, s’il se réalisait, pour un des plus grands maux qui pussent arriver à l’humanité.
Durant deux mois à peu près, je fus protestant ; je ne pouvais me résoudre à quitter tout à fait la grande tradition religieuse dont j’avais vécu jusque-là ; je rêvais des réformes futures, où la philosophie du christianisme, dégagée de toute scorie superstitieuse, et conservant néanmoins son efficacité morale (là était mon rêve), resterait la grande école de l’humanité et son guide vers l’avenir. […] Je me dis souvent que le bon sens vulgaire est peu capable d’apprécier le gouvernement providentiel soit de l’humanité, soit de l’univers, soit de l’individu.
Oreste est absous et l’humanité sort avec lui de l’Aréopage, affranchie des servitudes de l’antique effroi. […] Pour que l’humanité fût délivrée des traditions de mort qui pesaient sur elle, il fallait que des dieux meilleurs l’eussent emporté sur les divinités féroces des vieux âges, il fallait aussi que ces divinités de terreur, subalternisées mais non abolies, se transformassent elles-mêmes, en se ralliant à l’ordre nouveau.
Dans Shakespeare le drame se rapproche de l’humanité, mais reste colossal. […] Pour déshériter l’humanité de tous les grands testaments des génies, il suffisait d’une sottise de copiste ou d’un caprice de tyran.