Saint Thomas d’Aquin ne serait donc qu’un tome second d’Aristote, si le théologien, l’homme de la science surnaturelle, ne le frappait pas tout à coup d’une différence sublime, — empreinte éternelle qui empêchera désormais les siècles de confondre cette tête rase de moine avec la tête aux cheveux courts de la médaille du Stagyrite.
Avoir du talent, mais se garder de l’invention comme de la peste, n’avoir pas surtout l’insolent privilège de l’originalité qui choque tant les esprits vulgaires et viole trop cette chère loi de l’égalité ; avoir du talent et même s’en permettre beaucoup si on peut, mais sous la condition expresse que ce sera sur un mode connu, accepté, qui ne dérangera rien dans les habitudes intellectuelles et ne sera point, pour ceux qui se comparent, une différence par trop cruelle, telle est la meilleure et la plus prudente combinaison qu’il y ait pour se faire un succès, qui suffit à la vie et même à la fatuité dans la vie et pour se passer très bien de la gloire, — ce morceau de pain toujours inutile, gagné en mourant de faim par ces imbéciles d’inventeurs qui ne le mangent pas !
Mais ces différences de degré elles-mêmes correspondent à celles qui nous ont semblé séparer les deux manifestations de l’égalitarisme ; elles confirment donc, bien loin qu’elles le bouleversent, le parallélisme découvert.
Mais il est une différence essentielle entre la vraie religion et les fausses.
Le nom de Palafox, « l’héroïque défenseur de Saragosse », en est un autre, avec cette différence, que le héros légendaire de l’Espagne n’a eu ni génie, ni vaillance, ni aucune espèce de mérite, si nous devons en croire le général Marbot. […] Quelle différence entre un article poli, complaisant, dicté par la froide estime, quand il n’est pas arraché par l’importunité, et la généreuse louange d’un journaliste emballé à fond ! […] Il n’y a entre elles qu’une différence, grande il est vrai, d’humeurs et de tempéraments. […] On pourrait, au contraire, fonder la différence entre le talent et le génie sur ce fait, que le simple talent est purement représentatif du milieu où il s’est formé, tandis que le génie, en exprimant tous les principaux caractères d’une époque, y ajoute je ne sais quoi déplus. […] La différence des moules rend impossible la traduction de certaines choses d’une langue dans une autre ; la différence ethnologique des crânes et des cerveaux entretient, sur plusieurs idées essentielles dont vit le monde, une mésintelligence qui peut aller jusqu’à l’état de guerre.
Eh bien, ici encore, je vois entre Goethe et Hugo la différence de l’homme intelligent à celui qui ne l’est pas. […] Elle aurait pu porter une signature quelconque sans qu’on aperçût la différence de vous à un autre écrivain. […] Michelet, l’oiseau est « l’être supérieur de la création » ; la seule différence qui sépare madame Sand et M. […] En concentrant partout son attention sur le général qui similise entre eux les cas les plus différents, il peut facilement négliger le particulier qui constitue entre eux leur différence. […] Et tous ces tableaux, sauf quelques différences dans l’exécution matérielle, paraîtront le même.
Les quelques ressemblances qu’on a signalées entre le bouddhisme et le christianisme, pour être d’ailleurs infiniment curieuses, ne sauraient en effet masquer la différence profonde, la différence intime qui les sépare, ou qui les oppose. J’avoue d’ailleurs sans difficulté que, dans l’état présent de l’érudition, on la sent, cette différence, plutôt qu’on ne saurait la définir. […] Les pauvres, au même titre que les riches, sont de par le droit naturel des citoyens, c’est-à-dire du nombre des parties vivantes dont se compose, par l’intermédiaire des familles, le corps entier de la nation, pour ne pas dire qu’en toutes les cités ils sont le grand nombre… Comme donc il serait déraisonnable de pourvoir à une classe de citoyens, et d’en négliger l’autre, il devient évident que l’autorité publique doit prendre les mesures voulues pour sauvegarder le salut et les intérêts de la classe ouvrière… Pour ce qui est des intérêts physiques et corporels, l’autorité publique doit tout d’abord les sauvegarder, en arrachant les malheureux ouvriers aux mains de ccs spéculateurs qui, ne faisant point de différence entre un homme et une machine, abusent sans mesure de leurs personnes pour satisfaire d’insatiables cupidités.
Sans en ajouter davantage, le lecteur, immédiatement, entrevoit les différences d’humeur des individus ; humeur plus ou moins violente, plus ou moins irritable, plus ou moins mélancolique. […] Et les œuvres des Corneille et des Racine continuèrent à planer sans que la différence des époques ait enlevé quelque chose de leur grandeur. […] Mais lorsque nous comparons, avec soin, les sujets qui en offrent l’exemple, nous constatons encore plus de différences que de parité entre eux. […] Seulement quelle différence dans ce dernier !
Il est probable que, malgré la différence des âges, il aurait fini par épouser sa cousine : car elle était devenue une charmante jeune fille, et par la mort de ce frère aîné, qu’environnait une injuste préférence, sir Ralph était devenu un riche héritier ; mais, durant un voyage lointain qu’il fit à cette époque, la soumise Indiana fut mariée par son père à un ancien colonel français, le baron Delmare, alors négociant très-riche de Bourbon.
Il s’est passé, chez M. de Lamartine, depuis peu d’années, une révolution intérieure, semblable et analogue à celle qui a du lieu dans M. de La Mennais : c’en est l’exact pendant, si l’on tient compte de la différence de leurs talents et de leurs natures.
Notre xixe siècle, à la différence du xviiie , n’est pas dogmatique ; il semble éviter de se prononcer, il n’est pas pressé de conclure ; il y a même de petites réactions superficielles qu’il a l’air de favoriser en craignant de les combattre.
Et d’abord, ceux qui sont si chauds partisans de ce qu’on appelle la réaction classique, et qui la comprennent peu, ceux qui y voient autre chose que le noble plaisir d’entendre une jeune tragédienne de talent et de rapprendre, grâce à elle, ce qu’il n’aurait jamais fallu oublier, ce qu’il faut moins que jamais reproduire, ceux-là, épris contre le drame moderne d’une ferveur novice de croisés, et qui ne daignent plus faire de différence de Hernani à Vautrin, étaient quelque peu disposés d’avance à y confondre Cosima.
Parcourons rapidement les causes de ces différences.
S’il vous est arrivé jamais de concevoir l’idée d’un enfantillage, d’une équipée, d’une folie, pure fantaisie de l’esprit inquiet et désœuvré, et de passer à l’exécution sans autre raison que l’idée conçue, sans entraînement, sans plaisir, mais fatalement, sans pouvoir résister ; — si vous avez repoussé parfois de toutes les forces de votre volonté une tentation vive, si vous en avez triomphé, et si vous avez succombé à l’instant précis où la tentation semblait s’évanouir de l’âme, où l’apaisement des désirs tumultueux se faisait, où la volonté, sans ennemi, désarmait ; — si vous avez cru, après une émotion vive, ou un acte important, être transformé, régénéré, naître à une vie nouvelle, et si vous vous êtes attristé bientôt de vous sentir le même et de continuer l’ancienne vie ; — si par un mouvement de générosité spontanée ou d’affection vous avez pardonné une offense, et si vous avez par orgueil persisté dans le pardon en vous efforçant de l’exercer comme une vengeance ; — si vous avez pu remarquer que les bonnes actions dont on vous louait n’avaient pas toujours de très louables motifs, que la médiocrité continue dans le bien est moins aisée que la perfection d’un moment, et qu’un grand sacrifice s’accomplit mieux par orgueil qu’un petit devoir par conscience, qu’il coûte moins de donner que de rendre, qu’on aime mieux ses obligés que ses bienfaiteurs, et ses protégés que ses protecteurs ; — si vous avez trouvé que dans toute amitié il y a celle qui aime et celle qui est aimée, et que la réciprocité parfaite est rare, que beaucoup d’amitiés ont de tout autres causes que l’amitié, et sont des ligues d’intérêts, de vanité, d’antipathie, de coquetterie ; que les ressemblances d’humeur facilitent la camaraderie, et les différences l’intimité ; — si vous avez senti qu’un grand désir n’est guère satisfait sans désenchantement, et que le plaisir possédé n’atteint jamais le plaisir rêvé ; — si vous avez parfois, dans les plus vives émotions, au milieu des plus sincères douleurs, senti le plaisir d’être un personnage et de soutenir tous les regards du public ; — si vous avez parfois brouillé votre existence pour la conformer à un rêve, si vous avez souffert d’avoir voulu jouer dans la réalité le personnage que vous désiriez être, si vous avez voulu dramatiser vos affections, et mettre dans la paisible égalité de votre cœur les agitations des livres, si vous avez agrandi votre geste, mouillé votre voix, concerté vos attitudes, débité des phrases livresques, faussé votre sentiment, votre volonté, vos actes par l’imitation d’un idéal étranger et déraisonnable ; — si enfin vous avez pu noter que vous étiez parfois content de vous, indulgent aux autres, affectueux, gai, ou rude, sévère, jaloux, colère, mélancolique, sans savoir pourquoi, sans autre cause que l’état du temps et la hauteur du baromètre ; — si tout cela, et que d’autres choses encore !
S’ils s’orientèrent ainsi vers des directions différentes, ce dut être à cause de la différence même de leur vision1.
« En ce cas, je suis mort, répondit le pauvre malade, car c’est moi qui suis Arlequin. » La différence qui existait entre le bouffon à la ville et le bouffon au théâtre est curieusement caractérisée dans une anecdote relative au fameux Santeul, le fantasque chanoine de Saint-Victor.
Il n’est pas besoin d’un œil bien exercé pour saisir la différence qui sépare la période harmonieuse et vigoureuse de Jean-Jacques du babil sémillant et coquet de Marivaux.
Madame de Sévigné avait douze ans de plus que madame Deshoulières ; mais ce n’était pas cette différence d’âge qui les empêchait de se voir, c’était l’opposition de mœurs et d’opinions politiques qui séparait de tous les Mancini, hommes et femmes, et de leurs affidés, tels que madame Deshoulières, tout ce qui était en relation d’amitié avec le grand Condé, avec sa sœur la duchesse de Longueville, avec le cardinal de Retz, le duc de La Rochefoucauld, société habituelle de madame de Sévigné.
Nous connoissons personnellement peu des Auteurs auxquels nous donnons des éloges, nous en connoissons encore moins de ceux que nous avons censurés : le Public décidera lui-même, si nous mettons quelque différence dans notre maniere de nous expliquer sur les uns & sur les autres, sur les vivans ou sur les morts.
Racine n’a pas assez senti la différence des deux sujets qu’il a voulu traiter.
On a trouvé la même différence entre les deux recueils qu’entre les fleurs & les fruits, qu’entre Patercule & Tacite.
Quant aux mœurs du tableau de Baudouin et de celui que j’imagine, c’est la différence des bonnes et des mauvaises.
Cette différence se remarque surtout, je n’observe pas l’ordre des volumes, mais n’importe, dans les deux parties de la profession de foi du vicaire savoyard, il n’est guère que rhéteur quand il parle de l’existence de Dieu, de la vie à venir et de l’immortalité de l’âme ; quand il attaque ce qu’il appelle les mensonges que les hommes ont nommés religion, il est orateur et presque philosophe : ce morceau est peut-être celui de son livre qui a réuni le plus de suffrages.
Demogeot, parce qu’elles sont le plus aimées, et cela nous suffit, à nous, pour le juger, lui, à travers ses réserves, et pour, malgré nos différences, l’estimer !
C’est la différence qui marque les deux sociétés, les deux révolutions, et qui, continuant, marquera, si l’on n’y prend garde, l’avenir prochain de la société française d’un signe terrible, qui n’a jamais marqué les temps les plus mauvais de l’Angleterre.
Je ne connais guère, parmi les modernes ayant l’esprit moderne, que Stendhal10 qui aurait compris et adoré, malgré la différence d’opinions et de cocardes, la supériorité si nette de Vaublanc.
Jules Simon place des Devoirs, des Libertés, des Religions naturelles, comme les missionnaires protestants placent des Bibles, mais avec cette différence qu’il ne les donne pas… Vous voyez bien qu’il n’y a plus là ni philosophie, ni religion, ni même littérature, ni rien qui puisse appartenir à un examen désintéressé d’idées ou de langage !
Pour Francis Lacombe, pour nous autres catholiques, les sociétés ayant leurs lois fixes d’après lesquelles elles agissent toujours, malgré les différences d’époque et ce qu’on appelle à cette heure, avec une arrogance si impérieuse, des besoins nouveaux, il a cru pouvoir montrer toute faite, et fonctionnant, en vertu de sa convenance profonde, une organisation du travail.
Son livre actuel, sous son titre imposant de l’Être social 46, n’était primitivement qu’une réponse à la question de savoir « quelles sont les raisons de la différence qui peut exister dans les opinions et les sentiments moraux des différentes parties de la société ».
L’imitation fatale ou libre, mais l’imitation, qui est la débilité de l’esprit poétique, et pourtant une des qualités de sa faiblesse, place ce volume à côté de ceux d’Émile Augier et de Louis Bouilhet, et ce qui l’en sépare n’est que la différence des poètes qu’ils imitent.
de même, M. de Vigny dans Stello et dans Grandeur et Servitude militaires, est toujours le poète d’Eloa, mais ici, notons une différence avec Walter Scott.
Quelle différence admettent-ils entre l’une et l’autre ?
Enfin Justinien ôta la différence des legs et des fidéicommis, confondit les quartes Falcidianienne et Trebellianique, mit peu de distinction entre les testaments et les codicilles, et dans les successions ab intestat égala les agnats et les cognats en tout et pour tout.
Au fond même cette différence que nous voulons voir, cette sorte de différence physique entre les gammes et les couleurs de ses poèmes n’est en sorte que deux manières d’être, que deux vestitures différentes de sa sensation, de son sentiment fondamental ; dans le premier cas Verlaine, en des moments — comme de santé absolue et d’indulgence corporelle — agite les marionnettes à la Watteau, et dans une langue exquisément décorative, agile, il leur fait passer aux lèvres sans cesse ce sourire mouillé, cette gaité tendre que lui et Heine ont su, à ces heures, évoquer en eux. […] Avoir rappelé ces deux courants de pensée me ramène aux différences d’enthousiasme entre les contemporains de Hugo et aussi entre les écrivains ou publics des générations succédantes. […] Je disais tout à l’heure qu’il existait deux classes d’artistes et deux classes de lecteurs ; ces deux classes, je les déterminais pour les lyriques ; elles existent à un étage, différent pour les écrivains naturalistes qui se baptisent aussi réalistes ou humoristes, selon des différences d’esprit et de tempérament. […] Les différences dans ce dernier livre sont justes assez importantes pour nous faire assister à cette évolution du vers parnassien parfait jusqu’à un vers modifié, libéré, assoupli, qui n’est pas le vers libre, mais qui s’en rapproche. […] Mais pour rendre bien sensible la différence de l’artiste pur à l’artiste sociologue, supposons-les tous les deux devant le même sujet, pratique, quotidien, politique.
Quelle différence, à son avantage, entre son talent et celui de l’Écossais ! […] Sans doute, cette différence d’attitude devant le problème de la colonisation vient-elle de ce que chez nous, l’influence de Jean-Jacques Rousseau, la conviction, par conséquent, « que c’est le sauvage qui a raison », subsiste encore de nos jours. […] Rod était un excellent homme de lettres, consciencieux, correct : lisez les deux ouvrages et comparez la différence des talents. […] Différence avec La Princesse de Clèves ? […] Mais, entre le procédé russe et le leur, il y a une différence.
Ce ne furent cependant point ces différences qui amenèrent la rupture de la « confrérie », mais des considérations d’un autre ordre. […] Ce qui est certain, c’est qu’il s’est fait une âme capable de ce sentiment excessif, absolu, qui demeure le même quand il se porte sur un objet terrestre ou céleste, qui absorbe tout l’être comme dans une sorte d’hypnotisme, qui supprime la différence entre le réel et l’imaginaire. […] Si nous cherchons, dans le seul genre du roman, la démonstration pratique de cette différence entre les conditions des deux littératures, nous verrons qu’en France il est toujours possible d’établir une sorte de parenté intellectuelle entre plusieurs écrivains ; il est certain, par exemple, que George Sand, J. […] La division s’est faite d’elle-même, et elle a sa raison d’être dans le fait qu’avec leurs différences de talent, de tempérament et d’habitudes, la philosophie respective de ces deux groupes a des traits communs dont on ne saurait nier l’évidence, mais qu’il n’y a pas lieu d’analyser ici. […] L’unique différence, c’est qu’autrefois le choix se faisait inconsciemment, tandis qu’aujourd’hui on recherche volontairement l’exception » Il est bon d’ajouter que M.
Du moins peut-on remarquer que le style de la Tempête paraît, plus qu’aucun autre ouvrage de Shakespeare, s’éloigner de ce type général d’expression de la pensée qui se retrouve et se conserve plus ou moins partout, à travers la différence des idiomes. […] Je veux citer un seul exemple de cette différence entre les deux poëtes, mais un exemple bien frappant, car c’est sur la même situation, le même sentiment, presque sur la même image que, dans cette occasion, ils se sont exercés l’un et l’autre. […] Ce serait aller trop loin que de supposer que toutes ces différences caractéristiques sont faites avec intention, mais heureusement elles existent dans les créations de Shakspeare comme dans la nature. […] Mais, quoi qu’il en soit, la différence des deux systèmes se révèle pleinement dans ce seul trait. […] Cette différence dans la marche des idées se peint dans tous les détails du caractère et de la destinée des personnages.
Les différences qui existent dans leur talent et dans le système de leur style s’apercevront un jour dans leurs élèves, mais tous tiendront plus ou moins à la grande et primitive école. […] La différence entre Ovide et Catulle est un peu la même qu’entre Delille et André Chénier. […] Pourquoi cette différence ?
L’unique différence, c’est qu’autrefois le cuisinier français était un cuisinier grec, qui s’appelait Aristote ; tandis qu’aujourd’hui, M. […] La finalité objective interne ou la perfection se rapproche du prédicat de la beauté ; mais entre le concept du beau et celui du parfait, il y a plus qu’une différence logique ; il y a une différence spécifique ; le motif du jugement que nous portons sur le beau ne peut être un concept, ni par conséquent le concept d’une fin déterminée.
C’est là la différence essentielle entre Socrate et Confucius. […] Dans cet amour que l’on doit avoir pour soi et pour les autres il y a nécessairement une mesure, une différence, une proportion qui assigne à chacun ce qui lui est légitimement dû ; et cette règle, cette différence, cette mesure, c’est la justice.
Mais la différence essentielle, la voici : parmi tous les intellectuels qui l’entourent, Rousseau est un sensitif. […] Cette différence d’origine diversifie étrangement des doctrines qui, abstraitement, sont à peu près identiques. […] Ils mettent entre les deux portions de l’humanité une telle différence de culture, que les uns et les autres ne se sentent plus de la même nature.
Toutefois ; entre la chronique de Villehardouin et le Roman de la Rose, il y a cette différence, qui prête à litige, que Villehardouin est à la fois le premier par le choix de la France et le plus près du berceau de notre langue ; au lieu qu’un très grand nombre d’écrivains en vers ont précédé le Roman de la Rose. […] Il faut m’en permettre une courte analyse, pour en faire voir la différence, et motiver le jugement que j’en dois porter. […] Entre la froide remarque que rime lourdement le poëte royal, et cette charmante évocation que fait l’enfant du peuple de tant de beautés célèbres, presque toutes françaises (n’oublions pas ce trait), il y a la différence d’un agréable bel esprit à un poète.
Que sont en effet les prescriptions sans la loi, et quelle différence y a-t-il, en matière de morale, entre l’enseignement philosophique et l’enseignement religieux, si l’auditeur n’y voit que des conseils qu’il est libre de négliger ou de suivre ? […] Mais peut-être faut-il oublier ces différences, et savoir se placer au-dessus des scrupules du goût, pour porter un juste jugement sur ce magnifique recueil de nos sermonnaires, monument unique dans l’histoire des lettres, sans modèle comme sans égal chez les autres nations chrétiennes. […] A la différence de bien des prêcheurs de sagesse, sa pratique vaut mieux que ses leçons.
Il y a une grande différence entre rire de celui qui est berné et applaudir à celui qui berne. […] Il y a une bien grande différence. […] C’est la différence entre les « défauts naturels » et les « vices de caractère » dont nous parlait Rousseau. […] Je ferai d’abord remarquer que ces différences au fond ne sont pas très grandes. […] Voilà une différence essentielle entre Julie et Sophie.
— N’y aura-t-il donc aucune différence entre nous et le vulgaire ? […] « Sachons mettre de la différence entre les applaudissements de l’école et ceux du théâtre. » Et pourquoi ? […] Quelle différence le stoïcien met-il entre la sagesse et le sage ? […] La différence que Sénèque met entre la colère et la cruauté me paraît juste. […] Quelle différence mettez-vous entre celles qu’on tient renfermées dans des loges, et celles qui remplissent ce palais ?
Ils n’ont pas établi une différence suffisante entre les ordres de faits. […] À l’examen, la soudure se fait visible et la différence. […] Perceptible, la différence des deux génies. […] On multiplierait à loisir les exemples de ces différences. […] La différence est radicale.
Rien ne montre mieux que ses livres la différence qu’il y a d’une religion à une théologie. […] Les autres le sont par la nécessité, et c’est toute la différence, qui du reste est infinie. […] Cette grande différence entre un Bossuet et lui, et qui marque bien la date de l’un et de l’autre, était essentielle à noter. […] Alors il devient pur despotiste, ou du moins, entre le despotiste et lui, je ne vois guère de différence. […] Ce n’est qu’une différence de place et pour ainsi dire d’aménagement ; mais, pour qui juge vite, cela peut tromper sur le fond des choses.
-C.) nous revenons au scepticisme proprement dit, mais à la différence de Pyrrhon, c’est un dialecticien. […] Bref Descartes et Bossuet pensent de même, sauf cette différence que Bossuet croit, et que Descartes ne croit pas. […] Resterait l’extrême différence des tempéraments. […] » C’est la même chose, mais qui ne voit la différence ? […] À la différence de quelques autres correspondants de Gaston Picard, M.
La différence des impressions du lecteur à celles de l’auteur est ici par trop forte et trop criante ; elle n’est pas juste. […] [NdA] On se rappelle le bel endroit de René : « Quand le soir était venu, reprenant le chemin de ma retraite, je m’arrêtais sur les ponts pour voir se coucher le soleil… » Dans le tableau naturel que nous trace Goethe, on remarquera, comme différence fondamentale avec Chateaubriand, le sentiment cordial et domestique, la joie d’enfants à cette veillée de Noël.
Ses différents souvenirs se recouvrent ; les différences qui distinguaient les deux cents peupliers ou les cent cinquante poules s’effacent l’une par l’autre ; il garde une image bien plus exacte et bien plus intacte, s’il a vu un seul peuplier debout dans une prairie, ou une seule poule juchée sur un hangar. — Toutes nos images subissent un émoussement semblable ; que le lecteur essaye d’imaginer un lapin, une carpe, un brochet, un bœuf, une rose, une tulipe, un bouleau, ou tout autre objet d’espèce très répandue dont il a vu beaucoup d’individus, et d’autre part un éléphant, un hippopotame, un magnolia, un grand aloès, ou tout autre objet d’espèce rare dont il a rencontré seulement un ou deux échantillons ; dans le premier cas, l’image est vague, et tous ses alentours ont disparu ; dans le second, elle est précisé, et on peut indiquer l’endroit du jardin des plantes, la serre parisienne, la villa italienne où l’objet a été vu. — La multiplication de l’expérience est donc une cause d’effacement, et les images, s’annulant l’une l’autre, retombent l’une par l’autre à l’état de tendances sourdes que leur contrariété et leur égalité empêchent de prendre l’ascendant. […] Supposons que dans le premier tel groupe d’images, dans le second tel autre groupe d’images puisse seul se réveiller, ce qui doit se produire si dans les deux états la disposition organique générale est différente, et si cette différence est nettement tranchée.
Il me manquait quelque chose pour remplir l’abîme de mon existence : je descendais dans la vallée, je m’élevais sur la montagne, appelant de toute la force de mes désirs l’idéal objet d’une flamme future ; je l’embrassais dans les vents ; je croyais l’entendre dans les gémissements du fleuve ; tout était ce fantôme imaginaire, et les astres dans les cieux, et le principe même de vie dans l’univers. » « C’est juste l’Isolement de Lamartine, toujours avec la différence des complexions et des natures : Que le tour du soleil ou commence ou s’achève, D’un œil indifférent je le suis dans son cours ; En un ciel sombre ou pur qu’il se couche ou se lève, Qu’importe le soleil ? […] Je ne le sais pas ; mais, de même que certains éléments matériels possèdent, à formes égales, plus de vie et de durée que d’autres, et sont mieux faits par le Créateur pour résister au temps ; de même, entre le vers et la prose, il y a la même différence qu’entre le marbre statuaire ou le bronze et la terre dont l’artiste construit sa statue.
Dans le temps même qu’il écrivait son traité De la Sagesse, faisant bâtir une petite maison à Condom, en l’an 1600, il y mit sur la porte : « Je ne sçai. » Entre cette devise et celle de Montaigne, il y a cette différence que Charron semble y avouer qu’il a été par moments incommodé de l’ignorance qui fait les délices de Montaigne. « Que sais-je ? […] il touche à toutes les circonstances de la vie, il connaît tout, il dit tout, ou, comme il s’en rend le témoignage à la fin d’un chapitre sur l’honnêteté du lit nuptial, « il fait entendre sans le dire ce qu’il ne voulait pas dire172. » En tout ce qui regarde les actes de la vie secrète, il y a une grande différence entre Charron et lui.
Je ne parle pas des différences, toutes à l’honneur de la France et de Louis XIV. […] A la différence de Tacite qui s’émeut, par réflexion et par art, de choses dont il n’a pas été témoin, c’est l’âme même de Saint-Simon, toute troublée de ce qu’il vient de voir ou d’apprendre, qui se répand sur le papier.
Toute la différence consiste en une harmonie particulière, un timbre plus ou moins sonore, sur lequel un sens exercé n’hésite jamais. […] Je ne crains pas d’exagérer en disant que la philologie, inséparablement liée à la critique, est un des éléments les plus essentiels de l’esprit moderne, que, sans la philologie, le monde moderne ne serait pas ce qu’il est, que la philologie constitue la grande différence entre le Moyen Âge et les temps modernes.
L’historien, marquant d’un mot les différences des peuples, éclaire d’avance comme d’une lueur incendiaire l’issue de leur gigantesque lutte. […] La principale différence entre la fille du père Rouault et la fille d’Hamilcar Barca, c’est que Salammbô est décidément somnambule.
On voit donc que si le mécanisme de la métaphore est quelquefois mystérieux, ses oscillations n’en sont pas moins assez régulières et que la différence des langues n’implique pas une différence de marche ou de méthode202.
Si le savant peut parfois produire quelque chose de matériellement nouveau dans le monde extérieur, tandis que le génie du pur artiste crée seulement pour lui et pour nous, cette différence est plus superficielle qu’on ne pourrait le croire : tous les deux poursuivent le même but d’après des procédés analogues et cherchent également dans des domaines divers à faire du réel, à faire même de là vie, à créer. […] Mais il est des génies qui n’ont pour ainsi dire à leur disposition qu’un seul timbre, une seule voix ; les autres ont tout un orchestre ; — différence de richesse beaucoup plus que de nature.
Quelle différence entre le ton de M. l’Abbé Pluquet & celui qu’a pris Maimbourg dans ses histoires de l’Arianisme, des Iconoclastes, du Luthéranisme, du Calvinisme, du schisme des Grecs, du schisme d’Occident ! […] On crut appercevoir de la différence entre ces premiers siécles & les suivans.
Cette différence très réelle, et tout à l’avantage de l’Établissement de Henri VIII, entre le protestantisme anglican et les autres protestantismes, est, pour tous ceux qui écrivent l’histoire à la lumière des principes, la raison de la tendance vague qui devait un jour se condenser et jaillir du fond troublé de la société religieuse en Angleterre. […] qui prouvait seulement, comme l’a remarqué un historien, la différence d’agir du protestantisme au xvie siècle et du protestantisme au xixe , et surtout le besoin retrouvé de l’union après la séparation consommée, c’est-à-dire, dans une donnée étroite encore mais qui finira par s’élargir, l’influence de cette idée d’unité qui tourmente la pensée universelle, et que Dieu a répartie dans tous les vents qui soufflent actuellement sur le monde, comme une semence de l’avenir.
Les hommes en général se ressemblent par les foiblesses ; leurs penchants sont à-peu-près les mêmes : ce n’est guere que la différence de leur position qui rend leur conduite si différente. […] Cependant, il faut l’avouer, il y aura toujours entre l’original & la version la différence qui existe entre le génie des deux langues, celui des deux auteurs, & même entre le caractere des deux nations.
« Il est lui-même placé souverainement au faîte des cieux ; et il accomplit toutes choses sur la terre, ayant en soi le commencement, le milieu et la fin. » Bien des observations d’histoire et de goût peuvent naître de la différence de ces deux fragments. […] La différence entre la poésie pastorale et la poésie rurale des Géorgiques, c’est la peinture de l’amour et l’expression dramatique dans la vie la plus simple.
On a pu comparer son règne (en tenant compte de la différence des deux pays et des deux nations) à celui de Louis XIV.
Une telle différence d’impression, si tranchée et si brusque, ne paraissait-elle pas signifier que probablement le talent de l’auteur d’Indiana, ainsi que celui de tant de femmes, avait pour limites la réalité restreinte d’une situation unique ; et que, cette situation une fois exprimée, il ne fallait guère espérer en dehors, pour les excursions futures de ce talent, que d’heureuses rencontres de hasard, des traits et des coins délicatement sentis, mais point de création ni d’œuvre ?
Quelles que soient les différences réelles et historiques qui séparent la civilisation des États-Unis de la civilisation européenne, il faut convenir maintenant que la première de ces civilisations est très avancée, très développée, et fort capable en mainte question de jeter un grand jour sur la seconde, de laquelle elle peut sembler à beaucoup d’égards comme un cas particulier simplifié et anticipé.
Je m’attache à caractériser les principales différences que ces deux situations politiques doivent produire dans la destinée des femmes qui aspirent à la célébrité littéraire, et je considère ensuite d’une manière générale quel bonheur la gloire peut promettre aux femmes qui veulent y prétendre.
La différence des temps a changé en quelque chose de très blessant pour nous ce qui fit la puissance du grand fondateur, et si jamais le culte de Jésus s’affaiblit dans l’humanité, ce sera justement à cause des actes qui ont fait croire en lui.
Les deux rédactions de ce curieux passage offrent de sensibles différences.