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1160. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Arthur de Gravillon »

» Mais je crains bien que rien n’en dégoûte Arthur de Gravillon.

1161. (1889) Impressions de théâtre. Troisième série

Mais aussi je ne crains plus que rien m’assaille, car, à la mort, tout s’apaise et s’éteint. […] Je craindrais trop d’y lire, Toi que je bénissais, qu’il me faut te maudire. […] Mais, au reste, je sais par expérience qu’il ne faut jamais craindre de raconter même les choses les plus connues. […] » … Je crains maintenant d’avoir commis une mauvaise action en traitant çà et là, avec irrévérence, le drame de Théodore Aubanel. […] Que Max et Marthe ne craignent donc point de s’adorer !

1162. (1914) En lisant Molière. L’homme et son temps, l’écrivain et son œuvre pp. 1-315

Et c’est encore dans Don Garcie de Navarre que l’on rencontre ce délicieux complet d’élégie que les critiques citent partout sans créer, ce semble, dire qu’il est de Don Garcie ; mais sans craindre de le décréditer en disant qu’il est de Don Garcie, je prétends réhabiliter Don Garcie en disant qu’il en est. […] Or il n’y a rien comme craindre de ne pas ressembler à tout le monde qui soit contraire à la vraie morale qui consiste précisément à vouloir être meilleur que les autres et à vouloir entraîner les autres à sa suite. […] Craignez d’être trompé, dit-il à Arnolphe, surtout parce que vous vous êtes infiniment moqué des maris trompés … Qui rit d’autrui Doit craindre qu’en revanche on rie aussi de lui. […] Elle demande seulement à Tartuffe, pour s’offrir le spectacle de sa figure, s’il ne craint pas qu’elle ne fasse confidence à son mari des désirs dont Monsieur Tartuffe veut bien l’honorer, et comme Tartuffe la supplie d’être assez bénigne pour n’en rien faire, elle l’assure qu’elle n’en fera rien en effet, à la condition qu’il renonce à son projet de mariage avec Mariane. […] Cet autre, à l’inverse, est timide comme un chien battu à l’extérieur, tremblant devant ses chefs et même parmi ses égaux, toujours effacé comme s’il craignait une affaire.

1163. (1880) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Première série pp. 1-336

A-t-on craint de notre temps que, sous cette forme, non pas certes acceptable, mais discutable au moins, il ne choquât pas assez vivement l’opinion commune et le simple bon sens ? […] Je crains, pour l’honneur de notre littérature, que, dans aucune langue peut-être, il n’y ait rien de plus platement obscène, et que jamais on n’ait pris un tel plaisir à promener la pensée sur de plus sales et de plus répugnantes images. […] En dépit de toutes les ressources et de toutes les finesses de la paléographie, je crains bien que telle variante ou telle correction qu’il nous propose, ou plutôt qu’il nous impose, ne soit pas toujours aussi certaine qu’il a l’air de le croire. […] Et, s’il faut tout dire, je crains que ni Bajazet ni Phèdre n’aient été du théâtre pour ses yeux involontairement aveugles à tout ce qui n’était pas le théâtre selon la manière de Corneille. […] S’il s’est abstenu de moissonner dans Delille, c’est sans doute qu’il aura craint que la récolte ne fût trop abondante.

1164. (1900) Quarante ans de théâtre. [II]. Molière et la comédie classique pp. 3-392

S’il y avait un moyen de se garer, tout en devenant époux et père, de l’accident qu’il craint, il se marierait volontiers. […] On ne craint plus rien de la scène qui va suivre. […] Elle a eu souvent raison des résistances de son maître qu’elle connaît bien, et qu’elle ne craint guère. […] Est-ce qu’il aurait à craindre que cela lui donnât de coupables pensées ? […] Il a peut-être causé avec Molière, mais je crains qu’il ne l’ait pas bien compris.

1165. (1913) Les livres du Temps. Première série pp. -406

On n’a nullement à craindre un mouvement analogue à celui du flamingantisme. […] À une certaine hauteur, les réputations établies n’ont plus rien à craindre. […] On farcit maintenant les cervelles enfantines d’un fatras scientifique : je crains fort que l’imagination ne soit toujours considérée comme suspecte. […] Il craint pour nous, il espère que nous voudrons bien faire notre salut. […] Quelle joie de rencontrer un jeune écrivain qui résiste hardiment à cette mode et ne craint pas de passer pour un intellectuel !

1166. (1928) Les droits de l’écrivain dans la société contemporaine

On craint que leurs papiers fassent surgir soudain des révélations extraordinaires, destructrices de tout ordre établi. On craint que les morts se conduisent mal. […] Ils craignent d’exhumer des documents relatifs aux amours, à la passion du jeu, à l’existence orageuse de leur arrière-grand-oncle ; ils tremblent devant des révélations possibles, qui compromettraient, prétendent-ils, leur dignité. […] Mais ici quelques personnes, qui craignent d’être légèrement troublées dans leur vie privée, parviennent, grâce à leur pression sur les ministres, à maintenir le droit en échec.

1167. (1921) Esquisses critiques. Première série

On peut craindre que, se fiant trop à cette heureuse qualité, il n’en néglige de plus précieuses. […] Il ne craint pas de nous répéter ses préceptes, et ne se lasse point de nous enseigner les règles d’une morale pratique qu’il institue. […] Parfois il conte d’une manière allègre et rapide, puis le voici qui flâne et s’amuse aux détails dont il ne craint pas de s’encombrer ; tout à coup il élève la voix, peint à larges traits, et finit par des accords apaisés quand les catastrophes ou les badinages sont consommés. […] Au reste, si l’on ne craint point de toucher à ces choses charmantes avec un pédantisme bien lourd, on peut partager les œuvres de M.  […] On subit une griserie que l’on craint de goûter, qui ne rassure point, mais semble contenir je ne sais quoi de funeste et de mortel.

1168. (1765) Articles de l’Encyclopédie pp. 5482-9849

Souvent un maître n’aime pas la vérité, craint les raisons, & aime mieux un compliment délicat que de grands traits. […] Si la belle les eût suivis, Elle n’auroit plus rien à craindre. […] Dire son avis avec liberté, c’est ne pas craindre ; le dire avec franchise, c’est n’écouter que son coeur. […] On craint d’enfler ce Dictionnaire d’inutiles déclamations ; ceux qui président à ce grand & important Ouvrage doivent traiter au long les articles des Arts & des Sciences qui instruisent le public ; & ceux auxquels ils confient de petits articles de littérature doivent avoir le merite d’être courts. […] Mais qu’il est à craindre que le pinceau ne soit guidé par la passion !

1169. (1903) Le problème de l’avenir latin

Il est à craindre pour l’auteur de ce livre que le sujet qu’il a entrepris de traiter ne soit de cet ordre. […] Plus clairvoyant, il se montrerait moins orgueilleux de ce qui fait essentiellement sa faiblesse et donne à craindre pour son ultérieure existence. […] Et nous ne craignons pas d’offrir au monde un pareil spectacle lorsque chaque jour des faits impitoyables, qui sont à l’abri des influences du sentiment, se chargent de démontrer, avec une évidence retentissante, notre infériorité.‌ […] Ne craignons rien pour elle. […] Je crois que cette calamité n’est nullement à craindre et qu’il y aura toujours dans le monde assez de passion, d’amour et de sensualité.

1170. (1903) Hommes et idées du XIXe siècle

Chez ceux-là mêmes qui détiennent le pouvoir et qui craignent de le perdre. […] N’ayant pas réussi à plaire, Mme de Staël essaya de se faire craindre. […] Faut-il craindre que l’esprit scientifique, en pénétrant la littérature, ne l’altère et ne réduise quelque jour jusqu’à entière suppression ce qu’il y avait en elle de valeur artistique ? […] Juché sur les principes de l’ancien régime, isolé dans ses traditions d’aristocrate, il n’avait plus rien à craindre du contact avec les vulgarités de l’heure présente. […] Mais il est à craindre que plus tard Verlaine ne soit pas complètement oublié.

1171. (1896) Les Jeunes, études et portraits

On craint d’aliéner son indépendance, quand on devrait avoir hâte plutôt de faire cesser son isolement. […] Les programmes sont plus chargés qu’à l’époque où on craignait déjà de les voir craquer sous la charge. […] Cela est à craindre, car la perfection est un idéal vers lequel les pauvres hommes peuvent bien tendre de tout leur effort, ils n’y atteindront jamais. […] Des romans qui recommencent à chaque page, en sorte qu’on craint qu’ils ne finissent jamais et que les plus courts semblent interminables. […] Et faut-il craindre que par suite de ces infiltrations venues de l’extérieur chaque littérature ne risque de perdre son originalité ?

1172. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « MME DESBORDES-VALMORE. » pp. 124-157

Va, ne crains rien : s’il t’a fuie jusqu’ici, bientôt il te poursuivra ; s’il a refusé tes dons, il va lui-meme t’en offrir ; l’ingrat, s’il ne t’aime pas, il va t’aimer à son tour, fusses-tu pour lui cruelle !  […] … » On a diversement parlé du ministre de la justice en ce temps-là, Martin (du Nord) ; je crains que sa fin n’ait nui à ce qu’il pouvait y avoir de bien dans sa vie.

1173. (1866) Cours familier de littérature. XXI « CXXVe entretien. Fior d’Aliza (suite) » pp. 321-384

N’ayez pas peur, Bartholomeo, mon compère ; l’argent, s’il en faut, ne vous manquera pas, le crédit non plus ; je suis l’ami du camérier du duc ; les juges de Lucques ne peuvent pas exécuter un de leurs arrêts sans moi ; le chef de la police du duché a épousé la fille de ma sœur ; tous les sbires de la campagne sont sous mes ordres ; c’est moi qui préserve contre les braconniers les chasses du souverain ; on m’aime et l’on me craint partout, là-haut et là-bas, comme un grand inquisiteur des forêts du duché. […] Au printemps, la petite, qui touchait à ses treize ans, et qui avait grandi jusqu’à la taille de sa tante, commença à craindre de s’éloigner seule de la maison pour aller sarcler le maïs ou cueillir les feuilles de mûrier.

1174. (1866) Cours familier de littérature. XXII « CXXVIIIe entretien. Fior d’Aliza (suite) » pp. 65-128

CXCII J’approchai donc doucement, lentement, comme quelqu’un qui brûle d’arriver et qui cependant craint presque autant de faire un pas en avant qu’en arrière. […] La femme du bargello aimait bien les airs que je jouais ainsi pour un autre, et elle me disait le matin : — Je ne sais pas ce qu’il y a dans ta zampogne, mais elle me fait rêver et pleurer malgré moi, comme si elle disait je ne sais quoi de ma jeunesse à mon cœur ; ne crains pas, mon garçon, d’en jouer tout à ton aise, même quand tu devrais me tenir éveillée pour l’entendre : j’ai plus de plaisir à veiller qu’à dormir, en l’écoutant.

1175. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLVe entretien. Vie de Michel-Ange (Buonarroti) »

Dire quel est le plus accompli des deux, c’est facile ; mais dire quel est le plus grand, nul ne l’oserait sans craindre de blasphémer dans l’un l’imitation de la nature, dans l’autre l’imagination du surnaturel. […] Il entendit un jour deux étrangers qui attribuaient, par ignorance, ce groupe au ciseau d’un autre sculpteur romain ; bien que Michel-Ange n’eût pas l’habitude de marquer ses œuvres d’un autre signe que leur immortelle perfection, il craignit cette fois que le temps ou l’erreur populaire ne lui dérobât sa gloire, et, rentrant la nuit dans la chapelle, il grava son nom en petits caractères sur l’étroite ceinture qui retient la robe de la Vierge au-dessous du sein.

1176. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1878 » pp. 4-51

Mais je crains que mon cœur ne fasse plus qu’assez mal son service. […] Voilà le progrès, un progrès qui ne laisse plus rien à craindre de l’humanité du bourreau.

1177. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Edgar Allan Poe  »

Il excelle à faire craindre que la solution d’une énigme intéressante ne soit impossible, puis à l’extraire d’un tour de main des antinomies même qu’il lui a plu d’accumuler. […] Des âmes se détraquent, difformes et faussées par de rares coups de folie ; puis c’est le spectacle même de l’effroi, la cruelle analyse des plus angoissantes peurs, qui fait pâlir et craindre, — jusqu’à ce que cette terreur ascendante, sublimée enfin et spiritualisée, enclose dans des vers cristallins, teintée d’un étrange reflet de beauté, devienne le charme tragique et céleste du Corbeau, d’Ulalume, de Lénore.

1178. (1857) Articles justificatifs pour Charles Baudelaire, auteur des « Fleurs du mal » pp. 1-33

S’il le craint encore ou s’il a cessé de le craindre, je ne sais, mais il parle avec l’amertume d’un vaincu qui raconte ses défaites.

1179. (1828) Préface des Études françaises et étrangères pp. -

Du reste, il n’est pas question de vouloir détrôner nos grands poètes au profit d’un usurpateur, comme quelques gens de lettres feignent de le craindre. […] Au Théâtre-Français, parce que n’ayant plus de grands acteurs tragiques, il ne peut espérer de vogue que par l’attrait d’un genre et d’un système de pièces entièrement neufs sur notre scène ; au public, parce que lassé de tant de pâles contre-épreuves de nos chefs-d’œuvre, lassé de la mesquine représentation de nos chefs-d’œuvre eux-mêmes ; il aime mieux les relire vingt fois avec délices et attendre pour revenir au théâtre que quelque chose y réponde à ce vague besoin de nouveauté qui le tourmente ; à l’art enfin, parce que faute de point de comparaison il serait à craindre que ce besoin se satisfît aveuglément avec des ouvrages prétendus romantiques, faits sans inspiration et sans étude, qui n’auraient que les formes extérieures des drames de Shakespeare, et dont toute la nouveauté consisterait à briser les unités de temps et de lieu, auxquelles personne ne songe, et à mêler des lazzis du boulevard au langage cérémonieux de notre vieille tragédie.

1180. (1913) La Fontaine « I. sa vie. »

Vous l’avez vu naguère au bord de vos fontaines Qui, sans craindre du sort les faveurs incertaines, Plein d’éclat, plein de gloire, adoré des mortels, Recevait des honneurs qu’on ne doit qu’aux autels. […] Les étrangers doivent te craindre, Tes sujets te veulent aimer.

1181. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre IX. Première partie. De la parole et de la société » pp. 194-242

Qu’il se hâte de planter un arbre, car il est menacé de ne pas en recueillir les fruits, de ne point se reposer sous son ombrage ; ou plutôt qu’il ne craigne pas de travailler pour autrui, puisque d’autres auparavant ont dû travailler pour lui-même. […] Enfin encore, a-t-on assez réfléchi à cette force qui est dans les langues et qui fait la certitude de la science étymologique, certitude qui est toute de tact, où l’erreur n’est à craindre que lorsqu’on se laisse entraîner par l’esprit de système, où elle ne sera plus même possible si l’on parvient à déterminer la filiation des langues, parce que alors on ne courra plus le risque d’appliquer les mêmes raisons et les mêmes règles à des familles différentes de langues ?

1182. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « Gustave Flaubert »

Moreau, comme Joseph-Bonaparte, voit dans sa tête toutes les choses qu’il craint, et les décrit comme si elles étaient arrivées. […] D’un autre côté, l’impitoyable froideur d’analyse, et les prétentions à l’érudition, de Flaubert m’inclinaient à penser qu’après tout il pourrait bien sortir des plis de l’auteur de Madame Bovary un Renan de second degré et de seconde portée, mais qui, hardi et précis d’expression autant que l’autre est lâche et vague, ne craindrait pas de nous donner, dans un livre d’impartialité moins chattemite, quelque explication avilissante de la vie du plus grand des Solitaires chrétiens… Je ne m’imaginais, certes !

1183. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Agrippa d’Aubigné. — II. (Fin.) » pp. 330-342

Vous êtes circuit de gens qui grondent et qui craignent, et couvrent leurs craintes de prétextes généraux.

1184. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Lettres de la mère Agnès Arnauld, abbesse de Port-Royal, publiées sur les textes authentiques avec une introduction par M. P. Faugère » pp. 148-162

Mais si je ne craignais de blesser quelques bonnes âmes restées peut-être encore jansénistes au pied de la lettre, je dirais tout simplement qu’après avoir bien considéré les incidents et les personnages de ce drame intérieur, je suis persuadé que la mère Agnès, livrée à elle-même et à sa propre nature, eût été plus soumise qu’elle ne l’a été, qu’elle était portée, comme elle l’a écrit un jour, à l’indifférence sur ces questions de controverse, mot très sage chez une religieuse et dont elle eut tort ensuite de se repentir ; je dirais que la manière indulgente dont elle continua de traiter une de ses nièces qui avait signé ce qu’exigeait l’archevêque et ce que conseillait Bossuet, que la parole tolérante qui lui échappa alors : « À Dieu ne plaise que je domine sur la foi d’autrui ! 

1185. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « De la poésie en 1865. »

L’imitation saute tout d’abord aux yeux, et, mon impression une fois prise, je me méfie, je crains de m’avancer.

1186. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « M. Viguier »

Jusque dans la dernière crise, il s’est montré courageux et résigné avec simplicité ; et, si je ne craignais d’altérer la tristesse de cette impression, j’ajouterais à l’appui d’une de vos remarques que, jusque dans les suprêmes douleurs, je l’ai vu sensible à l’impropriété de quelques mots qui blessaient la pureté de la langue. » — L’homme de goût fut le dernier à mourir en lui.

1187. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Victor Hugo — Victor Hugo, Les Chants du crépuscule (1835) »

Pourtant un inconvénient est à craindre dans ces productions lyriques trop fréquentes, surtout quand on tient à les rattacher, ainsi que fait l’auteur, à des cadres distincts et composés : c’est qu’au lieu de réfléchir fidèlement dans les vers les nuances vraies qui se succèdent dans l’âme, on ne crée, on ne force un peu, on n’achève exprès des nuances qui ne sont qu’ébauchées encore ; c’est que, pour compléter sa corbeille de fruits, on n’en ajoute, aux naturels et aux plus beaux, d’autres plus énormes d’apparence, mais artificiels et nés à la hâte dans la serre échauffée de l’imagination.

1188. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Lettres de Rancé abbé et réformateur de la Trappe recueillies et publiées par M. Gonod, bibliothécaire de la ville de Clermont-Ferrand. »

Gonod, on se méfie de son érudition et on craint de trop dire.

1189. (1861) La Fontaine et ses fables « Première partie — Chapitre I. L’esprit gaulois »

Ne craignez pas qu’il s’attarde aux descriptions, il aime mieux les événements que les peintures ; il n’est pas contemplatif et solitaire.

1190. (1858) Cours familier de littérature. V « Préambule de l’année 1858. À mes lecteurs » pp. 5-29

Si ces ennemis parviennent (comme je ne le crains que trop) à briser dans ma main cette plume de l’homme de lettres, mille fois plus respectable quand elle cherche le salaire par honneur que quand elle cherche la gloire par vanité, ces ennemis apprendront trop tard (et avec regret, je n’en doute pas) que ce qu’ils appellent la mendicité du travail n’était que le devoir de la stricte probité.

1191. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre V. Indices et germes d’un art nouveau — Chapitre II. Signes de la prochaine transformation »

Nous avons vu que la littérature, chez Diderot, chez Rousseau, chez Bernardin de Saint-Pierre, devient décidément individualiste : faut-il rappeler que Voltaire même, dans sa forme classique, est constamment tyrannisé par son individualité, que ses théories religieuses et politiques tiennent aux plus secrètes inclinations de son moi, et qu’enfin il n’a pas craint d’appliquer la grave, l’impersonnelle tragédie à la représentation de sa personne, de son ménage et de ses goûts ?

1192. (1925) Méthodes de l’histoire littéraire « I. Leçon d’ouverture du Cours d’éloquence française »

Partout ailleurs que devant vous, Messieurs, je pourrais craindre qu’on ne m’accusât d’avoir changé l’idée de Larroumet, d’avoir ôté à sa figure le brillant, la séduction de l’esprit, de la belle humeur, de la sociabilité, de la vivacité amusante, de lui avoir donné trop de sérieux et d’application grave.

1193. (1925) Méthodes de l’histoire littéraire « II  L’esprit scientifique et la méthode de l’histoire littéraire »

Les ennemis vraiment à craindre, pour nous, ne sont pas au dehors, ils sont au dedans de nous : ce sont nos ignorances, nos fantaisies et nos passions.

1194. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — L — Leconte de Lisle, Charles-Marie (1818-1894) »

Assurément, chaque lecteur est juge du plaisir qu’il prend, et je crains que M. 

1195. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre VII. Maurice Barrès et Paul Adam » pp. 72-89

Maurice Barrès nous enchanta si fort, si profondément, il y a huit ou dix ans déjà, que je craignais une lassitude pareille à rouvrir Sous l’œil des barbares et l’Homme libre.

1196. (1913) Les antinomies entre l’individu et la société « Chapitre IV. L’antinomie dans l’activité volontaire » pp. 89-108

Il est à craindre que ceux qui croient l’âme des foules capable de comprendre un haut idéal ne se fassent illusion.

1197. (1911) La valeur de la science « Deuxième partie : Les sciences physiques — Chapitre VIII. La crise actuelle de la Physique mathématique. »

Il ne pourrait plus rien nous apprendre justement parce qu’il ne craindrait plus aucun démenti.

1198. (1890) L’avenir de la science « Préface »

Nous ne craignons vraiment que la chute du ciel, et, même quand le ciel croulerait, nous nous endormirions tranquilles encore sur cette pensée : l’Être, dont nous avons été l’efflorescence passagère, a toujours existé, existera toujours.

1199. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Deuxième partie. Ce qui peut être objet d’étude scientifique dans une œuvre littéraire — Chapitre IV. Cause immédiate d’une œuvre littéraire. L’auteur. Moyens de le connaître » pp. 57-67

Il s’est rencontré, je le crains, des orateurs politiques qui ont dit au peuple ou aux Chambres tout autre chose que ce qu’ils pensaient.

1200. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « De la question des théâtres et du Théâtre-Français en particulier. » pp. 35-48

Mais, dans une vraie république comme la nôtre, où il y a tout simplement un ministère de l’Intérieur, je craindrais le relâchement.

1201. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « M. de Montalembert orateur. » pp. 79-91

Ce n’est qu’à titre de reconnaissance qu’il a lieu maintenant de regretter la Chambre des pairs ; mais ces assemblées nouvelles, si diversement composées et si orageuses, lui vont à merveille ; il ne craint pas les interruptions, il les aime ; il y trouve grand honneur, dit-il, et grand plaisir.

1202. (1824) Notes sur les fables de La Fontaine « Livre dixième. »

… La Fontaine savait que madame de la Sablière, non seulement avait oui parler de la philosophie, mais il savait qu’elle y était même très-versée ; en effet, elle la connaissait mieux que La Fontaine ; mais elle craignait de passer pour savante.

1203. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre cinquième. La Bible et Homère. — Chapitre IV. Suite du parallèle de la Bible et d’Homère. — Exemples. »

» Ne craignez point.

1204. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 15, le pouvoir de l’air sur le corps humain prouvé par le caractere des nations » pp. 252-276

Ils sçavent vivre de peu, et ils craignent autant de perdre la gravité que les autres hommes de perdre la vie.

1205. (1905) Les ennemis de l’art d’écrire. Réponse aux objections de MM. F. Brunetière, Emile Faguet, Adolphe Brisson, Rémy de Gourmont, Ernest Charles, G. Lanson, G. Pélissier, Octave Uzanne, Léon Blum, A. Mazel, C. Vergniol, etc… « IX »

Si M. de Gourmont consent à la rigueur à reconnaître le génie de Racine, c’est, dit-il, parce que « maintenant, nous n’avons plus rien ou presque lien à craindre de Racine ».

1206. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Introduction. Du bas-bleuisme contemporain »

Quand on a osé se faire amazone, on ne doit pas craindre les massacres sur le Thermodon.

1207. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « VI. M. Roselly de Lorgues. Histoire de Christophe Colomb » pp. 140-156

L’historien a donc vu nettement l’esprit de Dieu, comme l’entendent les chrétiens, dans l’esprit de Christophe Colomb, et il l’a dit avec cette rectitude catholique qui ne craint pas de dire ce qu’elle voit.

1208. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « VIII. M. de Chalambert. Histoire de la Ligue sous le règne de Henri III et de Henri IV, ou Quinze ans de l’histoire de France » pp. 195-211

Quelque royaliste qu’ait été autrefois ce pays qui depuis a fait la Convention et qui ne craint pas de la souffleter aujourd’hui sur le visage de la sainte Ligue, la théorie du pouvoir quand même, en France, n’a jamais triomphé.

1209. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « M. Gaston Boissier » pp. 33-50

Le livre que voici ne craint pas de nier la corruption romaine.

1210. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Le père Augustin Theiner »

Eh bien, nous ne craignons pas de le dire et l’ignorance seule pourrait nous demander de le prouver, l’abolition de l’ordre des jésuites est la plus grande faute que le pouvoir pontifical ait pu commettre !

1211. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Vie de la Révérende Mère Térèse de St-Augustin, Madame Louise de France »

C’est des Mémoires du duc de Luynes, qui disent la princesse petite à treize ans, mais vive et gaie, la tête un peu grosse pour sa taille, qu’il ne craint pas de tirer la conséquence du rachitisme !

1212. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Léon Gozlan » pp. 213-230

La préoccupation si inférieure du théâtre dont il a toujours été fêlé, à toutes les époques de sa vie, depuis l’instant de sa jeunesse où il ne voyait qu’un sujet heureux de vaudeville dans ces Intimes que Raymond Brucker et Michel Masson lui infligèrent comme un roman terrible en l’y faisant travailler avec eux, jusqu’à l’heure où, en pleine maturité, il ne craignit pas de s’amincir dans de petites pièces plus petites que tout ce qu’il avait jamais écrit, lui, le travailleur si souvent en petit cependant ; la préoccupation du théâtre lui fit maintes fois terminer en queue de poisson ses plus belles œuvres commencées en têtes de sirènes (voyez son Notaire de Chantilly, son Dragon rouge, ses Nuits du Père Lachaise, sa Famille Lambert, etc., etc.).

1213. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « L’Abbé Prévost et Alexandre Dumas fils » pp. 287-303

Il fallut le dévergondage de l’imagination romantique pour voir dans ce livre — que je ne crains point d’appeler une pauvreté littéraire — des beautés qui n’y étaient pas… Assurément moins corrompus qu’au temps peint par l’abbé Prévost dans son livre et le redoutable Laclos dans le sien, par la raison que nous avions traversé le sang de deux époques sanglantes et que le sang, n’importe comme il soit versé, purifie toujours, nous n’en avions pas moins, péché originel ineffaçable !

1214. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Gustave Flaubert » pp. 61-75

— Je le crains.

1215. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « I — L’architecture nouvelle »

Si je ne craignais d’employer ici un langage purement philosophique et de m’autoriser d’une simple analogie, je dirais que son art est à la fois moniste et panthéiste, et qu’il se rattache par là au principe même de la pensée moderne.

1216. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXI. De Thémiste, orateur de Constantinople, et des panégyriques qu’il composa en l’honneur de six empereurs. »

Ton œil perçant sait découvrir et rendre inutiles les profondeurs de cet art funeste et caché… Non, désormais je ne craindrai pas les ennemis domestiques plus que les barbares même.

1217. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre second. De la sagesse poétique — Chapitre II. De la métaphysique poétique » pp. 108-124

On peut conclure de tout ce qui précède que, conformément au premier principe de la Science nouvelle, développé dans le chapitre de la Méthode (l’homme n’espérant plus aucun secours de la nature, appelle de ses désirs quelque chose de surnaturel qui puisse le sauver), la Providence permit que les premiers hommes tombassent dans l’erreur de craindre une fausse divinité, un Jupiter auquel ils attribuaient le pouvoir de les foudroyer.

1218. (1890) La bataille littéraire. Deuxième série (1879-1882) (3e éd.) pp. 1-303

… tu as trafiqué du sceau royal, vendu des croix, des titres… Et d’une voix plus basse, comme si elle eut craint que le silence et la nuit pussent l’entendre : — Tu as volé aussi… tu as volé ! […] Je voudrais pouvoir donner un extrait des singulières amours de cette pauvre fille demi-sauvage, mais je craindrais de détruire l’harmonie d’une œuvre délicate en en retirant une seule page. […] Elle craignit d’avoir mal entendu ; elle lui demanda timidement, ayant peur de sa réponse : — Tu ne me maudis pas ! […] C’était bien ce que je craignais, et je reste là comme médusée avec mon panier de fraises à la main… — Arrière, messieurs, arrière ! […] Il ne craignait rien alors.

1219. (1892) Un Hollandais à Paris en 1891 pp. -305

Toutefois, ce qui me chagrine davantage, c’est que je crains d’avoir transformé toutes ces conversations vives en les interprétant. […] On sait que là l’extrême limite est atteinte ; et voici qu’au milieu de la tranquillité on craint un bouleversement. […] Il leur affirmait qu’il comptait sur vingt-quatre heures au moins de temps favorable, mais c’était avec une mine si soucieuse qu’il paraissait craindre une tempête violente. […] Tous les auteurs, aujourd’hui, ont le désir de revenir dans l’introduction de leur livre sur ce qu’ils craignent que le livre même n’ait pas expliqué avec une clarté suffisante. […] Non, on craint la vérité, dès qu’elle blesse les trois ou quatre préjugés populaires, qui nous sont restés comme héritage de la génération précédente.

1220. (1890) Impressions de théâtre. Quatrième série

Elle est bien à peu près sûre d’avoir supprimé tous les « neveux de David » : mais elle craint un faux Louis XVII. […] De Marco et de lui, il est largement acquis que c’est lui le sot ; mais je crains que, par surcroît, ce ne soit lui le misérable ! […] Est-ce qu’une femme peut te craindre ? […] tu n’as pas à te faire craindre ? […] Si elle ne te craint pas, elle ne me craindra pas non plus… etc. » Mais lisez toute la scène.

1221. (1895) La comédie littéraire. Notes et impressions de littérature pp. 3-379

Je crains seulement que leur ambition ne s’accroisse avec le succès et qu’elle ne devienne démesurée. […] Je crains que certains princes du Nord, qui ne font pas partie du félibrige, ne contrarient ces beaux plans. […] Je crains qu’il ne se soit abusé sur l’état d’âme des combattants de 1870. […] M. d’Esparbès pouvait craindre que son nom fût pour jamais lié au vainqueur d’Austerlitz. […] Si je ne craignais pas de recourir à une comparaison surannée, je dirais que M. 

1222. (1896) Impressions de théâtre. Neuvième série

Il craint d’être dupe. « Mon Dieu, ma mère, ce que j’ai à vous dire est un peu délicat… Êtes-vous bien sûre que je sois le fils d’Apollon ? […] — Je ne peux pas, répond le pauvre homme. — Qu’as-tu à craindre ? […] Mais, ici, rien de tel n’est à craindre : Edouard ne risque point d’être mué, sans le savoir, en meurtrier. […] je le connais, celui-là… Aussi, je ne le crains plus… C’est mon bon père… Il est souvent inquiet de son fils… Il n’en dort plus de m’avoir fait un pareil legs. […] Voilà Chambray rejeté, par sa faute et en punition de ce qu’il y eut d’égoïste dans son amour, à cet isolement moral qu’il craignait tant.

1223. (1883) Essais sur la littérature anglaise pp. 1-364

De telles choses ne sont pas à craindre avec un épiscopat et un credo établi, les moyens et les buts d’activité abondent alors : missions, prédications, culte, enseignement, l’individu n’a que l’embarras du choix. […] Cependant vous n’oseriez prendre aucun de ces poètes pour types du génie anglo-saxon, vous craindriez de faire injure à ce génie, dont ils ne manifestent chacun qu’un seul instinct. […] “Nous ne vous craignons pas, dit-il. — Si vous aviez dit que vous ne nous aimez pas, m’écriai-je, je vous aurais répondu en d’autres termes.” […] elles étaient héréditaires. — En ce cas, répondit mon oncle Toby, je crains fort que Trim n’ait coupé court à toute transmission ultérieure. — Je n’ai coupé que les tiges, plaise à Votre Honneur ! […] On y reconnaît par trop celui à propos de qui l’évêque Warburton, qui l’aimait pourtant beaucoup, écrivait un jour : « Je crains bien qu’il ne soit un incorrigible polisson. » Fi, monsieur Yorick !

1224. (1854) Causeries littéraires pp. 1-353

À ce compte, les lecteurs égoïstes vont désirer, je le crains, que M.  […] Mercier a raison les poëtes, ou, si l’on veut, les hommes d’imagination, seront toujours, je le crains, de fort médiocres maris. […] » Eh bien, nous craignons qu’il ne s’y soit absorbé : nous craignons que le paganisme antique, ce mensonge brodé de lumière, ce nuage frangé de rayons, qui, par Platon et Virgile, touche presque à l’immortelle aurore des vérités chrétiennes, n’ait été pour M.  […] Même, si je ne craignais de trop défigurer une idée juste sous une expression paradoxale, j’appellerais M.  […] On pouvait craindre, n’est-ce pas ?

1225. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre IV. Addison. »

Il ne craint pas d’être ennuyeux. C’est que devant des Anglais cela n’est pas à craindre. […] Dois-tu craindre la mort qui te conduit vers une vie si heureuse ?

1226. (1858) Cours familier de littérature. V « XXVIe entretien. Épopée. Homère. — L’Iliade » pp. 65-160

Jupiter, qui craint de mécontenter son épouse, la fière Junon, protectrice des Troyens, promet à Thétis d’écouter ses prières, pourvu que Junon ignore son intercession. […] Achille reste inflexible ; il ne craint pas même d’avouer un lâche amour de la vie que les modernes éprouvent, mais qu’ils n’avouent pas ; il veut, dit-il, se retirer dans l’heureuse Phthie, royaume de son père, et s’y marier. […] Pour lui maintenant je viens jusqu’aux vaisseaux des Grecs ; c’est pour le racheter que j’apporte de nombreux présents… Crains les dieux, ô Achille !

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