Là où la lésion cérébrale est grave, et où la mémoire des mots est atteinte profondément, il arrive qu’une excitation plus ou moins forte, une émotion par exemple, ramène tout à coup le souvenir qui paraissait à jamais perdu. […] Il est clair que ma conscience se représente ce mot tout d’un coup ; sinon, elle n’y verrait pas un mot unique, elle ne lui attribuerait pas un sens. […] En traitant ainsi le problème de la survivance, en le faisant descendre des hauteurs où la métaphysique traditionnelle l’a placé, en le transportant dans le champ de l’expérience, nous renonçons sans doute à en obtenir du premier coup la solution radicale ; mais que voulez-vous ?
Il a démoli à coups de chiquenaudes les théories littéraires de M. […] C’était le coup de grâce, le dernier châtiment infligé au vaincu. […] Tout à coup le roi qu’on croyait mort, se trouve n’être pas mort : il se réveille comme Argant. […] J’avais peine à croire du premier coup que M. […] Il faut, pour accomplir la réforme dramatique, atteindre du même coup le public, les acteurs et les poètes.
Et dans les Poèmes en prose il reprendra la peinture du même sentiment avec une épouvantable énergie, comme dans la pièce intitulée : Assommons les pauvres 146, où il déclare s’être amusé à rouer de coups de poing et de coups de canne un misérable mendiant qui lui demandait l’aumône. […] Après avoir composé un ouvrage au milieu d’une sorte de fièvre qui les use mais qui les soutient, ils le prennent tout à coup en horreur dès qu’ils l’ont fini, dès que la fièvre est tombée165. […] Quiconque se trouve sous le coup d’une sensation un peu vive, — quelle qu’elle soit, — ne songera guère à aligner des alexandrins ou à polir des périodes en prose. […] On se trouve fatalement amené — et c’est le cas des deux frères — à chercher dans le coup de fouet continuel des émotions le seul stimulant par lequel on subsiste. […] Il ne surgit plus quelque grand toqué de gloire ou foi, qui brouille un peu la terre et tracasse son temps à coup d’imprévu.
De même, que don Quichotte soit moulu à coups de poing, rossé à coups de bâton ou assommé à coups de pierres, le résultat de ces mésaventures ne donnera jamais à l’artiste qu’un unique sujet de composition. […] Les coups redoublés du malheur n’ont pu dompter la liberté ni éteindre la lumière de cette âme magnanime et joyeuse. […] Combien plus sages sont les muletiers qui le rouent de coups, les Maritornes qui le bernent et les aimables plaisants qui se jouent de lui ! […] Alors l’Espagne est rentrée chez elle comme don Quichotte, moulue de coups, harassée et malade. […] Il sentit qu’il ne se relèverait jamais du coup qui le frappait, se regarda à bon droit comme perdu, et tomba dans un morne désespoir.
Ces personnes furent surprises d’entendre, une nuit, deux ou trois petits coups secs, frappés quelque part dans la maison. La nuit suivante, à la même heure, les petits coups recommencèrent. […] Ménard eut tout à coup une idée qui nous stupéfia. […] Tout à coup, une noce envahit la salle. […] Il mêlait tout à coup aux plus belles expressions de style des mots d’une familiarité inattendue.
De là vient que nous admirons, dans ses admirables épîtres, une certaine vertu plus qu’humaine, qui persuade contre les règles ou plutôt qui ne persuade pas tant qu’elle captive les entendements ; qui ne flatte pas les oreilles, mais qui porte les coups droit au cœur. […] Enfin, s’il a devant lui, couchée dans le cercueil, une femme belle et brillante, qu’un coup inattendu a frappée au milieu d’une cour qu’elle remplissait de ses grâces, les convenances mêmes de l’oraison funèbre feront une beauté de l’attendrissement avec lequel il déplorera sa mort. […] Outre les écrits imprimés et les cahiers manuscrits de Mme Guyon, il fallait lire tout ce que Fénelon lui-même écrivait chaque jour sur la matière, soit ardeur de conviction, soit pour détourner sur lui les coups qui menaçaient son amie. […] Rien dans ses écrits n’est donné au désir de plaire ; nulle affectation de candeur hors de propos ; point de ces inutiles marques de déférence qui cachent le secret plaisir de colère avec lequel on porte les coups ; point d’éloges excessifs prodigués à l’adversaire pour détourner l’accusation d’envie. […] C’est lui d’ailleurs qui prodigue à son adversaire la déférence et l’admiration, ici par légèreté de plume et sans à propos155, ailleurs par calcul, et pour rendre plus dangereux des coups portés d’une main respectueuse.
On se sent saisi par une seule idée, comme sous la griffe d’un monstre tout puissant, on contraint sa pensée, sans pouvoir la distraire ; il y a un travail dans l’action de vivre qui ne laisse pas un moment de repos ; le soir est la seule attente de tout le jour, le réveil est un coup douloureux qui vous représente chaque matin votre malheur avec l’effet de la surprise.
Un même coup d’aile les enlève.
Aujourd’hui, après qu’il a neigé sur ce chêne formidable, Alphonse Karr ressemble au Pape des Sages, car sa très longue barbe, qu’il porte en éventail, est devenue blanche comme le plumage d’un cygne, et sur son visage quelques chères rides sont les coups de griffe que lui donne, en s’enfuyant, l’insaisissable chimère !
Il y a dans les ultimes chapitres — et je suis heureux, après des compliments que de mauvais esprits craindront énigmatiques, de finir sur une louange sincère : — il traîne en queue de roman une intrigue de juge d’instruction où Mme Fénigan croit son mari assassin, tandis que son mari la suppose coupable, et que c’est au juste un vieux braconnier qui a fait le coup, il y a là un de ces quiproquos à triple détente, d’un comique irrésistible, et dont M.
Les langues une fois formées peuvent se suffire à elles-mêmes ; quoique l’on n’ait pas d’exemple certain, parmi les parlers civilisés, d’une telle scission et d’un tel isolement, on supposera très logiquement que le dialecte de l’Ile-de-France, tout d’un coup privé du latin, se soit développé et ait atteint sa parfaite virilité à l’abri de l’influence extérieure.
Regardez le Port de La Rochelle avec une lunette qui embrasse le champ du tableau, et qui exclut la bordure ; et oubliant tout à coup que vous examinez un morceau de peinture, vous vous écrierez, comme si vous étiez placé au haut d’une montagne, spectateur de la nature même : Ô le beau point de vue !
Passons-lui donc d’avoir présenté la force comme la mesure de la grandeur des dieux ; laissons Jupiter démontrer, par la force avec laquelle il enlèverait la grande chaîne de la fable, qu’il est le roi des dieux et des hommes ; laissons Diomède, secondé par Minerve, blesser Vénus et Mars ; la chose n’a rien d’invraisemblable dans un pareil système ; laissons Minerve, dans le combat des dieux, dépouiller Vénus et frapper Mars d’un coup de pierre, ce qui peut faire juger si elle était la déesse de la philosophie dans la croyance vulgaire ; passons encore au poète de nous avoir rappelé fidèlement l’usage d’empoisonner les flèches 83, comme le fait le héros de l’Odyssée, qui va exprès à Éphyre pour y trouver des herbes vénéneuses ; l’usage enfin de ne point ensevelir les ennemis tués dans les combats, mais de les laisser pour être la pâture des chiens et des vautours.
Les demandes et réponses n’auraient point de fin si le colonel Mignon ne reparaissait tout à coup avec une fortune beaucoup plus considérable qu’avant ses premiers malheurs. […] Excepté dans Don Paez il ne saurait se réjouir d’un dénouement puisqu’il a en vain compté sur une histoire ; il a marché toujours en avant, courant après une ombre, et l’ombre s’est tout à coup évanouie. […] Il y court, en effet, et comme il se tient sur le pont, regardant couler les eaux profondes, voici qu’il entend tout à coup sortir du sein du fleuve une voix creuse et tremblotante, interrompue par des quintes de toux, en un mot une voix de vieillard qui le salue et s’empresse de lui conter en gémissant mille infortunes. […] Ce ne fut donc pas sans un certain battement de cœur qu’il aperçut tout à coup à quelques pas de lui, une femme largement taillée, aux formes admirablement prononcées. […] Il vient de faire une culbute, et tout à coup il s’arrête, baisse les yeux, prend un air posé, et le voilà qui cite Homère, qui cite Horace, qui cite Virgile ; puis une fois lancé, il vous parle latin !
Tout d’un coup, il s’arrête : il venait d’apercevoir son maître, assis aux pieds de Diotime ; et peut-être aussi, qui sait ? […] Ce coup terrible jette notre poëte à la solitude. […] C’est pour le coup que nous voilà bel et bien entédesqués ! […] Ils se sentent tout à coup seuls et comme perdus dans la vie. […] Et d’où lui vient tout à coup ce mortel caprice ?
Tout à coup on entend un rugissement ; deux prunelles brillent dans l’ombre. […] C’est à ces moments difficiles que son génie de pleutre et de courtisan éclate, et qu’il trouve des servilités admirables qui font tomber tout à coup la colère du ministre. […] Le soir même, sous le coup de l’émotion, j’écrivis « La Maison du philosophe ». […] L’Empire ne tomba point sous les coups de M. […] Il y a des coups de sonde qui font frissonner.
Elles ont tôt fait de deviner sous quelle influence leur aimable et doux Hubert a pu devenir tout d’un coup si dur. […] Les incidents et les personnages sont inventés après coup pour réaliser l’idée qui s’est présentée d’abord à l’esprit sous sa forme abstraite. […] Brunetière la rudesse de ses coups. […] Mais il lui est arrivé de donner des grands coups de sa massue contre de si chétifs adversaires ! […] Ce n’est pas un professeur qui scande sa démonstration en donnant sur la table de petits coups secs.
On n’écrit pas des chefs-d’œuvre pour son plaisir, mais sous le coup d’une inexorable fatalité. […] Il a atteint du premier coup, et tout naturellement, la suprême sagesse. […] Meilhac, furent élus par un coup éclatant de la grâce, alors qu’ils n’y pensaient point et même qu’ils pensaient à tout autre chose. […] Tout à coup je vis venir à moi l’abbé L*** qui, son bréviaire à la main, marchait avec la mâle allégresse d’une âme pure. […] Il débuta avec éclat et produisit du premier coup un chef-d’œuvre : Madame Bovary.
Je ne parle pas ici du coup que vint porter à des cœurs qu’il eut dû ménager davantage, l’indiscrétion de ses allusions transparentes. […] s’écrie-t-il. » Le coup part, et le suicide est accompli. […] Il fut heureux de le retrouver en 1797, lorsque le coup d’État du 18 fructidor l’eut éloigné des assemblées politiques, où son opposition royaliste l’avait fait remarquer. […] Celle-ci ne peut survivre à ce coup, et ne tarde pas expirer. […] Seulement Werther se tue d’un coup de pistolet dans la tête, et Ortis d’un coup de lime au cœur.
Vous-même, mon cher monsieur, vous oubliez votre sieste ordinaire après dîner, et vous vous trouvez tout d’un coup (quoique vous perdiez invariablement) très-amoureux du whist. […] Vous les blesseriez en essayant d’emporter leur conviction de force, à coups pressés d’arguments solides, par un étalage d’éloquence et d’indignation. […] C’est la Bible ; il y a autour d’elle cinquante moralistes qui dernièrement se sont donné rendez-vous au théâtre, et ont chassé à coups de pommes un acteur coupable d’avoir pour maîtresse la femme d’un bourgeois. […] Ce coup l’acheva. […] » Du reste, gentleman accompli et d’une douceur engageante, il traite ses femmes en pacha, et ses paroles valent des coups de verge.
Boileau y coupa court par ses railleries, non moins qu’à cette lignée de poëmes épiques, le Moïse sauvé, le Saint Louis, la Pucelle ; Mme de La Fayette, sans paraître railler, et comme venant à la suite et sous le couvert de ses devanciers que Segrais et Huet distinguaient mal d’elle et enveloppaient des mêmes louanges, leur porta coup plus que personne par la Princesse de Clèves. […] Un beau passage, et qui a pu être qualifié admirable par d’Alembert, est celui où les deux amants, qui avaient été séparés peu de mois auparavant sans savoir la langue l’un de l’autre, se rencontrent inopinément, et s’abordent en se parlant chacun dans la langue qui n’est pas la leur, et qu’ils ont apprise dans l’intervalle, et puis s’arrêtent tout à coup en rougissant comme d’un mutuel aveu. […] Une sensibilité extrême et pleine de larmes reparaissait par instants tout à coup à travers cette raison continue, comme une source qui jaillit d’une terre unie. […] Mais, pour le coup, nous ne le discuterons pas, et ce roman est trop supérieur à tout ce qu’il a jamais écrit pour permettre d’hésiter.
Par un heureux coup de chimie psychologique, nous la retirons du composé ternaire où l’enfermait le cours ordinaire des choses et où la théorie seule la démêlait. […] D’ailleurs, ce mode d’action est uniforme, et de plus le nerf est construit spécialement pour le recevoir ; la preuve en est dans la structure savante de tout l’organe dont le nerf fait partie et dans la similitude des sensations qu’un coup, un flux électrique sur l’œil ou sur l’oreille excitent à travers le nerf. […] Nous voyons, du premier coup et par l’expérience ordinaire, que tel corps excite en nous telle sensation d’odeur ou de saveur, que tel corps excite en nous la sensation de bleu ou de rouge ; mais l’un et l’autre n’éveillent la sensation que par des intermédiaires ; il a fallu faire l’optique pour trouver que le second a comme intermédiaire des ondulations éthérées de telle vitesse et de telle longueur ; il faudrait aussi avoir recours à une science toute faite pour trouver l’intermédiaire par lequel agit le premier. — Cherchons pourtant cet événement dernier et immédiat à la suite directe duquel le nerf olfactif ou les nerfs gustatifs entrent en action. […] , 332. — « L’inverse s’observe rarement : lorsque le tact est aboli, du même coup la douleur se perd, ou, en d’autres termes, l’existence de l’anesthésie proprement dite implique presque toujours celle de l’analgésie. » 103.
« Si le Ciel, dans sa bonté, me réservait un de ces moments si rares dans la vie où le cœur est inondé de joie par quelque bonheur extraordinaire et inattendu ; si une femme, des enfants, des frères séparés de moi depuis longtemps, et sans espoir de réunion, devaient tout à coup tomber dans mes bras, je voudrais, oui, je voudrais que ce fût dans une de ces belles nuits, sur les rives de la Néva, en présence de ces Russes hospitaliers. […] Certainement elle ne pouvait lui venir que des anciennes traditions asiatiques qu’il avait recueillies dans ses études théurgiques, et les livres sacrés des Indiens présentent un bon commentaire de ce texte, puisqu’on y lit que, sept jeunes vierges s’étant rassemblées pour célébrer la venue de Chrîschna, qui est l’Apollon indien, le dieu apparut tout à coup au milieu d’elles et leur proposa de danser ; mais que, ces vierges s’étant excusées sur ce qu’elles manquaient de danseurs, le dieu y pourvut en se divisant lui-même, de manière que chaque fille eut son Chrîschna. […] Mais, dès que vous entrez dans le règne animal, la loi prend tout à coup une épouvantable évidence. […] L’homme, saisi tout à coup d’une fureur divine étrangère à la haine et à la colère, s’avance sur le champ de bataille sans savoir ce qu’il veut ni même ce qu’il fait.
« D’autres enfin ont été surpris que tout à coup, me déclarant pour les intérêts d’une école abandonnée depuis longtemps, j’aie fait choix d’une secte qui, au lieu de nous éclairer, semble nous plonger dans les ténèbres. […] Ce livre n’est qu’un débris, il n’en reste que quelques belles pages ; on voit seulement que c’était un développement de son livre sur la divinité, et qu’il y portait, comme le poète Lucrèce, mais d’une main plus religieuse que Lucrèce, des coups terribles aux superstitions païennes de son pays. […] Accablé par la fatigue de la route et par la longueur de cette veille, je tombai bientôt dans un sommeil plus profond que de coutume ; tout à coup une apparition s’offrit à mon esprit, tout plein encore de l’objet de nos entretiens ; c’est la vertu de nos pensées et de nos discours d’amener pendant le sommeil des illusions semblables à celles dont parle Ennius. […] Bossuet a sa virilité et son lyrisme de style ; mais il n’a ni son coup d’œil par-dessus les opinions de son pays, ni son universalité, ni sa perfection d’élocution ; il ébauche le marbre, il ne le polit pas ; le coup de ciseau reste dans la statue.
Elle me la rendit ; je sortis de la cabane sous je ne sais quel prétexte, emportant mon fusil à deux coups. […] Cette sévérité, que l’on regardera peut-être comme barbare, est nécessaire à la sécurité de ces établissements naissants. » XXIV Voici la traduction de quelques scènes sauvages de l’Amérique : À la branche de saule qui pend de sa ceinture, l’amateur de poissons en a déjà accroché une centaine, lorsque, tout à coup, le ciel s’assombrit, et l’orage menace. […] Puis tout à coup, je ne sais pourquoi, sans aucune cause apparente, ils cessaient de mordre, et il n’y avait ni précaution ni appât qui pût les engager, non plus qu’aucun autre du même trou, à reprendre à l’hameçon. […] Je repliai ma ligne, et donnai un grand coup de baguette dans l’eau, de manière à atteindre presque le poisson.
Le meilleur de nos poètes philosophes, Sully-Prudhomme nous dit : « Le vers est la forme la plus apte à consacrer ce que l’écrivain lui confie, et l’on peut, je crois, lui confier, outre tous les sentiments, presque toutes les idées. » A une condition, toutefois, c’est que le vers ne soit jamais un vêtement ajouté après coup à des idées conçues d’abord d’une manière abstraite. […] Le jaguar, lui, s’endort dans l’air lourd et immobile, en un creux du bois sombre interdit au soleil, après avoir lustré sa patte d’un large coup de langue : Il cligne ses yeux d’or hébétés de sommeil ; Et dans l’illusion de ses forces inertes, Faisant mouvoir sa queue et frissonner ses flancs, Il rêve qu’au milieu des plantations vertes Il enfonce d’un bond ses ongles ruisselants Dans la chair des taureaux effarés et beuglants. […] Ce qui porterait à le croire, c’est que le poète, pour faire cadrer jusqu’au bout les idées avec les images de sa description, va tout d’un coup faire une infidélité à son pessimisme et au nirvâna ; le « vol des paille-en-queue » étincelant au-dessus du gouffre noir, appelait quelque idée symétrique ; le poète, pour la trouver, ne recule pas devant une très heureuse inconséquence, et il en est récompensé par ces belles strophes : La vie a beau frémir autour de ce cœur Muet comme un morne, ascète absorbé par son Dieu ; Tout roule sans écho dans son ombre sans borne, Et rien n’y luit du ciel, hormis un trait de feu. […] Au lieu de scandaliser, le livre fût du même coup devenu édifiant y il n’eût pas été pour cela plus démonstratif qu’il ne l’est.
, appuyée sur le principe protestant de l’individualité qui fait donner au moi ces coups de collier prodigieux qui trompent les penseurs médiocres sur les futures destinées des nations protestantes, — car toute société qui n’a que l’orgueil pour fondement doit s’écrouler vite, — la patrie de Franklin, du bonhomme Richard, ne devait-elle pas nuire à l’expansion de la pensée plus ou moins mystique d’Edgar Poe, et, par instants, la matérialiser sous cette vaste main de Midas qui convertit en or ce qu’elle touche ? […] Présenté au public français par un traducteur de première force, Charles Baudelaire, Edgar Poe cessa tout à coup d’être, en France, le grand inconnu dont quelques personnes parlaient comme d’un génie mystérieux et inaccessible à force d’originalité. […] Métempsycose, somnambulisme et ballons vainqueurs de l’espace, ne sont-ce pas là les trois coups de tambour idiot et donnant la même note que nous rebat incessamment l’imagination contemporaine ? […] Quand Edgar Poe construisait péniblement ses logogriphes, il écrivait visiblement sous le coup de fouet du besoin.
Il fut évident, dès lors, que tout recueil, toute publication qui adopterait M. de Balzac pour son romancier, ne pouvait être impunément laissé entre les mains des jeunes gens et des jeunes femmes, et qu’un pareil voisin compromettrait à coup sur les défenseurs des saines doctrines toutes les fois qu’il mêlerait ses fictions à leurs vérités. […] Nous devons ajouter que le coup d’essai fut un coup de maître : dans cet ouvrage, que l’on représente comme un des chefs-d’œuvre de l’auteur et du genre, le sentiment paternel, la plus auguste et la plus sainte des affections humaines, l’image terrestre de l’amour de Dieu pour ses créatures, est réduit à l’état bestial. […] La notice est brillante, parsemée de ces traits délicats, splendides ou charmants, qu’on pourrait appeler les heureux coups de dés de l’improvisation chez un homme de génie, et qui rachètent tout dans les écrits de cet enchanteur, emportant par le prestige ce que lui refuse la raison. […] « Tout d’un coup, au plus fort du tumulte, s’avance hors de sa loge le grand corps de Voltaire, qui, gesticulant de sa canne vers les spectateurs, leur crie de sa plus tonnante voix : “Magnifiques et très honorés seigneurs ! […] Commerce désastreux qui ne ressemblait en rien à la faculté d’assimilation si remarquable chez l’aristocratie anglaise, et qui, du même coup, décimait la bourgeoisie et rabaissait la noblesse ; car ce n’est pas en la persécutant qu’on la dégrade, c’est en prouvant qu’il est possible de la contrefaire, de la vendre ou de la tricher.
Même lorsque le malheur revient surprendre Marianne au moment le plus inattendu, même lorsque celui qui a tout fait pour l’obtenir et qui a surmonté tous les obstacles, Valville, lui devient tout d’un coup infidèle, on n’est pas inquiet, on n’est pas déchiré comme on le devrait ; c’est qu’elle, toute la première, elle ne l’est pas. […] Marianne ne voit là-dedans qu’une expérience dont elle s’est trouvée l’occasion ; elle en badine après coup, elle ne dut pas en être amèrement désolée dans l’instant même ; elle en a été, avant tout, piquée.
Goethe a très bien raconté comment, ayant écrit Werther, il se trouva tout d’un coup soulagé et guéri ; mais, en s’en débarrassant, il avait inoculé son mal aux autres ; ce fut le tour de bien des lecteurs, par le monde, d’être atteints de la même fièvre. […] Par un de ces accidents de chaleur qui ont lieu quelquefois jusqu’au milieu des glaces et des neiges les plus élevées, tout d’un coup les voyageurs sont surpris d’arriver à un endroit entièrement découvert de neiges : Rien de plus délicieux dans la nature que le gazon que nous foulions ; à peine abandonné par les neiges, il était déjà émaillé d’une innombrable quantité de fleurs dont les couleurs étaient d’une vivacité que les fleurs de la plaine n’atteignent jamais, et qui répandaient l’odeur la plus suave.
Il l’a rendu dans sa composition du Centaure avec une sève débordante, jointe à une beauté de forme et d’art qui, dans un coup d’essai, déclare un maître. […] Cette plume, si appréciée de ceux qui s’attachent à la véritable distinction, le sera également de tous le jour où lui-même il voudra bien consentir à en modérer les coups et les étincelles.
Jean-Jacques Rousseau se levant avait tout d’un coup parlé une langue éloquente, ferme et franche, pleine de sève, mais où s’accusait aussi la roideur et le travail de l’ouvrier, et que le solennel et le déclamatoire gâtaient par endroits. […] Plus rien de libre ni de léger ; comme chez les fabuleux Phéaciens, ce qui l’instant d’auparavant était le navire ailé qui allait et venait sans cesse et volait aussi vite que la pensée, s’était tout d’un coup changé en un rocher fixe, en une écrasante montagne qui barrait la vue et couvrait la ville d’effroi.
Ces Mémoires, quoique la première partie, assure-t-on, jusqu’à la fin de l’année 1700, soit du maréchal même, ne peuvent être considérés en effet que comme rédigés après coup sur ses lettres, bulletins et dépêches ; mais Anquetil, qui a été l’arrangeur, et qu’on doit suivre à partir de 1700, a très bien fait ce travail, qui gagne en avançant plutôt qu’il ne perd, et qui est d’un intérêt continu. […] Villars n’est pas seulement brave et brillant, il a les instincts de la grande stratégie, de celle dont notre siècle a vu les développements et les merveilles : en deux ou trois occasions, s’il avait été maître de ses mouvements, il frappait au cœur de l’Allemagne de ces coups agressifs auxquels on n’était pas accoutumé alors ; il se lançait, par exemple, jusqu’aux portes de Vienne, et très probablement il y entrait.
madame, il ne tient qu’à vous que je ne passe pour être le plus honnête homme de France. » — Le marquis de Sévigné de même, qui laissait sa charmante femme pour Ninon, était persuadé « qu’on ne peut être honnête homme sans être toujours amoureux. » Ce qu’on voyait pendant les hivers, ce n’étaient donc pas seulement les distractions bruyantes et faciles de toute jeunesse guerrière, c’était une rare émulation chez quelques-uns qui se piquaient d’honnêteté, et des gageures de cette sorte : « Le duc de Candale, qui était l’homme de la Cour le mieux fait, crut qu’il ne manquait rien à sa réputation que d’être aimé de la plus belle femme du royaume ; il résolut donc à l’armée, trois mois après la campagne, d’être amoureux d’elle (Mme d’Olonne) sitôt qu’il la verrait, et fit voir, par une grande passion qu’il eut ensuite pour elle, qu’elles ne sont pas toujours des coups du ciel et de la fortune. » On s’embarquait de parti pris avec quelqu’un, avec quelqu’une, pour se faire honneur dans le monde, pour faire parler de soi, et « parce que les femmes donnaient de l’estime aussi bien que les armes ». […] Ils parlaient bien, ils raillaient avec grâce, avec tour, ils jouaient d’un trait bien appuyé, bien acéré, et tout d’un coup, sans qu’on sache pourquoi, un petit délire soi-disant poétique les prend, ils s’arment d’un violon de village et font, pendant une minute ou deux, un crin-crin qui écorche les oreilles.
Les deux champions, montés sur des coursiers de différentes couleurs, l’un en armure noire sur un cheval blanc, l’autre sur un cheval noir avec l’écharpe blanche, brisèrent l’un contre l’autre leurs lances du premier coup : Marolles, atteint en plein dans la cuirasse, résista ; Marivaut, frappé à l’œil dans la grille de la visière, tomba roide mort. […] Il parle une fois très sensément contre l’astrologie judiciaire ; il paraît avoir une conception assez juste et assez saine du système du monde ; il démontre par des considérations physiques et naturelles la chimère qu’il y a à prétendre tirer des horoscopes sur la fortune des hommes ; et l’instant d’après, parlant d’un voyage en mer que fait devant Dieppe la princesse Marie et d’un vent violent qui, se levant tout d’un coup, aurait pu la mettre en danger : « Cela me fit souvenir, dit-il, d’un songe que j’avais eu la nuit précédente pour un certain débordement d’eaux que je m’étais imaginé, comme il arrive assez souvent. » Il ne croyait pas à l’astrologie, et il a l’air de croire aux songes.
Ce fut un rude coup pour le jeune homme, de qui Bonnet se plaisait à dire : « Il a du génie, un cœur droit, la passion de la vertu et du savoir. » On brisait sa vocation au moment où il croyait l’avoir rencontrée ; on intervenait brusquement dans sa crise morale au moment où elle allait trouver sa solution intérieure. […] Au moment du départ de son jeune ami pour la France, il écrit à leur ami commun Nicholls : C’est pour le coup que mes soirées solitaires vont me paraître moins légères à passer qu’avant de l’avoir connu.
On en était resté, avec lui, sous le coup de la fameuse note de la cinquième partie de La Nouvelle Héloïse : « Non, ce siècle de la philosophie ne passera point sans avoir produit un vrai philosophe. […] Observateur philosophe, il a pourtant un défaut marqué dans ces lettres sur la France, qu’il a retouchées après coup plus que les premières : il y raisonne trop, il disserte ; il distingue sans cesse entre le bon et le beau.
Molé : « La Coalition vient de porter un terrible coup au trône, et ce qu’il y a de curieux, ce sont des monarchiens qui l’ont réduite a ce piteux état… Ah ! […] Il n’en sortira, certes, pas grand bien encore ; mais c’est déjà beaucoup que cette émeute parlementaire, dont les chefs ne me paraissent pas avoir pressenti toutes les conséquences. » Le bonhomme se frotte les mains ; et prévoyant que la nouvelle monarchie pourrait bien, comme l’autre, prendre un jour la route de Cherbourg : « La Coalition, répète-t-il, vient de lui porter un coup qui laissera des cicatrices, et je vous avoue que je n’aurais rien conçu à ces attaques dirigées par des hommes qui se prétendent monarchiques, si les ambitions personnelles n’expliquaient bien des choses.
» — « Ils parlent allemand, et nous français ; ils nous tirent des coups de fusil, et nous leur répondons par des coups de canon. […] Biot trouve de nobles paroles pour caractériser ce nouvel effort héroïque d’où sortirent l’École polytechnique dans sa première forme plus ouverte et plus libre que depuis, et surtout l’École normale d’alors qui dura peu, mais qui donna, dans cette résurrection des esprits, une impulsion puissante et décisive, — assez pour que sa destinée fût remplie : « On voulut qu’une vaste colonne de lumière sortit tout à coup du milieu de ce pays désolé, et s’élevât si haut, que son éclat immense pût couvrir la France entière et éclairer l’avenir… Ce peuple, qui avait vu et ressenti en peu d’années toutes les secousses de l’histoire, était devenu insensible aux impressions lentes et modérées ; il ne pouvait être reporté aux travaux des sciences que par une main de géant. » Ces géants civilisateurs et pacifiques qui remirent alors en peu de mois l’édifice entier sur ses bases, se nommaient Lagrange, Laplace, Monge, Berthollet… moment immortel !
Pour lui, il répondait, par un coup de collier valeureux, de réparer les mois perdus et de faire acte de présence à Londres en y paraissant, et non des derniers, avec une production digne de l’établissement unique en Europe, à la tête duquel la confiance de l’Empereur venait de le placer. […] Henri Lehmann, chargé des portraits des quatre Évangélistes, a paru médiocrement satisfait, après coup, des résultats de son crayon, du moins pour trois des figures.
C’est alors que Spendius, l’homme de ressource, offre tout à coup à Mâtho de l’introduire nuitamment dans Carthage. […] Lisez tout haut le paragraphe qui suit, en le scandant comme une prose poétique, et vous serez frappé du ton et du nombre : « Souvent, au milieu du jour, le soleil perdait ses rayons tout à coup.
Il était depuis cinq années à Paris, et à bout de voie dans tous les sens (1838), lorsque tout d’un coup une grande révolution s’opéra un matin dans sa manière de voir et de sentir : son âme tout entière se retourna. […] Tout ne se passa point dans un seul coup de tonnerre.
Aujourd’hui vingt-huit autres années se sont écoulées, et tout à coup il arrive que dans la génération nouvelle on se ressouvient de Charles Loyson, on revient à lui jusqu’au point de croire qu’une édition choisie de ses Poésies et de sa prose n’est pas un contre-temps ni un hors-d’œuvre à l’heure présente. […] Tandis que mon œil vous contemple, L’avenir tout à coup a refermé son temple, Et dans la vie enfin je rentre avec effort : Mais nul impunément ne voit de tels mystères ; Le jour me rend en vain ses clartés salutaires, Je suis sous le sceau de la mort !
On hésite à faire l’aumône d’une louange restreinte, mais sentie, et d’un regret compatissant (lorsqu’elles échouent), à ces vastes ambitions poétiques qui demandent du premier coup un monde tout entier nouveau, qui voudraient doter de leur poésie, comme d’une religion, l’univers, et à qui le rameau de Dante semblerait parfois trop léger. […] Ce qui fait, selon moi, la différence entre l’excellent artiste et l’artiste qui manque son coup, est souvent peu de chose au fond, quoique ce soit capital pour le résultat et pour l’effet.
Il y a eu les traits plus violents et même envenimés, comme ceux que Chamfort, tout académicien et lauréat d’académie qu’il était, aiguisa, tailla, assembla en faisceau, pour en faire un instrument de mort aux mains de Mirabeau, qui devait frapper le coup. […] Sous la Restauration, il y eut coup d’État dès l’abord et installation d’une majorité politique au sein de l’Académie plus que restaurée.
Sans doute, si les facultés développées dans ce genre de travail n’avaient point été depuis dirigées sur d’autres objets, il n’en fût résulté que du malheur pour le genre humain ; mais quand on voit, à la renaissance des lettres, la pensée prendre tout à coup un si grand essor, les sciences avancer en peu de temps d’une manière si étonnante, on est conduit à croire que, même en faisant fausse route, l’esprit acquérait des forces qui ont hâté ses pas dans la véritable carrière de la raison et de la philosophie. […] Quelle force l’esprit humain n’a-t-il pas montrée tout à coup au milieu du quinzième siècle !
Tout à coup, au milieu d’une compagnie, on l’entend dire à la jeune orpheline qu’elle exhibe : « Paméla, faites Héloïse ! […] Pour trouver de ces lutteurs, ils font chercher trois ou quatre hommes de race ou d’éducation différente, tous ayant roulé et pâti, un plébéien brutal comme l’abbé Maury, un satyre colossal et fangeux comme Mirabeau, un aventurier audacieux et prompt comme ce Dumouriez qui, à Cherbourg, lorsque la faiblesse du duc de Beuvron a livré les blés et lâché l’émeute, lui-même hué et sur le point d’être mis en pièces, aperçoit tout d’un coup les clés du magasin dans les mains d’un matelot hollandais, crie au peuple qu’on le trahit et qu’un étranger lui a pris ses clés, saute à bas du perron, saisit le matelot à la gorge, arrache les clés et les remet à l’officier de garde en disant au peuple : « Je suis votre père, c’est moi qui vous réponds des magasins322 ».
Mais je crois la Charte suffisante pour donner à la Chambre l’occasion et le droit de s’expliquer, et, si je crains qu’elle soit attaquée un jour par le ministre, je ne crains pas moins qu’elle ne soit violée par un coup d’État parlementaire. […] Peu de mois après, il vit que j’avais raison : le défi était porté par la Chambre, et le coup d’État qui y avait répondu avait renversé la Restauration par le gouvernement de 1830.
Ce sont des flambeaux menaçants qui éclairent tout à coup les ténèbres de toutes ces dispositions équivoques où s’embarrasse notre conscience, et qui nous y montrent le mal si près du bien, et le bien si mélangé de mal, qu’ils nous font peur même de notre honnêteté. Heureux si nous ne sommes pas dans le cercle d’application, et pour ainsi dire sous le coup de quelque maxime humiliante !
Jésus n’arriva pas sans doute du premier coup à cette haute affirmation de lui-même. […] La voix du jeune charpentier prit tout à coup une douceur extraordinaire.
L’insulte sanglante qu’il reçut un soir du chevalier de Rohan, et la protection qui couvrit ce misérable, l’impuissance où se vit tout à coup l’homme de cœur outragé de laver son affront, ces iniquités sociales qu’on ne juge bien que quand on les a senties, l’avertirent que l’esprit pourtant n’était pas tout en France, et qu’il y avait un pouvoir despotique qui mettait quelques privilégiés au-dessus des lois, au-dessus même de l’opinion. […] Mme de Graffigny vivait donc à Paris, avec un certain état de maison, moyennant de petites pensions des cours de Lorraine et de Vienne et d’assez grosses dettes, quand la chute de La Fille d’Aristide, comédie en cinq actes sur laquelle elle comptait fort, vint lui porter un coup fâcheux : « Elle me la lut, dit Voisenon ; je la trouvai mauvaise ; elle me trouva méchant.
Le voiturier s’arrête pendant une heure pour rafraîchir à une auberge du chemin ; une fontaine est dans la cour : « Pendant que l’hôte et le voiturier buvaient le coup de l’étrier : — Buvons le coup de l’étrier, disait Louise à son ami.
Il devenait même poète du coup, et rimait l’éloge de Henri IV et son propre Adieu à la Cour en deux pièces de vers qui se sont conservées. […] Le coup a porté en plein sur l’état-major des salons.
Il y a aussi de ces autres vers incroyables de dureté : Fils du comte de Kent, quand votre noble audace… Avec cela, des vers à effet, des traits qui ne manquent jamais leur coup au théâtre. […] Je couche dessus avec un bâton ferré, dont je donnerais un grand coup à quiconque voudrait m’en arracher.
Quels effroyables coups le cruel me prépare ! […] Dites : Une jeune princesse est conduite sur un autel pour y être immolée ; mais elle disparaît tout à coup aux yeux des spectateurs, et elle est transportée dans un pays où la coutume est de sacrifier les étrangers à la déesse qu’on y adore.
La voilà tout à coup devenue bien modeste ! […] Voilà par quelles confidences d’après coup, elle nous démontre nonchalamment, qu’elle est la plus blanche des hermines, — qu’elle a la conscience sans une tache, quoiqu’elle ait écrit des livres qui en font !
Le mal ne serait pas grand s’ils disparaissaient subitement, par un coup de baguette magique, de notre littérature. […] Et nous ne le comprenons plus, nous sommes en désaccord avec lui, si, tout à coup, s’arrêtant dans la clairière que nous avons imaginée, il s’abstrait de ses préoccupations, de ses amours, de ses rancunes, de ses rêves, pour contempler la nature avec la minutie, avec la longue patience d’un peintre et d’un homme de métier.
Pour goûter l’inspiration, il faut entendre la voix et saisir du même coup le sens et l’harmonie. […] Un critique célèbre avait jugé plus heureux le premier plan que l’auteur s’était proposé, et qu’il résumait ainsi dans une courte note : « L’armée d’Édouard Ier, comme elle cheminait dans le creux d’une profonde vallée, est tout à coup arrêtée à la vue d’une majestueuse figure apparaissant au haut d’une montagne inaccessible, reprochant au roi, d’une voix plus qu’humaine, les misères et la désolation qu’il a apportées sur cette terre, lui prédisant les malheurs de la race normande, et, par inspiration prophétique, annonçant que toute sa cruauté n’éteindra jamais l’ardeur du génie poétique dans cette île, et qu’il ne manquera pas d’hommes pour célébrer la vraie vertu et la valeur par des accents immortels, flétrir le vice et l’infâme volupté, et censurer hardiment l’oppression.
Nous (la Revue suisse) n’avons pas à le juger politiquement ; mais, à entendre dans cette bouche éloquente ce torrent de magnifiques paroles en sens tout contraire au courant d’hier, nous nous sommes rappelé involontairement ces vers d’Homère (Hiade, XX, c’est Énée qui parle) : « La langue des hommes est flexible, et elle a toutes sortes de discours — de toutes les couleurs, — et le pâturage des paroles s’étend çà et là. » Le noble Pégase a déjà parcouru en bien des sens le pâturage immense, tant sur la rive droite que sur la rive gauche, depuis le jour où d’un coup de son ongle sonore il faisait jaillir au début l’ode sur le duc de Bordeaux : Il est né l’Enfant du miracle.
. — Victor Hugo a trouvé d’éloquentes paroles sur la tombe de son rival, et lui-même il a eu le droit de rappeler avec sentiment le coup qui venait de le frapper30.
J’ai toujours paru ne me préoccuper d’art qu’incidemment ; j’en ai rarement écrit, bien persuadé que, pour être tout à fait compétent en ces matières, il faut y passer sa vie ; mais je n’ai cessé tant que j’ai pu de voir et de regarder, et je n’ai pas laissé l’occasion de dire mon mot et de donner mon coup de collier à ma manière.
Étant descendu de voiture à quelques lieues de Brest, pour gravir une montagne assez longue, je le vois tout à coup sauter, danser, chanter, et rire aux éclats. « Quelle est donc, Aza, lui dis-je, la cause de ces folies ?
Mais, pendant la nuit des noces, il essaye de l’étrangler ; et elle, en se défendant, le tue d’un coup de couteau.
De grands coups sur des morceaux de bois ou sur les pots ; une espèce de flûte dont le son vous entre dans l’oreille comme un vilebrequin.
Mais, le jour où il écrivait la Fille de Roland, cet honnête homme a, à force de sincérité, écrit, si je puis dire, une œuvre supérieure à son propre talent… Sans doute, le génie d’expression épique et lyrique n’est pas tout à coup descendu en lui par une grâce divine.
Oui, voilà ce que je découvris dans cet objet à peine aussi gros qu’un gros fruit, et que le bourreau peut faire tomber d’un seul coup, de manière à plonger du même coup dans la nuit le monde qui y est renfermé. » La genèse des idées dans ce monde intérieur ne donne pas lieu, de nos jours, à moins de discussions que la genèse des espèces dans le monde extérieur ; la loi qui régit l’une semble aussi régir l’autre.
Maigre, « écorné et taciturne faute de danare », ses appétits faméliques, maintenant qu’un coup du sort l’a jeté dans la domesticité d’un grand seigneur, réclament des satisfactions prodigieuses.