Lucrèce a dit que les mortels opprimés gémissaient sous l’aspect menaçant de la religion, quoe caput a coeli… etc. changez le vers spondaïque en un vers ordinaire ; rétrécissez le lieu de la scène, en substituant à regionibus une expression petite et légère ; au lieu de ostendebat qui étend sans fin la durée de la prononciation et avec elle la mesure de la tête du monstre, dites montrait ; au lieu d’une tête isolée peignez la figure entière, et il n’y aura plus d’effet.
Tous ces sons, comme nous l’avons déja exposé, ont une force merveilleuse pour nous émouvoir, parce qu’ils sont les signes des passions, instituez par la nature dont ils ont reçû leur énergie, au lieu que les mots articulez ne sont que des signes arbitraires des passions.
On peut même observer aujourd’hui dans les lieux où les habitans sont de religions differentes qu’ils ne sortent pas de leurs églises après le service avec la même humeur.
L’hérédité, la sélection naturelle qui s’opère entre les artistes et les facultés de l’artiste, les lieux ou l’habitat, ces trois facteurs, juge-t-il, ne nous donnent pas grand-chose, même entre les mains de Taine ; leurs influences sont indécises, et les théories de ce puissant critique ne semblent ni justes dans leur rigueur, ni surtout vérifiables.
Cependant il y a lieu de croire que la Fronde dispersa Rambouillet et que toutes ces vessies que l’on prenait pour des lanternes crevèrent aux Barricades.
Carlyle, en effet, malgré ce vague que je lui reproche, est tellement possédé par le génie du pittoresque qu’il allait le chercher n’importe où, — dans les lieux les plus bas !
Pour un trépas, le lieu me paraissait propice.
Charles Bataille est, malgré tout, une force à sa manière, une force qui fera peut-être un jour vibrer les autres, au lieu, comme aujourd’hui, de vibrer par eux.
On remarque et l’on sent tous les repos de son imagination : au lieu que les discours de son rival, et peut-être tous les grands ouvrages d’éloquence, sont ou paraissent du moins comme ces statues de bronze que l’artifice a fondues d’un seul jet.
Il prend pour lieu de la scène ce qu’il y a de moins poétique au monde, une petite ville, et dans cette petite ville, une auberge. […] Il n’est pas rare que les lieux que nous habitons influent sur la direction de nos idées ; et l’enfance surtout est sensible à l’impression des objets extérieurs. […] Alors se développe une sorte de poésie philosophique, où le goût a plus de part que le génie, où l’imagination cède la place à l’intelligence, où la raison et la science tiennent lieu d’inspiration. […] Trois pas dans l’eau, et Hippus pourra dormir en lieu sûr, sans rêver de gendarmes. […] Il supprime quelques passages au début ; il transporte le lieu de la scène à Neufchâtel et dans ses environs ; il substitue à Charlotte certaine Lucie à qui il donne pour mari, au lieu d’Albert, M.
L’absence d’un lieu dominateur permet à tous les bons carrefours de devenir chacun une bonne ville, jouant son rôle dans l’ensemble, prenant son caractère, donnant sa note propre. […] Et sur son aire vaste et à demi nue, isolé au sommet de sa colline, séparé encore des cultures de la plaine par les rochers et les bois qui environnent ses flancs, Cassel ressemblait beaucoup plus à la Bibracte des Celtes indépendants qu’au Lyon des temps romains : lieu de marché ou lieu de foire à certains jours, alors bruyant et populeux, et demi-désert en temps ordinaire. […] Le lieu vraiment maître du pays, ce n’était pas la ville, c’était la résidence du grand seigneur. […] D’abord les lieux habités sont demeurés les mêmes. […] On s’y activait sous les ordres d’un maître, et non sous la discipline d’une cité : mais enfin on sentait déjà sur ces lieux l’intensité de cette manufacture collective qui est aujourd’hui une des forces de la Belgique.
Le système politique de l’auteur de la Législation primitive est plutôt un idéal qu’il faut avoir présent à l’esprit pour s’en rapprocher, en tenant compte du génie particulier des peuples, de leurs besoins révélés par leur histoire, de leurs mœurs, de leurs traditions, de leurs progrès, qu’une règle pratique qu’on puisse appliquer uniformément, dans tous les temps et dans tous les lieux, à toutes les sociétés. […] Entre ces deux résidences, peu éloignées l’une de l’autre, s’élevait un immense plateau qui dominait les lieux d’alentour ; ce point intermédiaire était le rendez-vous commun des deux amis qui, les yeux attachés sur le beau paysage qui se déroulait à leurs pieds en racontant les bontés du Créateur, venaient échanger leurs réflexions sur les grandes et redoutables leçons qu’il donnait en ce moment au monde. […] Il y avait quelque chose d’instructif et d’éloquent dans le lieu même où recommençait l’enseignement du catholicisme, qu’on avait voulu et espéré anéantir ; c’était dans une nécropole de martyrs où, quelques années auparavant, des évêques, de jeunes prêtres étaient morts en confessant la religion du Christ, que M. […] Les lieux parlaient d’eux-mêmes avant l’orateur. […] La terre, ce lieu où tout passe, n’est pas le séjour des affections durables ; celles du poëte des Méditations finissent toujours par aspirer au ciel78.
Il bénit le jour, l’heure et le lieu où il a vu Laure pour la première fois. […] Ils ont mis l’unité d’action sur la même ligne que l’unité de temps et l’unité de lieu. […] Bien que l’auteur ait choisi Athènes pour lieu de l’action, rien dans le dialogue ne rappelle le placage archéologique. […] Dans quel lieu, dans quel temps se passe l’action de l’Aventurière ? […] L’auteur nomme la ville de Padoue, mais sans ajouter un mot pour caractériser le lieu de la scène.
Pour éviter son mélange avec la salive parotidienne pure, il est nécessaire alors de prendre le conduit de Sténon sur le masséter, et non loin du lieu où il émerge de la glande parotide (fig. 9). […] Ainsi, dans cette circonstance comme dans les autres, c’est toujours la glande sous-maxillaire qui a fourni le plus de salive, ensuite la glande parotide, et en dernier lieu la glande sublinguale. […] Ainsi, quand le suc pancréatique est très ancien et que les carbonates alcalins empêchent l’action du chlore, l’action a toujours lieu par l’acide azotique, parce qu’il dégage l’acide carbonique des carbonates. […] Une division mécanique de l’huile eut également lieu ; mais bientôt il y eut, par le repos, séparation de la salive et de l’huile, qui surnageait en conservant toutes ses propriétés physiques et chimiques. […] Mais c’est ici le lieu de rappeler la distinction essentielle que nous avons établie entre le suc pancréatique normal et le suc pancréatique morbide ou altéré.
Le naturalisme n’est pas la peinture du sale et du laid, du vice et de la cochonnerie : la littérature naturaliste n’est pas une littérature de filles et de gandins abrutis, de mastroquets et de mauvais lieux. […] Ce roman répugnera d’ailleurs à la grosse sagesse populaire qui aime que chaque chose soit en son lieu. […] N’y avait-il pas lieu de refaire, d’après ces histoires fragmentaires, d’après aussi les publications allemandes et anglaises, l’histoire générale de la littérature anglaise ? […] Augustin Filon l’a pensé et nous avons tout lieu de nous en féliciter. […] Peut-être briserait-il son pinceau pour ne point copier les plaies plus profondes et la corruption plus raffinée d’autres lieux et d’autres héros !
Si j’ai cru qu’il y avait lieu de faire quelque chose d’analogue pour l’histoire ou pour l’évolution de la critique, on voit assez que cela ne va pas sans de nombreuses omissions, — et surtout sans un parti pris constant de simplification ou d’abréviation. […] Si ce fut un bien ou si ce fut un mal, ce n’est pas d’ailleurs ici le temps ou le lieu de l’examiner. […] A quoi je pourrais ajouter, si c’en était le lieu, que, de toutes manières, ce « bonhomme » fut un assez vilain homme : avare, malpropre, pédant, vindicatif et méchant. […] Chacun de nous est ce qu’il est, et ce qu’on aime en nous, c’est nous-même ; il n’y a donc plus lieu de s’efforcer d’être mi autre, mais, au contraire, il faut être soi. […] Supposez un grand talent de moins, supposez le monde ou mieux le miroir magique d’un seul vrai poète brisé dans son berceau à sa naissance, il ne s’en rencontrera plus jamais un autre qui soit exactement le même ni qui en tienne lieu.
En quel lieu fixerez-vous la demeure de l’un ou de l’autre ? […] muet témoin de mon exil amer, Lieux déserts ! […] Paul Bourget mêle ensemble la description des lieux et l’analyse aiguë des états d’âme de ses personnages. […] Cette fausse impartialité, ce désintéressement théorique dont on voudrait faire la vertu maîtresse de l’historien, n’ont de lieu, pour parler le langage de M. […] En tout temps, comme en tous lieux, le pouvoir de l’individu contrepèse celui des masses, et là même peut-être est l’attrait intérieur et profond de l’histoire.
D’où vient la survie de Baudelaire, et sa gloire, qui va sans cesse grandissante au lieu que tant de ses contemporains plus illustres s’abîment déjà dans un demi-oubli ? […] Mais ce passage d’une classe à une autre s’accomplissait alors par la famille, au lieu qu’il s’accomplit aujourd’hui par l’individu. […] Encore une fois, c’est une légende et qu’il y aurait lieu de vérifier. […] En creusant sur les lieux, d’après les textes et les monuments, ce problème de notre Afrique du Nord, M. […] Il a parlé quelque part de « l’aptitude des lieux à former les âmes ».
Plusieurs de mes poèmes postérieurs sont frappés à ce coin qui, s’il n’est pas le bon, du moins me semble idoine à ces lieu et place. […] Et alors, n’est-ce pas que j’ai eu quelque lieu de m’écrier, en considérant de tels lamentables abus encore possibles : Ô qui dira les torts de la Rime ? […] Mais je ne les vois nulle part en bon lieu, par conséquent dans les rangs sérieux du Parnasse Contemporain. […] Au lieu des choses archi-alambiquées trop familières au pédantisme, à la sécheresse en vain mouillée de mots et délayée dans des phrases dont usent « certains jeunes » — quels mots et quelles phrases et quels jeunes ! […] Évidemment, leur littérature diffère de toute la distance des temps, des lieux et des deux existences, de toute la différence des deux esprits et des deux éducations.
Je venais de voir dans Sara Burgerhart 220 qu’en peignant des lieux et des mœurs que l’on connaît bien, l’on donne à des personnages fictifs une réalité précieuse. […] On continuait d’être si piqué, que des vers gracieux et flatteurs, que l’auteur mit en tête par manière d’excuse (car Mme de Charrière tournait agréablement les vers), furent mal pris et regardés comme une ironie de plus. « Est-il donc si clair, disait à ce propos un homme d’esprit du lieu, qu’on ne puisse rien nous dire d’obligeant que dans le but de se moquer de nous ? […] Malgré mes soins sur les lieux, je ne me flatte pas d’avoir tout recueilli ; on en découvrait toujours quelque petit nouveau, inconnu ; la bibliographie de ses œuvres deviendrait une vraie érudition, et s’il y avait aussi bien deux mille ans qu’elle fût morte, ce serait un vrai cas d’Académie des inscriptions que d’en pouvoir dresser une liste exacte et complète228.
Les parterres et le parc sont encore un salon en plain air ; la nature n’y a plus rien de naturel ; elle est tout entière disposée et rectifiée en vue de la société ; ce n’est point là un endroit pour être seul et se détendre, mais un lieu pour se promener en compagnie et saluer. […] Dorénavant pour les premiers personnages du royaume, hommes et femmes, ecclésiastiques et laïques, la grande affaire, le principal emploi de la vie, le vrai travail, sera d’être à toute heure, en tout lieu, sous les yeux du roi, à portée de sa parole ou de son regard. « Qui considérera, dit La Bruyère, que le visage du prince fait toute la félicité du courtisan, qu’il s’occupe et se remplit toute sa vie de le voir et d’en être vu, comprendra un peu comment voir Dieu fait toute la gloire et toute la félicité des saints. » Il y eut alors des prodiges d’assiduité et d’assujettissement volontaire. […] Sous Louis XVI, il y avait deux porte-chaises du roi, qui tous les matins, en habit de velours, l’épée au côté, venaient vérifier et vider, s’il y avait lieu, l’objet de leurs fonctions ; cette charge valait à chacun d’eux 20 000 livres par an.
Puis vient en dernier lieu l’histoire, l’histoire, qui, telle que celle du Consulat et de l’Empire, de M. […] M. de Talleyrand, aussi organisateur et aussi monarchique que son maître, avait pris dans l’Assemblée le rôle de la pensée, le rapport, au lieu du rôle de la parole, l’improvisation. […] Bonaparte, très aristocrate d’esprit et très antidémagogue de caractère, trouvait dans M. de Talleyrand un charme de plus, un parfum de hauts lieux, un écho de grands noms ; qui épuraient, à ses yeux, la république de ces subalternités vulgaires et de ces séides sanguinaires dont la présence lui répugnait dans ses conseils et dont il rougissait devant l’Europe.
Ajoutons qu’un poète pindarique ne s’attache, par l’instinct même de son génie, qu’à chanter des choses grandes, permanentes, éternelles s’il le peut, des choses supérieures aux lieux, aux temps, aux mobiles opinions des hommes, aux passions variables et fugitives des partis et des factions, des choses, en un mot, aussi intéressantes et aussi vraies dans la postérité la plus reculée qu’aujourd’hui. […] Ses chants doivent porter dans tous les temps et dans tous les lieux. […] Sais-tu quel est ce lieu sauvage ?
cher lecteur, si tu sçavois comment ce tout trouva me tient au cœur, tu plaindrois ma destinée ; j’en suis inconsolable & je ne puis revenir de ma pamoison, principalement quand je pense qu’au préjudice de mes titres, dans ce vers qui me tient lieu d’un Arrêt de la Cour du Parlement, je me vois déchu de tous mes honneurs, & que ce Charles d’Assouci, d’Empereur du burlesque qu’il étoit, premier de ce nom, n’est aujourdhui, si on le veut croire, que le dernier reptile du Parnasse, & le marmiton des Muses. […] Une bonne version est celle qui retrace vivement l’original à ceux qui le connoissent, & qui en tient lieu aux autres ; telle est celle de M. du Saulx. […] Quel rapport des polissons de Collège qui vivent de petits larcins, dans des lieux de débauches obscurs, peuvent-ils avoir avec la Cour magnifique & voluptueuse d’un Empereur ?
C’est cette même ville qui avait donné naissance à Sieyès, le grand métaphysicien de 89 ; venant après lui et sorti du même lieu, le chansonnier de l’Empire et de la Restauration semblait destiné à prouver qu’en France, même après 89, tout finit encore par des chansons. […] J’ajouterai seulement ici quelques traits puisés en bon lieu, et qui achèveront de dessiner cette physionomie heureuse.
Voilà pourquoi il est si doux d’entendre un chant ; voilà pourquoi aussi, dans tous les temps et dans tous les lieux, les nations aiment leurs poètes et leurs musiciens. […] Absent de la maison paternelle à l’époque de l’accident qui abrégea ses jours, je revins en hâte auprès de son cercueil pour ensevelir ses chères dépouilles dans le cimetière de campagne du village que nous habitions dans notre enfance, et dont elle préférait le séjour de paix à tous les lieux de la terre.
Espérons donc, sans trop croire à nos espérances, et voyons comment le dégoût du gouvernement parlementaire, quand il régnait sur nous, me conduisait à désirer le gouvernement de tous, au lieu du gouvernement des aristocrates de tribune. […] Ces trois tendances de l’esprit de la nouvelle civilisation inaugurée sur les ruines de la civilisation féodale, étaient celles-ci : Déplacement, mais nullement destruction du principe d’autorité, c’est-à-dire, au lieu du despotisme des rois, des cours, des sacerdoces dominants, l’autorité raisonnée, mais absolue ensuite et irrésistible de la volonté représentée du peuple tout entier, confiée à un roi héréditaire ou à des autorités électives.
Quelquefois je partais le matin avant l’ardeur du jour, et j’allais jusqu’au monastère célèbre de Montenero, lieu de pèlerinage, chez un matelot de la Méditerranée ; je laissais mes chevaux de selle dans quelque auberge du Cap, et je me perdais, un album sous le bras, dans les bois de caroubiers et de chênes verts qui en couvraient les pentes. […] — Ne fuyez pas, lui dis-je avec respect, c’est à moi de m’éloigner, puisque ma présence inattendue dans ce lieu trouble vos yeux et aussi ceux de ce bel enfant à qui ma vue fait détourner la tête vers votre épaule.
LVI De 1830 à 1848, M. de Chateaubriand, au milieu de ses pamphlets politiques et de ses voyages officiels aux lieux d’exil de la famille de ses rois, dont il professait le culte officiel, mais dont il portait le mépris secret, à son retour à Paris, en fut réduit à briguer la place de gouverneur du duc de Bordeaux. […] Au lieu du démocrate inquiet, envieux et petit, on sent dans le gentilhomme breton l’aristocrate à cheval sans rivalité comme sans bourgeoisie, maniant sa pensée comme son épée, foulant aux pieds les choses mesquines et abordant les grandes avec la magnanimité du génie.
Despréaux mit son frère dans une de ses satires en fort mauvais lieu, et rima des épigrammes contre lui : il eut tort sans doute ; au moins ne l’accusera-t-on pas de souplesse intéressée. […] Ce serait ici le lieu d’examiner l’accusation tant de fois répétée et si ridiculement grossie qui fait du poète le plat flatteur de Louis XIV.
Mais la pensée est complète, et tout ce qu’il y avait à dire est dit, hors de son lieu ou en son lieu.
Plus d’une pièce nous donne, au lieu du poète lui-même, l’image flatteuse qu’il veut nous laisser de lui. […] Ce qu’il a gagné à cette sévérité envers lui-même, ce ne sont pas seulement quelques vers redressés par l’enclume, c’est l’inspiration vraie retrouvée sous ce qui n’en était que l’apparence ; c’est, en plus d’une pièce, au lieu des « trompeuses amorces » de la poésie, la poésie elle-même se révélant tout entière, sur le tard, à un cœur où s’est conservée la sensibilité première, à un esprit mûr qui a gardé la jeunesse.
Faisons donc, comme il convient, des œuvres françaises, vives et nettes, jaillies de nous seuls, mais rappelons que le théâtre n’est pas un lieu de concert et, si nous l’abordons, soumettons-nous résolument à la logique théâtrale. […] Mais les traîtres découvrirent le lieu du rendez-vous.
L’art de Wagner marche vers ce désir, encore en maint lieu inconscient mais partout existant, de l’harmonie ; car il se manifeste aujourd’hui, depuis la grande victoire de Parsifal et à la face du monde entier, comme l’art de l’avenir ; et il est l’art dont a besoin le présent pour se faire l’avenir, au sens d’une humanité idéale. […] Aux lieux où, toujours pure, la goutte de sang Aryen s’était conservée et avait imprégné la vie, échappant à tous les mélanges historiques, là devaient surgir les grands hommes : les Dante, les Cervantès, les Rousseau, les Shakespeare, les Gœthe et les Wagner sont tous de belles efflorescences issues de la première parenté des peuples, et tous peuvent être nommés fils des dieux.
Pierre Brun peut chanter — parlons universitaire — ce noble exegi monumentum : « Au lieu des dix publications que connaissait Gidel, j’en ai signalé dix-huit… Je précise, en outre, la biographie de Mérigon et établis de plus, avec le lieu de sa naissance, certaines dates de sa biographie. » C’est que ce Mérigon est un particulier bien précieux à connaître.
S’il est vrai, comme nous l’avons dit, que l’émotion et la réaction motrice soient les deux « facteurs » principaux de la mémoire, ils devront disparaître en dernier lieu du souvenir ; or, c’est ce qui nous paraît ressortir de cette loi des amnésies indiquée par Spencer et par Maudsley, et que Ribot a mise en pleine lumière. […] Les actes purement automatiques qui disparaissent en dernier lieu ne sont plus guère qu’un mouvement de machine ; pourtant, sous ces actes mêmes subsiste le sentiment primordial de l’existence, du bien-être ou du malaise, la faim, la soif, etc., et par là l’automatisme est encore une mémoire.
Vous voyez dès à présent comment j’oriente la question : il s’agit de comparer directement des horloges voisines, de constater des événements voisins, d’observer une simultanéité d’indications d’horloges au même lieu. […] D’une manière générale, il veut distinguer le réel du symbolique ; plus précisément et plus spécialement, il s’agit ici pour lui de déterminer ce qui est temps vécu ou capable d’être vécu, temps effectivement mesuré, et ce qui est temps simplement représenté à la pensée, temps qui s’évanouirait à l’instant même où un observateur en chair et en os se transporterait sur les lieux pour le mesurer effectivement.
En dernier lieu se formèrent les verbes. […] La topique est l’art qui conduit l’esprit dans sa première opération, qui lui enseigne les aspects divers (les lieux, τόποι) que nous devons épuiser, en les observant successivement, pour connaître dans son entier l’objet que nous examinons.
Il est introduit dans le Dictionnaire de l’Académie en 1798, avec cette définition : « il se dit ordinairement des lieux, des paysages qui rappellent à l’imagination les descriptions des poèmes et des romans ». En quelques années il en vient à désigner, à l’inverse, les poèmes, les romans, les œuvres d’art qui rappellent à l’imagination des paysages solitaires, des lieux privilégiés, des présences plus intimes de la nature. […] Il y aurait lieu de craindre alors qu’en détruisant le romantisme elle ne détruisît simplement la littérature, qu’en emportant le mal, elle emportât le malade. […] La vingt-sixième et dernière strophe de la Bouteille à la mer commence par ce vers : Le vrai Dieu, le Dieu fort est le Dieu des idées Le recueil des Poésies, l’œuvre et la vie d’Alfred de Vigny sont tendus par la dialectique héroïque grâce à laquelle cet ennemi d’un Dieu donné, d’un Dieu non cherché, ni voulu, parvient à la notion platonicienne d’un Dieu vrai et fort, lieu des idées, comme l’espace est le lieu des corps. […] Lamartine offre à la France du xxe siècle un génie du lieu, Hugo un lieu du génie.
Le succès qu’obtint à la Comédie-Française cette jolie chose poétique prouva qu’il y avait lieu encore, dans le public, à de l’émotion littéraire délicate quand on la savait éveiller.
Cette histoire, où l’on ne sent pas seulement la fidèle observation des lieux, mais où perce aussi une vérité de fond et de récit, cette histoire commencée et finie au son du merveilleux carillon de Bruges, et où se déroule toute la vie d’enfance et de jeunesse de Catherine, de cette pauvre enfant « si cruellement meurtrie et de si bonne heure », intéressera.
Un homme de cet acabit, en effet, un égoïste à la fois si oublieux, a gardé jusque dans son calcul des portions de naïveté, d’inadvertance, d’ignorance de soi, de confiance et de persuasion en sa faveur, qui le garantissent de toute action noire, basse ou fausse : il y a donc lieu, malgré tout, à l’indulgence.
Les premières poursuites de la cavalerie n’ayant rien appris de positif, le maréchal Grouchy fut chargé avec un corps considérable (36,000 hommes) d’atteindre l’ennemi dans sa marche qu’on estimait plus confuse qu’elle ne l’était, de le suivre l’épée dans les reins, de le talonner, de l’empêcher de se rallier, et, s’il se rabattait vers Bruxelles du côté des Anglais, de le retarder le plus possible, en se tenant dans tous les cas entre lui et l’armée française, de manière à pouvoir se rallier à celle-ci dès qu’il y aurait lieu.
Qu’il repose en paix dans la sépulture du lieu riant où il est mort sans vieillir, où il a vécu !
Les descriptions, les analyses de cœur, les conversations rapportées, les pièces diplomatiques citées au long, nous font plus d’une fois perdre de vue l’auditoire ; et quand le chien Rask remue la queue, ou que le sergent Thadée pousse une exclamation, on a besoin de quelques efforts pour se rappeler le lieu et les circonstances.
Le pire, il le sent bien, c’est que l’outrageuse amante, en s’enfuyant, ne laisse entre ses bras qu’un houx épineux, au lieu du vrai rameau.
L’éditeur répète à chaque page de sa Notice qu’il n’y a plus ni critique, ni indépendance de jugement en France ; il aurait trop lieu de le croire, si de pareilles énormités littéraires passaient tout à fait inaperçues.
C’est que le lieu, l’assistance les échauffe, et tire de leur esprit plus qu’ils n’y trouvent sans cette chaleur. » Les professeurs célèbres qui ont porté si haut l’honneur de l’enseignement en France sous la Restauration, ont prouvé qu’ils savaient unir en eux ces deux arts qui peuvent très-bien se séparer.
D’ailleurs la distance des lieux autorise bien des familiarités qu’on ne se permettrait pas de près avec le génie, et il arrive ici précisément l’inverse du fameux adage : Major e longinquo reverentia.
Lorsque la Révolution fut venue déranger quelque peu ces petites existences littéraires, au lieu des lectures dans les salons, on eut les Déjeuners dominicaux : c’est là que, durant quinze années au moins, les convives littérateurs se faisaient leurs confidences réciproques entre la poire et le fromage ; c’est là qu’on racontait à ses amis le sujet, le pian de son ouvrage, avant d’en avoir écrit une seule ligne ; à peine les premiers actes étaient-ils jetés sur le papier que l’on en faisait une lecture.
Si demain ou l’an deux mil, nous avions dit non à toute monarchie, ce ne serait pas encore la vraie République que nous aurions nécessairement acquises il y aurait encore lieu de prendre garde ; l’écueil d’où Jefferson a tiré le noble vaisseau américain ne serait pas évité du nôtre, si l’on n’y veillait dès l’abord.
., qui, à ce qu’on assure, existent toujours, n’auraient rien de mieux à faire, au lieu des motions et harangues empruntées au portefeuille d’Anacharsis Clootz, que d’expédier dès demain, par les villages, quelques chanteurs ambulants, avec ordre de ne quitter chaque endroit que lorsque deux ou trois garçons des plus éveillés sauraient les quatre ou cinq chansons magiques : il sera mémorable, l’instant où la population de la France les redira en chœur.
Les Cosaques étaient déjà parvenus au lieu du supplice.
Jusqu’à ce qu’enfin, après le long jour printanier de la vie, arrive le soir serein et doux ; toujours plus amoureux, puisque leur cœur renferme plus de souvenirs, plus de preuves de leur amour mutuel, ils tombent dans un sommeil qui les réunit encore ; affranchis ensemble, leurs paisibles esprits s’envolent vers des lieux où règnent l’amour et le bonheur immortel.
Quand nous lisons ou que nous entendons prononcer le mot de Tuileries, nous prenons tous l’idée du même lieu, du jardin qui borde la Seine entre le Carrousel et les Champs-Élysées : mais des images s’éveillent en outre les mêmes pour tous, des dômes de verdure, de grises statues parmi les feuillages verts ou jaunissants, des enfants et des joueurs de ballon ; selon notre âge, nous voyons se dessiner un palais ou des ruines ; certains de nous aperçoivent les hôtes disparus de l’édifice détruit, les fameuses journées que l’histoire y compte ; selon le caprice de nos goûts et de nos études, la salle des maréchaux ou la salle des machines nous reviennent en mémoire, et nous peuplons les allées de muscadins ou de petits-maîtres.
Mais c’est ici le lieu de parler de lui : pour la première fois, nous rencontrons dans l’histoire de notre littérature une individualité fortement caractérisée, qui se retrouve dans les ouvrages les plus divers.
Il n’y a donc pas lieu de s’arrêter plus longtemps sur cette partie de son œuvre.
Il a fait de Paris sa chose ; il célèbre, il démontre, il encourage Paris ; il est le gardien de ce lieu de plaisir.
Pedrolino sourit, lui demande combien il y a de temps qu’il n’est allé à la comédie, l’interroge sur tous les acteurs et en dernier lieu sur la signora Vittoria.
Ce n’est pas le lieu de reprendre à fond le débat entre les intellectualistes et les physiologistes.
C’est pour cela que chez lui aussi « trop d’abondances appauvrit la matière » et, qu’au lieu du beau livre que le sujet et quelques-unes des qualités de l’auteur semblaient promettre, nous n’avons qu’un curieux, mais gauche et fatigant feuilleton idéologique.
Les combinaisons sont nombreuses par lesquelles se façonnent les mots composés ; ce n’est pas ici le lieu de les expliquer, mais on peut conseiller, en principe, à tous les innovateurs d’avoir toujours sous la main les deux livres admirables de Darmesteter sur la formation actuelle des mots nouveaux et des mots composés .
Je le répète, ne cherchez pas ailleurs le point d’origine et le lieu de naissance de la littérature du dix-neuvième siècle.
Le roi de Prusse voulut sçavoir si l’ouvrage n’étoit imprimé en aucun autre lieu.
Nous n’avons plus, il est vrai, Bourdaloue, La Rue, Massillon ; mais l’idée qui nous reste de leur débit peut tenir lieu de leçons : chacun avoit le sien propre, toujours assorti aux lieux, aux temps, aux circonstances, aux auditeurs, au stile, & au sujet du discours.
Au contraire, tout ce qui n’intéresse qu’un temps particulier, un lieu particulier, quelques hommes, quelques professions, tout ce qui a besoin de commentaires pour être compris et goûté (je ne parle pas de l’intelligence des textes), tout ce qui se rapporte à des usages disparus, à des habitudes spéciales et locales, peut plaire à des érudits, ou a pu plaire dans un temps donné, mais n’est pas universellement, éternellement beau.
En effet, les pieds qui n’étoient composez que d’une sillabe longue et d’une breve, ou de trois sillabes breves, ne renfermoient que trois temps, au lieu que les pieds composez de sillabes longues ou d’une sillabe longue et de deux breves, avoient quatre temps.
Ce serait ici le lieu de parler d’une comédie qui dut causer un grand scandale ; mais je ne la nommerai point, parce que, s’il est certain que cet ouvrage a signalé des sophistes dangereux, il n’est pas moins vrai, que son titre a calomnié des sages.
Une femme aimable, dont il fit la connaissance à Boulogne, lui tint lieu, pendant six mois, de tout ce qu’il voulait oublier.
Il a toujours le regard fixé sur ce chérubin qui veille, avec une épée de feu, à l’entrée du lieu de délices où nous habitâmes, et d’où nous avons été exilés.
Mais si, au lieu du génie momentané de l’écrivain, nous touchions à son génie de toujours, à ce génie qui doit s’infuser, quand on en a, dans toutes les minutes de la vie, si nous mettions enfin la morne et silencieuse fumeuse de cigarettes vis-à-vis de cette éternellement éloquente, dont aucune fumée n’a terni la lèvre éclatante, de ce Rivarol-femme, de cette Mirabeau douce…, est-ce que Mme Sand, rapetissée par le contraste, ne disparaîtrait pas du coup ?
Seulement, au lieu du coqueluchon du xviiie siècle, elle a mis le bonnet rouge des tricoteuses… Mme de Genlis, tout bas-bleu qu’elle fût, échappait aux défauts de tous les bas-bleus en général, et de Mme André Léo en particulier, par sa haine du philosophisme révolutionnaire et par l’idée chrétienne qui souvent affermit son bon sens.
Après les grands travaux du Père Du Halde, du Père Grosier, du Père Amyot, du Père Gaubil, et de tant d’autres Pères jésuites, qui firent, pendant un moment, de la Chine une province de leur ordre ; après les livres des voyageurs anglais sur cette Chine logogriphique, aussi difficile à déchiffrer que son écriture ; en présence surtout de ces Pères de la foi, notre Compagnie des Indes de la rue du Bac (comme les appelait un grand écrivain), et dont les observations sont le meilleur de l’érudition contemporaine sur les institutions et les mœurs de la Chine, si deux sinologues, ayant passé toute leur vie dans une Chine intellectuelle qu’ils ont redoublée autour d’eux comme les feuilles d’un paravent, se mettaient à écrire de leur côté une histoire du pays qu’ils n’ont pas cessé d’habiter par l’étude et par la pensée, il y avait lieu de croire, n’est-il pas vrai ?
III Et cette révélation n’est pas la seule de ce livre profond, entrepris contre toutes les idées communes, et qui pourrait s’appeler, au lieu des Plateaux de la balance, le livre des révélations.
Au lieu du regard du xviiie siècle, trop passionné par l’enthousiasme quand il n’était pas raccourci ou brouillé par la prévention, n’appartenait-il pas au xixe de porter le sien sur Rome, — le sien, désenchanté par les copies qu’on avait faites d’un état de choses dont on ne voyait pas les véritables rapports avec notre état de société ?
Dans nos temps de doute et de curiosité, le théâtre est devenu pour les multitudes ce qu’était l’Église au Moyen-Âge : le lieu attrayant et central.
Or, ce n’est point le lieu, non plus.
Ce n’est plus le lieu de l’expiation et de l’épreuve, le champ de mort d’où une chrysalide de cent cinquante milliards d’âmes doit un jour se déployer et s’envoler dans les cieux !
Et, par parenthèse (c’est ici le lieu de le dire), nous attendons toujours, sur ce sujet, le second volume du père Olivier (des Dominicains).
Que ton esprit, ô mon Dieu, Esprit d’union m’unisse, Et tout entier me ravisse De si bas en si haut lieu.
Matérialiste, comme est généralement le Midi, leur plaisanterie sent toujours la cuisine et le mauvais lieu.
Fontenelle pensait que, pour mériter un éloge, il ne suffisait pas d’avoir fait inscrire son nom dans une liste ; que les hommes du plus grand nom, quand ils ne portaient pas des lumières dans une compagnie savante, devaient du moins y porter du zèle ; que des titres seuls ne peuvent honorer un corps où l’on compte les Cassini, les Leibnitz et les Newton ; et qu’enfin, s’il y a des lieux où un rang et des dignités suffisent pour que la flatterie soit toujours prête à prodiguer l’éloge, ce n’est pas à une compagnie de philosophes à donner cet exemple : il avait donc alors le courage de se taire ; et il serait à souhaiter que dans les mêmes occasions on rendît toujours la même justice.
Avec un adjectif placé en son lieu, une vision peut apparaître aussi démesurée, aussi tragique et grandiose que si le poète avait employé les entassements des métaphores. […] Mais il eût causé, par surcroît ; au lieu que sa causerie devint, grâce à sa situation de déclassé, l’essentiel de sa vie et de son effort. […] Mais pendant que je te placerai en lieu sûr et que je te ferai fructifier, tout souffrira autour de moi, et je ne m’en soucierai pas ? […] Violons, pianos, violoncelles, altos ont expulsé l’esprit comme profane et irrévérencieux, et en son lieu et place règne, triomphe, se pavane la sacro-sainte, la céleste, la surnaturelle musique ? […] Pour apprécier la place d’un mot, la nuance d’un style, l’originalité d’un point de vue, la finesse d’une analyse, il faut qu’une forte éducation première ait préparé l’intelligence ou qu’une pratique continue des livres en tienne lieu.
N’y aurait-il pas lieu, au contraire, de les marier ? […] Suë et Hugo ne le possèdent à aucun degré, au lieu qu’il s’unit chez Zola aux plus hardies facultés de visionnaire et d’écrivain. […] Quand la publication sera complète, il y aura lieu de reprendre l’œuvre entière de cette vie laborieuse et de tracer, en rapprochant cette œuvre de cette vie, un portrait définitif de ce beau génie. […] Il y avait lieu, alors comme aujourd’hui, de réformer radicalement l’Université. […] L’originalité frappante de Goethe, c’est que la transplantation s’accomplit pour lui dans l’équilibre et dans la santé, au lieu que, chez la plupart des enfants du siècle, ç’a été le principe d’horribles maladies morales.
Au fond il y a, dans le mouvement de l’altière huguenote, un je ne sais quoi (aussi transformé et voilé qu’il vous plaira) du sentiment qui rue les matelots du Nord dans quelque gai mauvais lieu du Midi. […] Et, au lieu que Benjamine se cache de son ancien amoureux, c’est au pauvre Borodkine en personne que Avdotia fait ses confidences. […] Elle nous assure que Dieu lui a révélé qu’on ne l’enverrait plus, cette fois, au lieu infâme. […] Au lieu que, dans La Fontaine, j’étais arrêté à chaque instant par des vocables inconnus et par une syntaxe trop forte pour moi. […] « Ainsi, au lieu que ce soit nous qui songions : « La bonne dupe !
La volonté précède la foi, peut-être en tient lieu. […] Ils eussent été bien embarrassés de conduire leurs chimériques personnages à travers une longue suite d’années, dans des lieux divers, au cours d’actions successives desquelles seul un sentiment réel et poignant de la vie peut faire l’essentielle synthèse dramatique. […] Et à ces péripéties, un lieu, un jour suffisaient amplement. […] Elle évoque une heure, un lieu connus. […] En sorte que, dans un théâtre que vous croiriez reconnaître, l’admirable prestige du jeune maître instaure, loin autant que possible des visibilités premières et hors du temps et du lieu, une scène d’éternité : la lumière !
Il y aura lieu de se poser la question : Comment, à quelles conditions, l’activité fera ce qu’elle doit faire ? […] Il y a donc lieu de ne point adopter cette division des émotions. […] Il n’y a donc lieu d’affaiblir en aucune façon la nécessité des principes rationnels. […] Pour aller au même lieu, il est plus d’un chemin. […] Le forum est ici considéré comme le lieu des conversations.
C’est pourquoi, quand on veut empêcher les Italiens d’uriner en un lieu, on y peint saint Antoine avec sa lance de feu. […] Il y a un autre lieu de prière, aussi peu décoré et non moins vénéré, le foyer domestique, où chaque soir le père de famille, devant ses serviteurs et ses enfants, fait tout haut la prière et lit l’Écriture. […] Tout est d’accord, le lieu, le chant, le texte, la cérémonie, pour mettre chaque homme, en personne et sans intermédiaire, en présence du Dieu juste, et pour former une poésie morale qui soutienne et développe le sens moral356. […] Il conte sa vie, la vie des autres, et donne les dates, les chiffres, les lieux ; il abonde en anecdotes, en petites circonstances sensibles, capables d’entrer dans l’imagination et de réveiller les souvenirs de chaque auditeur. […] Les gens du lieu le chargent de coups, le jettent en prison, le condamnent comme traître et révolté, brûlent son compagnon Fidèle.
Par le costume, par l’altitude, le geste, et, s’il y a lieu, le langage, il achève de les distinguer du commun. […] De là le nombre croissant des règles dans l’art classique ; de là l’observation de plus en plus stricte des unités de temps, de lieu, d’action et de ton. […] Nous ne parlerons pas de lui en ce lieu. […] La correspondance de Flaubert révèle des études plus profondes encore et plus ténébreuses, poursuivies à toute heure, en tout lieu, à la ville comme à la campagne. […] Le réalisme qui sort du lieu et du temps présents en a plus besoin encore que l’autre qui s’y confine.
En tous cas, il suffit de le sentir pour s’y récréer ; au lieu que, si l’on ne comprend pas une comédie ou un drame, on s’ennuie à mourir. […] L’unité de lieu, qui était une règle strictement observée, impliquait ce peu de variété. […] Seulement, nous voyons à cette heure, dans le roman, où l’on en est arrivé par l’analyse exacte des lieux et des êtres. […] Peu importe le lieu où l’action se passe, du moment qu’on refuse aux différents lieux toute influence sur les personnages. […] Pourquoi s’inquiéter du lieu où se passait l’action ?
Sans avoir à m’expliquer avec détail sur l’établissement de 1830, ce qui mènerait trop loin et ne serait pas ici en son lieu, il est évident qu’en 1830 aucune de ces trois formes, américaine, anglaise, impérialiste, n’a triomphé, et qu’il s’est fait une sorte de compromis très-mélangé entre toutes les trois. […] Prêt, en tous temps et en tous lieux, à soutenir cette cause avec qui et contre qui que ce soit, j’eusse mieux aimé son influence et sa magistrature que toute autre au monde : là s’est arrêtée ma préférence. […] J’ai reconnu moi-même ce lieu lorsque George m’y a conduit jeudi dernier, et que nous avons pu nous agenouiller et pleurer ensemble. […] Cette dernière partie de la vie de La Fayette, si honorable toujours, est pourtant celle qu’il y aurait peut-être le plus lieu d’épiloguer politiquement, à quelque point de vue qu’on se place, soit du sein de l’ordre actuel, soit du dehors.
Dans tous les hauts lieux, on rendit culte et hommage à Charles et à Jacques, à Bélial et à Moloch ; et l’Angleterre apaisa ces obscènes et cruelles idoles avec le sang des meilleurs et des plus braves de ses enfants. […] Tous les genres divers d’intérêt qui appartiennent au passé et au présent, aux objets voisins et aux objets éloignés, étaient rassemblés dans un même lieu, et dans une même heure. […] Près de cent soixante-dix lords, les trois quarts de la chambre haute, marchaient en ordre solennel de leur lieu ordinaire d’assemblée au tribunal ; le plus jeune des barons conduisait le cortége, Georges Elliot, lord Heathfield, récemment anobli pour sa mémorable défense de Gibraltar contre les flottes et les armées de France et d’Espagne. […] Il décrit les hautes terres d’Écosse, demi-papistes et demi-païennes, les voyants enveloppés dans une peau de bœuf, attendant le moment de l’inspiration, des hommes baptisés faisant aux démons du lieu des libations de lait ou de bière ; les femmes grosses, les filles de dix-huit ans labourant un misérable champ d’avoine, pendant que leurs maris ou leurs pères, hommes athlétiques, se chauffent au soleil ; les brigandages et les barbaries regardés comme de belles actions ; les gens poignardés par derrière ou brûlés vifs ; les mets rebutants, l’avoine de cheval et les gâteaux de sang de vache vivante offerts aux hôtes par faveur et politesse ; les huttes infectes, où l’on se couchait sur la fange, et où l’on se réveillait à demi étouffé, à demi aveuglé et à demi lépreux.
Les conditions fondamentales d’existence n’ont point changé pour la société pendant tout le Moyen-Âge ; car cette société du Moyen-Âge, qui a eu son enfance, sa jeunesse, sa virilité, sa vieillesse, et qui est morte aujourd’hui, peut se comprendre, malgré ses périodes diverses, dans une seule formule que voici : « La terre, livrée au mal, était considérée comme un lieu d’épreuves, et comme le vestibule d’un ciel où le mal serait réparé. » Cette croyance a duré pendant tout le Moyen-Âge, et n’a été définitivement détruite que dans le dernier siècle. […] Il y a eu, pendant tout ce Moyen-Âge, un homme, c’est-à-dire l’homme, qui a cru que la terre n’était qu’un lieu d’épreuves conduisant soit à l’enfer, soit au paradis. […] Ensuite la virilité, quand la société produisit successivement la Renaissance, la Réforme, la Philosophie : c’est l’âge de la monarchie, mais c’est l’âge aussi des savants, des artistes et des philosophes ; c’est le seizième et le dix-septième siècle, l’âge de Raphaël et de Luther, de Shakespeare et de Galilée, de Molière et de Leibniza : art, poésie, science, philosophie, rien ne sort encore bien ostensiblement de la conception de la terre considérée comme un lieu d’épreuves menant à l’enfer ou au paradis ; et pourtant qui ne sent qu’on touche déjà à la limite de cette idée ? […] n’y a-t-il pas quelque part un lieu de réparation ?
Lorsqu’on feuillette tour à tour l’œuvre des peintres de la cour sous Charles Ier, puis sous Charles II, et qu’on quitte les nobles portraits de Van-Dyck pour les figures de Lely, la chute est subite et profonde : on sortait d’un palais, on tombe dans un mauvais lieu. […] On ne peut pas copier même les titres de ses poëmes : il n’a écrit que pour les mauvais lieux. […] L’esprit positif s’abat du premier coup sur ce noyau, écrase l’éclatante végétation qui le recouvre, la disperse, l’anéantit, puis, concentrant sur lui tout l’effort de sa prise véhémente, le dégage, le soulève, le taille, et l’érige en un lieu visible d’où il brillera désormais à tous et pour toujours comme un cristal. […] Les scènes sont mal liées ; elles changent vingt fois de lieu. […] X Cependant, dans ce déclin continu de l’invention théâtrale et dans ce vaste déplacement de la séve littéraire, quelques pousses percent encore de loin en loin du côté de la comédie : c’est que les hommes ont toujours envie de se divertir, et que le théâtre est toujours un lieu de divertissement.
Les interprétations wagnériennes pourraient bien être purement arbitraires, non point qu’on veuille leur en opposer une autre, mais parce qu’il n’y a peut-être lieu d’en rechercher aucune. […] Il ne se lasse point de retourner à ce lieu de pèlerinage, le « plus favorable pour que nous recevions, dans le recueillement, la pensée profonde de la Lorraine ». […] Dans ses fréquentes promenades sur ces lieux où souffle l’esprit, de la chapelle de Notre-Dame de Sion aux ruines du château de Vaudémont, berceau de la famille de Habsbourg-Lorraine, M. […] (Du reste, l’idée du caractère sacré des lieux hauts n’est nullement particulière aux Gaulois, comme en témoignent le Sinaï et le Thabor, Delphes et l’Acropole.) […] Il n’y a donc pas lieu de s’affliger outre mesure des résultats de l’enquête menée par Agathon.
L’ordre de la cérémonie et les traditions sacro-saintes du protocole voulaient que le président du Directoire parlât en dernier lieu. […] Mounet-Sully et Paul Mounet, qui s’arrêtaient, de temps en temps, pour lancer aux échos de ce lieu tragique les alexandrins ou les strophes de Victor Hugo. […] » Après quoi, ayant fait oraison, il consacra, en ce lieu, une chapelle au saint évêque Thiébault. […] Les notables du lieu viennent saluer le futur député, avec toutes sortes de révérences surannées auxquelles l’étroitesse du veston-sac et la coupe du pantalon européen s’adaptent malaisément. […] Cette jeune personne, trop bien élevée pour sortir seule, était allée se promener en ce lieu, avec une vieille femme qui était sa mère adoptive.
Cependant je n’ai pu lire Froissart poète sans éprouver un regret, qui aura tout lieu de se renouveler quand j’en serai un peu après à Alain Chartier, ou même à Charles d’Orléans dans le xve siècle : c’est que, de même que dans le genre épique, narratif, sévère, loyal, enflammé, nous n’avons pas eu notre Homère ; — de même que, pour le genre satirique sérieux, amer, élevé, traversé de sublimes tendresses, nous n’avons pas eu un Dante, un poète qui correspondît à Dante pour le génie, et qui gravât pour l’immortalité ; — de même, dans le genre tendre, amoureux, dans la poésie courte, légère, élégiaque, nous n’avons pas eu un Passionné délicat et accompli, qui ait produit, dans l’esprit de cette fin ornée et perlée du moyen âge, de ces immortelles chansons et ballades, telles que celles de Pétrarque. […] Pour moi, je l’avoue, je me sauve de ce mauvais pas (fin du XVe siècle) dès que je le puis, et à travers ronces et broussailles, j’arrive tant bien que mal à Marot ; trop heureux d’atteindre enfin un lieu de repos et de plaisance où je respire.
Un vieux serviteur florentin, nommé Urbin, du lieu de sa naissance, composait toute sa domesticité. […] Un écrivain qui s’est trompé de date en naissant, et qui aurait dû naître dans le siècle de Léon X, dont il a le zèle et la studieuse curiosité pour les lettres et pour les arts, le comte de Circourt, a découvert sur les lieux l’objet jusque-là inconnu des premiers vers de Michel-Ange.
Ils ont vécu, et non pas seulement de cette vie individuelle qu’enregistre l’histoire : ils ont vécu en cent lieux, sous cent noms ; ce sont des types. […] À peine vainqueur, il songera à aller servir « au Temple » à Saint-Jean d’Acre ; et le médiocre continuateur du vieux poème a bien dégagé l’idée-mère du sujet, quand il montre Bernier usant sa vie sur les chemins, en pèlerinages lointains, pour expier, jusqu’au jour où le roux Ceri, oncle de Raoul, lui casse la tête d’un coup de son lourd étrier sur le lieu même où jadis il a tué son seigneur.
Le volume dût-il être mince, il serait exquis : au lieu que ces deux volumes semblent un peu trop écrits pour l’agrément des gens du monde. […] Et puis, quelle raison avons-nous de croire, ou que Racine les ait peu pleurées, où même qu’il y eût lieu de les pleurer, et que nous devions nous attendrir sur elles comme sur des victimes ?
Il apparaît même dans l’hallucination de Walther et en dernier lieu quand Sachs dit au chevalier que c’est aux maîtres qu’il doit son bonheur. […] Le « motif-organe » dont il est question ici est bien le leitmotiv wagnérien, élément musical associé à un personnage, un objet, un lieu, un sentiment ou un concept, et qui reparaît plusieurs fois dans la partition » (Dictionnaire encyclopédique Richard Wagner, p. 1078).
Ne pouvant donner à sa tragédie le recul du temps, il lui donna l’éloignement du lieu ; il la transporta de Grèce en Asie, et retourna la victoire en la faisant apparaître sous la face du désastre au peuple vaincu. […] C’est bien le spectre homérique, dissous dans les ténèbres, épars et flottant dans une forme vaine, hôte dépouillé « d’un lieu sans bonheur ».
C’est un lieu de communion humaine. […] Il savait le lieu précis où Prométhée avait dérobé le feu, et il désignait sans hésiter le mont Mosychle, voisin de Lemnos.
Cette impression que Mme de Girardin (alors Mlle Delphine Gay) fit sur moi la première fois qu’elle m’apparut, après en avoir beaucoup entendu parler, fut si vive, que le lieu, le jour, le site, la personne, sont restés comme un tableau dans ma mémoire, et que je pourrais dicter aujourd’hui encore à un peintre, le ciel, le paysage, les traits, les couleurs, le regard, sans qu’il manquât un éclair dans les yeux, une inflexion aux lèvres, une rougeur ou une pâleur aux joues, une ondulation aux cheveux, un nuage au ciel, une feuille même au paysage. […] dit-il, que ces lieux me gardent à jamais !
(1) Ce n’est pas ici le lieu de démontrer spécialement cette loi fondamentale du développement de l’esprit humain, et d’en déduire les conséquences les plus importantes. […] Ce n’est point ici le lieu d’entrer dans la discussion spéciale de ce sophisme fondamental.
Ce n’est pas ici le lieu de développer, dans ses diverses parties essentielles, la comparaison générale entre les corps bruts et les corps vivants, qui sera le sujet spécial d’un examen approfondi dans la section physiologique de ce cours. […] (3) En troisième lieu, cette classification présente la propriété très remarquable de marquer exactement la perfection relative des différentes sciences, laquelle consiste essentiellement dans le degré de précision des connaissances et dans leur coordination plus ou moins intime.
Et pour ce qui est de l’inspiration, et du programme poétique lyrique de ces années primitives, à nous en tenir à celui-là, il y avait bien lieu en effet de s’éprendre et de s’enflammer.
., Montesquieu est un philosophe politique supérieur, en ce qu’il est souverainement indifférent et calme, se plaçant dès l’origine au vrai point de vue de la nécessité et de la réalité des choses, s’y conformant selon les lieux, les climats, les races, sans y apporter en travers un idéal préconçu qui pourrait bien être une idole.
Gaillard, laissant bien voir tout ce qu’il y avait d’irrésistible et d’involontaire dans ses entraînements de voyageur, et combien il était à la merci du génie des lieux.
Un homme d’esprit a traduit le système d’un mot piquant : Au lieu du plus grand des poëtes, on aura dorénavant Homère par une Société de Gens de Lettres.
Les irrégularités de temps et de lieux y sont beaucoup plus remarquables.
Au lieu des grandes conceptions tragiques, des rêveries sentimentales et voluptueuses, des générosités et des tendresses du vieux poëme allemand ; au lieu de l’âpreté pittoresque, de l’éclat, de l’action, du nerf des récits espagnols ; au lieu de la farouche énergie, de la profondeur lugubre des hymnes saxonnes, vous rencontrez des épopées prosaïques et des contes frondeurs.
La Fontaine n’a pas de visions complètes et durables : il n’est pas oppressé d’images absorbantes ; il entrevoit, il quitte, il vole, il revient, il est un moment en vingt lieux et en vingt sentiments ; pendant que vous achevez une de ses esquisses, il a fait le tour du monde et il est prêt à recommencer.
L’un et l’autre sont bons, pourvu qu’on y respecte Le rôle de l’étoile ou celui de l’insecte : L’homme n’a de valeur qu’à son jour, à son lieu, Brin de fil enchâssé dans la toile de Dieu !
Et de là vient que la satire n’avilit point son auteur : au lieu qu’à l’ordinaire, dans les querelles des gens de lettres, le mépris des rieurs ne distinguait guère celui qui faisait rire de celui qui apprêtait à rire.
Comme avec cela l’action se complique, se charge d’incidents, elle se ramasse plus difficilement dans un seul lieu, en un seul jour.
Mais voici la vraie cause de sa faiblesse : au lieu qu’en 1830, la victoire du peuple sur la royauté violatrice de la Charte avait opéré la séparation du libéralisme et de la démocratie, en 1851 la restauration du pouvoir personnel réunit toutes les formes du libéralisme avec la démocratie dans une opposition irréconciliable : derrière les défenseurs de la légalité parlementaire se rangèrent les masses populaires des grandes villes, qui avaient foi encore à la République, au droit, à la liberté.
Et il nous arrive en effet assez communément de nous figurer que nous faisons de la science objective, quand nous chaussons simplement, au lieu du nôtre, le subjectivisme du voisin.
Par quel prodige, au milieu de ce siècle de critique et tout en subissant comme un autre les misères de ce siècle, dans ce pays de censure et d’académie, un homme de ce temps et de ce lieu a-t-il pu se ressouvenir de la vraie, pure, originelle et joyeuse nature humaine se dresser contre le flot de la routine implacable et non pas écrire ou parler, mais « chanter » comme un de ces bardes qui accompagnèrent au siège de Troie l’armée grecque pour l’exciter avant le combat et ensuite la reposer, — toutefois, en chantant, ne point sembler (pour ne blesser personne) faire autre chose qu’écrire ou parler comme tout le monde, et, avec une langue composée de vocables caducs, usés comme de vieilles médailles, sous des doigts immobiles depuis deux siècles, donner l’illusion bienfaisante d’un intarissable fleuve de pierreries nouvelles ?
Le lieu de la scène est indiqué dans les diverses villes d’Italie, à Rome, à Venise, à Florence, à Naples, à Ferrare, à Pérouse, à Parme, à Pesaro, etc.
Il y a parfois lieu de se défier, comme c’est le cas lorsqu’on lit les confessions de certains auteurs.
Le sentiment du Beau et le sentiment du Bien donnant lieu à des manifestations aussi variées et aussi importantes que celles des Beaux-Arts, des Mœurs, de la Législation, etc., on ne s’étonnera pas de l’importance qu’ils leur accordent.
Plusieurs écrivains, et en dernier lieu, M.
Il y a bien dix-huit ans qu’il est monté pour la première fois en chaire, si l’on peut appeler de ce nom solennel le lieu d’où il cause si familièrement et si à son aise.
Pourtant, je le dirai d’abord, si M. de Montalembert était resté purement et simplement dans la ligne qu’il suivait avant février 1848, j’aurais éprouvé quelque difficulté à parler de lui en toute liberté, même dans un autre lieu que Le Constitutionnel.
Ces vérités ont été le lieu où, en concevant la nature des choses autre qu’elle n’est, l’esprit humain est parvenu à se former quelque image de la réalité phénoménale.
Il importe peu au public, par exemple, que toutes les fins de lettres, consacrées à des détails de famille, aient été supprimées ; il importe peu que le lieu où s’est produit un accident quelconque, une roue cassée, un incendie d’auberge, etc., ait été changé ou non.
Et toi, centre et lieu des choses, toi, l’Être, tu tarirais !
Tout le reste est dispositif d’écriture, simple indication pour les yeux qu’il y a lieu de conserver, mais qui, pour l’oreille, est d’une utilité beaucoup plus lointaine, sans doute.
Lugné-Poë s’est employé, puisque les lieux officiels ou boulevardiers restent ignares, dans le sens nouveau.
Telle est l’image que fait un poëte grec d’un asne, animal qui dans son païs étoit bien fait et qui avoit le poil luisant, au lieu qu’il est vilain dans le nôtre.
Mais une fois ces types constitués, il y aura lieu de distinguer dans chacun d’eux des variétés différentes selon que les sociétés segmentaires, qui servent à former la société résultante, gardent une certaine individualité, ou bien, au contraire, sont absorbées dans la masse totale.
Grâce à la Décentralisation littéraire, il n’aura plus, pour s’y réfugier, Paris « ce lieu d’asile » où toute force a raison tôt ou tard de l’Envie.
Mais je demande si le Discours sur l’Histoire universelle est maintenant autre chose, pour un grand nombre, qu’une magnifique conception littéraire, une sorte d’épopée qui embrasse tous les temps et tous les lieux, et dont la fable, prise dans de vastes croyances, est une des plus belles données de l’esprit humain.
… au lieu du coup de tonnerre du Christianisme tombant du ciel, de ce coup de tonnerre comme le monde n’en avait jamais entendu.
Il pensait, ce grand homme ignoré, que le nombre des âmes créées était fixe, et que les divers personnages qui se succèdent dans ce carnaval de Venise du genre humain et de l’histoire étaient toujours remplis par les mêmes acteurs, lesquels, leur rôlet fini, allaient changer de costume dans la loge de leurs tombes, et en ressortaient, avec d’autres oripeaux et d’autres masques, pour recommencer sur nouveaux frais leur éternel personnage, avec ses modifications variées de temps et de lieu.
La Critique, positive comme l’Histoire, et qui, pour l’instant, tient en sa possession les poésies complètes et avouées de Banville, en d’autres termes toute sa moisson poétique de 1841 à 1854, vannée, triée par lui et engrangée pour l’immortalité, s’il y a lieu, la Critique a bien moins à se préoccuper des chances d’un avenir incertain qu’à juger des efforts accomplis et du talent prouvé par l’œuvre même.
Il nous a semblé qu’il y avait lieu de se poser le problème inverse, et de se demander si les états les plus apparents du moi lui-même, que nous croyons saisir directement, ne seraient pas, la plupart du temps, aperçus à travers certaines formes empruntées au monde extérieur, lequel nous rendrait ainsi ce que nous lui avons prêté.
Au lieu des moissons et des fruits de la terre qu’on nous arrachait, reçois des fruits qui ne se flétriront pas ; ce sont ceux de la gloire : c’est elle qui sans cesse renouvelle l’empire d’Auguste, qui empêche Trajan de vieillir, qui tous les jours ressuscite Marc-Aurèle.
Notamment la limitation dans le temps et dans le lieu. […] Notamment la limitation dans le temps et dans le lieu. […] Il n’a point été dans tous les temps ni à la fois dans tous les lieux. […] Ils se représentent, assez sincèrement je crois, le lieu du combat pour la domination du monde comme un lieu purement spatial et non réagissant. […] Alors dans ce lieu vide il y avait le bloc du monde moderne.
C’est la bonde de l’étang, le lieu des eaux le plus profond. […] Un jeune libertin s’introduit, à la faveur d’un déguisement, dans le lieu de la célébration des mystères de la bonne déesse et déshonore la femme de César ; il est appelé devant les tribunaux et renvoyé absous. […] Ainsi que tous les animaux, l’homme ne s’éloigne du lieu de sa naissance que d’un assez court intervalle ; cet intervalle est limité par ses besoins et par ses forces ; il le mesure sur la fatigue du retour. […] » ■ Et Sénèque n’est pas pathétique, lorsqu’il ajoute : « Vous revoyez les lieux témoins de nos caresses et de nos repas ! […] Après sa mort, l’Académie française a placé son buste à côté de celui de Molière, dans le lieu de ses assemblées ; ensuite elle a proposé son éloge pour sujet de son prix.
On raconte que, recevant un jour un portrait de sa fille, Marie-Thérèse s’écria d’un ton amer et dur : « Au lieu du portrait d’une reine de France, j’ai reçu celui d’une actrice ! […] Là, élevés au-dessus des influences locales et contemporaines, ils écrivent des vers divinement beaux, faits en dehors de toute condition de temps et de lieu, et datés de l’éternité. […] En terre grasse Nous t’avons mis, loin du saint lieu, Sans implorer pour toi la grâce, Sans prier Dieu. […] L’esprit public se calme ; il est prêt à revenir, s’il y a lieu, d’un premier jugement précipité. […] Théophile Gautier, autre souverain pontife, en ce qu’il porte avec bien plus de correction, de tenue et de majesté sa robe sacerdotale, et qu’on a vu souvent le bon Gautier rire dans la sacristie, au lieu que Saint-Victor, toujours en représentation, ne sourit et ne plaisante jamais.
C’est durer dans l’espèce en tout temps, en tout lieu. […] Et c’est pourquoi, après nous avoir dit de l’Acropole : « Il y a un lieu où la perfection existe ; il n’y en a pas deux : c’est celui-là… C’était l’idéal cristallisé en marbre pentélique qui se montrait à moi » ; après avoir chanté (avec quelle grâce ensorcelante !) […] Au reste, ces divers genres de critique viendront en leur lieu. […] Au milieu des basses priapées, parmi les visions de mauvais lieu ou de clinique, il reste grave. […] Au lieu des dignes marchands et hommes de loi pareils de sort et de figure, voici M.
Ce n’est point ici le lieu de répondre à cette première question. […] Mais c’est par un lien un peu indirect et à coup sûr involontaire, au lieu que nos écrivains objectifs, comme je le disais plus haut, ont voulu délibérément leur forme d’art. […] Au lieu que l’œuvre d’art devienne un prétexte au développement de sa personnalité particulière, elle n’est plus pour lui qu’un moyen d’entrée dans des personnalités étrangères. […] Il avait vu les lieux et les hommes qu’il décrivait, et il les avait vus pour vivre avec eux, il ne les avait pas regardés afin de les décrire. […] Mais il est des âmes — nous allons en voir dans Amiel un douloureux exemple — chez lesquelles cette évolution n’a jamais lieu.
C’est ici le lieu de relever, en passant, un conseil fort banal et aussi peu sincère que peu intelligent de nous tous, professeurs d’humanités, à nos élèves. […] Toujours et partout sa grandeur doit paraître, au lieu que « nous avons connu des temps qui appelaient assez fort leur grand homme, mais, hélas, ne le trouvaient pas quand ils l’appelaient ! […] Si Bonaparte rencontra dans l’état de la France et de l’Europe au commencement de ce siècle une occasion unique, à la fois pour son activité conquérante et pour son génie organisateur, personne ne doute qu’un tel homme, en tout lieu, en tout temps, n’eût fait parler de lui. […] Il est vrai qu’à un point de vue purement humain il y a parfois trop lieu de regretter, de déplorer pour elles l’apparition précoce des créatures de génie. […] S’imaginer que, dans d’autres circonstances de temps et de lieu, les occasions auraient été meilleures, c’est le rêve stérile d’une activité endormie et frappée d’impuissance qui se consume et se tourmente en vain à refaire le présent au lieu de s’en servir.
Car, si les vrais grands hommes sont d’assurés témoins des croyances et des sentiments de leur temps, ils le sont surtout des leurs, au lieu que de moins grands mettent bien moins de leur personnalité dans leur œuvre, et bien plus de l’esprit de leur siècle. […] Louis Vian, qui passe pour en tenir lieu, ne saurait exactement servir, nous l’avons dit ailleurs, qu’à celui qui voudra le refaire. […] Car, d’abord, au lieu que l’on ne faisait point de choix parmi les auteurs ni les œuvres, il en faudra faire un désormais ; et l’on a déjà commencé. […] Pellissier, sur le Mouvement littéraire au XIXe siècle, je ne puis m’empêcher de songer que c’était le lieu de le dire. […] Et il faut, en troisième lieu, que cette imitation de la nature et de la vie, trop souvent faite par nos naturalistes, — auteurs dramatiques, romanciers, prêtes même, — dans un esprit d’orgueil et d’ironie, le soit au contraire dans un esprit d’indulgence, pour ne pas dire de chanté.
Il y employait ses heures à des excursions dans les lieux les plus déserts, et, s’il se pouvait, les plus sauvages. […] Mais ce personnage a trop d’importance pour être apprécié dans un rang secondaire et nous lui consacrerons, en son lieu, un examen spécial. […] Il n’a jamais mieux senti le prix d’une intimité qui est devenue nécessaire à son existence, et bientôt il renoue dans un autre lieu les liens qu’il avait tant souhaité de rompre. […] L’un de ces articles se termine par la description d’un lieu qu’il rêvait de consacrer aux poètes morts prématurément, depuis Tibulle jusqu’à Millevoye. […] Dans un écrit sur lequel je reviendrai en son lieu, Alfred de Musset, lui aussi, a décrit la génération qui débutait dans le monde avec la Restauration.
Moréas, sauf quelques détails dont mention viendra en son lieu, l’a absolument bien attrapé. […] Alors, au lieu que cet imbécile de Pradon veut atténuer les choses, Racine sent bien qu’il peut les renforcer, et il les renforce. […] Il maintient l’unité d’action, mais il est coulant sur l’unité de temps, et il abandonne absolument l’unité de lieu. […] — En tout cas, on ne saura jamais bien si Voltaire fut bon acteur, et il y a quelque lieu de croire qu’il ne fut pas acteur excellent. […] On parla du poème en vers grecs et de l’helléniste impeccable en très haut lieu.
Il n’y a plus lieu de distinguer ici l’observateur de l’expérimentateur par la nature des procédés de recherches mis en usage. […] Ce n’est point ici le lieu d’entrer dans l’examen d’une définition aussi importante que celle de la médecine expérimentale. […] Notre esprit, quand il le voudrait, ne pourrait pas raisonner autrement, et, si c’était ici le lieu, je pourrais essayer d’appuyer ce que j’avance par des arguments physiologiques. […] Dès lors il y aura lieu de chercher à connaître les conditions de ces variations ; car il ne saurait y avoir d’effet sans cause. […] Ce n’est pas le lieu d’entrer dans le développement de ces idées philosophiques ; reprenons notre sujet et passons à un nouvel exemple expérimental.
Il est convenu que lorsqu’on aura causé pendant un certain temps en lieu de lire, je vous parlerai de ce qui aura fait le sujet de la causerie, pour peu qu’elle ait eu rapport à des impressions, a des souvenirs d’art quelconques, et qu’il en soit sorti quelque chose d’assez précis et d’assez bien résumé pour être recueilli ou commenté. […] La description des lieux successivement habités par le couple illustre est faite de main de maître, et devrait servir d’idéal à tous les romanciers dont c’est l’état. […] Alors on n’a pas trop sa tête pour essayer des auteurs nouveaux ; on risque de tomber sur ce qu’il y a de plus médiocre et de s’endormir tout à fait sur sa chaise ; au lieu que, comme des mets de haut goût réveillent l’appétit, les livres éminents qui font naître des disputes raniment les esprits assoupis. […] Elle se retire languissamment de ce lieu, et semble marcher les fers aux pieds. […] Il n’aurait pu se souffrir en un lieu qui se fût appelé Puteaux ou Chatou.
Le premier acteur de ce lieu, L’honorant comme un demi-dieu, Lui fit une harangue expresse Pour lui témoigner l’allégresse Qu’ils recevaient du rare honneur De jouer devant tel seigneur. […] Il n’en produisait alors aucun, et ne donnait pas même lieu à la moindre interprétation maligne. […] Chacun sait, et ce n’est point ici le lieu de le répéter, quel fut son sort et celui du généreux Pellisson. […] Les applaudissements du parterre ranimèrent leur rage à peine endormie, et Molière eut bientôt lieu de se repentir de son triomphe. […] Nous avons tout lieu de croire que celui qui le premier a mis cette charge sur le compte de Molière n’a pas même le mérite, assez triste, il est vrai, de l’avoir inventée.
Il avait déjà déclaré ouvertement la guerre aux gens du lieu ; son père de tout temps avait fait de même : bon chien chasse de race ; c’était chez lui héréditaire ; on l’avait vu un jour, aux environs de Beaune, s’amusant à abattre à coups de canne et à la Tarquin des têtes de chardons. « Que faites-vous là ? […] Mon gentilhomme, un peu de modestie ; tout ton talent sera de savoir tuer, pour tuer ceux qui voudront tuer tes frères et les troubler dans leurs respectables professions. » Le robin, l’homme de loi ou le procureur, qui ne vient qu’en quatrième lieu, reçoit aussi sa leçon, et la mieux sanglée ; c’est le plus sacrifié des quatre. […] Il y a telle scène, Grimm nous l’assure et paraît le tenir de bon lieu, qu’on lui fit recommencer vingt fois ; le miracle est qu’il y consentit.
. — Si cette femme, la fleur de son sexe, habite un lieu dans le monde, ce lieu, le voici ! […] En harmonie avec cette vie reposée et sans autres émotions que celles données par la famille, ces lieux communiquaient à l’âme leur sérénité.
Je ne travaille bien que dans le sabbat, au lieu que, lorsque je m’enferme pour travailler, la solitude m’attriste… On travaille encore très bien dans une chambre de domestique à tabatière, avec une table de bois blanc, du papier bleu à sept sous la rame, et dans un coin un pot, pour ne pas descendre pisser… De là, Gautier saute à la critique de La Reine de Saba. […] Puis, un long moment, elle regarde les choses, avec ces yeux de mourant qui paraissent vouloir emporter le souvenir des lieux qu’ils quittent, et la porte de l’appartement, en se fermant sur elle, fait un bruit d’adieu. […] De petites reprises de ces passions ont cependant lieu, de temps en temps, mais ça n’a pas de suite.
Ce n’est jamais de la psychologie dans l’abstrait, comme on en trouve d’admirable d’ailleurs dans Adolphe ; on est en tel lieu, en tel temps, devant telle machine humaine : on ne démonte pas seulement les ressorts, on vous les montre. […] Au lieu des prodiges de vertu, nous avons des prodiges de vice, mais nous ne sortons pas de l’extraordinaire. […] La forme du roman-ballade convenait à merveille pour peindre la Bretagne et la mer, les Bretons et les brouillards, et, dans une apparence décousue, l’œuvre a une continuité extrême ; si l’on semble sauter d’un personnage à l’autre, d’un pays à l’autre, d’un lieu à l’autre, c’est que l’auteur et son œuvre le veulent ainsi ; mais, en réalité, rien n’est plus suivi que ces notes et ces petits sauts.
Des échanges, des rapports de coordination attestent l’eurythmie des éléments composants associés et l’on ne voit pas, par exemple, comment se pourraient séparer les tragédies de Racine de leur lieu d’élaboration, la cour de Louis XIV. […] Dans les procédés de l’art on retrouvera sous une forme atténuée, raffinés et en quelque sorte spiritualisés, les procédés par lesquels on obtient ordinairement l’état d’hypnose… Si les sons musicaux agissent plus puissamment sur nous que ceux de la nature, c’est que la nature se borne à exprimer des sentiments, au lieu que la musique nous les suggère41 ». […] Il y aurait lieu d’insister sur ce point.
Rotrou a mis dans la bouche du païen Marcel plusieurs des objections que Celse faisait autrefois contre les chrétiens : le savant Origène nous les a conservées, mais il les réfute victorieusement ; au lieu que le comédien Genet, qui n’est pas un père de l’Église, y répond assez mal. […] Le seul avantage d’Idamé sur Pauline, aux yeux des philosophes, c’est qu’Idamé est femme d’un athée, au lieu que Pauline a pour époux un chrétien, crime que Voltaire n’a jamais pu lui pardonner. […] Les unités de temps et de lieu sont observées fidèlement dans Pompée : l’unité d’action, à la vérité, échappe d’abord pour des yeux vulgaires. […] Cependant l’unité de temps et de lieu y est beaucoup mieux observée que dans une foule de tragédies si fières de leur nom et de leur prétendue régularité. […] Paris est un grand lieu plein de marchands mêlés : L’effet n’y répond pas toujours à l’apparence ; On s’y laisse duper autant qu’en lieu de France, Et parmi des esprits plus polis et meilleurs, Il y croît des badauds autant et plus qu’ailleurs.
Il y a peu de rapport entre la modeste compagne d’un époux et une reine en tous lieux. […] Je vois au second acte les captifs américains dans le même lieu où je viens de voir Alzire, Alvarez et Gusman : ces captifs sont libres. […] Qu’on examine un peu ces mauvaises lignes rimées, on sera étonné de la barbarie de ces cent voix qui apprennent en ces lieux, en sanglots superflus, à des sens éperdus. […] Pouvez-vous en ces lieux moins que n’ont pu les crimes ? […] Dans tous les lieux où il y a peu de littérature, le drame triomphe : en province, dans les pays étrangers, dans les colonies, on court avec enthousiasme à ces farces pathétiques.
. — Oui, dans la demi-nuit, que l’Orient aime à faire dans les lieux qu’il habite, pendant la chaleur du jour, la robe blanche de Pilate est seulement éclairée par la grande baie au treillis de fer, et là se devine plutôt que ne se voit, la maigre silhouette du Christ, les mains liées derrière le dos, comme une apparition, dans l’ombre rosâtre d’une tunique, couleur de rose desséchée. […] Jeudi 30 août Je ne sais combien, il y a de mois, que je n’ai été dans ce qu’on appelle un lieu de plaisir, toujours malade que j’étais. Ce soir, je tombe au cirque, à mon spectacle aimé des tours de force, au vrai spectacle, et me voilà, avant le commencement de la représentation, me promenant avec une certaine jouissance dans les antichambres et les écuries de ce lieu, que j’ai un peu immortalisé dans Les Frères Zemganno. […] La fenêtre qui, dans le démansardage des chambres formant le Grenier, a pris la profondeur de ces fenêtres du moyen âge, où de chaque côté se trouve un petit banc de pierre, est devenue, en cette baie retraitée, qui a du jour jusqu’à la nuit, le lieu d’étalage des gravures et des dessins aimés.
Hors ce cas exceptionnel, la pensée discursive existe pour elle-même, et, dès lors, il y a lieu de la concevoir comme une chose qui peut avoir un signe et qui, si elle a un signe, doit s’en distinguer par quelque caractère. […] A la rigueur, il suffit, pour que la pensée soit correcte, que l’affaiblissement des images propres à chaque idée ne se produise qu’en dernier lieu, une fois la purification définitivement accomplie ; mais il est à souhaiter tout au moins qu’il suive une loi de décroissance moins rapide que celle des précédents effets de l’habitude négative ; il faut aussi que l’énergie de l’attention soit, d’une manière générale, toujours suffisante pour raviver au besoin l’idée affaiblie et lui restituer à l’état distinct ses caractères spécifiques. […] Entre les onomatopées primitives et directes et les imitations savantes, n’y a-t-il pas lieu de reconnaître des phénomènes intermédiaires ? […] Il y a donc lieu de distinguer : — ce qu’on peut appeler, par une contradiction volontaire, l’inconscient psychique, c’est-à-dire ce qui n’est pas vraiment psychique, ce qui n’est pas observable pour le psychologue faute d’être compris dans l’objet qu’il a l’ambition légitime d’observer, — et l’inconscient psychologique, c’est-à-dire l’inobservable pour cause de faiblesse seulement, l’indiscernable, l’évanoui.
S’il n’y prend pas une très haute idée de la nature humaine, il ne continue pas moins d’estimer que « nous sommes des espèces de singes, que l’on peut dresser à la raison comme à la folie », et c’est tout justement l’objet qu’il se propose ; Mais c’est ainsi que se forme l’idée d’un homme universel, maniable et ployable en tout sens, qui ne diffère en aucun lieu de lui-même, qui n’est à vrai dire ni Français ni Anglais, mais homme, et dont la diversité de mœurs n’est intéressante à connaître que dans la mesure où l’on peut se flatter de la ramener un jour à l’uniformité. […] Combien d’autres différences ne pourrait-on pas, ne devrait-on pas signaler, de morales ou de philosophiques, et même de politiques, s’il ne fallait craindre que, dans une histoire de la littérature, l’indication n’en parût un peu hors de son lieu ! […] — La Mort de César, 1735 ; — et l’idée de la tragédie « sans amour ». — De quelques nouveautés introduites par Voltaire au théâtre français. — Les sujets de pure invention. — L’extension du lieu de la scène et le développement de la couleur locale : — Zaïre et le monde musulman ; — Alzire et l’Amérique ; — L’Orphelin de la Chine et le monde asiatique. — Les souvenirs nationaux ; — et, à ce propos, de l’influence de la Henriade sur la tragédie du xviiie siècle. — L’abus des procédés romanesques dans la tragédie de Voltaire ; méprises et reconnaissances [Cf. à cet égard encore le théâtre de Crébillon]. — Du pathétique de Voltaire ; — et s’il mérite les éloges qu’on en a faits [Cf. […] 2º La Doctrine. — Qu’on ne fait point habituellement de place aux « Économistes » dans l’histoire de la littérature française ; — et qu’il y a lieu de réparer cet oubli ; — s’ils n’écrivent pas après tout plus mal que la plupart des encyclopédistes ; — si le meilleur jugement qu’on ait porté sur le livre d’Helvétius est celui de Turgot [Cf. la Correspondance inédite de Turgot et de Condorcet, publiée par M. […] 2º Le Poète ; — et que, bien que son œuvre n’ait paru qu’après sa mort, — c’est pourtant le lieu d’en parler ; — si beaucoup de ses contemporains l’ont en partie connue ; — ou imitée même, comme Millevoye ; — et si les traits essentiels en sont caractéristiques d’une renaissance du classicisme, — dont l’Histoire de l’art, de Caylus ; — la peinture de David ; — et le Voyage du jeune Anacharsis de l’abbé Barthélémy subsistent comme autant de témoins. — Rien de plus faux en conséquence que de voir dans André Chénier un « précurseur du romantisme » ; — et au contraire la juste idée que nous devons nous former de lui, — ce n’est pas seulement celle d’un Boileau ou d’un Malherbe inspirés ; — mais d’un Ronsard, — qui aurait lu Voltaire, Montesquieu, Buffon ; — Buffon surtout peut-être ; — et plus moderne enfin de deux cent cinquante ans que l’ancien.
Ce vice est commun à tous les gouvernements orientaux ; on peut même dire qu’il est endémique en Orient, ce vice de mauvaise administration ; il tient aux lieux, aux climats, à la configuration des terres, aux montagnes, aux distances, aux déserts. […] Elle aura fait ainsi plus qu’une conquête : elle aura fait l’ordre français en Turquie, au lieu du désordre européen.
Son mariage, sa carrière, l’avaient éloigné de ce lieu ; mais son cœur y était resté, et il y retournait toujours avec bonheur. […] Lui, si digne de traduire Homère, lui qui en avait sucé la moelle dans l’Épire et dans la moindre île de l’Archipel, ne pouvait-il pas lutter avec ces pédants qui nous traduisent des textes morts au lieu de nous traduire des mœurs et des lieux dont ils ne peuvent découvrir le sens à travers la littéralité des vers ?
Que ferait-il dans le saint lieu ? […] C’est dans ces beaux lieux, époque troublée mais culminante de sa vie, que nous entrevîmes une seule fois la figure de la femme historique, dont nous retraçons aujourd’hui l’image.
Et moi j’étais là aussi pour chanter toutes ces choses ; pour étudier les siècles à leur berceau, pour remonter jusqu’à sa source le cours inconnu d’une civilisation, d’une religion, pour m’inspirer de l’esprit des lieux et du sens caché des histoires et des monuments sur ces bords qui furent le point de départ du monde moderne, et pour nourrir d’une sagesse plus réelle et d’une philosophie plus vraie, la poésie grave et pensée de l’époque avancée où nous vivons ! […] Les arbres entiers brûlaient dans le large foyer ; les moutons, les chevreaux, les cerfs étaient étalés par piles dans les vastes salles, et les outres séculaires des vins d’or du Liban, apportées de la cave par ses serviteurs, coulaient pour nous et pour notre escorte ; après avoir passé quelques jours à étudier ces belles mœurs homériques, poétiques comme les lieux mêmes où nous les retrouvions, le scheik me donna son fils aîné et un certain nombre de cavaliers arabes pour me conduire aux cèdres de Salomon ; arbres fameux qui consacrent encore la plus haute cime du Liban et que l’on vient vénérer depuis des siècles, comme les derniers témoins de la gloire de Salomon.
la pastorale prend pied sur le sol de l’Espagne, et mêle des lieux, des noms connus à son impossible action. […] Ces mots font sourire à propos de l’Astrée : c’était quelque chose pourtant de situer l’action dans un temps, dans un lieu précis, de la lier à des faits vrais comme à un paysage réel.
Mainte belle source ondoyante, Découlant de cent lieux divers, Maintient sa terre verdoyante Et ses arbrisseaux toujours verds. […] Plus loin, au fond d’une allée de grands arbres, près du petit cimetière de la compagnie, se voit une imitation intérieure de la Santa-Casa de Lorette, que la piété sulpicienne a choisie pour son lieu de prédilection et décorée de ces peintures emblématiques qui lui sont chères.
Cependant tous ces faits démontreraient que ni la stérilité ni la fécondité ne peuvent fournir le moyen de distinguer sûrement les espèces des variétés : les preuves qu’on en peut tirer s’effaçant graduellement et donnant lieu aux mêmes doutes que celles qui dérivent des autres différences de l’organisation. […] Au surplus, pendant le cours d’une série d’expériences compliquées, un observateur aussi soigneux que Gærtner ne peut avoir omis de châtrer ses hybrides ; de sorte qu’un croisement avec le pollen d’une autre fleur appartenant à la même plante ou à une plante distincte, mais toujours de race hybride, aurait eu sûrement lieu à chaque génération.
Ce qu’ils appellent instinct étant tout ce qui leur passe par la tête de temps à autre il leur passe quelque chose de très bien II n’y a pas plus lieu de s’en surprendre que s’étonner de découvrir dans les accidents de nuages certains rappels d’organisation. […] La Vallée de la Seine. — Henry-Jacques ad (Fasquelle). — Pendant les heures sombres boueuses et désespérées de la guerre, un Sélène droit aux lieux des combats, dans une machine « cosmoviaire ».
— Lieu ou état sans issue. […] in, indication de lieu, contrairement à per, indication de transition.
Quelque optimisme qu’on professe, on sait si notre monde est le lieu qui convient à cette sanction. […] Il serait facile de montrer comment la politique, réduite à ses données propres, n’est plus que l’art de Machiavel plus ou moins accommodé aux nécessités des temps et des lieux.
Écoutons l’abbé Le Dieu, ou plutôt Bossuet lui-même, dont Le Dieu n’est sensiblement ici que l’interprète et le secrétaire : La considération actuelle des personnes, du lieu et du temps, le déterminait sur le choix du sujet.
Une très belle élégie, c’est le Projet de solitude : Fuyons ces tristes lieux, ô maîtresse adorée !
On ne cite pas en bon lieu l’abbé Faydit.
En un ou deux cas, les vues mêmes sont vraies indépendamment du cadre et du lieu.
La poésie pour lui est ailleurs : elle a quitté les déserts, elle s’est transportée et répandue en tous lieux, en tous sujets ; elle se retrouve sous forme détournée et animée dans l’histoire, dans l’érudition, dans la critique, dans l’art appliqué à tout, dans la reconstruction vivante du passé, dans la conception des langues et des origines humaines, dans les perspectives mêmes de la science et de la civilisation future : elle a diminué d’autant dans sa source première, individuelle ; celle-ci n’est plus qu’un torrent solitaire, une cascade monotone, quand tout le pays alentour, au loin, est arrosé, fécondé et vivifié d’une eau courante, souterraine, universelle.
C’est qu’au lieu des jeunes prières, Ou du Te Deum triomphant, Il fait vibrer les froides pierres De ma mère et de mon enfant !
On y attend impatiemment votre Origène, et je vous assure que, dans le grand nombre de lieux où j’ai quelque accès, la moitié de sa réputation y est déjà bien établie.
Cela, pour nous, ne laisse pas de heurter et de faire disparate en plus d’un lieu ; il y aurait eu certainement moyen, sans rien altérer, de mieux fondre.
Bientôt après le règne de la terreur, on voyait la vanité renaître, les individus les plus obscurs se vantaient d’avoir été portés sur des listes de proscriptions : la plupart des Français qu’on rencontre, tantôt prétendent avoir joué le rôle le plus important, tantôt assurent que rien de ce qui s’est passé en France ne serait arrivé, si l’on avait cru le conseil que chacun d’eux a donné dans tels lieux, à telle heure, pour telle circonstance.
Au pain du corps ajoutez celui de l’âme, non moins nécessaire ; car, avec les aliments, il fallait encore donner à l’homme la volonté de vivre, ou tout au moins la résignation qui lui fait tolérer la vie, et le rêve touchant ou poétique qui lui tient lieu du bonheur absent.
Il rêve toute une nuit de la princesse de Conti qu’il vient de voir parée et prête à partir pour le bal : L’herbe l’aurait portée, une fleur n’aurait pas Reçu l’empreinte de ses pas… Vous portez en tous lieux la joie et les plaisirs15 ; Allez en des climats inconnus aux zéphyrs, Les champs se vêtiront de roses.
Le pourquoi, le comment, le lieu même du plaisir ou de la douleur, nous n’en avons cure.
Il leur faudra bien de l’originalité, bien du bon sens, dans leur création de la beauté, pour ne pas se méprendre et poursuivre, au lieu du beau, le rare ou l’érudit.
Ce n’est pas le lieu d’entrer ici dans le détail de la méthode.
Et je songe avec tristesse que, si un photographe appliqué pouvait, par un jeu savant de lignes, insérer dans la tête de mort la silhouette de la belle-mère au lieu du profil de Sarah Bernhardt, il aurait « transposé » fort exactement le sonnet de M.
Il me semble qu’ils n’ont pas de centre, pas de « moi », qu’ils ne sont qu’un « lieu » où se succèdent des phénomènes physiologiques et intellectuels.
Cette désignation en fait probablement remonter l’origine avant la clôture de 1697 ; mais n’a rien que d’indéterminé en ce qui pourrait concerner Molière, car nous voyons Riccoboni l’appliquer aux pièces de Cintio (Romagnesi) et à quelques-unes de celles que nous venons d’énumérer en dernier lieu.
C’est en ce sens qu’un homme de goût déclarait qu’aux soirs de gaîté, quand l’envie le prenait d’entendre de l’esprit, au lieu, comme vous et moi, d’aller au Palais-Royal ou d’acheter Le Tintamarre, c’est dans sa bibliothèque qu’il montait, lire les métaphysiciens allemands.
Y a-t-il lieu de faire une nouvelle coupure et de distinguer parmi les analystes ceux qui se servent surtout de cette intuition pure ou ceux qui se préoccupent d’abord de la logique formelle ?
., III, 333) n’a pu rien trouver sur les lieux qui justifiât cette allégation.
Chaque ville avait alors sa synagogue ou lieu de séance.
Mais ses déclarations sur la proximité de la catastrophe ne laissent lieu à aucune équivoque 796. « La génération présente, disait-il, ne passera pas sans que tout cela s’accomplisse.
Le stimulus venant de nos sensations et sentiments, ne fournit pas le pouvoir interne, mais détermine le mode et le lieu de la décharge.
Elle offre des dons sans mesure aux plus longues distances de temps et de lieux, dans des pays où vous n’irez jamais, dans des temps que vous ne verrez point, et ne vous assure pas un verre d’eau pour le moment où vous aurez soif : et cependant on a foi dans ses promesses.
Ces grandes naïvetés sont familières, d’ailleurs, en hauts lieux ; la Bible en est pleine.
Elle la devait sans doute en partie à la mémoire de son oncle, à ses richesses, à ses grandes relations, mais aussi à son caractère et à son attitude : Mme de Mazarin n’est pas plus tôt arrivée en quelque lieu, dit Saint-Évremond, qu’elle y établit une maison qui fait abandonner toutes les autres.
De manière qu’une maison, choisie pour être un lieu de paix & de délices, alloit se changer en un séjour de discorde & de désolation.
Dom Pernetti, bénédictin de la congrégation de saint Maur, croit avoir trouvé, en dernier lieu, quelque chose de mieux.
Il est certain que Hegel n’a jamais bien défini ce qu’il entendait par sujet absolu, esprit absolu, et ce n’est pas le lieu ici de controverser sur le sens de sa doctrine.
Sans doute, il y a lieu de voir, comme on dit, d’examiner les faits à nouveau, mais non d’abandonner sur-le-champ les résultats d’une démonstration régulièrement faite.
Les démêlés de Furetière avec l’Académie ont été, en dernier lieu, analysés par M.
Au lieu des cinq actes qui sont le terme des plus longues comédies, celle-ci en a seize, qui sont des chapitres… Malgré l’ancienneté des noms qui forment son titre, monsieur Adam et madame Ève ne sont pas les personnages historiques de ces noms vieux comme l’univers.
Et cette conception n’est pas seulement possédée par les brutes du trottoir ou du journal, pour lesquelles les hurlements tiennent lieu d’arguments ; elle est partagée par un grand nombre de ceux qui prétendent penser.
La nature et même le lieu précis de cette modification nous échappent ; nous ne pouvons que noter certains changements de position qui en sont l’aspect visuel et superficiel, et ces changements sont nécessairement réciproques.
les trésors ne leur suffisaient pas ; ils avaient l’audace de s’indigner s’ils ne partageaient point la considération attachée à la dignité, croyant voiler ainsi leur servitude… L’empereur chassa du palais ces animaux dévorants, ces monstres à cent têtes, et voulut qu’ils regardassent comme une grâce la vie qu’il leur laissait. » Il était difficile, sans doute, de mieux peindre la corruption profonde de la cour de Byzance, cette chaîne de brigandage et d’oppression, et l’abus du crédit, dans une classe d’hommes qui, voués par état à des emplois obscurs, mais approchant du prince, ou paraissant en approcher, imprimaient de loin l’épouvante, parce qu’ils habitaient le lieu où réside le pouvoir.
Nommons d’abord, à ce titre, un philosophe né dans les lieux qu’habita souvent Pindare, et mêlé dans sa jeunesse aux fêtes que le poëte avait illustrées.
Il se repent, il s’effraye, son imagination d’artiste se trouble et s’ébranle. « La face des lieux, qui, dit Tacite, ne change pas comme celle de l’homme », lui représente le visage mort de sa mère. […] Le maître du lieu prodigue les millions dans des spéculations colossales. […] Le roi y coulait des jours féeriques, sous l’influence de la fée du lieu. […] Aucun réveil, aucune résistance à ce Génie du lieu qui les absorbe et qui les éteint. — Louis Ier, fils de Philippe V, n’eut déjà plus un trait français, Son caractère sombre, sa dévotion bornée, rappelaient Philippe II. […] C’est toujours le même peuple errant, sans feu ni lieu, sans culte ni code, épars et identique à lui-même sur tous les sentiers du monde où il essaime ses noires caravanes.
Il faut, ce me semble, que la figure de ces lieux n’ait pas été trop radicalement modifiée. […] Comment Mistral n’eût-il point partagé le culte de sa province pour ces saintes Maries, dont l’église est un lieu de pèlerinage séculaire ? […] Mistral a beau dire : « Heureux donc qui peut vivre — au lieu où il est né ! […] Nous aurions été flattés de savoir que nous leur succédions en des lieux historiques, et que le vainqueur de Rocroy était notre ancien camarade. […] Et la nature est surtout pour lui le lieu de cet enchaînement ininterrompu, l’assise permanente du foyer, l’éternel témoin des générations éphémères.
Quant à l’expression : au lieu du Mot qui narre, sera le Mot qui impressionne, disions-nous c’est-à-dire la sensation et le mouvement directs, en énergies de Rythmes. […] à toute heure et en un seul lieu qui est 6, Cour Saint-François, rue Moreau (tout près des Quinze-Vingts). […] Et cependant c’était une sorte d’éloquence où sombrait et reparaissait tour à tour une docte attitude, où une gaminerie saltait par la rue, où se vautraient des vocables et des accents de mauvais lieux. […] Voilà : Jusqu’ici certainement aucun poème n’a de si près approché ce qu’il y a lieu de faire. […] Ils ne devaient être d’aucun temps, d’aucun lieu, ne correspondre à rien d’existant, même pas de personnalité légendaire.
Créuse, avertie, se réfugie au pied de l’autel d’Apollon, qui est « lieu d’asile ». […] Je suis content de vous avoir retrouvée, et je n’ai pas trop lieu de me plaindre de ma naissance. » C’est égal, tout cela est bien extraordinaire… Un soupçon lui traverse l’esprit. […] Nous allons bien voir. » Et, brusquement : Gardes, faites venir l’étranger en ces lieux ! […] Le sujet de la tragédie, c’est une passion à son paroxysme et enserrée dans une situation extrême : d’où les unités de jour et de lieu. […] Au lieu que Claude, et surtout Daniel et Rébecca nous expliquent ex professo, — ces deux derniers en un seul couplet, — leur âme et l’Idée qu’ils représentent, et disparaissent quand ils se sont définis.
Il avait fini par goûter comme un bien « la stricte sécurité de ces lieux de douleur ». […] Pour jouir d’un poème, pleinement, sans mélange et sans trouble, il faut ignorer le temps et le lieu où il a été composé. […] On lui fera peut-être, en certain lieu, un grief de sa sévérité pour Robespierre. […] Je me retirai dans ce lieu, où l’ancien monde ne me trouble plus la vue. […] Il ne semble pas qu’il faille une préparation spéciale pour habiter un lieu si muet, si aveugle et si sourd.
On y trouve d’abord quelques règles particulières, relatives à la façon dont il faut parler au roi : « Si l’on se présente au roi pour le voir seulement, il se faut tenir en lieu où il puisse jeter sa vue quand il est à table ; si c’est pour lui parler, il faut joindre sa chaise du côté de l’oreille. […] Le gros ennui de la Française, lorsqu’elle voyage à l’étranger, c’est l’obligation d’errer ainsi de table en table, en des lieux publics. […] Ce n’est pas le lieu de rappeler en détail comment la triple alliance du Nord (russe-allemande-autrichienne) vint à se dissoudre par l’effet d’un état international que M. […] « Jean, avait dit le vieux prêtre, cassé par l’âge et déjà moribond, Jean, si tu veux entrer au Lieu saint pour que j’impose à ton front la couronne, si tu veux régner véritablement sur cet immense empire, il faut avant tout sacrifier l’épouse infâme par qui ton bras fut armé d’un couteau. […] N’était la gravité du lieu, nous serions tentés de dire à notre aimable guide : « Enfin, seuls !
Avenue Hoche, chez Mme Arman de Caillavet, France constituait « l’attraction » des réunions que présidait, en s’effaçant devant l’idole du lieu, la spirituelle et autoritaire maîtresse de la maison. […] Ce salon était un lieu de réunion des plus agréables. […] Nul ne savait mieux que lui donner une forme plaisante et inattendue à la causerie la plus frivole et la plus familière, non sans la relever, de temps à autre, à la hauteur habituelle de son esprit et la faire passer, en se jouant, des menus incidents de l’heure ou du lieu et de leur souriant commentaire, à quelque subtile considération et à quelque ingénieuse ou vaste perspective d’art ou de poésie. […] Assidu au Musée d’artillerie, il avait poursuivi son enquête à Turin, au château d’Ambras et surtout à l’Armeria Real de Madrid dont il admirait profondément le savant classement dû à l’infaillible compétence du comte de Valencia, mais, si la passion des belles armures et des belles armes l’avait conduit en divers lieux, le goût de l’entomologie l’avait mené chez les « peuples étranges ».
Et voici le théâtre, au lieu des récits. […] Mais, comme il vit avec une extrême intensité la vie des mondes qu’il crée, il sait traduire, dans sa phrase, l’émotion des lieux et des choses. […] Il s’exalta sur les rêves de son âme, au lieu, comme les autres écrivains, d’astreindre son âme à rêver pour le public. […] « Tout concourt à compléter cette physionomie de citadin provincial » : tel est le jugement que porte en dernier lieu sur lui M. […] Inutile d’ajouter que rien ne manque, pour garantir l’authenticité de cette anecdote : témoignages, contre-épreuves, photographies des personnes et des lieux, etc.
En troisième lieu, toutes les circonstances employées doivent être en harmonie ; c’est-à-dire que, lorsque nous décrivons un objet important, toutes les circonstances que nous présentons aux spectateurs doivent contribuer à l’agrandir. […] C’est dommage, peut-être, et c’est injuste ; mais comment goûter encore « les gazons fleuris — ces beaux lieux — qu’elle arrosait de ses larmes — un silence modeste — une simplicité rustique — les doux zéphirs — une délicieuse fraîcheur — le doux murmure des fontaines » ? […] Tous les bâtiments étaient ébranlés ; et, quoique le lieu où nous nous trouvions fût à découvert, il était si étroit, que nous avions la crainte, la certitude même d’être ensevelis sous les décombres. […] Pouvez-vous supposer qu’après avoir respecté sa vie, lorsqu’il pouvoit la lui arracher avec justice, dans un lieu, à un moment favorable, avec la certitude de l’impunité, il ait pu l’entreprendre contre toute justice, dans un lieu suspect, dans une circonstance défavorable, au risque d’être puni capitalement ? […] S’il a dessein d’aller en un lieu, le moindre objet qui lui passe devant les yeux le fait sortir de son chemin pour courir après ce second objet.
Si ce vers de Scudéri n’était quelque peu ridicule, ce serait le moment et le lieu d’en faire une juste application. […] Quelque diverses que soient ces œuvres, le premier mérite en est d’être de tous les temps, de tous les lieux, vraies de l’homme universel et non pas seulement du Français du xviie siècle, naturelles en tant qu’humaines, humaines parce que naturelles, — et si je ne craignais que l’expression ne parût un peu métaphysique, — je dirais : un fragment de nature et d’humanité réalisé sous l’aspect de l’éternité. […] Lemaître, Corneille et Aristote] sur les obstacles qui s’opposent à son développement ; — et de là, dans ce théâtre : — le goût de la tragédie politique, dont le domaine est justement le « lieu » de l’exercice de la volonté ; — le mépris des passions de l’amour, qu’il considère comme étant trop « chargées de faiblesse » ; — l’intention ou plutôt l’apparence de l’intention morale ; — de là encore, la tension des sentiments ; — et de là enfin, cet art d’épuiser les sujets qu’il traite [Cf. […] — Son inquiétude habituelle ; — ses distractions ; — ses changements de lieux ; — sa vie cachée ; — ses manies. — Curieux fragments de son Journal ; — ses illuminations et ses songes ; — la mémorable nuit du 10 novembre 1619, où « il lui sembla que du haut du ciel l’esprit de vérité descendit sur lui pour le posséder ». — On ne trouve point de semblables traits dans la vie de Corneille ; — et encore moins dans celle de Malherbe. — Qu’il serait temps de les faire entrer dans la composition du caractère historique de Descartes, — et dans les considérants du jugement à porter sur sa philosophie. […] Les principales éditions sont, comme éditions originales, ou capables d’en tenir lieu, l’édition de 1666 ; — l’édition de 1673 ; — l’édition de 1674 ; — et l’édition de 1682, procurée par Lagrange et Vivot.
Et, lorsque du grand mont il atteignit le faîte, Lorsque son front perça le nuage de Dieu Qui couronnait d’éclairs la cime du haut lieu, L’encens brûla partout sur les autels de pierre, Et six cent mille Hébreux, courbés dans la poussière, À l’ombre du parfum par le soleil doré, Chantèrent d’une voix le cantique sacré ; Et les fils de Lévi, s’élevant sur la foule, Tels qu’un bois de cyprès sur le sable qui roule, Du peuple avec la harpe accompagnant les voix, Dirigeaient vers le ciel l’hymne du Roi des Rois. […] * * * « Pourquoi vous fallut-il tarir mes espérances, Ne pas me laisser homme avec mes ignorances, Puisque du mont Horeb jusques au mont Nébo Je n’ai pas pu trouver le lieu de mon tombeau ? […] La Pitié dont elle est née la trouble et l’envahit ; elle ne peut être heureuse si un être et le plus beau des êtres souffre ; elle s’agite, s’enfuit du firmament et pénètre dans les bas lieux où languit Lucifer, son invisible souci.
L’immense succès de ce roman donne, en dernier lieu, la mesure de ce qu’il vaut. […] En dernier lieu, non seulement l’artiste sans pareil vivifie ce qu’il voit, ce qu’il entend, ce qu’il touche, mais, par surcroît, il excelle à exprimer avec précision ce qui est vague dans l’âme et confus dans la nature. […] En dernier lieu, si l’on constate que l’auteur de ces poésies originales transporte aisément dans sa prose, avec une nouvelle intensité de finesse et de clairvoyance, la plupart des qualités qu’il déploie dans le maniement de la langue poétique, on reconnaîtra que beaucoup de choses excessives devront lui être pardonnées, parce qu’il aura exclusivement aimé le beau, tel qu’il le conçoit et l’exprime en maître.
Il est bien entendu que la langue scientifique étant beaucoup trop austère et exigeant des connaissances étymologiques assez étendues, on lui substitue un jargon licencieux digne des bas lieux. […] Donc, si, en haut lieu, nous avons vu cette nuée dévorante de viveurs et de viveuses faisant bon marché de leur conscience pour se saturer de jouissances et assouvir leurs insatiables appétits, nous n’avons pas vu en bas la masse des prolétaires se diriger vers l’Assommoir. […] Toujours conduit par la logique, il tient dépeindre le lieu, la contrée où devra se passer l’action il le fait en géographe, en ethnographe et en littérateur.
Dans quelque temps que vécût le héros, il pouvait tracer pour le costumier un dessin exact des vêtements qu’il portait ; dans quelque lieu que se passât l’action, il pouvait donner au décorateur un croquis fidèle du lieu où s’accomplissait la scène. […] En effet, il y a à Paris, nous ne dirons pas un comédien de talent, mais un artiste de génie, capricieux et fantasque comme Garrick, terrible et emporté comme Kean. poétique et sombre comme Macready, un homme qui porte avec la même facilité le manteau royal de Richard III et les haillons du Joueur ; un homme qui attache à toutes ses créations un cachet tellement original, qu’à chaque création nouvelle tout le monde littéraire s’émeut ; un homme qui traîne après lui son public, en quelque lieu qu’il lui plaise de le conduire, soit au théâtre de l’Odéon, soit au théâtre de la Porte-Saint-Marlin, soit au théâtre de la Renaissance, soit au théâtre de l’Ambigu, soit au théâtre des Folies-Dramatiques.
Le rôle joué en Europe par le second fils de lord Chathamf a laissé des traces si profondes dans l’histoire qu’il y avait lieu, nous le croyons du moins, de retracer plus largement la personne et la conduite de cet homme singulier ; car William Pitt n’a vécu que pour la puissance ; il n’a jamais eu d’autre passion, d’autre désir, d’autre volonté que le gouvernement de son pays. […] Tout en reconnaissant dans la tragédie française du xviie siècle plusieurs éléments périssables qui s’expliquent par le milieu où ils se sont produits, il n’aurait pas nié les éléments immortels de cette même tragédie, qui ne relèvent ni des événements, ni des lieux, qui n’appartiennent ni à la Grèce, ni à la France, mais bien à l’humanité entière. […] S’il y a en effet une différence profonde entre ces deux formes de la poésie, malgré l’égale légitimité de ces deux formes, il y aura lieu cependant à préférer l’une à l’autre. […] S’il se propose la peinture de la passion, sans acception de temps ni de lieu, il évitera résolument la partie sensuelle pour exprimer de préférence la partie intelligible, la partie idéale du sujet qu’il aura choisi ; car il saura que la partie sensuelle de la passion commence précisément où finit la poésie. […] Mais ces erreurs, qui toutes se rapportent à la forme des vêtements, à l’aspect des lieux, au style de l’architecture, n’entament pourtant pas la valeur de ces admirables paysages ; car nous n’avons qu’une sympathie assez tiède pour la partie érudite de la peinture, pour celle qui s’apprend dans les livres et les estampes ; nous réservons notre amour et notre enthousiasme pour la partie vraiment savante, pour la partie humaine, que les livres et les estampes n’enseigneront jamais.
Alors le parti papiste représentait en tous lieux l’esprit antinational — en France, par exemple, où il était synonyme d’intrusion espagnole, italienne, autrichienne — tandis que le parti réformé s’avérait, au contraire, l’élément intimement national, la survivance (bien faible, hélas !) […] Mais à côté de cet avantage évident, il y a lieu de se demander s’il n’y aurait pas là un motif secret d’infériorité et de déchéance. […] Vers ce foyer commun, modeste ou imposant, suivant les ressources du lieu, commis aux soins d’un homme vraiment humain et non d’un fonctionnaire, des attractions forceraient les curiosités, les intérêts et les sympathies. […] De simples causeries y exposeraient les questions qui, suivant le lieu, sont le plus près du besoin de tous. […] Combien de temps les nations latines pourront sauvegarder leur intégrité, en n’étant plus que des lieux de curiosité et de plaisir, cela est purement du domaine de l’hypothèse, mais ce qui est sûr, c’est qu’elles se trouveront un jour en face d’une loi infrangible.
qui peut dire ce que fait Émile Goudeau et en quel lieu du monde il se trouve, cet évêque poétique du grand diocèse Nullius, qu’aucun mortel ne rencontre jamais nulle part ? […] Il n’y a donc pas lieu d’espérer que le titre du présent article sera beaucoup compris des ingénieurs de l’État ou des ingénieurs civils, des entrepreneurs de travaux publics, des fabricants de guano pour l’exportation et des tanneurs de peau humaine par procédés rapides, qui forment la portion aride des innombrables lecteurs de ce journal. […] On y trouve, en effet, une énergie d’archaïsme telle que je ne la crois pas rencontrable au même degré dans aucun autre lieu du monde, surtout à Paris. […] C’est bien là cette infâme montrée pour la première fois, à ce qu’il semble, par un moraliste chrétien, dans son attitude la plus humiliée, la plus douloureuse, au plus profond des puits de l’enfer, au-dessous des neuf cercles rêvés par le vieux Dante et qui paraissent, en comparaison, des lieux de rafraîchissement, de lumière et de paix. […] Ce n’est pas ici le lieu et, d’ailleurs, l’attrait me manque.
Purgon, qui, à force d’être bien peint, devient général ; eh bien, voilà maintenant des types généraux qui ne sont pas seulement des types généraux ; ils deviennent des êtres concrets, en chair et en os, et que, si vous avez voyagé, vous n’avez jamais pu rencontrer que dans les lieux d’où les fait venir Molière lui-même. […] Chaque fois que la conspiration est en train, ils sont très vifs l’un pour l’autre : rien de plus cérémonieux, de plus guindé, de plus glacé que la façon dont ils se parlent quand elle n’a plus lieu. […] Enfin, messieurs, en troisième lieu, après avoir affranchi la famille de l’autorité paternelle ou conjugale excessive, après l’avoir affranchie des parasites qui s’y introduisaient, Molière a fait pour sa bonne part également une autre révolution. […] On a dit de Molière que son seul livre bien médité, bien lu, bien considéré, pouvait tenir lieu d’expérience. […] Il manque beaucoup aux gens d’esprit, et ils n’ignorent pas ce qui leur manque ; aussi, n’ayant ni le mérite accompli, ni la confiance suprême des sots qui en tient lieu, ils n’arrivent presque jamais à rien.
Sur les hauteurs du cimetière, que les morts russes et polonais ont choisi pour lieu de leur sépulture, des femmes, couchées sur les pierres des tombes, écoutent, se soulevant pour voir. […] Je vais au Jardin des Plantes avec l’idée d’une reconnaissance des lieux. […] Sur tous les escaliers battent, entr’ouvertes, les portes des lieux, et cela sent très mauvais partout. […] Le Champ-de-Mars, le lieu du sinistre, dont la garde nationale vous tient à distance, présente un vague et confus tas de plâtre et de débris calcinés. […] Les heures ne tombent plus dans le silence d’un lieu désert.
Si j’ai quelquefois souffert de la différence de nos caractères et surtout de nos âges, j’ai eu encore plus souvent lieu de m’applaudir des autres rapports qui nous attachaient l’un à l’autre. […] Il ne changea pas de sujet en écrivant la seconde des Nuits, quoi qu’en ait dit Paul de Musset, dont c’est ici le lieu d’expliquer les confusions volontaires. […] Sept ans s’étaient écoulés depuis qu’il avait parcouru ces bois avec George Sand, dans la jeune ferveur de leurs amours, et la vue des lieux témoins de son bonheur versait dans son âme une douceur inattendue. […] Je me dis seulement : À cette heure, en ce lieu, Un jour, je fus aimé, j’aimais, elle était belle. […] Musset avait écrit à la marraine, à propos d’amour : « Je me suis passablement brûlé les ailes en temps et lieu ».
Nous pouvons du moins en repérer le lieu logique ou possible, évoquer, à défaut du plafond vivant du poète, un plafond abstrait du critique. […] Mais il y a toujours un problème des idées libérales, un système et un lieu de ces idées. […] Benda, et y voit l’épithète dérivée de cléricalisme, au lieu que cléricalisme soit dérive de clérical. […] C’est comme succédané de la religion que le socialisme devient le lieu d’un idéal politique. […] Dans la société des idées, ce libéralisme se résignera à ne fournir qu’un point de contact, un lieu de coexistence à des idées non seulement différentes, mais hostiles, ennemies.
« C’était un lieu absolument solitaire. […] C’est le tiroir épique, c’est la bataille de Waterloo : qu’a-t-elle à faire dans cette épopée de petites misères d’un forçat et de quatre filles dans le bourbier du bagne ou des mauvais lieux de Paris : à moins que ce ne soit pour exciter la pitié sur ces quatre-vingt mille malheureux soldats de vingt ans, hier heureux laboureurs, arrachés à leur famille par un conquérant, pour les pousser sur quatre lieues de carnage ?
Ni hors de lui, ni en lui, il ne nous montre rien : rien que sa profonde désespérance, et ses aspirations vagues vers un lieu qui n’a pas de nom. […] Lorsqu’il parle de lui, en prose, il rêve encore et poétise : faits, lieux, dates, il brouille tout.
C’est ce qui porte la date d’aujourd’hui dans nos maisons, dans nos rues, dans nos lieux de réunion. […] MM. de Goncourt écriront donc : « Elle se mit à regarder, dans l’obscurité pieuse, des agenouillements de femmes, leur châle sur la tête…, des vautrements de paysans enfonçant de leurs coudes la paille des chaises…, un prosternement général…, des prières de jupes de soie et de jupes d’indienne côte à côte couchant presque leurs génuflexions par terre…40 » — Ils écriront, toujours dans le même système : « Cette sculpture des poses, des lassitudes, des absorptions… Le tableau la frappa surtout des confessions élancées de femmes qui, debout…41 » — «… Des adorations d’hommes et de femmes à quatre pattes…42 » — « Et je ne voyais qu’une sauvage et toute brute idolâtrie, un peu de la ruée de l’Inde sous une idole de Jaggernat43. » — « Un mur de colère, gâché de couleurs redoutables, plaquait au fond l’avalanche et le précipitement des damnés…44 » — « Sur l’escalier se faisait l’ascension lente et balancée, la montée sculpturale des Romaines…45 » — « Leurs femmes étaient là… immobilisées… dans un arrêt qui hanchait 46. » Notons, pour finir, l’emploi presque continuel, dans le récit, de l’imparfait au lieu du passé défini, l’imparfait ayant quelque chose d’indéterminé et prolongeant l’action pour nous permettre de la mieux voir et de la suivre.
Un titre pris du lieu où ils habitaient, de Paris, par exemple, en eût dit trop peu. […] Son ardeur pour la persécution et la disgrâce, cette vie de cachettes et de fuites, l’exil où il emportait la liberté d’écrire, préféré au silence dans la patrie ; ce mépris du repos, cette vieillesse toujours prête à combattre, cette soif de tout ce qui pouvait, dans ce temps-là, lui tenir lieu du martyre de la primitive Église, voilà des traits qui auraient dû laisser quelques marques dans ses ouvrages.
Ce serait, ici le lieu de montrer dans la psychologie les mêmes tendances, de faire voir que ses plus récentes transformations l’ont affranchie du joug métaphysique et qu’elle réclame, elle aussi, son autonomie. […] Ce qui est démontré, constaté, formulé en lois, est invariablement acquis, indépendant des lieux et des époques.
Chaque état psychique étant, par rapport à l’état antérieur, hétérogène, nouveau et original, du moins dans ce qu’il offre de vraiment personnel et de caractéristique, il n’y aurait plus lieu de lui appliquer un raisonnement qui ne conclut à l’identité des effets que par l’identité des causes. […] En troisième lieu, pour posséder le maximum d’indépendance, il faut que notre puissance se confonde le plus possible avec notre moi lui-même et nous soit ainsi vraiment inférieure, vraiment propre et personnelle ; c’est ce qui constitue la spontanéité.
Ce ne serait pas ici le lieu toutefois d’appliquer à la rigueur le mot de Quintilien, qu’on n’est pas nécessairement le second pour venir le plus proche après quelqu’un, aliud proximum esse, aliud secundum.
Jamais dans Adolphe nous ne voyons nettement, pleinement, le jour, le lieu, l’heure, l’instant inoubliable, l’instant nonpareil et ce qui le grave.
Il est encore un point sur lequel j’aime à rendre hommage, et en ce lieu même, à M.
Cependant, quand il s’agit de Louis XIV et de l’importance qu’avaient alors ces grâces d’entrées, ces permissions de suivre, ces faveurs singulières si fort recherchées du courtisan, il y a lieu de s’arrêter avec M. de Luynes, et de les relever comme des traits de mœurs qui ont leur signification et leur physionomie.
Toujours à l’avant-garde de Masséna, le 23 et le 24, il s’est porté en dernier lieu, avec une poignée d’hommes, les meilleurs marcheurs de sa troupe harassée, au point le plus avancé des crêtes sur les derrières de l’ennemi, et par son audace il l’a étonné, épouvanté, forcé d’abandonner dans les gorges chariots et pièces.
Cet écrivain si distingué, le premier des critiques de guerre proprement dits, qui avait produit son ouvrage de génie à vingt-six ans, et que la nature fit naître par une singulière rencontre dans le temps où elle venait d’enfanter le plus merveilleux des guerriers (comme si elle avait voulu cette fois qu’Aristarque fût le contemporain et le témoin de l’Iliade), Jomini a éclairé, en fait de guerre, tout ce qu’il a traité ; mais il n’en est pas moins vrai que la narration précise, détaillée, de ces trois campagnes pyrénéennes, l’histoire et la description de chacune des opérations qui les composent, écrite d’après les pièces et documents originaux, et vérifiée point par point sur les lieux, restait à faire, et M.
Qu’on ne s’alarme pas trop de cette ardeur de connaître à fond et de pénétrer : il y a lieu et moment pour l’employer, et aussi pour la suspendre.
Je pourrais (si c’était le lieu) mettre ici la suite de ses jugements ou de ses impressions sur Hugo et ses divers ouvrages jusqu’à Notre-Dame de Paris inclusivement56, et l’on verrait, sans avoir besoin d’entrer dans aucune discussion du fond, qu’en parlant de la sorte il n’était que conséquent avec lui-même et sincère.
Cependant Hamilcar, sans qu’on s’explique trop comment, reprit encore une fois le dessus, et après une suite de marches et d’actions habilement ménagées, il fit si bien qu’il enferma les étrangers dans un lieu, dans une espèce de champ clos appelé La Hache, parce que le terrain offrait assez la forme de cet instrument ; il les y réduisit d’abord à une telle famine qu’ils se virent contraints de se dévorer les uns les autres ; et finalement, après s’être saisi de la personne de leurs chefs, qui étaient venus parlementer auprès de lui, il écrasa avec ses éléphants ou tailla en pièces toute cette armée, dont pas un soldat ne réchappa : elle n’était pas moindre que de quarante mille hommes.
Ces Mémoires sont destinés à en tenir lieu.
La verve du belliqueux abbé, dont il avait prodigué les étincelles aux Tuileries, à Fontainebleau, à Bayonne, en tous lieux, devait passer dans tout son être et dans ses actions.
Le point faible, toutefois, est que ce mobile de l’amour de l’humanité et de la civilisation n’est, en général, que fort secondaire et ne vient qu’en second ou en troisième lieu chez les meilleurs d’entre les plus éclairés esprits de nos jours ; il ne vient qu’après les soins de la famille, de la fortune personnelle, de la réputation, de la carrière à courir : c’est déjà quelque chose.
Beugnot, chargé de l’administration sur les lieux, avait à correspondre.
Voilà la façon de penser du plus sincère ami que vous ayez et qui s’appelle Louis de Bourbon. » Nous aurions dès ce moment, si c’était le lieu, à faire quelques remarques sur le style particulier de ce prince du sang, style médiocre, délayé, imagé pourtant, mais d’images volontiers basses et communes, comme de quelqu’un qui use avec un parfait sans gêne des plaisanteries courantes dans le populaire et jusque sur le théâtre de la Foire.
« Le lieu de la retraite paraîtrait fort difficile à choisir ; n’ayant pu vivre avec un ami, j’ai des amis, ils sont épars : près de qui se fixer ?
Les Bretons, selon quelques traditions de lieu, prétendent être venus de la Corne d’or, du Pays de l’été, où fut plus tard Byzance.
Au reste, la pure spéculation philosophique n’occupe guère ici que cinq ou six pages ; elle est une contemplation de voyageur, que l’on s’accorde pour quelques minutes lorsqu’on atteint un lieu élevé.
Il apprend que son élève a certain rendez-vous pour le soir même, à minuit : il se rend au lieu indiqué, et trouve une échelle appuyée au balcon de la demoiselle.
» Guaita n’interrompt ses méditations dans le Paris d’hiver que pour les reprendre dans son domaine isolé d’Alteville où il va passer la belle saison, « au lieu le plus solitaire de la Lorraine allemande, parmi les vastes paysages de l’étang de Lindre ».
Lamoureux n’aurait naturellement pas eu le temps de préparer en quatre mois, bien que l’ouvrage n’ait pas de chœurs, la représentation de la Walkure pour sa saison théâtrale de 1387 ; mais, si les directeurs de la Monnaie n’obtiennent pas l’autorisation demandée, il y a tout lieu de croire, à moins d’un premier échec, que l’éminent chef d’orchestre ne s’en tiendra pas à Lohengrin 101.
Après tout, y aura-t-il encore un autre lieu dans la vie où l’on retrouve une bienveillance si réelle au sein d’une illusion si ornée et si embellie ?
Sa prison, sa fuite, son séjour à Rome, ses voyages et caravanes en divers lieux, ses obstinations dernières pour conserver son siège de l’archevêché de Paris, nous fourniraient trop de vues sur ses faiblesses et sur les côtés infirmes de sa nature.
Lorsqu’il l’eut perdue, il dirigea plus habituellement sa pensée vers ce lieu du rendez-vous suprême que se donnent les âmes aimantes.
En tous les lieux où il allait, sa belle et douce figure, sa physionomie vénérable et tendre, et comme doucement rayonnante, le faisaient aimer : des disciples chéris s’attachaient à lui et ne le quittaient plus.
Au lieu des images qu’on met dans les livres de prières, il avoit mis, dans le sien, les portraits, en miniature, de quelques hommes de la cour, dont les femmes étoient soupçonnées de galanterie.
Il se déclare, sans balancer, pour la méthode des divisions recherchées ; usage que méprisèrent les Grecs & les Romains ; que les Anglois, ennemis de toute contrainte, n’ont pas manqué de secouer ; & dont, en dernier lieu, s’est éloigné parmi nous un prélat, capable, par sa grande réputation & par son exemple, de réformer nos idées à cet égard, & de hâter les changemens desirés dans l’éloquence chrétienne.
Gratiolet : il consiste en ce que, chez les singes, le lobe moyen du cerveau paraît et s’achève avant le lobe frontal, tandis que chez l’homme les circonvolutions frontales apparaissent les premières, et celles du lobe moyen ne se dessinent qu’en dernier lieu.
L’histoire ne choisit que les événements et les lieux qui ont un certain caractère de généralité.
Mais sa vanité Lui coûta quatre dents, etc… L’avantage aussi que La Fontaine a trouvé en introduisant ici un acteur de plus qu’en l’autre, c’est de faire débiter la morale par le renard, au lieu que, dans l’autre fable, le loup se la débite à lui-même, malgré le mauvais état de sa mâchoire.
Dans les universités, chaque étudiant choisit l’objet et le nombre des cours qu’il veut suivre, et que les professeurs ont soin d’annoncer publiquement avec l’heure et le lieu.
L’émotion de ces assistans les rend, pour ainsi dire, des acteurs dans un tableau, au lieu qu’ils ne seroient que de simples spectateurs dans un poëme.
En général, lorsque le sens m’a paru disputé ou douteux, j’ai choisi le plus beau, parce qu’il y a toujours lieu de croire que c’est celui de Tacite.
Ce n’est point ici le lieu de discuter ces idées.
Les événements heureux trompent et séduisent ; c’est la flatterie la plus dangereuse pour les rois : au lieu que la sévérité du malheur accuse les fautes et les faiblesses.
« J’ai, dit-il lui-même dans le sommaire de sa vie, rétabli, à titre de consul et par décret du sénat, quatre-vingts temples dans Rome. » Une autre phrase dénombre les temples qu’il fit bâtir, les lieux nouveaux qu’il consacra dans l’enceinte du Capitole et du palais ; et on ne peut douter, à travers les lacunes des Tables d’Ancyre, que le même zèle n’ait réparé bien d’autres anciens monuments religieux de l’Italie, puisqu’on voit Auguste noter dans un autre passage de cette inscription le soin qu’il avait eu, même dans la Grèce et dans l’Asie, de rendre à tous les temples dépouillés pendant la guerre leurs ornements et leurs richesses.
Mais il y a lieu de croire que cette couche est moins épaisse que chez l’homme civilisé, et qu’elle laisse davantage transparaître la nature. […] Quant aux variations sur les thèmes, ce sont les mythes et même les conceptions théoriques qui se diversifient à l’infini selon les temps et les lieux. […] Il se distingue déjà par là de la divinité proprement dite, qui saura se partager, sans se diviser, entre des lieux différents, et régir tout ce qui appartient à un même genre. […] Elle est là chez elle, sans aucun doute ; elle est faite pour fabriquer des esprits et des dieux ; mais comme elle continue ailleurs son travail de fabulation, il y a lieu de se demander pourquoi, opérant encore de même, elle n’obtient plus alors la même créance. […] Il y aurait lieu de s’étendre longuement sur eux.
L’originalité de lieu manque trop à nos auteurs français. « L’originalité de lieu me semble abandonnée en France. » (Il aurait dû songer à Athalie, qui est une belle exception.) […] Nous retrouverons cette théorie en son lieu. […] C’est un rêve de perfection, de bonté, de beauté qui ne répond à rien dans la nature et qui dans l’homme ne répond qu’à certaines facultés d’imagination et d’exaltation dont il y a lieu qu’il se défie, puisque dans la vie pratique elles lui sont toujours funestes. […] Il y a lieu d’en douter.
Que les courtisans se filoutent entre eux ; nous du moins, messieurs, nous avons gardé assez d’honneur pour nous maintenir purs parmi les corruptions du monde809. » Au reste, il est galant, il a une demi-douzaine de femmes, une douzaine d’enfants, il fréquente les mauvais lieux, il est aimable avec les beautés qu’il y rencontre, il a de l’aisance, il salue bien et à la ronde ; il tourné à chacune son compliment : « Mademoiselle Slammekin, toujours votre abandon et cet air négligé du grand monde ! […] Ces intérieurs de prison et de mauvais lieu, ces tripots, cette odeur de gin, ces marchandages d’entremetteuses et ces comptes de filous, rien ne dégoûte les dames, qui applaudissent dans leurs loges. […] La haute spéculation, qui seule peut en tenir lieu, s’est montrée ou déclarée impuissante. […] Au lieu des courtisanes de Lély, on voit à côté d’eux des dames honnêtes, parfois sévères et actives, de bonnes mères entourées de leurs petits enfants qui les baisent et s’embrassent ; la morale est venue, et avec elle le sentiment du home et de la famille, la décence du costume, l’air pensif, la tenue correcte des héroïnes de miss Burney.
Il est dur de renoncer au mauvais lieu de l’idéal, à ce paradis sensuel dont les fenêtres sont hermétiquement closes. […] Nous démolissons ce mauvais lieu, et forcément on se fâche. […] Je n’ai pas, je pense, à parler des changements de lieux. Il y a beau temps que l’unité de lieu n’est plus observée. […] Vos fameuses « pisses de chat » des Sœurs Vatard, dont on a mené tant de tapage, ne sont que de l’eau sucrée, à côté de ces lieux d’aisance.
C’est aussi la femme qu’on insulte, la femme qui, dans ce monde fermé de la bourgeoisie du moyen âge, semble avoir courbé la tête aussi bas qu’en aucun temps et qu’en aucun lieu du monde. […] La tragédie d’Eschyle et de Sophocle est née dans le sanctuaire, comme nos Mystères, et, comme nos Mystères, elle a gardé jusqu’à son dernier jour un vague souvenir du lieu de sa naissance. […] Car, entre force et face, dans une écriture difficile à démêler, il ne s’agit après tout que d’un jambage de plus ou d’un jambage de moins ; et l’on comprend qu’il y ait lieu d’hésiter. […] Il accepte le dispositif, mais il pense qu’il y a lieu de revenir sur les considérants. […] Il y aurait lieu plutôt de s’étonner que dans les œuvres si nombreuses, mais pour la plupart si médiocres de cette période, on puisse distinguer et noter déjà tant de gages d’avenir et tant de promesses d’une renaissance prochaine.
Dimanche 12 avril Ce soir, à dîner, la conversation est allée, je ne sais comment, au Neveu de Rameau, et témoignant mon admiration pour cette merveilleuse improvisation dans cette langue grisée, avec ces changements de lieux, ces brisements de récits, ces interruptions brusques et soudaines de l’intérêt, je comparais ce livre, au livre de Pétrone, au festin de Trimalcion, avec ses trous, ses lacunes, ses pertes de texte. […] Celui qui le ramènera recevra 2 talents de cuivre, et 3 000 drachmes ; celui qui indiquera seulement le lieu de sa retraite, si c’est dans un lieu sacré, 1 talent et 2 000 drachmes, si c’est chez un homme solvable et passible de la peine, 3 talents et 5 000 drachmes.
Mais, sur le rapport de l’ombre et de la lumière, Hugo a une vue originale : c’est que, dans notre monde, ce qui l’emporte sur le reste, ce qui semble faire le fond, c’est l’ombre, la nuit, tandis que la lumière et le jour semblent des accidents passagers, bornés à un petit nombre de lieux et de moments. […] Le monde entier est le lieu de la sanction, le monde-châtiment, domaine de la chute des âmes, où chaque être occupe la place que lui assigne son propre poids, plus haut ou plus bas, comme un corps plongé dans un fluide monte ou descend selon qu’il renferme plus de matière. […] ………………………………………… S’il s’agit du principe éternel, simple, immense, Qui pense puisqu’il est, qui de tout est le lieu, Et que, faute d’un nom plus grand, j’appelle Dieu, Alors tout change, alors nos esprits se retournent, ………………………………………… Et c’est moi le croyant, prêtre, et c’est toi l’athée178.
La beauté seule et la grandeur sont tragiques, La misère des humbles, comme on les appelle, l’asile de nuit et les salons bourgeois ne sont pas des lieux à tragédie. […] Il était facile de deviner, en effet, sous la pâte douce et tranquille cette confidence, un levain de liberté donnant lieu à des intuitions de l’intelligence, à des étincellements de l’esprit, à des boutades de l’imagination auxquels les nouveaux romanciers, orientés vers une sorte d’élégie sociale, étaient étrangers. […] Telles étaient les instructions, que chaque occupant de ces lieux reclus y avait ses attributs et son utile emploi, comme vous le montre une règle de ce temps : « Que l’un corrige le livre que l’autre a écrit ; qu’un troisième trace les ornements à l’encre rouge ; que celui-là se charge de la ponctuation, celui-ci des peintures ; que cet autre colle les feuilles et relie les livres avec des tablettes de bois.
Il y avait en dernier lieu organisé l’octroi, et il était contrôleur principal des droits réunis lorsqu’il mourut. […] Cette publication doit compter en dernier lieu dans sa Bibliographie. — Son dernier article, et qu’il n’a pas achevé, a été sur les Mémoires de M. le comte d’Alton-Shée, son cousin.
On s’amuse à mesurer la hauteur du clocher de Saint-Germain (du Mont-d’Or), lieu de résidence de l’amie. […] Ainsi en tout lieu, en toute rencontre, il était coutumier de faire, avec une attache à l’idée, avec un oubli de lui-même qui devenait merveille.
« Ce n’est pas ici le lieu de parler de l’importance, de l’étendue, de la direction et de l’administration qu’entraîne cette œuvre gigantesque. […] Condamné à un éternel exil de Rome, il choisit Livourne pour lieu de son ostracisme dans l’espoir de rejoindre Pie VI à la Chartreuse de Florence, pour adoucir la captivité de ce pontife.
Draghicesco, qu’une simple forme réceptive, un lieu de passage et de concentration des influences émanées du milieu social. […] Poussé à un certain degré, il peut devenir destructif du lieu social.
Je me sentis délivré des liens de la pesanteur, et je retrouvai par le souvenir l’extraordinaire volupté qui circule dans les lieux hauts. […] Kastner, rangée chronologiquement, avec l’indication des sources, le lieu et la date où elles ont été imprimées, et un sommaire des sujets qu’elles traitent.
L’avocat discute un plan des lieux avec le brigadier, le prévenu retouche au plan. […] La bonté du vin, c’est le verre, l’instant, le lieu, la table où on le boit.
L’examen des opinions et des systèmes… En un mot le traité des lieux philosophiques (Loci philosophici) comme le théologien Melchior Canus a fait le traité des Lieux théologiques.
Chasseriau, il y a tout lieu d’espérer qu’il deviendra un peintre, et un peintre éminent. […] Papety avait néanmoins trouvé des poses heureuses et quelques motifs de composition ; et malgré sa couleur d’éventail, il y avait tout lieu d’espérer pour l’auteur un avenir sérieux.
Au lieu même de donner à son fils naturel un précepteur ordinaire et pris au hasard, comme tant de pères en usent avec un fils légitime qui doit porter leur nom, il engagea le célèbre Gassendi à se charger de l’instruire. […] Elle fut très-suivie et très-critiquée, comme le dit la gazette de Loret : Pièce qu’en plusieurs lieux on fronde, Mais où pourtant va tant de monde, Que jamais sujet important Pour le voir n’en attira tant.
Elle rappelle, en chaste épouse, le premier jour de ses noces : « À Ham (et ceci indique bien la France du Nord pour lieu de la scène), le premier jour d’avril, au temps de Pâques, il y eut dix ans qu’Ysengrin me prit. » Les noces furent belles et plénières ; toutes les bêtes y vinrent, et remplissaient tellement les fossés et les louvières qu’à peine eût-on pu trouver place « où une oie pût couver ».
Et il le comparait encore dans son ambition couverte aux rameurs qui, en se dirigeant à un but, ne regardent jamais le lieu où ils veulent aller.
J’aimerais aller m’installer pour cela sur les lieux mêmes où je voudrais trouver mes inspirations.
Et il y a lieu vraiment, il n’est que de faire attention et de savoir le lire.
Mais nous autres que la philosophie du Moyen Âge intéresse moins que ce qui y perce d’imagination gracieuse et d’éternelle sensibilité humaine, ce sera toujours à un point de vue plus réel et plus ému que nous nous plairons, au milieu de toutes les difficultés et des énigmes du voyage, à noter des endroits comme ceux-ci, où le poète, guidé par Béatrix dans les cercles du ciel, et approchant de la dernière béatitude, se montre ingénument suspendu à son regard, et nous la montre, elle, dans l’attitude de la vigilance et de la plus tendre maternité : Comme l’oiseau, au-dedans de son feuillage chéri, posé sur le nid de ses doux nouveau-nés, la nuit, quand toutes choses se dérobent ; qui, pour voir l’aspect des lieux désirés, et pour trouver la nourriture qu’il y va chercher pour les siens et qui le paiera de toutes ses peines, prévient le moment sur la branche entr’ouverte, et d’une ardente affection attend le soleil, regardant fixement jusqu’à ce que l’aube paraisse : ainsi ma dame se tenait droite et attentive, tournée vers l’horizon, etc., etc.
Gandar, qui est un adorateur d’Homère (et j’appelle adorateurs ceux qui le sont par un vœu tout spécial et par une pratique fidèle), lui qui a fait le pèlerinage d’Ithaque, qui a visité le port de Phorcys et la grotte des nymphes, qui a reconnu le lieu certain des étables d’Eumée, et déterminé l’endroit probable de la maison d’Ulysse7, M.
Sire, et j’ose dire votre gloire, ne vous permettent pas de prolonger davantage l’ignominieuse agonie d’un frère sur le trône d’Espagne, exposé, dans un lieu si élevé, aux risées de vos ennemis et à la déconsidération de ses amis… Toute entrave qui nuirait au but que doit se proposer tout prince honnête homme me rend la place que j’occupe insoutenable.
Dans quelques couplets du recueil de Maurepas, où on le chansonne, Turin aussi est indiqué comme le lieu de sa naissance.
On se devait à soi-même d’aimer en un lieu de renom.
Au second livre De l’orateur, cette même question des rapports de l’histoire avec le talent de la parole (« quantum munus sit oratoris historia ») est pareillement mise sur le tapis et discutée entre les interlocuteurs supposés, l’orateur Antoine et Catulus ; Antoine y indique très nettement les différences qui distinguent en propre le genre historique, — l’horreur du mensonge, la vérité des faits pour base, la description fidèle des événements, des lieux, l’exposé intelligent des entreprises, et un courant de récit plus égal, plus doux, épandu, naturel, exempt des violences et des secousses de l’action oratoire.
La Chênaie, « cette sorte d’oasis au milieu des steppes de la Bretagne », où, devant le château, s’étend un vaste jardin coupé par une terrasse plantée de tilleuls avec une toute petite chapelle au fond, était le lieu de retraite de M. de Lamennais, de M.
Genève est à la fois une retraite et un lieu de passage ; on y est curieux, et l’on y sait le prix du temps ; on s’y recueille, et l’on y voit tout défiler devant soi.
Guizot le ministre spécial qui se contenta assez longtemps de présider à l’Instruction publique, et le ministre politique qui prétendit à diriger l’intérieur et l’extérieur du pays, et qui remplit en dernier lieu (sauf accident final) sa fameuse période de sept années.
Le vieux poète joue aux fables avec le jeune enfant ; il lui en récite, il lui en emprunte, il en compose sur des sujets de son choix (le Chat et la Souris), et il se déclare d’avance battu et vaincu : « Il faut, lui dit-il en tête de son douzième livre qui lui est tout dédié, il faut, Monseigneur, que je me contente de travailler sous vos ordres ; l’envie de vous plaire me tiendra lieu d’une imagination que les ans ont affaiblie ; quand vous souhaiterez quelque fable, je la trouverai dans ce fonds-là. » Et aussi, en récompense, quand La Fontaine meurt, on trouve parmi les thèmes ou les versions du jeune prince un très joli morceau sur cette mort (in Fontani mortem), un centon tout formé de la fleur des réminiscences et des plus élégantes expressions antiques.
» Déjà bien las et bien épuisé de santé, et revenant du Tréport où il avait passé d’assez bonnes semaines : « Allons, disait-il à un ami, je me sens mieux, je suis content ; il faut décidément que je prenne un congé sérieux de deux ou trois mois ; je reviendrai en ce petit lieu, j’y apporterai un opéra que je finirai : il faut que je fasse cela avant ma mort. » Et sur ce qu’une de ses chères enfants présente se récriait sur ce mot : « Aimes-tu mieux, reprit-il, que je dise que je le ferai après ma mort ?
heureux qui l’invoque et le prie à chaque accident de la saison, qui compte sur lui seul comme aux jours de la manne dans le désert qui suit en fidèle ému, entre deux haies en fleur, la procession d’une Fête-Dieu champêtre, ou qui prend part avec foi et ferveur, le long des blés couchés ou desséchés, aux cantiques d’alarmes et aux pieux circuits des Rogations extraordinaires ; qui sait le chemin qui mène à la statue de la Vierge dressée au sommet du rocher ou logée au cœur du chêne antique où hantaient jadis les Fées ; qui ne méprise pas le Saint même du lieu et le miracle d’hier qu’on en raconte, toutes croyances et coutumes innocentes et charmantes, si, au lieu de devenir des affaires de parti, elles restaient ce qu’elles devraient être toujours, de touchantes religions locales et rurales !
Sans cesse tiraillé entre Paris et la province, l’auteur se raille de tous deux, et de la province comme de Paris ; il abuse même étrangement du nom de Gigondas, lequel lieu, des mieux habités, me dit-on, n’est pas celui de sa commune, et qui aurait droit de réclamer, pour être ainsi sans raison livré au ridicule ; mais enfin c’est à Paris qu’il en veut surtout, c’est Paris qu’il dénigre, contre lequel il a à exercer ses plus amères rancunes ; c’est à Paris qu’il disait tous les six mois en le quittant et en le menaçant du geste, comme Danton, ce grand auteur, ou comme le boudeur Jean-Jacques : Adieu, Paris, ville de fumée et de boue !
Aussi, quand Napoléon mort, il revient en Europe et qu’il s’y voit en tous lieux l’objet d’une répulsion instinctive, universelle, ne saurais-je admettre qu’on dise de lui d’un ton de compassion, « l’infortuné Hudson Lowe ».
On reprochait à Aristote d’avoir secouru un homme qui ne le méritait pas : « Ce n’est pas l’homme que j’ai secouru, répondit-il, c’est l’humanité souffrante. » L’imagination de Platon avait fait plus et semblait s’être portée spontanément au-devant du christianisme : on le voit, dans un de ses dialogues, se plaire à figurer en face du parfait hypocrite, honoré et triomphant, le modèle de l’homme juste, simple, généreux, qui veut être bon et non le paraître : « Dépouillons-le de tout, excepté de la justice, disait un des personnages du dialogue, et rendons le contraste parfait entre cet homme et l’autre : sans être jamais coupable, qu’il passe pour le plus scélérat des hommes ; que son attachement à la justice soit mis à l’épreuve de l’infamie et de ses plus cruelles conséquences et que jusqu’à la mort il marche d’un pas ferme, toujours vertueux, et paraissant toujours criminel… Le juste, tel que je l’ai représenté, sera fouetté, mis à la torture, chargé de fers ; on lui brûlera les yeux à la fin, après avoir souffert tous les maux, il sera mis en croix… » C’est une vraie curiosité que ce passage de Platon, et même, à le replacer en son lieu et à n’y chercher que ce qui y est, c’est-à-dire une supposition à l’appui d’un raisonnement, sans onction d’ailleurs et sans rien d’ému ni de particulièrement éloquent, ce n’est qu’une curiosité.
Que l’on me permette cependant de ne pas fuir l’illustre souvenir et de l’aborder même de front, résolument : sans prétendre établir aucun rapprochement en effet, il y a lieu de se rendre compte de la différence des temps, de celle des points de vue, et d’apprécier de nouveau et en tout respect, mais aussi en pleine connaissance de cause, la plus mémorable des œuvres qu’a laissées Bossuet après ses Oraisons funèbres.
Par la plaine et les monts, Sous les deux imprégnés d’une couleur orange, Il courait en tous lieux une harmonie étrange, De ces ranz inconnus et doux que nous aimons.
Une réaction tardive s’opérait en haut lieu : avec l’effet naturel du temps, il n’est pas défendu d’y deviner (me trompé-je ?)
Toutes les sciences incertaines et dont les principes peuvent varier selon les circonstances de lieu, de temps, ont ainsi des mots pour généraliser au besoin, d’une manière indécise, quelque chose d’indéterminé.
Les unités, songions-nous dans l’intervalle des actes, même celles qui semblent les plus insignifiantes, l’unité de lieu, étaient donc bonnes parfois à quelque chose.
Cette commission lui est accordée gratuitement, pour maintenir le droit ; « d’ailleurs il serait impossible de rencontrer sur le lieu une personne intelligente pour la remplir ».
Les troubles civils tireront de lui une manifestation originale et considérable, les Discours, dont nous parlerons en leur lieu ; auprès des contemporains, ils ont plus nui que servi à sa gloire, en lui aliénant les protestants.
. — Il y aurait lieu d’examiner dans quelle mesure l’authenticité du Traité de la Réformat ou de la justice doit être suspectée : j’y trouve deux pages bien étonnantes de divination sur les conséquences que les abus sociaux doivent nécessairement amener, et je doute qu’une créature des Seguier ait pu écrire de telles choses au xviic siècle.
Mais il y a pourtant grande différence entre les résolutions qui procèdent de quelque fausse opinion et celles qui ne sont appuyées que sur la connaissance de la vérité : d’autant que, si on suit ces dernières, on est assuré de n’en avoir jamais de regret ni de repentir, au lieu qu’on en a toujours d’avoir suivi les premières lorsqu’on en découvre l’erreur295. » En un mot, « la volonté est tellement libre qu’elle ne peut jamais être contrainte… ; et ceux même qui ont les plus faibles âmes pourraient acquérir un empire très absolu sur leurs passions, si l’on employait assez d’industrie à les dresser et à les conduire ».
Elle n’embrasse pas, n’étreint pas pour de bon, a des gestes relativement modérés qui, par convention, tiennent lieu d’une mimique plus échauffée.
La véhémence de ses affirmations n’est jamais pédantesque, au lieu que souvent la modération étudiée de tel critique sage et pondéré sue la pédanterie.
Et, en même temps, il nous a montré un scélérat si élégant, d’une pâleur si distinguée dans son costume noir, si spécial par l’ironie sacrilège qu’il mêle à ses discours, que, si Elmire lui résiste, ce ne peut plus être chez elle dégoût et répugnance, et que, vraiment, en supposant cette jeune femme un rien curieuse, et de tempérament moins paisible, on aurait presque lieu de trembler pour elle… Oh !
Mais pour des comédiens français, la nature les fait en dormant : elle les forme de la même pâte que les perroquets, qui ne disent que ce qu’on leur apprend par cœur : au lieu qu’un Italien tire tout de son propre fonds, n’emprunte l’esprit de personne pour parler ; semblables à ces rossignols éloquents, qui varient leurs ramages suivant leurs différents caprices.
Chez les Malais, les Javanais et dans la presqu’île de Malacca, ce sont des pronoms ou particules indéclinables qui tiennent lieu du verbe être.
Je dirai, avant tout, qu’autant je trouverais inconvenant et irréfléchi qu’un romancier mît le pied dans Port-Royal, ce lieu de vérité et de sérieuse grandeur, autant il lui est permis peut-être de se glisser dans la maison de Toulouse qui s’intitulait la congrégation des Filles de l’Enfance, et qui n’offre pas les mêmes caractères de vertu et d’austérité.
Il est dit, dans une bulle datée du 17 janvier 1536, qu’il lui est permis d’exercer en tous lieux l’art de la médecine, à titre gratuit toutefois, et jusqu’à l’application du fer et du feu exclusivement ; ces sortes d’opérations étaient interdites aux prêtres.
Dargaud a fait, à sa manière, bien des recherches touchant l’héroïne de son choix : il a fait exprès le voyage d’Angleterre et d’Écosse, visitant en pèlerin tous les lieux, théâtre des séjours de Marie Stuart et de ses diverses captivités.
Il y a lieu de peindre, dans un temps, tout ce qui a vécu, brillé, fleuri à son heure ; ayez seulement la couleur du sujet et le rayon.
Il n’est personne, parmi les romanciers, qui connaisse mieux Paris dans ses banlieues, ses quartiers excentriques, ses lieux de plaisir et de travail, dans ses aspects changeants de toutes heures, qui sache mieux les intérieurs divers des myriades de maisons parmi lesquelles serpentent ou s’alignent ses rues, qui porte mieux enregistrés dans son cerveau, les physionomies, la démarche, la tournure, les gestes, la voix, le parler, de ses catégories superposées d’habitants.
Joad, traversant le théâtre pour venir au-devant d’Abner, doit parler, doit avoir parlé pour qu’on lui réponde « oui », et, ne provoquant ce « oui » que par un geste, est un peu étrange et il semble avoir une extinction de voix ; ou semble être étourdi par la surprise et il n’y a vraiment pas lieu.
Voilà ce que signifie pour nous ce verger plein d’ombelles, ce pluriel qui étend, élargit, amplifie la pensée du poète, en évoquant, non pas seulement une simple fleurette, une simple ombellifère, ce qu’eut réalisé ombelle au singulier, mais bien l’ensemble d’une flore agreste, éclose en même temps, d’une flore s’enchevêtrant, s’enlaçant, croissant en liberté sous les arbres à fruits du lieu que les latins qualifiaient joliment de viridarium, cet enclos charmant, si insuffisamment dénommé : verger.
En dernier lieu vient l’idée de l’immortalité de l’âme, et, pour calmer les incertitudes que laisse cette croyance, la résignation confiante aux mains d’un Dieu juste et bon.
Cette forme admirable de l’imagination, l’enthousiasme mêlé au récit, la brièveté tout à la fois dans le sublime et dans le pathétique, la poésie passant comme un météore sur un lieu, sur un nom qu’elle illustre à jamais, cette ambition ne pouvait manquer dans les rares et studieux efforts du poëte anglais.
L’unité de lieu me semblait triste comme une prison, les unités d’action et de temps m’apparurent comme de pesantes chaînes mises à notre imagination. […] Les livres ne furent cependant pas les seuls éducateurs de Goethe ; c’est au lieu même de son séjour qu’il dut la révélation d’un monde aussi nouveau pour lui que celui de Shakespeare. […] Car il est triste de se trouver dans un lieu où toute notre activité doit se dévorer elle-même… » En six semaines, il rédigea la première version de son œuvre — qui demeure peut-être bien supérieure à ses autres remaniements. […] Il courut revoir les lieux bienveillants où il s’entretenait avec le jeune amoureux. « Le seuil sur lequel les enfants du voisin avaient joué tant de fois était souillé de sang. […] Partout où Goethe avait passé jusqu’alors, il avait formé quelque liaison nouvelle : l’amour était indispensable à sa vie ; mais il le concevait, semble-t-il, comme dépendant des lieux où il naissait, et complétant leur harmonie.
Ce n’était donc pas en 1815 qu’il y avait lieu d’espérer beaucoup qu’elle laissât rompre par une France exsangue, après avoir vaincu une première fois et être restée formidablement organisée, le faisceau de ses volontés implacables. […] Qu’on l’élargisse. » C’est beaucoup d’esprit en une minute et en pareil lieu. […] D’une part, aux ducs et aux princes de la nouvelle noblesse, en donnait des noms de lieux, des noms de victoires ou de villes conquises. […] Mais les faibles, qui ont conscience de leur devoir, qui est de ne pas exister, se suppriment eux-mêmes qui par le réchaud, qui par le revolver, qui par la précipitation d’un lieu élevé. […] Il eût peut-être hanté le faubourg Saint-Antoine et le faubourg Saint-Marceau, mais non pas le lieu où régnait Mme de Buffon.
…………………………………………………………………………………………… Au lieu du vieux prêtre attendu, c’était Monseigneur qui entrait, Monseigneur en rochet de dentelle, ayant l’étole violette et portant le vaisseau d’argent, où se trouvaient l’huile des infirmes, bénite par lui-même le jeudi saint. […] » Étrangement surpris de l’ingrate mémoire de ce joyeux quidam en habit indigo, je lui tournai les talons et m’acheminai vers la toiture qu’il m’avait désignée et sous laquelle je fus on ne peut mieux accueilli par un vieillard des plus amènes, ex-rédacteur des Débats, où Jules Janin l’avait casé jadis, et de qui je regrette fort d’avoir égaré la carte qu’il me remit là. « Monsieur, ou plutôt, si vous permettez que je vous appelle ainsi, mon cher confrère, êtes-vous bien sûr, bourdonna-t-il après que nous eûmes échangé quelques paroles relatives à l’objet de ma demande, êtes-vous bien sûr que le magicien ès lettres (il connaissait évidemment la dédicace de mon maître à cet autre maître, Théophile Gautier) ait été inhumé dans ce lieu ? […] Afin qu’on pût juger les pas que nous faisions Elle fixait le point d’où nos pères partirent ; Elle indiquait le lieu d’où les flots se retirent Et rattachait aux jours nouveaux les jours anciens : Après les grands soldats, place aux grands citoyens ! […] Sur la dalle, au lieu du cadavre troué par le scalpel, est couché un homme chaud et palpitant de passion, livrant les secrets de son être par chacun de ses gestes et chacune de ses paroles. » Ce brevet, précieux aujourd’hui, est signé Émile Zola et a paru dans le Figaro en 1866 ; on voit que M. […] si j’oubliais la souffrance, Sentirais-je ma délivrance Et l’aménité de ces lieux ?
Faudra-t-il mourir sans avoir vu quelque nouveau Cromwell, suscité de Dieu qu’ils nient ou qu’ils blasphèment, entrer dans un de ces lieux de malheur qu’ils appellent clubs, et comme le premier Cromwell leur dire : « Allons, votre heure est venue, finissez cet odieux bavardage, sortez ! […] Jugeant donc l’occasion bonne, je descendis à son banc comme au lieu le plus commode pour me donner audience. […] Pour Garsonnet je prie le lecteur de concilier, s’il le peut, avec les conditions qui font l’écrivain solide et fécond, l’aimable portrait que trace Bersot de « cet homme d’esprit, ce causeur charmant, toujours prêt, toujours de bonne humeur, railleur et même très plaisant, fréquentant les théâtres et tous les lieux où il se faisait de bonne musique, dont il jouissait avec délices ; possédant par cœur, opéras, sonates, symphonies, très répandu dans les relations de société ». […] Au lieu donc du mot décourageant, ce que j’entendis, ce fut, une demi-heure durant, un monologue admirable. […] Comment lui dire, sans l’effrayer, qu’après quarante-huit heures nous ne sommes plus en sûreté à Paris, et qu’à peine arrivés il nous faut reprendre la route de notre lieu de retraite, devenu un lieu de refuge ?
Dans la salle à mander de ma maison familiale — qui me paraissait alors un lieu immense — j’étais, depuis un moment sans doute, engourdi et tranquille sous l’influence de l’obscurité envahissante. […] Le sonneur a conduit, après bien des détours, le voyageur dans un lieu très sombre, une sorte de caveau obscur. […] À la clarté de la lampe, je les entrevoyais confusément à travers ce brouillard qui remplit les lieux bas et ténébreux. […] Jusqu’en ces derniers temps, c’était leur principal lieu de rendez-vous. […] Chacun se casera non pas selon ce qu’on aura dit de lui, mais selon ce qu’il aura fait, et, moins on se sera occupé des œuvres des autres, plus on aura de chances d’être en bon lieu, ayant eu plus de temps pour s’occuper de son œuvre à soi.
Comme on a bien raison de le dire, que ces plaines et ces montagnes du temps sont comme les plaines et les montagnes du lieu, aussi incertaines, aussi trompeuses. […] C’est aussi une question de la destination temporelle des temps et des lieux. […] Ou plutôt il y a deux lieux d’où la considérer. Les chrétiens la considèrent généralement du côté de l’éternel, du lieu de l’éternel, venant de l’éternel, se plaçant de l’éternel, (et mon Dieu c’est bien un peu leur office). […] Aujourd’hui, par un événement historique et politique qu’il y aurait lieu d’approfondir, par un événement réel et littéraire la position de ces trois termes a changé, la liaison a changé.
Les lieux où nous vivons ont avec notre âme d’intimes correspondances. […] C’était celles-là et celles-là seulement qu’il y avait lieu de dénoncer. […] N’y avait-il pas lieu d’apporter enfin à notre âme un peu de consolation et de rafraîchissement ? […] Ce n’est pas ici le lieu de l’examiner. […] Le temps ni le lieu ne sont fixés.
Ç’a été notre refuge après la mort de notre mère, notre refuge après la mort de la vieille Rose, ç’a été le lieu de nos vacances de chaque été, après le travail de l’hiver, après le volume publié au printemps. […] C’est chez lui une série d’affaires extraordinaires, toujours faites dans ces proportions : un jour l’achat de toutes les démolitions de Versailles ; un autre jour l’envoi en Chine de 100 000 systèmes de lieux à l’anglaise. […] On s’arrête à cette phrase : « La condamnation sera exécutée, séance tenante, par le piquet commandé pour garder le lieu de la séance. » Et on songe avec un petit frisson qu’on entre dans le dramatique et le sommaire du siège. […] Des lieux éloignés lui paraissent tout proches, et la blanche église de Saint-Cloud semble couronner Boulogne. […] Peut-être à la rareté des garçons, à cette lecture éternelle du même journal, à ces groupes qui se forment au milieu du café, et causent de ce qu’ils savent, comme on cause des choses de la ville dans une petite ville, enfin à cet enracinement hébété, en ce lieu, où autrefois posaient, avec la légèreté d’oiseaux de passage, des gens distraits par de légères pensées, et qu’attendaient, dehors, le plaisir et les mille distractions de Paris.
Il dit souvent qu’il écrit pour ceux qui n’ont pas de bibliothèque et pour leur en tenir lieu. […] Le théâtre lui était donc un lieu favorable en somme, où ses dons avaient leur emploi, ses lacunes leur excuse, ses mauvais penchants leur correctif ; et où il pouvait donner une note toute nouvelle, ce qu’il a d’original s’accommodant bien à la scène, et ce qu’il a de commun ne pouvant guère y trouver place. […] Il a considéré des âmes humaines parfaitement en dehors de quelque temps et de quelque lieu que ce fût, mais qui étaient bien des âmes humaines, et qu’il regardait de très près. […] J’ai un goût pour l’étude des sentiments humains en eux-mêmes, et ce goût ne s’accommode guère du souci de la couleur des temps et des lieux. […] Dans La Bruyère il y a, comme dit Voltaire, « des choses qui sont de tous les temps et de tous les lieux » ; c’est-à-dire que, ne peignant que ce qu’il voyait, La Bruyère a pénétré assez avant pour trouver le fond commun, la nature humaine permanente, et pour nous la montrer dans une vive lumière.
— Si nous sommes unis, peu m’importe en quel lieu ! […] En vain l’ermite qui veille aux abords de ces lieux terribles l’avertit des périls et des illusions auxquels le chevalier va s’offrir. […] — Vivons dans ces beaux lieux. […] Il y a lieu d’insister, parce qu’il y a vingt rimeurs à la suite, empressés d’admettre et de propager cette doctrine. […] Cette étude a été faite déjà plusieurs fois par les juges les plus autorisés, et nous n’estimons pas qu’il y ait lieu d’y revenir.
Comptez là-dessus, madame, quel que soit mon sort et quelque lieu que j’habite. […] La publication de ces articles sur Mme de Verdelin m’a valu d’intéressantes communications de son arrière-petit-neveu, le comte Anatole de Bremond d’Ars, ancien sous-préfet de Quimperlé : c’est de lui que j’ai appris la date et le lieu de la mort ainsi que d’autres circonstances bonnes à noter et qui, pour peu qu’on le voulût, permettraient de joindre au portrait une Notice biographique.
Mais sans y viser directement et à brève échéance, des comitards d’un autre lieu ont bien imprudemment provoqué ce que vous appelez une guerre. […] Paul Je ne pense pas qu’un de ces lieux de rendez-vous exclue nécessairement l’autre.
Vers le milieu du siècle, le mari et la femme logeaient dans le même hôtel ; mais c’était tout. « Jamais ils ne se voyaient, jamais on ne les rencontrait dans la même voiture, jamais on ne les trouvait dans la même maison, ni, à plus forte raison, réunis dans un lieu public. » Un sentiment profond eût semblé bizarre et même « ridicule », en tout cas inconvenant : il eût choqué comme un a parte sérieux dans le courant général de la conversation légère. […] En pareil lieu et en pareille compagnie, il suffit d’être ensemble pour être bien.
des effets grossiers, sensuels, des enthousiasmes de populace, au lieu des extases de véritables amateurs d’élite. […] Qui m’empêche de visiter encore une fois le lieu de cette singulière aventure ?
Ma mémoire des lieux, qui est étonnante et cruelle à la fois, ne m’avait pas laissé oublier une seule pierre. […] Quel lieu pour mettre en paix l’ambition et contempler les vanités de la vie et de la terre !
Le voisinage malfaisant de ces hommes de proie est la seule ombre de ces oasis de la pauvreté honnête ; immondice morale qui attriste un peu la sérénité de ces lieux. […] J’aime mieux l’innocence que le pouvoir ; je me suis repenti souvent de m’être mêlé des affaires des hommes, mais jamais de leur avoir donné le bon exemple de l’abnégation et de l’humiliation volontaire au lieu du crime.
Nul lieu au monde ne me plaît comme le chez moi. […] Ce voyage m’amuse peu ; je n’aime pas à m’en aller, à changer de lieu, ni de ciel, ni de vie, et tout cela change en voyage.
Si, au lieu du néant absolu, nous considérons la réalité, il est contradictoire d’admettre des principes identiques produisant en un même instant des conséquences opposées, mais il ne semble plus contradictoire d’admettre que des principes identiques, en deux instants différents, soient suivis de conséquences différentes ; car, alors, nous ne considérons plus les choses dans le même temps. […] Maintenant, quand nous parlons des mêmes effets produits par les mêmes causes, en des instants ou lieux indifféremment différents, nous supposons une identité tout imaginaire des effets.
Ce que je loue avant tout, c’est cette tentative de poser dès le début de la vie la première assise d’un travail dont l’architecture est sue dès aujourd’hui de vous, et de ne point produire au hasard… Il y a lieu de s’intéresser énormément à votre effort d’orchestration écrite. »14 Cette révolutionnaire Introduction démontrait donc la nécessité pour la poésie de partir désormais des données de la Science, et de s’émouvoir des idées modernes. […] Et nous voulons, à l’heure des Synthèses dernières, aux derniers livres, un chant pour les lèvres intellectuelles de l’Homme : qu’il se sente avec nous, devenir le lieu où va à se créer sa conscience émue, l’Unité du monde !
… J’ai été dîner chez lui… Je me suis assise sur la chaise où avait passé Mme ***… Du reste, je lui ai dit chez lui : « Mais votre maison est une maison de coquines, un mauvais lieu, et j’y suis venue pour vous… » Oh ! […] Le prince Napoléon dîne ce soir… Il est en veine d’amabilité, il cause avec une mémoire ethnographique merveilleuse, se rappelant les noms et la physionomie de tous les lieux par lesquels il vient de passer, et déclare qu’il n’a plus qu’un seul plaisir au monde : c’est le voyage.
Ainsi : Seguin les paysannes de Trégunc, les silhouettes de danseurs de gavotte et joueurs de biniou, les hauts, arbres fusées et lombrics de la route de Clohars ; — O’Conor les modèles suggérés, à l’heure de la sieste, par les passants locaux de la place triangulaire, dédain un peu du choix, par croyance que le peintre, hors du temps, n’a que faire du lieu et de l’espace ; — Filiger les Bretons résignés, ovale presque losange, encadrés aux portes de verdure des fermes et des noces, faits pour le supplice dont ils ne bougeront pas, qui donc ne fanera pas ces lépidoptères (je les trouverais bien plus beaux crucifiés — et qui sait ? […] L’écriteau apporté selon les changements de lieu évite le rappel périodique au non-esprit par le changement des décors matériels, que l’on perçoit surtout à l’instant de leur différence.
Il est très vrai que, lus de suite, sans avertissement, sans qu’on se dise l’âge, le lieu, les circonstances dans lesquelles ils ont été composés, quelques-uns de ces discours de Bossuet peuvent rebuter ou surprendre des esprits qui aiment à s’appuyer sur la continuité plus égale et plus exacte de Bourdaloue et de Massillon.
Guidé par lui, nous retrouvons cette péroraison de Bourdaloue, et, en la remettant en son lieu et à sa date, nous en comprenons en effet le touchant et l’onction : Mais encore une fois, ô mon Dieu !
À cette date de 1588 où la Ligue faisait sa levée de boucliers, et où les dissensions religieuses et civiles recommençaient avec fureur, Charron cherchait-il simplement un abri, un lieu d’isolement et d’asile, même au prix de sa liberté extérieure, et en l’achetant par des austérités rigoureuses ?
[NdA] Dans un lieu où les développements seraient permis, il y aurait à citer au long et à mettre en regard les passages de ces divers auteurs ; c’est ce qu’il me fut permis de faire un jour dans une de mes leçons à l’École normale et à propos de ces idées de Charron sur la convenance qu’il y a pour les mères d’allaiter elles-mêmes leurs enfants ; ayant produit le plaidoyer de Favorin, je disais à mes jeunes et studieux auditeurs : « Je cherche à établir dans vos esprits une filiation naturelle.
Je fus étonné qu’un homme nourri toute sa vie entre les bras de la Fortune sût tous les secrets de la philosophie, et que vous eussiez acquis de la sagesse en un lieu où tous les hommes la perdent.
La mort du cardinal de Tencin, en mars 1758, vient priver d’un canal commode et sûr, dans le cas où il y aurait eu lieu de nouveau à l’employer.
Dernièrement la lampe s’était éteinte parce que j’en avais répandu la moitié : je ne savais où étaient les fenêtres, que je n’avais point vues ouvertes parce que nous étions arrivés de nuit dans ce lieu-là ; je pensai me casser le nez contre la muraille, et nous fûmes, le roi d’Espagne et moi, près d’un quart d’heure à nous heurter en le cherchant.
Ainsi l’utilité s’accordait avec la sainteté, le ciel et la terre y trouvaient leur compte, ce premier d’Ormesson, homme de tant de sens, et de mérite, eut dès lors, par le crédit de M. de Morvilliers, de grands emplois, toujours dans les finances, une commission extraordinaire et de confiance, qui dura deux ans ; en dernier lieu, il était trésorier général de Picardie, charge qu’il avait achetée du précédent trésorier, M. le général Molé (comme on disait alors par abréviation).
Mme Elliott l’a instinctivement en horreur et nous le dénonce comme le mauvais génie du lieu.
Mais bientôt, jusque dans le Lamennais de ce temps-là, nous allons retrouver celui que nous avons connu en dernier lieu, le même caractère exactement, la même âme, une âme excessive, inquiète, haletante, appelant sans cesse et repoussant le repos, enviant la mort etactivant la vie, se croyant une mission d’en haut, unevocation, et tenu d’y obéir : car qui a résisté à Dieu et a eu la paix ?
Ce n’est pas ici le lieu de la peindre.
. — La vieillesse est comme ces trois derniers livres de la Sibylle ; les six autres livres n’étant plus là, ce qui reste en tient lieu et mérite d’être payé autant que tous les autres. — La vieillesse est « le dernier mot de la vérité sur cette terre.
Au contraire, le voyage d’Aranjuez, dans le cas présent, n’était qu’un extra, une envie particulière du roi, embarrassante pour les ministres qui ne savaient comment y pourvoir ; « Ils parurent néanmoins en faire les préparatifs ; ils en flattèrent le roi, et tandis qu’ils l’amusaient par ces apparences, ils surent faire naître des difficultés qui rompirent insensiblement le voyage, tantôt à cause des méchants chemins, tantôt pour le mauvais air de ce lieu après les pluies qui étaient survenues.
Et ce serait, au nom des doctrines qui ont leur racine dans la parole de vie prêchée en tous lieux, qu’un examen, non des doctrines mêmes, mais des monuments et des textes, ne pourrait être scientifiquement entrepris et traité par la parole !
Ce rat faisait beaucoup souffrir le délicat et harmonieux poète ; il ne ressemblait pas à son grand-père, qui avait intenté un procès à un peintre lequel, en peignant les vitres de la maison, s’était avisé d’y mettre, au lieu du rat, un sanglier.
Vous sortez dilettante et non pas chrétien. » Belle et très-belle page, qui tiendrait son rang en tout lieu et en toute compagnie !
Lui, pour se refaire historien et narrateur à ce nouveau point de vue, il a dû commencer par être surtout un divinateur délicat et tendre, un poète s’inspirant de l’esprit des lieux et des temps, un peintre sachant lire dans les lignes de l’horizon, dans les moindres vestiges laissés aux flancs des collines, et habile tout d’abord à évoquer le génie de la contrée et des paysages.
Son talent semble créé tout exprès pour décrire les lieux, les cités, les monuments, les tableaux, les ciels divers et les paysages.
Aussi le répéterai-je encore, il vit pour le mieux en dehors des liens, exempt et affranchi de ce qu’entraînent à leur suite les relations de famille, les devoirs de société, les convenances publiques et oratoires : dès qu’on entre dans cet ordre mixte, le point de vue change ; il y a lieu de payer tribut, plus ou moins, au décorum de l’humanité, à ses désirs, à ses préjugés et à ses conventions honorables, aux bienfaits immédiats et à l’utilité pratique qui en découlent.
La raison qu’il en donne est que « Bourges est bien l’endroit le plus triste, le plus monotone et le plus ennuyeux du royaume », et que le roi, ne devant être suivi que des gens graves de sa Cour, se trouvera là en parfaite harmonie avec les lieux : dans ce séjour d’ennui choisi tout exprès, il pourra se livrer sans distraction et sans partage à l’œuvre immense de réparation qui pèse sur ses bras : « Milton, ajoute-t-il, si médiocre dans les écrits qu’il a faits pendant qu’il jouissait de la vue, devint sublime et fit son Paradis perdu, dès que, devenu aveugle, il ne fut plus distrait de ses inspirations et de ses méditations.
Hippocrate l’avait pressenti, dès l’antiquité, dans son traité des Airs, des Eaux et des Lieux ; aux Anciens la vue et le pressentiment dans sa largeur : aux Modernes le détail, l’exactitude et la preuve.
Abandonné dans ses mœurs, perdu de fortune, n’ayant plus ni feu, ni lieu, ce fut pour lui et pour son talent une inestimable ressource que de se trouver maintenu, sous les auspices d’une femme aimable, au sein d’une société spirituelle et de bon goût, avec toutes les douceurs de l’aisance.
Zola place en troisième lieu l’observation directe.
Il réimprima ses deux premiers livres, expurgés de mots mal sonnants, tels que sorbonistes, sorbonagres, sorbonicoles : il biffa même le reproche de « choppiner » volontiers, qu’il adressait en quelques lieux aux théologiens.
Parfois, au lieu des images banales du répertoire commun, la nature originale de l’individu éclate.
A vingt-sept ans, Pierre Loti, qui a rêvé sur tous les océans et visité tous les lieux de joie de l’univers, écrit tranquillement, entre autres jolies choses, à son ami William Brown : … Croyez-moi, mon pauvre ami, le temps et la débauche sont deux grands remèdes… Il n’y a pas de Dieu ; il n’y a pas de morale ; rien n’existe de tout ce qu’on nous a enseigné à respecter ; il y a une vie qui passe, à laquelle il est logique de demander le plus de jouissances possible en attendant l’épouvante finale qui est la mort… Je vais vous ouvrir mon cœur, vous faire ma profession de foi : j’ai pour règle de conduite de faire toujours ce qui me plaît, en dépit de toute moralité, de toute convention sociale.
Ils ne connaissent point le passé, ou ils le connaissent encore plus mal que les clercs ; ils pensent dans un lieu et dans un temps, avec une raison qui n’a pas de traditions qui ne sait pas qu’elle est la raison universelle.
Le goût pour l’alcool, l’habitation dans des logements malsains, l’activité physique et mentale prolongée à travers la nuit, l’entassement dans les théâtres et les lieux de réunions, la gourmandise exagérée, tant de pratiques qui flattent nos goûts et nuisent à l’équilibre du corps et de l’esprit, montrent assez que nos instincts n’ont pu se plier à notre situation nouvelle.
Je parle de ce genre de brasseries aujourd’hui à peu près disparues, véritables lieux de perdition, qu’on vit s’établir et pulluler, dans Paris, au lendemain de 1870, soi-disant à l’imitation des brasseries alsaciennes, mais desservies par d’étranges « Kellnerinnen » et où certains voyaient la main de l’Allemagne, préoccupée de noirs dessins et d’assurer sa domination future, en préparant la corruption et l’énervement de la jeunesse française.
Nous nous y plaisions car le lieu était frais et solitaire, avant que le corbillard de Verlaine, menant à sa suite une horde étrange, n’y soulevât l’amère poussière des réclames.
Les temples de cette doctrine, ce sont les écoles, non pas, comme aujourd’hui, enfantines, étriquées, scolastiques, mais, comme dans l’antiquité, des lieux de loisir (scholae) où les hommes se réunissent pour prendre ensemble l’aliment suprasensible.
Le romantisme avait excité dans une quantité d’âmes une fièvre intense de voir du nouveau, de changer de vie en changeant de lieu, de se mettre en quête par le monde de sensations artistiques et imprévues.
Elle est l’éternelle affirmation du génie toujours mobile de l’homme, de ses recherches d’un idéal que modifient les temps et les lieux, mais qui, sous ses formes changeantes, demeure cependant l’idéal.
Le 15 janvier 1674, elle dit à sa fille : « J’allai donc samedi dîner chez M. de Pomponne, comme je vous avais dit, et puis jusqu’à cinq heures, il fut enchanté, enlevé, transporté de la perfection des vers de la Poétique de Despréaux. » Il y a lieu de croire que Boileau et madame de Sévigné ne s’évitaient pas, puisqu’ils se trouvaient ensemble aux lectures de celui-ci.
Il arrive même à ce beau converti de voler dans les lieux saints.
Commynes se tint tout ce jour avec lui, « ayant moins de crainte, dit-il, qu’il n’en eut jamais en lieu où il se trouvât depuis » ; et il en donne la raison, de peur qu’on ne s’y méprenne : c’est qu’il était jeune et n’avait nulle connaissance du péril.
Il est à croire qu’aux diverses époques, et dans ces lieux différents, Pariset ne professa point tout à fait, dans la même rigueur, les mêmes idées dont la source première remontait à la société d’Auteuil et à Cabanis.
Dans une des lettres nouvelles, on le voit, après un voyage en Nivernais, qui a été des plus fatigants, arriver à une terre appelée les Bordes ; il faut entendre comme il en décrit les délices : « On y mange quatre fois par jour ; on y dort vingt heures, et il n’y a pas de lit que le Sommeil n’ait fait de ses propres mains. » Et il entre alors dans tous les détails sur les avantages du lieu, et sur certains agréments de garde-robe qu’il décrit au long à sa belle-sœur avec un enthousiasme, avec une sorte de verve lyrique que je me garderai de citer ; nous sommes devenus trop petite bouche pour cela.
Au chapitre sur les météores et les principaux souffles des vents, il faut l’entendre parler des anciens observateurs grecs et de leur supériorité relative : Mon étonnement est extrême, dit-il, quand je vois que dans le monde, autrefois si plein de discordes et divisé en royaumes comme en autant de membres, un aussi grand nombre d’hommes s’est livré à la recherche de choses si difficiles à trouver, et cela sans en être empêchés par les guerres, par les hospitalités infidèles, par les pirates ennemis de tous, et interceptant presque les passages ; et cela avec un tel succès, que, pour des lieux où ils ne sont jamais allés, on en apprend plus sur certains points, à faire de leurs livres, que par toutes les connaissances des habitants.
En entendant ces deux vers : Elles veulent écrire et devenir auteurs…, Et céans, beaucoup plus qu’en aucun lieu du monde, tout le public, dit-on, se prit à applaudir en la regardant.
Fils unique, il avait, bien jeune, perdu sa mère : son père lui en tint lieu, surveilla son enfance et suivit ses études avec une sollicitude éclairée.
Il ne lui restait plus, s’il voulait encore parler au public, qu’à sortir du continent, car il n’y avait plus un lieu où il pût imprimer en sûreté une ligne contre le Directoire : Je n’ai été toléré ici, écrivait-il de Fribourg-en-Brisgau à l’abbé de Pradt, que sous la promesse d’y garder le silence.
Pendant la journée, Fouquet reçut un petit billet de son amie Mme Du Plessis-Bellière, qui lui apprenait le projet qu’avait eu le roi de le faire arrêter sur les lieux mêmes et séance tenante.
En dernier lieu, faites varier la fonction, le type persiste.
On avait tout lieu d’espérer qu’il tournerait bien. […] Que d’émotions poignantes, que d’aventures, que de lieux, que de visages nous avons oubliés ! […] Lavisse exprimait un jour ce souhait : « Si je savais un lieu où les jeunes gens se réunissent, j’irais, car j’ai bien des choses à leur dire. […] Je me souviens des pieux auditoires de jadis pour qui l’office était cela vraiment : une fête, et l’église l’unique lieu de récréation… 26 décembre. […] Lieu commun sur l’invention.
Telle est non point la caricature et la contrefaçon des méthodes historiques modernes, mais leur mode même, leur schème, l’arrière-pensée de ceux qui les ont introduites avant nous, de ceux qui les pratiquent parmi nous ; assistez à une soutenance de thèse historique ; la plupart des reproches que le jury adresse au candidat reviennent à ceci : que le candidat n’a point épuisé toute l’indéfinité, toute l’infinité du détail ; je ne dis pas que les membres du jury l’épuisent dans leurs propres travaux ; mais ce que je dis, si vous assistez à une soutenance de thèse et que vous entendiez bien, que vous interprétiez les critiques du jury, c’est qu’elles reviennent généralement à cela ; il faut avoir épuisé l’infinité du détail pour arriver au sujet ; et dans le sujet même il faut, par multipartition, avoir épuisé une infinité d’infinité du détail ; la manière dont on traite le sujet, quand on est parvenu au sujet, revient en effet à le traiter lui-même comme un chemin, comme un parcours, comme un lieu de passage indéfiniment détaillé, comme un circuit lui-même, à faire en définitive comme s’il n’était pas le sujet, à faire qu’il ne soit pas le sujet. […] « J’irai plus loin que vous, et je réclamerai au centre de l’univers un immotum quid, un lieu des idées, comme le voulait Malebranche. […] Son œuvre nous tient lieu des expériences personnelles et sensibles qui seules peuvent imprimer en notre esprit le trait précis et la nuance exacte ; mais en même temps elle nous donne les larges idées d’ensemble qui ont fourni aux événements leur unité, leur sens et leur support.
Ce n’est pas ici le lieu d’analyser un sujet aussi vaste ; nous avons voulu montrer que la formation des réserves est non seulement la loi générale de toutes les formes de la vie, mais qu’elle constitue encore un mécanisme actif et indispensable au maintien de la vie constante et libre, indépendante des variations du milieu cosmique ambiant. […] Ce qui est curieux, c’est que le foie, qui chez l’adulte sera le lieu d’élection de la formation glycogénique, ne contient encore aucune trace de cette substance.
Falstaff est un pilier de mauvais lieu, jureur, joueur, batteur de pavés, vrai sac à vin, ignoble à faire plaisir. […] Si Racine ou Corneille avaient fait une psychologie, ils auraient dit avec Descartes : L’homme est une âme incorporelle, servie par des organes, douée de raison et de volonté, habitant des palais ou des portiques, faite pour la conversation et la société, dont l’action harmonieuse et idéale se développe par des discours et des répliques dans un monde construit par la logique en dehors du temps et du lieu. […] Le lieu ajoute à l’illusion et au charme. […] Quel lieu mieux choisi pour la comédie de sentiment et pour la fantaisie du cœur !
Pour les bien juger, voyez-les l’un et l’autre dans le dernier asile des vivants et des morts, jusqu’alors respecté par les poètes dramatiques ; voyez-les, ces chevaliers errants de la fantaisie, entrer dans le cimetière, un lieu sacré, que Molière et Shakespeare ont envahi par droit de conquête et par droit de naissance. Chacun d’eux, Hamlet et don Juan, dans ce lieu respecté, se montre enfin à nous tel qu’il est. — Quand Hamlet pénètre dans le cimetière, il a perdu toute sa gaieté, et telle est la tristesse dont son âme est pleine, que la terre, cette belle création, lui semble un promontoire stérile : « l’homme ne lui plaît plus, ni la femme ». […] Ce drame de Don Juan manque d’unité, non pas cette unité de temps et de lieu dont il faut faire assez bon marché, ce me semble, mais cette unité de passion, de caractère, d’intérêt qui seule peut donner, dans une suite non interrompue de surprises, d’étonnements, de leçons, un seul et même enseignement, très actif, très varié, très compliqué. […] La fantaisie ne tient compte ni du temps, ni du lieu, ni des distances, ni des caractères ; elle va son chemin au hasard ; tantôt elle court à perdre haleine ; tantôt elle s’arrête sans dire pourquoi ; ou bien elle attend les événements sans rien faire, pour les tourner au drame et aux coups de théâtre.
Ou encore, et, ici, l’exception confirme la règle, cette faculté de se décomposer, les professeurs dans leurs jours lyriques, en font la vertu intrinsèque d’un temps, d’un lieu, de certains êtres. […] On les connaît vos écoles, vos lycées, vos lieux de plaisir et de souffrance. […] Classe, classeurs, classements, classifications, tout, dans ce temps et dans ce lieu, révèle, au sens le plus photographique du mot, cette mentalité bourgeoise qui veut que soient habillés de boiseries néo-Louis XVI, les coffres-forts. […] Rocher païen ou Eglise catholique, les lieux d’asile et de salut, vus de la mer ou de la rue, défient ceux que la mauvaise fortune, le désir d’aller plus loin, condamnèrent à chercher gouttes et brindilles de soi-même, écumes et bribes de sensations, vapeur et paillettes d’idées.
C’est au point qu’en des lieux très abondants en pierres tout arbre devient pierre, racines, tronc, branches, feuilles, fleurs et fruits. […] Les utopistes philosophiques n’ont retenu de ces deux paradis que le premier, et ils l’ont mis dans le futur au lieu du passé. […] Les utopistes ne procèdent pas de Condorcet, dont la doctrine ne peut être que féconde, malgré bien des points critiquables, par la confiance qu’elle inspire aux hommes dans leur propre destinée ; ils ont une lignée plus lointaine : ils descendent tout droit du seigneur Jehovah, lequel, d’un seul coup de baguette, fît surgir sur les bords désolés de l’Euphrate le lieu de délices appelé Eden. […] Une autre observation est que, chaque fois que j’ai lu la description d’un lieu qui m’est familier, cette description m’a semblé, dans presque tous les cas, inexacte, incomplète, en somme fausse. […] Ces ennuis secondaires prennent différents noms, mélancolie, nostalgie, tristesse, mais leur classement est assez difficile, parce qu’ils se modifient à l’infini selon les sensibilités, selon les lieux, selon les âges et même selon les siècles.
Cela permet encore aux conspirateurs, assassins, libérateurs et autres personnages qui ont à se concerter avant d’agir, de préparer posément leur coup de main ou leur exploit avant d’arriver sur le lieu même où il doit être perpétré. » La mise en scène est étonnante d’exactitude. […] Legendre a mis en action la scène du balcon, qui n’était qu’en récit ; et ce n’est qu’après la scène de l’église qu’il nous fait assister aux confidences de Boracchio. — Autre chose encore : au lieu que, dans Shakespeare, nous sommes prévenus, aussitôt après l’évanouissement d’Héro, que la jeune fille n’est pas morte, M. […] Caritidès a été frappé des innombrables fautes d’orthographe qui déshonorent les enseignes des « maisons, boutiques, cabarets, jeux de boules et antres lieux de la bonne ville de Paris », et il supplie le roi de le nommer « contrôleur, intendant, correcteur et reviseur desdites inscriptions ». […] Car sa présence même dans ce lieu de divertissement indique qu’elle a voulu, pour un soir, oublier sa misère et l’injustice de sa destinée. […] Reste le cas où les preuves accumulées contre vous ne seraient pas de la dernière évidence : vous pourriez alors, par des chicanes mesquines et à force d’embêter les juges, obtenir quinze ou vingt années de centrale au lieu des travaux forcés à perpétuité et de la déportation à Nouméa.
Or, cet Eilert, ce pilier de taverne et de mauvais lieu, elle le retrouve corrigé, rangé, auteur d’un livre de philosophie sociale qui a fait sensation, aimé d’une autre femme, la blonde et douce Théa Elvsted, et paraissant l’aimer lui-même. […] Vous ne voyez peut-être pas très clairement le lien de nécessité qui unit ces deux choses, ni comment l’habitude de courir les tavernes et les mauvais lieux et de boire jusqu’à rouler sous les tables peut augmenter, chez un artiste dramatique, le don de comprendre et de traduire ses rôles. […] Et cette gaieté était saine : Labiche ayant, à un degré vraiment surprenant, l’ignorance ou le dédain de la femme quelques-uns de ses meilleurs vaudevilles se trouvaient être des caricatures forcenées, des parodies violemment méprisantes des drames de l’amour et de l’adultère, (au lieu que MM. […] Mais, au lieu qu’à ce moment-là Labiche n’a mis autour de lui que des âmes exquises, en sorte qu’il ne peut que retomber bientôt dans sa première illusion, je voudrais que Blandinet constatât à plusieurs reprises qu’il a deviné juste et s’affermît ainsi dans son récent pessimisme. […] Et cette réflexion, il la ferait d’autant plus aisément dans un théâtre, qui est par destination un lieu de plaisir.
Autour d’elle, le coloris de l’existence est triste ; il n’est pas terne, il a de belles teintes qui le font luire : la lueur même ressemble à celle du soleil crépusculaire qui pénètre dans un lieu de retraite mélancolique. […] … « Il est des lieux qui tirent l’âme de sa léthargie, des lieux enveloppés, baignés de mystère, élus de toute éternité pour être le siège de l’émotion religieuse… » Il cite Lourdes, entre le gave et le rocher ; la plage mélancolique des Saintes-Maries, Vézelay héroïque, la lande de Carnac, la forêt de Brocéliande, le mont Auxois, « autel où les Gaulois moururent aux pieds de leurs dieux » ; Domrémy, avec ses trois fontaines… « Ce sont les temples du plein air… » et « il y a des lieux où souffle l’esprit… » Sur la colline de Sion-Vaudémont, promontoire en demi-lune, les Celtes avaient placé, à l’une des pointes, Rosmertha la déesse, à l’autre pointe le dieu Wotan. […] Un Lorrain, ce fut Léopold Baillard : les ombres de la colline l’ont frôlé ; et il a subi le silence de la colline, un silence où des voix soudain s’élevaient et l’adjuraient de glorifier ce lieu sublime, toutes les voix de la colline, récentes, ou anciennes, ou antiques. […] Il le faisait avec une espèce de bizarre innocence ; et il ne s’était aucunement promis de transformer nos rois en des fantoches libidineux, le Louvre en un lieu mauvais, comme s’il secondait une polémique républicaine : c’est tout de même le résultat de son œuvre. […] Ces anges « accumulent les obscurités, les mensonges pour que nul ne puisse remonter à leurs familles : faux noms, faux lieux de naissance, faux certificats… » Le ministre s’étonne.
La société devenait un coupe-gorge ou un mauvais lieu… » La rencontre de ces beaux génies dans une même conclusion a ceci de bien remarquable, qu’ils y sont arrivés tous les trois par l’observation, à travers des milieux et avec des facultés de l’ordre le plus différent. […] Il y a donc lieu d’étudier ces œuvres en tant qu’éducatrices des esprits et des cœurs. […] Si la belle vertu de vaillance a cédé la place à l’inutile et morne « à quoi bon », si la conscience de la race paraît troublée, n’y a-t-il pas lieu de rechercher la raison de ce trouble visible ? […] Leur analyse a, pour ainsi dire, joué à vide, au lieu que Constant fut un séducteur et un duelliste, un joueur et un politicien. […] C’est ici qu’il y aurait lieu de constater la loi secrète qui rattache le genre de talent d’un historien à l’essence même de la sensibilité.
Et il est beau sans doute que ces scrupules excessifs, ou en tout cas hors de leur lieu, ne parviennent pas à glacer l’inspiration du poète, mais il est certain qu’ils la gênent, qu’ils en ralentissent l’élan, et qu’ils en diminuent l’ampleur. […] Au lieu donc de tyranniser la liberté de l’imagination et du rêve, ils demandent que la poésie les rende à leur essor. […] Comme le théâtre est un lieu public, et comme le plaisir qu’on y prend, on l’y prend en commun, il faut que l’observation y soit large, y soit générale. […] C’est qu’ils ont agi, comme rhéteurs, au lieu où se prennent les grandes résolutions, et c’est que leur pouvoir était comme inhérent à ce qu’il y a de plus profond dans la nature humaine. […] Notez encore que ce genre de règles contient en soi le moyen même de s’en passer, S’il y a lieu.
Au siège de Laon, on voit Henri, qui passait les jours et les nuits à visiter les batteries et les tranchées, faire un soir la partie d’aller le lendemain à Saint-Lambert, dans la forêt, vers une métairie de son domaine, « où, étant jeune, il était allé souvent manger des fruits, du fromage et de la crème, se délectant grandement de revoir ces lieux-là où il avait été en son bas-âge ».
À ce même siège d’Amiens, un jour que Rosny y est allé, le grand maître de l’artillerie, alors, M. de Saint-Luc, l’invite à dîner et le mène voir ensuite les tranchées et batteries d’artillerie : « De quoi le roi averti lui en sut mauvais gré et s’en courrouça fort contre vous, écrivent les secrétaires, disant qu’il vous défendait absolument de faire le métier de la guerre ni d’aller en lieu périlleux tant que ce siège durerait. » Henri IV même paraît craindre qu’il n’y ait dans l’armée plus d’un jaloux et d’un malintentionné, qui ne serait pas fâché d’exposer Rosny à quelque péril, sauf à s’y hasarder soi-même.
C’était le temps où l’abbé Delille publiait son poème des Jardins, et disait de ce beau lieu de Belœil près d’Ath en Belgique, qui était la propriété et en partie la création du prince de Ligne : Belœil, tout à la fois magnifique et champêtre… On était alors en France dans une veine de création et de renouvellement pour les jardins : le genre anglais s’y introduisait et y rompait l’harmonie de Le Nôtre.
C’est proprement le poète visiteur qui passe de jardin en jardin, de volière en volière : tous les beaux lieux à la mode, il les a vus, il les a fêtés, et a payé l’hospitalité d’un jour ou d’une semaine par de jolis vers que la société la plus mondaine applaudissait.
Unwin, cet aimable fils de la maison, qui était devenu pasteur dans un autre lieu ; il écrit à M.
Taine, qui pense que chaque chose peut être bonne en son lieu, que chaque organisation se justifie elle-même dans son cadre naturel, a estimé qu’une thèse proprement dite n’était nullement déplacée en Sorbonne, même au xixe siècle ; il a trouvé piquant d’appliquer cette forme dans ce qu’elle a de rigoureux au plus libre et au plus irrégulier, au plus doucement enthousiaste des génies, à La Fontaine ; car si cette forme est, en quelque sorte, impertinente par rapport à La Fontaine, elle est très convenable, très bienséante et légitime en Sorbonne, dans ce vieil empire d’Aristote.
Quelle illusion dans cette gloire qu’on prétend éterniser, dans ce bâtiment de quarante mille écus élevé à l’une des extrémités de la pièce d’eau, vraie pagode où se lisaient gravés sur le marbre tous les noms des visiteurs en ces quatre années, avec cette inscription de la façon de l’abbé Barthélemy : « Étienne-François, duc de Choiseul, pénétré des témoignages d’amitié, de bonté, d’attention dont il fut honoré pendant son exil par un grand nombre de personnes empressées à se rendre en ces lieux, a fait élever ce monument pour éterniser sa reconnaissance. » Que cet obélisque ministériel, inauguré dix ans avant la Révolution française, à quelques pas du volcan qui va engloutir la monarchie, est petit, vu de loin, et qu’il manque son effet dans la perspective !
Casaubon, je désire vous veoir et vous communiquer ung affaire que j’ay fort à cueur : c’est pourquoy vous ne faudrez, incontinent la présente receue, de vous acheminer en ce lieu et vous y rendre pour le plus tard dimanche au soir, et m’asseurant que vous n’y manquiez, je ne feray celle-cy plus longue que pour prier Dieu qu’il vous ait en sa sainte garde. — Ce soir, de Fontainebleau, ce 28e jour d’avril 1600.
La science m’a toujours manqué : l’instinct du bon et du beau m’en a quelquefois tenu lieu, et, si je ne craignais d’être accusé de vanité, je dirais qu’il m’a fait, dans mes bons jours, aller en avant de la science.
mais, enfin, ce Bussy « au langage droit, pur et net », n’aurait pas été choisir précisément ce point-là pour flatter le maître, s’il n’y avait eu quelque lieu de le faire !
On y arrive d’ordinaire avec sa prévention, avec son symbole tout fait ; on se préoccupe, à l’exemple des commentateurs, de ce mot Psyché qui veut dire âme ; on cherche des sens profonds et mystérieux dans un conte de vieille qui n’a été fait et mis en ce lieu-là que pour divertir et empêcher une belle enfant de pleurer ; on y voit une allégorie, un mythe, quelque chose de pareil à ce que de graves et pieux commentateurs ont cherché dans les fables de l’Odyssée.
— Le vent qui soufflait fort à la fenêtre l’étonnait aussi ; ma chambrette était pour lui un lieu enchanté, une chose dont il se souviendra longtemps, comme moi si j’avais vu le palais d’Armide.
Villemain, et de rechercher ce qu’il y a de Shakespeare ou plutôt ce qu’il n’y en a pas dans les pièces de Ducis ; il n’a guère emprunté de son original que les titres et une certaine excitation chaleureuse pour se monter l’imagination sur les mêmes sujets ; et il n’a guère fait, à son tour, que fournir des motifs de beaux rôles et de masques tragiques à de grands comédiens comme Brizard, La Rive, Monvel, et en dernier lieu Talma.
Les lignes de communication, de Marchiennes à Denain, s’appelaient insolemment « le chemin de Paris. » Louis XIV, il faut lui rendre cette justice, écrivait de Fontainebleau, le 17 juillet, au maréchal de Villars, cette lettre qui en suppose une autre antérieure sur le même sujet : « Ma première pensée avait été, dans l’éloignement où se trouve Landrecies de toutes les autres places d’où les ennemis peuvent tirer leurs munitions et convois, d’interrompre leur communication en faisant attaquer les lignes de Marchiennes (ou de Denain), ce qui les mettrait dans l’impossibilité de continuer le siège ; mais, comme il m’a paru que vous ne jugez pas cette entreprise sur les lignes de Marchiennes praticable, je m’en remets à votre sentiment par la connaissance plus parfaite que vous avez étant sur les lieux… » Le ministre de la guerre, M.
Il aime à donner à ses récits, pour fond et pour premier plan, un lieu, une contrée précise qui elle-même fait une bonne partie de l’intérêt.
Le vertueux, le sage, le philanthrope Catinat se voit chargé d’exterminer ce peuple paisible et fidèle, au cœur de ses vallées : homme de devoir et, après tout, déconsigné, il fera son métier en conscience ; il fouille le pays en tous sens, il relance dans les lieux inaccessibles ces gens « plus difficiles à trouver qu’à vaincre. » Après moins de trois semaines de campagne, il se donne la triste satisfaction d’écrire à Louvois (9 mai 1686) : « Ce pays est parfaitement désolé ; il n’y a plus du tout ni peuples ni bestiaux.
Né clandestinement, nourri avec mystère dans un quartier désert de Paris, puis emmené et comme perdu dans une campagne de Normandie, ayant reçu les premiers, les seuls éléments indispensables du curé du lieu, il grandit librement, sans assujettissement aucun ni discipline, et arrivé à l’âge de sentir, il trouva à sa disposition, dans un château voisin, une bibliothèque de dix ou vingt mille volumes, composée en grande partie d’histoires, de romans.
Après l’affreuse attente, au signal donné, les belluaires ouvraient l’entrée de l’arène aux bètes féroces ; … mais, au lieu du tigre de l’Inde ou du lion de Numidie, s’avançait une joyeuse bacchanale : les trompettes d’airain résonnaient, les tambourins battaient, les vierges folles couraient le thyrse à la main, et de jeunes garçons portaient en chance ant des outres pleines de vin nouveau.
La grande époque d’inspiration est passée ; l’époque rassise et de déclin laisse lieu à bien des agréments encore, et même (Tacite et Swift l’ont prouvé) à de la véritable éloquence.
toi que l’on connaîtra mieux un jour en plaignant nos communs malheurs, toi que la plus terrible des passions n’empêche pas de respecter les barrières de la vertu, t’affligerais-tu de me voir te précéder aux lieux où nous pourrons nous aimer sans crime, où rien ne nous empêchera d’être unis ?
Vous, vous le faites embrasser ; par ma foi, vous êtes un drôle de corps. » Dans tous ces endroits, elle est naturelle, pleine de verve et d’abondance ; elle n’est plus tout à fait cette dame parfaite que Lemonteya vue à Lyon ; elle se livre, elle a du jet ; elle est ce qu’il faut, selon les lieux et les moments ; elle est ce qu’elle veut être, familière et vive quand le cœur lui en dit ; la plume alors prend le galop et court à bride abattue : nous avons une Sévigné de la bourgeoisie, et mieux que cela, une Sévigné George Sand.
M. de Luynes, l’honnête homme circonspect, en recherche les raisons un peu mollement : « Dans le commencement que la reine est arrivée ici, dit-il, il y avait assez lieu d’espérer que l’indifférence du roi trop connue pour elle pourrait peut-être changer.
Devant un lever du soleil, devant la majesté des hauts lieux, je comprends Jean-Jacques, je comprends David et le Psalmiste, mais j’ai peine de là à me rabattre à une discussion sur le péché de Marguerite, ce péché irrémissible, celui de la désespérance en Dieu, et tout ce qui s’ensuit.
Sur cette fin du xviie siècle, lorsque Fontenelle publia son livre de la Pluralité des Mondes, les conditions d’instruction pour l’immense majorité des esprits étaient très différentes de ce qu’elles sont de nos jours, et il mérite peut-être mieux que des excuses pour avoir piqué l’attention des ignorants, forcé leur paresse, et fait entrer dans leur cerveau quelques idées saines, au lieu des préjugés tout à fait faux et absurdes qui les remplissaient.
Je suis accoutumé à me contenir sur les choses que je désire, et qui n’ont pas été possibles jusqu’à présent, ou du moins qu’on n’a pas crues telles, et je saurai encore me contenir sur celle-ci, quoique je puisse vous assurer que j’ai un désir extrême de pouvoir connaître par moi-même un métier que mes pères ont si bien pratiqué, et qui jusqu’à présent ne m’a pas réussi par la voie d’autrui, ainsi qu’il y avait lieu de s’en flatter.
M. y ait mis la condition de me mander dans certains cas, j’ai néanmoins lieu de compter que ma retraite sera entière et irrévocable.
L’abbaye donnait un beau logement à Paris et un aux champs, qui était le château de Berny : c’est ainsi que la respectable villa abbatiale devint, trente années durant, la maison de plaisance du comte de Clermont, son lieu de délices, le Choisy et le Bellevue de Mlle Leduc, qui en faisait les honneurs sous le nom de la dame de Tourvoie (Tourvoie était un petit castel tout voisin de Berny).
Il avait ses hommes à lui, comme il ne manque jamais de s’en produire autour des foyers de corruption, et il savait les employer selon les temps et les lieux.
Ainsi, dans ce style de couleur exacte et simple, le château de la Wartbourg ne devrait jamais être désigné, ce me semble, comme le centre du mouvement politique et administratif du pays : je n’aime pas non plus voir sainte Élisabeth jeter les bases de la vénération dont ces beaux lieux sont entourés.
A cet âge, il le fallait voir, le cornet en main, coiffé de papier gris, suivre son père dans les charivaris du lieu.
Lui-même a consacré les prémices de son bonheur domestique dans les seuls vers peut-être où il se soit permis ce genre d’épanchement : Il n’est point de beaux lieux que n’embellisse encore Le sentiment profond qu’on éprouva près d’eux… De tels vers et ceux qui suivent, et que je regrette de ne pouvoir citer avec étendue, ont tout leur prix chez le poëte qui n’a laissé échapper de son âme discrète que de pudiques parfums.
Tocqueville, comme les historiens orléanistes, voit dans la Révolution la conséquence, le terme d’un mouvement social et politique qui a son commencement aux origines mêmes de la patrie : au lieu que presque toujours, pour les légitimistes et pour les démocrates, la Révolution était une rupture violente avec le passé, une explosion miraculeuse et soudaine que les uns maudissaient, les autres bénissaient, tous persuadés que la France de 1789 et de 1793 n’avait rien de commun avec la France de Louis XIV ou de saint Louis.
Une fois les lourds battants feutrés retombés derrière vous, tout est fini, rien de tout cela n’existe plus : vous entrez dans un monde nouveau, dans un lieu de mystère où vous pouvez croire que la vie est un vague et mauvais rêve allégé par des trêves bienfaisantes qui font pressentir le réveil ailleurs ; et vous sortirez avec une douceur dans l’âme et une résignation un peu moins inutile que la révolte. « Venez, vous qui peinez et qui êtes chargés, et je vous soulagerai. » Mais, au lieu de gueux et de claque-patins, des messieurs, qui ont toutes sortes de raisons pour se consoler de vivre, viennent occuper les places d’abonnés, les stalles de velours en face de la chaire.
Or la psychologie est tout uniment, pour les philosophes, l’étude expérimentale des facultés de l’esprit, et, pour le romancier, la description des sentiments que doit éprouver une créature humaine, étant donnés son caractère, son tempérament s’il y a lieu, et une situation particulière.
Mais une tentative directement contraire à celle-là commençait alors, qui, au lieu des abstractions de la physique, allait introduire partout les images physiques, c’est-à-dire le symbolisme.
Ain-el-Haramié, la dernière étape 200, est un lieu mélancolique et charmant, et peu d’impressions égalent celle qu’on éprouve en s’y établissant pour le campement du soir.
Les cerveaux de ces gens-là apparaissent d’abord comme des lieux d’asile et on voit tout de suite qu’il n’y a pas en ces pays falots de population indigène.
Dire en général aux gouvernants qu’il ne faut être à aucun degré révolutionnaire, ce n’est nullement leur indiquer les voies et moyens, les inventions nécessaires pour conserver ; car c’est dans le détail de chaque situation que gît la difficulté et qu’il y a lieu à l’art.
Monté sur un lieu élevé, il se fait nommer par un prisonnier tous les chefs illustres dont il voit se dérouler les étendards.
Il y avait lutte encore, mais aussi, déjà, ensemble et concert ; il y avait lieu à direction.
Les naturels vifs et sensibles, a dit excellemment Fénelon, sont capables de terribles égarements : les passions et la présomption les entraînent ; mais aussi ils ont de grandes ressources et reviennent souvent de loin…, au lieu qu’on n’a aucune prise sur les naturels indolents.
Un autre défaut de cette édition, et un défaut grave, c’est de manquer de cartes stratégiques et de plans des lieux, ce qui rend la lecture de ces campagnes fastidieuse et stérile pour la plupart des lecteurs.
Une fois accueillie, en un mot, elle ne l’était pas à demi ; par la parole comme par l’action, elle y devenait l’âme, la ressource, l’agrément du lieu.
Dans l’état d’études plus avancées où l’on est aujourd’hui sur le xviie siècle, on est amené à reconnaître que cette fatale révocation, dont la dévotion finale de Louis XIV fut le moyen et l’occasion, préexistait depuis longtemps, ou du moins flottait dans l’esprit de ce prince à l’état de projet politique, et qu’il ne fit en dernier lieu que réaliser un vœu ancien, dans lequel il fut insensiblement assisté et comme encouragé par une complicité presque universelle.
Le premier recueil des Œuvres de Perrault avait été donné par lui dans un beau manuscrit et sous forme d’album à la bibliothèque du château de Versailles, comme pour y être voué à la divinité du lieu.
Je ne savais où étaient les fenêtres, parce que nous étions arrivés de nuit dans ce lieu-là ; je pensai me casser le nez contre la muraille, et nous fûmes, le roi d’Espagne et moi, près d’un quart d’heure à nous heurter en les cherchant.
Et cependant, en quittant ces deux personnages de haute représentation, Mme des Ursins et Mme de Maintenon, ces deux sujets habiles et du premier ordre, me sera-t-il permis de rappeler au fond, en arrière et au-dessous d’elles, d’une époque un peu plus ancienne, une simple spectatrice de cette belle comédie de la Cour, une personne qui n’a eu en rien le génie de l’intrigue et de l’action, mais d’un bon sens égal, doux et fin, d’un jugement calme et sûr, la sage, la sincère et l’honnête femme véritablement en ce lieu-là, Mme de Motteville ?
Elle y peint avec assez de naïveté et avec beaucoup d’entrain les mœurs de la société dans sa jeunesse, ce pêle-mêle de grandes dames déchues, de veuves d’émigrés vivants, de fournisseurs enrichis, de jacobins à demi convertis, dont quelques-uns avaient du bon, et à qui l’on se voyait obligé d’avoir de la reconnaissance : En vérité, il y a de quoi dégoûter d’une vertu qui peut se trouver au milieu de tant de vices, et il me semble qu’on ne lui doit pas plus de respect qu’à une honnête femme qu’on rencontrerait dans un mauvais lieu. — Soit ; mais c’est encore une bonne fortune assez rare pour qu’on en profile sans ingratitude.
Thiers, Mignet et Carrel devaient avoir successivement la direction de la feuille, et les deux premiers, comme plus en vue et plus connus du public, devaient commencer ; Carrel ne serait venu comme directeur qu’à sa date, c’est-à-dire en troisième lieu, la troisième année probablement.
Il est mis en prison à l’Abbaye ; quelques heures avant les massacres du 2 septembre, il en est tiré par la générosité de Manuel, qui vient lui dire : « Sortez à l’instant de ce lieu. » — Je lui jetai mes bras au corps, s’écrie dramatiquement Beaumarchais, sans pouvoir lui dire un seul mot : mes yeux seuls lui peignaient mon âme ; je crois qu’ils étaient énergiques s’ils lui peignaient tout ce que je pensais !
Dans cette course rapide et ce séjour de dix mois à travers l’Italie, il y a certes des côtés qu’il n’a fait qu’entrevoir en courant, et où d’autres talents trouveront matière à conquête ; la Campagne romaine, par exemple, les collines d’alentour, Tibur, la Villa Adriana, sont des lieux dont Chateaubriand un jour évoquera le génie attristé et nous peindra les mélancoliques splendeurs : de Brosses reste le premier critique pénétrant, fin, gai et de grand coup d’œil, qui a bien vu dans ses contradictions et ses merveilles ce monde d’Italie.
J’apprécie comme je le dois l’honneur que m’ont fait des membres du gouvernement en pensant que ces sortes d’entretiens libres et familiers ne seraient pas déplacés dans Le Moniteur ; sans rien changer à la forme des articles et sans en altérer l’esprit, je tâcherai de les rendre dignes du lieu où j’écris, et de les coordonner peut-être par quelques points avec le régime qui nous rouvre la carrière.
Jordan écrivit au roi une lettre dernière, dans laquelle, au milieu de l’expression d’une tendre reconnaissance, il touchait un mot de religion ; c’était comme une demi-rétractation de certaines plaisanteries qui avaient eu cours entre eux à ce sujet : Sire, mon mal augmente d’une façon à me faire croire que je n’ai plus lieu d’espérer ma guérison.
Aussi, « à parler rigoureusement, la douleur ne se rattache à aucun lieu, et la localisation ne concerne que la perception. » Ajoutons qu’à la perception se mêlent des souvenirs, des idées, des images qui, pour leur part, contribuent à diversifier les émotions.
Les distances et les positions des lieux qu’ils connoissoient, et qu’ils nous ont laissées, mettent en droit de faire cette supposition.
Cette objection a été trop souvent faite aux morales utilitaires pour qu’il y ait lieu de la développer ; nous remarquons seulement qu’elle s’applique également à toute théorie qui prétend expliquer, par des causes purement psychologiques, les valeurs économiques, esthétiques ou spéculatives.
On dit indifféremment : la société hindoue, la société féodale, la société romaine ou française ; comme si toutes les agglomérations d’hommes, dans quelque temps et en quelque lieu que ce soit, devraient donner naissance à des êtres définis, constitués, organisés, — en un mot à des sociétés unifiées.
L’idée pourra donc tenir lieu du triangle.
en quel lieu son génie et son aigle ont-ils poussé ce maître absolu de la vie et de la mort ? […] De ce lieu même, on entendait le bruit de ses pas et les vivats de la foule, on voyait l’éclat de son épée et les couleurs de son drapeau ! […] Jean Monteil habitait une maison de bonne bourgeoisie ; on obéissait, en ce lieu choisi, aux commandements de Dieu et aux commandements de son Église ; on y disait la prière en commun, chaque matin et chaque soir ; le travail, l’économie et l’ordre présidaient aux destinées de l’humble famille. […] La maison vendue, Annette voulut revoir une dernière fois ces beaux lieux qu’elle avait tant aimés, et la voiture qui les devait emmener partit sans les attendre. […] En vain les timides et les sages représentaient à ce jeune homme que le lieu était mal choisi pour y vendre un livre honnête et glorieux ; en vain lui disait-on que la librairie, en ce lieu malsain, ne pouvait être qu’une pornographie, et qu’il n’y avait rien à vendre là que des pamphlets et des livres grivois, la calomnie ou l’obscénité, les deux sœurs (remarquez, en effet, que le misérable qui calomnie, argent comptant ne demande pas mieux que d’être un écrivain de la borne pour les Faublas du carrefour). — En vain disait-on encore à cet obstiné libraire que la fameuse Lodoïska étalait naguère avec ses appas, en ce lieu maudit, les Aventures de Faublas et de M.
Tous les temps et tous les lieux n’y sont pas représentés : bien des pays et bien des siècles restent stériles et muets. […] Le Dieu de Platon, ou Démiurge, n’est donc pas « le lieu des Idées », et les Idées ne sont pas simplement les pensées de Dieu. […] En outre, il faut se représenter que Delphes était un lieu de pèlerinage, quelque chose comme une Lorette ou une Lourdes antique (non point, il est vrai, à l’usage des malades). […] Toutes les critiques de Pascal dépassent l’espèce dont il s’occupait, et pourront avoir à s’appliquer en tous temps et en tous lieux. […] Oui, mais à moins que ce ne soit pour filouter ou aller dans des lieux de débauche (ut furetur occulte, vel fornicetur).
Il peut tenir lieu d’une bibliothèque assez considérable, que, du reste, très intentionnellement, M. […] Donc, c’est pour cela, ô mon unique ami, pour cela que tu m’as amenée aux chers lieux, où, un jour, je crus sentir en moi s’ouvrir le printemps ? […] En différents lieux, de forme en forme, d’une vie dans une autre vie, éternellement tu erreras dans une tourmente. […] Cela dépend des tempéraments, et cela dépend aussi des temps et des lieux. […] Il y a lieu d’avertir les biographes sur les dangers de leur incontinence.
Mais il n’a pas assez développé cette vue pour qu’il y ait lieu de faire autre chose que la signaler. […] En 1598, après d’assez longues hésitations ou plutôt une discussion approfondie, il enregistra unanimement l’Edit de Nantes, avec une correction très judicieuse et très patriotique, effaçant l’article du projet qui permettait aux protestants de s’assembler en tel temps et en tel lieu qu’ils voudraient, d’admettre les étrangers dans leurs synodes et d’aller hors du royaume aux synodes étrangers. […] Il le fit aussitôt, avec le plaisir de créer ainsi un précédent en sa faveur et de se laisser mettre en lieu et place des Etats généraux. […] … » « Leurs maximes n’ont pas laissé quelquefois d’exercer une influence sur les nôtres jusque dans l’enceinte des lois : « En l’an de grâce 1673, dans le plus beau siècle de la France, l’avocat général Orner Talon parla ainsi en plein parlement, au sujet d’une demoiselle de Canillac : « Au chapitre xiii du Deutéronome, Dieu dit : « Si tu te rencontres dans une ville ou dans un lieu où règne l’Idolâtrie, mets tout au fil de l’épée, sans exception d’âge, de sexe ni de condition. Rassemble dans les places publiques toutes les dépouilles de la ville, brûle-la tout entière avec ses dépouilles, et qu’il ne reste qu’un monceau de cendres, de ce lieu d’abomination.
Dans le roman, c’est le chevalier des Grieux qui l’enterre : « Il ne m’était pas difficile d’ouvrir la terre dans le lieu où je me trouvais. […] Elle échoue dans un lieu suspect. […] Il le faut être pour renoncer à ce qu’il y a de doux en la vie ; mais il le faut être en lieu où le temps et la peine sont bien employés. […] À nos regards, c’est moins que rien, si nous ne sommes pas chargés du relèvement des apaches ou de leur mise en lieu sûr. […] Or, la France a été « le lieu du plus grand exercice de la guerre » ; la voici obligée d’être « le lieu du plus grand exercice du travail » : est-ce qu’elle n’a point à réparer ses provinces du Nord et à refaire sa fortune ?
Il souffrait de rester enfermé au milieu de ces gens dont la bêtise et les ridicules le frappaient d’autant plus douloureusement qu’ignorant son amour, incapables, s’ils l’avaient connu, de s’y intéresser et de faire autre chose que d’en sourire comme d’un enfantillage ou de le déplorer comme une folie, ils le lui faisaient apparaître sous l’aspect d’un état subjectif qui n’existait que pour lui, dont rien d’extérieur ne lui affirmait la réalité ; il souffrait surtout, et au point que même le son des instruments lui donnait envie de crier, de prolonger son exil dans ce lieu où Odette ne viendrait jamais, où personne, où rien ne la connaissait, d’où elle était entièrement absente. […] Au lieu des expressions abstraites « temps où j’étais heureux », « temps où j’étais aimé », qu’il avait souvent prononcées jusque-là et sans trop souffrir, car son intelligence n’y avait enfermé du passé que de prétendus extraits qui n’en conservaient rien, il retrouva tout ce qui de ce bonheur perdu avait fixé à jamais la spécifique et volatile essence ; il revit tout, les pétales neigeux et frisés du chrysanthème qu’elle lui avait jeté dans sa voiture, qu’il avait gardé contre ses lèvres — l’adresse en relief de la « Maison Dorée » sur la lettre où il avait lu : « Ma main tremble si fort en vous écrivant » — le rapprochement de ses sourcils quand elle lui avait dit d’un air suppliant : « Ce n’est pas dans trop longtemps que vous me ferez signe ? […] » mais : « Faites-moi donc penser pour demain à commander du bois, je crois que la provision doit commencer à s’épuiser. » Peut-être se disait-il que si Rémi avait trouvé Odette dans un café où elle l’attendait, la fin de la soirée néfaste était déjà anéantie par la réalisation commencée de la fin de soirée bienheureuse et qu’il n’avait pas besoin de se presser d’atteindre un bonheur capturé et en, lieu sûr, qui ne s’échappait plus. […] Il souffrait de rester enfermé au milieu de ces gens dont la bêtise et les ridicules le frappaient d’autant plus douloureusement qu’ignorant son amour, incapables, s’ils l’avaient connu, de s’y intéresser et de faire autre chose que d’en sourire comme d’un enfantillage ou de le déplorer comme une folie, ils le lui faisaient apparaître sous l’aspect d’un état subjectif qui n’existait que pour lui, dont rien d’extérieur ne lui affirmait la réalité ; il souffrait surtout, et au point que même le son des instruments lui donnait envie de crier, de prolonger son exil dans ce lieu où Odette ne viendrait jamais, où personne, où rien ne la connaissait, d’où elle était entièrement absente. […] Au lieu des expressions abstraites « temps où j’étais heureux », « temps où j’étais aimé », qu’il avait souvent prononcées jusque-là et sans trop souffrir, car son intelligence n’y avait enfermé du passé que de prétendus extraits qui n’en conservaient rien, il retrouva tout ce qui de ce bonheur perdu avait fixé à jamais la spécifique et volatile essence ; il revit tout, les pétales neigeux et frisés du chrysanthème qu’elle lui avait jeté dans sa voiture, qu’il avait gardé contre ses lèvres — l’adresse en relief de la « Maison Dorée » sur la lettre où il avait lu : « Ma main tremble si fort en vous écrivant » — le rapprochement de ses sourcils quand elle lui avait dit d’un air suppliant : « Ce n’est pas dans trop longtemps que vous me ferez signe ?
Il y a lieu surtout de s’étonner que M. […] Si l’inconvénient ne serait pas inséparable de la forme épistolaire, c’est ce qu’il y aurait lieu d’examiner. […] Et on eût trouvé premièrement inutiles, et secondement du plus mauvais goût, ces descriptions aujourd’hui si fréquentes d’assommoirs, de bouges et autres mauvais lieux, mais on ne s’étonnait pas outre mesure que Victor Hugo, dramatisant le Paris du moyen âge, y décrivît plus que copieusement la population de la cour des Miracles. […] Comment quelque charitable conseiller ne lui a-t-il pas fait comprendre que chaque chose a son temps et son lieu ? […] Il n’y a plus lieu d’hésiter ; il faut partir, il faut voyager !
Ces bals masqués de l’imagination, qu’il lui faut de temps en temps, et qu’il met ici si bien à leur place, ils ont précisément pour lieu sa correspondance. […] Tostes n’est pas un lieu d’événements, mais résume la manière d’être de Charles, sa façon de vivre, de dormir, de s’habiller, de manger, tout ce qui « énerve » sa femme et l’amène à la neurasthénie. […] Il sait que ce changement de lieu suffira pour qu’elle change de dispositions et s’abandonne. […] Et enfin, en troisième et dernier lieu, le côté psychologique de l’histoire, les hommes et les caractères. […] C’est « l’entrée au forum » et autres lieux à colonnades et à coupole.
Quels spectateurs que des épicuriens grossiers incapables même de décence feinte, amateurs de volupté brutale, barbares dans leurs jeux, orduriers dans leurs paroles, dépourvus d’honneur, d’humanité, de politesse, et qui faisaient de la cour un mauvais lieu ! […] Ce qui est mieux encore, il l’avait écrite virilement. « La charpente de la pièce, disait-il dans sa préface, est suffisamment régulière, et les unités de temps, de lieu et d’action, plus exactement observées que peut-être le théâtre anglais ne le requiert. […] Au lieu des périodes cicéroniennes de Boccace, on voit courir de petits vers lestes, finement moqueurs, de volupté friande, de naïveté feinte, qui goûtent le fruit défendu parce qu’il est fruit et parce qu’il est défendu.
Bientôt nous partirons de ce lieu, car nous avons de bonnes intentions. […] « Ils accoururent en hâte vers le lieu où le roi siégeait à côté de la reine. […] Car une partie de ma félicité dépend de la présence de la parenté de ma femme. » « Le joueur de viole, le hardi Swemel, parla : « Quand cette fête aura-t-elle lieu dans vos États ?
Mais sur elle je puis porter un jugement et un jugement sévère s’il y a lieu, absolument comme sur une autre. […] — Sans doute, je vous reproche de la défendre en un lieu que l’on peut tenir pour mal propre à cet office et où s’occuper d’elle, soit en bien, soit en mal, est lui manquer de respect. » Molière, dit-on, fut interdit. […] Et ces sentiments sont-ils plus faibles dans les lieux où il n’y a point de spectacles ? […] C’est une chose incroyable qu’avec l’agrément de la police on joue publiquement, au milieu de Paris, une comédie où, dans l’appartement d’un oncle qu’on vient de voir expirer, son neveu, l’honnête homme de la pièce, s’occupe, avec son digne cortège, de soins que les lois payent de la corde et qu’au lieu des larmes que la seule humanité fait verser en pareil cas aux indifférents mêmes, on égaye à l’envi de plaisanteries barbares le triste appareil de la mort. […] On voit par ses lettres qu’elle a l’art ou le don de la conversation ; elle a d’instinct la connaissance des hommes et une grande pénétration à démêler leurs sentiments secrets ; et, sans avoir de coquetterie à proprement parler, elle a un don de séduction naturelle qui s’exerce sur tous les hommes, qui, s’il n’est pas coquetterie, en tient lieu suffisamment pour en remplir tout l’office.
Dans la nouvelle que j’analyse, le village de Toulava, éprouvé depuis longtemps par les malfaiteurs, veut en finir avec eux ; une galante dame, Théodosie, aubergère-fermière, voit incendier sa maison, brûler son mari par un certain Cyrille, avec qui elle était en coquetterie ; elle veut se venger et rassemble les anciens du pays : — Ce que je veux, dit brusquement la veuve, je veux que nous nous assemblions pour juger cet incendiaire, ce voleur, et dès aujourd’hui, sur ce lieu même ! […] Aussitôt les jurés, descendant le petit escalier, qui les mène de leur lieu de délibération dans la salle. […] Circulant dans la vie, masqué, ganté, plastronné, du plastron de satin blanc des maîtres d’armes les jours de grand assaut, gardant immaculée et nette sa parure de combat, sacrifiant tout à cette surface irréprochable qui lui tenait lieu d’une armure, il s’était improvisé homme d’État de premier ordre rien qu’avec ses qualités de mondain, l’art d’écouter et de sourire, la pratique des hommes, le scepticisme et le sang-froid. […] Son retour au pays natal lui était empoisonné d’avance par la pensée d’y retrouver sa fatale cousine souriante et rougissante ; son aversion pour elle avait même fini par s’étendre aux lieux où elle respirait et aux personnes qui l’entouraient, et nul doute que, s’il eût disposé de la foudre, le manoir de La Roche-Ermel n’eût été balayé de la terre avec toutes dépendances, y compris le chef de la branche aînée, le chevalier Charles-Antoine et sa flûte, la tante Angélique, la pauvre Jeanne et les domestiques. […] Le mouvement avait précédé le rappel des tambours ; il ne put pas être régularisé, et au lieu du contingent régulier de chaque légion de la garde nationale, c’était une immense cohue composée d’hommes de toutes professions, les uns à pied, les autres en charrette ; d’autres encombrant des voitures dont ils s’étaient emparés et qu’ils chargeaient jusqu’à l’impériale : ceux-ci revêtus d’uniformes divers, ceux-là en habits et en blouses ; les uns armés de fusils, les autres d’instruments de travail et même de broches de cuisine.
Quatre torchères dorées, d’un style pompadour, qui s’étonnaient de se trouver en pareil lieu, les mettaient en pleine lumière, et faisaient briller leurs toilettes, vraiment élégantes et belles. […] Elle avait empoisonné, l’un après l’autre, ses trois maris, et, en dernier lieu, la chienne d’un grand Agha. […] quel est le lieu ? […] C’est un lieu calme, où le ciel clair En un jour de printemps rachète Le mal qu’ont fait six mois d’hiver. […] Un certain masque en domino jaune allait fréquemment vers ce lieu de délices, et il fallait que ses forces s’épuisassent bien vite, si l’on en croyait le ravage affreux qu’il faisait dans les provisions.
Et c’est une belle chose sans doute que l’expérimentation ; mais encore faut-il qu’il y ait lieu de s’en servir. […] Deux enfants, Miette et Silvère, semblent naître à l’amour ; l’amour leur vient du lieu même où ils ont l’habitude de se rencontrer, l’ancien cimetière de l’aire Saint-Mittre. […] Le récit de ses exploits et la description des lieux qui en furent témoins ont un relief d’épopée. […] Rien qu’à voir l’aspect des lieux, son imagination entre en jeu, et il a tôt fait de reconstituer les événements dont ils ont dû être le théâtre. […] Tout ce qu’il y a lieu de retenir des renseignements que nous donne M.
Mais, la part faite à ces observations et préoccupations libérales, ce petit écrit se recommande encore, après bien des années, par quelques pages plus durables : des descriptions lumineuses et faciles annoncent, dans le voyageur, l’habitude précoce et la faculté de voir géographiquement des ensembles, de décrire de haut et sans effort la configuration des lieux et des bassins qui se dessinent devant lui. […] Aura-t-il lieu avant la convocation ?
L’imagination se représente cette belle France qui nous accueillerait sous son ciel d’azur, ces amis qui s’attendriraient en nous revoyant, ces souvenirs de l’enfance, ces traces de nos parents que nous retrouverions ; à chaque pas ; et ce retour nous apparaît comme une sorte de résurrection terrestre, comme une autre vie accordée dès ici-bas ; mais si la bonté céleste ne nous a pas réservé un tel bonheur, dans quelques lieux que nous soyons nous prierions pour ce pays qui sera si glorieux, si jamais il apprend à connaître la liberté, c’est-à-dire, la garantie politique de la justice Notice sur Lady Jane Grey. […] Mr. de K… et Me. de V…, deux personnes dont le caractère était très estimé, sont partis de Berlin, lieu de leur demeure, vers la fin de l’année 1811, pour se rendre dans une auberge de Potsdam où ils ont passé quelques heures à prendre de la nourriture et à chanter ensemble les Cantiques de la Sainte Cène.
Il contait à Drummond qu’il était demeuré une nuit entière, « s’imaginant qu’il voyait les Carthaginois et les Romains combattre sur son orteil110. » Non que de fond il soit mélancolique ; au contraire, il aime à sortir de lui-même par la large et bruyante gaieté débridée, par la conversation abondante et variée, avec l’aide du bon vin des Canaries, dont il s’abreuve, et qui a fini par devenir pour lui une nécessité ; ces gros corps de bouchers flegmatiques ont besoin de la généreuse liqueur qui leur rend du ton, et leur tient lieu du soleil qui leur manque. […] Il observe presque exactement l’unité de temps et de lieu.
Combien, dans ces lieux et dans ces heures, le grand Musicien des mondes dépasse-t-il, par les mélodies et par les harmonies de ses majestueux instruments, les Timothée, les Beethoven et les Mozart, dans les opéras et dans les concerts qu’il se donne à lui-même ! […] Mais faut-il s’étonner de trouver des persécutions en pays étrangers, quand mon pauvre enfant en a subi dans son propre lieu natal !
Quand je fus devant les Augustins16, lieu très dangereux, j’en étais encore trop éloigné pour qu’on pût m’entendre et venir à mon secours. […] Je dirai dans son lieu que justice sera faite aussi de plusieurs de mes persécuteurs.
Tout être, toute substance se compose de trois éléments, qu’y peut distinguer la raison : la matière d’abord, qui n’est par elle-même rien de déterminé, et n’est qu’une simple puissance ; la forme, qui détermine l’être, lui donne un nom, le fait ce qu’il est ; puis, en troisième lieu, l’être lui-même, composé de la matière et de la forme, l’être tel que nos sens nous le montrent. […] — « Ce que je vous ai toujours recommandé, Criton ; rien de plus ; ayez soin de vous ; ainsi, vous me rendrez service à moi, à ma famille, à vous-même, alors même que vous ne me promettriez rien présentement ; au lieu que si vous vous négligez vous-même, et si vous ne voulez pas suivre, comme à la trace, ce que nous venons de dire, ce que nous avons dit il y a longtemps, me fissiez-vous aujourd’hui les promesses les plus vives, tout cela ne servira pas à grand-chose.
Dans le chapitre de la Ville, il plaint les citadins qui « ignorent la nature, ses commencements, ses progrès, ses dons et ses largesses… Il n’y a si vil praticien qui, au fond de son étude sombre et enfumée… ne se préfère au laboureur qui jouit du ciel… » Tout ce que développeront un jour Rousseau, Bernardin, Chateaubriand et Sand n’est-il pas enclos dans ces deux brèves et charmantes pensées : « Il y a des lieux qu’on admire ; il y en a d’autres qui touchent et où l’on aimerait à vivre Il me semble que l’on dépend des lieux pour l’esprit, l’humeur, la passion, le goût et les sentiments. » L’auteur des Caractères était essentiellement de ces esprits ouverts, « vacants » et inquiets, révoltés contre le présent, ce qui donne une bonne posture dans l’avenir ; de ces âmes qui sentent beaucoup et pressentent plus encore, par un désir de rester en communion avec les hommes qui viendront, et par une sympathie anticipée pour les formes futures de la pensée et de la vie humaine.
Ce mouvement n’a besoin que d’être continué sans être infirmé pour devenir une généralisation complète, c’est-à-dire une complète union des représentations d’épingle et de piqûre indépendamment des temps et des lieux. […] Ce mouvement persistant sans aucun obstacle et tendant même à se manifester par des actes, s’il y a lieu, se traduira dans la conscience par ce qu’on nomme affirmation. — Enfin, si un ou deux cas négatifs se présentent au milieu d’un grand nombre de cas positifs, il n’y aura plus conviction et affirmation sans réserve, mais seulement probabilité, et le degré de cette probabilité sera la résultante des expériences pour et des expériences contre, comme le mouvement d’un mobile est la diagonale du parallélogramme des forces favorables et contraires.
En même temps cette série est l’objet de l’attitude expectante, de la tendance à un complément de sensation, d’une attente de ce qui vient, au lieu que la série en arrière est l’objet fuyant d’une contemplation rétroactive. […] La question est de savoir s’il faut, au lieu du jeu des lois de la sensation, de l’émotion et de l’appétit, invoquer une loi transcendantale ou, pour mieux dire, une faculté transcendantale.
« Il y a aussi, dans la même paroisse d’Ussv, deux jeunes demoiselles, nommées de Molliers, que M. de Meaux croit nécessaire de renfermer ; mais comme elles ne sont pas présentement sur les lieux, il ne faudra les envoyer aux Nouvelles catholiques que de concert avec M. de Meaux et dans le temps qu’il dira. […] Ces hommes et ces femmes, traqués comme des fauves, mais inébranlables en leur croyance, se réunissaient dans les lieux les plus sauvages, les plus déserts, pour prier en commun et se retremper dans leur foi.
Si les sons musicaux agissent plus puissamment sur nous que ceux de la nature, c’est que la nature se borne à exprimer des sentiments, au lieu que la musique nous les suggère. […] Mais mouvement et poids sont des distinctions de la conscience réfléchie : la conscience immédiate a la sensation d’un mouvement pesant, en quelque sorte, et cette sensation elle-même se résout à l’analyse en une série de sensations musculaires, dont chacune représente par sa nuance le lieu où elle se produit, et par sa coloration la grandeur du poids qu’on soulève.
Ici il a moins à agir en ministre ; les qualités du négociateur sont plutôt de mise ; il y a lieu à la persuasion et à un maniement insensible des personnes et des esprits.
En même temps, André Chénier touche à un défaut trop réel chez Malherbe, la stérilité d’invention et d’idées : Au lieu, dit-il, de cet insupportable amas de fastidieuse galanterie dont il assassine cette pauvre reine, un poète fécond et véritablement lyrique, en parlant à une princesse du nom de Médicis, n’aurait pas oublié de s’étendre sur les louanges de cette famille illustre qui a ressuscité les lettres et les arts en Italie, et de là en Europe.
Quatre ans après, à Nérac, pendant que la Cour huguenote est là comme dans son petit Paris et dans son lieu de délices, la guerre continuant aux alentours, Rosny qui veut s’y mêler, et qui voit que le roi de Navarre a défendu de sortir de la ville à cheval, se remettra à ce premier métier de fantassin et ira, parmi les vignes et les haies, faire le coup d’arquebuse avec les plus simples soldats.
Pour bien juger des hommes de ce temps, pour faire équitablement la part de l’éloge ou du blâme, pour ne pas appeler sage tel acte ou telle résistance isolée qui, en son lieu, n’était qu’imprudence et folie, il importe (et Roederer l’a dit dans une très belle page, mais trop longue pour être rapportée) de se bien rendre compte du courant général, immense, qui entraînait alors la nation.
Après une nuit sans sommeil, il courut d’abord au Forum, et il employa plusieurs mois à se familiariser avec ces lieux célèbres : Ce fut à Rome, le 15 octobre 1764, dit-il, comme j’étais assis à rêver au milieu des ruines du Capitole, pendant que les moines déchaussés étaient à chanter vêpres dans le temple de Jupiter, que tout d’un coup l’idée d’écrire la décadence et la chute de la Ville éternelle se présenta pour la première fois à mon esprit.
Mais comme il est dans le tempérament de Madame et dans son humeur d’outrer tout, même ses bonnes qualités, et d’y introduire quelque incohérence, elle va fort au-delà du but lorsqu’elle exprime le vœu de voir aux galères à la place des innocents ceux qu’elle suppose les persécuteurs, ou même d’autres moines quelconques, par exemple les moines espagnols qui furent les derniers à résister dans Barcelone à l’établissement du petit-fils de Louis XIV : « Ils ont prêché dans toutes les rues qu’il ne fallait pas se rendre ; si l’on suivait mon avis, on mettrait ces coquins aux galères, au lieu des pauvres réformés qui y pâtissent. » Voilà bien Madame dans sa bonté de cœur et dans ses excès de paroles, dans sa religion franche, sincère, mêlée de quelque bigarrure.
Sensuel et prudent, il avait dû commencer par établir sa fortune et son bien-être ; il s’était attaché pour cela à des prélats qui l’avaient pourvu de bénéfice, et en dernier lieu à l’évêque du Mans, M. de Lavardin, qui l’en avait comblé : depuis des années, il vivait grassement dans les obscures délices et la meilleure chère du Maine, en ecclésiastique épicurien.
Aucun scrupule d’ailleurs ne le retient de contracterac, soit avec le roi d’Angleterre (c’est tout simple) et avec ses coreligionnaires à l’étranger, soit avec le duc de Savoie, soit même avec le roi d’Espagne dont le secours s’était fait longtemps espérer et dont il attendait des subsides en dernier lieu.
C’est ce qui lui est arrivé en dernier lieu pour le roman intitulé Le Val funeste, qui, on l’a dit plaisamment, est devenu pour lui Le Vol funeste.
Qu’on se représente bien la situation vraie et le lieu de chaque personnage.
La nouvelle s’en est répandue partout où il est connu, et amis et ennemis s’en sont réjouis presque également, et lui en ont fait des huées qui le persécutent : l’Académie même ne s’en est pas abstenue, et s’est réjouie, en sa présence et à ses dépens, de l’avoir vu venir par force au lieu où il faisait profession de ne point venir de son bon gré.
C’est une remarque que d’autres que moi ont faite depuis longtemps : comment se peut-il que ces gens du monde qui se piquent des politesses, ces gentilshommes qui se flattent de sortir de bon lieu, dès qu’ils se mettent à écrire et qu’ils font de la critique ou de la politique, enveniment si aisément leur plume et en viennent, dès les premiers mots, à dire des choses auxquelles les écrivains bourgeois ne descendent qu’à la dernière extrémité ?
Vous voulez devoir votre subsistance à votre travail ; mais, dans le lieu que vous avez choisi, dans l’état où vous êtes, quelles occupations peuvent vous convenir ?
Au milieu de ces rigueurs forcées, on a pour elles des égards ; elles sont aimées dans la Commune ; un de leurs anciens fermiers ou régisseurs, le citoyen Caillot, est commandant de la garde nationale du lieu ; il agit immédiatement en leur faveur : « An II, 5 pluviôse (24 janvier 1794). — Délivrance au cit.
Il a donné, en dernier lieu, deux premiers volumes sur le règne de Marie-Thérèse.
La plus bruyante fut à elle seule la voix de l’abbé Raynal, qui, de même que votre ami, a choisi ce lieu comme asile de liberté et de travail historique.
S’il avait eu en dernier lieu un triomphe éclatant, il n’était pas insensible aux petits dégoûts qui sont presque toujours la monnaie et la rançon de tout grand succès.
La vie du talent a d’autres conditions ; l’égalité, s’il est permis de le dire, l’égalité toute flatteuse en si bon lieu, est peu son fait et son but définitif : il aspire à plus, à autre chose, à être discerné et apprécié en lui-même.
On était alors par toute l’Europe dans une effervescence sociale et morale qui n’a d’analogue qu’en certaines époques romaines : « Les femme s de haut lieu et de grand nom, disait Sénèque, comptent leurs années non par les consulats, mais par les mariages ; elles divorcent pour se marier, elles se marient pour divorcer88. » Benjamin, dans ses lettres à madame de Charrière, dans celles de la fin, sur lesquelles nous n’avons fait que courir, parle fréquemment de cette femme et de plusieurs autres encore ; suivant son incurable usage, il ne pouvait s’empêcher de persifler, de plaisanter de l’une ou des unes avec l’autre.
Je ne blâme pas ces soins ; bien loin de là, je les honore, et j’en profite ; le moment en était venu sans doute ; mais l’opiniâtreté du labeur, chez ceux qui s’y livrent, remplace trop souvent la vivacité de l’impression littéraire, et tient lieu du goût.
Ce qui rend une femme de cet ordre parfaitement inintelligible à un libertin, c’est qu’il s’est habitué, lui, à séparer les choses du plaisir des choses du cœur et à goûter le plaisir dans des conditions avilissantes ; au lieu que la femme romanesque, et qui aime, n’ayant connu le plaisir qu’associé à la plus noble exaltation, reporte sur ses jouissances le culte qu’elle a pour ses émotions morales.
L’œuvre n’est plus fondée sur une analogie intrinsèque ; le sens et les images sont artificiellement juxtaposés au lieu qu’ils soient unis par la nature.
Elle était d’avis « qu’il n’y a pas de meilleur air que celui de Paris », et, en quelque lieu qu’elle eût pu être, elle aurait préféré son ruisseau de la rue Saint-Honoré, comme Mme de Staël regrettait celui de la rue du Bac.
Là où il était le mieux à rencontrer et à entendre, le plus à son avantage peut-être, c’était au Cercle des Arts, son lieu d’habitude, où il venait tard et où il se plaisait assez à parler quand un petit nombre de gens d’esprit l’environnaient.
Il suppose avec tranquillité des choses extraordinaires et qui pourront bien arriver un jour : Nous serons un jour des anciens nous-mêmes, remarque-t-il, et il faut espérer qu’en vertu de la même superstition que nous avons à l’égard des autres, on nous admirera avec excès dans les siècles à venir : « Dieu sait avec quel mépris on traitera en comparaison de nous les beaux esprits de ce temps-là, qui pourront bien être des Américains. » C’est ainsi que Fontenelle, l’esprit le plus dégagé de soi-même, de toutes ces préventions qui tiennent aux temps et aux lieux, se propose des perspectives, des changements à vue dans l’avenir, et s’amuse à les considérer avec des yeux indifférents.
Jérôme Pichon), antiquaire distingué et très vif dans son culte du passé : d’autre part, le petit-fils d’une des plus compromises parmi ces anciennes beautés, laquelle avait déjà été nommée en toutes lettres dans l’édition de 1822, n’a pas estimé qu’il y avait lieu à prescription et n’a pas cru devoir être de l’avis de Boileau : Mais qui m’assurera qu’en ce long cercle d’ans À leurs fameux époux vos aïeules fidèles Aux douceurs des galants furent toujours rebelles ?
Ensuite il s’occupera de ceux qui, sans être familiers, ne laissent pas d’habiter les mêmes lieux, les mêmes climats, comme les cerfs, les lièvres, etc.
Mallet, à vingt et un ans, fit donc une brochure qui, eu égard aux conditions de la petite république, pouvait sembler révolutionnaire : il embrassait avec générosité la cause des nombreux habitants dits natifs (comme qui dirait le tiers état du lieu) qui n’étaient point représentés.
Notre légèreté est ainsi faite : la plus frivole des brochures politiques était lue par tout le monde, et bien des esprits distingués et sérieux ne s’inquiétaient pas même de savoir s’il y avait lieu de lire ces écrits attribués aux plus grands noms, et où se vérifie à chaque page la marque de leur génie ou de leur bon sens.
Ce que je pardonne encore moins à l’auteur si estimable par son sçavoir & par sa probité, c’est de citer des vers classiques qui doivent mourir dans les lieux où ils sont nés.
Or, un jour, Virginie rencontre par hasard, innocemment, au Palais-Royal, aux carreaux d’un vitrier, sur une table, dans un lieu public, une caricature !
Si les cités actuelles veulent résolument s’engager dans une voie large, il leur faut, en tout premier lieu, abandonner aux siècles morts cette conception barbare, puérile et néfaste, de la patrie considérée comme un monde indépendant du monde lui-même.
Ce n’est pas ici le lieu de le peindre dans sa famille, où il déploya les plus belles vertus domestiques. […] Guy de Maupassant, leur rend un grand service en leur donnant lieu de se confesser sous des noms fictifs ; la confession est un impérieux besoin des âmes. […] À peine arrive-t-il en quelque lieu, on apprend son départ. […] Il s’intéresse à la vie, aux mœurs, aux usages, aux singularités des temps et des lieux.
Au lieu du procédé déductif qui part du fait le plus général ou de l’idée la plus abstraite pour en suivre de degré en degré les conséquences et les réalisations concrètes, il procédera dorénavant en sens inverse et par induction ; il prendra la réalité pour point de départ et remontera par groupements successifs de faits jusqu’aux faits les plus généraux et aux idées directrices. […] Elle avait remplacé certaines conventions par des conventions nouvelles, une rhétorique vieillie par une autre rhétorique qui avait pris des rides en quelques années ; elle était tombée, elle aussi, dans le vague, la déclamation, le lieu commun ; elle avait cru que l’inspiration et le caprice pouvaient tenir lieu d’étude, et qu’on pouvait deviner l’histoire et l’âme humaine, les peindre et les décrire par à peu près. […] Il prenait plaisir à connaître l’origine et le lieu de naissance des jeunes gens qu’il avait devant lui et en qui il voyait comme un abrégé de la France. […] Il est impossible, en face d’une telle dégradation de la nature humaine, de s’ouvrir de gaîté de cœur au charme des beaux lieux, lors même que ces lieux s’appellent Sorrente et Portici, Misène et Baïa. » 4. […] Il fit en 1841 un voyage en Lombardie pour voir les lieux où Virgile a vécu et qu’il a chantés.
C’est de tout cela que sort le système qui a été si souvent exposé et qui se résume lui-même à chaque instant dans de brèves sentences, dignes de l’Ecclésiaste par la concision énergique ou le chaud coloris de leur découragement : « La vie oscille, comme un pendule de droite à gauche, de la souffrance à l’ennui. » — « La vie est une mer pleine d’écueils et de gouffres : l’homme, à force de prudence et de soin, les évite, et sait pourtant que, vînt-il à bout, par son énergie et son art, de se glisser entre eux, il ne fait ainsi que s’avancer peu à peu vers le grand, le total, l’inévitable et l’irrémédiable naufrage, qu’il a le cap sur le lieu de sa perte, sur la mort : voilà le dernier terme de ce pénible voyage, plus redoutable à ses yeux que tant d’écueils jusque-là évités. » — « Nulle satisfaction faible ne peut durer ; il n’est point de bonheur positif. » — « Jamais de but vrai, jamais de satisfaction finale, nulle part un lieu de repos etc. […] Nous connaissons des femmes si honnêtes qu’elles ne se doutent même pas qu’elles le sont, au lieu que celles de M. […] Un écrivain, quelque noblement ambitieux qu’il soit de la servir, ne sera jamais pour elle qu’un homme qui met du noir sur du blanc ; le théâtre, cherchât-il à moraliser, qu’un lieu de divertissement ; derrière les préceptes débités par ses personnages, fussent-ils notaires, elle reconnaîtra les auteurs ; et ces préceptes, quoique affirmés avec conviction, elle ne renoncera jamais au droit de les discuter. […] Brunetière est de ceux auxquels, s’il y avait lieu, on pourrait pardonner beaucoup, non certes parce qu’il a beaucoup aimé, mais parce qu’il a beaucoup pensé : ce qui est une manière aussi de bien mériter des hommes. […] Au lieu du sacrifice du Moi, sur lequel repose toute conception un peu élevée du bien, ils ont voulu le triomphe du Moi.
C’est ici le lieu de marquer l’éternel point de contact qui rapproche les théâtres en apparence les plus dissemblables le théâtre des Grecs et le théâtre de Louis XIV, celui de Shakespeare et celui des Allemands. […] L’analyse minutieuse d’une catastrophe interne et psychique lui tenait lieu d’une course folle sur le terrain de l’invraisemblance ; ses plus saisissantes péripéties se dénouaient dans l’âme de ses héros. […] Ils n’ont pas à redouter que leur pièce donne jamais lieu à une semblable méprise, ou qu’on puisse les prendre, un seul moment, l’un ou l’autre, pour la personne de Richard III. — Pour s’élever jusqu’à la réalité du crime, leur talent est beaucoup trop honnête homme. […] Et pourtant elle n’attend plus — on a quelque lieu de le supposer — que son cœur lui ait révélé comment l’esprit vient aux filles.
Quelquefois on l’apercevait au coin d’une rue, le chapeau à la main, dans une sorte d’extase, absent évidemment du lieu où il se trouvait, ses yeux étoiles de lueurs bleues, ses légers cheveux blonds déjà un peu éclaircis faisant comme une fumée d’or sur son crâne de porcelaine, la coupe la plus parfaite qui ait jamais enfermé une cervelle humaine gravissant les spirales de quelque Babel intérieure. […] C’était une surprise pareille à celle qu’on éprouverait en entendant donner à un lieu réel un nom des pièces de Shakespeare. […] Nous aimons mieux en retracer la physionomie vivante, et, par ce léger crayon fait à la hâte, conserver la figure des lieux et la place des objets. […] Dès l’antichambre, le goût particulier du poète se déclarait, car nul n’a plus imprimé le cachet de sa fantaisie aux lieux qu’il habitait : des fontaines chinoises, des vases en faïence de Rouen, des armoires en laque du Japon, décoraient cette première pièce. […] C’était un sauvage, un barbare, un maniaque, un enragé, un fou qu’il fallait renvoyer à son lieu de naissance, Charenton.
Quand Sainte-Beuve raillait le kiosque en mosaïque de Baudelairec, il ne se doutait point que ce petit monument deviendrait un lieu de pèlerinage. […] Ce brusque détour d’Auguste Comte, qui partage encore aujourd’hui ses disciples, offre des analogies avec celui de Tolstoï en ce qu’il va du réel au mysticisme, au lieu que celui de Renan va du mysticisme au réel. […] Il donne en deux traits la forme générale qu’il orne ou amplifie à mesure, au lieu qu’un Balzac par exemple ; malgré sa magie évocatrice, nous fatigue souvent par une juxtaposition de détails où se perd pour nous la vue d’ensemble. […] Au lieu que celui qui vit dans et pour le moment, que ne troublent ni le souvenir ni l’avenir, a son univers devant lui et n’est plus commandé que par lui-même. […] Il faudrait citer tout l’ouvrage, tant les finesses se tiennent ou s’intriquent, tant les images sont justes et rares et servent à la composition de lieu.
Il est des gens pour qui le changement de lieu est un besoin physique absolument irrésistible, comme à certains orateurs ou écrivains le changement de lieux communs. […] La présence de Glatigny en ce lieu funèbre qu’on nomme la Brasserie antiacadémique est donc justifiée. […] Lisane, qui apprend que Tassin vient de sortir de son lieu de retraite, demande à Glatigny, qui n’a jamais un maravédis, quatre mille francs, « au moins trois mille », pour s’établir en femme rangée et qui a un appartement à elle. […] Tout à coup le député du lieu, que Perraud méprise profondément, devient ministre de l’intérieur et offre à Perraud une préfecture. […] La duchesse se défend vivement, protégée, on le sent, par le lieu où elle est et par l’influence de celui qui l’habite.
On s’imaginait que je pourrais écrire par métier, comme tous les autres gens de lettres, au lieu que je ne sus jamais écrire que par passion24. » Tout ceci est encore passablement intellectuel, mais bien souvent des préoccupations égoïstes ou sociales concourent à la création d’une œuvre, et par conséquent à l’invention de systèmes d’idées, d’imagés et de mots. […] Au lieu du Séraphin, c’est l’ange de la mort qui répondra puisque David a timidement insinué qu’il ne serait pas fâché de ne pas mourir. […] Enfin viennent des considérations sur le lieu où l’action doit forcément se passer, puis l’exposé des raisons qui ont décidé l’auteur à introduire dans son récit une tempête, un buste de Pallas et un coup frappé à une porte, des remarques sur la force du contraste, la préparation du dénouement et les deux strophes qui viennent apporter au poème leur qualité suggestive destinée à pénétrer tout le récit qui les précède et à en accentuer le symbolisme. […] La besogne est ainsi préparée d’avance pour chaque fragment de l’œuvre… Le plan définitif, où tout ce qu’il y a d’important est noté, même les dates des épisodes, et, quand il le faut, des plans d’appartements et d’autres lieux, n’a plus qu’à être traduit en phrases plus détaillées et plus littéraires. » « Comme on le voit, M. […] Si au lieu des enfants, c’était Médée qui apportait ces présents !
La critique des professionnels est faite par des spécialistes, dont le métier est de lire des livres, de tirer de ces livres une certaine doctrine commune, d’établir entre les livres de tous les temps et de tous les lieux une espèce de société. […] Avoir mauvais goût, dirait Brunetière, c’est avoir son goût propre au lieu du goût de très haute et très puissante dame Critique ; c’est avoir un goût présent, au lieu d’un goût fondé sur la tradition du passé et sur l’autorité de la parole qui se lit en la chaire de vérité. […] « On croit être dans les lieux qu’Homère dépeint, y voir et y entendre des hommes. […] Le bon critique, comme l’avocat général, cherche à entrer dans les sentiments des parties et de leurs avocats, à faire en ces plaidoiries la part de l’exagération et du métier, à mettre le juge en garde contre le bourrage de crâne qui est le pain quotidien du barreau, à savoir, quand il y a lieu, incliner d’un côté la décision, à savoir aussi, comme il en a le droit dans bien des cas, ne laisser même pressentir aucune conclusion, tenir la balance exacte devant le juge, accumuler les raisons pour et contre en se demandant : Comment diable va-t-il se tirer de là ? […] Au lieu que les auteurs soient le chêne et la critique le lierre parasite, c’est la critique qui, pour la postérité, devient le chêne.
Ce manteau de Janin semble avoir eu sur le bon abbé tout l’effet merveilleux du manteau d’Élie sur Élisée ; et c’est depuis ce moment que M. de Lamennais s’est laissé aller de plus en plus au poète au lieu du prêtre, à l’artiste, au bon enfant, au camarade de Liszt et de George Sand. […] comme il a enfoncé sa lame, au lieu que le style de Cousin plane en quelque sorte sur moi et passe sur ma tête sans me toucher ! […] Il faudrait à cette espèce d’hommes dans le lieu, dans le cabinet ou l’atelier où ils vaquent à leur talent, une porte de sortie qui donnât, non sur le salon, mais sur l’écurie.
Il y avait donc lieu entre eux à une familiarité de bon goût et dont la limite était assez indécise.
Le duc de Bourgogne était le seul pour qui elle employât le mot de monsieur, parce que son maintien sérieux n’inspirait pas la familiarité ; au lieu que la duchesse de Bourgogne faisait à Mlle Choin les mêmes petites caresses qu’à Mme de Maintenon.
L’homme n’a qu’une mesure de sensibilité, et son langage qu’un degré d’énergie ; son cœur est-il oppressé par le poids accablant d’un sentiment profond, son imagination ravagée par des spectacles d’horreur multipliés, il désespère d’y proportionner son langage ; et un geste, un regard, un morne silence lui tiennent lieu alors de paroles et sont plus expressifs.
Il prédit, il dessine à l’avance un futur rival romantique de Racine et de Corneille ; nous aussi nous le croyons possible, mais nous l’attendons toujours : Les tragédies de Corneille, de Racine, de Voltaire (en nommant Voltaire à côté des précédents, il paie tribut au siècle) semblent devoir durer éternellement ; mais si un homme de génie donnait plus de mouvement à ses drames, s’il agrandissait la scène, mettait en action la plupart des choses qui ne sont qu’en récit, s’il cessait de s’assujettir à l’unité de lieu, ce qui ne serait pas aussi choquant que cela paraît devoir l’être, ces hommes auraient un jour dans cet auteur un rival dangereux pour leur gloire.
mais d’autres n’eussent point mis la leur en tel lieu, et si on l’eût pris au mot, la sienne était utile à l’État.
En France nul n’a mieux conçu et pratiqué cette magie des syllabes, cet assemblage et cet accord des mots heureux et beaux par eux-mêmes, que M. de Chateaubriand ; et quoiqu’il l’ait fait avec préméditation, avec artifice, il y a tout lieu de l’en remercier comme du plus grand service rendu au goût, après l’excès de métaphysique et la débauche d’abstraction qui avait précédé.
Dès la première nuit passée sur le sable après le débarquement avec quelques onces de biscuit trempé dans de l’eau saumâtre, on prend une triste idée de l’avenir qui attend l’armée en Égypte : « Cependant aucun murmure ne se fit entendre : nous voulions égaler les Romains. » — Un jour, dans un campement près de Gaza où l’on n’avait trouvé que peu de ressources, comme des soldats s’étaient approchés de sa tente pour se plaindre, le général en chef leur dit « qu’ils n’égaleraient jamais les Romains, qui, dans ces mêmes lieux, avaient mangé leurs sacs de peau. » — « Général, ils n’en portaient pas, vos Romains », lui répondit un orateur. — « Cette répartie fit rire, ajoute Pelleport, et les murmures s’apaisèrent. » C’est égal, ces Romains, toujours nommés, restaient dans l’esprit de ces braves et les piquaient d’honneur.
Offrez-nous-le donc en son lieu autant que possible, et n’effacez pas la circonstance.
Jay » ; il croyait jusqu’aux promesses des arracheurs de dents, des grands orateurs de l’Opposition et au fameux programme de l’Hôtel-de-Ville : — et voilà que, pour avoir causé un quart d’heure au foyer du Théâtre-Français, et un jour de tragédie encore, avec ce satané Ferdinand qui n’est venu là que pour profaner le lieu et y relancer une maîtresse, il est retourné comme un gant en un clin d’œil.
Pour le moment, elle se plaît à lui faire de la vie qu’elle mène en ce triste lieu une description reposée et presque attrayante : on l’y voit à merveille, dans cette cellule assez large à peine pour souffrir une chaise à côté du lit, devant la petite table où elle lit, écrit ou dessine, avec le portrait de son ami sous ses yeux ou sur son sein, pour tout ornement de son réduit ayant un bouquet de fleurs que Bosc lui fait envoyer chaque matin du Jardin des Plantes : c’est un joli coin de tableau, que j’appellerais flamand s’il n’était si net et si clair de tout point ; le clair-obscur n’est point le fait de Mme Roland.
Leurs gestes étaient significatifs ; ils n’annonçaient rien de moins que le désir de voir tomber nos têtes. » De telles scènes, on en conviendra, en dépit de toutes les descriptions d’un Chateaubriand, sont bien faites pour gâter la poésie du lieu et l’enchantement de la perspective.
L’une, la noble châtelaine du Cayla, sous son beau ciel du Midi, dans des lieux aimés, dans une médiocrité ou une pauvreté rurale qui est encore de l’abondance, avec tous les choix et toutes les élégances d’un intérieur de vierge ; l’autre dans la poussière et la boue des cités, sur les grands chemins, toujours en quête du gîte, montant des cinq étages, se heurtant à tous les angles, le cœur en lambeaux, et s’écriant par comparaison : « Où sont les paisibles tristesses de la province ?
Un jour, c’était au temps des oisives années, Aux dernières saisons, de poésie ornées Et d’art, avant l’orage où tout s’est dispersé, Et dont le vaste flot, quoique rapetissé, Avec les rois déchus, les trônes à la nage, A pour longtemps noyé plus d’un secret ombrage, Silencieux bosquets mal à propos rêvés, Terrasses et balcons, tous les lieux réservés, Tout ce Delta d’hier, ingénieux asile, Qu’on devait à quinze ans d’une onde plus facile !
Un livre qu’on a eu bien de la peine à se procurer, un livre qu’on tire précieusement du lieu obscur où on l’avait caché, va remplir ces heures de silence.
Au lieu que le Lutrin est moins un récit, qu’une suite de croquis, où les physionomies sont caractérisées, les attitudes notées avec une vérité saisissante.
Dames et bains, seraient les passe-temps, Lieux et labeurs de nos esprits contents… Le chien, l’oiseau, l’épinette et le livre, Le deviser, l’amour (à un besoin), Et le masquer, serait tout notre soing.
Si la vérité, la sincérité sont les lois suprêmes de l’art, il n’y a plus lieu, dès que l’artiste est honnête homme, d’exiger qu’il ait le dessein formel et particulier de faire une œuvre morale : quoi qu’il fasse, il la fera morale, en vertu de sa nature.
Je me suis défendu par bonnes raisons dont l’une est la modestie que M. le duc m’a promis de garder en telles actions. » Et M. le duc d’Aumale ajoute, non moins plaisamment : « Il y a lieu de croire que M. le duc tenait sa promesse. » Vous pensez bien que, pour moi, je me garderais bien d’en douter.
Oui, nous voulons bien en convenir avec les admirateurs de la Henriade, le poème, pour parler comme Frédéric II, est conduit « avec toute la sagesse imaginable » ; les épisodes y sont dans leur lieu ; le songe de Henri IV, au septième chant, « est plus vraisemblable qu’une descente aux enfers imitée d’Homère et de Virgile » ; la Politique, l’Amour, la Vraie Religion, les Vertus et les Vices « sont des allégories nouvelles » ; nous accordons à Marmontel que les personnages sont amenés avec art, soutenus avec sagesse, qu’ils ne se démentent pas plus que ceux du Clovis de Desmarets ; que la Henriade n’a pas l’enflure de la Pharsale ; que toutes les règles y sont observées, et, sur ce point, nous donnerons volontiers acte à Voltaire d’avoir respecté l’épopée plus qu’aucune autre autorité au monde.
Le lieu où l’humanité s’est proclamée, le jeu de Paume, sera un jour un temple ; on y viendra comme à Jérusalem, quand l’éloignement aura sanctifié et caractérisé les faits particuliers en symboles des faits généraux.
Molière, faisant jouer une pastorale, indique ainsi l’endroit où se passe la scène : « Un lieu champêtre, mais agréable. » Ce mais en dit plus qu’il n’est gros.
Est-ce que l’opprobre d’un époux, en apparence complaisant, tenant la chandelle d’un mauvais lieu conjugal, n’est pas plus flagrant que l’éclat d’une séparation judiciaire ?
Des esprits sévères et conséquents ont eu le droit de remarquer que le sentiment qui a inspiré ces petites pièces mènerait très loin, et ils ont pu regretter que l’illustre poète ne soit pas demeuré à l’Assemblée constituante pour défendre, expliquer, commenter et appliquer, s’il y avait lieu, la moralité de ces chansons, poétiquement très belles.
En abordant toutefois ce genre d’esquisse, j’ai voulu commencer par un sujet tout à fait sûr, et me prendre à quelqu’un qui ne laissât guère lieu à une diversité de jugements.
L’auteur supprime en idée tout ce qui est du caractère et du génie particulier aux diverses races, aux diverses nations ; il tend à niveler dans une médiocrité universelle les facultés supérieures et ce qu’on appelle les dons de nature ; il se réjouit du jour futur où il n’y aura plus lieu aux grandes vertus, aux actes d’héroïsme, où tout cela sera devenu inutile par suite de l’élévation graduelle du niveau commun.
Quand on fut en vue du camp, malgré la défense expresse que la reine avait faite que personne ne la précédât, Mme de La Vallière n’y put tenir, et elle fit courir son carrosse à toute bride à travers champs, tout droit au lieu où elle croyait trouver le roi : « la reine le vit ; elle fut tentée de l’envoyer, arrêter et se mit dans une effroyable colère ».
Impatiente des pourparlers qui se prolongeaient, Mademoiselle se promenait devant les remparts, excitant les gens du dedans par ses gestes et ses paroles ; puis, voyant qu’il fallait plus compter sur le menu peuple que sur les gros bourgeois, elle se jeta dans une barque que des bateliers lui offraient, fit rompre une porte mal gardée qui donnait sur le quai, et par laquelle on ne l’attendait pas : quand il y eut deux planches rompues, on la passa par le trou, et la voilà introduite, de loin suivie par ses dames qui prirent le même chemin, portée en triomphe par le peuple, et en un clin d’œil maîtresse de la place : Car, lorsque des personnes de ma qualité sont dans un lieu, dit-elle au gouverneur et à l’échevinage un peu étonnés, elles y sont les maîtresses, et avec assez de justice : je la dois être en celui-ci, puisqu’il est à Monsieur. — Ils me firent leurs compliments, assez effrayés… Arrivée à mon logis, je reçus les harangues de tous les corps et les honneurs qui m’étaient dus, comme en un autre temps.
J’ose dire : Je suis né libre, dans des lieux où tout me crie : Non, tu ne l’es pas !
Tout ce chapitre « De la conversation » est très bien observé ; et, après avoir parcouru les différents défauts d’une conversation, Cilénie ou Valérie, ou plutôt l’auteur, dans un résumé qui n’a d’inconvénient que d’être trop exact et trop méthodique, conclut que, pour ne pas être ennuyeuse, pour être à la fois belle et raisonnable, la conversation doit ne point se borner à un seul objet, mais se former un peu du tout : Je conçois, dit-elle, qu’à en parler en général, elle doit être plus souvent de choses ordinaires et galantes que de grandes choses : mais je conçois pourtant qu’il n’est rien qui n’y puisse entrer ; qu’elle doit être libre et diversifiée selon les temps, les lieux et les personnes avec qui l’on est ; et que le secret est de parler toujours noblement des choses basses, assez simplement des choses élevées, et fort galamment des choses galantes, sans empressement et sans affectation.
« Ma mère était un ange, disait-il à qui Dieu avait prêté un corps ; mon bonheur était de deviner ce qu’elle désirait de moi, et j’étais dans ses mains autant que la plus jeune de mes sœurs. » Envoyé à Saint-Pétersbourg comme ministre plénipotentiaire par le roi de Sardaigne son souverain, il écrivait de là à l’un de ses frères, et il avait alors cinquante et un ans (février 1804) : « À six cents lieux de distance, les idées de famille, les souvenirs de l’enfance me ravissent de tristesse.
Mais pourquoi ne pas ajouter aussitôt pour Maury toute la prédiction : Oui, vous serez archevêque ou tenant lieu de l’archevêque de Paris ; mais cette haute charge sera précisément votre pierre d’achoppement et de scandale, la marque publique de votre abaissement et de votre chute.
Ses bons mots, ses saillies, ses épigrammes sont connues et citées en cent endroits : il y a lieu d’insister sur ses tentatives plus hautes.
Mais celle-ci essaya en vain de balbutier quelques mots de son rôle, M. de La Harpe y coupa court, lui représentant que ce n’était ni l’heure ni le lieu de l’entendre, et il la remit au lendemain en la reconduisant poliment.
Il s’agissait, pour Bonneval, de s’évader de Turquie, et, en s’embarquant sur une frégate napolitaine qui croiserait dans l’Archipel, de venir à Rome chercher un asile, un lieu de réparation honorable et de repos.
Enfin, si l’on prend les deux personnages comme types de deux sociétés aux prises et en présence, il y a lieu à hésiter (quand on est galant homme) si l’on n’aimerait pas mieux vivre, après tout, dans une société où régneraient les Almaviva, que dans une société que gouverneraient les Figaro.
Ce n’est pas ici le lieu d’entrer dans le détail de cet enseignement qui retardait sur le siècle, et des changements qui étaient à y introduire.
Ce prince léger, au sortir de Bordeaux, voit en passant l’armée de M. de Candale, qui la lui montre rangée en bataille, et le voilà qui ne rêve plus, au lieu du chapeau de cardinal, que la gloire d’être généralissime.
En troisième lieu, nous avons toujours un ensemble de sentiments immédiats de changement.
C’est dommage, peut-être, et c’est injuste, mais comment goûter encore « les gazons fleuris — ces beaux lieux — qu’elle arrosait de ses larmes — un silence modeste — une simplicité rustique — les doux zéphirs — une délicieuse fraîcheur — le doux murmure des fontaines » ?
Comme donc ce n’est point une chose bizarre d’entendre s’élever de tout un amphithéâtre un ris universel sur quelque endroit d’une comédie, et que cela suppose au contraire qu’il est plaisant et très naïvement exécuté, aussi l’extrême violence que chacun se fait à contraindre ses larmes, et le mauvais ris dont on veut les couvrir prouvent clairement que l’effet naturel du grand tragique serait de pleurer tous franchement et de concert à la vue l’un de l’autre, et sans autre embarras que d’essuyer ses larmes, outre qu’après être convenu de s’y abandonner, on éprouverait encore qu’il y a souvent moins lieu de craindre de pleurer au théâtre que de s’y morfondre.
« Croire qu’en imitant certaines qualités de pureté, de sobriété, de correction et d’élégance, indépendamment du caractère même et de la flamme, on deviendra classique, c’est croire qu’après Racine père, il y a lieu à des Racine fils, rôle estimable et triste, ce qui est le pire en poésie.
C’est ici le lieu de mettre sous les yeux du lecteur un certain nombre de passages tirés de la correspondance de Voltaire, qui prouvent que je n’ai pas trop hasardé, lorsque j’ai dit qu’il haïssait secrètement les sophistes.
Besnier, Jésuite, & d’un vocabulaire bagialogique, c’est-à-dire, une liste des noms des Saints qui paroissent éloignés de leur origine, & qui s’expriment diversement selon la diversité des lieux, par Claude Chastelain, Chanoine de l’Eglise de Paris, avec des préfaces & des remarques, par Hervé Pierre Simon de Valhebert.
Il semble que la convenance du vêtement et du lieu demandoit un vêtement domestique.
Le Prince C’est une assez bonne méthode pour décrire des tableaux, surtout champêtres, que d’entrer sur le lieu de la scène par le côté droit ou par le côté gauche, et s’avançant sur la bordure d’en bas, de décrire les objets à mesure qu’ils se présentent.
Si Bernardin de Saint-Pierre — et tout le monde un peu — n’avaient pas écrit les Études de la nature, ce serait ici le lieu de vous décrire les cascades d’Oo s’épanouissant — à leur tombée — en lacs transparents, et la vallée de Litz, remarquable par beaucoup de choses… et encore par l’Album des touristes : un registre, où l’aubergiste de l’endroit collectionne les autographes des commis-voyageurs en villégiature.
Il arrive souvent d’être aussi obscur en fuyant la brièveté qu’en la cherchant ; on perd sa route en voulant prendre la plus longue ; la vraie manière d’arriver à un but, c’est d’y aller par le plus court chemin, pourvu qu’on y aille en marchant, et non pas en sautant d’un lieu à un autre.
Si c’était le lieu, dans une critique d’ensemble, de nous attacher à des vices ou à des débilités de traduction, nous en aurions signalé plusieurs en évoquant le texte des notes de M.
Et que le lieu qui la recèle Rende l’invisible parcelle Qui, dans la masse universelle, Roulait au gré des quatre vents !
Cela n’a rien d’étonnant… C’est ma fonction naturelle, en somme… Il n’y a donc pas lieu que je tire de cette incontestable supériorité un orgueil quelconque… Non… Ce par quoi je suis vraiment particulier — dirai-je, surhumain, pourquoi pas ? […] Sentir, aimer, admirer, vous ne le pouvez qu’avec l’autorisation de votre maître d’études, et votre admiration et votre amour ne seront jamais qu’une leçon répétée ou un pensum, au lieu qu’ils soient l’exaltation libre, ardente, pleine de joie, de l’individu en contact avec la beauté. […] Un beau soir, il revient à Beauclair, dans un affreux état de ruine et de déchéance, conduit là par cette curiosité fatale qui ramène toujours le criminel au lieu même de son crime. […] Elle est circonscrite dans une époque précise, dans un lieu déterminé. […] La volonté, d’ailleurs, ne fait pas défaut à Marguerite Audoux, et, quant à l’expérience, ce qui lui en tient lieu, c’est ce sens inné de la langue qui lui permet, non pas d’écrire comme une somnambule, mais de travailler sa phrase, de l’équilibrer, de la simplifier, en vue d’un rythme dont elle n’a pas appris à connaître les lois, mais dont elle a, dans son sûr génie, une merveilleuse et mystérieuse conscience.
Il y a donc toujours lieu de supposer la primitivité de la plupart de nos coutumes et de nos pratiques fondamentales, car ce qui est nécessaire à l’homme d’aujourd’hui n’a pas été moins nécessaire à l’homme du plus lointain autrefois. […] La langue des Indiens Cherokee, qui possède trente verbes exprimant toutes les façons de « lave » relatives à la personne, au lieu, à la circonstance, ne possède pas l’idée générale de « laver ». […] En dernier lieu, je suis monté chez un client, rue Mazagran, et j’ai reçu de l’argent. […] Gérard de Nerval, allant en Allemagne, fit un grand détour, pour prendre, au lieu du chemin de fer de Strasbourg, d’antiques diligences qui fonctionnaient encore par des routes détournées. […] Ces balancements sont d’ailleurs très vraisemblables, et nous ne savons si l’homme, au lieu, de commencer par tailler des cailloux, n’a pas commencé par rêver aux étoiles, tout en grimpant aux arbres.
Balzac consentit à ne recevoir que 5 000 francs, au lieu des 15 000 qu’on lui devait, ce qui prouve qu’il n’était pas toujours un homme d’argent7. […] L’emploi du : il, au lieu du : je, a son importance dans le style. […] Au lieu des bons et sérieux articles d’autrefois, qu’on savourait à loisir au coin du feu, le public se contente de comptes rendus bâclés, ou même de simples annonces de librairie ; si bien que le lecteur, faute de guide, ne prend plus la peine de choisir et n’achète plus que les « prix littéraires ». […] Le cliché, c’est l’expression qui a servi, mais pompeuse et prétentieuse, et qu’on emploie au lieu du mot propre83. […] Puis, ayant tout rangé dans la salle, ils conduisirent les servantes hors de la demeure, entre le dôme et le mur de la cour, les renfermant dans ce lieu étroit d’où on ne pouvait s’enfuir.
N’est-il pas vrai qu’à la longue l’esprit se modèle sur le relief des lieux où il vit ? […] Dans quels lieux flânes-tu ? […] On me pardonnera ces considérations générales ; elles étaient nécessaires avant d’approcher les trois grandes figures qui ont mérité en dernier lieu l’adoption populaire. […] C’est peut-être le lieu de toucher un point délicat que je ne veux pas éviter. […] Il y a lieu d’en appeler de ces jugements rapides et exclusifs.
Cette iliade glorieuse se déroulant non loin des lieux où l’antiquité veut qu’Iphigénie, dont le sang devait ouvrir le chemin de Troie aux Grecs et au génie d’Homère le sujet de son immortelle Iliade, ait été transportée par Diane, occupait toutes les âmes. […] La marquise, qui se cache sous le nom de madame Martin pour échapper aux servitudes du monde aristocratique et soigner en paix dans ce lieu retiré son enfant souffreteux ; le jeune médecin qu’elle rencontre, et qui à force de dévouement, de respect et de désintéressement résigné, finit par la faire renoncer au veuvage ; M. de la Rive, son vieil ami, qui à la supériorité de l’expérience du monde joint la douce indulgence qu’elle donne aux cœurs bien faits ; Pasquali, type de la bonté brusque des vieux loups de mer à la retraite ; Estagel lui-même, le garde-côte, malgré un instant de terrible colère, appartiennent tous à la meilleure partie du genre humain. […] Comment donc lui aurait-il tendu une embuscade dans un lieu où il ignorait qu’elle irait ? […] Ce qui est vrai, c’est que le forçat libéré inspire une répulsion générale, qu’il trouve difficilement du travail, et que s’il réussit à quitter le lieu de sa résidence légale et à commencer une nouvelle vie, il est exposé à être reconnu et rançonné par ses anciens compagnons de chaîne qui, en le menaçant de le dénoncer, l’entraînent à de nouveaux crimes.
J’avais tout de suite conjecturé qu’au lieu du second quoque il fallait quos. […] Il a sa statue à deux pas du lieu où l’on ne voit que les têtes de Molière, Corneille, Racine et Hugo. […] Lui qui jadis admirait tant l’antiquité, il déclare maintenant qu’une société païenne ne saurait être qu’un coupe-gorge et un mauvais lieu. […] Espérons qu’on les aura déposées en lieu sûr ! […] Ce n’est pas mon double, c’est moi-même qui me promène par la pensée à Rome, à Venise et en tout lieu dont j’ai gardé le souvenir présent.
Il y a bien, je l’avoue, dans cette tragédie injouable, plusieurs beautés éternelles qui ne sont ni d’aucun temps, ni d’aucun lieu. […] Il reconnaît à chaque pas les lieux qu’il a visités dans les rêves de son enfance. […] Nous aimerions à épier, dans un esprit d’élite, l’impression des lieux et des hommes, à écouter dans cette âme harmonieuse le retentissement de la vie quotidienne. […] Après une heure de marche sous le soleil brûlant de Jérusalem, après une fervente invocation à celui qui a souffert et qui est mort pour le salut de tous, le pèlerin oublie tout à coup son rôle, il discute l’authenticité des traditions, il révoque en doute la désignation des lieux, il accuse de mensonge les récits populaires qui se distribuent et se vendent au pied du saint tombeau. […] Mais il y a lieu, je crois, à faire quelques remarques techniques sur la trame intérieure du langage appliqué au récit et en particulier au roman.
Mais lorsque l’horizon se fut éclairci, et qu’on put commencer à juger de l’état des lieux, on vit un monde nouveau s’élever au-dessus des ruines ; la société s’y reconstitua peu à peu, et le courant de l’intelligence, purifié, put reprendre sa marche vers l’avenir. […] Aux unités d’action, de temps, et de lieu, de la tragédie classique, nous avons substitué l’unité d’impression, la seule vraie, et au lieu de la chercher par des voies détournées, nous la poursuivons en ligne droite… Le système classique est né de la vie de son temps ; ce temps est passé : son image subsiste brillante dans ses œuvres, mais ne peut plus se reproduire. […] J’habite au sein des rocs, lieux voisins de l’orage, De l’orage en planant je brave le fracas, Et mon aile puissante affermit mon courage, Quand je vole à la chasse, aux périls, aux combats. […] Xavier Marmier, se pénétrèrent sur les lieux même, de la poésie allemande, et en importèrent les procédés en France. […] dans l’élégie enivrante qui a pour titre la Tristesse d’Olympio : — Les champs n’étaient point noirs, les cieux n’étaient point mornes Non, le jour rayonnait dans un azur sans bornes Sur la terre étendu ; L’air était plein d’encens et les prés de verdures Quand il revit ces lieux où par tant de blessures Son cœur s’est répandu !
L’homme se retire du réel dans l’idéal comme le peuple de la cité sur le Mont Sacré, et il appelle sacré ce lieu, seulement parce qu’il s’y retire ; mais il n’y a aucune raison de le nommer ainsi et il n’est sacré que comme un tombeau. […] Il y a l’univers, absolument immoral, oui ; mais il y a Dieu moral, comme l’homme ; juste, comme l’homme ; conservateur et vengeur de la morale et de la justice et qui rétablit tout à un moment donné et en un lieu donné selon la justice et la morale Dès lors, contrepoids : d’un côté l’univers, de l’autre côté l’homme et Dieu, et, même si l’homme n’est rien. […] Mais à force de se rendre vénérable, et à force de terroriser les esprits, la morale, en se rendant intangible, s’est rendue stérile ; et à force de ne pas permettre qu’on la discutât, a rendu impossible qu’on l’étudiât ; et à force de se faire lieu sacré, s’est faite désert. […] Ceci est la dernière pensée de Nietzsche, son rêve suprême, non pas qu’il l’ait fait chronologiquement en dernier lieu, et il semble en avoir été préoccupé de très bonne heure, et cela semble même comme un des plis de son esprit ; mais je veux dire que c’était ce qu’il se réservait toujours d’établir et d’exposer systématiquement pour terminer et clore son œuvre. […] Quoique les idées littéraires et artistiques de Nietzsche n’aient pas toujours un rapport étroit avec sa philosophie, et quoique celles de ces idées artistiques qui ont un lien avec sa philosophie et qui même en sont le fondement, nous les ayons naturellement rapportées au lieu où elles étaient à leur place, il convient de ne pas quitter le philosophe sans jeter un coup d’œil sur les plus curieuses de ses innombrables considérations esthétiques, libres, indépendantes, venues au hasard du jour et de l’heure.
Cette occasion de sagesse perdue, le câble me paraissait rompu, le vaisseau en dérive, la France livrée au hasard de tous les vents, la révolution compromise par ses excès, la royauté engagée contre les royalistes, des règnes courts, des partis au lieu de nation, des républiques précaires, des dictatures militaires comme celles qui précédèrent la décomposition césarienne de la constitution romaine sous les Gracques, les Marius, les Sylla ; enfin une oscillation désordonnée qui brise les institutions politiques et qui donne le vertige aux nations, au lieu du mouvement régulateur qui maintient la vie et qui la modère. […] Courir aux succès de tribune au lieu des grands résultats d’opinion, jeter quelques imprécations retentissantes au parti du gouvernement, embarrasser les ministres dans toutes les questions, se coaliser avec tous les partis de la guerre ou de l’anarchie dans la chambre ; se faire applaudir par les factions au lieu de se faire estimer par la nation propriétaire et conservatrice ; ébranler, hors de saison, un gouvernement mal assis, mais qui couvrait momentanément au moins les intérêts les plus sacrés de l’ordre et de la paix ; menacer sans cesse de faire écrouler cette tente tricolore sur la tête de ceux qui s’y étaient abrités ; jouer le rôle d’agitateur au nom des royalistes conservateurs, de tribun populaire au nom des aristocraties, de provocateur de l’Europe au nom d’un pays si intéressé à la paix ; se coaliser tour à tour avec tous les éléments de perturbation qui fermentaient dans la chambre et dans la rue ; harceler le pilote au milieu des écueils et prendre ainsi la responsabilité des naufrages aux yeux d’un pays qui voulait à tout prix être sauvé ; former des alliances avec tel ministre ambitieux, pour l’aider à donner l’assaut à tel autre ministre ; renverser en commun un ministère, sans vouloir soutenir l’autre, et recommencer le lendemain avec tous les assaillants le même jeu contre le cabinet qu’on avait inauguré la veille ; être, en un mot, un instrument de désorganisation perpétuelle, se prêtant à tous les rivaux de pouvoir pour renverser leurs concurrents et triompher subalternement sur des décombres de gouvernement ; danger pour tous, secours pour personne ; condottiere de tribune toujours prêt à l’assaut, mais infidèle à la victoire ; faire du parti légitimiste un appoint de toutes les minorités, même de la minorité démagogique dans le parlement : voilà, selon moi, la direction ou plutôt voilà l’aberration imprimée à ce parti, moelle de la France, qui réduisait les royalistes à ce triste rôle d’être à la fois haïs par la démocratie pour leur supériorité sociale, haïs par les conservateurs industriels pour leur action subversive de tout gouvernement, haïs par les prolétaires honnêtes pour leur participation à tous les désordres qui tuent le travail et tarissent la vie avec le salaire.
C’est le lieu par excellence des « retraites », celui où se nourrissent le mieux les rêves : rêves d’art, rêves de volupté, rêves de perfection morale. […] Lisez, dans le Parfum de Rome, le chapitre sur les Indulgences : Par la création de l’Église, les fidèles constituent un corps immense, prolongé dans le ciel, sur la terre et dans les lieux de purification que nous appelons le purgatoire.
Je n’imagine qu’un lieu où il fût à sa place, absorbé sans distraction par la présence divine : c’est cette colonne au haut de laquelle certains fanatiques de l’Orient consument leur inutile vie dans la contemplation et l’extase. […] Le souverain pense, agit, respire au lieu et à la place du sujet ; il le contient implicitement et l’absorbe.
C’est comme si, pour nous donner l’impression du crépuscule, par exemple, on commençait par nous transporter dans un lieu vivement éclairé, ou inversement. […] Aussi, quand il veut transcrire un tableau de la nature, il peut choisir à son gré son centre de perspective ; il n’a pas, comme le peintre, son point de vue déterminé par la nature même des lieux, mais bien plutôt par la nature et les tendances de son esprit personnel : c’est la disposition de son œil qui fournit le plan du paysage, et il ne s’agit pas seulement de l’œil physique, mais encore et surtout de l’œil intérieur.
Comme dans le théâtre des enfants, le lieu de l’action change à chaque scène, ou, pour mieux dire, à chaque scénette, car il y a des scènes de six lignes de dialogue (j’ai compté !) […] Dans les lieux bas, les lumières s’éteignent quand elles y entrent… Phénomène que le monde intellectuel répète, le monde matériel et le monde moral n’étant que des répétitions de l’un dans l’autre, — des répercussions.
Car si la reconnaissance se faisait ainsi, elle serait abolie quand les anciennes images ont disparu, elle aurait toujours lieu quand ces images sont conservées. […] Ce qui nous intéresse pour le moment, c’est que des cas se présentent où la reconnaissance n’a plus lieu, sans que la mémoire visuelle soit pratiquement abolie.
C’est ici le lieu de prévenir un malentendu possible. […] C’est une sorte de ballade qui raconte, en quatorze strophes de quatre vers, l’histoire fantastique de dix filles de roi dont l’une, préférée aux neuf autres, est magnifiquement vêtue, nourrie de mets délicieux, mollement couchée et distinguée par un beau prince, tandis que ses sœurs restent délaissées ; au lieu, toutefois, de trouver le bonheur aux côtés du prince, elle devient profondément malheureuse, tellement qu’elle désire la mort.
Dans ces plans jetés sur le papier, on voit les points indispensables, les idées principales, les citations de l’Écriture et des Pères de l’Église en leur lieu, çà et là quelques grandes pensées, des expressions fortes, des exclamations de surprise à la vue de quelque vérité qui lui apparaît. […] On y voit chaque nation avec son caractère propre, ses révolutions, ses accroissements, sa ruine ; les grands hommes qui ont été les instruments de ces changements, prophètes, législateurs, conquérants ; les mœurs, si incroyablement variées selon les climats, les lieux, les temps ; toutes les guerres, toutes les paix, dont il est resté des monuments ; les constitutions, presque aussi diverses que les mœurs ; les législations, les arts ; toutes les origines et toutes les chutes. […] Avant de se décider, Bossuet voulut soumettre le livre à l’approbation de certains prélats, et il en fit imprimer, pour faciliter l’examen, quelques exemplaires, « destinés, dit-il, à tenir lieu du manuscrit de l’auteur128. » Comparé à ces exemplaires, le texte rendu public offrait de légères différences qui « regardaient uniquement l’expression, la netteté du style. » La Bastide prétendit y voir autre chose, et, la passion aidant, il fit deux volumes pour prouver que ces différences de rédaction n’étaient rien moins que des contradictions de doctrine.
Ces différences n’ont pas seulement lieu dans le temps, mais dans l’espace ; elles existent principalement de race à race, de peuple à peuple, et même, je le suppose, d’individu à individu. […] J’y consens ; mais un tel accord n’a jamais lieu que pour les grands faits. […] Sans doute, quel triste ciel que ce ciel qui ne vit qu’en nous, qui naît et qui meurt avec nous, et dont le seul lieu est la pensée !
Si donc l’expérience nous montre que la première de ces phrases, une fois comprise, nous laisse dans notre état normal, au lieu que la seconde, une fois comprise, elle aussi, et même, selon moi, avant qu’on l’ait comprise pleinement, fait passer en nous un certain frisson, le moyen, je vous le demande, d’attribuer ce frisson à la joie que nous procure l’acte de comprendre ? […] Mais il y a lieu de le féliciter de ne nous avoir pas expliqué ce qu’il entendait par ses « cadences ». […] Mystère… si les hommes de Kent peuvent nous apprendre quelque chose à ce sujet, il y a lieu de les écouter " … eux aussi, les poètes, je l’espère, du moins fermement, « peuvent nous apprendre quelque chose à ce sujet ». à qui s’étonnera que je me sois attardé à nos « éclaircissements », je ne ferai pas d’autre réponse.
Tout est vulgaire dans Madame Bovary, le sujet, le lieu de la scène, les personnages. […] Qu’elle soit due à la maladie ou à la nature spéciale de son génie, on doit insister sur la décadence de Flaubert, parce que c’est un évènement peu fréquent que la chute et la stérilité d’un écrivain par ambition excessive d’exactitude et de perfection ; au lieu que la plupart, aussitôt qu’ils ont acquis du renom, se laissent aller au sommeil. […] En lisant un roman quelconque, on remarque facilement combien les pensées des personnages, vraies et subtilement déduites cependant, se trouvent baignées et couvertes d’un vernis particulier à l’auteur, si bien qu’il semble penser aux lieu et place du héros. […] Peut-être briserait-il son pinceau pour ne point copier les plaies plus profondes et la corruption plus raffinée d’autres lieux et d’autres héros19.
éternel charme de mon cœur, Voici les lieux où soupira jadis pour toi Le plus fidèle amant du monde35… Chateaubriand lui succédait, pour que le grand secret ne fût pas perdu, et de façon qu’à travers un demi-siècle, se préparât la revanche de la poésie. […] Si au contraire le soleil vient à manquer avant qu’elle soit totalement embrasée, elle peut continuer à perdre ses eaux… Mais quelle que soit sa destinée et celle de ses habitants, il y a lieu de croire que dans la multitude innombrable des globes que renferme ce vaste univers, les uns enflammés et les autres opaques, dont nous n’apercevons que la moindre partie, il y en a toujours qui seront dans une augmentation d’eaux et de matières, tandis que la diminution continuera dans les autres. […] dans tous vos états, en tout temps, en tout lieu, Mortels, à vos plaisirs reconnaissez un Dieu69 ! […] C’était ici le lieu de réparer cette faute, si nous l’avions commise ; de parler avec éloge, avec admiration, de cet homme célèbre, eet nous le faisons avec joie79… » Son disciple, non pas certes ; mais son tributaire, assurément.
Ici il sera à la fois de temps et de lieu, et la formule générale se dira ainsi : Les beautés littéraires varient avec les royaumes et avec les époques. […] Au lieu qu’au prononcé du mot océan une immensité glauque, ou une plage de sable ou des falaises, ou telle vision surgisse devant eux, ils voient, simplification admirable ! […] Le mimétisme apparaîtrait dès lors telle qu’une survivance de la docilité des invertébrés qui s’accommodent de tout milieu, se faisant identiques de chaleur à la chaleur ambiante, adoptant pour leur lymphe la densité du liquide où ils plongent, conformant leur vie aux conditions que leur offre le monde extérieur, au lieu de réagir, de se couvrir, par exemple, d’une fourrure d’hiver, de creuser un trou, au lieu, ingéniosité unique de l’homme, d’inventer le feu6. […] On les appelle, elles viennent ; on les renvoie, elles le renfoncent je ne sais où, et disparaissent pour laisser place à d’autres : on ferme et on ouvre son imagination comme un livre ; on en tourne pour ainsi dire les feuillets ; on passe soudainement d’un bout à l’autre : on a même des espèces de tables dans la mémoire, pour indiquer les lieux où se trouvent certaines images reculées … » Cette description, métaphoriquement si juste, de la fonction générale du cerveau, n’indique-t-elle pas une imagination nettement visuelle ? […] Cela semblera singulier à ce critique hebdomadaire qui, malgré la gravité du lieu où il débite, se croit tenu à souligner d’un geste de pitre le vers qu’il citera de Moréas ou de Jammes.
On pourrait pousser le parallèle ; noter, par exemple, que, dans les pièces de Corneille et de Rotrou, et dans les romans de Mlle de Scudéry d’une part, — et dans les drames et romans de Hugo, de Sand et de Dumas d’autre part, — presque tous les personnages se ressemblent entre eux, comme étant tous fils de la pure imagination, et de l’imagination propre à toute une époque ; au lieu que la variété commence avec la vérité, d’une part chez Racine et Molière, de l’autre chez nos dramaturges et romanciers naturalistes… Pauvre vieux Corneille ! […] Ainsi, dans le chapitre Du chemin royal de la sainte croix : La croix donc en tous lieux est toujours préparée ; La croix t’attend partout et partout suit tes pas : Fuis-la de tous côtés, et cours où tu voudras, Tu n’éviteras point sa rencontre assurée. Tel est notre destin, telles en sont les lois ; Tout homme pour lui-même est une vive croix, Pesante d’autant plus que plus lui-même il s’aime ; Et, comme il n’est en soi que misère et qu’ennui, En quelque lieu qu’il aille, il se porte lui-même Et rencontre la croix qu’il y porte avec lui… Cela, pour « traduire » trois lignes du texte, sans plus. […] Chacun des trois actes est, dans son lieu, une pièce entière, et ces trois actes sont d’une construction identique. […] Un autre axiome d’art théâtral sur lequel on s’accorde assez, c’est que, plus le lieu de la scène, les événements antérieurs et le caractère, la vie passée, les mobiles et les intérêts des personnages nous seront connus, et plus nous nous intéresserons au drame.
L’excellent chevalier peut nous tenir très réellement lieu de tous les héros du xvie siècle espagnol, car il résume avec une étonnante fidélité toutes leurs qualités, et il est plus intéressant, car il n’a pas leur insensible cruauté et leur implacable orgueil. […] Quelle profusion de détails, et en même temps comme ces détails sont bien en harmonie avec le lieu de l’action, la nature des personnages et l’esprit du temps ! […] Telle de ses petites pièces lyriques est une vraie prière, et il y a telles des pages de son Wilhelm Meister, l’Histoire d’une belle âme par exemple, qui pourraient tenir lieu d’un prêche ou qu’on pourrait recommander au nombre des lectures édifiantes par excellence. […] Comme nous nous entretenions de ces rêveries pacifiques, nous fîmes la rencontre de quelques objets qui en tout autre lieu auraient singulièrement dérangé le cours de nos pensées. […] Nous courons après les musées et nous avons en tout lieu un musée vivant auquel nous ne prêtons aucune attention.
Poictevin, toujours une profonde réflexion des lieux, des peintures, des aspects de foule, en une âme qui sait en ouvrer un entrelac sûr et personnel. […] Si c’eût été, à notre sens, le lieu d’une explication de sentiments, nous eussions pu développer que la fin de sa présence réelle impose aux hommes qui ont dépassé la trentaine et qui firent du vers français l’instrument de leur musique intérieure, le sentiment d’un^ disparition brusque dans leurs souvenirs de jeunesse littéraire. […] L’essence en est semblable à celle de ses poésies, mais ici, au lieu que le poète parle, supposant à peine parfois comme porte-parole son Pierrot, à la fois madré et de bonne foi, impulsif et philosophe, ce Pierrot nourri de métaphysique et discuteur (avec la bonne terminologie) qu’il a inventé et qu’il faut mettre à côté des autres Pierrots célèbres, celui de la chanson et celui de Banville. […] Au lieu des mariniers et des bourgeois riches, en file heureuse, des pauvresses en longues mantes noires, des paysans en blouses bleues et des prêtres noirs marchaient sur les dalles silencieuses du quai, où autrefois la bonne Muse avait vu tant de richesses sur les galiotes, tant de velours et d’or sur les femmes et de si belles plumes à la toque des hommes ; et la Muse avait les cheveux gris. […] Vivre tout le temps au même lieu, je trouverai toujours cela très malheureux.
Le théâtre est surtout un lieu où jouent, sous nos yeux, où se manifestent en leurs aventures diverses, la liberté et la responsabilité humaines. […] Un roman change de lieu selon les besoins, un drame en fait tout autant. […] C’est plaisir quand un personnage, et n’importe lequel, ce qui est la marque, arrive en un lieu, de l’entendre, immédiatement, le décrire avec luxe, avec abandon, avec faste, avec amour : « Oh ! […] Pauline le suit au lieu du supplice, le voit mourir. […] Racine a repris son caractère d’Agrippine, l’a étudié à nouveau, l’a remanié, l’a complété, a supprimé certains traits, en a ajouté d’autres convenables au temps, au lieu, à son dessein particulier.
Puis, après une pointe en Allemagne, pour y visiter son collègue Hofmann « qu’il serait ravi de voir et d’embrasser avec sa vieille Pénélope », il se mettrait sur le Rhin et reviendrait par la Hollande : « Je chercherais à Rotterdam le lieu de la naissance de l’incomparable Érasme, et à Leyde, je visiterais avec un dévotieux respect le tombeau du très grand Joseph Scaliger. » Ce sont là les saints pour lesquels Gui Patin a un vrai culte.
Je répondis par les mots suivants que je me suis souvent dits à moi-même : « Je le loue publiquement de ce qu’il a fait de bien, d’abord afin qu’on l’aime et qu’on le connaisse ; ensuite pour qu’il sache quels sont les motifs de l’attachement qu’on a pour lui ; en troisième lieu pour avoir le droit de lui parler franchement et avec fermeté dans son Conseil ou en particulier. » — Il arriva sous son gouvernement une chose assez extraordinaire entre les hommes qui travaillaient avec lui : la médiocrité se sentit du talent, le talent se crut tombé dans la médiocrité ; tant il éclairait l’une, tant il étonnait l’autre !
Toutes les charges de sa maison sont vacantes ; il n’y a plus ni grandeur ni dignité ; son avarice et son incertitude en sont cause ; il n’est magnifique qu’en secrétaires dont il a dix-huit ou vingt : il est tout le jour enfermé, sous je ne sais combien de verrous, avec quelqu’un de ses secrétaires ; et ceux qui ont affaire à lui, après avoir cherché longtemps, trouvent à peine dans une garde-robe quelque malheureux valet de chambre, qui souvent n’oserait les annoncer ; si bien qu’ils sont des deux et trois mois sans lui pouvoir parler ; sa femme et ses enfants n’oseraient pas même entrer dans sa chambre qu’il ne leur mande… Tout est mystère à l’hôtel de Condé, et rien n’y est secret… Il a des biens immenses et Chantilly, c’est-à-dire la plus belle demeure du monde ; il trouve le moyen de ne jouir de rien de tout cela et d’empêcher que personne n’en jouisse… Il aime mieux y vivre sans aucune considération que d’assembler le monde et les plaisirs dans des lieux enchantés où il serait avec dignité.
Le professeur est obligé à moins, ou plutôt à autre chose ; il est tenu à plus de réserve et de dignité, il doit peu s’écarter des lieux consacrés qu’il a charge de montrer et de desservir.
Ce qui est rare, c’est que Mme de Motteville n’est de rien dans tout ce qu’elle raconte, et qu’elle n’a fait qu’écrire ce qu’elle a vu et entendu, au lieu que tous les faiseurs de Mémoires sont toujours de quelque parti. » C’est là un jugement net et accompli.
L’aspect des lieux, la nature, les institutions, les mœurs, les hommes, les principaux acteurs politiques, les personnages les plus considérables, tout y est attaqué à la fois et de front par une plume jeune, dégagée, hardie.
Mon sort désormais est lié au sien ; je ne l’abandonnerai jamais, à moins que lui-même ne me montre loin de lui le lieu où Dieu m’appelle… » Dès ce moment la pensée d’entrer plus avant dans les ordres et d’être prêtre, cette pensée qui, depuis 1809, le tenait en échec et en effroi, lui est revenue et s’est fortifiée en lui.
Thiers, et si elle subit plus tard des variations ou des réductions, elle ne descendit pas en dernier lieu au-dessous du chiffre de deux mille francs.
Mais comme nous croyons aussi que, dans l’inventaire posthume, si les contemporains les plus immédiats et les mieux informés ne s’en mêlent promptement pour y mettre ordre, il s’introduit bien du faux qui s’enregistre et finit par s’accréditer, il nous semble qu’il y a lieu à l’avance, et sous les regards mêmes de l’objet, dans l’observation secrète et l’atmosphère intelligente de sa vie, d’exprimer la pensée générale qui l’anime, de saisir la loi de sa course et de la tracer dès l’origine, ne fût-ce que par une ligne non colorée, avec ses inflexions fidèles toutefois et les accidents précis de son développement.
Si je m’échappe à dire d’un roi qu’il est expérimenté par l’infortune, si je dis d’un voyageur que l’aspect de certains lieux sauvages l’impressionne désagréablement, j’ai déjà blasphémé : me voilà rejeté à cent lieues du siècle que je veux aborder, et qui me renvoie les échos de ma voix qu’il ne connaît pas62.
Depuis la publication de M.Mignet, il n’y a plus lieu, ce me semble, qu’à un jugement unique.
En dernier lieu, considérez un amputé qui, ayant perdu la jambe, se plaint de fourmillements dans l’orteil.
Aussitôt que Laurent eut cessé de vivre, à peine pourrais-je vous dire avec quelle humanité et quelle gravité notre Pierre reçut tous les citoyens qui affluaient dans sa demeure ; comme il fut convenable et même caressant dans les diverses réponses qu’il fit aux condoléances, aux consolations et aux offres de service ; et bientôt quelle adresse, quelle sollicitude il montra dans l’arrangement des affaires de famille ; comment il secourut et releva tous ses amis frappés par ce grand malheur ; comment le moindre d’entre eux, celui-là même qui lui avait fait de l’opposition dans l’adversité, fut relevé dans son abattement, ravivé, encouragé ; comment, dans le gouvernement de la république, il suffit à toutes choses, au temps, au lieu, aux personnes, et ne se relâcha en rien.
D’autres plongeaient dans le fin du fin, et trouvaient des délicatesses infiniment subtiles de pensée et d’expression : il leur fallait avoir un esprit qui ne fût qu’à eux, quelque chose d’exquis et de rare, dont il n’y eût pas d’autre exemplaire en aucun lieu du monde des esprits.
Ne lui demandez pas ce que c’est que ces pays d’où l’on ne revient pas, ces ponts tranchants comme l’épée, ces chevaliers qui emmènent les femmes ou les filles, et retiennent tous ceux qui entrent en leurs châteaux, cette loi de ces étranges lieux, que si l’un une fois en sort, tout le monde en sort ; ce sont terres féodales et coutumes singulières ; s’il ne croit pas à leur réalité — comme il se peut faire. — ce sont fictions pures, dont il s’amuse et nous veut amuser.
J’ai fait ce que j’ai voulu : tout le monde me reconnaîtra en mon livre, et mon livre en moi235. » Il se confesse au même lieu d’avoir « une condition singeresse et imitative », et de recevoir l’empreinte de tout ce qu’il regarde avec attention.
Son salon fut un des lieux où la préciosité s’épura en politesse.
Le début du chapitre de la Ville est le sommaire d’une description faite bien des fois par nos romanciers, l’indication d’un tableau ou d’une aquarelle que nos artistes nous ont montrée bien des fois : ces lieux mondains où le tout-Paris se rassemble pour se montrer et se voir, au xviie siècle, les Tuileries ou le Cours, aujourd’hui un vernissage, une allée du Bois, un retour de courses. .Mais je ne sais rien de plus caractéristique que le portrait de Nicandre, ou l’homme qui veut se remarier455 : ce n’est pas un portrait, à vrai dire, c’est l’esquisse d’un dialogue, où il n’y a qu’à remplir les répliques de l’interlocutrice, laissées en blanc par La Bruyère, et faciles à suppléer : tout le rôle de Nicandre est noté avec une précision singulière.
Les descriptions de lieux, les aspects de la nature sont plus exactement peints, car l’auteur sait voir et choisir dans le spectacle qu’il a sous les yeux.
Son génie n’est pas d’ailleurs de ceux qui s’imposent une méthode, ni qui se privent d’une pensée, parce qu’elle se présente hors de son lieu.
Là n’est pas le lieu des grandes choses.
aux aveugles-nés le temps tient lieu d’espace.
Ce seroit sans doute ici le lieu de répondre à une foule de Libelles qui ont attaqué ma personne par des calomnies également absurdes & atroces.
Il y a toujours de la ressource pour ramener au bien celui qui s'en est écarté, tant que la voix de ses devoirs peut se faire entendre à son cœur, au lieu que le méchant irréligieux est inaccessible au cri de la Justice, comme à celui du remords.
Mais le Génie du lieu le domine, son souffle amer le pénètre, l’air qu’il respire est chargé de larmes.
Quand les tréteaux, les tavernes et les lieux de débauche vomissent par milliers des législateurs, des magistrats et des généraux d’armée qui sortent de la boue pour le bien de la patrie, il a, lui, une autre ambition ; et il ne croit pas démériter de sa patrie en faisant dire un jour : Ce pays, qui produisit alors tant de prodiges d’imbécillité et de bassesse, produisit aussi un petit nombre d’hommes qui ne renoncèrent ni à leur raison ni à leur conscience ; témoins des triomphes du vice, ils restèrent amis de la vertu et ne rougirent point d’être gens de bien.
le crime y rougirait bientôt, au lieu qu’il ne peut pâlir.
Dans le midi, vers la fin du mois de septembre dernier, nous n’avons pas bien présents à l’esprit le lieu, le jour, ni le nom du condamné, mais nous les retrouverons si l’on conteste le fait, et nous croyons que c’est à Pamiers ; vers la fin de septembre donc, on vient trouver un homme dans sa prison, où il jouait tranquillement aux cartes : on lui signifie qu’il faut mourir dans deux heures, ce qui le fait trembler de tous ses membres, car, depuis six mois qu’on l’oubliait, il ne comptait plus sur la mort ; on le rase, on le tond, on le garrotte, on le confesse ; puis on le brouette entre quatre gendarmes, et à travers la foule, au lieu de l’exécution.
Pas un événement qui ne lui donne sa secousse : il semble qu’un fil électrique, vaste ceinture du globe, joint non seulement les lieux, mais les âmes ; et que, comme un corps organisé, le genre humain se sent tout entier dans chacune de ses parties.
Le mot sagacité vient enfin, et mon idée l’adopte comme son expression propre ; et alors seulement, mais à l’instant, elle se manifeste dans mon esprit dans toute sa plénitude… Nous éprouvons tous les jours le besoin qu’un nom, un mot rappelle à notre esprit une personne que nous devons voir, un lieu où nous devons aller, une affaire que nous devons traiter ; … on se souvient vaguement…, faute d’un mot qui aurait rappelé l’idée précise… Ainsi l’on oublie les expressions et non pas précisément les idées, puisque l’idée se montre aussitôt que l’expression se présente.
Et pourtant écoutez le cri que jette, de ces lieux de douleur et de mort, le jeune garçon au jour de Pâques 1915 : Joyeuses Pâques !
Retirés au sommet des monts, ils y trouvèrent, pour fixer leur vie errante, des lieux salubres, forts de situation, et pourvus d’eau, trois circonstances indispensables pour élever des cités.
Beaux lieux, recevez-le sous vos sacrés ombrages. […] Je franchis chaque temps, je dépasse tout lieu. […] Comment avez-vous pu descendre du saint lieu ? […] Dans A celle qui est restée en France, par exemple, quand le père s’approche des lieux où dort la morte, ce cri sublime : Ô souvenirs ! […] C’est pour cette raison que ses personnages principaux sont, en général, les plus faibles, que les personnages secondaires sont déjà beaucoup plus la scène, le décor, le cadre, le temps, le lieu, l’espace, selon les genres, sont chez lui ce qui vit le plus.
Mais cette fois (ce qu’Yvonne n’avait pas prévu), il ne lâche pas son idée, et la petite femme se sent réellement en danger… Or, dans un coin de la chambre du rendez-vous, brûle une veilleuse, devant un portrait d’ancêtre assassiné jadis en ce lieu. […] Ils ont préparé ensemble cette rupture ; ils se savent bon gré de leur sincérité mutuelle ; ils sentent qu’ils n’ont plus l’un pour l’autre que de l’amitié : ils ont donc tout lieu de croire que leur dernière entrevue sera cordiale, tranquille, décente, et ne manquera même point de distinction morale. […] Et les patriarches annoncent, dans ces coquets petits vers, que quelque chose de très grand vase passer en ce lieu. […] Si Prétextat, sans nommer Frédégonde, imaginait quelque moyen discret d’éloigner Mérovée du lieu où son assassin compte le joindre, manquerait-il à son devoir de confesseur ? […] Tous ces dégénérés se ressemblent, et, en outre, voilà vraiment bien des dégénérés rassemblés dans un même lieu.
Là, sa place est marquée en haut lieu, à cause de la beauté du style ; ce sera longtemps, ce sera toujours pour les lettrés, un ravissement de relire cette prose pure, sûre, qu’un noble instinct d’artiste garda si jalousement des exagérations d’école et des emphases du mélodrame ; et, sans renoncer à ma sympathie pour les hasardeux lyrismes, pour les abondantes improvisations des jeunesses romantiques qui, ne s’inquiétant de rien que d’être extraordinaires, bravèrent la probabilité prochaine du suranné, — je ne parle que des drames romantiques en prose, car le vers des grands poètes demeure immortellement irréprochable et invincible ! […] S’il se trouve quelques vers médiocres dans la Conjuration d’Amboise, il y a lieu de les pardonner à celui sans qui, peut-être, nous n’aurions eu ni Salammbô ni, lumineuse comme un vitrail, la Légende de saint Julien l’Hospitalier. […] Toute originalité commence par quelque imitation ; et, au reste, il y avait déjà dans ces vers une si personnelle éclosion d’âme poétique, qu’il y avait lieu de tout espérer d’une telle âme, même la nouveauté d’un vrai génie. […] Car, vraiment, si nous laissons de côté les chansonniers de chansons à boire et les rimeurs didactiques, quel est donc le poète qui n’a pas dit, qui du moins n’a pas espéré dire plus qu’il ne disait en effet, qui n’a pas espéré que chacune de ces paroles aurait d’esprit en esprit un retentissement différent du son premier, quoique congénère, et deviendrait, très au loin, à travers le temps et le lieu, dans quelque âme inconnue, sa propre âme qu’il ne voulut point, ou n’osa point préciser toute ? […] Nulle heure, nul lieu de l’humanité où il n’eut espéré, aimé, souffert, souffert surtout à cause de sa foi en la beauté, en l’amour, déçue !
Comptez que les œuvres qui contiennent assez « de choses de tous les temps et de tous les lieux », qui contiennent assez d’éternité pour plaire, même partiellement au bout d’un siècle ou deux, sont déjà extraordinaires ; comptez que celles dont de nouvelles inventions, de nouvelles idées, de nouvelles découvertes historiques ou physiologiques ne font, au contraire, que raviver, rehausser et rajeunir l’intérêt (c’est le cas de Polyeucte ; c’est le cas de Hamlet) sont des œuvres souveraines. […] Tolstoï ni moi ne lisons assez couramment dans l’anglais pour être si absolument sûrs qu’il n’y a aucune différence entre le langage parlé par les différents personnages, et il faut un peu ici en appeler et s’en rapporter, non aux Anglais, qui n’ont jamais leur sang-froid quand ils parlent de Shakespeare ; mais aux anglicisants de France, d’Allemagne et autres lieux.
Nous, plus sensés, nous voulons, un seul jour, un seul lieu, un seul fait. » La théorie est contestable ; mais le sens du mot raison est aussi terre à terre ici qu’ailleurs, Raison signifie sagesse, prudence, absence de témérité et même d’audace, et voilà tout. […] » Voilà qui est bien ; mais la nature après tout, c’est le réel quotidien, c’est la rue, c’est la taberna ou la boutique, c’est la fornix ou le cabaret, c’est l’atrium, le triclinium ou le salon, et tout ce qui se pense et se dit en tous ces lieux-là. […] Il y a lieu sur ce point à quelque inquiétude. […] On y gagne, si l’on est critique, d’abord d’avoir plus d’autorité, car quel lieu a celui qui juge par humeur de prétendre éclairer les autres et de leur faire préférer son humeur à la leur ? […] J’ai des souvenirs de ses amis de ce temps et de ce lieu-là : « Je n’ai jamais vu homme plus gai ni qui fît plus naturellement naître de la gaîté autour de lui. » Il quitta ce lieu de délices qui s’appelle Rodez, pour raisons d’avancement, ayant été reçu agrégé au concours de 1854.
… Vous n’avez donc pas senti l’aspect simple et protestant que j’ai voulu conserver à ce lieu de réunion sans ornements ? […] Et cependant on croirait, à vous entendre, que mon honnête brasserie est une sorte de mauvais lieu et que ces messieurs sont de singulières gens. […] Le moine défroqué lui demanda s’il oserait entreprendre de remettre en ordre ses cheveux déformés par un long voyage et le défaut de talent de celui qui les avait coupés en dernier lieu. […] Un océan de lumière pure sépare ce lieu enchanté des demeures malsaines où s’agitent les malheureux humains. […] Nous trouverons bien en Victor Hugo, un peu plus tard, cette philosophie organisée, mais pour des niaiseries sans valeur, au lieu qu’ici il y avait un côté psychologique assez net relativement à tout ce que fait Hugo.
Dans le second moment la sensation se précise et prend, s’il y a lieu, un caractère clairement douloureux ou agréable, résultant de ce qu’elle est nuisible ou utile. […] Peut-être un jour les moyens de locomotion deviendront-ils en eux-mêmes poétiques, si le problème de la direction des ballons est enfin résolu et si l’homme peut changer de lieu comme l’oiseau, en planant. […] Ceux-ci affichent la prétention de chercher comme la science la « vérité exacte », au lieu du mythe et des jeux de l’imagination, et ils croient trouver la vérité dans la réalité brute. […] Au contraire, au lieu des nombres 4 et 6, mettez 3 et 7, ou, en supprimant une syllabe, mettez 4 et 5 ou 5 et 4 ; vous obtiendrez des rapports mathématiques choquants pour l’oreille. […] Les types mêmes de la beauté varient d’un siècle à l’autre, d’un lieu à l’autre, en peinture comme en sculpture.
Par leurs idées, ce sont des hommes de leur temps, et ils ne vivent pas, comme chez nous, dans une atmosphère anachronique, dans un monde d’un autre âge, séparés du reste de la nation, formant de plus en plus une caste à part, condamnés à l’archaïsme, réduits à traduire des frissons isolés, à exprimer, au lieu des mystères du monde vivant, les péripéties de leur rêverie intérieure. […] Notre devoir, à nous est de les semer à tous les vents du ciel, de prêcher en tous lieux l’évangile des temps prochains, de détacher peu à peu de vos rangs les cerveaux les plus élevés, les âmes les plus ardentes, d’annoncer partout la bonne nouvelle sous la forme de l’instruction scientifique aux millions de prolétaires manuels et intellectuels qui souffrent pour faire jouir quelques milliers d’oisifs.
Jeudi 18 avril Ce soir, je fais la connaissance, chez Daudet, de Georges Lefèvre, un homme de lettres, à la vie accidentée, qui pendant quelque temps faisant en Afrique le commerce des plumes d’autruche, à la suite d’une querelle avec les autorités anglaises, est passé chez les Zoulous, l’avant-veille de la mort du prince impérial, et qui, averti par le courrier qui portait les dépêches, est arrivé sur les lieux, quatre heures après sa mort. […] Oui, l’auteur du rapport avait passé, tout son temps, au Cap, dans les cercles, les cafés, les lieux de plaisir, et n’avait fait qu’une apparition d’une quinzaine, aux mines, mais, dans son séjour au Cap, de ses conversations avec les ingénieurs des compagnies, les employés venant là, faire la fête quelques jours, de ces confidences des uns et des autres, dans une griserie générale, il avait soutiré tous les documents, dont il avait besoin, et n’avait eu qu’à les contrôler, qu’à les vérifier aux mines.
ou l’histoire n’est-elle que le « lieu », pour ainsi parler, du désordre et de l’incohérence ? […] Ou si l’on veut encore quelque comparaison plus noble à la fois et peut-être plus vraie, ce n’est ni le temps ni le lieu d’opposer le caprice de l’individu aux droits de la communauté, — quand on est sur le champ de bataille33 En l’honneur de la Science Trois mois après la publication de ces pages, quelques « savants » et surtout quelques « hommes politiques » ayant offert à M.
Il est vrai que Ghéon, dans les « considérations générales » données en introduction, rêve d’un « théâtre nouveau » qui fleurirait sur « la nouvelle poésie » et célèbre un classicisme qu’on « nous a trop habitués à considérer comme une formule — au lieu qu’il est une direction ». […] On nous a trop habitués à considérer le classicisme comme une formule, — au lieu qu’il est une direction. […] Une nuée, je le répète ; un concept vide ; un absolu affranchi du temps et du lieu, des mœurs et du caractère des hommes ; la panacée de l’art applicable indifféremment à tous les cas. […] Masson-Forestier dans son étude curieuse, passionnante même, de la vie de Racine15 : elle est nourrie de faits nouveaux ; elle fourmille de vues ingénieuses et plausibles ; mais nombreuses s’y trouvent aussi les lacunes ; nombreuses les hypothèses gratuites et jusqu’à nouvel ordre invérifiables… Aussi bien n’est-ce pas le lieu de les discuter. — Je ne puis cependant tabler sur la seule chronologie des ouvrages, et m’enfermant dans un à-priorisme absolu, passer sous silence le fait capital, fait peut-être unique dans l’histoire des lettres, qui brise en deux la ligne de vie et de production du poète : après douze ans d’une fécondité admirablement régulière, ce brusque renoncement au théâtre, qui, selon Louis Racine, coïnciderait avec une subite conversion. […] Ils n’échapperont point aux lois difficiles du genre où si aisément ils s’exercent ; et tant que, franchement cyniques, ils n’auront pas assimilé le drame au spectacle du cirque, du cinématographe, du music-hall, nous aurons le droit d’exiger qu’une pièce soit non seulement visible mais lisible, et qu’elle vive d’une double vie, ici scénique, là livresque, c’est-à-dire littéraire — et même poétique s’il y a lieu.
Ces larges esprits n’ont point été retenus, comme on pense, par de vaines considérations de temps et de lieu. […] Il n’y a peut-être eu en ce siècle que deux écrivains exacts, informés, fidèles décalques de la vie qu’ils ont représentée ; et, par un contresens inexplicable, on n’a voulu voir en eux, — au lieu des très sincères historiographes qu’ils sont, — que des à-peu-près de vaudevillistes. […] « Un uniforme inattentif m’invitant vers quelque barrière, je remets sans dire mot, au lieu du suborneur métal, mon billet. […] Entre leurs mains, le roman revêt un caractère purement psychologique ; l’analyse y remplace l’invention ; l’observation patiente des milieux y tient lieu des belles imaginations.
Dans six mois il ne sera plus temps, au lieu qu’à présent mes observations pourraient faire quelque sensation. […] Je sens que je me modérantise, et il faudra que vous me proposiez anodinement une petite contre-révolution pour me remettre à la hauteur des principes… Si la paix se fait, comme je le parie, et que la république tienne, comme je le désire, je ne sais si mon voyage en Allemagne ne sera pas dérangé de cette affaire-là, et si je n’irai pas voir, au lieu des stupides Brunswickois et des pesants Hambourgeois, les nouveaux républicains ; Ce peuple de héros et ce sénat de sages ! […] Benjamin revient à diverses reprises sur ce cheval et sur les mérites qu’il lui trouve : « Mon cheval et mes projets de chevaux m’amusent et me tiennent lieu des ânes.
Le chien est promené par le mulâtre, vêtu d’écarlate (le mulâtre), dans tous les lieux publics ; ce mulâtre est aussi pour beaucoup dans la combinaison. […] Jal s’est fait commander par son ministre de la marine (appointements courants, sans doute), pour aller reconnaître l’oxydev d’une boucle d’airain scellée dans une pierre du quai extérieur de Gênes, et à laquelle il ne serait pas impossible que Christophe Colomb eût pu attacher la barque non pontée, dans laquelle il est parti de premier lieu, pour aller découvrir l’Amérique. […] Certes, si l’un des artistes que j’ai nommés dans mes précédentes lettres venait habiter quelque temps parmi nous, changeant souvent sa tente de lieu et de point de vue, s’imbibant du pays enfin, par un séjour un peu prolongé, il en pourrait repartir avec deux bons volumes d’études qui auraient sous tous les points de vue possibles, depuis la sérieuse politique et l’aride industrie jusqu’aux plus futiles observations de mœurs et d’art, un intérêt fort réel pour la France, et celui-là serait le bien venu chez nous, de même que son nom y resterait honoré.
Combien de fois est-il arrivé, pénétrant dans un salon, dans une salle de concert ou de spectacle, ou tel autre lieu public, que nos yeux s’arrêtent à une figure expressive, d’autant plus expressive qu’elle est plus différente de ce qu’ils sont accoutumés à fixer. […] Une minute seulement je la suppose Bretonne — hypothèse après tout qui n’a rien d’offensant. — De même qu’il n’est presque pas d’homme, un peu mécontent de son sort, qui ne se soit mille fois plu à s’imaginer une autre vie que celle dont il est redevable au destin, nous pouvons bien lui supposer d’autres origines, en reculant son lieu de naissance de quelques degrés vers l’ouest. […] Il est telle circonstance où l’on est assuré de rencontrer certains noms, comme tels lieux de réunion ne se peuvent même concevoir sans le groupement de certaines têtes.
Pour les plantes, j’ai employé les noms latins, les mots reçus, au lieu des mots arabes ou phéniciens.
Tant qu’il resta au service, il était de ceux dont on pouvait dire comme de Boufflers : « Les neiges et les glaces étaient les tapis favoris de cet homme indomptable. » Après sa retraite, et à demi ruiné de fortune, il se cantonna dans un lieu très-âpre, sur un roc escarpé qui barre une double gorge sans cesse battue des vents du nord ; il y vécut dans les travaux de défrichement, changeant le roc en verger d’oliviers, adoré mais craint de ses vassaux, et la terreur des traitants et commis à la ronde.
Il y avait lieu entre eux à des discussions sur l’étendue du droit, à des dissidences sur la mesure de la liberté ; mais l’incompatibilité radicale de principes, comme de mœurs, comme de tempérament, un abîme enfin, qui se déchira au 2 septembre sous les pas de la Gironde, les séparait eux tous d’avec les hommes une fois engagés dans les partis extrêmes et sanglants, dans les systèmes farouches.
On oublie que des siècles ont remué ces lieux et ces peuples, et qu’il peut en sortir des peuples nouveaux à force de vieillesse, mais jamais d’anciens peuples.
« Le pavé de Paris avait beau être là tout autour, les hôtels classiques et splendides de la rue de Varenne à deux pas, le dôme des Invalides tout près, la Chambre des députés pas loin ; les carrosses de la rue de Bourgogne et de la rue Saint-Dominique avaient beau rouler fastueusement dans le voisinage ; les omnibus jaunes, bruns, blancs, rouges, avaient beau se croiser dans le carrefour prochain : le désert était rue Plumet ; et la mort des anciens propriétaires, une révolution qui avait passé, l’écroulement des antiques fortunes, l’absence, l’oubli, quarante ans d’abandon et de viduité, avaient suffi pour ramener dans ce lieu privilégié les fougères, les bouillons-blancs, les ciguës, les achillées, les hautes herbes, les grandes plantes gaufrées aux larges feuilles de drap vert pâle, les lézards, les scarabées, les insectes inquiets et rapides ; pour faire sortir des profondeurs de la terre et reparaître entre ces quatre murs je ne sais quelle grandeur sauvage et farouche ; et pour que la nature, qui déconcerte les arrangements mesquins de l’homme et qui se répand toujours tout entière là où elle se répand, aussi bien dans la fourmi que dans l’aigle, en vînt à s’épanouir dans un méchant petit jardin parisien avec autant de rudesse et de majesté que dans une forêt vierge du nouveau monde.
. — Il tonne avec l’accent de la colère ; je frémis, je tremble ; je voudrais être loin de ce lieu terrible. » « Valori nous a laissé, sur les sujets particuliers qui occupaient l’attention de Laurent et de ses amis dans leurs entrevues au couvent de San-Gallo, des détails qu’il tenait de la bouche de Mariano lui-même.
Mais peut-être, au-delà des bornes de sa sphère, Lieux où le vrai soleil éclaire d’autres cieux, Si je pouvais laisser ma dépouille à la terre, Ce que j’ai tant rêvé paraîtrait à mes yeux.
La poésie du bonhomme est une poésie de notaire, qui proprement, minutieusement fait l’inventaire de tous objets, meubles, lieux et personnes qu’il rencontre.
Nous aurions donc laissé trop probablement les décadents tranquilles dans leur petite église transformée en mauvais lieu si nous n’avions eu à considérer que leurs opinions.
Je veux parler de cette passion exclusive, un peu sauvage, qui préfère le pays à tout, et au pays le lieu même de la naissance, le premier horizon que l’écrivain a vu de ses premiers regards.
L’école de Voiture, quand elle est exacte, inventorie ; ses descriptions sont des états de lieux.
C’était le lieu de séjour momentané des élèves qui, en entrant au séminaire ou en en sortant, avaient besoin de quelques jours libres ; les ecclésiastiques en voyage, les supérieures de couvent qui avaient des affaires à Paris, y trouvaient un asile commode et à bon marché.
C’est ici le lieu d’examiner comment, avec des travers, des foiblesses, des défauts, des excès si révoltans, cet Auteur a pu se procurer un si grand nombre de Partisans.
Après avoir marqué les divers caractères des sites qu’elle parcourt, le romancier continue en exprimant une de ces pensées familières à tous, mais qu’on aime toujours à retrouver : Il est bien peu d’hommes qui puissent revoir sans émotion le lieu où ils ont commencé à vivre.
En troisième lieu, nous localisons extérieurement la perception, tandis que nous n’y localisons pas l’image.