Quant à l’autre partie de l’homme, qui est l’âme, les poètes théologiens la placèrent dans l’air, chez les Latins anima ; l’air fut pour eux le véhicule de la vie, d’où les Latins conservèrent la phrase animâ vivimus, et en poésie, ferri ad vitales auras, pour naître ; ducere vitales auras, pour vivre ; vitam referre in auras, pour mourir ; et en prose animam ducere, vivre ; animam trahere, être à l’agonie ; animam efflare, emittere, expirer ; ensuite les physiciens placèrent aussi dans l’air l’âme du monde.
J’ai su mourir avec courage, Sans me plaindre et sans me vanter. […] Sa caravane pourtant tire à sa fin ; il ne se tue pas, il ne meurt pas de fatigue ; il arrive par monts et par vaux chez un ami de son père, qui lui refait la bourse et le remet sur un bon pied, sa monture et lui. […] « Je relis ma lettre et je meurs de peur de vous ennuyer. […] Mais enfin la vie se passe, et mourir après s’être amusé ou s’être ennuyé dix ou vingt ans, c’est la même chose. […] Pour clore le chapitre de sa relation avec Mme de Charrière, il suffira d’ajouter que celle-ci lui pardonna toujours, lui écrivit jusqu’à la fin (elle mourut en décembre 1805) ; il lui répondait quelquefois.
» Dans les trois cas, c’est une maladie substituée à une fonction ; on en meurt. » Voilà en quelques lignes la confession véritable de notre génération. […] Ils passent leur vie à donner des coups d’épée ; ils sont tués au second volume ; ils reparaissent au troisième, ils ne meurent jamais, ils font des actions inouïes, et les lecteurs de cabinet de lecture les croient, s’enthousiasment pour ces ferrailleurs. […] Nous ne savons pas ce qu’il meurt de génies inconnus qui ne savent se plier aux exigences de la société, qui ne peuvent dompter leur sauvagerie et qui se suicident dans les cachots cellulaires de la convention. […] « Un artiste qui, dans la pratique de son atelier, suivrait les principes d’esthétique ici formulés (je rappelle l’axiome précédent : toute figure belle ou laide peut remplir le but de l’art), serait traité de séditieux, chassé du concours, privé des commandes de l’État et condamné à mourir de faim. […] C’est votre droit, mais pensez donc un peu aussi que si le peuple n’était pas là pour coudre vos habits, pour laver vos chemises, pour faire et cirer vos bottes, pour apprêter votre dîner, après en avoir arraché à la terre tous les aliments à la sueur de son front, vous seriez obligés, sous peine de mourir de faim et d’aller tout nus, de faire ces petites corvées-là vous-mêmes, ce qui vous gênerait bien un peu, convenez-en, dans vos grandes opérations idéalistes.
Albine, désespérée, meurt de douleur et d’amour sous la caresse mortelle des fleurs qu’elle a tant aimées. […] Et quand il meurt en lointain pays, je conviens, si l’on veut, que c’est de main de maître que M. […] On voit des maris qui meurent sans avoir pu parvenir à connaître leur femme. […] Après, selon l’impitoyable logique des choses de ce monde, il ne lui reste plus qu’à mourir. […] Il y en a qui aiment autour de lui ; il y en a qui naissent ; il y en a qui souffrent ; il y en a qui pleurent ; il y en a qui meurent.
Ils furent blessés tous deux, et sir Henri Bellasses si fort, qu’il mourut dix jours après. » Ce n’étaient pas ces bouledogues qui pouvaient avoir pitié de leurs ennemis. […] Shirley, le dernier de la grande école, n’écrit plus et meurt. […] » C’est dans ce style que nous causons quand nous nous montrons la vie ; il n’y a pas d’autres nations où l’on sache philosopher lestement et mourir avec bon goût. […] je mourrai de confusion si je suis forcée de faire des avances ? […] À la fin, un recors arrêta le mourant dans son lit, voulut l’emmener dans ses couvertures, et ne lâcha prise que par crainte d’un procès : le médecin avait déclaré que le malade mourrait en route.
Pour Beardsley qui meurt dans l’année qu’il avait produit ses chefs-d’œuvre, le Volpone, la Lysistrata, on sait qu’il réalisait l’effort des décorateurs qui l’avaient précédé, et qu’à peu près toute la décoration moderne procède de lui. […] L’écoulement du temps et des choses, (craignez qu’on vous appelle avant la fin du livre, hâtez-vous d’écouter, de regarder, de vivre) l’inanité de la vie, (je n’ai que peu d’amour pour les choses qui durent ……………………………………………………… ce que j’aime surtout, c’est les choses qui meurent) la cruauté de la mort, (que c’est triste mourir, oh, que mourir est triste) l’insensibilité de la nature, (Ô nature, on a bien raison de te haïr) ces thèmes — l’essence de toute poésie élevée — circulant dans les profondeurs de l’ouvrage comme dans l’âme du poète, lui confèrent l’élévation et la solidité. […] Nous répétons volontiers leurs anciens rythmes : Les miroirs ont gardé ton ombre, Aloïda, ou bien : Les doux mots que morte et passée. […] Le purisme se meurt. […] La Chanson de Naples dépeint l’amour d’une fille pour un homme indigne d’elle, qui la délaisse, ce dont elle meurt.
Parce que l’idée de la Patrie est en train de mourir ! […] Le sous-sol devient une ambulance, dans laquelle meurt la vieille mère. […] Elle est là, le regardant mourir, muette, sans une parole. […] Il meurt. […] La société se meurt du suffrage universel.
Tel fut Ballanche ; je l’ai beaucoup connu ; j’ai assisté, au pied de son lit, à ses dernières contemplations de l’une et de l’autre vie ; je l’ai vu vivre et je l’ai presque vu mourir dans cette petite mansarde de la rue de Sèvres d’où il pouvait voir la fenêtre en face de son amie, madame Récamier. […] Il mourut en saint, laissant une mémoire sanctifiée comme sa physionomie. […] Heureusement pour lui il devait mourir avant elle et être pleuré par elle !
Il s’affaiblit à la fin de 1703, et mourut le 12 avril 1704. […] Il mourut en 1638. — Olivier Patru, né en 1604, mort en 1681, fut de l’Académie en 1640. […] Il mourut en 1704. — Éditions : Œuvres, éd. du P.
Tandis que, soumise à l’action du soleil, une pierre s’échauffe, un animal conserve sa température ou meure, et si l’espèce de cet animal persiste dans une contrée tropicale, ce n’est pas que ces êtres se sont modifiés pour y vivre ; c’est qu’il s’en est trouvé par hasard qui étaient faits de façon à pouvoir durer. […] Si cela lui est interdit, si le milieu social est hostile, c’est-à-dire si presque tous ses compatriotes ont la même âme contraire à la sienne, il pourra se faire qu’il acquière par gloriole, par intimidation, par conseils, la barbarie qui lui manque ; plus probablement, il devra se résigner à une vie de mépris, de pauvreté, d’incertitude, à mourir toi et à ne pas fonder de famille. […] Pour peu qu’un homme de cette sorte ne soit plus placé dans les pires conditions, telles qu’il lui faille plier ou mourir, il sera plus malheureux qu’il ne changera.
Il s’est moins appliqué à peindre les mœurs & le sentiment, qu’à satyriser nos ridicules passagers, nos modes nouvelles, enfin ces défauts éphémeres, ces goûts légers & bizarres que le même mois voit naître & mourir. […] Il s’y ruina entiérement & mourut pauvre & malheureux pour avoir trop aimé les Arts. […] L’Abbé de Chaulieu mourut précisément dans le tems que M. de Voltaire commençoit à briller sur notre Parnasse.
Ces derniers animaux peuvent mourir de faim et rentrer dans le cas ordinaire des animaux à jeun ; ils ne se rendorment plus et meurent réellement d’inanition : c’est ce qui est arrivé sur un jeune hérisson qu’avait observé Valentin, qui mourut au bout de deux mois, ne présentant que des phénomènes d’un sommeil incomplet, et dont le foie n’offrit plus à l’autopsie aucune trace de sucre. […] Magendie, et, si on l’abandonne à lui-même dans un milieu qui n’a pas plus de 18 à 20 degrés, sa température continuera à baisser et il ne tardera pas à mourir. […] — Un petit cochon d’Inde a été plongé dans de l’eau glacée pendant dix minutes, la tête en dehors ; après quoi on l’en retire et on l’abandonne à lui-même ; il meurt environ dix minutes après. […] On retira alors l’animal, qu’on abandonna à lui-même à la température ambiante, et il mourut en se refroidissant de plus en plus. […] Mais les théories ne se résignent point ainsi à mourir, elles reparaissent de temps à autre, toujours avec les mêmes arguments qui avaient servi à les élever autrefois, et sans tenir compte des progrès de la science.
Les uns meurent à la fleur de la jeunesse, au printemps des espérances ; on leur rêvait tout un avenir de bonheur ou de gloire, et ils disparaissent : leur image continue de nous sourire de loin, à demi voilée, du haut d’un nuage. D’autres meurent en pleine action et sont emportés en pleine carrière comme des guerriers au milieu du combat ou dans le sein de la victoire : ils ont déjà gagné la couronne qui se dépose sur leur cercueil. D’autres, après la carrière parcourue et remplie, se ménageant un repos, une retraite et un nid pour la vieillesse, meurent précisément la veille du jour où ils sont prêts à y entrer ; il ne leur est pas donné d’habiter la villa du sage qu’ils avaient construite tout exprès et ornée à plaisir pour leurs derniers ans : ils expirent au seuil. […] Nommé titulaire de sa chaire le 8 février 1868, il mourait le 22.
Ce dénouement tout moral nous suffit, et la mort de Benée, qui vient plus tard, est presque une superfétation : elle était déjà moralement morte. […] Je crois voir encore son grand œil noir me regarder fixement ; puis il devint trouble et se ferma. » Carmen morte, sa vie est finie, il n’a plus qu’à galoper jusqu’à Cordoue pour se livrer, et attendre le garrot, privilège des nobles, qui ne sont pas pendus comme les vilains. […] ……………………………………… — Est-ce qu’on en meurt ? […] Il part pour la guerre, il est blessé, il meurt.
C’a été le cas de plusieurs dont, au reste, la poésie est bientôt morte d’inanition. […] Comment se résoudre pourtant à ignorer toujours le mot de l’univers, à mourir sans avoir vécu ? […] prouver qu’il les reverra, mais qui le croit et qui l’espère, et qui ne veut pas mourir comme meurt un vibrion, qui se dit que la force qui est en lui se transformera. […] Il mourut sur ces entrefaites, car il était âgé de plus de quatre-vingts ans. […] Finalement, il tomba de l’extravagance dans la démence et mourut fou.
Sous le titre de Jacqueline Pascal, il vient de recueillir en un volume toutes les pièces, lettres, relations, concernant cette sœur de Pascal qui mourut religieuse à Port-Royal.
qu’il me soit permis maintenant de briser ma vie malheureuse, tandis que des inquiétudes douteuses, tandis que l’espérance incertaine de l’avenir m’agitent, tandis que je t’embrasse encore, toi mon enfant, toi la seule volupté du soir de ma vie, qu’il me soit permis de mourir, de peur qu’un messager cruel ne déchire mon cœur… 30.
Le calcul des probabilités indique, à un ou deux près, le nombre des morts et des mariages qui se produiront en un pays dans l’espace d’une année ; il ne saurait apprendre si telle personne désignée se mariera ou mourra durant ces douze mois.
Parce que tu apportes, avec un pan du grand ciel bleu, l’âme des bois fleuris et sonores, parce que tu sens trop bon l’air libre dans ces lourdes salles gorgées de parfums artificiels et qu’éclaire uniquement la morte clarté des lampes, tes Maîtres te prendront en haine ; ils t’enseveliront à jamais au plus profond de la cave sans espoir.
Au milieu du siège, en 1621, Luynes meurt subitement d’une fièvre maligne à l’âge de quarante-trois ans.
Qu’a de commun celui qui fait semblant de mourir là, avec celui qui expire dans son lit, ou qu’on assomme dans la rue ?
Mille peintres sont morts sans avoir senti la chair ; mille autres mourront sans l’avoir sentie.
Si le malade meurt, il sera tenu, sans qu’aucune raison ou prétexte puisse l’en empêcher, d’en faire ouvrir le cadavre en présence des étudiants.
Le Traité du Prince et L’Esprit des Lois, dépassés, jugés, presque méprisés, dans leur fond, à cette heure, grâce à notre éducation et à notre expérience politiques, sont encore vivants par leur forme, qui, si elle n’est pas immortelle, mettra du moins plus de temps à mourir… Et s’il en est ainsi pour les œuvres de Machiavel et de Montesquieu, qui eurent leur jour de nouveauté et de profondeur dans la pensée, à plus forte raison pour un livre inférieur à ceux-là, pour un recueil, écrit au jour le jour, d’observations piquantes, — je le veux bien !
Est-ce un caractère que cette mère de Pierre Clémenceau, qui sait la femme de son enfant infidèle avec des circonstances d’infidélité et d’infamie exceptionnelles, qui n’intervient pas entre le mari outragé et la femme outrageante, et qui meurt sans dire une seule fois à son fils qu’elle adore : « Tu es trahi !
C’est enfin un de ces infirmes qui n’intéressent que la Science ou que la Pitié, et qui meurt là où il aurait dû vivre, — dans un hôpital d’aliénés.
Mais j’ajouterai, pour être juste, que ce même homme qui a paru si faible dans son exil, mourut avec le plus grand courage ; tant il est vrai qu’on peut unir la faiblesse avec la grandeur, et être tour à tour intrépide et lâche.
Il faut voir dans les lettres de Pline même, tous les détails de cette union si douce ; on partage et l’on envie les charmes de leur amitié : ils voulaient vivre, ils voulaient mourir ensemble ; ils désiraient, quand ils ne seraient plus, que la postérité unît encore leurs noms, comme leurs âmes l’avaient été pendant la vie.
C’est bien le moins, quand on fait la guerre pour se disputer un trône, de combattre soi-même, et de se mêler, dans sa propre cause, à ceux qui veulent bien combattre et mourir pour elle.
Tempéré d’humeur, sans passion aucune dès sa jeunesse (il disait lui-même qu’il avait vécu et mourrait comme Newton), aimant uniquement l’étude et la paix, il n’avait rien vu de mieux que d’entrer dans l’Oratoire et de se mettre à traduire Tacite, champion un peu rude peut-être pour un si pacifique attaquant. […] Le bon Dotteville ne mourut qu’en 1807, à l’âge de quatre-vingt onze ans ; il s’éteignit. […] Des témoins (et il y en avait peu) m’ont dit que lorsque Chénier, déjà atteint de la maladie dont il mourut, arrivait là, se remettait en haleine et entrait en verve, lorsqu’à dérouler les infamies d’alentour et les palinodies qui le suffoquaient, son accent éclatait avec colère, et que son œil noir lançait la flamme, il était beau et terrible ainsi. […] Il mourut le même jour, à dix heures trois quarts du matin, moins de neuf heures après cette expresse manifestation de sa volonté fixe et indéfectible. […] Comme M. d’Argental, par exemple, qui, né en 1700, mourut en janvier 1788.
On voit qu’il ne faut mourir pour aucune cause, vivre avec tout gouvernement qui est, quelque antipathique qu’il vous soit, et ne croire rien qu’à l’art, et ne confesser que la littérature. […] Il cause de l’absence du mouvement intellectuel de la province française, comparativement à toutes les associations lettrées des comtés anglais et des villes allemandes ; il cause de la pléthore de ce Paris, qui absorbe tout, attire tout, fabrique tout, de l’avenir enfin de la France, qui dans ces conditions doit finir par une congestion cérébrale : « Paris, dans ces derniers temps, s’écrie-t-il, me fait l’effet de la vallée d’Alexandrie… Au bas d’Alexandrie pendillait bien la vallée du Nil, mais c’était une vallée morte ! […] Après des compliments, il nous demande pourquoi nous n’avons pas parlé des vertus provinciales, de la vie sociale de la province, de cette vie si particulière, si tranchée, si caractéristique, et qu’on trouvait surtout dans les villes de parlement comme Dijon, de cette vie aujourd’hui complètement morte… « Oui, reprend-il, la province ne se fait plus envoyer les livres de Paris, on ne lit plus ; quand il vient des voisins chez moi à la campagne, je leur donne des livres, personne ne les ouvre… » Puis il nous parle de l’article de Sainte-Beuve sur notre livre, et nous dit qu’à cette place où nous sommes, Sainte-Beuve venait souvent causer avec lui en 1848, lui avouant que c’était dans le but de l’étudier, et lui demandait comment il faisait pour parler, et prenait des notes, en se frottant joyeusement les mains : « Je lui ai connu bien des phases d’existence. […] Elle se détache, le visage à demi éclairé par les feux qui viennent de la rampe, et meurent sur sa gorge, au bouquet de rubans rouges de son corsage ; tout le reste, la jupe ballonnante et les jambes, flotte dans le demi-jour d’un blanc tiède à la Goya. […] Entre les deux fenêtres donnant sur la Seine, se lève une gaine carrée, portant un buste de marbre blanc de Pradier, le buste de la sœur de Flaubert, morte toute jeune, et qui avec ses traits purs et droits, encadrés dans deux grandes anglaises, semble une Grecque retrouvée dans un keepsake.
Il était trop Voltaire pour mourir comme Chénier. […] Quand l’esprit français mourait avec Voltaire, l’esprit allemand commençait avec Diderot. […] Seulement Piron, qui était poète et capable de comprendre la beauté des idées religieuses, Piron, converti, se purifia pour mourir dans le christianisme, tandis que Diderot est mort, comme un chien, de trop plein, après avoir dîné. […] Mais, quelles que soient les impuissances de l’homme à saisir et à expliquer les mystères que Dieu a mis devant nous, comme un mur, pour faire mourir l’orgueil au pied, je ne confonds pourtant ni les hommes ni les choses. […] Ils avaient tout à la fois l’exagération et le naturel d’un sentiment qui n’a pas été emporté par le xviiie siècle : la seule chose qui nous reste de lui… Ils avaient la haine de l’Église, son exécration de plus en plus vivante, — mais qui, du reste, ne la fera pas mourir.
Le seul Virgile fut heureux auprès d’un empereur : Valérius Flaccus se dérobait à des monstres couronnés : Lucain avait été dès sa jeunesse la victime de Néron : Arioste et Tasse vécurent dans l’intimité des princes ; le premier sut s’en faire aimer par ses grâces railleuses, et déjouer leur malignité par sa riante insouciance ; le second mourut le plus humilié, le plus infortuné des hommes. […] La pensée de mourir eût été trop sinistre dans une habitation si douce et si riante : elle ne convient qu’à l’homme dégénéré par le crime, et déchu sur notre globe voué à tant de fléaux et de misères que la mort nous y paraît souvent moins un sujet de peine, qu’une consolation et qu’un repos. […] Lui, qui naguères signalait en ridicule le dénigrement de ce poème comme une espèce de mode introduite parmi les jeunes ri meurs, s’il revenait aujourd’hui parmi nous, il tournerait en dérision la manie contraire de nos littérateurs philosophiques qui, n’admirant dans l’épopée que le raisonnement et le probable ordinaire, exaltent l’ordonnance historique de la Henriade à l’égal des plans qu’ont exécutés les anciens poètes. […] lui dit-il, on lui ravit le dernier bienfait de la rigoureuse mort, celui de n’avoir plus à mourir. » À l’aide de nouveaux enchantements, le triste spectre se redresse tout entier, mais sans perdre sa pâleur et la rigidité de ses membres ; mais les yeux ouverts et fixes, mais dans un stupide étonnement de son retour à la lumière, il reste immobile et muet. […] Hâtez-vous de mourir, et d’un humble bûcher descendez parmi nous avec les grandes âmes, en foulant aux pieds la fortune et l’orgueil de tous ces demi-dieux de Rome.
Évidemment on peut dire qu’en littérature rien ne meurt et tout se transforme. […] Dès que la morte a fermé les yeux, il s’empare avec plus d’autorité des deux vivants. […] Elle a été constituée par sa femme sans qu’il le sût, et c’est seulement quand sa femme est morte qu’il se connaît riche. […] Dans ce roman on en meurt. Ainsi Geneviève Lormier mourra de ce silence d’un quart d’heure, de cette voilette abaissée, entre la gare et la ville de Semur ; elle en mourra en se demandant : « Pourquoi me suis-je tue ?
Pour les fêtes qui ont été données en l’honneur de Goethe à Francfort, en 1922, Unruh avait choisi un parallèle entre Goethe et Napoléon, et illustra le Meurs et Deviens, de Goethe. « Il faut que meure le pangermanisme pour faire place au devenir d’une Allemagne nouvelle. » À Mannheim, à Carlsruhe, Unruh s’est également emparé de la foule. […] Évidemment, Valentine n’a plus qu’à mourir. […] Toute sa poésie est faite de faux pas, de naïvetés Une à une, mes chansons mouraient en chemin. […] Raymond Radiguet, toutefois, put mettre de l’ordre dans sa vie, quelques mois avant de mourir. […] Dans une boîte, où, pensionnaire, nous mettons nos chocolats, nos exemptions, quelque argent, il classa ses fiches avec méthode : « Un homme désordonné qui va mourir et ne s’en doute pas, met soudain de l’ordre autour de lui, sa vie change.
Des pièces contestées, Périclès est, à mon avis, la seule à laquelle se rattache, avec quelque certitude, le nom de Shakespeare, la seule du moins où se rencontrent des traces évidentes de sa coopération, surtout dans la scène où Périclès retrouve et reconnaît sa fille Marina qu’il croyait morte. […] Brutus meurt de la mort de César ; nul, plus que lui-même n’a voulu le coup qui le tue ; nul ne s’y est déterminé par un choix plus libre de sa raison ; il n’a pas eu, comme Hamlet, une apparition qui lui vint dicter son devoir ; en lui seul il a retrouvé cette loi sévère à laquelle il a sacrifié son repos, ses affections, ses penchants ; nul homme n’est plus maître de lui-même, et comme tous, impuissant contre le sort, il meurt ; avec lui périt la liberté qu’il a voulu sauver ; l’espoir même de rendre sa mort utile ne luit point à ses yeux ; et cependant Shakespeare ne lui fait pas dire en mourant : « Ô vertu, tu n’es qu’un vain nom ! […] À peine permet-il quelques mots à Juliette entre la mort de Roméo et la sienne ; Macduff se taira après le massacre de sa femme et de ses enfants ; et Shakespeare a voulu que Constance fût morte avant de nous apprendre la mort d’Arthur. […] Une épitaphe gravée sur le tombeau de celle-ci, morte en 1649, la représente comme « spirituelle au-delà de la portée de son sexe », et ayant en cela « quelque chose de Shakespeare », mais plus encore en ce qu’elle était « sage pour le salut et pleurait avec tous ceux qui pleuraient. » Rien ne nous est parvenu sur Judith, sinon qu’elle ne savait pas écrire, fait constaté par un acte encore existant, où elle a apposé une croix ou quelque autre signe analogue, indiqué par une note marginale comme « le signe de Judith Shakespeare. » Judith laissa trois fils qui moururent sans enfants. […] Et l’on entend dire à la fin de la pièce qui, depuis l’exil de Bolingbroke, n’a pu durer plus de quinze jours, que Mowbray, exilé au même moment que lui, a fait pendant ce temps plusieurs voyages à la terre sainte, et est venu mourir en Italie.
Il faut nous délatiniser — ou mourir. […] Celles-ci, par exemple : la terre tourne, la graine germe, la plante croît, l’animal vit et meurt, le soleil brille et chauffe, la pierre est un solide, l’eau est un liquide, l’air est un gaz, le père procrée l’enfant, etc., etc. […] Nous mourons par excès de laisser-faire. […] D’une voix grêle et chevrotante, les habitants de Hod, en hochant la tête, se répètent les uns aux autres : — La Terre va mourir, certes, oui, mourir ; mais son âme est en nous, qui sommes son aboutissement, son essence elle-même. […] Et cependant, c’est eux qui meurent.
J’ai ouï dire d’Armand Carrel qu’il avait souhaité de mourir, tant lui était à charge le soin de conduire les républicains infatués et indisciplinables. […] Nos paysans de l’Ouest disent encore vivre son droit âge, et ils entendent par là ne pas mourir avant soixante-dix ans. […] Dans le de Monarchia, Dante loue Caton d’avoir voulu librement mourir plutôt que de vivre asservi. […] Mais dans ces vagues contours où l’émotion tremble encore, quel charme, et que cette morte adorée nous apparaît touchante en son linceul ! […] Le conseiller Jean-Gaspard, que nous avons vu si sombre et qui meurt vers ce temps d’hypocondrie, nourrissait en son cœur le souvenir ineffaçable et le regret d’un séjour qu’il avait fait en sa jeunesse dans la patrie de Virgile et du Tasse.
Cette personne distinguée, la même que celle qui mourut le 14 août 1823, fit ce pèlerinage, vers 1808, avec un guide jeune et prudent, qui était l’un des amis de son père et qu’elle désigne sous le nom de M. […] Ballanche a magnifiquement et pieusement répondu à la lettre de l’illustre contradicteur, lorsque apprenant sa mort, il ouvre la troisième partie des Prolégomènes par cette sorte d’hymne funéraire : « L’homme des doctrines anciennes, le prophète du passé vient de mourir…. […] Il est impossible de dire à quel degré de gêne il en serait venu si une sœur ne lui était morte peu après qu’il eut épuisé ses ressources, et ne lui avait laissé de quoi payer ses dettes et subsister.
Ainsi mourut, avec résignation, avec grandeur, et s’exprimant presque comme Jean-Jacques eût pu faire, cet homme simple, ce négociant retiré, ce juge de paix de Lyon. Il mourut comme tant de Constituants illustres, comme tant de Girondins, fils de 89 et de 91, enfants de la Révolution, dévorés par elle, mais pieux jusqu’au bout, et ne la maudissant pas ! […] » Le Lycée vint, mais sa femme, au terme de sa maladie, se mourait.
La liberté, à condition de mourir de faim, ne leur sourit pas ! […] Il me présentait la science sous un point de vue coloré et plein d’intérêt, au lieu de la réduire à je ne sais quelle analyse anatomique et morte, qui fait de la nature un squelette. […] On trouva une pauvre vache morte sur la cime d’un sapin où l’avait portée l’aile de l’ouragan.
On le trouvait clément quand il laissait vivre ; on avait si bien vu comme il lui était facile de faire mourir ! […] La France se mourait d’imitation dans le fond et dans la forme des œuvres de l’esprit ; elle lui ouvrait des sources neuves et intarissables d’inspiration dans l’originalité, cette muse qui se rajeunit avec les siècles. […] Il se sent au milieu des merveilles du monde comme un être à la fois créateur et créé, qui doit mourir et qui ne peut cesser d’être, et dont le cœur tremblant et fort en même temps, s’enorgueillit en lui-même et se prosterne devant Dieu.
C’est ainsi qu’après les bouleversements qui secouent et déchirent la France au xive siècle non seulement la langue se métamorphose, mais, tous les genres littéraires chers au moyen âge, la chanson de geste, le roman en vers, le grand poème allégorique dépérissent et meurent. […] Ils ont étudié curieusement les lois, les actes publics, les formules judiciaires, les contrats privés ; ils ont discuté, classé, analysé les textes, fait dans les actes le partage du vrai et du faux avec une étonnante sagacité ; mais le sens politique de tout cela, mais ce qu’il y a de vivant pour l’imagination sous cette écriture morte, mais la vue de la société elle-même et de ses éléments divers, soit jeunes, soit vieux, soit barbares, soit civilisés, leur échappe, et de là résultent les vides et l’insuffisance de leurs travaux. […] Ainsi au temps de Louis XIV, la flatterie se gonfle en hyperboles énormes, quand Boileau s’écrie : Grand roi, cesse de vaincre ou je cesse d’écrire ; quand l’Académie met au concours ce sujet : De toutes les vertus du prince laquelle mérite la préférence ; quand la même Académie reçoit comme un de ses membres, le duc du Maine, âgé seulement de treize ans, mais bâtard du roi ; quand Racine l’assure que, s’il n’y eût pas eu de place vacante, chacun des académiciens existants aurait été heureux de mourir pour lui en faire une.
Donc, si nous vivions dans un temps moins soucieux des chronologies et plus amoureux du rêve, — dans un temps tel que le temps où les historiens unissaient à la mort de Lucrèce la naissance de Virgile, — cette vraie légende eût pu être dite, et les hommes, plus tard, sous la différence, apparente et fausse, des années, auraient vu la coïncidence, seule réelle, des jours : Richard Wagner naissant en l’heure même où mourait Victor Hugo, en cette date authentique, deux fois glorieuse, du vingt-deux mai. […] Ecoutez ; est-ce que la chanson populaire est morte ? […] Ainsi, l’institution des Fêtes de Bayreuth était en pleine prospérité, après les représentations de 1882, lorsque, le 13 février 1883, le Maître mourut.
Ces deux jeunes filles toutes blondes, au bleu sourire des yeux, et dont l’une a le type angélique d’une vierge de Memling, se font apporter deux côtelettes de veau… « Elles ont leurs mères », disent-elles, et nous voici dans un gasthaus d’un faubourg de Berlin, ténébreux comme la caverne de Gil Blas, et verrouillé de serrureries et de ferronneries comme un vieux burg, et servis par un garçon considérant ces femmes avec l’air à la fois niais, cocasse et sensuel de Pierrot, regardant, par une fente, l’intérieur d’une école de natation de femmes… Chez la jeune fille au type de Memling, les yeux dans le plaisir, au lieu de se voiler et de mourir, vous regardent comme des yeux de rêve. […] L’intérieur va mourir. […] Nous assistons à la visite, et nous voyons mettre dans la boîte à chocolat un paquet noué aux deux bouts, qui est une morte.
Richelieu est un sphinx en robe rouge, nous annonce-t-il pompeusement, et comme ce serait par trop Marion Delorme, si cela restait uniquement ainsi, il ajoute « qu’au rebours du sphinx antique, qui mourait si on le devinait, celui-ci (Richelieu !) semble dire : “Quiconque me devine en mourra.” » Nous pouvons être parfaitement tranquilles, M. Michelet ne mourra pas.
Il mourut entre leurs bras, étouffé par le sang qui lui sortait par la bouche, le 17 février 1673, âgé de cinquante-trois ans. […] Le malheur qu’il avait eu de ne pouvoir mourir avec les secours de la religion, et la prévention contre la comédie, déterminèrent Harlay de Chanvalon, archevêque de Paris, si connu par ses intrigues galantes, à refuser la sépulture à Molière. […] Cela ne se peut pas, répliquait Don Juan : DIEU ne saurait laisser mourir de faim ceux qui le prient du soir au matin.
Une fois il regrette de n’avoir pas fait tout exprès le pèlerinage du Perche pour y connaître la fille de Fernel, qui y était morte il y avait peu d’années ; il aurait voulu se donner l’honneur de la voir et de lui baiser les mains : « On nous fait baiser bien des reliques qui ne valent pas celle-là. » Telle est la religion littéraire dans laquelle Gui Patin a été nourri et dans laquelle il persévère jusqu’à la fin, entouré d’amis qui la partagent plus ou moins, des Gassendi, des Gabriel Naudé et autres de cette race, de ce qu’il appelle les restes du siècle d’or. […] Gui Patin mourut le 30 août 1672, à soixante et onze ans.
Heureux les morts qui meurent dans le Seigneur ! […] Heureux les morts qui meurent dans le Seigneur !
Souvent cette jeune passion, morte dans un jeune cœur, y reste brillante d’illusions. […] Marié jeune, devenu père d’une nombreuse famille, l’alchimiste, qui ne se désigne lui-même que comme l’infortuné Ci…, dissipe la dot de sa femme, voit mourir de misère et de chagrin tous ses enfants ; mais il prend à toutes ces douleurs qui l’entourent une part de sympathie bien autrement active et humaine que Claës ; ce sentiment de bienveillance pour les hommes et de compassion pour les siens, qui se mêle à une si opiniâtre recherche, est un trait naturel que le romancier n’a pas assez deviné ni ménagé.
Sa mère, fille d’un procureur du roi des eaux-et-forêts à Villers-Cotterets, et son père, contrôleur du grenier à sel de la Ferté-Milon, moururent à peu d’intervalle de temps l’un de l’autre. […] Il mourut en 1699 dans sa soixantième année, vénéré et pleuré de tous, comblé de gloire, mais laissant, il faut le dire, une postérité littéraire peu virile, et bien intentionnée plutôt que capable : ce furent les Rollin, les d’Olivet en critique, les Duché et les Campistron au théâtre, les Jean-Baptiste et les Racine fils dans l’ode et dans le poëme.
Il est donc de ceux que l’oubli ne submergera pas, ou qu’il n’atteindra du moins que quand, le goût des choses saines étant épuisé, il n’y aura plus de regret à mourir. […] Le biographe de l’édition de 1810, qui est le même que celui de l’édition de 1783, a copié sur ce point le biographe qui a publié les Pensées de l’abbé Prévost en 1764, et qui lui-même s’en était tenu aux explications insérées dans le nombre 47 du Pour et Contre. — On a imprimé dans je ne sais quel livre d’Ana, que Prévost étant tombé amoureux d’une dame, à Hesdin probablement, son père, qui voyait cette intrigue de mauvais œil, alla un soir à la porte de la dame pour morigéner son fils au passage, et que celui-ci, dans la rapidité du mouvement qu’il fit pour s’échapper, heurta si violemment son père que le vieillard mourut des suites du coup.
À cette affreuse image tous les mouvements de l’âme se renouvellent, on frissonne, on s’enflamme, on veut combattre, on souhaite de mourir, mais la pensée ne peut se saisir encore d’aucun de ces souvenirs ; les sensations qu’ils font naître absorbent toute autre faculté. […] Laissez-nous en France combattre, vaincre, souffrir, mourir dans nos affections, dans nos penchants les plus chers, renaître ensuite, peut-être, pour l’étonnement et l’admiration du monde.
Il vécut à Londres, et fut assidu chez la duchesse de Mazarin depuis 1675 où elle arriva, jusqu’en 1699 où elle mourut. […] Elle alla quelquefois à Vichy, en Bourgogne, en Provence où elle mourut.Éditions :Lettres, la Haye et Rouen, 1726, 2 vol. in-12 ; recueils du chev.
Voltaire508 commence à faire parler de lui en 1714 : il meurt dans une apothéose en 1778. […] Cirey a un théâtre : on y joue de tout, depuis les marionnettes où « la femme de Polichinelle fait mourir son mari en chantant Fagnana !
Dès qu’il est individuel, il perd les raisons de mourir, et sa plainte dépasse son mérite ou sa misère : tant qu’il reste une abstraction philosophique, il n’est pas vivant, et qu’importe alors qu’il meure ?
Le poète nous explique en cinq ou six cents vers que la Révolution ne pouvait se faire que par l’échafaud, mais que, maintenant qu’elle est faite, il ne faut plus verser de sang Il croit au progrès, à la future fraternité des hommes Il maudit les rois et les empereurs Cela ne l’empêche pas de dire ensuite à Dieu : « Seigneur, expliquons-nous tous deux », et de lui demander pourquoi « il laisse mourir Rome », c’est-à-dire la civilisation latine, et grandir « l’Amérique sans âme, ouvrière glacée ». […] Voici la fin d’une de ces joyeuses énumérations : Zeb plante une forêt de gibets à Nicée ; Christiern fait tous les jours arroser d’eau glacée Des captifs enchaînés nus dans les souterrains ; Galéas Visconti, les bras liés aux reins, Râle, étreint par les nœuds de la corde que Sforce Passe dans les œillets de sa veste de force ; Cosme, à l’heure où midi change en brasier le ciel, Fait lécher par un bouc son père enduit de miel ; Soliman met Tauris en feu pour se distraire ; Alonze, furieux qu’on allaite son frère, Coupe le bout des seins d’Urraque avec ses dents ; Vlad regarde mourir ses neveux prétendants, Et rit de voir le pal leur sortir par la bouche ; Borgia communie ; Abbas, maçon farouche, Fait, avec de la brique et des hommes vivants, D’épouvantables tours qui hurlent dans les vents… etc… car ça continue.
Les juifs subsistent pourtant comme une branche morte. […] Mais, si on y regarde de près, on voit encore que cette branche morte n’a pas été aussi inutile qu’on le pense.
C’est comme si, dans l’Antigone de Sophocle, un jeune homme du chœur sortait tout à coup des rangs, transporté de pitié pour la noble vierge, invectivait le tyran au nom de la victime, et méritait que Créon l’envoyât mourir avec elle. […] » Il sera toujours plus digne et plus beau de répondre à cette question, avec l’âme d’André Chénier : « Et moi, j’ai mérité de mourir !
Le Génie de l’Espèce qui les possède leur promet un bonheur hors de proportion avec tous ceux qu’ils ont pu jusqu’alors imaginer, c’est par l’appât de cette promesse qu’il les contraint à réaliser son propre vœu qui est unique : assurer la vie de l’espèce, faire naître des êtres en abondance dont le type perpétue celui des êtres de la même espèce, de ces vivants qui vont mourir et qui, s’il n’y prend garde, emporteront avec eux dans la terre, où ils vont se dissoudre, le secret de cette forme particulière que la vie, au prix de tant d’efforts, et de tâtonnements, a créée. […] D’ailleurs, cette conséquence qui consiste à faire vivre des êtres destinés à mourir, n’est peut-être pas le seul moyen, par lequel la médecine pourvoit à sa nécessité.
En voici la pompe, la richesse, la composition solennelle, le geste accompagnant la mélopée… Oui, la tragédie respire et vit là, mieux que dans l’œuvre imprimée et morte de ses maîtres, mieux que dans les reconstitutions des critiques ; oui, là, sous ce portique ordonnancé par un Perrault, qui laisse voir sous un de ces arcs le jet d’eau d’un bassin de Latone ; là, dans ce quatuor balancé, dans cette partie carrée où la passion dramatique semble un menuet grandiose. […] Et il s’écrie : « La mathématique meurt de l’X !
Dans le midi, vers la fin du mois de septembre dernier, nous n’avons pas bien présents à l’esprit le lieu, le jour, ni le nom du condamné, mais nous les retrouverons si l’on conteste le fait, et nous croyons que c’est à Pamiers ; vers la fin de septembre donc, on vient trouver un homme dans sa prison, où il jouait tranquillement aux cartes : on lui signifie qu’il faut mourir dans deux heures, ce qui le fait trembler de tous ses membres, car, depuis six mois qu’on l’oubliait, il ne comptait plus sur la mort ; on le rase, on le tond, on le garrotte, on le confesse ; puis on le brouette entre quatre gendarmes, et à travers la foule, au lieu de l’exécution. […] Elle se meurt.
Sous les césars, c’est prodige de mourir dans son lit. […] Une question d’étiquette, une chasse, un gala, un grand lever, un cortège, le triomphe de Maximilien, la quantité de carrosses qu’avaient les dames suivant le roi au camp devant Mons, la nécessité d’avoir des vices conformes aux défauts de sa majesté, les horloges de Charles-Quint, les serrures de Louis XVI, le bouillon refusé par Louis XV à son sacre, annonce d’un bon roi ; et comme quoi le prince de Galles siège à la chambre des lords, non en qualité de prince de Galles, mais en qualité de duc de Cornouailles ; et comme quoi Auguste l’ivrogne a nommé sous-échanson de la couronne le prince Lubormirsky qui est staroste de Kasimirow ; et comme quoi Charles d’Espagne a donné le commandement de l’armée de Catalogne à Pimentel parce que les Pimentel ont la grandesse de Benavente depuis 1308 ; et comme quoi Frédéric de Brandebourg a octroyé un fief de quarante mille écus à un piqueur qui lui a fait tuer un beau cerf ; et comme quoi Louis Antoine, grand-maître de l’Ordre teutonique et prince palatin, mourut à Liège du déplaisir de n’avoir pu s’en faire élire évêque ; et comme quoi la princesse Borghèse, douairière de la Mirandole et de maison papale, épousa le prince de Cellamare, fils du duc de Giovenazzo ; et comme quoi mylord Seaton, qui est Montgomery, a suivi Jacques II en France ; et comme quoi l’empereur a ordonné au duc de Mantoue, qui est feudataire de l’Empire, de chasser de sa cour le marquis Amorati ; et comme quoi il y a toujours deux cardinaux Barberins vivants, etc., etc., tout cela est grosse affaire.
Il donna la préférence à l’histoire de Sophonisbe, & à ce qu’il y a de plus intéressant dans cette histoire, aux malheurs de cette Reine qui meurt par le poison que Massinissa lui envoie. […] Le Paradis perdu fut long-tems négligé à Londres ; & Milton mourut sans se douter qu’il auroit un jour de la réputation.
Au cas où le mot de l’énigme est trouvé, celui ou celle qui l’a proposé meurt sur le champ ou tout au moins tombe sous le pouvoir de celui qui l’a résolue. […] 6° La volonté de vaincre ou de mourir dont fait preuve Konkobo en alourdissant sa culotte avec de la terre, pour s’interdire la fuite au cas où son courage aurait une défaillance.
Au lieu que lorsqu’on sait combien elle diffère, on comprend beaucoup mieux les raisons qui prouvent que la nôtre est d’une nature entièrement indépendante du corps, et par conséquent, qu’elle n’est point sujette à mourir avec nous. » Vous le voyez, la grande raison pour laquelle les cartésiens ne voulaient pas que l’on attribuât une âme aux bêtes et voulaient que l’on considérât les bêtes comme des machines, cette raison est une raison religieuse ; une raison de philosophie spiritualiste, si vous voulez, mais, en même temps, une raison religieuse. […] Celui-ci est un sot qui a bien failli mourir, car il a cru trouver un ami dans le chat et un ennemi dans le coq, alors que c’était tout le contraire.
L’un meurt, l’autre soupire et l’autre en son transport Languit et se consume ; est-il plus douce chose ? […] Ce petit enfant veut manger le faucon de ce jeune seigneur, c’est cela qu’il veut, qu’il désire avec fureur, et il mourra s’il ne mange pas ce faucon.
Bien plus, elle n’a plus aucune valeur pour nous, elle est morte, elle n’a plus de sens ; nous nions radicalement sa nécessité et son principe ; nous nous liguons énergiquement contre elle. […] C’est que le fantôme d’une conception morte nous étreint encore de ses bras desséchés.
Mais un désaccord s’étant prononcé entre le roi de Sardaigne et lui, et la fatigue de l’âge se faisant sentir, il dut retourner à Turin, où la maladie le prit et où il mourut le 17 juin.
génies gauches, malencontreux, amers ; poètes sans nom ; amants sans amour ou défigurés ; toi, Rabbe, qu’une ode sublime, faite pour te consoler, irrita ; toi, Sautelet, qui méditais depuis si longtemps de mourir ; et ceux qui vivent encore, et dont je veux citer quelques-uns !
On pesait leurs mérites divers ; mais aucun œil encore, si perçant qu’il pût être, ne voyait dans cette génération de héros les malheureux ou les coupables : aucun œil ne voyait celui qui allait expirer à la fleur de l’âge, atteint d’un mal inconnu, celui qui mourrait sous le poignard musulman ou sous le feu ennemi, celui qui opprimerait la liberté, celui qui trahirait sa patrie ; tous paraissaient grands, purs, heureux, pleins d’avenir !
Non, à coup sûr ; mais il n’a pas entièrement raison toutefois ; il l’a vue de trop loin, de même que ceux qui y vivent et meurent sans en sortir la voient de trop près.
Vauvenargues pourtant mourut à trente-deux ans, et non à vingt-cinq.
Ainsi que me le faisait remarquer un ami, homme d’esprit, Robert a recueilli d’abord en lui les figures que lui offrait la nature, et de même que les âmes ne perdent pas dans les feux du purgatoire leur individualité, mais seulement les souillures de la terre, avant de s’élever au séjour des heureux, ainsi ces figures ont été purifiées dans les flammes brûlantes du génie de l’artiste, pour entrer radieuses dans le ciel de l’art, où règnent encore la vie éternelle et l’éternelle beauté, où Vénus et Marie ne perdent jamais leurs adorateurs, où Roméo et Juliette ne meurent jamais, où Hélène reste toujours jeune, où Hécube au moins ne vieillit plus davantage. » Voilà de la critique certainement éloquente, et je crois, très judicieuse.
Sur cela elles diraient : « Nous avons vu toujours le même jardinier ; de mémoire de rose on n’a vu que lui ; il a toujours été fait comme il est : assurément il ne meurt pas comme nous, il ne change seulement pas. » Le raisonnement des roses serait-il bon ?
Qu’on prenne le genre qu’on voudra, discours, histoires, romans, comédies, on verra qu’il y a peu d’œuvres qui réussissent, encore moins qui durent à travers les siècles, sans une bonne économie : et pour peu qu’on ait de curiosité, on découvrira dans la multitude innombrable des écrits oubliés, pour peu qu’on ait d’attention, on notera dans le passage incessant des écrits qui ne naissent que pour mourir, plus d’une œuvre que les plus hautes qualités, que des morceaux admirables, des beautés singulières, semblaient adresser à l’immortalité.
Emile Augier901 a fait des pièces en vers et des pièces en prose : celles-là sont la partie morte de son œuvre.
Les nostalgiques citronniers, aux feuilles blêmes, S’étiolent et leurs parfums, avec ennui, Meurent dans le Jardin peuplé de Chrysanthèmes : Pour la dernière fois, le soleil tiède a lui.
Le siècle se meurt.
On lisait avec étonnement dans un autre ouvrage cette phrase : cet homme laisse mourir la conversation, cet autre la tyrannise.
Elle est si sensible au jugement qu’on porte de ses ouvrages, qu’un grand succès la rendrait folle ou la ferait mourir de plaisir ; c’est un enfant.
Il faut présenter à l’académie l’occasion de réparer son injustice, aller à Rome, ou mourir. " et voilà, mon ami, comme on décourage, comme on désole le mérite, comme on se déshonore soi-même et son corps ; comme on fait le malheur d’un élève et le malheur d’un autre à qui ses camarades jetteront au nez, sept ans de suite, la honte de sa réception ; et comme il y a quelquefois du sang répandu.
Le reste, feuilles éphémères, qui naissent un jour pour mourir l’autre, menu fretin de l’anarchie intellectuelle qui nous ronge, littérature d’étudiants qui n’étudient pas, appartient « à la sainte Bohème », comme dit Théodore de Banville.
Or, l’économie politique, cette Madame la Ressource des sociétés qui meurent de faim, ne nous a jamais inspiré ni beaucoup d’amour, ni beaucoup d’estime.
… Imaginerait-on jamais que l’impératrice Marie-Thérèse, sa belle-mère, à lui, meurt, et qu’il note sa mort sans autre souci que des révérences, qu’il compte, ce jour-là, comme un maître à danser : 314 d’hommes et 256 de femmes ?
» Que de raisons pour être condamné par ces envieux, qui voulaient qu’on fût égal à eux ou qu’on mourût !
Il a eu la justesse d’esprit de mourir jeune, ne trompant que par la mort une espérance qu’il aurait trompée autrement, s’il avait vécu.
Comme disait sublimement Byron : « Il s’éteignit par la cime ( died by the top ) », expression qui fait un voile de pourpre en deuil à la plus abjecte de nos misères… Seulement, dans l’avenir déjà commencé, il n’y aura pas de Byron qui puisse couvrir avec un mot brillant l’extinction de cette gloire qui mourra aussi de la cime au pied, — tout entière !
D’ailleurs, lorsqu’il mourra, elle sera la proie de Déiphobe. […] Le génie ne meurt pas. […] Leuwen meurt, à peu près ruiné, et Lucien est nommé secrétaire d’ambassade à Rome. […] Il ne s’ensuit pas que sa philosophie soit morte et définitivement remplacée par le bergsonisme, comme l’affirme M. […] D’ailleurs, il est probable qu’elle ne mourra pas, et que cette notion durera autant que le genre humain.
morte après Wagner — leurs curiosités ; ils s’inquiètent encore des progrès de l’esprit wagnérien dans les œuvres des littérateurs, des poètes, des peintres. […] Elle refusait tout remède, elle allait mourir, sans même laisser un gendre au bon vieux Modyslas. […] Chalek allait mourir, égorgé parmi ses moutons : et sûrement il serait mort s’il n’avait eu recours, une fois de plus, au talisman de sa volonté. […] Hier, c’était le jour anniversaire de la froide soirée d’automne où ma vieille nourrice est morte. […] Elle était morte ?
Elle était morte et nue Sans autre robe que les flots. […] Un grand écrivain est un martyr qui ne mourra pas. […] En d’autres termes, si les sciences ne sont pas pensées par des esprits, elles dépérissent, elles meurent. […] Imaginons un patricien romain qui a vécu sous Adrien, sous Antonin le Pieux, et qui meurt en même temps que Marc-Aurèle, vers 180. […] Elle n’est pas morte.
Insensiblement, dès le quatrième siècle, on voit la règle morte se substituer à la foi vivante. […] Quand Élisabeth mourut, on trouva trois mille habillements dans ses garde-robes. […] D’Aubigné, blessé de plusieurs coups d’épée, croyant mourir, se fit attacher sur son cheval afin de revoir encore une fois sa maîtresse, fit ainsi plusieurs lieues, perdant son sang, et arriva évanoui. […] tout d’un coup Chaque âme dépose ses armes au pied de l’Amour, Heureuse s’il lui permet de mourir pour elle. […] Pour employer des forces, il faut qu’elles soient mesurées, vérifiées ; pour bâtir une maison, il faut savoir avec exactitude la résistance des poutres, autrement la maison croulera ; pour guérir un malade, il faut savoir avec certitude l’effet d’un remède, autrement le malade mourra.
Où le berger de Virgile soupire un : « Tu me feras mourir », celui de Théocrite dit crûment : « Tu feras que je me pendrai. » Tandis que le premier sort à chaque instant de sa condition et ajoute aux paroles du pâtre grec, quand il les emprunte, le ragoût d’une réflexion de lettré, le second, qui a la vue plus courte et le sens plus grossier, ne s’élève jamais au-dessus des faits particuliers, si ce n’est par un proverbe banal. […] Tout son temps peut se consumer rien qu’à regarder la nature immobile, muette, inanimée, « morte » enfin. […] Aussi Shakspeare fait-il mourir les gens comme il sied à leur tempérament : Falstaff est frappé d’une congestion. […] On voit bien qu’elle a mis fin à l’art du Moyen-Âge, soit qu’elle l’ait condamné à mourir prématurément, comme le veulent quelques-uns, soit, opinion plus assurée, qu’il fût dès longtemps caduc, et qu’elle ne lui ait donné que le dernier coup : mais qu’engendre-t-elle ? […] Il a fait poser devant lui Charles Demailly fou, Mme Bovary morte.
Il semble que l’humanité répugne profondément au dilettantisme tel que nous essayons d’en indiquer ici les changeants avatars, sans doute parce que l’humanité comprend d’instinct qu’elle vit de l’affirmation et qu’elle mourrait de l’incertitude. […] Qui a pu voir mourir quelqu’un qu’il aimait et ne pas concentrer les forces entières de sa pensée sur cet être qui va nous échapper à jamais, sur ce petit monde dans le monde que l’immensité de l’univers ne saurait remplacer pour nous ? […] Sitôt touché, il lui faut mourir. […] J’aimerais mieux ne pas mourir, disait Marat. […] Cette formule, en effet, vous paraît morte à vous, qui ne vous remuez point parmi les abstractions comme parmi des êtres.
De la sorte il amènera la France au degré d’abaissement où arrive toute société qui renonce aux hautes visées ; mais il ne mourra qu’avec le pays, de la mort lente de ceux qui s’abandonnent au courant de la destinée, sans jamais le contrarier. […] Le nombre et la valeur des hommes distingués qui sortaient de la nation se maintenaient, augmentaient peut-être ; dans plus d’un genre de mérite, les nouveaux venus né le cédaient à aucun des noms illustres des générations écloses sous un meilleur soleil ; mais l’atmosphère s’appauvrissait ; on mourait de froid. […] Oves non habentes pastorem, telle était la France : un feu sans flamme ni lumière ; un cœur sans chaleur ; un peuple sans prophètes sachant dire ce qu’il sent ; une planète morte, parcourant son orbite d’un mouvement machinal. […] Certaines personnes mourront ; les difficultés intérieures de l’Allemagne reviendront ; le parti catholique et le parti démocratique des deux Internationales (comme on dit en Prusse ) créeront à M. de Bismark et à ses successeurs de perpétuelles difficultés ; il faut songer que l’unité de l’Allemagne n’est nullement encore l’unité de la France ; il y a des parlements à Dresde, à Munich, à Stuttgart ; qu’on se figure Louis XIV dans de pareilles conditions. […] L’empereur romain qui, au moment de mourir, résumait son opinion sur la vie par ces mots : Nil expedit, n’en donnait pas moins pour mot d’ordre à ses officiers : Laboremus.
Wirsung mourut assassiné, dit-on, le 22 août 1643. […] Les jours suivants, le chien fut affecté d’une violente péritonite, dont cependant il ne mourut pas. […] Cette injection parut douloureuse, l’animal devint triste et mourut bientôt. Dans une autre expérience j’injectai une bien moindre quantité de sang, et l’animal ne mourut pas. […] Le 16 septembre, il tomba dans le coma et mourut le lendemain.
Le sérieux et la profondeur de ses passions adoucirent les jugements qui furent portés sur ses désordres, où d’ailleurs ne parut jamais l’odieux du pouvoir absolu, et où le roi ne prit que ce qu’on offrait à l’homme : témoin la Vallière, qui mourut pour le monde le jour où elle cessa d’être aimée. […] Le faire mourir du malheur d’avoir déplu, comme un de ces courtisans qui n’existent que par la faveur, et pour qui la disgrâce est le néant, c’est calomnier sa mort. […] Ce fut Bossuet qui lui parla le premier, « avec le respect d’un sujet, mais aussi avec la liberté d’un prédicateur. » A ce jeune prince si porté à la tendresse, si bien fait, si magnifique, « dont les belles qualités, dit Mme de Motteville, causaient toutes les inquiétudes des dames », il peignit la violence des désirs de la jeunesse, « ces cœurs enivrés du vin de leurs passions et de leurs délices criminelles, l’habitude qui succède à la première ardeur des passions, et qui est quelquefois plus tyrannique247. » Il lui découvrit les pièges de l’impudicité, « laquelle va tête levée, et semble digne des héros, si peu qu’elle s’étudie à se couvrir de belles couleurs de fidélité, de discrétion, de douceur, de persévérance 248. » Il lui représenta le « plaisir sublime que goûtent ceux qui sont nés pour commander, quand ils conservent à la raison cet air de commandement avec lequel elle est née ; cette majesté intérieure qui modère les passions ; qui tient les sens dans le devoir, qui calme par son aspect tous les mouvements séditieux, qui rend l’homme maître en lui-même249. » A ce roi si absolu, si maître de tout, si obéi, il montra le cœur d’un Nabuchodonosor ou d’un Balthasar, dans l’histoire sainte, d’un Néron, d’un Domitien dans les histoires profanes, « pour qu’il vît avec horreur et tremblement ce que fait dans les grandes places l’oubli de Dieu, et cette terrible pensée de n’avoir rien sur sa tête250. » Le premier, devant ce roi si plein de vie, et qui paraissait si loin de la mort, devant cette cour si attachée aux choses du monde, il ne craignit pas de soulever la pierre d’un tombeau, et d’y faire voir « cette chair qui va changer de nature, ce corps qui va prendre un autre nom, ce je ne sais quoi qui n’a plus de nom dans aucune langue, tant il est vrai que tout meurt en lui, jusqu’à ces termes funèbres par lesquels on exprimait ses malheureux restes251. » A ce roi entouré de tant de faveur, d’une si grande complaisance des jugements humains, il révéla les secrets de la justice « de ce Dieu qui tient un journal de notre vie, et qui nous en demandera compte dans ces grandes assises, dans cette solennelle convocation, dans cette assemblée générale du genre humain252. » Ce qui sied le mieux à l’âge où l’imagination et la passion dominent, ce sont de fortes peintures. […] Moins d’un an après l’oraison funèbre de la reine d’Angleterre, Louis XIV le chargeait de celle de Henriette, duchesse d’Orléans, qu’il avait, comme confesseur, aidée à mourir, et dérobée, dit-on, au sentiment des plus horribles souffrances par l’onction de sa parole.
que j’en ai vu mourir de jeunes filles !
« Pour tous ces êtres n’existe pas le problème moral de la destinée : ils naissent, ils vivent, ils meurent, sans se demander d’où ils viennent, pourquoi ils sont, où ils vont.
J’ai ouï dire à quelques vieillards qu’à leur sens, l’époque où il aurait été le plus doux et le plus amusant de vivre, eût été à partir de 1715 environ, dans toute la longueur du siècle, et en ayant bien soin de mourir à la veille de 89.
Cet homme cependant, qui manqua de la force nécessaire pour préserver son pouvoir, et fit douter de son courage, tant qu’il en eut besoin pour repousser ses ennemis ; cet homme, dont l’esprit naturellement incertain et timide, ne sut ni croire à ses propres idées, ni même adopter en entier celle d’un autre ; cet homme s’est montré tout à coup capable de la plus étonnante des résolutions, celle de souffrir et de mourir.
Les villes d’université comme Bologne enfantèrent tout naturellement le docteur, le pédant ridicule, dont chaque mot est une délicieuse ânerie ; les modèles n’étaient pas rares dans un temps où l’engouement pour les lettres grecques et latines dégénérait aisément en folie ; c’était l’époque où Philelphe le Florentin et Timothée entamaient, à propos de la force d’une syllabe grecque, une querelle acharnée, dans laquelle le dernier jouait et perdait sa grande barbe et en mourait de chagrin.
* * * Léon Deschamps mourut le 28 décembre 1899.
Destouches mourut regretté de tous ceux qui l’avoient connu.
Il s’agit des ravages de la peste : Tout meurt dans le bercail, dans les champs tout périt ; L’agneau tombe en suçant le lait qui le nourrit ; La génisse languit dans un verd pâturage ; Le chien, si caressant, expire dans la rage ; Et d’une horrible toux les accès violens Etouffent l’animal qui se nourrit de glands.
Il a dû mourir et sa famille a été ruinée.
Et puis, qu’on nous permette ce dernier mot, entre Hernani et Ruy Blas, deux siècles de l’Espagne sont encadrés ; deux grands siècles, pendant lesquels il a été donné à la descendance de Charles-Quint de dominer le monde ; deux siècles que la providence, chose remarquable, n’a pas voulu allonger d’une heure, car Charles-Quint naît en 1500, et Charles II meurt en 1700.
Avant que de mourir, il demanda les sacremens.
La plupart étaient sur les Médecins vengés qu’on prétendait l’avoir laissé mourir sans secours, par ressentiment de ce qu’il les avait trop bien joués dans ses Comédies.
Le plus semblable aux morts meurt le plus à regret.
L’enthousiasme poëtique, n’est pas un de ces talens, que la crainte de mourir de faim sçait donner.
Ne voyez-vous pas le papillon mourir lorsque une fois il a confié aux arbres des forêts les œufs qui contiennent sa postérité future ?
Après Balzac, après Stendhal, après Gozlan, après Mérimée, je dois dire même après Mme George Sand, sur laquelle je n’épouse pas cependant les admirations à quatre pattes de mon époque, on saura s’il est possible de lire, sans mourir d’ennui, Mme Sophie Gay !
C’est un soir d’automne en Asie, peut-être plus triste à tout ce soleil que s’il se mourait dans les ombres.
voilà le véritable historien de ces anonymes, qui eurent un nom quelques jours, le temps que l’engouement de la société de leur époque mit à le répéter, et qui n’en ont plus depuis qu’elle est morte.
Avec ce beau sujet de la Satire en France pendant le Moyen Âge, avec ce titre d’un bonheur terrible, car le livre doit en mourir s’il n’est pas au niveau de ce titre heureux, la Critique, qui était en droit d’exiger des généralités de génie ou une histoire à fond, ne trouve devant elle que les allures pressées, mal appuyées et sans trace, du tableau ou de la leçon.
Dernièrement un journal, en rendant compte des Mémoires nouveaux qu’on publie, a raconté vingt traits de courage de Vaublanc qui ne voulait pas mourir, à une époque où l’héroïsme était de se laisser égorger comme des moutons et de se coucher sous la guillotine ; mais il a oublié le bon sens qui, chez Vaublanc, doublait le courage, et en l’oubliant il a, à son tour, mutilé l’homme de ces intéressants mémoires, mutilés !
Abrégé décharné et désossé, qui ne creuse rien et croit planer sur tout, avec une prétention d’aigle qui trahit par trop le perroquet de Montesquieu… Et si, talent à part, qui meurt toujours à ce jeu, Ranke avait réussi à nous faire illusion sur la justice de son histoire, il aurait pu croire à la bonté de son système quand il s’agit de l’intérêt de ces idées qui doivent, pour plus de sûreté, s’infiltrer dans les esprits au lieu de s’y répandre, et passer par-dessous les portes au lieu de les forcer.
Cela ne lui apprit ni à se diriger dans une vie orageuse et déshonorée, ni à mourir quand en vint l’heure et qu’il s’en allait à reculons à la guillotine, les yeux tournés vers un berceau.
Taine est le cornac sonore, appliqué au Panthéisme ce dernier coup de pied qui fait mourir deux fois les lions mourants… Quelle raison secrète a donc dicté la réclame de M.
Martin emprunte la traduction, se servait du bâton avec avantage, car un jour, trouvant son meilleur ami d’enfance, vieux et assis à l’orientale, sur ses talons, au bord d’un chemin : « Qui, vieux, ne sait pas mourir, ne vaut rien », dit l’aimable sage, et il frappa en perfection le trop vivant bonhomme, tant la Chine, jusque par la main de ses sages, a l’habitude de badiner avec le bambou !
et il faut bien le dire… — si vulgaire et d’une initiative si morte !
De désespoir, cette fille, qui s’appelle Mirèio, va aux Saintes pour leur demander assistance, et elle meurt dans la chapelle même des Saintes des fatigues de son pèlerinage.
Comme si pour cela il était besoin de mourir !
.… Ce sont les Grecs qui, chantant par tout le monde leur guerre de Troie et les aventures de leurs héros, ont fait d’Énée le fondateur de la nation romaine, tandis que, selon Bochart, il ne mit jamais le pied en Italie, que Strabon assure qu’il ne sortit jamais de Troie, et qu’Homère, dont l’autorité a plus de poids ici, raconte qu’il y mourut et qu’il laissa le trône à sa postérité.
Les Spartiates n’avaient, comme Léonidas aux Thermopyles, qu’un moment pour sacrifier aux Muses, en se couronnant de fleurs, avant de mourir.
Jean-Jacques faisait bon ménage avec le jardinier Claude Anet, qui partageait avec lui la protection de Mme de Warens ; mais Claude Anet meurt, et une sorte de majordome, le Suisse Wintzenried, le remplace. […] La pauvre femme, toujours en dettes, en procès, en projets, mourra en 1762 : c’était une détraquée, brouillonne, dévote, un peu aventurière, dont la réputation n’aurait pas eu de trop grave accroc, si Jean-Jacques n’avait eu l’idée de confesser ses fautes, avec toutes celles des gens qu’il avait connus. […] Enfin, il accepte en 1777 l’hospitalité du marquis de Girardin à Ermenonville ; et c’est là qu’il meurt le 2 juillet 1778.
Il en mourrait de bonheur. […] Sans doute, Monsieur, vous importe-t-il peu que je vous dise mon avis sur ce point et si je suis ou non démocrate, anticlérical, humanitaire, prêta mourir pour la République ; si j’exige de la science qu’elle tienne lieu de métaphysique. […] Moréas, avant de mourir, disait à un ami : il n’y a pas de romantisme, de classicisme… c’est idiot… je voudrais pouvoir t’expliquer… Il n’y a pas de grand siècle, et il n’y a pas de siècle sot.
L’architecture est en mue ; elle n’est pas morte et ne semble pas en voie de mourir. […] Si elle n’est pas chateaubrianisée, c’est-à-dire lasse de la vie avant d’avoir vécu, désenchantée, pénétrée du néant des choses, elle adorera Lamartine, elle rêvera d’être une Elvire et de mourir poitrinaire.
Je lui sais gré de l’avoir entendu dire à Arago, avec une résolution que je n’attendais pas de lui : “Je veux, je veux absolument être averti, quand il n’y aura plus que dix jours de vivres, parce que, entendez-le bien, monsieur, je ne me reconnais pas le droit de faire mourir de faim deux millions de personnes. » Ferry, une nature énergique, un homme de résolution. […] Les lueurs des vitraux, le feu pâle des cierges, le reflet du ruban jaune qui attache son chapeau de velours, lui donnent l’aspect d’une morte. […] Alors elle sera toute prête à mourir.., sans regretter grand-chose.
La main de l’écrivain écarte l’ombre, le lecteur aperçoit le cours et la variété de la vie humaine : il connaît le tout de ce monde mouvant et diapré ; les armées s’étreignent et se fondent, les familles se dispersent, se retrouvent, vieillissent et rajeunissent, les êtres croissent, s’apparient et meurent ; les campagnes se glacent et reverdissent, la masse des foules roule sous les palais ou dans le crépuscule, des hommes angoisses méditent sur la vie et la mort ; la lueur de la beauté se pose sur le front des jeunes femmes et s’y ternit ; le jeu changeant des nuances d’âme frémit, s’exalte, s’alanguit et s’active ; passent les visages contractés, souriants, roses ou glacés du froid de la mort, et tandis que cet emmêlement d’hommes et de choses s’insinue dans son intelligence et se projette au loin dans le monde vide de l’esprit, le lecteur frémit et s’égare dans cette évocation de tout l’existant, avec le trouble des vues trop vastes. […] Mêlée de vues bornées chez Lévine et sa femme, de morgue chez Wronsky, d’exaltée amertume chez Anna, de sèche étroitesse chez Karénine, cette bonté élémentaire et comme animale éclate pure cependant et puissante chez ce groupe d’êtres de haut rang, et dans le grave tableau de la mort de Nicolas Lévine, où son frère et la femme de celui-ci viennent simplement et cordialement s’asseoir au chevet de ce pauvre agonisant à côté de la prostituée dont il a fait sa compagne et, plus haute encore et plus belle, quand Anna adultère au su de son mari, et croyant mourir des couches de la fille de son amant joint la main de l’homme pour qui elle s’est perdue à celle de l’homme qu’elle a trahi et induit Karénine à pardonner avec tant de noblesse à son ennemi que le comte Wronski reste troublé de devoir s’incliner devant celui qu’il méprisait. Que l’on rapproche ces actes d’un sérieux humain singulièrement profond et simple, de la bonté sénile du vieux Rostow, de l’infinie faiblesse de géant du prince Pierre, que l’on note que la scène la plus grave de La Guerre et la Paix est celle où le soldat Karalaïef raconte, dans l’obscurité puante d’une chambrée de prisonniers, l’histoire comme évangélique d’un marchand injustement condamné pour un assassinat, heureux de souffrir et pardonnant au scélérat qui le fait mourir au bagne, et l’on reconnaîtra que l’impression dernière de ce livre de batailles est religieuse, morale, pénétrée de bon vouloir et d’amour.
Les hôteliers, les cabaretiers, les fricoteurs de la race goulue souriaient d’allégresse en palpant dans leurs poches les pièces de cent sous que la fête rapportait : l’un d’eux disait d’un air très convaincu : « il faudrait qu’il meure toutes les semaines un Victor Hugo pour faire aller le commerce ! […] Parce que, on a si souvent répété que les poètes vivent dans la pauvreté et meurent à l’hôpital, comme Gilbert, comme Malfilâtre, que les pères et mères ont dû finir par croire que poésie était synonyme de misère. […] Shakespeare mourait oublié de son siècle.
C’est une chose merveilleuse que cette tyrannie de Messieurs les maris, et je les trouve bons de vouloir qu’on soit morte à tous les divertissements et qu’on ne vive que pour eux ! Je me moque de cela et ne veux point mourir si jeune ! […] Elle maudit Rome ; elle la souhaite détruite ; elle souhaite la mort de tous les Romains et mourir de plaisir après l’avoir vue ; elle abhorre Rome, elle exècre l’idée de patrie, elle abomine le sentiment patriotique. […] » « Prends, le voilà, prends, te dis-je, mais jure donc. » — « Non, Monsieur, j’aime mieux mourir de faim. » — « Va, va, je te le donne pour l’amour de l’humanité. » Voilà toute la scène. […] Dans la première, Don Juan fait ressortir la stupidité de la piété du pauvre, que son commerce assidu avec le ciel n’empêche pas de mourir de faim ; et Sganarelle, représentant du bon sens populaire, ne proteste pas.
L’oncle lit… appelle son notaire, révoque son testament, ruine son neveu de ses immenses espérances et meurt dans un accès de colère. […] Il ne paraît que fort rarement en public ; et le seul salon où on le vit assez assidûment, était celui du peintre Gérard, qui vient de mourir, et qui recevait tous les mercredis quelques écrivains ou quelques artistes supérieurs. […] Bohain, l’Europe littéraire vécut six mois et mourut entre les mains de M. […] Victor Hugo est le plus jeune de trois frères dont l’aîné vient de mourir. […] Félix Davin, mon cher Monsieur, puisque ce jeune écrivain vient de mourir bien réellement.
pour que meure en moi jusqu’à la racine de ce désir. […] Elle le concentre en elle, elle en est ravagée, mais plutôt en mourir que dévoiler le mystère de ses troublantes émotions ! […] Son inconsciente rivale meurt prématurément, et comme elle n’a pas prononcé de vœux éternels, comme d’ailleurs les relations d’autrefois autorisent ses visites, il lui est enfin permis, par sa seule attitude, de faire l’aveu d’un secret enfoui au fond du cœur depuis tant d’années. […] Mais celle-ci donne le désir de mourir lentement sous son regard. » Beauté pliante et soumise, Grâce Mirbel est de la race des premières. […] Mais en même temps, c’est une âme profondément anti-religieuse, ou plutôt a-religieuse, pour qui demeure lettre morte toute notion d’au-delà.
Mourut-il de misère et d’abandon ? […] Elle mourut en donnant le jour à Jean-Jacques. […] Je mourrai plein d’espoir dans le Dieu suprême, et très persuadé que de tous les hommes, que j’ai connus en ma vie aucun ne fut meilleur que moi14. […] Il a cherché l’exaltation du sentiment là où il devait littéralement mourir de langueur. […] De quel mal meurent-elles donc ?
Eût-il eu dans son caractère, comme André Chénier, quelque ressort un peu vif et quelque principe de fierté qui le rendait moins commode qu’il n’aurait fallu dans l’habitude, pour moi, je ne l’en estimerais pas moins, et, dussé-je être taxé de partialité pour les poètes, il m’est impossible, même après la publication de ces dernières pièces, de trouver à Joachim d’autre tort que celui d’avoir été maltraité par la fortune, d’avoir été fait intendant et homme d’affaires tandis qu’il était poète, et d’avoir commis cette autre faute grave de s’être laissé mourir jeune avant d’avoir franchi le détroit qui l’eût mené à sa seconde carrière. […] Quant à moi (et hoc mihi apud amicum liceat), encore que jusques ici j’aie enduré des indignités de la fortune autant que pauvre gentilhomme en pourroit endurer, si est-ce que pour perte de biens, d’amis et de santé et si quelque autre chose nous est plus chère en ce monde, je n’ai jamais éprouvé si grand ennui que celui que j’ai dernièrement reçu de la mort du feu roi et du prochain département de Madame, qui étoit le seul appui et colonne de toute mon espérance… » Épuisé de santé, de peines et de travail, Du Bellay mourut le jour même du 1er janvier 1560.
s’écrie-t-il ; mourez aujourd’hui. » Et plus loin, en termes exprès : « Quelques reproches qu’on ait pu justement lui faire, nous croyons que Mirabeau restera grand. […] Nous n’imaginons pas que personne mette en doute que partout et dans tous les temps il ne vive et ne meure loin de tout éclat une multitude d’hommes supérieurs à ceux qui jouent un rôle sur la scène du monde, etc. » Peut-être il n’a manqué à Mirabeau lui-même qu’un peu plus de vertu, de discipline, et un cœur moins relâché, pour rester et vivre inconnu ou du moins médiocrement connu, et simplement notable à la manière de ses pères.
Il en est des genres comme des langues : ce qui se fixe, c’est ce qui meurt, et les genres ne vivent que par une adaptation, c’est-à-dire une transformation continuelle ; dans cette évolution, ils semblent périr lorsque leur principe de vie abandonne la forme qui les caractérisait pour en revêtir une autre, qui fera la même fonction, sans pourtant avoir rien de commun en apparence avec ce qu’elle remplace. […] Enfin, voici le passage décisif, et qui ne laisse subsister aucun doute : Les grands mots, selon les habiles connoisseurs, font en effet si peu l’essence entière du sublime, qu’il y a même dans les bons écrivains des endroits sublimes dont la grandeur vient de la petitesse énergique des paroles, comme on le peut voir dans ce passage d’Hérodote, qui est cité par Longin : « Cléomène étant devenu furieux, il prit un couteau dont il se hacha la chair en petits morceaux, et s’étant ainsi déchiqueté lui-même, il mourut. » Car on ne peut guère assembler des mots plus bas et plus petits que ceux-ci : se hacher la chair en morceaux, et se déchiqueter soi-même.
Il faudrait commencer par ne plus écrire : « Le soleil, avec un poudroiement d’or, se mourait sur les champs tranquilles de solitude. » Et par ne pas dire : « Vous en rappelez-vous ? […] Élever la voix en faveur d’une langue morte, serait-ce par hasard faire « œuvre de réaction » ?
Elle ne cesse que le jour où la nation a disparu, où sa langue est devenue une langue morte. […] Je m’en rapporte à la France et j’accepte sa liste pour toute la suite de sa littérature, ne réhabilitant personne et laissant les morts dans le repos de leur tombe, mais, par la recherche approfondie des causes qui ont fait vivre les uns et mourir les autres, rendant d’autant plus hommage à ceux qui ont survécu.
Montaigne, qui mourut en 1592, lui permit, par une clause testamentaire, de porter les armes de sa maison. […] Morte en 1615.
Il peut croire à son hostilité puisqu’il est sûr de souffrir et de mourir. […] Pour que je vive, d’autres doivent mourir ; pour que je réussisse, d’autres doivent échouer.
La littérature grecque n’était pas morte apparemment au siècle des Pisistratides, où déjà l’esprit philologique nous apparaît si caractérisé. […] Sans doute, si notre érudition n’était qu’une lettre pâle et morte, si, comme certains esprits étroits, nous ne cherchions dans la connaissance et l’admiration des œuvres du passé que le droit pédantesque de mépriser les œuvres du présent.
Celui d’entre nous qui mourra le premier laissera à l’autre un grand vide. […] L’étranger même m’a aidé dans mon œuvre autant que mon pays ; je mourrai ayant au cœur l’amour de l’Europe autant que l’amour de la France ; je voudrais parfois me mettre à genoux pour la supplier de ne pas se diviser par des jalousies fratricides, de ne pas oublier son devoir, son œuvre commune, qui est la civilisation.
Très affaibli et souffrant, il continua cependant à recevoir à Wahnfried et chez lui, dans la Siegfriedstrasse ; ce n’est que quelques jours avant de mourir qu’il dut garde le lit. […] effacez-vous, disparaissez, tombez, croulez, mourez, allez, magnificences des Dieux éteints, voici, voici le crépuscule, oh !
Il combattra pourtant puisqu’il faut combattre, et il mourra puisqu’il doit mourir.
Le sujet est l’amour fraternel entre les deux fils de Soliman, deux fils de lits différents et que tout devrait séparer, ambition, amour, mais qui s’aiment et qui meurent dans les bras l’un de l’autre. […] Il guérissait ou semblait en train de guérir lorsqu’il mourut d’une imprudence, dit-on, de son médecin, le 13 avril 1794, avant d’avoir vu la délivrance publique et la chute de Robespierre.
La dame mourut quelques jours après ; la fille grandit sans se rappeler sa mère jusqu’à l’âge mûr. Ce fut alors qu’elle eut l’occasion de voir la chambre où sa mère était morte.
Mardi 18 décembre Dans ce dîner de l’ancien Magny, aujourd’hui tout plein de ministres et de victorieux de l’heure présente, en la grosse et exultante joie de leur triomphe politique, je me sens un vaincu, l’homme d’une France qui est morte à tout jamais. […] Et ce mot m’amène à demander qu’on veuille bien restituer à mon frère un autre mot, qui semble avoir été le mot épatant du roman de La Morte, tant il a été cité, et répété par tous les critiques.
L’un des plus inattendus n’est-il pas de voir un philosophe qui ne s’était guère occupé que de psychologie et de métaphysique ; qui, s’il n’a pas eu d’idées en propre, un système construit à la façon de Hegel ou de Schelling, a du moins eu de belles parties de discussion, souvent de l’aperçu entre deux idées fausses et surtout un style, beaucoup trop admiré, il est vrai, car il n’est pas sincère, oublier, tout à coup, ce qu’il est et ce qu’il fut, abandonner la philosophie qui meurt plus par le fait de ses partisans que de ses adversaires, laisser là l’habituel sujet de ses méditations et se jeter obstinément dans les petits et obscurs détails de la biographie, et de quelle biographie encore ! […] Il mourra comme le bonhomme Hulot.
Condorcet prévoyait et annonçait que l’homme trouverait le moyen de ne pas mourir, M. […] Le flot des faits qui viennent sur lui en masse et qu’il lui est impossible de ne pas voir, puisqu’il n’estime, en lui, que la faculté du regard qui observe et qui voit ce qui est, et qu’il appelle la science ; ce flot de faits tue la thèse rationaliste et impie, et d’autant plus sûrement qu’il ne comprend pas qu’elle va mourir et qu’il ne fait rien pour la défendre !
Valentine promet plus qu’Indiana, parce qu’Indiana, avec plus de profondeur, je crois, et d’originalité, pouvait sembler à la rigueur un de ces romans personnels et confidentiels comme on n’en a qu’un à faire avant de mourir, tandis que Valentine est véritablement l’œuvre d’un romancier peintre du cœur et de la vie, fécond en personnages, et qui n’a qu’à vouloir cheminer un peu patiemment pour arriver jusqu’au bout.
S’il vient à mourir, il veut une montagne pour tombeau.
Ballanche, le jeune homme, qui, plein de nobles et de sincères affections, repousse d’abord le temps présent, comme incomplet et aride, qui résiste aux destinées sociales encore incertaines, et se réfugie de désespoir dans un passé chimérique ; ce jeune homme, type fidèle de bien des âmes tendres de notre âge, finit par se réconcilier avec cette société nouvelle mieux comprise, et par reconnaître, à la voix du vieillard initiateur, c’est-à-dire à la voix de la philosophie et de l’expérience, que nous sommes dans une ère de crise et de renouvellement, que ce présent qui le choque, c’est une démolition qui s’achève, une ruine qui devient plus ruine encore ; que le passé finit de mourir, et que cette harmonie qu’il regrette dans les idées et dans les choses ne peut se retrouver qu’en avançant.
Les armées du roi sont battues par un Prussien : mais ce Prussien parle français, et il est plus pareil à nous qu’au grenadier qui meurt pour lui.
Il mourut en 1762.
» dit Musset. « Nous mourons tous inconnus », dit Balzac dans un sentiment assez semblable.
La Judée l’attirait comme par un charme ; il voulut tenter un dernier effort pour gagner la ville rebelle, et sembla prendre à tâche de justifier le proverbe qu’un prophète ne doit point mourir hors de Jérusalem 938.
» Poser la question, c’était la résoudre, et sans être prophète, comme le veut l’évangéliste, le grand-prêtre put très bien prononcer son axiome sanglant : « Il est utile qu’un homme meure pour tout le peuple. » « Le grand-prêtre de cette année », pour prendre une expression du quatrième évangéliste, qui rend très bien l’état d’abaissement où se trouvait réduit le souverain pontificat, était Joseph Kaïapha, nommé par Valérius Gratus et tout dévoué aux Romains.
Une note de l’éditeur porte qu’elle est née vers 1608 et morte en 1678.
. — Un jour, il ordonne de faire mourir Crésus qui, depuis la conquête de son royaume par Cyrus, vieillissait honorablement à la cour de Perse.
Elle hésita, toute conquise par la plus divine pitié, elle hésita à épouser M. de Rocca, qui se mourait d’amour pour elle, parce qu’il était moins âgé qu’elle, et qu’elle craignait que le monde ne se moquât de tous les deux.
Pour un qu’on fait, on n’en meurt pas ; mais pour plusieurs ?
Quant à savoir si cet écrivain ou ces écrivains acquerront jamais la haute aptitude exigée pour résumer une société morte, après l’avoir ressuscitée dans un volume de trois cents pages, c’est là une question qu’il est inutile de poser, car, pour cela, il faut du génie.
De l’un il avait l’énergie téméraire, et de l’autre la beauté suprême, l’ironie, la grâce, l’insolence, tous les ensorcellements des hommes qui doivent vivre et mourir par l’amour.
Et pourquoi n’a-t-il pas fait, philologue qui veut toucher aux mœurs par la philologie, l’histoire de ces mots redoutables, Tarquins futurs d’une Académie qui n’est pas Lucrèce, et qui, pour cette raison, ne doit pas mourir… de ce que vous savez ?
III Ainsi, de la critique bien faite, de la critique qui se préoccupe avant tout de la moralité, — je ne dis pas de l’écrivain qu’elle examine, lequel n’en avait pas (il faut bien en convenir), mais de la moralité de son inspiration, plus importante que celle de sa vie, car un homme meurt et son scandale avec lui, mais son livre reste, scandale et danger éternels !
Il y a du Sixte-Quint adouci dans cette robe feuille morte, qui a la retenue de son ambition, comme le Cordelier, plus ardent et plus noir, avait l’hypocrisie de la sienne.
Il en a parlé toujours de la manière la plus touchante, et il est mort dès qu’elle est morte.
On ne savait pas grand-chose de son origine, de sa famille, de son passé, et il a bien couru la chance de mourir tout entier, n’ayant vécu, sinon toujours en lui, au moins pour lui, — ce qui est peut-être la meilleure manière de vivre… Le prince de Ligne disait de Catherine II que son empire allait d’une tempe à l’autre de son beau front.
Depuis ce moment-là, elle ne l’appela jamais que « ce malheureux homme », et elle fit dire pour lui une messe à Rome, quand le malheureux homme mourut à Sainte-Hélène.
Jamais l’Église ne courut plus de danger peut-être qu’avec ces respectueux, qui la saluaient pour mieux faire croire qu’elle était morte ; et M. l’abbé Gorini le comprit.
Et l’autre, celui de Hartmann, — moins intelligible, qu’il appelle l’inanition, qui n’est pas, comme on pourrait le croire, l’action vulgaire de mourir de faim, — et qui, bien plus expéditif que celui de Schopenhauer, finirait le monde à un moment donné et à la même minute.
» disait un jour un vieux bleu à un général vendéen qui lui tenait le sabre levé sur la tête en lui disant : « Meurs !
Baudelaire, cette poésie sinistre et violente, déchirante et meurtrière, dont rien n’approche dans les plus noirs ouvrages de ce temps qui se sent mourir.
Sans le Paradis perdu, en effet, sans cette rose née sur une tombe entrouverte, sans cette production tardive d’une vie dévorée, que serait en réalité Milton, malgré ses soixante ans de travaux, d’efforts, de science et même de renommée, — de cette renommée qui fait du bruit quelques jours, puis qui meurt ?
Janin, et ce monde qui fut la plus puissante des monarchies, craque, éclate et croule de toutes parts, en des épisodes comme l’histoire superbe des trois filles du marquis de Nesle, et cet homme qui meurt avec ce monde c’est le Neveu de Rameau, souffleté d’abord et tué ensuite de la main de son fils, dont lui-même a fait un parricide !
Sur cette simple esquisse, Le Capitaine Fracasse est fracassé et même fricassé, et, s’il a mis trente ans à naître, il ne mettra certainement pas trente ans à mourir !
C’est par cette tolérance, si fortement à la mode, que les religions périraient, car elles meurent d’elles-mêmes, on ne les tue point ; en les persécutant, on les fortifie. » Saint-Saëns n’a pas tort.
C’est lui à qui on vint annoncer au milieu d’un sacrifice que son fils venait de mourir : il avait une couronne de fleurs sur la tête, et il l’ôta.
Mélanie, je meurs, — vis pour mes enfants ! […] Je mourrais de dépit si j’étais de vos amis le seul à l’ignorer. […] Elle qui n’avait jamais souri ni accordé l’ombre d’une espérance, — dans un moment où elle se sentait mourir de chaleur, — elle a donné sourire et promesse en échange d’un verre d’eau sucrée à la glace. […] Ces difformes parodies ressemblent à leurs modèles, comme ressemblent aux œuvres d’art les odieux plâtres, colportés sur les quais et les boulevards par les Piémontais, pendant la morte saison de la fumisterie. […] Après une maladie dont l’issue, malheureusement trop certaine, n’était cependant pas aussi prochainement attendue, mademoiselle Rachel vient de mourir dans un petit coin de la terre française, qui est le vestibule de l’Italie
C’est cette même année que la jeune femme à laquelle il n’a cessé de penser meurt à Paris dans une maison de santé. […] Ayant saisi farouchement Madeleine, Dominique lâche prise lorsqu’il l’entend pousser un cri d’agonie, le cri d’un être qui va mourir. […] De là cette figure de sa sœur Julie, imaginée par Fromentin ; Julie se consume d’amour pour leur cousin Olivier, en meurt sous l’indifférence cruelle du jeune homme. […] Rentrer dans son éternité ; c’est donc bien mourir, mais non pas être anéanti ! c’est redevenir virtuel. » Mais, pour redevenir virtuel, il n’a pu attendre de mourir.
XII Dans le séjour que Chateaubriand fit à Genève après la révolution de Juillet (1831-1832), il se mit dans l’esprit un matin que ce serait pour lui une belle mort, et bienséante, et grandiose, d’aller mourir sur le Mont-Blanc : « Ardentem frigidus Aetnam, etc. » ; ou du moins il dit quelque chose qui le fit croire. […] Quand il se trompe grossièrement (comme quand il fait mourir Target sur l’échafaud), on peut le relever ; mais sur de menus détails on le laisse dire, et on se laisserait aller à le croire, si on n’avait pénétré son procédé d’inventeur. — Il donne à Robespierre un dogue, mais c’était un chien caniche qu’il avait. […] Il ne fut pas très longtemps à mourir après cela. […] Cassat, un ancien ami de Brune, un journaliste des premiers temps de la Révolution, le rédacteur du Journal de la ville et de la Cour, âgé de près de 90 ans et se trouvant depuis près de trois mois à l’agonie, comme suspendu au bord de la mort, disait à Olivier de Lausanne : « Mon pauvre Olivier, je n’ai pas le don de mourir. » CVIII Une grande aversion présente est souvent le seul signe d’un grand amour passé. […] De désespoir il prit le poison de Cabanis et mourut.
Sur la houle sauvage du chaos, dans l’air de plomb, il n’y a que des flamboiements brusques d’éclairs révolutionnaires ; puis rien que les ténèbres, avec les phosphorescences de la philanthropie, ce vain météore ; çà et là un luminaire ecclésiastique qui se balance encore, suspendu à ses vieilles attaches vacillantes, prétendant être encore une lune ou un soleil, — quoique visiblement ce ne soit plus qu’une lanterne chinoise, composée surtout de papier, avec un bout de chandelle qui meurt mal-proprement dans son cœur. » Figurez-vous un volume, vingt volumes composés de tableaux pareils, reliés par des exclamations et des apostrophes ; l’histoire même, son Histoire de la Révolution française, ressemble à un délire. […] Ton âme serait bien morte, si jamais, à aucune heure, à l’heure gémissante de minuit, quand le spectre de cette église pendait dans le ciel, et que l’être était comme englouti dans les ténèbres ; tu serais bien inerte, si elle ne t’a pas dit des choses indicibles qui sont allées jusqu’à l’âme de ton âme. […] Shakspeare y arrivait par la prodigieuse tension de son rêve poétique, et Carlyle répète sans cesse d’après lui « que nous sommes faits de la même étoffe que nos songes. » Ce monde réel, ces événements si âprement poursuivis, circonscrits et palpés, ne sont pour lui que des apparitions ; cet univers est divin. « Ton pain, tes habits, tout y est miracle, la nature est surnaturelle. » — « Oui, il y a un sens divin, ineffable, plein de splendeur, d’étonnement et de terreur, dans l’être de chaque homme et de chaque chose ; je veux dire la présence de Dieu qui a fait tout homme et toute chose1415. » Délivrons-nous de « ces pauvres enveloppes impies, de ces nomenclatures, de ces ouï-dire scientifiques » qui nous empêchent d’ouvrir les yeux et de voir tel qu’il est le redoutable mystère des choses. « La science athée bavarde misérablement du monde, avec ses classifications, ses expériences, et je ne sais quoi encore, comme si le monde était une misérable chose morte, bonne pour être fourrée en des bouteilles de Leyde et vendue sur des comptoirs. […] Ainsi naquit avec Dryden et Malherbe l’esprit oratoire et classique, qui, ayant produit la littérature du dix-septième siècle et la philosophie du dix-huitième, se dessécha sous les successeurs de Voltaire et de Pope, et mourut au bout de deux cents ans, après avoir poli l’Europe et soulevé la révolution française. […] Notre racine est dans l’éternité ; nous avons l’air de naître et de mourir, mais véritablement nous sommes. « Sache bien que les ombres du temps ont seules péri et sont seules périssables, que la substance réelle de tout ce qui fut et de tout ce qui est existe en ce moment même et pour toujours. » Tels que nous voilà, avec notre chair et nos sens, nous nous croyons solides ; mais tout cet extérieur n’est qu’un fantôme. « Ces membres1430, cette forme tempêtueuse, ce sang vivant avec ses passions ardentes, ce ne sont que poussières et ombres, un système d’ombres rassemblées autour de notre moi.
Dans une ode à Marie de Médicis, à l’occasion de son mariage, c’est le réformateur qui a écrit cette vigoureuse et imposante strophe : Ce sera vous qui de nos villes Ferez la beauté refleurir, Vous qui de nos haines civiles Ferez la racine mourir ; Et par vous la paix assurée N’aura pas la courte durée Qu’espèrent infidèlement, Non lassés de notre souffrance, Ces Français qui n’ont de la France Que la langue et l’habillement. […] Elle trouvait charmante cette peinture tout au plus ingénieuse d’un « petit rossignol qui s’égosille pour surmonter un homme qui joue du luth, se perche sur sa tête et meurt enfin. » — On l’enterre, dit Marini, dans « le ventre creux du bois sonore83. » Tous les lettrés, toute la cour, les grands, tout ce qui lisait en France, était sous le charme. […] On sait par cœur les vers charmants où il se moque de toutes ces galanteries de tête, le lieu commun universel de la poésie d’alors : Faudra-t-il, de sang-froid et sans être amoureux, Pour quelque Iris en l’air faire le langoureux, Lui prodiguer les noms de Soleil et d’Aurore, Et, toujours bien mangeant, mourir par métaphore ? […] « En même temps (1711) mourut Boileau Despréaux, si connu par son esprit, ses ouvrages, et surtout par ses satires. […] Faudra-t-il de sang-froid, et sans être amoureux, Pour quelque Iris en l’air faire le langoureux, Lui prodiguer les noms de Soleil et d’Aurore, Et, toujours bien mangeant, mourir par métaphore ?
écoute-moi : Ne saurons-nous mourir que par l’ordre d’un roi ? […] De nos voisins altiers imitons la constance ; De la nature humaine ils soutiennent les droits, Vivent libres chez eux et meurent à leur choix. […] Nous avons enseigné ces braves insulaires ; Apprenons d’eux enfin des vertus nécessaires ; Sachons mourir comme eux. […] Mourir pour une infidèle est une sottise ; mourir pour ne pas survivre à l’objet qu’on aime, est le comble du courage et de la générosité. […] Azéma est un peu rebelle à la grâce tant qu’il lui semble que le ciel contrarie son amour ; mais il n’y a que ce coquin d’Assur qui meurt dans l’impénitence finale, après s’être moqué des dieux et des revenants.
c’est vous dire qu’elle finira dans quatre jours, et je mourrai, bon et généreux citoyen, avec le regret de n’avoir point vu, de n’avoir point connu un homme à qui je dois autant d’attachement que d’estime. […] Ceux qui carillonnent ailleurs ne produisent pas toujours le même effet. » Lorsque Cabanis mourut, en mai 1808, ce fut une profonde douleur pour Fauriel ; il avait d’abord eu le projet de payer à son ami sa dette dans une notice étendue, mais ce trop grand désir de la perfection qu’il portait en toutes choses, qu’il eût porté surtout en un sujet si cher à son cœur, et aussi l’excès de sa sensibilité, s’y opposèrent ; il finit même par se détourner peu à peu des études philosophiques auxquelles le souvenir de cette perte se mêlait trop étroitement. […] Celle-ci, toute de propos délibéré et de choix, devenue presque une langue morte, ne pouvait saisir, ni exercer sur les populations diverses une action directe, immédiate, universelle ; de sorte que, par une contradiction singulière, la première condition, là-bas, d’une langue poétique pure, ferme et simple, était de reposer sur quelque chose d’artificiel. […] Manzoni ne le pensait pas tout à fait ainsi, et maintenait que, nonobstant toutes apparences et tous pronostics contraires, la poésie ne veut pas mourir. […] Il mourut presque subitement des suites d’une opération qu’on n’aurait pas crue si grave, le 15 juillet 1844.
Laclos mourut à Tarente en 1805.Sa tombe s’y voit encore. […] En août 1890, Villiers mourut. […] C’est là, pour lui, l’instant culminant de leur carrière, et, pour ceux qui savent bien mourir, M. […] Il en avait quatre-vingts quand, en 1693, il se démit de ses charges, et quatre-vingt-sept en 1700, lorsqu’il mourut. […] C’est là, en outre, que mourut Maupassant, en 1892.
Elle est morte subitement ; j’ai trouvé les nerfs optiques atrophiés depuis leur entrecroisement jusqu’à leur entrée dans le globe de l’œil ; certainement dans ce cas la transmission des impressions était impossible ». — « Deux individus avaient perdu un œil par phtisie du globe, et les hallucinations se produisaient chez eux aussi bien de ce côté que du côté sain. » — « Nous avons en ce moment à la Salpêtrière, dit Esquirol, deux femmes absolument sourdes qui n’ont d’autre délire que celui d’entendre diverses personnes avec qui elles disputent jour et nuit. » — À la rigueur on pourrait objecter que dans ces exemples la partie centrale et encore intacte du nerf est le point de départ de l’irritation ; mais cela n’est point vraisemblable ; l’hallucination est trop systématique ; si elle provenait du nerf, il faudrait que ses diverses fibres entrassent en action dans l’ordre compliqué et avec le degré exact que l’excitant extérieur peut seul leur imposer. […] Elle n’a point odoré, elle n’a point avalé, elle n’a point bu, elle est restée immobile sur ces tas de blé et y serait assurément morte de faim, si je n’eusse pris le parti de la faire manger moi-même. […] « Bérard rapporte un cas de broiement des deux lobules antérieurs, avec conservation de la raison, de la sensibilité, des mouvements volontaires. » — « Un officier avait reçu une balle qui, entrée par une tempe, était ressortie par l’autre ; le blessé, qui mourut très rapidement trois mois plus tard, fut observé jusque-là, et, pendant tout ce temps, non seulement il jouissait de l’intégrité de son intelligence, mais encore il apportait dans le commerce de la vie un enjouement et une sérénité peu ordinaires136. » Après la bataille de Landrecies137, « douze blessés avaient au sommet de la tête une plaie large comme la paume de la main, avec perte de substance à la fois aux téguments, aux os, à la dure-mère et au cerveau. […] Peu à peu, les mouvements respiratoires deviennent rares, saccadés, et la grenouille meurt asphyxiée, avant d’avoir fait aucune tentative pour respirer et sans avoir paru souffrir.
Vendredi 29 janvier On parlait hier d’une Parisienne, morte à près de cent ans, ces jours-ci, et qui se rappelait le temps, où il passait sur les boulevards, à peine une voiture, tous les quarts d’heure. […] Je le revoyais, dans le salon des demoiselles de Villedeuil, les filles du ministre de Louis XVI, les vieilles cousines de ma mère, ce froid et immense salon, aux boiseries blanches, toutes nues, au mobilier rare, empaqueté dans des housses, et où toujours, au dos d’une chaise, était oublié le ridicule d’une des deux sœurs, aux jardinières rectilignes, contenant de pauvres fleurs fanées, aux dunkerques, où s’étageaient des objets d’art légitimistes, je le revoyais, dans ce salon, qu’on aurait pu croire le salon de la duchesse d’Angoulême, adossé debout à la cheminée, son diable d’œil noir, tout plein d’ironie, et à un moment, dans l’ennui de l’endroit solennel, jetant un mot, qui secouait d’un rire, la sèche vieillesse et les robes feuille morte et caca dauphin des deux antiques demoiselles. […] Enfin ma tante n’est pas morte, en entrant dans la salle d’audience du pape, mais en s’habillant, pour aller à cette audience. […] » Cette pauvre Réjane, qui a déjà répété ce matin, qui répète ce soir en costume, est éreintée, morte.
Cet homme de bien et de bon conseil, que nous ne nommions pas, venait précisément de mourir le 16 juillet dernier, et aujourd’hui un écrivain lyonnais, bien connu par ses utiles et honorables travaux, M.
on n’a qu’à présenter la sienne, et, si elle est bonne, toutes les autres vont mourir d’elles-mêmes et par elle, de même que l’aigle ne laisse subsister dans son voisinage d’autres oiseaux que les aigles.
Celles que les précieux tentèrent furent parfois heureuses ; on leur doit des locutions telles que : avoir l’âme sombre, être d’une vertu sévère ou commode, dire des inutilités, perdre son sérieux, fendre la presse, être brouillé avec le bon sens, faire ou laisser mourir la conversation, faire figure dans le monde, etc.
Il écrit ses deux romans à cinquante ans passés, et meurt consul à Civita-Vecchia, sans avoir connu la gloire qu’il avait tant désirée.
Les crucifiés de forte complexion ne mouraient que de faim 1189.
Rousseau mourut un an après son retour à Bruxelles, dans la soixante-douzième année de son âge.
On peut même penser que les écrits des grands hommes de notre nation, promettent à notre langue la destinée de la langue grecque litterale et de la langue latine, c’est-à-dire, de devenir une langue sçavante, si jamais elle devient une langue morte.
Lulli, six mois avant que de mourir fit lui-même le ballet de l’air sur lequel il vouloit faire danser les ciclopes de la suite de Poliphême.
Mais pour ces images surannées qui ne font que répéter ce qu’on a entendu cent fois, voilà, je vous l’avoue, ce qui est fastidieux à mourir.
On connaît le célèbre qu’il mourût du vieil Horace, et on a blâmé avec raison le vers suivant : cependant une métaphysique commune ne manquerait pas de sophismes pour le justifier.
C’est d’être une histoire de Grégoire VII bien avant d’être une histoire de la comtesse Mathilde, qui, morte, disparaît ici dans la dévorante personnalité de Grégoire, comme elle y disparut vivante, heureuse d’ailleurs d’y disparaître, et comme c’était juste, car Grégoire, c’était l’Église, et Mathilde, ce n’était que l’Italie : l’Église éternelle et l’Italie d’un moment !
La vérité historique, cette chose vivante, n’est point la vérité de l’exactitude, cette chose morte ; et peut-être se dégage-t-elle plus encore de l’ensemble fortement exprimé des choses que du soin apporté à la description des détails.
Ni Augustin Thierry ni Guizot eux-mêmes, les œdipes officiels de ce temps qu’ils n’ont pas deviné toujours et qu’ils ont calomnié quelquefois ; ni Augustin Thierry ni Guizot n’ont été assez forts pour se soustraire à ces préjugés du siècle dernier qui offusquent tout, quand il s’agit du Moyen Âge, Il est vrai que, pour Guizot, le moment n’est peut-être pas fort éloigné où l’Histoire de la Civilisation rencontrera quelque contradicteur terrible ; quant à Augustin Thierry et à ses travaux, il s’est lui-même, avant de mourir, passé par les armes.
Aux pages 136 et suivantes de son histoire, il cite, d’après Tempesti, une lettre envoyée au pape Sixte-Quint par Henri de Béarn, frappé d’excommunication, et dans laquelle « il assurait Sa Sainteté qu’il avait toujours été vrai catholique et qu’il voulait mourir dans la vraie foi, mais que les trames des ligueurs l’avaient contraint à suivre la marche qu’il avait prise ».
C’était moins neuf, ceci, que l’histoire par l’art et toutes ses manifestations ; car on ne pouvait tirer d’une autre source que de celle-là l’histoire des mœurs d’une société morte et qu’on n’a pas observée soi-même sur le vif.
Mais qu’est-ce qu’un engouement qui dure et dont on ne meurt pas, un engouement immobilisé ?
Il traite dédaigneusement de formules les lois, les religions, les codes, les thèses quelconques, et il n’a une si grande haine pour Robespierre que parce que cet homme de creuse métaphysique politique n’est pour lui que l’expression morte d’une formule (il l’appelle même par moquerie l’homme-formule), et il n’a tant de sympathie pour Danton que parce que celui-ci, crimes et tout, n’est que de la passion et de la vie, jusqu’au bout de ses ongles de lion !
… Seulement, ce n’est pas avec un journaliste, chez qui tout prend, sous sa plume, tournure de polémique, qu’on peut évoquer cette question morte de l’inquisition dans l’histoire, qui y a été résolue sans avoir été discutée… III Et, en effet, qu’importe à Pelletan la laborieuse et sévère recherche de l’histoire !
Mais Balzac mourut à la peine, à cinquante ans, sur le seuil du bonheur domestique qu’il avait conquis, et après une éruption volcanique de travaux bien supérieurs à ceux de Walter Scott lui-même.
Mais il y en a un autre qui ne mourra pas, c’est le poëte des Pensées !
D’ailleurs, il faut bien en convenir, quelle que soit la doctrine dont il est question, ce n’est jamais par des arguments tirés d’un ordre d’idées déterminé, qu’on peut enfoncer et ruiner les arguments tirés d’un bon ordre d’idées contraires, et tout de même que le Spiritualisme ne peut mourir que sous des raisons spiritualistes, tout de même le Matérialisme ne peut périr et crouler que sous des raisons, tirées de lui-même : or l’honneur de M.
… Le lendemain de ce jour où le glouton troublé mourut en Swedenborg, à la voix de l’ange… des sociétés futures de tempérance, probablement, le savant Suédois apprit de l’homme lumineux, qu’il revit, les desseins de Dieu sur sa personne, et il renonça incontinent à la science qui avait rempli et honoré sa vie.
Nous avons fait partie de cette jeune école qui, dans les dix premières années de la Restauration, ramenée à la foi chrétienne par l’étude des de Maistre, des Bonald et des Frayssinous, succédait, non pas à l’école légère et railleuse de Voltaire, morte déjà depuis longtemps, mais à l’école positive et raisonneuse de l’Empire… Pleine d’amour pour la vérité, mais, après tout, fille de son siècle, et pleine aussi d’admiration pour la science, l’école dont nous parlons accueillait avec respect une foi dont elle sentait la grandeur et les bienfaits, mais elle n’en restait pas moins fidèle à la raison, dont elle comprenait l’autorité… La science était déjà venue en aide aux vérités chrétiennes… Cuvier montrait partout les traces du déluge et l’accord parfait des nouvelles découvertes géologiques avec le récit génésiaque.
Je ne crois point, pour ma part, — moi, l’adversaire de toute académie quand il s’agit d’art ou de littérature, et qui me moque de ces sociétés, affectations organisées, coteries bonnes pour tous les Vadius et les Trissotins de la terre, — je ne crois point que Jules de Gères eût besoin d’un si pauvre stimulant pour revenir à la poésie, pour réveiller la Muse qui dormait au fond de son âme comme la Nuit de Michel-Ange… Quand toutes les sociétés de sonnettistes (s’il y en a plusieurs) auraient manqué à la France, qui ne s’en doute pas, il fût retourné à la poésie, qui est son destin, de par cette imagination que la vie peut blesser, comme les dieux sont blessés dans les batailles d’Homère, mais ne meurent pas de la perte de leur sang immortel… Jules de Gères est, de nature, très au-dessus des petites sociétés littéraires dont il peut avoir la condescendance, mais il n’a aucunement besoin d’elles pour se retrouver un poète, — c’est-à-dire un solitaire, un isolé, une tour seule (il me comprendra, le poète de la Tour seule !).
Pour vous éclairer, c’est Dieu qui vous appelle, Son nom dit le monde à l’enfant qui l’épèle, Et c’est, sans mourir, une visite aux cieux.
Elle est morte !
Élégiaque aussi, mais moins élégiaque que lyrique, et quoique élégiaque, à ses heures, comme les romantiques, qui ont tous, plus ou moins, chanté la romance du Saule avant de mourir, ayant, lui, une qualité d’esprit rare chez les romantiques, et que les romantiques qui ne l’avaient pas se permettaient de mépriser… Bien entendu, puisqu’ils ne l’avaient pas, M.
Quand on l’a lu, quand on l’a fermé, quand on est loin et qu’on ne s’en rappelle que l’idée première, on le méprise, si on n’a que l’esprit droit, mais on le hait, si on a l’âme ardente ; car si les choses étaient ce que Pichat, cet Aruspice de l’avenir, dit qu’elles sont maintenant ou qu’elles vont être, toute poésie en mourrait du coup, et Pichat, cessant d’être poète, ne serait plus que le plus vulgaire des rêveurs.
Dans sa Madame Gil Blas, où j’ai noté pourtant une scène très-belle, d’un tragique très-nouveau, inspirée par la physiologie (c’est un duel, horrible d’acharnement et de longueur, entre deux rivaux, au bord du lit d’une cataleptique, qu’ils croient morte, et qui, rigide, les voit, lus comprend, seul les coups qu’ils se portent et ne peut faire un cri, un geste, un mouvement de paupière pour les empêcher de se massacrer sous ses yeux ouverts, immobiles, marbrifiés par la catalepsie !
Il est un artiste très-froid, d’une concentration infinie, arrivant toujours à la chaleur par l’extrême froid, ce qui est une loi de la nature intellectuelle tout autant que de la nature physique ; c’est de plus un esprit analytique des plus perçants, qui a introduit l’analyse jusque dans la peinture, sans que la peinture soit morte du coup !
Elle mourut, tandis que lui, terrassé par le mal, avait à peine conscience du malheur qui le frappait. […] Il avait souvent exprimé le vœu de mourir sans souffrances physiques et sans affaiblissement intellectuel. […] Il tomba malade dans l’automne de 1892 et mourut le 5 mars 1893. […] Il n’avait pas cette joie : sa femme était morte en 1839 ; sa fille s’était mariée en 1843 ; son fils vivait loin de lui. […] Les dernières paroles qu’il a prononcées avant de mourir en sont un curieux témoignage.
Sa foi religieuse était morte, laissant dans son cœur un vide que comblaient mal ses croyances humanitaires. […] Voyez plutôt : Coupeau est un ivrogne : ce n’est pas sa faute, puisque c’est un vice héréditaire ; et il mourra du delirium tremens. […] C’est qu’ainsi va le monde ; il y a, entre les effets et les causes, entre les causes et les effets, un enchaînement mathématique, qui veut que les ivrognes meurent du delirium tremens, que les filles meurent de la « petite vérole », et que les personnes honnêtes fassent de bons mariages. […] Plus tard, ses aspirations se précisèrent, et, dans la préface que j’ai déjà citée, il put les résumer en ces termes, aussi parfaitement nets que complètement exclusifs : « Toute littérature qui n’a pas en vue la perfectibilité, la moralisation, l’idéal, l’utile en un mot, est une littérature rachitique et malsaine, née morte » (1868). […] L’histoire alors lui est apparue : non pas l’histoire morte, telle qu’on la trouve dans les archives du passé, mais l’histoire présente, vivante, dont on peut suivre de ses yeux les spectacles, dont on sent le mouvement dans ses propres veines.
Renan, au contraire, désespère de sa vitalité ; il s’appuie sur ce que la poésie grecque est morte, l’épopée morte, la tragédie morte : la science, en inventant la poudre, les canons et les fusils à aiguille, nous a enlevé les Homère et les Virgile de l’avenir. — Peut-être, mais d’autres génies sont nés et peuvent naître, qui n’ont guère de commune mesure avec ceux du passé. […] Chaque art, dans un milieu nouveau, ne peut plus revivre comme il a vécu, mais il ne meurt pas pour cela. […] La conséquence, chez Musset, de cette recherche inquiète de l’au-delà, c’est que sa croyance en la réalité de ce monde s’affaiblit : « ce monde est un grand rêve », une « fiction », derrière laquelle on n’entrevoit rien qu’un « être immobile qui regarde mourir » (Souvenir)29. […] de quel amour blessée Tu mourus aux bords où tu fus délaissée. […] Quant au vers de seize syllabes, qui se rapproche du long vers sanscrit, il est incapable de se plier au mouvement de la pensée moderne ; c’est plutôt une période oratoire bien cadencée qu’un véritable vers : Je me meurs vif, ne mourant point ; je sèche au temps de ma verdeur.
Rodenbach a trouvé en Bruges morte sa vraie compagne, sa vraie maîtresse : c’est d’elle qu’il subit l’emprise ; il la célèbre dans des vers qui ressemblent plus aune prière des morts qu’à un Te Deum. […] Ma volonté est morte et ne tend plus à rien. […] Voici que des satyres sortent des bois, des naïades émergent des rivières, des bacchantes en feu dévalent les pentes des monts… Les arbres, les fleurs, les eaux, les vents, et jusqu’aux cailloux des routes l’invitent et la tentent… La nature entière frémit, s’exalte, a soif de la malheureuse Hélène que l’angoisse étreint : Je veux mourir, mourir, mourir et disparaître ! […] Affolée par les appels des satyres, des naïades et des bacchantes, Hélène invoque Zeus et meurt dans une fantastique apothéose. […] Charles van Lerberghe naquit à Gand en 1861 ; il mourut en 1907.
Le roi se meurt. […] Mais son heure est venue ; le lendemain de la victoire de Gembloux, il meurt empoisonné. […] Il boit l’opium, il s’enfuit pour mourir loin d’elle ; elle ramasse le flacon qu’il a laissé tomber ; son mari rappelle, et elle meurt en feuilletant convulsivement la Bible du poète qui l’a précédée devant Dieu. […] L’art, qui se sentait mourir, voulut avoir sa part de la curée. […] Homodei, après avoir allumé l’incendie, meurt assassiné au milieu de la pièce.
Ce que fait l’homme en se vêtant pour échapper aux influences caloriques de son habitat, tout animal le fait à sa manière, ou meurt. […] Je ne parle pas du jeune Sylvestre Moan, qui mourut dans sa chasteté première, innocence exquise sous une enveloppe virile, la plus gracieuse figure qu’ait créée Loti. […] Et nous trouvons tout simple qu’on l’inscrive parmi ceux qui ne doivent pas mourir. […] Or, l’Éclair se mourait, et ils persuadèrent à Villedeuil, son fondateur, de le raviver par la vertu de cet esprit et de ce crayon. […] J… félicite Amédée Pommier de son beau mépris pour cette vieille académie morte, de ses vers qui la « retuent ».
En effet, le pape mourut ; delà ce proverbe de la cour de Rome : Seigneur, préservez-nous des litanies des frères prêcheurs. […] Ce pape mourut l’an 1261 ; la paix ne fut bien rétablie qu’alors dans l’université. […] La santé du jésuite alla toujours en dépérissant ; il mourut, quelque temps après, à Naples, n’ayant pu recouvrer assez de force pour reprendre la dispute. […] Innocent X mourut vers ce tems-là ; mais les choses ne changèrent pas de face. […] Cette privation leur fut sensible, mais elle ne leur ôta point le courage : une d’entr’elles mourut de chagrin, pour avoir montré quelque inconstance & donné une rétractation passagère.
Les doctrines de madame Sand, nous dit-il, sont antédiluviennes, sa philosophie est tout-à-fait morte, et ses idées de régénération sociale sont des utopies incohérentes et absurdes. […] Et cet avis donné, il s’allongea et mourut en paix. […] Sans cela… Es-tu heureux dans la vie, ou te plaît-il de mourir à la fleur de tes jours, quand ta gloire et tes souhaits auraient atteint leur épanouissement ? […] Parkinson meurt, et son âme, au dire du médium, est escortée jusqu’aux sphères par une « troupe d’anges en robes blanches ». […] pourquoi demander une si pauvre chose, alors que j’ai pu cueillir sur les allées de jardins, l’offrande parfumée d’un souvenir ensoleillé, des fleurs qui ne meurent point, des blancs rameaux que rien ne flétrit ?
J’en mourrais. […] je me meurs ! […] On n’aspire qu’à me voir mourir. » Moumou continuait à aboyer, et Guérassime essayait en vain de l’éloigner de la fatale palissade. […] il n’y va pas de main morte, ajouta Étienne en se frottant le dos ! […] Peu de temps après elle mourut, et non seulement ses héritiers ne pensèrent point à rappeler au service de l’hôtel Guérassime, mais ils congédièrent même tous les autres domestiques.
Quoiqu’on ne puisse juger d’une langue morte aussi sûrement que de la sienne, le style d’Horace paraît non-seulement plus élégant, mais aussi plus propre au sujet qu’il traite. […] Mais, avant de mourir, il veut se baigner, afin d’épargner aux femmes la peine de laver un cadavre. […] Il faut donc que le philosophe, s’il veut atteindre à la vertu et à la vérité, sépare son âme du corps ; il faut qu’il la délivre du lien des sens dont elle se sert, et lui apprenne, dès cette vie, à mourir, en quelque sorte, si la mort est la séparation du corps et de l’âme.
Année 1890 Mercredi 1er janvier 1890 En ce premier jour de l’année, un vieux maladif comme moi, tourne et retourne entre ses mains l’almanach nouveau, songeant que 365 jours, c’est de la vie pour un bien long temps, et interrogeant, tour à tour, chaque mois, pour qu’il lui dise par un signe, par un rien mystérieusement révélateur, si c’est le mois, où il doit mourir. […] Vendredi 5 décembre Pélagie me parlait ce matin d’une pauvre famille bourgeoise d’ici, de la famille d’un inspecteur des eaux, dont la fille aînée mourante, après avoir vu mourir de la poitrine trois de ses frères et sœurs, disait à sa mère, lui parlant du jour de sa mort : « Tu seras aussi morte que moi, ce jour-là… oui, tu ne sauras, où donner de la tête !
Les pères avaient dû mourir dans le désert, on serait la génération qui touche au but et qui arrive. […] Un penseur mélancolique a dit : « Tenons-nous bien, ne mourons pas ; car, sitôt morts, notre cercueil, pour peu qu’il en vaille la peine, servira de marchepied à quelqu’un pour se faire voir et pérorer.
Mais l’homme malheureux ne se contente pas, fût-il aigri et plein de Heine, de faire de petites chansons avec ses grandes douleurs : il construit, dans ses vers, les pays heureux où il voudrait vivre… et ne point mourir. […] Enfin si la langue provençale est morte, je ne m’explique pas davantage, non seulement que Mistral ait écrit Mireille, mais encore qu’au xviie , après quatre siècles de silence, la Muse occitanienne ait ressuscité sur la lyre du toulousain Gondelin.
La jeunesse s’en va, la vieillesse arrive ; nous les retrouvons toujours fidèles ; ils ont été nos guides, ils deviennent nos soutiens, et leur immortalité nous console de la mort et nous aide à mourir. […] Quand il les refuse à une nation, c’est qu’il veut qu’elle meure, car les grands écrivains ne sont pas seulement la gloire d’un peuple, ils en sont l’âme et la vie ; ils en sont même l’immortalité !
Il n’y fait allusion qu’en un seul endroit, dans un dizain où il se prononce pour la doctrine orthodoxe du mérite des œuvres : La foi sans œuvre est morte et endormie. […] Il mourut en 1558, un an avant Henri II.
A côté de Ronsard, qui vit et meurt dans l’applaudissement universel, Montaigne est à peine connu de quelques esprits de choix152. […] Selon lui, les Essais sont un livre pernicieux, immoral, plein de mots sales et déshonnêtes ; Montaigne ne songe qu’à mourir mollement et lâchement.
Et la poésie va mourir avec eux, tuée par la science. […] Nous savons désormais que, si la nature dans son ensemble voit passer avec indifférence nos joies et nos chagrins, en revanche, les êtres dont elle est formée luttent, peinent, triomphent et meurent comme nous-mêmes et nous sont dès lors rattachés par un lien de sympathie et de solidarité.
Car la vieille gaîté française n’est point morte. […] Senta aimait le chasseur Erik ; à la voix de son fiancé, elle sent se réveiller la tendresse qu’elle croyait morte : elle n’a pas le courage de retirer à Erik la main qu’il a si souvent pressée ; c’est en vain que la noble ambition du sacrifice la dévore ; elle se sent émue, vaincue, et quand le Hollandais entre brusquement, elle va se laisser tomber dans les bras de celui qu’elle aimait.
M. le roi Louis II de Bavière Roi, le seul vrai roi de ce siècle, salut, Sire, Qui voulûtes mourir vengeant votre raison Des choses de la politique, et du délire De cette science intruse dans la maison, De cette science assassin de l’Oraison Et du Chant et de l’Art et de toute la Lyre, Et simplement et plein d’orgueil en floraison Tuâtes en mourant, salut, Roi, bravo, Sire ! […] Vont-ils mourir ensemble ?
Franz Liszt meurt à Bayreuth le 31 juillet 1886, après avoir assisté, malgré son état de santé à Tristan et Parsifal. […] Henrietta Constance Smithson, dite Harriet Smithson, née en 1800 et morte en 1854, est une actrice irlandaise, connue surtout pour avoir inspiré à Hector Berlioz sa Symphonie fantastique avant de devenir sa première épouse.
Le monde mourrait de civilisation. […] Plus rien des galeries, des loges, des banquettes, que les six poteaux qu’on entourait de verdure, les jours de la grande représentation, et en place de ce qui a été brûlé, un établi où l’on menuise, et des plantes grasses sur des planches… Et Berthe est morte, et les autres petites demoiselles sont devenues des femmes, des épouses, des mères, et Léonce est garde des forêts, et Bazin est professeur de géographie et décoré de l’ordre du Pape, et Antonin est en train de se faire tuer à Sébastopol, et le père Pourrat a toujours sa tragédie des Celtes en portefeuille, et le bonhomme Ginette est établi teinturier, rue Sainte-Anne, et Louis est docteur en droit, et moi rien du tout.
La langue française, qui ne semble pas destinée à subir prochainement de graves transformations, est cependant loin de la grande époque de stabilité que certaines langues atteignent avant de mourir. […] L’instruction obligatoire a fait du français, dans les bas-fonds de Paris, une langue morte, une langue de parade que le peuple ne parle jamais et qu’il finira par ne plus comprendre ; il aime l’argot qu’il a appris tout seul, en liberté ; il hait le français qui n’est plus pour lui que la langue de ses maîtres et de ses oppresseurs.
Sur des thèmes comme ceux-ci : la nature révèle Dieu ; il faut faire l’aumône ; l’argent que coûte un bal serait mieux employé en charités ; les riches ne sont pas toujours heureux ; il faut se contenter de peu ; les malheurs de l’exil ; il est beau de mourir pour la patrie, etc., etc., M. […] Toute cette foule, partagée en classes diverses, agit, vit et meurt d’une façon rectiligne, répète les mêmes actes et les mêmes paroles, fait les mêmes gestes et porte les mêmes mines du berceau au cercueil, sans que le poète se soucie de mettre au nombre de leurs composants un grain de la complexité, des contradictions et de l’instabilité que montrent tous les êtres vivants.
Ferrari a appliquée, pour l’éclairer, à l’histoire d’un peuple qui renferme en lui tous les contrastes, et dont on se demande s’il vit ou s’il meurt, tant sa vie ressemble à la mort, tant sa mort ressemble à la vie ! […] Ferrari ne nous imposera pas la mémoire et que son livre, si éloquent qu’il puisse être, ne tirera pas de la mer Morte du mépris !
Il faut, enfin, convaincre le Pape et tout le monde qu’en le détruisant, lui, le Pape, c’est un moyen étrange mais certain de faire repousser ce jet superbe de vie à la Papauté qui se meurt ! […] Il ne voudrait pas, lui, de la pension de Pierre Dubois, et son Pape, dans sa fringale de pauvreté, mourrait de faim.
La subtilité en tout genre la choque et lui est antipathique ; et dernièrement, à propos des écrits fort vantés d’une femme d’esprit, mais alambiquée, mais subtile et étrangement mystique, elle se refusait à comprendre qu’il fallût être aussi parfaite pour bien vivre et bien mourir : « L’un, disait-elle, est facile à faire avec un bon cœur et de la droiture, l’autre avec la résignation et la confiance. » La princesse Mathilde passe régulièrement une moitié de l’année à Paris, et l’autre moitié à la campagne, au château de Saint-Gratien.
Les Contrebandiers ne sont pas seulement, comme les Bohémiens, un délirant caprice de vie aventurière, de liberté sans frein et de migration sans but ; les Contrebandiers ne sont pas les enfants perdus et incorrigibles des races dispersées ; ce sont, comme Béranger le conçoit, les sentinelles avancées, les éclaireurs hasardeux d’une civilisation qui s’approche : Nos gouvernants, pris de vertige, Des biens du ciel triplant le taux, Font mourir le fruit sur sa tige, Du travail brisent les marteaux, Pour qu’au loin il abreuve Le sol et l’habitant, Le bon Dieu crée un fleuve ; Ils en font un étang.
Quand la jeunesse est morte, Laissons-nous emporter par le vent qui l’emporte À l’horizon obscur.
Les chefs principaux disparaissent et meurent, quelques rares disciples survivent et essayent de réchauffer le culte en le resserrant ; la lettre grossit pour eux en même temps que l’esprit se retire ; ils reviennent soir et matin sur leurs traces, ils répètent à satiété les mêmes noms, ils ont des gloires domestiques, des grands hommes et des saints à leur usage ; ils sont de vrais dévots, ai-je dit.
Stace, Silius, et ces mille et un 163 auteurs et poëtes de Rome dont on peut demander les noms à Juvénal, se nourrissaient de lectures, de réunions, et les tièdes atmosphères des soirées d’alors, qui soutenaient quelques talents timides en danger de mourir, en faisaient pulluler un bon nombre de médiocres qui n’aurait pas dû naître.
Tout à l’heure les grandes dames leur souriaient par complaisance, et voilà que les grands seigneurs leur sourient par compassion : si les pauvres diables avaient eu tant soit peu d’esprit, il y avait là de quoi les faire mourir de rire.
La légitimité est un peu plus morte que devant ; le dogme de l’hérédité n’est pas plus affermi, je pense.
Andry est tendre ; il ne peut résister à l’idée de cette céleste beauté qui se meurt en proie aux angoisses de la faim.
Voici une description de Buffon : Qu’on se figure un pays sans verdure et sans qu’au, un soleil brûlant, un ciel toujours sec, des plaines sablonneuses, des montagnes encore plus arides, sur lesquelles l’œil s’étend et le regard se perd sans pouvoir s’arrêter sur aucun objet vivant ; une terre morte et, pour ainsi dire, écorchée par les vents, laquelle ne présente que des ossements, des cailloux jonchés, des rochers debout ou renversés, un désert entièrement découvert, où le voyageur n’a jamais inspiré sous l’ombrage, où rien ne l’accompagne, rien ne lui rappelle la nature vivante : solitude absolue, mille fois plus affreuse que celle des forêts ; car les arbres sont encore des êtres pour l’homme qui se voit seul ; plus isolé, plus dénué, plus perdu dans ces lieux vides et sans bornes, il voit partout l’espace comme son tombeau : la lumière du jour, plus triste que l’ombre de la nuit, ne renaît que pour éclairer sa nudité, son impuissance, et pour lui présenter l’horreur de sa situation, en reculant à ses yeux les barrières du vide, en étendant autour de lui l’abîme de l’immensité qui le sépare de la terre habitée : immensité qu’il tenterait en vain de parcourir ; car la faim, la soif et la chaleur brûlante pressent tous les instants qui lui restent entre le désespoir et la mort.
Lui seul entendra, chaque fois que le mot sera prononcé, certain sifflement de balle, certain amortissement de ce bruit dans la chair vivante, lui seul verra certaine grimace, certaine contorsion de l’homme qui meurt, certain geste indifférent du vieux soldat, certaine colère du vaincu, lui seul évoquera certain regard d’un ennemi rencontré dans une charge, certaine parole, certaine lumière, certain paysage : un monde d’impressions ressenties une seule fois par un seul homme surgira au son de deux syllabes banales.
Aussi, voyant mon âge incliner vers le soir, Je veux, ainsi que fit Fray Juan de Ségovie, Mourir en ciselant dans l’or un ostensoir.
Avant de mourir, après sa confession, M. le comte de Timey a voulu épouser Mlle d’Evré, qui était peut-être, et probablement même, sa fille.
Arlequin, voyant que tout est sombre, dit : “Il faut que la blanchisseuse de la maison soit morte ; car tout est bien noir ici.”
Détestable écrivain, penseur nul, savant de détails mais fermé à l’intuition exacte, vive, nue et crue d’une civilisation, il s’attachait à l’exactitude morte, et il n’avait jamais songé que des hommes avaient pensé d’autre sorte que lui dans les cuirasses et parmi les tapisseries qu’il exhumait.
Sa loi est de naître, de s’épanouir et de mourir solitaire dans la conscience où elle est née.
Jurer sur l’autel d’Aglaure 4, c’était prêter le serment de mourir pour la patrie.
Il est entre les mains des médecins et des chirurgiens : la moitié suffit pour le faire mourir.
Je meurs d’envie, il y a sept mois, de me retirer, et la même crainte m’en empêche : c’est une prudence bien timide et qui me fait consumer ma vie dans d’étranges agitations… Je sais bien que je puis faire ici mon salut ; mais je crois que je le ferais mieux ailleurs.
Et, si l’administration des Beaux-Arts avait des crédits pour empêcher de mourir de faim les écrivains pauvres, soyez certains que ce riche avide y volerait chaque année une somme suffisante pour faire vivre deux Verlaine.
Engourdie plutôt que tout à fait morte, elle se réveillait de temps à autre en sursaut, et revenait rôder affamée autour de l’autel.
Mais le nombre exact de ces mots importe peu ; il y en aura toujours trop, bien qu’ils meurent assez rapidement.
Qu’appelez-vous nature morte ?
Il mourut sans recevoir les derniers sacremens ; & l’on publia que c’étoit par indifférence pour la religion.
Les Grecs poussèrent cette haine des philosophes jusqu’au crime, puisqu’ils firent mourir Socrate.
Celui qui veut dire par signes et sans proferer aucune parole, mon pere vient de mourir, est obligé de suppléer par des signes étudiez et differens de ceux qu’il emploïeroit en prononçant, aux paroles qu’il ne dit pas.
Dans tous les temps, sans doute, l’homme a enfanté des pensées vaines et gratuitement angoisseuses ; mais elles mouraient dans l’imagination qui les avait conçues, dans le cœur qui les avait nourries.
V Mais l’enfant mourra… et avant peu !
Le grand bas-bleu que fut Mme George Sand, a bien failli entrer dans les vieilles culottes de l’Académie, et si elle n’y est pas entrée, c’est qu’elle est morte ; — mais pour la venger d’un retard qui a mal tourné, on a respectueusement et pour une pièce qu’elle n’a pas toute faite, planté sa statue en marbre et en pied, dans le foyer du Théâtre-Français où Molière, Regnard et Caron de Beaumarchais n’ont qu’un buste30 !
Pour nous, c’était le plâtre, posé d’une main d’artiste, pour en garder l’empreinte, sur le visage d’un peuple qui va expirer ; car se transformer sous l’action du vainqueur, pour un autre peuple, c’est mourir.
Quoique immensément au-dessous de Montesquieu, dont il descend, l’auteur des Études sur les civilisations a repoussé le joug de l’idée de Montesquieu qui a fait le plus de chemin, parmi tant de ses idées restées en route, et que la politique et l’histoire ont également dépassées… Il ne donne pas badaudement dans cette influence des climats qui a régné dans beaucoup de systèmes, et dont le dernier partisan est Taine, qui meurt intellectuellement de cette idée-là.
Le duel immortel résista sous Louis XIV, qui mourut, lui… et sous Louis XV et sous Louis XVI, et jusqu’à la Révolution française, on se battit, comme si l’édit de Saint-Germain-en-Laye n’avait jamais existé !
Voilà toute l’histoire de Joubert, — de Jοubert qui mourut sans gloire, comme le roi d’Yvetot, mais qui n’eut ni bonnet de coton ni Jeanneton dans son affaire, car, tout comme le Cherubini d’Ingres, avec son petit carrick à collet et son jonc entre ses deux jambes, c’est une Muse qui doit le couronner !
Le stoïcien avait traversé toute la vie dans le respect historique et social des institutions et des idées chrétiennes, mais sans aller plus loin du côté du ciel, et il retrouva peut-être, à l’heure de mourir, sur son âme, la bénédiction paternelle du mendiant qui avait répondu de lui devant Dieu.
Mais Saint-Bonnet, qui vient de mourir et dont la mort a fait un trou dans le siècle, que personne, du reste, ne voit, ne se résigna pas comme Brucker, et ses Œuvres, malgré tout ce que j’en ai crié, sont à peine lues, même par les lettrés.
Lorsque Champagny jauge si avant la société romaine et ses causes de décadence, quand il ne se contente pas de nous montrer les institutions anciennes craquant de toutes parts, mais encore le système économique de cette société, qui mourait autant de son budget que de ses mœurs, il lui était aisé, à lui qui a si bien compris les guerres civiles, à lui qui nous décompose d’une main si ferme le mécanisme de l’élection, cette corruption nécessaire de la république, de prendre juste et de nous donner la valeur et la signification de l’Empire.
Adoré de son peuple, comme Henri IV, il avait de plus que Henri IV, pour s’aider à reprendre le royaume qui était à lui et que lui disputait le roi d’Aragon, un fils de la plus glorieuse capacité militaire, Jean de Calabre, qui mourut subitement avant que la besogne paternelle fût terminée.
nous croyons bien qu’en pressant un peu ce livre de La Femme et l’Enfant il serait aisé d’en faire jaillir une philosophie, et, comme nous l’avons dit, ce serait cette philosophie du xviiie siècle dont on ne se défie plus parce qu’on la croit morte, lorsqu’elle vit et qu’elle est partout, il est vrai, sous un autre nom.
Est-ce enfin avec ce matérialisme effréné qu’on peut ranimer des peuples, mourants — comme meurent toujours les peuples !
Prendre à la religion chrétienne, qui nous a pétris dans le sang de Notre-Seigneur Jésus-Christ (qui nous a donné le sein, si nous ne sommes pas sortis de son flanc ; qui est notre nourrice, si elle n’est pas notre mère), prendre à la religion chrétienne la plus belle civilisation qui fut jamais, — la civilisation de la chevalerie, — pour la donner à une société morte, atroce et barbare ; opposer et substituer à cette monarchie faite par des évêques, comme disait Gibbon, une monarchie faite… par des druides, voilà de l’habileté profonde, car elle semble désintéressée et ne prétend être que scientifique !
Ce n’est pas pour rien qu’elle portait des robes couleur feuille morte, cette automnale Madame de Maintenon !
En vain, cette femme, plus jeune que son âge, parle-t-elle à chaque instant, dans toutes ses lettres, comme Mademoiselle de Lespinasse, bouillante de ses trente ans contenus et impatients, parlerait à M. de Guibert : « J’irai jusqu’à vous, tant que terre pourra me porter, et, là, je mourrai dans vos bras, de joie, de plaisir et d’amour !
À côté des clartés aveuglantes et des mirages de perspective, il y a aussi dans son livre de ces inconséquences qui sont des blessures par lesquelles saigne et meurt un système.
Systèmes qui mourront et ressusciteront plus d’une fois encore, si les hommes doivent s’occuper longtemps de ce que les philosophes appellent des vérités éternelles, lesquelles n’ont d’éternel peut-être que leur inutilité !
Bouix leur traduise aussi le Docteur Séraphique (saint Bonaventure), où elle était, cette psychologie toute vivante, avant qu’on la vît morte et disséquée dans leurs écrits, comme sur des marbres d’amphithéâtre.
S’il avait vécu davantage, il aurait perdu cette illusion ; mais il mourut, heureusement pour lui et pour elle.
Pauvre et misérable siècle que ce xve siècle, sans grandeur complète et immaculée dans les hommes, excepté en ces deux inutiles héros : Huniade et Scanderbeg, auxquels il faut ajouter ce Constantin Paléologue qui eut une minute sublime, — sa minute de mourir !
Lamennais, à qui l’esprit de parti a élevé un catafalque, mais qu’il faudra bien, un jour ou l’autre, finir par juger, Lamennais se présente entre deux théories dont l’une est morte et l’autre n’a jamais vécu.
Le livre de la Création, qu’il est donné à chacun de feuilleter désormais page par page, — (comme un almanach), — a beau être interrompu par des vides, il en sort une force d’ascension vers le mieux que ne peut contrebalancer toute l’inertie de la nature morte.
Elle meurt et le laisse ayant promis, et désolé de sa promesse.
Stendhal, ou, pour l’appeler par son vrai nom, Henri Beyle, a, comme tous les hommes d’un talent réel, gagné à mourir.
Il ne devint pas fou, mais il mourut à la recherche de son roman philosophal dans une grandeur immense, et nécessairement incomplète, car pour cadre à l’œuvre qu’il avait rêvée, il lui eût fallu l’infini !
Mais qu’importe à cet esprit sincère qui aime la vérité ; toujours prêt à la servir avec la hardiesse insoucieuse d’un homme qui sait que la vie est un passage, — et qui n’a pas peur de mourir, sous la main des Anges, à l’hôpital !
Son roman, qu’il aurait pu écrire peut-être comme l’auteur de Miréio écrivit son poëme, dans le dialecte de sa terre natale, écrit en français exquis, n’a pas cependant que son titre de patois, et roule dans son flot de délicieux provincialismes que M. de La Madelène a trop de tact d’écrivain pour laisser mourir.
Seulement, ici le malade ne meurt pas ; il ne se tue point d’un coup de pistolet ; il ne s’enfuit pas chez les sauvages ; il ne finit point par se crétiniser parmi les goitreux des Alpes suisses.
L’hermine, ce noble animal dont la fourrure parait autrefois la noblesse, l’hermine la garde encore dans son attitude d’agonie, sous les taches qui la font mourir.
Ainsi un philosophe, pour avoir dit la vérité à Domitien, vécut exilé à peu près dans les mêmes lieux où, quatre-vingts ans auparavant, Ovide avait été forcé de vivre et de mourir, pour avoir surpris les débauches obscures de cet autre tyran qu’on nomme Auguste.
Archiloque le poëte, raconte Plutarque44, se trouvant à Sparte, les Lacédémoniens le chassèrent à l’heure même, pour avoir dit dans ses vers qu’il valait mieux jeter bas ses armes que mourir. » Puis, l’historien ajoutait cette fâcheuse citation du poëte : « Un Thrace s’enorgueillit maintenant du bouclier que moi j’ai laissé bien intact, au coin d’un buisson, contre mon gré sans doute ; mais par là j’évitais la mort.
Par exemple, la civilisation est l’art de mourir de faim, perfectionné à miracle. — Regardez ces quatre hommes qui passent. […] Parce que l’homme a peur de mourir. Or il sent qu’il mourrait, si, très nettement à ses yeux, avec une pleine évidence, sa vie n’avait pas de but, par conséquent pas de règle, pas de loi, pas de direction. […] « L’esprit humain est toujours en marche. » Les sociétés naissent, vivent et meurent comme les individus. […] Tout pénétré d’esprit théologique jusqu’en 1865, touché et assez profondément atteint par l’esprit scientifique à la date de 1369, il devait mourir, en 1874, sur une pensée positiviste un peu vague et comme flottante qui n’avait pas pris pour lui toute consistance et solidité.
Il mourut du moins, en 1849, avant d’avoir pu satisfaire à ce vœu de l’élite du public77. […] Il y a une historiette, entre autres, celle du curé de Saint-Babel, qui avait surtout choqué : « On l’accusait dans le monde, dit Fléchier en parlant de ce curé condamné à mort pour ses méfaits, d’avoir instruit ses paroissiennes d’une manière toute nouvelle ; de leur avoir inspiré quelque autre amour que celui de Dieu, et de leur avoir fait des exhortations particulières, bien différentes des prônes qu’il leur faisait en public. » Et continuant sur le même ton, il raconte comment ce curé, un jour qu’il était appelé près d’une mourante pour les derniers sacrements, avait négligé la maîtresse pour la servante : « Il ne se soucia plus du salut de sa maîtresse, dans le dessein qu’il eut contre l’honneur de la servante… Au lieu d’écouter la confession de l’une, il faisait sa déclaration à l’autre ; et bien loin d’exhorter la malade à bien mourir, il sollicitait celle qui se portait bien à mal vivre ; et la prenant par la main et par le menton : — Quelle peine !
Il meurt vers 1410. […] Normand, étudiant à Navarre et maître de théologie (1348-1356), grand maître de Navarre et professeur en théologie (1356-1361), doyen de l’église de Rouen (1361-1377), évêque de Lisieux (1377), meurt en 1382.
Étant donné sa foi en Dieu et l’idée qu’elle se fait de cette vie transitoire, elle ne devait, elle ne pouvait que se laisser mourir avec ses parents. […] Le devoir d’être bon jusqu’à l’immolation de soi ; mais aucun support de ce devoir, sinon que nous mourrons tous (vérité qui prêterait tout aussi bien à une conclusion égoïste et épicurienne) et qu’il est naturel que nous soyons tous pénétrés de pitié et de bonté les uns pour les autres, étant tous guettés par l’immense et éternelle nuit.
Ainsi meurt, pour nous, tout espoir sentimental. […] Le même chef-d’œuvre joué, interprété, peut devenir, pour le lettré, absolument lettre morte, et cela, en dépit des efforts des bons interprètes et de la valeur des toiles de fond.
Elle a toute la pureté d’une jeune fille vertueuse, et pourtant elle meurt comme une coupable ; triste exemple du ravage des passions, qui dévorent même ceux à qui elles n’ont pas ôté l’innocence. […] La fin du dix-huitième siècle fut témoin de deux tentatives éclatantes pour régénérer la tragédie qui se mourait entre les mains des imitateurs de Voltaire.
Seroit-il permis de le comparer au qu’il mourût ? […] Que ces fautes soient, si l’on veut, pendant qu’il existe parmi nous, l’aliment de la jalousie et le tribut de l’humanité ; mais que la mort en le frappant emporte avec lui tout ce qui doit mourir ; qu’elle ne lui laisse que ce qui doit vivre, et que, sortant de ses cendres, il paraisse devant la postérité, comme Hercule, s’élevant de son bûcher, parut dans l’Olympe, ayant dépouillé tout ce qu’il avait de mortel.
Ici, l’artiste ne manque jamais cet accent ineffable qui fit mourir le pauvre Jean-Paul de chagrin, car il l’entendait en lui, comme Beethoven, le sourd, entendait sa musique, mais il ne put jamais le faire sortir de sa pensée. […] Je citerai encore la scène où Boys-Bourredon apprend qu’il va mourir pour la connestable.
En 1797, avant sa conversion, il écrivait : « Mourons tout entiers, de peur de souffrir ailleurs. […] Joubert, qui meurt le dernier, en 1824, emportera avec lui l’atticisme français. […] La Bouteille à la mer est le poème de l’entreprise humaine en tant qu’elle s’attache à ce qu’il y a de plus immatériel et qu’elle vit et meurt pour les idées. […] En 1871 et 1873 moururent ses deux fils., compagnons de son exil. […] Il mourut à quatre-vingt-trois ans, comme Voltaire et Goethe.
Atteint à la poitrine d’une balle morte à Mondovi, il marchait toujours et était lancé à l’avant-garde sur Turin.
Mais peut-on s’étonner si cela échappe et si le gazouillement meurt sous la feuillée où il se dérobe ?
Jusque dans la dernière crise, il s’est montré courageux et résigné avec simplicité ; et, si je ne craignais d’altérer la tristesse de cette impression, j’ajouterais à l’appui d’une de vos remarques que, jusque dans les suprêmes douleurs, je l’ai vu sensible à l’impropriété de quelques mots qui blessaient la pureté de la langue. » — L’homme de goût fut le dernier à mourir en lui.
Il recueille au fur et à mesure dans une corbeille préparée les fruits intérieurs des saisons diverses, les récoltes des années successives ; il ne les laisse pas mourir sur pied, ni se dessécher à la branche.
Aussi, le soir, quand il prit congé de ses hôtes, il leur laissa l’idée qu’il était né pour être heureux, et qu’il mourrait ignoré et content au bord du lac, seul témoin destiné à recevoir l’entière confidence de ses pensées. » Rousseau ne donne plus de ses nouvelles, et ses amis croient qu’il les a oubliés.
Celui qui souffre, celui qui meurt en produisant un grand effet quelconque de terreur ou de pitié, échappe à ce qu’il éprouve pour observer ce qu’il inspire ; mais ce qui est énergique dans le talent du poète ; ce qui suppose même un caractère à l’égal du talent, c’est d’avoir conçu la douleur pesant tout entière sur la victime : et tandis que l’homme a besoin d’appuyer sur ceux qui l’entourent jusqu’au sentiment même de sa prospérité, l’énergique et sombre imagination des Anglais nous représente l’infortuné séparé par ses revers, comme par une contagion funeste, de tous les regards, de tous les souvenirs, de tous les amis.
Telle qu’elle est, la vie est « passable ». « Mieux vaut souffrir que mourir, c’est la devise des hommes. » Cette morale-là est bien gauloise ; nous plions sous l’énorme machine administrative qui nous façonne ; nous nous souvenons qu’en vain on l’a cassée, que toujours elle s’est raccommodée, et ne s’est trouvée que plus pesante ; bien plus, nous sentons que si elle se détraquait, nous ne pourrions vivre.
Cette spirituelle société meurt de sécheresse et de froid : le trop d’esprit la tue.
Il meurt en 1880, sénateur. — Éditions : Discours parlementaires, 4 vol. in-8, 1881 ; Plaidoyers politiques et judiciaires, in-8, 1882, Plon et Cie.
Depuis, au long des jours de désir et de haine Dont les soleils couchants meurent au fond du cœur, Celles que tu créas rêvent d’une douleur Étrangement nouvelle et fervemment humaine, Et crient au loin ton nom qui rayonne d’un feu Céleste et souterrain comme une pierre ardente, Ô poète, qui retourna l’œuvre de Dante Et mis en haut Satan et descendis vers Dieu.
. — Les raisons d’agir et de ne pas agir, les raisons de vivre et de mourir, les raisons d’espérer et de désespérer varient à l’infini suivant les individus.
Mieux vaut un peuple immoral qu’un peuple fanatique ; car les masses immorales ne sont pas gênantes, tandis que les masses fanatiques abêtissent le monde, et un monde condamné à la bêtise n’a plus de raison pour que je m’y intéresse ; j’aime autant le voir mourir.
Quand l’œil plonge dans la dépression de la mer Morte, la vue a quelque chose de saisissant ; ailleurs elle est monotone.
N’a-t-on jamais vu se produire, à la suite de quelque œuvre désespérément pessimiste, un étrange appétit de suicide, et, comme dit Victor Hugo : Une facilité sinistre de mourir ?
La manie et la gageure de tous les René, de tous les Chatterton de notre temps, c’était d’être grand poète ou de mourir.
La contemplation du passé dans les monuments qui meurent, le calcul de l’avenir dans les résultantes probables des faits vivants, plaisaient à son instinct d’antiquaire et à son instinct de songeur.
La science, disons-le, ne connaît pas de réponse à ces doutes et à ces questions, et là sera éternellement le point d’appui de la foi, car l’homme ne veut pas mourir tout entier ; peu lui importe même que son être métaphysique subsiste, s’il ne conserve, avec l’existence, le souvenir et l’amour.
Et nous répondrons incontinent que, dans cet ordre d’idées, il n’est pas non plus indispensable pour vivre, boire, manger, dormir, et, par surcroît, se distraire et voyager, au siècle d’Edison, de Pasteur, de Tolstoï, de Nietzsche, et de tant d’autres génies, de savoir comment on naît et comment on meurt, pourquoi l’on souffre et pourquoi l’on espère, mais que nous ne sommes pas fâchés d’être un peu plus fixés à ce sujet chaque jour, et que c’est peut-être là ce qui constitue notre supériorité sur le Malgache ou le Huron rencontré sur nos boulevards, ou sur le chimpanzé Consul — cependant de mœurs fort civiles, dit-on.
Et dites-moi, je vous prie, quel est l’homme supérieur qui se résignerait aujourd’hui à rentrer dans ce huis-clos étouffant de la décentralisation, et qui s’habituerait à cette pensée : « Tout ce que j’ai dans la tête, toutes ces idées que je sens vivre, marcher, s’agiter dans mon cerveau, je vais les produire au dehors, les formuler dans une magnifique expression, pour qu’elles meurent entre Angoulême et Barbezieux ?
Je me suis longtemps cité à moi-même le vers de Voltaire ainsi : « Il est deux morts, je le vois bien… » Le texte est : « On meurt deux fois, je le vois bien » ; qui, au moins comme euphonie est très préférable.
Cette génération mourra sans postérité.
L’empire russe depuis le congrès de vienne5 I Quoique l’influence des circonstances politiques meure au seuil des ouvrages de critique purement littéraire, il n’est pas moins vrai qu un livre sur la Russie publié à cette heure doit attirer vivement l’attention… En effet, solitairement et pour son propre compte, la Russie, ce colosse de neige, sort enfin de l’énigmatique immobilité qu’elle a gardée pendant quarante ans vis-à-vis de l’Europe, et qui était peut-être tout le secret de la fascination qu’elle exerçait sur les esprits.
… On me dit que la Revue Contemporaine n’a pas rendu l’esprit et je le crois bien, mais cela veut dire qu’elle n’est pas morte… Presque soufflée un jour par le mécontentement d’un ministre, elle a protégé assez adroitement contre ce vent tout-puissant son petit bout de bougie et elle s’obstine à existe.
La traduction de sainte Térèse pourra leur montrer, en attendant que l’abbé Bouix leur traduise aussi le docteur Séraphique (saint Bonaventure), où elle était, cette psychologie toute vivante, avant qu’on la vît morte et disséquée dans leurs écrits, comme sur des marbres d’amphithéâtre.
Affreux ingrat qui avait fini par donner la gangrène de son ingratitude à Isabelle, et qui, elle morte, assassina Colomb avec les procédés d’une politesse irréprochable.
Le cœur de l’orgueilleux et voluptueux genre humain cloué avec amour à la croix des esclaves sur laquelle meurt un Dieu, les douze bateliers de Judée prenant la terre entière dans leur miraculeux filet, cette histoire, qui n’avait besoin que d’être racontée, depuis saint Paul jusqu’à Bossuet, pour que ceux qui n’étaient pas chrétiens le devinssent, — Credo quia absurdum et impossibile !
La parole se substituant à l’écriture a, dans tous les temps, été le symptôme des littératures qui vont mourir.
Goethe, qui a joui d’un bonheur sans égal durant sa vie, ce Polycrate moderne qui aurait pu jeter toutes ses bagues — sans crainte de les perdre — aux carpes du Rhin ; Goethe, qui n’était pas né sur le trône et qui a montré pour la première fois au monde ébahi la poésie aux affaires, qui a été tout ensemble Richelieu et Corneille ; son Excellence M. de Goethe, qui avait été un beau jeune homme, puis un beau vieillard ; qui fut aimé d’amour dans sa vieillesse comme Ninon de l’Enclos dans la sienne ; qui mourut tard, en pleine gloire, en pleine puissance, que dis-je ?
Il a oublié que, pour l’homme, l’abîme le plus terrible n’est pas celui qu’il a sous les pieds, mais celui qu’il a sur la tête, et que l’âme, comme le corps, meurt aussi bien de trop monter que de trop descendre.
Le sénat lui députa Sulpicius, et ce citoyen affaibli par la maladie et les années, mourut en ambassade.
En effet, on peut dire, d’après l’orateur grec, que la philosophie et les lettres ne meurent pas.
Les français disent bleu pour le ciel, dans une espèce de serment par bleu, et dans ce blasphème impie morbleu (c’est-à-dire meure le ciel, en prenant ce mot dans le sens de Dieu.)
C’est ce que les hommes appellent mourir. » Voilà une expression populaire française, qui sera étonnée d’avoir eu son origine dans une chambrette d’étudiant à Vienne. […] Il en est maintenant à causer de longues heures avec Eckermann, qui est un simple imbécile, mais qui a de mérite incomparable de ne lui jamais parler que de Goethe. — Il meurt. […] Je ne m’occuperai ici, strictement, que de l’œuvre littéraire de l’écrivain célèbre qui vient de mourir. […] On se dit : « De ces deux femmes, une mourra de cette situation. […] Laquelle aura la force de se sacrifier sans mourir ?
Il lui reproche d’avoir été partisan du régime parlementaire à l’anglaise, dont la monarchie, dit-il, est morte. […] (Il mourut riche, mais il était généreux et dépensait insoucieusement.) […] Après qu’il est devenu « limpide et souriant ainsi qu’une rose nouvelle », le bourgogne tourne à la transparente pelure d’oignon, puis il s’affaiblit, passe et meurt. […] Elle me rend la Prière non morte, mais plus vivante ; je respire plus de vent marin. […] L’un d’eux a même écrit un livre ironique et spécieux sur le Français langue morte.
Au moment de mourir, il voulut encore être utile, et fit approcher lord Warwick, son beau-fils, dont la légèreté l’avait inquiété plus d’une fois. […] Le jeune, homme, après avoir attendu un instant, lui dit : « Cher Monsieur, vous m’avez fait demander ; je crois, j’espère que vous avez quelques commandements à me donner ; je les tiendrai pour sacrés. » Le mourant, avec un effort, lui serra la main et répondit doucement : « Voyez dans quelle paix un chrétien peut mourir. » Un instant après, il expira. […] « Aridæus, beau jeune homme d’Épire, amoureux de Praxinoé, femme de Thespis, fut retiré sain et sauf, hormis deux dents cassées et le nez qui fut un peu aplati. — Hipparchus, passionnément épris de sa femme qui aimait Bathylle, sauta et mourut de sa chute ; sur quoi la femme épousa son amant939. » Vous voyez cette étrange façon de peindre les sottises humaines : on l’appelle humour.
Ailleurs, c’est l’histoire d’un enfant malade et précoce qui se sent mourir, et qui, en s’endormant dans les bras de sa sœur, entend la chanson lointaine des vagues murmurantes qui l’ont bercé. […] Une jeune femme se dévoue pour sauver la femme indigne de l’homme qui l’aime et qu’elle aime ; cet homme meurt ; elle continue, par pure abnégation, à soigner la créature dégradée. […] Personne n’a autant de compassion pour ces pauvres êtres déformés et infirmes qu’ils mettent si souvent au monde, et qui ne semblent naître que pour mourir.
À cause de la mort d’un seul moururent les fils de maintes mères. » AVENTURES DE SÎFRIT « En ce temps-là croissait dans le Niderlant le fils d’un roi puissant, — son père se nommait Sigemunt, sa mère Sigelint, — en un burg très-fort et connu au loin, situé près du Rhin : ce burg s’appelait Santen. […] Tout ce qu’il perçait de ces flèches devait bientôt mourir. […] C’est Hagene qui veut nous faire mourir de soif. » « Hagene de Troneje dit : « Mon cher seigneur, je croyais que la chasse aurait lieu aujourd’hui dans le Spehtshart ; c’est là que j’ai envoyé le vin. […] Il devait mourir là, le guerrier vaillant et magnanime.
La marchande, chez laquelle ma domestique a été commander une guirlande de roses et de pensées, lui disait : « C’est étonnant comme on meurt dans ce moment-ci ! […] Des reliures de Wiener de Nancy, des reliures de Prouvé, le peintre, dont l’une : « Mélancolie d’Automne » représente sur une peau, couleur de feuille morte, et en relief, le recroquevillement des feuilles sèches dans cette saison, sur les chemins. […] Quand dans Lisle-en-Rigault, une jeune fille meurt, pendant quinze jours les jeunes filles prennent le deuil, et ne dansent pas. […] À Mazagran, il y eut deux tués dans la fusillade, et un troisième, qui mourut des suites de ses blessures.
Entre les mains du Grec les idées et les institutions les plus graves deviennent riantes ; ses dieux sont les dieux heureux qui ne meurent pas ». […] Si, quand on est mort, il n’y a plus de sensation, et si l’on est comme en un sommeil ou l’on n’a pas même de songes, alors mourir est un merveilleux avantage ; car, à mon avis, si quelqu’un choisissait parmi ses nuits une nuit pareille, une nuit où il a été si fort assoupi qu’il n’a pas eu un songe, et mettait en regard les autres jours et les autres nuits de sa vie pour chercher combien, parmi ces heures-là, il en a eu de meilleures et de plus douces, il n’aurait pas de peine à faire le compte, et je parle ici, non pas » seulement d’un particulier, mais du grand roi. […] Pour moi, si cela est vrai, je veux mourir plusieurs fois. […] Dans un village corse, aux funérailles, la « vocératrice » improvise et déclame des chants de vengeance devant le corps d’un homme assassiné, et des chants de plainte sur le cercueil d’une jeune fille morte avant l’âge. […] Certainement le spectacle était beau lorsque ces grands jeunes gens, les plus forts et les mieux faits de la Grèce, avec leurs cheveux longs et soigneusement rattachés au sommet de la tête, avec leur tunique rouge., leurs larges boucliers polis, leurs gestes de héros et d’athlètes, venaient chanter des vers comme ceux-ci : « Combattons avec courage pour cette terre notre sol, — et mourons pour nos enfans sans épargner nos âmes. — Et vous, jeunes gens, combattez ferme l’un à côté de Fautive ; — que nul de vous ne donne l’exemple de la fuite honteuse ni de la peur, — mais plutôt, faites-vous un grand et vaillant cœur dans votre poitrine… — Pour les anciens, les vieillards dont les genoux ne sont plus agiles, — ne les abandonnez pas, ne fuyez pas, — car il est honteux de voir tomber au premier rang, devant les jeunes gens, — un homme vieux qui a déjà la tête et la barbe blanches ; — il est honteux de le voir gisant, exhalant dans la poussière sa vaillante âme — et serrant de ses mains sa plaie sanglante sur sa peau nue. — Au contraire, tout convient aux jeunes — quand ils ont la fleur éclatante de l’adolescence. — Admirés par les hommes, aimés par les femmes, — ils sont encore beaux s’ils tombent au premier rang… — Ce qui est laid à voir, c’est un homme gisant dans la poussière, — percé par derrière, le dos traversé par la pointe d’une lance. — Que chaque homme après l’élan reste ferme, — fixé au sol par ses deux pieds, mordant sa lèvre avec ses dents — les cuisses, les jambes, les épaules au-dessous, la poitrine jusqu’au ventre, tout le corps, — couvert par son large bouclier ; — qu’il combatte pied contre pied, bouclier contre bouclier, — casque contre casque, aigrette contre aigrette, — poitrine contre poitrine, tout proche, — et que de tout près, corps à corps, frappant de sa longue pique ou de son épée, — il perce et tue un ennemi. » Il y avait des chants semblables pour toutes les circonstances de la vie militaire, entre autres des anapestes pour aller à l’attaque au son des flûtes.
Le surlendemain, il faut que le fiancé parte en toute hâte pour assister une vieille tante qui se meurt. […] On ne succombe au regret que lorsqu’il n’existe plus aucun sentiment capable de vous en distraire ; et celui qui perd ce qu’il aime le mieux n’en mourra point, s’il aime encore quelque chose. » (12 prairial an XII, à propos d’un conte de Mme de Genlis.)
adieu… adieu… On ne vit qu’un jour pour mourir toute la vie. » C’est, on le voit, un touchant et dernier retour vers ces mois de félicité en Pologne, un dernier soupir vers la princesse Marie. […] Nous ne suivrons pas Bernardin dans les vingt dernières années de sa vie ; il ne mourut qu’en janvier 1814.
Entre la France et l’Angleterre, il y aura donc toujours, et organiquement, trois grandes choses : la mer d’abord, l’influence continentale ensuite, enfin la passion, troisième élément plus indomptable encore que les deux autres ; la passion de la rivalité, qu’une grande nécessité peut faire taire un moment, mais qui ne mourra jamais entre ces deux jumeaux, qui se combattent dans le sein de leur mère, l’Europe. […] Car ne nous faisons pas d’illusion sur l’éternelle reconnaissance et sur l’indissoluble alliance entre la France et la monarchie piémontaise de l’Italie une : les rois hommes d’honneur, les ministres qui se respectent, peuvent être reconnaissants par honneur, par pudeur, par intérêt momentané ; mais les rois meurent, les ministres passent, les cabinets restent avec l’esprit de leur situation géographique en Europe.
Il mourut le 19 août 1662. […] Il donna en 1643 son traité de la Fréquente Communion, fut censuré par la Sorbonne en 1656, s’en alla en exil en 1678, et y mourut.
Des allusions fort peu voilées firent justice du Clovis ressuscité pour mourir encore, et des théories du Discours au roi. […] Son adversaire avait quatre-vingts ans, et mourait deux ans après avoir lancé contre son jeune vainqueur le trait de Priam, … Telum imbelle sine ictu.
Son Dieu parfait lui-même, a dû, malgré toutes les contradictions, souffrir, s’efforcer et mourir. […] Elle aura illuminé, ravagé ou charmé le monde, elle servira peut-être longtemps de guide, ou d’épouvantail, mais elle mourra en dehors de la voie qui mène à de meilleures destinées.
Quand un homme se lève de grand matin pour nous annoncer que l’Église éternelle est morte, il est tenu de mettre à la place, dans ce vide profond qu’elle va laisser, quelque chose qui remplisse mieux que cette pancarte : La Déclaration des droits ! […] Les peuples, dit au contraire Proudhon, ne meurent que quand on les tue.
Il faut que tout meure, douceurs, consolation, repos, tendresse, amitié, honneur, réputation : tout nous sera rendu au centuple ; mais il faut que tout meure, que tout soit sacrifié.
Moi, je puis mourir demain.
Henri IV dans cette crainte était disposé à négocier, mais ce n’était plus le moment pour Mayenne, qui était tout à la merci des Espagnols et qui dépendait uniquement des secours qu’il en attendait ; un soupçon qu’ils eussent pris de lui l’eût perdu : Voilà pourquoi, dit Mézeray, le président Jeannin, sachant les intentions du duc, ne put être ébranlé par les persuasions du roi en personne ; lequel le menaçant que son opiniâtreté lui pourrait bien causer du repentir, il lui repartit hardiment qu’il entendait bien ce que Sa Majesté voulait dire, mais qu’il ne lui donnerait pas le moyen d’en venir là, car il mourrait sur la brèche en homme de bien.
Isaïe, les prophètes, les psaumes, même le Cantique des cantiques, voilà ses lectures de prédilection et à jamais chères, voilà sur quoi il aimera vieillir et mourir : « Certe in his consenescere, his immori, summa votorum est ».
Par exemple, il vous dit sans rire et a l’air de croire, durant tout un livre ad hoc, que Marie-Magdeleine est venue mourir en Provence, à la Sainte-Baume84.
Il s’agissait de l’excellent poëte M.Soumet, qui, tout malade qu’il était de la maladie dont il mourut, s’était laissé entraîner à cette polémique.
Les héros de la guerre de Troie, Agamemnon, Hector, Achille, auraient eu beau combattre, s’illustrer et mourir, s’ils n’avaient pas eu d’Homère : et, comme l’a dit Horace, beaucoup d’autres non moins dignes de renom sont à jamais ensevelis dans l’ombre ; ils ne feront jamais verser de nobles larmes, parce qu’ils n’ont pas eu leur chantre sacré : Carent quia vate sacro.
C’est nous donner le change et se payer de mots, que d’identifier le problème de la destinée de l’humanité avec celui de la destinée du moi ; la métaphysique et la psychologie ne détermineront pas l’histoire ; l’individu quelconque, s’observant isolément d’après la méthode expérimentale appliquée aux faits de conscience, n’atteindra que certaines formes constantes de sa nature, certains éléments abstraits de son esprit ; il n’acquerra que des probabilités éloignées sur l’immortalité de son âme, et il ne sera nullement en droit ni en mesure de conclure de là au développement de l’espèce à travers les siècles, à l’explication de sa perfectibilité croissante, de son émancipation progressive, de ses conquêtes au sein de la nature ; à la prédiction de son avenir sur cette terre ; pas plus que le chimiste habile qui aurait décomposé et analysé une portion du lobe gauche ou droit du cerveau humain, qui aurait vu certains gaz se sublimer et certains sels se déposer, ne serait en mesure ni en droit de conclure de cette décomposition morte à la loi physiologique du règne animal et de ses évolutions organiques.
Mère : « Longue femme silencieuse et blanche » ne pouvant supporter sans crises de nerfs la clarté et le bruit… « est morte d’épuisement ».
Là les persécuteurs, au moment de frapper, tombent sous une atteinte invisible ; les bêtes sauvages deviennent dociles ; les cerfs de la forêt viennent chaque matin s’atteler d’eux-mêmes à la charrue des saints ; la campagne fleurit pour eux comme un nouveau paradis ; ils ne meurent que quand ils veulent.
Quand elle mourut, M. d’Hervart vint le trouver et le pria de loger chez lui : « J’y allais », dit La Fontaine.
Il mourut à Saint-Cosme, le 27 décembre 1585.
Ainsi, Fontenelle, ce Nestor, qui illustra deux siécles, calme, tranquille, modéré jusqu’à sa derniere heure, vit fuir le songe de la vie comme un Sage du haut d’une colline élevée voit mourir les derniers rayons du Soleil.
Arrivée à cette crise douloureuse, il faut qu’Ellénore meure ou se rajeunisse.
Enfin la sensation musculaire peut nous être donnée simplement par l’effort et indépendamment de tout mouvement ; par exemple, porter un poids, soutenir son corps, ce sont là autant de cas de tension morte.
Généreux comme un prince, courtois comme un gentilhomme de l’ancien régime, il a vécu et il mourra dans l’impénitence finale de l’amour des femmes.
Hamilton mourut à Saint-Germain le 21 avril 1720, âgé d’environ soixante-quatorze ans, dans de grands sentiments de piété, dit-on, et après avoir reçu les sacrements ; il redevint un homme du xviiie siècle à l’article de la mort.
Le jeune Baratier y travailla si fort, renonçant à toute autre étude, qu’il soutint sa thèse de droit public au bout de quinze mois : mais il mourut, peu de temps après, de l’excès du travail.
Que l’on enlève à un animal, une poule ou un pigeon par exemple, les deux hémisphères cérébraux, l’animal ne meurt pas pour cela : toutes les fonctions de la vie organique continuent à s’exercer ; mais il perd tous ses sens et tous ses instincts, il ne voit plus, il n’entend plus ; il ne sait plus ni se défendre, ni s’abriter, ni fuir, ni manger, et s’il continue de vivre, c’est à la condition que l’on introduise mécaniquement de la nourriture dans son bec.
C’est de l’histoire qui s’affaiblit, qui s’épuise, et qui va mourir tout à l’heure dans la vie romanesque ou vulgaire ; mais c’est de l’histoire.
Eh bien, excepté quelques lettres de cet enragé de vieillir et de mourir qu’on appelle Chateaubriand, et qui est le saule pleureur d’avant sa tombe, excepté plusieurs de ces lettres, dont les meilleures furent publiées dans le Congrès de Vérone, et une ou deux venant d’autres mains, il n’y a rien qu’on puisse citer comme dépassant le niveau épistolaire de tout le monde, et c’est à se demander si c’est vraiment là la plus grande société du monde dans son intimité.
Cette voix retentit dans l’univers, et Newton meurt.
Il est impossible, en effet, de séparer ces deux idées ; ce qui est vivant mourra, ce qui est mort a vécu. […] L’être vivant apparaît, s’accroît, décline et meurt. […] Chez un être vivant, tout se crée morphologiquement, s’organise et tout meurt, se détruit. […] Un très petit oiseau, dont l’activité vitale est toujours considérable, meurt de faim si on le laisse vingt-quatre heures sans nourriture. […] La cellule est alors morte ; c’est un cadavre.
« Lorsqu’un grand seigneur meurt, s’il a cent domestiques, son fils les garde, sans diminuer le nombre de ceux qu’il avait déjà dans sa maison. Si la mère vient à mourir, ses femmes, tout de même, entrent au service de sa fille ou de sa bru, et cela s’étend jusqu’à la quatrième génération, car on ne les renvoie jamais. […] Tous ces parasites meurent de faim. […] Pendant la dernière guerre d’Espagne, une armée espagnole était dans l’abondance là où une armée française vivait juste, et où une armée anglaise mourait de faim. […] Il les exprimait sans élan ni ardeur ; elles n’avaient plus pour lui d’attrait vif et présent, il en parlait comme d’une personne qu’on a beaucoup aimée, mais qui est morte.
Si, d’ailleurs, on voulait un modèle de ce genre d’enquête à distance que nous demandons, Littré, jadis, l’a donné dans les pages qu’il a consacrées à cet autre problème historique : Madame est-elle morte empoisonnée ? […] Cependant monsieur meurt, et Madame étant ruinée, Jacob se retrouve sur le pavé. […] Et, comme des aventures si tragiquement engagées ne sauraient finir heureusement, Mlle Fidert ou Mme Ecke, retirée chez M. de Montcal, y meurt d’un coup d’épée que lui donne par mégarde « un seigneur de la première distinction », en disputant cette Alaciel de mélodrame à un vieil amant, qui meurt de désespoir de ne l’avoir pas épousée. […] Mourir dans ces circonstances est encore assez brusque et, par conséquent, suffisamment dramatique. […] Pour Montesquieu, par exemple, qui mourut en 1755, il n’était encore que cela.
Charles Vignier et dont il mourut. […] L’année suivante, dans la nuit du mercredi au jeudi 16 juillet 1896, Edmond de Goncourt mourait à Champrosay. […] A l’époque de Balzac, ces rues étaient séparées de la rue Fortuné où mourut l’auteur de la Comédie humaine. […] Il savait comment les gens d’alors vivaient, comment ils agissaient, dormaient, mangeaient, tuaient, aimaient, mouraient ; leurs attitudes dans la douleur et dans la joie, dans la débauche ou la prière.
Non, de ces pays sans gloire s’épanchera vainement le long et mélancolique fleuve des Tristes ; ici il vivra, ici il mourra. […] « La légende raconte qu’une fille de Provence s’amouracha de la statue d’Apollon et en mourut. […] Qu’il meure, je n’en fais aucun doute, avec une pareille corpulence et un cou si court ! […] Le séjour dans la ville éternelle n’a pas éteint les forces de son esprit ; ce qui, après tout, ne prouve qu’une chose, c’est que ceux-là seuls y meurent qui sont trop faibles pour y vivre, et que l’école n’humilie que ceux qui sont voués à l’humilité.
Né en 1839, il mourut en 1894, presque obscur, mais depuis lors, a dit sir Edmond Gosse, sa renommée et son influence n’ont fait que s’élever par sauts et par bonds. […] Son ami La Boëtie mourut d’une maladie contagieuse, qui était probablement la peste : Montaigne brava la contagion pour l’assister dans ses derniers jours. […] « On mourra seul… Le dernier acte est sanglant, quelque belle que soit la comédie en tout le reste. […] … La plupart des hommes meurent sans le savoir… Dans l’instant de la mort naturelle, le corps est plus faible que jamais ; il ne peut donc éprouver qu’une très petite douleur si même il en éprouve aucune ». […] Ils s’aimèrent d’amour, puis d’amitié, même après l’incident Saint-Lambert, par la faute duquel la divine Émilie mourut en couches.
Si c’est un péché de croire qu’il est excellent sous ce point de vue, au lieu de se rétracter, bien des gens de goût mourront dans l’impénitence finale. […] « L’ennemi tous droits violant, « Belle Amazone, en te brûlant, « Témoigna son âme perfide : « Mais le destin n’eut point de tort ; « Celle qui vivait comme Alcide, « Devait mourir comme il est mort. […] Sa fierté respire dans ses tristes exclamations aux nymphes du Tage, lorsqu’il se compare à Canacée prêt à mourir. […] s’écria Camoëns, qui avait présagé le désastre de sa patrie, au moins je meurs avec elle ! […] Ni l’un ni l’autre n’a rendu multâ morte recepit .
Pour ce qui est de l’Histoire de la tragédie française, le plan nous en est, en quelque sorte, donné par la manière même dont nous avons posé la question : Comment un Genre naît, grandit, atteint sa perfection, décline, et enfin meurt. […] Aussi est-ce à peine, si sous le règne de Henri IV, et plus tard, sous la Régence — puisque « le vieux pédagogue » ne mourut qu’en 1628, — quelques irréguliers se cabrèrent, dont Mathurin Regnier, par exemple, ou encore Théophile de Viau. […] Claude, le médecin architecte, qui mourut en 1688, est assez connu par L’Art poétique et les épigrammes de Boileau, lesquelles n’empêchent point la colonnade du Louvre d’être une fort belle chose. […] Ne semble-t-il pas que le siècle finissant remonte en quelque sorte au-delà de ses propres origines, et qu’en dépit de quelques résistances, le classicisme, avant de mourir, soit à la veille encore de triompher de nouveau ? […] Ou bien encore, celui-ci, comme Boileau, a peu aimé les femmes, et celui-là, comme Rousseau, longtemps ou toujours malade, a fini par mourir fou ?
L’actrice qui liroit cette peinture sublime, apprendroit à mourir sur le théatre. […] Si leur plume doit leur être bonne à quelque chose, c’est à ne pas mourir ingrats. […] Je ne veex que la voir, soupirer et mourir. […] N’est-ce rien que d’inspirer à une multitude d’hommes la résolution de combattre, de vaincre ou de mourir sous ses drapeaux ? […] Si les nobles sont des tyrans, le mal est sans remede : un sénat ne meurt point.
Dans neuf cas, il y eut une convention antérieure entre les parties, par laquelle celui qui mourrait le premier s’efforcerait de rendre sensible sa présence. Dans un des cas, un frère avait supplié son frère de lui apparaître ; dans un autre, raconté par miss Bird, l’auteur anglais de livres de voyages, il y avait eu promesse de la personne qui mourut et apparut ensuite. […] Pendant qu’il concentrait sa volonté, Mme D…, qui n’était pas prévenue, fut saisie soudain d’une irrésistible inclination au sommeil, quoiqu’elle ne dormît jamais le jour ; elle n’eut que le temps de passer dans une autre chambre et tomba sur un sofa comme morte.
Mais leurs recherches et leurs découvertes, — dont je ne méconnais pas au surplus l’intérêt — n’ont abouti finalement qu’à fortifier en nous notre attache à la vie, ce qui semble, en vérité, le comble de la déraison chez un être qui doit mourir. […] Mais il en est des « peuples » comme des hommes : ils meurent… parce qu’ils sont « mortels », quand ils ont fait leur temps, et parce que, fort heureusement, on ne peut pas vivre toujours. […] L’horreur en augmentait tous les jours par les nouvelles qu’on recevait des provinces. » Et un peu plus loin, à l’endroit de la mort de Charles IX : « La manière dont il mourut fut étrange : il eut des convulsions qui causaient de l’horreur, et les pores s’étant ouverts par des mouvements si violents le sang lui sortait de toutes parts.
Nous sommes dans la nature, nous y sommes tantôt bien, tantôt mal, et croyez que ceux qui louent la nature d’avoir au printemps tapissé la terre de verd, couleur amie de nos yeux, sont des impertinens qui oublient que cette nature, dont ils veulent retrouver en tout et partout la bienfaisance, étend en hiver sur nos campagnes une grande couverture blanche qui blesse nos yeux, nous fait tournoyer la tête et nous expose à mourir glacés. […] Je n’en ferai rien, je n’en veux rien faire ; j’aime mieux mourir. — Mais Aristippe lui répondra : je sais tout aussi bien que toi, ô Socrate, que la loi est mauvaise, et je ne fais pas plus de cas de la vie qu’un autre. […] Baliveau, qui boit bien, qui mange bien, qui digère bien, qui dort bien ; c’est lui qui prend son café le matin, qui fait la police au marché, qui pérore dans sa petite famille, qui arrondit sa fortune, qui prêche à ses enfans la fortune, qui vend à temps son avoine et son bled, qui garde dans son cellier ses vins, jusqu’à ce que la gelée des vignes en ait amené la cherté ; qui sait placer sûrement ses fonds, qui se vante de n’avoir jamais été envelopé dans aucune faillite, qui vit ignoré, et pour qui le bonheur inutilement envié d’Horace, le bonheur de mourir ignoré, fut fait.
mangez et votre Ignorance mourra sur l’heure. C’est votre ignorance qui mourra et non vous-mêmes. […] Tous les systèmes, toutes les doctrines d’un temps qui en a vu naître et mourir un si grand nombre y sont rapportés avec une diligence, une précision merveilleuses. […] Ces quatre idées aux mille facettes, ces danses dont nous mourons, en se mêlant, allument tous leurs feux, et ceux-ci, comment me lasser de les accueillir, de m’y brûler, de les réfléchir ? […] Frédéric Plessis, qui est un romancier, non pas un réformateur, et qui n’impute pas au mariage ce qui dépend des mœurs, fait mourir le butor au bon moment.
Enfin, Sire, nous sommes en France, il nous y faut enterrer : il s’agit d’un royaume, il faut l’emporter ou y perdre la vie ; & quand même il n’y auroit point d’autre sûreté pour votre sacrée personne que la fuite, je sais bien que vous aimeriez mieux mille fois mourir de pié ferme, que de vous sauver par ce moyen. […] Sévere dit dans la tragédie de Polieucte, Je mourrois mille fois plûtôt que d’abuser Des lettres de faveur que j’ai pour l’épouser. […] qu’il mourût. […] Cette maxime philosophique tant rebattue, nemo ante obitum felix, paroît donc absolument fausse en tout sens ; & si elle signifie qu’un homme heureux peut mourir d’une mort malheureuse, elle ne signifie rien que de trivial. […] Xénophon dans son roman moral & politique, le fait mourir dans son lit.
Pierre de Larivey, né vers 1540, mourut après 1611. […] Puis les Fourberies de Scapin (mai 1671) ; la Comtesse d’Escarbagnas (déc. 1671, à Saint-Germain, dans le Ballet des ballets ; juillet 1670, à Paris) ; les Femmes savantes (mars 1672) ; le Malade imaginaire (1673) ; pendant les représentations de cette comédie, Molière tombe malade, il meurt le 17 février 1673.
Il mourut dans les premières années du xive siècle. […] Cette dure vie de nos pères trouble nos nerfs ; cette facilité à mourir offense notre tendresse pour la vie ; et ce chroniqueur, qui n’a jamais pleuré, nous intéresse aux malheurs de son temps, comme à des dangers auxquels nous aurions échappé.
Où l’unanimité manquait, Vaugelas s’en rapportait à la majorité : par exemple, si la cour et les gens savants en la langue s’accordaient à laisser mourir quelque mot employé par les bons auteurs, dût ce mot se recommander de monsieur Coeffeteau, il reconnaissait l’empire de l’usage, et il y déférait, regrettant, mais ne défendant pas le mot sacrifié. […] Le sens de Vaugelas était si sûr et si impartial, qu’en même temps qu’il laissait mourir, sans protester, certains mots rejetés par l’usage, fussent-ils de Coeffeteau, il hasardait quelques vœux timides en faveur de mots que l’usage n’avait pas encore autorisés.
S’il y a pour nous une notion dépassée, c’est celle des nations se succédant l’une à l’autre, parcourant les mêmes périodes pour mourir à leur tour, puis revivre sous d’autres noms, et recommencer ainsi sans cesse le même rêve. […] L’Asie a eu pour destinée d’avoir une ravissante et poétique enfance, et de mourir avant la virilité.
Les premières, qui ne pouvaient se nourrir que par l’air, devinrent languissantes et bientôt moururent : elles avaient une extrême sensibilité au moindre attouchement ; un souffle, le plus léger mouvement du pot où elles avaient grandi, faisait s’abaisser leur feuillage. […] Quand on pousse un long cri dans l’oreille d’une poule, elle tombe comme morte, et si on place son cou sous son aile, elle demeure longtemps immobile.
Je puis répéter ici ce que j’écrivais en 1845 : admettre que les espèces deviennent généralement rares avant de s’éteindre complétement, et ne point être surpris de leur rareté, mais cependant s’étonner lorsqu’elles achèvent de disparaître, c’est comme si l’on admettait que la maladie chez l’individu soit l’avant-coureur de la mort, mais que, voyant la maladie sans surprise, on s’émerveillât quand le malade meurt, jusqu’à soupçonner qu’il a dû mourir par quelque cause violente.
Il conduit sa chronique avec exactitude jusqu’au moment où le marquis de Montferrat, son ami et son seigneur de prédilection, périt à son tour dans une rencontre en poursuivant les féroces Bulgares (1207) : « C’est alors, dit Gibbon, c’est à cet accident funeste que tombe la plume de Villehardouin et que sa voix expire ; et, s’il continua d’exercer l’office de maréchal de Romanie, la suite de ses exploits n’est point connue de la postérité. » On suppose qu’il mourut cinq ou six ans après, vers 1213, et il paraît certain qu’il ne retourna jamais en France.
Obligé d’assister à la fête de l’Être Suprême et d’accompagner le bataillon de sa section, il y reçut sa dernière atteinte morale et y contracta, sous un soleil ardent, la maladie dont il mourut, le 20 juin 1794, à l’âge de quarante-six ans.
Je suis comme ces pauvres gens qui, s’étant réduits à ne vivre que de pommes de terre, meurent de faim sans miséricorde dans les mauvaises années.
Il ne peut désormais mourir, il s’est lié d’un lien indissoluble avec un immortel.
Des êtres nouveaux, des créatures dont on n’avait pas l’idée et qui n’existaient pas la veille, entraient en possession de la vie et allaient courir le monde pour ne plus jamais mourir.
J’ai regret, non-seulement aux monuments qui croulent, mais aux pensées qui s’évanouissent, aux voix qui meurent dans leur premier écho.
Et puis, rien n’est singulier pour l’école moderne comme de se voir dans ce miroir-là, qui est déjà, à certains égards, celui du philologue et du scholiaste opérant sur une langue morte.
Il faut qu’une sorte de fermentation, causée par des événements extraordinaires, développe ce sentiment, dont le germe existe toujours chez un grand nombre d’hommes, mais peut mourir avec eux sans qu’ils aient jamais eu l’occasion de le reconnaître.
Ces canevas nous paraissent appartenir, au moins pour le fond, à la période où les rôles des deux zanni acquirent une importance exceptionnelle sur le théâtre italien de Paris, grâce au talent supérieur du Trivelin Locatelli et de l’Arlequin Dominique, qui y régnèrent l’un à côté de l’autre de 1662 à 1671, époque où le premier mourut et Dominique resta seul maître de l’emploi.
Soyez sûr qu’en ce dénûment mental elle ne saisit pas plus les finesses contenues d’Anatole France que les verbosités plantureuses de Huysmans : c’est lettre morte.
Si vous avez affaire à une nature fine, délicate et sensitive, l’enfant ne se laissera toucher que par ce qui convient à sa propre sensibilité et est susceptible de l’intéresser ; si vous avez affaire à une nature apathique et flegmatique, l’appel au sentiment restera lettre morte.
Aucune action ne meurt.
Toi, Vertu, pleure, si je meurs !
Je meurs d’envie d’en sortir.
Mais, en admettant ce doute universel des philosophes, il ne s’effraie pas de cet état ; il le décrit avec lenteur, presque avec complaisance ; il n’est ni pressé, ni impatient, ni souffrant comme Pascal ; il n’est pas ce que Pascal dans sa recherche nous paraît tout d’abord, ce voyageur égaré qui aspire au gîte, qui, perdu sans guide dans une forêt obscure, fait mainte fois fausse route, va, revient sur ses pas, se décourage, s’assied au carrefour de la forêt, pousse des cris sans que nul lui réponde, se remet en marche avec frénésie et douleur, s’égare encore, se jette à terre et veut mourir, et n’arrive enfin qu’après avoir passé par toutes les transes et avoir poussé sa sueur de sang.
II Mais de même que parmi les faits multiples que présentent les choses et qui constituent les sciences, certains sont attirés à l’étude de la matière morte, certains autres à celle du monde organique, et parmi ces derniers certains par la matière vivante en ses éléments, certains par les ensembles que forment ces unités, il intervient chez les hommes de lettres réalistes un biais individuel, une prédisposition de l’œil à voir, une aptitude de la mémoire à retenir, un ordre de faits particulier, un caractère dans les phénomènes, un moment dans les physionomies, les gestes, les émotions, les âmes.
Heureusement ce dernier ne la lut point ; il mourut comme elle étoit encore sous presse : mais, né sensible à l’excès à la critique, on dit qu’il seroit mort à la lecture.
Broca et Gratiolet sont d’accord pour supposer que le fait peut s’expliquer par l’existence des hydrocéphales, très nombreux dans le bas âge, et dont un grand nombre meurent avant vingt ans.
Ainsi, sur les bords du Tibre, la triste sœur de Didon, qui avait reçu les honneurs d’un petit temple, dans le lieu où elle était venue mourir, en racontant les premières douleurs de Carthage, avait cédé la place à la vierge secourable aux nautoniers.
Mais ce que vous trouvez le plus sous ce masque de républicaine qui signa longtemps. « Mme Louise Colet, née Révoil », c’est « la bourgeoise gentilhomme » — la bourgeoise qui meurt d’envie et de rage de n’être pas dans les derniers marquis et qui se garde bien de ne pas nous dire le nom de tous les patriciens assez généreusement bêtes pour l’admettre chez eux, cette ennemie !
L’âme dont Huysmans sent tressaillir la pierre est bien réellement une âme morte.
Quand Garibaldi s’écriait : Roma o morte, il exprimait à la fois un programme héroïque et une vérité de l’histoire.
Milton, pour prouver qu’on peut faire mourir un roi, cite Oreste, les lois de Publicola et la mort de Néron. […] Il montrait les belles nymphes, « roses vivantes des bois, aux brodequins d’argent, aux robes de fleurs488 », « et le soir, encapuchonné de gris, qui, semblable à un triste pèlerin sous sa robe monastique, se lève derrière les roues fuyantes du soleil, — les îles à la ceinture de vagues, qui, comme de riches diamants bigarrés, parsèment la poitrine nue de l’abîme, — les brûlants séraphins aux éblouissantes rangées dressant vers le ciel leurs angéliques trompettes tonnantes489. » Il amoncelait en buissons touffus les fleurs éparses chez les autres poëtes490, « la primevère hâtive qui meurt délaissée, l’hyacinthe aigretée, le pâle jasmin, la pensée bigarrée de jais, l’œillet blanc, l’ardente violette, la rose musquée, le chèvrefeuille à la gracieuse parure, avec le coucou alangui qui penche sa tête pensive, et toutes les fleurs qui portent une broderie mélancolique491. » Il les appelait autour du tombeau de son ami, et disait « à l’amarante d’y verser toute sa beauté, aux narcisses de remplir leurs coupes de pleurs. » Il parlait aux « creuses vallées où de doux chuchotements habitent dans les ombrages, dans les vents folâtres, dans les sources jaillissantes, et dont Sirius brûlant épargne le frais giron. » Il leur disait « d’empourprer tout le sol de fleurs printanières, de jeter sur cette tombe tous les émaux de leurs yeux rayonnants qui sur le gazon vert boivent les rosées parfumées. » Tout jeune encore et au sortir de Cambridge, il se portait vers le magnifique et le grandiose ; il avait besoin du grand vers roulant, de la strophe ample et sonnante, des périodes immenses de quatorze et de vingt-quatre vers. […] De loin en loin un sonnet patriotique ou religieux vient rompre ce long silence ; tantôt pour louer les chefs puritains, Cromwell, Vane, Fairfax, tantôt pour honorer la mort d’une pieuse amie, ou la vie « d’une vertueuse jeune dame » ; une fois pour demander à Dieu « la vengeance de ses saints égorgés », des malheureux protestants du Piémont, « dont les os gisent épars sur les froids versants des Alpes » ; une autre fois sur sa seconde femme, morte au bout d’un an de mariage, « sa sainte » bien-aimée, qui lui est apparue en songe « comme Alceste ramenée du tombeau, avec un long vêtement blanc, pur comme son âme » : loyales amitiés, douleurs acceptées ou domptées, aspirations généreuses ou stoïques, que les revers ne firent qu’épurer. […] Quand il mourut, il ne laissa en tout que 1500 liv., y compris le produit de sa bibliothèque.
Le dramaturge n’a rien fait quand il a fixé par la plume l’absolu toujours un peu relatif de son rêve, une compagnie idéale de personnages qui s’affrontent, s’aiment, se haïssent, vivent et meurent, selon son bon plaisir. […] qu’en mourir. […] I La tragédie racinienne est morte de sa perfection. […] Peu avant de mourir, le traducteur des Tisserands, le drame de Gerhardt Hauptmann, avait fait un rêve semblable.
Je suis le ténébreux, — le veuf, — l’inconsolé, le prince d’Aquitaine à la tour abolie, ma seule « étoile » est morte, et mon luth constellé porte le « soleil noir » de la mélancolie… la poésie populaire de tous les pays, et même du nôtre, aime le non-sens. […] Allons plus loin : si, au lieu de constater que ces anciennes dames n’ont pas laissé plus de traces de leur passage ici-bas que les neiges de l’an passé, il s’agissait pour la raison de donner son adhésion motivée à ces deux notions reliées par un verbe : je vais mourir, elle ne frissonnerait pas davantage. […] Voici un des derniers instantanés : il ne s’approche d’une langue, ou d’une idée que s’il la croit bien morte, et qu’il la voit momifiée dans une vitrine et que ça ne peut plus mordre ; et il s’en approche sur la pointe des pieds. deux professeurs de faculté-l’un et l’autre écrivains de marque-me reprochent d’admirer Paul Valéry. […] Pour moi, je brûlerais sans trop de remords la moitié au moins de l’œuvre de Proust : n’en retiendrais-je que deux cents pages, qu’importe, si elles sont de celles qui gardent un nom de mourir ?
Il mourut de la mort qu’il avait souhaitée, c’est-à-dire extrêmement tardive, et comme il l’avait dit, avec complaisance, puisqu’il le répétait19: « d’une mort douce et paisible, et par la seule nécessité de mourir. » Il avait fait beaucoup de bruit avec des querelles littéraires qui n’aboutirent à rien, et sans bruit ni éclat, il avait soulevé les plus graves questions que Voltaire et l’Encyclopédie devaient remuer plus tard. […] Ils naissent gradins de parents voleurs, vivent en brigands, meurent en bandits, après avoir fait souche de canaille. […] Par lui les intérieurs sont troublés, les familles désunies, robe, finances et ministères en émoi ; par lui on meurt, on épouse, on s’enrichit, on entre en place, on parvient à tout. […] C’est peut-être reculer devant le point délicat, difficile et intéressant. — Passons, et après tout, Mme Jacob a pu mourir. […] Pour que nous ne voyions point Phèdre toujours pleurer et mourir, il faut que Thésée soit cru mort, puis que Thésée revienne, puis que les amours d’Aricie soient connus de Phèdre, et c’est là l’intrigue, que, nonobstant ses dédains, Racine est passé maître à disposer.
Si elle est morte, on ne peut que conjecturer ; on est réduit à une portion bornée de témoignages consignés dans les livres du meilleur siecle.
C’est en Grèce qu’il est né, c’est en Grèce qu’il voudrait mourir. […] Elle ne mourrait pas de honte, de désespoir, elle n’expierait pas sa faute par une mort volontaire, elle n’a jamais conçu, elle ne peut concevoir une telle pensée. […] Qu’Isaac, malgré les études paisibles au milieu desquelles il a vécu, se sente électrisé, et jure de mourir près de son père. […] Toussaint essaie en vain de mourir les armes à la main, il est forcé de se rendre. […] Comme il n’a rien rêvé au-delà des sens, et que la joie des sens est limitée dans sa durée, il s’attiédit et meurt au sein du bonheur même.
Mme Lemarié mourra dans ses millions, dans ses scrupules et dans ses chagrins. […] Et puis, quand tu as été morte, mon père ne me donnait que des coups de pied et des claques parce qu’il buvait. […] Ils naissent à l’état d’ébauche, ils se munissent peu à peu des organes qui leur sont nécessaires pour arriver à la vie pleine et complète ; ils s’arrêtent quelque temps dans cette plénitude, aisée et vigoureuse, d’existence ; puis ils déclinent, décroissent, s’alanguissent… et ne meurent pas : car les individus meurent, mais les espèces ne meurent point ; elles se transforment, elles se métamorphosent en d’autres espèces qui les remplacent ; de leurs éléments constitutifs, restés puissants ! […] Car, qu’un genre meure, cela s’explique, et n’étonne point ; il était épuisé ; il avait donné tout ce qu’il pouvait donner ; il en était à l’imitation de lui-même, etc. […] Un genre naît, meurt et se transforme, cela veut dire qu’à une époque il y a eu des tragédies, qu’on s’en est dégoûté, et qu’à une autre époque il y a eu des comédies où une certaine quantité de pathétique !
En cette foi je veux vivre et mourir. […] Il y a des œuvres qui survivent à leurs auteurs ; il y en a qui meurent avec eux ; il y en a même à qui leurs auteurs survivent. […] Ce serait, avant de mourir, de voir le Dictionnaire de la langue française passer la lettre B. Et ne pensez pas que ce souhait fût si modeste, car si les dieux l’exauçaient, je me tiendrais assuré de mourir au moins nonagénaire. […] Les dilettantes ou les amateurs peuvent seuls se contenter d’une semblable raison ; et j’aimerais autant que l’on dit que nous mourons parce que nous sommes mortels.
La vie naît et meurt sans cesse : la parole suit son alternatif et perpétuel battement. […] Il n’y a pas entre les différentes actions d’interruption véritable : elles s’enchaînent comme les vers d’un même poème, comme les respirations d’un même être : chacune en une autre prend naissance, en une autre va mourir ; chacune est une journée : et le soleil, dont l’occultation distingue les journées, les réunit aussi par la continuité de sa toujours neuve présence. […] Il ne comprend pas le sens de la mort de Cébès. — Cébès meurt de son inquiétude, mais dans cette inquiétude il trouve la certitude et la paix ; il a si fort et si longtemps tiré sur ses chaînes terrestres qu’il obtient enfin le détachement suprême, l’attraction délicieuse, le ravissement en Dieu. — Tête d’Or assiste, désolé et révolté, à sa béatitude et ne devine rien. […] Sous le rayon ineffable de Dieu, les âmes, comme celle de Violaine dépouillées, mûrissent et fructifient et c’est dans un perpétuel transport qu’elles vivent et meurent. […] C’est ici que viennent mourir les preux.
Là, et là seulement surgit le romantisme, et c’est une curieuse contradiction entre la construction admirablement sensée, réfléchie, « classique » du drame, et la flambée artificielle de telle tirade — celle de la confession, entre toutes, où le souvenir pompeux de Hugo nous trouble au plus fort de l’émotion : On meurt debout dans ta famille. […] Comme tout cela nous inquiéterait peu, comme nous laisserions mourir tout cela, — mourir ayant vécu à peine — si nos pseudo-classiques n’avaient pas pour soutien, pour néfaste encouragement, l’exemple d’un vrai poète que nous admirons tous — et qu’il faut cependant combattre… J’ai nommé M. […] Quinze ans après la Ville Morte 61, c’est de plain-pied, avec faste, avec bruit, qu’il rentre dans la littérature française. […] Le français, langue morte, et sans avoir vécu, mort-née ! […] La Ville morte (1899) est le premier drame de d’Annunzio.
En Berry, vers 1754, « les trois quarts meurent de faim ». […] On avait une seule gazette, appelée Gazette de France, qui paraissait deux fois par semaine, voilà pour le mouvement des esprits. » Des magistrats de Paris, exilés à Bourges en 1753 et 1754, en font le tableau suivant : « Une ville où l’on ne trouve personne à qui parler à son aise de quoi que ce soit de sensé et de raisonnable ; des nobles qui meurent les trois quarts de faim, entichés de leur origine, tenant à l’écart la robe et la finance, et trouvant singulier que la fille d’un receveur des tailles, devenue la femme d’un conseiller au Parlement de Paris, se permette d’avoir de l’esprit et du monde ; des bourgeois de l’ignorance la plus crasse, seul appui de l’espèce de léthargie où sont plongés les esprits de la plupart des habitants ; des femmes bigotes et prétentieuses, fort adonnées au jeu et à la galanterie80 » ; dans ce monde étriqué et engourdi, parmi ces MM.
Il veut se préparer des consolations, et il se dit à part lui : « Tout père de famille qui revient d’un voyage doit se figurer qu’il va trouver son fils en faute, ou sa femme morte, ou sa fille malade ; et s’il y en a moins qu’il n’en a prévu, c’est autant de gagné59. » Cela est sage, mais froid. […] « Un père de famille, dit Scapin, qui a été absent de chez lui, doit se figurer sa maison brûlée, son argent dérobé, sa femme morte, son fils estropié, sa fille subornée ; et ce qu’il trouve qui ne lui en est point arrivé, l’imputer à sa bonne fortune.
Pourquoi Mme de Maintenon mourait-elle d’ennui à Versailles ? […] si cela était, il ne faudrait pas désespérer de l’humanité sans doute, car l’humanité ne meurt pas ; il faudrait désespérer de la France.
Un bonheur pareil allait, déjà, échoir à Mozart lorsque ce maître, trop tôt créé, mourut. […] L’Homme, immaculé et libre, Siegfried, le Waelsung, — possesseur de l’Or et non souillé par l’Or, — commence l’œuvre par qui le monde sera libéré, — l’Exaltation de l’Homme, la Fin des Dieux : — Siegfried va éveiller Brünnhilde, la morte déesse, faite femme.
Encore une fois, nous ne saisissons jamais une sensation détachée de toute réaction, comme inerte et morte, fantôme flottant dans le vide ; l’état le plus passif du sentir est toujours accompagné d’une réaction faible sans laquelle il ne serait ni distinct ni senti. […] C’est pour cela même qu’il peut devenir partie intégrante du souvenir : il y a déjà de la mémoire dans l’éclair de sensation le plus instantané : ce qui n’aurait aucun retentissement, aucune persistance, si petite qu’elle soit, aucune durée, ne laisserait aucune trace, ne naîtrait que pour mourir en un même instant.
A force d’avoir versé sa douleur dans ses lettres, de l’avoir mêlée à seslectures, promenée dans la campagne et partout épandue, il l’avait presque tarie ; si bien que Mme Arnoux était pour lui comme une morte dont il s’étonnait de ne pas connaître le tombeau, tant cette affection était devenue tranquille et résignée. » En cette forme de style Flaubert s’exprime dans ses romans, quand apparaît une scène ou un personnage qui l’émeuvent ; dans Salammbô et la Tentation, quand l’exaltation lyrique succède au récit. […] Qu’elles se débattent, l’une entre une tourbe de niais et avide de trouver une âme assonante à la sienne, elle prostitue son corps et ses cris à de bas goujas et meurt abandonnée de tous par le fier refus de l’indulgence de celui qui la fit lafemme d’un imbécile ; que l’autre, plus intimement malheureuse, froissée sans cesse par le choquant contact d’un rustre, renonçant en un pudique et sage pressentiment, à l’amour probablement chétif d’un jeune homme « de toutes les faiblesses », insultée par les filles, haïe de son enfant, et finissant en une hautaine indulgence par faire à son mari l’aumône de soins délicats, — toutes deux mesurent l’amertume de la vie, hostile aux nobles, et paient la peine de n’être pas telles que ceux qui les coudoient.
Nala se réveille ; il se demande s’il ne serait pas mieux à lui de mourir ou de fuir dans une inaccessible solitude, que de faire endurer à cette femme de tels tourments : « Près de moi, dit-il, cet être charmant ne peut trouver que les agonies du cœur ; fuyons ! […] Je mourrai, je le sens, si je ne vois dès aujourd’hui ce prince, plus resplendissant de vertu et de beauté que l’astre des nuits !
C’est de cette faiblesse qu’il vivait et qu’il devait mourir. […] Il ne fallait rien moins que ce désir du roi et de Mme de Maintenon pour faire rompre au grand poète un silence qu’il gardait depuis dix ans par scrupule de conscience, et pour rallumer en lui cette flamme du génie qui n’était point morte, mais qui dormait sous les cendres de sa pénitence.
Mais je mourrai à cet égard incompris. […] Elle exhale sa fureur impuissante en imprécations et meurt derrière la scène, sous le glaive des lévites.
Ainsi finit la lutte d’un cœur indomptable et d’un esprit inflexible. ô bienheureux mortels, inertes, imbécilles, engourdis ; vous buvez, vous mangez, vous dormez, vous vieillissez, et vous mourez sans avoir joui, sans avoir souffert, sans qu’aucune secousse ait fait osciller le poids qui vous pressait sur le sol où vous êtes nés. […] Je vois le marbre des tombeaux tomber en poussière ; et je ne veux pas mourir !
Lenz, qui avait vécu à Strasbourg et qui retourna mourir dans le Nord, avait été fort connu de Ramond, qui lui destinait une plus longue dédicace.
Enfin, à force de revêtements l’un sur l’autre, voilà un seigneur, et qui en affectait toutes les manières à faire mourir de rire.
J’aime encore mieux pourtant dans ce monstre une cinquantaine de vers supérieurs à son siècle, que tous les vermisseaux appelés sonetti, qui naissent et meurent à milliers aujourd’hui, dans l’Italie, de Milan jusqu’à Otrante.
Villars, en effet, étant mort à Turin le 3 juin 1734, on se plut à dire qu’il était allé mourir dans la même ville et dans la même chambre où il était né plus de quatre-vingts ans auparavant.
On y apprend que Tallemant des Réaux naquit à la Rochelle, le jeudi 7 novembre 1619 ; qu’il mourut à Paris dans sa maison, rue Neuve-Saint-Augustin, près la porte de Richelieu, le 10 novembre 1692, et qu’il avait fait abjuration entre les mains du père Rapin, le 17 juillet 1685.
C’est assez pour qui vieillit, et, comme l’a dit le poète, c’est assez pour qui doit mourir.
Auguste l’appelait en riant le pompéien, et Tite-Live osa écrire du grand César « qu’il n’était pas bien certain si la chose publique avait plus gagné à ce qu’il naquît qu’elle n’aurait gagné à ce qu’il ne fût pas né. » Après la mort d’Auguste, il retourna à Padoue et y mourut vers l’âge de soixante-seize ans.
Ce père de Marolles, le plus beau gendarme qui se pût voir, s’étonnait, bien des années après, de mourir dans son lit ; il en était presque humilié : « Comment, disait-il, ce n’est pas les armes à la main qu’il faut quitter la lumière !
Né en 1745, il mourut en 1832, à quatre-vingt-sept ans.
Ce ne sont plus vraiment des étrangers, ils sont de Paris (le Suisse Bezenval n’était plus de Soleure, mais bien de Versailles), et l’on ne songe à les rattacher à leur première origine que lorsque, comme Grimm et Galiani, ils s’en retournent vieillir et mourir au dehors.
Prevost-Paradol, à son tour, écrivant un article sur Tocqueville, répondit à cette pensée, et, dans une prosopopée touchante où il le faisait parler, il témoigna, comme c’était son droit, que ses amis le louaient au contraire d’avoir eu la sensibilité si vive, et ne le désiraient pas autre qu’il ne s’était montré à eux, c’est-à-dire triste jusqu’à en mourir.
Il résolut pourtant de traverser le nord de la France avec un billet d’hôpital, sans passe-port, pour revenir au moins mourir chez sa mère.
Le vieux poète joue aux fables avec le jeune enfant ; il lui en récite, il lui en emprunte, il en compose sur des sujets de son choix (le Chat et la Souris), et il se déclare d’avance battu et vaincu : « Il faut, lui dit-il en tête de son douzième livre qui lui est tout dédié, il faut, Monseigneur, que je me contente de travailler sous vos ordres ; l’envie de vous plaire me tiendra lieu d’une imagination que les ans ont affaiblie ; quand vous souhaiterez quelque fable, je la trouverai dans ce fonds-là. » Et aussi, en récompense, quand La Fontaine meurt, on trouve parmi les thèmes ou les versions du jeune prince un très joli morceau sur cette mort (in Fontani mortem), un centon tout formé de la fleur des réminiscences et des plus élégantes expressions antiques.
Elle s’imagine que de connaître les mystères de la déesse la soulagerait ; elle voudrait surtout la contempler dans son secret sanctuaire, voir de ses yeux la vieille idole couverte du manteau magnifique, du voile sacré d’où dépendent les destinées de Carthage ; il lui semble que ce voile défendu et dont le seul contact fait mourir, s’il lui était permis du moins de le considérer, lui communiquerait quelque chose de sa vertu.
Il n’est pas moins vrai que quand j’ai détaché de son livre la figure de ces deux gracieux enfants qui s’aiment sans se rendre compte et qui ne savent comment se le prouver, quand j’ai reconnu que Daphnis et Chloé ne sont pas morts et ne mourront pas, qu’ils recommencent à chaque génération d’adolescents, sous tous les régimes et à travers tous les costumes, qu’ils préexistent confusément et résistent à toute éducation comme la nature elle-même, je n’ai guère plus rien qui m’intéresse, et je rencontre bien des accessoires qui me choquent.
Sainte-Beuve l’aurait certes dégagé de la politesse, lui qui a voulu mourir sans emphase et en toute simplicité.
Il avait reçu comme une lettre morte les traditions du règne qui finissait ; il s’y attacha obstinément ; ses antipathies littéraires et sa jalousie contre les talents rivaux l’y repoussèrent chaque jour de plus en plus ; il tint pour le dernier siècle, parce que le petit Arouet était du nouveau.
Le génie, qui sut adorer et posséder la gloire, repousse tout ce qui voudrait occuper la place de ses regrets mêmes ; il aime mieux mourir que déroger.
Newton n’eût pas osé tracer les bornes de la pensée, et le pédant que je rencontre veut circonscrire l’empire des mouvements de l’âme ; il voit qu’on en meurt, et croit encore qu’on se serait sauvé en l’écoutant : ce n’est point en assurant aux hommes que tous peuvent triompher de leurs passions, qu’on rend cette victoire plus facile ; fixer leur pensée sur la cause de leur malheur, analyser les ressources que la raison et la sensibilité peuvent leur présenter ; est un moyen plus sûr, parce qu’il est bien plus vrai.
. — Non seulement le dehors, mais encore le dedans était factice ; il y avait une façon obligée de sentir, de penser, de vivre et de mourir.
L’un deux disait : « Messieurs, mon mérite et ma gloire Sont connus en bon lieu ; le roi m’a voulu voir, Et si je meurs, il veut avoir Un manchon de ma peau, tant elle est bigarrée, Pleine de taches, marquetée, Et vergetée, et mouchetée. » La bigarrure plaît : partant, chacun le vit.
Disgracié en 1568, il se relira à sa terre du Vignay, où il mourut en 1573.
Il mourut trop tôt pour avoir eu le temps d’être autre chose qu’un amateur, ne laissant que quelques écrits d’un talent inégal et peu mûr, des Discours, des Caractères, des Réflexions, que complète son émouvante correspondance avec le marquis de Mirabeau et Fauris de Saint-Vincent.
Elle meurt en 1817, ayant à peu près achevé ses Considérations sur ta Révolution française.
Rodenbach, Belge, le Règne du silence, en 1891 : Bruges la morte, roman, 1894. — M.
Une femme est morte en se confessant au prêtre et en reniant un amour criminel.
Mais, au lieu de les faire expédier en un quart d’heure dans une place publique, je les baille à tuer aux médecins qui les font mourir aussi cruellement que leurs malades.
M. de Serre, emportant sa blessure au foie en silence, s’en allait mourir à Naples ; M. de Villèle, moins idéal et plus positif, s’en allait faire les affaires de sa province, de sa commune et de sa municipalité, et il les fait encore : sur une échelle ou sur une autre, est-ce que toutes les affaires ne se ressemblent pas ?
Je ne m’occuperai ici, strictement, que de l’œuvre littéraire de l’écrivain célèbre qui vient de mourir.
Il aperçoit des gens qui gesticulent et passent, qui pleurent, qui prospèrent, qui nuisent, qui meurent, et rien ne s’explique dans le trouble de son esprit, sinon que très clairement tous soutirent et font souffrir.
La philosophie de Biran aurait trouvé sans doute dans Jouffroy un disciple et un maître tout prêt à la transformer en la développant, comme a fait Fichte à l’égard de Kant ; mais Jouffroy, que je sache, n’a pas connu Biran, et il mourait à peu près vers le temps où les œuvres de celui-ci trouvaient dans M.
La ligne était tracée de toute éternité : il fallait appeler peintres de genre les imitateurs de la nature brute et morte ; peintres d’histoire, les imitateurs de la nature sensible et vivante ; et la querelle était finie.
Les sociétés humaines naissent et meurent ; mais leur berceau et leur tombeau sont des objets sacrés, également secrets et inconnus.
Les météores lui obéissent en quelque sorte, et le plus terrible de tous vient mourir à ses pieds.
Mais Maurice Rollinat n’en est qu’où ils en furent toute leur vie avant de mourir.
On y voit qu’en telle année, dans telle commune, tel département, un père de famille ayant en l’imprudence de résigner ses biens à ses enfans, ceux-ci, las un jour de nourrir une bouche inutile, l’ont relégué sous un toit à porcs, ou même aidé à mourir plus vite.
Comment cet homme heureux a-t-il pu, sans mourir, supporter cet excès de félicité céleste ?
Dans sa retraite, il réfuta les premiers ouvrages de Voltaire, et mourut laissant vingt volumes qui sont devenus classiques et que les élèves de rhétorique apprennent par cœur en même temps que les oraisons funèbres de Bossuet.
Je vois avec allégresse la fin différente que nos destinées nous amènent : à toi le désespoir et les soucis du sceptre ; à moi, de triompher et de mourir. » « Il dit ; et, la tête en bas, lancé du haut de la montagne dans le cours mugissant du torrent, il plongea jusqu’à la nuit éternelle. » Voilà, sous la langueur de la prose, cette ode célèbre qui fit tressaillir l’imagination anglaise, et qui suffit, depuis un siècle, à la gloire nationale d’un poëte !
Une dernière coïncidence, de celles que l’on ne peut prévoir, et qui font, pour cette raison même, l’attrait changeant et toujours nouveau de l’histoire, allait sauver ce principe des conséquences abusives qu’on en eût pu tirer en d’autres temps : Mazarin venait de mourir ; Anne d’Autriche allait bientôt le suivre dans la tombe ; et Louis XIV venait d’inaugurer par trois ou quatre coups d’éclat son gouvernement personnel. […] La Vallière expie ses amours dans les austérités du cloître ; Fontanges est morte, « blessée au service du roi » ; Mme de Montespan a dû quitter la cour ; et à leur place à toutes, dans une condition douteuse, qui tient ensemble de celle de la maîtresse, et de la femme de charge, ou de la gouvernante, c’est Mme de Maintenon qui règne. […] Les genres se fatiguent, ils s’épuisent, ils meurent, comme les espèces dans la nature, et, comme elles, quand les conditions nécessaires à leur développement viennent à faire défaut autour d’eux. […] Mais bien plus sûrement encore meurent-ils quand ils se méconnaissent ; et c’est ainsi qu’au moment où nous arrivons, le lyrisme — dont nous avons vu qu’il s’était déjà peu connu dans Malherbe — achève de se méconnaître tout à fait dans les Odes et dans les Cantates de Jean-Baptiste Rousseau. […] Jean Chapelain [Paris, 1595 ; † 1674, Paris]. — Qu’on ne saurait être moins « parisien » et moins « gaulois » que Jean Chapelain, né à Paris, qui vécut quatre-vingts ans à Paris, et mourut à Paris. — Étrange idée qu’on a eue de vouloir le réhabiliter [Cf.
Saint Paulin, ami, disciple et compatriote d’Ausone, bien plus jeune que lui, nous offre le départ de la littérature chrétienne d’avec la païenne, et comme le rameau vert et vierge qui se détache du vieil arbre qui va mourir. […] Le nombre de jeunes gens qui ont été ainsi doués par la fée Guignon est considérable ; ils ont de tout, invention, esprit, travail, mais ils ne savent pas circonscrire leurs forces ; ils veulent faire entrer l’univers entier dans chacun de ses parties, et meurent à la peine.
Après la mort de Goethe, resté uniquement fidèle à sa mémoire, tout occupé de le représenter et de le transmettre à la postérité sous ses traits véritables et tel qu’il le portait dans son cœur, il continua de jouir à Weimar de l’affection de tous et de l’estime de la Cour ; revêtu avec les années du lustre croissant que jetait sur lui son amitié avec Goethe, il finit même par avoir le titre envié de conseiller aulique, et mourut entouré de considération, le 3 décembre 1854. […] Dans ces moments, je le retrouvais dans toute sa vie, et ses paroles résonnaient de nouveau comme autrefois. — Mais on le sait, quel que soit le bonheur que nous ayons à penser à un mort bien-aimé, le fracas confus du jour qui s’écoule fait que souvent pendant des semaines et des mois notre pensée ne se tourne vers lui que passagèrement ; et les moments de calme et de profond recueillement où nous croyons posséder de nouveau, dans toute la vivacité de la vie, cet ami parti avant nous, ces moments se mettent au nombre des rares et belles heures d’existence. — Il en était ainsi de moi avec Goethe. — Souvent des mois se passaient où mon âme, absorbée par les relations de la vie journalière, était morte pour lui, et il n’adressait pas un seul mot à mon esprit.
» Mais il hochait la tête et disait : « Ceux que tu n’as pas vus revenir sont morts, comme des centaines et des centaines de mille autres mourront, si le bon Dieu n’a pas pitié de nous, car l’empereur n’aime que la guerre ! […] Puis, un matin, le facteur Rœdig passait aux Quatre-Vents, avec sa blouse et son petit sac de cuir ; il ouvrait la porte de la salle, et tendait un grand papier à la tante Grédel, qui restait toute saisie, Catherine debout derrière elle, pâle comme une morte : et c’était mon acte de décès qui venait d’arriver !
La sélection naturelle est donc une loi de travail, de dépense incessante : — Travaille ou meurs. […] Nous avons ainsi à la fois le sentiment d’une infériorité physique qui nous affaisse et le sentiment d’une supériorité morale qui nous relève ; nous mourons pour ainsi dire dans le monde sensible et renaissons aussitôt dans le monde intelligible, c’est comme le sentiment d’une résurrection sous forme d’éternité : sub specie æterni.
* * * — Sous l’agacement du bruit, il arrive une espèce de maladie nerveuse de l’oreille, l’acuité de la perception devient douloureusement infinie, et l’on ne souffre pas seulement du bruit, mais de la prévision et de l’attente du bruit, et le bruit fait, on souffre encore de ce qui est si long à mourir dans les ondes sonores. […] * * * — La pure littérature, le livre qu’un artiste fait pour se satisfaire, me semble un genre bien près de mourir.
L’abbé Fraguier manqua d’en mourir de chagrin, lui qui, dans moins de quatre ans, avoit recommencé six ou sept fois la lecture d’Homère ; qui, pour mieux retenir, ou pour reconnoître plus facilement les beaux endroits de ce poëte, les soulignoit d’un coup de crayon dans son exemplaire ; & qui, à force d’admirer & de remarquer toujours, souligna toute l’Iliade. […] On but à la santé d’Homère, & tout se passa bien. » Quoique madame Dacier, dans tout le cours de cette dispute, se fût mise à son aise, & qu’elle eût assez exhalé son ressentiment contre La Mothe, elle conserva un fond de chagrin qui abrégea ses jours : elle mourut au louvre en 1720.
se fraye un passage à travers une plaine chaotique de cadavres d’où s’irradie, dirait-on, une lueur de lune morte. […] Ut ré mi b mi b ré ré do…, hiéroglyphes évocatoires des orgues et des clercs par les déserts d’Égypte, rappel de la chapelle sans Dieu d’Élade, danseuses dans les ruines de Thèbes dont la danse meurt et ploie en plain— chant, soupir dernier de tambour…, mort du corps…. l’âme acense : Mon cœur, mon cœur s’élève, ah si haut qu’il s’envole.
Et puis ce bruit s’apaise, et l’âme qui s’endort Nage dans l’infini, sans aile, sans effort, Sans soutenir son vol sur aucune pensée, Mais immobile et morte, et vaguement bercée, Avec ce sentiment qu’on éprouve en rêvant Qu’un tourbillon d’été vous porte, et que, le vent Vous prêtant un moment ses impalpables ailes, Vous planez dans l’éther tout semé d’étincelles, Et vous vous réchauffez, sous des rayons plus doux, Au foyer des soleils qui s’approchent de vous : Ainsi la nuit en vain sonne l’heure après l’heure, Et, quand on vient fermer la divine demeure, Quand sur les gonds sacrés les lourds battants d’airain Tournent en ébranlant le caveau souterrain, Je m’éloigne à pas lents, et ma main froide essuie La goutte tiède encor de la céleste pluie ! […] L’anonyme a raison, les poètes y naissent, et puissent-ils aussi y mourir !
Il faut citer à part la Morte irritée de François de Nion et Le Réveil de l’Âme de J. de Taillenay qui développait l’idée de la survivance des morts, l’étrange voyage de Julius Pingouin que M. […] ce n’est que l’histoire d’une femme délaissée et qui meurt dans un beau jardin, c’est tout !
Je veux mourir s’il y a dans toutes ces têtes-là le premier mot de la métaphysique de leur art. […] C’est alors que les grands artistes ne naissent point ou sont obligés de s’avilir, sous peine de mourir de faim.
Ramond mourut le 14 mai 1827, à l’âge de soixante-douze ans.
Montluc a parlé quelque part de cette antique qualité de la noblesse de France, à laquelle il suffit d’un petit souris de son maître pour échauffer les plus refroidis : « Et sans crainte de changer prés, vignes et moulins en chevaux et armes, on va mourir au lit que nous appelons le lit d’honneur. » Henri exprime ce même feu de dévouement en deux mots et en le peignant aux yeux.
Il y a des femmes qui sont nées et qui mourront bergères ; elles portent le chapeau de fleurs et la houlette jusqu’à quatre-vingts ans : Mme des Ursins était née et ne vivait que pour brasser de grandes affaires et pour avoir la haute main dans de magnifiques tripots, au sein des jardins et des palais.
Leur amitié, pourtant si atteinte, n’en mourut pas : on se détachait difficilement de l’homme en Lamennais, quoi qu’il pût faire.
Trois ans après sa réception à l’Académie, La Bruyère mourut d’apoplexie, à Versailles, en deux ou trois heures, le 11 juin 1696.
Vous êtes assezmaladroit pour vous laisser mourir au moment où vousavez enfin de quoi vivre.
Quand Fréron mourut, Voltaire s’écria : « Fréron est mort, qu’allons-nous faire ?
En 1653, atteint d’un assez grave dérangement d’estomac et d’intestins, il remet la plupart des remèdes après la campagne, pour le moment où il sera de retour à Paris : « … Sa Majesté m’ayant dit plusieurs fois (c’est Vallot qui parle), après la remontrance que je lui faisais de la conséquence de son mal, qu’elle aimait mieux mourir que de manquer la moindre occasion où il y allait de sa gloire et du rétablissement de son État.
Développons, autant qu’il est en nous, l’intelligence, la moralité, les habitudes de travail dans toutes les classes de la société française ; cela fait, nous pourrons mourir tranquilles ; la France sera libre, non de cette liberté absolue qui n’est point de ce monde, mais de cette liberté relative qui seule répond aux conditions imparfaites, mais perfectibles, de notre nature. » C’est fort sensé, et du moins, on l’avouera, très spécieux ; mais cela ne satisfait point peut-être ceux qui sont restés entièrement fidèles à la notion première et indivisible de liberté, et je ne serai que vrai en reconnaissant qu’il subsiste, toutes concessions faites, une ligne de séparation marquée entre deux classes d’esprits et d’intelligences : Les uns tenant ferme pour le souffle de flamme généreux et puissant qui se comporte différemment selon les temps et les peuples divers, mais qui émane d’un même foyer moral ; estimant et pensant que tous ces grands hommes, même aristocrates, et durs et hautains, que nous avons ci-devant nommés, étaient au fond d’une même religion politique ; occupés avant tout et soigneux de la noblesse et de la dignité humaines ; accordant beaucoup sinon à l’humanité en masse, du moins aux classes politiques avancées et suffisamment éclairées qui représentent cette humanité à leurs yeux.
Il ne peut se détacher de son fruit et, comme il le dit énergiquement, « de ce qu’il a fait naître » ; il y adhère ; peu s’en faut qu’il n’y meure collé dans un suprême embrassement.
Se sentant près de mourir, elle m’appelle ; je m’approche : on vous avait éloignées ; nous étions seuls (tous trois) ; elle commence : « Mon cher Pamphile, tu vois sa beauté et son âge, et il ne saurait t’échapper que ce sont là de pauvres secours pour garantir sa vertu et tout ce qu’elle possède.
alors, quand le premier ne meurt pas tout à fait, il reste traînant et souffrant désormais ; il est comme un malade que le second doit soutenir parfois et supporter, sans trop le gourmander pourtant ; le frère solide, sensé, raisonnable, dont le tour est venu, donne le bras au frère poète qui languit plus ou moins longtemps et qu’il est destiné à ensevelir.
De cinq amateurs qui suivirent l’expédition, trois moururent de fatigue ou de chaleur.
Il a ce que bien peu obtiendront, il a par là sa journée marquée dans l’histoire ; il a sa place parmi ces représentants plus généreux qu’expérimentés, prodigues d’eux-mêmes et des autres, qui durent tout improviser, tout organiser, et la victoire et jusqu’à la défaite, cette fois glorieuse ; dont les uns moururent en chargeant l’ennemi, comme Fabre ; dont les autres, comme Merlin de Thionville, figurent en artilleurs sur la brèche dans des défenses mémorables.
La philosophie en personne s’assit sur le trône avec Marc-Aurèle : elle en descendit et mourut avec lui.
Ils n’ont pas été transportés d’un jour à l’autre et faits de toute pièce, tout roides et tout neufs, d’après une langue savante et morte, que l’on ne comprend que par les yeux et plus du tout par l’oreille.
Une femme célèbre, déterminée à lutter avec le vainqueur d’Italie, l’interpella au milieu d’un grand cercle, lui demandant quelle était, à ses yeux, la première femme du monde, morte ou vivante : « Celle qui a fait le plus d’enfants », lui répondit-il en souriant. » C’est là le lieu de ce fameux mot en réponse à Mme de Staël, et qui a tant couru : elle voyait également pour la première fois le général Bonaparte, elle essayait d’emblée sur lui la fascination de son éloquence.
M. de Balzac est né depuis, en effet, malgré les cinquante romans qu’il avait publiés d’abord ; nous voudrions ne pas ajouter qu’il a déjà eu le temps de mourir, malgré les cinquante autres qu’il s’apprête à publier encore.
Les détails de cette pénitence sont touchants ; La Fontaine la consacra publiquement par une traduction du Dies irae, qu’il lut à l’Académie, et il avait formé le dessein de paraphraser les Psaumes avant de mourir.
Le mépris qu’excitait la démonstration de la peine, faisait une loi de mourir ou d’en triompher.
L’aperçu fin et juste du petit côté d’un grand caractère, des faiblesses d’un beau talent, trouble jusqu’à cette confiance en ses propres forces, dont le génie a souvent besoin ; et la plus légère piqûre d’une raillerie froide et indifférente peut faire mourir dans un cœur généreux la vive espérance qui l’encourageait à l’enthousiasme de la gloire et de la vertu.
Avant notre histoire, quelle longue histoire animale et végétale, quelle succession de flores et de faunes, que de générations d’animaux marins pour former les terrains de sédiment, que de générations de plantes pour former les dépôts de houille, quels changements de climat pour chasser du pôle les grands pachydermes Enfin voici l’homme, le dernier venu, éclos comme un bourgeon terminal à la cime d’un grand arbre antique, pour y végéter pendant quelques saisons, mais destiné comme l’arbre à périr après quelques saisons, lorsque le refroidissement croissant et prévu qui a permis à l’arbre de vivre forcera l’arbre à mourir.
Je me méfie des penseurs qui n’ont pas attendu la langue de leur pays, et qui s’expriment dans une langue morte.
André Gide ; c’était le soir ; on trouvait là d’abord un grand silence ; à la porte tous les bruits de la rue mouraient.
Mais, du moment où des esprits moins sérieux y prennent le dessus, les scories de la superstition apparaissent, l’école tourne à la religion, n’excite plus que le rire et va mourir à Ménilmontant, au milieu des extravagances qui ferment l’histoire de toutes les sectes.
La religion a toujours été en France une sorte de roue à part, un préambule stéréotypé, comme Louis par la grâce de Dieu, n’ayant aucun rapport avec tout le reste et qu’on ne lit pas, une formule morte.
Il apprend que sa face, ou riante ou chagrine, N’est qu’un spectre menteur ; tendre fils, il apprend Qu’elle offre sans tendresse à ses fils sa poitrine, Et berce leur sommeil d’un pied indifférent ; Que c’est pour elle et non pour eux qu’elle travaille ; Que son grand œil d’azur leur sourit sans regard ; Que l’homme dans ses bras meurt sans qu’elle en tressaille, Né de père inconnu dans un lit de hasard.
Pariset eut à prononcer, soit dans les séances publiques, soit dans les cérémonies funèbres, les éloges des principaux médecins qui étaient membres de cette Académie et qui moururent de 1820 à 1847.
On peut distinguer en Mme de Genlis écrivain quatre époques, car elle vécut quatre-vingt-quatre ans, et ne mourut qu’à la fin d’octobre 1830, assez tard pour avoir vu son élève Louis-Philippe devenu roi.
À d’autres endroits, je vois Marie-Joseph Chénier, mort en 1811, et Mme Cottin, morte en 1807, placés au rang des écrivains de la Restauration.
Il mourut à l’œuvre, je l’ai dit, au printemps de 1800, et la plume lui tomba des mains de défaillance, comme l’épée aux plus vaillants.
Au commencement de 1831, dans les mois qui précédèrent le ministère de Casimir Périer, la monarchie de Louis-Philippe, à peine naissante, semblait déjà sur le point de mourir, et elle s’en allait véritablement toute seule d’inertie et de langueur.
C’était un de ces vœux de vieillard qui veulent être exaucés à tout prix, et pour lesquels on donnerait tout avant de mourir.
Il mourut un an après (13 mars 1845).
Il mourut le 13 avril 1695, à l’âge de près de soixante-quatorze ans, dans l’hôtel de son ami M. d’Hervart, et assisté des soins pieux de Racine.
J’entre donc dans le détail théorique et pour ce faire je vous citerai ce que je publiais sur la question en 1888 dans la Revue Indépendante 1 : « Il faut bien admettre que, ainsi des mœurs et des modes, les formes poétiques se développent et meurent, qu’elles évoluent d’une liberté initiale à un dessèchement, puis à une inutile virtuosité ; et qu’alors elles disparaissent devant l’effort des nouveaux lettrés préoccupés, ceux-ci, d’une pensée plus complexe, par conséquent plus difficile à rendre au moyen de formules d’avance circonscrites et fermées.
Ce ne sont pas des gladiateurs que, d’un signe, nous condamnons à mourir ; mais ce sont des histrions pour lesquels nous n’avons aucun respect, et que nous outrageons sans pitié sur les planches.
Mais il meurt du choléra à Venise… Diable !
L’ennui dont Louis XIV mourait tous les jours, malgré madame de Maintenon qu’il avait prise pour le conjurer, engendra les folles gaietés de la Régence.
En nous proposant comme modèles les Giotto et les Angelico, il a prouvé que l’énorme et capitale nouveauté de la peinture moderne, insoupçonnée du plus génial des Primitifs, demeurait lettre morte pour lui.
Croce verra combien mon « système » diffère de la classification rigide encore en usage) que la satire n’est pas un « genre », pas plus que l’idylle, ou le poème héroï-comique, ou le roman champêtre… Ces combinaisons variées, dont nul ne saurait fixer le nombre ni la forme, naissent parfois de la fantaisie d’un génie et meurent avec lui, car les imitations qu’elles suscitent ne sont le plus souvent que de mauvaises copies et ne révèlent qu’une mode sans âme ; — d’autres fois, ces combinaisons (celles-là surtout qu’on essaie de grouper en « genre didactique »), sont tout simplement des œuvres de morale ou de science ; leur style agréable ne suffit pas à en faire des œuvres littéraires ; il s’agit d’un domaine intermédiaire, comme il y en a tant dans la vie où tout n’est que transition ; dans ces cas-là, qu’on commence par rendre courageusement à la morale et à la science tout ce qui n’est pas œuvre d’art ; il y a des documents d’une grande valeur psychologique qui sont sans « forme » au sens précis du mot, donc sans art ; il faut les connaître, les utiliser, en dire l’intention, la signification ; mais, loin de les mettre au nombre des œuvres d’art, dire pourquoi ce ne sont pas des œuvres d’art.
. — Marot à Genève ; — ses démêlés avec Calvin ; — il quitte Genève pour Turin, où il meurt en 1544. […] 2º La Vie de Montaigne. — L’origine des Eyquem et les prétentions nobiliaires de Montaigne. — Ses études au collège de Guyenne. — Il est nommé conseiller à la cour des aides de Périgueux en 1557 ; — et conseiller au parlement de Bordeaux en 1561. — Sa liaison avec Estienne de La Boétie ; — et à ce propos du Contr’un, ou Discours sur la servitude volontaire, qui n’est qu’une déclamation de rhétorique pure. — Mort de La Boétie, 1563. — Mariage de Montaigne, 1565. — Mort de son père, 1568. — Montaigne publie en 1569 sa traduction de la Théologie naturelle de Raymond Sebon. — De Raymond Sebon et de sa Théologie naturelle ; — et de ne pas le confondre avec un autre Espagnol, Raymond Martin, l’auteur du Pugio Fidei. — En 1570, Montaigne quitte la robe et prend l’épée ; — mais il ne la tire point du fourreau. — Il fait paraître en 1580 la première édition de ses Essais. — Voyages de Montaigne [22 juin 1580-30 novembre 1581]. — Il est nommé maire de Bordeaux en 1581. — La peste de Bordeaux, et que Montaigne y fait preuve de peu d’héroïsme. — Il quitte la mairie en 1585 et publie la vraie seconde édition des Essais en 1588. — Relations avec Henri IV. — Ses dernières années. — Il meurt le 13 septembre 1592, laissant à sa femme, et à sa fille d’adoption, la demoiselle Le Jars de Gournay, le soin de donner l’édition définitive des Essais, qui est celle de 1595. […] L’inspiration du livre. — Le chapitre : Que philosopher c’est apprendre à mourir ; — et que la grande préoccupation de la vie de Montaigne a été de se soustraire à l’horreur de la mort. — De là procèdent : sa curiosité de lui-même ; — de la diversité des coutumes et des mœurs ; — de l’histoire. — De là aussi son épicurisme, que l’on a pu quelquefois appeler son christianisme ; — parce qu’en effet le christianisme n’est qu’une préparation à la mort ; — mais en réalité Montaigne n’a rien eu du chrétien. — Comment la préoccupation de la mort explique la profondeur et la richesse humaine de sa philosophie ; — un mot de Schopenhauer [Cf.
Une unité indivisible, une unité morte, une unité qui, restant dans les profondeurs de son existence absolue et ne se développant jamais, est pour elle-même comme si elle n’était pas. […] L’individu naîtra ; s’il naît, il mourra, quoiqu’en ait dit Condorcet. […] Naît et meurt à propos. […] On ne peut naître, on ne peut vivre, on ne peut mourir sans elle. […] l’éclectisme n’est-il pas un rêve honnête, né dans mon esprit, condamné à y mourir et qui doit y accomplir toute sa destinée ?
Retiré dans ses terres et châteaux, il ne mourut que le 21 décembre 1641, à l’âge de quatre-vingt-deux ans, et vit toute la grandeur et toute la restauration monarchique accomplie par le glorieux ministre de Louis XIII.
Mais voici le second degré et la seconde saison qui fait la maturité durable, et sans quoi l’homme aimable, même défini de la façon qu’on vient de voir, court risque de mourir en nous ou de se figer avec la jeunesse : Si, ajouté encore à cela, on a des connaissances agréables de la littérature et de la langue de plusieurs pays, si l’on a de la philosophie, si l’on a beaucoup vu, bien comparé, parfaitement jugé, eu des aventures, joué un rôle dans le monde ; si l’on a aimé, ou si on l’a été ; on est encore plus aimable.
Il était l’aîné de cinq frères qui moururent en bas âge, et d’une sœur qui vécut un peu plus, et qu’il connut assez pour la regretter.
Né à Dinan en Bretagne, le 12 février 1704, d’une honnête famille de commerçants, le dernier venu des enfants, il fut l’objet des soins de sa mère veuve, personne de mérite, de raison, qui ne mourut qu’à plus de cent ans, et quelques années seulement avant son fils.
Il mourut subitement à Paris, où il était en congé, le 23 mars 1842, âgé de cinquante-neuf ans.
Il mourut en septembre 1686. à l’âge d’environ soixante ans.
Houllier mourut.
Il mourut peu après, en 1761, à l’âge de trente-sept ans.
Un jour, sous le Directoire ou sous le Consulat (car elle ne mourut qu’à la fin de 1801), M.
Mais cette chère enfant, ainsi échappée au danger, — cette enfant, l’unique soin de sa mère et la joie de la maison, — meurt quelques mois après, et elle laisse dans l’âme du père une douleur qui s’épanche en plus d’une page.
Voilà le second ministre (l’autre était M. de Seignelai) que vous voyez mourir depuis que vous êtes à Rome ; rien n’est plus différent que leur mort, mais rien n’est plus égal que leur fortune et leurs attachements, et les cent mille millions déchaînés qui les attachaient tous deux à la terre. » Elle ne croyait donc pas, quand elle écrivait ceci et qu’elle le montrait si ancré et comme rivé au sommet de la fortune, que cette mort soudaine n’eût fait que le sauver d’une disgrâce.
Ce seigneur raconta à Montaigne que ce changement lui était venu en un instant, un jour qu’il était chez lui plein d’ennui pour la mort d’un sien frère que le duc d’Albe avait fait mourir comme complice des comtes d’Egmont et de Homes : il tenait sa tête appuyée sur la main à cet endroit ; de façon que les assistants pensèrent, quand il eut retiré sa main, que c’était de la farine qui lui était tombée là par hasard.
Cela est horrible : « tout le bonheur dont l’homme est susceptible n’est que dans la consolation. » Ailleurs il dira d’un mot plus court et définitif : « Notre bonheur n’est qu’un « malheur plus ou moins consolé. » Avant d’aller mourir dans le Midi, Thomas est installé à Auteuil.
On était loin de prévoir alors que Sigalon mourrait après une belle œuvre, mais sans avoir récidivé autrement que comme un copiste consciencieux et fidèle ; que Léopold Robert ne pourrait survivre à ses deux ou trois chefs-d’œuvre, et qu’il périrait comme écrase sous leur poids, dans son désespoir de se sentir impuissant à les renouveler.
La mère de Molière était morte depuis un an à peine que le mari veuf contractait un second mariage (mai 1633), et peu après il quittait son premier logis pour aller habiter une maison qu’il acquérait, située sous les piliers des Halles : de là la tradition vulgaire qui fait naître Molière sous ces piliers.
Vous êtes capable de parler affaires, je ne le nie pas ; mais si la question devient philosophique, vous n’y êtes plus ; et, par exemple, de ce que M. de La Rochefoucauld mourut avec bienséance, comme on sait, et après avoir reçu les sacrements, vous terminez votre Notice par cette conclusion inattendue et un peu étrange.
Je n’ai point parlé de cette quantité de jolies nouvelles attirantes dans leur étrangeté : La Morte amoureuse, qui vient bien après Une Larme du diable ; Une Nuit de Cléopâtre, Le Roi Candaule, qui me font l’effet d’être du pur Gérome en littérature ; — de Jean et Jeannette, récit léger d’un genre tout différent, une manière d’agréable pastel du xviiie siècle, une sorte de duel serré avec Marivaux et la reprise en roman des Jeux de l’Amour et du Hasard.
Le premier Émile, celui du roman, meurt de désespoir et dans un transport au cerveau pour s’être vu enlever Mathilde au moment de l’obtenir : le second Émile, celui à qui nous aurons affaire désormais, sort de cette épreuve, au contraire, trempé, résolu, aguerri et enhardi, regardant la société en face, certain d’y entrer, décidé à forcer la barrière et à emporter l’obstacle, fut-ce d’assaut.
Il ne fit pourtant que voir Dryden : celui-ci mourut en mai 1701, quand Pope allait avoir douze ans.
Mais si l’infortune opiniâtre attache à tes pas quelque ennemi, ne souffre point qu’une main mercenaire se lève sur toi ; meurs libre comme tu sus vivre, et que ce généreux courage qui fait ma justification l’achève par ton dernier acte. » Mme Roland dans sa prison lisait beaucoup Tacite et cherchait à se pénétrer de sa forme : on s’en aperçoit à la condensation et à l’obscurité de la dernière phrase. — Cette apostrophe à la Caton, cette tirade à la Sénèque ou à la Lucain, très raturée dans le manuscrit, a été reconquise par le présent éditeur.
À deux mois de là Mme de Châteauroux était rappelée triomphalement ; elle mourut presque aussitôt, emportée d’une mort subite ; et comme cette bonne reine qui avait peur des revenants prit effroi dans la nuit qui suivit cette mort, et appela une de ses femmes en s’écriant : « Mon Dieu !
Elle fut éprouvée dans cet intervalle par une vive douleur : le premier Dauphin, tombé depuis quelque temps dans une sorte de rachitisme, mourut le 2 juin 1789 à l’âge de sept ans.
Les eaux sont glacées, de sorte que ce qui y tombe y meurt presque aussitôt.
Le duc de Noailles dont il est question ici et qui mourut comblé de jours, de considération et d’honneurs en 1766, à l’âge de quatre-vingt-huit ans, est celui que Saint-Simon a peint en traits saillants, terribles, très flatteurs aussi à bien des égards, exagérés sans doute sur quelques points ; mais cela précisément appelle la discussion et l’examen.
Saint-Simon, qui n’entendait rien, en effet, aux affaires d’argent et qui avait perdu dans sa femme un utile économe, mourut réellement insolvable et ses créanciers perdirent moitié, « parce qu’il y avait pour 40,000 livres de rente de terre substituées qui passèrent à Mme de Valentinois sans être tenues des dettes ».
Il s’était bien assez creusé la tête pour mourir un matin d’apoplexie : sans compter qu’à cinquante ans il n’avait peut-être pas encore enrayé sur le chapitre du cœur.
Je suis un vieux constituant de 89, me disais-je, et voilà un jeune girondin qui nous en prépare de rudes ; ou bien je suis un girondin déjà arrêté, et voilà un enragé de dantoniste qui n’y va pas de main morte.
Mais, ce qui me fâche, c’est qu’en ne faisant rien les jours se passent, et notre pauvre vie est composée de ces jours, et l’on vieillit, et l’on meurt.
Desmarets riposte et meurt, léguant à Perrault le soin de venger les modernes.
Rentré en France après le 4 septembre 1870, il mourut en 1885 : ses funérailles furent une apothéose.
Et, en même temps, il ressemble aussi peu que possible à l’auteur de la Morte.
Et maintenant tournez quelques feuillets, et voyez au dernier chapitre le récit du mariage : « Et Védrine disait son saisissement en voyant paraître, dans cette salle de mairie, la duchesse Padovani, pâle comme une morte, navrée, désenchantée, sous une toison de cheveux gris, ses pauvres beaux cheveux qu’elle ne prenait plus la peine de teindre.
Dans le cadavre lui répète, la pensée devient une morte et on n’enseigne point le rythme libre de la vie.
Née en 1697, morte en 1780, elle a traversé presque tout le xviiie siècle, dont, encore enfant, elle avait devancé d’elle-même les opinions hardies, et, à aucun moment, elle ne s’est laissé gagner par ses engouements de doctrine, par son jargon métaphysique ou sentimental.
À un endroit, parlant de la mort de La Harpe qui, malgré ses défauts bien connus, se convertit avant l’heure suprême, il lui est échappé de dire : « Il n’a pas manqué sa fin, je le vis mourir chrétien courageux. » C’est ainsi qu’il aurait dit de l’auteur dramatique : « Il n’a pas manqué son cinquième acte. » De tels mots, lâchés par mégarde, donnent fort à penser.
Il est mort d’une maladie de cœur, comme meurent aujourd’hui tant d’hommes parmi ceux qui ont trop ardemment labouré la vie.
Je crois être plutôt resté en deçà du vrai, quand j’ai dit que l’attrait de l’esprit entre ces deux hommes survécut même à l’amitié ; car il est évident, à lire de bonne foi toute la suite et la fin de cette correspondance, que l’amitié elle-même n’est pas morte entre eux, qu’elle a repris avec un reste de charme mêlé de raison, et qu’elle se fonde, non pas seulement sur l’amusement, mais sur les côtés sérieux et élevés de leur nature.
Et il continue de les montrer travaillant jusqu’à l’extrémité, même dans leur douleur, même dans leurs maladies, jusqu’au moment où la force leur manque : « Celui-là qui fouit mon jardin, il a ce matin enterré son père ou son fils… ils ne s’alitent que pour mourir. » Tout ce chapitre est beau, touchant, approprié, se sentant à la fois d’une noble élévation stoïque, et de cette nature débonnaire et populaire de laquelle Montaigne se disait à bon droit issu et formé.
La reine étant venue à mourir subitement en 1683, Mme de Maintenon se trouva devant une perspective d’ambition inespérée, et elle en sut tirer parti comme de tout, avec solidité, considération, et un couvert de modestie suprême.
C’est, en effet, un trait original et des plus distinctifs du caractère de Mme des Ursins que d’avoir su être une personne aussi tranquille au fond, sous une forme aussi active et dans une destinée si agitée ; et c’est à cela qu’elle dut, après une chute si rude à soixante-douze ans, de s’en être allée mourir en paix et de vieillesse à quatre-vingts.
Ce rire venait de source et circulait en quelque sorte à la ronde dans toute la famille Beaumarchais ; l’une de ses sœurs, Julie, non mariée, dans sa dernière maladie se chansonnait elle-même par de gais couplets des plus badins, auxquels chacun des assistants ajoutait le sien ; et Beaumarchais, relisant après la mort de sa sœur ce singulier testament, ajoutait de sa main, au bas, avec une naïveté de tendresse qui fait sourire : « C’est le Chant du Cygne de ma pauvre sœur Julie. » Il mourut lui-même à Paris, dans la nuit du 17 au 18 mai 1799, d’une attaque d’apoplexie, dit-on, que rien n’avait annoncée ; il s’endormit de la mort pendant son sommeil.
Il n’en reste que la base, sur laquelle j’ai écrit avec un crayon : Lugete, Veneres Cupidinesque, et les morceaux dispersés qui feraient mourir de douleur Mengs et Winckelmann, s’ils avaient eu le malheur de vivre assez longtemps pour voir ce spectacle.
Mme Lecoulteux s’en inquiéta et le fit soigner et droguer ; mais la bête mourut.
Quand il mourut le 13 mars 1711, il y avait longtemps qu’il désespérait de ses contemporains et de ses successeurs.
Ayant succédé à M. de Boze lorsque ce dernier mourut, il n’eut pas de pensée plus chère que d’enrichir le Cabinet du roi, confié à ses soins, de pièces nouvelles et rares, et il fut heureux lorsqu’en 1755, M. de Choiseul (alors M. de Stainville), nommé ambassadeur à Rome, lui offrit de l’emmener en Italie, de le loger chez lui à Rome et de lui faciliter tout le voyage.
François de Sales n’était encore que coadjuteur de l’évêque de Genève ; Henri IV ne négligea rien pour se l’attacher : « Il me fit des semonces d’arrêter en son royaume qui étaient capables de retenir, non un pauvre prêtre tel que j’étais, mais un bien grand prélat. » François de Sales fit alors, tant à Fontainebleau devant le roi que dans les principales chaires de Paris, des prédications nombreuses ; il fut choisi pour prononcer l’oraison funèbre du duc de Mercœur, qui mourut vers ce temps-là.
Son grand-père est de ceux qui n’ont pas voulu mourir pour Marie-Thérèse.
Brunetière donnant l’occasion de clarifier quelques notions : « Il faut bien admettre que, ainsi des mœurs et des modes, les formes poétiques se développent et meurent, qu’elles évoluent d’une liberté initiale à un dessèchement, puis à une inutile virtuosité ; et qu’alors elles disparaissent devant l’effort des nouveaux lettrés préoccupés, ceux-ci, d’une pensée plus complexe, par conséquent plus difficile à rendre au moyen de formules d’avance circonscrites et fermées.
Si nous sommes plus habiles que les anciens dans quelques sciences indépendantes des découvertes fortuites que le hazard et le temps font faire, notre superiorité sur eux dans ces sciences, vient de la même cause qui fait que le fils doit mourir plus riche que son pere, supposé qu’ils aïent eu la même conduite, et que la fortune leur ait été favorable également.
À plus forte raison en est-il ainsi des valeurs esthétiques qui sont lettre morte pour le plus grand nombre.
C’est l’écroulement de cette personnalité sèche, mais énergique, que fut Mérimée, et qui, matérialiste humilié et puni, meurt, dans ces Lettres à Panizzi, du dernier vice de la matière, la gourmandise égoïste d’un vieillard, se consolant de tout avec des ortolans, dans le monde en proie aux plus funèbres catastrophes, tout comme le vieux Saint-Évremond se consolait de son exil avec des huîtres vertes.
II Comment donc se fait-il qu’après lui la psychologie soit morte, et que de son vivant même elle ait paru radoter et languir ?
Non, lorsque Antonin ou Trajan moururent autrefois dans cette même ville, et que la douleur publique prononça leur éloge en présence des citoyens, dont ils avaient fait le bonheur pendant vingt ans, je suis bien sûr qu’on n’y parla pas davantage de vertu, de justice, de larmes et de désolation des peuples.
Il mourut à trente-sept ans.
Quand le poète s’écrie qu’il ne veut pas mourir sans flétrir, sans percer de ses flèches, sans pétrir dans la fange les bourreaux qui moissonnent les têtes comme les épis d’un champ, sans tracer pour la postérité des portraits qui éternisent l’infamie de ses modèles, personne ne peut songer à lui reprocher la confusion des images qu’il appelle à son secours. […] Dire à la Vertu : « Pleure si je meurs avant d’avoir achevé mon œuvre de vengeance, avant d’avoir châtié selon leurs mérites les bourreaux qui m’ont condamné », n’est-ce pas l’expression sublime de l’orgueil et de la colère ? […] Manon morte, des Grieux n’aura plus aucune raison de vivre. […] Qui saura, dans dix ans, le nom de tous ces livres qui meurent sans avoir vécu, dont la mort est juste pourtant, qui ne pouvaient pas vivre, et qui servent à occuper l’ennui et l’oisiveté ? […] Agnès mourut de douleur dans un château de Normandie, deux mois après son abandon.
Cet objet, il dépend du hasard que nous le rencontrions avant de mourir, ou que nous ne le rencontrions pas. […] Une fois à la maison je songeais à autre chose et ainsi s’entassaient dans mon esprit (comme dans ma chambre les fleurs que j’avais cueillies dans mes promenades ou les objets qu’on m’avait donnés) une pierre où jouait un reflet, un toit, un son de cloche, une odeur de feuilles, bien des images différentes sous lesquelles il y a longtemps qu’est morte la réalité pressentie que je n’ai pas eu assez de volonté pour arriver à découvrir 19. […] Cette réalité n’existe pas pour nous tant qu’elle n’a pas été recréée par notre pensée (sans cela les hommes qui ont été mêlés à un combat gigantesque seraient tous de grands poètes épiques) ; et ainsi, dans un désir fou de me précipiter dans ses bras, ce n’était qu’à l’instant, plus d’une année après son enterrement, à cause de cet anachronisme qui empêche si souvent le calendrier des faits de coïncider avec celui des sentiments, — que je venais d’apprendre qu’elle était morte. […] Vous savez qu’Odette par exemple est représentée comme n’étant absolument pas le type de beauté que Swann a toujours recherché instinctivement et vous vous rappelez la phrase d’une profondeur admirable par laquelle se termine Un amour de Swann : Dire que j’ai gâché des années de ma vie, que j’ai voulu mourir, que j’ai eu mon plus grand amour pour une femme qui ne me plaisait pas, qui n’était pas mon genre 55 : Et dans la Prisonnière : Je ne m’étais rappelé que la petite qui m’avait déplu. […] Il restera pauvre d’abri jusqu’à son dernier jour, jusqu’à ce lit de fer dans cet appartement meublé où il mourra, face encore à ses sensations 79.
Moratin mourut à Paris, et fut enterré non loin de celui dont il s’était fait le disciple. […] On en sortait oppressé et triste à mourir. […] Je ne le ferais pas si je pouvais mourir ! […] C’est ma grande querelle avec Coquelin cadet ; nous nous enfonçons de plus en plus, chacun de notre côté, dans notre opinion, et il est probable à cette heure que nous mourrons tous les deux dans l’impénitence finale. […] Je mourrai dans l’impénitence comique finale, et vous dans le respect excessif d’une tradition qui n’est peut-être pas la bonne.
Nous mourons tous, et non seulement « issus de pères rois ou de pères bergers », mais, que ce soit de la poste ou de quelque autre maladie, jeune ou vieux, homme ou femme, dans notre lit ou sur une grande route, nous mourons tous de la même manière. […] Or, on le remarquera — sans vouloir énumérer tant de manières qu’il y a de mourir, si différentes, et comme accompagnées de circonstances physiques si diverses, — les grands poètes lyriques ne le sont, pas plus pour la splendeur nouvelle et la grâce imprévue de leurs images, ou par une manière à eux d’associer leurs idées, que pour avoir eu de la Mort, comme de l’Amour et de la Nature, une conception particulière et personnelle. […] Fais énergiquement ta longue ou courte tâche, Dans la voie où le sort a voulu t’appeler, Puis après, comme moi, souffre et meurs sans parler. […] La première est tirée de « la vie des soldats », qu’aucune religion, fait-il observer, n’a jamais empêchés non seulement de tuer — puisque aussi bien ils en font profession, — mais de piller, de voler, de violer au besoin, encore qu’elles le défendent toutes ou presque toutes ; que les soldats ne l’ignorent point ; et qu’ils soient même capables de mourir, s’il le faut, pour l’interdiction qu’elles en font. […] On lui permit alors de reparaître à Paris, où elle mourut obscurément en 1724.
La belle fleur que j’ai cueillie était trop brève, Ô quand, — simplement comme un qui s’endort, — mourir ! […] mourir au balancement de ces sons évanouis en pâles visions, sur l’escarpolette des heures fugitives, berceuses ailées du repos éternel ! […] Ce roman, comme l’on sait, est l’histoire d’un génie raté, qui se venge de l’injustice du sort en prenant d’abord l’honneur, puis la vie à son frère aîné, dont il n’a reçu que des bienfaits ; il meurt à son tour, abhorré des hommes, en fauve solitaire. […] L’existence n’a pas voulu de lui ; grâce à sa constitution maladive, il a été condamné à mourir de bonne heure et il le sait. […] Autrefois peut-être la province était la gardienne fidèle des vieilles coutumes, mais aujourd’hui que les grandes villes absorbent toute la sève virile du pays, ce qui ne doit vivre que par la province est condamné à mourir fatalement.
Que fallait-il, après cela, pour que le romantisme achevât de mourir ? […] « Toute littérature qui n’a pas en vue la perfectibilité, la moralisation, l’idéal, l’utile en un mot, est une littérature rachitique et malsaine, née morte. » Et on peut regretter qu’il ne l’ait pas mieux dit, mais il l’a dit ; et finalement, après l’avoir âprement contredit, ce n’est pas les Leconte de Lisle ou les Flaubert que l’on en a cru, mais lui. […] Le Philosophe ; — et, à cette occasion, du pessimisme en général ; — et qu’il n’est point la doctrine de mort ou d’inertie que l’on a prétendu ; — mais au contraire la source de l’action féconde ; — et en tout cas le principe de toute élévation morale. — Du pessimisme de Vigny ; — et qu’on lui fait tort du meilleur de lui-même, — en en cherchant la cause dans l’étroitesse de sa vie domestique ; — ou dans les déceptions de son amour-propre ; — ou, comme « les gens d’esprit », dans le pressentiment physiologique de la maladie dont il devait mourir [le cancer de l’estomac]. — Le pessimisme de Vigny est une doctrine philosophique ; — fondée sur la conviction raisonnée de l’hostilité de la nature à l’égard de l’homme [Cf. […] Les grands romans. — Histoire de Sibylle, 1862, — et réponse de George Sand dans Mademoiselle de La Quintinie ; — M. de Camors, 1867 ; — Julia de Trécœur, 1872 ; — Le Journal d’une femme, 1878 ; — La Morte, 1886 ; — Honneur d’artiste, 1890. — Si les romans de Feuillet sont des romans « romanesques » ? […] 3º Les Œuvres. — Elles se composent de son Théâtre complet, dans les cinq volumes duquel, publiés chez Calmann Lévy, 1892, 1893, on a fait entrer toutes celles de ses pièces qui ont été jouées, y compris quelques-unes de celles qui faisaient partie des deux volumes : Scènes et proverbes, et Scènes et comédies ; Et 2º ses romans, qui sont : Bellah, 1850 ; — La Petite Comtesse, 1856 ; — Le Roman d’un jeune homme pauvre, 1858 ; — Histoire de Sibylle, 1862 ; — M. de Camors, 1867 ; — Julia de Trécœur, 1872 ; — Un mariage dans le monde, 1875 ; — Les Amours de Philippe, 1877 ; — Le Journal d’une femme, 1878 ; — l’Histoire d’une Parisienne, 1881 ; — La Veuve, 1883 ; — La Morte, 1886 ; — et Honneur d’artiste, 1890.
La France ne se levait pas à sa voix : elle le regardait comme on regarde un gladiateur bien lutter et bien mourir ; mais elle avait séparé sa fortune de la sienne. […] C’est que derrière tant de sacrifices on ne voyait plus de système ; toute diplomatie était morte pour la France avec les armées si mal employées de Napoléon.
non, il n’est point ici-bas de mortelle « Qui se puisse avouer plus heureuse que moi ; « Mais à certains moments, et sans savoir pourquoi, « Il me prend des accès de soupirs et de larmes ; « Et plus autour de moi la vie épand ses charmes, « Et plus le monde est beau, plus le feuillage vert, « Plus le ciel bleu, l’air pur, le pré de fleurs couvert, « Plus mon époux aimant comme au premier bel âge, « Plus mes enfants joyeux et courant sous l’ombrage, « Plus la brise légère et n’osant soupirer, « Plus aussi je me sens ce besoin de pleurer. » C’est que, même au-delà des bonheurs qu’on envie, Il reste à désirer dans la plus belle vie ; C’est qu’ailleurs et plus loin notre but est marqué ; Qu’à le chercher plus bas on l’a toujours manqué ; C’est qu’ombrage, verdure et fleurs, tout cela tombe, Renaît, meurt pour renaître enfin sur une tombe ; C’est qu’après bien des jours, bien des ans révolus, Ce ciel restera bleu quand nous ne serons plus ; Que ces enfants, objets de si chères tendresses, En vivant oublieront vos pleurs et vos caresses ; Que toute joie est sombre à qui veut la sonder, Et qu’aux plus clairs endroits, et pour trop regarder Le lac d’argent, paisible, au cours insaisissable, On découvre sous l’eau de la boue et du sable. […] Oui, la jeunesse est bonne ; elle est seule à sentir Ce qui, passé trente ans, meurt ou ne peut sortir, Et devient comme une âme en prison dans la nôtre ; La moitié de la vie est le tombeau de l’autre ; Souvent tombeau blanchi, sépulcre décoré, Qui reçoit le banquet pour l’hôte préparé.
C’est une dégradation de teintes, une poussière de rais, un mica de sons, qui se meurent avec le dernier écho du cantique perdu au loin ; — et la nuit tombe sur cette immatérielle nature, créée par le génie d’un homme, maintenant repliée sur elle-même dans une inquiète attente. […] Les appels de Brangaine au haut de sa tour ont beaucoup de couleur, et la péroraison du grand duo : Mourons tous deux, a de la chaleur.
Parle, ce que tu as dans l’esprit mon cœur m’ordonne de l’accomplir si je le puis et si c’est possible. » — La mère lui demande pour les dernières victoires de son fils « qui doit bientôt mourir », un bouclier et un casque, une cuirasse et de belles cnémides avec leurs agrafes. […] Quel dieu voudrait mourir pour sauver le damné de Zeus ?
Par là on introduit en nous une perpétuelle « vicissitude » dont les tronçons décousus échappent à tout lien de souvenir, une féerie de changements à vue qui est une série d’annihilations et de créations : chaque pensée meurt au moment où elle naît, tout est toujours nouveau en nous, et la conception de la durée se trouve impossible. […] Dire que nous imposons nos farines à l’Univers n’avance à rien, car rien n’oblige la matière de l’Univers à se mouler si docilement sui nos formes, ni le soleil à s’éclipser pour faire honneur aux formes de notre sensibilité, ni notre corps à mourir et à se décomposer selon les prévisions de la science, uniquement pour se conformer à notre intuition du temps. » Voir notre Introduction à la Genèse de l’idée de temps, p. 11 et suiv.
Mais dans quel roman a-t-on abordé, avec une pareille précision, tout ce qui constitue la mort chrétienne dans les plus petits détails des cérémonies dernières de l’Église, et sans oublier une seule de ses maternelles attentions pour le Fidèle qui meurt dans son sein ! […] Aussi, diront-ils probablement avec une mélancolie à faire mourir de rire : « Nous aimions mieux Le Fils du diable !
Au dernier siècle, quand de jeunes Français allaient à Rome où le cardinal de Bernis résida comme ambassadeur de France à dater de 1769, et où il ne mourut qu’en 1794, un de leurs premiers désirs, c’était de lui être présentés, et une des premières choses qu’ils trouvaient d’ordinaire à lui dire, c’était de le remercier du plaisir que leur avaient fait ses jolis vers ; ils s’étonnaient ensuite que le prélat ne répondît point à ce compliment comme ils auraient voulu, et qu’il gardât toute son amabilité et toute sa grâce pour d’autres sujets de conversation.
Préparez-vous donc à supporter avec courage toutes les traverses et difficultés que vous rencontrerez dans le monde, et, en les surmontant généreusement, acquérez-vous l’estime des gens d’honneur et particulièrement celle du maître à qui je veux vous donner, au service duquel je vous commande de vivre et mourir.
Roederer, que nous avons vu mourir le 17 décembre 1835, plein de vigueur encore à l’âge de quatre-vingt-deux ans, était né à Metz, le 15 février 1754, d’un père avocat, nous dit-il, « distingué au barreau comme profond jurisconsulte, dans la magistrature comme ennemi du pouvoir arbitraire, et dans la société comme homme aimable ».
Pendant son agonie, elle devint beaucoup plus belle qu’elle n’avait été dans le temps de sa meilleure santé ; mais c’était une beauté toute céleste qui inspirait de la dévotion, et nous la regardâmes mourir avec ravissement… La langue de Saint-Cyr forme une nuance à part dans celle du siècle de Louis XIV ; Mme de Caylus en est la fleur mondaine ; on sent qu’Esther y a passé, et Fénelon également.
Lorsqu’il mourut à Paris, le 23 mars 1842, il y eut silence autour de lui ; regretté de quelques-uns, il parut vite oublié de la plupart.
Une cause pour cela c’est qu’on y meurt de faim l’hiver, et qu’on y est tué l’été : l’on peut n’être pas de ce goût-là sans passer pour extraordinaire.
Mme de Maintenon s’étonne de ce séjour obstiné, et elle va jusqu’à dire au médecin Dodart, qui le rapporte à l’abbé Fleury : « Veut-il donc mourir à la Cour ?
Un Mirabeau n’y va pas de main morte ; les demi-aveux, les faux-fuyants de Vauvenargues, ses airs de paresse, ne satisfont pas le marquis ; il continue son obsession obligeante ; il y emploie le reproche, il y emploie la louange ; il se sert de toutes les clefs pour ouvrir ce cœur qu’un respect humain enchaîne, et il le tire tant qu’il peut du côté de ses propres penchants : Quand vous auriez plus de santé et de goût pour la gloire, vous ne sauriez faire naître la guerre, et ne seriez pas capable des bassesses qu’il faut pour s’avancer à la Cour.
Ayant obtenu de revenir à Paris en 1770, et employé à la Bibliothèque du roi, il allait peut-être réparer ses premiers échecs et se refaire une réputation plus solide et de meilleur aloi, quand il mourut, à l’âge de quarante-sept ans (1773).
Il mourut à Paris le 6 mars 1681, à l’âge de quatre-vingt-un ans ; il fut inhumé, en personnage illustre, dans l’église de Saint-Sulpice, avec une belle épitaphe très en vue, et un médaillon en marbre blanc contenant son portrait et surmonté d’un génie pleurant qui tient son flambeau renversé.
Mme Swetchine était une dame russe, née à Moscouen 1782, qui mourut à Paris en 1857.
Il rentre dans la vie privée avant quarante ans, se retourne vers la terre avec une sorte de rage, travaille et laboure son champ, améliore son domaine et ne se relève qu’en 1814, devant l’invasion, pour y devenir colonel d’un corps franc ; puis, après un dernier effort patriotique et comme une dernière convulsion, il retombe et rentre derechef dans l’oubli pour mourir obscurément en 1833.
Diderot, conduit par Dutens, alla remercier le prince ; celui-ci, déjà malade de la maladie dont il mourut, était au lit, et bientôt Diderot, qu’on avait fait asseoir, ne tenant pas sur sa chaise, se mit, tout en discutant, à s’approcher du prince et à s’asseoir sur le lit.
Lucile, la pauvre jeune fille, atteinte de consomption, se laissa mourir pendant le conflit dont elle était l’objet, et, moyennant des larmes et un grand deuil, sa mort tira chacun d’embarras.
En 1585, la maladie fut d’une intensité extraordinaire ; de juin jusqu’à décembre, il ne mourut pas moins de quatorze mille personnes.
Élisabeth, alors tout enfant, n’annonçait pas encore cette angélique personne qui mourra comme une sainte sur l’échafaud ; elle se montrait dès l’âge de six ans comme une petite sauvage, avec « un air déterminé et doux en même temps », mais au fond, avec je ne sais quoi « d’entier et de rebelle » qui ne se laissait pas aisément apprivoiser.
Heureux ceux qui meurent ou qui se retirent à propos et qui ne passent point la mesure !
« C’est une qui mourra à l’hôpital. »
Le parti qui me reste à prendre n’est pas difficile à préjuger : je dois soutenir mon rôle et savoir mourir au besoin.
Il voit, par les progrès de l’industrie et l’usage immodéré du feu, le globe lui-même altéré dans son essence chimique et se hâtant vers une morte stérilité.
Il ne me reste rien à dire de Gresset, sinon qu’il mourut de mort subite en juin 1777, universellement regretté malgré sa longue éclipse, et pardonné aisément d’un siècle qui avait deux fois reçu de lui un régal excellent. — Pour moi, en tout ceci, à l’occasion du livre de M. de Cayrol, je n’ai guère fait que commenter et développer, en l’adoucissant convenablement, l’opinion qu’avait exprimée Voltaire avec un bon sens malin et intéressé, je l’avoue, mais d’autant mieux aiguisé.
À Lyon, en 1787, « 30 000 ouvriers attendent leur subsistance de la charité publique » ; à Rennes, en 1788, après une inondation, « les deux tiers des habitants sont dans la misère770 » ; à Paris, sur 650 000 habitants, le recensement de 1791 comptera 118 784 indigents771 Vienne une gelée et une grêle comme en 1788, que la récolte manque, que le pain soit à quatre sous la livre, et qu’aux ateliers de charité l’ouvrier ne gagne que douze sous par jour772 ; croyez-vous que ces gens-là se résigneront à mourir de faim ?
Il mourut le 10 février 1755.
On s’accordera, je pense, à reconnaître qu’une description de Théophile Gautier est saisissante pour les yeux ; que la Nuit d’Octobre est émouvante ; qu’un roman de Voltaire fait penser ; que le Qu’il mourût du vieil Horace est d’une héroïque vigueur ; que le Corbeau d’Edgar Poe emporte l’imagination bien au-delà du monde réel.
Il avait son autel à Colone dans la banlieue d’Athènes, là où Œdipe vint mourir, au seuil du bois des Furies.
Nous arrivons à une scène hardie comme une opération essayée pour la première fois : elle pouvait, du coup, tuer la pièce ; la pièce n’en est point morte, mais elle en reste blessée.
Il se forme à leur sujet comme une légende qui ne meurt plus.
Elle mourut le 17 avril 1783, à l’âge de cinquante-huit ans.
» Sur quoi l’archevêque lui dit : « Ô Jeanne, en quel lieu avez-vous espoir de mourir ?
Voltaire, on le sait trop, ne vit que de combats et de querelles ; le pauvre Jean-Jacques en meurt durant vingt années, et sa tête s’égare à vouloir répondre aux méchants propos et aux calomnies.
Le vicomte de Bonald, que nous avons vu mourir le 23 novembre 1840, âgé de quatre-vingt-six ans accomplis, était né le 2 octobre 1754 à Millau, dans le Rouergue.
Cette personne rare, cette honnête femme de tant de jugement et d’esprit, mourut en décembre 1689, vers l’âge de soixante-huit ans.
Il mourut et s’éteignit le 30 septembre 1839, à l’âge de soixante-douze ans, ayant gagné beaucoup à la vieillesse, et ayant fait de la santé la plus frêle et du souffle le plus mince un merveilleux usage pour la vie sociale et pour la pensée9.
Grimm, presque aveugle, végétant, ayant survécu à ses amis et à lui-même, retiré à Gotha, mourut le 19 décembre 1807, à l’âge de quatre-vingt-quatre ans.
Sa dureté à l’égard de Fénelon et de Malebranche pour des opinions toutes spéculatives, son allusion barbare à la mort de Molière, qui mourut, comme on sait, dans un dernier acte de dévouement pour ses pauvres compagnons de scène, le ton perpétuel d’autorité impérieuse avec lequel il décrète et promulgue ses pensées comme des lois et des dogmes, tout cela, dis-je, est-il absolument exempt de tout orgueil humain, et la vérité est-elle si hautaine et si insolente ?
Ce que je pardonne encore moins à l’auteur si estimable par son sçavoir & par sa probité, c’est de citer des vers classiques qui doivent mourir dans les lieux où ils sont nés.
Le Gui dépend du Pommier et de quelques autres arbres : on peut dire qu’il lutte contre eux ; car, si un trop grand nombre de ces parasites croissent sur l’un de ces arbres, celui-ci languit et meurt.
Permis aux contradicteurs jurés de citer la classique historiette du philosophe qui mourut de rire en voyant un âne qui mangeait des figues, et même les comédies d’Aristophane et celles de Plaute.
ô toi qui mourus tant pleuré de tes amis !
Pitié pour ceux qui meurent en péché mortel !
Et cependant mourir de cette mort, mais lié à Mendès ! […] Emotion poignante pour qui a vu vivre là le Maître si simple, car c’est là qu’il mourut, emporté en soudaineté terrible, d’un spasme de la gorge. […] Frère se chantant en mineur de l’âpre Tristan Corbière en qui il s’était complu, peut-être d’un même pressentiment qui dévore l’être ; de mourir tôt… Gustave Kahn partit ensuite pour une randonnée en Allemagne, Leipzig, Dresde, Dux en Bohême. […] Il avait un Roman, d’étude plutôt naturaliste, (Monsieur Babylas, qui parut plus tard. sous le titre Le Vierge) : une Revue, puis une seconde (le « Scapin », il me semble) l’une et l’autre moururent avant qu’en terminer la publication ! […] Je ne mourrai pas tout entier !
Ce qui le prouve, c’est qu’on voit un être vivant naître, se développer, devenir malade et mourir, sans que cependant les conditions du monde extérieur changent pour l’observateur. […] Le grand-duc de Toscane fit remettre à Fallope, professeur d’anatomie à Pise, un criminel avec permission qu’il le fît mourir et qu’il le disséquât à son gré. […] Quand l’animal mourra, il faudra faire l’autopsie immédiatement après la mort, absolument comme s’il s’agissait de ces maladies instantanées qu’on appelle des empoisonnements ; car, au fond, il n’y a pas de différences dans l’étude des actions physiologiques, morbides, toxiques, ou médicamenteuses. […] Or, les éléments vitaux étant de nature semblable dans tous les êtres vivants, ils sont soumis aux mêmes lois organiques, se développent, vivent, deviennent malades et meurent sous des influences de nature nécessairement semblable, quoique manifestées par des mécanismes variés à l’infini. […] Je plaçai abord du curare sous la peau d’une grenouille, elle mourut après quelques minutes ; aussitôt je l’ouvris et j’examinai successivement, dans cette autopsie physiologique, ce qu’étaient devenues les propriétés physiologiques connues des divers tissus.
Lorsque son chagrin inquiet l’arrache de son lit, est-ce bien là le costume d’une femme mourante et qui cherche à mourir ? […] Au surplus à ce moment, et par le fait seul qu’elle meurt et que, sinon son corps, son âme et son esprit du moins quittent la scène, tout le poids du drame retombe sur Thésée qui alors occupe justement le centre optique. […] Nous nous développons sous l’empire de causes et de lois qui nous échappent, et nous savons aujourd’hui, par exemple, que nos langues, quels que soient les efforts souvent contraires des savants, naissent, se développent, s’épanouissent et meurent suivant des lois inéluctables. […] Si nous nous transportons au cinquième acte d’Hernani, au moment où doña Sol voudrait entendre s’élever le chant du rossignol au milieu de cette belle nuit nuptiale, c’est le son inattendu du cor qui résonne au milieu de la solitude de la nuit et vient rappeler à Hernani qu’il est l’heure de mourir. […] Au moment où la reine, émue d’un amour inconnu qu’elle sent monter jusqu’à elle, exhale en tristes plaintes l’ennui que lui causent sa solitude et son royal esclavage, des lavandières passent en chantant dans les bruyères et leurs voix qui meurent en s’éloignant jettent dans son âme des paroles enflammées d’amour.
On auroit vu l’expression vivante du génie, au lieu de cette physionomie morte qui naît des traductions. […] Sa troisième femme l’en pressoit vivement ; il lui répondit : Vous êtes femme & vous voulez avoir un équipage ; moi, je veux vivre & mourir honnête-homme ; & il composa le Paradis perdu. […] L’astrologue, ayant bien examiné la conjonction des astres, déclara fort innocemment, que le Roi mourroit, à coup sur, d’un long bâillement ; ce qui, selon la traduction des mots Persans, équivaut à mourir d’ennui. […] Le Poète vint & lut ; le Roi bâilla & mourut.
« Il faut, écrivait Flaubert, que j’aille à Rouen pour un enterrement, celui de Mme Pouchet, la femme d’un médecin morte avant-hier dans la rue, où elle est tombée de cheval près de son mari, frappé d’apoplexie. […] Au lieu du Séraphin, c’est l’ange de la mort qui répondra puisque David a timidement insinué qu’il ne serait pas fâché de ne pas mourir. […] Sa sœur lui présente un jour une jeune fille qui désirait quelques lignes de lui sur son album, Lamartine prend une plume et sans se donner un moment pour réfléchir, sans s’arrêter une seconde, il écrit : Le livre de la vie est le livre suprême Qu’on ne peut ni fermer, ni rouvrir à son choix ; Le passage attachant ne s’y lit pas deux fois, Mais le feuillet fatal se tourne de lui-même : On voudrait revenir à la page où l’on aime Et la page où l’on meurt est déjà sous vos doigts. […] C’est que tu vas mourir ! […] Parfois une idée pousse dans un esprit — ou dans un peuple, — puis languit et meurt sans avoir fleuri et fructifié.
Mais Roederer était pressé, il allait mourir.
Cette intimité occupa les cinq ou six dernières années de la vie de La Boétie, car il mourut le 18 août 1563, d’une maladie contractée dans une tournée qu’il avait faite pour le service de sa charge : il n’avait pas accompli sa trente-troisième année39.
Cette sœur est venue à Paris pour recueillir un héritage et y a conduit Marianne, âgée de quinze ans ; elle y tombe malade et meurt bientôt en apprenant la mort ou l’apoplexie du curé son frère, et voilà Marianne seule, sans ressources, sur le pavé de Paris, avec un comptant des plus minces et son joli visage.
Parlant des derniers rebelles qu’on réduisit, Villars laisse échapper un mot qui est bien d’un noble soldat : « Ravanel, dit-il, mourut de ses blessures dans une caverne ; La Rose, Salomon, La Valette, Masson, Brue, Joanni, Fidel, de La Salle, noms dont je ne devrais pas me souvenir, se soumirent, et je leur fis grâce, quoiqu’il y eût parmi eux des scélérats qui n’en méritaient aucune. » On sent, à ce simple mot de regret d’avoir pu loger de tels noms dans sa mémoire, le guerrier fait pour des luttes, plus généreuses et pour la gloire des héros, celui qui a hâte de jouer la partie en face des Marlborough et des Eugène.
Il y mourut avec courage et en chrétien en 1732, à l’âge de quarante-neuf ans, moins d’un an après La Motte.
… » La popularité, c’était là son rêve, sa passion dirigeante ; et, selon la belle remarque de Pope, notre passion maîtresse (the ruling passion) persévère, se grave et s’enfonce au cœur en vieillissant ; elle est la dernière à mourir en nous, et revient encore voltiger sur nos lèvres dans le dernier soupir.
Après la mort de Gœthe, resté uniquement fidèle à sa mémoire, tout occupé de le représenter et de le transmettre à la postérité sous ses traits véritables et tel qu’il le portait dans son cœur, il continua de jouir à Weimar de l’affection de tous et de l’estime de la Cour ; revêtu avec les années du lustre croissant que jetait sur lui son amitié avec Gœthe, il finit même par avoir le titre envié de conseiller aulique, et mourut entouré de considération le 3 décembre 1854.
Ce noble cœur, ce grand talent, un peu dévoyé vers la fin et rejeté hors de l’arène, alla mourir, comme on sait, à Naples, en 1824, d’une maladie au foie, dans l’ennui de l’ambassade inactive où on l’avait confiné.
Lord Seymour donnait le branle ; d’aimables fous avec lui menaient la danse ; il y en eut un (M. de La Battut) qui mourut d’épuisement presque en pleine fête.
Son Daniel Jovarcl notamment, ce jeune classique bourgeois pudibond, converti d’un tour de main au romantisme le plus féroce par son ami Ferdinand de C…, est à mourir de rire.
Il rentra en France neuf encore, sous un régime déjà tranché, et il le servit loyalement, sans arrière-pensée, sans retour en arrière, et avec un dévouement sans réserve ; il mourut avant la chute de ce régime, en plein exercice de son activité, en pleine pratique de ses devoirs.
Il y a vingt-cinq ans environ, il mourait dans le canton de Vaud un homme du premier mérite comme intelligence religieuse, philosophique et littéraire, et aussi comme talent et grâce de parole, dans la conversation surtout.
Mais mourir, malepeste !
Oui, la jeunesse est bonne ; elle est seule à sentir Ce qui, passé trente ans, meurt, ou ne peut sortir, Et devient comme une âme en prison dans la nôtre ; La moitié de la vie est le tombeau de l’autre ; Souvent tombeau blanchi, sépulcre décoré, Qui reçoit le banquet pour l’hôte préparé.
Depuis deux ans surtout, on ne vend plus : la librairie se meurt.
Tandis que les poëtes et les écrivains qui se croient créateurs passent très-vite et meurent tout entiers, s’ils ne sont excellents, le critique accrédité et fidèle vit, c’est-à-dire (oh !