Et lorsque, dans les crises de grandes passions, il lui faut les exclamations les plus violentes, les plus pathétiques, il prend toujours les mêmes trois ou quatre mois : « selig, brunstig, heilig »… les termes génériques dans leur plus simple expression, parce que ceux-ci seuls siéent aux héros de son poème. « L’homme vivant et vrai, dit Wagner, ne décrit pas ce qu’il veut et ce qu’il aime : il aime et il veut… La poésie ne faisait plus que décrire… elle vous donnait le catalogue d’une galerie de peintures, mais pas les tableaux… elle était forcée de devenir platement prolixe… J’ai dû éliminer tout ce qui était superflu, fortuit, indécis, retrancher tout ce qui dénature les vrais sentiments des hommes… je n’ai gardé que le noyau… et je l’ai exprimé dans une langue concise, eu serrant autant que possible les accents de la phrase… » La langue est donc très forte, très concise, abrupte, « quintessenciée ». […] Se rattache au motif 45, et exprime, comme 51, la plainte des Filles-fleurs, et, plus tard, la plainte de la nature. […] Il exprime la souffrance d’Amfortas, et nous le retrouvons à la fin : Gesegnet sei dein Leiden.
Ne serait-ce point précisément parce qu’ils expriment ce qu’il y a en nous de plus fondamental et de plus stable qu’ils montrent cette apparente mobilité ? […] En un mot, le plaisir et la douleur n’expriment pas des relations objectives entre les causes extérieures qui leur correspondent, mais ils expriment un certain rapport entre les objets et ce qu’il y a en nous de plus central : ils sont notre propre manière de réagir en face des objets extérieurs.
Laporte, membre du Conseil, s’exprimait ainsi : « La souscription pour le monument à élever à la mémoire de Gustave Flaubert, s’élève actuellement à la somme de 9 650 francs, y compris les 1 000 francs votés par le Conseil général, et qui ont été mandatés, le 13 mars 1882. […] Mais je lui demande de ne pas le faire paraître, lui disant que je ne veux pas répondre, que je trouve l’accusation au-dessous de moi, que j’ai ignoré absolument le manifeste, et que si je m’étais cru le besoin d’exprimer ma pensée sur la littérature de Zola, je l’aurais fait moi-même, avec ma signature en bas, et qu’il n’était pas dans ma nature de me cacher derrière les autres. […] Il était alors attaché au maréchal, et a pu assister à leur réveil, qui est une chose émotionnante même pour le directeur de la prison, — et où le silence, le terrible silence entre les paroles dites, — est d’un effet qu’on ne peut exprimer.
Lucrèce tord le vieux voile d’Isis trempé dans l’eau des ténèbres, et il en exprime, tantôt à flots, tantôt goutte à goutte, une poésie sombre. […] Le moi multiple que ces myriologies expriment en fait les polypes de la poésie, énormités diffuses et surprenantes. […] Ce qu’on ne peut dire et ce qu’on ne peut taire, la musique l’exprime.
On dit qu’à l’époque où l’homme s’exprimait ainsi le monde était dans son enfance ; cependant tout indique, dans cette épopée de l’âme, dans ce drame de pensées, dans cette philosophie lyrique, dans ce gémissement élégiaque, la sagesse et la mélancolie des jours avancés. […] Une race qui peut sentir, penser et s’exprimer avec cet accent, est vraiment digne d’échanger sa parole avec la parole surnaturelle et de converser avec son Créateur. […] » IX Mais, si la scène et le drame surpassent en intérêt toutes les scènes et tous les drames de l’antiquité, que dirons-nous des passions, et dans quel drame en trouverons-nous de si pathétiques et de si pathétiquement exprimées, depuis les larmes jusqu’à la colère ?
III Cela dit, et après ces précautions oratoires, nous allons, à nos risques et périls, exprimer franchement, en quelques mots, notre pensée sur les aptitudes naturelles de la France comparées aux aptitudes des nations antiques et modernes avec lesquelles notre littérature nationale peut rivaliser. […] La satire procède du dégoût ou de la haine, passions peu dignes d’être exprimées en vers immortels par les poètes. […] Comme j’exprimais par ma physionomie ma répulsion involontaire pour ces œuvres de colère, quelqu’un me dit : « À quoi pensez-vous ?
Là s’exprime le plus clairement cette pensée que Crevel entend combattre, une pensée qui justifie selon lui le refuge dans une posture littéraire et prétend éviter la contagion du politique. […] Et même ceux qui, trop faibles pour accepter la redoutable liberté offerte, préfèrent continuer à vivre dans le petit fromage de la tradition ne peuvent s’empêcher, parmi toutes les œuvres d’aujourd’hui, de préférer celles qui expriment le plus parfaitement la nécessité de libération. […] La poésie qui nous délivre des symboles plante la liberté elle-même et son ascension laisse très loin derrière, très bas sous elle, les sons, les couleurs qui l’expriment.
Le bon Gautier n’exprimait-il pas la pensée dernière de toutes ces générations, lorsque, s’amusant à mystifier la niaiserie prétentieuse des Goncourt, il déclarait aux deux frères que rien ne « l’excitait » comme une momie ? […] On peut s’étonner pourtant que les naturalistes, qui ont eu la prétention d’exprimer la réalité avec une rigueur scientifique, aient eu l’horreur du réel, peut-être encore plus que les romantiques. […] Que serait-ce si l’on essayait, avec cette langue et ce style, d’exprimer des idées abstraites ?
Le calcul, le haut calcul, et les lois astronomiques qu’il exprime, étaient connus des Égyptiens, dont les monuments présument aussi d’extraordinaires connaissances mécaniques. […] Le génie d’un Ronsard consiste à libérer, à exprimer ce rythme intérieur, et son harmonieuse cadence palpite comme l’âme universelle des choses. […] Une aberration vigoureuse trouve toujours, pour s’exprimer, un torrent de mots. […] Quand la corde lyrique ou satirique, ou réaliste, qui constitue l’instrument séculaire, la harpe majeure, se trouve détendue d’une certaine façon, elle ne perçoit, ni n’exprime plus certains accords. […] L’idée foncière, rarement exprimée, mais généralement insinuée, c’est que l’homme de génie est un demi-Dieu, qui peut même remplacer Dieu, à un moment donné.
Les opéras ne sont et ne peuvent être que des canevas qui fournissent à la musique des situations qu’elle puisse exprimer dans sa langue, et cette langue est essentiellement différente de la déclamation ; tout ce qui n’est point chant ou morceau d’ensemble, n’est donc qu’un remplissage que les Italiens ont le bon esprit de ne pas écouter. […] Voici comment il s’exprime : « À ces mots, je ne vous connais plus, je vous connais encore, on se récria d’admiration ; on n’avait jamais rien vu de si sublime : il n’y a pas dans Longin un seul exemple d’une pareille grandeur. […] Le dépit amoureux d’Alcippe s’exprime avec une liberté qui choque notre délicatesse : il tutoie sa maîtresse ; il lui fait des reproches où il y a plus de grossièreté que de passion. […] Il faut convenir que Pierre Messier n’était pas un nom brillant et digne d’un héros de théâtre ; il prit celui de Bellerose, nom galant et fleuri, sous lequel il se signala par le talent d’exprimer la tendresse, et par des grâces qui approchaient de la fatuité. […] Mais s’il eût voulu parler de la pièce de Calderon, ne se fût-il pas exprimé plus clairement ?
Exprimer ses idées ou ses émotions par des personnages de roman lui eût paru un détour artificiel et peu loyal. […] Henry Bordeaux n’est allé plus loin, ne s’est exprimé sur son compte avec cette autorité, sévère et juste. […] Tulliver expriment l’Angleterre. […] Bien qu’ils fussent alors très jeunes l’un et l’autre, ils paraissent avoir écrit ces voyages pour liquider un passé plutôt que pour exprimer leur présent ou pour s’orienter vers un avenir. […] Tout plaisir exprimé littérairement devient plaisir de style, et sa lumière propre s’efface dans cette lumière, comme la clarté des étoiles dans celle du jour.
Maintenant, si nous passons aux vers, il est très vrai qu’ils expriment souvent les plus beaux sentiments du monde. […] J’ai déjà exprimé ailleurs cette idée que je développerai peut-être un jour. […] On chercherait vainement dans leurs œuvres une impression neuve, exprimée en un tour de phrase inventé. […] Nous trouverions cent exemples dans la langue de termes qui exprimaient autrefois des idées radicalement contraires à celles qu’ils expriment aujourd’hui. […] J’ai exprimé ces idées cent fois.
Le pêcheur Céphas ne s’exprimait probablement pas avec cette euphonie et cette finesse subtiles, mais ces qualités nous charment. […] Benda les félicite de n’en avoir exprimé que l’ordre privé, ne concernant aucunement l’État. […] Sur les bienfaits de l’Église au Moyen Âge, Taine s’exprime avec une faveur partiale qui a inspiré une critique remarquable de F. […] Charmante jeune fille en fleur, mais avec un cœur d’artichaut, si j’ose m’exprimer ainsi. […] Mais cela ne s’exprime exactement qu’en équations, et ne peut sans danger de fausse interprétation se concréter en langage courant.
J’irai plus loin : surmontant en moi certaines résistances intimes, j’adopterai temporairement le point de vue de ceux qui pensent comme Fosca, et je me rangerai à la lumineuse formule à laquelle au cours d’une discussion de cet ordre aboutissait Jean-Louis Vaudoyer : « Michel-Ange a une émotion d’un tel volume qu’elle ne peut s’exprimer par des pêches ». […] Mais si on s’aventurait à en déterminer les composantes, peut-être les trouverait-on dans l’alliance d’un « point de vue de Sirius » (mais qui chez Strachey ne va jamais jusqu’à s’exprimer) avec un goût d’entomologiste qui collige les variétés des humeurs. […] Je n’en fais pas grand cas ; Les Cenci m’ont coûté moins de mal qu’aucune autre œuvre d’égale étendue », Ainsi s’exprimait-il sur le compte du seul drame anglais moderne qui se puisse mettre en regard des drames élizabéthains. […] Il n’y a pas de parole dans aucune langue qui puisse exprimer les questions que je voudrais adresser à cet inconnu muet que je sens, et qui se taitcy ». […] — Une femme dont la tendresse trouvait pour s’exprimer des mots si simples, si touchants, la savoir menacée d’une révélation brutale et s’en tourmenter : c’était peut-être romanesque.
Oui, si par imaginer l’on entend exprimer des sentiments par des images. […] La leçon exprimée par le Verbe est impérative dans sa teneur et se réfère à une loi absolue ; la figure présentée aux sens, explicite dans sa signification, positive et réaliste dans son type, se réfère également à un absolu. […] Son but, ainsi que l’a exprimé Raphaël, était de faire les choses, non telles que les produit la nature, mais comme elle devrait et ne sait ni ne peut les produire. […] Leur individualité, s’ils en ont une, est toute arbitraire et personnelle à la pensée du poète ; elle n’est pas, si je puis m’exprimer ainsi, une individualité humaine. […] Une des idées les plus plaisantes qui y sont exprimées est que M.
Ce sera d’ailleurs une des gloires de Mme de Noailles que d’avoir exprimé au XXe siècle, entre Jaurès et Barrès, quelque chose de ce principe généreux de la poésie, de cette présence du courant lamartinien dans la vie politique française. […] S’il est parlé de poésie, une phrase est à citer, celle de Lautréamont qui avait bien quelque titre à s’exprimer sur la matière : la poésie doit être faite par tous, non par un u. […] L’histoire du paradis perdu… Ainsi, s’exprime la nostalgie de ce possible que la peur a, peu à peu, métamorphosé en impossible. […] De ce rêve, fallait-il conclure, selon le psychanalyste, que la peur puérile des chiens exprimait déjà le complexe de castration ? […] n. m. automatisme pur, par lequel on se propose d’exprimer soit verbalement, soit par écrit, soit de toute autre façon, le fonctionnement réel de la pensée.
Je me rappelle que lorsqu’il revint de Rome avec l’abbé de Lamennais, étant allé leur faire visite dans la maison de la rue de Vaugirard où ils étaient logés, je vis d’abord, dans une chambre du rez-de-chaussée, M. de Lamennais qui s’exprimait sur ce qui s’était passé à Rome et sur le pape avec un laisser-aller qui m’étonna, puisqu’il venait de se soumettre ostensiblement ; il parlait du pape comme d’un de ces hommes qui sont destinés à amener les grands remèdes désespérés. […] Le temps me manque pour développer ce qu’on appelle des considérations, et je ne pourrai que vous exprimer en bien peu de mots mon approbation pour votre consciencieux travail et y joindre quelques remarques de détail sur deux ou trois points.
Seulement, dans le dernier de ses rapports, daté de 1816, ayant à parler du concours pour l’Éloge de Montesquieu, le Nestor de l’Académie s’animait, l’octogénaire sentait son cœur s’échauffer en songeant qu’il lui avait été donné d’être admis, bien jeune, dans la société de l’illustre écrivain, et il le définissait avec autorité et délicatesse en quelques mots mesurés et choisis qui expriment eux-mêmes la parfaite urbanité littéraire177. […] Ces procès-verbaux, si parfaits et souvent plus beaux que nature, dans lesquels chaque membre s’exprime si bien, feront un jour le désespoir des érudits qui voudront retrouver le nom des acteurs et orateurs.
Tantôt sa main passait et se posait sur les paupières, comme pour plus de ressemblance avec ces grands aveugles qu’il a peints, et dont la face exprime le repos dans le génie : il dérobait quelque pleur involontaire. […] En lisant l’Essai, on y voit quelles connaissances nombreuses, indigestes, avait su amasser le jeune émigré ; quelle curiosité érudite et historique le poussait à la fois sur tous les sujets qu’il a repris dans la suite ; quelle préoccupation littéraire était la sienne ; quel souci de style, et d’exprimer avec saillie, avec éclat, tout ce qui en sens divers était éloquemment exprimable ; quel respect empressé pour tout ce qui avait nom d’homme de lettres, pour Flins, par exemple, qu’il cite entre Simonide et Sanchoniaton.
Boileau, comme moraliste et comme critique, avait exprimé bien des vérités en vers avec une certaine perfection. […] Quoique ce soit l’homme et la société qu’il exprime surtout, le pittoresque, chez La Bruyère, s’applique déjà aux choses de la nature plus qu’il n’était ordinaire de son temps.
LXVII « À propos de la mort de son père, Chateaubriand exprime la même idée que j’ai exprimée sur l’immortalité que la mort grave sur nos traits comme l’empreinte d’une grande vision.
que des conceptions si audacieuses ne s’empruntent pas, et qu’il n’appartient de les exprimer parfaitement qu’à celui qui les invente. […] et peu s’en faut qu’on ne nous demande pour plus de fidélité, que chaque personnage parle sur la scène son langage le plus familier et jusqu’à l’idiome de son pays, bien que pourtant les Grecs, les Romains, les Français s’expriment encore en anglais sur les théâtres de Londres, en allemand sur ceux de Vienne et de Berlin.
Racine conçoit toutes les émotions, tous les états passifs comme mobiles, et principes d’activité ; il les exprime justement sous l’aspect où leur force d’impulsion ou d’inhibition se découvre le plus fortement : l’objet est toujours une résolution à prendre, qui est prise, rejetée, reprise, autant de fois que s’exercent l’impulsion ou l’inhibition, jusqu’à ce qu’une secousse plus forte amène l’action définitive. […] Des mouvements de passion s’expriment avec une naïveté qu’on a trouvée presque comique : comme l’amour de Pyrrhus, au moment où il a juré de ne plus penser à Andromaque.
Des sermons de Massillon même, il tirait des troubles et des plaisirs sensuels ; d’un amalgame de souvenirs littéraires et de visages entrevus, il forma son idée de la femme, un « fantôme d’amour » qu’il devait exprimer dans tous ses livres, chercher en toutes ses amies. […] Il produit des émotions et des images, non des idées : et il ordonne, il exprime ces émotions et ces images, non pas selon la loi du vrai, mais selon la loi du beau.
Quel chanteur d’opéra pouvait exprimer cela ? […] Et Richard Wagner, le génie mâle, a, dans cette œuvre féminine, exprimé ces sentiments si universels, — et son propre désespoir, et son « doute de lui-même », qui faisaient qu’à ce moment il approchait du niveau commun de l’humanité, — dans une musique si humaine, si mélodieuse !
On s’étonne qu’avec si peu d’efforts l’historien exprime tant de choses, et l’on applique ici ces mots de La Fontaine parlant des maîtres de l’antiquité : « La simplicité est magnifique chez ces grands hommes. » Voilà le sujet qui a tenté l’auteur de Salammbô, et savez-vous ce qu’il a prétendu en faire ? […] Goethe s’exprimait ainsi le 27 juin 1831, dans un entretien avec Eckermann.
L’idée de jaune s’exprime en français par bouton d’or, jaunet, bassin d’or, fleur au beurre, idées que l’on retrouve dans le suédois et le danois, smorblomster (smœr, beurre), dans l’allemand dialectal, botterblum (fleur de beurre), dans l’anglais, butter-rose, golden cup, horse-gold : cette dernière image, qui appelle les fleurs de la renoncule l’or du cheval, est particulièrement curieuse. […] Louis Denise avait déjà exprimé le même regret.
Moïse, Homère, Platon, Virgile, Horace ne sont au-dessus des autres écrivains que par leurs expressions et par leurs images : il faut exprimer le vrai pour écrire naturellement, fortement, délicatement. » Il disait encore :« Amas d’épithètes, mauvaises louanges ; ce sont les faits qui louent et la manière de les raconter. […] Il est vrai de dire que ce danger est assez rare. — « Il y en a beaucoup que le trop d’esprit gâte, qui voient mal les choses à force de lumière, et qui même seraient bien fâchés d’être de l’avis des autres pour avoir la gloire de décider. » Ces gens-là, si l’opinion publique s’exprime avant qu’ils n’aient parlé, s’écrient à l’attentat !
La substance des différens écrits dont nous venons de parler, a été exprimée dans le Dictionnaire historique des Auteurs ecclésiastiques, renfermant la vie des Peres & des Docteurs de l’Eglise ; des meilleurs interprêtes de l’Ecriture Sainte, Juifs & Chrétiens ; des Théologiens scholastiques, moraux, mystiques, polémiques, hétérodoxes même qui ont écrit sur des matieres non controversées ; des Canonistes & des Commentateurs des Décrétales & du corps du Droit canonique, des Historiens, Bibliographes, Biographes & Agiographes ecclésiastiques ; des Orateurs sacrés ; des Liturgistes & généralement de tous les auteurs qui ont écrit sur les matieres ecclésiastiques ; avec le catalogue de leurs principaux ouvrages ; le sommaire de ce qu’on trouve de remarquable dans ceux des Peres, pour former la chaine de la tradition ; le jugement des critiques sur la personne, le caractère, la doctrine, la méthode & le style des différens Auteurs ecclésiastiques ; & l’indication des meilleures éditions de leurs ouvrages : le tout suivi d’une table chronologique pour l’histoire de l’Eglise depuis J. […] Il exprime les différens caractères par des traits fermes, énergiques & précis qui peignent l’ame même ; ses descriptions vives & animées entraînent le lecteur.
Encore peut-on se demander si l’insuffisance pratique de cette dernière ne doit pas aller en diminuant, à mesure que les lois qu’elle établit exprimeront de plus en plus complètement la réalité individuelle. […] C’est ce que les anciens philosophes exprimaient en disant qu’elle ne dérive pas de la nature des choses, qu’elle est le produit d’une sorte de contingence immanente aux organismes.
C’est dans Clymène que, parlant de lui car nous savons bien que, dans Clymène, Acanthe c’est La Fontaine il s’exprime ainsi : Sire, Acanthe est un homme inégal à tel point Que d’un moment à l’autre on ne le connaît point. […] La Fontaine a donc aimé les humbles, les petits, les souffrants, les opprimés, les écrasés, avec une véritable profondeur de sentiment, et ce sentiment il l’a exprimé d’une manière admirable bien souvent.
Quoiqu’il ait voulu, — nous dit-il, à la fin de son ouvrage, sentant bien où en est la faiblesse, — quoiqu’il ait voulu opposer « la dame cultivée (sic) de La Femme à la simple femme de L’Amour », et que par là il se soit placé dans des conditions de nuances inappréciables au gros des imaginations qui, d’ordinaire, les méprisent, il n’a pas su pourtant introduire entre ses deux livres les véritables différences qui font d’un même sujet deux œuvres distinctes, au moins par l’aperçu, par le détail, ou même par une manière inattendue de présenter la même pensée exprimée déjà. […] Personne n’a fait à ces idées, quand il les exprima pour la première fois, l’honneur de les traiter comme un système et de voir en elles autre chose que ce qu’il y avait, — c’est-à-dire les tableaux d’un Musée secret pour l’imagination, les tableaux plus ou moins corrupteurs d’un Albane meurtri ou d’un Corrège dépravé qui avait laissé tomber sa palette dans les plus impurs vermillons, mais qui y gardait, malgré tout, le divin rayon d’une chasteté profanée !
Si nous ne nous trompons, il a exprimé éloquemment de mélancoliques regrets sur la perte immense qu’a faite le parti anglo-catholique lorsque Newman, laissant là ses anciens amis, trop lents au gré de l’intelligente impatience de sa foi, dans leur progrès vers l’unité, remonta seul vers cette unité que l’Église romaine représente dans son inflexibilité, et se jeta aux pieds du Père des Fidèles. […] Son livre, qui tomberait des mains sans qu’on prît la peine de le ramasser, s’il ne s’agissait que de la personnalité de l’auteur, a cependant une certaine importance : — l’importance de l’opinion collective qu’il exprime.
C’est ce que Giordano Bruno exprimait en ces termes : « Un esprit se trouve dans toutes les choses, et il n’y a pas de corps si petit qui ne contienne en soi une parcelle de la substance divine, par laquelle il est animé. » Et Goethe lui-même : « L’essence éternelle se meut sans cesse en toutes choses13 ». […] Il a raison, mais il a également tort, si je puis m’exprimer ainsi.
C’est cela même qui est trop, qui exprime trop manifestement le mépris qu’on a des hommes et des peuples, et qui, sinon dans le présent, à coup sûr dans l’histoire, prend une importance et des proportions que d’abord on ne soupçonnait pas.
En lisant ce petit livre tout virginal et filial, le decor, le venustus, le simplex munditiis des Latins, reviennent à la pensée pour exprimer le sentiment qu’il inspire dans sa décence continue.
Ces trois rimes féminines qui se suivent permettent d’exprimer tour à tour ce qu’il y a de sémillant et de vif dans les allures du lutin, d’éblouissant dans ses nuances, et de frémissant dans son murmure.
Le morceau que nous reproduisons exprimait, si l’on veut bien y prendre garde, nos vœux et nos conseils à ce sujet presque autant que nos illusions.
Souvent on se laisse tromper par une apparence de brièveté ; et l’on prend pour brièveté ce qui n’est que longueur : ainsi l’on tâche de dire brièvement beaucoup de faits, au lieu de s’attacher à en réduire le nombre et à n’exprimer que les nécessaires.
Le poète a conçu et a voulu exprimer que, dans une âme mauvaise, un effort énergique de volonté, appuyé sur certains sentiments, la lassitude, la désillusion, le dégoût, pouvait engendrer la générosité.
Rod ses meilleures pages : par exemple celles où, par un ciel gris de novembre, serré en vain contre sa compagne, il sent « le je ne sais quoi d’étranger qui subsiste quand même en eux malgré la fusion de leurs vies (p. 48-49) », et celles encore où il exprime le navrement de tout souvenir, quel qu’il soit, et aussi ce sentiment singulier qu’on est plusieurs êtres successifs qui semblent indépendants les uns des autres, et que le « moi » coule comme l’eau d’un fleuve ou le sable d’une clepsydre… (P. 54-55.)
En lisant les appréciations de la critique sur son dernier drame, j’étais frappé de ce que beaucoup d’entre elles exprimaient ou supposaient de réserves, disaient ou ne disaient pas, en constatant, du reste, ce grand succès, le plus grand de ses vingt-cinq dernières années.
Près d’un siècle avant lui, Lucrèce avait exprimé d’une façon admirable l’inflexibilité du régime général de la nature.
Prenez mon joug sur vos épaules ; apprenez de moi que je suis doux et humble de cœur, et vous trouverez le repos de vos âmes ; car mon joug est doux, et mon fardeau léger 888. » Un grand danger résultait pour l’avenir de cette morale exaltée, exprimée dans un langage hyperbolique et d’une effrayante énergie.
Antipas cependant ne le gêna jamais, quoique Jésus s’exprimât quelquefois fort sévèrement sur son compte 905.
Les grâces parurent encore sous les empereurs, mais elles parurent seules, car la majesté des paroles se perdit avec la liberté. » L’auteur rapporte les paroles de Cassius à Brutus avant les ides de mars : « Ces paroles, madame, sont les dernières que prononça la république avant de rendre l’âme… C’était le caractère de l’esprit de Rome, citait la langue naturelle de la majesté. » L’auteur finit par des observations sur les monuments qui restent de la conversation et des mœurs privées des Romains ; il exprime ses regrets sur leur rareté.
I L’analyse de l’œuvre de Flaubert, dont on vient d’exprimer de la façon la plus succincte les conclusions, se résumé en une vue psychologique que l’on a précisée en ces termes : l’homme a la faculté de se concevoir autre qu’il n’est.
Mais dès que les mouvemens de leur coeur qui opere mécaniquement, viennent à s’exprimer par leur geste et par leur contenance, elles deviennent, pour ainsi dire, une pierre de touche qui donne à connoître distinctement si le mérite principal manque ou non dans l’ouvrage qu’on leur montre ou qu’on leur lit.
Il n’a pas porté bonheur à Tacite lui-même d’avoir exprimé son immortel mépris sur les hommes et les choses dont il fut le contemporain.
L’histoire d’une société, c’est-à-dire l’histoire des idées, des sentiments et des influences, qui font les mœurs et qui les changent, et, pour tout exprimer avec le seul mot qui convienne : l’histoire de l’Histoire !
Histoire écrite sans pénétration, sans pincement des faits pour en exprimer l’intime essence, sans clarté profonde et à l’aveuglette, par un tâtonneur qui a mis la main sur un carton et qui nous le vide, par pièces et morceaux, sur la tête !
Comme tous les hommes qui sont, du reste, plus des rhéteurs que des écrivains, Paradol ne se soucie point du mot nuancé qui exprime la vérité des choses, et il fausse celui qu’il emploie en croyant le rendre plus fort… L’écrivain sincèrement passionné s’y prend de tout autre manière, car il a la mesure de sa passion même, tandis que ceux-là qui travaillent à froid et n’ont rien, comme disait Diderot, sous la mamelle gauche, craignent de manquer leur coup, et le manquent de peur de le manquer.
Cette institution de Saint-Cyr, étudiée comme il nous la montre, exprime mieux la société de ce temps que toutes les autres institutions.
Félix Rocquain, qu’il n’a pas une opinion à lui franchement exprimée, pour son compte, à ses risques et périls, pendant toute la durée de son histoire, et que tout, même les moindres paroles qui ont un relief quelconque, il les restitue, entre guillemets, à qui les a dites, de peur d’en être soupçonné.
puis à de Champagny, dans ses Douze Césars, lorsque, pour être juste, il fallait peut-être remonter au prince de Ligne, qui, dans son adorable dictionnaire de ses grands hommes, se servit des formes de la langue moderne pour exprimer des choses antiques, avec le laisser-aller, le caprice et les familiarités d’un prince.
Placé entre son admiration, dix fois exprimée dans son livre, pour les hommes et les choses de ce temps, et son goût et sa position d’éditeur de Collé, M.
Les sentiments et les sensations de ses lettres, exprimés avec la magie d’une forme très personnelle, sont infiniment au-dessus des jugements qu’on y trouve, et puisque ces lettres sont une histoire littéraire du temps où leur auteur vivait, il faut se demander, pour avoir une idée de son coup d’œil, ce qu’il a vu dans le xixe siècle à mesure qu’il se déroulait devant lui.
Ses opinions sur le poème qu’il a traduit sont naturellement empreintes de cet enthousiasme nécessaire sans lequel nul homme, nul Sisyphe, n’aurait la force ni l’envie de rouler jusqu’au sommet de l’Himalaya cette pierre énorme d’une traduction d’un poème sanscrit ; mais cet enthousiasme ne peut pas beaucoup influer sur la Critique, qui prend les idées et les sentiments pour ce qu’ils valent, et non pour ce qu’ils ont coûté de peines à ceux qui les ont exprimés.
Médecine Tessier28 [Le Pays, 4 février 1856] I Les Études de médecine, dont M. le docteur Tessier a publié la première partie, sont, avant tout, un livre de discussion ardente, sous des formes sévères, une polémique corps à corps et mortelle contre des hommes célèbres et des doctrines malheureusement professées ; mais cette discussion est, en bien des points, si détaillée et si spéciale, le langage qui l’exprime est d’une propriété si technique et si profonde, qu’au premier abord elle semblait, par cela même, échapper à notre examen.
L’Allemagne, chez qui tout est possible dans le désordre du rêve ; l’Allemagne, ce pays de M. de Bismarck, qui ne rêve pas, lui, et qui doit avoir sur Schopenhauer une opinion que je voudrais lui entendre exprimer ; l’Allemagne, et même la Prusse, prennent au sérieux Schopenhauer.
Eunuque spirituel, même quand il semble posséder le plus de qualités cérébrales, ayant les vaines rages de l’eunuque, le nègre appartient-il à une de ces races déchues comme il en est plusieurs dans la grande famille humaine, et que la Bible, ce livre de toute vérité, a désignées comme devant servir les autres et porter les fardeaux à leur place, ainsi qu’elle s’exprime dans son style imagé et réel ?
Autran nous a fait le petit ménage de son esprit. « Quand, il y a dix-huit mois, dit-il, je publiai Les Poèmes de la mer, quelques-uns de mes bienveillants critiques exprimèrent le désir (oh !
L’auteur du Tigrane a dû vivre parmi les prêtres à quelque époque que ce soit de sa vie, car il en parle tous les langages comme s’il les avait appris, et il en exprime les faiblesses — plus ou moins honteuses — comme s’il les avait vues de ses propres yeux… Assurément, il a le mépris intelligent du clergé français assez médiocre dans sa masse flottante, ne croyant, là comme ailleurs, qu’à l’individualité et qu’à l’exception ; mais pourtant il ne hait point le prêtre comme un autre observateur et un autre artiste, Stendhal, qui fut aussi toute sa vie magnétisé par le sublime type du prêtre, la seule grande poésie, avec le soldat, qui soit restée à notre misérable temps.
Catulle Mendès est tellement poète, de sensibilité et de résonance, que je ne crois pas en lui à un matérialisme qu’à ma connaissance il n’a point, d’ailleurs, dans ses livres, positivement exprimé.
Janin, qui entre aujourd’hui, et triomphalement, dans la peau de Diderot, — et laissons cette expression trop matérielle pour ce qu’elle veut exprimer, mais disons : dans l’individualité d’un talent énorme qu’il s’agit de s’assimiler, — M.
Cependant, il faut bien l’avouer, comme ce dix-neuvième siècle-là est dans l’autre, — dans le sérieux, l’honnête, l’élevé, — nous n’avons pas le bégueulisme de l’interdire au romancier qui veut l’aborder et le peindre : la règle, pour nous, de toute poétique, de toute observation, de toute étude et même de toute langue, étant que tout ce qui est doit être exprimé, MM. de Goncourt pouvaient donc préférer à l’autre ce dix-neuvième siècle.
Si vous joignez de plus à cela l’horripilation impudique que causent, à ces sensitives du mariage des prêtres, le dogme de l’immaculée Conception et la haine profonde pour le Marianisme, — cette affreuse religion entrevue par Michelet, — qui remplacerait prochainement le Christianisme si nous n’avions pas pour le sauver des docteurs comme des Julio de la Clavière et des abbés Trois-Étoiles, vous aurez à peu près tout ce qu’il y a de vues et de choses nouvelles dans ce Maudit, que j’appelle plutôt le mal dit ; car il est impossible de plus mal dire, il est impossible de plus manquer que ce livre du talent qui sait exprimer même des sottises, et qui parfois les fait passer !
Le texte de l’orateur semblait être une prédiction de l’événement, et il exprimait le triste spectacle qu’on avait sous les yeux, du père, de la mère et de l’enfant, frappés et ensevelis tous trois ensemble74.
Le vrai penseur écrit en ne songeant qu’à son idée, seul avec elle, les yeux sur elle, entêté seulement à la saisir, à la maîtriser et à l’exprimer au plus juste. […] « C’est cette pensée qui est fort naïvement exprimée par le chevalier Kent. […] Les pensées que tu exprimes là sont les plus vitales de toutes mes pensées. […] Son mot anarchie qu’il a lancé, puis retiré, ou confirmé en l’expliquant d’une manière qui équivalait à le retirer tout en s’en applaudissant, comme il a fait à peu près de tous ses mots à effet, exprime bien la tendance dernière de son esprit. […] Il aimait à la voir vivre, penser, sentir, exprimer son rêve.
Du moins la tendresse vraie, l’émotion sincère, la passion en un mot, l’exprimaient-ils parfois ? […] Misérable confusion entre les choses du cœur qui appartiennent à tous, et la rare faculté de les exprimer idéalisées par l’imagination ! […] Il embellit ou enlaidit, il élève ou abaisse ; il n’exprime jamais, tels qu’ils sont, les êtres ou les choses. […] Henri Laujol, mon ami, mais un ami juste, s’exprime ainsi : « Ce n’est certes pas une des pages les meilleures qu’ait écrites M. […] Je dirai un court poème où j’ai exprimé de mon mieux ce regret du passé divin.
Quelquefois la meute de M…, plantureusement nourrie, exprime sa satisfaction par des interjections qui sont parfaitement accueillies, chez ses convives, par un amphitryon arabe, mais qui blessent nos mœurs. […] Carré qui passe sa vie à l’attendre, s’informe à propos de lui chez son portier, c’est en ces termes qu’il s’exprime : Mon ami Michel Carré Est-il dehors ou rentré ? […] Meyerbeer qui exprime tout le naïf orgueil du génie : À l’une des répétitions de l’Étoile du Nord, l’illustre maître aperçut un pompier de service qui donnait de bruyants témoignages de son admiration. […] Ce vœu n’est pas plus tôt exprimé, qu’un sixain de cartes se trouve comme par miracle éparpillé sur la table. — La partie s’engage avec une fureur douce. — Nadar a la veine : dans un moment, il a cinq mille francs devant lui ; — le ponte est intimidé ; — *** se consulte et ne tient pas le coup, dans la crainte d’un refait. […] Son grand geste sculptural, ses fières allures, ses hautaines attitudes, cet organe sonore, plein, l’un des plus magnifiques instruments qui eussent depuis longtemps exprimé la passion, firent dissonnance avec les petites phrases, alternées de petits couplets, de ce petit drame. — L’actrice n’eut qu’un succès d’estime.
Exprimer l’étroitesse, la dureté imbécile, la dirimante opiniâtreté et la sécheresse hautaine de ce bétail serait une triste besogne déjà faite par les ennemis déclarés de l’Église pour laquelle ils prennent une progéniture bâtarde qui la déshonore. […] Paul Bourget, un jeune poète d’un esprit plus gracieux que profond, l’exprime fort bien dans la préface qu’il a eu l’honneur d’écrire en tête des Memoranda. […] Eugène Grasset et de l’exprimer plus étonnamment. […] Le langage si profondément symbolique de la Bible offre beaucoup d’exemples de cette figure de l’ébriété matérielle par laquelle les Écrivains inspirés expriment, comme ils peuvent, le délire surnaturel de l’amour divin. […] Isolant une phrase, ils m’ont accusé d’exprimer avec cynisme ce monstrueux désir.
La peine que vous exprimez, je l’ai souvent, oh ! […] Comment vous exprimer tout cela ? […] Il faudrait un mot spécial pour exprimer cela. […] La femme belle exprime aussi bien une face du but divin que la femme vertueuse. […] Peu à peu, comme il faut toujours que l’auteur charge un de ses personnages d’exprimer ses propres idées, c’est M.
Nous sommes des critiques, c’est-à-dire des hommes qui reçoivent une impression, qui l’analysent et qui l’expriment. […] Ses antécédents, si je puis m’exprimer ainsi, l’ont excellemment servi. […] Il n’est histoire littéraire où il ne soit nommé en son lieu ; mais, à l’ordinaire, on n’en a pas lu une ligne, et l’on ne cite son nom que pour exprimer à son endroit cette répulsion accompagnée de scandale qui est un hommage délicat que les critiques aiment à se rendre à eux-mêmes. […] » voilà le fond de leurs ressources pour exprimer leurs pensées ; voilà presque tout leur langage. […] Toutes les passions que j’exprimais se gravaient alternativement sur ses traits émus et attendris.
Elle rendit, si l’on peut parler ainsi, de grandes idées avant que la parole sût les exprimer. […] C’était l’avis que Cicéron avait exprimé avec plus d’art. […] Le nom en resta dans la langue latine, pour exprimer des récits enjoués et libres. […] On sent dans cette pièce que le poète aveugle et malheureux se met involontairement à la place de son héros, et souffre de toutes les douleurs qu’il exprime. […] Le sage Rollin, sur cette version incomplète, mais élégante, conçut pour le poète anglais une admiration qu’il a exprimée dans le Traité des Études.
Il ne manque guère d’exprimer son admiration et son culte pour l’âge précédent. […] — Je n’ai pas dit qu’elle fût belle, je dis que c’en est une, et que ce livre l’exprime fort bien, d’où je conclus qu’il est bien fait. […] C’étaient feuilles volantes, sorte de journal intermittent où il prétendait exprimer, au hasard des circonstances, ses idées sur toutes choses. […] A le lire sans parti pris ni pour ni contre lui, et même avec la complaisance qu’il mérite, on reconnaîtra qu’il ne nous donne sur ces sujets, faiblement exprimées, que les idées courantes, et qui couraient depuis bien longtemps. […] Marivaux est donc contre les anciens ; mais rien ne montre mieux son impuissance à exprimer une idée, c’est-à-dire à en avoir une, que la manière dont il plaide sa cause.
Le doute spirituellement exprimé par M. […] Sur un désir qu’exprime sa maîtresse, Mme de Calvimont, Daniel de Cosnac, gentilhomme de la chambre, futur évêque de Valence, appelle au château la troupe de Molière. […] Des historiens de la littérature, même scrupuleux, et qui peut-être n’hésiteraient point, s’il fallait non pas donner des rangs, mais exprimer une préférence, à mettre la perfection soutenue de Racine au-dessus du sublime intermittent de Corneille, n’en font pas moins de Corneille le légitime ancêtre de Racine. […] Lebrun Pindare lui-même, cet amant superstitieux de la forme, l’un des premiers qui aient cru que les mots et leur arrangement pouvaient avoir une valeur et des beautés indépendantes de la pensée qu’ils servent à exprimer, n’est pas aussi loin de nous qu’on le croirait d’abord. […] Il l’a dit : mais il faut qu’alors je me sois mal exprimé.
Le jeune homme a exprimé en vers ce qu’il ne sent pas encore ; et quand le sentiment naîtra vraiment en lui, sa première pensée sera de le mettre en vers. […] Peut-être même l’idée de cet ouvrage ne lui était-elle pas alors entièrement nouvelle ; plusieurs sonnets relatifs au même sujet se rencontrent dans un recueil de poésies publié en 1596 sous le nom de Shakespeare, et dont le titre (The passionate Pilgrim) exprime la situation d’un homme errant, dans l’affliction, loin de son pays natal. […] Mais s’agit-il d’exprimer la pitié, la tendresse, l’abandon de l’amour, l’égarement des terreurs maternelles, les fermes et profondes douleurs d’une amitié virile ? […] Dans un temps où l’esprit, comme tourmenté de son inexpérience et de sa jeunesse, essayait de toutes les formes, excepté de la simplicité, près d’une cour où l’euphuisme, langage à la mode, avait porté jusque dans la conversation familière les plus bizarres travestissements de personnes et d’idées, il se peut que, pour exprimer des sentiments réels, le poëte ait pris quelquefois, dans ces compositions légères, un rôle et un langage de convention. On sait, par un pamphlet publié en 1598, que les doux sonnets de Shakespeare, déjà célèbres bien qu’il ne fussent pas encore imprimés, faisaient le charme de ses sociétés particulières ; et si l’on remarque que le trait qui les termine est presque toujours répété et retourné dans plusieurs sonnets de suite, on sera bien tenté de les considérer comme de simples amusements d’un esprit que séduisait toujours l’occasion d’exprimer une idée ingénieuse.
« Ordinairement la littérature et le théâtre s’emparaient des grands événements historiques pour les célébrer, pour les exprimer ; ici c’est l’histoire qui s’est mise à imiter la littérature.
Dès que les sentiments généreux, de quelque nature qu’ils soient, peuvent s’exprimer sans contrainte, l’éloquence, ce talent qu’il semble si facile d’étouffer, puisqu’il est si rare d’y atteindre, renaît, grandit, se développe et s’empare de tous les sujets importants.
Il faut dans la comédie que celui qui se joue lui-même paraisse manquer de jugement… le poète doit exprimer son idéal en l’alliant à des grimaces de singe et à un langage de perroquet… Il doit savoir écrire sa propre écriture à rebours.
Comme après tout il est impossible de vider les mots de toute qualité sensible, comme ils restent sons, et recèlent toujours quelque possibilité d’image, de grands poètes, de grands artistes sauront organiser ce langage intellectuel selon la loi de la beauté, ils en exprimeront des formes esthétiques ; mais il en est d’autres, et non les moins grands, qui refuseront de souscrire aux arrêts de l’Académie, et qui, pour épancher leur riche imagination, iront rechercher les éléments d’un plus copieux et substantiel langage.
Mais un honnête homme, une honnête femme qui ont des échéances et qui souffrent cœur à cœur, cela existe aussi, et, dût le tirage être moins flatteur, cela mérite d’être étudié, ressenti, et exprimé par un artiste.
La /orme de Souvenirs m’a paru commode pour exprimer certaines nuances de pensée, que mes autres écrits ne rendaient pas.
Eugène Réal, qu’ils chargent plus particulièrement d’exprimer leurs opinions, est un pauvre garçon flottant : tantôt il condamne la guerre, « vaste et criminel assassinat » ; tantôt il s’affirme qu’il fait, en assassinant, « son devoir de soldat, de Français ».
Voici donc comment Homère s’est exprimé : la Discorde, faible d’abord, s’élève et va appuyer sa tête contre le ciel, et marche sur la terre.
Ils expriment bien la même chose que les autres airs, mais c’est dans un goût particulier et conforme à ce caractere, que j’appellerois, si je l’osois, un caractere personnel.
Il n’a jamais assez de fortes paroles pour les exprimer.
Seulement, le philosophe exprimait par là son cynisme et ne soutenait pas que de telles loques fussent de la pourpre.
» Certainement, on comprend cet éloquent regret, que Nodier aurait probablement exprimé d’une autre manière.
La vérité historique, cette chose vivante, n’est point la vérité de l’exactitude, cette chose morte ; et peut-être se dégage-t-elle plus encore de l’ensemble fortement exprimé des choses que du soin apporté à la description des détails.
… Xavier Eyma, qui a vécu en Amérique et de l’Amérique, car toute sa littérature est américaine, Xavier Eyma, qui a été un romancier américain avant d’être un historien américain, est certainement de sentiments, de volonté, de goût, d’admiration hautement et incessamment exprimée dans ce livre même, un apologiste très renseigné et très convaincu des choses et des hommes de l’Amérique.
Ce livre, qui joue la pensée et qui met des idées générales sous des noms propres, est divisé en quatre parties : le Pape, l’Antipape, l’Empereur et le Citoyen, correspondant à quatre hommes célèbres qui les expriment : de Maistre, Lamennais, Béranger et Lamartine.
Nous avions déjà, dans la littérature, des lettres d’amour célèbres et d’un intérêt irrésistible, de cela seul qu’elles sont des lettres d’amour ; mais, j’ose le dire, pas un seul de ces recueils de lettres n’a la valeur de celui-ci… Au siècle dernier, on eut les lettres de Rousseau, de Mirabeau, de Mademoiselle de l’Espinasse, mais Rousseau et Mirabeau tachent d’une sensualité, quelquefois grossière, l’amour qu’ils expriment ; Mirabeau surtout, ce porc à longue crinière qu’on prit trop facilement pour un lion, et qui avait roulé son âme dans la fange de toutes les impuretés de son siècle !
Toute sa vie, cet homme, qui n’avait que des opinions et qui eut très peu de métaphores pour les exprimer (dans cette correspondance de deux volumes je n’en ai compté qu’une seule, c’est quand, après l’insurrection Indienne, il compare l’Angleterre à un gros homard qui a perdu son écaille), toute sa vie, cet écrivain, qui trouva hardie l’expression, pour dire la république, « d’une servitude agitée », eut la prétention d’être la passion en personne, — un dévorant, un dévoré par elle, et peut-être crut-il en être un.
III Ces lettres inouïes d’ardeur et d’analyse, expriment, en effet, une passion à travers laquelle on voit mieux Madame Récamier que dans tout ce qu’on a jamais raconté d’elle.
Malgré ce vaillant effort de la biographie contre la critique, il n’en demeure pas moins certain que les qualités élémentaires en littérature et les plus indispensables à tout homme qui écrit — fantaisiste ou non — manquaient à Hoffmann, et c’est de là, sans aucun doute, que vient le mépris exprimé si nettement par Walter Scott sur l’inventeur des Contes fantastiques, à l’époque où ce dernier jouissait de sa plus grande popularité.
Nous n’avons voulu que soulever un coin de ce masque, sous lequel se cache un génie virginal de pureté et de tendresse au milieu des terribles passions qu’il exprime, comme sous les affectations de dandy il y avait en Byron le plus magnanime des enfants de la nature.
Mais on se dit, malgré la crainte que j’exprimais au commencement de ce chapitre, qu’il n’y a pas plus de fatalité pour l’esprit que pour le cœur, et que l’homme est son maître, tout en se donnant et même après s’être donné un maître !
Ainsi, quand il dégage (page 54, 2e vol.) le rapport saisissant de la règle de saint Benoît et de la Féodalité qui va naître, il est frappant, mais il exprime, de son aveu, une idée du P.
Matter exprime sur Swedenborg une idée vraie, pleine de hardiesse, de profondeur et de nouveauté.
Dans un pays et dans un temps où, depuis deux siècles, nul grand système n’a eu la force de se produire, et où ce qui reste de mouvement philosophique ne s’exprime plus que par de chétives monographies ou par des histoires de la Philosophie qui sont des signes de mort, car ces histoires sont les cimetières des philosophies et on n’enterre pas les vivants, les grandes polémiques ne peuvent plus exister.
En psalmodiant David ou en méditant Jérémie, sous ces vitraux devenus obscurs, au déclin de complies où l’Esprit de Ténèbres — dit le Psaume — rôde de plus près autour de nous, Bossuet s’assimilait par l’intelligence une tristesse qui ne devait jamais atteindre la sérénité de son âme, et qu’il devait pourtant exprimer !
Je n’ai pas peur de la réalité et je ne force pas le mot qui l’exprime.
Ce n’est pas là pourtant un malheur que l’homme, créature périssable, puisse facilement comprendre ; mais Gères l’a compris et l’a exprimé.
Et son nom, et les circonstances, et son sexe, et le charme navrant de quelques vers heureux, quand il s’agit d’exprimer la fatalité de l’amour, n’ont-ils pas fait illusion même à la Critique, même à ceux que rien ne devrait égarer ?
Seulement, lui, c’est le Gaulois par excellence, et comme il est, de tous les écrivains, celui qui a le mieux exprimé poétiquement le génie de cette race que l’Histoire a symbolisée sous le nom de Jacques Bonhomme, on lui a taillé, de reconnaissance, son titre littéraire dans ce nom.
Tout titre doit faire rayonner l’idée du livre qu’il exprime, à moins que, comme Clarisse et tant d’autres chefs-d’œuvre, qui n’ont pour titre que le nom d’un personnage, il n’introduise dans la grande famille de l’observation humaine des types qu’on invoquera toujours.
La pensée d’un livre, l’idée qu’il exprime, la notion de vérité qu’il laisse dans l’esprit, une fois l’émotion apaisée, toutes ces choses, les réalistes en font peu de cas.
Mais je ne saurais m’empêcher d’exprimer un regret. […] exprime une sensation de chaud si on la prononce rapidement, et de froid si on la prononce lentement (à moins, cependant, que ce ne soit le contraire !). […] Je sais quelqu’un, un ancien officier, qui l’a conçu et exprimé comme M. […] C’est à ce besoin, plus senti encore qu’exprimé, que vient répondre le livre de M. […] Quand on parle du corps social, on ne fait point une métaphore : on exprime en termes précis une chose réelle.
Monsieur, Voulez-vous permettre à un jeune Français de vous exprimer tout le plaisir que lui a causé Outamaro, mieux placé que tout autre pour le comprendre puisque je suis au milieu des Japonais… J’avais quinze ans quand j’ai lu Sœur Philomène et j’ai voulu être interne, et je suis médecin… La Maison d’un Artiste m’a fait venir au Japon. […] un symbole de là-bas pour exprimer le payement des péchés. […] Un renard fuyant dans une fuite où est exprimé le détalement sournois de la bête avec l’inquiétude du regard. […] Or, cette impression en couleur est faite pour le Jour de l’An de l’année qui a suivi celle où l’on verra que Hokousaï est parvenu à arrêter les fredaines de son petit-fils et à le marier, et dans ce mot à double sens il exprimerait la joie que lui a causée l’entrée dans la maison de la « jeune mariée » de son petit-fils. […] Il y a plusieurs portes où je dois exprimer mes souhaits du Jour de l’An, donc je reviendrai un autre jour, et au revoir, au revoir… Mais, en attendant, pour ce qui regarde les dessins à graver, adressez-vous pour les détails à Yégawa, toutefois vous trouverez plus loin une recommandation pour les autres graveurs.
Darwin, parlant des premières observations qui le conduisirent à sa théorie, s’exprime ainsi : « Dans l’Amérique du Sud, trois classes de phénomènes firent sur moi une vive impression… Je n’oublierai jamais la surprise que j’éprouvai en déterrant un débris de tatou gigantesque analogue au tatou vivant12. » De même M. […] Cette idée abstraite, dans un esprit tourné vers le concret, se traduit souvent ; elle évoque des images plus vives qui sont comme un symbole de l’œuvre future, qui en expriment l’ensemble par des analogies assez spéciales. […] La combinaison du tout dans un ordre logique et conforme aux règles de la versification et de la syntaxe française qui façonnent la pensée cherchant à s’exprimer détermine une évolution assez courte mais complète en la circonstance. […] Il l’exprime en généralisant les cas que j’ai cités tout à l’heure, où l’on trouve des idées en « pensant à côté » et il l’exprime aussi en faisant le principe de l’invention du hasard qu’il considère comme « le conflit de la causalité externe et de la finalité interne69 ». […] Les rapports des éléments de l’esprit montrent parfois de l’incohérence, et le mot hasard exprime aussi bien les rencontres de certaines idées appartenant à des séries différentes que leur choc avec le monde extérieur.
Il appartient au temps où la statuaire n’exprimait que des types surhumains et des pensées éternelles. […] Triptolème exprime l’éducation de l’homme primitif initié aux rites de l’agriculture. […] Sa tête, tournée vers Cérès, exprime une attention religieuse. […] Le marbre et l’homme, la végétation et la pensée expriment inégalement sa grandeur. […] Sa grosse tête obscure et ridée comme l’argile que fend sa charrue, n’exprime qu’une résignation somnolente.
Et qu’on n’allègue pas le caractère exceptionnel des idées qu’ils expriment ! […] Or, ils étaient parvenus, prétendent-ils, à une telle communion que des phrases presque semblables surgissaient parfois naturellement sous leurs plumes pour rendre l’anecdote, la dissertation philosophique, la description de paysage ou le tableau de mœurs qu’ils s’étaient donné pour tâche d’exprimer ; une seule inspiration les conduisait tous les deux en même temps. […] Un groupe circonscrit d’idées, profondes il est vrai, mais toujours identiques à elles-mêmes, reviennent toujours exprimées avec une netteté parfaite, et sans qu’il nous ait été accordé d’assister à leur genèse. […] Si l’auteur de Germinal a voulu exprimer que tout écrivain, tout peintre, tout sculpteur, doit se soucier de donner à ceux qui le lisent ou qui le regardent l’impression de l’exacte vérité ; s’il estime et s’il affirme que le succès est proportionnel au résultat acquis en ce sens, l’axiome, sauf exceptions rares, renferme une telle évidence que nul esprit sensé ne songera jamais à le révoquer en doute. […] L’outil dont parle l’auteur des Odes funambulesques, forgé et employé par de puissants cerveaux, a pu admirablement convenir en certaines circonstances, à certaines natures et pour exprimer certaines idées ; il était condamné du moment que l’on prétendait en universaliser l’application.
L’extrait mortuaire nous apprend, qu’en exécution du vœu qu’il exprimait, on l’enterra dans le cimetière sacerdotal de l’église de Vallfogona. […] Est Français quiconque est né sur le sol de France, parle une langue née sur le sol français, exprime des idées françaises, et à ce point de vue, Mistral est au moins aussi Français que M. […] Ces quatre statues descendant de leur piédestal pour aller saluer la guillotine, cela n’était point banal : ce qui l’est, c’est l’opinion exprimée par le poète que l’échafaud de Louis XVI est l’œuvre de ses ancêtres. […] ” C’était aussi le sentiment d’Hortense, et elle s’exprimait avec sa nature expansive : “Oh ! […] Filon, espérer en l’avenir intellectuel des Iles Britanniques, quoique peut-être, de cette littérature maladive et en crise d’enfantement, je n’attende pas la guérison par la même médicamentation que lui, si je puis m’exprimer ainsi.
« Étienne Pétrovitch, dit-il enfin, je dois vous exprimer un désir dont vous serez bien surpris. […] — Je lui ai exprimé mes vœux, et elle m’a permis de vous en parler. […] les espérances exprimées dans cette lettre ne devaient jamais se réaliser. […] — Il me semble qu’on pourrait lui donner Tatiana. » À ces mots, Gabriel fut sur le point d’exprimer une idée, mais il se mordit les lèvres et garda le silence. […] Cet homme s’exprime avec éloquence.
Mais ce qu’il est impossible de rendre, c’est ce mouvement si varié des oiseaux de toute espèce, des troupeaux qui avançaient lentement d’une haie à l’autre, de ces nombreux chevaux qui bondissaient dans les pâturages ou au bord des eaux : ce sont surtout ces bruits confus des sonnettes des troupeaux, des aboiements des chiens, du cours des eaux et du vent, bruits mêlés, adoucis par la distance et qui, joignant leur effet à celui de tous ces mouvements, exprimaient une vie si étendue, si variée et si calme. […] Dans l’un et l’autre article33, il s’exprimait, sauf de légères réserves, sur le ton de l’admiration et de l’attrait. […] Thiers exprime plus formellement qu’il n’a fait nulle part ailleurs son idéal de style moderne, tel qu’il l’entend.
Quand il m’arrive d’exprimer ce que je sens, ce que j’exige de moi ou des autres, ce que je désire, ce que je pense, personne ne m’entend ; je n’intéresse personne. […] Dans ce tête-à-tête des matinées de Colombier, discutant et peut-être déjà doutant de tout, il en put venir, dès le premier pas, à ce grand principe de dérision qu’il exprimait ainsi : Qu’une vérité n’est complète que quand on y fait entrer le contraire 231. […] Tout ce qu’elle dit dans le premier entrain d’aveux à Émilie, ce que celle-ci apprend sur son oncle le grand-vicaire, sur son oncle le marquis, sur sa tante la marquise, fait ouvrir de grands yeux à l’orpheline, et nous exprime le dix-huitième siècle dans sa facile nudité.
Il descendit de cheval, prit de l’eau dans ses mains pour se rafraîchir le visage, et puis, apercevant une litière faite de branches d’arbres, sur laquelle gisait Lannes qu’on venait d’amputer, il courut à lui, le serra dans ses bras, lui exprima l’espérance de le conserver, et le trouva, quoique toujours héroïque, vivement affecté de se voir arrêté sitôt dans cette carrière de gloire. […] Lannes reçut avec une sorte de satisfaction convulsive les étreintes de son maître, et exprima sa douleur sans y mêler aucune parole amère. […] Thiers, tant doué par la nature sous le rapport de l’intelligence, de la justesse, de la délicatesse du coup d’œil, de l’aptitude à tout, de l’esprit, n’a pas été doué au même degré de la faculté d’exprimer, en écrivant, sa pensée ; ce qui est juste, c’est d’avouer que M.
Cette bonne ou mauvaise conduite est inspirée aux nations par leurs hommes d’État, pratiquée par leurs cabinets, exprimée par leurs diplomates, promulguée par leurs manifestes, leurs notes, leurs dépêches, portée dans les cours ou dans les congrès par leurs ambassadeurs. […] En matière de culte, de finances, d’éducation publique, d’administration départementale, de distribution géographique du territoire, M. de Talleyrand exprimait, par système, la majorité. […] XXVI Voici ces actes, exprimés en paroles dignes de leur grandeur : Les honneurs de la sépulture rendus à l’infortuné souverain pontife Pie VI, mort dans la captivité en France, et resté jusque-là sans sépulture royale ou pontificale à Valence : « Il est de la dignité de la nation française et conforme à son caractère de donner des marques de considération à un homme qui occupa un des premiers rangs sur la terre, des honneurs funèbres et un monument conforme au caractère du prince enseveli sans décrets. » Des envoyés dans toutes les cours où ils peuvent être reçus avec dignité sont nommés pour saisir et renouer les fils rompus des relations internationales : le général Bournonville à Berlin, M.
Bernard, Georges Malet, Charles Canivet, Émile Bergerat, Albert Cim et le vigoureux romancier Lucien Descaves ont raconté des anecdotes fort piquantes sur le désouci artistique de ces grands abatteurs de besogne et sur leur aptitude exceptionnelle à détailler quotidiennement des monceaux de copie, sans savoir la veille ce qu’ils auraient à exprimer le lendemain. […] Ainsi que nous l’avons exprimé ailleurs5, on ne connaît plus les dépenses gratuites d’idées. […] Pour que nous ayons une littérature nationale, il faut que par le rapprochement de nos classes trop divisées, trop éloignées les unes des autres, se reconstitue une nation qui ait une âme à exprimer.
Or, une fois admis le psychique dès le début de l’évolution, il n’y a plus qu’un pas à franchir pour lui donner la primauté, en disant que c’est le mental qui est l’intérieur véritable du processus, dont le mécanisme exprime la forme et les rapports extérieurs. […] En même temps cette mathématique universelle serait une mécanique universelle, où conséquemment les lois des idées se confondraient avec les lois des forces, mais elle n’exprimerait que les rapports nécessaires des choses sans en saisir le fond intuitif et vivant. […] Si j’imagine une femme à queue de poisson, comme la sirène, l’imagination est purement constructive ; si je me sers de cette représentation pour exprimer le caractère à la fois séduisant et bas de la volupté, l’imagination devient expressive.
Magnin s’exprimait de la sorte : « Quand M. […] Vitet toutefois, en félicitant l’auteur de l’article, put lui écrire avec une légère pointe d’ironie : « On voit que l’ami Ramée vous a exprimé la grappe jusqu’à la dernière goutte. » Est-ce à dire que M.
Mais celui qui a le mieux exprimé cette autre face du tableau, et qui a pris en main avec génie la cause du vrai et de la vie non convenue, dans la peinture des curés et des vicaires, c’est Crabbe. […] Le noble et cher talent, qui nous pardonnera cette remarque sincère, saura bien vite forcer de nouveau les habituels hommages. — Ainsi nous nous exprimions à la veille des Recueillements poétiques, qui ne répondirent pas à notre vœu, et qui amenèrent l’article suivant.)
« La période de découvertes dans les espaces terrestres, l’ouverture soudaine d’un continent inconnu, n’ont pas ajouté seulement à la connaissance du globe ; elles ont agrandi l’horizon du monde, ou, pour m’exprimer avec plus de précision, elles ont élargi les espaces visibles de la voûte céleste. […] « De même que l’homme a besoin d’exprimer ce qu’il sent pour le bien comprendre et pour se rendre compte de ses impressions, en les communiquant à ses semblables, de même mon âme, recueillie en soi-même, sent un foyer croissant de contemplation intérieure qui l’échauffe, l’embrase, l’incendie, et cherche à se répandre au dehors.
» Puisque tout est doute aujourd’hui dans l’âme de l’homme, les poètes qui expriment ce doute sont les vrais représentants de leur époque ; et ceux qui font de l’art uniquement pour faire de l’art sont comme des étrangers qui, venus on ne sait d’où, feraient entendre des instruments bizarres au milieu d’un peuple étonné, ou qui chanteraient dans une langue inconnue à des funérailles. […] Mais ce n’est pas là exprimer sa vie ; ce n’est là qu’une œuvre de mémoire, pour ainsi dire, et d’érudition.
Ils avaient, si on peut s’exprimer ainsi, leur diocèse ; on ignorait complètement, dans ces contrées séparées du reste de la chrétienté, le pouvoir de Rome et les institutions religieuses qui régnaient dans le monde latin, en particulier dans les villes galio-romaines de Rennes et de Nantes, situées tout près de là. […] Le vicaire évitait de sortir pour n’avoir pas à exprimer un doute qui l’obsédait.
Mais, dame, quand il s’agit de gens qui ne sont pas encore classés et nettement définis, il n’y a pas de sa faute s’il est un peu gauche et un peu lent à exprimer quelque chose qui ressemble de loin à un jugement presque personnel. […] Visitons au hasard deux de ces écrivains qui essaient, parmi d’autres tentatives, d’exprimer des opinions critiques ou quelque chose qui y ressemble : un juré honnête, Camille Mauclair ; un juré aussi canaille et cynique qu’un juge (ça se rencontre quelquefois) le petit Fernand Gregh.
Quelle délicatesse de touche il fallait pour exprimer ce cas rare, cette nuance indécise, une virginité malade de la corruption qu’elle respire, et qui languit et qui va mourir. […] René de Charzay, en exprime la philosophie.
On n’est point choqué de voir un homme ou une femme chanter seul et exprimer par le chant les mouvements de joie, de tendresse, de plaisir, de tristesse, dont son âme est atteinte. […] Alors la continuité du discours n’empêche pas qu’il n’y ait une sorte de dialogue, parce que l’action muette d’un des personnages a exprimé quelque chose d’important, et qu’elle a produit son effet sur celui qui parle ; comme : Zaïre, vous pleurez.
C’est qu’il n’a pas de conclusion, non-seulement exprimée, mais sentie, et qu’il ne s’adresse qu’aux honteux souvenirs, que nous avons tous, quand il devrait s’adresser, ce livre, encore plus à l’avilissement de nos idées qu’à l’avilissement de nos mœurs. […] Il est une règle dans l’observation du cœur humain et de l’art qui l’exprime ; il est une règle qu’il ne faut jamais perdre de vue.
Feydeau n’a pu s’approcher de l’institution catholique et l’étudier, sans en ressentir bientôt et sans en exprimer la grandeur.
Après l’avoir remercié de sa communication et de ses remarques à la fois si parfaitement exprimées et si bienveillantes : « Laissez-moi vous répondre, lui disais-je, quoique moins compétent que vous, — infiniment moins compétent, — mais en généralisant un peu le débat.
Ainsi, pour exprimer que trop souvent la pauvreté ôte à l’homme le sentiment de fierté et de dignité personnelle, Franklin disait : « Il est difficile à un sac vide de se tenir debout ; » ainsi, dans le Bonhomme Richard :« Un laboureur sur ses pieds est plus haut qu’un gentilhomme à genoux. » Comme Franklin, dont jeune il apprenait le métier à Péronne, dont plus vieux il renouvelle l’ermitage à Passy, Béranger a l’imagination du bon sens. — Un art ingénieux et délicat règne insensiblement dans la distribution du recueil, dans l’ordonnance et le mélange des matières, dans ces petits couplets personnels jetés comme des sonnets entre des pièces d’un autre ton, et surtout dans ce soin scrupuleux de faire revenir tous les noms des amis et anciens bienfaiteurs comme on ramène les noms des héros au dernier chant d’un poëme.
Ces dernières, venues année par année, automne par automne, comme les fruits d’un même arbre, expriment fidèlement par leur saveur et par leur éclat les phases, les accidents divers sous le soleil, les greffes plus ou moins heureuses, les variétés du tronc et des rameaux.
Veut-on savoir comment s’exprime sur sa propre personne l’agréable prélat, celui que madame Des Houlières appelait Damon, que Senecé appelait Acaste ?
Une comptabilité compliquée, force emprunts, de gros traitements, de lourds impôts, de perfides poursuites contre la presse sous prétexte de sédition, d’inhospitalières mesures contre les proscrits et les réfugiés de l’Europe, toutes les questions douteuses et indéterminées constamment résolues dans le sens d’un pouvoir central envahisseur ; tels étaient les points essentiels de ce programme monarchique, que l’intérêt populaire trouve partout à combattre, et que la République semblait avoir dérobé par avance à la quasi-légitimité, Voici une lettre de Jefferson, datée de 1796, et qui exprime trop exactement notre propre situation de 1833, pour que nous ne la transcrivions pas en entier : « L’aspect de notre pays est étonnamment changé depuis que vous nous avez quittés.
Subdivisez les phrases de ce style autant que vous le voudrez, les mots qui les composent se rejoindront d’eux-mêmes, accoutumés qu’ils sont à se trouver ensemble ; mais jamais un écrivain n’exprima le sentiment qu’il éprouvait, jamais il ne développa les pensées qui lui appartenaient réellement, sans porter dans son style ce caractère d’originalité qui seul attache et captive l’intérêt et l’imagination des lecteurs.
Il faut, pour le bonheur du genre humain, que les grands hommes chargés de sa destinée possèdent presque également un certain nombre de qualités très différentes ; un seul genre de supériorité ne suffit pas pour captiver les diverses classes d’opinions et d’estime ; un seul genre de supériorité ne personnifie point assez, si je puis m’exprimer ainsi, l’idée qu’on aime à se faire d’un homme célèbre.
Le public, qui ne jouit pas d’ailleurs d’une extrême liberté, aime à entendre réciter des sentiments généreux exprimés en beaux vers.
Quand on compare sa fable avec celle de Pilpay ou d’Esope qui lui sert de matière, on s’aperçoit qu’il ne fait pas un seul changement sans une raison, que cette raison et les autres se tiennent entre elles, et qu’elles dépendent d’un principe, sinon exprimé, du moins senti.
Il accorde les objets entre eux ; il sait quelles bêtes peuvent exprimer les hommes, quels dieux peuvent convenir aux bêtes, quel ton général doit assembler ces trois peintures en un seul tableau.
Plus universelle encore et plus absolue est la souveraineté qu’exerce l’esprit français par les formes sociales où il s’exprime.
Et cependant, à mesure que j’exprime ces vérités, banales elles-mêmes comme une chronique, je n’en suis plus si sûr.
Cela est surtout évident à l’origine de toutes les littératures ; sans remonter jusqu’à l’Iliade et l’Odyssée qui sont des actes de foi, chez nous, durant ce XVIIe siècle dont je vous parlais, tandis que les orateurs sacrés conduisaient à leurs suprêmes conséquences les principes enfermés dans les dogmes, exprimaient des plus abstraites spéculations religieuses une psychologie, une morale et une politique chrétiennes, les poètes, par une rétroaction de rêve, faisaient rayonner la Croix sur les Idoles et christianisaient les fables do l’Antiquité.
Il manque un peu de jansénisme, si j’ose déjà m’exprimer ainsi.
Toutes les lois sont donc tirées de l’expérience ; mais pour les énoncer, il faut une langue spéciale ; le langage ordinaire est trop pauvre, il est d’ailleurs trop vague, pour exprimer des rapports si délicats, si riches et si précis.
Mais c’était un naturalisme profond et moral, un embrassement amoureux de la nature par l’homme, une poésie délicieuse, pleine du sentiment de l’infini, le principe enfin de tout ce que le génie germanique et celtique, de ce qu’un Shakspeare, de ce qu’un Goethe devaient exprimer plus tard.
Une série de paraboles, souvent obscures, était destinée à exprimer les surprises de cet avènement soudain, ses apparentes injustices, son caractère inévitable et définitif 350.
Des jours viendront où l’époux leur sera enlevé ; ils jeûneront alors 530. » Sa douce gaieté s’exprimait sans cesse par des réflexions vives, d’aimables plaisanteries. « À qui, disait-il, sont semblables les hommes de cette génération, et à qui les comparerai-je ?
Que la médecine ait des noms pour exprimer ces grands écarts de la nature humaine ; qu’elle soutienne que le génie est une maladie du cerveau ; qu’elle voie dans une certaine délicatesse de moralité un commencement d’étisie ; qu’elle classe l’enthousiasme et l’amour parmi les accidents nerveux, peu importe.
Elle s’en exprime ainsi dans une lettre du 15 juin, à son frère : « La vie que l’on mène ici est fort dissipée, comme vous savez, et les jours y passent fort vite.
Aussi, dès le 27 juin, exprimait-elle à l’abbé Gobelin un redoublement de vocation pour la retraite, et d’éloignement pour la cour.
Sully-Prudhomme ne veut se brouiller avec personne et, s’il osa un jour exprimer des haines vigoureuses, ce fut contre un poète déjà mort.
Une belle tradition exprimait cette antipathie.
Nous avons, pour ainsi dire, les deux extrémités d’un courant mental ; d’une part, des idées dont le sujet a la conscience claire ; d’autre part, la sensation subconsciente d’une plume provoquant la tendance à écrire ; en même temps que le sujet pense, sa main est invitée par des sensations sourdes à exprimer la pensée.
On peut se figurer un langage sans adjectifs ; alors pour dire un homme rapide (qui-court-vite) on dit un homme cheval (un coureur jadis reçut ce sobriquet) ; si le second terme passe définitivement à ridée générale de rapidité, la langue, pour exprimer l’idée de cheval, lui substitue un autre mot ; les langues bien vivantes ne sont jamais embarrassées pour si peu.
De tout ce qui précède, nous pouvons conclure le caractère éminemment sociable du vrai critique, qui doit s’adapter à toutes les formes de société, non pas seulement à celles qui ont existé historiquement, mais à celles qui peuvent exister entre des êtres humains et que toute œuvre de génie exprime par anticipation.
Et, en effet, si l’on veut bien remplacer un moment en esprit les titres actuels de ces trois actes, lesquels n’en expriment que le fait extérieur, par des titres plus métaphysiques qui en révéleraient la pensée intérieure, on verra que chacune de ces trois parties correspond à l’un des trois sentiments fondamentaux du vieux chevalier allemand : maison, Allemagne, famille.
Chacune de ces années exprime une période, représente un aspect ou réalise un organe du phénomène. 93, tragique, est une de ces années colossales.
Il s’exprime ainsi lui-même dans une lettre qu’il écrivit alors : « J’étois uniquement occupé de mon étude.
Pinel, dans son Traité de la manie, s’exprime de la même manière37.
Mais cet effet mystérieux et féerique, Rodolphe Bresdin ne l’obtient pas aux dépens de l’exactitude de l’arbre : c’est au contraire parce que l’arbre est vrai, puissamment vrai, que l’élément fantastique qui y est contenu se dégage sous la lumière, — se dégage naturellement, si l’on peut s’exprimer ainsi.
… Les rares, les très rares livres qui expriment l’amour, — l’amour pour le compte des cœurs qui les ont écrits, ont un accent sur lequel il ne peut y avoir ni méprise ni doute.
III Certainement les quatre livres sur la femme indienne, biblique, grecque et romaine de Mlle Clarisse Bader expriment la volonté d’être une histoire, et une histoire particulièrement intéressante, puisque c’est l’histoire d’une influence et de la plus puissante des influences sur les hommes ; mais cette histoire reste toujours à faire, et celle-ci n’est guère qu’un placage historique, plus ou moins industrieusement exécuté.
Il retient sa pensée, la ramasse et la bloque toujours dans une phrase serrée comme une cartouche, et, quoi qu’il exprime, son style a la rapidité et la précision de ces armes à longue portée qui empêchent les balles d’être des folles, comme les appelait Souwarow, et qui ont détrôné la baïonnette… L’auteur des Études sur le Combat aurait été partout un écrivain.
C’est un livre qui transpire les bonnes doctrines, sans les exprimer, et qui vibre de bon sens.
Dès la première ligne de sa préface, l’auteur des Plateaux de la balance explique ce titre, que je n’aime pas, quoique j’aime ce qu’il veut exprimer puisque c’est la Justice, « J’ai eu » — dit-il, de ce ton d’autorité majestueuse qu’il a gardé de sa familiarité avec les Livres Sacrés, réverbérés à chaque instant dans les formes de son langage, — « j’ai eu faim et soif de la Justice.
Le mot n’est pas de nous, il est de Lerminier, mais, dans sa hauteur intellectuelle de généralité sereine, ce mot vrai exprime une chose atroce, qui fera bondir l’âme de tout moderne chez lequel le sentiment moral n’aura pas été tué.
Car tout fait important a été déjà exprimé une fois, comme toute idée pensée déjà, — a dit Goethe, — et pour leur redonner cours dans le monde, il faut reproduire l’un et repenser l’autre, sous la forme la plus propre à la personnalité qu’on a.
Elle les exprime clairement et hautement, car elle sait ce qu’elle est, surtout en France.
Il n’exprime qu’une classe et ne représente qu’un parti, parti brillant, à la vérité, plein d’audace et affranchi de préjugés, mais auquel le sexe, en général, ne veut pas être assimilé.
Il a, lui, au pied levé, des idées, des aperçus, de ces rapports, soudainement saisis, qui sont l’esprit même, et, pour les exprimer, un style qui se joue du convenu, de la phrase classique, du poncif des Écoles Normales chères à sa maison… En cherchant bien, pour déterminer le genre de Blaze de Bury, quelle est la note juste ?
Henri Martin n’est pas le père certain, il est le père putatif et démontré de cette chose comique nouvellement exprimée en histoire, et qui a retenti depuis plusieurs années, comme la trompette d’un Josaphat, excessivement burlesque : — le druidisme !
Auteur déjà d’un petit livre intitulé : Études sur les grands Hommes, il a montré cet esprit positif et net qui aime à saisir les plus brillantes écorces dans sa main et en exprimer strictement tout ce qu’elles contiennent.
Mais quand on voit si clair, mais quand on représente si clair en Histoire, on a donné son opinion sans l’exprimer, et on la voit à travers cette clarté.
Mais n’ayant rencontré, quand il tenta de pénétrer en France, que François Ier paganisé par la Renaissance, l’allié du Turc, le lecteur passionné de Rabelais et d’Érasme et le protecteur de Marot, flottant inconséquemment des bûchers allumés à des bûchers éteints, et du châtiment des Vaudois au repentir qu’il en exprima en mourant, le Protestantisme envahit bientôt, malgré la sécheresse de sa doctrine, un pays où il n’avait eu pour lui d’abord que les moqueries païennes de ses écrivains et l’attrait (lamentable toujours en France) de sa nouveauté… Révolté, dans son âme de moderne, contre la rigueur d’un temps qui avait une foi ardente et des mœurs séculairement chrétiennes, néanmoins catholique à ce point qu’il répète qu’il l’est incessamment dans son histoire, parce qu’il sait trop qu’on pourrait l’oublier, M. de Meaux ne paraît pas avoir compris que plus tard encore il était possible d’arrêter le Protestantisme envahisseur, comme l’Église, dans d’autres temps, avait arrêté l’Hérésie.
Lui, ne fut qu’un grenadier engagé à cinquante-sept ans, après avoir déjà, comme officier, servi la France ; un simple grenadier, qui, sans Carnot, — lequel eut, ce jour-là, une lueur de génie, et qui le nomma officiellement : « le premier grenadier de France », — fût resté irrécompensable ; car il faut bien créer un mot pour exprimer une chose avant lui inconnue.
Nous en avons rencontré plus d’un de ces fiers penseurs, crevant d’imaginations qu’ils ne pouvaient faire sortir, ayant trop d’idées pour pouvoir en exprimer une seule.
De bonne foi sur le fond des choses, mais par cela seul qu’il veut les exprimer de manière à plaire à l’esprit ou à le convaincre davantage, l’écrivain calcule ses effets pour ses livres comme le comédien pour la scène, — et ceux-là, parmi les écrivains, qui passent pour les plus inspirés, sont ceux dont le calcul est le plus rapide mais n’en est pas moins du calcul.
Mais je crois — ajoute-t-il, page 126 de la Correspondance, — que je m’exprime toujours de telle sorte que ce ne puisse embarrasser ceux qui en savent moins. » Ainsi, utilité dans tous les genres, et quoiqu’on ne puisse, dit-on, servir deux maîtres, ce livre est écrit pour ceux qui savent et pour ceux qui ne savent pas ou qui savent peu.
III Et, en effet, le caractère de cet inguérissable amour de la comtesse de Sabran pour le chevalier de Boufflers exprimé dans ces Lettres, est, ne vous y trompez pas !
pour exprimer notre pensée), un perpétuel coq-à-l’âne sur les relations du temps à l’éternité.
Cette vue exprimée et développée déjà par Donoso Cortès, et qu’il démontre, à savoir : le triomphe naturel du mal sur le bien, et le triomphe surnaturel de Dieu sur le mal, par le moyen d’une action directe, personnelle et souveraine, n’avait jamais été formulée avec cette plénitude et cette vigueur.
Elles ont été exprimées déjà par beaucoup d’esprits dans la discussion dont nous parlions plus haut au commencement de ce chapitre.
Ce livre, dont je crains le succès, n’exprime pas à la rigueur un tout radicalement mauvais et qui doive être rejeté intégralement ; mais il a les corruptions du temps, sa sentimentalité malade, son individualisme, son mysticisme faux, son rationalisme involontaire.
Mais je crois, — ajoute-t-il page 126 de la Correspondance, — que je m’exprime toujours de telle sorte que ce ne puisse embarrasser ceux qui en savent moins. » Ainsi utilité dans tous les genres, et quoiqu’on ne puisse, dit-on, servir deux maîtres, ce livre est écrit pour ceux qui savent et pour ceux qui ne savent pas ou qui savent peu.
Le talent dont il brille n’est pas assez éclatant pour porter bien loin les idées qu’il exprime.
On l’entend, en effet, plus qu’on ne le voit, dans ce livre, qui exprime bien tout ce qu’était cet esprit de vif argent dans le remuement incessant de ses infatigables facultés.
Son volume n’est que le premier d’un ouvrage qui en aura deux et qui a l’ambition d’être l’Idée de Dieu conçue et exprimée par l’auteur à son tour, quand il aura achevé le balaiement des sottises et des absurdités de haute venue qui, de présent, encombrent la place.
Seulement, de faits prouvant absolument qu’il ne l’était pas, il n’y en a pas d’autres que les sentiments exprimés dans ses œuvres.
Clarisse, La Cousine Bette, sont des noms qui expriment maintenant des familles de femmes et des types, et toujours on dira une Clarisse et une Cousine Bette, de toutes celles qui rappelleront l’héroïne de Balzac ou l’héroïne de Richardson.
Poitou n’est que la répétition pédantesque et très-fastidieuse de toutes les idées communes et hostiles qui ont été, à toutes les époques, exprimées sur Balzac depuis qu’il avait commencé la grande œuvre si prématurément interrompue par sa mort.
Pour cela, on prend des livres généreux et puissants et l’on en exprime ce qu’il faut pour tenir dans son rouleau d’eau de Cologne.
II Or, c’est la vérité que M. de La Madelène a voulu exprimer, la vérité locale, qui n’est jamais que locale en matière de paysan, la vérité des mœurs, des traditions et du langage d’une contrée entre toutes les autres, la vérité étroite, exacte, mais vivante cependant, car M. de La Madelène est un artiste qui a puissance de vie, et l’analyse chez lui double l’action sans l’étouffer.
Pour que, de toutes les dissonances il résulte une plus étonnante harmonie, il y a dans ce livre des teintes plus tendres que des nuances, des rêveries d’esprit qui ressemblent à des rêves, des amours d’enfants de douze ans veloutés des premières fleurs que la vie emporte sur ses ailes, et tout cela (ces impondérables) est exprimé, qui le croirait ?
« Tant il est vrai, s’écrie l’orateur, que tout meurt en lui, jusqu’à ces termes funèbres par lesquels on exprimait ses malheureux restes. » Il est difficile, je crois, d’avoir une éloquence et plus forte et plus abandonnée, et qui, avec je ne sais quelle familiarité noble, mêle autant de grandeur.
L’élégie, la plainte funèbre, eut alternativement un vers brisé, comme pour exprimer par le son l’effort et la tristesse.
Je devins hautement son champion, je la vis sensible à mes soins, et ses regards, animés par la reconnaissance qu’elle n’osait exprimer de bouche, n’en devinrent que plus pénétrants. […] Mais ici il s’agit à la fois d’un homme de génie et dont l’influence a été prodigieuse, et d’un homme de peu de volonté, et d’un homme dont on peut dire que ses œuvres expriment sa vie individuelle et les incidents de cette vie et sont à peu près toutes des « œuvres de circonstances ». […] — « Le genre de madame Geoffrin était une espèce de police pour le goût, comme la maréchale de Luxembourg pour le ton et l’usage du monde. » Ainsi s’exprime le prince de Ligne. […] Quelle occasion de s’essayer à ces sentiments exaltés qu’il veut exprimer dans son livre ! […] Rousseau pousse si loin ce sentiment (déjà exprimé dans la Lettre sur les spectacles et ailleurs) qu’il ne retient pour les filles absolument aucun des procédés qu’il applique à l’éducation des garçons ; comme si les deux sexes n’avaient intellectuellement rien de commun, et comme si rien de ce qui convient à l’un ne pouvait convenir à l’autre.
Il a voulu connaître les rêves et les subterfuges par où l’humanité a essayé de tromper son ennui ou de voiler sa misère, les tentatives que les hommes ont faites pour définir l’infini et pour exprimer l’ineffable. […] Les dernières pensées qu’il ait exprimées en public n’ont pas été livrées à d’indiscrètes curiosités. […] Après la triste journée du 13 juin, il exprimait brusquement ses déceptions et ses colères : Je ne saurais t’exprimer, mon ami, toute la rage qui me brûle le cœur en assistant, dans mon impuissance, à cet égorgement de la République qui a été le rêve sacré de toute notre vie. […] Ils s’expriment fort bien, en style correct et imagé, avec des gestes mesurés et polis. […] Nous n’avons pas gardé les mêmes manières d’exprimer nos sentiments et de déguiser nos faiblesses.
Dans le livre le paradoxe est un procédé si facile et si peu dangereux qu’il y a courage, non pas à l’employer, mais plutôt à exprimer des vérités de bon sens et des idées traditionnelles. […] Il exprime cela avec assez de délicatesse et assez heureusement. […] Et n’est-il pas un peu étonnant, ce Télamon, qui, après avoir exprimé le plus facilement du monde et même avec élégance, qu’il était amoureux de Néère avant qu’elle fût venue au monde, s’arrête tout à coup pour dire : ……… Elle est dure, Cette difficulté d’exprimer que j’endure. Je désirerais aussi que Néère s’exprimât en style plus diaphane quand je l’entends dire : J’ai vu la Pythonisse entre ses deux hibous. […] Ils ne s’aiment point et ils sont tous les deux, elle et lui, hommes à bonnes fortunes, si je puis m’exprimer ainsi et je m’exprime fort exactement.
Il a des accents particulièrement vrais pour nous exprimer la science et l’érudition locale, profonde, originale, communicative et naïve, à laquelle il a dû des heures d’affectueux commerce et de douce hospitalité : il a su s’en assimiler l’esprit et l’âme en courant. […] Ampère observait peu directement : il n’était pas organisé par la nature pour regarder à fond et pour exprimer puissamment ce qu’il avait devant les yeux ; c’était un lettré en voyage : il lui fallait de l’accessoire tiré des livres ; un souvenir, un rapprochement, une allusion, lui étaient nécessaires et venaient bien à propos se joindre à ce qu’il voyait pour le compléter et l’orner ; quand il avait trouvé son trait, il était content. […] Tocqueville devint l’objet d’un second choix, et par sa noblesse de caractère, par le sérieux de sa vie, par la profondeur, la finesse et la tristesse élevée qu’il exprimait dans toute sa personne, par ce qu’il montrait de talent et par ce qu’il en laissait à deviner, il réalisa pour Ampère le modèle d’amitié que celui-ci ne pouvait se passer d’avoir devant les yeux. […] Je ne viens point faire une réclamation tardive contre une publication dont le but était évidemment de montrer sous un jour nouveau le grand homme que l’Allemagne et l’Europe révèrent en faisant surprendre, pour ainsi dire, à travers l’abandon d’une lettre particulière la bonhomie et le charme de son intimité ; je me contenterai de remarquer que de pareilles publications ont toujours leurs inconvénients : mille mots échappent dans la rapidité d’une correspondance privée qui n’expriment pas fidèlement la pensée de celui qui écrit, mais seulement la disposition plus ou moins fugitive dans laquelle il se trouve en écrivant.
Peut-on admettre, dit-on, qu’un artiste s’exprime d’une manière qui soit indigne de lui ? […] Un autre éditeur a été condamné pour avoir édité quelques pages de Maurice Barrès28, qui s’exprimait sur des questions politiques d’une manière qui ne coïncidait pas exactement avec les opinions des héritiers. […] Ils s’y complaisent visiblement, par respect du verbe dont ils veulent que l’image écrite soit digne de sa beauté, un peu aussi, sans doute, parce qu’ils pensent que leur personnalité s’exprime dans leur graphie, comme disent M. […] Paul Souday a exprimée, au cours d’un de ses feuilletons récents, dans LE TEMPS.
Mais Montaigne connut cette amitié, et il en a parlé divinement dans les Essais 58 : « Si on me presse de dire pourquoi je l’aimais, je sens que cela ne se peut exprimer qu’en répondant : parce que c’était lui, parce que c’était moi. […] Jules Mary écrit cette phrase : « On eût dit que l’occupation des Flandres par les Espagnols, mêlant le sang des deux races, revivait tout à coup en lui par-dessus les générations », s’exprime-t-il beaucoup mieux que M. […] Moréas : « Ennemi de l’enseignement, la déclamation, la fausse sensibilité, la description objective », le symbolisme « cherche à vêtir l’Idée d’une forme sensible qui, néanmoins, ne serait pas son but à elle-même, mais qui, tout en servant à exprimer l’Idée, demeurerait sujette. […] Mon « homme du monde », quand il s’exprimait si dédaigneusement, n’avait certainement pas lu Fin de rêve, et, dans Fin de rêve, la description de la revue, les pages sur Gambetta, l’agonie tragique du grand homme. […] Enfin, pour exprimer ces sensations anormales, ces nuances infinies de la pensée et du sentiment, les mots usuels ne suffisent plus.
D’un art plus pénible qu’important ; d’exprimer quelquefois avec grace ou avec force, des choses communes que d’autres pensent et sentent sans en être vains ; de quelque facilité à peindre des images, et à rendre des sentiments ? […] La prémiere maniere nous donne une idée précise des mots ; ils sont, pour ainsi dire, la traduction immédiate des choses et des sentimens ; nous voyons les choses dont on parle ; l’air du visage, les gestes, le ton nous désignent même les sentimens qu’on exprime. […] Racine ne sçeussent exprimer en beaux vers un sens raisonnable ? Ils en ont tant exprimé et avec une élégance si continuë, que ce soupçon ne sçauroit naître dans l’esprit de personne. […] Pour moi j’appelle cela des sentimens, exprimez ce me semble, avec quelque délicatesse ; et je ne crois pas le siecle deshonoré pour leur avoir donné quelque approbation.
Elle n’en avait pas toujours ; elle était diverse comme l’humeur qu’elle exprimait. […] D’abord, des sensations d’une vivacité singulière, et puissamment exprimées : Oh ! […] Cet audacieux s’était permis de parodier dans la Ballade à la lune les rythmes et les images romantiques, et il affichait la prétention d’exprimer ce qu’il sentait, non ce qu’il était à la mode de sentir. […] Ce chœur emprunté à la tragédie grecque, qui venait exprimer des idées fort peu antiques dans un langage très moderne, troublait et déroutait le lecteur. […] C’est de la passion que tu m’exprimes ; mais ce n’est plus le saint enthousiasme de tes bons moments.
Comme idées conçues dans le futur ou dans le passé, elles expriment une certaine concordance entre nos sensations présentes et l’état général de notre intelligence. […] Ce n’est pas parler, en effet, que dire « j’ai peur » ou « j’ai froid », quand on a peur ou qu’on a froid ; c’est exprimer une émotion ou une sensation au moyen de signes verbaux, et analogues au tremblement de l’animal transi ou affamé. […] Il ne faut pas confondre une sensation délirante exprimée telle qu’elle a été sentie avec le travestissement volontaire donné à l’exposition d’une sensation vraie ; confondre avec le dernier, le premier terme de la série. […] Il est forcé d’exprimer, telle qu’il l’éprouve, sa sensation. […] Elle est si étrangère à l’esprit grec, que pas plus en grec qu’en latin il n’y a de mot pour l’exprimer.
On a souvent rappelé, ces temps derniers, ses professions de foi cosmopolites, sans remarquer qu’elles expriment simplement une nécessité du développement de l’individu-Goethe. […] Nous avions bien vu que Fichte et Hegel avaient exprimé autre chose qu’une philosophie de la nature. […] Or, c’est précisément cette fixité sociale que les trois écrivains, dont l’opinion hardiment exprimée sert de prétexte à cette note, considèrent comme menacée, et l’histoire, hélas ! […] Les Allemands, qui s’y connaissent, ont créé le mot de Schadenfreude, — la joie du dommage, — pour exprimer ce féroce plaisir de nuire. […] À le creuser, il se trouve exprimer de nouveau un à peu près.
La ruse du tissu y est ingénieusement exprimée, bien qu’avec une élégance singulièrement moderne, par la bouche du divin porcher Eumée. […] … L’auteur de Marie Stuart lui fournit le sujet d’une foule d’idées que je n’ai entendu exprimer à personne.
Cet organe est « l’art de la parole, l’éloquence appliquée aux sujets les plus sérieux, le talent de tout éclaircir453 » « Les bons écrivains de cette nation, dit leur grand adversaire, expriment les choses mieux que ceux de toute autre nation… » — « Leurs livres apprennent peu de chose aux véritables savants », mais « c’est par l’art de la parole qu’on règne sur les hommes », et « la masse des hommes, continuellement repoussée du sanctuaire des sciences par le style dur et le goût détestable des (autres) ouvrages scientifiques, ne résiste pas aux séductions du style et de la méthode française ». […] Rien d’étrange si vous les trouvez habiles pour apprêter la parole humaine, pour en exprimer tout le suc et pour en distiller tout l’agrément.
Nous n’avons plus d’amis à Naples, nos parents y sont nos ennemis ; et, à cause de ces circonstances, chacun craint de nous tendre la main… Mon angoisse est telle, excellente dame, que le désordre de mon esprit se communique à mes paroles ; c’est à Votre Excellence à se représenter l’excès des peines qu’il m’est impossible d’exprimer ! […] L’impression que Léonora fit sur le Tasse, la première fois qu’il la vit dans une des dernières fêtes du mariage d’Alphonse et de Barbara, se devine plus qu’elle ne s’exprime dans quelques vers de sa pastorale de l’Aminta, qu’il écrivait pendant l’absence du cardinal d’Este.
Elle était de la religion qui parlait le plus éloquemment de la nature et de la liberté en s’élevant cependant à l’adoration du Créateur : c’était alors celle du philosophe de Genève exprimée dans la profession de foi du Vicaire Savoyard. […] Cette lacune universelle, dans la littérature de tous les pays et de tous les âges, est au moins une présomption contre l’aptitude des femmes à la haute poésie exprimée en vers.
Les écrivains florentins décrivent ce carton de Michel-Ange comme un poëme national, prélude du poëme universel de son Jugement dernier, et nullement inférieur à ce prodige du crayon et du pinceau : « Pendant que les soldats sortaient en hâte des ondes ruisselantes sur leurs membres, on voyait parmi eux, dit Vasari, par la main divine de Michel-Ange, la figure d’un vétéran qui, pour s’ombrager du soleil pendant le bain, s’était coiffé la tête d’une guirlande de lierre, lequel s’étant accroupi sur le sable pour remettre sa chaussure que l’humidité de ses jambes empêchait de glisser sur sa peau, et entendant en même temps les cris de ses compagnons et le roulement du tambour appelant aux armes, se hâtait pour faire entrer de force son pied dans sa chaussure mouillée ; en outre, ajoute Vasari, que tous les muscles et tous les nerfs du vétéran se dessinaient en saillie dans l’effort, toute sa physionomie exprimait son angoisse, depuis la bouche jusqu’à l’extrémité de ses pieds. […] Le sentiment le plus fort et le plus délicieux de l’âme cherche naturellement pour s’exprimer l’idiome le plus suave, le plus mélodieux et le plus coloré des idiomes.
« Mais comment exprimer cette foule de sensations fugitives que j’éprouvais dans mes promenades ? […] J’écoutais ses chants mélancoliques, qui me rappelaient que dans tout pays, le chant naturel de l’homme est triste, lors même qu’il exprime le bonheur.
En résumé, science, d’où prévoyance ; prévoyance, d’où action : telle est la formule très simple qui exprime, d’une manière exacte, la relation générale de la science et de l’art, en prenant ces deux expressions dans leur acception totale. […] La conséquence finale de cette leçon, exprimée sous la forme la plus simple, consiste donc dans l’explication et la justification du grand tableau synoptique placé au commencement de cet ouvrage, et dans la construction duquel je me suis efforcé de suivre, aussi rigoureusement que possible, pour la distribution intérieure de chaque science fondamentale, le même principe de classification qui vient de nous fournir la série générale des sciences.
Depuis que la nature est observée nous ne voyons pas qu’aucune espèce ait franchi la barrière qui a été fixée dès l’origine ; car, dès l’origine, Dieu avait vu que cela était bien, comme s’exprime le plus ancien historien, Moïse. […] Ce professeur s’exprimait ainsi, à l’occasion des paroles de Rousseau que nous venons de rapporter : « Il voulait découvrir les sources d’un grand fleuve, et il les a cherchées dans son embouchure : ce n’était pas le moyen de les trouver ; mais c’était le moyen de croire, comme on l’a cru des sources du Nil, qu’elles n’étaient pas sur la terre, mais dans le ciel. » J’accepte ces mots comme renfermant le sentiment de la vérité.
À la mort du second prince de Condé (1588), il exprime en ces termes les regrets du parti : Longtemps après, le parti des réformés sentit cette perte comme d’un prince pieux, de bon naturel, libéral, d’un courage élevé, imployable partisan (inflexible chef de parti), et qui eût été excellent capitaine pour les armées réglées et florissantes ; car ce qui lui manquait aux guerres civiles était qu’estimant les probités de ses gens à la sienne, il pensait les choses faites quand elles étaient commandées, et n’avait pas cette rare partie, principale au roi de Navarre, d’être présent à tout.
Rendre à la poésie française de la vérité, du naturel, de la familiarité même, et en même temps lui redonner de la consistance de style et de l’éclat ; lui rapprendre à dire bien des choses qu’elle avait oubliées depuis plus d’un siècle, lui en apprendre d’autres qu’on ne lui avait pas dites encore ; lui faire exprimer les troubles de l’âme et les nuances des moindres pensées ; lui faire réfléchir la nature extérieure non seulement par des couleurs et des images, mais quelquefois par un simple et heureux concours de syllabes ; la montrer, dans les fantaisies légères, découpée à plaisir et revêtue des plus sveltes délicatesses ; lui imprimer, dans les vastes sujets, le mouvement et la marche des groupes et des ensembles, faire voguer des trains et des appareils de strophes comme des flottes, ou les enlever dans l’espace comme si elles avaient des ailes ; faire songer dans une ode, et sans trop de désavantage, à la grande musique contemporaine ou à la gothique architecture, — n’était-ce rien ?
Le bon chevalier aurait bien voulu entrer, au moins une fois, dans ce cloître pour lequel il avait conçu de si grands desseins, et il en exprima le désir à la mère Agnès qui lui répondit par un refus le plus agréablement tourné : Je vous remercie très humblement de votre unique et rare fruit (un de ses petits cadeaux journaliers), vous avez le privilège de donner tout ce que vous voulez et d’accorder tout ce qu’on vous demande ; et nous, au contraire, nous trouvons des impuissances partout.
Louis XVIII passe par Londres, mais ce n’est pas sans y être félicité par le prince-régent d’Angleterre, et sans lui avoir répondu publiquement : « C’est aux conseils de Votre Altesse Royale, à ce glorieux pays et à la confiance de ses habitants que j’attribuerai toujours, après la divine Providence, le rétablissement de notre maison sur le trône de ses ancêtres. » Ainsi c’est l’Angleterre, après Dieu, qui le rétablit roi de France ; le plus sage, le plus politique de la race s’exprime hautement ainsi, le premier jour où la parole lui est rendue et où chaque mot sorti de sa bouche va retentir par le monde.
Elle disait toujours bien, parfaitement, en termes élégants et justes ; il n’y avait pas d’à peu près avec elle : je me figure que la maréchale de Luxembourg, tant vantée, devait s’exprimer ainsi.
Cela est vrai de l’aveu de Rancé lui-même, et il nous l’exprime à sa manière, quand il dit (lettre du 3 octobre 1675) : « Puisque vous voulez savoir des nouvelles de notre affaire, je vous dirai, quelque juste qu’elle fût, qu’elle a été jugée entièrement contre nous ; et, pour vous parler franchement, ma pensée est que l’Ordre de Cîteaux est rejeté de Dieu ; qu’étant arrivé au comble de l’iniquité, il n’étoit pas digne du bien que nous prétendions y faire, et que nous-mêmes, qui voulions en procurer le rétablissement, ne méritions pas que Dieu protégeât nos desseins ni qu’il les fît réussir. » Il revient en plusieurs endroits sur cette idée désespérée ; son jugement sur son Ordre est décisif : les ruines mêmes , s’écrie-t-il, en sont irréparables .
Il avait vu beaucoup, et peu lu ; il avait eu déjà de grandes sensations, mais il était complètement étranger à l’art de les exprimer, il avait erré comme un pauvre enfant aux pieds de ces Alpes où il avait reçu le jour ; et l’abondance de sentiments qu’il avait éprouvés au milieu des misères d’une vie incertaine n’avait trouvé d’autre forme pour se répandre que la musique, cette langue de l’air, du vent et de l’orage, que le génie a ravie à Dieu, et que ce jeune homme avait apprise tout seul en écoutant les échos de ses montagnes.
Peut-on exprimer un sentiment plus touchant d’une façon plus sobre ?
Il était didactique et descriptif à jet continu : et il a réussi à exprimer les notions de toutes les choses sensibles, sans en avoir ni en donner peut-être une seule fois l’impression.
Il faudra donner à Rubens, l’in-folio, mais Watteau ne s’exprimera bien que par l’in-18.
Mais qu’il ait desséché sa verve poétique (ce que nous ne pensons pas) parce qu’il a exprimé et tordu le cœur de l’homme lorsqu’il n’est plus qu’une éponge pourrie, ou qu’il l’ait, au contraire, sur-vidée d’une première écume, il est tenu de se taire maintenant, car il a dit les mots suprêmes sur le mal de la vie, ou de parler un autre langage.
Après la mort de Jésus, il exprima sur la secte nouvelle des vues très modérées 627.
De même que ces crises tragiques, un changement dans la nourriture, dans la manière de vivre se répercute en sentiments et en idées que les écrivains expriment, sans en soupçonner souvent l’origine. « Savez-vous, disait Edmond de Goncourt à Taine50, si la tristesse anémique de ce siècle-ci ne vient pas de l’excès de son action, de ses prodigieux efforts, de son travail furieux, de ses forces cérébrales tendues à se rompre, de la débauche de sa production et de sa pensée dans tous les ordres ?
Suivant l’esthéticien anglais, « nous appelons beaux ou sublimes les objets qui expriment une idée de ces idées : Infini, Unité, Repos, Symétrie, Pureté, Mesure, Adaptation à une fin. » N’est-ce pas dire que les choses qui excitent l’émotion du Beau et du Sublime sont celles qui ont une association naturelle avec certaines idées profondément gravées en nous ?
Péréfixe s’exprime ainsi : Si l’on demande quel démon poussa Ravaillac, l’historien (notez ce mot) répond qu’il n’en sait rien .
Le nom de Quintilien suffit pour exprimer, dans l’ordre critique, le modèle du scrupuleux, du sérieux, de l’attentif, l’idée du jugement même.
Ordinairement la littérature et le théâtre s’emparaient des grands événements historiques pour les célébrer, pour les exprimer : ici c’est l’histoire vivante qui s’est mise à imiter la littérature.
Le 22 juin 1848, il débuta devant l’Assemblée nationale en venant parler sur la propriété (à propos d’un projet de décret sur la reprise de possession des chemins de fer par l’État) ; il exprima des considérations justes, élevées, opportunes, dans un loyal et courageux langage.
Jordonner est un excellent mot de la langue familière qui n’a pas de synonyme possible et qui exprime une nuance précise et délicate, le commandement exercé avec sottise et vanité, à tout propos et hors de tout propos.
Pour agir sur les choses externes, il faut des instruments ; même pour exprimer sa pensée au dehors, il faut encore des instruments.
Le panthéisme est la philosophie de cette période, qui ne peut s’exprimer par un nom particulier : nouveau symptôme de la prépondérance des masses confuses sur les forces individuelles.
Il y a surtout dans la Bible de certaines façons de s’exprimer, plus touchantes, selon nous, que toute la poésie d’Homère.
Quoique les beotiens et les atheniens ne fussent séparez que par le mont Citheron, les premiers étoient si connus comme un peuple grossier, que pour exprimer la stupidité d’un homme on disoit qu’il paroissoit né en Beotie, au lieu que les athéniens passoient pour le peuple le plus spirituel de l’univers.
Ceux qui attribuent à l’homme le pouvoir de se faire sa langue ne disent autre chose sinon que la pensée naît d’abord en lui, et qu’ensuite il choisit, pour l’exprimer, un signe qu’il adopte ou qu’il trouve déjà convenu.
Mais il y a plus charmant et plus changeant encore que l’arc-en-ciel, pour exprimer toutes les nuances de la fantaisie, et c’est l’enfance ; c’est l’impatientante et adorable enfance !
Nul aperçu, nulle vue particulière à l’auteur n’y domine et n’y décide les conclusions de parti, qui ne s’y expriment pas, mais qui y soupirent.
Roselly de Lorgues sur Colomb, dans ses deux volumes de six cents pages qui attestent en leur auteur une persévérance de volonté à exprimer de ce fruit mystérieux qui n’avait jamais été ouvert, — la gloire de Colomb, — toute la pulpe d’une vertu divine que ne connaissaient pas les hommes, il y aurait assez pour intéresser tous les esprits qui s’occupent d’histoire.
Les femmes, qui expriment mieux que les hommes l’imagination religieuse d’une race, les femmes, « très pieuses à leurs dieux » dans cette époque de dévotion universelle, allaient à Isis et à Cybèle sans cesser d’aller à Junon et à Diane, comme, plus tard, elles devaient aller à Jésus… Seulement, il ne faut pas oublier de marquer ce que l’auteur de La Religion romaine oublie : c’est qu’une fois à Jésus, elles ne revenaient pas à Junon et à Diane, et que Junon et Diane ne leur avaient jamais fait faire ce que le Christianisme, qu’on veut diminuer en l’expliquant, leur fit faire, en raison de deux choses que ne connaissaient pas ces misérables religions anciennes : l’absolu de son dogme et le péremptoire de sa loi.
Il n’a point laissé de trace et de ciment parmi eux, comme Swedenborg, cet autre mystique qui passa aussi sa vie dans la contemplation et dans l’obscurité, mais dont le système plus hardi et plus exprimé a jeté un éclat qui rappelle les aurores boréales de son pays.
D’un autre côté, vainement l’Église lui a-t-elle appris cette charité chrétienne qui a suffi au monde depuis l’Évangile, il ne s’en est pas moins laissé mordre par la brebis enragée de la Philanthropie moderne, et comme l’école tout entière du dix-huitième siècle qu’il essaie de combattre, mais qui le tient sous elle comme un vaincu, il se préoccupe, à toute page de son livre philanthropique, du droit de chaque homme vis-à-vis de la société, et il va chercher ce droit individuel dans des notions incomplètes ou fausses, pour l’exprimer dans de nuageuses définitions que le dix-huitième siècle n’aurait certes pas repoussées !
Calomnie ou vérité, est-ce que le fait éternel, implacable, ineffaçable, qui s’exprime avec un seul mot : « Clément XIV a aboli les jésuites » peut être changé ou diminué par personne ?
« J’aimerais mieux — écrivait dernièrement à un critique de profession un de ces esprits systématiquement gendarmés contre la Critique — faire un petit roman payé mille francs que de la Critique à dix mille francs par an dans vos journaux », et si cette phrase exprimait plus qu’un goût personnel, c’est-à-dire une insignifiance, c’était tout simplement une sottise !
Les Œuvres complètes qu’il offre à la postérité avec une coquetterie sans courage, — car, de toutes ces pièces, il pouvait en oublier quelques-unes, et le livre y aurait gagné ; les Œuvres complètes ne changent rien à l’opinion exprimée par nous sur les Odelettes, ici retrouvées, et les Odes funambulesques, qu’on n’y retrouve pas.
… Voici comme il s’exprime.
Raillé sur ses défauts, oui, et c’est ce que Rousseau exprime par « la lampe mouchée » muni de quelque force nouvelle pour le bien, non, et c’est ce que Rousseau exprime par « point d’huile dedans ». […] La grande âme de Corneille s’est déclarée par elle et s’est exprimée par elle tout entière. […] C’est ce qu’exprime avec une grande douleur tragique Horace le père : Rome aujourd’hui m’a vu père de quatre enfants. […] 2° que, parmi les sentiments exprimés par les personnages, le public choisira précisément pour les caresser et pour les éprouver lui-même les sentiments mauvais, puisqu’il est foncièrement bon et n’apporte au théâtre que des sentiments tout prêts pour le bien ? […] C’est elle, puisqu’il l’a chargée de démasquer Tartuffe, qu’il eût également chargée d’exprimer son respect pour les sentiments dont le langage de Tartuffe n’est qu’une parodie sacrilège, elle et non pas Cléante, qui ne tient pas à l’action, qui ne parle qu’à la cantonade, qu’on pourrait ôter de la pièce sans qu’il y parût… Mais l’Elmire, dans Tartuffe, n’est qu’une aimable femme, à qui l’on peut bien dire que toute idée religieuse paraît étrangère, qui ne trouve, pour répondre à la grossière déclaration de Tartuffe, aucun des mots qu’il faudrait [si elle avait des sentiments religieux] et comme d’ailleurs sa vertu n’en est pas moins inattaquable, qu’est-ce à dire, sinon que par nature gens libérés ont un aiguillon qui les pousse à faits vertueux et les repousse du vice ?
Il me semble qu’on aurait pu s’exprimer plus décemment sur un aussi grand penseur, sur un aussi grand écrivain, sur un auteur original qui a passé pour le bréviaire des honnêtes gens, qui n’est pas encore tombé de leurs mains, et qui pourrait bien y rester à jamais. […] Celui qui s’exprime ainsi n’a jamais lu les ouvrages de Sénèque et n’en connaît guère que les titres ; sa vie privée lui est inconnue. […] Voici comment il s’exprime sur Alexandre : « Alexandre (liv. […] A-t-on jamais exprimé ce mépris d’une manière plus simple et plus fine ? […] répondit le jeune homme, je ne saurais exprimer d’une manière incertaine et faible ce dont je suis vivement persuadé… C’est-à-dire, ajouta son père, qui avait gardé le silence jusqu’à ce moment, que vous êtes naturellement emporté, insolent et présomptueux.
Elles expriment des opinions et non des certitudes géométriques. […] Il y a dans le Cousin Pons une première tragédie qu’exprime le titre général : les Parents pauvres. […] Il exprime cette nécessité imaginative, sans laquelle toute création d’art n’est que jeu arbitraire. […] Leurs vers ne les exprimaient pas tout entiers. […] Tout naturellement, comme à nous autres écrivains, les beaux vers des poètes lui revenaient pour exprimer ses propres sentiments.
C’est de Rotrou que Corneille disait plus tard : « Lui et moi, nous ferions subsister des saltimbanques », voulant exprimer que, jouées par de mauvais acteurs, leurs pièces auraient encore du succès, et il avait raison. […] Si ses vers ne sont pas toujours de la plus exacte pureté, que d’élévation dans les idées qu’ils expriment ! Si un vieux mot vient quelquefois choquer l’oreille, comme la pensée qu’il exprime est forte et noble ! […] Ses tragédies décèlent une âme ferme, élevée, apte à comprendre et à exprimer noblement les grandes passions. […] Son style est ferme, élevé, nourri, pompeux même, propre, en un mot, à exprimer les passions violentes.
Le pessimisme final, le pessimisme d’aboutissement que contient la doctrine de Socrate, oui, vraiment Socrate l’a aperçu et il l’a magnifiquement exprimé dans sa dernière parole, la plus pessimiste assurément qui ait jamais été dite. […] Examinons loyalement votre cas et le mien : « Il n’y a pas de livre qui contienne avec plus d’abondance, qui exprime avec plus de candeur ce qui peut faire du bien à tous les hommes, la ferveur bienheureuse et exaltée, prête au sacrifice et à la mort… que le livre qui parle du Christ. […] L’homme noble met à l’écart et repousse loin de lui les êtres en qui s’exprime le contraire de ces états sublimes et fiers : il les méprise. […] Vraisemblablement s’exprimera une défiance pessimiste de l’homme, peut-être une condamnation de l’homme avec toute sa situation. […] Elles élèvent l’esprit et l’âme vers la vision d’un art fait par une espèce supérieure et pour une espèce supérieure, et elles expriment à leur manière la grande idée maîtresse de l’auteur : « L’homme est un être qui est fait pour se surmonter ».
C’est bien un moi qu’elle exprime, mais un moi qu’elle a pris soin d’enrichir, de munir et d’ensemencer. […] Nos neveux verront très probablement dans Hugo notre chef, parce que, tout au moins, il aura exprimé mieux que nous nos idées. […] Il est à peu près condamné à penser, du moment qu’il se sert de cette parole humaine qui a pour office d’exprimer la pensée des hommes. […] Un genre est l’être représentatif de tous les êtres qui éprouvent fortement le penchant qu’il exprime. […] Sarcey garda d’eux le meilleur souvenir, qu’il a plus d’une fois pris plaisir à exprimer.
L’idée première en a été donnée très évidemment à Molière par les Adelphes de Térence ; mais il s’est affranchi de toute imitation, tant pour ce qui est de l’intrigue que pour ce qui est des idées exprimées dans la pièce, de la thèse, si l’on veut se servir de ce mot. […] La mensuration juste, si je puis m’exprimer ainsi, c’est de voir si la passion qu’on examine n’a qu’une forme, à savoir le préjugé, et alors c’est préjugé qu’il faut l’appeler. […] Il y a une intelligence très honorable encore qui consiste, comme a dit Nisard en termes excellents, à « exprimer les idées de tout le monde dans le langage de quelques-uns ». […] C’est la même observation, exprimée là avec colère, ici avec discrétion. […] Elle est si honnête et si bonne qu’elle ne croit pas au mal au-delà de certaines limites et que, devant la crainte exprimée par Cléante que Tartuffe n’abuse des secrets contenus dans la cassette, Damis dit : Quoi !
La librairie Hachette m’avait envoyé, avant le siège, pour en rendre compte dans un journal, la traduction de ses Œuvres complètes, et, entre deux gardes, je les étudiais, revenant, pour les affermir ou pour les jeter bas en moi, à des opinions que j’avais déjà exprimées, çà et là, avec des formes trop rapides et trop brèves, sur cet homme qui vaut bien qu’on s’arrête pour lui porter des coups plus droits, 1 plus plongeants, plus à fond… Eh bien, le croirez-vous ? […] Et c’est pour cela que la beauté humaine exprimée par l’art, la beauté faite de main d’homme et localisée dans un petit espace, lui était plus chère que la beauté divine de la grande Nature flottant autour de nous dans les espaces illimités et éternels ! […] Moi qui ne suis pas un savant, je n’ai pas d’opinion à exprimer sur le plus ou moins de fausseté des idées de Gœthe contre la théorie inébranlée, sinon inébranlable, de Newton ; mais ce que je puis et même ce que je dois constater, c’est l’outrecuidance d’orgueil, la fureur d’entêtement, le radotage enragé de cette incroyable prétention.
Edgar Quinet expriment une pensée unique, et cette pensée n’est autre que le panthéisme. […] Comme Herder, il apercevait partout l’âme divine ; pour lui, comme pour le poète allemand, le murmure des forêts et la voix des fleuves exprimaient à leur manière un moment de la pensée suprême. […] Il aime simplement et s’exprime avec franchise ; il n’invente pas, pour décider Henriette en sa faveur, des manières romanesques ; il s’en tient aux moyens vulgaires, qui manquent rarement de réussir. […] À mes yeux, Clitandre exprime heureusement l’amour adolescent et crédule, avec ses alternatives d’espérance et d’inquiétude ; il est tout ce qu’il doit être, et s’il n’a pas l’ampleur d’un premier rôle, il a toute celle d’un jeune premier. […] Étienne, que la comédie n’exprime ni la conduite ni les mœurs d’une nation.
Jamais style a-t-il mieux exprimé l’âme ? […] III Ce n’était pas assez pour lui de la description et du monologue ; il avait besoin, pour exprimer son personnage idéal, d’événements et d’actions. […] Néanmoins c’est le Steinbach et la Jungfrau, et quelque chose d’autre encore, bien plus que Faust, qui m’ont fait écrire Manfred. » — « L’œuvre est si entièrement renouvelée, ajoutait Gœthe, que ce serait une tâche intéressante pour un critique de montrer non-seulement les altérations, mais leurs degrés. » Parlons-en donc tout à notre aise : il s’agit ici de l’idée dominante du siècle, exprimée de manière à manifester le contraste de deux maîtres et de deux nations. […] Seul le poëte subsiste, exprimé dans son personnage.
Mardi 28 août Un jour arrivera-t-il, où la science pourra traduire les tentatives parlantes de l’animal, voulant dire à l’homme, ses sensations, ses besoins, ses désirs, et ne pouvant les exprimer ? […] Mercredi 19 septembre Rattier exprime aujourd’hui le regret de la perte d’une chose de famille, vraiment curieuse. […] Dimanche 23 septembre Ragornote, un joli mot du pays pour exprimer un petit reste : Voulez-vous cette ragornote de truite, de framboise ? […] Edmond de Goncourt, peint à l’huile par Carrière (1892), sur un exemplaire de : Germinie Lacerteux, de l’édition in-4º, tirée à trois exemplaires, aux frais du bibliophile Gallimard, un admirable portrait, où se voit, dans le fond, le médaillon de bronze de Jules, et dans lequel, Carrière a merveilleusement exprimé la vie fiévreuse des yeux de l’auteur.
Autre part3 nous l’avons exprimée cette vérité d’âme, comme le plus cher article de notre credo littéraire, et avec une rigueur qui nous fut reprochée : « Savoir n’est rien… Sentir est tout ! […] … Si j’ai voulu la rapporter ici, c’est qu’elle exprime toute l’âme bretonne, partant une conception de l’amour justement opposée à celle de notre auteur. […] Comme un précieux flacon qui longtemps enferma dans son cristal ciselé le plus capiteux des aromes, ses vers dégagent la senteur de l’Idéal qui tout entier s’exprime par eux : « Les Lesbiens avaient l’attrait bizarre et un peu pervers des races mêlées. […] Grouper des documents précis sur la femme littéraire, tel fut l’objet de notre analyse, et si, dans une mesure quelconque nous y avons atteint, du même coup nous aurons assemblé les matériaux de la synthèse qui lui doit succéder, puisque les personnages de ces romans avec les sentiments qu’ils traduisent, puisque l’accent intime ou lyrique de ces poèmes avec les nuances qui leur sont propres, deviennent autant de témoignages irrécusables sur l’âme qui s’exprima par eux. […] que les mots sont donc étroits, et dans leur brutale précision expriment insuffisamment les nuances dont se compose une âme humaine, fût-elle en formation !
M. le Prince, qui lui demanda cet éloquent office pour la mémoire de la Palatine, n’eut pas l’idée, à ce qu’il paraît, quelques années auparavant, de lui exprimer le même désir à l’égard de sa sœur. […] « Enfin, tout son extérieur, sa voix, son visage, ses gestes étoient une musique parfaite ; et son esprit et son corps la servoient si bien pour exprimer tout ce qu’elle vouloit faire entendre, que c’étoit la plus parfaite actrice du monde.
Un sentiment si grandiose, une divination si compréhensive et si pénétrante, une pensée par laquelle l’homme embrassant l’immensité et la profondeur des choses, dépasse de si loin les bornes ordinaires de sa condition mortelle, ressemble à une illumination ; elle se change aisément en vision, elle n’est jamais loin de l’extase, elle ne peut s’exprimer que par des symboles, elle évoque les figures divines391. […] Par suite, faute de voir les âmes, on méconnaissait les institutions ; on ne soupçonnait pas que la vérité n’avait pu s’exprimer que par la légende, que la justice n’avait pu s’établir que par la force, que la religion avait dû revêtir la forme sacerdotale, que l’État avait dû prendre la forme militaire, et que l’édifice gothique avait, aussi bien qu’un autre, son architecture, ses proportions, son équilibre, sa solidité, son utilité et même sa beauté. — Par suite encore, faute de comprendre le passé, on ne comprenait pas le présent.
« Je ne sais, madame, si j’ai su vous exprimer comme je le sentais mon respect pour vous et pour votre malheur. […] Vous le verrez, madame, il est pur de flatterie, et, dans un temps de honte et de bassesse, c’est un mérite bien rare. — Nous allons donc bientôt voir ceux où l’âme antique de votre ami s’exprime avec toute sa fierté, toute son énergie.
Cette poésie, j’essayais quelquefois de l’exprimer dans des vers ; mais ces vers, je n’avais personne à qui les faire entendre ; je me les lisais quelques jours à moi-même ; je trouvais avec étonnement, avec douleur, qu’ils ne ressemblaient pas à tous ceux que je lisais dans les recueils ou dans les volumes du jour. […] Ces poésies auxquelles la soif ardente de cette époque a prêté souvent un prix, une saveur qu’elles n’avaient pas en elles-mêmes, sont bien loin de répondre à mes désirs et d’exprimer ce que j’ai senti ; elles sont très-imparfaites, très-négligées, très-incomplètes, et je ne pense pas qu’elles vivent bien longtemps dans la mémoire de ceux dont la poésie est la langue ; je ne me repens cependant pas de les avoir publiées ; elles ont été une note au moins de ce grand et magnifique concert d’intelligence que la terre exhale de siècle en siècle vers son auteur, que le souffle du temps laisse flotter harmonieusement quelques jours sur l’humanité, et qu’il emporte ensuite où vont plus ou moins vite toutes les choses mortelles.
C’est ce que les anciens exprimaient par ce dicton fameux : Primum vivere, deinde philosophari. […] Tu n’auras pas sans doute exprimé tes idées, tes sentiments, ta nature ; mais tu n’auras pas perdu ton temps et ta peine.
Attendri par le grave spectacle de notre misère, préoccupé par l’affirmation vaillante qui consola tant de foules disparues, il a spontanément exprimé, dans ses œuvres, le rêve séculaire de la souffrante humanité. […] A lire leur correspondance qui montre assez l’amour (fût-il platonique) de Louis II pour Wagner et l’expression enflammée de leur amitié toujours plus tendrement exprimée, on comprend comment les caricatures ont pu s’emparer d’un thème bien tentant pour les détracteurs et les caricaturistes.
Ces différences, en l’un comme en l’autre cas, semblent jusqu’à un certain point en corrélation, comme du reste on pouvait s’y attendre, avec les affinités systématiques au moyen desquelles on a pris à tâche d’exprimer, autant que possible, toutes les ressemblances ou dissemblances qui peuvent servir à grouper les êtres organisés. […] Il n’est point étonnant non plus que la facilité d’opérer un premier croisement entre deux espèces, la fécondité des hybrides qui en naissent, et même la faculté de pouvoir être greffées l’une sur l’autre, bien qu’elle dépende évidemment d’autres conditions très différentes, augmentent ou diminuent cependant avec une sorte de corrélation directe, et parallèlement aux affinités systématiques des formes soumises à ces expériences : les affinités systématiques ayant pour objet principal d’exprimer, autant que possible, toutes les ressemblances ou différences qui groupent où séparent les espèces entre elles.
Ce qui me console, c’est que les gens d’esprit de ces doctes générations assurent que cette voie est la meilleure, en définitive pour en revenir à apprécier tout ce qui rentre dans le génie de la France, et ce qui exprime le goût français.
Mais je me hâte d’ajouter, en ce qui est des Lettres présentes que, sauf cette veine d’enthousiasme, d’inspiration quand même, de chevalerie monastique à outrance, qu’il est impossible d’en retrancher ou d’en abstraire, et qui en fait la perpétuelle singularité, il y a quantité de vues morales, fines, délicates, exprimées à ravir, et bien des conseils appropriés, — les conditions toujours étant admises et le cadre accordé ; positis ponendis, comme on disait dans l’École.
Sully Prudhomme soient fiers de lui, et que l’un d’eux nous écrive à son sujet : « Ou je me trompe fort et l’amitié m’égare, ou vous serez frappé de ce volume ; il révèle, si je ne m’abuse, un nouveau mouvement dans la poésie et comme le frémissement d’une aurore encore incertaine. » Je m’explique aussi que l’auteur, à la fin comme au début de son recueil, s’excuse de n’avoir su tout exprimer et tout rendre de ce qu’il voulait étreindre et de ce qu’il sentait : Je me croyais poëte, et j’ai pu me méprendre ; D’autres ont fait la lyre et je subis leur loi ; Mais si mon âme est juste, impétueuse et tendre, Qui le sait mieux que moi ?
Les rapports naturels des sexes, exprimés dans leur franchise, dans leur nudité même, gardent quelque chose de grave et, si l’on ose dire, de sacré.
Si c’est dans l’art qu’elles se produisent et s’expriment, la forme en sera nue, sèche et aride, comme tout ce qui vient avant la saison.
Collé, au tome III de son Journal (décembre 1763), annonçant la mort du grand romancier, s’exprime sur son compte en termes bien durs, bien flétrissants ; mais il en parle d’après d’anciens ouï-dire et en homme qui ne paraît point l’avoir personnellement connu.
On peut dire de lui ce que l’auteur a dit de certains dessinateurs d’après nature, qu’il réussit à exprimer ses vues et ses impressions « sinon habilement, du moins avec une naïveté sentie, avec une gaucherie fidèle. » L’habileté est de la part de l’auteur qui se cache si bien derrière.
Mais si les vérités morales parviennent un jour à la démonstration, et que la langue qui doit les exprimer arrive presque à la précision mathématique, que deviendra l’éloquence ?
Le feu de cette passion dessèche, il est âpre et sombre, comme tous les sentiments qui, voués au secret par notre propre jugement sur leur nature, sont d’autant plus éprouvés que jamais on ne les exprime.
Reprenant la comparaison de l’œuvre d’art avec la nature qu’elle exprime, on aperçoit, par l’exemple de Rubens et de la Flandre, de Raphaël et de l’Italie, que l’art altère la nature pour dégager le caractère essentiel qui n’y ressort pas suffisamment.
J’entends par son art les intentions d’art qu’il exprime.
Il ne s’agit pas seulement de reconnaître ce qui a été vraiment pensé, senti, exprimé par Montaigne et Pascal, par Racine et Victor Hugo ; mais dans ce qui va au-delà de ce qu’on peut raisonnablement appeler leur sens, au-delà des plus fines suggestions qu’on a droit de rapporter encore à leur volonté plus ou moins consciente, dans ce qui n’est plus vraiment que moi, lecteur, réagissant à une lecture comme je réagis à la vie, il ne faut tout de même pas confondre ce qui est le prolongement, l’effet direct, normal, et comme attendu de la vertu du livre, avec ce qui ne saurait s’y rattacher par aucun rapport et ne sert à en comprendre, à en éclairer aucun caractère.
Or, pour arriver à la perfection du style poétique et plastique, il est peut-être nécessaire de n’être point ému en écrivant, de considérer uniquement la valeur musicale et picturale du langage et, en face des objets matériels, de s’arrêter à l’impression qu’on a tout d’abord reçue d’eux, à la sensation première et directe, ou d’y revenir artificiellement afin de n’exprimer qu’elle.
Le farouche écrivain développe, exprime violemment, abondamment — et longuement — les actes et les sentiments de ses personnages : il ne les explique jamais, et ne saurait en effet les expliquer sans éliminer le diable — auquel il tient plus qu’à tout.
Cette adoration s’exprime à toutes les pages, tantôt par le plus beau lyrisme et le plus largement frémissant, tantôt par de petits cris, de menues caresses, des gentillesses et des mièvreries d’une incontestable fadeur.
Par ce mot, liberté, on ne veut exprimer que le droit légitime de conduire sa vie privée selon ses goûts, en n’offensant ni les Loix politiques, ni celles de l’Etat.
La vivacité extrême avec laquelle il s’exprimait sur leur compte ne pouvait manquer de lui susciter des embarras.
Le mot de « royaume de Dieu » exprime, d’un autre côté, avec un rare bonheur, le besoin qu’éprouve l’âme d’un supplément de destinée, d’une compensation à la vie actuelle.
La fine raillerie de l’homme du monde, tempérée par une bonté divine, ne pouvait s’exprimer en un trait plus exquis.
Jésus, avec sa finesse ordinaire, lui exprima quelques doutes.
Il me paraît donc évident que madame Scarron n’avait nullement la crainte qu’elle exprime, celle qu’on lui tendit un piège.
Aussi, dans un pareil moment, sa figure n’exprimait ni indécision ni inquiétude ; tous les regards se portaient sur lui, personne n’osait l’interroger.
Le drame de Shakespeare exprime l’homme à un moment donné.
Ainsi, pour nous charmer, la tragédie en pleurs D’Œdipe tout sanglant fit parler les douleurs, D’Oreste parricide exprima les alarmes, Et pour nous divertir nous arracha des larmes.
Que sait-on de la vie de Juvénal, si ce n’est qu’il vécut pauvre et paya de dix ans d’exil le mépris qu’il exprima pour les débordements honteux de Domitien ?
L’homme, sa personnalité libre, sa moralité, son intellectualité, partout où ces choses-là sont belles, il les sent avec un tressaillement profond, infaillible, qui ne se dément ni ne se blase jamais, et il les exprime avec une émotion presque géniale de vérité et quelquefois presque sainte.
À ces Souvenirs, qui ne sont pas d’elle, mais sur elle, on a, il est vrai, mêlé des lettres, et je suis bien sûr que ce ne sont pas les plus curieuses de la collection, celles-là, par exemple, qui exprimèrent avec le plus d’éloquence les sentiments que cette femme délicieuse et vertueuse sut, à ce qu’il paraît, toujours désespérer.
Hélène, qui intéresse au moins par ses défauts, — parce qu’elle est une femme très bien observée de ce temps anémique et épuisé, qui n’a plus de passion réelle, qui voudrait en avoir ou s’en donner et qui ne peut, et qui n’a pas même la rage de son impuissance, — Hélène est, en somme, un type qu’on ne peut admirer que parce qu’il est ici admirablement exprimé ; mais, tel qu’il est cependant, il nous prend plus fort, à cause de sa réalité, que le type de l’Orpheline, de cette impeccable Madelaine, qu’on pourrait appeler la mécanique du devoir continu, remontée par son père pour sonner le dévouement et les services à rendre à toute heure de jour et de nuit.
Leur science aboutit dès l’abord à la pratique ; et ce qu’ils enseignent, c’est l’art de penser, de raisonner et de s’exprimer.
Je parle de deux vérités historiques, dont l’une nous a été conservée par Hérodote : 1º Ils divisaient tout le temps antérieurement écoulé en trois âges, âge des dieux, âge des héros, âge des hommes ; 2º pendant ces trois âges, trois langues correspondantes se parlèrent, langue hiéroglyphique ou sacrée, langue symbolique ou héroïque, langue vulgaire, celle dans laquelle les hommes expriment par des signes convenus les besoins ordinaires de la vie.
Un peu enveloppée de nuages, comme l’était la philosophie ancienne, elle semble se proposer une espérance encore plus haute qu’elle ne l’exprime et avoir pour dernier terme ce qui élève bien plus que ce qui abaisse l’humanité.
Young a donc premièrement ignoré, ou plutôt mal exprimé, cette tristesse, qui se nourrit du spectacle de la nature, et qui, douce ou majestueuse, suit le cours naturel des sentiments. […] Comment la société exprime-t-elle ses rapports ? Elle les exprime par des volontés qui s’appellent lois. […] Michaud) n’exprime-t-il pas quelquefois des sentiments aimables36 ! […] On peut y remarquer des beautés du premier ordre, exprimées avec éloquence, et quelques-unes de ces pensées que l’on ne trouve que chez les grands écrivains.
Quarante poëtes, parmi eux dix hommes supérieurs, et le plus grand de tous les artistes qui avec des mots ont représenté des âmes ; plusieurs centaines de pièces et près de cinquante chefs-d’œuvre ; le drame promené à travers toutes les provinces de l’histoire, de l’imagination et de la fantaisie, élargi jusqu’à embrasser la comédie, la tragédie, la pastorale et le rêve ; jusqu’à représenter tous les degrés de la condition humaine et tous les caprices de l’invention humaine ; jusqu’à exprimer toutes les minuties sensibles de la vérité présente et toutes les grandeurs philosophiques de la réflexion générale ; la scène dégagée de tout précepte, affranchie de toute imitation, livrée et appropriée jusque dans ses moindres parties au goût régnant et à l’intelligence publique : il y avait là une œuvre énorme et multiple, capable par sa flexibilité, sa grandeur et sa forme, de recevoir et de garder l’empreinte exacte du siècle et de la nation1. […] Le paganisme du Nord s’exprime tout entier dans cet héroïque et douloureux soupir ; c’est ainsi qu’ils conçoivent le monde tant qu’ils restent hors du christianisme, ou sitôt qu’ils en sortent. […] Ni en Grèce, ni en Italie, ni en Espagne, ni en France, on n’a vu d’art qui ait tenté si audacieusement d’exprimer l’âme et le plus intime fond de l’âme, le réel et tout le réel. […] Philaster dit en parlant d’Euphrasie qu’il prend pour un page, et qui s’est déguisée ainsi pour obtenir d’être à son service102 : « Je l’ai rencontré pour la première fois assis au bord d’une fontaine, — il y puisait un peu d’eau pour étancher sa soif, — et la lui rendait en larmes. — Une guirlande était auprès de lui faite par ses mains, — de maintes fleurs diverses, nourries sur la rive, — arrangées en ordre mystique, tellement que la rareté m’en charma. — Mais quand il tournait ses yeux tendres vers elles, il pleurait — comme s’il eût voulu les faire revivre. — Voyant sur son visage cette charmante innocence, — je demandai au cher pauvret toute son histoire. — Il me dit que ses parents, de bons parents étaient morts, — le laissant à la merci des champs, — qui lui donnaient des racines, des fontaines cristallines qui ne lui refusaient pas leurs eaux, — et du doux soleil qui lui accordait encore sa lumière. — Puis il prit la guirlande et me montra ce que chaque fleur, dans l’usage des gens de campagne, signifie, — et comment toutes, rangées de la sorte, exprimaient sa peine. — Je le pris, et j’ai gagné ainsi le plus fidèle, — le plus aimant, le plus gentil enfant qu’un maître ait jamais eu. » L’idylle naît d’elle-même parmi ces fleurs humaines ; le drame suspend son cours pour s’attarder devant la suavité angélique de leurs tendresses et de leurs pudeurs.
En « poésie » comme en religion, il faut la foi, et la foi n’a pas besoin de voir avec les yeux du corps pour contempler ce qu’elle reconnaît bien mieux en elle-même… » De telles idées furent maintes fois, sous de multiples formes toujours nouvelles, toujours rares, exprimées par Villiers de l’Isle-Adam dans son œuvre. […] » L’auteur de Tout Bas et de Presque aurait pu, tout comme un autre, agencer ses méditations en dialogues, ordonner son sentiment selon des chapitres coupés au hasard du tranche-lignes, insinuer en de faux-vivants personnages un peu de vie gesticulée et leur faire exprimer, par d’appréciables agenouillements sur les dalles d’une église connue, la vertu d’une croyance méconnue : en somme rédiger « le Roman du Mysticisme » et vulgariser pour les « journaux littéraires » la pratique de l’oraison mentale. […] S’il fallait, ce qui est bien inutile, s’exprimer plus clairement, on dirait que, de l’avis de quelques-uns, qui en valent peut-être beaucoup d’autres, toute l’histoire littéraire n’est, rédigée par des professeurs selon des vues éducatives, qu’un amas de jugements presque tous à casser et que, en particulier, les histoires de la littérature française ne sont que le banal catalogue des applaudissements et des couronnes échus aux plus habiles ou aux plus heureux. […] Gaston Boissier, en couronnant (touchante coutume) un poète quinquagénaire, le félicitait de n’avoir pas innové, d’avoir exprimé des idées ordinaires en un style facile, de s’être conformé avec scrupule aux lois traditionnelles de la poétique française.
Leur style se rapporte à un certain type commun qu’ils ont reproduit avec plus ou moins de variété, plus ou moins d’éclat, mais qui leur a suffi pour exprimer toutes les idées, tous les sentiments qui sont du domaine de l’intelligence et du cœur. […] Ils se laissaient aller à sa facilité, à sa douceur, à la liberté, à la souplesse de ses allures naturelles ; ils avaient, si je puis m’exprimer ainsi, la main légère, et ne lui brisaient pas le mors dans les dents. […] Aussi bien, c’était le système de Jacquemont partout ailleurs que dans ses lettres ; il était trop sérieux pour compromettre follement sa vie ; et sa confiance, si vivement exprimée, tenait au soin même qu’il prenait de sa santé. […] « Messieurs, ces sentiments que je vous ai si faiblement exprimés dans une langue étrangère, mais que mon cœur éprouve si vivement, croyez qu’ils sont partagés par l’immense majorité de la génération à laquelle j’appartiens, et qui vient de conquérir le pouvoir politique dans mon pays.
J’avoue que cette réplique excuse suffisamment, à mes yeux, le refus du père de la jeune fille, la vie devant être insupportable avec un gendre qui s’exprime de la sorte ; ces garçons-là seraient faits pour vous réconcilier avec les épiciers si on était brouillé avec eux. […] Sully-Prudhomme a, comme nous, été séduit par cette poésie sans prétention, sans recherche ni faux éclat, ne demandant aux mots qu’un moyen d’exprimer exactement la pensée. […] Il savait, du reste, admirablement, par des comparaisons charmantes, exprimer les nuances les plus rares de ses sentiments. […] Ce sont des pensées venues naturellement et naturellement exprimées, ce qui en double la valeur. […] Anatole France, je ne puis m’empêcher de citer cette opinion aussi juste qu’ingénieusement exprimée sur toutes les philosophies qui, selon lui, sont intéressantes seulement comme des monuments psychiques propres à éclairer le savant sur les divers états qu’a traversés l’esprit humain.
L’horreur des rivières sans ombrages, qui coulent entre les amoncellements de gravats, les décharges de sables, les murs d’usines, est ici exprimée fortement par un pinceau âpre, des couleurs vraies et tristes. […] Semblables aux Sioux et aux Apaches, ils se payaient, si j’ose m’exprimer ainsi, la tête de leurs ennemis. […] Il m’a semblé que je voyais quelqu’un « de la carrière » s’évertuant à exprimer l’inexpressible. […] Ainsi s’exprime, dédaigneuse, la sagesse des brillants causeurs et des écrivains rapides dont la verve débridée ne connaît pas de scrupules ni d’obstacles. […] Il termina son rapport par cette formule : « Sur ces mots, je pris congé de Sa Hautesse. » Il avait tout simplement commis un solécisme, et, si j’ose m’exprimer ainsi, une gaffe.
S’il en est ainsi et si c’est sur ce musée que l’on nous juge au loin, il y a vraiment lieu d’exprimer notre gratitude au peintre. […] Je puis donc les exprimer avec ma sincérité habituelle, sans crainte de jeter en son jeune cœur la moindre inquiétude. […] Un seul suffit pour exprimer l’émotion qu’a produite la vue des choses du dehors ; c’est à nous, en présence de cette émotion, de reconstituer le tableau. […] Dénouement commode, mais logique en ce qu’il exprime bien la pensée de M. […] Il en résulte que le spectateur se préoccupe plus des théories exprimées qu’il ne s’intéresse aux personnages.
Dans leur langue, les flèches « sont les serpents de Héla, élancés des arcs de corne », les navires sont « les grands chevaux de la mer », la mer est la coupe des vagues, « le casque est « le château de la tête » ; il leur faut un langage extraordinaire pour exprimer la violence de leurs sensations, tellement que lorsque avec le temps, en Islande où l’on a poussé à bout cette poésie, l’inspiration primitive s’alanguit et l’art remplace la nature, les Skaldes se trouvent guindés jusqu’au jargon le plus contourné et le plus obscur. […] La profonde et poignante impression qu’il reçoit du contact des objets et qu’il ne sait encore exprimer que par un cri, l’exemptera plus tard de la rhétorique latine, et se tournera vers les choses aux dépens des mots. […] Turner remarque que la même idée exprimée par le roi Alfred, en prose, puis en vers, occupe dans le premier cas seize mots, et dans le second sept.
Ellora meurt sous le regard étonné de Cecil, après lui avoir confessé son amour inassouvi et ses pensées suprêmes où s’exprime l’essence de sa vie. […] Tout artiste puissant et original doit nécessairement heurter le goût de ses contemporains, car il apporte une façon nouvelle de sentir, et une façon nouvelle de sentir ne peut s’exprimer fortement qu’avec des moyens nouveaux. […] Par conséquent, ce qui distinguera toujours la poésie vraie de la prose, ce ne sera pas la forme extérieure, superficielle et souvent factice, — artificielle, — ce sera l’intérieur même du mouvement d’âme réel, exprimé, traduit, fixé… La prose, au contraire, est méthodique, analytique, réfléchie.
Après avoir entendu le chevalier exprimer son admiration pour tout ce qu’il voyait, la reine lui dit : « Il y a plus encore, c’est que nous serons en l’état où vous nous voyez tant que le monde durera. […] À la même époque à peu près appartient un petit poème dans lequel Tannhäuser exprime son repentir d’être allé dans le Venusberg et raconte le refus du pape Uubain IV de lui pardonner ; il espère néanmoins obtenir sa grâce par l’intercession de la Vierge. […] Ce qui est propre à la nôtre, c’est l’antagonisme qu’elle exprime entre l’inflexibilité de l’Église et l’infinie miséricorde de Dieu. […] On y reconnaît une symétrie qui est troublée dès qu’on en modifie un, et qui devait s’exprimer, dans la langue primitive, par des mots mieux faits que ceux du grec pour la mettre en pleine lumière. […] On sait la haine féroce que ce poète bizarre, contemporain et ennemi de Dante, nourrissait contre son père, et qu’il a exprimée dans de nombreux sonnets, qui sont assurément au nombre des productions les plus extraordinaires de la poésie.
Quand, à Hyde-Park, on voit leurs jeunes filles riches, leurs gentlemen à cheval et en équipage, lorsqu’on réfléchit sur leurs maisons de campagne, sur leurs habits, leurs parcs et leurs écuries, on se dit que véritablement ce peuple est fait selon le cour des économistes, j’entends qu’il est le plus grand producteur et le plus grand consommateur de la terre, que nul n’est plus propre à exprimer et aussi à absorber le suc des choses ; qu’il a développé ses besoins en même temps que ses ressources, et vous pensez involontairement à ces insectes qui, après leur métamorphose, se trouvent tout d’un coup munis de dents, d’antennes, de pattes infatigables, d’instruments admirables et terribles, propres à fouir, à scier, à bâtir, à tout faire, mais pourvus en même temps d’une faim incessante et de quatre estomacs. […] Ainsi fixé et exprimé, il est désormais le moteur du reste ; c’est lui qui explique le présent, c’est de lui que dépend l’avenir ; sa force et sa direction produisent la civilisation présente ; sa force et sa direction produiront la civilisation future.
XIV La petite ode à Posthumus est une répétition de la même tristesse exprimée en vers qui semblent fuir d’eux-mêmes le temps dont ces vers retracent la fuite insensible. […] Ce dédain, il l’exprime comme il le sent, avec l’audace d’un homme qui n’espère rien de la multitude : « Je hais le profane vulgaire, et je l’écarte. » Cela ne l’empêche pas de chanter la vertu civique pour elle-même dans les strophes les plus mâles qui aient jamais été écrites à la gloire de l’héroïsme civil.
il n’y a ni cœur ni langue qui puisse te concevoir ou t’exprimer. […] Versons du sang d’une truie qui ait dévoré ses neuf marcassins, et de la graisse exprimée du gibet d’un meurtrier ; et jetons-les dans la flamme.
Par contre, il n’y a pas de comédie de caractères qui le soit purement, qui exprime les caractères généraux sans les formes particulières des ridicules contemporains : voyez les Femmes savantes, le Misanthrope, Tartufe. […] Il a exprimé son idéal de la bonté paternelle dans une scène charmante et attendrie de Mélicerte, II, 5.
Si Jésus avait jamais parlé dans ce style, qui n’a rien d’hébreu, rien de juif, rien de talmudique, si j’ose m’exprimer ainsi, comment un seul de ses auditeurs en aurait-il si bien gardé le secret ? […] La manière dont Aristion ou Presbyteros Joannes s’exprimait sur l’évangile de Marc devant Papias (Eusèbe, H.
XXXI Cette impression croissante se renouvela et s’accrut, connue on le pense bien, par les hautes études de mon adolescence, par les ennuis d’une longue oisiveté dans ma jeunesse inoccupée, qui ne trouvait son aliment que dans la lecture, par le besoin d’exprimer dans la solitude ces premières passions, qui, après avoir parlé en ardeur et en larmes, s’amortissent en parlant en vers ou en prose ; enfin par ces premières amours de l’imagination ou du cœur qui empruntent tous la voix de la poésie : la poésie ! ce chant de l’âme qui exhale ce qui nous semble trop divin en nous pour rester enseveli dans le silence ou pour être exprimé en langue usuelle ; littérature instinctive et non apprise, qui prend ses soupirs pour des accents, et qui cadence les battements de deux cœurs pour les faire palpiter à l’unisson de leurs accords.
Il est vrai que c’est là une manière vague de s’exprimer, et qu’il faudrait indiquer avec précision, dans des cas où rien de visible n’a disparu de la conscience, en quoi la conscience est diminuée. […] Des observateurs qui ne se connaissent pas entre eux, qui parlent des langues différentes, s’expriment ici en termes qui sont la traduction textuelle les uns des autres.
Avant de nous peindre, de nous raconter le jeune homme, il nous exprime le vieillard tel qu’il se montre encore aujourd’hui à la postérité dans les austères et magnifiques portraits qui le font reconnaissable entre tous : Qui que tu sois qui regardes l’image de ce grand homme, s’écrie Saumaise, ne te semble-t-il pas, à la voir seulement, que la vertu vient au-devant de toi, et qu’elle descend des rides de ce front comme des degrés d’un théâtre ou d’un magnifique palais ?
Tel est le premier des beaux et grands paysages de Ramond, par lesquels il exprime dans ses différences avec les Alpes la nature pyrénéenne.
François Ier, qui était à Avignon, avait plusieurs fois exprimé tout haut le désir qu’on détruisît lesdits moulins, et y attachait de l’importance ; mais chacun rebutait à l’exécution pour un danger si réel à la fois et bien peu chevaleresque.
Il y a, à cet endroit, de fort belles strophes, et qui expriment énergiquement la protestation de l’antique frugalité à la vue des poursuivants modernes de la richesse et des adorateurs du veau d’or ; j’en veux citer une seule, qui a bien du souffle et de la verdeur : Généreuse aristocratie Des grands cœurs sur terre envoyés, Ô Caton, ô La Boëtie, Fiers de vos indigents foyers !
Cet homme, ce caractère, on l’avait déduit avec netteté et certitude de quelques pensées simples et grandes exprimées avec un accent qui ne trompe pas.
Les amis de la reine, et lui-même le duc de Luynes, s’expriment sur son compte avec assez d’éloges.
Dans la lettre de M. de Tocqueville perçait l’idée, poliment exprimée, qu’un homme qui se respecte doit être de l’opposition.
Partagé entre ses devoirs militaires et ses convictions civiles, s’en exagérant peut-être la complication, il commença dès lors à ressentir et à exprimer des dégoûts extraordinaires, à fléchir sous le poids de la responsabilité.
je sais des esprits qui l’ont très-bon, et qui, en même temps, manquent de goût, parce que le goût exprime ce qu’il y a de plus fin et de plus instinctif dans le plusconfusément délicat des organes.
Il parle de vérité ; mais est-ce qu’il se figure que parce que nous sommes polis et que nous nous exprimons sur certains grands sujets d’un air de doute et de défiance pour nos propres opinions, nous ne croyons pas aussi à la vérité ?
Mes pas suivent encor le char qui les emporte ; Dans la fosse mon cœur tombe encor par lambeaux ; Et comme les cyprès plantés sur leurs tombeaux, Ma douleur chaque jour croît et devient plus forte… Je recommande aussi le beau et triste sonnet qui exprime une pensée d’agonie : J’ai passé quarante ans.
Il lui exprima son approbation, en ajoutant ces mots qui résument, ce me semble, à merveille le genre d’égards qui restent dus aux anciens noms historiques, dans la juste et stricte mesure des idées de 89 : « On vous doit, monsieur, les occasions de vous distinguer ; mais souvenez-vous bien toute votre vie qu’on ne vous doit que cela. » M.
Vauvenargues, voulant exprimer le charme qu’a pour le talent un premier succès et un début heureux dans la jeunesse, a dit avec bien de la grâce : « Les feux de l’aurore ne sont pas si doux que les premiers regards de la gloire. » De même pour le critique qui étudie un talent, il n’est rien de tel que de le surprendre dans son premier feu, dans son premier jet, de le respirer à son heure matinale, dans sa fleur d’âme et de jeunesse.
Cette chanson exprime une doctrine de troubadour des plus fines et des plus distinguées, la doctrine de la politesse, de la chevalerie courtoise, du comme il faut en galanterie.
Elle menace, si le désordre continue, d’emporter avec elle le Génie de la maison, le serpent noir qui dort là-haut sur des feuilles de lotus : « Je sifflerai, il me suivra, et, si je monte en galère, il courra dans le sillage de mon navire, sur l’écume des flots. » Tout ce qu’elle chante est harmonieux ; elle s’exprime dans un vieil idiome chananéen que n’entendent pas les Barbares ; ils n’en sont que plus étonnés.
Mais il s’aventure un peu trop, l’habile docteur, quand il exprime l’idée qu’on pourrait donner à la femme le dégoût du mal avant l’entière expérience, lui faire connaître les déboires de la trahison, avant qu’elle soit irréparable ; bref, mettre la femme en goût d’un amant et l’en déprendre avant qu’il soit trop tard : un vrai tour de passe-passe.
83 N’ayant pas sous les yeux Ménandre ou tout autre des comiques grecs imités par Térence, nous ne pouvons bien juger du sens et de la nuance exacte du regret exprimé par César.
Bossuet excelle à découvrir et à exprimer ces doubles sens qui sont l’attrait et le mirage des imaginations tournées au mystique, et où il triomphe après saint Augustin, après saint Bernard, après tant d’autres ingénieux talents ; car ce qu’il y a eu d’esprit, à proprement parler, dépensé à ces sortes de subtilités depuis tantôt deux mille ans est prodigieux.
Je m’acquitterai du devoir de l’offrir à Dieu et en même temps tous ceux qui y ont part, afin qu’il daigne se trouver à ces noces chrétiennes et y apporter de ce bon vin que lui seul peut donner, qui met la vraie joie dans le cœur, et qui donne aux vierges une sainte fécondité en plus d’une manière : Vimim germinans virgities, comme parle un prophète. » Vous éprouvez sans doute, monsieur, qu’il n’est besoin de vous nommer l’auteur, ni de vous le désigner plus clairement. » Ainsi échangeaient de loin leurs bénédictions, ainsi s’exprimaient entre eux avec une prudence mystérieuse ces hommes de piété et de ferveur dont le commerce semblait un crime, et en qui l’esprit de parti prétendait découvrir de dangereux conspirateurs.
Il exprimait volontiers, d’ailleurs, dans le particulier, sa peine de ne pouvoir venir quelquefois, et il témoignait en paroles combien cette privation lui coûtait.
Léonard a exprimé toute sa reconnaissance.
Cette sincérité est d’un autre ordre ; elle consiste dans les sentiments qu’on exprime, dans l’ensemble des jugements et des vues ; ne pas se louer directement ni indirectement, ne pas se surfaire, ne pas s’embellir ; s’envisager soi et autrui à un point juste et l’oser montrer.
Or, à ce titre, on peut considérer les deux conditions comme des moyens, et leur commun résultat comme un but, comme le but de la nature exprimé par une loi suprême.
Le classique s’inquiète de sa destinée à l’église, ou bien en lisant ou faisant un sermon ; le romantique mêle cette inquiétude dans tous ses actes (d’où il perd vite la faculté d’agir), et ne peut exprimer aucune pensée qui ne la contienne (d’où la pente rapide vers le lyrisme).
Elle ne sait où s’exprimer et n’est plus convaincue de sa mission.
Là, le miroir en main et ce grand homme en face, Il n’est contorsion, posture ni grimace Que ce grand écolier du plus grand des bouffons Ne fasse et ne refasse en cent et cent façons : Tantôt, pour exprimer les soucis d’un ménage, De mille et mille plis il fronce son visage, Puis, joignant la pâleur à ces rides qu’il fait, D’un mari malheureux il est le vrai portrait.
On semble avoir voulu exprimer par ce bariolage cette nature de caméléon dont Riccoboni parlait tout à l’heure.
Seulement elle s’exprime d’autre sorte.
Ils ont reçu de Wagner le goût du leitmotiv — et la manière de le traiter… Souhaitons qu’ils n’oublient point de marquer leur individualité spéciale, d’avoir, bien à eux, leur façon de sentir et leur façon d’exprimer.
Achille Devéria a tracé d’elle, le jour de sa mort, une esquisse fidèle qui exprime la souffrance et le repos.
Pour moi, je ne puis qu’exprimer un regret qui rentre dans ce que je viens de dire tout à l’heure sur le goût et les urbanités du siècle de Louis XIV, c’est que le biographe, en abordant le siècle d’Auguste, n’ait pas assez senti que le plus grand charme d’une Vie d’Horace, pour le lecteur homme du monde, était l’occasion même de relire le poète peu à peu et sans s’en apercevoir, moyennant des citations bien prises et qui feraient repasser sous les yeux tous ces beaux et bons vers, trésor de sagesse ou de grâce.
Ainsi, à aucun point de vue, les livres ne sont inférieurs aux choses ; je parle des grands livres, qui ne sont pas de purs accidents, mais qui sous une forme particulière expriment quelques-unes des lois générales de la pensée.
C’est que notre littérature du dix-neuvième siècle a sur ses aînées cet incontestable avantage d’être plus accessible à tous et plus aimante pour tous, d’exprimer des sentiments plus fraternels et des idées plus généreuses, de se révéler plus philanthropique et, quoi qu’on dise, plus chrétienne, de porter sur elle-même le double signe des temps nouveaux, l’amour et la justice !
Il n’en fut pas de même pour un grand livre que projeta toute sa vie Balzac et où il devait exprimer ses idées politiques, ses préférences pour un « gouvernement fort et hiérarchique », disait-il dans une lettre à Montalembert, sous ce titre bizarre : Histoire de la succession du Marquis de Carrabas.
Nous avons, de plus, exigé des vers pour reconnaître la poésie, comme si cette langue triée, à laquelle nous ajoutions la rime, constituait essentiellement la poésie ; comme si, depuis que la muse épique ne confie plus ses annales mélodieuses à la tradition orale, depuis que ses poèmes ne se chantent plus, il pouvait y avoir une raison pour écrire en vers ; comme si enfin il n’y avait pas toujours eu une partie au moins de la poésie française, celle qui affectait l’imitation de la langue grecque, qui trouvait mieux à s’exprimer en prose.
Elle est par sa nature, essentiellement sur-vitale, si j’ose m’exprimer ainsi, parce qu’elle admet, à l’inverse du christianisme, que la vie ne peut pas ne pas être un bienfait.
» Les deux passions de la vie romaine, le labourage et la guerre, s’exprimaient dans cette rude antienne ; et, soit qu’elle nous arrive dans un texte déjà rajeuni, soit que plusieurs mots de ce texte demeurent inexpliqués pour nous, soit toute autre hypothèse, l’accent général cependant n’est pas douteux ; et cette voix nous rappelle bien la dureté laborieuse et le courage de l’ancienne Rome.
Mais cette idée, qui du reste était grande, il est le premier qui l’ait conçue, exprimée et soutenue avec une ténacité extraordinaire. […] On voulait connaître le jeune publiciste qui avait exprimé, sans les connaître, une partie des idées du chef de l’État. […] Il prouve que le Génie du christianisme ne fut pas isolé, et qu’il répondait à un besoin, à une sollicitation de l’opinion publique, déjà exprimée çà et là. […] Il écrit à la première page d’un de ses livres : « Je veux exprimer la grande pensée de mon siècle… » Exprimer est impropre, et la grande pensée n’est pas juste. […] Au fond, il n’avait point tort, et, s’il n’exprimait pas la grande pensée de son siècle, il représentait très bien l’état de pensée général en son temps.
Pour résumer nos idées sur ce que devrait être le réalisme, je cherche une formule générale qui exprime à la fois sa méthode et son pouvoir de création. […] Sait-on bien que Mirabeau s’exprimait sur la monarchie prussienne en termes identiques ? […] Vainement une voix isolée tente d’exprimer l’allégresse : son propre écho lui rapporte le chagrin et l’ennui ; elle s’attriste en s’écoutant. […] Cette pauvre petite voix forcée, vacillante comme un filet de fumée, résonnait si douloureusement, elle se donnait tant de peine pour exprimer l’âme tout entière ! […] Je vous écris expressément pour vous dire combien j’ai été heureux d’être votre contemporain, et pour vous exprimer ma dernière, instante prière.
Ils y mettront du Fénelon, c’est quelque chose ; ils y mettront du Bossuet, c’est mieux encore ; ils y mettront surtout cette connaissance approfondie qu’ils ont eue tous les deux de l’homme : Bossuet, de l’homme extérieur, si je puis m’exprimer ainsi, de l’homme fait pour agir, pour vivre, pour se rendre utile dans la société de ses semblables, pour travailler ; Fénelon, de l’homme intérieur. […] Guerrier cite quelque part un passage de la Relation sur le quiétisme, où Bossuet s’exprime en ces termes : « Reconnaître une erreur, ce n’est pas là se diffamer, c’est s’honorer au contraire et réparer sa réputation blessée. […] Guerrier en use avec les textes quand il croit pouvoir en exprimer quelque chose de défavorable à Bossuet ? […] Car, pressez un peu cette fragile antithèse, et voyez si vous en exprimerez un sens qui soit solide ou même satisfaisant ! […] Traduisons correctement la pensée qu’une modestie de bon, — goût l’empêchait d’exprimer tout entière.
Le vieux Boileau n’exprimait pas une autre vérité quand il disait : Le vers se sent toujours des bassesses du cœur. […] Regardez Flaubert s’appliquer à constituer ses personnages par une série de petits faits, comme s’exprimait dès lors son grand ami, le psychologue Taine. […] Et dans quels termes et combien douloureux il exprime ce déconcertement ! […] Je vois bien qu’on applique ces mots dans les mêmes occasions et que, toutes les fois que deux hommes voient un corps changer de place, ils expriment tous deux la même vue de ce même objet par le même mot, en disant l’un et l’autre qu’il s’est mû. […] Écoutez-le ensuite plaider pour son fils devant le tribunal et attester les morts, leurs morts, afin de prouver son innocence : « La famille n’est-elle qu’une grande force matérielle exprimée visiblement par la continuité du patrimoine ?
Les effets qui résultent de la lésion du cerveau ont quelque analogie avec ceux qu’amène le progrès de l’âge ; le malade ne conserve que le souvenir des impressions récentes, et oublie celles qui sont d’une date plus ancienne… Parmi les malades, les uns ont toujours par la suite la mémoire imparfaite… Dans certains cas particuliers, les malades ne peuvent plus se servir du mot propre pour exprimer leurs idées ; souvent le jugement est affaibli ». — D’autres atteintes portées au cerveau par un intermédiaire produisent des effets semblables ; on connaît l’évanouissement qui suit les grandes pertes de sang, le désordre d’idées qu’entraîne l’ivresse, la stupeur qu’engendrent les narcotiques, les hallucinations qu’amène le haschich, l’excitation d’esprit que développe le café, l’insensibilité que provoquent le chloroforme et l’éther130. — En résumé, l’altération des lobes cérébraux a pour contrecoup l’altération proportionnée de nos images. […] La règle est générale, qu’il s’agisse des muscles qui jouent pour proférer la parole, ou des muscles qui travaillent pour remuer les membres, pour exprimer les émotions, pour opérer ou aider les perceptions. […] Pour exprimer ses idées très saines et très bien liées, le malade ne trouve que le même mot absurde, ou des suites de mots qui n’ont aucun sens ; entre l’articulation intérieure et l’articulation extérieure, le pont est rompu.
Quand je la vois, une émotion et des transports qu’on peut sentir, mais qu’on ne saurait exprimer, m’ôtent l’usage de la réflexion ; je n’ai plus d’yeux pour ses défauts ; il m’en reste seulement pour tout ce qu’elle a d’aimable. […] Cela n’est point exagéré, c’est ainsi qu’est fait ce que les Anglais appellent l’infatuation, mot assez peu usité parmi nous, mais nécessaire pour exprimer un travers très-commun. — Le mot engouement exprime aussi très-bien cette passion des esprits faibles ; car, il faut le remarquer, l’infatuation ou l’engouement est une maladie de l’esprit ; le cœur n’y a aucune part: ainsi l’infatuation du comte de Galiano pour son singe, d’un roi pour son favori, et d’Orgon pour Tartuffe, sont des passions du même genre.
Comme j’étais en arrêt devant une eau-forte de Whistler, Montesquiou me dit que Whistler est en train de faire deux portraits de lui : l’un en habit noir avec une fourrure sous le bras, l’autre en grand manteau gris, au col relevé, avec au cou un liséré de cravate, d’une nuance, d’une nuance qu’il ne dit pas, mais dont son œil exprime la couleur idéale. […] Dimanche 11 octobre Une cousine des Daudet qui vient d’être opérée d’une tumeur intérieure, chez les Bénédictines de la rue de la Santé (le Saint-Jean-de-Dieu pour les femmes), exprimait, la veille de l’opération, à Mme Daudet, l’horreur qu’elle éprouvait pour tous les meubles de cette chambre, bien certainement plusieurs fois habitée par la mort, et la répugnance qu’elle avait à toucher à cette sonnette du fond du lit, pénétrée pour elle de la sueur des mains d’agonisantes qui l’avaient secouée. […] Et là-dessus il exprime le regret d’avoir écrit Le Petit Chose, quand il l’a écrit, en un temps où il ne savait pas voir.
L’expressionniste préférerait pouvoir s’« exprimer » sans mots. […] , p. 210 : « M’essayant, non point à la critique qui n’a jamais été mon fort, mais à l’apologie, j’ai plus modestement exprimé dans Vers et Prose mon admiration pour Jean Moréas ; mon admiration et celle de plusieurs autres aussi éloignées du souci d’esthétique qui est celui des Stances, que Guillaume Apollinaire. […] Après un premier roman publié sous son nom en 1889, Chair vaincue, Henri Ner adopte le pseudonyme de Han Ryner en 1898, sous lequel il publie Le Crime d’obéir dans la revue La Plume (1898-1900), où il exprime sa philosophie individualiste.
Il aime peu la presse d’ailleurs, et si en 1847 on le voit n’augurer rien de bon du système politique ministériel qui continuait de prévaloir, ce n’est point qu’il penche du côté des journaux ; il s’exprime sur leur compte avec un dédain et une énergie de soldat : antipathie de milieu et de métier, plus encore que de nature. […] [NdA] C’est le même sentiment qu’exprime héroïquement Hector (au commencement de la tragédie de Rhésus d’Euripide), lorsqu’on vient l’éveiller de nuit pour lui annoncer que le camp des Grecs s’illumine de tous côtés de feux, ce qui est probablement le signal du départ : « Ô mauvais génie, s’écrie-t-il, qui m’arrache mon festin de lion au plus beau moment, avant que j’aie pu exterminer, balayer l’armée des Grecs tout entière avec cette lance que voilà !
Il les exprimait le plus souvent par des rapprochements littéraires et poétiques, des citations empruntées à de grands poètes des époques les plus brillantes de la Littérature. […] J’ai chargé votre cher enfant de le faire pour moi, et j’ai cru que vous n’en seriez point inquiète. — Votre lettre du 12 courant, où vous voulez bien m’exprimer les mêmes sentiments, est trop obligeante pour différer plus longtemps de vous écrire. — J’ai reçu l’effet… que vous m’avez adressé.
Dans la célèbre pièce de la Magicienne, la Simétha de Théocrite ne s’exprime pas autrement lorsqu’elle veut rendre l’effet soudain que lui fit le beau Delphis, le jour qu’en allant à la fête elle le vit sortir tout brillant et tout luisant du gymnase : « Je le vis, et du coup je devins folle, et mon cœur fut attaqué tout entier, malheureuse ! […] Les vers de Racine : Vous pourriez à Colchos vous exprimer ainsi.
Nulle part comme dans la Princesse de Clèves, les contradictions et les duplicités délicates de l’amour n’ont été si naturellement exprimées : « Mme de Clèves avoit d’abord été fâchée que M. de Nemours eût eu lieu de croire que c’étoit lui qui l’avoit empêchée d’aller chez le maréchal de Saint-André ; mais, ensuite, elle sentit quelque espèce de chagrin que sa mère lui en eût entièrement ôté l’opinion… » — « Mme de Clèves s’étoit bien doutée que ce prince s’étoit aperçu de la sensibilité qu’elle avoit eue pour lui ; et ses paroles lui firent voir qu’elle ne s’étoit pas trompée. […] — Je lis plus loin une phrase sur ces années « dont on ne s’est point encore sincèrement repenti, parce qu’on est assez injuste pour excuser sa foiblesse et pour aimer ce qui en a été cause 125. » Un an avant de mourir, Mme de La Fayette écrivait à Mme de Sévigné un petit billet qui exprime son mal sans repos nuit et jour, sa résignation à Dieu, et qui finit par ces mots : « Croyez, ma très-chère, que vous êtes la personne du monde que j’ai le plus véritablement aimée. » L’autre affection qu’elle ne nommait plus, qu’elle ne comptait plus, était-elle donc enfin ensevelie, consumée en sacrifice ?
Ainsi les quatre sens spéciaux sont quatre langues spéciales, chacune appropriée à un sujet différent, chacune admirable pour exprimer un ordre de faits et un seul ordre de faits. Au contraire, le toucher est une langue générale appropriée à tous les sujets, mais médiocre pour exprimer les nuances de chaque sujet.
Il avait existé sous l’ancienne monarchie un clergé puissant, en possession d’une grande partie du sol, ne supportant aucune des charges publiques, faisant seulement, quand il lui plaisait, des dons volontaires au trésor royal, constitué en pouvoir politique, et formant l’un des trois ordres qui, dans les états généraux, exprimaient les volontés nationales. […] Le Génie du Christianisme, dit-il, comme toutes les œuvres remarquables, fort loué, fort attaqué, produisait une impression profonde parce qu’il exprimait un sentiment vrai et très général alors dans la société française : c’était ce regret singulier, indéfinissable, de ce qui n’est plus, de ce qu’on a dédaigné ou détruit quand on l’avait, de ce qu’on désire avec tristesse quand on l’a perdu.
Généralement il exprimait ses idées par de petites phrases sentencieuses et dites d’une voix douce. […] « Dans la vie chaste et monotone des jeunes filles, il vient une heure délicieuse où le soleil pur épanche ses rayons dans l’âme, où la fleur exprime ses pensées, où les palpitations du cœur communiquent au cerveau leur chaude fécondance, et fondent les idées en un vague désir ; jour d’innocente mélancolie et de suaves joyeusetés.
Jamais il n’avait été plus heureux que dans ce temps, tout misérable qu’il était… D’abord, reprend-il, il n’avait pas un moment douté de son succès futur, non qu’il eût une idée bien définie de ce qui lui arriverait, mais il était convaincu qu’il réussirait, ajoutant que c’était assez difficile à exprimer ce sentiment de confiance, que par pudeur vis-à-vis de nous, il définit ainsi « que s’il n’avait pas foi dans son œuvre, il avait confiance dans son effort ». […] Mauvaise impression produite dans la salle, sans que je m’en doute trop, par la scène châtrée de Bourjot, que Céard supprime, sur la crainte, exprimée par Zola, que la scène ne soit accrochée.
Il y a cinq manières principales d’exprimer sa pensée pour la communiquer aux hommes : La chaire sacrée qui parle aux hommes, dans les temples, de leurs premiers intérêts : la Divinité et la morale ; La tribune aux harangues qui parle aux hommes, dans les assemblées publiques, de leurs intérêts temporels de patrie, de liberté, de lois, de formes de gouvernement, d’aristocratie ou de démocratie, de monarchie ou de république, et qui remue leurs idées ou leurs passions par l’éloquence de discussion, l’éloquence parlementaire ; La place publique, où, dans les temps de tempête, de révolution, de sédition, le magistrat, le tribun, le citoyen monte sur la borne ou sur les marches du premier édifice qu’il rencontre, parle face à face et directement au peuple soulevé, le gourmande, l’attendrit, le persuade, le modère et fait tomber de ses mains les armes du crime pour lui faire reprendre les armes du patriotisme et des lois. Ce n’est plus là ni l’éloquence sacrée, ni l’éloquence parlementaire, c’est l’éloquence héroïque, l’éloquence d’action qui présente sa poitrine nue à ses auditeurs et qui offre son sang en gage de ses discours ; Le livre qui, par l’ingénieux procédé de l’écriture ou de l’impression, reproduit, pour tous et pour tous les temps, la pensée conçue et exprimée par un seul, et qui communique, sans autre intermédiaire qu’une feuille de papier, l’idée, le raisonnement, la passion, l’image, l’harmonie même empreinte sur la page ; Enfin le théâtre, scène artificielle sur laquelle le poète fait monter, aux yeux du peuple, ses personnages, pour les faire agir et parler dans des actions historiques ou imaginaires, imitation des actions tragiques ou comiques de la vie des hommes.
Quand les anciens, nos maîtres en tout, parce qu’ils ont marché les premiers, voulurent exprimer dans une seule figure la suprême beauté physique de l’homme, ils ne sculptèrent pas un enfant, ils sculptèrent Apollon, le dieu de la beauté à trente ans ; ils sculptèrent Hercule, le dieu de la force à quarante. Et quand ils voulurent exprimer dans une seule figure la suprême beauté intellectuelle et morale, ils sculptèrent la figure d’un vieillard, le vieil Homère, visage presque sépulcral sur lequel la cécité même, infirmité des sens, ajoute à la beauté intellectuelle, morale et recueillie en dedans du vieillard ; car s’il est beau d’être jeune, s’il est beau d’être mûr, il est peut-être plus beau encore de vieillir avec les fruits amers, mais sains de la vie dans l’esprit, dans le cœur et dans la main.
Baudelaire en convient implicitement lui-même par cette appréciation juste et profonde du talent de son auteur : « Aucun homme n’a raconté avec plus de magie les exceptions de la vie humaine et de la nature ; — les ardeurs de curiosité de la convalescence ; — les fins de saisons chargées de splendeurs énervantes, les temps chauds, humides et brumeux, où le vent du sud amollit et détend les nerfs comme les cordes d’un instrument, où les yeux se remplissent de larmes qui ne viennent pas du cœur ; — l’hallucination… l’absurde s’installant dans l’intelligence et la gouvernant avec une épouvantable logique ; — l’hystérie usurpant la place de la volonté, la contradiction établie entre les nerfs et l’esprit, et l’homme désaccordé au point d’exprimer la douleur par le rire. » Si on fait le compte de ces puissances, on se demande où, dans tout cela, se trouve la place de l’âme humaine. […] Edgar Poe est un poète pathologique qui peut exprimer des phénomènes très particuliers à l’organisation humaine, mais les sentiments qui sont la substance invisible, le mérite de l’homme ou son crime, son bonheur ou son infortune, et qui vibrent dans l’humanité depuis Priam aux pieds d’Achille jusqu’à la dernière des mères qui sanglote et qui veille auprès d’un berceau, depuis l’amour criminel de Phèdre jusqu’au pieux amour de Pauline, ne vibrent pas dans son génie.
. — C’est qu’en effet tous ces paysages étaient poétiques, et donnaient l’envie de connaître ces éternelles et grasses verdures qu’ils exprimaient si bien — mais cette année l’application ne serait pas juste, car nous ne croyons pas que M. […] Il serait bon que tous les gens qui se cramponnent à la vérité microscopique et se croient des peintres vissent ce petit tableau, et qu’on leur insufflât dans l’oreille avec un cornet les petites réflexions que voici : ce tableau est très-bien, non parce que tout y est et que l’on peut compter les feuilles, mais parce qu’il rend en même temps le caractère général de la nature — parce qu’il exprime bien l’aspect vert cru d’un parc au bord de la Seine et de notre soleil froid ; bref, parce qu’il est fait avec une profonde naïveté — tandis que vous autres, vous êtes trop… artistes. — (Sic).
Fauriel, en citant tout ce passage, a dit : « Ce qui me frappe le plus dans ce discours, ce n’est pas d’être pathétique et naturel, c’est d’être, et d’être éminemment ce que nous ne saurions mieux exprimer que par l’épithète d’homérique. » L’expression est si juste que, dans ce qui suit, on est forcé encore de se ressouvenir de Virgile et surtout d’Homère, et des noirs sourcils du roi des dieux, dont un mouvement fait trembler tout l’Olympe.
La grâce avec l’indulgence y respire ; la bouche exprime la bonté ; l’œil large et spirituel, le coin souriant des lèvres, la rondeur et la mollesse des tempes, composent une physionomie ouverte et sensible, où la joie laisse percer peut-être un dernier fonds de tristesse.
Arago même la suite d’éloges et de témoignages décernés par toutes les classes et par tous les rangs de la société en l’honneur de Watt, on ne désire plus rien pour lui, et ce regret à la française, cet étonnement exprimé par le savant que la politique n’a pas trouvé insensible, amène un sourire.
On comprendra qu’entre ces deux natures si déliées, si fines, si élevées, je n’aie pas à exprimer même une préférence, et je ne puis que parler en général de la diversité de ton et de nuance qui caractérise leur manière.
» Mais Pline était un metteur en œuvre ; il ne se bornait pas à l’étude, il voulait de belles pensées et se donner le plaisir de les exprimer en termes brillants et qui se vissent de loin.
Son histoire, il est vrai, ne nous exprime pas seulement son talent, elle nous déclare son âme.
[NdA] Je demande qu’on me passe ce mot de collectionneur qui m’est nécessaire et qui exprime la manie ; collecteur ne dit pas assez.
Il a exprimé, dans une page heureuse et que je veux citer, l’idéal de l’éducation libre comme il l’entendait et comme il avait commencé de la recevoir : On croit la jeunesse indomptable, parce qu’on se fait une fausse idée de l’autorité.
Ce qui lui valait cet honneur posthume d’être ainsi classé à l’improviste, à son rang d’étoile, parmi les poètes de la France, était une magnifique et singulière composition, Le Centaure, où toutes les puissances naturelles primitives étaient senties, exprimées, personnifiées énergiquement, avec goût toutefois, avec mesure, et où se déclarait du premier coup un maître, « l’André Chénier du panthéisme », comme un ami l’avait déjà surnommé.
» Et il en prend occasion d’exprimer à ce sujet ses propres idées et les conditions qu’il estime indispensables au progrès, à savoir : — alliance et union étroite des sciences et des lettres : « Sans les sciences la nation la plus lettrée deviendrait faible et bientôt esclave ; sans les lettres la nation la plus savante retomberait dans la barbarie ; » — enchaînement des sciences les unes aux autres : « Cette union fait leur force et leur véritable philosophie ; elle seule a été la cause de tous leurs progrès » ; — une certaine liberté et latitude laissée aux professeurs dans la pratique : « Il faut, disait-il, que les professeurs soient guidés et non pas asservis.
Tout ce qui est plaisir, il l’aimait avec une passion violente, et tout cela avec plus d’orgueil et de hauteur qu’on n’en peut exprimer, dangereux de plus à discerner et gens et choses, et à apercevoir le faible d’un raisonnement et à raisonner plus fortement et plus profondément que ses maîtres.
Michelet a très bien senti, très spirituellement exprimé et concentré à sa manière ce que j’ai, dans tout ce qui précède, étendu et développé à la mienne : « Fénelon n’eut le duc de Bourgogne qu’à sept ans.
Hésiode a le sentiment de la justice et de l’équité à un haut et souverain degré, et il l’exprime magnifiquement.
Sandeau est censé jouer un rôle dans le livre, quand il tient en un endroit le de de la conversation, quand il y exprime des jugements sur plusieurs de ses confrères et amis, et des jugements les plus malins d’intention, les plus perfides !
La comtesse mit dans ses intérêts le cardinal d’York, frère de son mari, qui lui écrivit de Frascati le 15 décembre 1780, c’est-à-dire quelques jours après l’événement : « Ma très chère sœur, je ne puis vous exprimer l’affliction que j’ai soufferte en lisant votre lettre du 9 de ce mois.
Armand Lefebvre avait cette forme d’esprit exigeante ; il était un peu comme Tocqueville, et, sans avoir comme lui le style qui grave, il avait la pensée qui pénètre et qui creuse ; il pesait longtemps avant de conclure, il concentrait plus qu’il ne déployait ; et, dans la conversation même, si mes souvenirs sont bien fidèles, son œil pétillant et vif, son sourire fin, laissaient deviner plus encore que sa parole n’en disait ; son geste fréquent, moins décisif que consultatif, et qui semblait s’adresser à sa propre pensée, exprimait cette habitude de réflexion et comme de dialogue intérieur.
Le plus grand poëte n’est pas celui qui a le mieux fait : c’est celui qui suggère le plus, celui dont on ne sait pas bien d’abord tout ce qu’il a voulu dire et exprimer, et qui vous laisse beaucoup à désirer, à expliquer, à étudier, beaucoup à achever à votre tour.
… Au Temps, je suis comme quand nous causions à la table de Magny ; j’y retrouve Nefftzer, Scherer ; nous sommes là toujours entre amis ; on ne craint pas d’y exprimer tout haut ce que l’on pense, quand même ce ne serai pas l’opinion du voisin, et on laisse la parole au voisin qui réplique… » 7.
Le désordre des assonances dans l’ode de Malherbe convient au trouble réel de la poésie lyrique ; mais le vers épique doit avoir une tout autre constitution ; il doit pouvoir atteindre à tous les effets du dithyrambe sans se permettre aucun trouble apparent ; il faut qu’il ressemble à ces héros qui ne portent jamais sur leurs visages la marque des combats intérieurs. » La distinction est bien ingénieusement exprimée ; mais il m’est impossible de voir dans l’ode de Malherbe autre chose qu’un ordre majestueux et harmonieux, un concours d’avance réglé de justes consonnances.
Trousseau en exprima l’intérêt, même au point de vue médical pur, dans les pages savoureuses qui ouvrent le recueil de ses magistrales cliniques : « Que les nosologies soient utiles à celui qui commence l’étude de la médecine, j’y consens au même titre qu’une clef analytique est assez bonne, au même titre que le système si faux de Linné peut être fort utile à celui qui essaie l’étude de la botanique ; mais, Messieurs, si vous connaissez assez pour pouvoir reconnaître, permettez-moi cette espèce de jeu de mots, hâtez-vous d’oublier la nosologie, restez au lit du malade, cherchant sa maladie comme le naturaliste étudie la plante en elle-même dans tous ses éléments.
En peignant les jouissances de l’étude et de la philosophie, je n’ai pas prétendu prouver que la vie solitaire soit celle qu’on doit toujours préférer : elle n’est nécessaire qu’à ceux qui ne peuvent pas se répondre d’échapper à l’ascendant des passions au milieu du monde ; car on n’est pas malheureux en remplissant les emplois publics, si l’on n’y veut obtenir que le témoignage de sa conscience ; on n’est pas malheureux dans la carrière des lettres, si l’on ne pense qu’au plaisir d’exprimer ses pensées, et qu’à l’espoir de les rendre utiles ; on n’est pas malheureux dans les relations particulières, si l’on se contente de la jouissance intime du bien qu’on a pu faire, sans désirer la reconnaissance qu’il mérite ; et dans le sentiment même, si n’attendant pas des hommes la céleste faculté d’un attachement sans bornes, on aime à se dévouer sans avoir aucun but que le plaisir du dévouement même.
Que le lecteur suive la comparaison jusqu’au bout ; elle exprime la chose dans tous ses détails.
Il nous fait suivre la genèse naturelle des idées, le développement parallèle des signes, et nous montre dans le langage « un merveilleux instrument d’analyse », qui, par ses termes abstraits où se rassemblent des collections d’idées, par son mécanisme où s’expriment des séries de rapports, facilite de plus en plus la tâche de l’esprit536.
Elle affirme que « la littérature romantique est la seule qui soit susceptible encore d’être perfectionnée, parce qu’ayant ses racines dans notre propre sol, elle est la seule qui puisse croître et se vivifier de nouveau : elle exprime notre religion ; elle rappelle notre histoire… ; elle se sert de nos impressions personnelles pour nous émouvoir641 ».
Ce qui excite la pitié, Aristote l’écrivait il y a longtemps, c’est le malheur immérité d’un homme semblable à nous et en qui nous puissions nous reconnaître sans être dégoûtés de nous-mêmes : et la pitié est plus grande quand ce malheur est, en outre, exprimé par un homme semblable à nous, lui aussi, doué seulement d’une sensibilité plus délicate et du don prestigieux de peindre par les mots Que de tendresse et que « d’humanité » dans les petits récits de notre conteur !
Montaigne pressé de s’exprimer disait : « Si le français n’y va pas, que le gascon y aille !
Croyez-en ma parole, le monde entier se renverserait plutôt, que la constance de mon étoile à me persécuter. » Ce sentiment habituel du malheur s’exprime quelquefois chez elle par des mots touchants, qui se font remarquer au milieu d’un langage dont le ton ordinaire n’était pas toujours très distingué.
Cette jeune fille royale, qui croit naturellement au droit de sa race, veut exprimer par là que la fidélité à ses rois dans le malheur est un devoir et une vertu ; mais, même quand il n’en serait pas tout à fait comme elle le pense, son expression droite et naïve ne l’a point trompée ; elle dit vrai encore : car ce qui n’était plus un devoir de fidélité peut-être, en était un pour le moins d’humanité, et quiconque a passé le seuil du Temple en ces trois années et y a paru compatissant à de telles infortunes, mérite l’estime, de même que quiconque y a passé sans être touché au cœur ni serviable, a une mauvaise marque.
Barthélemy, dans sa vue de la Grèce, n’a rien d’un Montesquieu : « Il faut que chaque auteur suive son plan, a-t-il dit ; il n’entrait pas dans le mien d’envoyer un voyageur chez les Grecs pour leur porter mes pensées, mais pour m’apporter les leurs autant qu’il lui serait possible. » Il reste à savoir pourtant si les pensées des Grecs, exprimées par eux et traduites sous nos yeux sans explication préalable, sont suffisamment à notre usage.
La même philosophie confondait encore la pensée avec les signes qui l’expriment, et elle assimilait la psychologie tantôt à la physiologie et tantôt à la grammaire.
. — Puisqu’il parle et qu’il s’exprime de manière à être compris, le Romantisme n’a pas besoin qu’on parle pour lui et qu’on lui fasse dire officieusement que « la forme est le principal, et la pensée l’accessoire », lorsqu’il dit tout le contraire.
Le personnage, par exemple, qui raille le personnage ridicule représente approximativement l’auteur, et il n’y a pas à douter beaucoup que ce que dit la Dorine de Tartuffe ne soit ce que Molière pense lui-même ; le personnage, dans les pièces à thèse, qui « raisonne », qui fait une dissertation, qui exprime des idées générales et à qui, cela est important, l’adversaire n’a rien à répondre peut être considéré comme exprimant, à très peu près, la pensée de l’auteur.
On ne peut s’en sauver. « Ecrire, a dit Mme de Staël, c’est exprimer son caractère. » Une injure est toujours une faute de goût.
Quoique le plus souvent plusieurs idées soient conçues en même temps, et dussent marcher de front, cependant l’imperfection de nos organes et des moyens qui nous ont été donnés pour exprimer ces idées nous oblige à ne les produire que successivement.
Mettons la définition à la place du défini et nous aurons : « Nos actions voulues sont les seules que nous jugions dignes de punition ou de récompense. » Nous voici revenus à une phrase ordinaire ; il a fallu supprimer une erreur et faire trois traductions ; il en faudrait quatre ou cinq autres pour exprimer la chose exactement et en psychologue.
Un peu plus loin, vous voyez l’orateur se lever subitement au milieu d’une citation, et s’interrompre pour exprimer avec une sorte de grandeur poétique l’émotion qui l’a saisi.
La vie moderne a besoin de vocables tout neufs pour exprimer les choses nouvelles qu’elle a apportées et pour lesquels les mots anciens manquent de précision. […] Et, voyant qu’elle ne comprenait pas ce beau mot, il s’exprima en breton : — Marw éo ! […] Chaque fois que ma mère exprimait ce sentiment, mon père secouait la tête avec incrédulité. […] Je me disais : « Vouloir exprimer à une femme qu’elle est belle, qu’elle est plus que belle et qu’elle sait tirer du piano des soupirs, des sanglots et des larmes véritables, et ne pouvoir lui dire que deux mots : Oui, Monsieur, c’est être dénué plus que de raison du don d’exprimer sa pensée. […] Je ne m’exprime librement qu’avec les gens que je sais dégagés de toute opinion et placés au point de vue d’une bienveillante ironie universelle.
Les poètes qui, de 1802 à 1850, ont exprimé des idées religieuses, ont fait preuve d’un sentiment religieux extrêmement inconsistant et débile. […] L’orgueil ne fait jamais abstraction du moi ; mais, précisément parce qu’il est un sentiment grand et fort, il peut sentir le moi s’exprimer, se déployer et triompher dans une grande œuvre faite à plusieurs. […] La catholicisation d’Henri IV me paraît un des actes les plus sérieux, les plus philosophiques, les plus profondément conçus par une grande intelligence, qui aient jamais été. « Paris vaut bien une messe » est une boutade de Béarnais qui doit se traduire ainsi : « Je suis l’État, ou tout au moins je le représente, et il se résume et il s’exprime en moi. […] Car enfin s’il est prouvé, et il l’a été, qu’en tenant compte de toutes les voix exprimées par le pays, les groupes de gauche qui gouvernent depuis huit ans représentent la minorité du pays, il est démontré que la façon de compter est mauvaise et que la France est gouvernée depuis huit ans par ceux qui devraient obéir, ou tout au moins ne pas commander. […] N’exprimez donc pas cette crainte qu’avec les nouvelles lois militaires l’esprit militaire ne s’affaiblisse et ne tende à disparaître : c’est précisément pour diminuer l’esprit militaire que les nouvelles lois militaires ont été faites, que les nouvelles lois militaires se font et que se feront de nouvelles lois militaires, jusqu’à ce qu’il n’y ait plus en France que des milices ou une garde nationale.
C’est ce que Montesquieu exprime ainsi : « Il pourra arriver que la Constitution sera libre et que le citoyen ne le sera pas. » C’est-à-dire que personne n’aura imposé à ce peuple sa Constitution et qu’il se la sera donnée lui-même ; seulement il aura oublié d’y inscrire les droits de l’homme ; et la Constitution sera libre, mais non libérale, et le peuple sera libre, mais le citoyen asservi. […] Souveraineté arbitraire d’un seul, souveraineté d’un seul tempérée par l’existence de lois à peu près respectées, souveraineté d’une élite, souveraineté du peuple, sont donc des formes diverses, mais non pas très différentes, du despotisme ; il n’y a de libre, comme l’a dit Bossuet parlant des Romains, « qu’un peuple où personne n’est sujet que de la loi et où la loi est plus puissante que tout le monde. » Il n’y a de libre qu’un peuple où il n’y a pas de souveraineté, où il n’y a pas de volonté qui commande et où l’on n’obéit qu’à la Raison exprimée par la Loi. […] Mais la volonté du peuple ne sera pas la volonté du peuple si le peuple est hiérarchisé, s’il y a en lui des organismes, s’il y a en lui quelque chose d’organisé ; car alors la volonté exprimée par les suffrages pourrait bien être celle de ces organismes et non pas la sienne, ou pourrait bien être la sienne inspirée par l’influence de ces organismes et non pas la sienne pure et simple ; ce serait une somme de volontés particulières. […] Le même auteur, ennemi de la société, semblable au renard sans queue qui voulait que tous ses confrères se coupassent la queue, s’exprime ainsi d’un ton magistral : « Le premier qui, ayant enclos un terrain… » — Ainsi, selon ce beau philosophe, un voleur, un destructeur aurait été le bienfaiteur du genre humain, et il aurait fallu punir un honnête homme qui aurait dit à ses enfants : « Imitons notre voisin. […] Ils sont à ses ordres et tout est tranquille. » Mais c’est encore en vers, comme il sied à un poète, que Voltaire a exprimé le plus précisément sa doctrine sur les rapports entre les religions et l’Etat.
Le père Porée ne lui avait pas appris à bien écrire, s’il lui avait appris à s’exprimer ainsi. […] Gengiskan passe le temps à se fâcher, à s’apaiser ; il s’exprime tantôt en héros d’opéra, tantôt en despote fanfaron ; il parlemente avec le mari et la femme, et toute la fureur de ce tigre, prétendu se réduit à négocier un divorce : quand il s’aperçoit que sa femelle aime mieux se tuer que de tomber dans ses griffes, il y renonce, et surmonte sa passion avec une générosité que les tigres ne connurent jamais. […] elle s’amuse à exprimer vaguement sa reconnaissance, avant de songer à rétablir son honneur dans l’esprit de Tancrède ! […] Pour Voltaire, connu pour être le flatteur officiel de tous les grands, et qui avait passé sa vie dans le grand monde et dans les intrigues, on savait à quoi s’en tenir sur sa dédicace ; la contrainte seule et la froideur d’un style très compassé, ne laissent aucun doute sur les motifs de l’écrivain, et ce n’est pas ainsi que s’exprime la reconnaissance. […] Gresset avait exprimé en un seul vers du Méchant toute la substance de cette tirade : De l’esprit si l’on veut, mais pas le sens commun.
« Je ne puis exprimer, dit Gœthe, le sentiment de tristesse qui me saisit… » Avec quel bons sens il raille l’optimisme finaliste : « Les Grecs, avec leur imagination sereine, attribuaient à la nature une délicieuse intelligence. […] C’est que les mots, hormis les noms propres et quelques rares noms communs très systématisés, correspondent à des idées générales, cependant que celui qui écrit prétend, très souvent, exprimer des idées particulières ou, tout au moins, particularisées, précisées par le milieu et selon l’ordre où on les considère. […] Ecrire ou parler, c’est donc exprimer le particulier au moyen du général, l’individu par les termes qui qualifient l’espèce. Plus la civilisation se complique, plus les cerveaux s’emplissent d’images, plus les objets dont on parle deviennent nombreux, et plus il est difficile de les exprimer avec des mots, car, à l’inverse, les mots deviennent de plus en plus amples, embrassant des quantités parfois immenses de faits particuliers. […] Nyrop s’exprime excellemment : « La langue française écrite ne donne qu’une image très imparfaite de la langue française parlée.
Ces quatre vers sont revenus bien souvent à mon souvenir ; ils expriment à merveille et d’une façon très poétique ce besoin de vivre un moment, chaque matin, même à la condition certaine de mourir éternellement chaque soir. — Quæ lucis miseris tam dira cupido ? […] Mais en général, il me paraît, jusque dans sa prose, ne parler point assez simplement pour exprimer toutes les passions. […] Cette définition du Cid de Corneille est très belle, sans doute ; mais écoutez ce qui suit ( erudimini qui tragidificatis ) : « Si l’auteur d’une tragédie ne sait pas intéresser le spectateur, l’émouvoir, le transporter de la passion qu’il a voulu exprimer, où tombe-t-il, si ce n’est dans le froid, dans l’ennuyeux, dans l’insupportable ? […] « Si les nudités causent naturellement ce qu’elles expriment, combien plus sera-t-on touché des expressions du théâtre, où tout paraît effectif, où ce ne sont point des traits morts et des couleurs sèches qui existent, mais des personnages vivants, de vrais yeux, ou ardents, ou tendres, ou plongés dans la passion ; de grandes larmes dans les acteurs, qui en attirent d’autres dans ceux qui regardent, et puis de vrais mouvements qui a mettent en feu le parterre et toutes les loges ! […] Ce qui est très vrai et magnifiquement exprimé ; il termine par conjurer le théatin d’abjurer ces exécrables doctrines, et vous jugez s’il parlait à un converti !
Les femmes ne remarquent jamais ce qu’elle est, et toujours ce qu’elle exprime ; elle est vraiment laide, mais bien plus curieuse, je dirais même intéressante. […] C’est véritablement le petit chien qui secoue des pierreries. » Ainsi, en y regardant bien, on verrait qu’à chaque époque toutes les opinions sur les talents vivants sont représentées, exprimées.
L’un dit : la comédie se borne à représenter les mœurs des hommes dans une condition privée294, excluant par sa définition tout le théâtre d’Aristophane ; un autre : le comique exprime l’empire de l’instinct physique sur l’existence morale295, oubliant Philaminte, Armande, Bélise, Vadius, le docteur Pancrace, et Alceste. […] C’est un défaut d’intelligence, il faut bien le reconnaître, qui tient caché aux regards de Schlegel, de Jean-Paul et de Hegel lui-même l’ordre particulier de beauté exprimé dans les comédies de Molière.
Elle ne riait pas haut ; c’était plutôt un doux roucoulement sourd, dans lequel la joie et la sérénité s’exprimaient parfaitement. […] Le caractère éminemment pensif de cette race germanique lui donne le temps de mûrir ses idées ; elle est lente comme les siècles et patiente comme le temps ; jamais cette race pensive et même rêveuse n’a été assimilée aux idées et aux langues de ces races grecques et latines comme l’Italie, l’Espagne, le Portugal et nous, qui dérivons d’Athènes ou de Rome ; l’Allemagne dérive de l’Inde et du Gange ; elle parle une langue consommée, savante, circonlocutoire, mais d’une construction et d’une richesse qui la rendent propre à exprimer toutes les images et toutes les idéalités de la poésie ou de la métaphysique.
Si personne, avant toi, n’essuya jamais un tel affront, pourquoi attendre que la voix du sénat prononce le flétrissant arrêt si fortement exprimé par son silence ? […] Il n’est pas possible d’exprimer ni même de concevoir à quel point de scélératesse ce monstre était parvenu.
Elle m’y exprimait, avec une vive et chrétienne affection, sa grande inquiétude de me voir, disait-elle, « dans un pays où il y avait tant de troubles, où l’exercice de la religion catholique n’était plus libre, où chacun ne cesse de trembler dans l’attente de nouveaux désordres et de calamités nouvelles. » Elle ne disait, hélas ! […] J’ai essayé d’exprimer dans les sonnets qu’on va lire les sentiments que j’ai apportés sur la tombe de notre ami. » Et comme en Italie tout commence et tout finit par des sonnets, l’abbé de Caluso, oncle de la comtesse Mazin, femme très distinguée du Piémont, avec laquelle j’ai eu des rapports aimables, dédie, en finissant, trois sonnets infiniment médiocres à la comtesse d’Albany.
Sa doctrine politique n’exprime pas seulement la république de Genève : elle représente les positions prises par les docteurs de la Réforme contre les théologiens catholiques qui s’appuyaient sur le pouvoir temporel. […] Ainsi la représentation du monde sensible devient la fin immédiate du travail littéraire, de préférence au monde intelligible, qui s’exprimera lui-même à travers le premier, et en relation avec lui.
L’art, qui s’attache à exprimer la nature participe de son caractère inaltérable, et, comme il représente ce qui n’est pas sujet au changement, ses couleurs ne passent point. […] Boileau l’a dit : Et mille fois un fat finement exprimé Méconnut le portrait sur lui-même formé.
En aucune autre œuvre parmi celles qui poussent le plus loin l’admiration et l’avidité du vrai, l’on n’a conscience d’une plus vive adhésion à tout l’existant, à toutes les scènes du paysage, aux grands actes humains du dehors, aux événements plus discrets des maisons closes, aux agitations frémissantes exprimées en miettes, qui traversent les âmes et les forment par l’accumulation des détails vus de près, par la précision et le minutieux de l’observation personnelle, par cette originalité et ce pittoresque qui résultent tout naturellement du témoignage oculaire, Tolstoï est arrivé à renouveler la description des spectacles les plus communément connus, poussant pour la moindre scène jusqu’à une émotion de plaisir neuf, l’illusion de l’évocation. […] Le saisissement, la méditation, l’intérêt, l’abandon aux destinées des personnages, la préoccupation douloureuse des problèmes qu’ils agitent, l’amour ou la haine de leur nature, enfin les affections mêmes que ces romans révèlent chez leur auteur par le choix de leurs éléments et le ton dans lequel ils sont conçus, sont les effets véritables de leur lecture et les causes qui poussent à la poursuivre ; le but final et puissamment atteint de ces œuvres de réalisme de reproduction minutieuse et compréhensive de la réalité est d’induire à sentir ce qu’est la vie humaine par l’accent même, la ferveur et l’abandon avec lesquels elle est décrite, puis à en exprimer et en faire aimer certains caractères, faire détester d’autres, l’envisager finalement avec un ensemble d’émotions latentes et expresses particulières qui sont celles mêmes que l’auteur a éprouvées à cet ensemble d’images et de pensées qui fut d’abord en lui le fantôme de ses livres.
L’écrivain est beaucoup plus fort qui comprend l’impossibilité d’écrire, que celui qui peut tout exprimer, sentant rudimentairement. […] Tels les anges d’Albert Dürer expriment au cristal coulé le sang du botrus crucifié, et l’Imagerie l’heureuse bénédiction de l’arc-en-ciel foré par la lance aux toits des maisons.
Or deux langues différentes n’expriment pas le même sens dans les mêmes mots, ni même dans le même nombre de mots. […] La troisième et dernière partie est celle où il envisage les hommes parfaits ; et il l’appelle Paradis, pour exprimer la hauteur de leurs vertus et la grandeur de leur félicité, deux conditions hors desquelles on ne saurait reconnaître le souverain bien.
Le sentiment national qui anime Mézeray s’exprime naïvement au début du règne de Charlemagne : « Que j’ai maintenant de plaisir, s’écrie-t-il, d’être né Français, lorsque je vois notre monarchie s’élever à une gloire où jamais aucun État chrétien n’a su monter !
[NdA] J’ai sous les yeux un pamphlet de quatre pages eu vers, intitulé Dialogue, composé le lendemain de la mort de Gabrielle, et qui exprime d’atroces sentiments de haine.
Ce n’est point devant les Villeroi, les Fleury, les du Maine, devant ces vieillards et ces sages, et ces fidèles de l’ancien règne, tous ces tuteurs du royal enfant, qu’il se fût permis une pareille inconvenance ; mais, en parlant pour la paix contre les conquêtes, il exprimait le sentiment universel, celui que ces hommes prudents avaient été des premiers à partager avec tous.
Elle assiste en honnête femme au débordement du temps, à celui de sa famille, et elle exprime le dégoût profond qui lui en vient.
Mais dans les termes où il s’exprime, il n’y a jamais rien qui ne soit d’une observation sensée et incontestable. — Un des épisodes les plus célèbres de l’Histoire de Venise est la fameuse et à la fois obscure conjuration de 1618, racontée par Saint-Réal avec tant d’art et de vérité que quelques-uns l’ont crue même en partie imaginée par lui.
Jamais on n’a exprimé la confiance moderne marchant droit devant elle en toute matière, avec plus de résolution et plus d’intrépidité que l’abbé Terrasson.
Le vicomte de Turenne, depuis duc de Bouillon, opina le premier : c’était un homme de grands discours et habile à donner des infinités de raisons à l’appui des conclusions qu’il embrassait ; ayant été récemment accusé d’avoir été trop prompt à la dernière levée de boucliers, son point de départ, cette fois, fut qu’il fallait changer de méthode, mettre de son côté le droit et l’apparence, éviter avant tout l’odieux : « Si vous vous armez, disait-il, le roi (Henri III) vous craindra ; s’il vous craint, il vous haïra ; s’il vous hait, il vous attaquera ; s’il vous attaque, il vous détruira. » Par ces raisons subtilement déduites et enchaînées, il concluait qu’il fallait introduire, faire couler les gens de guerre dans les armées royales et servir de la sorte sans enseignes déployées : « Le roi devra sa délivrance à notre vertu, et sacrifiera sa haine passée à notre humilité. » Cet avis allait l’emporter, et la majorité semblait s’y ranger lorsqu’un mestre de camp, c’est-à-dire d’Aubigné, commandé de parler à son tour, s’exprima en sens contraire et changea la face de la délibération.
Autrefois confident de l’inclination de Madame (Henriette d’Angleterre) pour Louis XIV, c’était lui qu’elle avait chargé d’engager secrètement Corneille et Racine à traiter le sujet de Bérénice dans lequel elle retrouvait quelque chose de sa situation, et où elle espérait voir exprimés quelques-uns de ses sentiments.
Quels que fussent les motifs de Voiture en composant cette pièce, et quoiqu’il ait pu avoir intérêt à faire par là sa paix particulière (s’il en avait eu besoin) avec le cardinal, il n’est pas douteux qu’il exprime ce qu’il pense et l’on n’écrit pas de la sorte, avec cette simplicité et cette fermeté, sans être convaincu.
Sénecé y exprime sous un léger déguisement ses pensées personnelles, ses regrets de poète et de courtisan à cet âge de plus de cinquante ans qu’il avait déjà.
Écoutons Plutarque nous exprimer et nous définir cette grâce singulière et ce je ne sais quoi de réussi qui s’attachait à toutes les actions de l’heureux mortel : Car de son temps, en Grèce, nous dit-il, beaucoup ayant été grands et ayant fait de grandes choses, desquels étaient Timothée, et Agésilas, et Pélopidas, et celui que Timoléon avait surtout pris pour modèle, Épaminondas, les actions de tous ceux-là eurent pour caractère l’éclat mêlé d’une certaine violence et d’un certain labeur, de telle sorte qu’il a rejailli sur quelques-unes et du blâme et du repentir ; mais des actions de Timoléon, si l’on excepte cette fatale nécessité au sujet de son frère, il n’en est pas une où il ne convienne, selon la remarque de Timée, de s’écrier avec Sophocle : « Ô dieux !
Dans la dernière moitié de l’ouvrage qui n’est pas moins étudiée ni moins exactement exprimée que la première, je signalerai un inconvénient qui a trop éclaté ; c’est que, sans que l’auteur y ait visé certainement, mais par l’effet même de sa méthode qui consiste à tout décrire et à insister sur tout ce qui se rencontre, il y a des détails bien vifs, scabreux, et qui touchent, peu s’en faut, à l’émotion des sens ; il eût absolument fallu s’arrêter en deçà.
; on observerait les proportions et le ton, les convenances ; on ne commencerait point par donner tête baissée dans l’inédit, avant d’avoir lu ce qui est imprimé depuis deux siècles, ce qui hier encore était en lumière et faisait l’agrément de toutes les mémoires ornées ; on ne débuterait pas avec le xviie siècle par des découvertes : mais si l’on en faisait, on les exprimerait d’une façon plus simple, mieux assortie aux objets, plus digne de ce xviie siècle lui-même ; on ne jurerait pas avec lui en venant parler de lui ; on ne parlerait pas un langage à faire dresser les cheveux sur la tête à ce monde poli qu’on met en avant à tout propos ; on ne s’attaquerait pas enfin, de but en blanc, à ces gens de Versailles comme si l’on arrivait de Poissy ou de Pontoise.
Je lui exprimai mes regrets qu’il ne fût pas resté en Angleterre lorsqu’il y était ; il me répondit qu’il l’aurait désiré, mais qu’on n’aurait pas voulu le lui permettre… Il m’assura qu’il avait toujours envié la vie d’un gentilhomme campagnard anglais, et que, pendant que ses ennemis l’accusaient d’avoir voulu se faire roi, il aurait volontiers échangé sa position et toute sa fortune contre une petite propriété en Angleterre, avec les privilèges de ce délicieux pays, qu’il espérait revoir encore… Je lui conseillai alors de s’arracher aux mains des misérables qui l’entouraient, et de ne pas les laisser abuser de son nom pour commettre de si horribles attentats.
Tout à la fin de mars ou dans les premiers jours d’avril 1834, M. de Lamennais, avec qui j’étais lié alors (et avec lui on ne l’était pas à demi), m’écrivit un mot par lequel il m’exprimait le désir de me voir pour une affaire qui pressait.
Conçoit-on un éditeur, au contraire, qui intervient à tout propos à travers son auteur, parle en son propre nom durant des pages, exprime son opinion sur les événements et sur les personnes, prétend dicter à chacun le ton et donner la note sur ce qu’on peut juger aussi bien que lui ; qui déclare que la France, après s’être incarnéedans Napoléon, s’incarna une seconde fois dans Béranger, et que, depuis 1815 jusqu’en 1857, « la poésie de Béranger est Vessieu sur lequel tourne notre histoire : il a mû quarante ans nos destinées !
J’avais dit, le jour où j’eus l’honneur de succéder à Delavigne pour le fauteuil académique, que je regrettais, dans ses drames, qu’au lieu d’aller de concessions en concessions du côté du romantisme sans y atteindre jamais, le poète ne fût pas resté plus franchement ce qu’il était par nature et par goût, — classique : et quand j’exprimais publiquement ce regret ce n’était pas du tout que moi-même je fusse devenu classique, ni que je me fusse converti (comme Rigault le prétendait en me raillant agréablement) ; mais j’aime ce qui a un caractère, j’aime l’originalité et l’individualité dans la poésie et dans l’art, cette individualité ne fût-elle pas précisément la mienne ni celle de mes amis.
Dans la poésie la plus vantée, elle ne retrouvait pas d’idée, et dans la conversation point de sentiment. » Car elle voulait du sentiment aussi et avant tout, mêlé aux idées, avec des éclairs de gaieté fugitive, quantité de rapports fins, subtils, déliés, des anecdotes d’une application spirituelle et imprévue, de soudains essors et comme des flammes vers les plus hauts sommets ; mieux que des aperçus, des considérations politiques et historiques, fortement exprimées, mais sans s’y appesantir ; des images même, qui peut-être n’auraient point paru des images en plein soleil, mais qui en faisaient l’effet dans un salon ; puis tout à coup (car c’était une femme toujours) un soupir romanesque jeté en passant, et quelque perspective lointaine vaguement ouverte sur la destinée, les peines du cœur, les mystères de la vie ; un coin mélancolique à l’horizon.
Daremberg, dans un article des Débats sur le Journal de la santé de Louis XIV (6 décembre 1862), a exprimé la conviction que ce vertige auquel était sujet le grand roi n’avait de rapport ni avec l’apoplexie ni avec aucune menace d’épilepsie, mais que c’était purement et simplement un vertige stomacal, c’est-à-dire tenant aux surcharges de l’estomac, un vertige nerveux analogue à celui que produit le mouvement d’un bateau sur mer, le tournoiement de la valse, etc, ; en un mot, un malaise plus incommode que menaçant.
Mais bientôt, quand Dieu a pris en pitié et en gré les époux et qu’on apprend qu’Anne est enceinte, ces mêmes bergers expriment leur joie et se promettent de grandes réjouissances : Melchi, l’un des bergers.
Le mot est tiré de l’espagnol et de l’arabe, et il en est venu à exprimer un simulacre, une démonstration d’attaque, d’incursion, une insulte brusque, plus fastueuse que réelle, et où il entre, malgré tout, une nuance de ridicule.
Sans se donner pour un savant et pour un connaisseur de profession, sans aller au raffinement ni se préoccuper d’archaïsme, il exprime son sentiment en homme qui s’y entend, qui a beaucoup entendu et comparé.
Il n’eût fait qu’exprimer l’opinion de bien des membres présents.
Et toutefois il a exprimé, en plus d’un endroit de ses écrits, des vœux de méditation individuelle et de hauteur solitaire, si fervents, si profondément sentis, il a marqué un tel désir d’idéal et une telle prédilection élevée pour les sommets infréquentés de la foule, que l’on conçoit très-bien qu’il ait pu, par moments, regretter aussi de ne pas vivre en des temps où cette lutte sur un terrain commun et public, cette bataille à livrer en plaine, ne lui aurait point paru nécessaire.
C’est alors, dans une de ces heures de satisfaction et de naturel orgueil, qu’il put écrire ces vers qu’il a intitulés spirituellement Fatuité (le propre du poète est d’exprimer au vif chaque sentiment qui le traverse et qui fut vrai, ne fut-ce qu’un moment) : Je suis jeune, la pourpre en mes veines abonde ; Mes cheveux sont de jais et mes regards de feu, Et, sans gravier ni toux, ma poitrine profonde Aspire à pleins poumons l’air du ciel, l’air de Dieu.
La double opinion de ceux qui préfèrent ouvertement Corneille à Racine et de ceux qui, au contraire, préfèrent incomparablement Racine à Corneille, ou encore le suffrage impartial et équitable des arbitres entre ces deux illustres rivaux, ont été exprimés d’une façon heureuse et sans réplique par ces plumes fines et d’une qualité rare, Saint-Évremond, Fontenelle, Fénelon, Vauvenargues, La Bruyère, Voltaire, même La Harpe ; nous nous tourmentons fort pour dire autrement ; nous ne dirons jamais mieux ni aussi bien.
Sa modestie, qui exprimait des vertus précieuses, accusait aussi cette défiance secrète.
Armand Lefebvre a écrit là-dessus des pages très-vraies, très-fermes et qui, exemples de passion comme de complaisance, expriment très-bien le caractère du régime dominant à l’extérieur depuis 1806 jusqu’en 1813.
Une lettre écrite dans un mouvement d’humeur et confiée à des mains infidèles faillit briser à ce moment la carrière de Malouet et lui suscita une affaire des plus désagréables auprès des ministres, sur le compte desquels il s’était exprimé un peu à la légère.
J’ai désormais des devoirs plus simples et plus clairs ; le reste de ma vie sera, je l’espère, consacré à les remplir, selon la mesure de mes forces… Qu’on ne s’y trompe pas, le monde a changé : il est las des querelles dogmatiques. » Telle est la déclaration formelle que M. de La Mennais exprime aux dernières pages de ce livre ; les termes seuls dans lesquels elle est conçue montrent assez que, si le nouvel écrit est destiné à clore la série de ceux que l’auteur a publiés à partir des Réflexions sur l’État de l’Église, datant de 1808, il ne leur ressemble ni par les principes ni par le ton, et que, sinon pour le sujet et la matière, du moins dans les pensées et les conclusions, il se rattache déjà à cette série d’écrits futurs que nous promet l’illustre auteur.
Ce n’est pas même une comparaison que j’établis là, c’est une identité que j’exprime : l’art, pour l’artiste, fait partie de sa conscience et de sa morale.
Mérimée ne recule pas devant les bons sentiments quand il les rencontre, et ne rougit pas de les exprimer simplement.
Il sentit vivement le prix de ce bienfait ; et cette inviolable amitié, familière à la fois et respectueuse, que la mort seule put rompre, est un des sentiments naturels qu’il réussit le mieux à exprimer.
Et ainsi, jusque dans la conception morale que semble exprimer la dernière partie du roman, Lesage ne dépasse pas le possible et le réel : on ne saurait dire que Gil Blas soit un idéal ; il arrive à être à peu près la moyenne d’un honnête homme, après avoir été un peu au-dessous.
En général, sans avoir changé sa forme ni renouvelé ses moules, il me semble que Napoléon est pourtant moins classique, moins asservi au goût révolutionnaire dans ses dernières années, et qu’il exprime son tempérament par des effets plus personnels.
si j’ose m’exprimer ainsi.
Et c’est aussi la combinaison qui résulte de tous ces « nous » installés dans tous les « moi » de leurs actions et de leurs réactions continues, de leur synthèse, qui constitue une sorte d’âme sociale, exprimant la société comme l’âme de chacun exprime l’individu.
André Gide exprime le même avis, entendant par là qu’il ne le considère pas comme un initiateur, mais comme le sommet et la consommation du mouvement parnassien.
Fichte, dans l’ouvrage où se révèle le mieux son admirable sens moral, a merveilleusement exprimé ce sacerdoce de la science (De la destinée du savant et de l’homme de lettres, 4e leçon.
Le mot nous manque pour exprimer cet état intellectuel, où tous les éléments de la nature humaine se réuniraient dans une harmonie supérieure, et qui, réalisé dans un être humain, constituerait l’homme parfait.
« Les objets que nous appelons sublimes sont, pour la plupart, tels d’aspect et d’apparence qu’ils expriment une grande puissance, énergie ou immensité, et sont par là capables d’élever l’esprit par un sentiment emprunté de puissance.
Je relève seulement une pensée à laquelle l’auteur doit tenir puisque, après l’avoir exprimée page 46, il la répète page 116 : Dreyfus est innocent du crime pour lequel on le condamna ; mais son supplice expie quelque autre faute inconnue.
Le marquis de La Fare, né en 1644, c’est-à-dire plus jeune que Chaulieu de cinq ans, était entré de bonne heure au service ; il y avait débuté avec toutes sortes d’avantages : Ma figure, qui n’était pas déplaisante, dit-il, quoique je ne fusse pas du premier ordre des gens bien faits, mes manières, mon humeur, et mon esprit qui était doux, faisaient un tout qui plaisait assez au monde, et peu de gens, en y entrant, ont été mieux reçus… Voilà comment les honnêtes gens autrefois s’exprimaient en parlant d’eux-mêmes, sans se trop glorifier et sans se déprécier non plus, ce qui est une autre forme de vanité.
Maintenant oserai-je exprimer ma pensée ?
Cette conclusion de M. de Laborde est aussi celle qu’exprimait M.
Il paraît que quand il causait avec eux personnellement, et même avec des archiducs, il avait une certaine manière d’exprimer avec chaleur son opinion, et d’appuyer le pied en l’exprimant, qui ne laissait pas d’étonner ces personnages de cour : mais il n’en réussissait que mieux dans leur estime.
En flétrissant ces choses atroces, la plume de Portalis n’est pas tout à fait le burin d’un ancien ; on a pu dire de quelques autres publicistes d’alors qu’ils écrivaient avec un fer rouge : lui, il a surtout sa précision et sa force quand il exprime des idées de probité et de morale sociale : Des familles honnêtes, dit-il, se trouvent dépouillées de leur patrimoine par des jugements qui n’ont été que des crimes… Mais, dira-t-on, l’État ne peut réparer tous les maux inévitables d’une révolution.
J’exprime là le sentiment que laissent certains de ses ouvrages, et celui particulièrement qu’on vient de réimprimer et dont je dirai un mot.
Moi, je voudrais que la société vît ces périls comme un homme ferme qui sait que ces périls existent, qu’il faut s’y soumettre pour obtenir le but qu’il se propose, qui s’y expose sans peine et sans regret, comme à une condition de son entreprise, et ne les craint que quand il ne les aperçoit pas dans tout leur jour. » Dans une lettre de la même époque à un autre de ses amis, trop longue pour être citée, il exprime encore avec plus de précision la vraie pensée du livre de la Démocratie.
Théophile Gautier, que nous aimons et connaissons plus et mieux que les fils de Parnasse, disait : « Je vois le monde extérieur et j’écris des métaphores qui se suivent. » Nous, nous avons cherché à voir le mieux possible le monde extérieur, à traduire quelques nuances, (le plus possible) du monde intérieur, ce qu’on en peut saisir, chacun dans les limites de ses forces, et nous avons cherché à créer des métaphores qui s’engendrent les unes les autres ; nous n’avons pas souvent tenu à les exprimer entièrement mais pour ainsi dire à les citer, à les énumérer.
Le docteur Hooker m’a exprimé depuis la même opinion en termes plus forts encore.
En effet, ce par quoi les anciens ont survécu, c’est ce qu’ils avaient d’éternel, de très général exprimé dans une forme définitive.
Si cette passion finit par s’exprimer comme la haine, en ses derniers jours, c’est que la haine n’était que la fureur de l’amour de toute sa vie méprisé.
Ailleurs, comparant les différentes poésies, il n’en trouve qu’une digne de ce nom, la poésie lyrique, parce qu’elle seule exprime les grandes et intimes douleurs de l’âme.
Jouffroy parmi les monades de M. de Biran, l’a conduit à considérer les facultés comme des choses réelles, véritables objets de la psychologie ; à emprisonner la psychologie dans une question de mots scolastique et oiseuse ; à exprimer les faits par des notations vagues, inexactes en elles-mêmes et grosses d’erreurs.
Nos meilleurs écrivains aujourd’hui ne s’expriment guère autrement. […] Titien a-t-il moins de grandeur parce que Giorgione, en quelques œuvres, a exprimé une forme d’art par lui reprise durant une longue vie ? […] Les dadaïstes veulent exprimer l’inexprimable, traduire jusqu’au bégaiement et au silence. […] Amour, rêves, sentiments, conversations, tout s’exprime dans ce livre en clichés ironiques, en moquerie sourde et féroce. […] Tout le monde a le droit d’exprimer une opinion.
Il ne pouvait être en de meilleures mains, cet héritage d’un demi-siècle de travail et d’honneur. » C’est de tout cœur que je m’associe aux sentiments si bien exprimés par M. […] Cette femme exprima dans sa solitude, avec une sincérité entière, son idée du monde et de la vie. […] Voilà une bien grande vérité exprimée en un bien vilain langage ! […] — J’ai vu le suaire et les vêtements, les témoins angéliques, et j’ai vu la gloire du Ressuscité. » Et ces paroles charmantes expriment avec la même puissance le retour du printemps et la victoire du Christ. […] Il n’en exprime pas moins les pensées véritables de Julien que son biographe avait surprises dans une longue et constante intimité.
Et le menton mignon, sans avancer, disait quelque volonté, muettement exprimée par les incarnadines lèvres, à intervalles, pressées, mordillées à peine. […] Puis, tant qu’on ne peut conclure, et produire une vérité nouvelle forte d’évidence et qu’on doive prêcher, ne vaut-il pas mieux ne pas faire trop parade du sérieux de sa science et l’exprimer en souriant ? […] « Le génie pur est essentiellement silencieux, sa révélation rayonne plutôt dans ce qu’il sous-entend que dans ce qu’il exprime ; pour se rendre sensible aux autres esprits, il est contraint de s’amoindrir pour passer dans l’accessible. […] La Pauvre Lise donne le gage que Gabriel Vicaire peut prendre rang par la sincérité et l’émotion parmi les petits maîtres, et que s’il n’apporte pas une manière de sentir et de s’exprimer toute neuve, il peut placer, à côté des belles choses du passé, des choses originales, originelles de lui, gravées avec le burin que lui laissèrent des maîtres disparus. […] Un jeune homme précoce, génial, instruit, qui songe à s’exprimer par l’art, ressentira presque toujours, aux premières heures de sa vie, un immense besoin d’originalité.
Nous ne nous interdirons pas une longueur agréable, à moins qu’elle ne soit un hors-d’œuvre. » — Et certes on ne peut guère, à la fois mieux s’excuser d’un défaut, mieux exprimer la crainte d’y retomber, mieux s’en défendre, et plus y être. […] Ils apprenaient à penser et à diriger ses pensées et à exprimer ses pensées. […] Et d’ailleurs ce sont les simplistes, c’est-à-dire les gens grossiers, qui décident ainsi et qui s’expriment de la sorte. […] Nous honorerons donc les arts pourvu qu’ils soient vrais et non pas faux, pourvu qu’ils soient, pour ainsi parler, des créateurs d’âmes et non des désorganisateurs d’âmes, pourvu que l’artiste soit un philosophe exprimé par un poète et l’art une philosophie exprimée par une imagination. […] Nous avons tous ainsi une pensée de derrière la tête que nous n’exprimons qu’une fois, que peut-être même nous n’exprimons jamais ; mais à laquelle tout ce que nous disons se rapporte toujours un peu comme à sa source lointaine et qui est comme notre folie chère à quoi nous faisons toujours plier un peu ce que nous avons de raison : « L’État, le gouvernement et les lois qu’il faut mettre au premier rang, sont ceux où l’on pratique le plus à la lettre, dans toutes les parties de l’État, l’ancien proverbe qui dit que tout est véritablement commun entre amis.
Ce moqueur, qui nous fait ainsi les honneurs de son père, a dit d’ailleurs, en rendant plus de justice à ses hautes qualités : « Il avait une grande élévation, et était aussi fier en dedans qu’en dehors. » La dernière fois qu’il le vit, après quelques détails d’affaires dont son père, déjà malade, le chargea, en ajoutant : « Au reste, cela vous regarde plus que moi, puisque… » ; ce puisque, confesse-t-il, qui exprimait la certitude d’une fin prochaine, le fit fondre en larmes.
Il se rompit à écrire correctement tant en français qu’en latin, et, en acquérant une égale facilité à s’exprimer en diverses langues, il perdit moins une originalité d’expression pour laquelle il semblait peu fait, qu’il n’acquit l’élégance, la lumière et la clarté qui deviendront ses mérites habituels.
Bourdaloue fut témoin et instrument de ce retour ; il assista et prépara le héros dans les deux dernières années ; il l’entendit, à l’heure de la mort, proférer ces nobles paroles, répétées par Vauvenargues : « Oui, nous verrons Dieu comme il est, Sicuti est, facie ad faciem. » Il l’entendit exprimer cette seule crainte touchante : « Je crains que mon esprit ne s’affaiblisse, et que par là je ne sois privé de la consolation que j’aurais eue de mourir occupé de lui et m’unissant à lui. » Et lorsque Condé eut légué son cœur à la maison professe de la Société, il dut, par reconnaissance, par devoir, prononcer une seconde fois une oraison funèbre68.
. — Il resterait à citer et à discuter un portrait de Bourdaloue tracé par Fénelon dans ses Dialogues sur l’éloquence, portrait où la diversité et presque l’antipathie des natures se fait sentir, et où Fénelon exprime déjà sur ce talent trop réglé et trop uni à son gré quelques-uns des dégoûts modernes : mais il s’y juge peut-être lui-même encore plus que Bourdaloue, et c’est en parlant de Fénelon qu’il y aurait à y revenir un jour.
Tous deux ne différaient pas moins par la manière dont ils concevaient la forme et le style, ou la façon de s’exprimer.
Le vilain, qui était proprement le nom donné à l’habitant des campagnes, exprime l’impression même que faisait d’ordinaire le lieu qu’il habitait ; en général, et sauf quelques rares éclaircies au soleil du printemps, ces portions défrichées et non désertes de la contrée étaient les plus pleines de boue, de fumier et de misères.
En 93 même, s’il y avait assisté, il aurait dit : « Les y voilà, je les reconnais, mes Welches ; c’est bien cela. » Nul n’a aussi vivement et aussi fréquemment exprimé le contraste qui se fait remarquer dans le caractère des Français et des Parisiens aux diverses époques de notre histoire.
Et comme on lui exprimait des craintes que ces manifestations trop marquées n’irritassent les ennemis, et ne provoquassent peut-être de nouvelles rigueurs : Que voulez-vous donc que l’on nous fasse encore ?
Son bonheur serait d’étudier sans dérangement jusqu’à l’heure du dîner : les jours où il peut le faire sont des jours heureux, silencieux, et, par là même, ceux qui tiennent le moins de place en son journal ; il les exprime en deux lignes : « Le matin, (saint) Basile ; après le dîner, préparation de ma leçon, puis la leçon (Casaubon est professeur) ; ensuite un repas léger, Basile ; le reste à l’ordinaire. » Voilà le cercle où il aimerait à tourner sans cesse.
On en sort, ce me semble (dût-on avoir souri de quelques expressions au passage), avec une profonde estime pour le jeune roi qui pense et s’exprime ainsi.
Quant à l’air, il remerciait Dieu de l’avoir trouvé si doux, car il inclinait plutôt sur trop de chaud que de froid, et en tout ce voyage, jusques lors, n’avions eu que trois jours de froid et de pluie environ une heure ; mais que du demeurant, s’il avait à promener sa fille, qui n’a que huit ans, il l’aimerait autant en ce chemin qu’en une allée de son jardin ; et quant aux logis, il ne vit jamais contrée où ils fussent si dru semés et si beaux, ayant toujours logé dans belles villes bien fournies de vivres, devin, et à meilleure raison qu’ailleurs. » Montaigne, à la veille de quitter l’Allemagne et le Tyrol autrichien, écrit une lettre à François Hotman, ce célèbre jurisconsulte qu’il avait rencontré à Bâle, pour lui exprimer sa satisfaction de tout ce qu’il a vu dans le pays et le regret qu’il avait d’en partir si tôt, quoique ce fût en Italie qu’il allât ; ajoutant qu’excepté quelques exactions à peu près inévitables des hôteliers guides et truchements, « tout le demeurant lui semblait plein de commodité et de courtoisie, et surtout de justice et de sûreté. » Cette première partie de son voyage, dont il se montrait si enchanté, n’avait fait que le mettre en goût et en appétit de découverte.
Il ressentit vivement et profondément ce que la France éprouva à cette heure de gloire indicible et d’infortuné ; il l’exprima sous toutes les formes, promptes, aisées, touchantes, saisissantes, qui parlaient aux yeux et allaient au cœur de tous.
Il s’est fait une règle fort sage, de ne jamais critiquer ni discuter les opinions des commentateurs qui l’ont précédé ; cela irait trop loin : « Lorsqu’ils commettent des erreurs, dit-il, il suffît de les passer sous silence : lorsqu’ils ont bien exprimé une réflexion juste, nous nous en emparons.
Il y a des moments où il exprime ce vœu avec une énergie qui devait dépasser le but et faire reculer celle qu’il ne pouvait convertir et entraîner : « Je voudrais faire de l’amour un autre monde où rien ne fût de celui-ci.
Ces paroles de Louis XIV, qui exprimaient une si noble et royale résolution pour un cas extrême, avaient déjà été dites à Villars presque dans les mêmes termes à un précédent départ, et le roi les redit aussi, parlant au maréchal d’Harcourt : c’était le fond de sa pensée et de son âme, tant que pesèrent sur lui et sur son royaume ces conjonctures désastreuses.
Ce qu’on éprouve au sortir de la lecture de Balzac peut exactement s’exprimer par le mot de M. de Talleyrand, devant qui on louait, un jour, je ne sais plus quel discours élégant : « Ce n’est pas le tout de faire de belles phrases, dit-il, il faut avoir quelque chose à mettre dedans. » Et la forme elle-même, la phrase, la prose (pour ne prendre qu’elle), combien elle était loin d’être assurée dans sa régularité par ce magnifique et un peu vide exemple des Lettres de Balzac (1624) !
Au milieu des vérités d’observation et d’expérience dont cette pièce est semée et qui sont exprimées d’une touche ferme et sans prétention, il y a donc, contrairement à plus d’un exemple à la mode, une veine de sentiment et de bonne nature ; il s’y rencontre à tout instant, à travers les faiblesses, de bonnes fibres en jeu.
Aussi, dans leurs luttes avec ces Arabes ennemis, les Touareg ont fait contre eux un chant de guerre qui exprime ce sentiment d’envie ou de mépris, naturel à des affamés contre des gens repus.
L’expression passer fleur n’est pas, je dois le dire, de la façon de l’écrivain. « Dans tout le centre de la France, m’écrit-on, dans l’Ouest, dans le Poitou, il n’y a pas un jardinier qui s’exprime autrement. » Mais la nouveauté consiste à introduire de ces sortes d’expressions naturelles dans la langue écrite ou littéraire, et c’es ce dont je loue l’écrivain.
Je me permettrai, là où j’en puis juger, d’exprimer parfois un désir et un doute.
L’aîné des jeunes Saint-Hilaire était là, dans le groupe ; on a son récit : « Un spectacle aussi tragique, dit-il, me pénétra d’une douleur si vive, que j’éprouve encore aujourd’hui qu’il est plus facile de la ressentir que de la bien exprimer.
Elle m’a bien répondu, et du ton de la persuasion, qu’elle en était bien sûre ; mais en même temps elle m’a montré évidemment que ses amis et sociétés lui tenaient lieu de tout. » Quoi qu’on puisse dire, de tels sentiments ainsi exprimés sont respectables, et on sera en droit désormais de conclure que l’abbé de Vermond, quels que fussent ses défauts personnels, valait mieux que la réputation qu’on lui a faite.
Fournier, qui lui-même tâche beaucoup et renchérit sur chaque détail, et qui ne laisse rien passer sans en exprimer avec effort un sens caché, je faisais cette réflexion : Des esprits élégants, sans beaucoup de précision, régnaient autrefois dans la littérature ; d’autres leur ont succédé, qui ont essayé d’atteindre à l’exactitude et à la précision, même au prix de quelque élégance ; mais les derniers venus portent ce zèle, cette démangeaison continuelle de la précision ou de ce qu’ils considèrent comme tel à un point de subtilité et de minutie qui, s’il était poussé à un degré de plus, irait jusqu’à déformer les plus beaux sujets littéraires et à n’y rien laisser subsister de naturel.
La Fontaine et Mme de Sévigné, sur une scène moins large, ont eu un sentiment si fin et si vrai des choses et de la vie de leur temps, chacun à sa manière, La Fontaine, plus rapproché de la nature, Mme de Sévigné plus mêlée à la société ; et ce sentiment exquis, ils l’ont tellement exprimé au vif dans leurs écrits, qu’ils se trouvent placés sans effort à côté et fort peu au-dessous de leur illustre contemporain.
Vous prendrez garde à toutes ces haines de là-bas, et vous tâcherez surtout de concilier ici. » Et la famille, et les enfants, elle venait aussi en parler, et embellissait par eux les devoirs : « Ils auront es mêmes fées que vous sous vos mêmes ombrages. » Hervé n’essayait plus de comprendre, il nageait dans une sainte joie ; le jour tombant et de si franches paroles l’enhardissaient ; il exprima nettement ce désir prochain d’union, et cette fois, soit qu’elle fût trop faible, après tant d’efforts, ou trop attendrie, elle le laissa s’expliquer jusqu’au bout sans l’interrompre.
Ensuite, parce que les événements que l’histoire raconte ont par eux-mêmes un attrait de curiosité, un intérêt, pour nous exprimer autrement, qui empêche le lecteur de faire attention à l’insuffisance ou à la médiocrité du style.
Au reste, il contient des parties touchantes, et la douce soumission de Griselidis s’exprime par des traits quelquefois bien délicats : ainsi, quand la pauvre femme demande à son mari de traiter mieux sa nouvelle épouse qu’il ne l’a traitée elle-même : elle est, dit-elle, « plus délicieusement nourrie », plus jeune, plus tendre que moi, et ne pourrait souffrir « comme j’ai souffert ».
On peut dire que par les unités l’esprit classique s’est construit la forme littéraire la plus apte à l’exprimer ; et sans doute il n’était pas nécessaire que Corneille écrivit le Cid en 1636 : mais du moins, pour l’extraire du drame de Guillen de Castro, il lui fut utile de se sentir lié par ces lois nouvelles qui obligeaient de concevoir la tragédie autrement que comme un roman découpé en scènes.
Il exprimera aussi des faits tout ce qu’il voudra, par le plus outré, le plus intempérant symbolisme qu’on puisse voir.
Un marquis enrubanné rencontrant Hercule aux jardins de Versailles eût exprimé son humiliation par de bien jolies railleries.
Avant que d’écrire ou d’agir, le classique apprend à penser, et geste ou parole lui semblent beaux qui expriment directement et clairement le pouvoir absolu de la raison.
Je n’ai réussi que bien imparfaitement à rendre cette physionomie singulière, originale, attrayante, si peu gallicane et si française, qui plaît jusque dans ses hasards, où le naturel se dégage en jets heureux de quelques bizarreries de goût, où l’audace ne compromet pas de réelles beautés ; cet orateur au vêtement blanc, à l’air jeune, à la parole vibrante, aux prunelles de feu, et dont les lèvres, faites pour s’ouvrir et laisser courir la parole, expriment à la fois l’ardeur et la bonté.
Je lus hier Othello, je viens de lire Henri VI ; je ne puis vous exprimer quel effet m’ont fait ces pièces, elles m’ont ressuscitée. » Elle aussi, à sa manière, elle a sa vue du fond comme Shakespeare, et sa lettre lxive est ce que j’appelle chez elle son monologue d’Hamlet.
Ces sentiments divers qu’on trouve exprimés dans la lettre du René des Natchez, on les vérifierait dans les autres écrits et dans la vie de M. de Chateaubriand, en la serrant d’un peu près.
Il y a des sentiments exprimés avec une extrême délicatesse : « Ma lettre qui est à Nancy vous plaira plus que celle-ci ; je ne vous aimais pas mieux, mais j’avais plus de force pour vous le dire : il y avait moins de temps que je vous avais quitté !
Je ne le retrouve pas moins vivement exprimé et hautement reconnaissable dans cet autre portrait qui a pour titre : « L’homme vertueux dépeint par son génie ».
Frédéric, du reste, ne varia jamais dans son opinion sur le caractère des Polonais comme peuple : cette opinion est énergiquement exprimée en dix endroits de ses histoires, et bien avant que l’idée de partage fût née.
Tout cela est aussi bien senti que justement exprimé.
Un mot charmant qui exprime bien cette passion de d’Aguesseau pour les lettres, c’est ce qu’il dit un jour au savant Boivin avec qui il lisait je ne sais quel poème grec : « Hâtons-nous, s’écria-t-il ; si nous allions mourir avant d’avoir achevé !
Son livre est un trésor d’observations morales et d’expérience ; à quelque page qu’on l’ouvre et dans quelque disposition d’esprit, on est assuré d’y trouver quelque pensée sage exprimée d’une manière vive et durable, qui se détache aussitôt et se grave, un beau sens dans un mot plein et frappant, dans une seule ligne forte, familière ou grande.
Ils étaient noirs, brillants, doux, passionnés et pleins d’esprit ; leur éclat avait je ne sais quoi qu’on ne saurait exprimer : la mélancolie douce y paraissait quelquefois avec tous les charmes qui la suivent presque toujours ; l’enjouement s’y faisait voir à son tour avec tous les attraits que la joie peut inspirer.
Les Russes eux-mêmes, dans ce qui concerne leur histoire, et une histoire si contemporaine, ne sauraient avoir ni exprimer un avis indépendant.
Il est en habit du matin, chapeau à trois cornes, debout dans une des allées de Versailles ; beau, fin, délicat de visage, élégant de taille, de port, de geste, la jambe bien faite ; c’est un très joli portrait, et qui contraste agréablement avec celui que Rigaud fit plus tard du grand seigneur, du duc et pair arrivé au faîte des honneurs, dans toute la maturité et dans toutes les largesses de la vie, portrait à grand fracas, à perruque solennelle, où la cuirasse et l’armure sont à demi noyées sous l’hermine, mais où la physionomie plus pleine exprime bien de la force et de la beauté.
Des lettres ainsi refaites et retouchées laissent toujours à désirer quelque chose, je le sais bien ; elles n’ont pas la même autorité biographique que des lettres toutes naïves, écrites au courant de la plume, oubliées au fond d’un tiroir et retrouvées au moment où l’on y pense le moins : mais Courier, homme de style et de forme, n’a guère dû faire de changements à ses épîtres que pour les perfectionner par le tour ; ses retouches et ses repentirs, comme disent les peintres, n’ont pas dû porter sur les opinions et les sentiments qu’il y exprime, et le travail qu’il y met, le léger poli qu’il y ajoute n’est qu’un cachet de plus.
Ce sentiment du beau et de l’antique, ou des merveilles pittoresques modernes, qui fait l’honneur de leur jugement, de Brosses ne se donne aucune peine pour l’avoir et pour l’exprimer : il l’a du premier bond et le rend par une promptitude heureuse.
Et fussent-elles assez puissantes, pour, par leur présence, résumer en leur sens la question, elles n’empêcheraient pas que le lendemain de nouvelles recherches se montreraient au jour, plus instruites, plus souples et plus tenaces, dans leur volonté d’exprimer le plus possible avec le moins d’entraves techniques.
Peut-être lui passera-t-on plus volontiers qu’à un autre ces défaillances de style, et les sentiments qu’il exprime y gagnent-ils en désinvolture et en spontanéité.
De même, Ashia trompe Amadou Sêfa, qui l’a sauvée du serpent, avec un amant qu’elle juge cependant inférieur à son mari, comme elle le lui exprime sans équivoque dans le cours du récit.
Les désirs qu’elle exprime dans son livre d’aujourd’hui sur l’amélioration de la femme, et cette amélioration qu’elle indique, sont déjà le commencement de cette émancipation.
Nos idées sont si bien représentatives, que ce nom exprime leur nature et donne leur définition.
L’année même où parut le Père Goriot, un procès célèbre, dont on a récemment réveillé le souvenir, amena sur le banc de la cour d’assises un accusé spirituel et lettré ; il s’exprimait avec élégance, il faisait des vers, il avait presque du talent : un degré de plus, et on lui aurait trouvé du génie. […] L’art, la poésie, le roman, ne peuvent émouvoir et plaire qu’à la condition d’exprimer d’une façon exquise un moment, une attitude, une phase rapide de la figure ou de l’âme, du sentiment ou de la pensée. […] C’est un doute que nous exprimons, ce n’est pas une critique. […] Cette réclamation est trop juste, trop polie, trop élégamment exprimée, pour que nous refusions d’y souscrire. […] Ceci posé, je me sens plus libre de parler de son second Entretien, d’exprimer l’admiration que m’inspirent quelques-unes de ces pages, de rechercher si quelques autres ne justifient pas mes pressentiments.
C’est cet e muet et la grande césure, le grand hiatus qu’il met dans le vers, qui donne toute sa couleur au vers et qui exprime par le son l’idée de recherche prolongée, patiente et profonde. […] On était tout naturellement porté, malgré les vœux formés et exprimés par Célestin, vers la jeunesse et la verdeur. […] Tout coup vaille, voir juste, s’exprimer avec une précision qui vise au trait, mais qui y atteint ; ne pas observer par procédé et ne pas écrire par procédé (sauf quelques-uns, mais tout personnels), c’est promettre et même déjà réaliser un bon moraliste et un bon écrivain. […] Elle pouvait employer le mot affection, lequel eût été encore beaucoup trop fort pour exprimer ce que M. […] Carnegie est tout plein de son sujet, si j’ose m’exprimer ainsi, et s’en entretient lui-même, dans le même temps qu’il en entretient les autres, avec une extrême complaisance ; et d’autre part, on sait que son livre a eu un succès immense en Amérique ; y est devenu tout de suite livre classique et livre national et que M.
Classique avec Flaubert, cette école a vraiment continué la tradition française ; elle a exprimé avec M. […] Ces larmes des choses dont parle le poète, Loti les a exprimées goutte à goutte, et il en a imprégné son œuvre. […] C’est de la poésie d’émotion et de résurrection exprimée avec une fluidité simple, une sincérité sans recherche, une originalité qui s’ignore. […] C’est ce que Buffon exprimait lorsqu’il remarquait qu’un homme d’esprit est souvent embarrassé pour écrire, faute d’avoir bien réfléchi à son sujet. […] Pour bien montrer que l’ordre et le mouvement, c’est-à-dire le fond et la forme, sont inséparables, il exprime le désir que « chaque pensée soit une image ».
C’est lui qui disait de l’Hector de Luce de Lancival, piteuse tragédie, à coup sûr : « J’aime cet Hector, c’est une bonne pièce de quartier général. » Tandis que les faux monnayeurs en dévotion, que Louis XIV eut le bon sens de ne pas écouter cette fois, empêchaient Tartuffe de voir la scène, Molière tâchait d’exprimer, avons-nous dit, dans une autre pièce qui fut représentée le 16 février 1665, quelques-unes des idées qu’il avait mises dans sa pièce un moment interdite. […] Ce sont les mêmes idées, exprimées de façons différentes. […] Là, le miroir en main, et ce grand homme en face, Il n’est contorsion, posture ni grimace, Que ce grand écolier du plus grand des bouffons Ne fasse et ne refasse en cent et cent façons ; Tantôt pour exprimer les soucis d’un ménage, De mille et mille plis il fronce son visage ; Puis joignant la pâleur à ces rides qu’il fait, D’un mari malheureux il est le vrai portrait. […] Tout le visage d’ailleurs exprime un bouillonnement intérieur, une soif de lutte, une certaine appréhension, l’émotion de la veillée des armes, mais aussi la conscience même de la force. […] À propos de Lulli, le factum s’exprime ainsi : « Cet homme n’est pétri que d’ordure et de boue… Le hasard le jeta dans le commun de Mademoiselle parmi les galopins ; il sut adroitement se tirer de la marmite avec son archet… Les gazettes étrangères, au sujet d’un méchant feu d’artifice qu’il s’avisa de faire vis-à-vis sa maison en l’année 1674, publièrent partout que, s’il n’avait pas réussi dans ce feu-là, on réussirait mieux en celui qu’il avait mérité en Grève. » Et à propos de la femme de Molière : « La Verdier, la Brigogne, cette prostituée, chanteuse de l’Opéra, la Molière, cette comédienne de tous les théâtres, étaient des créatures publiques de toutes les manières… » À la suite de ces citations, je rencontre encore dans Le Quérard (p. 641) une note sous forme de lettre, qu’il est peut-être bon de citer ici : Molière copiste.
Ses yeux bleus, à fleur de tête et un peu fixes, exprimaient seuls quelque chose qui n’était ni le souci, ni la fatigue, et sa voix avait un son trop égal. […] la musique en était compliquée et d’une forme pénible ; on voyait que le compositeur avait fait tous ses efforts pour exprimer la passion et un sentiment profond, mais il n’en était rien sorti de bon. […] Elle le suivit sans résistance : sa figure pâle, ses yeux fixes, tous ses mouvements, exprimaient un indicible étonnement.
Dumas, par la façon dont il s’exprime, fournit plus qu’un prétexte. […] En somme, le dialogue des personnages n’est qu’un moyen pour exprimer la pensée de l’auteur, et l’expression dépend toujours du génie particulier de celui-ci. […] Moi, je suis un Latin de Paris82 » Certes, cela n’est pas très clair et on imagine qu’il y eût moyen de s’exprimer plus simplement. […] On n’exprime que les idées qu’on a, on ne traduit que les sentiments qui forment l’atmosphère où l’on vit, on ne peint la société et les mœurs des hommes que d’après les modèles et les exemples qu’on a sous les yeux. […] En outre il est incapable de suivre une idée abstraite, et sa langue toute matérielle ne sait pas en exprimer les nuances.
Honnête homme , au xviie siècle, ne signifiait pas la chose toute simple et toute grave que le mot exprime aujourd’hui. […] En revanche, vers le même temps (et ceci complète le chevalier), Mlle de Scudery observait de son bord que « les plus honnêtes femmes du monde, quand elles sont un grand nombre ensemble (c’est-à-dire plus de trois), et qu’il n’y a point d’homme, ne disent presque jamais rien qui vaille, et s’ennuyent plus que si elles étoient seules. » Au contraire, « il y a je ne sais quoi, que je ne sais comment exprimer (avouait d’assez bonne grâce cette estimable fille), qui fait qu’un honnête homme réjouit et divertit plus une compagnie de dames que la plus aimable femme de la terre ne sauroit faire25. » Quand on sent si vivement des deux côtés l’avantage d’un commerce mutuel, on est bien près de s’entendre ou plutôt on s’est déjà entendu, et la science de l’honnête homme a fait bien des pas.
Cette idée je ne la trouvai nulle part exprimée comme je l’aurais voulu ; je remarquai parmi ses juges plus d’admiration, ou plus de haine, ou plus de pitié que de véritable justice. […] Quand l’archevêque d’York, s’opposant plus tard à l’élévation de Swift à l’épiscopat, disait à la reine Anne « que sa Majesté devrait être sûre que l’homme dont elle allait faire un évêque fût un chrétien », il n’exprimait pas seulement l’opinion de tous les hommes religieux de l’Angleterre, mais celle que laisse à tout juge impartial la lecture de ce Conte du Tonneau, qui est, si l’on veut, l’œuvre d’un ami de l’Église anglicane, mais qui, à coup sûr, n’est pas l’œuvre d’un chrétien.
Cette puissance de souffrir pour tous, et cette puissance de compatir à tous, lui donnaient la puissance d’exprimer pour tous, et tous aussi reconnaissent leurs gémissements dans sa voix. […] Chose singulière et cependant exacte, moi-même, quinze ans plus tard, je composais le plan et les premiers chants d’un poème épique de Clovis ; j’écrivais, sous le titre de Méditations poétiques, des vers qui ne trouvaient pas à exprimer leur nature sous un autre titre ; enfin j’ébauchais cinq ou six tragédies avortées pour une scène où ma destinée n’était pas de monter au rang des Sophocle, des Shakespeare, des Corneille, ou de leurs rivaux d’aujourd’hui !
C’est cette loi de variations simultanées que j’entends exprimer par le terme de corrélation de croissance. […] Ne semble-t-il pas que la grande variabilité des caractères sexuels secondaires, évidente surtout chez le sexe mâle où ils sont plus marqués, peut provenir de ce que la force d’atavisme ou tendance héréditaire est, en général, plus grande chez les femelles, tandis que les mâles sont généralement plus variables, comme l’exprime cet axiome des éleveurs et horticulteurs : le mâle donne la variété, la femelle donne la race ?
Puisqu’il est grand, cet art est varié comme ses modèles, tout en restant individuel comme l’artiste qui lui fait exprimer sa pensée. […] Ce n’est pas d’aujourd’hui que j’ai exprimé ce regret !
Il connaît la vie et la vie moderne, lui qui souvent, dans ses romans, nous en a exprimé les passions, les ridicules et les vices. […] … Ils chercheront peut-être encore le romanesque dans cette histoire trop sublime pour ne pas en avoir, mais ils se plaindront que le romancier qui l’exprime l’ait mêlé à trop de faste de foi : car la foi de Paul Féval va jusqu’au faste… et pour moi ce faste devient une splendeur !
J’aime à croire que si Richelieu avait poursuivi ses Mémoires jusqu’à l’année de la mort de Sully, laquelle ne précéda que de peu la sienne, il aurait trouvé d’autres paroles pour rendre justice à un si méritant prédécesseur, et que la pensée morale et humaine exprimée par lui, et qui redouble de valeur sous sa plume, n’aurait pas étouffé les autres considérations d’équitable et haute louange que le nom de Sully rappelle.
Un homme qui s’exprime comme il vient de le faire n’est point versatile ; il est né ministériel, et, s’il se trouve un moment jeté dans l’opposition, ce n’est qu’à son corps défendant, Cette place de lord du Conseil de commerce à laquelle Gibbon aspirait, il l’obtint et la conserva trois ans (1779-1782) avec un traitement annuel de sept cent cinquante livres sterling ; mais le Conseil de commerce ayant été supprimé, Gibbon, qui se trouvait gêné dans ses revenus, songea à sortir de la vie publique pour laquelle il était si peu fait, à recouvrer son indépendance, et à se retirer en Suisse pour y achever son Histoire.
Beyle y apprend le premier à la France le nom de certains chefs-d’œuvre que notre nation mettra du temps à goûter ; il exprime à merveille, à propos des Cimarosa et des Mozart, la nature d’âme et la disposition qui sont le plus favorables au développement musical.
Je ne puis vous exprimer quel effet m’ont fait ces pièces… » Voltaire eut toute une discussion avec le président au sujet de ce François II : « Je voudrais que, quand il se portera bien, disait-il, et qu’il n’aura rien à faire, il remaniât un peu cet ouvrage, qu’il pressât le dialogue, qu’il y jetât plus de terreur et de pitié, etc. » Bons conseils à suivre lorsque le démon intérieur s’en mêle.
Il supposa d’abord inexactement que M. de Girac avait blâmé Voiture de ce qu’il n’écrivait point du tout dans le goût de Balzac, nihil Balzacianum, ce que M. de Girac n’avait pas exprimé de la sorte ni dans ces termes absolus : Il dit (c’est Costar qui parle) que M. de Voiture n’écrit pas de votre manière ; qu’il ne parle pas Balzac ; qu’il ne tient rien de ce noble caractère qui relève si fort vos pensées et vos paroles.
On lit dans une lettre du roi ce bel éloge : « Nous avons eu ici (10 octobre 1784) M. de Bouillé, qui est un homme de mérite, parce qu’il a su allier au mérite d’un bon militaire tout le désintéressement d’un philosophe ; et, quand on est assez heureux de rencontrer des hommes pareils, il faut en tenir compte à toute l’humanité. » Le prince Henri, en recevant M. de Bouillé à Rheinsberg, ne put s’empêcher de s’exprimer devant lui, de s’épancher sur le compte du roi son frère, comme il n’avait cessé malheureusement de penser et de sentir : Il le représentait, dit M. de Bouillé dans des mémoires dont on n’a donné que des extraits57, comme impatient, envieux, inquiet, soupçonneux et même timide, ce qui paraît extraordinaire ; il lui attribuait une imagination déréglée, propre à des conceptions décousues, bien plus qu’un esprit capable de combiner des idées pour les faire judicieusement fructifier.
Dès les premières pages des prétendus mémoires, comment se peut-il admettre qu’une personne du xviiie siècle, une douairière à peu près contemporaine de Mme du Deffand7, et qui doit avoir sinon les mêmes principes, du moins le même ton et la même langue, vienne nous parler théologie en des termes qui ne datent que de 1814 au plus tôt, et nous dise en raillant et réprouvant les protestants d’Allemagne : C’est un mélange inouï de vide et d’informe, de mielleux, d’arrogant et de niais, de mystique, d’érotique et de germanique enfin, qu’on trouve inconcevable et qui ne saurait s’exprimer.
Et Voltaire, ce même homme qui trébuchait ainsi dans le détail, reprenait ses avantages dès qu’il s’agissait d’ensemble ; il était de ces esprits fins et prompts qui devinent mieux qu’il ne connaissent, qui n’ont pas la patience de porter une démonstration un peu longue, mais qui enlèvent parfois tout d’une vue une haute vérité, et qui réussissent alors à l’exprimer de manière à ravir les savants eux-mêmes.
Les lettres patentes de 1635, et le projet qui avait précédé, exprimaient en termes très nets le but des études et l’objet des travaux de l’Académie ; l’espoir « que notre langue, plus parfaite déjà que pas une des autres vivantes, pourrait bien enfin succéder à la latine, comme la latine à la grecque, si on prenait plus de soin qu’on n’avait fait jusques ici de l’élocution, qui n’était pas à la vérité toute l’éloquence, mais qui en faisait une fort bonne et fort considérable partie » ; que, pour cet effet, il fallait en établir des règles certaines ; premièrement établir un usage certain des mots, régler les termes et les phrases par un ample Dictionnaire et une Grammaire exacte qui lui donneraient une partie des ornements qui lui manquaient, et qu’ensuite elle pourrait acquérir le reste par une Rhétorique et une Poétique que l’on composerait pour servir de règle à ceux qui voudraient écrire en vers et en prose : que, de cette sorte, on rendrait le langage français non seulement élégant, mais capable de traiter tous les arts et toutes les sciences, à commencer par le plus noble des arts, qui est l’éloquence, etc., etc.
Il a des barbarismes tout gratuits ; parlant d’une femme (la duchesse de Gontaut) : « Elle intrigue, elle prétend déplacer les ministres, et avec cela elle s’est hypocrisée en quittant le rouge… » Mais ce même homme, au style hérissé et sauvage, a de soudaines expressions qui lui sortent du cœur, et qui d’un trait peignent un homme ou expriment des vérités politiques profondes.
Dom Colignon y resta quelques jours ; mon père avait les yeux fixés sur moi : il semblait me demander des confidences… Je lui racontai les scènes scandaleuses des Pères capucins avec les sœurs de Richstroff ; je lui en exprimai mon indignation ; mais pas un mot des jolies filles de Valmunster.
Dans les derniers temps, ses amis, en étant assez de l’avis que j’exprime, ont essayé de lui accorder davantage ; on a dit qu’il avait fait des progrès en sérieux, en solide, en fermeté.
Concevez tous les motifs que j’avais de croire l’histoire fabuleuse ; combien ma surprise et mon ignorance que j’exprimais naïvement dans mes lettres (elle était à Pougues) contribuaient à la faire regarder comme telle par les personnes qui concluaient, ainsi que moi, que le baron d’Holbach n’eût pas dû être votre premier confident ; enfin, le déplaisir que vous m’avez causé par une conduite qui déroge un peu, ce me semble, à l’amitié que vous m’avez promise. » Puis, en venant au fond, elle estime que son ami le philosophe s’est laissé bien vivement emporter au sujet d’une injustice cruelle dont il a été l’objet, et dont une pauvre tête égarée a pu seule se rendre coupable : « Mais vous, au lieu de vous irriter contre un malheureux qui ne peut vous nuire, et qui se ruine entièrement lui-même, que n’avez-vous laissé agir cette pitié généreuse, dont vous êtes si susceptible ?
En le remerciant de ce qu’il a fait, oserai-je exprimer ce vœu qu’à une seconde édition il nous la donne plus complète, plus nettement dessinée encore, dégagée de quelques dissertations inutiles et qui nuisent véritablement à l’unité du ton ?
Mme d’Albany, toutefois, lui passait l’une de ces critiques plus que l’autre, et à propos de la fameuse brochure des Deux Phèdre qui souleva toute la presse littéraire de Paris en 1807, et dans laquelle la Phèdre de Racine est si complètement sacrifiée à celle d’Euripide, elle s’était exprimée avec assez de faveur.
Après avoir longtemps parlé comme un bailli, ce roi tout d’un coup s’exprime en roi.
Un billet rapide, une lettre aimable, un généreux sentiment exprimé peuvent donner idée d’une nature, mais ne sauraient établir toute une ligne de conduite ni certifier toute une vie.
Il écrivait à Louvois, le 5 mars (1686), dans le premier mouvement de sa reconnaissance : « Je ne saurais rien dire, Monseigneur, que vous exprimer mes sentiments sur l’honneur que vous m’avez procuré d’un si beau commandement.
Bayle, dans sa Réponse aux questions d’un Provincial (1703), a tout un chapitre là-dessus ; son doute n’existait qu’avant d’avoir lu les lettres ; dès qu’il les a vues, il n’hésite pas à exprimer son sentiment ; les faussaires n’ont pas de ces accents-là : « J’y trouvai, dit-il, tant de caractères d’ingénuité et la nature si parlante, qu’il me sembla qu’un imposteur n’aurait jamais pu déguiser si heureusement son artifice.
Après le départ de Mme Récamier, je réfléchissais aux jugements de ce monde : il a souvent accusé cette jolie femme de coquetterie, de légèreté, et je la voyais livrée à un sentiment si profond de regret, elle exprimait en si peu de mots et avec tant de douceur ses plaintes, que j’ai plus d’une fois pensé que tous les succès de Mme de Staël ne valaient point une semblable amitié.
On a ainsi le duc d’Orléans, Mirabeau, La Fayette, Mathieu de Montmorency, le futur consul Lebrun, ce dernier très agréablement dessiné ; car Malouet s’entend mieux à montrer ces caractères moyens qu’à exprimer les personnages extrêmes : « Enfin un homme dont la fortune s’est élevée depuis au niveau de ses talents, dont les opinions s’étaient manifestées pour la conservation des trois Ordres, arrive comme vaincu dans le camp des vainqueurs ; et là, sans se mêler jamais à aucune autre discussion que celle des finances, il abandonne la Constitution à sa triste destinée dans toutes ses conséquences politiques ; mais il la soutient, il la défend dans tout ce qui est relatif aux impôts, aux monnaies, aux assignats, aux recettes et aux dépenses de l’État.
A peine a-t-il fait un pas dans la cléricature qu’il ne se sent aucun attrait à poursuivre, il exprime sous forme mystique et symbolique des fautes dont il s’accuse, et dont il est permis à chacun de soupçonner la nature : « (La Chesnaie, 1810)… Je crois que le Seigneur m’éclaire malgré ma profonde indignité ; je crois reconnaître au fond de mon âme quelques faibles rayons de cette lumière qui annonce sa présence et prépare à la goûter.
» Talleyrand et Royer-Collard affectaient tous deux, dans la manière de s’exprimer, la brièveté concise et la formule : tous deux étaient volontiers sentencieux ; ils avaient le mot qui grave.
Ce genre d’explication rentre tout à fait dans l’opinion de Fauriel telle que je l’ai trouvée exprimée dans ses papiers ; celui-ci comparait Benjamin Constant à La Rochefoucauld en un sens : il attribuait le manque de principes qu’on lui voyait, et ce mépris des hommes qui s’affichait jusqu’à travers son républicanisme d’alors, au premier monde dans lequel il avait vécu.
. — Dans toutes les actions de ma vie, il y a toujours eu quelque chose qui ressortissait de la maternité. » Mademoiselle de Clermont, à Chantilly, ne se fût pas exprimée de la sorte en parlant à M. de Meulan ; mais Mlle de Liron était de sa province, et l’accent qu’elle mettait à ces expressions familières ou inusitées les gravait tellement dans la mémoire, qu’on a jugé apparemment nécessaire le nous les transmettre.
Rien ne saurait mieux donner idée du degré de défaveur que la réputation de Boileau encourait à un certain moment, que de voir dans l’excellent recueil intitulé l’Esprit des Journaux (mars 1785, page 243) le passage suivant d’un article sur l’Épître en vers, adressé de Montpellier aux rédacteurs du journal ; ce passage, à mon sens, par son incidence même et son hasard tout naturel, exprime mieux l’état de l’opinion courante que ne le ferait un jugement formel : « Boileau, est-il dit, qui vint ensuite (après Regnier), mit dans ce qu’il écrivit en ce genre la raison en vers harmonieux et pleins d’images : c’est du plus célèbre poëte de ce siècle que nous avons emprunté ce jugement sur les Épîtres de Boileau, parce qu’une infinité de personnes dont l’autorité n’est point à mépriser, affectant aujourd’hui d’en juger plus défavorablement, nous avons craint, en nous élevant contre leur opinion, de mettre nos erreurs à la place des leurs. » Que de précautions pour oser louer !
Et c’est pourquoi ce disciple de Stendhal, c’est-à-dire du plus détaché des analystes, a exprimé un jour, dans la plus éloquente de ses études, une si ardente sympathie pour l’auteur de la Visite de Noces.
Or, le monde prêtant à la fois au rire et à la pitié, la gaieté a bien aussi sa raison d’être ; une foule de choses ne peuvent s’exprimer que par là.
Les sujets traités, les théories soutenues, les conclusions exprimées ou suggérées, en un mot, l’âme même des livres, se transforment alors en bien ou en mal.
Isaïe, le grand prophète d’Israël, exprime avec une tristesse amère la même pensée que contient le vase de Pandore : — « Ô homme !
Il faut citer, en partie du moins, ce récit navrant, dont chaque vers tombe lentement exprimé comme une goutte de sang : La maternité vint bientôt… Que te dirai-je ?
aux aimables personnes de notre nation : c’est une simple remarque que d’autres ont exprimée avant moi.
Son livre se place entre celui de Duclos : Les Confessions du Comte de ***, et le livre de Laclos : Les Liaisons dangereuses ; mais il est plus dans le milieu du siècle que l’un et que l’autre, et il nous en offre un tableau plus naturel, plus complet, et qui en exprime mieux, si je puis dire, la corruption moyenne.
Irrassasiable d’émotions et infatigable à les exprimer, il ne tarde pas à pousser la langue jusqu’à ses dernières limites.
Toutes les fois qu’il veut exprimer un sentiment un peu profond et vrai, il est puni, la passion et la poésie manquent à son langage.
Dans sa dédicace des Vies de Plutarque à Henri II, il parle de lui humblement, plus humblement même qu’on ne le voudrait : « Non que j’eusse opinion qu’il pût issir (sortir) de moi, dit-il, personne si basse et si petite en toute qualité, chose qui méritât d’être mise devant les yeux de Votre Majesté. » Au concile de Trente, en septembre 1551, ayant eu à présenter les lettres de protestation du roi aux Pères du Concile et trouvant l’assemblée peu disposée à les recevoir : « Je filais le plus doux que je pouvois, écrit-il à son ambassadeur, me sentant si mal, et assez pour me faire mettre en prison si j’eusse un peu trop avant parlé. » Certes, un simple secrétaire, mais qui eût été de l’étoffe d’un Mazarin ou d’un D’Ossat, ou même d’un Fleury, se serait exprimé et se serait présenté autrement.
Ce qui ressort des premiers travaux de ce jeune homme, déjà arrivé à l’âge de trente ans, c’est l’indépendance du jugement, l’habitude d’avoir son avis en toute matière sans en demander la permission à son voisin ; et le besoin d’exprimer cet avis hautement et devant le public.
Bien que Mme de Motteville aimât à se rappeler et à citer ces vers galants de son oncle : Et constamment aimer une rare beauté, C’est la plus douce erreur des vanités du monde, elle avait le cœur plus fait pour l’amitié que pour l’amour ; elle était faite en tout pour les sentiments réguliers et justes, et pour une égalité heureuse ; elle en a exprimé le vœu en plus d’un endroit.
Dans la dernière maladie qu’il fit, étant à Fontainebleau, au moment de mourir, il exprima à Gourville ses intentions pour son testament, et en peu de paroles il lui déclara ce qu’il voulait faire pour ses domestiques et pour lui en particulier, à qui il destinait cinquante mille écus, ajoutant obligeamment qu’il ne pouvait jamais reconnaître assez les services qu’il lui avait rendus : Je ne lui répondis rien, continue Gourville, et m’en allai faire dresser ce testament par son secrétaire, et sans notaire, avec toute la diligence possible.
S’il voit le mal, Montesquieu apprécie très bien les avantages qui le compensent ; ce qu’il exprime ainsi : L’Angleterre est à présent le pays le plus libre qui soit au monde, je n’en excepte aucune république… Quand un homme, en Angleterre, aurait autant d’ennemis qu’il a de cheveux sur la tête, il ne lui en arriverait rien : c’est beaucoup, car la santé de l’âme est aussi nécessaire que celle du corps.
Il en exprime la pensée ; il y met la suite, l’enchaînement, le conseil ; et ce qui fait le beau de son discours, c’est la manière dont il est jeté.
Dans ses huit volumes de romans, où figurent tous les exemplaires de la race humaine, du paysan au prince, de la petite fille aux vieilles moribondes, chaque acteur agit, existe et souffre, avec toute l’intensité d’un être en chair, avec des gestes particuliers, une physionomie minutieusement évoquée, des façons individuelles de se tenir, de s’exprimer, de se comporter, d’aimer ou de mourir, qui suscitent peu à peu chez le lecteur des images nettes et comme familières.
Quand il lui faut décrire un objet ou un ensemble, noter un dialogue, exprimer une idée, il ne tente pas de choisir, entre les termes exacts possibles, ceux doués de qualités communes indépendantes de leur sens, la sonorité et la splendeur comme chez Flaubert, le mouvement et la grâce comme chez les de Goncourt, la rudesse cladélienne ou la noblesse et le mystère de M.
Si Lucrèce exprime avec force l’influence du physique sur le moral, je ne dois point me fermer les yeux pour ne pas voir la vérité qu’il me présente, parce qu’un matérialiste et un athée peuvent en abuser.
Deux négations valent une affirmation en grammaire, mais, métaphysiquement parlant, une affirmation et une négation combinées ne peuvent guère donner pour résultat que du scepticisme, et effectivement, sous les girandoles allumées de la brillante imagination de Heine et sous les sensations très vives qu’il exprime, on n’a conscience que d’un scepticisme de poète qui s’agite dans l’image et ne creuse pas jusqu’à l’idée.
Seulement, les formes à travers lesquelles ce fait s’exprime sont plus ou moins menteuses, vieillies et tombées, et elles tomberont toutes de plus en plus, jusqu’au jour où l’humanité arrivera à la culture de l’idéal pour l’idéal, si elle y arrive !
C’est ainsi que la tendance à l’effacement s’exprimait.
La théorie de la Relativité, même « restreinte », n’est pas précisément fondée sur l’expérience Michelson-Morley, puisqu’elle exprime d’une manière générale la nécessité de conserver aux lois de l’électro-magnétisme une forme invariable quand on passe d’un système de référence à un autre.
Dans le langage elliptique du poëte, ce qui est exprimé fait ressortir avec éclat tant d’autres souvenirs sous-entendus et présents !
— J’écris au Premier Consul, lui répondis-je, pour lui exprimer le vœu du conseil et celui du condamné. […] L’Impératrice s’exprima d’une manière étonnante sur les émigrés : « Ils sont cause des malheurs de la France, disait-elle. […] Sa voix affaiblie ne sait plus exprimer les sentiments d’invincible fidélité qui sont le ressort essentiel de sa vie intérieure. […] Et Loti, présentant son livre à une duchesse pleine de grâce et de bonté, ne pouvait s’empêcher d’exprimer sa surprise en termes ingénieux : Madame la duchesse, Veuillez agréer ce livre comme un hommage de très respectueuse amitié. […] Cette « interview » est si intéressante, que je n’ai pas hésité à en exprimer toute la substantifique moelle.
Mais elles exprimaient ce qu’on rêvait. […] Avec quelle vérité les défauts et les qualités du narrateur sont exprimés dans un récit qui est bien réellement fait à sa façon et non à celle de Mme Sand ! […] Jamais toutes les délicatesses du sentiment n’ont été mieux exprimées dans la langue des bons écrivains. […] Que les réalistes contemporains ne s’imaginent pas être supérieurs à Timanthe parce que celui-ci, dans son tableau du sacrifice d’Iphigénie, a voilé la tête d’Agamemnon, tandis qu’eux expriment la douleur dans ses agitations les plus repoussantes. […] Une incomparable légèreté de main, une grâce exquise dans les moindres détails, une logique rigoureuse dans l’enchaînement des situations, un art habile à exprimer les moindres nuances du sentiment, tels sont les traits distinctifs de cet écrivain qui est toujours en progrès et dont chaque volume marque un pas de plus vers la perfection.
» * Pourquoi, dans le discours, cette locution si fréquente « défendre la vérité », là où le sens voudrait simplement « exposer, exprimer » ? […] Mais soit : Tocqueville affirme n’avoir pas voulu imiter Montesquieu ; il est de bonne foi ; qu’on lui en donne acte. » * Voici un an à peine que Victor Hugo est mort, et déjà, parmi des éloges dont les uns sont et seront toujours mérités, dont les autres sont dictés par des convenances d’anniversaire ou des complicités politiques, je vois reparaître, sous des plumes en crédit, la plupart des réserves que j’exprimais, il y a cinquante ans, dans le Victor Hugo en 1836 6. […] Par quelle rhétorique naturelle il développait et précipitait ces raisons, et comment l’avocat s’élevait jusqu’aux cimes de l’éloquence politique, il m’est plus aisé de ne pas l’oublier que de l’exprimer. […] Non pas cette fertilité de traits qui ne sont ni vrais ni faux, et qui donnent aux gens le très fugitif plaisir de la surprise, mais l’esprit de bon sens, celui que le cadet des deux Chénier définit en cet heureux vers didactique : Esprit, raison qui finement s’exprime, sans compter que, dans vos discours, ne manque pas le genre de trait qui aiguise la pensée, pour la rendre plus pénétrante. […] Je lui en exprimai mon regret.
Pour citer des dates positives, Bernis, dans une lettre à Choiseul du 23 août 1769, exprimait encore toute sa méfiance en des termes qu’on n’a pas à craindre de reproduire, parce qu’ils vont donner à la rectification tout son prix : Il est certain que la cour de Madrid, disait-il, fait beaucoup de cajoleries au pape, et que Sa Sainteté les lui rend.
Une fois produit, il travailla vigoureusement à se faire sa place, à concilier l’étude du cabinet avec la pratique : il était littérateur à la façon du xvie siècle, parlant latin autant et plus volontiers que français ; c’est pour le latin qu’il garde ses élégances : quand il écrit dans sa langue maternelle, son style bigarré exprime à merveille le mélange de goût qui régnait dans les professions savantes durant la première moitié du xviie siècle.
Que d’obstacles ne devait pas trouver dans sa carrière un homme qui ne pouvait, comme Aladin, déguiser sa façon de penser, et qui voulait (c’est ainsi qu’il s’exprimait) faire fortune à découvert !
Il fut six mois dans la magistrature, en qualité d’avocat du roi au siège présidial de Tours ; il en souffrait cruellement, et il nous a exprimé à nu ses angoisses : Dans le temps qu’il fut question de me faire entrer dans la magistrature, j’étais si affecté de l’opposition que cet état avait avec mon genre d’esprit, que de désespoir je fus deux fois tenté de m’ôter la vie.
Sa profession de foi sur la Révolution française est simple, elle est celle d’un croyant : il pense que la Providence s’en mêle soit directement, soit indirectement, et par conséquent il ne doute pas que cette Révolution n’atteigne à son terme, « puisqu’il ne convient pas que la Providence soit déçue et qu’elle recule » : En considérant la Révolution française dès son origine et au moment où a commencé son explosion, je ne trouve rien à quoi je puisse mieux la comparer qu’à une image abrégée du Jugement dernier, où les trompettes expriment les sons imposants qu’une voix supérieure leur fait prononcer, où toutes les puissances de la terre et des cieux sont ébranlées… Quand on la contemple, cette Révolution, dans son ensemble et dans la rapidité de son mouvement, et surtout quand on la rapproche de notre caractère national, qui est si éloigné de concevoir et peut-être de pouvoir suivre de pareils plans, on est tenté de la comparer à une sorte de féerie et à une opération magique ; ce qui a fait dire à quelqu’un qu’il n’y aurait que la même main cachée qui a dirigé la Révolution, qui pût en écrire l’histoire.
Aussi, je ne saurais être de l’avis que j’ai vu quelque part exprimé par un savant, homme de grand détail (M.
Tout peut se dire ; toutes les opinions sincères ont le droit de sortir et de s’exprimer ; il y a, certes, lieu pour des critiques doctes et fins de disserter longuement et de faire mainte distinction à propos d’Horace Vernet ; mais le ton de Gustave Planche parlant d’un homme de ce talent et de cette renommée, d’un homme de ce passé et de cet avenir, qui était à la veille de se développer de plus en plus, et qui allait nous traduire aux yeux notre guerre d’Afrique, nous montrer notre jeune armée en action, à l’œuvre, dans sa physionomie toute moderne et expressive, ce ton est d’une insolence et d’une fatuité vraiment ineffables : « À ne peser que les cendres de sa gloire, s’écrie-t-il, nous les trouvons légères, et nous les jetons au vent !
Viollet-Le-Duc, est certes conforme à l’idée qu’on en doit prendre, et rentre bien aussi dans le programme qu’avait tracé Virgile lui-même dans le beau temps : « D’autres sauront demander à l’airain ou au marbre de mieux exprimer la vie ; d’autres seront plus éloquents aux harangues, ou excelleront à décrire les astres et à embrasser du compas les révolutions des cieux ; mais à toi, Romain, il appartient de régir le monde et de gouverner les peuples : ce sont là tes arts, à toi… » Tel était aussi le Romain en architecture, dans cet art qui faisait comme partie intégrante de son administration et de son établissement politique en tout lieu ; tel il se montra dans la construction de son Panthéon, de ses thermes, de ses aqueducs, de ses amphithéâtres et de son gigantesque Colisée, dans tout ce qu’il n’empruntait pas directement des Grecs, se souciant bien plus du grandiose et de l’imposant que du fin et du délicat ; mais aussi, en ce genre d’installation souveraine, de glorification conquérante et historique, quand il lui arriva d’y réussir, il eut son originalité sans pareille et il y mit la marque insigne de son génie.
Une lettre de Jean-Bon au ministre de l’intérieur exprime au vrai sa situation de premier magistrat civil en présence de tant de difficultés accumulées et d’embarras insurmontables.
J’ai assurément reçu, Sire, cette nouvelle avec tout le trouble de joie qu’elle mérite, et je ne puis exprimer à Votre Majesté combien l’on est agité de sentiments d’obligation et de reconnaissance, quand on reçoit une pareille marque de l’honneur de son estime et de son affection. » Le trouble de joie !
On écrit volontiers comme on parle, comme on est présentement affecté ou comme on s’exprime dans l’habitude, et je ne dis pas qu’on ait absolument tort.
Autant il convient d’adopter le système de forcer le centre d’une armée divisée, autant il faut l’éviter quand ses forces sont rassemblées. » Jomini, dégagé de ses liens, pouvait exprimer toute sa pensée.
Elle exhale enfin, elle exprime dans Novissima Verba ces quarts d’heure de navrante agonie, qui, comme une horrible tentation ou un avertissement salutaire, s’emparent souvent des plus nobles mortels au sommet de l’existence, et les inondent d’une sueur froide, rapetissés soudain et criant grâce, au sein des félicités et de la gloire !
Eugène surtout (à qui nous devons bien, puisque nous l’avons nommé, ce triste et religieux souvenir), adolescent mélancolique, plus en proie à la lutte, plus obsédé et moins triomphant de la vision qui saisit toutes les âmes au seuil du génie et les penche, échevelées, à la limite du réel sur l’abîme de l’invisible, Eugène a exprimé dans le recueil cette pensée pénible, cet antagonisme désespéré, ce Duel du précipice ; la poésie soi-disant erse, qu’il a composée sous ce nom, est tout un symbole de sa lugubre destinée.
Il est dommage que d’autres fonctions suprêmes l’aient enlevé avant qu’il ait pu exprimer ce qui dans sa bouche aurait eu une autorité charmante.
Ampère, dans lesquels il a su ressaisir la vie même des idées et des personnages qu’il exprime, Ausone, saint Paulin, Rutilius, la confession de l’autre Paulin, petit-fils d’Ausone, Sidoine Apollinaire, toutes pages à la fois graves et charmantes, qui suffiraient à caractériser dans la critique française cette manière sobre, délicate, profonde et sûre !
est comme ces sortes d’arbres qui ne donnent leur baume pour les blessures des hommes, que lorsque le fer les a blessés eux-mêmes. » Et encore, pour exprimer qu’il n’est point de cœur mortel qui n’ait au fond sa plaie cachée : « Le cœur le plus serein en apparence ressemble au puits naturel de la savane Alachua : la surface en paraît calme et pure ; mais, quand vous regardez au fond du bassin, vous apercevez un large crocodile, que le puits nourrit dans ses eaux. » Les funérailles d’Atala sont d’une rare beauté et d’une expression idéale.
Il en coûte sans doute à s’humilier ; mais la moindre résistance coûterait cent fois davantage à mon cœur. » XXX Le lendemain, il publia une déclaration à ses diocésains, dans laquelle il s’accuse lui-même d’erreur dans son livre des Maximes des Saints. « Nous nous consolons, dit-il dans cette déclaration, de ce qui nous humilie, pourvu que le ministère de la parole que nous avons reçu du Seigneur pour votre sanctification n’en soit pas affaibli, et que l’humiliation du pasteur profite en grâce et en fidélité au troupeau. » Sans doute l’arrêt officiel de Rome ne changea pas au fond de son cœur ses sublimes convictions sur l’amour désintéressé et absolu de Dieu : il ne crut pas s’être trompé dans ce qu’il sentait ; mais il crut s’être égaré dans ce qu’il avait exprimé ; il crut surtout que l’Église voulait imposer le silence sur des subtilités qui peuvent troubler les âmes et embarrasser son gouvernement, et il acquiesça avec bonne foi et avec humilité à ce silence.
Par là, les vrais contemporains de Villehardouin, les représentants littéraires de l’état d’âme qu’il exprime dans l’histoire, c’est Garin, ou Bernier.
Et de fait, assez insignifiant, quoi qu’on en ait dit, comme peinture des mœurs du xiiie siècle, et, sauf sur un point qui sera indiqué plus loin, ne nous révélant rien qui ne soit plus fortement ou plus exactement exprimé ailleurs, le Roman de Renart est d’un bout à l’autre la plus folle des mascarades et la plus irrévérencieuse des parodies.
La suite que l’auteur s’est faite, & celle que nous nous faisons se confondent ; l’ame ne retient rien, ne prévoit rien ; elle est humiliée par la confusion de ses idées, par l’inanité qui lui reste ; elle est vainement fatiguée & ne peut goûter aucun plaisir ; c’est pour cela que quand le dessein n’est pas d’exprimer ou de montrer la confusion, on met toûjours de l’ordre dans la confusion même.
De tous les théorèmes de l’Analysis Situs, le plus important est celui que l’on exprime en disant que l’espace a trois dimensions.
Voyez au contraire, à l’époque d’Auguste, quand le monde ancien commence à se dissoudre, ces aspirations vers l’avenir, si éloquemment exprimées par le poète incomparable dans l’âme duquel les deux mondes s’embrassèrent.
Il est le grand architecte de l’univers ; il a créé et il maintient les lois qui le régissent ; il y est soumis lui-même ; il est l’esclave de sa volonté une fois exprimée ; car il ne connaît pas le caprice ni le changement.
Ce peu d’autorité qu’a pu acquérir la Revue, le droit qu’après ces deux ans et demi on m’accordera d’avoir et d’exprimer une opinion, la confiance personnelle que mes amis veulent bien me montrer, je demande aujourd’hui, en une très grave circonstance, d’y faire appel.
En mourant, le comte, qui a entendu autrefois, par hasard, en passant sous la fenêtre de l’atelier, une mélodie de Frantz, jouée au piano par Frédérique, a exprimé le vœu d’être enterré aux sons de sa musique, et le baron, qui se croit déjà légataire, vient acheter à l’artiste un Requiem.
Mais ces idées sont vraies et salubres, revêtues d’art et de vraisemblance, exprimées par des caractères d’une grâce charmante ou d’un relief vigoureux, attendries par une émotion pénétrante.
Le caractère propre de la muse populaire, c’est qu’elle soit avant tout pacifique, consolante, aimante ; que la chanson de chaque métier, par exemple, en exprime la joie, l’orgueil même et la douce satisfaction ; qu’elle en accompagne et en soulage le labeur ; qu’elle en marque les moments et les rende plus égayés et plus légers.
» Il est inépuisable en images heureuses pour exprimer cette terrible lenteur, qui, sans déjouer son profond espoir, peut en ajourner le terme jusqu’à des temps qu’il ne verra pas.
Elle n’a pas tâché, disait-on, pour exprimer la façon d’écrire de Mme de Caylus et ses aimables négligences.
Je trouve ma pensée tout exprimée dans ce mot énergique : « Mirabeau, Maury, de mœurs égales, deux taureaux. » 36.
Tandis qu’à la même époque, tous les désirs, tous les caprices passionnés ou sensuels s’exprimaient hautement avec impudence, il est touchant de voir ici un sentiment vrai, un attachement sincère qu’autorise le devoir, n’oser se produire qu’avec tremblement et pudeur, et une crainte marquée d’être repoussé : Je vous embrasse de tout mon cœur, malgré votre cruel silence.
Rien de charmant, de vif, d’entraînant comme les deux premiers actes : la comtesse, Suzanne, le page, cet adorable Chérubin qui exprime toute la fraîcheur et le premier ébattement des sens, n’ont rien perdu.
Cette dernière est restée à Pézenas, et c’est l’abbé de Cosnac que le prince de Conti charge de l’ennuyeuse mission d’aller lui signifier la rupture : J’arrivai à midi dans Pézenas, nous dit l’abbé de Cosnac (et tout son récit en cet endroit exprime bien une ironie légère).
On a dit que le paysage est un « état d’âme » ; ce n’est pas encore assez ; il faut dire au pluriel, pour exprimer cette communication sympathique et cette sorte d’association entre nous et l’âme des choses : le paysage est un état d’âmes.
Exprimer volontiers l’idée par l’image.
Tout maladif qu’il est, Hamlet exprime un état permanent de l’homme.
On a imaginé que la nature agit toujours par le chemin le plus court, qu’elle emploie le moins de force et la plus grande économie possible : mais que répondraient les partisans de cette opinion, à ceux qui leur feraient voir que nos bras exercent une force de près de cinquante livres pour lever un poids d’une seule livre ; que le cœur en exerce une immense pour exprimer une goutte de sang ; qu’une carpe fait des milliers d’œufs pour produire une ou deux carpes ; qu’un chêne donne un nombre innombrable de glands, qui souvent ne font pas naître un seul chêne ?
Augustin Thierry, nature de juste milieu, qui le fut en politique comme il le fut en facultés, comme il le fut en toutes choses, exprima, avec la discrétion d’un homme de goût qui craint l’asphyxie, le suc de ces fleurs d’un temps naïf et barbare, dont il sentait pourtant et a nous donné quelques-unes des âpres saveurs.
S’il fallait le peindre, comme penseur et comme écrivain, par un seul mot qui dût bien exprimer son être et sa manière, nous dirions, après avoir lu les deux volumes d’aujourd’hui, que M.
L’Index va frapper son livre d’interdiction, et il part à Rome pour le défendre, ne doutant pas un seul instant de son triomphe auprès du pape « dont il était convaincu d’avoir exprimé simplement les idées95. » Mais la désillusion commence aussitôt pour lui, plus vive encore qu’à Lourdes.
Cet emprunt à la matière qu’affecte ici le poëte, pour nous éblouir des effets éclatants de son art, peut en être un symbole visible, mais n’en exprime pas toute la grandeur et la grâce parfois naïve.
Villemain écrivit des Souvenirs contemporains remplis de confidences ingénieuses sur les personnages qu’il a connus, les temps qu’il a vus, avec un retour plutôt indiqué qu’exprimé vers les hommes et les choses de notre temps ; écrits où l’histoire acquérait le mérite de l’à-propos, et où la grâce et le piquant de la forme, les sous-entendus spirituels, les embûches tendues par l’épigramme, donnaient un nouveau prix à l’intérêt du fond. […] Au moment d’entrer dans ces journées d’hallucinations suivies de nuits de cauchemars, le poète, dont l’âme était malade avant que son esprit le devînt, s’exprimait ainsi : « Elle pourtant croyait à Dieu, et j’ai surpris un jour le nom de Jésus sur ses lèvres. […] Je ne puis mieux exprimer l’impression que m’a laissée ce roman réaliste, matérialiste, sensualiste et au fond athée, quoiqu’il y soit parlé quelquefois de Dieu, de religion et même des sacrements de l’Église. […] Et quand le livre effet veut devenir cause ; quand, au lieu d’exprimer l’idée dominante, il cherche à la violenter, il n’aboutit à rien, son effet demeure stérile. » Il importe peu que M.
Malgré les éloges indulgents de sir Walter, je me range à l’avis que Maturin lui-même a exprimé dans la préface des Femmes. […] Quelquefois les verbes qui expriment par eux-mêmes une action complète, prennent un régime inattendu : La terre germe des fruits. […] Au lieu de jeter le raisin après l’avoir exprimé, il s’acharne sur les débris de la grappe, et réussit à gâter son vin. […] Nous avons dit maintenant toute notre pensée, nous avons exprimé fidèlement notre admiration et notre blâme. […] Quand on lui annonce une fraude qui n’a pas réussi, au lieu de la blâmer et d’exprimer hautement son mépris, il explique assez finement comment la dupe aurait dû s’y prendre pour tromper à coup sûr.
J’adore mon aimable gouvernante ; mandez-moi des nouvelles de son cœur, c’est devant vous qu’il s’épanche. » Ce passage en sous-entendait beaucoup plus qu’il n’en exprimait, et l’année précédente il s’était passé un événement dont bien peu de personnes avaient eu le secret. […] Cette pensée se trouve exprimée avec ingénuité, avec énergie, en maint endroit des lettres ; elles suivirent de près le départ de Mme de Calandrini, à dater d’octobre 1726.
Cette dernière, qui avait pour objet de motiver et d’appuyer les projets de loi présentés sur la définition des délits de presse et sur leur mode de jugement par le jury211, se recommande encore aujourd’hui par des idées générales très-hautes, très-fermes, exprimées non sans éclat. […] Les opinions exprimées dans ce recueil étaient en général classiques, mais modérées, ouvertes, conciliantes ; elles avaient une couleur de centre droit littéraire.
comment exprimer les sentiments d’amour et le ravissement que sa vue m’inspire ! […] Rien n’est plus hardi et plus net que la pensée de Cicéron, hautement exprimée, sur les mystères de la religion de son temps.
Les cheveux blanchis leur paraissent un symptôme de maturité : ils ont exprimé cette opinion dans un proverbe. […] Thiers, en trouva sur l’heure la vraie formule. « Gardons la république, car c’est le gouvernement qui nous divise le moins. » C’est la pensée que j’avais exprimée autrement en entrant le jour même à l’hôtel de ville, ces Tuileries du peuple.
Se plaindre qu’on n’a pas assez de sa langue pour exprimer ses idées est la marque qu’on croit avoir assez d’idées pour remplir plusieurs langues : c’est de la vanité qui sied bien à la médiocrité. […] Ce que Fénelon confesse de la contradiction de son fonds, « qui lui fait trouver faux, dit-il, un moment après, ce qu’il vient de dire », je l’éprouve même de ce qu’il exprime de plus vrai : j’ai peur, un moment après, de le trouver faux.
Contre les évêques, qui étaient vivants et puissants, sa haine s’épancha plus violemment encore, et l’âcreté des métaphores venimeuses suffit à peine à l’exprimer. […] Pour exprimer un pareil sentiment, ce n’était pas assez des images, et de la poésie qui ne s’adresse qu’aux yeux ; il fallait encore des sons, et cette poésie plus intime qui, purgée de représentations corporelles, va toucher l’âme : il était musicien ; ses hymnes roulaient avec la lenteur d’une mélopée et la gravité d’une déclamation ; et lui-même semblait peindre son art en ces vers incomparables qui se développent comme l’harmonie solennelle d’un motet : Dans la profondeur des nuits, quand l’assoupissement494 — a enchaîné les sens des mortels, j’écoute — l’harmonie des sirènes célestes — qui, assises sur les neuf sphères enroulées, — chantent pour celles qui tiennent les ciseaux de la vie, — et font tourner les fuseaux de diamant — où s’enroule la destinée des dieux et des hommes. — Telle est la douce contrainte de l’harmonie sacrée — pour charmer les filles de la Nécessité, — pour maintenir la Nature chancelante dans sa loi, — et pour conduire la danse mesurée de ce bas monde — aux accents célestes que nul ne peut entendre, — nul formé de terre humaine ; tant que son oreille grossière n’est point purifiée495. […] C’est la vision qui le révèle, et c’est le style de la vision qui doit l’exprimer.
Je me suis fait souvent raconter par ma mère cet incident qui me semblait prophétique, et exprimait si bien l’opinion que je devais avoir, plus tard, de l’existence. […] Je ne sais si j’exprimais par des mots ce que j’éprouvais, mais elle le comprenait très bien, puisqu’elle m’assurait qu’elle n’aimait pas ce petit garçon-là comme elle m’aimait, qu’elle ne l’avait jamais aimé la moitié autant ; qu’elle m’aimait, moi, plus que tous ses enfants réunis. […] Je fus brusquement détrompée par une remarque, exprimée à haute voix, et qui me fit froid dans l’estomac. […] J’aimais beaucoup le son de sa voix, et sa façon de s’exprimer, qui me paraissait si extraordinaire. […] Mon père racontait que, maintes fois, en commençant son feuilleton, il avait biffé ce qu’il venait d’écrire, pour prendre un autre point de départ, se disant : « Saint-Victor va commencer comme cela » et il était rare qu’il ne trouvât pas exprimée, dans les premières lignes de l’article de son confrère, l’idée qui s’était d’abord présentée à lui.
Conseiller d’État et président de la section de l’intérieur depuis le 25 décembre 1799 jusqu’au 14 septembre 1802, ayant pris la plus grande part aux lois et aux projets administratifs qui s’y discutaient chaque jour, chargé en outre de missions et de directions importantes dans cet intervalle, il apprécia surtout le caractère et le génie civil du premier consul, et il a exprimé à cet égard son sentiment dans des notes éparses et vives, qui font le pendant et le contraste le plus parfait à la page que j’ai précédemment citée de lui sur la démocratie.
Il y faisait voir non pas de l’égalité seulement et une activité paisible, mais presque un jeu continuel, si on ose s’exprimer ainsi. » Bien que cela ait été dit dans un discours académique, cela est vrai.
L’indisposition de son mari, mais surtout la beauté, la jeunesse et l’esprit galant de cette dame n’ont fait aucun tort à sa vertu, et quoique les personnes qui soupiraient pour elle fussent des plus riches du royaume et de la plus haute qualité, elle a mérité l’estime générale de tout le monde par la sagesse de sa conduite ; et on lui doit même cette justice de dire qu’elle s’est piquée d’une belle amitié conjugale sans en pratiquer les principales actions. » Certes, c’est là un témoignage qui compte de la part d’un contemporain, d’un homme qui ne passe pas pour trop scrupuleux et qui s’exprime en général assez librement.
Laissez nos cœurs parler une fois en toute liberté et vous exprimer notre vénération reconnaissante.
Je ne puis vous exprimer, mon cher Charles, dans quelle horrible situation cette découverte m’a mis.
Il me reste à exprimer non un conseil, mais un vœu et un désir.
Il connut de bonne heure Bossuet et s’était lié avec lui sur les bancs des écoles : « Il eut le bonheur, dit M. de Chateaubriand, de rencontrer aux études un de ces hommes auprès desquels il suffit de s’asseoir pour devenir illustre. » Le biographe s’est laissé aller à être modeste pour l’humble héros : Bossuet, on le verra tout à l’heure, s’exprimera plus librement ; c’est lui qui revendiquerait pour lui-même le bonheur et l’honneur de s’être assis à côté de Rancé, de cet homme dont il ne parlait jamais sans être saisi d’une admiration sainte.
Sous le titre de Moralités, elle a exprimé bien des réflexions graves, vraies, amères, qui tendent à démasquer la vanité de notre nature.
L’impuissance de la philosophie solitaire en face des maux réels y est vivement mise à nu, et la tentative de suicide par où finit Cléveland exprime pour nous et conclut visiblement cette moralité plus profonde, j’ose l’assurer, qu’elle n’a dû alors le sembler à son auteur.
Le mot de démocratie étant pris, de nos jours, dans diverses acceptions, il ne rendrait pas avec exactitude ce que je veux exprimer.
« Au reste, puisque ce que vous me demandez est d’une telle nature, qu’il est bien plus facile de la sentir en silence au fond de l’âme que de l’exprimer par des paroles, je vous obéis, à cette condition que je ne vous promets pas ce que je ne puis tenir, et que j’ai de bons motifs pour ne pas vous refuser.
Elle avait raison, et ce style est exquis de naturel — de naturel laborieusement exprimé, mais enfin de naturel effectivement réalisé.