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1166. (1874) Premiers lundis. Tome I « Mémoires de madame de Genlis sur le dix-huitième siècle et la Révolution française, depuis 1756 jusqu’à nos jours — I »

L’art de sa composition est merveilleux sous ce point de vue : des réflexions générales, des portraits de société, des espiègleries bien innocences et bien drôles, lui ont rempli ses deux volumes de 400 pages, et l’ont insensiblement menée jusqu’à l’âge de trente ans environ, libre et pure de tout aveu un peu grave.

1167. (1874) Premiers lundis. Tome II « Théophile Gautier. Fortunio — La Comédie de la Mort. »

S’occupant d’abord de peinture, vivant avec plusieurs amis, poêles, peintres, sculpteurs, de la pure vie d’atelier, il en eut les préoccupations exclusives, le genre sans nuance, et, qu’il nous permette de le dire, quelques-unes des singularités extrêmes, en même temps que l’émulation sérieuse, les études sincères, l’ardeur et l’audace d’esprit.

1168. (1874) Premiers lundis. Tome II « Poésie — I. La Thébaïde des grèves, Reflets de Bretagne, par Hyppolyte Morvonnais. »

Ici l’air est pur ; nous sommes aux grèves des mers, en Bretagne, dans ce que le poète appelle sa Thébaïde, c’est-à-dire dans le manoir de la famille, et au sein des joies intimes ou des douleurs d’une âme restée simple et chrétienne.

1169. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — A — Augier, Émile (1820-1889) »

François Coppée Depuis la Ciguë, pure œuvre d’art qui résume toute la grâce antique, comme une statuette sortie, intacte et exquise, des fouilles d’Olympie ou de Tanagra, depuis la Ciguë jusqu’à cet émouvant et robuste drame des Fourchambault, qui naguère encore secouait tous les cœurs, Émile Augier n’a compté que d’éclatants succès.

1170. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Bataille, Henry (1872-1922) »

Des parties en sont parfaites, entre autres le deuxième acte tout à fait exquis, même le troisième s’il était, — affaire de pure impression personnelle d’ailleurs ! 

1171. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre X » pp. 83-88

Cet ouvrage écrit en français est d’un style pur et d’une limpidité parfaite.

1172. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Préface »

Il m’a rapatrié dans le monde antique, il m’a ramené aux sources sacrées ; j’y ai puisé les plus pures joies qui puissent rafraîchir et ravir l’esprit. « Les Grecs » — a dit Goethe dans un mot célèbre — « ont fait le plus beau songe de la vie. » Ce songe, je l’ai refait avec eux ; et il me semble que je m’en réveille en écrivant les dernières lignes de ces pages pleines de leur gloire et de leur génie.

1173. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 14, qu’il est même des sujets specialement propres à certains genres de poësie et de peinture. Du sujet propre à la tragedie » pp. 108-114

Si leurs malheurs ne sont pas une pure infortune, mais une punition de leurs fautes, ils en doivent être une punition excessive.

1174. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Gérard de Nerval »

On fait une œuvre de démonstration négative et non pas de négation pure et simple, ce qui est bien différent et, de plus, le procédé de l’ignorance.

1175. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « L’abbé Cadoret »

Son livre, qui est l’exposé lucide, dans un style vif et pur, de la doctrine catholique sur les rapports éternels de deux puissances, — la puissance séculière et la puissance religieuse, — est divisé en deux parties.

1176. (1894) Études littéraires : seizième siècle

C’est un art qui n’a pas de règles, à proprement parler, et qui est un don, et qui, parce qu’il est un pur don, se rencontre chez fort peu de gens. […] Au seuil même du temple que lit-on « écrit en lettres ioniques d’or très pur » ? […] L’esprit général n’en est pas très sublime ; mais il est pur, généreux et surtout droit. […] Fût-elle immense, elle reste un pur rien ; multipliez furieusement cette immensité humaine, en face de Dieu, elle reste un néant. […] Paye-nous. » Paganisme pur.

1177. (1891) La bataille littéraire. Quatrième série (1887-1888) pp. 1-398

La nuit était fraîche, mais très pure. […] Nous serions très jeunes, très purs et très nobles, toujours, toujours ! […] Elle en avait la sensation physique, elle en était allégée et heureuse, comme d’un cantique qu’elle aurait chanté, très pur, très fin se perdant très haut. […] Lucile Esparvier se soumit de bonne grâce, et dès lors on la vit toujours en robe très montante, et même avec une fraise qui cachait entièrement son cou, pur comme celui de Niobé. […] Loin des misères de la terre, les deux purs esprits, libres d’entraves matérielles, rêvent le bonheur absolu et veulent redescendre sur notre planète pour en chasser la douleur, l’injustice, le mal et jusqu’à la Mort.

1178. (1895) Nouveaux essais sur la littérature contemporaine

Mais le seraient-elles si la pensée d’Hugo s’était habituellement nourrie de préoccupations plus pures ? […] José Maria de Heredia se plaisait à rappeler le temps où Leconte de Lisle « enseignait aux jeunes poètes, avec les règles et les secrets subtils de son art, l’amour de la poésie pure et du pur langage français ». […] Le charme pur et douloureux de cette figure de jeune fille a séduit évidemment M.  […] Ceci, plus pur, est plus nouveau dans l’œuvre de M.  […] La création de la religion pure a été l’œuvre, non pas des prêtres, mais de libres inspirés.

1179. (1906) L’anticléricalisme pp. 2-381

Or cela est le rationalisme pur et simple. […] On reconnaît là, chose curieuse, l’esprit genevois de 1550 conservé aussi pur que si l’on était encore en 1550. […] Or on peut, en raison pure et en logique pure, raisonner ainsi : « C’est monstrueux ! […] On n’a pas seulement le droit de tuer un curé. » La passion parle là toute pure. […] — Nous le croyons sur ce que nous le croyons. » Or, ceci est du pur despotisme.

1180. (1909) Nos femmes de lettres pp. -238

Il faut aimer ces ouvrages, qui par la sagesse de leur ordonnance, par l’harmonie de leurs proportions, se rattachent à ce qu’il y a de plus pur dans la tradition de notre génie. […] Mme Henri de Régnier se rattache, par des liens que nul ne pourrait lui contester, à la pure tradition classique. […] Affaissement de l’être moral, prédominance de l’instinct, pourrait-on ajouter, car la servitude amoureuse à ce degré ne se différencie guère du pur instinct animal que par les nuances d’expression qu’y surajoute le conteur. […] Puis, « Je voudrais que vous m’aimiez… que vous m’aimiez, pardonnez-moi… de tout votre corps. » — Ah, cela, c’est du Charlie tout pur, car jamais tel aveu ne fût sorti de la bouche qui murmurait ses déclarations à Jacqueline. […] Et ceci encore est une preuve de virilité chez notre auteur, que se trouvent requises, pour goûter la pleine saveur de son œuvre, des facultés n’ayant d’habitude qu’un rapport éloigné avec les ouvrages de pure imagination.

1181. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Diderot »

Il y a plaisir en tout temps à ces sortes d’études secrètes, et il y aura toujours place pour les productions qu’un sentiment vif et pur en saura tirer. […] Les révolutions passent sur les peuples, et font tomber les rois comme des têtes de pavots ; les sciences s’agrandissent et accumulent ; les philosophies s’épuisent ; et cependant la moindre perle, autrefois éclose du cerveau de l’homme, si le temps et les barbares ne l’ont pas perdue en chemin, brille encore aussi pure aujourd’hui qu’à l’heure de sa naissance. […] Elle ne fut pas une pyramide de granit à base immobile ; elle n’eut rien de ces harmonieuses et pures constructions de l’art, qui montent avec lenteur à travers des siècles fervents vers un Dieu adoré et béni.

1182. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « François Ier, poëte. Poésies et correspondance recueillies et publiées par M. Aimé Champollion-Figeac, 1 vol. in-4°, Paris, 1847. »

En un mot, tant que la poésie a été un chant, tant que la harpe et la lyre n’ont pas été de pures métaphores, on conçoit cet accident poétique comme une sorte de grâce et d’accompagnement assorti jusque dans le rang suprême. […] Est-ce pur hasard ? […] Qui faict le plus, il fera bien le moings : Son cueur est pur et nettes sont ses mains.

1183. (1869) Cours familier de littérature. XXVIII « CLXVe entretien. Chateaubriand, (suite) »

« Prenez le René réel, ôtez-lui ce léger masque chrétien que M. de Chateaubriand lui a mis tout à la fin pour avoir droit de le faire entrer dans le Génie du Christianisme, revenez au pur René des Natchez, et la pièce de Lamartine pourra s’adresser à lui non moins justement qu’à lord Byron. » M.  […] Il me manquait quelque chose pour remplir l’abîme de mon existence : je descendais dans la vallée, je m’élevais sur la montagne, appelant de toute la force de mes désirs l’idéal objet d’une flamme future ; je l’embrassais dans les vents ; je croyais l’entendre dans les gémissements du fleuve ; tout était ce fantôme imaginaire, et les astres dans les cieux, et le principe même de vie dans l’univers. » « C’est juste l’Isolement de Lamartine, toujours avec la différence des complexions et des natures : Que le tour du soleil ou commence ou s’achève, D’un œil indifférent je le suis dans son cours ; En un ciel sombre ou pur qu’il se couche ou se lève, Qu’importe le soleil ? […] ………… Ainsi, quand je partis tout trembla dans cette âme ; Le rayon s’éteignit et sa mourante flamme Remonta dans le ciel pour n’en plus revenir ; Elle n’attendit pas un second avenir, Elle ne languit pas de doute en espérance, Et ne disputa pas sa vie à la souffrance : Elle but d’un seul trait le vase de douleur, Dans sa première larme elle noya son cœur, Et, semblable à l’oiseau, moins pur et moins beau qu’elle Qui le soir, pour dormir, met son cou sous son aile, Elle s’enveloppa d’un muet désespoir, Et s’endormit aussi, mais, hélas !

1184. (1911) Enquête sur la question du latin (Les Marges)

peut-être ces jeunes gens ne parlent-ils pas un français absolument pur. […] Nos Purs, les vieilles barbes, les arrivistes et les métèques regarderont donc tout homme étudiant ou sachant le latin comme un être rétrograde, comme le plus sinistre des conspirateurs ! […] Enfin, lorsqu’on rencontre dans une circulaire signée de M. le Ministre de l’Instruction publique (authentique), des phrases entières écrites dans le plus pur charabia, par exemple : « Que les instituteurs imprègnent leurs leçons d’un souffle amplement patriotique… » et bien d’autres du même acabit, on est endroit de se demander si la connaissance du latin, cette langue si logique et si intransigeante sur la propriété des termes, ne devrait pas être exigée des rédacteurs de nos ministères, afin que nos actes officiels français soient au moins écrits en français.

1185. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Monsieur de Latouche. » pp. 474-502

Il comprit à l’instant qu’il avait affaire, non pas, comme on le disait dans le monde des purs classiques et de Marie-Joseph, à un jeune poète intéressant, qui promettait beaucoup et qui avait laissé des fragments incorrects qu’il aurait perfectionnés avec l’âge, mais à un maître déjà puissant, novateur, hardi et pur à la fois, pur jusque dans ses négligences.

1186. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre III. Des Livres nécessaires pour l’étude de l’Histoire sacrée & ecclésiastique. » pp. 32-86

Mais cet ouvrage est écrit avec assez de modération, pour penser qu’il n’est pas de cet homme fougueux ; le style est pur & les faits y sont assez bien détaillés. […] Ils étoient de purs compilateurs, c’étoit leur profession ; ils devoient donc s’y tenir, sans nous ennuyer par la lecture de leurs médiocres compositions. […] Son style, sans être élégant, attache assez le lecteur ; il seroit à souhaiter que quelque homme de goût le retouchât & le rendît plus coulant & plus pur.

1187. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « II. M. Capefigue » pp. 9-45

Et il y avait un beau livre à faire, sévère et pur, sur le xviiie  siècle, et dont M.  […] Capefigue fait une série d’œuvres, entreprises à l’honneur calomnié d’une époque plus pure qu’on ne croit, selon M.  […] On ne l’y voit pas toujours, mais, regardez-y, elle y est. » Et c’est la vérité ; mais Mme Du Barry et ses pareilles ne sont pas seulement de ces influences ou de ces instruments nécessaires dont les têtes politiques les plus pures sont parfois obligées de jouer : elles sont plus que cela, elles !

1188. (1911) Lyrisme, épopée, drame. Une loi de l’histoire littéraire expliquée par l’évolution générale « Chapitre IV. Conclusions » pp. 183-231

Ces retards ne sont pas uniquement le fait de la réalité en soi, ainsi qu’on se plaît à le dire et à le ressasser aux idéalistes ; non, les difficultés inhérentes à la réalité (par exemple la contiguïté) sont une force normale, à comprendre dans les données du problème ; si cette force n’existait pas, nous serions dans la pensée pure, il n’y aurait pas d’évolution, mais réalisation subite et intégrale de l’idéal, sans effort, et partant sans mérite. […] Sans doute, ces conflits existent : ils sont même un enrichissement illimité de la vie ; ils mettent la variété infinie des nuances là où la pure logique ne mettrait qu’une teinte uniforme […] Quand les chrétiens prétendent que le vrai socialisme est tout entier dans le christianisme, ils ont raison d’un certain point de vue ; et quand d’autres retrouvent ailleurs les éléments constitutifs du christianisme, ils ont raison aussi ; mais c’est de la pure théorie analytique qui ne tient pas compte de la mentalité des groupes et des temps.

1189. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre III. La Révolution. »

Que les courtisans se filoutent entre eux ; nous du moins, messieurs, nous avons gardé assez d’honneur pour nous maintenir purs parmi les corruptions du monde809. » Au reste, il est galant, il a une demi-douzaine de femmes, une douzaine d’enfants, il fréquente les mauvais lieux, il est aimable avec les beautés qu’il y rencontre, il a de l’aisance, il salue bien et à la ronde ; il tourné à chacune son compliment : « Mademoiselle Slammekin, toujours votre abandon et cet air négligé du grand monde ! […] On y joue avec les vérités générales ; on en retire agilement quelqu’une du monceau des faits où elle gît cachée, et on la développe ; on plane au-dessus de l’observation dans la raison et la rhétorique ; on se trouve mal et terre à terre tant qu’on n’est pas dans la région des idées pures. […] Ce n’est pas seulement une dégradation d’un rang qui ne devrait être occupé que par la loyauté la plus pure et la plus exemplaire ; c’est un acte qui les fait déchoir de leurs droits à la renommée de gentilshommes, et les réduit au niveau des plus bas et des plus vils de leur espèce, qui insulte à la noble et ancienne indépendance caractéristique de la pairie anglaise, et qui est calculé pour déshonorer et avilir la législature anglaise aux yeux de toute l’Europe et devant la plus lointaine postérité. […] Pauvre, inconnu, ayant dépensé sa jeunesse à compiler pour les libraires, il était parvenu, à force de travail et de mérite, avec une réputation pure et une conscience intacte, sans que les épreuves de sa vie obscure ou les séductions de sa vie brillante eussent entamé son indépendance ou terni la fleur de sa loyauté. […] Cent cinquante ans de politesse et d’idées générales ont persuadé aux Français d’avoir confiance en la bonté humaine et en la raison pure.

1190. (1842) Discours sur l’esprit positif

Ce n’est plus alors la pure imagination qui domine, et ce n’est pas encore la véritable observation ; mais le raisonnement y acquiert beaucoup d’extension, et se prépare confusément à l’exercice vraiment scientifique. […] La pure imagination perd alors irrévocablement son antique suprématie mentale, et se subordonne nécessairement à l’observation, de manière à constituer un état logique pleinement normal, sans cesser néanmoins d’exercer, dans les spéculations positives, un office aussi capital qu’inépuisable, pour créer ou perfectionner les moyens de liaison, soit définitive, soit provisoire. […] Enfin, même en supposant réalisée cette chimérique extension, ce prétendu système laisse subsister la difficulté tout entière à l’égard des intelligences affranchies, dont la propre moralité se trouve ainsi abandonnée à leur pure spontanéité, déjà justement reconnue insuffisante chez la classe soumise. […] Non seulement l’active recherche du bien public sera sans cesse représentée comme le mode le plus propre à assurer communément le bonheur privé : mais, par une influence à la fois plus directe et plus pure, finalement plus efficace, le plus complet exercice possible des penchants généreux deviendra la principale source de la félicité personnelle, quand même il ne devrait procurer exceptionnellement d’autre récompense qu’une inévitable satisfaction intérieure. […] Non seulement, en effet, ce bon sens, si justement préconisé par Descartes et Bacon, doit aujourd’hui se trouver plus pur et plus énergique chez les classes inférieures, en vertu même de cet heureux défaut de culture scolastique qui les rend moins accessibles aux habitudes vagues on sophistiques.

1191. (1894) Critique de combat

Purs affamés de pouvoir, ambitieux aveugles, MM.  […] Victor Hugo a eu cette étrange fortune que de purs littérateurs, comme MM.  […] Il s’en tient d’ordinaire à la galanterie pure. […] La deuxième édition de ses Eléments d’économie politique pure a paru en 1889 (Paris, Guillaumin). […] De quelle façon éviter ce double écueil : Faire des praticiens purs ou bien des abstracteurs de quintessence ?

1192. (1874) Premiers lundis. Tome II « Revue littéraire »

Auguste Demesmay a voulu animer et rajeunir sous forme d’art un ouvrage qui aurait pu être de pure érudition.

1193. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Troisième partie. Disposition — Chapitre III. Du meilleur plan. — Du plan idéal et du plan nécessaire. »

On se tromperait gravement si l’on pensait qu’il n’y a qu’un plan de chaque sujet : chercher ici l’absolu est pure chimère.

1194. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — L — Laforgue, Jules (1860-1887) »

Remy de Gourmont De ses vers, beaucoup sont comme roussis par une glaciale affectation de naïveté, parler d’enfant trop chéri, de petite fille trop écoutée, — mais digne aussi d’un vrai besoin d’affection et d’une pure douceur de cœur, — adolescent de génie qui eut voulu encore poser sur les genoux de sa mère son « front équatorial, serre d’anomalies » ; mais beaucoup ont la beauté des topazes flambées, la mélancolie des opales, la fraîcheur des pierres de lune, et telles pages… ont la grâce triste, mais tout de même consolante, des aveux éternels.

1195. (1899) Esthétique de la langue française « Esthétique de la langue française — Chapitre VII »

Sous cette forme supposée, la langue française aurait eu un caractère très original, très pur, et peut-être faut-il regretter la longue tutelle qu’elle a subie au cours des siècles.

1196. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Avant-Propos. » pp. -

M. l’abbé d’Artigni a inséré dans ses mémoires une Chronique scandaleuse des sçavans : mais, outre que cette chronique ne remplit que deux ou trois articles, qu’elle n’est qu’un amas de faits rebattus qui déshonorent, à pure perte, la mémoire de quelques gens de lettres, la plupart obscurs, l’idée de cet auteur n’a rien de commun avec la nôtre.

1197. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre troisième. Suite de la Poésie dans ses rapports avec les hommes. Passions. — Chapitre VII. Suite du précédent. — Paul et Virginie. »

Mais l’amante de Paul est une vierge chrétienne, et le dénouement, ridicule sous une croyance moins pure, devient ici sublime.

1198. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre quatrième. Du Merveilleux, ou de la Poésie dans ses rapports avec les êtres surnaturels. — Chapitre III. Partie historique de la Poésie descriptive chez les Modernes. »

Disons toutefois qu’elle s’était maintenue pure, quoique ignorée, dans les ouvrages de quelques naturalistes du temps de Louis XIV, tels que Tournefort et le Père Dutertre.

1199. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre V. Histoire littéraire. » pp. 212-219

Le style est en général pur, net & précis ; mais on y désire plus de finesse & d’énergie.

1200. (1763) Salon de 1763 « Peintures — Louis-Michel Vanloo » pp. 191-195

Il semble qu’il faudrait bannir la plupart des chaux, toutes les substances salines, et n’admettre que des terres pures et bien lavées.

1201. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 17, s’il est à propos de mettre de l’amour dans les tragedies » pp. 124-131

Ainsi ceux qui n’ont point de pente vers une passion, ne conçoivent point que les fureurs dont le poëte remplit ses scenes, et qu’il expose comme les suites naturelles d’un emportement dont-ils n’ont jamais senti les accès, soïent exposées suivant la verité : ou bien les suites d’une semblable passion leur paroissent les pures saillies de l’imagination dereglée d’un poëte exagerateur : ou bien les personnages d’une piece cessent de les interesser.

1202. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 22, quelques remarques sur la poësie pastorale et sur les bergers des églogues » pp. 171-178

S’il en est quelques-unes où la passion parle toute pure, et dont les auteurs n’invoquerent Apollon que pour trouver la rime, combien d’autres sont remplies d’un amour sophistiqué qui ne ressemble en rien à la nature.

1203. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Madame de La Fayette ; Frédéric Soulié »

Ce qui fait l’étonnant mérite de la Princesse de Clèves et de Madame de La Fayette, ce sont les nuances les plus tendres et les plus choisies qu’on ait jamais vues fleurir, un matin, dans la délicatesse humaine, et que madame de la Fayette nous a offertes avec l’adorable simplicité qui prend de l’eau de source dans ses belles mains pour nous montrer combien elle est pure.

1204. (1895) Hommes et livres

Il aurait labouré la terre, qu’il n’aurait pas été plus humble, plus détaché, plus pur. […] C’est le temps du reste où les Bénédictins élargissent le champ de leurs travaux, et font choix de leurs sujets en purs savants, et non plus en chrétiens. […] Mais ses ardeurs littéraires comme sa fièvre religieuse lui ont profité : il a rajeuni sa croyance aux sources vives de l’Écriture, élargi son goût au contact de la pure beauté des œuvres antiques. […] Un des caractères de l’esprit français, et de l’esprit classique qui en est la plus pure expression, c’est l’absence d’une certaine imagination. […] Voilà la « question de Gil Blas », pure chicane au fond, et ridicule procès qui a trop longtemps traîné.

1205. (1859) Moralistes des seizième et dix-septième siècles

Seul entre les religions, l’Évangile ne pénètre dans la région de l’intelligence pure que dans la mesure où le réclament les besoins du cœur et ceux de la pratique. […] Plus forte que tous les raisonnements est la pure et simple apparition d’un fait de telle nature que l’âme ne puisse le contempler sans en être modifiée. […] Ainsi il y aurait moyen, en y bien pensant, de flétrir ce qui, jusqu’à présent, a paru le plus pur et le plus généreux. […] — Ainsi donc, à vous croire, il se serait dépensé beaucoup d’admiration en pure perte, et ces hommes que l’histoire place avec orgueil à la tête de l’humanité, ces héros. […] De nos jours, au contraire, d’innombrables nuances s’échelonnent entre la pleine incrédulité qui repousse Dieu et l’adoption de la pure vérité évangélique.

1206. (1889) Impressions de théâtre. Troisième série

Il a connu, cet ivrogne et ce souillé, l’amour naïf, pur et timide. […] Il représente, lui, le fanatisme catholique, absolument pur et parfaitement féroce. […] C’est le fanatique « en soi », pur de tout mélange. […] Il assure des revenus énormes aux cœurs purs. […] Ce que j’exprime là, c’est la pure doctrine des stoïciens.

1207. (1907) Jean-Jacques Rousseau pp. 1-357

C’est en somme une déviation profane de la doctrine de l’« amour pur » de Molinos et de madame Guyon, doctrine où les actes sont indifférents pourvu qu’on aime Dieu. […] Ce premier discours est donc bien une déclamation pure, un morceau de rhétorique, et où éclate déjà une grande déraison et quelque niaiserie. […] Et tous ces gens vivront très bien ensemble, car tout est pur aux purs, et, parmi les devoirs de la vertu, Jean-Jacques omet délibérément la fuite des tentations. […] Puis, un jour, il tient à Émile un discours, fort beau en vérité, admirable même et du plus pur stoïcisme, où il l’exhorte à quitter Sophie pendant deux ans, afin d’assurer par une épreuve leur futur bonheur. […] Quant à l’égalité, voilà longtemps qu’il n’y en a plus trace dans la démocratie pure inventée par Jean-Jacques.

1208. (1907) Propos de théâtre. Quatrième série

Guignol, guignol à feu et à sang, guignol gigantesque, mais pur guignol. […] Ni Augier ni Dumas, à vrai dire, n’avaient commencé par le pur réalisme. […] Pur romantisme, un peu gros même et qui nous étonne tout à fait à cette heure. […] Pour obéir à l’esprit de l’Évangile, il fallait faire de la Grand’Rose une femme pure et sans reproche. […] Jobelin a des jouissances pures.

1209. (1846) Études de littérature ancienne et étrangère

Il parle de sa famille avec cette effusion de tendresse qu’une âme douce et pure ajoute encore à la force du sentiment paternel. […] Les temps de Domitien virent cependant naître un ouvrage que l’on a coutume de citer comme le modèle du goût le plus pur. […] On sent l’influence de cette philosophie théurgique qui, dans la Grèce dégénérée, remplaça les pures et sublimes leçons de l’école de Socrate. […] Ce style est d’ailleurs pur, poli, symétrique ; le langage de l’amour y prend un caractère de délicatesse et de réserve fort rare dans les écrivains de l’antiquité. […] Familiarisé dès longtemps avec la littérature du Midi, Milton avait composé, dans le pur toscan, des vers qu’il lut avec succès aux académies d’Italie.

1210. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Molière »

Il est à remarquer aussi combien ces quatre ou cinq esprits étaient de pure bourgeoisie et du peuple : Chapelle, fils d’un riche magistrat, mais fils bâtard ; Bernier, enfant pauvre, associé par charité à l’éducation de Chapelle ; Hesnault, fils d’un boulanger de Paris ; Poquelin, fils d’un tapissier ; et Gassendi leur maître, non pas un gentilhomme, comme on l’a dit de Descartes, mais fils de simples villageois. […] Ce qu’il faut reconnaître, c’est que les imitations chez Molière sont de toute source et infinies ; elles ont un caractère de loyauté en même temps que de sans-façon, quelque chose de cette première vie où tout était en commun, bien qu’aussi d’ordinaire elles soient parfaitement combinées et descendant quelquefois à de purs détails. […] Le génie de l’ironique et mordante gaieté a son lyrique aussi, ses purs ébats, son rire étincelant, redoublé, presque sans cause en se prolongeant, désintéressé du réel, comme une flamme folâtre qui voltige de plus belle après que la combustion grossière a cessé,  — un rire des dieux, suprême, inextinguible. […] se font sans y penser, Semblables à ces eaux si pures et si belles Qui coulent sans effort des sources naturelles. […] Chapelle, resté pur gassendiste par souvenir de collège, comme quelque ancien barbiste de nos jours qui, buveur et paresseux, est resté fidèle aux vers latins, Chapelle disputait à tue-tête dans le bateau sur la philosophie des atomes, et Molière lui niait vivement cette philosophie, en ajoutant toutefois, dit l’histoire : Passe pour la morale !

1211. (1868) Cours familier de littérature. XXV « CLe entretien. Molière »

La fantaisie écrit : Macbeth, Hamlet, le Roi Lear ; le goût le plus pur écrit : le Misanthrope, Tartuffe, le Bourgeois gentilhomme, les Précieuses ridicules. […] Elle était elle-même d’une beauté candide et pure, comme le rêve d’un philosophe sur le berceau d’un enfant ; la mélancolie de sa bouche et la fraîcheur de ses joues imprimaient les grâces de l’innocence sur le sérieux de ses pensées. […] Allez, vous devriez mourir de pure honte ; Une telle action ne saurait s’excuser, Et tout homme d’honneur s’en doit scandaliser. […] Et je ne veux aussi, pour grâce singulière, Que montrer à vos yeux mon âme tout entière, Et vous faire serment que les bruits que j’ai faits Des visites qu’ici reçoivent vos attraits Ne sont pas envers vous l’effet d’aucune haine, Mais plutôt d’un transport de zèle qui m’entraîne, Et d’un pur mouvement… ELMIRE. Et d’un pur mouvement…Je le prends bien ainsi, Et crois que mon salut vous donne ce souci.

1212. (1772) Discours sur le progrès des lettres en France pp. 2-190

Ce n’étoit pas le seul avantage qu’ils en tiroient : ils trouvoient encore chez les Grecs des modèles en tout genre, de sorte qu’écrire & parler attiquement, c’étoit écrire & parler de la manière la plus pure. […] Le bel-esprit étoit encore ignoré, ou ; s’il osoit se montrer, ce n’étoit que dans des Ecrits de pur amusement, sans prétendre aucun rang dans la République des Lettres. […] Elle se faisoit un jeu de la lecture des meilleurs Auteurs de l’Antiquité Grecque & Latine ; elle s’en nourrissoit, & l’on voyoit avec plaisir l’esprit se développer, le jugement se former, le goût devenir pur & solide. […] Tant que sa lumière riche, féconde & pure s’est répandue sur les Arts & sur les Sciences, elle les a non-seulement embellis, mais perfectionnés. […] Malgré cet égarement presque général, le Dieu du Goût veille cependant encore sur nous, dans ces Sanctuaires des Lettres, où les Homère, les Démosthène, les Cicéron, les Virgile & les Horace reçoivent le plus pur encens.

1213. (1911) Lyrisme, épopée, drame. Une loi de l’histoire littéraire expliquée par l’évolution générale « Chapitre II. Vérification de la loi par l’examen de la littérature française » pp. 34-154

Les beautés de cette tragédie sont dans les prières, actions de grâce, appels de secours, chants de triomphe ; c’est exactement l’esprit du temps, au point de vue huguenot, et cette foi est si grandiose qu’elle émeut aujourd’hui encore quiconque a une foi, quelle qu’elle soit ; c’est un phénomène de pur lyrisme. […] Pour l’épopée, toutes les recettes et tous les efforts aboutissent à un fiasco. — 3º le roman par contre, méprisé par les théoriciens, délaissé par les artistes purs, se développe en dépit de tous les obstacles ; il produit non seulement, en quantité, des œuvres de valeur relative, mais aussi de celles qu’on relit aujourd’hui avec plaisir ; il est le grand succès du siècle, et je pourrais le prouver par des textes nombreux. […] Jusque dans Cinna et Polyeucte on trouve du pur roman ; les nombreuses tragédies de la décadence, et les comédies, montrent mieux encore le fond romanesque de l’imagination de Corneille. — Mais le sublime ? […] Lanson ; pourtant je vois chez lui une puissance latente de dramaturge ; son théâtre est unique en France et s’adresse à un public restreint de purs lettrés19. […] La philosophie se ramène au pur déterminisme ; la morale relève de l’hygiène ; elle est scientifique.

1214. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLVe entretien. Examen critique de l’Histoire de l’Empire, par M. Thiers (2e partie) » pp. 177-248

Dès lors, que peut-on souhaiter de mieux à une société civilisée qu’une religion nationale, fondée sur les vrais sentiments du cœur humain, conforme aux règles d’une morale pure, consacrée par le temps, et qui, sans intolérance et sans persécution, réunisse, sinon l’universalité, au moins la grande majorité des citoyens, au pied d’un autel antique et respecté ? […] Cette croyance pure, morale, antique, existait ; c’était la vieille religion du Christ, ouvrage de Dieu suivant les uns, ouvrage des hommes suivant les autres, mais, suivant tous, œuvre profonde d’un réformateur sublime ; réformateur commenté pendant dix-huit siècles par les conciles, vastes assemblées des esprits éminents de chaque époque, occupées à discuter, sous le titre d’hérésies, tous les systèmes de philosophie, adoptant successivement sur chacun des grands problèmes de la destinée de l’homme les opinions les plus plausibles, les plus sociales, les adoptant, pour ainsi dire, à la majorité du genre humain ; arrivant enfin à produire ce corps de doctrine invariable, souvent attaqué, toujours triomphant, qu’on appelle unité catholique, et au pied duquel sont venus se soumettre les plus beaux génies ! […] Si elle ne décelait pas le goût pur, la foi simple et solide des écrivains du siècle de Louis XIV, elle peignait avec charme les vieilles mœurs religieuses qui n’étaient plus. […] Ce n’était pas une machination ourdie, ajoute l’historien, comme on l’a dit, pour surprendre un crime au premier Consul ; c’était un accident, un pur accident qui avait ôté au prince infortuné la seule chance de sauver sa vie, et au premier Consul une heureuse occasion de sauver une tache à sa gloire ! 

1215. (1862) Cours familier de littérature. XIV « LXXXIe entretien. Socrate et Platon. Philosophie grecque (1re partie) » pp. 145-224

C’est la philosophie de la raison pure, illuminée par l’imagination, et quelquefois égarée par elle ; c’est la plus difficile des philosophies que celle qui ne relève que du raisonnement, au lieu de relever de la foi ; car tous les hommes ont assez d’imagination pour croire ; un très petit nombre ont assez de lumières pour raisonner. […] XXII « L’âme, continue-t-il, qui est immatérielle, qui va dans un autre séjour, de même nature qu’elle, séjour parfait, pur, immatériel, et que nous appelons pour cette raison l’autre monde, auprès d’un Dieu parfait et bon (où bientôt, s’il plaît à Dieu, mon âme va se rendre aussi), l’âme, si elle sort pure, sans rien emporter du corps avec elle, comme celle qui pendant sa vie n’a eu aucune faiblesse pour ce corps, qui l’a vaincu et subjugué au contraire, qui s’est recueillie en elle-même, faisant de ce divorce son principal soin, et ce soin est précisément ce que j’appelle bien philosopher ou s’exercer à mourir ; « L’âme donc, en cet état, se rend vers ce qui est semblable à elle, immatériel, divin, immortel et sage, et là elle est heureuse, affranchie de l’ignorance, de l’erreur, de la folie, des craintes, des amours déréglées et de tous les maux des humains, et, comme on le dit des initiés, elle passe véritablement l’éternité avec les dieux (les êtres divins). […] « Et tout ce long discours que je viens de faire devant vous, pour vous prouver que, dès que j’aurai avalé le poison, je ne demeurerai plus avec vous, mais que je vous quitterai pour aller jouir des félicités ineffables, il me paraît que tout cela a été dit en pure perte pour lui, comme si j’avais voulu seulement par là le consoler et me consoler moi-même.

1216. (1894) Journal des Goncourt. Tome VII (1885-1888) « Année 1886 » pp. 101-162

Dimanche 28 février C’est curieux, ces pures mondaines, ces femmes ayant de l’esprit, ayant surtout du montant, quand on vit quelque temps avec elles, on les sent tout à fait creuses et vides, et ne pouvant vous tenir une compagnie intellectuelle. […] Il s’y trouve un faisan aquarellé, grandeur nature, qui est une pure merveille, et où de vraies plumes sont collées tout autour du faisan, pour servir de point de comparaison, avec les tons de l’aquarelle. […] Et cet ami me confiait que dans ces accès de pure bestialité d’autrefois, il était tout à coup irrité, oui, irrité contre cette spiritualité, cette divinité transfigurant le visage d’une sale bougresse, et qui lui donnait la tentation de l’aimer autrement que physiquement. […] Il y a vraiment chez Porel, une ambition d’art bien méritoire, quand on le compare aux purs hommes d’affaires du théâtre.

1217. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre neuvième. Les idées philosophiques et sociales dans la poésie (suite). Les successeurs d’Hugo »

Milet, Samos, Elée, habitantes des plages, Vos poètes sont purs comme l’onde, et vos sages Comme elle sont profonds, et leur témérité Ouvrit sur l’inconnu de lumineux passages. […] Sous ce fourmillement de la vie, au plus profond de la ravine, est un gouffre obscur et silencieux, que le poète décrit à son tour : A peine une échappée, étincelante et bleue, Laisse-t-elle entrevoir, en un pan du ciel pur. […] Ils seraient de pures données, c’est-à-dire des accidents. […] Puis le poète entre dans une église, au mois de Marie, et il entend le sermon d’un prêtre : Je l’entendis longtemps parler d’une voix dure, Mêlant son dogme trouble à la morale pure Et, dans son rêve noir et respirant l’effroi, Jetant les mots d’amour, d’espérance et de foi, Pareil à l’orateur qui, sous le drapeau rouge, Parlait aux malheureux réunis dans le bouge De progrès, de bonheur et de fraternité.

1218. (1856) Cours familier de littérature. I « IVe entretien. [Philosophie et littérature de l’Inde primitive (suite)]. I » pp. 241-320

XIII Nous concevons le vers, à l’origine des littératures, quand l’intelligence pure était moins dégagée des sens. […] Après eux, et d’après le même principe de plus ou moins pure spiritualité dans l’œuvre, viennent les poètes épiques, c’est-à-dire les poètes qui racontent, parce que leurs poèmes s’adressent principalement à une faculté secondaire de l’esprit humain : l’intérêt pour les aventures de la vie héroïque ou nationale. Puis viennent en troisième ordre, et toujours d’après le même principe de la plus ou moins pure intellectualité de l’œuvre, les poètes dramatiques, c’est-à-dire ceux qui représentent dans leur poésie, à l’aide de personnages parlant et agissant sur la scène, les péripéties de la vie humaine, publique ou privée. […] Kora, jeune et pure vierge, fille de Damata, est ravie à sa mère à la fleur de ses jours par le dieu de l’abîme ou de l’enfer.

1219. (1882) Hommes et dieux. Études d’histoire et de littérature

Le nez se rattache au front par ce trait droit et pur qui est la ligne même de la beauté. […] Elle vous élèvera doucement à la contemplation de la beauté pure. […] Est-ce un Grec pur que Méléagre ? […] » dis, et mêle son doux nom au vin pur, pour que je boive ce nom adoré. […] Quelquefois pourtant les événements extérieurs réagissent sur ce pur esprit.

1220. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « De la dernière séance de l’Académie des sciences morales et politiques, et du discours de M. Mignet. » pp. 291-307

Il avait une langue pure, facile et pleine, une perception vive et pénétrante de la nature, un tour d’imagination assez romanesque, et un sentiment exquis de critique littéraire : il aurait pu se porter sur plus d’un sujet qui eût du corps, s’y reposer du moins et s’y refaire dans les intervalles de ses soliloques psychologiques trop prolongés. […] Damiron, il n’a cessé de le traiter comme un pur disciple.

1221. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Le Roman de Renart. Histoire littéraire de la France, t. XXII. (Fin.) » pp. 308-324

dit Renart, comme maintenant est claire et comme est pure votre voix ! […] Il y a là un reste de païen ou un commencement d’hérétique qui jette sur lui de la défaveur et qui montre que sa cause n’est pas pure.

1222. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Nouveaux voyages en zigzag, par Töpffer. (1853.) » pp. 413-430

Pour Töpffer, il y a une vie cachée dans tout paysage, un sens, quelque chose qui parle à l’homme ; c’est ce sentiment qu’il s’agit d’extraire, de faire saillir, de rendre par une expression naïve et fidèle qui n’est pas une pure copie. […] Mais traversée en bien des sens et formée d’une population mi-partie française, italienne et germanique, Genève aurait fort à faire pour garder une langue pure.

1223. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Léopold Robert. Sa Vie, ses Œuvres et sa Correspondance, par M. F. Feuillet de Conches. — II. (Fin.) » pp. 427-443

Mais Léopold Robert, même quand il possède si bien son sujet, n’est pas un Grec pur, ni un Romain. […] En ces moments, il s’en faut de bien peu que Léopold Robert ne sorte de sa théorie, qui consiste à copier obstinément la nature, et qu’il ne s’élève à l’idée pure et dominante qu’une imagination grandiose peut trouver dans sa conception même ou dans celle des génies créateurs, dans Homère, par exemple, ou dans les Prophètes.

1224. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Œuvres inédites de P. de Ronsard, recueillies et publiées par M. Prosper Blanchemain, 1 vol. petit in-8°, Paris, Auguste Aubry, 1856. Étude sur Ronsard, considéré comme imitateur d’Homère et de Pindare, par M. Eugène Gandar, ancien membre de l’École française d’Athènes, 1 vol. in-8°, Metz, 1854. — II » pp. 76-92

. — Celui qui l’a lu (j’entends toujours lu à la source), dans tout ce monde du xviiie  siècle, ce n’est ni d’Alembert, ni Duclos, ni Marmontel, ni même le critique La Harpe, dont ce serait pourtant le devoir et le métier ; ce n’est pas même Fontanes, d’un goût si pur, mais paresseux. […] C’est une pure curiosité, Est-ce une raison pour se poser la question que se fait M. 

1225. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Eugénie de Guérin, Reliquiae, publié par Jules Barbey d’Aurevilly et G.-S. Trébutien, Caen, imprimerie de Hardel, 1855, 1 vol. in-18, imprimé à petit nombre ; ne se vend pas. » pp. 331-247

À onze ans il fut mis au petit séminaire de Toulouse ; on a de lui à cette date une très jolie lettre d’enfant pur et d’aimable Éliacin. […] Une touchante et haute préoccupation anime à nos yeux cette sœur admirable, cette pure et sainte vestale qui s’agenouille sur un tombeau.

1226. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « La marquise de Créqui — III » pp. 476-491

L’atticisme, c’est-à-dire le pur langage naturel français, reposé, coulant de source, et jaillissant des lèvres avant toute coloration factice, est-il donc fini à jamais, et doit-il être rejeté en arrière parmi les antiquités abolies qu’on ne reverra plus ? […] Tant il est vrai que les langages les plus purs courent des risques par le voisinage, et se ressentent toujours plus ou moins de l’air du dehors.

1227. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire de mon temps. Par M. Guizot. »

Les différents pas qu’on fit dans la voie négative et de résistance pure et simple à l’anarchie sont très bien marqués dans le livre de M.  […] Casimir Perier : vrai point de départ du système négatif et défensif ; résistance pure et simple au-dedans, politique de la paix franchement et hardiment pratiquée au-dehors.

1228. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Mémoires pour servir a l’histoire de mon temps. Par M. Guizot »

Même pour les plus honnêtes gens, la politique n’est pas une œuvre de saints ; elle a des nécessités, des obscurités que, bon gré, mal gré, on accepte en les subissant ; elle suscite des passions, elle amène des occasions de complaisance pour soi-même auxquelles nul, je crois, s’il sonde bien son âme après l’épreuve, n’est sûr d’avoir complètement échappé ; et quiconque n’est pas décidé à porter sans trouble le poids de ces complications et de ces imperfections inhérentes à la vie publique la plus droite fera bien de se renfermer dans la via privée et dans la spéculation pure. » Quoi qu’il en soit, on vit là un de ces beaux duels où l’appétit des ambitions et la passion du jeu firent taire la prudence. […] Guizot ignore-t-il que, dans une telle conjoncture, et par le seul fait d’un rapprochement avec Rome, le signe arboré sur la cité et sur l’église menacée ne serait pas la Croix pure et simple, et qu’il y aurait tout à côté l’image de la Vierge sous l’invocation de l’immaculée Conception ?

1229. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Mémoires de l’Impératrice Catherine II. Écrits par elle-même. »

» Ses Mémoires montrent qu’elle ne lui faisait pas en cela un pur compliment, et qu’elle ne lui disait que la vérité. […] Ce portrait de Catherine en gros de Tours blanc (elle n’était pas sans se le dire à elle-même) est le portrait encore pur, le portrait avant la lettre, avant la tache et l’éclaboussure de sang.

1230. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « La Grèce en 1863 par M. A. Grenier. »

Pour les purs, pour les lettrés enthousiastes et ardents, pour ceux qu’un danger de plus stimule à l’étude, et qui aiment à montrer qu’ils sont capables d’être hommes en même temps qu’érudits, aller en Grèce un jour et le plus tôt possible, arriver au pied de ses monuments, en face de ses marbres, avant que la flamme, la fumée des dernières explosions fût dissipée et éteinte, avant que les dernières balles eussent cessé de siffler, c’était, — comme l’a dit Quinet et comme il l’a prouvé, — c’était « le long désir de la jeunesse. » Et tous ceux qui n’allaient pas en Grèce la chantaient, la racontaient, la pleuraient sur tous les tons. […] , tous ses maîtres lui avaient dit et répété bien des fois, avant de partir, ce que Pline le Jeune disait à un de ses amis qui était envoyé de Rome pour être quelque chose comme préfet à Sparte ou à Athènes : « Souviens-toi bien et ne perds pas un moment de vue que c’est en Grèce que tu vas, et au cœur de la plus pure Grèce, là où d’abord la civilisation, les lettres, toute culture, celle même du blé, passent pour être nées… Respecte les dieux fondateurs et instituteurs de toutes ces belles choses, et jusqu’au nom des dieux.

1231. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « La comtesse d’Albany par M. Saint-René Taillandier. »

Les tourments qu’il fait endurer au lecteur et au spectateur, il les a endurés le premier comme auteur. » Ce gentilhomme piémontais qui s’adonna à la pure langue toscane n’en eut jamais la douceur. […] Envie, bassesse, hypocrisie, osent revêtir le manteau d’une conscience pure, et de leur conjuration naît tout mon malheur.

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