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1893. (1890) Le réalisme et le naturalisme dans la littérature et dans l’art pp. -399

C’est lui qui, sous le nom de l’Acteur, prend de temps en temps la parole pour énoncer les sentences des Pères et des philosophes et pour lancer des anathèmes pédantesques contre l’amour : « Hé amours très fausses, mauvaises et traîtres, semblerez-vous toujours enfer, qui d’engloutir âmes jamais ne fut saoul45 ?  […] Car la douleur est bien voisine de la joie : elle n’en est séparée que par cet état d’âme réfléchi et sérieux du philosophe de Rembrandt qui songe, heureux si ses méditations ne le conduisent pas à la mélancolie et même à la vraie tristesse. […] Et, piquant la croupe de sa monture avec le bout de la poignée de son fouet, il se vit bientôt hors de la portée des pavés99. » Et Dancourt se garde de fermer l’oreille aux propos d’un cocher ivre qui lui en apprend plus long que bien des philosophes. […] Quand, par ce procédé, on aura pu faire l’analyse exacte, quantitative et qualitative, des passions humaines, « ce sera la conquête décisive par la science des hypothèses des philosophes et des écrivains ». […] Tolstoï a aussi son cocher philosophe : il est d’une vérité naïve qui fait plaisir : « Yéfime, le cocher de la comtesse, le seul en qui elle eût confiance, perché sur son siège élevé, ne daignait même pas se retourner pour voir ce qui se passait. » Et cependant, le cas était grave : car il s’agissait pour les Rostow de quitter au plus vite Moscou en emportant le plus précieux de leur avoir ; mais « dans sa vieille expérience, il savait fort bien qu’on ne lui dirait pas de sitôt encore : “En route à la garde de Dieu !”

1894. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre IV. L’âge moderne. — Chapitre II. Lord Byron. » pp. 334-423

Ce Méphistophélès révolutionnaire et philosophe, qui a lu Candide et gouaille cyniquement les puissances, est-il autre chose parfois que « l’esprit qui nie ?  […] C’est à un tout autre prix qu’on fait de vrais dieux : il faut y croire ; il faut, comme Gœthe, avoir assisté longuement, en philosophe et en savant, à leur naissance ; il faut avoir vu d’eux autre chose que leur dehors.

1895. (1848) Études critiques (1844-1848) pp. 8-146

Pour faire le philosophe, l’historien ou le romancier, il faut quelque peu de science, de réflexion ou d’imagination. […] Les chapeaux pointus, les longues barbes, les grands cheveux, poètes, romanciers philosophes, tous les turbulents du parti devinrent les objets ridicules de l’animadversion générale, tandis que quelques têtes empanachées, sans avoir besoin de chercher des trous pour asiles, se virent plus honorées qu’elles n’étaient lorsque, guidant de tumultueuses armées, elles faisaient la loi partout.

1896. (1891) Lettres de Marie Bashkirtseff

Je deviens un philosophe. […] Mais, quelque philosophe ou demi-dieu que vous soyez devenu, il est impossible que vous me refusiez ce que j’ai à vous demander. […] Répondre par des confidences, puisque vous avez compris que je vous en demandais par retour du courrier, serait vous moquer spirituellement de moi, et si j’avais été à votre place, je l’aurais fait, car je suis quelquefois très gaie, tout en étant souvent assez triste, pour rêver des épanchements par lettres avec un philosophe inconnu et pour partager vos impressions sur le carnaval.

1897. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Les nièces de Mazarin et son dernier petit-neveu le duc de Nivernais. Les Nièces de Mazarin, études de mœurs et de caractères au xviie  siècle, par Amédée Renée, 2e éd. revue et augmentée de documents inédits. Paris, Firmin Didot, 1856. » pp. 376-411

Leurs brillants esprits, quand elles se seront développées, se porteront à aimer, à favoriser par goût les plus naturels et les moins réglés des génies d’alors ; elles en seront les inspiratrices déclarées et les patronnes : la duchesse de Mazarin ne saurait se séparer de son philosophe Saint-Évremond, ni la duchesse de Bouillon de son conteur La Fontaine.

1898. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre troisième. L’esprit et la doctrine. — Chapitre III. Combinaison des deux éléments. »

» Diderot, Entretien d’un philosophe avec la Maréchale de… 398.

1899. (1861) Cours familier de littérature. XI « LXIe entretien. Suite de la littérature diplomatique » pp. 5-79

Devons-nous au Piémont son irruption soudaine et non motivée, à main armée, dans cette Toscane des Médicis et des Léopold, toujours notre fidèle alliée, même sous notre première république, par la communauté des principes de 89 et des législations libérales de Léopold, Léopold, le premier des réformateurs couronnés et des philosophes sur le trône ?

1900. (1834) Des destinées de la poésie pp. 4-75

Antar, ce type de l’Arabe errant, à la fois pasteur, guerrier et poète, qui a écrit le désert tout entier dans ses poésies nationales ; épique comme Homère, plaintif comme Job, amoureux comme Théocrite, philosophe comme Salomon.

1901. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — H — Hugo, Victor (1802-1885) »

Victor Hugo, le penseur, le philosophe, le savant du siècle !

1902. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre premier »

Une femme du monde ; curieuse, comme on l’était alors, des découvertes de la philosophie nouvelle, demande à notre philosophe comment est fait le monde que nous habitons, et s’il y a d’autres mondes habités.

1903. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre III. Le Petit Séminaire Saint-Nicolas du Chardonnet (1880) »

Il fallait, pour cette délicate opération, non un prêtre sérieux de la vieille école gallicane qui aurait pu avoir l’idée de rétractations motivées, de réparations, de pénitence, non un jeune ultramontain de la nouvelle école, qui eût tout d’abord inspiré au vieillard une complète antipathie ; il fallait un prêtre mondain, lettré, aussi peu philosophe que possible, nullement théologien, ayant avec les anciennes classes ces relations d’origine et de société sans lesquelles l’Évangile a peu d’accès en des cercles pour lesquels il n’a pas été fait.

1904. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre IV. Le Séminaire d’Issy (1881) »

Manier me faisait remarquer que cette philosophie changeait trop vite et que, pour la juger, il fallait attendre qu’elle eût achevé son développement. « L’Écosse rassérène, me disait-il, et conduit au christianisme » ; et il me montrait ce bon Thomas Reid à la fois philosophe et ministre du saint Évangile.

1905. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « IV »

Bibliographie35 [I] Musiciens, poètes et philosophes, par Richard Wagner : fragments recueillis, traduits et annotés par Camille Benoît (un volume in-18, chez Charpentier, 3 francs 50).

1906. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1876 » pp. 252-303

Mardi 8 février Après les circuits de la parole autour de la papauté, de l’inconscience des philosophes allemands, des actions impulsives des aliénistes, de l’origine de la vérole, le dernier mot de la conversation du dîner est celui-ci : « Alors décidément le morpion est moins bien armé par le créateur que le pou ? 

1907. (1878) La poésie scientifique au XIXe siècle. Revue des deux mondes pp. 511-537

Partout se découvrent aux yeux de l’esprit des perspectives sans limite dans l’espace et dans le temps ; la science montre à l’homme que ses conceptions les plus hautes et les plus profondes sont inférieures à la réalité : elle semble, dans son progrès continu, être devenue le commentaire vivant de cette pensée du grand géomètre qui est aussi parmi les plus grands des philosophes et des poètes : « L’imagination se lassera plus tôt de concevoir que la nature de fournir. » En même temps que se dévoile devant notre pensée la grandeur illimitée de la création, le sentiment de l’harmonie universelle, de la solidarité des êtres, de la connexion des phénomènes, se révèle de plus en plus clairement aux esprits attentifs que l’esprit de système n’a pas troublés.

1908. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Deuxième partie. L’évolution des genres — Chapitre II. La poésie lyrique » pp. 81-134

André Gide, poète, critique, philosophe, moraliste, passe auprès de certains pour le fondateur du naturisme.

1909. (1920) Action, n° 3, avril 1920, Extraits

Ce qui fut spécial à cette guerre récente, c’est l’abaissement moral des gens d’intellectualité raffinée, des savants, des philosophes, des écrivains.

1910. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « H. Forneron » pp. 149-199

Il a eu cette logique — cette petite clef de la logique — dont un philosophe a dit spirituellement : qu’avec cette clef on n’entre jamais que chez soi.

1911. (1856) Mémoires du duc de Saint-Simon pp. 5-63

La Fontaine, le plus heureux, fut le plus parfait ; Pascal, chrétien et philosophe, est le plus élevé ; Saint-Simon, tout livré à sa verve, est le plus puissant et le plus vrai.

1912. (1857) Causeries du samedi. Deuxième série des Causeries littéraires pp. 1-402

Il y a trente ans, l’orgueil humain écrivait par la plume d’un philosophe fourvoyé : « Comment les dogmes finissent » ; — et le dogme dont il annonçait la fin vit encore. […] Malheureusement les philosophes, et Voltaire à leur tête, s’appuyaient beaucoup plus, pour le succès de leurs doctrines, sur la licence des mœurs que sur la liberté des consciences ; et, sous ce rapport, la pruderie génevoise leur était bien plus contraire que la légèreté française. […] Gaberel avait dû continuer et maintenir en nous montrant le bien et le mal de ces relations du vieux philosophe avec ses rigides voisins. […] Placé d’ailleurs en contact perpétuel, en opposition immédiate et directe avec les philosophes, leur propagande et leurs livres, c’était lui qui les condamnait, lui qui lançait contre eux de stériles anathèmes, qui personnifiait, dans cette guerre inégale, un gouvernement, une Église désarmés par l’opinion publique, et qui, par conséquent, devait subir les plus vives représailles. […] Ce qu’ils roulaient, ce que leur prêchaient leurs philosophes, ce qui alléchait à la fois leur passion et leur génie, c’était l’égalité ; l’égalité des droits, ce premier élément de la loi naturelle retrouvée par Rousseau et ses émules, sous le détritus d’une civilisation pourrie.

1913. (1882) Hommes et dieux. Études d’histoire et de littérature

Qu’étaient ces Mystères dont tous les poètes, tous les historiens, tous les philosophes ne parlent qu’avec un tremblement religieux ? […] Le philosophe qui abhorrait le sang était forcé de détruire et d’exterminer. […] Au sein de cette famille si troublée, le héros n’est plus qu’un père doux et tendre ; le philosophe se fait enfant avec ses enfants. […] Tandis que l’empereur juge, harangue, décrète, préside le Sénat, combat les Quades et triomphe dans Rome, le philosophe, abstrait du tourbillon qui l’entraîne, médite à l’écart. […] Est-ce au philosophe, est-ce au naturaliste, qu’il appartient d’analyser son âme dépourvue, en apparence, de toutes les facultés de la réflexion et du sens moral ?

1914. (1891) Enquête sur l’évolution littéraire

À tous, et particulièrement aux philosophes, j’aurais voulu demander s’ils croyaient que les tendances nouvelles l’emporteraient sur les anciennes, pour quelles raisons, par quels moyens ; si leurs manifestations esthétiques se liaient à des mouvements de l’ordre social, si elles s’inspiraient d’idées religieuses et philosophiques. […] — Je crois, me répondit-il, que, quant au fond, les jeunes sont plus près de l’idéal poétique que les Parnassiens qui traitent encore leurs sujets à la façon des vieux philosophes et des vieux rhéteurs, en présentant les objets directement. […] Ce sont les philosophes qui mènent l’art, n’est-ce pas ? […] Le corps est une âme qui se sert d’un corps, a énoncé un philosophe antique. […] Ceux-là, monsieur, seront Magnifiques, qui, paysans de la vie, spéculatifs écoliers de la chair et de l’esprit, étudieront l’Être par l’être, pensant selon j’oublie quel philosophe que Dieu est l’homme éternel.

1915. (1889) Impressions de théâtre. Troisième série

Notre conduite est « le résultat des sentiments de la société qui nous environne » (voilà, sauf erreur, ô Lisette, une phrase un peu bien lourde) ; et jeune encore, aimable et riche, nous travaillons moins à jouir de la vie qu’à nous étourdir sur notre propre existence. » Les autres personnages sont : « Cidalise, la prude » ; la « minaudière Ismène » ; un « baron philosophe, qui dit tout ce qu’il pense et se permet de tout penser », qui aime la campagne et qui doit lire Rousseau ; un poète ridicule qui vient lire une tragédie et n’en peut placer que le premier vers ; un petit abbé qui chante la romance en s’accompagnant sur la guitare ; un médecin pour dames, pirouettant et papillotant, galant avec ses belles clientes, qui ne leur administre que des remèdes élégants et légers, appropriés à leur délicatesse, qui les purge avec du « miel aérien » et leur fait prendre des calmants dans de la crème à la pistache ; enfin, le marquis-colonel, l’homme à la mode, celui qui brode et qui fait de la tapisserie, et que Lisette arrange comme il suit : « Tout charmant, tout extraordinaire que le marquis voudrait bien nous paraître, Lucile sait apprécier son mérite et s’aperçoit aussi bien que moi, tous les jours, que l’histoire de ses valets, le prix de ses chevaux, le dessin de sa voiture, quelques saillies, de la mauvaise foi, de l’impertinence et des dettes, voilà de cet homme merveilleux quels sont, en quatre mots, la conversation, les vertus et les vices. » Le petit acte de Poinsinet eut du succès en son temps (surtout parce que c’était une pièce « à clef » ), mais le mérite en fut assez vivement contesté. […] Flegmatique, excentrique et spleenétique, comme tout bon Anglais doit l’être, il est, de plus, « bienfaisant » et « philosophe » comme un personnage de Diderot. […] Il est puéril et coupable, il n’est ni d’un philosophe ni d’un chrétien de se révolter contre les choses inévitables ; je me résigne. « Je supporte et je m’abstiens », — surtout je m’abstiens — suivant la maxime stoïcienne ; ou plutôt je me soumets, je pardonne, je suis doux, j’adore la volonté de Dieu. […] Tout philosophe devrait en avoir une sur sa table.

1916. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [1] Rapport pp. -218

Devant un auditoire choisi, composé de colonels en retraite, traducteurs d’Horace, de diplomates ensevelis dans d’opulentes redingotes pareilles à des linceuls, de professeurs tournant le petit vers, de philosophes éclectiques, intimement liés avec Dieu, et de bas-bleus quinquagénaires rêvant tout bas, soit l’œillet de Clémence Isaure, soit l’opprobre d’un prix de vertu ; un jeune homme pâle, amaigri et se boutonnant avec désespoir, comme s’il eût collectionné dans sa poitrine tous les renards de Lacédémone, s’avançait hagard, s’adossait à la cheminée, et commençait d’une voix caverneuse la lecture d’un long poème où il était prouvé que le Ciel est une patrie et la terre un lieu d’exil, le tout en vers de douze ou quinze pieds ; ou bien encore, quelque vieillard chargé de crimes, usurier peut-être à ses heures, en tout cas ayant pignon sur rue, femme et maîtresse en ville, chantait les joies de la mansarde, les vingt ans, la misère heureuse, l’amour pur, le bouquet de violettes, le travail, Babel, Lisette, Frétillon, et, finalement, tutoyait le bon Dieu et lui tapait sur le ventre dans des couplets genre Béranger. […] Est-ce qu’il y a dans Sully Prudhomme, rêveur tendre et grave philosophe, dans Léon Dierx, vaste âme au paysage de mélancolie, dans Villiers de l’Isle-Adam qui pourtant continuera l’acoquinement avec l’auteur des Paradis artificiels et des Poèmes en prose par une commune parenté avec l’auteur de Ligeia et d’Ulalume, est-ce qu’il y a dans Armand Silvestre, distinct de tous par le culte idéal de la beauté réelle, est-ce qu’il y a dans le Verlaine définitif, naïvement dévot, catholiquement pécheur, qui se plaît aux ingénus cantiques d’une âme pèlerine vers une Lourdes idéale, et qui ne se souvient que comme d’une faute, vénielle heureusement, d’avoir appris l’élégante mélancolie des Fêtes galantes dans un Théodore de Banville revenu de la fête chez Thérèse, est-ce qu’il y a dans le Mallarmé suprême, mystérieux directeur de consciences poétiques et.] subtil prophète d’un messie sans avènement, est-ce qu’il y a dans François Coppée, charitable visiteur des chaumines au bord du champ, des cahutes au bord de l’eau, des mansardes au bord du ciel, est-ce qu’il y a enfin, en n’importe lequel d’entre nous, — sinon le beau désintéressement de l’art et la probe recherche de l’expression de plus en plus parfaite, — quelque chose qui procède directement de Théophile Gautier, de Théodore de Banville, de Leconte de Lisle, de Charles Baudelaire ? […] Une vénération environne ce noble homme, illustre à l’écart ; et, comme les poètes, les philosophes aiment son rêve qui sent, pense, invente, et croit. […] Anatole France, philosophe enclin aux équipollences, critique avisé de tout, romancier de qui la perfection déconcerte et poète racinien, à la façon d’André Chénier, dans les Noces de Corinthe, mais esprit souvent désireux sans doute de mettre tout le monde d’accord, — en littérature, s’entend, — M. 

1917. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre IV. L’âge moderne. — Chapitre I. Les idées et les œuvres. » pp. 234-333

On la voit qui tente le passage, dans Coleridge par exemple, théologien philosophe et poëte rêveur, qui s’efforce d’élargir le dogme officiel, et qui, sur la fin de sa vie, devenu une sorte d’oracle, essaye, dans le giron de l’Église, de démêler et de dévoiler devant quelques disciples fidèles le christianisme de l’avenir. […] Tout cela est fort bien, mais à la condition que le lecteur soit comme lui, c’est-à-dire philosophe moraliste par excellence et homme sensible avec excès.

1918. (1889) Les artistes littéraires : études sur le XIXe siècle

Est-ce à dire cependant que l’artiste, pour demeurer véritablement dans son rôle, sera contraint de n’être ni psychologue, ni philosophe, ni moraliste, ni historien, ni érudit, et que sa qualité entraînera pour lui l’obligation absolue d’ignorer un certain nombre d’idées, de sentiments et de sensations ? […] Ils ont vu les dangers de l’instruction universelle210, et, sur ce point, où on les accuserait volontiers de parti pris rétrograde, ils se rencontrent, par une coïncidence bizarre, avec un des philosophes économistes les plus avancés et les plus sérieux de notre époque : « La diffusion du socialisme, dit M.  […] Anatole France : « Ce philosophe ne sait s’il existe lui-même, mais il sait, à n’en point douter, que ses vers existent absolument249. » IV. — Théorie de la pluralité des moi dans l’individu. — Influence du génie grec Pour expliquer des inconséquences de ce genre, Une théorie a été présentée, dont, peu à peu, la science psychologique et la physiologie elle-même contribuent à établir la justesse. […] Quand un philosophe aura montré dans l’amour un simple instinct, le génie de l’espèce, se manifestant par des actes de pure animalité ; quand un autre aura réduit la pensée, ses douleurs et ses joies, ses splendeurs et ses défaillances à de vulgaires ébranlements de la matière cérébrale ou du système nerveux ; quand un physiologiste aura prouvé que le corps de la femme, où nous avons mis tant d’idéal, n’est qu’un composé de fibrine, d’albumine et de sels calcaires, un agrégat de cellules uniquement constitué pour la reproduction de l’être et esclave des hideuses infirmités que comporte sa fonction ; quand toute chose aura été ainsi passée au crible de la vérité absolue, on compte bien ce que la science y gagnera, — et encore pourvu que ces innombrables constatations soient ramenées à des lois, autrement dit, à des abstractions inexistantes ; — on se demande en revanche où la littérature prétend arriver par des études de ce genre, et surtout ce que, chez l’artiste, deviendront les facultés qualifiées artistiques, facultés d’ordre essentiellement humain, et qu’on oblige à germer, à se mouvoir, à agir sur un terrain qui n’est pas le leur, dans un milieu d’ordre essentiellement naturel.

1919. (1902) La formation du style par l’assimilation des auteurs

Le dilettante, le philosophe, le critique liront avec fruit de cette manière. […] Si Homère, Théocrite, Virgile, Horace, n’avaient eu à lui apprendre la langue, la diction poétique, à l’initier à ce qu’il y a de plus difficile, de plus exquis, de plus délicat dans tous les arts, à la forme, peut-être ne leur eût-il donné qu’une attention d’érudit, sachant bien, lui, philosophe et moraliste, que sciences, mœurs, coutumes, tout a changé depuis l’antiquité, et que désormais la lyre ne doit prêter ses accords qu’à des pensers nouveaux.

1920. (1888) Portraits de maîtres

D’une part il brise davantage le rythme, d’autre part il se voue à des sujets modernes ; enfin il vise de plus en plus au caractère distinctif de poète philosophe. […] Il avait hâte de faire le bien en philosophe, c’est-à-dire avec discernement et simplicité. […] Cet ami était un rêveur, un philosophe, Barthélemy Tisseur, un de ces Lyonnais mystiques et poètes jusqu’au fond de l’être dont Michelet a suivi la trace à travers toute l’histoire de leur ville. […] Ces interprétations de l’Évangile pourraient même rallier les chrétiens de toutes les communions et les philosophes spiritualistes, car elles sont aussi larges qu’élevées.

1921. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « Quelques « billets du matin. » »

Je l’ai entendu réciter, avec beaucoup de conviction, par une enfant de trois ans, fille d’un poète philosophe. […] CHER MAÎTRE, L’examen de conscience, très recommandé par les philosophes, et excellent pour les individus, doit l’être aussi pour les peuples. […] On recueillait ses mots ; les « philosophes » chantaient ses louanges, et l’académicien Thomas écrivit en son honneur un poème épique, la Pétréide.

1922. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Les Mémoires de Saint-Simon » pp. 423-461

Saint-Simon n’avait pas, il est vrai, le génie politique ; bien peu l’ont, et le marquis d’Argenson, avec tout son mérite comme philosophe et comme administrateur secondaire, n’en était lui-même nullement doué.

1923. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « PARNY. » pp. 423-470

Garat, au nom de l’Institut, devait répondre à Parny, et l’on se demandait comment le philosophe se tirerait de l’endroit difficile.

1924. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre IV. L’âge moderne. — Conclusion. Le passé et le présent. » pp. 424-475

Presque jamais un livre ici ne peint l’homme d’une façon désintéressée ; critiques, philosophes, historiens, romanciers, poëtes même, ils donnent une leçon, ils soutiennent une thèse, ils démasquent ou punissent un vice, ils peignent une tentation surmontée, ils racontent l’histoire d’un caractère qui s’assied.

1925. (1860) Cours familier de littérature. IX « LIIe entretien. Littérature politique. Machiavel » pp. 241-320

Ses ministres réformateurs et philosophes, tels que Tanucci et Acton, introduisaient dans la législation, dans l’administration, dans la marine et dans l’armée de son royaume, tout ce qui, dans les principes et dans les progrès modernes, n’offensait pas jusqu’à la révolte les mœurs féodales des provinces et les superstitions du bas peuple de la capitale.

1926. (1863) Cours familier de littérature. XV « LXXXVe entretien. Considérations sur un chef-d’œuvre, ou le danger du génie. Les Misérables, par Victor Hugo (3e partie) » pp. 5-79

Est-ce de ce bloc de vices incorrigibles, d’instincts ignobles et de brutalités féroces que le romancier philosophe doit jamais faire sortir le saint philanthrope, pétri de toutes les délicatesses de l’intelligence et de toutes les saintetés de la vertu ?

1927. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CXIIIe entretien. La Science ou Le Cosmos, par M. de Humboldt (2e partie). Littérature de l’Allemagne. » pp. 289-364

Le premier mot de Job poussait l’esprit de l’homme mille et mille fois plus loin et plus haut que tout le savant verbiage du philosophe prussien : Ubi est Deus ?

1928. (1865) Cours familier de littérature. XX « CXVIe entretien. Le Lépreux de la cité d’Aoste, par M. Xavier de Maistre » pp. 5-79

L’un, l’aîné, était le comte Joseph de Maistre, esprit original, paradoxal, superbe, déclamateur, fanatique, qui a laissé une immense réputation à réviser par son parti, homme de phrases magnifiques, mais de livres tantôt équivoques, tantôt scandaleusement faux, grand écrivain, pauvre philosophe.

1929. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre II. L’époque romantique — Chapitre III. La poésie romantique »

Dorison, A. de Vigny, poète philosophe, 1891, in-8 ; Un Symbole social, 1893, in-8.

1930. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Edmond et Jules de Goncourt »

Mme Gervaisais a été élevée par un père imbu des idées du XVIIIe siècle ; c’est une femme instruite, presque une femme savante, « une philosophe ».

1931. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre I — Chapitre deuxième »

Il n’y a pas place pour la critique là où il n’y a pas un historien qui recherche à la fois le vraisemblable et le vrai ; qui non-seulement raconte les événements, mais qui les explique ; qui pénètre les causes et prévoit les effets ; qui raisonne sur les intérêts des peuples, sur les caractères sur les mœurs ; qui discerne le bien du mal, et qui approuve ou blâme ; qui, pour tout dire, sent en homme de cœur, examine en philosophe et décidé en juge.

1932. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Introduction, où l’on traite principalement des sources de cette histoire. »

On l’y verrait se développer lentement et soutenir une guerre presque permanente contre l’empire, lequel, arrivé à ce moment au plus haut degré de la perfection administrative et gouverné par des philosophes, combat dans la secte naissante une société secrète et théocratique, qui le nie obstinément et le mine sans cesse.

1933. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 mars 1886. »

Je le crois sans peine, et en cela il ressemblait à une quantité d’autres Allemands, savants en us ou en os, dont nos philosophes ne laissent pas de compulser et de citer sans cesse les gloses érudites.

1934. (1888) Préfaces et manifestes littéraires « Théâtre » pp. 83-168

Nous y trouvâmes toutes les libertés et presque toutes les intelligences, des artistes et des hommes de lettres comme nous, des philosophes, des savants, des poètes : M. 

1935. (1888) La critique scientifique « La critique scientifique — Analyse sociologique »

Le culte des héros et l’héroïque dans l’histoire (1841), traduit par le philosophe Jean Izoulet (1854-1929), paraît pour la première fois en français en 1888, soit la même année que La Critique scientifique.

1936. (1856) Cours familier de littérature. I « VIe entretien. Suite du poème et du drame de Sacountala » pp. 401-474

Dans les drames indiens, dit le philosophe que nous citons, le dialogue est en prose lorsqu’il exprime des pensées tempérées ; mais cette prose est si harmonieuse, si riche, si élégante, qu’elle pourrait servir de modèle à une belle expression poétique.

1937. (1919) L’énergie spirituelle. Essais et conférences « Chapitre V. Le souvenir du présent et la fausse reconnaissance »

Toutefois, le philosophe peut se demander si, dans le domaine de l’esprit, la maladie et la dégénérescence sont réellement capables de créer quelque chose, et si les caractères positifs en apparence, qui donnent ici au phénomène anormal un aspect de nouveauté, ne se réduiraient pas, quand on en approfondit la nature, à un vide intérieur, à un déficit du phénomène normal.

1938. (1900) Le rire. Essai sur la signification du comique « Chapitre III. Le comique de caractère »

Le philosophe qui en ramasse pour en goûter y trouvera d’ailleurs quelquefois, pour une petite quantité de matière, une certaine dose d’amertume.

1939. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre VI. Milton. » pp. 411-519

Encore faut-il songer que l’auteur fut singulièrement lettré, élégant, voyageur, philosophe, homme du monde pour son temps. […] Dans la première, lyrique et philosophe, possesseur d’une liberté poétique plus large et créateur d’une illusion poétique plus forte, il produit des odes et des chœurs presque parfaits.

1940. (1866) Cours familier de littérature. XXII « CXXXIe entretien. Littérature russe. Ivan Tourgueneff » pp. 237-315

Sa famille, après l’avoir élevé dans les champs et dans les neiges du gouvernement de Toula, l’envoya achever son éducation à Pétersbourg et à Moscou, puis la raffiner à Berlin parmi ces Allemands distingués qui ont Goethe pour poète, Hegel pour philosophe. Il s’y polit et revint en Russie, déjà poète et philosophe, pour servir son empereur dans les corps de la noblesse.

1941. (1922) Gustave Flaubert

Elle s’était mariée à un compositeur, prix de Rome et professeur au Conservatoire, qui prit longtemps, en philosophe, son parti des aventures de sa femme, et en particulier de sa longue liaison avec un autre philosophe, Victor Cousin. […] Il n’a pas écrit un vers d’Abdallah ni une ligne du Cœur saignant annoncés depuis plusieurs mois60. » Les philosophes du XVIIIe siècle ont fourni le type de ces aimables relations entre camarades de lettres, et il est curieux de voir Flaubert « faire » du Rousseau, comme dirait un médecin. […] Un philosophe ingénieux, M. 

1942. (1848) Études sur la littérature française au XIXe siècle. Tome III. Sainte-Beuve, Edgar Quinet, Michelet, etc.

Celui-ci, en effet, intéresse les seuls philosophes ; l’autre intéresse tout le monde, y compris les philosophes ; et il faut bien qu’ils conviennent que sa découverte, et celle des moyens de se mettre en rapport avec lui, constitue, si elle est possible, une philosophie plus complète que la leur. […] Après les avoir invités à prendre pour eux, a fortiori, ce que nous avons dit aux philosophes, disons-leur encore, en nous plaçant au point de vue de leur préoccupation ou de leur art, que chaque objet qui a de la vérité a de la poésie, mais qu’il est absurde de vouloir séparer la poésie de son objet ; que ces bouts de rameaux, détachés de l’arbre et plantés en terre, ne recroîtront pas, ne fleuriront pas, et que cette poésie, n’étant pas celle de l’objet, qu’on n’a pas voulu connaître, dont on a prétendu faire abstraction, n’est la poésie de rien, n’est pas de la poésie : le fantastique même est plus vrai que cette poésie de convention. […] Non seulement à ses yeux la solution est incomplète, mais ce n’est pas même une solution ; il ne peut croire que Dieu ait parlé pour dire si peu de chose ; il ne prendra pas pour une révélation ce qui, dans le fond, ne lui révèle rien ; et comme le genre humain, philosophe de nature, n’est pas philosophe de profession, renvoyant aux écoles ce qui appartient aux écoles, il persistera à demander une religion, et ne consentira jamais à nommer de ce nom des spéculations qui ne déterminent pas sa valeur morale, qui ne lient pas sa volonté, qui ne fixent pas son avenir.

1943. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « M. Ampère »

il l’aurait fait, j’ose le dire, avec plus de richesse et de réalité que les philosophes éclectiques qui ont suivi, lesquels, n’étant ni physiciens, ni naturalistes, ni mathématiciens, ni autre chose que psychologues, sont toujours restés par rapport aux classes des idées dans une abstraction et dans un vague qui dépeuple l’âme et en mortifie, à mon gré, l’étude.

1944. (1860) Cours familier de littérature. X « LVIe entretien. L’Arioste (2e partie) » pp. 81-160

Quand vous aurez pris plus d’années, vous lui rendrez plus de justice, et, tout en reconnaissant en lui le plus amusant des poètes, vous y reconnaîtrez le plus agréable des philosophes.

1945. (1866) Cours familier de littérature. XXI « CXXIIIe entretien. Fior d’Aliza » pp. 177-256

Malheur aux peuples qui ne savent pas les apprécier et qui préfèrent s’asservir à des rois chevelus de caserne, au lieu de chérir des princes philosophes qui ne leur demandent que d’être heureux !

1946. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre neuvième »

Il l’entendait non seulement du poète philosophe, mais du poète comique, savant entre tous dans son art.

1947. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 mai 1885. »

Teodor de Wyzewa retient la conception musicale du philosophe qui place la musique au sommet de tous les arts, en ce qu’elle dévoile l’essence même des choses sans devoir passer par leur représentation.

1948. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 juillet 1885. »

Le penseur peut rester à de telles hauteurs, il peut s’y condenser en une « monumentale statue de glace », et juger, en philosophe et en critique, le monde qui est bien au-dessous de lui, mais qui est chaud, et vit.

1949. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1884 » pp. 286-347

Et la voilà qui s’élève contre la bassesse de la philosophie du philosophe du Midi, le terre-à-terre égoïste de sa doctrine, le vilain pessimisme qui se dégage de sa prose. « Il est abominable, il est abominable avec ses appréciations sur la femme ! 

1950. (1857) Cours familier de littérature. III « XIIIe entretien. Racine. — Athalie » pp. 5-80

V Nous ne voulons pas écrire ici la vie de Racine, malgré la corrélation intime qui, pour le regard clairvoyant du philosophe, existe entre le poète et ses œuvres.

1951. (1857) Cours familier de littérature. III « XIVe entretien. Racine. — Athalie (suite) » pp. 81-159

XIV Louis XVIII, prince infiniment plus éclairé et plus philosophe qu’on ne le suppose, sentait profondément cette nécessité.

1952. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « III. M. Michelet » pp. 47-96

Troublé comme tous les philosophes qui ont altéré ou ruiné la grande notion de la famille chrétienne, il ne sait plus que faire de la femme qu’il a tirée de la fonction sublime entre le père et l’enfant, pour la voir sur la place publique et, que sais-je ?

1953. (1863) Causeries parisiennes. Première série pp. -419

. — Mademoiselle Auguste Royer et les femmes poètes et philosophes de l’antiquité. — Les femmes d’aujourd’hui. — L’adolescent. — Réformes dans l’éducation. — Suicides militaires. — L’empereur à Alise-Sainte-Reine. — Les chiffons. — La Marseillaise. — Les mémoires politiques. […] Quand on veut plaider la cause des femmes, choisir pour thème les femmes poètes et philosophes de l’antiquité, comme l’a fait mademoiselle Royer, est une maladresse véritable. Et qu’on me permette ici une petite observation incidente : il serait sage, je pense, de laisser de côté, une fois pour toutes, les femmes philosophes. […] Des femmes élevées comme je viens de le dire pourront se présenter fièrement devant une assemblée d’hommes, si lettrés qu’ils soient, et leur parler avec autorité — non des femmes poètes ou philosophes de l’antiquité, — mais des droits et des devoirs de la femme de notre temps. […] On doit être jeune, comme on doit être philosophe, sans le savoir.

1954. (1874) Portraits contemporains : littérateurs, peintres, sculpteurs, artistes dramatiques

Balzac n’avait pas conçu le plan de l’œuvre qui devait l’immortaliser ; il se cherchait encore avec inquiétude, anhélation et labeur, essayant tout et ne réussissant à rien, pourtant il possédait déjà cette opiniâtreté de travail à laquelle Minerve, quelque revêche qu’elle soit, doit un jour ou l’autre céder ; il ébauchait des opéras-comiques, faisait des plans de comédies, de drames et de romans dont madame de Surville nous a conservé les titres : Stella, Coqsigrue, les Deux Philosophes, sans compter le terrible Cromwell, dont les vers, qui lui coûtaient tant de peine, ne valaient pas beaucoup mieux que celui par lequel commençait son poëme épique des Incas. […] Tout le monde pleurait ou sanglotait convulsivement, et cependant ceux qui marchaient derrière ce corbillard étaient des philosophes, des artistes, des écrivains faits à la douleur, habitués maîtriser leurs âmes, à dompter leurs nerfs et ayant la pudeur de l’émotion. […] En tomber amoureux est l’affaire d’un instant ; il se monte, il s’échauffe, il se passionne ; le voilà devenu sérieux, éloquent, convaincu ; il défend avec une lyrique indignation d’honnêteté le beau, le bien, le vrai  cette trinité morale qui n’a guère moins d’incrédules aujourd’hui que la trinité théologique  C’est un sage, un philosophe, presque un prédicateur. […] Homo duplex : l’homme est double, dit le philosophe. […] Tony est plus poëte ; Gavarni, plus philosophe ; l’un comprend et l’autre voit ; mais tous deux, tels qu’ils sont, n’ont pas de rivaux dans le genre qu’ils cultivent.

1955. (1855) Louis David, son école et son temps. Souvenirs pp. -447

Le valet des onze lui présente la coupe empoisonnée et le philosophe, tout en paraissant finir de parler, porte machinalement sa main pour prendre le breuvage. […] Il faut donc que l’artiste ait étudié tous les ressorts du cœur humain, il faut qu’il ait une grande connaissance de la nature, il faut, en un mot, qu’il soit philosophe. […] « Une négligence coupable a porté des coups funestes aux monuments de l’art ; des mains ignorantes, auxquelles ils étaient confiés, ont laissé s’abîmer dans la poudre les beaux ouvrages de Raphaël, du Dominiquin, du Corrége, du peintre philosophe Poussin, et d’une infinité d’autres. […] Et dans la Grèce même, quoique ces doctrines fussent bien moins strictement observées, elles y ont toujours été recommandées par les plus grands philosophes. On sait jusqu’où la sévérité des principes énoncés par Platon, dans son livre de la République, a conduit ce philosophe, qui voulait que l’on défendit la lecture des poëtes, sans en excepter Homère.

1956. (1897) Aspects pp. -215

Puis elle passa des catholiques dissidents aux philosophes et contribua, pour une part, à la Révolution16. […] Tel qui trouve tout naturel qu’un physiologiste étudie une fonction animale, qu’un philosophe démontre le mécanisme d’un phénomène de la pensée, s’indigne, comme d’un sacrilège, des audaces du malappris qui tente, en toute bonne foi, selon le concept de vie et d’art qu’il se créa, d’étudier les manifestations littéraires de son temps. […] S’il célèbre la grâce de maintes petites amies caressées, il ajoute tout de suite : « Je n’aime ardemment que l’amour. » Puis il médite encore ; l’idée vole, chatoie, se transforme, et il s’écrie : « Une idée a cent mille aspects, autant que Protée, comme la nature même… » Il sait que les gambades du vent qui rebrousse les roseaux d’un rivage, le mot jeté par un passant qui s’éloigne, le bourdonnement des mouches au soleil peuvent en apprendre plus long sur l’homme et sur le monde que toutes les rhapsodies des rhéteurs et des philosophes : « Attentif à l’eau glauque, compacte, à une fleur que la brise y pose, à un poisson, à chacun des joncs riverains, le passeur attend de l’aube à la nuit. […] On semble disposé à être un héros, un pasteur ou un philosophe… Comme nous possédons de mobiles mérites, on les occupe… au petit bonheur de la destinée.

1957. (1903) La vie et les livres. Sixième série pp. 1-297

Le piano, la harpe, le dessin, la logique (enseignée par un philosophe tudesque), la statistique, la législation, la géographie entraient dans l’encyclopédie de Mme de Colloredo, qui, apparemment, ne pensait pas                      qu’une femme en sait toujours assez Quand la capacité de son esprit se hausse À connaître un pourpoint d’avec un haut-de-chausse. […] Lui, le vainqueur des monarchies réactionnaires, le libérateur des peuples, le disciple de Rousseau, le « philosophe à la tête des armées », le rêveur « sensible aux beautés d’Ossian », comment pouvait-il s’accommoder de cette puérile Joséphine ? […] Selon la coutume des gens qui ne se sentent pas en règle avec leur conscience, il s’empresse de justifier sa conduite par une doctrine et, comme dit le philosophe poméranien Emmanuel Kant en un jargon étrange, de « maximer son action ». […] Ce petit vieillard ratatiné, qui plonge son museau de rat dans un bol de thé, et qui, entre deux gorgées de la liqueur blonde, grignote des pépins de pastèques, voilà certes un philosophe dès longtemps blasé sur la vanité de l’effort humain.

1958. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Delille »

Voltaire, qui, dans la dernière moitié de sa vie, régna véritablement, fut monarque comme philosophe, comme historien, non moins que comme poète.

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