Il ne reprit point en sous-œuvre l’idée de l’ancienne Monarchie pour l’empreindre du cachet de son génie à lui, et pour donner à cette idée tout son accomplissement et toute sa force ; et l’organisateur par excellence, qui a laissé même jusqu’à ce mot d’organiser dans la langue du xixe siècle, oublia d’organiser l’Histoire et la laissa aux partis qu’il avait vaincus ! […] En un mot que la mémoire de nos grands hommes ne soit pas la proie banale de l’ignorant ou du mauvais qui vient jeter dessus son jour, sa passion, son manque de principes, son ignorance ou sa haine !
De ses romans il n’est pas dit un mot. […] Ce n’est qu’un jeu de mots très puéril. […] Il montra l’identité d’origine de Clara Gazul et de la Guzla par l’anagramme des deux mots. […] Je ne crois pas qu’on puisse résoudre d’un mot cette question embarrassante. […] Chaque mot renferme un regret ou une invective.
Ces mots, qu’on eût jugés frivoles, « Le héros les saisit ; et ces douces paroles « Sont pour lui le signal de la fin de leurs maux. « Rempli du Dieu par qui sont inspirés ces mots ; « Salut, s’écria-t-il, terre longtemps promise ! […] Ce mot apprit au jeune philosophe qu’on ne peut faire une épopée dénuée de merveilleux, et décida sa conversion poétique. […] « Il se tait, et de l’hydre une tête se dresse « Qui, prononçant ces mots, le remplit d’allégresse. […] Immobile, elle profère ces mots entrecoupés de gémissements : Où tendent vos pas plus loin ?
Les deux versions ont en commun, dans les paroles de Jésus, le mot : « Tu m’attendras », et c’est sur cette attente que porte tout le récit. […] La plus célèbre de ces apparitions fut celle qui échut en 1640 à deux bourgeois de Bruxelles et qui est devenue la base de la complainte dont nous dirons un mot tout à l’heure. […] Cet article, fort intéressant en effet, résout et soulève plusieurs questions dont je dirai un mot, puisque je suis revenu à m’occuper de ce sujet. […] » Et je lui dis : « C’est que vous me répondiez bien clairement, et que vous disiez si vous êtes Giovanni Bottadio. » Il me répondit que nous faussions le mot. « Comment cela ? […] Il y a ici un jeu de mots inutile à reproduire sur le nom du derviche.
Je tombe, cet après-midi, dans une conversation de Daudet avec Finot, le directeur de la Revue des Revues, dans une conversation sur l’agonie des races, sur la mort d’un peuple, et sur le décès de sa langue, dont il ne reste plus, comme l’a dit Chateaubriand, que les mots répétés par les perroquets, sur la cime des arbres, et Finot parle de l’extinction d’une peuplade en Russie, dont il ne reste plus qu’un individu, et sur lequel un philologue a fait un gros volume. […] Je laisse un mot, en lui disant de se trouver le lendemain, à la Villette, à six heures juste… Il ne vient pas, il n’était pas rentré à Paris. […] Wendel, qui en a eu connaissance, assure qu’il n’y avait pas un mot, dont la réalisation ne soit arrivée, eh bien, ce rapport avait été refusé, peut-être un peu, parce que l’auteur était catholique et surtout parce qu’il était revenu de là-bas, avec la réputation de se piquer le nez. […] Et la conversation sur ce monde, amène Daudet à rappeler la blague de Castagnary, disant un jour plaisamment à Vallès : « Je te joue contre ce que tu voudras, dix-sept mots de ton répertoire, comme : travailleur, miséreux, pognon, etc., etc., que tu ne pourras plus employer… et tu sais, si tu perds, tu n’es plus fichu d’écrire ! […] Mercredi 27 novembre Tout le temps du dîner, on parle du mieux, de la résurrection de Dumas, de mots brutalement spirituels, prononcés par lui, dans son retour à la vie.
Retiré dans sa tanière, il vit seul pendant des semaines entières, sans faire un pas ni dire un mot. […] Mais deux mots suffisent à La Fontaine. […] Comment peut-il, avec un ou deux petits mots, ressusciter en nous les âmes, les corps et leurs actions ? […] Il transpose, et ce mot est de tous le plus exact ; car il transporte dans un monde ce qu’il a vu dans un autre, dans le monde moral, ce qu’il a vu dans le monde physique. […] Point de réponse, mot.
Il revient encore une fois à la Havane, renonce à d’autres excursions sur le continent américain, se rembarque et rentre à Bordeaux, ne rapportant de ce voyage soi-disant autour du monde que quelques calculs trigonométriques vulgaires, quelques études insignifiantes sur des phénomènes étudiés mille fois avant lui, et quelques phrases prétentieuses où la légèreté des aperçus et la brièveté des excursions étaient déguisées avec art par la sonorité grandiose des mots. […] Il n’avait qu’un vrai mérite, il étudiait consciencieusement ce que les autres avaient découvert ; il savait, dans le sens borné du mot science, et il préparait dans l’ombre le procès-verbal à peu près complet de tout ce que le monde savait ou croyait savoir de son temps pour écrire un jour son Cosmos. […] La malade resta moribonde jusqu’en janvier 1829, et le dimanche 22 janvier, Alexandre, étant près d’elle à Tégel, avait ainsi dépeint la mourante à son amie Rachel, en quelques mots qui expriment bien la douleur de son âme : « Elle était mourante, disait-il ; elle ouvrit les yeux et dit à son mari : C’en est fait de moi ! […] « Mon cher Varnhagen, « Vous qui ne craignez pas la douleur et la cherchez mentalement dans la profondeur des sentiments, recevez, dans ces moments pleins de tristesse, quelques mots de la part de cette affection que les deux frères vous ont vouée. […] Jamais il ne prit part aux menées obscures des cœurs étroits dont il se trouva souvent entouré ; il réservait à leur adresse, dans l’occasion favorable, quelques mots sarcastiques, pour manifester le fond de sa pensée, ou bien se prononçait nettement et sans voiles.
CV Pendant cette hésitation des bûcherons, Calamayo, l’homme noir, feignit de se laisser attendrir par les larmes de la mère et de l’enfant ; il tira un peu à l’écart Magdalena, et lui dit à voix basse quelques mots à l’oreille avec un faux air de bonté : — Peut-être, lui dit-il, y aurait-il encore un moyen de sauver le châtaignier, si vous étiez une femme d’esprit et une mère raisonnable ? […] CVIII À ces mots, il prit Fior d’Aliza par l’épaule et la jeta rudement en arrière sur une racine, où son front évanoui toucha rudement, et où la veine de sa tempe jeta quelques gouttes de sang qui rougit sa joue et ses beaux cheveux blonds ; puis, aidé par deux des plus robustes bûcherons, il repoussa violemment Magdalena et moi du tronc de l’arbre. […] En deux mots, nous lui racontâmes la scène qui venait de se passer. […] À ces mots, il s’approcha, avec un geste désespéré et pitoyable, les bras en l’air, de l’entaille déjà profonde de l’arbre, et, tout pâle de douleur, il pleura un moment en silence comme on pleure sur la blessure d’un homme mourant d’un coup de feu. […] Partez, mon enfant, j’aurai soin de ceux qui restent. » CXXXV À ces mots, qui nous firent tressaillir comme un coup de tonnerre, nous nous relevâmes tous les trois de la poussière, et nous vîmes debout devant nous notre seul ami sur la terre, le père Hilario.
Fior d’Aliza (suite) Chapitre VI (suite) CLXXXII À ces mots, la jeune Maremmaise poussa son amant à gauche, dans un sentier qui menait à la mer ; quant à elle, elle saisit le tromblon, la poire à poudre, le sac à balles et le chapeau pointu du brigand, et, se jetant à gauche, sous les arbustes moins hauts que sa tête, elle se mit à tirer, de temps en temps, un coup de son arme à feu en l’air, pour que la détonation et la fumée attirassent les sbires tous de son côté, et laissassent à son compagnon le temps de descendre par où on ne l’attendait pas, vers la mer ; elle laissait voir à dessein son chapeau calabrais par-dessus les feuilles, pour faire croire aux gendarmes que c’était le brigand qui s’enfuyait en tirant sur eux. […] CLXXXVI À ces mots, le bargello revint sur ses pas pour sortir de la cour, et je crus que j’allais m’évanouir de contentement, car, s’il m’avait dit : Entre dans cette loge, et que Hyeronimo et moi, nous nous fussions vus ainsi tout à coup, devant le bargello, face à face, sans être d’intelligence avant cette rencontre, un cri de surprise et un élan l’un vers l’autre nous auraient trahis certainement. […] — Pauvre enfant, dit-elle, on voit bien que tu as bon cœur, car tu as pâli à l’idée du supplice d’un misérable qui ne t’est rien, pas plus qu’à moi, ajouta-t-elle, et pourtant je n’ai pas pu m’empêcher de pâlir, de trembler et de pleurer moi-même, tout à l’heure, quand j’ai entendu l’officier accusateur du conseil de guerre conclure son long discours par ce mot terrible : « la mort ! […] Qu’est-ce qu’il me disait, qu’est-ce que je lui disais, je n’en sais plus rien ; pas beaucoup de mots peut-être, rien que des soupirs, mais dans ces silences, dans ce peu de mots, il y avait d’abord la joie de savoir que nous nous étions trompés et bien trompés, monsieur, en croyant depuis six mois que nous avions de l’aversion l’un pour l’autre, tandis que c’était par je ne sais quoi que nous nous fuyions comme deux chevreaux qui se cherchent, qui se regardent, qui se font peur et qui reviennent pour se fuir et se chercher de nouveau, sans savoir pourquoi. […] À ce mot, monsieur, nous tombâmes, ma belle-sœur et moi, à la renverse contre la muraille, les mains sur nos yeux, en criant : « Est-il bien possible !
Les clercs qui écrivent en latin nomment du nom de cantilène indifféremment les chants prétendus lyrico-épiques que nous n’avons pas et les chansons de geste qui nous sont parvenues : cantilène est le mot, légèrement méprisant, dont ils désignent toute poésie qui n’est pas savante et latine. […] Détachés à l’instant des mots qui nous les apportent, leur image réelle subsiste seule en nous : ils s’ordonnent d’eux-mêmes en une vision étrangement nette et objective : on ne lit pas, on voit. […] On pourrait dire même que Bertolai (si jamais Bertolai a vécu et mis le poème en sa première forme), on pourrait dire que Bertolai avait l’instinct du développement épique, au meilleur sens du mot : il savait faire rendre à une situation ce qu’elle contenait d’émotion et d’intérêt. […] Je ne parle pas du cycle de la Croisade, dont il faudra dire un mot ailleurs. […] Kajna prend le mot en un sens plus étroit, comme signifiant le fils de Clovis, probablement Clotaire.
Quand ils agissaient de cette manière, le dernier mot n’avait pas été dit sur les hommes qu’ils attaquaient, sur des événements dont le sens dépassait leurs compréhensions. […] Un mot suffit aux hommes qui ont du regard, et nous n’en dirons qu’un. […] les parlements n’étaient aimés ni respectés des philosophes ; cependant ils s’entendirent au premier mot contre le formidable Institut. […] Il est des historiens qui, dans des intentions honorables, ont cherché gravement le mot de la conscience du cardinal Ganganelli lorsqu’il écrivit son fameux billet au roi d’Espagne. […] Alors on comprend les mots du Jésuite à ses frères : « Le temps propice n’est pas encore arrivé pour vous, il viendra et passera pour d’autres.
ces deux mots sont redevenus synonymes dans la langue de Sully ; le mot de patrie revient chez lui dans son vrai sens. Au Moyen Âge, ce mot de patrie existait peu : on suivait le seigneur féodal ; on se battait pour ou contre ceux qui étaient déjà ou qui devaient être des compatriotes. […] Henri IV, à ce mot, l’arrête et lui dit une vérité : Ce n’est pas là où il vous tient, car je sais que vous ne manquez pas de bonne opinion de vous-même, pour aspirer encore plus haut.
Aimez ce métier au-dessus des autres à la passion ; oui, passion est le mot. […] Si l’on allait plus au fond, même sans prétendre au technique, on trouverait les caractères des divers généraux vivement dessinés d’après leurs actions mêmes : le maréchal Daun, prudent, circonspect, méthodique, à qui il arrive un jour de galoper pour la première et la dernière fois de sa vie, et qui, après la victoire de Hochkirch, se met à écrire à Marie-Thérèse pour sa fête de sainte Thérèse la relation de la victoire, au lieu de donner les derniers ordres pour la poursuivre ; il s’appuie sur une pierre pour écrire : « Cette pierre-là fut notre pierre d’achoppement », dit le prince de Ligne qui aimait les jeux de mots, surtout si dans ces gaietés sur le mot il y avait de l’imagination. […] Coup d’œil sur Belœil, avait-il intitulé son essai (1781) par un de ces jeux de mots et de ces sortes de calembours qui sont un de ses petits travers.
Daru qu’un visage immuable, averti par un ami de ce dernier, se mit tout d’un coup à lui parler d’Horace, d’une traduction dont il était curieux et qu’il n’avait pu se procurer encore : ici l’administrateur général ne put s’empêcher de sourire ; il ne s’attendait pas à ce mot sur Horace, qui était la clef du cœur, et il redevint un moment ce qu’il était toujours et si aisément quand l’absolu devoir ne l’enchaînait pas. […] Être homme de lettres, — entendons-nous bien, l’être dans le vrai sens du mot, avec amour, dignité, avec bonheur de produire, avec respect des maîtres, accueil pour la jeunesse et liaison avec les égaux ; arriver aux honneurs de sa profession, c’est-à-dire à l’Institut ; avoir un nom, une réputation ainsi fixée et établie, c’était alors une grande chose : il y avait, et parmi les auteurs et dans le public, comme un sentiment de religion littéraire. […] Il y notait cette espèce de réaction (je me trompe, le mot est trop fort), cet éloignement complet pour le genre de Beaumarchais qui avait été, au début, l’instinct naturel et l’originalité de Collin d’Harleville, le moins fait de tous les hommes pour goûter l’intrigue de Figaro. […] M. de Larnac avait quelque emploi qui ne convenait point à ses goûts, et qu’il ne pouvait concilier avec son ambition littéraire ; il en souffrait, et il l’exprimait vivement, oubliant trop que celui à qui il s’adressait aurait pu simplement lui répondre par le mot de Guatimozin : « Et moi donc !
Quelques épigrammes qu’on a, quelques mots piquants qu’on sait de Saint-Lambert, marquent le talent qu’il aurait eu pour le genre satirique s’il se l’était permis. […] Rien n’est si beau, à mon avis, que cette peinture de la vieillesse ; j’aurais voulu que les expressions du quatrième vers eussent été plus simples, mais le mot être est du style à la mode. […] En un mot, c’est l’Arcadie encyclopédique. […] les voies étaient aplanies, nous étions familiarisés avec les premiers éléments ; en un mot, nous étions sortis du chaos des principes, nous n’avions plus qu’à aller devant nous.
Lapaume, a trouvé à redire à quelques-unes de ces traductions, et il a publié à ce sujet un bon article critique intitulé : Un mot de plus sur Montaigne 24. […] « Ils ont cela de bon, disait-il des aubergistes allemands, qu’ils demandent quasi du premier mot ce qu’il leur faut, et ne gagne-t-on guère à marchander. […] Montaigne, en un mot, voyageait pour amuser et régaler sa curiosité toujours éveillée et toujours fraîche ; Chateaubriand, pour occuper et remplir son imagination ardente et en tirer gloire. […] « Tous ces amusements m’embesognaient assez ; de mélancolie qui est ma mort, et de chagrin, je n’en avais nulle occasion, ni dedans ni hors la maison. » En un mot, il était là comme chez soi, avec une certaine nouveauté de plus.
Quelques années après, devenu empereur, il avait changé de devise, il était entré résolument dans sa destinée, avec ce mot audacieux qui faisait mentir les colonnes d’Hercule : Plus ultra (c’est-à-dire, passons outre et au-delà) ! […] Mais les années venues et les difficultés s’accroissant, il avait été le premier à se dire ce mot si difficile à entendre : Assez ! […] Il n’était pas des plus retenus sur l’article des femmes ; ce libertin de Brantôme, qui prétend savoir ces sortes de choses sur le bout du doigt et par le menu, nous en a touché un mot ; mais c’est de trop de manger surtout qui lui était nuisible33, Charles-Quint était d’une voracité vraiment extraordinaire et phénoménale ; et comme l’a spirituellement remarqué M. […] Elle a le front large, les yeux bleus et qui témoignent d’une grande vigueur d’âme, le nez aquilin, un peu de travers, la mâchoire inférieure longue et large, ce qui fait qu’elle ne peut joindre les dents et qu’on ne l’entend pas très bien à la fin des mots.
La Noblesse crut dans le premier instant à un triomphe ; les gentilshommes, en quittant la séance, allèrent chez la reine qui leur présenta son dernier fils, le nouveau Dauphin, et leur dit : « Je le confie à la Noblesse ; je lui apprendrai à la chérir, à la regarder toujours comme le plus ferme appui du trône. » Cependant, après que le roi était sorti, suivi de la Noblesse et d’une partie du Clergé, la séance continuait ; Mirabeau lançait à M. de Dreux-Brézé le mot mémorable ; l’Assemblée s’enhardissait, s’investissait du pouvoir et faisait acte de souveraineté. […] Elle a du cœur, elle a du ressort, et si elle était homme, elle voudrait combattre ; si elle était roi, elle ne se laisserait pas ainsi enlever la couronne morceau par morceau sans mot dire. […] Je suis aussi un peu étonné de rencontrer sous cette plume de reine le mot annihiler (citation précédente), un mot qui est difficile à prononcer et à écrire. — (On voit que, sans soupçonner encore précisément l’authenticité de certaines lettres, je n’étais pas sans quelque vague inquiétude : malgré ma bonne volonté à croire à tout ce qui nous était donné, il y avait un instinct qui ne me faisait pas complètement défaut ; j’avais comme une démangeaison de doute.)
Chatel, à qui l’on doit ces renseignements, a mis pour épigraphe à son travail une parole de Ménandre, qui revient à dire : « Faute d’observer les petites choses, on se fourvoie dans les grandes » ; et un autre mot de Quintilien, qui en est comme la traduction : « Ce sont de petites choses, à la vérité, mais sans lesquelles les grandes ne peuvent trouver de point d’appui122. » Dans cette mesure, c’est parfait, et il n’y a rien de minutieux dans les curiosités biographiques ainsi entendues. […] Son mot, d’ailleurs, sur La Bruyère est excellent : « La Bruyère pensait profondément et plaisamment. » Que voulez-vous de mieux ? Un pareil petit mot vaut des pages de commentaires. […] Tout ce qu’il y a d’esprits piquants dans le xviiie siècle semble tenir et relever de lui ; tous ces hommes de lettres et à la fois gens du monde, qui régissent la société, qui dans le tous-les-jours ont le mot vif, mordant, ironique, le propos plaisant et amer, les Duclos, les Chamfort, les Rulhière, les Meilhan, les Rivarol, semblent avoir trempé la pointe de leurs traits dans l’écritoire de La Bruyère.
Il s’attache particulièrement à ces poëtes si mal famés de la littérature Louis XIII, Saint-Amant, le vieux Colletet, Cyrano, Scudéry, Scarron ; tous ensemble, ils paraissent se grouper assez bien autour du poëte Théophile, que son très-piquant et très-amusant homonyme s’efforce de réhabiliter (si le mot n’est pas trop solennel), et sur le compte duquel il s’étend avec verve, boutade et complaisance. […] Il flotte de Malherbe à Ronsard, il les associe, les confond l’un et l’autre dans ses hommages, tout en s’en éloignant ; il s’essaye en divers sens au gré de son humeur, de son inconstance ; sa théorie, si l’on peut employer un tel mot avec lui, est toute personnelle, tout individuelle : La règle me déplaît, j’écris confusément ; Jamais un bon esprit ne fait rien qu’aisément… J’approuve qu’un chacun suive en tout la nature ; Son empire est plaisant et sa loi n’est pas dure… Il développe encore cette idée avec une singulière vivacité dans l’épître à M. […] Il y a un beau mot de M. de Bonald : « Une vie déréglée aiguise l’esprit et fausse le jugement. » Je ne pousserai pas M. […] Gautier de le relire, tant il le trouve coriace (c’est, je crois, son mot) ; mais il suffirait qu’il eût entendu chanter, l’hiver dernier, ces nobles stances mises en musique par Reber : N’espérons plus, mon Ame, aux promesses du monde, etc.
Son coup d’œil saisissait, sans qu’un seul mot fût dit. […] Mais peu à peu, les obstacles ou les distractions aidant, elle se rabattit à l’amitié (grand mot des femmes, soit pour introduire, soit pour congédier l’amour), et elle en vint le plus ingénument du monde à oublier de plus douces promesses si souvent écrites, et mêmes faites à lui parlant, et non-seulement de la voix. […] Mme M… en toucha un soir quelque chose à sa fille ; dès les premiers mots, celle-ci coupa court, et, se jetant dans les bras de sa mère, la supplia avec un baiser ardent de ne jamais lui en reparler ni de rien de pareil. […] Un soir qu’on avait plus longuement causé de guérison et d’espérance, qu’on avait projeté pour Christel des promenades à cheval au printemps, qu’on s’était promis de se diriger sur les domaines d’Hervé, vers un bois surtout de hêtres séculaires qu’avaient habité les fées de son enfance, et dont il aimait à vanter la royale beauté, il crut le moment propice, et, après quelques mots sur sa mère, à laquelle il avait parlé, disait-il, de cette visite désirée : « Il est temps, ajouta-t-il d’un ton marqué, qu’elle connaisse celle qui lui vient. » Christel tressaillit et l’arrêta ; ce fut un simple geste, un signe de tête accompagné d’un coup d’œil au ciel, le tout si résigné, si reconnaissant, si négatif à la fois, avec un sourire si pâli, et dans un sentiment si profond et si manifeste du néant de pareils projets à l’égard d’une malade comme elle, que la mère navrée ne put qu’échanger avec Hervé un lent regard noyé de larmes.
Je ne sais si Frédéric ne se fût pas dédit, au cas qu’un malin génie l’eût pris au mot et qu’il lui eût fallu opter tout de bon entre la guerre de Sept Ans et Athalie, ou plutôt je suis bien sûr que le roi, en définitive, l’eût emporté : mais le cœur du poète aurait saigné au-dedans de lui, et il nous suffit, pour le qualifier comme nous faisons, qu’il eût pu hésiter un seul instant. […] En tout, même dans ces jeux de l’esprit, Frédéric finit toujours par donner le dernier mot à l’action, à l’utilité sociale et à celle de la patrie : c’est un génie qui s’amuse en attendant mieux, qui continuera de s’amuser et de s’égayer dans les intervalles des plus rudes travaux, mais qui aspirera en tout temps, à force de fermeté, à se réaliser en grandeur pratique et utile. […] Cette passion (c’est bien le mot) fut d’ailleurs réciproque : Voltaire ne peut le dissimuler ; lui-même, la grande coquette, il fut pris par Frédéric, et dans le spirituel mais si misérable libelle, et si peu digne de confiance, qu’il écrivit après sa fuite de Berlin pour se venger du roi, il ne peut s’empêcher de dire, en parlant des soupers de Potsdam : « Les soupers étaient très agréables. […] Il se plaît à louer, à encourager en lui le défenseur de l’humanité, de la tolérance, celui qui défriche et repeuple la terre presque déserte de Ferney, comme lui-même il a peuplé les sables du Brandebourg ; en un mot, il reconnaît et il embrasse dans le grand poète pratique son collaborateur en œuvre sociale et en civilisation.
En un mot, dans tout ce qu’il dit à ce sujet, Pasquier a le bon sens, mais il n’a pas encore le bon goût. […] Il a des défauts sans doute, quelques pointes et jeux de mots, des comparaisons trop recherchées, des ressouvenirs de César, de Pompée et de Scipion, qui reviennent trop souvent, des thèses de parti-pris qui rappellent les déclamations des anciens. […] Une lettre admirable de lui, et qui le peint dans la sérénité de son rajeunissement final, est celle qu’il adresse à Achille de Harlay, retiré également des charges publiques, sur les douceurs de la retraite, sur les charmes d’une étude paisible et variée, désormais toute confinée à l’intérieur du cabinet, et dont on se dit qu’on ne sortira plus : « J’ai d’un côté mes livres, ma plume et mes pensées ; d’un autre, un bon feu tel que pouvoit souhaiter Martial quand, entre les félicités humaines, il y mettoit ces deux mots : focus perennis. […] En un mot, il tient le milieu entre les purs romanistes et l’école coutumière, subordonnant le tout au contrôle du sens commun, qui est en définitive la règle suprême.
Elle nous y parle du jeu, qui se mêlait très bien, assure-t-elle, à la causerie, et qui, tout follement engagé qu’il était, n’était point acharné alors comme aujourd’hui, et ne laissait perdre ni un récit amusant ni un bon mot. […] La jalousie de Mme de Nangis, qui se croit sacrifiée à une rivale, produit des scènes assez belles et assez dramatiques, dans lesquelles la pauvre Valentine, poussée à bout par sa belle-sœur, en présence du mari de celle-ci, n’aurait qu’un mot à dire pour écraser la coupable et pour se venger : mais ce mot, elle ne le dit pas, et prend sur elle tous les torts. […] Il était impossible qu’une conversation dont elle était tombât dans le nul ou dans le commun ; toujours elle la relevait par une saillie, une gaieté, un trait d’ironie ou de satire, ou même un mot d’une douce philosophie.
On prêtait à Jules Simon ce spirituel mot, par lui adressé à quelqu’un lui disant qu’il menait Thiers comme il voulait : « Je le mènerais comme cela, si je pouvais lui persuader que je suis malhonnête ! […] Mardi 27 mai J’ai eu un succès au dîner de Brébant, avec ce mot : « La France finira par des pronunciamento d’académiciens. » 2 juin Je ne puis surmonter mon dégoût, quand je lis à la quatrième page d’un journal, dans les réclames payées : Il vient de paraître la seconde édition : De la situation des ouvriers en Angleterre… « travail où M. le comte de Paris a fait œuvre de penseur et de citoyen… » Les prétendants qui se font écrivains socialistes… Pouah ! […] Je me rappelais, ces temps-ci, le mot de ma pauvre vieille cousine de Bar-sur-Seine : « Vous verrez, je ne vivrai pas longtemps, je suis si fatiguée, si fatiguée ! […] Là, Hugo a un morceau de la plus haute éloquence, qu’il termine par ces mots : « Oui, je le sais, le défaut c’est l’élection par les membres en faisant partie… Il y a dans l’homme une tendance à choisir son inférieur… Pour que l’institution fût complète, il faudrait que l’élection fût faite sur une liste présentée par l’Institut, débattue par le journalisme, nommée par le suffrage universel. » Sur cette thèse, qui semble un de ses habituels morceaux de bravoure, il est, je le répète, très éloquent, plein d’aperçus, de hautes paroles, d’éclairs.
« Au point de vue littéraire, il suit la recette de Mallarmé, accolant aux mots des épithètes bizarres comme dans ce vers : C’est la virginité des horizons naïfs. […] Être décadent, c’est être scientifique, c’est pratiquer dès aujourd’hui cette philosophie du xxe siècle qui est basée sur l’égoïsme social ; c’est faire table rase de tous les préjugés, en un mot c’est accepter tous les progrès de la civilisation. […] Maurice du Plessys Maurice du Plessys fut autrefois surnommé le « Bidel du Verbe » pour sa dextérité à ordonner dans une phrase les mots les plus rebelles et à les assouplir au rythme. […] Un de nos amis qui a vu cette Peau me dit que c’est un assemblage de feuilles dont chacune porte les titres, dédicaces, épigraphes, en un mot tous les accessoires de sonnets… qui ne sont pas encore écrits.
S’il était un chef de parti, je sais la considération intellectuelle que j’aurais pour lui, en la mesurant au mot de Goethe : « Un chef de parti n’est jamais, après tout, qu’un bon caporal. » Mais Macaulay n’est qu’un soldat, le soldat d’un parti. […] On sait, d’ailleurs, que le mot essai n’a pas en Angleterre le même sens qu’en France, où un homme qui s’essaie à faire quelque chose et qui, par modestie, appelle, la chose qu’il a peut-être manquée un essai, ne se nomme point un essayist. […] Ce fut là son premier mot en littérature, et ce fut son meilleur. […] Au milieu d’aperçus si brillants qu’ils semblent parfois des paradoxes, comme, par exemple, le passage de l’article de Dryden, qui tout à la fois éblouit et navre, sur le peu de nécessité des grands hommes, Macaulay a des étreintes impitoyables de bon sens et parfois des simplicités pleines de force, qui résument et finissent tout d’un trait, comme quand il dit de Lord Byron ces quelques mots faciles à trouver, dirait-on, mais qui ont détendu d’un seul coup tous les arcs du Cant et de la Calomnie bandés contre l’immoralité du grand poète : « Lord Byron n’a pas été plus coupable qu’aucun autre homme qui ne vit pas bien avec sa femme. » Peut-on dire plus simple, plus profond et plus vrai ?
Pas une seule fois, dans ces trois livres de vers, pas une seule fois, un mot, un tour, — une étrangeté, — une incorrection qui sente le dialecte et les âpres habitudes de sa province n’est venu se mêler à la langue de ce poète par trop francisé à la fin, de ce chantre des mœurs bretonnes, sans courage quand il s’agit de risquer à propos un mot patois ! […] Le fameux mot de Danton est une bêtise… et une grossièreté4 ! […] Je ne l’insulterai pas, moi, de ce mot dont il s’est insulté : j’aime mieux dire que c’était un poète qui n’a pas assez respecté la virginité de ses impressions premières, mais chez qui pourtant les premières impressions ont résisté aux élégances d’école auxquelles il se forma plus tard.
D’Aubigné était de cette race cassante qui ne se refuse jamais un coup de langue, et qui pour un bon mot va perdre vingt amis ou compromettre une utile carrière. […] En un mot, il n’est pas seulement de l’ancienne race féodale et frondeuse qui se relève et regimbe sous le niveau, il est déjà de la race qui écrit et qui imprime. […] [NdA] Sandrille, je ne trouve ce mot dans aucun vocabulaire.
J’ai tout à l’heure prononcé le mot de candeur : entendons-nous bien, cet homme de simplicité et de modestie n’était nullement dupe, et quand l’amitié ne l’enchaînait pas, il pénétrait avec bien de la sagacité ses grands contemporains universitaires : quelques lignes sur eux qui lui échappaient à l’occasion, tracées de son encre la plus légère, seraient, si on les détachait, tout un jugement135. […] Jusque dans la dernière crise, il s’est montré courageux et résigné avec simplicité ; et, si je ne craignais d’altérer la tristesse de cette impression, j’ajouterais à l’appui d’une de vos remarques que, jusque dans les suprêmes douleurs, je l’ai vu sensible à l’impropriété de quelques mots qui blessaient la pureté de la langue. » — L’homme de goût fut le dernier à mourir en lui. […] etc., etc. : l’audace de ces assertions, le mot philosophie qui s’y trouve mêlé témérairement, lui donneront un frisson dangereux pour sa santé ; il éludera votre rencontre, et regrettera peut-être de vous avoir donné un exemplaire de ses Monumenla Vaticana versibus descripta (in-8°. 1854) » Un La Bruyère dirait-il mieux ?
Les jeux de mots, les équivoques licencieuses, les contes populaires, les proverbes qui s’entassent successivement dans les vieilles nations, et sont, pour ainsi dire, les idées patrimoniales des hommes du peuple ; tous ces moyens, qui sont applaudis de la multitude, sont critiqués par la raison. Ils n’ont aucun rapport avec les sublimes effets que Shakespeare sait tirer des mots simples, des circonstances vulgaires placées avec art, et qu’à tort nous n’oserions pas admettre sur notre théâtre. […] Il ne dit pas un mot qui n’atteste son mépris pour l’espèce humaine, et pense plus souvent encore à se tuer qu’à punir ; noble idée du poète d’avoir représenté l’homme vertueux ne pouvant supporter la vie, quand la scélératesse l’environne, et portant dans son sein le trouble d’un criminel, alors que la douleur lui commande une juste vengeance.
Je ne dirai pas le mot ; mais qu’ils l’entendent dans le fond de leur conscience et qu’ils rougissent ! […] Ces insectes, volant en essaim d’étincelles, Cachaient leur aiguillon sous l’éclair de leurs ailes ; À leur bourdonnement on souriait plutôt ; La grâce comme une huile y guérissait le mot ! […] J’ai toujours envié la mort de ce grand homme, Esprit athénien dans un consul de Rome, Doué de tous les dons parfaits, quoique divers, Fulminant dans sa prose et rêveur dans ses vers, Cicéron en un mot, âme encyclopédique, Digne de gouverner la saine république, Si Rome, riche en maître et pauvre en citoyen, Avait pu supporter l’œil d’un homme de bien !
Cependant deux choses tendent à ramener les ouvrages de science et d’érudition dans notre domaine : la langue française, quand on l’emploie, toute concrète encore et chargée de réalité, et dont les mots apportent, au milieu des abstractions techniques, les formes, les couleurs et comme le parfum des choses sensibles ; ensuite, le tempérament individuel, mal plié encore à la méthode scientifique, et qui jette sans cesse à la traverse des opérations de la pure intelligence l’agitation de ses émotions et les accidents de sa fortune. […] En un mot, ces livres, dont la matière déjà nous échappe à proprement parler, nous appartiennent au même titre que les Mémoires : pour l’homme voué à l’activité intellectuelle, ses curiosités, sa quête de la vérité, ses découvertes et ses inventions d’idées, ce sont ses ambitions, ses campagnes, ses victoires et son butin ; et quand il raconte comme Pasquier ce qu’en soixante ans d’études il a appris, il fait aussi réellement les Mémoires de sa vie que le soldat qui raconte soixante années de guerres, comme Monluc. […] Tout cela sans « psychologie », sans « analyse » : de tels mots seraient ridicules.
On a bien abusé de ce mot chez nous, et les plus fortes têtes sont précisément celles qui se sont le plus laissé griser par les grandes découvertes des chimistes, des physiciens et des naturalistes. […] Un mot suffira. […] En un mot, nous avons eu longtemps beaucoup de très mauvaises habitudes ; nous en avons encore quelques-unes.
Ne le voyant que dans ses livres et dans ses monuments, dans sa pensée en un mot, nous sommes tentés de croire qu’on ne faisait alors que penser. […] La culture intellectuelle, la recherche spéculative, la science et la philosophie, en un mot, ont la meilleure de toutes les garanties, je veux dire le besoin de la nature humaine. […] un homme qui résume toute sa vie en ces mots : faire honnêtement fortune (et encore on pourrait croire qu’honnêtement n’est là qu’afin de la mieux faire), la dernière chose à laquelle il faudrait penser, une chose qui n’a quelque valeur qu’en tant que servant à une fin idéale ultérieure !
On connaît le mot de Joubert : « Le talent de Racine est dans son œuvre ; il n’y est pas lui-même. » Admettons que ce soit une boutade, excessive comme le sont souvent les boutades ; il n’en est pas moins vrai que l’homme tout entier n’est jamais dans ses discours et ses écrits, et que parfois l’homme réel n’y est qu’à demi. […] On cherche à savoir, au moyen de procédés ingénieux, de tests, comme on dit en langage technique, quelle est chez lui l’association habituelle des idées, quelle mémoire il a des couleurs, des sons, des mots, des phrases, des pensées ; comment il apprécie la distance, la durée, les dimensions des objets, à quel degré il possède l’adresse des mouvements, la facilité de la parole, etc. […] En considérant la vie de Jean-Jacques, par exemple, quand nous le voyons balbutier et rougir de timidité, souffrir atrocement pendant son séjour aux Charmettes d’une maladie à demi imaginaire, embrasser la terre au moment où, chassé de France, il franchit la frontière suisse, fondre en larmes à tout propos, nous avons une preuve de plus qu’une de ses facultés dominantes et probablement sa faculté maîtresse était bien, comme ses ouvrages nous l’avaient déjà révélé, une sensibilité excessive, et nous redisons sans hésiter le mot que lui adressait le marquis de Mirabeau : « Vous avez l’âme écorchée. » — Tantôt, au contraire, nous découvrons une contradiction entre ce qu’un homme a fait et ce qu’il a dit ou écrit.
La littérature et le milieu psycho-physiologique Par milieu psycho-physiologique nous avons désigné les aptitudes qu’un homme apporte en venant au monde, les germes de qualités et de défauts qui existent en lui à sa naissance, cette combinaison particulière d’éléments qu’on appelle souvent du mot vague de tempérament. […] On a raisonné à perte de vue sur l’influence de la race, pour prendre le mot consacré. […] Il lit un roman de Richardson, et il pleure ; il assiste à une comédie, et il pleure ; la tsarine Catherine Il lui adresse un mot d’amitié et il pleure.
Elle pense qu’on peut le résoudre en lois plus simples et en faits plus généraux ; et qu’on peut découvrir le procédé suivi par l’esprit dans la construction de ces grandes idées, en un mot qu’on peut en déterminer la genèse. […] Qui ne comprend cependant que si les lois fondamentales de l’esprit étaient découvertes, si les circonstances qui les modifient étaient connues, si nous tenions, en un mot, l’essentiel et l’accidentel, comme dans le cas des marées, cité plus haut par M. […] D’après cette définition, l’éthologie est la science qui correspond à l’art de l’éducation, au sens le plus large du mot, en y comprenant la formation des caractères nationaux ou collectifs aussi bien que des caractères individuels. » « L’éthologie peut être appelée la science exacte de la nature humaine », mais elle n’est exacte qu’à condition d’affirmer des tendances, non des faits.
Il en sort avec fracas des mots graves et sententieux. […] Aulugelle qui écrivoit sous l’empereur Adrien, louë l’étimologie que Caïus Bassus donnoit au mot latin persona, qui signifioit un masque, en faisant venir ce terme du verbe personare, qui veut dire resonner. […] Il s’étoit donc attaché à joüer les personnages des peres austeres, des parasites, des valets fripons, en un mot, tous les personnages qui demandoient beaucoup d’action.
D’autre part, c’est à eux seuls qu’elle convient ; car le mot de social n’a de sens défini qu’à condition de désigner uniquement des phénomènes qui ne rentrent dans aucune des catégories de faits déjà constituées et dénommées. […] Il est vrai que ce mot de contrainte, par lequel nous les définissons, risque d’effaroucher les zélés partisans d’un individualisme absolu. […] De plus, on peut se demander si le mot d’imitation est bien celui qui convient pour désigner une propagation due à une influence coercitive.
Les mots, il faut le dire, ne représentent plus les mêmes idées pour tous ; il en est même, s’il est permis de parler ainsi, qui sont devenus de simples sons, vides de sens, auxquels on ajoute plus aucune idée, le signe d’aucun sentiment. […] Maintenant, le sens le plus général de ce mot a pris une bien autre extension. […] Par opposition à la littérature classique, on a nommé littérature romantique celle où l’on professe une plus grande indépendance des règles, où l’on se permet de nouvelles alliances de mots, et surtout de nouvelles inventions de style ; où l’on secoue les lois de l’analogie, où l’imitation étend son domaine, où la pensée fait effort contre la parole fixée, la parole écrite ; où les sujets sont tirés des traditions modernes.
Et qui donc croirait risquer un paradoxe en affirmant qu’il n’est rien de semblable en Russie, si l’on entend par société quelque chose de lié, de pénétré, d’intimement fondu, d’identique ; quelque chose, qu’on nous passe le mot ! […] si Catherine le Grand vivait en l’an de grâce 1854, que penserait-elle du mot flatteur des philosophes : C’est du Nord aujourd’hui que nous vient la lumière, et qu’elle n’acceptait de son temps que comme une espérance, un chant du coq, un point du jour ?… Qui sait si ce mot trop antidaté ne lui paraîtrait pas une ironie, et si le désappointement pour son pays n’enverrait pas un noble nuage de tristesse sur ce petit front carré dont le prince de Ligne disait avec raison : « D’une tempe à l’autre, voilà l’empire !
III Nous l’avons dit déjà, ce qui brille et se voit d’abord dans le style du capitaine d’Arpentigny, ce qui lui communique pour nous un charme vainqueur, — et ce mot de romance va bien ici, — c’est le reflet militaire qu’il a gardé de sa jeunesse ! […] Artiste en mots, qui sait donner à sa phrase tous les assouplissements et tous les enrichissements d’une étude patiente et inspirée, peut-être a-t-il voulu couvrir d’or l’éclair de l’acier ? […] Il a plus de piaffe, comme il dit (c’est un de ses mots !)
Or, en la posant, cette question, on sort du vague des mots et des idées, on entre dans le vif des faits, on met la main sur la clef de l’Économique de l’époque, on ressuscite le peuple et tout va facilement s’expliquer… La Ligue, ce n’est plus un parti, c’est le peuple, c’est la défense jusqu’à la mort de son patrimoine menacé, de l’héritage de ses enfants, de ce patrimoine sans lequel il se sent spolié dans ses pratiques, ses salaires, ses achats, ses plaisirs, et déshonoré comme vassal industriel des falsificateurs qui, au nom d’un principe nouveau, viennent rompre les cadres de ses robustes catégories. […] Le peuple, menacé au xvie siècle dans tout ce qui était sa vie, sentait absolument cette identité que les historiens devraient montrer davantage pour expliquer une action qui ne fut point une révolte dans le sens que les révolutions modernes ont donné à ce terrible mot, et pour l’expliquer aux penseurs politiques de nos jours qui ont rayé, il est vrai, les questions de foi de leurs programmes, c’est-à-dire toute l’économie de la vie morale, mais qui, en présence des intérêts matériels, comprendront peut-être que la Ligue, c’est-à-dire la société même, courût aux armes pour se sauver ! […] Il est tellement pénétré, pour son propre compte, de tout ce que son devoir (qu’il nous permette d’écrire ce mot-là) serait de pousser vigoureusement dans l’esprit de ceux qui ne veulent pas comprendre, comme on pousse une épée dans le cœur de ceux contre qui on se bat et qui résistent, que, chose singulière et naturelle !
C’est qu’elle est enfin, — disons le mot scandaleux ! […] Je vais dire un mot qui peut-être aurait révolté le comte de Gasparin, lequel fut un homme politique et qui put se croire un homme d’État. […] Ce sont tous deux — et Proudhon, qui n’avait peur de rien, n’avait pas peur du mot, — des anarchistes au même degré.
Nous-mêmes, qui ne haïssons pas cependant les béguines, nous n’aurions peut-être jamais parlé du livre de celle-ci sans la circonstance très moderne d’une critique historique qui recherche depuis quelque temps, avec un instinct de satyre dans les deux sens du mot, l’odeur de la femme (odor di femina) dans l’histoire. […] La carmélite inconnue de son histoire a ramassé une foule de mots d’elle, animés de cette gaieté gauloise : « Croyez-vous — disait-elle un jour à ses novices, qui sentaient ces ennuis des après-midi dans les cloîtres qui sont les nostalgies du monde, — que nous sommes venues aux Carmélites pour rechercher ce qui amuse, et que la société des douze apôtres ait été toujours bien amusante pour Notre-Seigneur Jésus-Christ ? […] Ce mot de sœur la ravissait.
Depuis qu’un poète, d’un vrai génie, sans doute, mais dont la grandeur a été mesurée, a laissé tomber contre la Critique, peut-être pour se venger de l’exactitude de sa mesure, le mot courroucé d’impuissance, bien des gens l’ont ramassé par terre, où ils auraient dû le laisser, et ils s’en sont fait une arme contre elle. […] Et, quand il a fini son terrible réquisitoire en action, il ne doit pas conclure dogmatiquement par ce mot faux, qui ressemble au mot d’un niais d’honnête homme vertueux qui se trompe ou d’un misanthrope littéraire vexé qui se venge : « La Critique n’est point un chemin, mais une impasse », car la Critique est un chemin qui mène au même but que tout emploi des facultés humaines, quand cet emploi accuse de la puissance ou de la profondeur dans les facultés.
Toutefois, si sincère que soit leur désir du mieux, si abondante qu’apparaisse leur fantaisie, ils ne sont pas parvenus à se débarrasser entièrement de la tradition, à renouveler totalement leur art, à créer en un mot un style moderne. […] L’architecture moderne, en un mot, nous est apparue jusqu’à présent comme un art sans vie et sans beauté, en complète infériorité vis à vis des autres arts, qu’un sentiment nouveau a déjà orientés dans une voie nouvelle. […] On sent que cette œuvre est sortie uniquement de lui, sans l’ombre d’un ressouvenir, d’un respect quelconque pour la tradition, et qu’il y a là, au sens plein et authentique du mot, une création, dont la forme et le fond prennent leurs racines dans le tempérament propre de l’artiste.
Il me répugne d’employer de tels mots, mais je pourrais répondre à ceux qui m’accuseraient d’avoir fait alors ma cour qu’on me la faisait, à moi aussi, avec bien du soin et de la délicatesse. […] « La lettre copiée, monsieur, était devant moi avec un mot d’explication.
Je ne sais pourquoi M. de Balzac a gâté le mot charmant qu’il cite de Mme de Maintenon. […] Sainte-Beuve à ces mots. « Ce dernier point nous mène assez droit à la récente publication de M. de Balzac… » Il se relie donc naturellement à l’article qu’on va lire. — Nous avons éprouvé néanmoins quelque hésitation à le reproduire, ainsi que les trois autres, qui viennent en ces mêmes mois (novembre 1838 et février 1839), car la Table de la Revue des Deux Mondes, publiée en 1857, met les divers Mouvements littéraires de ce temps-là sous le nom de Charles Labitte.
On a pourtant souffert dans ce pays de Saint-Étienne autant et plus que dans d’autres depuis deux années ; l’industrie y a traversé une pénible crise ; mais on a eu la force de souffrir sans s’irriter, sans accuser le gouvernement qu’on savait attentif et plein de sollicitude les plaintes étaient patientes, elles sentaient qu’elles arrivaient en lieu sûr, et personne n’eût dit ce mot injuste : « Ah ! […] Mais aussi dans ces intervalles, que de misères, que de tiraillements, que d’inconséquences, que de velléités chétives, que de bouderies contre ce qui existe, que de taquineries de méchants enfants (et il y en a dans le nombre qui devraient être sages, car ils sont grands et même célèbres), et combien ils seraient attrapés tout les premiers si un mauvais Génie les prenaît au mot !
Il en est surtout de rudes, où les mots, trop violemment comprimés, grincent les uns contre les autres et saccadent mal à propos la strophe de rejet convulsif. […] La vision s’enrichit de lectures et de méditations nouvelles ; elle attire des mots colorés et sonores ; elle se vêt de pourpre, d’azur et d’or ; elle se couvre de cristaux et d’aiguilles, comme ces branches de bois mort que l’on jette dans les mines de Harz.
Tous les mots qui s’échappent alors de ses lèvres, comme les abeilles de cette ruche humaine en travail, sont les vieux mots de la terre natale, tout parfumés du miel de la patrie.
Marcel Fouquier Dans les Renaissances, lorsque le poète s’interroge, c’est pour savoir le mot de sa destinée. […] Dans tout cela, pas le plus petit mot drôle : un lyrisme soutenu, soutenu très haut, des images grandioses, de vagues effusions panthéistiques, un sublime voyage sur la croupe d’une chimère, des aurores aux couchants, l’héroïque chevauchée d’un rêveur sur le cheval ailé des Mille et Une nuits.
Il semble que j’abuse des mots, que je réunis ainsi sous un même nom deux objets qui n’ont rien de commun ; que la vérité scientifique qui se démontre ne peut, à aucun titre, se rapprocher de la vérité morale qui se sent. […] En un mot, je rapproche les deux vérités, parce que ce sont les mêmes raisons qui nous les font aimer et parce que ce sont les mêmes raisons qui nous les font redouter.
La loi suivant laquelle cette force varie en fonction de la distance n’est peut-être pas la loi de Newton, mais c’est une loi analogue ; au lieu de l’exposant −2, nous avons probablement un exposant différent, et c’est de ce changement d’exposant que sort tout la diversité des phénomènes physiques, la variété des qualités et des sensations, tout le monde coloré et sonore qui nous entoure, toute la Nature en un mot. […] Une loi, pour nous, ce n’est plus cela du tout ; c’est une relation constante entre le phénomène d’aujourd’hui et celui de demain ; en un mot, c’est une équation différentielle.
Les termes dont se sert madame de Coulanges se refusent à l’application qu’on a voulu faire à M. de Coulanges son mari, du mot un certain homme ; elle n’aurait eu aucune raison de ne pas dire tout simplement Coulanges. […] Remarquez enfin dans la lettre de madame de Coulanges le mot qui commence la phrase qui suit la nouvelle : « Cependant, dit-elle, elle est plus occupée de ses anciennes amies qu’elle ne l’a jamais été. » Cependant vient bien après l’approbation d’un homme tel que le roi ; mais quel ridicule serait égal à celui de madame de Coulanges disant : M. de Coulanges mon mari trouve madame Scarron de fort bonne compagnie, et cependant elle veut toujours bien nous regarder !
Mais ne doit-on pas convenir qu’il a trop abusé de cette réputation, en voulant établir dans les Lettres certains paradoxes qui tendent à dénaturer les genres, & que l’esprit géométrique, si nous entendons par ce mot la justesse des idées, auroit dû être le premier à réprouver ? […] On proscriroit sur-tout ces Bureaux d’esprit où l’on anathématise les meilleurs Ouvrages, quoiqu’on ne puisse s’en dissimuler le mérite ; où l’on encense la médiocrité, parce qu’elle est en état de protéger ou de nuire ; où l’on n’admet tant d’adorateurs stupides, que pour en faire des écho, dont la voix ira d’oreille en oreille déifier tous les Membres du tyrannique Sénat, & promulguer ses intrépides Arrêts ; nous aurions la douce joie de voir couler le lait & le miel à côté de l’Hipocrene, de pouvoir cueillir les fruits du sacré Vallon, sans redouter ceux de la Discorde, de dormir sur le Parnasse sans craindre de réveils fâcheux ; nous verrions renaître en un mot l’âge d’or de la Poésie, & le Monde savant retraceroit le modele de cette République, dont M.
Sa versification dure, Gallo-Grecque, & souvent inintelligible, chargée d’érudition & de mots nouveaux, servoit de modèle. […] Mais sa muse, en François, parlant Grec & Latin, Vit dans l’âge suivant, par un retour grotesque, Tomber de ses grands mots le faste pédantesque.
Nous avons observé déja dans le premier volume de cet ouvrage que les symphonies étoient susceptibles, ainsi que le sont les chants musicaux composez sur des paroles d’un caractere particulier qui rende ces symphonies capables de nous affecter diversement en nous inspirant tantôt de la gayeté, tantôt de la tristesse, tantôt une ardeur martiale et tantôt des sentimens de dévotion : le son des instrumens, écrit Quintilien, l’auteur le plus capable de rendre compte du gout de l’antiquité, nous affecte, et bien qu’il ne nous fasse pas entendre aucun mot, il ne laisse point de nous inspirer divers sentimens. […] Cet auteur entendoit par sons parfaits, auxquels il oppose des sons des simphonies qui n’ont qu’un être imparfait, les sons des recits en musique où le son naturel étant adapté à des mots, se trouve joint avec un son articulé.
Mais nous repoussons le mot, si on lui donne un sens doctrinal sur l’essence des choses sociales, si, par exemple, on entend dire qu’elles sont réductibles aux autres forces cosmiques. […] La sociologie ainsi entendue ne sera ni individualiste, ni communiste, ni socialiste, au sens qu’on donne vulgairement à ces mots.
Ponsard qui fait des mots ! […] Il faut d’abord faire valoir vos titres auprès du Ministre d’État, produire des actes authentiques, en un mot, prouver votre filiation.
Non pas dans les mots ; les violences de mots sont des gestes pour suppléer à l’animation réelle de la pensée, mais ici, ce sont les sentiments dans lesquels le maître recueillait ses observations qui font voir une singulière surexcitation.
Introduction L’esprit nouveau Mon premier mot aura pour but de dissiper une équivoque. […] Le mot fit fortune.
Qu’on se rappelle le mot de Charles-Quint aux grands d’Espagne. […] J’ai déjà dit un mot de la manière dont ces éloges sont écrits.
Le soir, disait-on, le prêtre, au moment où il fermait les portes du temple de Delphes, l’appelait à haute voix par ces mots : « Pindare le poëte est invité au souper du Dieu. » Cette vocation religieuse semblait attachée de naissance il la personne du poëte, venu au monde durant une des fêtes du Dieu, comme l’attestent quelques mots d’un de ses hymnes perdus29 : « C’était la fête qui revient tous les cinq ans, où, pour la première fois, je fus nommé, enfant chéri dans les langes. » Et, selon le commentaire ancien qui cite ces paroles, elles rappellent le cri Évoé, qui commençait les mystères d’un autre Dieu.