La haine belle à force de hideur, comme la Gorgone ; la haine, qui attend son moment, repliée, concentrée, se dévorant en attendant qu’elle dévore ; une haine infinie, éternelle, aux yeux de tigre altéré, brûlants, toujours ouverts, voilà le doux Banville en ses Idylles, et ses Amaryllis charmantes. […] En effet, toutes les pièces de ce recueil d’Idylles sont superbes, et d’un pathétique d’autant plus grand que le désespoir y est plus fort que l’espérance ; qu’il y a bien ici, à quelques rares moments, des volontés, des redressements et des enragements d’espérance, mais tout cela a l’air de s’étouffer dans le cœur et la voix du poète, et on épouse sa sensation… Les hommes sont si faibles et ont tant besoin d’espérer, que c’est peut-être ce qui a fait un tort relatif aux Idylles prussiennes de M.
J’ai eu l’honneur de connaître le poète d’Éloa et de Moïse, et je dois dire que jamais je n’ai pu oublier un moment, quand je l’ai rencontré, que j’avais affaire à la plus suave poésie des temps modernes. […] Tel que l’on croit complet et maître en toute chose Ne dit pas les savoirs qu’à tort on lui suppose, Et qu’il est tel grand but qu’en vain il entreprit, — Tout homme a vu le mur qui borne son esprit » Enfin, — car il faut se borner, — dans une pièce intitulée : Jésus au mont des Oliviers, où l’âme du chrétien, rouverte un moment, se referme tout à coup, redevenue rigide, je trouve ces vers d’une stoïcité presque impie, qui vont assez avant dans l’inspiration du poète pour qu’on en comprenne la profondeur et pour que rien ne soit citable après : ……………………………………………… Le juste opposera le dédain à l’absence Et ne répondra plus que par un froid silence Au silence éternel de la Divinité.
Du moment, en effet, où, au lieu de mêler la lumière ou le phénomène physiologique aux faits humains pour en éclairer la profondeur — comme Shakespeare, par exemple, avant tout le monde, l’a osé d’une si admirable manière et avec tant de bonheur dans sa fameuse scène de lady Macbeth somnambule, — on va plus loin dans le sens de la physiologie, quand on se circonscrit et qu’on enferme son sujet tout entier dans le phénomène, il faut prendre garde, car le passage est dangereux ! […] Mais, il faut bien le dire, il n’y a pas encore, en ce moment, de pareille œuvre dans la littérature du dix-neuvième siècle, et, quand la Critique se pose cette question-là, elle se fait l’effet de se pencher sur le bord d’un gouffre… Seulement, disons que, quoi qu’il en puisse être et quoi qu’on puisse penser du génie, qui n’a pourtant jamais dit, et qui ne dira jamais le mot de ce fat de Calonne à une femme, et qu’il trompait encore !
Non pas l’exactitude qui arrive à temps dans ce qu’elle fait, — qui donne, par exemple, son feuilleton à heure fixe (sur mon âme, je l’ai cru un moment !) […] Aussi arrive-t-il un moment, quand on ne lit pas l’ouvrage comme il a été fait, dans l’ordre suspendu du feuilleton avec ses interruptions et ses coupures, où le lecteur le plus intrépide et le plus cuirassé contre le mal au cœur est tenté de rejeter le livre dont un pareil homme est le héros.
L’Évangile a dit : Celui qui frappe par l’épée périra par l’épée… Pour ne pas défaillir à certains moments, il faut que je sois certain de défendre la plus juste et la plus belle des causes ». […] Nous sommes un moment de la France éternelle.
Les sentiments qu’elle éveille habituellement viennent s’interposer entre elle et nous, au moment même où nous la tenons sous le regard de notre intelligence. […] Que le moment de ces synthèses grandioses ne soit pas encore venu, on le sait d’ailleurs.
Elle eut la fermeté d’un moment, qui conçoit et fait de grands sacrifices, et n’eut pas cette fermeté plus rare qui soutient l’âme par sa propre force, quand elle n’est plus animée par les regards et par l’effort même que demande tout ce qui est difficile. […] Il serait seulement à souhaiter que tous les panégyriques eussent cessé au moment du meurtre de Monaldeschi : ce serait en même temps et l’honneur des lettres et l’instruction des princes.
L’orateur peint cette multitude féroce dont on se sert pour changer la destinée des empires ; il fait voir le soldat arraché de ses campagnes, les quittant par un esprit de débauche et de rapine, changeant de maîtres, s’exposant à un supplice infâme pour un léger intérêt, combattant quelquefois contre sa patrie, répandant sans remords le sang de ses concitoyens, et sur le champ de carnage attendant avec avidité le moment où il pourra de ses mains sanglantes arracher aux mourants quelques malheureuses dépouilles qui lui sont bientôt enlevées par d’autres mains. […] Toute la fin respire le charme de l’amitié, et porte l’impression de cette mélancolie douce et tendre, qui quelquefois accompagne le génie, et qu’on retrouve en soi-même avec plaisir, soit dans ces moments, qui ne sont que trop communs, où l’on a à se plaindre de l’injustice des hommes ; soit lorsque blessée dans l’intérêt le plus cher, celui de l’amitié ou de l’amour, l’âme fuit dans la solitude pour aller vivre et converser avec elle-même ; soit quand la maladie et la langueur attaquant des organes faibles et délicats, mettent une espèce de voile entre nous et la nature ; ou lorsqu’après avoir perdu des personnes que l’on aimait, plein de la tendre émotion de sa douleur, on jette un regard languissant sur le monde, qui nous paraît alors désert, parce que, pour l’âme sensible, il n’y a d’êtres vivants que ceux qui lui répondent.
Si elle ne devait que divertir, que distraire aux moments d’ennuis, les autres arts seraient préférables, parce qu’ils amusent sans fatigue. […] … Le lecteur, aujourd’hui, prend un livre dans ses moments d’ennui, comme il écouterait un bavard, un diseur de riens. […] Il m’a paru, madame, que dans l’article sur Cooper publié dernièrement par le Journal pour tous, vous étiez à ce moment où de vagues indices éclairent le voyageur. […] … et quand en s’analyse soi-même, n’a-t-on pas, à certains moments, été dominé entièrement par l’influence musicale ? […] Les peintres doivent se garder de faire comme les poètes, de vouloir reproduire la nature dans ces moments d’ivresse ; le spectateur n’y comprendrait rien.
En ce moment, et comme les voilà, seuls dans leur île, ils atteignent un développement tel quel, fruste, brutal et pourtant solide. […] À ce moment, tout est décidé ; quels que soient les événements, il faut bien qu’un jour il devienne maître. […] Dès ce moment l’Angleterre a trouvé son assiette ; ses deux forces intérieures et héréditaires, l’instinct moral et religieux, l’aptitude pratique et politique ont fait leur œuvre et désormais vont bâtir sans empêchement ni démolition sur les fondements qu’elles ont posés. […] Aux doux moments, dans les beaux jours tranquilles d’été, la brume moite étend sur l’horizon son voile gris de perle ; la mer a la couleur d’une ardoise pâle, et les navires, ouvrant leur voilure, avancent patiemment dans la vapeur. […] En ce moment et dans cette belle saison, surtout le cercle de l’horizon, les nuages montent ternis, blafards, bientôt semblables à une fumée charbonneuse, quelques-uns d’une blancheur éblouissante et fragile, si enflés qu’on les sent prêts à fondre.
De quelle manière touchante il prévint encore, au printemps de 1859, dans les journaux, le public de tous les continents de s’abstenir désormais, au moment du déclin de ses jours, de ces nombreux envois de toutes sortes, de ces invitations à critiquer, à conseiller, à recommander les choses les plus hétérogènes ; enfin de ne pas regarder sa maison comme un comptoir public d’adresses ! […] » V Aucune préoccupation religieuse ne se manifesta en lui à ses derniers moments. […] « Nous ne connaissons », dit Guillaume de Humboldt, dans un travail encore inédit sur la diversité des langues et des peuples, « nous ne connaissons, ni historiquement, ni par aucune tradition certaine, le moment où l’espèce humaine n’ait pas été séparée en groupes de peuples. […] C’est là, en effet, ce qu’il y a dans l’homme de touchant et de beau, cette double aspiration vers ce qu’il désire et vers ce qu’il a perdu ; c’est elle qui le préserve du danger de s’attacher d’une manière exclusive au moment présent. […] « Les moyens propres à répandre l’étude de la nature consistent, comme nous l’avons dit déjà, dans trois formes particulières sous lesquelles se manifestent la pensée et l’imagination créatrice de l’homme : la description animée des scènes et des productions de la nature ; la peinture de paysage, du moment où elle a commencé à saisir la physionomie des végétaux, leur sauvage abondance, et le caractère individuel du sol qui les produit ; la culture plus répandue des plantes tropicales et les collections d’espèces exotiques dans les jardins et dans les serres.
Que ne puis-je, en nommant ici les plus aimables, les rappeler de même, et moi avec elles, à l’âge heureux où nous étions lors des moments aussi doux qu’innocents que j’ai passés auprès d’elles ! […] Permettez-moi donc de converser quelques moments avec vous et de parcourir votre demeure. […] Mes inquiétudes augmentent à mesure que la nuit s’avance ; et lorsqu’elle est près de finir, mon agitation est telle que je ne sais plus que devenir : mes pensées se brouillent ; j’éprouve un sentiment extraordinaire que je ne trouve jamais en moi que dans ces tristes moments. […] Je n’avais jamais éprouvé de ces moments affreux lorsque ma sœur vivait ; il me suffisait de la savoir près de moi pour être plus calme, et la seule pensée de l’affection qu’elle avait pour moi suffisait pour me consoler et me donner du courage. […] C’est un secret de famille, qui ne sera révélé au monde que plus tard ; n’anticipons pas le moment.
C’est ce que vous trouverez encore dans cette Neuvième Époque de Jocelyn qui, à elle seule, serait un des plus beaux poèmes de notre langue : l’épisode des Laboureurs n’est pas un tableau de la vie rustique, c’est une ode magnifique au travail, distribuée largement en six couplets d’alexandrins, qui alternent avec des strophes lyriques ; la continuité sereine et forte du travail champêtre est partagée par le poète en six moments, où son regard se pose sur l’effort des hommes ; et, embrassant d’une vue leur œuvre, son âme s’envole aussitôt dans la méditation ou la prière. […] Il lègue, fier et rasséréné, son œuvre à l’attention de la postérité, au moment même où il va s’en aller en Dieu ou au néant. […] Le peuple n’avait pas attendu ce moment pour adopter le chansonnier : au fond, le peuple est très bourgeois. […] La chanson de Béranger est récit ou drame ; et chaque couplet met en lumière un des moments principaux de l’action. […] Assez indifférent à la politique, et dédaigneux des hommes politiques, il eut pourtant un moment, après 1830, l’idée d’entrer dans la diplomatie, et il fut candidat à la députation en 1848.
je l’aimais tout de même ; je l’ai vu parfois si charmant 1 Il y avait des moments où un mot de lui vous faisait pâmer de rire. […] Je l’ai connue dans ses dernières années, gardant toujours la mode du moment où elle devint veuve. […] Un signal devait les avertir du moment où la tête tomberait, pour que tous fussent en prière quand l’âme de la martyre serait présentée par les anges au trône de Dieu. […] Quoiqu’elle eût un respect instinctif pour Système, elle me disait toujours : « C’est un vieux terroriste. je me figure par moments l’avoir vu en 1793. […] Elle était toujours gentille pour moi, mais il y avait par moments chez elle une nuance d’ironie qu’elle ne dissimulait pas et qui ne faisait que me la rendre plus charmante encore.
James, « est extrêmement simple » ; elle concerne simplement la quantité d’attention ou de consentement à une idée que nous pourrons réaliser à un moment donné. […] Soit qu’on pût ou non prévoir les choses, soit qu’il y eût ou non une intelligence capable de les calculer, soit qu’elles fussent ou non accessibles à l’intelligence, le déterministe soutient que, sous le rapport de l’être et non du connaître, elles étaient déterminées au moment même où elles se sont produites et comme elles se sont produites. […] « Il ne saurait être question, dit-on, ni de prévoir l’acte avant qu’il s’accomplisse, ni de raisonner sur la possibilité de l’action contraire une fois qu’il est accompli ; car se donner toutes les conditions, c’est, dans la durée concrète, se placer au moment même de l’acte et non plus prévoir. » — Sans doute on se donne toutes les conditions, mais idéalement ; on sait que, quand toutes les conditions seront données, y compris telle condition ultime, l’acte aura lieu ; en quoi cette prévision est-elle chimérique parce que toutes les conditions prévues n’existeront qu’au moment même de l’action ? Niera-t-on aussi la possibilité de prévoir une éclipse de soleil, parce que ce serait se donner d’avance toutes les conditions, y compris l’intercalation de la lune entre le soleil et la terre, qui ne sera donnée qu’au moment même de l’éclipse ?
Je ne professe pas avec vous, je cause, et si l’abandon de la conversation m’entraîne vers quelques-uns de mes souvenirs, je ne m’abstiens ni de m’y reposer un moment avec vous, ni d’allonger le chemin en prenant ces sentiers, quand ces sentiers ramènent indirectement mais agréablement à la route. […] Ses lèvres articulaient à peine un léger et imperceptible mouvement ; mais ses yeux tour à tour baissés sur la page ou levés vers le ciel, la pâleur et la rougeur alternative de ses joues, ses mains qui se joignaient quelquefois en déposant pour un moment le livre sur ses genoux, l’émotion qui gonflait sa poitrine et qui se révélait à moi par une respiration plus forte qu’à l’ordinaire, tout me faisait conclure, dans mon intelligence enfantine, qu’elle disait à ce livre ou que ce livre lui disait des choses inentendues de moi, mais bien intéressantes, puisqu’elle, habituellement si indulgente à nos jeux et si gracieuse à nous répondre, me faisait signe de ne pas interrompre l’entretien silencieux ! […] Les murmures, les bruits, les voix du chemin cessent un moment, et à travers ce grand silence on entend la nature muette palpiter de reconnaissance et de piété devant son Créateur. […] J’entrevis de ce moment-là tout ce qu’il devait y avoir de vie dans cette mort apparente de livres couchés dans la poussière, et tout ce qu’il devait y avoir d’entretien dans ce silence. […] venait à arrêter un moment ma plume, l’outil assidu que j’use pour eux, ces braves amis péricliteraient avec moi ; ils seraient obligés de chercher dans mes cendres leur fortune ; ils la retrouveraient tout entière, sans doute, mais ils ne la retrouveraient que sous mes démolitions.
C’est ainsi que l’étude de la nature, l’étude de l’histoire, l’étude de l’esthétique, l’étude de toute chose, ne devient une véritable science que du moment où les faits qu’elle comprend ont été ramenés à des lois plus ou moins susceptibles d’être traduites en formules. […] Pour le moment, voyons à l’œuvre la méthode physiologique. […] Restons pour le moment dans le sens commun et dans l’expérience intime. […] Où trouver un esprit plus lucide que chez Pascal, une logique plus ferme, une pensée plus réfléchie et plus maîtresse d’elle-même à tous les moments de son existence maladive et tourmentée ? […] Bien qu’il soit vrai qu’à tout moment de sa vie normale l’homme se détermine librement à telle ou telle action, il ne l’est pas moins qu’il ne veut guère et ne veut peut-être jamais sans être sollicité par un mobile ou un motif quelconque.
La pensée c’est le moment éternel. […] — « Une œuvre d’art est un moment de supériorité » a dit très bien M. […] Deux tableaux frappent, en ce moment, ma mémoire. […] Ensuite, du moment que M. […] Ils se taisent un moment.
Mais ces moments de colère sont rares, et il s’attriste plus souvent qu’il ne s’indigne. […] Ce n’est pas le moment de faire les difficiles quand nous acceptons la fortune du pot. […] Si une occasion se présentait à nous à ce moment-là, qui sait ? […] Du moment où elle l’aime, elle a besoin de son estime. […] Il a eu cependant quelques très bons moments dans la scène capitale.
Il s’appliqua, de tout son cœur, à étudier un ou deux moments de l’histoire des religions. […] Tous, à certains moments, nous avons trouvé sa science cruelle et sa séduction dangereuse. […] Il nous entretient de milieux, de races, de moments. […] Pour le moment, ce décalque est net, clair, impitoyable. […] Du moins il l’est en ce moment.
Il semble qu’il faille reporter aux environs de 1850 le moment où il s’est posé devant les meilleurs esprits. […] Pour corriger l’effet de cette pression quotidienne, à quel moment a-t-on suscité chez lui le sens de la responsabilité individuelle ? […] Il suffit d’admettre que toute mentalité a ses lois nécessaires, et qu’un honnête homme comme Mgr Myriel, du moment qu’il demeure évêque, croit à l’Eglise. […] Une nouvelle est comme un moment découpé sur la trame indéfinie du temps ! La durée qui a précédé ce moment et celle qui le suit lui restent extérieures.
Par moments, il semble qu’on se promène sous des pommiers en fleurs et qu’une brise tiède fait pleuvoir sur nous ce que Victor Hugo a si admirablement appelé « la neige odorante du printemps ».
Voyez, dans sa Mort du Juif-Errant, qui est un curieux poème philosophique, comme il décrit et le personnage et les premiers moments de l’entrevue qu’il suppose avoir eue avec lui… N’est-ce pas la forme même teintée d’un léger archaïsme qu’André Chénier aimait si fort, et jusqu’à la périphrase d’un tour un peu trop élégant, n’est-elle pas celle dont André Chénier avait le culte un peu superstitieux ?
Je la supplie seulement de considérer que beaucoup de choses pourront lui paraître superflues pour le moment qui deviendront nécessaires avec le temps, avant même la fin de son règne, s’il dure autant qu’elle me l’a promis.
Si nous pouvions, par un tour de tête original, voir les hommes en scène, prendre le monde pour ce qu’il est, un théâtre, nous nous épargnerions bien des moments d’humeur.
Veut-on un moment se faire une juste idée de la force des regles et de celle de l’usage ? […] Nous instruisons un moment, mais nous avons long-tems séduit. […] Pouvoit-il soutenir un moment, non pas un simple soupçon, mais une pleine persuasion de son infidélité ? […] Pour ce qui vous regarde, réflechissez-y un moment ; et vous préviendrez sans doute mes raisons. […] Comment avez-vous pu penser un moment que l’unité d’action entrainât celle de lieu ?
Notre présent, il a l’éternité entière pour être du passé, il n’a que le moment actuel pour être du présent. […] c’est éprouver un plaisir présent, c’est vivre dans le présent, c’est éveiller le moment présent. […] Parce qu’il est dans un moment et dans un état d’action, et que l’action c’est la décision ; agir c’est être certain, ou bien faire comme si on était certain. […] Oui, je crains, par moments, que le maître, avec son magnifique style (il s’agit de Cousin !) […] Le moment viendra peut-être où on la verra aussi inutile et aussi mystérieuse que la chaîne de Moustiers, avec son étoile.
Ils ne crient jamais, ils parlent ou plutôt ils causent, et jusque dans les moments où l’âme bouleversée devrait, à force de trouble, cesser de penser et de sentir. […] C’est donc une littérature française qui en ce moment s’établit au-delà de la Manche99, et les conquérants font effort pour qu’elle soit bien française, bien purgée de tout alliage saxon. […] La vie à ce moment, en dehors de la guerre et même pendant la guerre, est une grande parade, une sorte de fête éclatante et tumultueuse. […] C’est à ce moment, comme aussi en France sous Louis d’Orléans et les ducs de Bourgogne, que s’épanouit la plus élégante fleur de cette civilisation romanesque, dépourvue de bon sens, livrée à la passion, tournée vers le plaisir, immorale et brillante, et qui, comme ses voisines d’Italie et de Provence, faute de sérieux, ne put durer. […] Car, regardez le contraste qu’ils font en ce moment avec leurs voisins.
« Si en ce moment sa blanche main fut pressée par tendre affection de cœur, je l’ignore. […] depuis ce moment elle ne le vit plus jamais vivant. […] Elle sentit en ce moment le premier coup de la douleur. […] « Elle dit : « Mon seigneur Sigemunt, laissez là ce projet jusqu’en des moments plus opportuns. […] « J’ignore ce qu’Etzel dit en ce moment.
Le roman-feuilleton joue donc, en quelque sorte, à ce moment de notre existence sociale, le rôle d’un abécédaire perfectionné et orné d’images en taille douce. […] M. de Balzac a déjà produit énormément et tout nous porte à espérer que le moment du repos n’est pas encore venu pour lui. […] À ce moment sérieux pour nous, nous ressentons comme une crainte d’avoir été trop sévère, et feuilletant les volumes que nous avons sur notre table, nous nous souvenons des impressions charmantes que nous leur avons dues ; cette pensée nous fait réfléchir. […] Théophile Gautier travaille en ce moment à rendre plus saillantes, et si nous osions le dire, plus grotesques que par le passé, les taches déjà trop grandes que nous avons relevées dans son talent. […] Heine est tout à fait de circonstance, car, en ce moment, on élève par souscription, sur le lieu présumé de la bataille libératrice, une statue colossale du vainqueur.
— Il se fait en France un grand mouvement de réimpressions, de traductions de toutes sortes d’ouvrages, ou plutôt ce mouvement, favorisé par l’invention des petits formats dits formats-Charpentier, se continue et s’achève en ce moment.
Jules Janin Le prêtre, le cloitre, la chapelle, la première communion, le refuge, la semaine sainte, émotions du moment mêlées d’une façon intime aux émotions toutes personnelles, vous les retrouvez à peu près les mêmes dans tous les recueils de cette époque, mais jamais elles n’ont été plus vraies que dans les vers d’Alexandre Guiraud… À tout prendre, la vie de ce poète, si calme dans son travail, si recueilli dans son succès, si modeste dans son triomphe, fut une vie heureuse, facile, abondante, entourée d’estime, de bienveillance, d’amitié.
Il a enfermé, d’une main singulièrement délicate, des sentiments exquis dans des vers achevés ; il faut autre chose dans le bruit du moment, mais cela suffit pour rester.
Il y a dans ces machines un moment où le coude de la manivelle rend la position du bras de levier très-haute ; il faut alors ou que l’homme abandonne la manivelle ou que ses bras puissent atteindre à cette hauteur, les poings fermés, sans quoi la machine revient sur elle-même et le poids redescend.
Il avait été blessé au moment qu’il commandait encore : « En avant ! […] Le roman de La Vie secrète marque le moment où M. […] Ne l’est-elle plus, à partir du moment où M. […] Au romantisme, — et l’on n’est pas juste pour le romantisme, en ce moment : ce n’est qu’un moment à passer, — M. […] À ce moment, l’esprit n’a-t-il pas sa fraîcheur ?
J’ai vu le moment où on allait le chercher à l’Odéon pour me venir tenir compagnie dans le cachot. […] En ce moment, il avait oublié son ambition, sa croix. […] Ce plan me paraissait alors avoir quelque grandeur et je crus un moment ne point lavoir trop mal exécuté. […] Avez-vous peur de ce moment du soir où, sous la pluie et la neige, on ne sait pas dans quel gîte dormir ? […] Pour quiconque consent à s’efforcer un moment.
Celles de Taine, à ce moment où l’école le domine encore, sont en sommeil. […] Il ne vient à l’esprit que si, comme j’ai été obligé de le faire, on réfléchit un bon moment sur les mystères de ce mécanisme. […] Quelle leçon, non pour lui-même, mais pour ceux qui, d’après ses insidieuses déductions, auraient eu, l’espace d’un moment, l’illusion qu’ils allaient apprendre à écrire ! […] Après un moment d’ivresse puisée dans les vignes étrangères, l’esprit de la race retourne au vin natal, à la tradition, A la paix, — parfois au sommeil ! […] En ce moment il y a un goût pour l’antique en littérature, qui nous indique peut-être le point du cycle des trucages où le serpent va se remordre la queue.
En vous disant adieu, malgré moi je soupire, On voit tomber mes pleurs en ce fâcheux moment ; Je sens deux passions, quoiqu’inégalement, Régner sur mon esprit avec beaucoup d’empire.
Car il y a des moments qui valent tout, et la vie est composée de moments. […] Socrate arrive au même moment. […] … Je crois bien que cela est délicieux… Mais, à ce moment, des colombes s’envolent de la tour. […] A un moment, quelqu’un s’est tourné vers la loge présidentielle et a crié que c’était scandaleux. […] Vous savez que le moment le plus gai de la journée est celui de la proclamation des prix et des accessits.
Pour cela, nous n’avons qu’à suivre les voyageurs des deux pays qui à ce moment franchissent la Manche. […] Un étranger qui en ce moment visiterait le pays ne verrait dans cette religion qu’une vapeur suffocante de raisonnements, de controverses et de sermons. […] Ses sermons ont l’air d’une conversation, d’une conversation du temps, et vous savez de quel style on causait à ce moment en Angleterre. […] Elle pullule à ce moment en Angleterre. […] Les sciences morales se dégagent en ce moment de la théologie.
Si la guerre s’allume au sein de l’incorruptible Vérité, de la Substance morale, c’est parce qu’en tombant dans le monde de la réalité et de l’action elle s’est dispersée çà et là et comme éparpillée dans des passions individuelles, qui, n’ayant part chacune qu’à un moment exclusif de l’unité de son essence, se déterminent, s’opposent et se contredisent. […] Quant aux acteurs visibles, puisque chacun d’eux ne renferme en lui-même qu’un moment de l’Unité divine, ils doivent, sans être de pâles et froides allégories, manquer de richesse intérieure. […] Mais ce n’est pas dans le pays de l’harmonie qu’il faut chercher le moment principal de cette prosaïque dissolution de la beauté, de ce dualisme intérieur de l’art, qu’on appelle proprement la satire. […] Le moment où l’Esprit universel, dans son développement qui constitue l’histoire absolue, entre en harmonie avec, lui-même, est marqué par l’apparition de Dieu sur la terre. […] Car il n’y a que ces deux moments principaux de l’action qui puissent, dans la division de la poésie dramatique, s’opposer l’un à l’autre comme genres différents.
quand viendra cet heureux moment ! […] Je venais de donner en ce moment un coup de pied à un petit garçon français, qui m’avait fait une sottise, et qui alla se cacher dans les jambes du roi ; ce qui le fit beaucoup rire. […] Il lui commanda une œuvre de sculpture dont il décorait en ce moment la Logia de Lanzi, espèce d’amphithéâtre couvert, mais en plein air, où l’on exposait à perpétuité les œuvres immortelles des artistes toscans à l’admiration et à la gloire du peuple sur la place du Gouvernement. […] J’en fis, un moment après, quatre, que je priai M. […] Le moment arrivé, je courus au palais ; mais, comme les mauvaises nouvelles viennent plus vite que les bonnes, M.
Il ne l’occupa qu’un moment. […] C’est le moment que choisirent les ennemis naturels d’Alexandre pour s’élever contre sa mémoire et pour tourner contre lui des rancunes et des reproches égaux au moins à l’immensité de sa gloire. […] Il y a des moments, en révolution, où l’on a également à redouter ses amis et ses ennemis. […] Avec lui ne mourut pas un homme, mais une doctrine, qui ne disparut un moment que pour faire explosion dans le monde, lorsque plus tard Sylla vint s’emparer d’Athènes, et qu’ayant retrouvé les innombrables manuscrits d’Aristote, il les remit à des collecteurs de dépouilles opimes pour les transporter à Rome et en remplir, jusqu’à nos jours, l’univers. […] Ainsi Socrate soutient qu’au moment même de la naissance, Dieu mêle de l’or dans l’âme de ceux-ci ; de l’argent, dans l’âme de ceux-là ; de l’airain et du fer, dans l’âme de ceux qui doivent être artisans et laboureurs.
Si l’enfant attrape le papillon posé sur la fleur, c’est que pour un moment il a rassemblé sur un seul point toute son attention, et il ne va pas au même instant regarder en l’air pour voir se former un joli nuage. […] C’est justement parce que nous voulons être davantage, et parce que nous introduisons partout avec nous un appareil de philosophie et d’hypothèses, que nous nous perdons. » Il y eut un moment de silence. […] Mais alors il s’agit de savoir si, à partir de ce moment jusqu’à son départ, l’oiseau a le temps suffisant pour sa mue. […] Ici, on se sent grand, libre comme la grande nature que l’on a devant les yeux ; on est comme on devrait être toujours. — Je domine dans ce moment une foule de points auxquels se rattachent les plus abondants souvenirs d’une longue existence. […] « Vous ne savez guère, me dit-il, à quelle place curieuse nous nous trouvons en ce moment.
Il y a l’entente bien plus profonde du grand homme qui commence à poindre, et dont Μ. de Cassagnac a très bien saisi et rendu le trait caractéristique, à ce moment de son action. […] C’est à la lumière de sa conception du pouvoir qu’il en a accepté ou repoussé les titulaires ; car la République de 1848 a vécu, et, quoique dans son règne dévoré d’un moment il y ait eu la place et le temps pour d’immortelles bassesses, Cassagnac ne s’est pas mis, lui, à ses pieds. […] Mais l’âge venu, et la maturité et l’apaisement, et, de tous les apaisements le plus grand, le mépris, que nous apprend si bien la vie, et le calme enfin, décisif et puissant, du lion qui se repose, ne serait-ce pas le moment pour Granier de Cassagnac d’aborder la grande, impartiale et profonde histoire ? […] À la force du bon sens qui le distinguait et qu’à partir de ce moment il ne faussa plus, Cassagnac ajoutait la force de caractère qui ne lui manqua jamais dans toutes les crises de la vie, et à cette force de caractère celle encore du sang-froid, que les gens à caractère n’ont pas toujours. […] À certains moments, ils pouvaient être atroces.
Il sera entendu que la direction est la même, du moment qu’on est convenu de dire que ce sont des progrès. […] L’extrême rareté des hommes politiques de quelque envergure tient à ce qu’ils doivent résoudre à tout moment, dans le détail, un problème que l’extension prise par les sociétés a peut-être rendu insoluble. […] A supposer que ce soit exact, il faudrait expliquer pourquoi c’est à partir d’un certain moment qu’on n’a plus voulu « crever de faim ». […] Mais le moment est venu de fermer notre trop longue parenthèse. […] La femme hâtera la venue de ce moment dans la mesure où elle voudra réellement, sincèrement, devenir l’égale de l’homme, au lieu de rester l’instrument qu’elle est encore, attendant de vibrer sous l’archet du musicien.
Trois heureuses journées littéraires I J’ai sur ma table aujourd’hui deux livres que je viens de lire avec un grand charme, et qui me convient, par ce charme même, à me distraire un moment de l’antiquité avec mes lecteurs, pour donner un regard à la jeune France poétique d’aujourd’hui. […] On s’y arrête un moment pour respirer la fraîcheur humide du bassin, et pour contempler les belles images renversées des frênes qui se peignent dans son miroir noirâtre, et pour voir les beaux insectes ailés appelés dans le pays demoiselles des lacs, patiner dans les rayons tremblotants de soleil sur la surface, semblable à l’acier, bleue et liquide, de l’étang. […] Par un heureux hasard, qui groupe de temps en temps les hommes comme les chênes, deux grands et charmants artistes dans des arts divers étaient en ce moment en visite ou plutôt en villégiature avec nous, sous ce même toit, sous ces mêmes chênes qui avaient abrité ensemble autrefois le génie adolescent de Victor Hugo et l’esprit péripatéticien et discinctus de Charles Nodier. […] Le vers se rabaisse en descendant du ciel ou du cœur aux misères fugitives du moment.
Je ne m’en accuse pas, je m’en glorifie ; il y a de ces inspirations qui jaillissent d’une seule voix, mais qui sont le cri du peuple et le salut du moment. […] J’avais entendu parler d’un ecclésiastique, nommé l’abbé Lambert, prêtre assermenté, ami de plusieurs Girondins, qui avait communiqué avec eux dans leur prison et assisté à leurs derniers moments jusqu’à l’heure du supplice. […] On l’a bien vu, quand, porté un moment, par le hasard de ma vie et des événements, à la place même où Robespierre avait reçu le coup de pistolet vengeur du sang qu’il avait demandé et qu’il demandait encore, mon premier acte politique a été de proposer au gouvernement de la seconde république, qui partageait mon impatience d’humanité, de porter le décret d’abolition de la peine de mort en politique, et de désarmer, en nous désarmant, le peuple de l’arme des supplices, qui déshonore toutes les causes populaires quand elle ne les tue pas. C’était un commentaire en action sans doute assez explicite, et j’oserai dire en ce moment, assez dévoué, de ma prétendue apothéose de Robespierre.
Ce serait un beau moment de poésie, et je regrette de n’en avoir aucune en train. […] « Hier s’est passé sans que j’aie pu te rien dire, à force d’occupations, de ces trains de ménage, de ces courants d’affaires qui emportent tous mes moments et tout moi-même, hormis le cœur qui monte dessus et s’en va du côté qu’il aime. […] « Je suis à mille choses qui remplissent tous mes moments de devoirs ou d’occupations. […] « Flageolet, hautbois, grosse caisse, rossignols, tourterelles, loriots, merles, pinsons, belle et grotesque symphonie du moment.
CLXIII Après avoir écouté un moment et cherché à voir dans la cour du haut en bas, à travers les triples nœuds des grilles entrelacées en guise de serpents qui s’étouffent en s’embrassant, je ne pus rien voir, mais j’entendis de plus en plus les secousses des chaînes rivées aux anneaux de fer, et qu’un prisonnier s’efforce toujours en vain d’arracher du mur. […] rien, monsieur, rien du tout pendant un moment qui me dura autant que mille et mille battements du cœur. Et cependant, pendant ce moment qui me parut si long à l’esprit, je n’eus pas le temps de reprendre seulement ma respiration. […] En ce moment, continua-t-il, nous n’avons que six prisonniers : quatre hommes et deux femmes.
Ô moment d’horreur et d’effroi ! […] Mais vous-même, me répondra-t-on, n’avez-vous pas cru, en 1848, que les lois sur la presse étaient abrogées, et qu’en les abrogeant, vous exposiez pour un moment la société républicaine à tous les périls ? […] LXIII La vie politique de M. de Chateaubriand ne fut plus, à dater de ce moment, qu’un jeu désespéré d’ambition ; la correspondance qu’il entretint de Rome et de Londres avec sa nouvelle amie, madame Récamier, en est la preuve. […] Cette mort fut douce et silencieuse comme le moment où l’âme confiante dans la miséricorde se jette avec tremblement dans le jugement de Dieu.
Je le définis par ses livres, ne le connaissant pas autrement ; je le prends dans les moments singuliers où il vit sa vie de poète, aussi vraie que l’autre. […] Il connut la rêverie sans tendresse, le sentiment de notre impuissance à l’égard des choses, la soif de rentrer au grand Tout, dont la vie un moment nous distingue, et, en attendant, la joie immobile de contempler de splendides tableaux sans y chercher autre chose que leur beauté. […] En effet, au moment du sacrifice, un étalon prend la place de la victime Maudite soit la vie ! […] Qu’on se rassure du reste : pas d’agir et de souffrir à certains moments — L’état d’esprit où nous met la poésie de M.
Sauf dans un petit nombre de pièces qui ont tiré de ces idées mêmes la force et le naturel qui les a fait durer, le fond et les détails sont fournis par le moment, par les mœurs, par le tour d’esprit particulier de l’époque. […] Les poëtes ne peuvent pas se passer du suffrage du moment ; ils sont esclaves de tout ce qui peut faire voler leur nom de bouche en bouche ils vont au-devant de la gloire, au risque de ne rencontrer que la vogue, ce vain enthousiasme d’aujourd’hui, auquel le dégoût succédera demain. […] Il était conseiller au parlement de Bordeaux à l’âge de 21 ans ; plus tard, gentilhomme de la chambre du roi Charles IX ; du reste, n’ayant pas connu l’ambition, dont sa fortune le dispensait ou, s’il en sentit un moment les atteintes dans sa jeunesse, s’en étant bientôt défait, « avec le conseil de ses bons amis du temps passé », y dit-il, et parce que l’ambition n’est convenable « qu’à celui à qui lafortune refuse de quoi planter son pied146. » Mais s’il n’en connut pas le principal mobile, il en put du moins considérer les objets d’assez près pour en porter des jugements purs d’illusions et de préventions. […] Ainsi en usent les hommes de génie avec des langues qui ne sont pas encore formées ; ils imitent les gens du peuple, toujours enfants même au sein des langues perfectionnées, lesquels, ayant plus d’idées que de mots pour les rendre, courent aux équivalents, aux comparaisons, aux figures, s’aidant de tout pour parler comme ils sentent, et se faisant dans la chaleur du moment une langue incorrecte mais vive expressive et colorée.
Pour le moment, elle est en galanterie réglée avec son neveu Arthur, jeune député fashionable, et avec le commandant Louis Guérin, fils légitime, quoique invraisemblable, de maître Guérin. […] C’est Cendrillon vieille et mère, mais transfigurée, elle aussi, et rayonnante, par moments, de beauté morale. […] L’inventeur arriverait trop tard, en tout cas : il manque le moment de prendre le premier rôle, comme il manque le train de Strasbourg. […] » répondait le parterre. « Attendez donc, s’il vous plaît. » Sur quoi, le More allait, dans la coulisse, se munir de la vessie à sang de boeuf, qu’il devait écraser sur la poitrine d’Hédelmone au moment voulu.
II Après le siècle de Louis XIV, il y eut en France, comme dans toutes les choses humaines, un moment d’intermittence et de repos du génie français ; puis ce caractère de bon sens, de bon goût et d’universalité qui caractérise, selon nous, la littérature nationale, se reproduit, se concentre et se manifeste tout à coup dans un seul homme, Voltaire. […] VI Un autre écrivain de la même date, Buffon, accomplissait au même moment pour la littérature française une autre mission presque parallèle : c’était la mission de façonner la langue littéraire à la science. […] XVI Quoi qu’il en soit, cette révolution, pour laquelle la France depuis deux siècles semblait avoir façonné sa langue claire, forte, polémique, oratoire, se concentra tout à coup avec toutes ses idées et ses nobles passions intellectuelles dans l’Assemblée Constituante, assemblée la plus littéraire qui ait jamais existé, véritable concile œcuménique de la raison humaine en ce moment. […] Les généreuses illusions sont toutes brûlantes au premier moment dans l’âme du peuple ; elles animent les premiers orateurs qui sortent du sein de ce peuple ; elles élèvent un instant ce peuple au-dessus de lui-même.
En un moment Eutrope tomba du comble de la grandeur dans l’extrémité de la misère. […] Un seul coup de vent a dépouillé cet arbre superbe de toutes ses feuilles, et après l’avoir ébranlé jusque dans ses racines, l’a arraché en un moment de la terre. […] Et maintenant, plus abandonné et plus tremblant que les derniers des malheureux, que les plus vils esclaves, que les prisonniers enfermés dans de noirs cachots, n’ayant devant les yeux que les épées préparées contre lui, que les tourments et les bourreaux, privé de la lumière du jour au milieu du jour même, il attend à chaque moment la mort, et ne la perd point de vue. […] Représentons-nous Massillon dans la chaire, prêt à faire l’oraison funèbre de Louis XIV, jetant d’abord les yeux autour de lui, les fixant quelque temps sur cette pompe lugubre et imposante qui suit les rois jusque dans ces asiles de mort où il n’y a que des cercueils et des cendres, les baissant ensuite un moment avec l’air de la méditation, puis les relevant vers le ciel, et prononçant ces mots d’une voix ferme et grave : Dieu seul est grand, mes frères !
Fatale ou libre dans son action, l’Italie n’en restera pas moins la grande Impuissante politique qu’elle a été à tous les moments de son histoire, et elle est vouée éternellement, malgré l’effort des hommes, à ce châtiment ou à ce destin 7 ! […] Très remarqué en ce moment (nous avons dit pourquoi), son livre actuel n’aura pas la vie plus longue que les faits morts qu’il a exhumés de la poudre des bibliothèques. […] Elle n’existerait pas, si nous n’étions pas nous-mêmes à ce moment des révolutions d’Italie où se sont élevés de nouveaux révolutionnaires dont cette histoire renverse les vues avec une cruelle ironie et décontenance les projets. Il n’y a qu’un moment, nous comparions M.
J’ai cru un moment que ce drame serait politique, que la flamme des passions démocratiques allait s’y allumer, car M. […] Il est en ce moment, soyons fiers de notre patrie ! […] Émile Zola est, en effet, un de ces haïsseurs du catholicisme qui s’en croient en ce moment les fossoyeurs. […] L’abbé Mouret sort des bras de sa maîtresse d’un moment aussi vite qu’il y était entré, et croyez-vous que M.
Quelques-uns disent qu’il y avait une phrase qu’on n’a pas imprimée : « Je viens apporter ici non plus des espérances, mais des regrets », quelque chose dans ce sens ; dans tous les cas, le roi l’a compris ainsi, et a eu un moment d’humeur.
Il fut, avec Philippe de Chennevières, l’auteur des Contes de Jean de Falaise , d’un groupe d’esprits rares qui forma un moment une sorte de petite école dont la Normandie aurait le droit d’être fière et qui eût fait plus de bruit si les gens du pays du cidre étaient aussi retentissants et ardents et hardis que les félibres méridionaux.
À ce moment son organe officiel, le Mercure de France, se fonde et le Symbolisme prend possession de la scène avec Paul Fort, qui crée le Théâtre d’Art.
Dans une autre circonstance, Dancourt étant sur le point de tomber dans un escalier qu’il ne voyoit pas, le même Monarque, à qui il parloit dans ce moment, le retint par le bras, en lui disant : Prenez garde, Dancourt, vous allez tomber ; puis se retournant vers les Seigneurs qui l’environnoient ; il faut convenir , leur dit-il, que cet homme parle bien .
Celui des Ruines de la foire Saint-Germain où le peintre a choisi le moment qui succède au danger ; où les braises ardentes éclairent les débris de l’édifice et les lieux circonvoisins ; où les hommes épuisés se reposent de leurs fatigues, et se remettent de leur effroi ; où les uns sont spectateurs oisifs, et les autres éteignent dans une mare d’eau des poutres, des solives à demi consumées ; où chacun travaille à reconnaître ses effets entassés pêle-mêle ; cette ruine, dis-je, a de l’effet.
Mme de Créqui connaît M. et Mme Necker, comme tout le grand monde de 1780 à 1789 les connut et les estima : elle n’est pas engouée des Necker au point où l’étaient la maréchale de Beauvau, la duchesse de Lauzun et tant d’autres grandes dames ; elle reste à cet égard bien en deçà ; son enthousiasme pour eux est très modéré ; elle sait même très bien les railler sur leur trop visible désir de rentrer au ministère : toutefois elle les estime, et il y a même un moment en 1788, après le renvoi du cardinal de Brienne, où, si elle compte sur quelqu’un pour rétablir le crédit public, c’est sur M. […] Si vous vouliez jeter sur le papier, à vos moments perdus, quelques réflexions sur cette matière, et me les communiquer, vous seriez bien payée de votre peine si elles m'aidaient à faire un ouvrage utile, et c’est à de tels dons que je serais vraiment sensible (il a les poulardes sur le cœur) : bien entendu pourtant que je ne m’approprierais que ce que vous me feriez penser, et non pas ce que vous auriez pensé vous-même. […] À un certain moment toutefois, vers l’âge de 44 ans, elle avait pris un parti absolu, celui de la dévotion, qui se marquait alors par une réforme dans la toilette, par les habitudes extérieures.
Ennuyé de perdre là mon temps à voir faire des grimaces, je profitai du moment qu’il regarda de mon côté, qui était celui de la porte : je m’avançai, lui mis le livre en main en lui faisant un court compliment ; à quoi, sans me dire un seul petit mot de M. de Meaux, il me répondit par cette dureté : « Vous m’avez bien pressé », o pour me reprocher mes paroles de ma précédente visite, où certainement je n’avais pas tort de lui avoir dit que les imprimeurs pressaient, parce que le livre était demandé et attendu avec impatience par le public… Je me retirai sans répliquer, bien résolu de ne paraître jamais, si je puis, à ce spectacle. […] Aussi est-il d’une maigreur extrême, le visage clair et net, mais sans couleur, disant lui-même : « On ne peut être plus maigre que je le suis. » Dans les conversations qui suivent, Le Dieu a soin de remarquer que l’archevêque se garde bien de dire jamais un seul mot au sujet de Bossuet, ni en bonne ni en mauvaise part, et, lors même que Le Dieu est interrogé par lui sur les circonstances de la mort de M. de Meaux, Fénelon, qui demande nommément quel prêtre l’a exhorté à ses moments suprêmes, n’y joint pas pour le défunt le moindre petit mot de louange. […] À partir de ce moment, il n’y a plus que des détails sur ses maux de pied.
Il faisait ses réserves sur le ton de la châtelaine ; il la trouvait par moments écrasante et bien tranchante. […] c’est comme un court mariage ; toujours et toujours ensemble, on se voit trop ; les défauts ne trouvent pas de coin pour se cacher : un enfant gâté, comme elle, de la nature et du monde, doit, certes, avoir les siens pour le matin, pour les moments de fatigue et d’ennui ; et je connais quelqu’un qui se cabre, lorsqu’il rencontre une tache chez les gens qu’il aime. […] Bonstetten, l’aimable, le léger, l’étourdi, l’éternellement jeune, sur lequel glissent les années et les chagrins, que la douleur n’atteint pas, « car l’imagination est le fond de son être, c’est par elle qu’il est sensible et par elle qu’il est consolé » ; Bonstetten, qui, dans un temps loge avec Sismondi sons le même toit, et qui le taquine souvent ou le désole par ses malices, par ses pétulances, par ses frasques ; à qui ridée prend subitement un jour de demander la mère de son ami en mariage ; Bonstetten qui a au moins vingt-cinq ans de plus que lui, et que Sismondi ne peut s’empêcher cependant de regarder, comme un jeune homme qui lui serait recommandé et confié ; le même « qui oublie, il est vrai, ses amis à tous les moments du jour, mais qui, aussi, ne les abandonne jamais » ; cet espiègle qui communique quelque chose de sa vivacité et de son genre d’esprit à tous ceux qui veulent le définir, Bonstetten n’est qu’un contraste : Schlegel était une antipathie.