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1574. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — L’abbé Boileau, et Jean-Baptiste Thiers. » pp. 297-306

On disoit qu’il s’étoit étrangement oublié dans son livre ; qu’il ne l’avoit fait que pour être lu des petits maîtres ; que ses contes étoient plus licencieux que ceux de la Fontaine.

1575. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Troisième partie — Section 17, quand ont fini les représentations somptueuses des anciens. De l’excellence de leurs chants » pp. 296-308

Ce sac plus cruel dans toutes ses circonstances que les précedens, et qui fut la cause qu’on vit des femmes patriciennes mandier à la porte de leurs propres maisons, dont les barbares s’étoient rendus les maîtres, est la véritable époque de l’anéantissement presque total des lettres et des arts, que du moins on cultivoit toujours, quoique ce fut sans beaucoup de fruit.

1576. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre viii »

Les maîtres de la veille doivent s’agenouiller à leur tour et subir.

1577. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre quatrième. Du cours que suit l’histoire des nations — Chapitre VI. Autres preuves tirées de la manière dont chaque forme de la société se combine avec la précédente. — Réfutation de Bodin » pp. 334-341

. — Voici la formule éternelle dans laquelle l’a conçue la nature : lorsque les citoyens des démocraties ne considèrent plus que leurs intérêts particuliers, et que, pour atteindre ce but, ils tournent les forces nationales à la ruine de leur patrie, alors il s’élève un seul homme, comme Auguste chez les Romains, qui se rendant maître par la force des armes, prend pour lui tous les soins publics, et ne laisse aux sujets que le soin de leurs affaires particulières.

1578. (1910) Propos de théâtre. Cinquième série

Du reste, il travaillait toujours et commençait à être maître de son art qui à cette époque était uniquement la poésie lyrique. […] Elle était faite par ce maître professeur, M.  […] Toutes, comme Mme Aubray, marchent dans les pas sacrés qu’un doux et divin maître a laissés ineffaçables sur la poussière des siècles. […] Je ne veux pas de maîtres Non plus que de drapeaux. […] Mayer a une qualité rare au théâtre : la mesure ; il ne donne jamais dans aucun excès ; il est toujours délicat, sûr et distingué, parfaitement maître de lui et de tous ses effets.

1579. (1888) La vie littéraire. Première série pp. 1-363

Le maître les jette en pleine lumière. […] Si le seul maître qu’il reconnaisse, le souverain, lui résiste, il contient mal sa colère. […] Il eut beaucoup de maîtres. […] Le Maître est descendu au fond de l’immondice. » Ainsi parlent les Cinq. […] Son nouveau maître était un gentilhomme wurtembergeois au service de l’Autriche.

1580. (1907) Propos de théâtre. Quatrième série

Bien entendu, Richard Varney sert son maître beaucoup plus qu’il ne faut. […] Le tort de Musset, ou sa défaillance, c’est de ne pouvoir pas le soutenir aussi longtemps que son divin maître. […] Il rappelle La Fontaine, qui fut un des maîtres, des premiers et des derniers maîtres, de Musset ; il a lu de près les « proverbes » de Carmontelle et de Leclercq, où Musset a tant puisé, quelquefois avec une certaine indiscrétion. […] C’est là qu’il est un maître observateur et un maître peintre. […] Il est très vrai que nous aurions pu être surpris par ton seigneur et maître.

1581. (1910) Victor-Marie, comte Hugo pp. 4-265

déjà je le défendais toujours ; nous n’étions pas encore dans la bonne cinquième de notre maître M.  […] Nous ne sommes pas seulement les maîtres de cette heure. Nous sommes les maîtres de ce mot. […] Lui le cruel analyste, le maître de cruauté il sentit mieux que personne cette cruauté suprême, la seule irréparable peut-être, la cruauté du don. […] Ces maîtres que nous avons tant aimés, si finalement, que sont-ils devenus.

1582. (1857) Réalisme, numéros 3-6 pp. 33-88

(Lettre du maître de l’établissement à M.  […] C’est l’esprit poétique qui inspire, par exemple, des poésies comme celle du Maître d’études : Le maître d’études a « l’esprit des vieux Romains, il est un flambeau, un destin tronqué, un matin noyé dans les ténèbres, il a des yeux funèbres, il est sans oiseaux dans son ciel, sans amours dans son cœur. […] Mais l’influence des vieux maîtres était toujours là, dominatrice, malgré lui. […] Le maître avait vu dans le chat je ne sais quel emblème et dans le chien un abîme d’impuretés : M. Toussenel débute par déplorer l’erreur du maître.

1583. (1901) Figures et caractères

Un oncle de Michelet était chanoine du chapitre, son grand-père, maître de chapelle. […] C’est bien ainsi que travaillait le Maître. […] Il est son maître. […] Ils sont les maîtres et intéressent à eux-mêmes ; pour cela il leur suffit de se laisser voir vivre. […] Le château, même remanié par les successeurs de son premier maître, garde la forte empreinte du vieux souverain.

1584. (1857) Cours familier de littérature. IV « XXIIe entretien. Sur le caractère et les œuvres de Béranger » pp. 253-364

Moi, pour braver des maîtres exigeants, Le verre en main, gaîment je me confie         Au Dieu des bonnes gens. […] Nous ont crié : Venez, soyez nos maîtres ! […]   Longtemps aucun ne l’a cru ;   On disait : Il va paraître ;   Par mer il est accouru,   L’étranger va voir son maître. […] Le peuple, en me voyant rentrer dans son sein, ne se défiera pas de moi, et j’aurai plus d’empire sur lui dans ses propres rangs que je n’aurais d’ascendant sur les bancs de ses maîtres. » Ce furent évidemment là ses pensées ; je ne les approuve pas, je les explique. […] Ils venaient, leur rouleau crasseux sous le bras, solliciter un encouragement du maître.

1585. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Charles Labitte »

Fauriel, le maître et le guide par excellence en ces domaines étrangers. […] On a imprimé plusieurs des discours d’ouverture prononcés par lui, et dans lesquels, pour le tour des idées et la forme de l’érudition, il semblait d’abord marcher sur la trace de cet autre agréable maître M.  […] Toutes ces paroles ne sont que rigoureusement justes appliquées à Charles Labitte, et celles-ci le sont encore241, que je détourne à peine : « Fidèle à la tradition, reconnaissant des aînés et même des maîtres (pour mieux le devenir à son tour), qu’il ressemblait peu à nos autres jeunes gens !

1586. (1862) Cours familier de littérature. XIII « LXXIVe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins (5e partie) » pp. 65-128

Jésus-Christ, répétait-il souvent en s’inclinant avec respect à ce nom, Jésus-Christ est notre maître à tous ! […] Je n’avais pas assez sondé alors moi-même le creux vide de ces axiomes ; plein de Platon et de Fénelon à cette époque, je n’avais pas assez lu Aristote et Montesquieu, ces maîtres du vrai en politique. […] Il n’en fut ni l’auteur, ni le maître, ni le Judas, ni le Cromwell.

1587. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Livre I. Littérature héroïque et chevaleresque — Chapitre I. Les chansons de geste »

Ils ont vécu, ce Raoul qui, se faisant adjuger par le roi Louis l’héritage de Herbert de Vermandois, envahit le pays qu’il veut posséder, saccage et brûle, un vendredi saint, la ville d’Origny, avec son monastère et ses nonnes, qu’il promettait tout à l’heure d’épargner, qui, tout échauffé de cette atroce exécution, tout joyeux et de grand appétit, n’ose manger de la viande, quand son sénéchal en se signant lui remémore qu’« il est carême » ; ce Bernier, écuyer de Raoul, fils d’un des quatre fils de Herbert, qui, fidèle à la loi féodale, suit son maître contre son frère et ses oncles, voit sa mère brûlée sous ses yeux dans le monastère où elle s’est retirée, et renonce seulement son hommage quand Raoul, échauffe par le vin, l’a à demi assommé pour avoir trop haut regretté l’incendie de son pays et la mort de sa mère. […] L’embuscade dressée aux nouveaux mariés, le combat dans la lande tandis qu’il y a fête au château, Bègue laissé pour mort, sa jeune femme couchée sur son corps et se lamentant, la triste arrivée du cortège où le maître est porté sur une civière, le conseil des médecins, dont le plus vieux commande d’abord qu’on éloigne la jeune femme qui troublerait le malade : ce sont des scènes qui ont vie et mouvement. […] Vivien a son petit frère qui demande à le venger, et l’enfant Guibelin, au siège de Narbonne, assomme son maître pour aller se jeter dans la mêlée, où il est tué par les Sarrasins42.

1588. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « M. Taine » pp. 305-350

N’était-elle vraiment plus, quand la Révolution la prit, pour trouver à sa place Coblentz et la Vendée, qu’une société de maîtres à danser ? […] Il n’eut pas la force de réagir contre la poignée d’abjects scélérats qui furent ses maîtres comme jamais il n’avait eu de maîtres… et si, un jour, ils périrent, ce ne fut pas lui qui les tua, ce furent eux qui s’entre-détruisirent !

1589. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Mézeray. — II. (Fin.) » pp. 213-233

On sait la célèbre réponse du premier président Achille de Harlay au duc de Guise, qui lui vient demander son concours dès le soir même du triomphe des Barricades : « C’est grand pitié quand le valet chasse le maître, etc. » Faisant quelque mention de cette réponse, Mézeray ajoute : Toutefois ceux-là sont plus croyables qui racontent que ce sage magistrat, usant d’un procédé plus convenable à un temps si dangereux, écouta patiemment ses excuses et les offres qu’il lui fit pour le maintien de la justice, le remercia de la bonne intention qu’il lui témoignait de ne s’éloigner jamais du service du roi, et l’exhorta de la confirmer par de bons effets, afin de rejeter tout le blâme de cette journée sur le front de ses ennemis. […] Par exemple, il dira en un endroit, d’un des serviteurs infidèles du roi Antoine de Navarre : « François d’Escars, homme qui se vendait à tout le monde pour de l’argent, hormis à son maître… » J’avais noté bien d’autres remarques à faire sur les divers caractères et mérites de cette Histoire, mais il faut se borner et laisser quelque chose à ceux qui prendront le même chemin.

1590. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « M. de Stendhal. Ses Œuvres complètes. — II. (Fin.) » pp. 322-341

Il y a profusion, à la fin, de balles et de coups de tromblon qui tuent l’infidèle ainsi que son valet de chambre : « ils étaient percés de plus de vingt balles chacun », tant on avait peur de manquer le maître. […] L’étude première n’avait rien fait chez lui pour suppléer à ce défaut ; il n’avait pas eu de maître, ni ce professeur de rhétorique qu’il est toujours bon d’avoir eu, dût-on s’insurger plus tard contre lui.

1591. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) «  Œuvres de Chapelle et de Bachaumont  » pp. 36-55

Il appartenait à la même bourgeoisie parlementaire, étant le fils, mais le fils naturel, d’un maître des comptes appelé L’Huillier. […] La phrase y peut paraître longue, traînante, et c’est là une lettre persane qui ne ressemble en rien assurément pour la forme à celles de Montesquieu ; mais le fond est d’un grand sens, et consulté par Chapelle, il lui répond en le mettant de son mieux en garde contre les principaux défauts auxquels il le sait bien sujet, et aussi contre les conclusions où va trop volontiers la philosophie de Gassendi, leur maître commun.

1592. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « II » pp. 21-38

C’était un coup de maître de se donner pour vassaux plusieurs de ceux qui, sans cela, n’auraient pas été fâchés de l’inquiéter à deux pas de là comme membres du souverain. […] D’Olivet, ancien professeur de Voltaire, s’était mis à étudier Racine en grammairien et y avait relevé toutes sortes de fautes : Mon cher maître, lui écrivait Voltaire, je vous trouve quelquefois bien sévère avec Racine.

1593. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Divers écrits de M. H. Taine — I » pp. 249-267

Les caractères, suivant lui, les personnages des fables de La Fontaine, quels qu’ils soient, animaux, hommes ou dieux, ce sont toujours des hommes et des contemporains du poète ; et il s’applique à de démontrer, en parcourant les principales catégories sociales, roi, courtisans, noblesse, clergé, bourgeoisie, peuple, et en les retrouvant en mille traits dans sire lion, dans maître renard, maître Bertrand, ours, loups, chats et rats, mulets et baudets, etc., etc. […] Cette supposition, au premier abord, pourrait intimider ; mais un peu de timidité ne messied pas en abordant les maîtres qu’on admire.

1594. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Correspondance de Béranger, recueillie par M. Paul Boiteau. »

Oui, cher maître, il en est ainsi de nous autres écrivains. […] Il raisonne sur Racine, Corneille, Molière, La Fontaine, et Mme de Sévigné, en maître élémentaire consommé ci comme il y en a peu.

1595. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Maurice et Eugénie de Guérin. Frère et sœur »

Cet état de langueur a bien des charmes, et ce mélange de verdure et de débris, de fleurs qui s’ouvrent sur des fleurs tombées, d’oiseaux qui chantent et de petits torrents qui coulent, cet air d’orage et cet air de mai font quelque chose de chiffonné, de triste, de riant, que j’aime… » Ne reconnaissez-vous pas le paysagiste d’instinct, qui se joue et qui s’essaye, sans maître, et auquel il faudrait bien peu de chose, — seulement un cadre, plus grand, — pour devenir, un maître en son genre, et lutter peut-être avec notre grand paysagiste du Berry ?

1596. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Gavarni (suite et fin.) »

On ne peut apprécier ce maître par ce que nous avons en France. […] Dans la première moitié de son œuvre, on a un charmant petit maître dont le crayon se joue aux costumes et aux ridicules : dans la seconde, c’est un dessinateur vigoureux, coloré, d’un grand caractère, un vrai peintre par le génie du crayon.

1597. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Le maréchal de Villars. »

Louis XIV cependant voulait qu’on fît quelque chose : lui qui avait recommandé la prudence et d’éviter une affaire générale tant que la négociation se poursuivait avec l’Angleterre, il exigeait maintenant qu’on tentât plus qu’on ne le faisait, et qu’on jetât le dé plus hardiment : « Mon intention, mandait-il à Villars le 21 juillet, n’est pas de vous engager à faire ce qui est impossible ; mais, pour tout ce qu’il est possible d’entreprendre pour secourir Landrecies et empêcher que les ennemis ne se rendent maîtres de cette place, vous devez le faire ; votre lettre n’explique point en quoi consiste le désavantage qui peut se trouver en attaquant les ennemis entre la Sambre et le ruisseau de Prisches39. […] Selon Montesquiou40 qui, non content de tirer tout de son côté, accuse Villars d’incertitude pendant l’opération même, ce maréchal aurait eu l’idée de s’arrêter lorsqu’il apprit de M. de Vieuxpont, à cinq heures du matin, qu’on ne pouvait être à l’Escaut avant huit heures : « Comme il était grand jour, M. le maréchal de Villars crut que, le prince Eugène pouvant voir notre marche, c’était un obstacle invincible à notre entreprise ; en conséquence, il ordonna aux officiers du campement d’arrêter l’armée et de la faire camper où elle se trouvait ; ce qu’ayant appris, j’allai joindre M. le maréchal de Villars, à qui je dis que l’armée des ennemis ne pouvant marcher à Denain qu’à notre vue par la hauteur de Quérénaing, sur laquelle on ne voyait personne, je le priais de vouloir bien toujours marcher sur l’Escaut ; qu’y étant arrivés nous verrions si les ennemis marchaient à Denain ; que si on apercevait leur armée marcher et être à portée de secourir ce poste, nous serions toujours les maîtres de ne point passer l’Escaut et de camper, moyennant quoi il n’y avait nul risque à courir.

1598. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Don Quichotte (suite et fin.) »

Dans la préface de ses Nouvelles, supposant qu’un de ses amis aurait bien pu faire graver son portrait pour le placer en tête du livre, il donne de lui-même, et de ce portrait absent, la description suivante, quand il avait soixante-six ans (1613) : « Celui que vous voyez ici à la mine d’aigle, les cheveux châtains, le front uni et ouvert, les yeux gais, le nez courbé, quoique bien proportionné, la barbe d’argent (il n’y a pas vingt ans qu’elle était d’or), la moustache grande, la bouche petite, les dents pas plus qu’il n’en faut, puisqu’il n’en a que six, et celles-ci en mauvais état et encore plus mal placées, puisqu’elles ne correspondent pas les unes aux autres ; la taille entre les deux, ni grande ni petite, le teint vif, plutôt blanc que brun ; un peu haut des épaules sans en être plus léger des pieds ; celui-là, je dis que c’est l’auteur de la Galatée, de Don Quichotte de la Manche, le même qui a fait le Voyage du Parnasse et d’autres ouvrages qui courent le monde de çà de là, peut-être sans le nom de leur maître. […] Cette petite réunion d’adieux, dont le maître seul, avec un ou deux amis, avait le secret, se renouvela dix jours durant : après quoi il mourut, le onzième, comme à jour fixe.

1599. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Marie-Antoinette (suite.) »

Ces mots d’opposition et de motions sont établis comme au Parlement d’Angleterre, avec cette différence que lorsqu’on passe à Londres dans le parti de l’opposition, on commence par se dépouiller des grâces du roi, au lieu qu’ici beaucoup s’opposent à toutes les vues sages et bienfaisantes du plus vertueux des maîtres, et gardent ses bienfaits. […] Hors M. de Mirepoix, tous sont acccablés des dons et des grâces du roi, et personne ne les rend… Heureusement que tous les moyens sont encore dans les mains du roi et qu’il arrêtera tout le mal que les imprudents veulent faire. » On se croyait maître de la situation, on ne l’était déjà plus, et il y avait des hommes qu’on allait être obligé de subir.

1600. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Les fondateurs de l’astronomie moderne, par M. Joseph Bertrand de l’académie des sciences. »

Rien de plus humiliant pour l’esprit, et j’avoue que lorsqu’on se voit d’une telle infériorité (fût-on Voltaire ou Gœthe, car il n’y a guère ici de degrés), devant les maîtres de l’analyse, on est tenté de désirer que cette langue des nombres soit une de celles dont l’enseignement devienne obligatoire de bonne heure à toute intelligence digne et capable d’y atteindre. […] Comme on parle de tout sans avoir assez étudié, et que l’homme d’un seul livre est à redouter, quand on s’aventure, sans y prendre garde, sur le terrain où il est maître !

1601. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Correspondance de Louis XV et du maréchal de Noailles, publiée par M. Camille Rousset, historiographe du ministère de la guerre (suite et fin) »

L’inquiétude, le trouble même que d’Argenson montra à la réception de la lettre de l’abbé, me fait croire qu’il a eu part aussi bien que tous les autres ministres à la pitoyable conduite du maréchal. » De même que le roi avait des correspondances secrètes à l’insu de ses ministres, de même les ministres envoyaient des ordres secrets à l’insu du roi ; chacun se comportait en maître dans son tripot (c’est encore une expression de Mme de Tencin, qui s’y connaît, et qui était placée au foyer de toutes ces intrigues). […] Il sera consulté encore ; il siège au Conseil, il correspondra toujours avec le maître, il prendra une part essentielle aux Affaires étrangères et aura une ambassade de confiance et de famille en Espagne ; mais d’autres désormais prétendront à l’intime faveur et à l’exercice du pouvoir : la roue a tourné77.

1602. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « La comédie de J. de La Bruyère : par M. Édouard Fournier. »

Bossuet l’a tout d’abord pris par la main et patronné ; Despréaux l’a accepté, sauf une légère réserve ; Racine l’a tout à fait accueilli : et en même temps, il précède Montesquieu ; il l’annonce et le présage pour ses Lettres persanes, il reste son maître en ce genre. […] Il pouvait bien, dans sa personne et dans son geste, avoir des parties peu agréables : on ne se fait point soi-même ; mais, en écrivant, il était maître et exquis.

1603. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « HISTOIRE de SAINTE ÉLISABETH DE HONGRIE par m. de montalembert  » pp. 423-443

Mais qu’importe le nom de son maître ? […] les années, les souffrances, les échecs et les humiliations de l’amour-propre, tout ce qui aurait dû rabattre de son habitude agressive n’a fait au contraire qu’irriter en lui ces besoin, cette rage d’insulte et d’invective qu’il semble avoir retenus de son premier maître La Mennais et qui fait tache dans son noble talent.

1604. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre premier. La structure de la société. — Chapitre II. Les privilèges. »

Maître et propriétaire autrefois de tout leur bien et de tout leur travail, le seigneur peut encore exiger d’eux dix à douze corvées par an et une taille fixe annuelle. […] VIII. — Philippe Ier ne s’était rendu maître du château de Montlhéry qu’en mariant un de ses fils à l’héritière du fief.

1605. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre II. Les formes d’art — Chapitre III. Comédie et drame »

Autour de ses couples d’amoureux, Marivaux groupe diverses figures : les unes qui ont un air de réalité, sans être tout à fait prises dans la vie contemporaine, des pères indulgents et bonasses, des mères parfois tendres, plus souvent, et plus exactement, dures, grondeuses, acariâtres, des paysans trop spirituellement finauds et lourdauds ; les autres, types de fantaisie, des Arlequins, et des Trivelins, des Martons, et des Lisettes, valets et soubrettes délurés, à peine fripons, diseurs de phébus, et parodiant en bouffonneries quintessenciées le fin amour des maîtres. […] Aussi ne s’inspira-t-il pas de Molière, trop vif, trop populaire, même dans ses hauts chefs-d’œuvre : ses maîtres furent La Bruyère et Boileau.

1606. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre IV. Ordre d’idées au sein duquel se développa Jésus. »

Dieu étant le seul maître que l’homme doive reconnaître, payer la dîme à un souverain profane, c’est en quelque sorte le mettre à la place de Dieu. […] Les maximes fondamentales de l’école étaient qu’on ne doit appeler personne « maître », ce titre appartenant à Dieu seul, et que la liberté vaut mieux que la vie.

1607. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Discours sur l’histoire de la révolution d’Angleterre, par M. Guizot (1850) » pp. 311-331

Ce Discours est écrit de main de maître, mais aussi d’un ton de maître.

1608. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Le Livre des rois, par le poète persan Firdousi, publié et traduit par M. Jules Mohl. (3 vol. in-folio.) » pp. 332-350

J’ai vécu trente-cinq années dans la pauvreté, dans la misère et les fatigues, et pourtant tu m’avais fait espérer une autre récompense, et je m’attendais à autre chose de la part du maître du monde ! […] Roustem s’étonne d’avoir rencontré pour la première fois son égal, presque son maître, et de sentir son cœur défaillir sans savoir pourquoi.

1609. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Frédéric le Grand littérateur. » pp. 185-205

Quand on a lu certain portrait de Voltaire par Frédéric (1756), portrait tracé de main de maître en toute sûreté de coup d’œil et en toute nudité, on entre mieux encore dans le sens de cette phrase où il vient de dire que ce génie de séduction a de telles grâces, qu’il ressaisit bientôt ceux-là même qu’il a offensés et qui le connaissent23. […] De telles lettres rachètent bien quelques brusqueries de ton qu’on trouverait tout à côté et qui rappellent par accès la présence du maître ; elles répondent à ceux qui, ne prenant Frédéric que par ses duretés et par ses épigrammes, lui refusent d’avoir ressenti jusqu’à la fin des sentiments d’affection, d’humanité et, j’ose dire, de bonté, de même qu’il avait ressenti de vives et vraies amitiés dans sa jeunesse.

1610. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Florian. (Fables illustrées.) » pp. 229-248

Il se présenta lui-même comme porté jusque dans le sanctuaire académique par les amis de Voltaire : « Ainsi quelquefois de vaillants capitaines élèvent aux honneurs un jeune soldat, parce qu’ils l’ont vu servir enfant sous les tentes de leur général. » En même temps il rendait un public hommage à Gessner, mort depuis peu, et qu’il proclamait son maître et son ami. […] Dans une étude détaillée sur La Fontaine, cela se prouverait aisément : on le verrait, dans sa première manière, s’appliquer à la fable proprement dite, et en atteindre la perfection dès la fin de son premier livre, dans Le Chêne et le Roseau ; mais bientôt il est maître et il se joue ; il agrandit son cadre, il le laisse souvent, il l’oublie.

1611. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Rulhière. » pp. 567-586

Rulhière était d’avis que, dans un cercle, il ne fallait jamais se presser de demander quel était l’homme qu’on voyait entrer et qu’on ne connaissait pas : « Avec un peu de patience et d’attention, on n’importune ni le maître ni la maîtresse de la maison, et l’on se ménage le plaisir de deviner. » Il avait là-dessus toutes sortes de préceptes, de menues remarques très fines, très ingénieuses, dont il faisait la démonstration quand on le voulait, et il ne se trompait guère : Il en fit en ma présence l’application chez Mlle Dornais, raconte Diderot : il survint sur le soir un personnage qu’il ne connaissait pas ; mais ce personnage ne parlait pas haut ; il avait de l’aisance dans le maintien, de la pureté dans l’expression, et une politesse froide dans les manières […] Rulhière se rattachait à cette manière de voir de Voltaire ; et, plus sage, plus conséquent que le maître, il n’y dérogea en aucun temps par imprudence ni par pétulance.

1612. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « La princesse des Ursins. Lettres de Mme de Maintenon et de la princesse des Ursins — II. (Suite et fin.) » pp. 421-440

Tout porte à croire, en effet, que ce fut le roi d’Espagne qui, oubliant les longs services de Mme des Ursins, et à bout de sa domination dont il n’osait s’affranchir, donna l’ordre à sa nouvelle épouse de prendre tout sur elle ; et cette dernière qui, ainsi qu’Alberoni, son conseiller, était de la race des joueurs intrépides en politique, n’hésita pas un seul instant à faire pour son coup d’essai cette exécution de maître. […] Elle s’était rendu compte à l’avance de tout ce néant humain ; elle se dit, en sachant ses ennemis triomphants et ses amis consternés, qu’il n’y avait pas lieu à tant s’étonner ; que ce monde n’était qu’une comédie où il y avait souvent de bien mauvais acteurs ; qu’elle y avait joué son rôle mieux que beaucoup d’autres peut-être, et que ses ennemis ne devaient pas s’attendre à ce qu’elle fût humiliée de ne le plus représenter : « C’est devant Dieu que je dois être humiliée, disait-elle, et je le suis. » Après avoir quitté la France, où Louis XIV mourait et où le duc d’Orléans, qu’elle avait pour ennemi déclaré, devenait le maître, elle alla habiter Rome, son ancienne patrie, la ville des grandeurs déchues et des disgrâces décentes.

1613. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Le président de Brosses. Sa vie, par M. Th. Foisset, 1842 ; ses Lettres sur l’Italie, publiées par M. Colomb, 1836. » pp. 85-104

Par exemple, quand il passe en Dauphiné, il dira de l’Isère : « Nous passâmes ensuite à l’embouchure de l’Isère, rivière infâme s’il en fut jamais : c’est une décoction d’ardoise. » Et à Marseille : « On trouve en cette province, à chaque pas, l’agréable et jamais le nécessaire ; aussi, à vous parler net, la Provence n’est qu’une gueuse parfumée . » À propos d’une danseuse qu’il voit à Vérone, et qui surpasse tous les maîtres en entrechats : « De sorte, ajoute-t-il, qu’à l’égard de la légèreté, la Camargo est auprès d’elle une danseuse de pierre de taille. » Parlant du Giorgione à Venise, et le comparant, pour le coloris, à ce qu’est Michel-Ange pour le dessin, il dira : « Ces deux maîtres sont les czars Pierre de la Peinture, qui en ont banni la barbarie ; mais ce n’a pas été sans férocité. » Et en débarquant à Livourne : « Figurez-vous une petite ville de poche, toute neuve, jolie à mettre dans une tabatière, voilà Livourne. » Je cite ces mots au hasard, non comme des mots (car quelques-uns pourraient sembler maniérés, s’ils étaient faits pour être détachés et mis en relief), mais comme faisant partie du mouvement et du pétillement d’esprit ordinaire au président de Brosses.

1614. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « L’abbé Barthélemy. — I. » pp. 186-205

Arrivé à Paris et accueilli, comme je l’ai dit, par M. de Boze, qui se l’associa pour le Cabinet des médailles et le fit entrer à l’Académie des inscriptions, il dut s’assujettir, sous ce maître minutieux, à bien des soins exacts et pleins d’ennui ; mais rien ne rebute de ce qui est dans le sens d’une passion, et Barthélemy avait pour les médailles une passion véritable, quelque chose de ce feu sacré qui s’applique à tant d’objets différents, et qui est bien connu de tous ceux que possède une fois le goût des collections. […] Au xviiie  siècle, dans chaque maison riche, il y avait l’abbé, personnage accessoire et pourtant comme indispensable, commode au maître, à la maîtresse de la maison, répondant aux questions des enfants et des mères, ayant l’œil sur le précepteur, instruit, actif, familier, assidu, amusant, un meuble nécessaire à la campagne.

1615. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Marguerite, reine de Navarre. Ses Nouvelles publiées par M. Le Roux de Lincy, 1853. » pp. 434-454

Elle mêle et varie mainte fois tous ces noms de maître, de frère et de roi, qu’elle accumule en lui, et qui ne suffisent qu’à peine à exprimer son affection si pleine et si sincère : « Quoi que ce puisse être, jusques à mettre au vent la cendre de mes os pour vous faire service, rien ne me sera ni étrange, ni difficile, ni pénible, mais consolation, repos et honneur. » Ces expressions, qui seraient exagérées chez d’autres, ne sont que vraies dans la bouche de Marguerite. […] À mesure qu’elle avance dans le pays, elle s’aperçoit pourtant de l’absence du maître ; ce royaume est « comme un corps sans chef, vivant pour vous recouvrer, et mourant pour vous sentir loin ».

1616. (1911) Jugements de valeur et jugements de réalité

Nous sentons bien que nous ne sommes pas maîtres de nos appréciations ; que nous sommes liés et contraints. […] L’homme qui les éprouve a l’impression qu’il est dominé par des forces qu’il ne reconnaît pas comme siennes, qui le mènent, dont il n’est pas le maître, et tout le milieu dans lequel il est plongé lui semble sillonné par des forces du même genre.

1617. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « IX. Mémoires de Saint-Simon » pp. 213-237

Peu soucieux, d’ailleurs, de se contredire et de se prendre honteusement dans sa propre inconséquence, Saint-Simon ne craignit pas d’écrire que cet esprit foncièrement médiocre était capable de « se former et de s’élever…, qu’il voulait l’ordre et la règle…, qu’il était né sage, modéré, maître de ses mouvements et de sa langue, et le croira-t-on ? […] Il n’avait point de scandaleux bâtards, et en cela il n’imitait pas le roi, son maître.

1618. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Charles Baudelaire  »

Par la langue et le faire, Baudelaire, qui salue à la tête de son recueil Théophile Gautier pour son maître, est de cette école qui croit que tout est perdu, et même l’honneur, à la première rime faible, dans la poésie la plus élancée et la plus vigoureuse. […] On avait bien le café et le thé, des excitants dont a parlé Balzac comme Balzac a parlé de tout, c’est-à-dire en grand maître, même quand il gausse, le Rabelaisien dont Rabelais serait fier comme d’un fils, s’il vivait, et s’il n’en était pas jaloux !

1619. (1900) La province dans le roman pp. 113-140

Parbleu, il faisait des fautes de grammaire, il avait le verbe haut et la prononciation de son village ; il disait aux beaux seigneurs et aux belles dames de Paris : « Je vous saluons, j’étions dans nout jardrin, je pansions nos bêtes » ; peut-être même lui arrivait-il de leur dire, en langue verte, qu’il était le maître chez lui. […] On m’objectera ici que plusieurs grands écrivains de notre siècle ont étudié la province, et que, représentants de l’école réaliste, ils n’ont pas dû se borner à suivre une mode, à opiner de la plume parce que les anciens maîtres avaient dit du mal de la province, mais que, s’ils ont persisté à n’en pas écrire favorablement, ils ne l’ont fait qu’après enquête personnelle, scientifiquement et avec le scrupule de la réalité qu’ils apportent en leurs moindres ouvrages.

1620. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre III : M. Maine de Biran »

Voici la pierre angulaire du temple ; le premier maître du spiritualisme, le révélateur de la force libre, le plus grand métaphysicien de notre temps. » Il tourna et retourna les quatre volumes, les ouvrit, fronça les sourcils, gronda un peu, me prit par la main, et me poussant dans ma chambre, me pria de le laisser seul. […] M. de Biran est un grand maître ; allez le trouver, il éclaircira tous vos doutes. » On n’y allait pas.

1621. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « SAINTE-BEUVE CHRONIQUEUR » pp. -

Je ne sais quel journal traitait dernièrement de crétin (on hésite à le répéter) l’un des maîtres de la critique moderne.

1622. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XI » pp. 39-46

Telle est la tactique actuelle, digne de ces maîtres en savoir-faire.

1623. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XXXIII » pp. 133-140

Patin a recueilli, avec goût et jugement, tout ce qu’on sait et tout ce qu’on peut désirer pour le moment sur ces trois maîtres immortels, Eschyle, Sophocle, Euripide.

1624. (1874) Premiers lundis. Tome II « Mort de sir Walter Scott »

En ce moment surtout, il semble que pour l’Europe entière les anciennes générations expirent dans la personne de leurs plus augustes représentants ; il se fait un renouvellement solennel ; les têtes sacrées des maîtres de l’intelligence et de l’art tombent de toutes parts moissonnées.

1625. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « Choses d’autrefois »

C’était un très noble couvent, vaste et plein de souvenirs, avec une bibliothèque de seize mille volumes, et partout des tableaux de maîtres.

1626. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « Rêveries sur un empereur »

il l’ignore et cela l’effraie d’autant plus), il se sent réellement responsable du sort matériel et moral des millions d’hommes que Dieu lui a confiés ; il sent qu’il est leur maître pour leur bien, pour le bien de tous, et particulièrement des plus humbles.

1627. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « Le termite »

Nous étions respectueux des maîtres.

1628. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Bilan des dernières divulgations littéraires. » pp. 191-199

Elle dit, ayant rencontré Mérimée : « Cette fois, c’est pour la vie, car je sens que celui-là est vraiment mon maître ».

1629. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — S — Sully Prudhomme (1839-1907) »

J’admirais beaucoup ces vers un peu maigres, mais d’une correction des plus plaisantes en cette période de jeunes poètes lâchés, lamartiniens sans génie, hugolâtres sans talents, mussetistes, qui n’avaient du maître que l’envers de sa paresse divine.

1630. (1887) Discours et conférences « Discours à l’Association des étudiants »

Notre fête serait plus complète, si vos maîtres attristés par de récents désordres2 avec lesquels vous n’avez aucune solidarité, n’avaient cru devoir manquer à cette réunion.

1631. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Démosthéne, et Eschine. » pp. 42-52

Sous ces grands maîtres d’éloquence, il le devint bientôt lui-même ; &, dès l’âge de dix-sept ans, il plaida contre ses tuteurs, & les fit condamner à lui payer trente talens qu’il eut la générosité de leur remettre.

1632. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « ??? » pp. 175-182

Il a la généralité de certaines statues et de certains portraits faits par les Maîtres.

1633. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre II. Quelques traditions sur Pindare. »

Il n’avait pas moins honoré le courage de Sparte ; et les Lacédémoniens s’en souvinrent, lorsque, vainqueurs dans un combat contre Thèbes et maîtres de la ville, ils s’abstinrent de la seule maison qui portait pour inscription : Ne brûlez pas le toit du poëte Pindare. » Générosité facile qu’Alexandre imita plus tard et dont il fut trop vanté !

1634. (1920) Impressions de théâtre. Onzième série

Dès le lendemain, je reçus de mon excellent maître M.  […] Mon cher maître M.  […] Quel est ce Dieu hardi, maître et vainqueur du feu ?  […] Comme dans Amphitryon, parallèlement à la comédie des maîtres se déroule celle des valets. […] Et les vers sont d’un maître ouvrier.

1635. (1863) Causeries parisiennes. Première série pp. -419

Dans la réaction qui suivra la ferveur actuelle, tous auront à souffrir, même les maîtres, même les immortels ; et les petits, que deviendront-ils ? […] ces mesures si sages et si évidemment conservatrices de la liberté maçonnique ont été contrecarrées par l’ordonnance qui ajourne l’élection du grand maître au mois d’octobre. […] Je ne crois pas trop m’avancer en offrant la même consolation au Grand Orient de France : nos francs-maçons ne manqueront jamais de grands maîtres. […] Dans ces dissertations intempestives, le cœur humain est quelquefois analysé de main de maître, mais l’art du romancier est absent. […] « Il faut, a-t-il dit avec raison, que ceux-là renoncent à être les maîtres du monde.

1636. (1907) Le romantisme français. Essai sur la révolution dans les sentiments et dans les idées au XIXe siècle

Les maîtres de l’opinion se laissaient dicter tous leurs jugements par ce caprice de satire envers l’ordre établi. […] Le problème politique, c’est de faire l’Etat maître de chacun et chacun maître de l’État. […] Parce que certains maîtres, en se servant trop du ressort de la crainte, rendent les enfants dissimulés, « les mensonges des enfants sont tous l’ouvrage des maîtres » Parce que c’est l’art le plus rare que de savoir mettre un principe à la portée du jeune âge, il ne faut lui inculquer aucun principe. […] Faguet, « le songe d’une nuit d’été d’un maître d’étudeso. » Pâture trop tangible pour Obermann et Faust. […] Mais en outre, l’emphase prestigieuse dont ces maîtres avaient prodigué l’exemple, tendait à susciter et à porter au comble chez leurs disciples la disposition emphatique.

1637. (1926) La poésie de Stéphane Mallarmé. Étude littéraire

Il avait pour ses contemporains de plume, pour les maîtres alors reconnus du roman, Daudet, Goncourt, même Zola, une admiration courtoise. […] Il fut le maître — et la victime — du discontinu. […] Les quelques numéros de la Dernière Mode nous révèlent un Mallarmé qui eût pu devenir, qui était déjà, un maître de la chronique parisienne. […] Le maître est mort, écrit en terminant M. de Gourmont, la pénultième est morte. […] Lepelletier, furent inspirées à Verlaine par le livre des Goncourt sur ces maîtres.

1638. (1930) Le roman français pp. 1-197

Je tiens Stendhal pour un des plus grands maîtres de notre littérature romanesque, un des points culminants de cette littérature ; mais on ne saurait se laisser aveugler jusqu’à ne pas voir ce qui est. […] Cette influence qu’il n’a pu acquérir dans la politique active, il l’exerce en maître sur la génération qui le lit, et celles qui suivront. […] C’est dans Rosny qu’elles devraient aller chercher un inspirateur et un maître : c’est un très grand esprit, qu’on n’a pas mis encore à la place qu’il mérite. […] Ce mathématicien, ce polytechnicien, formé par les Jésuites de la rue des Postes, n’a pas été tendre pour ses maîtres. […] Après Barrès, les vrais maîtres, les inspirateurs de celles-ci ont été André Gide et Proust.

1639. (1911) Études pp. 9-261

Il se laisse emmener un peu, il dérive un instant ; mais il tourne soudain et le voici maître avec suavité du mouvement qu’il semblait suivre […] Élève du plus métaphysicien des maîtres, de Gustave Moreau, il veut oublier toutes les leçons de sagesse et d’abstraction qu’il a reçues, pour n’être plus qu’un grossier, fiévreux et puissant artisan. […] Sans bouger il la poursuit, il cherche à se rendre maître de sa fuite en l’imitant avec les mains. […]  » Il y a en effet dans le mot une secrète vertu dont le poète sait se rendre maître. […] Je pense aux gravures sur bois des maîtres allemands : c’est bien le même calvaire, naïf et féroce, tout en oppositions.

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