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1928. (1896) Études et portraits littéraires

Si l’on essayait un pointage de ce vocabulaire, on verrait quelle place y tiennent les termes violents : « crispe, tendu, raidi, âpre, effréné, forcené » … Parfois l’écrivain cherche l’effet de vigueur dans les allitérations, les assonances : « Ce n’est pas une révolution, c’est une dissolution » … « Il faut que les pouvoirs publics s’accordent, sans quoi ils s’annulent… Il faut que les pouvoirs publics soient obéis, sans quoi ils sont nuls… » Le plus souvent, c’est par les images qu’il veut frapper, et il les choisit du plus haut relief. […] Armé chevalier devant le Saint-Sépulcre et « frappé cinq coups, ha honneur des cinq plaies Nostre Seigneur », il institua, en souvenir de sa pieuse expédition, un ordre de chevalerie qui portait une écharpe d’azur avec une croix vermeille dans le champ d’un écu. […] La preuve administrée, il frappait, quoiqu’il en pût advenir, dût son arrêt envoyer à la mort un malheureux comme ce Prunier qui, le 2 mai 1775, fut pendu pour avoir volé 300 francs à M. de Salins. […] Il y avait parlé, — assez pour que, dans ces colloques de salles de rédaction, Chateaubriand fut frappé de son éloquence.

1929. (1867) Cours familier de littérature. XXIII « cxxxviie entretien. Un intérieur ou les pèlerines de Renève »

Non-seulement les hommes, mais les animaux eux-mêmes me demandent compte de leur nourriture ; voilà la prairie où depuis quinze ans j’avais, comme à un brave et pauvre invalide, rendu la liberté sans service à mon cheval, pour qu’il pût, dans sa vieillesse, errer oisif parmi les herbes de la montagne, et hennir auprès de son compagnon frappé d’une balle aux barricades de Juin, sous Pierre Bonaparte, qui combattait ce jour-là à mes cotés !

1930. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre I. La préparations des chefs-d’œuvre — Chapitre II. Attardés et égarés »

Il monte en perfection les lieux communs de l’amour, de la mort et de la fortune, il frappe excellemment les petites pensées de circonstance.

1931. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Troisième Partie. De la Poësie. — IV. La Poësie dramatique. » pp. 354-420

M. de la Place est ennemi de tout amour qui n’est que simple tendresse, & non amour furieux & théâtral, tel que celui qui nous frappe dans l’Othello de Shakespeare ; amour si vrai, si terrible, si tragique, & qu’on dit avoir été le germe des principales beautés de la touchante tragédie de Zaïre.

1932. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « H. Forneron » pp. 149-199

Par exemple, il a mieux vu que personne, jusqu’ici, dans la confusion des événements, la grandeur de Catherine de Médicis, pour laquelle il a fait ce qu’Urbain Legeay — cet historien d’initiative dont le livre nous frappa tant quand il parut — a fait récemment pour Louis XI1, ce Louis XI que Catherine de Médicis a continué, mais dans des circonstances encore plus grandes et plus funestes.

1933. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Proudhon » pp. 29-79

IX Un point de vue qu’on promène partout ou qu’on retrouve partout, tant on s’en est laissé frapper, ne constitue pas une philosophie.

1934. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Victor Hugo »

— donne à l’esprit une secousse qui, du coup, frappe de ridicule ce naturaliste en cloportes !

1935. (1900) Le rire. Essai sur la signification du comique « Chapitre I. Du comique en général »

Mais, si l’imitation des gestes est déjà risible par elle-même, elle le deviendra plus encore quand elle s’appliquera à les infléchir, sans les déformer, dans le sens de quelque opération mécanique, celle de scier du bois, par exemple, ou de frapper sur une enclume, ou de tirer infatigablement un cordon de sonnette imaginaire.

1936. (1856) Mémoires du duc de Saint-Simon pp. 5-63

Attendez ; voici un de ces soupers et un de leurs personnages : « Madame Panache était une petite et fort vieille créature avec des lippes et des yeux éraillés à faire mal à ceux qui la regardaient, une espèce de gueuse qui s’était introduite à la cour sur le pied d’une manière de folle, qui était tantôt au souper du roi, tantôt au dîner de Monseigneur et de madame la Dauphine, où chacun se divertissait de la mettre en colère, et qui chantait pouille aux gens à ces dîners-là pour faire rire, mais quelquefois fort sérieusement et avec des injures qui embarrassaient et divertissaient encore plus les princes et les princesses, qui lui emplissaient ses poches de viandes et de ragoûts, dont la sauce découlait tout du long de ses jupes ; les autres lui donnaient une pistole ou un écu, les autres des chiquenaudes et des croquignoles dont elle entrait en furie ; parce qu’avec des yeux pleins de chassie, elle ne voyait pas au bout de son nez, ni qui l’avait frappée, et c’était le passe-temps de la cour. » Aujourd’hui l’homme qui s’amuserait d’un tel passe-temps passerait probablement pour un goujat de bas étage, et je ne raconterai pas ici ceux qu’on prit avec la princesse d’Harcourt.

1937. (1907) Jean-Jacques Rousseau pp. 1-357

Et maintenant écoutons Jean-Jacques : La première fois que je vis paraître cette fille à table, je fus frappé de son maintien modeste, et plus encore de son regard vif et doux, qui pour moi n’eut jamais son semblable. […] Quoi qu’il en soit, ce qui dans le Discours sur l’inégalité a probablement le plus secoué le beau monde, et ce qui a le plus agi quarante ans plus tard, ce sont probablement des lieux-communs emphatiques ou violents comme ceux-ci (j’en indique seulement le début et comme la première modulation) : Sur la liberté : Comme un coursier indompté hérisse ses crins, frappe la terre du pied et se débat impétueusement à la seule approche du mors, tandis qu’un cheval dressé souffre patiemment la verge et l’éperon, l’homme barbare ne plie point la tête au joug que l’homme civilisé porte sans murmure, et il préfère la plus orageuse liberté à un assujettissement tranquille… Sur les riches : … Je prouverais enfin que, si l’on voit une poignée de puissants et de riches au faîte des grandeurs et de la fortune, tandis que la foule rampe dans l’obscurité et la misère, c’est que les premiers n’estiment les choses dont ils jouissent qu’autant que les autres en sont privés et que, sans changer d’état, ils cesseraient d’être heureux, si le peuple cessait d’être misérable… Sur les tyrans : … C’est du sein de ce désordre et de ces révolutions que le despotisme, élevant par degrés sa tête hideuse, et dévorant tout ce qu’il aurait aperçu de bon et de sain dans toutes les parties de l’État, parviendrait enfin à fouler aux pieds les lois et le peuple, et à s’établir sur les ruines de la république… Et enfin il y a, partout répandu dans ces pages d’où est absent « l’esprit de finesse », ce culte stupide de l’égalité que nous retrouverons dans le Contrat social, et qui porte en lui une grande force de propagande parce qu’il répond moins au sentiment de la justice qu’aux instincts envieux. — En somme, on voit déjà dans ce second Discours (et mieux que dans le premier) que c’est bien Rousseau qui donnera le ton à la Révolution et qui approvisionnera les hommes de 93 de clichés et de lieux-communs, semeurs de haines aussi aveugles que ces lieux-communs sont brutaux et sommaires. […] Saint-Lambert est un sage, un homme qui « ne se frappe pas ». […] Dans les pages des Confessions où il raconte cet incident, Rousseau nous dit, avec plus d’esprit qu’il n’a coutume d’en montrer : Frappé de voir ce pauvre homme12 accablé pour ainsi dire de prospérités et de gloire, déclamer toutefois amèrement contre les misères de cette vie, et trouver toujours que tout était mal, je formai l’insensé projet de le faire rentrer en lui-même, de lui prouver que tout était bien. […] Frappé d’un nom si cher, il se réveille en sursaut, et jette un regard avide sur celle qui le porte, etc.

1938. (1914) En lisant Molière. L’homme et son temps, l’écrivain et son œuvre pp. 1-315

Je n’irai point jusqu’à assurer que Molière a mis en pratique sa fameuse maxime : Il faut mettre le poids d’une vie exemplaire Dans les corrections qu’aux autres on veut faire, car sa vie ne fait pas exemplaire pleinement ; mais encore ce grand fléau du ridicule, comme l’a appelé La Bruyère, pouvait frapper sur les ridicules sans s’atteindre et sans que le bout du bâton le touchât, comme Scapin prétendait être touché. […] La Bruyère, qui, je le reconnais, était plus libre dans un livre, que Molière dans son théâtre, a fait un portrait du siècle beaucoup plus noir que Molière et presque on pourrait faire dire à Molière en face de son temps : Mais, les défauts qu’il a ne frappent pas ma vue. […] De même Don Juan, ayant vu deux jeunes fiancés ravis d’amour l’un pour l’autre, dira : « La tendresse visible de leurs mutuelles ardeurs me donna de l’émotion ; j’en fus frappé au cœur et mon amour commença par la jalousie. […] La belle chose que de vouloir se piquer d’un faux honneur d’être fidèle, de s’ensevelir pour toujours dans une passion et d’être mort dès sa jeunesse à toutes les autres beautés qui nous peuvent frapper les yeux !

1939. (1920) Essais de psychologie contemporaine. Tome I

Un tel esprit, excellent pour la discussion oratoire, sera frappé de stérilité quand il voudra réduire à ses formules la végétation touffue et changeante de la vie. […] Le philosophe qui, frappé au préjugé, de l’abus, de l’erreur contenue dans la forme, croit posséder la réalité en se réfugiant dans l’abstraction, substitue à la réalité quelque chose qui n’a jamais existé. […] Dès mon enfance, je m’étais frappé le front, en me disant, comme André Chénier : il y a quelque chose là… J’ai été souvent général, empereur. […] C’est cela qui me frappait avec le plus d’évidence à mesure que je lisais ce remarquable roman : la puissante empreinte laissée par M. 

1940. (1896) Le livre des masques

Ils attendent que l’on frappe à la porte, ils attendent que la lampe s’éteigne, ils attendent la Peur, ils attendent la Mort. […] On frappe.

1941. (1805) Mélanges littéraires [posth.]

Disertus, chez les Latins, signifiait toujours, ou presque toujours, ce que nous entendons par éloquent, c’est-à-dire, celui qui possède dans un souverain degré le talent de la parole, et qui par ce talent sait frapper, émouvoir, attendrir, intéresser, persuader. […] Mais ce verbiage, prétendu nécessaire, deviendra évidemment inutile, si on a soin de ranger les idées dans l’ordre convenable ; il résultera de leur disposition naturelle, une lumière qui frappera infailliblement et également tous les esprits, parce que l’art de raisonner est un, et qu’il n’y a pas plus deux logiques que deux géométries.

1942. (1788) Les entretiens du Jardin des Thuileries de Paris pp. 2-212

Quelle différence, lui répondit-on ; c’est dans Paris même où vous trouvez ces embarras, mais quand Paris avec tous ses agrémens & tous ses alentours vient à vous manquer tout-à-coup, & que les nouveaux peuples qui vous entourent, semblent un grouppe de statues, n’ayant ni l’usage de votre langue, ni de votre maniere d’exister ; quand tout ce qui frappe vos oreilles & vos yeux les offense ; quand vous ne pouvez deviner, ni ce qu’on vous demande, ni ce qu’on vous répond. […] L’écriture nous les représente comme ayant le glaive en main, c’est-à-dire, toujours prêts à frapper les méchans. […] Je ne saurois lui pardonner la maniere dont il traita la feue reine de Pologne qu’il tint captive à Dresde, & toute cette fausse monnoie dont il remplit la Pologne, qu’il fit frapper au coin du pays, après en avoir retiré la bonne. […] Ils craignent l’autorité qui peut les frapper, & qui est toujours prête à juger les délits.

1943. (1908) Promenades philosophiques. Deuxième série

Marcelin Boule15 ; je n’oserais même plus demander grâce pour un des fragments qui m’avait frappé tout d’abord, une pointe de hache du type allongé rappelant le genre de Saint-Acheul16. […] Les vieilles lois pénales frappent toujours au nom de Dieu ou au nom des dieux. […] Jules Bois : mais il faut, de toute évidence, ôter le qui n’en savaient rien et mettre à la place, qui avaient été très frappés de cette mort prochaine que l’on annonçait, et tout s’explique aussitôt. […] Nous y pensons encore, au moment même qu’il va frapper à notre porte : pressentiment.

1944. (1890) Les romanciers d’aujourd’hui pp. -357

Je ne les rangerai pourtant point dans cette catégorie, parce que ce n’est point la psychologie qui frappe d’abord dans leurs œuvres. […] En toute chose, le simple et l’humain sont ce qui frappe et ce qu’on voit le moins. […] Il a dit quelque part : « Si Paris a tué en moi le dévot et le chauvin qui s’y développèrent ensemble, il n’a même pas entamé le Celte, le paysan, et je reste, à l’instar de mes ancêtres, un des mille et mille pygmées fidèles à la grande nature, et aussi, comme mes devanciers, des étoiles, de la terre et de l’eau, de tout ce qui marche, vole, nage ou rampe, luit et respire. » C’est d’un bel effet ; mais le côté champêtre n’est pas ce qui frappe d’abord chez M. 

1945. (1932) Les idées politiques de la France

On n’en est que plus frappé par le contraste entre cette place du traditionalisme dans les lettres et sa misère politique, son imprévoyance politique, depuis qu’ayant livré une grande bataille, une bataille générale, celle de l’affaire Dreyfus, il l’a perdue. […] Les premiers universitaires dreyfusiens furent frappés. […] Vidée de ses éléments je ne dis pas seulement traditionnels, mais traditionalistes, frappée dans sa nature d’héritage, dans la conscience et dans l’accumulation de sa durée, dans son épaisseur de mémoire, la France se sécherait comme une grappe vide.

1946. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Les Mémoires de Saint-Simon » pp. 423-461

Mon père voyant les choses pacifiées, les bâtards réduits, punis, envoyés en prison ou exil, et tout leur parti débellé, ce qui fut une des grandes opérations de son ministère, il ne voulut pas aller plus loin ni mêler des intérêts particuliers sur motifs des grands coups qu’il frappa.

1947. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre IV. L’âge moderne. — Conclusion. Le passé et le présent. » pp. 424-475

I Je commençais à démêler ces idées lorsque, pour la première fois, je débarquai en Angleterre, et je fus singulièrement frappé des confirmations mutuelles que se prêtaient l’observation et l’histoire ; il me sembla que le présent achevait le passé et que le passé expliquait le présent.

1948. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLVIIIe entretien. Littérature latine. Horace (2e partie) » pp. 411-480

Voyez par quel gracieux prélude descriptif Horace prépare Sextius à ses conseils de sage jouissance de ses amis : « L’âpre hiver se détend à la douce vicissitude du retour du printemps et des vents tièdes du midi ; les cabestans traînent à la mer les navires longtemps à sec sous le sable du rivage ; le troupeau ne se réjouit plus de la chaleur de son étable ni le laboureur de la flamme de son foyer ; les prairies ne blanchissent plus des givres du matin ; Cythérée, à la clarté de la lune suspendue dans l’éther, recommence à mener ses chœurs de nymphes qui se tiennent par la main et de grâces pudiques ; elles frappent la terre en mesure dans leurs rondes, d’un pied cadencé, tandis que le divin forgeron rallume la flamme dans les noirs ateliers des Cyclopes.

1949. (1860) Cours familier de littérature. IX « Le entretien. Les salons littéraires. Souvenirs de madame Récamier (2e partie) » pp. 81-159

M. de Barante ne craignit pas de s’aliéner la faveur du maître en cultivant deux femmes que la prévention épiait déjà avant de les frapper.

1950. (1860) Cours familier de littérature. IX « LIIe entretien. Littérature politique. Machiavel » pp. 241-320

Montesquieu a de la prétention dans les aperçus ; Bossuet a de la poésie dans les vues : c’est un épique plus qu’un historien ; leur style se ressent de leur nature : l’un veut frapper, l’autre veut éblouir ; Machiavel ne veut que comprendre et fait comprendre.

1951. (1863) Cours familier de littérature. XV « LXXXVe entretien. Considérations sur un chef-d’œuvre, ou le danger du génie. Les Misérables, par Victor Hugo (3e partie) » pp. 5-79

« Et puis, la société humaine ne lui avait fait que du mal ; jamais il n’avait vu d’elle que ce visage courroucé, qu’elle appelle sa Justice et qu’elle montre à ceux qu’elle frappe.

1952. (1865) Cours familier de littérature. XX « CXVIe entretien. Le Lépreux de la cité d’Aoste, par M. Xavier de Maistre » pp. 5-79

Je les suivis des yeux jusqu’au bout de la prairie, et j’allais les perdre de vue dans les arbres, lorsque des cris d’allégresse vinrent frapper mon oreille : c’étaient leurs familles réunies qui venaient à leur rencontre.

1953. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre II. L’époque romantique — Chapitre III. La poésie romantique »

Il a dénoncé avec une verve puissante, une rare largeur d’inspiration, l’égoïsme des vainqueurs de 1830, l’imprudence des pontifes du culte de Napoléon : c’était si rudement frappé et si juste, que tout ce qu’il fit depuis parut terne.

1954. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre cinquième. De l’influence de certaines institutions sur le perfectionnement de l’esprit français et sur la langue. »

Nul ne s’aperçut qu’il se fût mis à la place de l’usage pour frapper ses contradicteurs, ni qu’en enregistrant quelque décision de l’usage qui leur était défavorable, il parût prendre plaisir à exécuter contre eux un arrêt public.

1955. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 14 mars 1885. »

II Une page entre autres m’a frappé dans Opéra et Drame, un des ouvrages théoriques les plus importants de Richard Wagner, et je la traduis de mémoire.

1956. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre deuxième. L’émotion, dans son rapport à l’appétit et au mouvement — Chapitre quatrième. Les émotions proprement dites. L’appétit comme origine des émotions et de leurs signes expressifs. »

Tantôt l’excitation nerveuse se transforme en mouvements des viscères et suit les nerfs ganglionnaires ; par exemple, des pensées agréables aident la digestion ; la peur peut frapper d’inertie les nerfs de l’intestin, particulièrement les vaso-moteurs, et amener une affluence de produits liquides dans le tube intestinal ; le cœur bat plus vite dans l’émotion ou parfois s’arrête, et cette influence a lieu par l’intermédiaire des nerfs pneumo-gastriques.

1957. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1882 » pp. 174-231

Une chose me frappe dans ce Salon : c’est l’influence de Jonkindt.

1958. (1856) Cours familier de littérature. I « Ier entretien » pp. 5-78

Heureux les hommes qui meurent à l’œuvre, frappés par les révolutions auxquelles ils furent mêlés !

1959. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome I « Bibliotheque d’un homme de goût. — Chapitre V. Des orateurs anciens et Modernes. » pp. 223-293

ne l’entendoit jamais sans être sensiblement frappé des vérités fortes & pathétiques qu’il lui annonçoit.

1960. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre XIV : Récapitulation et conclusion »

Nous voyons toute la portée de ce fait merveilleux, qui doit avoir frappé chaque voyageur, c’est que, sur le même continent, sous les conditions de vie les plus diverses, malgré la chaleur ou le froid, sur les montagnes ou dans les plaines, dans les déserts ou dans les marais, la plupart des habitants de chaque grande classe sont étroitement alliés ; car, le plus généralement, ils doivent être les descendants des mêmes ancêtres, les premiers colons de la contrée.

1961. (1919) L’énergie spirituelle. Essais et conférences « Chapitre V. Le souvenir du présent et la fausse reconnaissance »

Certes, il est naturel que le théoricien soit frappé du caractère sui generis des faits morbides.

1962. (1870) La science et la conscience « Chapitre III : L’histoire »

Dans ces grands États qui se nomment l’Espagne, la France, l’Angleterre, l’Allemagne, la force des choses, résultante de causes très-diverses, mais toutes également fatales, fait sentir toujours et partout son immense et irrésistible impulsion avec une évidence qui a frappé les historiens de notre temps.

1963. (1896) Psychologie de l’attention (3e éd.)

Beaucoup de gens trouvent que la marche les aide à sortir d’une perplexité, d’autres se frappent le front, se grattent la tête, se frottent les yeux, remuent d’une façon incessante et rythmique les bras ou les jambes. […] épilepsie ou un automatisme borné qui répète sans fin les mêmes mouvements : balancer constamment le corps en s’accompagnant d’un chant monotone, frapper les murs, ouvrir et fermer indéfiniment le même meuble, etc.

1964. (1923) L’art du théâtre pp. 5-212

dans notre théâtre contemporain… — Et aussi bien, l’ouvrage ne commence de vivre que lorsque, ces concours une fois assurés, l’esprit de l’œuvre ayant pénétré les acteurs et l’harmonie enfin réalisé, on frappe les trois coups… — Mais non ! […] (Le bâton frappe) MARTINE Ah !

1965. (1923) Paul Valéry

La danseuse du banquet socratique, « on dirait qu’elle paye l’espace avec de beaux actes bien égaux, et qu’elle frappe du talon les sonores effigies du mouvement. […] Tire-toi de tes ombres, Et comme du nageur dans le bleu de la mer Le talon tout puissant l’expulse des eaux sombres, Toi frappe au fond de l’âme...

1966. (1891) Politiques et moralistes du dix-neuvième siècle. Première série

Les uns, très frappés des extrêmes dangers de l’individualisme, et convaincus que là où l’individualisme triomphe la nation disparaît, ont repoussé l’individualisme sous ses deux formes, ont combattu la liberté et la démocratie tout ensemble, et, sans choisir entre les deux dangers, ont voulu conjurer l’un et l’autre, donnant le noble et triste spectacle de penseurs solitaires luttant contre l’histoire elle-même, et puisqu’elle était tout entière contre eux, ne pouvant, pour l’arrêter, lui opposer que leurs raisonnements. […] Qu’un innocent soit sacrifié pour que la loi du meurtre ne risque point de languir parmi les hommes, cela est dans l’ordre, puisque c’est injuste ; mais cet innocent n’est innocent qu’en ceci qu’on ne sait pas s’il est coupable ; c’est n’importe qui ; l’injustice est réalisée, parce que ce n’est pas un homme ayant mérité formellement la mort qui la subit ; mais elle le serait d’une façon bien plus éclatante, si c’était un innocent, choisi comme tel et à titre d’innocent, qui fût frappé, et s’il l’était en lieu et place d’un coupable et pour expier la faute de ce coupable. — Les hommes n’ont pas manqué de voir cette conséquence dernière du principe, et d’y adhérer. […] Les idées d’unité et de continuité sont tellement sorties des cervelles humaines que les hommes de nos jours ne peuvent comprendre que les fautes personnelles, et ne sauraient admettre que l’humanité soit solidairement responsable, et frappée, ici ou là, pour les crimes commis, ici ou ailleurs, par ce qui s’appelle homme. […] On peut lire deux à trois cents pages de lui, et le prendre pour un athée ; on peut même le posséder en entier, et être un peu trop frappé de ce qui, dans son œuvre, conduirait à une conclusion athéistique, s’il était dit par un autre. […] La nature, que les anciens avaient peuplée d’êtres protecteurs qui habitaient les forêts et les fleuves et présidaient à la nuit comme au jour, la nature est rentrée dans la solitude, et l’effroi de l’homme s’en est accru. » Si l’on s’écarte des théories pour ne regarder, en ce livre, qu’à l’impression d’ensemble et aux jugements auxquels l’esprit de système paraît étranger, ce qui frappe, c’est le goût de Mme de Staël pour toute la littérature à idées, et son intelligence moindre, il faut le dire, de tout ce qui, dans les lettres, est art pur.

1967. (1878) Leçons sur les phénomènes de la vie communs aux animaux et aux végétaux. Tome I (2e éd.)

La méthode a priori est ainsi frappée de stérilité, et ce serait temps perdu que de continuer à chercher le progrès de la science physiologique dans cette voie. […] Les philosophes médecins et naturalistes ont été frappés vivement de cette tendance de l’être organisé à se rétablir dans sa forme, à réparer ses mutilations, à cicatriser ses blessures, et à prouver ainsi son unité, son individualité morphologique. […] Nous ne sommes pas frappés par les phénomènes de la vie. […] Ces phénomènes de vie latente expliquent quelques circonstances naturelles très remarquables et qui avaient vivement frappé l’imagination de ceux qui les observaient pour la première fois.

1968. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE LA FAYETTE » pp. 249-287

don Garcie, vous aviez raison : il n’y a de passions que celles qui nous frappent d’abord et qui nous surprennent ; les autres ne sont que des liaisons où nous portons volontairement notre cœur.

1969. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Charles Nodier »

Elle part prompte et fugitive, Comme la flèche qui fend l’air, Et son trait vif, rapide et clair, Va frapper la foule attentive D’un jour plus brillant que l’éclair.

1970. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre premier. La structure de la société. — Chapitre III. Services locaux que doivent les privilégiés. »

Car, si le seigneur les frappe en père de famille, il les protège « en père de famille, il accourt quand il y a un malheur à réparer, il les soigne dans leurs maladies », il leur fournit un asile dans leur vieillesse ; il pourvoit leurs veuves et se réjouit quand ils ont beaucoup d’enfants ; il est en communauté de sympathies avec eux ; ils ne sont ni misérables ni inquiets ; ils savent que, dans tous leurs besoins extrêmes ou imprévus, il sera leur refuge47  Dans les États prussiens, et d’après le code du grand Frédéric, une servitude plus dure encore est compensée par des obligations égales.

1971. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Livre troisième. La connaissance de l’esprit — Chapitre premier. La connaissance de l’esprit » pp. 199-245

Nous frappons un chien, et aussitôt nous l’entendons crier ; entre cette condition de douleur et ce signe de douleur perçus tous deux avec certitude, nous insérons, par conjecture, une douleur semblable à celle que nous aurions ressentie en pareil cas. — Grâce à ces suggestions et à ces vérifications continues, l’univers extérieur, qui n’était encore peuplé que de corps, se peuple aussi d’âmes, et le moi solitaire conçoit et affirme autour de lui une multitude d’êtres plus ou moins pareils à lui.

1972. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXIIe entretien. Vie et œuvres de Pétrarque (2e partie) » pp. 81-155

Je lui ai élevé, à Pavie, un petit mausolée de marbre où j’ai fait graver en lettres d’or douze vers élégiaques, chose que je n’aurais faite pour aucun autre et que je ne voudrais pas qu’on fît pour moi. » XXI Boccace était en route pour venir voir Pétrarque quand ce malheur frappa le poète.

1973. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLVe entretien. Examen critique de l’Histoire de l’Empire, par M. Thiers (2e partie) » pp. 177-248

Depuis que la France, objet des égards et des empressements de l’Europe, était remplie des ministres de toutes les puissances, ou d’étrangers de distinction qui venaient la visiter, il était frappé de la curiosité avec laquelle le peuple et même des gens au-dessus du peuple suivaient ces étrangers, et étaient avides de voir leurs riches uniformes et leurs brillantes décorations.

1974. (1861) Cours familier de littérature. XI « LXVe entretien. J.-J. Rousseau. Son faux Contrat social et le vrai contrat social (1re partie) » pp. 337-416

XXIV Ces livres, quoique protégés par M. de Malesherbes, directeur de la librairie, gardien très infidèle de l’intolérance du clergé, du parlement et de la police, étaient frappés d’anathème, et leur auteur de proscription.

1975. (1862) Cours familier de littérature. XIV « LXXXIe entretien. Socrate et Platon. Philosophie grecque (1re partie) » pp. 145-224

« En disant ces mots, il se leva et passa dans la salle du bain ; nous l’attendîmes, tantôt en nous entretenant de tout ce qu’il avait dit, tantôt parlant de l’affreux malheur qui allait nous frapper, nous regardant véritablement comme des enfants privés de leur père, et condamnés à passer le reste de notre vie comme des orphelins. » XXVI « Après qu’il fut sorti du bain, on lui apporta ses enfants, car il en avait trois, deux en bas âge et un qui était déjà assez grand, et on fit entrer les femmes de sa famille.

1976. (1864) Cours familier de littérature. XVIII « CVIIe entretien. Balzac et ses œuvres (2e partie) » pp. 353-431

Une grille carrée, petite, mais à barreaux serrés et rouges de rouille, occupait le milieu de la porte bâtarde et servait, pour ainsi dire, de motif à un marteau qui s’y rattachait par un anneau et frappait sur la tête grimaçante d’un maître clou.

1977. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CIXe entretien. Mémoires du cardinal Consalvi, ministre du pape Pie VII, par M. Crétineau-Joly (1re partie) » pp. 5-79

Ce surveillant frappait avec un gros nerf de bœuf, et pour chaque peccadille commise dans la journée, les faibles enfants revêtus seulement de leurs chemises au moment où ils allaient se mettre au lit.

1978. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre neuvième »

Les Grecs, qu’il connut plus tard et mal, ne le frappèrent pas aussi vivement que les Espagnols ; et quant aux Latins, qui lui furent plus familiers, ceux qu’il goûta le plus furent les Latins de sang espagnol, Lucain, Sénèque le Tragique, qu’il appelle le grand Sénèque42.

1979. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XVI. La littérature et l’éducation publique. Les académies, les cénacles. » pp. 407-442

Nous sommes enclins à nous figurer qu’il a d’emblée atteint cette sérénité, cette calme assurance qui nous frappent dans une partie de son œuvre.

1980. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « VI »

Là étaient attirés les chevaliers et tentés de sensuels amusements ; s’ils cédaient, ils devenaient captifs ; ainsi se pourrait-il qu’un jour le Gral, vide de ses gardiens, fût capturé ; et Amfortas, roi présomptueux, dit « j’arrêterai le mal » ; il décrocha la sainte lance, la poignit et s’en fut vers le jardin abominable ; il voulait tuer Klingsor ; mais, arrivé dans le jardin, il se rencontra à une femme belle et nommée Kundry, et se coucha entre ses bras ; alors Klingsor rit, et il accourut ; il arracha la bonne lance au pauvre roi, l’en frappa d’un grand coup et s’enfuit.

1981. (1886) Quelques écrivains français. Flaubert, Zola, Hugo, Goncourt, Huysmans, etc. « Gustave Flaubert. Étude analytique » pp. 2-68

Décrite comme une vision, frappée en éclatantes figures et chantée comme une strophe, elle donne lieu à de splendides périodes, où se déploient tous les prestiges du style.

1982. (1856) Cours familier de littérature. I « IVe entretien. [Philosophie et littérature de l’Inde primitive (suite)]. I » pp. 241-320

Ce sourd tonnerre du char de Nala sur le pavé des rues, semblable à un grondement de foudre lointain, frappa aussi les oreilles de Damayanti, qui frissonna d’émotion et d’attente ; elle entendit en même temps les chevaux du prince son époux, qui bondissaient de joie et qui hennissaient de désir dans l’écurie ; elle crut déjà revoir le char de Nala attelé dans la cour comme jadis, quand la formidable main de son époux tenait ses rênes.

1983. (1857) Cours familier de littérature. III « XIIIe entretien. Racine. — Athalie » pp. 5-80

Les peuples donnent le lingot aux poètes, et les poètes frappent de leur empreinte ce lingot : voilà la vérité.

1984. (1782) Plan d’une université pour le gouvernement de Russie ou d’une éducation publique dans toutes les sciences « Plan d’une université, pour, le gouvernement de Russie, ou, d’une éducation publique dans toutes les sciences — I. Faculté des arts. Premier cours d’études. » pp. 453-488

Je sais frapper l’ennemi, susciter des secours, souffrir le froid et le chaud, coucher sur la dure, supporter à la fois la fatigue et la faim et faire ce qu’ont fait nos ancêtres pour illustrer le nom romain. » Un jeune militaire russe parlerait ainsi.

1985. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Première série

Rien ne vaut telle impression rare fixée toute vive par l’artiste au moment même où il en a été frappé. […] on vit, on va, on vient, on cause, on voyage, on a ses travaux, ses plaisirs, ses petites occupations de toute sorte  Vous vous rappelez ce que dit Pascal des « preuves de Dieu métaphysiques » : ces démonstrations ne frappent que pendant l’instant qu’on les saisit ; une heure après, elles sont oubliées. […] Là où ses croyances littéraires sont directement menacées, il frappe, non certes comme un aveugle, mais comme un sourd. […] J’ai été très frappé d’un mot de M. 

1986. (1920) Impressions de théâtre. Onzième série

» On frappe à la porte. […] Coppée a été frappé de la beauté du sentiment qui a quelquefois attaché les peuples à leur roi : sentiment profond, irraisonné, mystique, et de la même nature que la foi religieuse. […] — En tout cas, reprend-on, elle n’avait qu’à frapper elle-même, sans s’attarder à ces confidences, l’homme qui l’a déshonorée, puisqu’aussi bien c’est elle qui le poignarde à la fin du cinquième acte. — Oui, mais alors (comme ci-dessus), il n’y aurait plus de pièce ; ou bien la pièce finirait au troisième acte, ce qui serait dommage ; ou bien ce serait une autre pièce. […] Il voudrait attendre, mais, sans le consulter, ses amis ont combiné le guet-apens où il devra frapper Spinola, et le petit orfèvre Sandrino lui met dans la main le poignard vengeur… Cette conspiration des choses, bousculant, poussant par les épaules ce Brutus-Hamlet, le précipitant à l’acte dont il doute, mais qu’il ne saurait éviter, n’est pas, à mon avis, médiocrement dramatique. […] Il ajoute : « Elle est folle ; qu’on m’épargne sa vue. » — « Dieu la frappe », dit Fray Marcos.

1987. (1889) Ægri somnia : pensées et caractères

s’il plaisait à Dieu d’envoyer demain la maladie sous le toit qui abrite mon exil, si les enfants qui m’y ont reçu dans leurs tendres bras, si les petits-enfants qui sourient à travers nos pleurs, étaient tous frappés à la fois, et tous en danger, ce que j’éprouverais alors, je le connais par ce que j’éprouve ; car la patrie envahie, c’est la mère, c’est la femme, ce sont les enfants, c’est tout ce qu’on aime malade à la mort dans la maison désolée. […] Voilà une maison où les envahisseurs ont frappé la femme, souillé la fille. […] J’allais m’engager sur le pont au Change, quand un passant me frappa sur l’épaule.

1988. (1915) Les idées et les hommes. Deuxième série pp. -341

Il invective contre Villon et, de sa dague, le frappe au visage. […] Soudain, l’on frappe à la porte de la loge où elle s’habille. […] Frapper un inconnu ? […] Lui, Savignan, plus âprement frappé que tous, est loin du calme. […] Son amour la persuade ; et aussi les arguments de Victor Hugo l’ont frappée.

1989. (1910) Victor-Marie, comte Hugo pp. 4-265

Mais ne nous frappons pas. […] Ou ne nous frappons même pas autant, même pas cela : c’est peut-être simplement un coup de la typographie, un petit tour de la typographie, c’est peut-être simplement une coquille : il y en a tant. […] Je suis très frappé qu’un des plus profonds chrétiens que je connaisse, un des catholiques de la plus authentique lignée, ayant cette année même à parler dans le Journal de Coutances d’un mystère qui était paru en chrétienté, et voulant en parler non point tant en critique et en historien littéraire qu’en catholique et en chrétien, ce qui est la seule façon que je reconnaisse d’en parler, ait été conduit directement à faire une référence pour ainsi dire préliminaire à ce Booz endormi. […] C’est bien la même résonance, la même frappe donnée à deux temps.

1990. (1896) Hokousaï. L’art japonais au XVIIIe siècle pp. 5-298

Un dessin, d’un caractère indicible, montre un assassin, vu de dos, une main tenant son sabre prêt à frapper derrière lui, son autre main serrant à la gorge sa victime, un dessin où il n’y a d’ombré que ses cheveux et où le reste de l’assassin est dans la lumière d’un croquis esquissé seulement avec des traits. […] Une étude amusante de ces animaux affectionnés par les Japonais qui, par des croisements, cherchent à en faire des animaux phénomènes, comme longueur des oreilles, comme couleur des yeux, si bien que le gouvernement a frappé ces animaux, il y a une dizaine d’années, de l’imposition d’un dollar. […] Ce qui vous frappe dans cette tête d’homme de génie, c’est la longueur du visage, des sourcils au menton, et le peu d’élévation et la fuite cabossée du crâne, — un crâne qui n’est pas du tout européen, avec sur les tempes de rares petits cheveux ressemblant aux herbettes de ses paysages.

1991. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre II. L’Âge classique (1498-1801) — Chapitre II. La Nationalisation de la Littérature (1610-1722) » pp. 107-277

Mais, en revanche, tout ce qu’il y avait de jeune et d’ardent en a été frappé comme d’une révélation. […] Mais de plus avisés que lui s’y rendent au contraire attentifs, et bien que ne voyant pas, ou voyant mal ce qui sortira de là, deux ou trois avantages de la transformation les frappent, et ils réservent leur jugement. […] — Intérêt de la question. — La polémique s’envenime entre Bayle et Jurieu. — Jurieu l’accuse d’athéisme ; — les « ministres protestants » relèvent à l’appui de l’accusation de Jurieu les passages caractéristiques des Pensées sur la comète ; — les magistrats de Rotterdam enlèvent à Bayle sa pension ; — et sa permission d’enseigner. — Passage curieux d’une lettre de Bayle [28 décembre 1693], — d’où il résulte que c’est en lui le cartésien qu’on a surtout voulu frapper : — « Les ministres de Rotterdam, dit-il, sont entêtés d’Aristote, qu’ils n’entendent pas, et ne peuvent ouïr parler de Descartes sans frémir de colère. » B. Le Dictionnaire historique et critique. — La première intention du Dictionnaire [Cf. le projet de 1692] ; — et qu’elle était d’un pur érudit ; — n’ayant en vue que de dépister et de rectifier les erreurs des autres Dictionnaires. — Mais le projet se transforme en avançant ; — des rancunes s’y mêlent ; — et Bayle s’avise que « la découverte des erreurs n’est ni importante ni utile à la prospérité des États ». — Il contracte en outre, dans une étude plus approfondie des systèmes et de l’histoire, l’espèce de scepticisme que cette étude engendre ; — et, à cet égard, comparaison de Bayle et de Montaigne. — Mais il est encore plus frappé, — depuis que Descartes a passé par là, — des obstacles que les préjugés, la coutume, la tradition, — opposent aux progrès de la raison ; — et, insensiblement, d’une « chambre d’assurances de la république des lettres contre l’erreur » ; — le Dictionnaire devient l’arsenal du rationalisme.

1992. (1774) Correspondance générale

Moulin, à qui nous devons une autre lettre à Sartine, nous engageait à aller frapper à la porte de M. le marquis de Fiers, et, tout aussitôt, celui-ci mettait sous nos yeux trois lettres à l’abbé Gayet de Sansale, qui forment un véritable petit drame judiciaire. […] Ces rapports qui nous frappent si vivement n’ont pas le même éclat pour un aveugle : il vit dans une obscurité perpétuelle ; et cette obscurité doit ajouter beaucoup de force pour lui à ses raisons métaphysiques. […] J’ai beaucoup pensé aux critiques qu’on vous a faites, et je me crois obligé en conscience de vous avertir que celles qui tombent sur votre Amour ne marquent pas une véritable idée du sublime dans les personnes à qui elles se sont présentées ; que ces critiques passeront, et que ce casque dont vous aurez couvert la tête de votre enfant restera et détruira en partie ce contraste du doux et du terrible que quelques artistes anciens ont si bien connu, et qui produit toujours le frémissement dans ceux qui sont faits pour admirer leurs ouvrages… Celui qui saura voir sera frappé dans le vôtre d’un enfant et d’une femme en pleurs, mis en opposition ici avec votre Hercule, là avec un spectre effrayant ; d’un autre côté, avec ces animaux que vous avez si bien renversés les uns sur les autres. […] Elle a été frappée de vos raisons parce qu’elles sont bonnes.

1993. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Delille »

Dans un exemple moindre, mais qui me frappe aussi, madame Desbordes-Valmore, jeune fille, va en Amérique, d’où, après des pertes et d’affreux malheurs, elle revient élégiaque éplorée, tandis que Désaugiers revient de là même, après des malheurs pareils, le plus gai des chansonniers du Caveau.

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