Garat, qui le premier ouvrit un cours public de philosophie à l’École normale, développa la théorie des sensations telle que Condillac l’avait enseignée. […] Ce mouvement philosophique se développa avec la double faveur du public lettré et du gouvernement, jusqu’à l’avénement de Bonaparte comme premier consul. […] Il put, pendant le cours de 1808, développer les grands principes de la religion naturelle. […] Devait-elle être développée, maintenue dans le statu quo ou amoindrie et restreinte ? […] Quelquefois aussi la langue poétique de M. de Lamartine vient à s’obscurcir sous les ténèbres de la métaphysique que développe Socrate ; le vers semble fléchir sous le poids de l’idée.
Et, en général, considérez tour à tour les innombrables sensations internes, agréables, pénibles ou indifférentes de la vie organique, celles qui constituent la faim, la soif et la plénitude, celles qui accompagnent la digestion, la respiration, la circulation, l’accouplement ou l’émission de la voix, celles que développent le vin, les médicaments, les diverses substances introduites dans la circulation, outre cela toutes les sensations spontanées, picotements, démangeaisons, frissons, toutes les douleurs variées et difficiles à définir qui servent de symptômes dans les maladies, toutes les sensations de tact spécial et plus délicat, comme celles qu’on rencontre à la conjonctive, sur la langue et dans l’intérieur des narines, toutes les sensations de tact général et émoussé, comme on en trouve à la surface d’une plaie d’amputation récente. […] Gratiolet, se développe quand la peau se détache d’une chose qui lui est adhérente, comme le serait par exemple un corps enduit de diachylon. […] « Il est vraisemblable que l’excitation des nerfs, dans la sensation de chaud ou de froid à la périphérie sensible de la peau, n’est point développée immédiatement par un changement de température de la substance nerveuse elle-même, mais par des changements simultanés qui surviennent dans les relations mécaniques des corpuscules terminaux. » 104.
Je ne vois que des caractères qui se développent. […] Il réduit ce qu’ils ont trop développé, il développe ce qu’ils n’ont fait qu’indiquer.
Elle s’est développée lentement, mais elle s’est développée de son fonds, sur place, en quelque sorte, et conformément à sa nature. […] Les Miracles. — Les Miracles sont une aventure de la vie commune, dénouée par l’intervention de la Vierge ou d’un saint ; — dont le dénouement même, et surtout « l’intrigue », n’ont rien d’obligatoire ; — les personnages n’en ont rien de forcément plus ou moins historique ; — c’est à peine si l’on peut dire qu’ils visent à l’édification, et moins encore à renseignement ; — ils sont d’ailleurs souvent hostiles au clergé ; — et on ne voit pas que l’Église les ait pris sous sa protection. — La principale relation qu’ils aient avec les Mystères est donc d’avoir entretenu le goût du théâtre ; — et, si l’on le veut, de l’avoir développé par l’intermédiaire des confréries, puys ou chambres de rhétorique. — Que, par opposition à ces caractères, les Mystères, eux, sont vraiment la mise en scène des « mystères » de la religion ; — ce qui nous dispense d’épiloguer sur la signification et l’étymologie de leur nom. — Aussi leur véritable caractère est-il bien là, non ailleurs ; — et les scènes épisodiques dont ils sont remplis ne l’ont pas altéré ; — ce que prouve d’ailleurs la seule classification qu’on en puisse donner.
Elle était déjà en grande partie connue, et par moi-même ; lorsqu’en 1832, il n’y a pas moins de trente-six ans, j’écrivis pour la première fois un morceau développé sur M. de La Mennais, son frère l’abbé Jean voulut bien me faire remettre des notes pour me donner les moyens de n’être pas trop inexact, et il m’envoya précisément copie de cette lettre qui porte un cachet d’absolu libéralisme112. […] Et quant à ses perspectives sur le sort de la France et sur l’avenir qui lui est réservé, il faut les lire longuement développées dans une lettre du 10 août ; et bien qu’il y eut alors trop de sujets d’être sombre, il faut se dire aussi qu’à quelques instants de sa vie qu’on le prenne, de semblables tableaux, justifiés ou non, l’assiégèrent toujours : il ne voyait chaque lendemain qu’à la lueur d’une torche funèbre, et sa forte logique elle-même se mettait tout entière, pour les corroborer, au service de ses visions d’épouvante : « A quels temps, grand Dieu, nous étions réservés !
Il a touché, en l’observant, un point sensible, et ce point-là, excité qu’il est et comme piqué d’honneur, se développe à l’envi et se met à ressembler davantage. […] Les mortelles leçons de ce père trop éclairé et inexorable d’expérience ne sont, selon moi encore, que trop vraies (je parle en général) ; c’est du La Rochefoucauld développé et senti, c’est du Machiavel domestique ; bien des pages du chapitre intitulé le Deuil ont même de certains accents de morose éloquence.
Dans l’autre genre de critique, que le mot de journaliste exprime assez bien, je mets cette faculté plus diverse, mobile, empressée, pratique, qui ne s’est guère développée que depuis trois siècles, qui, des correspondances des savants où elle se trouvait à la gêne, a passé vite dans les journaux, les a multipliés sans relâche, et est devenue, grâce à l’imprimerie dont elle est une conséquence, l’un des plus actifs instruments modernes. […] Quand on a un style à soi, comme Montaigne, par exemple, qui certes est un grand esprit critique, on est plus soucieux de la pensée qu’on exprime et de la manière aiguisée dont on l’exprime, que de la pensée de l’auteur qu’on explique, qu’on développe, qu’on critique ; on a une préoccupation bien légitime de sa propre œuvre, qui se fait à travers l’œuvre de l’autre, et quelquefois à ses dépens.
. — En dernier lieu, son organisation mentale plus fine a fait de lui, dès les premiers jours, un être imaginatif en qui les songes pullulants se développent d’eux-mêmes en chimères monstrueuses, pour amplifier au-delà de toute mesure ses craintes, ses espérances et ses désirs. […] Rousseau admirait encore Montesquieu, tout en faisant ses réserves ; mais, depuis, la théorie s’est développée et l’on rejette tout droit historique. « Alors, dit Condorcet (Ib.
Pour la seconde, peu s’en faut qu’il ne l’ait développée, à l’enlever à jamais même aux esprits de la force de Montesquieu. Mais ce que Montesquieu a vu après Bossuet, il eût pu le voir sans l’aide de Bossuet, et il y a une manière de développer les pensées d’un autre qui équivaut à les trouver.
Mais il apparaît aussi que cet instinct, en dehors du moi humain où il s’est développé, se ramifie à d’autres instincts de même nature en des raillions d’autres moi, en des millions d’autres corps, en sorte que cette fin particulière et passagère pour tel moi déterminé est une fin générale pour l’humanité. […] L’homme se conçoit doué du pouvoir de modifier l’Univers à son profit, c’est ici comme ailleurs se concevoir autre qu’il n’est et tandis qu’il tend vers cette fin égoïste toute son énergie, il développe une force qui est utilisée pour une fin étrangère.
Nous avons songé aux préjugés d’éducation de quelques-uns d’entre eux, au cerveau peu développé de leur chef, relaps fanatique et obstiné des conspirations de 1804, blanchi avant l’âge sous l’ombre humide des prisons d’État, aux nécessités fatales de leur position commune, à l’impossibilité d’enrayer sur cette pente rapide où la monarchie s’était lancée elle-même à toute bride le 8 août 1829, à l’influence trop peu calculée par nous jusqu’alors de la personne royale, surtout à la dignité que l’un d’entre eux répandait comme un manteau de pourpre sur leur malheur. […] Nous comptons développer ailleurs, sur cette matière, le système d’idées que nous croyons applicable.
C’est elle qui a développé en moi ces sentiments dont je tire orgueil, sans pouvoir dire pourquoi. […] Parfaits en nous, cela signifie développer notre personnalité jusqu’au bout et lui faire donner tout ce qu’elle peut donner, la pousser jusqu’à la stature parfaite du Christ.
L’animal humain ainsi largement développé devient l’animal-dieu. […] Son rôle est destiné à décroître, à mesure que la solidarité s’élargit et se développe.
Il me faut développer sur ce point ma pensée, parce que, si le roman-feuilleton n’est pas le roman populaire, il en tient, il en usurpe la place. […] Ils suffisent, avec cette autre remarque, cependant, que je ne puis pas développer : c’est que, dans les Misérables, la part de l’amour est toute petite.
Le commerçant qui développe ses affaires, le chef d’usine qui voit prospérer son industrie, est-il joyeux en raison de l’argent qu’il gagne et de la notoriété qu’il acquiert ? […] Sur les deux grandes routes que l’élan vital a trouvées ouvertes devant lui, le long de la série des arthropodes et de celle des vertébrés, se développèrent dans des directions divergentes, disions-nous, l’instinct et l’intelligence, enveloppés d’abord confusément l’un dans l’autre.
Desmarest, un commentaire de Gordon ou de Machiavel sur Tacite ou Tite-Live ; il y saisit un passage qui développait cette pensée : « Que les gens chargés de l’exécution des grands attentats n’en tirent jamais les fruits qu’ils espèrent ; car ceux qui, par leur position, sont appelés à en profiter, qu’ils l’aient commandé ou non, ont soin de cacher un instrument honteux, si même ils ne le brisent comme dangereux. » Georges, en montrant le livre à M.
« Le discours n’est que la proposition développée, a dit Fénelon ; la proposition est le discours en abrégé. » En revenant au fait on échappe à la thèse de l’adversaire ; mais le fait, que l’on reconnaît, enferme toujours une question générale qu’il faut en extraire ; il n’y a vraiment pas de raisonnement sans cela.
Ce qui est remarquable, c’est que ce drame, de donnée romanesque (par le caractère absolument exceptionnel de la situation et de quelques-uns des sentiments), M. de Maupassant le développe par les procédés du roman réaliste.
C’est du grand Flaubert, des Goncourt, de Zola et de Barbey d’Aurevilly que relève, dans des proportions qu’il importe peu d’établir, la prose, qui n’évolue pas précisément, ainsi qu’on l’a dit, dans un sens analogue à la poésie. » Après avoir développé ses idées, Alfred Vallette concluait : « On peut dès maintenant affirmer que la littérature de notre fin de siècle ne sera pas symboliste… En d’autres nations, en la mystique Allemagne par exemple, peut-être le Symbolisme — guéri de ses manies solitaires de vieillard vicieux — s’infuserait-il dans la prose.
Semblable à ces Athletes qui s’exercent long-temps avant de paroître sur l’arene, il a laissé croître les forces de son génie, donné à sa raison le temps de mûrir & de se développer, exercé vraisemblablement sa plume, avant de mettre au grand jour les Ecrits sur lesquels il fondoit sa réputation.
L’amour développa ses talens pour le genre dramatique, & le dégoûta de sa première profession, qu’il avoit exercée sans succès.
Cette dispute développa de part & d’autre le caractère ardent & l’impolitesse de quelques écrivains : mais il y en eut pourtant qui s’y engagèrent avec modération, & qui voulurent rapprocher les deux partis.
Or, personne ne peut comparer un Indien du Canada à Socrate, bien que le premier soit, rigoureusement parlant, aussi moral que le second ; ou bien il faudrait soutenir que la paix des passions non développées dans l’enfant a la même excellence que la paix des passions domptées dans l’homme ; que l’être à pures sensations est égal à l’être pensant, ce qui reviendrait à dire que faiblesse est aussi belle que force.
Mais il déclare, et avec raison, qu’il y a de grands modèles dits classiques et qu’à force d’étudier leur pensée puissante et leur style génial, de se pénétrer de leur goût impeccable, on arrive à développer ses qualités personnelles, oui personnelles, et à se former à leur école, sans être contraint de tomber dans le bovarysme et la servilité, et sans renoncer à son originalité si l’on en a9. » La question est ainsi fort bien posée.
… Le titre d’un livre, pour peu qu’il ne soit pas, comme nous en avons tant vu, une mystification impertinente, c’est l’idée même que le livre doit développer.
Ce sont ces deux qualités-là qu’il doit prendre à partie et développer.
Taillandier examine et développe les idées de M.
Nous l’ignorons, seulement elle s’est développée dans ce livre où le poète n’avait pour but, croyait-il, que de se resserrer, que de se tasser dans un petit espace, et où l’idée panthéistique lui a imposé un horizon qui n’est pas l’Infini encore, — cette sphère où toute grande poésie doit franchement monter, — mais qui pourtant parle déjà d’Infini à la pensée, comme la jonction lointaine de la terre et du ciel, qui est une limite aussi, nous en parle silencieusement, le soir.
Pour être pris et dominé par l’Asie, il faut la prendre où elle est puissante, c’est-à-dire dans sa nature extérieure et son énergique matérialité ; il faut avoir le sens du visible plus développé que le sens de l’invisible, qui est le plus beau visible pour les poètes, ces grands spirituels ; il faut, enfin, être beaucoup plus peintre que poète, et c’est malheureusement l’histoire de M. le Conte de L’Isle, peintre, de facultés, auquel la toile a manqué.
Nous montrons dans les fables l’histoire civile des premiers peuples, lesquels se trouvent avoir été partout naturellement poètes. 2º Même accord avec les locutions héroïques, qui s’expliqueront dans toute la vérité du sens, dans toute la propriété de l’expression ; 3º et avec les étymologies des langues indigènes, qui nous donnent l’histoire des choses exprimées par les mots, en examinant d’abord leur sens propre et originaire, et en suivant le progrès naturel du sens figuré, conformément à l’ordre des idées dans lequel se développe l’histoire des langues (axiomes 64, 65). 4º Nous trouvons encore expliqué par le même système le vocabulaire mental des choses relatives à la société 40, qui, prises dans leur substance, ont été perçues d’une manière uniforme par le sens de toutes les nations, et qui dans leurs modifications diverses, ont été diversement exprimées par les langues. 5º Nous séparons le vrai du faux en tout ce que nous ont conservé les traditions vulgaires pendant une longue suite de siècles.
Lorsque par la suite des temps, l’intelligence des plébéiens se développa, ils revinrent de l’opinion qu’ils s’étaient formée de l’héroïsme et de la noblesse, et comprirent qu’ils étaient hommes aussi bien que les nobles.
On voudrait voir l’imagination du poète se développer et prendre plus de forces, on se fâche de ne pouvoir, avec la meilleure volonté du monde, trouver dans tout ce qu’elle a donné jusqu’ici autre chose que des essais et des études ; en un mot, on voudrait qu’elle pût renoncer à apporter des productions incomplètes, qui se ressentent de trop près, non pas des principes, mais de l’imitation des maîtres. […] Ce roman ou ce poème en prose, comme on voudra, est une production importante parmi celles de l’écrivain que nous étudions ; sa manière y développe complètement les ressources dont elle peut disposer. […] Dans de pareils instants, le satirique assure que deux facultés se développent en lui ; la première n’est pas d’une application bien précieuse ; elle se borne à ce que tous les chats lui paraissent d’une même couleur ; la deuxième est plus enviable : toutes les femmes lui semblent belles. […] Si je le prenais pour un sage ou pour un penseur, il serait, je gage, le premier à me rire au nez ; si je croyais qu’il est d’humeur à s’enfoncer dans de vieilles chroniques et à en extraire la moelle d’un récit savoureux, il s’enfuirait à coup sûr ; quant à inventer un roman, il a déjà surabondamment prouvé que ce n’était pas dans une œuvre d’imagination qu’il était appelé par le ciel à développer son talent. […] Janin s’est toujours beaucoup plus occupé d’aiguillonner la partie capricieuse de l’imagination, celle qui saute d’un sujet à l’autre et qui semble continuellement danser avec les castagnettes et le tambour de basque, enfin celle qui contribuait le plus à son amusement que de développer les facultés solides et réfléchissantes de son âme.
Tandis que ces obstacles arrêtaient le développement des signes extérieurs visibles, les phénomènes assez peu nombreux où l’image sonore est la principale étaient promptement, aisément, et avec une approximation suffisante, imités par les organes vocaux ; la tentation d’étendre par des associations cet admirable moyen d’expression était naturelle : on commença par désigner par des sons les formes visibles et tangibles des animaux ; cette hardiesse avant été couronnée de succès, l’onomatopée, fécondée par l’association des idées, se trouva suffire à l’expression d’un très grand nombre de pensées ; dans toute idée dont une image sonore était constitutive à quelque degré, cette image était extraite par l’attention du mélange qui l’enveloppait et comme située à part à l’état de phénomène indépendant ; et à mesure que le langage audible se développait, même alors que l’onomatopée tournait au symbole et que se préparait l’ère du langage conventionnel, le désir secret d’exprimer au-dehors toutes nos pensées, d’exprimer vite chacune d’elles pour passer bientôt à une autre, et d’égaler, autant que possible, le rythme de l’expression au rythme de la pensée, dirigeait les préférences de notre attention sur ceux des éléments de nos idées que nos organes pouvaient le plus facilement reproduire, c’est-à-dire sur les éléments sonores. […] Un bon esprit, — et tout esprit est en quelque mesure un bon esprit, — comprend sans se l’expliquer l’harmonie naturelle qui relie les signes arbitraires aux idées générales ; à mesure qu’il prend mieux possession de son entendement, il se complaît davantage dans ce mode d’expression, et il contribue pour sa part à le développer dans la langue commune dont il fait usage. […] L’existence d’un langage intérieur comme compagnon et auxiliaire de toute pensée un peu développée [ch. […] Les deux raisons que nous venons de développer nous expliquent comment l’absence de spécificité distincte n’est pas un obstacle au fonctionnement normal de la pensée. […] Egger reprend la théorie chez Leibnitz des « petites perceptions », ces perceptions non réfléchies dont nous n’avons pas conscience, l’exemple qu’il développe étant celui du bruit de la mer — auquel fait allusion Egger — comme somme confuse d’éléments infiniment petits indissociables : « D’ailleurs il y a mille marques qui font juger qu’il y a à tout moment une infinité de perceptions en nous, mais sans aperception et sans réflexion, c’est-à-dire des changements dans l’âme même dont nous ne nous apercevons pas, parce que les impressions sont ou trop petites et en trop grand nombre ou trop unies, en sorte qu’elles n’ont rien d’assez distinguant à part, mais jointes à d’autres, elles ne laissent pas de faire leur effet et de se faire sentir au moins confusément dans l’assemblage. […] Et pour juger encore mieux des petites perceptions que nous ne saurions distinguer dans la foule, j’ai coutume de me servir de l’exemple du mugissement ou du bruit de la mer dont on est frappé quand on est au rivage.
Dans l’une et dans l’autre, la molécule organisée ne se développe que sous l’influence de son milieu. […] Elle a couvert ou étouffé les autres facultés qui d’abord s’étaient développées de concert avec elle. […] Sa perfection et sa loi sont de développer son être, et, si jamais esprit fut complet dans son genre, c’est celui-ci. […] Un de ces portraits est développé avec plus de soin que les autres, celui d’Alcibiade. […] Tous les progrès de la nation l’ont développé.
Ils exposent avec assez de netteté tous les arguments développés à la diète de Worms par Luther et par le légat du pape. […] Peut-être eût-il mieux valu réduire le nombre des personnages, et développer plus largement les caractères principaux. […] Dumas, Hugo et de Vigny continueront à se développer isolément : aucun des trois ne voudra s’effacer ou s’absorber dans l’un des deux autres. […] Cet embryon, que nous avons essayé de décrire avec la plus rigoureuse précision, s’est développé progressivement dans le cerveau du poète. […] Les caractères de cette pièce sont inégalement développés : Angelo et Rodolfo n’ont pas le même relief que la Tisbe et Catarina.
C’est de la sorte qu’à travers toute l’œuvre de Hugo un même principe, celui du lyrisme, se développe en satire, en épopée, en poésie apocalyptique. […] Ils ont continué de se développer dans le même sens, et tragédie ou mélodrame n’ont été que des cadres où ils ont laissé courir leur fantaisie. […] L’animal est un principe qui prend la forme extérieure, ou, pour parler plus exactement, les différences de sa forme dans les milieux où il est appelé à se développer. […] La science continuant de se développer, ce serait pure sottise au littérateur d’en ignorer les découvertes ou d’en tenir les résultats pour non avenus. […] La civilisation les développe à travers le monde et l’éducation les développe chez l’individu.
Développer un sujet pendant plusieurs pages a toujours été pour Nietzsche un exercice pénible. […] La fausse toute-puissance a développé chez Wagner un instinct tyrannique. […] Jusqu’à la fin, le génie de Poe s’est développé et a vécu dans une solitude tragique, sans que personne se soit trouvé pour en deviner la grandeur. […] Parmi toutes nos idées, en est-il une seule qui nous vienne directement de nous-mêmes, que nous ayons acquise, développée, contrôlée, sans le secours d’une autorité étrangère ? […] Mais le maître russe s’est borné une fois de plus à développer une seule de ces deux thèses, sans rien nous dire des liens qui la rattachent à l’autre.
Il connut cette passion qui développe le cœur, et qui tire l’homme de lui-même par la séduction du plus grand amour de soi. […] Les caractères que les troubles civils avaient exaltés ou comprimés, se calmaient ou se développaient librement dans l’ordre et dans la paix. […] Le cœur et l’esprit s’y étaient assez développés pour offrir à l’observateur ces traits généraux auxquels l’humanité se reconnaît dans tous les temps. […] Il restait à développer la plus touchante des passions, l’amour, soit qu’il s’assujettisse la raison et triomphe du devoir229; soit que, dans sa lutte avec l’une et l’autre, il s’autorise de la fatalité ou essaye du crime pour leur résister230 ; soit que, chaste et innocent, l’issue d’événements plus forts que lui le rende heureux ou malheureux231.
Le volume qu’il vient de publier est comme une magnifique ouverture ; il y a mis d’avance un échantillon et un bouquet des belles choses qui se trouveront développées dans la suite ; qu’il poursuive donc, qu’il nous donne résolûment le recueil de ses meilleurs articles dans les diverses branches de critique où son beau talent se signale depuis tant d’années.
Mais dès qu’en ouvrant le livre on s’est vu introduit dans un monde vrai, vivant, nôtre, à cent lieues des scènes historiques et des lambeaux de moyen âge, dont tant de faiseurs nous ont repus jusqu’à satiété ; quand on a trouvé des mœurs, des personnages comme il en existe autour de nous, un langage naturel, des scènes d’un encadrement familier, des passions violentes, non communes, mais sincèrement éprouvées ou observées, telles qu’il s’en développe encore dans bien des cœurs sous l’uniformité apparente et la régularité frivole de notre vie ; quand Indiana, Noun, Raymon de Ramière, la mère de Raymon, M.
Cette situation de Lélia et de Sténio, qui était exactement l’inverse de celle d’Adolphe et d’Ellénore dans le roman de Benjamin Constant, cette présence de Trenmor, c’est-à-dire d’un homme mûr, ironique, que Lélia estime, qui comprend Lélia, et qui porte ombrage à Sténio ; c’était là un germe heureux que la réflexion eût pu développer dans le sens de la réalité aussi bien que dans celui de la poésie et du symbole.
Rossignol et à en tirer la matière d’une étude un peu développée, ce serait sur cette première partie, relative à la belle époque et antérieure à la portion byzantine du sujet, que je m’arrêterais le plus volontiers et que je m’oublierais comme en chemin.
Dans les premiers temps de l’humanité, la raison de l’homme étant peu développée, c’est l’imagination qui domine ; alors il parle par images figurées ; alors il faut des formes à l’expression de ses idées, de sa raison ; il croit à des causes surnaturelles : c’est le règne de la religion.
Quand on met des finesses dans une pièce de théâtre, ce ne doit pas être comme dans un livre, où il suffit qu’elles soient en leur lieu et place ; il faut qu’à la scène elles soient développées, éclairées et symétrisées d’une certaine façon, afin qu’on ait le moment de les goûter et que les plus grossiers n’en perdent rien.
La Société des auteurs dramatiques, qui diffère par son titre de la Société des gens de lettres, n’en est guère qu’une branche plus spéciale et développée.
Ce serait sortir de mon sujet que de développer davantage une pareille question.
(Il est vrai qu’on peut alors développer le contenu de ces mots « jeunesse et amour », et que cela ne laisse pas d’être long.)
Pour lui, le sens des belles formes n’a pas dû être, comme chez d’autres, développé par l’étude, la comparaison, la « mesure » de toutes choses qui se fait en nous vers l’adolescence ; il a compris sans doute l’eurythmie aux premiers mots qu’il ouï prononcer, au paysage dont s’éblouit son regard d’enfant.
Ces canevas furent plus ou moins développés : ils se bornaient parfois à un sommaire très précis, que l’on affichait dans les coulisses et que les acteurs pouvaient consulter avant d’entrer en scène.
A ce point de vue, personne ne confondra, j’imagine, la façon hardie, brusque, impétueuse, imprévue dont Michelet lance, et, pour ainsi dire, darde ses phrases avec la manière calme, lente, solennelle, méthodique dont Buffon développe et enchaîne les siennes.
Nous verrons ce sentiment, développé avec plus de grâce et d’intérêt encore, dans la fable suivante et dans celle des deux pigeons.
Le premier de ces maîtres établirait et développerait les principes de la loi naturelle, mais relativement à la conscience.
C’est même leur manière, à ces esprits, de se développer.
La pensée qu’il pouvait ne jamais revenir à Paris fut la paille de son joyeux acier… Comme l’esprit épistolaire d’un homme est toujours l’esprit de sa conversation qu’il a transporté dans ses lettres, Galiani a transporté son esprit de conversation dans les siennes, et comme la qualité supérieure de cet esprit était la verve, le mouvement, le piétinement fécond sur une idée qui en fait sortir tous les aperçus, il a cette verve qui s’allume à la moindre question ou à la moindre suggestion et qui développe l’idée, mais en la creusant toujours.
Ils paraissent insuffisants, fades et même fadasses aux goûts développés et à la fureur d’un temps dépravé.
L’erreur, l’adroite erreur de l’auteur des Progrès de la philosophie politique, est d’avoir confondu avec les philosophes les hommes qui ont développé et appliqué à leur façon les idées et les enseignements de l’Église, mais ces hommes, nous les réclamons ; ils n’appartiennent pas à son système.
La circonstance du génie qui leur est donné ne leur appartient ni plus ni moins que la circonstance de la vie qui le leur développe, et l’auteur de Mirèio possède, au degré le plus profond et le plus extraordinaire, ces deux sources d’originalité.
C’est cette école qui, pour faire plus spectacle, a mis la poésie lyrique sur le théâtre et le théâtre dans la poésie lyrique, et a développé depuis vingt-cinq ans en nous tous, gens de vieille société ennuyée, cet amour que les peuples de civilisation excessive, à la veille de leurs décadences, ont toujours eu pour leurs histrions.
Les six pieds de terre qui suffisent à la mort suffirent à sa vie, et il fut aussi grand dans ces six pieds de terre que s’il avait traîné son génie, pour le développer, partout l’univers !
Kamarowsky, professeur à l’Université de Moscou, a résumé cette dernière dans un livre remarquable où il préconise l’adoption d’une juridiction internationale permanente et facultative. « La tâche du Tribunal arbitral et permanent, dans la sphère internationale, écrit l’auteur, consiste précisément à implanter graduellement et à développer chez les peuples, le sentiment de la nécessité de recourir au droit, lorsqu’il s’agit de régler leurs dissentiments. » C’est l’entrée de l’arbitrage dans sa phase de plénitude.
Cependant, au milieu de bien des bizarreries, on découvre dans cette œuvre les germes de quelques idées ou de quelques formes que Corneille développera plus tard dans des œuvres meilleures. […] Grâce à cette heureuse complexion, qui n’eût cru que la France fût destinée aussi à développer chez elle un théâtre fait à son image, moderne, vivant, varié, dans ce genre mixte qu’aimait Corneille, qu’il nommait tragi-comédie et qu’on nomme drame aujourd’hui ? […] Idée prise de l’espagnol, mais très joliment développée. […] carlos Ne raillons ni prions, et demeurons amis… Ici un nouveau coup de théâtre continue de développer avec éclat l’esprit chevaleresque de ce rôle. […] Nous avons vu comment les indignes persécutions soulevées par le succès du Cid firent que Corneille douta de lui-même, rebroussa chemin, quitta la voie moderne du drame tragi-comique ; comment son romantisme s’effaroucha d’abord, se tempéra ensuite, au lieu de se développer et de pousser toutes ses branches.
La tâche du musicien, par contre, est de se saisir d’un tel point concentré, et de développer jusqu’à plein épanouissement son contenu émotionnel ». […] La souffrance et la délivrance de la douleur : voilà les deux pôles entre lesquels se développe l’action. […] Pour atteindre ce but, nous devons rechercher le moment de la vie de Wagner où a été conçu Parsifal, et quel est le milieu intellectuel où cette conception s’est développée.
Et elle faisait, inconsciemment, tout ce qu’elle pouvait faire, car Lohengrin, dans sa théorie mystique du désir de la femme d’étreindre complètement ce qu’elle aime, disparaissait et devenait la légende intéressante du « Chevalier au Cygne », qui se développait derrière le bâton exact du bon chef d’orchestre. […] Teodor de Wyzewa y a développé ses aperçus si étrangement neufs et subtils, qui énoncent, en des formules incisives de paradoxes, de curieuses vérités et d’ingénieuses comparaisons. […] La revue a répandu les théories de Wagner développées dans ses écrits théoriques, elle a permis la connaissance de sa vie, de ses œuvres.
Les anecdotes trop peu connues l’effarouchent, les documents vierges l’effrayent : une histoire, comme nous la comprenons du xviiie siècle, développée à travers une longue série de lettres autographes et de pièces inédites servant à mettre en montre tous les côtés du siècle : une histoire, neuve, originale, sortant de la forme générale des histoires ordinaires, ne nous rapportera pas le vingtième d’une grosse compilation, où nous aurons à patauger des pages entières dans du connu et du ressassé. […] Eh bien, nos corps à nous, nos corps d’anémiés, avec leur échine voûtée, le dandinement des bras, la mollesse ataxique des jambes, n’ont ni la grande ligne de l’antique, ni le caprice du xviiie siècle, et se développent d’une manière assez mélancolique sous le drap noir étriqué. […] Le couvent développe chez les jeunes filles, destinées à être des femmes d’ouvriers, des côtés poétiques, hostiles au foyer laborieux.
En dernier lieu, sur une grosseur développée à la base interne de l’index, il a perçu chez moi, et très développé, le désir de me faire connaître. […] Et là-dessus il développe son idéal, un idéal à la fois si turc, et si crotté, qu’on le plaisante.
Comme la rose et comme l’orchidée double, l’homme supérieur, l’artiste, l’homme de lettres, est un monstre, un être factice et délicat, incomplet en certaines parties, anormalement développé en d’autres. […] Il paraît évident que la somme nécessaire de révolutions fortes et immédiates va diminuant de la vie sauvage à la vie civilisée, que plus l’équilibre interne et externe de la société est délicatement balancé, plus l’activité des unités humaines pourra être restreinte et lente L’artiste est en progrès dans cette évolution, où les sensations et les idées, de moins en moins contraintes de se transformer en actes volitionnels, pourront être posément contemplées et méditées, Il développe le plus richement l’exercice de ces facultés intuitives, étant, par excellence, celui qui, au dire de Th. […] La vie de société, telle qu’on l’entend aujourd’hui, développe simultanément, à mesure quelle avance, ces deux conditions, unissant les hommes par leurs intérêts seuls et les risques qu’ils courent, les dispensant de s’unir de cœur, par suite même de la perfection actuelle des institutions légales, policières, de politesse, qui, permettant de vivre sans que l’on se heurte, empêchent aussi que l’on se touche.