Rien, par la suite, ne servira davantage à étendre dans le monde entier la popularité de la littérature et de la langue françaises ; et au fait, n’est-ce pas ce que les étrangers aiment de notre « parlure » quand ils l’appellent, dès le xiiie siècle, la plus « délittable qui soit » ? […] Rapports de « l’épopée psychologique » (Gaston Paris) de Guillaume de Lorris avec l’« épopée animale » du Roman de Renart. — Comme les auteurs de Renart ont personnifié dans leurs animaux les vices de l’humanité, ainsi fait Guillaume de Lorris, en son Art d’aimer, des nuances de l’amour. — Sa conception de l’amour ; — et ses rapports avec celle de la « poésie courtoise ». — Son habileté dans le maniement de l’allégorie ; — et qu’elle ne doit pas avoir été la moindre raison du succès du Roman de la Rose. — Pour toutes ces raisons le Roman de la Rose peut être considéré comme l’expression idéale des sentiments de la même société dont le Roman de Renart est la peinture satirique.
car c’est ici ce que vous aimez ; et, en effet, dans une pareille figure ainsi peignée, ainsi accoutrée, ainsi indolente et occupée, pauvre et insouciante, respire dans tout son charme la poésie des champs.
On n’arrive pas à l’admiration ni à l’enthousiasme comme le prince de Ligne, que j’aurai souvent occasion de citer à son sujet, mais on comprend en souriant que celui-ci, dans une de ses saillies à demi romantiques, ait pu dire : Si La Bruyère avait bu ; si La Rochefoucauld avait chassé ; si Chamfort avait voyagé ; si Lassay avait su les langues étrangères ; si Vauvenargues avait aimé ; si Weisse24 avait été à la Cour ; si Théophraste avait été à Paris, ils auraient bien mieux écrit encore.
Le maréchal de Villars aima toute sa vie et jusquà son extrême vieillesse la comédie, le théâtre et ce qui s’ensuit.
Gardez-vous du vulgaire plaisir qu’on goûte en voyant ses adversaires châtiés ; car soyez assurés que l’arme qu’on emploie est une arme à double tranchant, et qui peut se retourner contre vous… » On aime cette élévation de point de vue.
« Donnez à celui qui vous demande et ne rejetez point celui qui veut emprunter de vous… « Nul ne peut servir deux maîtres ; car ou il haïra l’un et aimera l’autre, ou il se soumettra à l’un et méprisera l’autre.
Une princesse qui aime l’histoire, comme il sied à qui appartient de si près à la race historique la plus glorieuse, a désiré avoir chez elle un cours instructif, agréable, sérieux et familier, auquel une dizaine d’auditeurs seraient admis, et M.
Cette espèce de rendez-vous à prochaine échéance qu’il n’hésitait pas à donner à l’âme de Loyson se trouva heureusement fort ajournée : mais il est juste de dire que, s’il tarda de près d’un demi-siècle à le rejoindre, il ne l’oublia jamais ; il aimait à s’en entretenir avec nous ; il provoquait notre ami M.
Sainte-Beuve, personnages en vue et des plus respectables, des esprits d’élite en effet (si c’est là ce qui a pu servir à autoriser la satire et la calomnie de s’être attachées à leur nom dès le lendemain), aimaient à se retrouver quelquefois chez lui à dîner : c’était comme un terre-à-terre à une extrémité de Paris, quasiment à la barrière, où le milieu d’un quartier populaire et sain influe, malgré soi, jusque dans les habitations bourgeoises ; on s’y sentait bien réellement éloigné de toute contrainte gênante et de toute étiquette cérémonieuse.
Le maréchal Ney, chargé d’une des opérations les plus importantes dans la combinaison de Napoléon, redoubla de confiance pour Jomini, et, depuis le passage du Rhin, il le tint près de lui pour le travail journalier de son cabinet et l’expédition des ordres ; il n’aimait pas, et pour cause, son chef d’état-major titulaire, le général Dutaillis, créature de Berthier, celui dont l’abbé de Pradt nous a tracé un portrait au naturel, et des moins flatteurs, dans son Ambassade de Varsovie.
En peignant les jouissances de l’étude et de la philosophie, je n’ai pas prétendu prouver que la vie solitaire soit celle qu’on doit toujours préférer : elle n’est nécessaire qu’à ceux qui ne peuvent pas se répondre d’échapper à l’ascendant des passions au milieu du monde ; car on n’est pas malheureux en remplissant les emplois publics, si l’on n’y veut obtenir que le témoignage de sa conscience ; on n’est pas malheureux dans la carrière des lettres, si l’on ne pense qu’au plaisir d’exprimer ses pensées, et qu’à l’espoir de les rendre utiles ; on n’est pas malheureux dans les relations particulières, si l’on se contente de la jouissance intime du bien qu’on a pu faire, sans désirer la reconnaissance qu’il mérite ; et dans le sentiment même, si n’attendant pas des hommes la céleste faculté d’un attachement sans bornes, on aime à se dévouer sans avoir aucun but que le plaisir du dévouement même.
Ce fut une joie pour la princesse qui aimait beaucoup cette espèce de gibier Le maigre, qui occupait tant Madame Victoire, l’incommodait ; aussi attendait-elle avec impatience le coup de minuit du samedi saint.
Nous saurions donc que, quand nous aimons, le mouvement se produit dans une direction, et que, quand nous haïssons, il se produit dans une autre ; mais le pourquoi resterait encore sans réponse. » Ainsi l’expérience la plus vulgaire nous montre les deux faits comme inséparablement liés l’un à l’autre, et leurs représentations les montrent comme absolument irréductibles l’un à l’autre. — D’un côté, on éprouve que la pensée dépend du mouvement moléculaire cérébral ; de l’autre côté, on ne conçoit pas qu’elle en dépende. — Là-dessus, les physiologistes oublient volontiers la seconde vérité et disent : « Les événements mentaux sont une fonction des centres nerveux, comme la, contraction musculaire est une fonction des muscles, comme la sécrétion de la bile est une fonction du foie. » — De leur côté, les philosophes oublient volontiers la première vérité et disent : « Les événements moraux n’ont rien de commun avec les mouvements moléculaires des centres nerveux et appartiennent à un être de nature différente. » Sur quoi les observateurs prudents interviennent et concluent : « Il est vrai que les événements mentaux et les mouvements moléculaires des centres nerveux sont inséparablement liés entre, eux ; il est vrai que pour notre esprit et dans notre conception ils sont absolument irréductibles entre eux.
Il eût pu dire qu’il ne prenait pas Pétrarque tout à fait du même côté que Saint-Gelais : et malgré toutes les mièvreries et mignardises de l’Olive, il est vrai que le côté tendre, ému, sincère de Pétrarque ne lui a pas échappé, et qu’en l’imitant il a exprimé dans ses sonnets une façon d’aimer sérieuse et ardente, un idéalisme sentimental, qui ne ressemblent guère au pétrarquisme grivois de Saint-Gelais.
On sait comment la Ménippée fut composée, après l’avortement des États de la Ligue, par quelques bourgeois, laïcs ou clercs, catholiques de naissance ou protestants convertis, braves gens, sans fanatisme et sans fanfaronnade, qui aimaient la France, le roi et leurs aises228.
Elle n’est pas inhérente au fait d’être mai nourri et mal vêtu : il y a des gens qui, avec de la fortune, sont bohèmes, parce qu’ils aiment fainéanter, mettre les coudes sur la table, fumer des pipes dans des cabarets, traîner sur des divans d’atelier, dire des farces ou théoriser indéfiniment, arpenter le boulevard, brailler en chœur et mettre à mal les ouvrières.
Nous avons été lié avec une personne à qui nous n’avons point pensé depuis longtemps ; une lettre d’elle, une remarque qu’elle aimait faire et qui est répétée à notre oreille ; ce sont là des circonstances associées avec l’idée de la personne et qui nous la remettent en mémoire.
Michelet poursuivant, après trois siècles, cette guerre contre le Moyen Âge qu’il croit retrouver encore menaçant, commença un jour une de ses leçons au Collège de France, en ces mots : « Dieu est comme une mère qui aime que son enfant soit fort et fier, et qu’il lui résiste ; aussi ses favoris sont ces natures robustes, indomptables, qui luttent avec lui comme Jacob, le plus fort et le plus rusé des pasteurs.
La croyance chez Sganarelle qu’il peut inspirer l’amour et la certitude où on le voit d’être aimé pour lui-même expliquent seules qu’il soit aveugle à la grossièreté des ruses où il se laisse prendre.
Le peintre Cyprien n’est à l’aise que devant certains spectacles douloureux et minables ; il préfère « la tristesse des giroflées séchant dans un pot, au rire ensoleillé des roses ouvertes en pleine terre » ; à la Vénus de Médicis, « le trottin, le petit trognon pâle, au nez un peu canaille, dont les reins branlent sur des hanches qui bougent » ; formule son idéal de paysage en ces termes : « Il avouait d’exultantes allégresses, alors qu’assis sur le talus des remparts, il plongeait au loin… Dans cette campagne, dont l’épiderme meurtri se bossèle comme de hideuses croûtes, dans ces roules écorchées où des traînées de plâtre semblent la farine détachée d’une peau malade, il voyait une plaintive accordance avec les douleurs du malheureux, rentrant de sa fabrique éreinté, suant, moulu, trébuchant sur les gravats, glissant dans les ornières, traînant les pieds, étranglé par des quintes de toux, courbé sous le cinglement de la pluie, sous le fouet du vent, tirant résigné sur son brûle-gueule. » Et sur ce dolent idéal, des Esseintes renchérit encore : « Il ne s’intéressait réellement qu’aux œuvres mal portantes, minées et irritées par la fièvre » « … se disant que parmi tous ces volumes qu’il venait de ranger, les œuvres de Barbey d’Aurevilly étaient encore les seules dont les idées et le style présentassent ces faisandages, ces taches morbides, ces épidermes talés, et cegoût blet, qu’il aimait tant à savourer parmi les écrivains décadents ».
J’aimerais donc mieux, s’il était possible, reculer le moment de l’action, pour être énergique, et me débarrasser des paresseux.
Mais le défaut d’aimer trop à faire usage du brillant de l’imagination qu’on appelle communement l’esprit, est un défaut general à tous les hommes, qui les fait s’égarer souvent, même en des professions bien plus serieuses que la peinture.
Car, en même temps que les institutions s’imposent à nous, nous y tenons ; elles nous obligent et nous les aimons ; elles nous contraignent et nous trouvons notre compte à leur fonctionnement et à cette contrainte même.
C’est très mal, vous avez fait vœu d’aller toujours à l’amble du bon sens, et Voltaire, que vous encensez exclusivement, n’aime pas le parfum acre et violent de l’ode.
La société est, si l’on peut parler ainsi, un instrument nécessaire à l’homme ; et les révélations dont la société est dépositaire sont le seul moyen par lequel l’homme ait pu parvenir à connaître et à aimer.
» Cet argument me paraissait niais, piteux ; je le dis à Drumont, que j’aimais et admirais de toutes mes forces, et nous faillîmes nous disputer. […] Qu’il s’estime heureux, celui qui n’est pas mort d’une balle au front, obscurément, de 1914 à 1918, et qui peut encore manger la soupe baudelairienne, « au coin du feu, le soir, auprès d’une âme aimée ! […] J’ai connu, fréquenté et même aimé, de fameux libéraux. […] Transformé ou non, le hobereau sera toujours cher au roturier, comme moi, qui aime bien son pays et que le salonnard écœure. […] Car il aimait pour de bon, le cher garçon, à une époque où l’on feignait les transports de l’amour ; et il aimait jusqu’en Pologne, dans un temps sans chemin de fer !
» Et ce sont, dirons-nous après lui, ces mille combinaisons qu’il aime à démêler dans ses Caractères, les différentes conditions, les différents états, et non plus « l’homme en général ». […] Le Sage a de l’esprit, beaucoup d’esprit, et il a fait de bonnes humanités, dont il aime à faire un peu parade. […] — Les corps constitués n’aiment peut-être pas à en voir constituer d’autres à côté d’eux. — Mais Richelieu finit par l’emporter. — Les premiers académiciens. — Les Statuts de l’Académie. — [Cf. […] Rœderer, Mémoire sur l’histoire de la société polie]. — Pourquoi les femmes n’aiment pas Molière. — A-t-il réussi contre la religion ? […] Bernard, avec les remarques de l’abbé d’Olivet ; — l’édition de 1807, en 7 volumes in-8º, avec le commentaire de La Harpe, Paris, chez Agasse ; — l’édition de 1808, en 7 volumes également, avec le commentaire de Geoffroy, Paris, chez Lenormand ; — la série des éditions d’Aimé Martin, 1820, 1822, 1825, 1844, chez Lefèvre ; — et l’édition P.
Celle-ci, sans oser se l’avouer, aime le fils du maître et du bienfaiteur de son père. […] Par-dessus sa tunique, j’aimerais lui voir une casaque de guerre, sur laquelle pourrait alors flotter le royal manteau de pourpre. […] À cinquante ans, on n’aime pas comme à vingt-cinq, ou, si on est affecté de la même complexion amoureuse, on est qualifié différemment. […] Nous assistons donc à la décadence certaine de l’art, dans la forme du moins que nous avons été habitués à lui reconnaître et sous laquelle nous l’avons aimé, respecté et cultivé. […] C’est qu’en effet, ce dont on peut juger par certains détails du dialogue (je t’aime !
C’était tenter terriblement la Fortune, mais c’était savoir aussi qu’elle aime les hardis qui lui font violence. […] Un temple de Héra, la Vierge-épouse, l’ennemie mortelle de l’impure Asie, l’alliée fidèle des Grecs de l’Iliade, se dressait en vue des deux aimées, sur un coteau qui couvrait Platée.
Mais tandis que nous nous sentons suspendus à ces objets matériels que nous érigeons ainsi en réalités présentes, au contraire nos souvenirs, en tant que passés, sont autant de poids morts que nous traînons avec nous et dont nous aimons mieux nous feindre débarrassés. […] Plutôt que d’admettre la présence, dans tous les cas, des deux éléments mêlés dans des proportions diverses, il aime mieux dissocier ces deux éléments, et attribuer ainsi aux objets extérieurs d’une part, aux états internes de l’autre, deux modes d’existence radicalement différents, caractérisés chacun par la présence exclusive de la condition qu’il faudrait déclarer simplement prépondérante.
Il est très vrai que, lus de suite, sans avertissement, sans qu’on se dise l’âge, le lieu, les circonstances dans lesquelles ils ont été composés, quelques-uns de ces discours de Bossuet peuvent rebuter ou surprendre des esprits qui aiment à s’appuyer sur la continuité plus égale et plus exacte de Bourdaloue et de Massillon.
Ce qui est certain, c’est qu’en 1589, après avoir prêché le carême à Angers, et un carême très vif38, Charron retourna à Bordeauxk, où, dit-on, il prit connaissance et vécut fort familièrement avec messire Michel de Montaigne, chevalier de l’ordre du roi, auteur du livre intitulé les Essais, duquel il faisait un merveilleux cas ; et le sieur de Montaigne l’aimait d’une affection réciproque, et avant de mourir (ce qui eut lieu trois ans après), par son testament il lui permit de porter après son décès les pleines armes de sa noble famille, parce qu’il ne laissait aucun enfant mâle.
Il eut la vieillesse que bien des honnêtes gens désirent : Il aimait les jardins, était prêtre de Flore Il l’était de Pomone encore… Les esprits de sa sorte gagnent à vieillir.
Les curieux et ceux qui aiment à vérifier les trouveront dans le volume intitulé : Thèses de Critique, et Poésies, par M.
On s’adjugeait ainsi la souveraineté de quantité de villages ou de seigneuries qui jusque-là avaient aimé à se rattacher par un dernier lien à l’Empire : on les forçait à se retourner et à regarder désormais du côté de la France.
C’est parce qu’elle lui avait inspiré le désir d’être aimé, et cette petite adresse réussira toujours… » 31.
Satisfaite, en définitive, de l’assistance diplomatique de la France, Marie-Thérèse termine cet épisode de la Correspondance par un vœu tout maternel sur le resserrement de l’alliance (1er juillet 1779) : « J’aime mieux paraître importune que de manquer à vous recommander d’être bien sur vos gardes.
Je n’aime point cette besogne, mais il faut bien s’y résoudre, car, sans cela, nous aurions vu arriver non pas les calendes de janvier 1736, mais celles de 1836, avant que la Compagnie eût pu se trouver d’accord. » Au moment de mettre sous presse, on fut encore arrêté quelque temps, du fait de l’imprimeur : « Coignard, écrivait l’abbé d’Olivet (8 avril 1736), a depuis six semaines la lettre A, mais ce qui fait qu’il n’a pas encore commencé à imprimer, c’est qu’il n’avait pas pris la précaution de faire fondre des E accentués, et il en faudra beaucoup parce qu’en beaucoup de mots nous avons supprimé les S de l’ancienne orthographe, comme dans despescher, teste, masle, que nous allons écrire dépêcher, tête, mâle, etc. » Le xvie siècle avait été hardi ; le xviie était redevenu timide et soumis en bien des choses ; le xviiie reprit de la hardiesse, et l’orthographe, comme tout le reste, s’en ressentit : elle perdit ou rabattit quelque peu, dès l’abord, de l’ample perruque dont on l’avait affublée.
Mais avec lui les absents bientôt avaient tort : il aima mieux oublier l’Orient, laisser le conquérant lointain courir ses risques, et rester à Paris ministre d’une politique qui était sans doute beaucoup trop révolutionnaire et propagandiste pour qu’il l’acceptât sincèrement, mais à laquelle aussi, à travers les remaniements des petits États, il y avait beaucoup pour lui à gagner, à pêcher, comme on dit, en eau trouble.
Très-peu de gens sont allés en Corse ; les mœurs de ce pays diffèrent des nôtres autant qu’il se peut ; elles sont souvent atroces, sanglantes, et le monde n’aime guère en soi l’atroce et le sanglant.
Les Athéniens croyaient aux mêmes dogmes, défendaient aussi leur patrie, aimaient aussi la liberté ; mais ce respect qui agit sur la pensée, qui écarte de l’imagination jusqu’à la possibilité des actions interdites, ce respect qui tient à quelques égards de la superstition de l’amour, les Romains seuls l’éprouvaient pour les objets de leur culte.
L’urbanité des mœurs peut seule adoucir les aspérités de l’esprit de parti ; elle permet de se voir longtemps avant de s’aimer, de se parler longtemps avant qu’on soit d’accord ; et par degrés, cette aversion profonde qu’on ressentait pour l’homme que l’on n’avait jamais abordé, cette aversion s’affaiblit par les rapports de conversation, d’égards, de prévenance, qui raniment la sympathie, et font trouver enfin son semblable dans celui qu’on regardait comme son ennemi.
Il aimait les effets de répétition : dix fois il ramenait le même mot au début d’une phrase, la même proposition au début d’un paragraphe : il tirait parfois de ce procédé de pathétiques effets.
Ils chantent, dans leur isolement, avec la même assurance que si l’univers entier était suspendu à leurs lèvres et il faut leur rendre cette justice que s’ils aimaient les applaudissements, ils les ont quêtés fièrement, sans flagornerie ni bassesse.
Il faut, disait Verlaine, l’aimer ou le détester immensément.
C’est dans ce rôle d’observateur intrépide que la postérité aime à le voir encore, expirant sur le rivage, ses tablettes à côté de lui.
Théophile Gautier, que nous aimons et connaissons plus et mieux que les fils de Parnasse, disait : « Je vois le monde extérieur et j’écris des métaphores qui se suivent. » Nous, nous avons cherché à voir le mieux possible le monde extérieur, à traduire quelques nuances, (le plus possible) du monde intérieur, ce qu’on en peut saisir, chacun dans les limites de ses forces, et nous avons cherché à créer des métaphores qui s’engendrent les unes les autres ; nous n’avons pas souvent tenu à les exprimer entièrement mais pour ainsi dire à les citer, à les énumérer.
Je sais que les esprits généreux aiment à avoir à faire et à lutter ; il se forme aujourd’hui, dans la libre et studieuse jeunesse, bien des intelligences.
Celui qui avait aimé à la folie les travestissements n’avait pas de plus grande joie à cette heure que de cultiver la nature.
si l’on pouvait croire que c’est là ma véritable pensée, peut-être m’aimerait-on un peu ; mais il ne faut pas penser à moi.
Encore aujourd’hui, on distingue au premier abord les peuples qui aiment à voyager de ceux qui se plaisent chez eux sans avoir le besoin d’en sortir.
mais la jeunesse sait nous enflammer, et nous aimons mieux regarder le poëme comme un tout, le sentir comme un tout avec délices. » Il disait encore, mais cette fois en prose et en cherchant à se rendre compte à lui-même de cette réaction involontaire, de ce va-et-vient dans ses impressions : « Parmi les livres qui m’occupèrent (1820), je citerai les Prolégomènes de Wolf.
J’aimerais mieux : La Galerie de La Bruyère.
Il y a de la vigueur dans ce style simple, courant, direct, qui ne s’étale pas en plats bavardages : on aime mieux cette sécheresse archaïque et nerveuse que l’insipide et intarissable prolixité des Grébans.
Ce public, très grossier et très bruyant, composé de marchands, d’artisans, de clercs, de commis, d’écoliers, de laquais et de filous, ce public aimait le mouvement scénique, les actions embrouillées et surprenantes : Hardy lui fournit un divertissement à son goût par ses pastorales et ses tragi-comédies ; il s’appropria ces deux genres dont les poètes érudits de la Pléiade lui donnaient l’idée, comme ils lui avaient donné celle de la tragédie, et il les fit si bien agréer de son public, par la variété romanesque des intrigues, qu elles parurent jusque vers 1640 devoir exclure la tragédie de la scène310.
C’est à dater de son retour que nous trouvons la suite de ses lettres à Mme de Maintenon, dans lesquelles nous aimons à l’entendre et à l’étudier.
Pour jouir de tout l’agrément du Lutrin, j’aime à me le figurer débité par Boileau avec ses vers descriptifs et pittoresques, tantôt sombres et noirs comme la nuit : Mais la Nuit aussitôt de ses ailes affreuses Couvre des Bourguignons les campagnes vineuses ; tantôt frais et joyeux dans leurs rimes toutes matinales : Les cloches dans les airs, de leurs voix argentines, Appelaient à grand bruit les chantres à matines ; avec ces effets de savant artifice et de légèreté, quand, à la fin du troisième chant, après tant d’efforts, la lourde machine étant replacée sur son banc, Le sacristain achève en deux coups de rabot, Et le pupitre enfin tourne sur son pivot ; ou avec ces contrastes de destruction et d’arrachement pénible, quand le poète, à la fin du quatrième chant, nous dit : La masse est emportée, et ses ais arrachés Sont aux yeux des mortels chez le chantre cachés.
Quand, par exemple, je songe à un ami que j’ai perdu, l’image de la personne aimée se trouve subir l’action de deux séries de représentations en sens contraire, les unes tendant à la favoriser, comme le souvenir de ses qualités et de ses bienfaits, les autres à la refouler, comme le souvenir de sa mort ; il en résulte un rapport de tension et de lutte, qui est la peine.
Et vraiment je ne connais guère, en ce temps-ci, qu’un homme, qui ait véritablement aimé le peuple gratis : c’est Barbès.
L’admiration pour un art naissant fait tomber aisément dans l’exageration ceux qui parlent de ses productions, et la tradition en recueillant ces récits outrez, aime encore quelquefois à les rendre plus merveilleux qu’elle ne les a reçus.
« Au point de vue gastronomique, c’est un gourmet de la plus haute valeur, un dilettante de cuisines savamment préparées, mais qui n’aime pas moins l’abondance que l’exquisité des mets.
Il aime les barrières et il en pose.
On aime mieux accuser l’auteur d’obscurité que d’absurdité.
Mélanges, p. 319. « Ce fait est la liberté, ou, si l’on aime mieux, le pouvoir personnel. » 77.
Rappelez-vous ce que Pindare aimait quelquefois à dessiner dans ses vers, la demeure splendide d’un riche citoyen, les élégants portiques, l’appareil de la fête, la joie des amis et l’empressement de la foule.
Cependant il étoit plein de vertus & de religion : Mon dieu, s’écrioit-il quelquefois, on a beau dire que je ne crois rien : je vous aime de tout mon cœur. […] La sale de l’opéra redeviendra un jeu de paume : les plus habiles gens ressembleront, pour la stupidité à l’onagre du désert : ils auront l’oreille aussi endurcie que la corne du bufle de la forêt : ils n’aimeront que les Lécluse, les Raton & les décorateurs du pont Notredame. […] Un poëte à dit à ce sujet, dans une épître sur l’agriculture : J’aime assez saint Bénoît, il prétendit du moins. […] Quoique le pape aimât les capucins, il n’osa plus les soutenir : il les bannit de Rome par foiblesse. […] Malheur à toi, peuple sans goût, qui n’aimes pas les capucins, & qui idolâtres les statues ».