On guillotine en France, bon an mal an, une douzaine d’automates : presque tous, à leurs derniers moments, se repentent, se confessent, communient, embrassent l’aumônier.
À la vérité, le Nord, à cette époque-là, c’était la France, car il est bien certain que La Fontaine n’a pas lu Shakespeare, ni Marlowe, mais il veut dire : « Je lis les Français, les Italiens, quelquefois même un peu d’Espagnols, et je lis les auteurs anciens. » Autre particularité, et très importante, à laquelle on a fait attention et sur laquelle j’appelle la vôtre, il n’était pas seulement un livresque, comme a dit Montaigne, il tirait sa fable souvent d’aventures qui lui étaient racontées, de choses présentes, de choses du temps.
Ce discours m’en rappelle un autre à peu près semblable, que j’ai souvent entendu tenir à un étranger, homme d’esprit, établi en France depuis assez longtemps ; il m’a plusieurs fois avoué qu’il ne sentait pas le mérite de La Fontaine.
La vie d’Emerson est déjà lointaine, mais puisque sa parole est encore peu connue en de nombreux pays, et que notamment en France et en Belgique, il ne fut que récemment traduit et commenté, nous pouvons par une illusion d’optique, le considérer comme un contemporain.
Prenons pour exemple le royaume de France, dont les provinces furent alors autant de souverainetés appartenant aux seigneurs qui relevaient du roi.
Nous l’y retrouverons, vers la fin de cette étude, sous les auspices de la France et de l’Amérique, à la voix de Lamartine et d’Heredia.
Mais n’est-il pas singulier que, trois cents ans après Shakespeare et cent ans après Goethe, on affecte encore en France de ne pas comprendre un auteur parce qu’il prend pour terme de comparaison, dans un drame, un oiseau qui n’est pas consacré par la mythologie grecque ! […] M. Anatole France. […] Il a expliqué qu’il y a toujours deux nations en France, qu’il faut qu’il y en ait deux, et qu’il faut qu’elles se battent, et qu’elles ne se réconcilieront jamais, jamais. […] Il vient, en France, passer un congé chez un de ses oncles, qui est banquier, qui s’appelle David, et qui a une fille du nom d’Emma. […] Mais il se trouve que le père Brémont, un vieil Harpagon colossalement riche, est mort (en France) trois jours avant son fils.
Du reste ici, comme en France, il y a des gens que cela bouleverse et met en colère. […] N’est-il pas singulier que des simplicités à la M. de la Palisse de cette évidence semblent encore en France tellement paradoxales, que la nécessité de fonder un journal pour les défendre et les vulgariser ait pu se présenter raisonnablement à votre esprit ? […] Depuis, j’ai trouvé en lui un des dix hommes intelligents qu’il y ait en France en tous genres, et ce côté intelligent, dégagé de tout alliage littéraire, l’élève à mes yeux, au-dessus de sa propre valeur comme romancier. […] De là des phrases rusées et irritées à la fois comme celles-ci : « En France, non seulement on ne goûte pas le bon, mais on aime le mauvais. » (Quoique dit à propos de musique, ceci s’étend bien à tout le reste.) […] La France est mise au-dessus de tout.
Rien de semblable ici à l’amour tel qu’on le voit dans les poésies primitives de la France, de la Provence, de l’Espagne et de la Grèce. […] Le sol est beaucoup plus mauvais que celui de la France.
» De même que l’Angleterre religieuse se partagea, un beau jour, en conformistes et en non-conformistes, la France artistique et littéraire allait se diviser en sincères et en non-sincères. […] En France, la femme ivre est une exception et le spectacle de l’ivresse est bien fait pour l’en dégoûter à jamais.
Combien longtemps, en France et dans notre siècle, n’a-t-on pas continué à appeler « poëtes de la nouvelle école » ceux qui étaient déjà passés au rang de modèles ! […] Nous connaissons en France neuf tragédies sur Coriolan. […] Le seul fait sur lequel Shakspeare ait pris nettement la résolution de substituer l’invention à la vérité, ce sont les rapports de Jean avec la France ; il faut assurément toutes les illusions de la vanité nationale pour que Shakspeare ait pu présenter et pour que les Anglais aient supporté le spectacle de Philippe-Auguste succombant sous l’ascendant de Jean sans Terre. C’est tout au plus ainsi qu’on aurait pu l’offrir à Jean lui-même lorsqu’enfermé à Rouen, tandis que Philippe s’emparait de ses possessions en France, il disait tranquillement : « Laissez faire les Français, je reprendrai en un jour ce qu’ils mettent des années à conquérir. » Tout ce qui, dans la pièce de Shakspeare, est relatif à la guerre avec la France, semble avoir été inventé pour la justification de cette gasconnade du plus lâche et du plus insolent des princes.
Rien de lui n’était connu jusque-là ; l’Essai sur les Révolutions, publié en Angleterre, n’avait nullement pénétré en France ; quelques articles du Mercure et les promesses de M. de Fontanes présageaient depuis plusieurs mois aux personnes attentives un talent nouveau, quand le Génie du Christianisme remplit l’horizon de ses subites clartés.
Avant l’opéra, et par l’effet du même goût s’acclimata en France le ballet.
La politique contemporaine en France m’en fournirait, je crois des exemples, et j’en trouverais parmi les hommes d’État les plus en vue et non les moins actifs de ces dix dernières années.
Pour l’interprétation de ces textes, on se reportera à l’ouvrage de Cécile Leblanc, Wagnérisme et création en France, 1883-1889, Honoré Champion, Paris, 2005.
Viennent là, trois ou quatre Anglais et Allemands, qui apportent leurs pipes, une demi-douzaine d’idées hégéliennes, un très grand mépris pour la politique de la France qu’ils traitent de politique sentimentale.
En France, l’augmentation est de près de 300 %.
Jules Lemaître, qui nous est cher, qui, faisant sa classe, dans sa jeunesse, au lycée du Havre, demandait à ses élèves : « Quel est le génie littéraire, en France, que vous préférez ?
V. la Lettre de Mgr Wiseman, évêque de Melipotame, aux évêques de France, publiée en 1846.
Je ne sais si nos désirs et nos appétits deviennent plus conscients, mais nous exigeons toujours plus d’air, toujours plus de réalité, et nous souhaitons pour la France un homme nouveau, aussi puissant que Zola, mais plus largement vital, qui ne s’enchaîne pas à une méthode, qui ne compromette pas sa propre liberté, qui étreigne librement la vie, qui se plie à tous ses aspects, qui rende toutes ses couleurs et toutes ses variétés, qui comprenne d’une façon moins étroite la purification par la science de la pensée.
Je crois avoir montré qu’en Italie, comme en France, nous trouvons trois ères, dont chacune commence par une période lyrique ; en Italie cette évolution s’arrête à mi-chemin, à l’épopée, et n’aboutit dans le drame qu’à des œuvres isolées ; j’en ai dit les raisons ; la principale, c’est l’absence de vie nationale.
Ces sublimes esprits, nés tous deux dans les beaux siècles littéraires de l’Italie et de la France, ainsi qu’Aristote avait paru dans le bel âge de la Grèce, s’abstinrent de détailler en vers la nature de la poésie et ses sujets, comme ce savant le fit en prose. […] La république des lettres fera, pour son accroissement en France, ce que la république romaine fit politiquement pour la sienne : elle répandra sa force et ses exemples chez les nations étrangères ; et, fière de leur rester supérieure, elle empruntera leurs richesses, leurs lumières, et ne dédaignera pas d’en recevoir quelquefois les leçons, ni d’en adopter les bonnes maximes. […] Et plus loin : « Chez nos dévots aïeux le théâtre abhorré, « Fut longtemps dans la France un plaisir ignoré. […] La seule Sophonisbe du Trissin porta dans l’imitation qu’en fit Mairet, quelque empreinte du genre dont elle fut le naissant honneur en France. […] Le crédit de réputation, et même les secrètes disgrâces de cet illustre auteur à la cour de France, furent des motifs de l’accueillir dans la sienne.
Leur saison c’est l’été, et surtout les beaux automnes de France. […] En principe, dans sa source toute pure, un livre sincère et vivant serait écrit pour un seul : on sait que les chefs-d’œuvre ignorés de la littérature d’amour — en France en est-il une autre ? […] En France, d’ailleurs, les tendances oratoires de la poésie et de la prose ont apparu souvent moins comme un courant magnifique à suivre que comme une matière diffuse à condenser et à discipliner. […] La façon dont il fut conçu par Lamartine et Victor Hugo eut une influence réelle sur les destinées de la France. […] Car alors, comme Philoxène aux carrières, le pouvoir renvoyait le poète à l’atelier des rimes, et en France même la chute triste de Lamartine apportait une pareille leçon.
Mais cet avénement s’était fait à travers tous les désordres, à travers l’orgie des intelligences et l’anarchie matérielle la plus sanglante, principalement en France, moyennant Rabelais et la Ligue. […] Il le comprenait et l’admirait dans les parties les plus étrangères à lui-même ; il se plaisait à être son complice dans le latin macaronique de ses plus folles comédies ; il lui fournissait les malignes étymologies grecques de l’Amour médecin ; il mesurait dans son entier cette faculté multipliée, immense ; et le jour où Louis XIV lui demanda quel était le plus rare des grands écrivains qui auraient honoré la France durant son règne, le juge rigoureux n’hésita pas et répondit : « Sire, c’est Molière. » — « Je ne le croyais pas, répliqua Louis XIV ; mais vous vous y connaissez mieux que moi. » On a loué Molière de tant de façons, comme peintre des mœurs et de la vie humaine, que je veux indiquer surtout un côté qu’on a trop peu mis en lumière, ou plutôt qu’on a méconnu.
Examinant, dans son Essai sur l’histoire de la philosophie en France au xixe siècle 61, le système de Bonald, Damiron oppose aux formules de ce philosophe une description vague et inexacte, de laquelle il ressort qu’il n’avait pas aperçu dans sa propre conscience la parole intérieure : pour lui, la pensée, dans la rêverie inattentive, est une série de petites perceptions vagues, « purement spirituelles », qui s’évanouissent à mesure ; quand elle s’affermit, la pensée réagit sur le corps ; alors elle s’exprime par la physionomie, par le geste, ou, mieux encore, par la parole extérieure [ch. […] Il formule les « critiques » auxquelles fait allusion Egger dans son Essai sur l’histoire de la philosophie en France au xixe siècle (1828) — voir PI, p. 38 — qui est un recueil d’articles qu’il a publiés dans le Globe.
Molière l’a fait quelquefois et je le tiens, pour Tartuffe et Don Juan précisément, comme créateur du drame en France. […] Et enfin Molière ne fait pas le drame, à l’ordinaire ; il n’attaque pas les vices, il attaque et ridiculise les défauts et travers, parce que lui-même, sans plus considérer le public et sans plus réfléchir sur l’essence ou sur la portée de la comédie, est un bourgeois de France et de Paris, qui aime mieux, de son naturel même, se moquer des défauts que s’irriter contre les vices. […] Mais encore est-il que Corneille a une manière de comprendre l’honneur qui est éminemment française et qui correspond exactement à l’état d’âme des gentilshommes du temps de Louis XIII ; que Racine a un idéal de l’amour féminin avec ses Andromaque, ses Monime, ses Iphigénie et même ses Phèdre, qui, non seulement est puisé au cœur même de la France, ce qui est peu discutable et peu discuté, mais qui est pour la faire aimer et préférer à tous les peuples ; que Boileau a ce patriotisme royaliste qui, en déguisant, un peu gauchement même, et je l’en aime, le conseil sous la louange, plaide auprès du roi les intérêts véritables de la nation ; que La Fontaine enfin, malgré sa nonchalance et son naïf égoïsme, a ses moments dë patriotisme même belliqueux, en écritures du moins, par où encore est-il que l’on voit à quel pays de l’Europe il appartient. […] En France, les filles vivent dans des couvents et les femmes courent le monde.
Les uns devinrent conseillers d’État, sous-secrétaires d’État, en attendant d’être ministres ; les autres voulurent être et furent conseillers d’université, pairs de France : il y eut une légère curée dans les hauts rangs.
Si elle dut en partie ce rôle d’exception au caractère tout intime et passionné de ses vers, elle ne le dut pas moins à la position littéraire qu’occupait alors en France la cité lyonnaise.
Jouffroy aurait eu beau jeu à entamer la question européenne selon ses idées de tout temps, à tracer le rôle obligé de la France, et à flétrir pour le coup la politique de ménage à laquelle on l’assujettit : il n’en a rien fait, soit que l’humeur contemplative ait prédominé et l’ait découragé de l’effort individuel, soit que, voyant une Chambre si ouverte à entendre, il ait souri sur son banc avec dédain114.
Outre qu’il était difficile de voir et d’écrire la vérité sur Louis XIV de son vivant, on n’avait pas en France au xviie siècle une idée fort juste des qualités et des devoirs de l’historien : quelques bénédictins savaient seuls alors ce qu’il faut de science, de critique et de détachement pour en bien faire le métier.
On en a toujours donné et on aime ça en France, tout en en disant beaucoup de mal.
(Camille Saint-Saëns : la France du 23 mars 1885) La vie humaine, que l’Art Wagnérien doit recréer, est faite d’éléments en apparence très divers, mais issus tous de la sensation, et produisant, dans leur complexité croissante, les deux modes de la notion et de l’émotion.
Le sommeil et la transmission héréditaire ont été en France l’objet de travaux si importants et si nombreux, qu’il n’y a pas lieu de nous y arrêter longtemps ; notre but étant surtout de faire connaître les résultats les plus nouveaux de la psychologie anglaise.
Patricienne jusqu’au bout des ongles, elle dirait volontiers, comme la jeune fille de Shakespeare : « Il n’y a que les mendiants qui comptent leur argent. » Elle a cinq cent mille livres de rente, des châteaux en France, des villas en Italie, mais un vent de désordre souffle sur cette fortune princière, que pille effrontément une bande noire d’hommes d’affaires et de fournisseurs.
Au reste, on a discuté ce beau morceau, avec la dernière rigueur, dans la dernière édition de Despréaux, à cause de l’excellence de l’auteur ; mais les critiques qu’on en a faites, toutes bonnes qu’elles puissent être, ne tournent qu’à la gloire des talents admirables d’un illustre écrivain, qui, dès l’instant qu’il commença de donner ses tragédies au public, fit voir que Corneille, le grand Corneille, n’était plus le seul poète tragique en France.
Jusqu’à la dernière page (du moins de ce qui nous est parvenu), cette marque subsiste de lettres confidentielles où deux personnes s’entendent à demi-mot : « Je vous donne les gens de Limoges pour aussi fins et aussi polis que peuple de France : les hommes ont de l’esprit en ce pays-là, et les femmes de la blancheur ; mais leurs coutumes, façon de vivre, occupations, compliments surtout, ne me plaisent point.
Mon très lettré ami M. de Couynart me fait remarquer : 1° qu’en 1680-1685 des essais assez nombreux d’acclimatation de Shakespeare en France avaient été faits et que La Fontaine avait pu jeter les yeux sur quelque oeuvre du dramatiste anglais 2° que la tragi-comédie de Statira, tirée par Pradon de la Cassandre de La Calprenède, jouée à la fin de 1679, avait été incriminée de mélange de trivialité et de tragique, et que, du reste, Pradon en 1684 ayant, par un factum, exercé des représailles contre Boileau, La Fontaine a pu, réveillé par ce factum contre son ami, se souvenir de Statira et y faire cette allusion prolongée que nous venons de voir ; M. de Couynart penche pour la seconde de ces hypothèses J’y pencherais aussi, sans doute ; mais d’abord en 1684 Boileau et La Fontaine, compétiteurs à l’Académie, ne devaient pas être si bien ensemble que La Fontaine voulût venger Boileau de Pradon avec un tel éclat ; ensuite Statira présente-t-elle en effet un tel mélange de haut style et de bassesses ?
Pourtant c’est exactement ce que faisaient et le partisan et l’adversaire de la théorie de la Relativité dans la discussion qui s’engagea au Collège de France, en avril 1922, sur les conséquences de la Relativité restreinte 54.
Émile Deschanel vient de publier sur Lamartine deux volumes qui sont, j’imagine, le résumé de son cours du Collège de France. […] M. Anatole France, qui assurément n’ignore pas que les légendes ont leur prix, mais qui, comme M. l’abbé Jérôme Coignard, ne s’en fait jamais accroire et n’aime que les illusions qu’il lui plaît de se donner, nous a conté l’histoire de la véritable Elvire, laquelle fut une petite femme obligeante et bonne, exaltée en amitié, un peu bavarde dans ses lettres, un peu quémandeuse et tracassière, d’ailleurs d’une santé déplorable et qui devait mal s’accommoder des promenades nocturnes sur l’eau ou des courses dans les bois de Chaville au mois de mars… Il y a des gens à qui les découvertes de cette espèce paraissent très inutiles ou un peu affligeantes. […] Voici, selon le Manuscrit de ma mère, l’emploi de la journée : « La messe tous les jours à sept heures ; lecture de la Bible ; leçon de grammaire ; lecture de l’histoire de France ou de l’histoire ancienne ; le soir, après dîner, quelques vers des fables de La Fontaine ; puis la prière en commun accompagnée d’une petite méditation improvisée à haute voix. » — À dix ans, on le met dans une petite pension, à Lyon.
Car si la France compte parmi les poètes contemporains de grands poètes, il n’en est pas un jusqu’ici qui ait jeté dans un moule immortel l’expression et la pensée de ce siècle. […] Puis, à son retour en France, au lieu de tremper sa plume dans sa profane écritoire, il n’a eu qu’à la plonger dans la sacro-sainte bouteille, pour écrire un beau livre, tout empreint de foi, d’élévation et de grandeur. […] Comme les œuvres de Rousseau en France, Werther en Allemagne eut l’importance d’une découverte et d’une révélation. — À la prostration des vertus civiques, à la dégénérescence des cœurs, Goethe opposait le sentiment de la nature, l’exaltation de la liberté individuelle, la glorification du devoir. — C’était comme une porte grandiose s’ouvrant tout à coup sur les chastes pays de l’idéal.
Lors de la révocation de l’Édit de Nantes, une partie de la famille Desbordes, qui tenait à la religion réformée, avait quitté la France pour la Hollande.
Il regrette de n’être pas né du temps de Louis Racine et de Rollin, quand les hommes de lettres servaient la messe et chantaient aux offices, Quand Maintenon jetait sur la France ravie L’ombre douce et la paix de ses coiffes de lin.
La mère de Marceline meurt de la fièvre jaune. « Après une traversée où sa vie et son honneur sont en péril », l’orpheline revient en France.
La publication de ces vers fut immédiatement suivie, en Belgique et en France, de poèmes conçus selon des formes voisines.
Chez nous, en France, il faut prendre Manon, la belle petite œuvre de M.
C’est le cas de l’Angleterre dont la densité matérielle est supérieure à celle de la France, et où, pourtant, la coalescence des segments est beaucoup moins avancée, comme le prouve la persistance de l’esprit local et de la vie régionale.
Ni comme chrétien, que je ne crois pas qu’il soit, même historiquement, ni comme artiste, qui comprend tout, qui a le quart d’heure de dévotion nécessaire dans les sujets religieux comme l’avait ce bandit de Benvenuto Cellini quand il sculptait ses crucifix, Flaubert, qui fait le sérieux dans son livre, n’a compris ce sévère et audacieux sujet de saint Antoine ; car il était audacieux, avec la plaisanterie séculaire des têtes légères de France qu’il fallait braver !
Les grands romans furent manqués, mais les épisodes furent parfaits, plus parfaits que dans la plupart des aurores modernes de la France ou de l’Angleterre, et l’étrangeté des sujets et des mœurs donna à Tourgueneff un intérêt et un charme de plus. […] — à penser à sir Robert Peel, à l’histoire de France… à la victoire qu’il aurait remportée s’il eût été général ; il croyait entendre le canon et les cris de guerre.
Les grands poëmes indiens de deux cent mille vers ; Homère, en Grèce ; Les Saga, des nations septentrionales ; L’Edda, de l’Islande ; Les Romanzeros espagnols ; Antar, roman poétique de l’Arabie ; Les chants de Roland, en France ; Les ballades héroïques de l’Angleterre ; Les poëmes de Dante et du Tasse en Italie, plus tard ; Enfin, les Nibelungen de l’Allemagne en sont partout des preuves et des exemples. […] De nombreuses traductions semblables à celles qui suivirent l’apparition des poëmes retouchés, mais originaux de l’Écosse, par Macpherson, les répandirent en Angleterre, en France, en Espagne, en Italie ; ils passèrent dans l’héritage du monde.
Mais, au moment où nous avons à parler d’un moraliste excellent, ne désespérons pas trop de l’avenir d’un genre si précieux, et qui, jusqu’à ces derniers temps, n’avait jamais chômé en France.
En France, outre les obligations que lui eût imposées son rang, la température lui paraissait troubler la liberté de son esprit, et mêler un peu d’imagination à la méditation des vérités qui ne veulent être perçues que par la raison.
Mais il y a eu la campagne d’Égypte, la campagne de Russie, les guerres d’Allemagne, et il y a eu la campagne de France.
C’était là tellement le mouvement des esprits poétiques dans ces dernières années du xviiie siècle, et la pente était si bien marquée dans ce sens, que le De Natura rerum sollicité en France par la curiosité scientifique et tenté par plusieurs poètes à la fois s’ébauchait presque en même temps en Allemagne, sous la puissante main de Goethe.
Bien peu, au milieu de tout cela, se donneront la peine d’aller chercher l’organisme d’une grande et forte théorie, qui aurait pu faire, en France, de Proudhon, ce que Hégel et Feuerbach sont en Allemagne, s’il n’avait pas été Proudhon et s’il y avait quelque chose de défini, d’exposé, de coordonné sous ces appareils d’école, de raisonnements, de vocables et de pédantismes, — s’il y avait enfin la moindre petite et honorable bête, sous ces énormes bricoles et caparaçons d’éléphant !
Perrichon, au moment de monter en wagon, s’assure qu’il n’oublie aucun de ses colis. « Quatre, cinq, six, ma femme sept, ma fille huit et moi neuf. » Il y a une autre pièce où un père vante la science de sa fille en ces termes : « Elle vous dira sans broncher tous les rois de France qui ont eu lieu. » Ce qui ont eu lieu, sans précisément convertir les rois en simples choses, les assimile à des événements impersonnels.
une succession de trois rois de France et leurs déprédations ruineuses. […] « Leurs trois talents ne formaient qu’un esprit « Dont le bel art réjouissait la France. […] « Leur savoir à la France est beaucoup nécessaire !
Il n’en est pas un qui ne se réjouisse de voir surgir de toutes les provinces de la France de nouvelles générations d’écrivains vouées au culte de la Beauté et à la défense de la Justice. […] M. Anatole France consacra la renommée de ce livre dans son feuilleton du Temps.
La vanité, qui a pris dans la bourgeoisie un ton plus haut qu’autrefois, traite de grossier tout ce qui n’a pas l’air du beau monde : c’est peut-être cette disposition des esprits qui a fait tomber en France la vraie comédie. […] Les moralités qui sont semées dans l’opéra italien, ne plaisaient pas beaucoup en France, non plus que cette mode monotone de terminer la scène la plus passionnée par une ariette, par une comparaison.
Une opinion généralement répandue en France, c’est qu’aucun poète n’est grand s’il n’exprime les sentiments éternels de l’humanité, c’est-à-dire un certain homme abstrait enlevé aux conditions de temps et de lieu, privé pour ainsi dire d’atmosphère ambiante et se mouvant dans une espèce de vide métaphysique. […] Je faisais toutes ces réflexions sur ces éléments, encore mal analysés, du moins en France, du génie poétique, en relisant l’Hamlet de Shakespeare, source inépuisable de sentiments et de pensées, et vers lequel un invincible attrait nous ramène toujours. […] Il semble à beaucoup de gens, surtout en France, que l’artiste et l’écrivain doivent être aussi pleinement maîtres de leur pensée qu’un habile cavalier est maître de son cheval, qu’ils peuvent la mener à leur gré et lui faire exécuter toutes les voltiges qu’il leur plaît, que les plus grandes œuvres d’art sont celles où l’artiste est resté jusqu’à la fin fidèle à son point de départ, où sa pensée s’est développée avec la rigueur d’un syllogisme et où l’on retrouve ses prémisses dans ses conclusions. […] Les noms consacrés prennent vite une signification académique, surtout en France, et, lorsque la mort a soustrait les hommes illustres aux disputes de chaque jour, l’admiration qu’ils inspirent devient aveugle et sourde, de trop clairvoyante qu’elle était auparavant. […] Des nécessités impérieuses le forcèrent à quitter la France ; il alla en Amérique solliciter la bienveillance du hasard et essayer d’attendrir la fortune.
Au-delà du pont, un régiment défile tambour battant, et Stevenson note sur son carnet : « … Les soldats français ne payent pas de mine à la parade ; en marche, ils sont gais, alertes, pleins de bonne volonté, comme une troupe de chasseurs de renards. » Il avait rencontré une jeune anglaise en pension en France. […] L’avenue de France, centre du quartier européen, va droite et large, bordée de riches magasins et de cafés étincelants où l’on boit du citron pressé et de l’absinthe, en causant de quelque beau trafic. […] « N’étant pas de sang hellénique, je ne secrète aucune pensée athénienne ; il n’est pas question que personne de chez nous répète les beaux miracles du Parthénon ; mais si la France relève, par l’intermédiaire romain, de la Grèce, c’est une tâche honorable, où je puis m’employer, de maintenir et de défendre sur notre sol une influence civilisatrice. » C’est fort beau ; et l’on voit que l’auteur n’avait pas à maudire son propre sang et la perfection d’Athènes. […] J’étais lié depuis un an avec Paul Verlaine, qui venait de rentrer en France.
On représentait là la tragédie de lord Buckhurst, Gorboduc ou Ferrex et Porrex, la mère Bombic, de Lily, où l’on entendait les moineaux crier phip phip, le Libertin, imitation du Convivado de Piedra qui faisait son tour d’Europe, Felix and Philiomena, comédie à la mode, jouée d’abord à Greenwich devant la « reine Bess », Promos et Cassandra, comédie dédiée par l’auteur George Whetstone à William Fletwood, recorder de Londres, le Tamerlan et le Juif de Malte de Christophe Marlowe, des interludes et des pièces de Robert Greene, de George Peele, de Thomas Lodge et de Thomas Kid, enfin les comédies gothiques, car, de même que la France a l’Avocat Pathelin, l’Angleterre a l’Aiguille de ma commère Gurton.
Bossuet, Fénelon, a-t-on dit, les deux gloires de la théologie en France, ont été philosophes ; Leibniz, un des plus grands noms de la philosophie moderne, a été chrétien.
S’il pouvait contribuer pour son humble part à la rénovation du théâtre en France sous la double forme du drame et du drame musical, sa mission serait accomplie. » L’esthétique de demain : l’Art suggestif, article publié en français par M.
II La contrée où je suis né, bien qu’elle soit voisine du cours de la Saône, où se réfléchissent d’un côté les Alpes lointaines, de l’autre des villes opulentes et les plus riants villages de France, est aride et triste ; des collines grises, où la roche nue perce un sol maigre, s’interposent entre nos hameaux et le grand horizon de la Saône, de la Bresse, du Jura et des Alpes, délices des yeux du voyageur qui suit la rive du fleuve.
Oui, oui, soyons justes, il y a du mal, mais il y a du bien dans la vie, et l’on peut dire de l’existence ce que j’ai dit moi-même de notre patrie il y a peu d’années : La France a de beaux moments et de vilaines années. — Ni à sa patrie, ni à Dieu, ni aux hommes, il ne faut nier les beaux moments !
Prestwich, dans ses remarquables mémoires sur les dépôts Éocènes de France et d’Angleterre, a pu établir un étroit parallélisme entre les étages successifs des terrains des deux contrées ; mais, lorsqu’il compare certains terrains anglais avec les dépôts correspondants de France, bien qu’il trouve entre eux un curieux accord dans le nombre des espèces de chaque même genre, cependant les espèces elles-mêmes diffèrent d’une manière très difficile à expliquer, si l’on prend en considération la proximité des deux régions.