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1864. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Alexandre Dumas fils — Chapitre X »

Une franche courtisane, étrangère aux roueries et aux rubriques du demi-monde, aurait été plus habile que cette illustre baronne ; elle aurait tout avoué à son amant ; elle lui aurait étalé toutes les souillures de son âme et toutes les profanations de son corps.

1865. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1883 » pp. 236-282

Vendredi 16 février Ce soir, au milieu de paroles vides et baveuses, un homme politique dit, que les seules salles à manger à Paris, où mangeaient des hommes d’État de l’étranger, et dont les maîtres de maison avaient tiré une force et une puissance extraordinaires : c’étaient les salles à manger de Girardin et de Gambetta.

1866. (1886) Quelques écrivains français. Flaubert, Zola, Hugo, Goncourt, Huysmans, etc. « Victor Hugo » pp. 106-155

Une autre catégorie d’œuvres à laquelle ressortissent la plupart des Orientales, la Légende des siècles, une pièce comme les Burgrave s et un roman comme Notre-Dame de Paris, fait se demander par quelle prodigieuse disposition sentimentale, le poète parvient à se faire le porte-voix, presqu’ému, d’une suite de personnes étrangères et mortes, dont il épouse les causes et les passions avec une infatigable versatilité.

1867. (1707) Discours sur la poésie pp. 13-60

Le poëte y est poëte de profession, au lieu que dans les autres ouvrages, il emprunte, pour ainsi dire, un esprit et des sentimens étrangers ; et il doit se contenter alors de toute l’élégance du langage ordinaire, sans y laisser sentir d’étude ni d’affectation.

1868. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre vii »

Ces jeunes gens dépériraient au milieu d’un chaos d’idées improvisées ou bien étrangères, également injustifiées.

1869. (1817) Cours analytique de littérature générale. Tome III pp. 5-336

Milton séparé de ses contemporains, étranger à ses compatriotes humiliés par mille sanglantes déviations, isola son génie, et ne daigna plus avoir à faire qu’à la postérité. […] Ils ont cru, parce qu’Hercule était un, que leurs poèmes l’étaient aussi. » Il loue, à cet égard, l’auteur de l’Odyssée de ne s’y être point mépris, et d’avoir écarté de son sujet les circonstances de la folie simulée d’Ulysse, et de sa blessure au Parnasse, événements étrangers au retour du héros dans sa maison. […] L’action épique devant composer un tout, les parties qui n’y sont pas intégrales, ou qui ne servent pas de membre à ce corps, doivent en être rejetées : la loi du nécessaire les retranche, parce que les choses qu’on ajoute ou qu’on retire d’un tout, sans nuire à son intégralité, lui sont étrangères. […] Le moindre mélange du merveilleux mythologique avec un merveilleux étranger est une incohérence qui détruit le vraisemblable, parce qu’elle vous avertit des mensonges de la muse. […] « Cette contrée a vu terminer ma misère ; « Mais celle où tu naquis ne m’est point étrangère : « Épargne donc ma cendre, ô généreux Troyen !

1870. (1910) Propos de théâtre. Cinquième série

Il la voit se dérouler devant lui, comme si elle lui était étrangère et comme si elle vivait par elle-même. […] D’abord peut-être parce qu’un Anglais n’aime pas nommer un étranger lorsqu’il s’agit d’humour, l’humour, comme le faisait déjà remarquer Voltaire, étant considérée par les Anglais comme produit essentiellement national ; et, comme nous disions de nos vins : « Ils n’en ont pas en Angleterre », les Anglais aiment à dire de l’humour : « Ils n’en ont pas en France », ni même dans toute l’Europe continentale. […] Est-ce qu’ils ont été séparés par la haine des Français à l’égard d’une reine étrangère ? […] Huszar est destiné à guérir les Français de cette admiration pour Corneille qui fait sourire tous les étrangers doués de quelque intelligence littéraire. […] Mais quand Shakspeare imita l’étranger, il ne se contenta pas de revêtir d’une forme anglaise la matière étrangère ; il en dégagea, en créateur, tout ce qui était d’un intérêt universel, largement humain, éternellement vrai.

1871. (1906) Propos de théâtre. Troisième série

Et alors cette passion, qui devient comme étrangère au sujet, ne peut produire que de médiocres effets. […] Des étrangers venus de leurs terres lointaines Abreuvent leurs coursiers fumants dans nos fontaines, Et leurs chariots roulant dans les champs désolés En un jour ont couché l’espérance des blés ! […] Rome, n’écoute point leur séduisant langage : Tout art t’est étranger ; combattre est ton partage : Confonds tes ennemis, de ta gloire irrités ; Tombe, ou punis les rois : ce sont là tes traités. […] Il ne s’était pas contenté, vers 1816, de prendre une couleur de drame historique ; il avait subi un peu et accepté très volontiers l’influence de la littérature étrangère, tout au moins celle de Walter Scott et de Goethe. […] Et c’est là que l’on voit bien ce qu’a été 1830 pour le peuple, 1830 pour le peuple de France, comme pour les peuples étrangers (rappelez-vous la brochure de Quinet sur l’Allemagne, écrite en 1831 à Heidelberg !

1872. (1856) Articles du Figaro (1855-1856) pp. 2-6

» Le pied étranger, qui avait conscience d’un corps étranger, ne bougea pas. […] Étranger à toute coterie, éloigné de toute influence, ennemi de tout système, nous apportons toutes les garanties possibles de sincérité et de franchise : beaucoup de loyauté, des convictions fortes, de la jeunesse et de l’audace. — Nous encouragerons de notre humble voix toutes les tentatives originales ; nous travaillerons à recruter un auditoire aux talents jeunes et vigoureux que la gloire n’a pas encore visités.

1873. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre III. La critique et l’histoire. Macaulay. »

John, le fils aîné du chef, accompagné par vingt hommes de son clan, vint à la rencontre des étrangers, et leur demanda ce que signifiait cette visite. […] Comme Addison et Burke, il ressemble à une greffe étrangère alimentée et transformée par la séve du tronc national.

1874. (1887) Journal des Goncourt. Tome II (1862-1865) « Année 1865 » pp. 239-332

L’idée est fine, délicate, acérée, quelquefois subtile, toutefois expliquée, éclairée par des mots qui se font attendre, mais qui ont toujours la bonne fortune des expressions d’un joli esprit étranger parlant le français. […] Dans l’antichambre le garçon lit la Gazette des étrangers, et de gras cabotins de province, et des Antony de troupe ambulante attendent mélancoliquement sur les banquettes.

1875. (1856) Leçons de physiologie expérimentale appliquée à la médecine. Tome I

Le sucre, au contraire, qui était dans les liquides animaux, quelle que soit son espèce, n’a été aucunement retenu par le charbon, et il coule avec le liquide qui filtre ; on peut même, par des lavages successifs, obtenir toute la quantité du sucre dont le charbon était imprégné, sans craindre, ainsi que nous venons de le dire, d’entraîner des matières étrangères redissoutes. […] Bien que faites en dehors des conditions normales, elles puissent paraître étrangères à l’histoire de la destruction du sucre hépatique dans l’être vivant, elles s’y ramènent cependant parce qu’elles nous prouvent qu’il faut, pour que le sucre se détruise dans l’organisme, qu’il soit destructible, ce qui n’a pas lieu pour toutes les espèces de sucre, et en outre qu’il n’arrive pas dans le sang en trop grande quantité à la fois. […] Nos expériences physiologiques avaient été répétées, soit en France, soit à l’étranger, par un grand nombre d’observateurs qui sont arrivés, en se plaçant dans les conditions physiologiques que nous avions indiquées, aux mêmes résultats et aux mêmes conclusions que nous. En présence des faits si nets que nous avions reproduits devant une commission de l’Académie des sciences, devant un grand nombre de savants français et étrangers, que vous avez pu voir vous-mêmes, puisque nous avons refait les expériences devant vous pour prouver le rôle du foie comme producteur de sucre, on avait pu croire que l’ancienne théorie qui considérait la matière sucrée comme venant toujours du dehors ne trouverait plus de défenseurs.

1876. (1925) Proses datées

La Pouplinière se fait rarement l’ami des talents reconnus ; il est le protecteur des jeunes, des débutants, des étrangers. […] Un étranger, à Venise, a peu d’accès dans la société. […] Les saluts échangés, nous nous dirigerons d’un pas inégal vers quelque petit café tranquille, ignoré des étrangers, et nous nous assoirons devant un verre de grappa ou un punch à l’alkermès. […] Henriette-Charlotte de Léonary était fille de Male-Jacques-Joseph de Léonardy, écuyer, Seigneur de Maleroux, Chevalier de Saint-Louis, capitaine d’infanterie étrangère au Régiment de Lowendahl et de Francoise-Louise-Charlotte du Theysacq d’Armentières, veuve de Jean Le Sari de Prémont, baron de Sart.

1877. (1925) Promenades philosophiques. Troisième série

L’idée de mutation brusque devait nécessairement être tout à fait étrangère à Lamarck. […] Si un brahmane consent à parler à un étranger, il ne voudrait, sous aucun prétexte, manger avec lui. […] Leur vie future ne comportait, en principe, que l’ennui ; la douleur y était réservée à quelques grands criminels ou à des victimes de la colère des dieux ; un sentiment de mesure et de bon sens leur avait évité d’y incorporer l’idée de béatitude, si singulière, d’ailleurs, et si étrangère à toute réalité. […] On ne considérait qu’une chose : le résultat ; et si l’ouvrier demandait à se reposer, on lui montrait, avec un hypocrite patriotisme, les efforts de l’étranger pour submerger l’industrie nationale.

1878. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « MME DESBORDES-VALMORE. » pp. 124-157

Il est à remarquer qu’elle et Victor Hugo entrèrent sous l’aile de la muse avec je ne sais quelle secrète influence espagnole, l’un né à Besançon, l’autre à Douai, deux cités françaises très-marquées de ce caractère étranger ; mais elle, son talent ne portait au cœur comme au front que le caractère espagnol attendri.

1879. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE RÉMUSAT » pp. 458-491

. — Jeune, riche, il fit semblant d’être malheureux, ruiné, exilé, afin de mieux jouer près d’elle son rôle d’étranger ému, attendri, reconnaissant, et pour que Mme d’Houdetot pût avoir prétexte à se dire dans sa candeur : « Pauvre jeune homme !

1880. (1875) Premiers lundis. Tome III « Les poètes français »

Sans nous faire juges nous-mêmes dans notre propre cause, il nous semble que, rien qu’à y regarder simplement, il est plus d’un siècle, souverain pour elle, où elle aurait eu incontestablement le prix, où elle aurait, d’un consentement unanime, gagné la couronne ; et, lors même qu’elle est primée par de plus grandes et de plus hautes productions étrangères, elle a encore de quoi consoler et honorer sa défaite par bien des grâces qui sont à elle et à elle seule.

1881. (1861) La Fontaine et ses fables « Deuxième partie — Chapitre II. Les bêtes »

Aussi ses moeurs sont-elles jalouses et violentes ; il est « incivil, peu galant, turbulent, toujours en noise avec les autres. » Quand la perdrix est mise dans la basse-cour, « malgré le sexe et l’hospitalité », il a peu de respect « pour la dame étrangère. » Il est orgueilleux, brutal, « fort souvent en furie, et la pauvrette reçoit d’horribles coups de bec. »125 S’il donne aux poules les grains et les vermisseaux qu’il déterre, c’est qu’il est leur maître.

1882. (1866) Cours familier de littérature. XXII « CXXIXe entretien. Fior d’Aliza (suite) » pp. 129-192

Chapitre VIII CCXX — À toi, maintenant, dit l’aveugle à Fior d’Aliza, raconte à l’étranger ce qui s’était passé dans la prison pendant cette lugubre agonie de nos deux âmes dans la cabane.

1883. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Livre I. Littérature héroïque et chevaleresque — Chapitre I. Les chansons de geste »

Ou bien l’on démarque des traditions étrangères pour les rendre au sujet que l’on traite : ainsi le chien de Montargis, vieux conte qu’on trouve déjà dans Plutarque et dans saint Ambroise, vient se mêler aux aventures de la reine Sibille, une des incarnations de l’épouse innocente et calomniée.

1884. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « M. Paul Verlaine et les poètes « symbolistes » & « décadents ». »

Il s’enivrait, avec les autres, de la musique des mots, mais de leur musique seulement ; et il est resté un étranger parmi ces Latins sensés et lucides… Un jour, il disparaît.

1885. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Mme Desbordes-Valmore » pp. 01-46

Il abhorre Paris ; rien ne pourra le changer. » Ou bien : « Valmore m’a avoué qu’il préférait toutes les chances désastreuses que nous éprouvons de faillite en faillite et de voyage en voyage, à rentrer jamais à la Comédie française qu’il abhorre. » Ou bien : « Valmore est tout à fait réveillé de ses beaux rêves d’artiste… Il veut nous emmener dans quelque cour étrangère ou essayer une direction théâtrale à Paris… » Ou encore : « Mon mari qui t’aime de toujours incline jusqu’à tes genoux toutes ses fiertés d’homme… » (Cela, c’est tout à fait l’accent « Delobelle », ou, mieux, le style « Delmar » : vous vous rappelez l’étonnant cabot-pontife de l’Éducation sentimentale ?)

1886. (1894) Propos de littérature « Chapitre IV » pp. 69-110

Les harmonies, comme des Mères, sont les matrices où fructifie le verbe jaillissant du rythme ; elles nous apparaissent comme en dehors de nous : des lois spéciales les régissent sans notre œuvre, elles ne nous obéissent que dans la mesure de ces lois et, plus immobiles et plus stables que le rythme, la résistance qu’elles nous opposent nous les révèle étrangères.

1887. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre cinquième »

Veut-il justifier son théâtre, ces développements, ces dialogues deviennent des « conversations trop longues », que les étrangers ont raison de reprocher au théâtre français.

1888. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, le 8 décembre 1885. »

Sous une forme contenue et voilée, il accompagne les premiers mots de Walther : « So rief der Lenz in der Wald », et « So rief es mir in der Brust » ; il souligne toute l’ardeur du poète, son désir d’Eva, de la maîtrise qui la lui donnera ; il apparaît quand le chevalier trouve l’art des maîtres nouveau et étranger pour lui ; pendant le choral, dans la mimique tendre de Walther, et quand il voit Eva s’avancer vers lui pour sortir de l’Église ; c’est lui qui proteste pendant que les maîtres accablent le héros ; lui qui s’insinue dans la pensée de Sachs, le trouble et lui fait dire plus tard à Walther : « All Dichtkunst und Poeterei ist nichts als Wahn-traumdeuterei. » Motif 3 (p. 34, 171, 264, 265, 266, 276,287, 300, 301, 315, 316, 318, 375, 379). — Les trois premières notes de ce motif sont les trois dernières du motif 2, et la seconde partie de la phrase est la répétition de la première où apparaît la note ré, trois fois répétée.

1889. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre VIII, les Perses d’Eschyle. »

Souvenez-vous d’Athènes et de l’Hellade, afin que nul ne méprise sa fortune présente, et, dans sa convoitise du bien étranger, ne perde sa propre richesse.

1890. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Alexandre Dumas fils — CHAPITRE IX »

Un étranger n’aurait jamais deviné une courtisane dans cette jeune femme au pur profil, aux silencieuses attitudes.

1891. (1913) La Fontaine « VIII. Ses fables — conclusions. »

A l’étranger, les Anglais ont été longtemps à s’acclimater, en quelque sorte, à La Fontaine, qui a certains côtés de son esprit qui ne sont pas les leurs.

1892. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Crétineau-Joly »

Le schisme aurait élevé de telles complications en Europe pour les gouvernements qui avaient l’insolence d’en parler, que très probablement c’était une menace vaine, mais elle troubla ces vieillards, qui doutaient de Rome éternelle, et on attendit les cardinaux étrangers.

1893. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Balzac » pp. 17-61

Il fallait être chrétien et chevaleresque (c’est tout un) pour écrire : Persévérance d’amour, Berthe la-repentie, et Le Frère d’armes, récits merveilleux et touchants, d’une inspiration entièrement étrangère au xixe  siècle : les plus divins morceaux du livre de Balzac.

1894. (1919) L’énergie spirituelle. Essais et conférences « Chapitre VI. L’effort intellectuel »

Mais nous en avons la conscience nette quand nous conversons dans une langue étrangère que nous connaissons imparfaitement.

1895. (1891) La vie littéraire. Troisième série pp. -396

On n’y trouve pas trace de haines contre les peuples étrangers. […] Quand l’étranger emballait déjà statues et tableaux, M.  […] Mais, apercevant un étranger, il recula brusquement : c’était Robespierre. […] Ils ont voulu nous unir pour perpétuer leur famille, de peur qu’après leur mort un étranger ne vînt à hériter de leurs biens. […] Étranger à tout ce qui l’entoure, il poursuit l’œuvre, quand tout à coup il apprend qu’Izel, lasse de sa solitude et de son abandon, est prête à se donner à un amant dont elle est adorée.

1896. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Livre quatrième. La connaissance des choses générales — Chapitre II. Les couples de caractères généraux et les propositions générales » pp. 297-385

À quoi l’on pourvoit en supposant que la troisième fraction de durée et d’espace répète la seconde absolument et à tous égards ; que, nul caractère perturbateur ne s’étant rencontré dans la seconde, nul caractère perturbateur ne se rencontrera dans la troisième ; que dans le troisième lieu et le troisième instant, comme dans le second lieu et le second instant, nulle circonstance étrangère et influente ne s’est adjointe pour arrêter, dévier, presser ou ralentir le mouvement ; que, le petit espace d’abord parcouru étant vide, l’espace infini qui reste à parcourir est vide aussi ; que, la courte durée d’abord employée n’ayant présenté aucun événement modificateur, la durée infinie qui reste à employer n’en présentera non plus aucun. […] Le lecteur voit sans difficulté qu’un raisonnement analogue et plus simple encore s’applique au corps en repos ; car, dans ce cas, on n’a point à tenir compte de l’espace, mais seulement de la durée. — Soit un corps en repos pendant une durée aussi courte que l’on voudra ; cette durée étant divisible en deux moitiés, on démontrera de même que, le corps étant demeuré pendant la seconde moitié dans le même état que pendant la première, le caractère par lequel la seconde moitié diffère de la première, c’est-à-dire la propriété qu’elle a de venir ensuite, n’a pas eu d’influence sur cet état ; d’où il suit qu’un troisième fragment égal, découpé dans la durée consécutive, n’aura pas non plus d’influence, à moins qu’on n’y fasse intervenir quelque circonstance nouvelle influente, quelque événement étranger efficace.

1897. (1890) Journal des Goncourt. Tome IV (1870-1871) « Année 1870 » pp. 3-176

Pour moi, quant à mon goût personnel, je suis comme vous, j’aime mieux nos vieilles rues… » Quelqu’un ayant prononcé le mot de « grandes artères ». « C’est vrai, jette-t-il au divan, ce gouvernement n’avait rien fait pour la défense contre les étrangers, tout avait été fait pour la défense contre la population !  […] Alors je songeais à m’adresser à la princesse Mathilde, que je ne rencontrais pas chez elle, mais dans un bâtiment ressemblant à un Hôtel de ville de l’étranger. […] À ce propos, Renan dit que le sentiment de la patrie était très naturel dans l’antiquité, mais que le catholicisme a déplacé la patrie, et comme l’idéalisme est l’héritier du catholicisme, les idéalistes ne doivent pas avoir des attaches aussi étroites pour le sol, des liens si misérablement ethnographiques que la patrie. « La patrie des idéalistes, s’écrie-t-il, est celle où on leur permet de penser », et au milieu des interruptions nerveuses de Berthelot, emporté par la logique de sa thèse, il ne sent dans le fait de la domination étrangère rien de ce qui indigne, soulève, enrage les cœurs patriotiques.

1898. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE LONGUEVILLE » pp. 322-357

L’oraison funèbre de Mme de Longueville fut prononcée un an après sa mort, non point par Bossuet, je l’ai regretté, mais par l’évêque d’Autun, Roquette, le même qu’on suppose n’avoir pas été étranger à l’idée du Tartufe, et duquel encore on a dit que les sermons qu’il prêchait étaient bien à lui, puisqu’il les achetait.

1899. (1867) Cours familier de littérature. XXIII « cxxxviie entretien. Un intérieur ou les pèlerines de Renève »

Nous les avions reçues en étrangères, nous les quittâmes en amies. — Voilà, dis-je en les regardant marcher sur le grand chemin, de la célébrité en cœur et en âme ; quand nous serons bientôt peut-être expulsés de notre dernière maison, souvenons-nous, pour nous consoler, que la dernière visite que nous avons reçue était la visite de ces pauvres pèlerines de Renève et que nos bénédictions pleuvent sur elles !

1900. (1834) Des destinées de la poésie pp. 4-75

Les hymnes et les psaumes de David s’élevaient après trois mille ans, rapportés par des voix étrangères et dans une langue nouvelle sur ces mêmes collines qui les avaient inspirés ; et je voyais sur les terrasses du couvent quelques figures de vieux moines de Terre Sainte aller et venir leur bréviaire à la main, et murmurant ces prières murmurées déjà par tant de siècles dans des langues et dans des rhythmes divers !

1901. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — H — Hugo, Victor (1802-1885) »

Jules Lemaître L’âme de Hugo, et c’est tant pis pour moi, est trop étrangère à la mienne.

1902. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre premier »

Faire siéger dans la même Académie, à côté des savants français, les savants étrangers, c’est une des plus grandes idées inspirées à Louis XIV par Colbert.

1903. (1911) La morale de l’ironie « Chapitre III. Les immoralités de la morale » pp. 81-134

Il n’est pas du tout sûr que l’individu se laisse envahir davantage par l’âme sociale, entrée en lui, mais encore étrangère à lui.

1904. (1914) Note sur M. Bergson et la philosophie bergsonienne pp. 13-101

Elle est totalement étrangère à la germination, à la fécondité, à la conception.

1905. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Troisième Partie. De la Poësie. — IV. La Poësie dramatique. » pp. 354-420

Les étrangers, qui viennent à Paris, sont fort étonnés de voir des ecclésiastiques à la comédie & à l’opéra : ceux de Londres ne paroissent jamais aux spectacles.

1906. (1878) La poésie scientifique au XIXe siècle. Revue des deux mondes pp. 511-537

Je ne parle même pas de la sanction, mais de l’origine et du prix de cette idée, qu’on nous dit étrangère au monde comme à Dieu, s’il y en a un.

1907. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre VIII : Hybridité »

Sur cette dernière question, je n’ai pu énumérer tous les faits remarquables que j’ai recueillis ; et, quant à la stérilité des croisements, qu’on songe à la différence des résultats obtenus lorsqu’ils sont réciproques, qu’on songe surtout à ce fait étrange qu’une plante puisse être plus aisément fécondée par un pollen étranger que par son propre pollen126.

1908. (1888) Petit glossaire pour servir à l’intelligence des auteurs décadents et symbolistes « Petit glossaire »

Oui, Celle-là (serais-tu perdu en une salle, spectateur très étranger, Ami) pour peu que tu déposes avec soumission, à ses pieds d’inconsciente révélatrice, ainsi que les roses qu’enlève et jette en la visibilité de régions supérieures un jeu de ses chaussons de satin pâle et vertigineux, la Fleur de ion poétique instinct n’attendant de rien autre la mise en évidence et sous le vrai jour des mille imaginations latentes : alors, par un commerce dont son sourire paraît verser le secret, sans tarder elle te livre à travers le voile dernier qui toujours reste, la nudité de tes concepts et silencieusement écrira ta vision à la façon d’un Signe, qu’elle est.

1909. (1900) Le rire. Essai sur la signification du comique « Chapitre I. Du comique en général »

Je veux dire qu’on ne peut imiter de nos gestes que ce qu’ils ont de mécaniquement uniforme et, par là même, d’étranger à notre personnalité vivante.

1910. (1900) Le rire. Essai sur la signification du comique « Chapitre II. Le comique de situation et le comique de mots »

Tantôt il commence par constituer les séries indépendantes et s’amuse ensuite à les faire interférer entre elles : il prendra un groupe fermé, une noce par exemple, et le fera tomber dans des milieux tout à fait étrangers où certaines coïncidences, lui permettront de s’intercaler momentanément.

1911. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre IV. La philosophie et l’histoire. Carlyle. »

Les systèmes ont pullulé les uns par-dessus les autres et débordé en une végétation inextricable, où nul étranger n’osait entrer, ayant éprouvé que chaque matin amenait une nouvelle pousse, et que la découverte définitive proclamée la veille allait être étouffée par une autre découverte infaillible, capable tout au plus de durer jusqu’au lendemain matin. […] Il faut que le critique à son âme naturelle et nationale ajoute cinq ou six âmes artificielles et acquises, et que sa sympathie flexible l’introduise en des sentiments éteints ou étrangers.

1912. (1896) Le livre des masques

Herold est l’un des plus objectifs, parmi les poètes nouveaux ; il ne se raconte guère lui-même ; il lui faut des thèmes étrangers à sa vie, et il en choisit même qui semblent étrangers à ses croyances : ses reines n’en sont pas moins belles, ni ses saintes moins pures.

1913. (1907) L’évolution créatrice « Chapitre III. De la signification de la vie. L’ordre de la nature et la forme de l’intelligence. »

Ni l’espace n’est aussi étranger à notre nature que nous nous le figurons, ni la matière n’est aussi complètement étendue dans l’espace que notre intelligence et nos sens se la représentent. […] Nos unités de mesure sont conventionnelles et, si l’on peut parler ainsi, étrangères aux intentions de la nature : comment supposer que celle-ci ait rapporté toutes les modalités de la chaleur aux dilatations d’une même masse de mercure ou aux changements de pression d’une même masse d’air maintenue à un volume constant ?

1914. (1895) Impressions de théâtre. Huitième série

Cet industriel habite Cos, en qualité d’étranger domicilié. […] Paye, et tu l’auras, etc… » Puis, la péroraison : « Songez, citoyens, que vous jugez aujourd’hui la cause, non de Battaros, le marchand d’esclaves, mais de tous les étrangers domiciliés dans cette ville. » Et enfin, selon l’usage, l’évocation de toutes les divinités locales : « Et, maintenant, montrez-vous les dignes fils de Cos et de Mérops ; songez quelle fut la gloire de Thessalos et d’Héraklès, comment Asklépios vint de Trikka dans celle île, et pourquoi Phœbé donna ici le jour à Latone. […] Lui qui guérit les étrangers, il ne peut cependant guérir sa femme Clara, qu’une paralysie nerveuse tient au lit et qui n’a pas dormi depuis des mois. […] Un étranger a retiré le cadavre. […] Pierre Loti, à qui l’ironie est étrangère, m’en témoigna du chagrin.

1915. (1765) Articles de l’Encyclopédie pp. 3665-7857

Ulisse parle à Pénélope sous le nom d’un étranger. […] La figure, le ton, le geste d’un acteur, un bon mot place à propos, ou tel autre incident plus étranger encore à la piece, ont quelquefois fait rire où l’on eût dû pleurer ; mais quand le pathétique de l’action est soûtenu, la plaisanterie ne se soûtient point : on rougit d’avoir ri, & l’on s’abandonne au plaisir plus décent de verser des larmes. […] On se défie moins d’un concitoyen que d’un étranger, d’un ami que d’un concitoyen, &c. […] Sa récompense doit être proportionnée au bien qu’elle opere, au sacrifice qui lui en coûte, aux talens personnels qui la secondent ; ou si les talens personnels lui manquent, au choix des talens étrangers qu’elle appelle à son secours : car ce choix dans un homme public renferme en lui tous les talens.

1916. (1890) La bataille littéraire. Deuxième série (1879-1882) (3e éd.) pp. 1-303

Signalons encore tout un amoncellement de types plus ou moins accusés, hommes et femmes ; la juive Séphora de la rue Éginhard, son mari Tom Lévis « l’agent des étrangers », la princesse Colette de Rosen et son mari Herbert, attachés à la petite cour du roi et de la reine d’Illyrie, et surtout le précepteur Élysée Méraut, fervent royaliste et bohème insensé que toute une génération a connu et vu circuler et applaudir dans les tavernes du quartier, où il prêchait avec une éloquence admirable le principe d’hérédité et ses traditions. […] Mme de Maurescamp, livrée à elle-même, veut rester étrangère aux distractions que le monde ne manque pas d’offrir aux jeunes femmes délaissées. […] C’est le voisin, c’est le faux ami, c’est l’étranger, c’est le haineux, c’est l’espion qui s’est glissé, durant des années, dans ta famille, et qui, tout en jouant avec tes enfants, tout en gaudriolant avec la bonne, tout en le parlant de sa blonde fiancée restée là-bas au pays, prenait l’empreinte de tes serrures, le chiffre de tes revenus et le plan de la maison. […] Les scènes militaires, son histoire du Faucon noir du pic de Ténériffe, ses toasts en imitation de langues étrangères, ne sont-elles pas des scènes aussi réelles que celles qui se jouent chaque jour devant nous dans la vie, et qui présentent en relief l’orgueil bête, la crédulité prétentieuse, la vanité solennelle, etc., etc. […] C’est à ce jeu qu’ils aiment à exceller, et quand ils peuvent ajouter du précieux, de l’emphatique et un air grave plein d’affectation, l’auteur alors nage dans la joie : mais que le ciel donne patience au lecteur. — En outre, ils s’étudient tout spécialement à trouver toujours les expressions les plus indécises et les plus impropres, de sorte que tout apparaît comme dans le brouillard : leur but semble être de se ménager à chaque phrase une porte de derrière, puis de se donner le genre de paraître en dire plus qu’ils n’ont pensé ; enfin ils sont stupides et ennuyeux comme des bonnets de nuit ; et c’est justement ce qui rend haïssable la manière d’écrire des Allemands à tous les étrangers, qui n’aiment pas à tâtonner dans l’obscurité ; c’est au contraire chez nous le goût national.

1917. (1716) Réflexions sur la critique pp. 1-296

Ils ne font attention qu’à la solidité des raisonnements : ils les pesent à part ; et dépoüillez de tous les ornements étrangers à la cause, et contents d’avoir évité l’erreur, ils ne connoissent point la joye maligne d’en voir convaincre les autres. à ces deux sortes de public répondent aussi deux genres d’auteurs. […] J’aurois plus de foi là-dessus, à des esprits naturels et simplement cultivez par ce qui s’est fait de meilleur dans nôtre siecle ; qu’à ces sçavans qui par la longue habitude d’admirer tout dans les anciens, et par trop de déférence aux autoritez, se sont fait, pour ainsi dire, un goût d’emprunt, et tout-à-fait étranger à la raison. […] C’en étoit assez sans doute pour Andromaque, qui ne devoit rien dire d’étranger à sa douleur ; mais Homere se mêle indiscretement avec elle, et il veut décrire à quelque prix que ce puisse être.

1918. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLVIIIe entretien. Littérature latine. Horace (2e partie) » pp. 411-480

On retrouve partout en lui, non pas la froide Sabine, non pas le dur Latium, mais l’Arcadie ; sa strophe a des souplesses et des chutes harmonieuses qui étaient étrangères jusque-là à la prosodie latine.

1919. (1863) Cours familier de littérature. XV « LXXXVIIe entretien. Considérations sur un chef-d’œuvre, ou le danger du génie. Les Misérables, par Victor Hugo (5e partie) » pp. 145-224

IV Ici un tiroir, bien plus vaste et bien plus étranger au roman ou à l’épopée que les autres, forme sous les pas du lecteur comme une trappe et le conduit, pendant je ne sais combien de pages, jusqu’à la Seine.

1920. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLIe entretien. Molière et Shakespeare »

. — Elles n’ont placé sur ma tête qu’une couronne sans fruit et ne m’ont donné à saisir qu’un sceptre stérile que m’arrachera une main étrangère, sans qu’aucun fils sorti de moi me succède.

1921. (1869) Cours familier de littérature. XXVII « CLVIIIe Entretien. Montesquieu »

« On y pourrait contenir les femmes, faire des lois pour corriger leurs mœurs, et borner leur luxe ; mais qui sait si on n’y perdrait pas un certain goût qui serait la source des richesses de la nation, et une politesse qui attire chez elle les étrangers ?

1922. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre quatrième »

Toute cette guerre de citations, toute cette théologie, si claire à l’époque de la condamnation d’Arnauld, parce qu’on s’y intéressait, si obscure aujourd’hui, parce qu’on y est indifférent ; ces triomphes remportés sur l’odieux de quelques propositions particulières dont on rend responsable tout un corps ; quoi de plus étranger à nos idées, et qui puisse nous moins toucher ?

1923. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 14 mars 1885. »

Si le cancan passe à l’étranger pour notre danse nationale, il ne convient pas que ce mime cancan soit considéré comme la seule musique de notre pays.

1924. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « Introduction »

Elle ressemble par là à la chimie, née de certaines inventions pratiques et des recherches mystérieuses du moyen âge sur la transmutation des métaux, mais qui ne restera pas non plus tout à fait étrangère à la philosophie, comme le prouve le nom de philosophie hermétique si souvent employé pour désigner ces recherches.

1925. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Introduction. Le problème des idées-forces comme fondamental en psychologie. »

S’il en était ainsi, l’objet qu’on veut poser en face de la conscience comme seul réel lui resterait totalement étranger, et, en voulant le poser, on le supprimerait.

1926. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre deuxième. L’émotion, dans son rapport à l’appétit et au mouvement — Chapitre quatrième. Les émotions proprement dites. L’appétit comme origine des émotions et de leurs signes expressifs. »

Il a pu observer directement la circulation du sang chez trois sujets dont le crâne avait été partiellement détruit : qu’un étranger entre, qu’un bruit inattendu se produise, le pouls cérébral s’élève immédiatement.

1927. (1888) Préfaces et manifestes littéraires « Théâtre » pp. 83-168

Nous nous plongions cependant en un drame de la Révolution vers laquelle nous nous sentions attirés depuis des années, et dans laquelle le siège de Verdun donnait l’épisode héroïque de la défense de la France contre l’étranger.

1928. (1896) Les origines du romantisme : étude critique sur la période révolutionnaire pp. 577-607

Au nom de la patrie, de sa langue et de sa gloire littéraire, ils ameutaient le bon goût et la tradition contre le monstre barbare et informe, importé de l’étranger.

1929. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome I « Bibliotheque d’un homme de goût. — Chapitre V. Des orateurs anciens et Modernes. » pp. 223-293

Thomas, sans les mêlanges étrangers que la Rhétorique a quelquefois fait entrer dans ses écrits.

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