Devenue veuve une seconde fois, et sans enfants, il ne semblait pas que ses qualités bien appréciées de ses amis dussent s’exercer sur un plus vaste théâtre que celui d’une brillante société, lorsqu’une nécessité imprévue vint la produire. […] Il s’était attendu, d’après tous les rapports, à trouver dans Mme des Ursins une femme de la Fronde, qui venait trop tard : au lieu de cela, il trouvait quelqu’un qui avait peu à faire pour être naturellement une personne d’autorité et de gouvernement, et qui ne cessait pas d’être de la plus agréable société dans le plus grand air.
Comme la plupart des ouvrages vrais et qui saisissent le plus la société à leur moment, il ne fut point écrit de propos délibéré : il sortit d’une inspiration naturelle et toute particulière. […] L’objet principal de son livre, qu’il adresse à Philothée, c’est-à-dire à une âme amie de Dieu, est de faire voir en exemple encore plus qu’en préceptes comment la piété peut se mêler aux nombreuses occupations de la société, et doit être différemment exercée selon les conditions diverses, par le gentilhomme, par l’artisan, par le valet, par la femme mariée, par la veuve, et toujours d’après le même esprit qui répand la vie et la joie au-dedans.
Ici, comme partout, l’anthropomorphisme se manifeste et les dieux sont faits à l’image des plus puissants des hommes dans une société où la puissance fut initialement la plus respectée des qualités. […] — La plupart des noirs, ceux du moins qui se sont constitués en société, ont le sens de l’ordre et, pour obtenir qu’il règne dans leurs groupements, ils s’astreignent sans difficulté à l’obéissance.
L’originalité n’y est pas, l’originalité si rare chez toute femme, même chez Mme de Staël, mais l’aristocratie, une aristocratie native, plus forte que les fausses doctrines et les mauvaises habitudes de société, n’a pu en disparaître. […] Le sens pratique des relations de droit commun entre les personnalités de l’ordre et de la famille fait défaut à cette moraliste qui veut juger la société.
Ce n’est pas, comme le xviie siècle, qui la nomma, la crut, une chose de société, mais de nature humaine ; et voilà même pourquoi son nom est resté. […] Xavier Aubryet, dans cette plate société moderne, n’en a pas pris la platitude.
Trop raffinée, trop amollie dans ses premiers rangs, trop inégale, trop disparate dans son assemblage, aussi forte par les lumières que faible par les mœurs, la société française était énervée pour l’invention, et avait besoin d’être rajeunie par des événements nouveaux. […] On avait applaudi comme une belle œuvre d’art le Guillaume Tell de Schiller : mais sa tragédie des Brigands charmait aussi beaucoup d’esprits faux en Allemagne, comme autorisant la révolte contre une société où ils ne croyaient pas avoir assez bonne part.
La cause de cette dissolution passagère est plus générale et tient à l’état de la société elle-même, après une grande secousse politique mal dirigée.
Laurent essaie de les faire servir à interpréter notre Révolution, comme on a cherché à les faire servir à l’interprétation des sociétés anciennes et du moyen âge, à l’intelligence de la féodalité et de la théocratie romaine.
Ce qu’on appelle littérature, d’ailleurs, a pris un tel accroissement de nos jours que, par elle, on se trouve introduit et induit sans peine à toutes les considérations sur la société et sur la vie.
On lui a contesté encore la vérité des mœurs qu’il s’est piqué de rendre et l’espèce de haute société où il s’est voulu tenir.
Dans le commerce des femmes les plus distinguées que la société française ait produites, au contact de ces esprits ex quis qui ont mis, sans y penser, le meilleur d’eux-mêmes dans des œuvres légères et charmantes, nos écoliers compenseront en quoique sorte le défaut de notre système d’éducation qui, jusqu’à l’âge d’homme, les soustrait aux influences féminines.
Autrefois, un écrivain était le plus souvent un honnête homme qui faisait des livres, et qui, le reste du temps, vivait comme les autres hommes ; et cela d’autant mieux qu’il avait besoin, pour réussir, de se mêler à la société polie de son temps, et de se distinguer d’elle le moins possible.
Je n’imagine pas qu’elle dépensât pour elle-même plus d’un demi-million, car elle n’avait pas de vices ; et, dans notre société aux mœurs peu fastueuses, il doit être difficile à une vieille femme, et qui vit seule, de dépenser davantage.
Les sociétés savantes des départements lui ont fourni, plusieurs fois, des motifs de poésie : souvent une planche d’archéologie entrevue dans une bibliothèque, un pan de mur, une statue cassée qui git dans l’herbe, un fragment de stèle, une guirlande de palmettes qui court sur une frise, se fixent dans son esprit, l’accompagnent partout, à pied et à cheval, en voiture et en omnibus, au théâtre et dans le monde.
Les Chefs d’une société quelconque ne doivent pas se compromettre légérement ; il est de la dignité de leur prééminence de se maintenir irrépréhensibles.
Mais il joignoit à ce goût celui du monde, du jeu, de la table & de la société ; le luxe, le faste & la magnificence.
Autant ses satyres respirent le fiel & la haine, autant il étoit doux, enjoué, liant dans la société.
Il ne faut pas multiplier inutilement les causes, ni, sous prétexte que la littérature est l’expression de la société, confondre l’histoire de la littérature avec celle des mœurs.
Du moins, si elle s’y intéresse, c’est dans la mesure où elle y voit des faits sociaux qui peuvent l’aider à comprendre la réalité sociale en manifestant les besoins qui travaillent la société.
Derrière cet Henri Estienne, qu’il suit pas à pas dans ses voyages et dans ses travaux, il n’a pas mis la société du xvie siècle pour la peindre ou pour la juger.
À la hauteur des sociétés qu’il peint, nous ne sommes pour lui probablement personne.
Que cela plaise ou non aux esprits incapables d’en produire un seul, le roman est le livre des sociétés qui périssent en proie aux extrêmes civilisations.
Il a réussi, comme réussiront toujours les livres vrais dans les sociétés décadentes qui meurent de leurs mensonges, chez qui la langue littéraire est usée à force d’avoir servi, et où les esprits, brûlés par les piments d’une littérature à ses dernières cartouches et à ses dernières balles mâchées, reviennent aux livres qui apportent la sensation rafraîchissante du naturel, du primitif et du simple… Bien avant Cladel, madame George Sand avait eu l’idée de cette littérature de terroir ; mais elle ne pouvait y entrer que comme un bas-bleu qu’elle était, un bas-bleu armé de toutes pièces prises à l’arsenal de toutes les bêtises philosophiques, philanthropiques et démocratiques de ce temps, et gâtant tout de son bas-bleuisme et de ses préfaces explicatives.
Il est nécessaire, sans doute, et l’ordre de la société, fondé sur la politique et sur les lois, demande que ces distinctions subsistent pendant la vie ; mais des cendres renfermées dans des tombeaux, deviennent égales.
Peut-être leur devrons-nous les suprêmes transformations de la société humaine en Occident. […] D’autre part, on dit et on croit que les comédies de Molière sont une représentation exacte et sincère de cette société. […] A une société monarchique et aristocratique a succédé une société démocratique et bourgeoise. […] C’est par elle que la société où Anna a sa petite place se soutient et dure, tant bien que mal. […] Peut-être que ces relations la relèvent à ses propres yeux, la rattachent, dans sa pensée, à la société régulière.
Peut-être même pourrait-on réussir à faire voir que cette impuissance relative de l’esprit et cette stérilité de la pensée n’ont pas d’autre cause que la constitution même de la société du moyen âge…… Mais il vaut mieux interroger les œuvres. […] Ce n’est plus un principe interne de progrès ou de décadence qui gouverne leur évolution ; elles subissent dès lors la dépendance, et la dépendance absolue de la société qui les parle ou des écrivains qui s’en servent. […] La Grange, à ce propos, donne à croire que la troupe de l’Illustre Théâtre aurait formé d’abord une société « d’enfants de famille » jouant la comédie pour leur plaisir et gratis. […] Il n’est pas nécessaire à la bonne ordonnance d’une société civilisée que les lettres conduisent leur homme à l’hôpital. […] Voltaire savait le monde, il connaissait la vie, il avait une expérience déjà longue des hommes, des mœurs, de la société de son temps et de son pays.
La société est fondée sur la famille, qui repose elle-même sur la foi des contrats domestiques. […] Je pense qu’un pays où se forma la plus belle société, du monde est le plus beau des pays. […] Nul doute qu’il n’eût fréquenté la société de Suard et de Morellet. […] Elle y a produit la plus belle société du monde. […] L’éducation de l’ancien régime, étroite et forte, ne vaudrait rien pour la société moderne.
« Quand je lis les romanciers français du xviiie siècle, nous dit-il dans son Ancien Régime, Crébillon fils, Rousseau, Marmontel, Laclos, Restif de la Bretonne, Louvet, madame de Staël, madame de Genlis et le reste…je n’ai presque point de notes à prendre… Sur les organes vitaux de la société, sur les règles et les pratiques qui vont provoquer une révolution, sur les droits féodaux et la justice seigneuriale, sur le recrutement et l’intérieur des monastères, sur les douanes de province, les corporations et les maîtrises, sur la dime et la corvée, la littérature ne m’apprend presque rien. » Mais, franchement, M. […] Aussi bien, si nous ne croyons pas, comme on l’entend dire quelquefois, que l’Académie soit maîtresse chez elle ; — ce qui n’irait à rien moins qu’à lui ôter son caractère d’institution publique pour en faire un salon d’hommes du monde, ou une société de gens de lettres ; — il importe assez peu quels noms elle s’associe, pourvu qu’elle n’oublie ni la nature de son rôle ni celle des services que les lettres attendent d’elle. […] On ne saurait, en effet, livrer sans défense quelque accusé que ce soit à toutes les forces de la justice et de la société réunies contre lui, ni laisser d’autre part une maladroite pitié désorganiser ou dissoudre l’institution sociale ; … et ce sont deux thèmes oratoires qui sont aisés, qui sont beaux, qui sont nécessaires à soutenir. […] Buffon « manquait d’idées », puisqu’il n’en avait point sur les fondements de l’État, et sur l’organisation de la société future. […] À l’extrême gauche du naturalisme, quelques artistes intransigeants, qui peuvent être et qui sont même assez souvent d’habiles gens en leur métier, ne sont donc uniquement curieux et attentifs, dans la nature entière, qu’à ce qu’elle nous offre de plus vulgaire, de plus laid, et de plus repoussant ; tel est le peintre, déjà nomme, des Demoiselles de la Seine ; tel est l’auteur du Roman chez la portière ou des Bas-fonds de la société ; tels sont encore, dans de grandes littératures, les comiques anglais du temps de la Restauration, ou, dans la littérature espagnole, les classiques du roman picaresque, l’auteur du Lazarille de Tormes, ou celui de la Fouine de Séville.
Quelques-uns prétendaient que, ayant été renfermé dans une cage de fer, on l’y laissa dévorer par les poux ; d’autres, qu’on lui avait coupé le nez, les oreilles et d’autres membres, supplices usités chez les Orientaux et les nations barbares, qui ne comptent pour rien la plus grande peine que la société puisse infliger s’ils n’y ajoutent la durée et l’intensité de la douleur. […] Nous aimons à nous figurer qu’à des époques aussi reculées et dans des pays aussi barbares, la politique n’était qu’un vague instinct de la société humaine, sans morale, sans règle, sans définition, sans dénomination, sans tendance, agitant confusément l’humanité au gré de la force et de la ruse, tel, par exemple, que Machiavel dans le Prince l’entendait deux mille ans après. […] « Ce qui prouve bien la nécessité naturelle de l’État et sa supériorité sur l’individu, c’est que, si on ne l’admet pas, l’individu peut alors se suffire à lui-même dans l’isolement du tout, ainsi que du reste des parties ; or, celui qui ne peut vivre en société, et dont l’indépendance n’a pas de besoins, celui-là ne saurait jamais être membre de l’État. […] « Quant aux dissensions, aux procès et aux autres vices que Socrate reproche aux sociétés actuelles, j’affirme qu’ils se retrouveront tous, sans exception, dans la sienne.
Le succès de cet écrit, attribué au célèbre Burnet puis-aux écrivains les plus distingués du parti Whig, et avoué par Swift, quand il crut pouvoir le faire avec honneur et sécurité, introduisit l’auteur dans la société d’Addison, de Steele, d’Arbuthnot, de Pope et des hommes d’État qu’il avait défendus. […] Il ne développe qu’avec ménagement un tel paradoxe ; qu’on ne croie pas surtout qu’il s’agisse de ce christianisme réel qui serait le renversement de la société anglaise et comme un retour à l’état de nature, mais bien de ce christianisme nominal qui fait partie de la société politique20. […] Du haut en bas de la société, tout le monde le lit, du cabinet des ministres jusqu’à la chambre de la nourrice.
Au lieu d’aborder hardiment cette œuvre immense du roman, qui comprend l’étude de l’homme et de la société, invariablement unis l’un à l’autre, Paul Féval l’a dédoublée et détriplée, et de cette époque dernière des temps prosaïques et civilisés il a dégagé une spécialité de roman dans lequel l’intérêt des faits qui se succèdent l’emporte sur l’intérêt des idées et des sentiments. […] je ne comparerai pas Beaumarchais-Figaro, ce bâtard de Rabelais, avec papa Le Sage, car du moins Beaumarchais avait dans le bec et dans l’esprit une vibrante paire de castagnettes, plus mordante que celles de toutes les mauricaudes de l’Espagne, et dont il se servit pour faire danser son dernier pas à toute une société, dans cette danse macabre, drôle et terrible, qui précéda la Révolution française. […] Mais qu’en plein xixe siècle, quand les passions et leur étude, et leurs beautés, et leurs laideurs, et jusqu’à leurs folies, ont pris dans la préoccupation générale la place qu’elles doivent occuper ; quand la littérature est devenue presque un art plastique, sans cesser d’être pour cela le grand art spirituel ; quand nous avons eu des creuseurs d’âme, des analyseurs de fibre humaine, des chirurgiens de cœur et de société ; enfin, qu’après Chateaubriand, Stendhal, Mérimée et Balzac, — Balzac, le Christophe Colomb du roman, qui a découvert de nouveaux mondes, — la vieille mystification continue et que la réputation de Gil Blas soit encore et toujours à l’état d’indéracinable préjugé classique, voilà ce qui doit étonner ! […] À une certaine hauteur de société et d’instruction, tout le monde sourit à présent des exagérations contre les Jésuites et des calomnies, atroces ou imbéciles, auxquelles ceux qui les débitent ne croient même pas ; mais on les maintient nonobstant.
L’impératrice Marie Thérèse, dans sa lutte passionnée et courageuse contre les agrandissements de la Prusse, avait mis à gagner la France une coquetterie particulière ; elle n’avait pas dédaigné de se faire une amie de Mme de Pompadour, et le parti fut pris à Versailles d’être pour l’Autriche, absolument comme on se déclare pour ses amis envers et contre tous dans une querelle de société et de coterie. […] Je serai son valet de chambre, si l’on veut, et de bien bon cœur. » Bernis n’avait rien qui imposât au roi ni à Mme de Pompadour : celle-ci l’avait vu exactement dans la pauvreté ; elle l’en avait tiré ; elle le goûtait pour la douceur de son commerce et l’agrément de sa société, mais elle le considérait en tout temps comme sa créature ; le ministre était toujours pour elle ce petit abbé riant et fleuri qui venait à son lever le dimanche, et à qui elle tapait familièrement sur la joue en lui disant : « Bonjour, l’abbé !
Sous le haut patronage du prince, il y voyait l’élite de la société ; il s’y maria à vingt-six ans à une femme de trois ou quatre ans plus âgée que lui, veuve déjà pour la seconde fois, et appartenant à une famille parlementaire des plus considérées dans le pays. […] Il tira sans doute l’épée quand il le fallut ; il vivait de la vie de société et de voisinage ; il s’occupait de ses affaires et de sa famille, il essayait péniblement d’établir sa maison : ayant perdu un fils aîné en bas âge et une fille déjà grandissante, il élevait un dernier fils auquel il devait encore survivre.
Il se désennuya comme il put, en écrivant ses idées sur tous les sujets à l’ordre du jour, en s’occupant activement de considérations politiques dans la petite société de l’Entresol dont il était l’un des membres assidus, et en espérant de l’amitié de M. […] D’Argenson a écrit quelque part, dans cette supposition favorite de son futur ministère : « Si j’étais premier ministre et le maître, certainement j’établirais une académie politique dans le goût de celle de M. de Torcy. » Et voilà à quoi, certainement, il était le plus propre : établir une Académie des sciences morales et politiques, faire une société de l’Entresol en grand et au premier étage, y lire, en compagnie de gens de savoir et de mérite, des mémoires nourris, instructifs, à vues nombreuses et touffues, à projets drus et vifs, et dans lesquels d’autres que lui verraient ensuite ce qui est à prendre ou à laisser, ce qui est pratique ou ce qui ne l’est pas.
La société était choisie : elle se composait de peu d’ecclésiastiques, de quelques gentilhommes de campagne, du lieutenant général du bailliage de Bouzonville et de son épouse, du procureur du roi et de sa famille. […] Après trois jours passés fort agréablement dans cette résidence, je voulais partir avec la société ; mais dom Colignon m’engagea à rester, m’offrant de me reconduire le lundi d’après à Thionville… Je restai donc seul avec lui. » C’est alors que cet homme de bonne compagnie, mais si peu prêtre, s’ouvre à lui et, dans des conversations amicales, l’initie et l’endoctrine.
Cette lettre qu’il crut devoir adresser au baron pour se mettre, à tout événement, en garde contre ce qu’il appelait les mensonges de Rousseau, et qu’il le priait de communiquer à toute la société philosophique, doit être des premiers jours de juillet 1766 ; répandue, colportée a l’instant par le baron et par ses amis, elle fit dans Paris l’effet d’une bombe qui éclate. […] Une vanité mal entendue, une trop haute opinion de soi-même peut seule éloigner de la société.
Vainement il essaye de fonder le club des impartiaux sur la fin de 80 et en janvier 90 ; puis la société monarchique, qui succède (mais pas immédiatement) à la tentative avortée du club des impartiaux et qui n’eut jamais que deux séances. […] Comment Malouet, modéré en tout, en vint-il à contracter une liaison si intime avec un aussi fougueux écrivain que l’abbé Raynal, au point d’en faire son hôte, son commensal, sa société de chaque jour ?
Mon ami, tout cela est bien cruel, bien triste, bien malheureux et me jette dans un très-grand découragement de la vie et de la société. […] Je crois qu’être moral, c’est espérer : moi, je n’espère pas ; j’ai blasphémé la nature et Dieu peut-être, dans Lélia ; Dieu qui n’est pas méchant, et qui n’a que faire de se venger de nous, m’a fermé la bouche en me rendant la jeunesse du cœur et en me forçant d’avouer qu’il a mis en nous des joies sublimes ; mais la société, c’est autre chose : je la crois perdue, je la trouve odieuse, et il ne me sera jamais possible de dire autrement.
Les services que ces hommes éclairés ont rendus en politique peuvent être reconnus, mais sont incontestablement moindres que ceux qu’ils auraient rendus à la société en restant maîtres du poste des idées, et en y ralliant par la presse ceux qui survenaient à l’aventure. […] La solitude, la réflexion, le silence, et un juge clairvoyant et bienveillant dans une haute sphère, un de ces juges investis par la société ou la naissance, qui aident un peu par avance à la lettre de la postérité, et, qui au lieu d’attendre l’écho de l’opinion courante, la préviennent et y donnent le ton, ce sont là de ces bonheurs qui sont accordés à peu d’époques, et dont aucune (sans qu’on puisse trop en faire reproche à personne) n’a été, il faut en convenir, plus déshéritée que celle-ci.
Depuis ce temps, il n’est pas de soins ni de mouvements qu’il ne se soit donnés pour retrouver les moindres débris du portefeuille de Gresset, pour en déchiffrer les plus informes brouillons, pour en restituer les plus exigus fragments, pour conférer les diverses éditions et présenter les variantes comme on fait pour les grands classiques ; les académies du lieu, les sociétés littéraires des cantons circonvoisins, ont retenti maintes fois du prélude de ces estimables travaux, poursuivis avec un zèle pour ainsi dire acharné ; et aujourd’hui, maître de son sujet, en ayant épuisé toutes les veines, le laborieux biographe ramasse ses résultats en deux volumes, qui contiennent tout sur Gresset, et même un peu plus que tout, puisqu’on y rencontre certaines petites injures contre les ex-romantiques, contre cette abominable postérité de Jodelle et de Du Bartas, et aussi contre le virus des âmes gangrenées de George Sand et consorts. […] L’observation fine de Gresset venait de prendre sur le fait un travers, un vice particulier à ce moment de société auquel il assistait ; son talent redevenu net, vif, élégant, et à la fois enhardi, avait mis l’odieux objet dans une entière lumière ; sa conscience d’honnête homme l’avait flétri.
Lui qui, comme homme, s’en prenait si volontiers à une fatalité désastreuse, il était l’avocat le plus intrépide et le moins hésitant de toute liberté publique ; une fois à la Minerve ou à la tribune, il croyait et il disait qu’en laissant beaucoup faire aux hommes, aux individus dans la société, il en résulterait le plus grand bien, la plus grande justice et la meilleure conduite de l’ensemble. […] Il avait compris de bonne heure que la société moderne ne serait pas satisfaite en son mouvement de révolution avant d’avoir appliqué en toute matière le principe de liberté ; il se rattacha à cette idée, et, à part les inconséquences personnelles, il en demeura le fidèle organe.
Ce goût n’est pas chose absolument nouvelle en littérature ; il s’est déjà rencontré dans des sociétés d’une culture raffinée, au temps de Théocrite, au temps de Virgile, chez nous au siècle dernier ; mais il est certainement plus fort et plus profond aujourd’hui qu’il ne l’a jamais été. […] Volontiers il sera membre de quelque société d’archéologie, et linguiste ou philologue à l’occasion.
Car il est l’enfant du siècle, dont le plus grand philosophe a donné du mariage cette définition redoutable : « Le mariage est une société de commerce instituée pour supporter en commun les frais de la vie. » De temps en temps, sa jeunesse matée se cabre, s’insurge, se remet à jeter la gourme et le feu ; mais la triste raison de sa mère le ramène bientôt dans l’étroite ornière. […] Celle-ci est déchue de naissance ; elle campe en dehors de la société ; elle a le signe de sa caste empreint sur son front ; elle montre le bec et les ongles des oiseaux de proie de l’amour.
Après tout, mourir à trente-deux ans, au comble d’une vie si remplie, au moment où la jeunesse rayonne encore, où l’expérience acquise n’a pas encore achevé de flétrir en nous l’espérance et la foi à la régénération de la société et aux futures destinées humaines, ce n’est peut-être pas un sort si lamentable. […] Voici ce que M. de Jaucourt et les personnes les mieux informées de sa société croyaient à cet égard (je ne fais que reproduire exactement ce qui m’est transmis) : Barnave ne vit jamais la Reine.
Lisez tout ce portrait, suivez cette conversation du Cydias-Fontenelle que La Bruyère nous fait si bien voir tel qu’il était alors dans la société, avec ce premier vernis de la jeunesse et dans tout le lustre de son apprêt naturel, déjà lui-même au complet pour la patience et l’accent, nullement pressé de parler et d’interrompre, attendant paisiblement que chacun ait jeté son feu, puis débitant gracieusement alors, et avec un demi-sourire, des contradictions et des paradoxes que La Bruyère estime des impertinences, qui pourraient bien être souvent des vérités, ou du moins qui pourraient y conduire, ce que La Bruyère ne dit pas. […] Il ne devine pas qu’il a pu y avoir autrefois, à un certain âge du monde, sous un certain climat, et dans des conditions de nature et de société qui ne se retrouveront plus, une race heureuse qui s’est épanouie dans sa fleur, et que nous pouvons, nous autres modernes, surpasser en tout, excepté en ce premier développement délicat, en ce premier charme divin.
Tout cela est gai, d’une douce et piquante plaisanterie de société, mais le fond du sentiment s’y découvre. […] Il ne contribua pas seulement à fonder par souscription la première bibliothèque commune, la première société académique (qui deviendra l’université de Philadelphie), le premier hôpital ; il leur apprenait à se chauffer au logis par des poêles économiques, à paver leurs rues, à les balayer chaque matin, à les éclairer de nuit par des réverbères de forme commode.
Il s’abandonnait à un mauvais ton de société ; le fond de son âme était sérieux ; il aimait la solitude et la méditation. […] Quand il le sait malade et qu’il le voit comme prêt à s’évanouir dans sa pure essence, il s’écrie : La seule pensée de votre mort me sert d’argument pour prouver l’immortalité de l’âme ; car serait-il possible que cet être qui vous meut et qui agit avec autant de clarté, de netteté et d’intelligence en vous, que cet être, dis-je, si différent de la matière et du corps, cette belle âme douée de tant de vertus solides et d’agréments, cette noble partie de vous-même qui fait les délices de notre société, ne fût pas immortelle ?
Or tout un versant de la société actuelle est tyran, et tout l’autre versant est esclave. […] Le poëte arrive au milieu de ces allants et venants qu’on nomme les vivants, pour apprivoiser, comme l’Orphée antique, les mauvais instincts, les tigres qui sont dans l’homme, et, comme l’Amphion légendaire, pour remuer toutes les pierres, les préjugés et les superstitions, mettre en mouvement les blocs nouveaux, refaire les assises et les bases, et rebâtir la ville, c’est-à-dire la société.
Cette pièce, d’un comique aimable, se compose de tableaux vrais empruntés à la société de nos jours ; deux familles y sont en présence : l’une toute mondaine, dans laquelle la discorde et le désordre se sont glissés, ne sert qu’à faire ressortir les mœurs unies et simples d’une autre famille toute laborieuse et restée patriarcale : deux jeunes cœurs purs, épris d’une passion mutuelle, sont le lien de l’une à l’autre.
La société moderne, dans son milieu, n’est pas autre.
Le clergé n’y manque pas ; il a des sociétés actives, des ramifications jusque dans la plus jeune France.
Ce qu’il y a de plus sacré dans la morale, ce sont les liens des parents et des enfants : la nature et la société reposent également sur ce devoir, et le dernier degré de la dépravation est de braver l’instinct involontaire qui, dans ces relations, nous inspire tout ce que la vertu peut commander.
Des lettres et journaux de voyageurs étrangers contrôlent et complètent, par des peintures indépendantes, les portraits que cette société a tracés d’elle-même.
Voici une large période qui n’est au fond qu’une antithèse : Cent mille hommes criblés d’obus et de mitraille, Cent mille hommes couchés dans un champ de bataille, Tombés pour leur pays par leur mort agrandi, Comme on tombe à Fleurus, comme on tombe à Lodi, Cent mille ardents soldats, héros et non victimes, Morts dans un tourbillon d’événements sublimes, D’où prend son vol la fière et blanche Liberté, Sont un malheur moins grand pour la société, Sont pour l’humanité, qui sur le vrai se fonde, Une calamité moins haute et moins profonde, Un coup moins lamentable et moins infortuné Qu’un innocent, un seul innocent, condamné, Dont le sang ruisselant sous un infâme glaive, Fume entre les pavés de la place de Grève, Qu’un juste assassiné dans la forêt des lois, Et dont l’âme a le droit d’aller dire à Dieu : “Vois !
Oui, les divers types de l’animal humain vivant en société, et ses rapports cachés ou visibles avec le milieu où il se développe, sont curieux à étudier ; mais c’est bien long, Balzac.
Je me rappelle les longues fuites de Maupassant hors de la société des hommes, ses solitudes de plusieurs mois, en mer ou dans les champs, ses tentatives de retour à une vie simplifiée, toute physique et tout animale, où il pût oublier l’ennemi sourd, l’ennemi patient qu’il portait en lui ; puis, quand il rentrait parmi nous, cette fièvre d’amusement, et de plaisanteries, et de jeux presque enfantins, qui était encore comme une fuite, une évasion hors de soi… Vains efforts !
De l’extrême droite à la gauche la plus avancée, quel est l’homme qui n’affirme souhaiter toute la liberté compatible avec les conditions d’existence de la société, et la diminution de l’injustice et de la souffrance dans le monde, dût-il lui en coûter de sérieux sacrifices personnels ?
… Voilà le genre qui doit à jamais disparaître ; voilà ce qui est enterré avec les hochets d’une société où le factice avait encore une si grande part.
Tressan, [Louis-Elisabeth de Lavergne Comte de] Lieutenant-Général des Armées du Roi, de l’Académie Françoise, de celles des Sciences de Paris, de Londres, de Berlin, d’Edimbourg, & des Sociétés Royales & Littéraires de Montpellier, de Nancy, de Caen & de Rouen, né dans le Diocese de Montpellier en 1706.
» Au sortir de chez lui, il nous vient en chemin l’idée de faire pour le Théâtre-Français une revue de l’année dans une conversation, au coin d’une cheminée, entre un homme et une femme de la société, pendant la dernière heure du vieil an.
Lorsque ce poëme, annoncé d’abord, lu ensuite dans plusieurs sociétés, & dont on avoit tiré des copies, eut vu le jour, le scandale fut général en France : on y jetta des cris affreux contre cette plaisanterie.
On l’exhortoit à donner au public quelqu’une de ces histoires scandaleuses qu’il sçavoit sur le chapitre de Ménage, & qu’il se bornoit à débiter dans ses sociétés particulières.
Nous savons que le siècle appelle cela le fanatisme ; nous pourrions lui répondre par ces paroles de Rousseau : « Le fanatisme, quoique sanguinaire et cruel 49, est pourtant une passion grande et forte, qui élève le cœur de l’homme et qui lui fait mépriser la mort ; qui lui donne un ressort prodigieux, et qu’il ne faut que mieux diriger pour en tirer les plus sublimes vertus ; au lieu que l’irréligion, et en général l’esprit raisonneur et philosophique, attache à la vie, effémine, avilit les âmes, concentre toutes les passions dans la bassesse de l’intérêt particulier, dans l’abjection du moi humain, et sape ainsi à petit bruit les vrais fondements de toute société : car ce que les intérêts particuliers ont de commun est si peu de chose, qu’il ne balancera jamais ce qu’ils ont d’opposé50. » Mais ce n’est pas encore là la question : il ne s’agit à présent que d’effets dramatiques.
Une des choses les plus fortes que Rousseau ait hasardées en politique, se lit dans le Discours sur l’inégalité des conditions : « Le premier, dit-il, qui, ayant clos un terrain, s’avisa de dire : Ceci est à moi, fut le vrai fondateur de la société civile. » Or, c’est presque mot pour mot l’effrayante idée que le solitaire de Port-Royal exprime avec une tout autre énergie : « Ce chien est à moi, disaient ces pauvres enfants ; c’est ma place au soleil : voilà le commencement et l’image de l’usurpation de toute la terre. » Et voilà une de ces pensées qui font trembler pour Pascal.
Il oppose l’homme au gouvernement, et la justice, qui n’est pas de ce monde dans son absolu, à l’ordre, qui peut l’être et doit l’être pour que les sociétés valent quelque chose… Certes !
Enfin, comme la société naissante avait différentes espèces d’ennemis, qu’il fallait faire reculer les bêtes féroces dans les déserts, qu’il fallait repousser les brigands ou les peuples armés, on célébra ceux qui pour le repos de tous sacrifiant le leur, se dévouèrent à combattre les lions, les tigres et les hommes.
Rions-en comme lui, il y a retrouvé la société de ces morts illustres avec lesquels il a tant désiré converser dans leur langue : les Homère, les Phidias, les artistes et les poètes grecs ses amis ; les Théocrite, les Pline, les Cicéron, les amateurs de l’esprit humain qui forment l’immortelle académie de tous les âges, et qui l’ont reconnu à la pureté de l’accent pour un des leurs ! […] XVIII Or il s’agissait de savoir à Londres, en 1823, si l’Angleterre, qui avait été, quatre ans avant, le moteur et le payeur de la réaction européenne de l’Europe contre la France bonapartiste et oppressive de l’Europe, voudrait continuer à fomenter et à solder la guerre des rois contre l’insurrection des peuples et contre les sociétés secrètes de l’Italie et de l’Espagne. […] Il reprit la vie d’étudiant helléniste dans la société de quelques amis : à défaut de la gloire diplomatique, qu’il regrettait, il aspira silencieusement à la dignité des lettres, qui ne lui suffisait pas, mais qui l’intéressait.
La société fondée par Olier garda jusqu’à la Révolution son respectable caractère de modestie et de vertu pratique. […] Un de ces esprits froids et fermes, comme la société en a, toujours possédé, rebâtit la maison exactement sur les mêmes bases. […] Saint-Sulpice fut, au milieu d’une société si différente, ce qu’il avait toujours été, tempéré, respectueux pour le pouvoir civil, désintéressé des luttes politiques 12.
On ne s’attachera plus à peindre les sottises humaines, à jouer les ridicules qu’on remarque dans la société. […] Promenades, sociétés, festins, livres, bonnes œuvres, sermons, tout peut être une occasion de chute & de crime. […] Gresset prive la scène des caractères qu’on s’attendoit d’y voir, de la peinture vive & saillante, de plusieurs ridicules de la société.
On dut rappeler à l’ordre les sociétés de gymnastique qui eussent volontiers déclaré la guerre à l’Allemagne sans consulter la Chambre des députés. […] Tandis que le psychologue construit ses caractères en s’inspirant d’une analyse très fine de l’âme humaine ; tandis que l’observateur établit ses types en étudiant la société qui l’entoure, le poète, le front dans les étoiles, invente et construit. […] Villiers en reçut un pli qui ne devait pas s’effacer ; il avait rompu, dès son âge le plus tendre, avec la société régulière. […] Cette société vaudra-t-elle moins que l’autre ? […] … Cette nouvelle société sera brutale, inélégante, sans arts, sans lettres, sans luxe ?
Sévère, mais juste à l’égard de ses élèves, qu’il admet à l’honneur de l’intimité domestique, M… s’est efforcé de leur inculquer les maximes les plus élémentaires de l’art de se bien conduire en société. […] — Ne m’en parle pas, ma chère, — une société d’économistes. […] Se sentant appelé vers d’autres destins, *** renia sa parenté et se jeta dans cette société de gentilshommes qui prennent leurs parchemins et leurs habits à la Belle Jardinière. […] Il est bien vêtu, et recherche la société des hommes de lettres avec autant de soin que les dames aux camélias en mettent à les éviter. […] quel est le sort des poëtes dans une société où le veau d’or est roi ?
Cependant, une personne à laquelle je faisais part de mes impressions de lecture en lui recommandant l’Histoire de la société française, me répondit : — Bah ! […] Par l’instinct de l’équilibre moral, qui fait que toute créature, à son insu, tend incessamment vers son milieu, le poète fuyait la société de ses pairs qu’il jugeait assurément aussi malades que nous pouvions le trouver lui-même. […] Mais ont-ils gagné au change, depuis que, devenus pour la plupart avoués ou juges de paix, au fond de leur province, ils font leur société de trois idiots d’une sous-préfecture ? […] Ce n’est pas que cette société exceptionnelle n’existe ; le critique l’a observée sans en avoir l’air, et il ajoute, d’un petit ton dégagé et comme pour faire honte à M. […] Si, comme l’a dit M. de Bonald, la littérature est l’expression de la société, il est évident que le Causeur universel s’adresse de préférence aux sociétés qui s’en vont, le dimanche, manger des matelotes à La Rapée et des fritures à l’Île Saint-Denis.
Il est fondé sur une préoccupation constante de la destinée de l’homme et des conditions d’existence que lui font ses passions, ses préjugés, ses mœurs, ses rapports avec ses semblables, l’action et la réaction de l’individu sur la société et de la société sur l’individu, et des individus les uns sur les autres. […] Hier, ils étaient des misérables, au plus bas degré de l’échelle sociale ; aujourd’hui, sans que l’on voie bien pourquoi, ils sont à la tête de la société. […] Voyons, c’est un jeu de société. […] La division du travail dans les sociétés s’appelle la spécialité, ou la compétence. […] Ils devraient s’intituler « scènes et portraits de la vie contemporaine » ou, presque, « notes sur la société de notre temps ».
Comment veut-on que l’étude des rapports vrais entre époux, fils et père, fils et mère, sœurs et frères, comment veut-on qu’une peinture vraie de la famille et de la société à telle époque se retrouve au milieu de cette confusion ménagée préalablement avec tant d’art ? […] Je crois que bon nombre de personnages d’Augier sont des hommes de Balzac transformés par l’observation personnelle, réduits à des proportions plus voisines de la réalité courante et adaptés aux mesures et aux nécessités de la scène ; et je crois que les femmes de Dumas fils procèdent de la même origine, et qu’enfin la manière générale de voir la société est, chez nos deux dramatistes, assez personnelle sans doute, mais n’est pas sans avoir reçu de Balzac une certaine impulsion première et un premier tour. […] À ces mots, prononcés avec l’énergie que vous lui connaissez, la société se lève, l’entoure, veut le calmer ; mais il se livre de nouveau à toute sa colère, et les plus vives représentations ne purent le modérer. […] La société actuelle offre des points de vue plus riants que, sans doute, je saisirai plus tard… Je crois être dans la vérité, j’ai peint ce que j’avais sous les yeux, ce qu’on rencontre à chaque pas. […] Le lendemain d’un jour si fortuné pour moi, Quand, le cœur plein encor d’émotions si chères, Et tout chargé de prix, j’allai voir les bons pères, Mon principal me dit avec paternité : « Vous entrez aujourd’hui dans la société ; L’avenir est à vous, le passé vous protège ; Vous fûtes, mon ami, le premier au collège : Indubitablement vous le serez partout.
Mais de même la même idée peut devenir un roman, un traité de philosophie ou une étude sur la société actuelle. […] Dire qu’une institution, une idée, une société, dire qu’un monde évolue, ce n’est pas seulement affirmer qu’il se transforme, c’est affirmer qu’il se transforme d’une certaine manière et dans un certain sens. […] Et le monde extérieur est assez chaotique, même dans ses parties les mieux systématisées, comme les sociétés humaines, et il est un peu rude à notre intelligence fragile et facilement déviée qui s’y adapte souvent mal. […] Nouvelle adaptation à des conditions d’existence déjà anciennes, accommodation à un changement du milieu, elle rend à la société trop de services, et des services trop évidents, pour qu’on ait à prouver son utilité. […] Ses ouvrages, par exemple La Logique sociale, sont une riche mine de faits et d’idées très ingénieuses et il y a étudié avec beaucoup de pénétration le rôle de l’invention dans la vie des sociétés.
Le livre de La Boétie n’est autre chose qu’un des mille forfaits classiques qui se commettent au sortir de Tite-Live et de Plutarque, et avant qu’on ait connu le monde moderne ou même approfondi la société antique. […] Il est vrai que c’est surtout depuis l’établissement de ce qu’on appelle la société polie que les exemples d’amitié où interviennent les femmes sont plus en vue.
L’ouvrage était dédié au comte de Maurepas, que l’auteur avait connu familièrement dans la société. […] » Mais dans ses Mémoires secrets, dans cette histoire de son temps, qu’il a retracée en qualité d’historiographe, et qui n’a été publiée que longtemps après sa mort (1790), c’est là que Duclos, dit-on, s’est montré lui-même : « On y trouve, dit Grimm, ce qu’il sut pour ainsi dire toute sa vie, ce qu’il sut mieux que personne ; très répandu dans la société, M.
Né à Paris sur la paroisse de Saint-Gervais, le 4 février 1688, d’un père financier et dans l’aisance, d’une famille originaire de Normandie qui avait tenu au parlement de la province, Pierre Carlet de Chamblain de Marivaux reçut une bonne éducation, ce qui ne veut pas dire qu’il fit de fortes études ; il n’apprit nullement le grec et sut le latin assez légèrement, ce semble ; son éducation, plutôt mondaine que classique, et particulièrement son tour d’esprit neuf, observateur, et qui prenait la société comme le meilleur des livres, le disposaient naturellement à être du parti dont avait été feu Perrault, et dont, après lui, Fontenelle et La Motte devenaient les chefs, le parti des modernes contre les anciens. […] Prenons-le pour ce qu’il est d’abord et avant tout, pour un moraliste de société, pour un romancier et un auteur de jolies comédies.
Dans la société, dans la haute société surtout, qui a ses habitudes impérieuses et ses exigences, beaucoup de choses se sont envolées des âmes, la sincérité, la candeur, la joie, l’imagination, le sentiment vif de la vérité : Mme de Tracy avait gardé en elle quelque chose de ces trésors.
Pour les Daunou, pour les Tracy, tout gouvernement était un mal ; la question ainsi posée, il s’agissait pour la société de subir le moindre mal possible, et pour cela, d’avoir le moins de gouvernement possible, le plus de décentralisation et de dissémination de pouvoir à tous les degrés, et, à chaque pas, des barrières et des garanties contre les gouvernants. […] Si l’on avait à discuter, il y aurait à démontrer par les faits et par l’expérience que l’homme n’est pas si essentiellement raisonnable, que la société n’est pas une œuvre si naturelle, si facile, et où tout marche nécessairement de soi, qu’elle a été une création plus artificielle que ne l’imaginent des publicistes trop confiants, et que ce qui a été si pénible à construire et à élever n’est sans doute pas si simple à entretenir, tellement qu’il suffise de laisser faire et dire à tous les membres d’une nation tout ce qu’ils croient le mieux, pour que tout aille et tourne au mieux effectivement.
Amour est le précepteur de la grâce et du savoir-vivre dans la société. […] Voir le numéro du mois d’août 1839 de la Revue des Sociétés savantes, publiée sous les auspices du ministre de l’Instruction publique.
dites plutôt une bougie . » M. de Latouche, dans son piquant article de la Camaraderie, a mis sur le compte d’une société qui n’était plus celle-là beaucoup des travers qu’il avait remarqués lui-même, et peut-être excités pour sa part, durant le premier enivrement de la Muse. […] Les romans, les vers, la littérature, étaient devenus l’aliment des conversations, des loisirs ; et mille indices, éclos comme un mirage à l’horizon, et réfléchis à la surface de la société, semblaient promettre un âge de paisible développement où la voix des poëtes serait entendue.
Quelque hauts services que puissent penser avoir rendus à leur cause les anciens écrivains du Globe devenus députés, conseillers d’État et ministres, je suis persuadé qu’en y réfléchissant, quelques-uns au moins d’entre eux se représentent dans un regret tacite les autres services croissants qu’ils auraient pu rendre, avec non moins d’éclat, à une cause qui est celle de la société aussi : il leur suffisait d’oser durer sous leur première forme, de maintenir leur tribune philosophique et littéraire, en continuant, par quelques-unes de leurs plumes, d’y pratiquer leur mission de critique élevée et vigilante ; aux temps de calme, l’autorité se serait retrouvée. […] Mais, encore un coup, il n’y a rien là sur quoi l’on ait prise immédiate, et cela est si vrai que la société récemment fondée à l’occasion même du débat, la Société des Gens de Lettres, après avoir posé le principe général, a dé appliquer son activité vers des détails plus intérieurs.
C’était la pensée égalitaire devenue homme, l’incarnation d’une impossibilité à laquelle tend l’idéal, mais à laquelle la nature résiste, et qui n’est pas par conséquent le plan divin des sociétés. […] On dirait que la terre, en travail pour enfanter l’ordre progressif des sociétés, fait un effort de fécondité comparable à l’œuvre énergique de régénération que la Providence veut accomplir.
L’initiation entre eux tous fut prompte et vive, la petite société de la Rue-Neuve-du-Luxembourg naquit à l’instant dans toute sa grâce. […] Chateaubriand était le Racine futur de leur société.
Mais ce voyage philosophique à travers les compartiments de la société humaine n’est possible, comme j’ai dit, que si l’on part du plus bas. […] Son père, qui continuait à le surveiller de fort près, l’arrache à la société des petits-maîtres : « Ils feront de mon fils un joueur et un libertin. » Il n’aimait pas la femme à qui on l’avait marié.
Alors le masque tombe, l’accent gascon s’efface, le notaire s’évanouit ; et, du nuage que laisse sa disparition, sort un Rodin germanique aux cent yeux, aux cent bras, espion d’une police universelle, représentant d’une société, au capital de cinq milliards, ayant pour but l’achat ou la destruction de toutes les forces vives de la France, armée de glaives et de stylets dont la pointe est partout et dont la poignée n’est nulle part. […] Qu’est-ce que cette société mélodramatique ou les Treize, de Balzac, semblent remuer les trésors de Monte-Cristo ?
Écoutons le raisonnement : Si l’on veut bien considérer, nous dit d’Olivet, qu’il a vécu quatre-vingt-onze ans moins quelques jours, qu’il se porta dès sa plus tendre enfance à l’étude, qu’il a toujours eu presque tout son temps à lui ; qu’il a presque toujours joui d’une santé inaltérable ; qu’à son lever, à son coucher, durant ses repas, il se faisait lire par ses valets ; qu’en un mot, et pour me servir de ses termes, ni le feu de la jeunesse, ni l’embarras des affaires, ni la diversité des emplois, ni la société de ses égaux, ni le tracas du monde, n’ont pu modérer cet amour indomptable de l’érudition qui l’a toujours possédé, une conséquence qu’il me semble qu’on pourrait tirer de là, c’est que M. d’Avranches est peut-être, de tous les hommes qu’il y eut jamais, celui qui a le plus étudié. […] Pourtant, il est certainement l’un de ces hommes à propos de qui il serait permis, à certains jours, de s’adresser cette question : « Qui peut dire et savoir ce qu’arrive à penser, sur toute matière religieuse et sociale, un homme de plus de quarante ans, prudent, et qui vit dans un siècle et dans une société où tout fait une loi de cette prudence ?
Il ne s’en tient pas là, il demande ce qui serait arrivé si, au sortir de l’Assemblée, les membres qui avaient voté pour le décret avaient été assaillis par le peuple, qui leur aurait dit : « Vous venez de nous retrancher de la société, parce que vous étiez les plus forts dans la salle ; nous vous retranchons à notre tour du nombre des vivants, parce que nous sommes les plus forts dans la rue ; vous nous avez tués civilement, nous vous tuons physiquement. » Il est vrai que Camille ajoute que si le peuple avait voulu passer de la menace à l’effet, « si le peuple avait ramassé des pierres, il se serait opposé de toutes ses forces à la lapidation ». […] on a trouvé à son sujet dans les lettres d’André Chénier la page suivante, qui le juge : Mes amis, écrit André Chénier, m’ont fait lire un numéro 41 des Révolutions de France et de Brabant ; j’avais déjà vu, d’autres fois, quelques morceaux de ce journal, où des absurdités souvent atroces m’avaient paru quelquefois accompagnées de folies assez gaies ; je me suis encore plus diverti à lire ce numéro 41, où l’auteur répand avec profusion ses honorables injures sur la société entière de 89, et sur moi en particulier.
Le pauvre homme, enfin, avec de l’esprit et bien des qualités aimables, était plus qu’en chemin de se rendre à tout jamais ridicule et méprisable dans la société, quand il commença à faire quelques réflexions sérieuses, auxquelles une maladie grave vint prêter appui. […] Anecdotes, bons mots, de ces choses qui se content en société et qui plaisent, ils en abondent.
On a tout un volume dans les Œuvres de La Motte sur ces riens de société. […] C’est là qu’elle réunissait, le mardi et le mercredi de chaque semaine, une société choisie de grands seigneurs et d’hommes de lettres ou de gens lettrés. » (Frédéric Lock, Documents pour l’histoire de la Bibliothèque impériale.)
L’abbé Maury en effet, durant cette première partie de sa carrière, antérieure à la Révolution, n’était encore qu’un homme d’esprit et de talent, faisant volontiers oublier dans la société ce qu’il annonçait de supérieur par ce qu’il avait d’aimable, très gai, capable d’un bon conte, d’un conte salé qui sentait le frère Jean des Entommeures encore plus que le panégyriste de saint Vincent-de-Paul ou de saint Louis32 ; vif, ardent, véhément de nature, au demeurant bon homme et cher à ses amis. […] Chamfort déclara nettement toutes ses idées, toutes ses espérances de nivellement de l’Ancien Régime et de renouvellement complet de la société.
Ils ont décidé que celui qui aurait l’audace de n’être pas tout à fait aussi épris de leurs ouvrages qu’ils le sont eux-mêmes, serait un homme d’un caractère affreux, sans douceur, sans aménité, sans respect pour les lois de la société : en un mot, sans honnêteté ; c’est le terme. […] » On conclut que la Révolution ne tardera pas à se consommer ; qu’il faut absolument que la superstition et le fanatisme fassent place à la philosophie, et l’on en est à calculer la probabilité de l’époque et quels seront ceux de la société qui verront le règne de la raison… Un seul des convives n’avait point pris de part à toute la joie de cette conversation, et avait même laissé tomber tout doucement quelques plaisanteries sur notre bel enthousiasme.
Il cherche à indiquer, indépendamment de toute abstraction, les pouvoirs qui ressortent nécessairement de la société telle qu’elle est depuis la Révolution ; il en distingue trois : la royauté, une certaine aristocratie, et le peuple ; il les qualifie trois réalités indestructibles, et qui sont sorties de l’épreuve de la Révolution même. […] En énumérant les cinq ou six grands sujets d’inquiétude qui préoccupent le pays (14 septembre), il y compte l’existence de quelques associations « dont les doctrines, encore confusément exprimées, semblent appuyer les réclamations des classes ouvrières, et vouloir étendre à la société une révolution purement politique ».
On joue en société une tragédie de Racine, Iphigénie ; les acteurs et actrices ne sont que princes, filles ou nièces de palatins ; le chevalier de Saint-Pierre fait Achille. […] C’est encore une chose que vous saviez avant que vous vous fussiez éloigné de la société.
Ces premières années de séjour en Suisse sont marquées par beaucoup de joie, de gaieté ; Voltaire sent qu’il est redevenu libre ; il se mêle à la vie du pays, et y fait accepter la sienne ; il fait jouer chez lui la comédie, la tragédie, et trouve sous sa main des acteurs de société, et point du tout mauvais, pour les principaux rôles de ses pièces. […] Toute cette correspondance est laide ; elle sent la secte et le complot, la confrérie et la société secrète ; de quelque point de vue qu’on l’envisage, elle ne fait point honneur à des hommes qui érigent le mensonge en principe, et qui partent du mépris de leurs semblables comme de la première condition pour les éclairer : « Éclairez et méprisez le genre humain !
Dès ses débuts, il fut présenté dans la société du baron d’Holbach, y connut Franklin, le monde de Mme Helvétius, et toutes ces influences se combinèrent bientôt, se fixèrent en lui de telle sorte qu’il devint l’élève le plus original peut-être de cette école. […] Il jugeait que c’était le grand intérêt de l’État et la garantie de la société nouvelle.
* * * — Je trouve que les honnêtes femmes de la société, qui sont vraiment vos amies, au lieu de s’acharner à vous chercher une épouse, feraient bien mieux de vous découvrir une aimable maîtresse. […] Parmi ces noms, il y avait un homme de la société, que sa femme pendant ses absences, astreignait à porter cette ceinture, dont elle emportait la clef.
Est-ce une société qui meurt, est-ce une société qui va naître ?
., par une société de gens de lettres, en dix-neuf ou vingt volumes in-4°. […] “Le mot de vis-à-vis (dit M. de Voltaire dans une Lettre à M. l’Abbé d’Olivet) qui est très-rarement juste & jamais noble, inonde aujourdhui nos livres, & la Cour & le Barreau & la société ; car dès qu’une expression vicieuse s’introduit, la foule s’en empare.
Plus préoccupé, comme critique, — et selon nous avec raison, — de la moralité des œuvres, de leur portée dans l’intelligence humaine et des épouvantables dangers qu’elles créent aux sociétés qui les admirent que de leur valeur esthétique, il se recommande et se distingue par cette noble préoccupation, devenue un peu trop la distraction de la Critique moderne, exclusivement attachée à l’autre côté des choses et ne voyant guère, comme on sait, que la question de la forme en littérature. […] Du moins, en face de ces deux démolisseurs de toutes choses, devant ces deux hommes d’une gloire surfaite par les partis, et qui ont attaqué, les uns après les autres, les sentiments et les idées qui sont les bases des sociétés et de la conscience humaine, tous deux en riant, les malheureux !
On démêla d’une manière générale le sujet du Cours qu’il venait ouvrir ; il se proposait de parler de la société civile, des lois de la civilisation et de la perfectibilité, du rapport qui existe entre les lumières et le bonheur des nations ; c’était un publiciste qui aspirait à remanier le grand problème du xviiie siècle et à se frayer une voie entre Montesquieu et Rousseau.
Il n’aurait point sans doute, comme le fit plus tard l’illustre auteur du Génie du Christianisme, porté ses principales couleurs sur le côté magnifique ou touchant du catholicisme, considéré surtout dans ses rapports avec la société ; il n’aurait pas cependant négligé les grandeurs et les beautés aimables de la religion.
Tous ceux qui faisaient partie de ces deux tiers, « véritables comédiens ambulants qui changèrent de nom et d’habit en même temps que de rôle »,lui paraissent « indignes non-seulement de gouverner, mais encore de vivre. » Il reconnaît pourtant qu’en voyant meilleure compagnie ils se sont amendés sous quelques rapports, et que, pour tout dire, « ils ont fait à peu près comme ces malheureuses femmes, qui, ramassées dans les carrefours et dans les prisons de la capitale, sont envoyées dans les colonies Étrangères, où, quoique leur jeunesse se soit écoulée dans le désordre, elles adoptent une nouvelle vie, redeviennent honnêtes, et, grâce à de nouvelles habitudes, dans une position nouvelle, sont encore des membres tolérables de la société. » Le rapprochement n’a rien de flatteur ni de délicat ; mais l’illustre baronnet n’y regarde pas de si près ; il a même tant d’affection pour ces sortes d’images, que plus tard l’arrangement du premier consul avec ses ministres lui semblera « pareil aux mariages contractés par les colons espagnols ou les boucaniers avec les malheureuses créatures envoyées pour peupler les colonies », et qu’il trouvera les moyens en un endroit de comparer, je ne sais trop pour quelle raison, M. de Talleyrand à une vivandière.
Il fallait que les avantages de la société devinssent universels ; car tout dans la nature tend au niveau ; mais les douceurs de la vie privée, la diffusion des lumières, les relations commerciales établissant plus de parité dans les jouissances, apaiseront par degré les sentiments de rivalité entre les nations.
En somme, la société de l’ancien régime, qui n’avait qu’à se divertir, a toujours eu, quelles qu’aient été ses faiblesses, le goût des divertissements qui tiennent l’esprit en éveil.
Cependant les idées de La Motte choquaient trop les habitudes d’esprit de la bonne société, les préjugés de l’éducation et du monde, pour avoir chance d’être reçues.
La Renaissance peut être considérée comme l’une des époques où l’énergie d’une société s’est transformée de la façon la plus violente sous l’influence d’un modèle offert par une civilisation antérieure.
Quant à l’observation que plusieurs amateurs d’oreille délicate lui ont soumise touchant la rudesse sauvage de ses noms norvégiens, il la trouve tout à fait fondée ; aussi se propose-t-il, dès qu’il sera nommé membre de la société royale de Stockholm ou de l’académie de Berghen, d’inviter messieurs les norvégiens à changer de langue, attendu que le vilain jargon dont ils ont la bizarrerie de se servir blesse le tympan de nos parisiennes, et que leurs noms biscornus, aussi raboteux que leurs rochers, produisent sur la langue sensible qui les prononce l’effet que ferait sans doute leur huile d’ours et leur pain d’écorce sur les houppes nerveuses et sensitives de notre palais.
Si quelqu’un eût dit à la fin du dix-huitième siècle, après le régent, après Voltaire, après Beaumarchais, après Louis XV, après Cagliostro, après Marat, que les Charlemagnes, les Charlemagnes grandioses, poétiques et presque fabuleux, étaient encore possibles, tous les sceptiques d’alors, c’est-à-dire la société tout entière, eussent haussé les épaules et ri.
Toutes les sociétés où Larroque, écrivain très-médiocre, étoit reçu dans Paris, sçavent comme la chose s’est passée.
Il vient de se fonder une société des écrivains régionaux.
Cette formule de nos tribunaux est plaisante : elle nous transporte au milieu de la société.
Il y a une vingtaine d’années que quelques gens de lettres, réunis en société, annoncerent au monde savant qu’ils alloient exécuter dans tous ces points le projet de Bacon, sous le titre d’Encyclopédie, ou de Dictionnaire raisonné des sciences, des arts & des métiers, en dix-sept vol.
Les deux plus illustres compagnies de philosophes qui soient en Europe, l’académie des sciences de Paris et la société roïale de Londres, n’ont pas voulu ni adopter ni bâtir aucun systême general de physique.
— de l’état moral d’une société où de tels faits se produisent impudemment sans que l’opinion en soit indignée.
Assurément, s’il est un homme fait pour mieux que le petit livre, c’est Louandre, le robuste traducteur de Tacite, un des érudits les plus râblés de ce temps, et dans tous les temps l’homme le plus capable d’œuvres fortes, noblement laborieuses et difficiles ; et cependant, obéissant, malgré lui sans doute, aux exigences de ce siècle superficiel et pressé, Louandre publie aussi un petit livre, comme s’il appartenait, lui, à la race des écrivains sans haleine qui ont inventé la phrase courte, le hachis des petits paragraphes et les écrits de quelques pages à l’usage d’une société qui ne lit plus !
— servi la cause du président de la République, bien convaincu que je défendais la cause de la société et de la civilisation ?
L’héroïsme galant des modernes a été imaginé par les poètes qui vinrent bien longtemps après Homère, soit que l’invention des fables nouvelles leur appartienne, soit que les mœurs devenant efféminées avec le temps, ils aient altéré, et enfin corrompu entièrement les premières fables graves et sévères, comme il convenait aux fondateurs des sociétés.
Geoffrin, mari de cette illustre présidente de la société des Gens de lettres au dix-huitième siècle, dont Sainte-Beuve rapporte cette anecdote : Un jour, un étranger demanda à Mme Geoffrin ce qu’était devenu ce vieux Monsieur qui assistait autrefois régulièrement aux dîners, et qu’on ne voyait plus : — « C’était mon mari, fit-elle, il est mort » ! […] Il est clair que, si la société comptait un grand nombre de Grâce Mirbel, les rapports sexuels, réglés en vue du mariage, et qui sont déjà difficiles, deviendraient tout à fait impossibles. […] Dans l’immense flux d’intérêts en conflit et de puissances rivales que représente une société, quel est le rôle, quelle est la mission de la femme ? […] Nous le voyons qui s’appuie sur un ensemble de garanties ou de forces qui ne se sont guère modifiées depuis que le monde se développe en sociétés organisées, et auxquelles il paraît bien, d’après de récentes expériences, que l’on aura du mal à trouver des suppléantes. Faut-il les nommer, ces vertus cardinales, authentiques soutiens de la société ?
Laisse-nous rire de ses formules : « Voici la mort de l’antique société, la naissance d’une société nouvelle. […] Les « dames de la société » regardaient ailleurs, pour ne la point saluer, quand elle passait. […] Theuriet voit la nature en poète, M. de Glouvet la voit en agronome, comme il voit la société en magistrat. […] Il se forme une société composée de gens intelligents de tous les mondes. […] Que cette peinture vertueuse et morale de la société soit plus exacte que les autres, c’est dont je doute et dont se soucie fort peu, au reste, M.
Six piqueurs du roi conduisaient les chevaux du char funèbre, à côté duquel se trouvaient cinq laquais de la cour, un chasseur de la cour et vingt députés de la société des étudiants, avec des branches de palmier. […] « Dans la grande rue de Frédéric, devant le gymnase de Frédéric, se tenaient les élèves avec leur directeur ; ils saluèrent le passage du mort de chants religieux ; en passant devant l’Université, au son des cloches, au bruit des chants de la société chorale des hommes de Berlin, le cercueil arriva devant le dôme où l’attendaient, sous le portail, la tête découverte, le prince régent, les princes Frédéric-Guillaume, Albert, Albert fils, Frédéric, Georges, Adalbert de Prusse, Auguste de Würtemberg et Frédéric de Hesse-Cassel ; puis, à l’entrée principale de l’église, les chapelains de la cour, conduits par Strauss, reçurent le cercueil et l’accompagnèrent devant l’autel, où il fut déposé sur une estrade entourée de palmes et de plantes en fleurs, d’innombrables cierges portés par quatre immenses candélabres, et enfin des coussins sur lesquels reposaient les ordres du défunt. […] Toutes sont également faites pour la liberté, pour cette liberté qui, dans un état de société peu avancé, n’appartient qu’à l’individu ; mais qui, chez les nations appelées à la jouissance de véritables institutions politiques, est le droit de la communauté tout entière.
Puis Wagner, faisant voir la Nécessité inconsciente sise au fond des choses, explique le rôle de l’Art dans la société de l’avenir. […] À ne voir que la surface de notre société, c’est le matérialisme qui prédomine dans les hautes sphères de la pensée ; et comme l’effet suit la cause, c’est le réalisme à courte vue qui règne, en littérature. […] ANVERS. — La société de symphonie a donné dimanche octobre son 3e concert dans la salle des fêtes de l’Exposition : un concert Wagner.
L’objet de l’auteur est d’inspirer la vertu, en déclarant la guerre aux vices de la société. […] Marin si connu par sa savante & impartiale Histoire de Saladin, a consacré quelques-uns de ses momens à composer diverses piéces de théatre & de société, imprimées à Paris en 1767. […] Poëtes de société.
Une bonne partie de cette société française qui pleure le passé en arrosant des lis et qui tient M. de Vigny en singulière aversion, parce qu’il est un libre penseur, et qu’il sort par son talent de la médiocrité désolante de son monde, fut ravie, sauta de joie, et proclama l’ex-ministre un grand homme. […] Comptez-les, vous les connaissez, tous. — Ceux-ci étaient carbonari sous la restauration ; ils faisaient partie des sociétés républicaines, ils allaient partout clabaudant qu’il n’y avait pas de liberté pour la presse, pas de liberté pour le théâtre, pas de liberté pour l’enseignement. […] Ce mouvement, purement utilitaire, qui couvre le monde entier d’un réseau de chemins de fer, qui pousse sur tous les océans des flottes de navires à hélice, qui bâtit de vastes usines, qui substitue chrétiennement la force de l’association à la faiblesse individuelle, qui brise les vieux liens qui nouaient l’essor de la société, qui détruit les hiérarchies conventionnelles, qui se préoccupe surtout des classes déshéritées et qui cherche à donner à chacun une somme de bien-être plus grand, de vertus plus hautes, d’intelligence plus rayonnante, ce mouvement a besoin d’être dirigé ; pourquoi la littérature ne se chargerait-elle pas de cette mission qui se rattache aux œuvres vives du corps social actuel ?
Don Juan, c’est l’insatiabilité humaine, l’universelle concupiscence, loi fatale du monde, base de la société et du mariage. […] Ce n’est plus exclusivement l’amour qui est en cause, c’est la société tout entière. […] Comme Il voit clair dans l’amour et comme il a raison de se plaindre qu’on ne prenne plus au sérieux ce sentiment qui doit être la base de la société et du mariage ! […] Solitaire et rancuneux au milieu d’une société qui le repoussait, il fut reconnaissant à madame Récamier du culte public qu’elle lui fit rendre par son entourage. […] Le bien et le mal, le pur et l’impur ont toujours existé côte à côte dans la société, comme ils existent côte à côte dans chaque individu.
Que deviendrait la société politique, enfance éternelle qui condamnerait les peuples à une éternelle étourderie ? […] III J’avoue que je n’ai jamais compris le sens de cet axiome de l’obstination des partis, quels qu’ils soient, en France : « Tu ne changeras pas. » Tu ne changeras pas, c’est-à-dire tu vivras des jours sans nombre, tu verras des idées justes prendre la place de préjugés absurdes, des trônes s’écrouler sur des fondements vermoulus, des castes s’effacer devant des nations, des gouvernements légitimes se fonder sur les devoirs réciproques des hommes en société de services et de défense mutuels, des démagogues surgir comme les vices incarnés de la multitude, irriter les passions du peuple, les pousser jusqu’au délire, jusqu’au meurtre, s’armer de ces fureurs populaires pour prendre la hache au lieu de sceptre et pour promener, sur ce peuple lui-même, ce niveau de fer qui trouve toujours une tête plus haute que son envie ; tu verras le sang le plus pur ou le plus scélérat couler à torrents dans les rues de tes villes ; tu verras les partis populaires épuisés céder au parti soldatesque, première forme de la tyrannie ; tu verras un soldat popularisé par la victoire prendre à la fois la place de la liberté, du trône et du peuple par un coup de main ; tu le verras provoquer le monde pour le vaincre, changer l’Europe en un champ de bataille annuel, faucher périodiquement les générations nouvelles, plus vite que la nature ne les fait naître, pour son ambition, en sorte que les vieillards se demandaient s’il y aurait encore une jeunesse et si Dieu ne faisait plus naître les générations que pour mourir à vingt ans au signe de ces pourvoyeurs de la gloire. […] XXVII Déçu dans mon désir de monter derrière Casimir Périer sur la brèche, pour y défendre, non la royauté orléaniste, mais la société européenne assaillie par les partis de la guerre universelle et par les partis de la turbulence anarchique au dedans, je m’absentai pendant deux ans, pour tromper, par de grands voyages dans l’Orient, mon impatience d’action sans emploi possible dans mon pays. […] Je le connaissais de longue date, pour l’avoir rencontré dans la société politique de madame de Montcalm, sœur du duc de Richelieu.
Quand elle s’est habituée à cette société surnaturelle, Jeanne la provoque par des prières et l’entretient par des questions ; des dialogues suivis s’établissent entre elle et ses divins protecteurs. […] Nous venons de citer des exemples types : dans le premier, l’imagination domine évidemment ; dans les trois autres, la passion semble pure de tout mélange ; mais rarement la passion s’éveille sans éveiller en quelque mesure l’imagination ; la raison en est que rarement l’objet de la passion est purement intellectuel, c’est-à-dire d’ordre général, scientifique ou politique ; quand je n’ai d’autre société intérieure qu’une société abstraite, consistant dans des concepts que parcourt mon entendement, mêlés à des noms propres de personnages ou de pays que je ne connais que par ouï-dire et qui valent pour mon esprit des abstractions, alors je suis, à vrai dire, seul avec ma pensée, je n’ai point de société véritable, et, d’ordinaire, je reste calme228 ; l’émotion, presque toujours, me fait rentrer dans la vie réelle, dans la vie sociale ; ce qui m’émeut en joie ou en tristesse, c’est quelque objet concret de la nature, le plus souvent quelque personne humaine, dont mon souvenir reproduit l’image plus ou moins nette, et, avec cette image, le son spécifique.
Les précieuses ont exigé des hommes qu’ils leur rendissent les respects auxquels toute femme a droit, comme femme, dans une société civilisée ; et elles l’ont obtenu. […] C’est pourquoi, tandis qu’en Espagne ou en Italie, le gongorisme ou le marinisme aboutissaient à de nouveaux excès de l’individualisme, au contraire, chez nous, c’était finalement l’esprit de société qui sortait vainqueur de la crise. […] Rœderer : Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie, Paris, 1835 ; — Walckenaer, Mémoires sur Mme de Sévigné, t. […] Rœderer, Mémoire sur l’histoire de la société polie]. — Pourquoi les femmes n’aiment pas Molière. — A-t-il réussi contre la religion ? — C’est ce qu’il ne semble pas non plus ; — et il n’a même pas réussi contre la « dévotion » ; — si, comme peinture de mœurs, son Tartuffe serait presque plus vrai de la société française de 1690 que de celle de 1665 [Cf.
Les causes de ce développement prématuré de la langue provençale se rattachent, comme toujours, à l’état de la société. […] Dans ces révolutions de la société et des mœurs, dans ces transmutations d’une langue dans une autre, les éléments qui prédominent ne sont pas toujours ceux que l’on connaissait le mieux. […] Il y avait donc à côté de cette société théologique et latine, non seulement l’activité d’une société littéraire ingénieuse et libre, mais il y avait son succès, son impunité ; aucune gêne religieuse ou politique ne semblait entraver ces écrits. […] La même cause qui avait contribué le plus efficacement à détruire l’ancienne société, ressuscite quelque chose de l’ancienne liberté. […] N’était-ce pas surtout le progrès que la société politique avait déjà fait en France sous saint Louis ?
Lorsqu’un mouvement poétique véritable, dû à des causes générales, lorsqu’un vrai printemps poétique nouveau se prépare dans une société, il s’annonce à l’avance par bien des signes ; il y a de jolis matins de février.
Les travaux physiques apportent à une certaine classe de la société, par des moyens absolument contraires, des avantages à peu près pareils dans leurs rapports avec le bonheur.
Il sait que ce fut l’âge d’or de la société polie ; qu’en ce temps-là la vie mondaine fut l’idéal de tout ce qui comptait alors parmi les hommes ; que les jardins mêmes étaient des salons ; que les philosophes prouvaient l’existence de la matière par celle de la pensée ; que les poètes, acharnés à peindre l’âme humaine civilisée, laissaient à peine tomber quelques regards distraits sur la nature environnante.
« Et puis, que t’importe : tu auras produit une œuvre, l’œuvre qu’une société vraie admettrait pour ta contribution au labeur commun, puisque tu auras créé de la vie à ton image.
Il a donné les Entretiens et il a publié le Civilisateur : « Déjà presque au terme de ma longue carrière, a-t-il écrit dans la préface de cet ouvrage, avant d’avoir perdu une seule note de ma voix, mon ambition serait de recevoir en bas, dans les rangs obscurs mais honorables du peuple, la naturalisation littéraire et poétique que j’ai reçue autrefois en haut, dans les rangs supérieurs et élégants de la société.
Caffés, foyers, promenades, sociétés particulières, tout retentit de cris glapissans.
Ses supérieurs & ses confrères regardèrent sa sortie de la société comme une perte pour elle.
Le berceau de Rome chanté par Virgile est un grand sujet, sans doute ; mais que dire du sujet d’un poème qui peint une catastrophe dont nous sommes nous-mêmes les victimes, qui ne nous montre pas le fondateur de telle ou telle société, mais le père du genre humain ?
Puis je lui expose des enfants, des adultes, des hommes faits, des vieillards, des sujets de tout âge, de tout sexe, pris dans toutes les conditions de la société, toutes sortes de natures, en un mot.
On aurait dit qu’il avait cessé d’être un fondateur de société !
Dans tout cela, peu de causes de bruit ; et, d’ailleurs, tout ce qui n’intéresse qu’une société périt avec elle.
Ils ne sont, quand vous cherchez bien, — dans cette société qui marche au communisme par l’anarchie si un homme de génie et de gouvernement n’arrête ce fléau, — ils ne sont que des conservateurs socialistes, comme les socialistes, qui veulent prendre pour conserver, ne sont eux-mêmes que des apprentis conservateurs !
Ce n’est plus, enfin, l’observation du spleenétique Graindorge — ce Stendhal qui a mal au foie — sur la société parisienne.
Jamais plus infortunée théorie ne tendit, par-dessous un livre, une main plus faible aux sociétés secrètes et aux révolutions.
Les objets qui l’environnent et qui le frappent, c’est l’architecture qu’il a créée, les métaux qu’il a tirés du sein de la terre, les richesses qu’il a cherchées au-delà de l’océan, les différentes parties du monde unies par la navigation, enfin tout ce qu’a de brillant le tableau de la société, des lois et des arts ; mais dans les campagnes, l’homme disparaît, et la divinité seule se montre.
Comme celui de Guillaume Penn, il dira à tous ceux qui gémissent sur la terre: « Venez dans notre fertile contrée ; celui qui y plantera un arbre en recueillera le fruit. » M. de Saint-Pierre se proposait surtout d’imiter ce législateur dans sa confiance en Dieu, la plus grande, à notre avis, qu’aucun fondateur de république ait jamais eue, puisqu’il osa établir une société d’hommes riches et sans armes, et que, par un miracle de la Providence, cette société n’a pas cessé de fleurir au milieu des Sauvages et des Européens. […] Écoutez-la: Les devoirs de la maternité ajoutaient encore au bonheur de leur société. […] Mais le premier jour où il fit la lecture de son manuscrit à une société d’hommes et de femmes de lettres à Paris, la société se vengea de la nature en le méconnaissant: c’était chez M.
Et les deux femmes parties, elle s’écrie : « Vraiment, ce serait assez de se galvauder dans le monde jusqu’à trente ans, mais à cet âge-là on devrait avoir sa retraite, et n’être plus bonne aux choses assommantes de la société. » 19 janvier Nous sommes assez bien caractérisés et résumés par les trois choses que nous donnons, ce mois-ci, au public : Germinie Lacerteux, le fascicule d’Honoré Fragonard, l’eau-forte : La Lecture. […] * * * — Il faudrait étudier dans l’enfant l’origine des sociétés. […] — Princesse, interrompt Sainte-Beuve, vous ne savez pas cela, demandez à ces messieurs de Goncourt, il y avait au xviiie siècle des sociétés particulières qui fournissaient ces femmes-là, des sociétés du moment. — Oui, reprend Giraud, supposez des personnes qui descendraient de ces sociétés-là, et qui, à première vue, dans le monde se reconnaîtraient en s’abordant, et se comprendraient d’un clin d’œil.
Si elle oblige au nom des hommes, au nom de la société dont je fais partie, elle est fondée sur cette idée que je suis obligé à qui m’est utile. […] Il est donc un élément très précieux et très salutaire dans la société et il devrait la diriger. […] Il ne faut considérer le châtiment ni comme une vengeance de la société, ni comme une punition équitable que la société inflige ainsi qu’un père à ses enfants, ni comme un acte nécessaire de la société qui se défend. […] Sur l’origine des sociétés, Platon a cette idée de bon sens que les hommes ont dû être de tout temps en société parce qu’ils ont toujours eu besoin les uns des autres pour subsister. […] « Ce qui donne naissance à la société, c’est l’impuissance où est chaque homme de se suffire à lui-même et le besoin qu’il éprouve de beaucoup de choses.
Quoi de plus étrange, par exemple, que de nous représenter Royer-Collard combattant la révolution française sur le terrain de la perception extérieure, et, pour sauver la société, rétablissant la réalité des corps ? […] Le scepticisme à l’égard du monde matériel n’a rien à voir avec la politique ni avec l’ordre de la société. […] Taine aime les époques accusées, claires à l’imagination, les époques modernes et civilisées, la société de France et d’Angleterre du xviie ou du xviiie siècle ; M. Renan aime les sociétés primitives, les sources obscures et souterraines de la civilisation ; il se transporte volontiers en pensée sur ces hauts plateaux de l’Asie d’où l’on dit qu’est sortie la civilisation européenne, vers ces races primitives dont on ne connaît l’histoire que par les langues qu’elles ont parlées. […] L’un applique à la société humaine la loi de l’attraction universelle, l’autre propose de mesurer le témoignage des hommes par le calcul des probabilités ; un autre enfin, voudra démontrer l’immortalité de l’âme par la mécanique.
Au xviie siècle, on compatit aux malheurs des gens de sa société ; quant aux autres, Fénelon seul, je crois, y pense. […] Dans une société d’égaux il n’y a plus d’ancêtres ni de fortunes : tous ceux qui ont un nom ou de l’argent l’ont gagné ; et on ne gagne rien qu’après un combat obstiné, par la contention d’esprit, par le travail incessant, par le calcul morose. […] Rien d’étonnant si une société de grands seigneurs, hommes du monde, a inventé le plus beau style qui ait paru. […] C’est que l’excessif choque comme le vulgaire ; une société si polie repousse les façons de parler violentes ; on ne crie pas dans un salon. […] La société transformée a transformé l’âme.
Un Parisien, un Parisien de la sphère la plus élevée, pouvait seul s’agencer ainsi sans paraître ridicule, et donner une harmonie de fatuité à toutes ces niaiseries, que soutenait d’ailleurs un air brave, l’air d’un jeune homme qui a de beaux pistolets, le coup sûr et Annette. » VII La vue inattendue de ce beau jeune homme, son cousin, contraste avec la vieille et vulgaire société de son père ; elle inspire à la jeune personne un sentiment qui n’est pas encore de l’amour, mais qui anime l’indifférence. […] Il replie le papier sous le même pli et le met dans sa poche, puis il attend que la société prenne congé. […] Chez elle, tous les soirs, la salle se remplissait d’une société composée des plus chauds et des plus dévoués Cruchotins du pays, qui s’efforçaient de chanter les louanges de la maîtresse du logis sur tous les tons.
L’Art moderne est né au jour où, la société moderne étant constituée, les artistes, libres de traditions anciennes, ont pu l’exprimer, intégralement : le seizième siècle fut l’époque des essais, le dix-septième siècle l’époque, glorieuse, de l’accomplissement. — Depuis, l’Art moderne, comme toutes choses vivantes, a passé par la triple évolution de la thèse, de l’antithèse et de la synthèse. […] Le Prix de Rome. — Mais, monsieur, nous avons des Sociétés nationales de musique, et tous les compositeurs modernes affirment les tendances exclusivement françaises de leur art. […] Et de cette Mélodie vivait, aussi, notre musique instrumentale, dont nous avons, plus haut, fait voir la destination exclusive pour une société brillante, mais nullement artistique.
Si plus que nul autre, Wagner avait senti ce qu’il y a de tragique dans la situation de Lohengrin, tous les artistes de génie, qui vivent et ont vécu dans une société aussi peu naïve que la nôtre, en ont souffert plus ou moins. […] Carl Heckel, de Mannheim, avait réuni, dans sa ville, une société de Wagnéristes, qui s’appela « Wagner-Verein », et fut le premier cercle Wagnérien. […] Quelques villes, même, comme Vienne et Berlin, en eurent plusieurs, des Sociétés Académiques Wagner, des Unions Wagnériennes.
Et au milieu de la discussion, quelqu’un développe l’ironique pensée, que l’instruction universelle et générale pourrait bien priver la société future de l’homme instruit, et la doter de la femme instruite : une perspective pas rassurante pour les maris de l’avenir. […] C’est sublime, comme dédain du nombre, comme révolte d’un seul contre toute une société et tout un temps. […] Mardi 13 mai Dans une société, on reconnaît les gens bien élevés à une chose assez simple ; ils vous parlent de ce qui vous intéresse.
Il avait des traits accentués sans être durs ; de taille médiocre sans être petit, taille de danseur, d’homme de société, et qui se concilie avec l’élégance sans trop d’exiguïté. […] Et après cela, après tout hommage rendu à la fleur des érudits, au savant aimable et délicat, je m’adresserai aux nouveaux, à ceux qui s’élèvent : Jeunes érudits et savants qui lui succédez, vous le savez mieux que moi, si vous voulez maintenir l’Antiquité à son rang, dans toute son estime, et intéresser à elle les esprits des générations présentes et prochaines, ce n’est pas en l’abordant désormais à la Boissonade et en vous attaquant isolément à des points imperceptibles, c’est en traitant les questions qui la concernent, dans toute leur précision sans doute, mais aussi dans toute leur étendue et leur généralité, et en rattachant les anciens le plus possible au train moderne par une anse moderne aussi, par quelque agrafe puissante, en leur demandant tout ce qui se rapporte chez eux à l’histoire des idées, des mythes, des religions, de l’art, de la police et de la constitution des sociétés, à la marche enfin et au progrès de l’esprit humain et de la civilisation elle-même.
Il a le goût sain ; il est ennemi, dès lors, mais un ennemi mortel du goût épigrammatique et raffiné, cher aux Fontenelle, aux La Motte et à toute la société de Mme de Lambert ; il exècre ce lambertinage comme il l’appelle, qui régnait sous la Régence et tenait le dé à l’Académie8. […] Un autre vieux classique de ce temps-là, M. de La Rivière, le gendre de Bussy-Rabutin, a jugé non moins sévèrement que Marais le salon de Mme de Lambert et son monde, quoiqu’il fût l’ami particulier de cette femme distinguée, sur laquelle nous nous permettons de différer d’opinion avec lui ; mais tous ces jugements et contre-jugements sont curieux, en ce qu’ils nous aident à comprendre le mouvement et les divisions de la société d’alors.
J’ai parlé d’une pension qu’elle touchait ; ceci est à expliquer, d’autant plus que la correspondance sera remplie de détails pénibles, et qu’il serait injuste d’en tirer aucune conséquence extrême contre la société ni contre les hommes. […] Voilà ce qu’il était juste de dire à la décharge de la société et du pouvoir : ce qui n’empêche pas tout le reste d’être vrai et tous les détails douloureux qu’on va lire de subsister dans leur amère réalité.
Jeune, il est venu à Paris, vers l’an 1783 ; il s’est fait présenter dans les meilleures sociétés, chez Mme d’Egmont, chez Helvétius, qui pourtant était mort depuis plusieurs années ; mais peu importe l’anachronisme. […] Mais, à partir de 1809, les manières de Balthazar s’altèrent graduellement ; une passion secrète le saisit et l’arrache bientôt à tout, à la société, aux tulipes, même aux joies domestiques dont il se repaissait avec candeur.
Les opinions politiques et religieuses de Montaigne sont assorties à son art de vivre, et y font une pièce nécessaire, puisque, enfin, l’homme doit vivre en société. […] Je ne sais si on l’a assez remarqué, les plus fragiles ou fausses morales ont toujours été proposées par de très honnêtes gens qui ont pris dans l’instinct et dans le plaisir la règle fondamentale de la vie, parce que leur instinct et leur plaisir ne les écartaient pas sensiblement des actions sans lesquelles il n’y a plus de morale, partant plus de société : ainsi Helvétius, ainsi Montaigne.
Le clergé forme assurément, dans notre société moderne, la classe la plus originale et la plus nettement « différenciée ». Et la différence ne pourra que croître à mesure que la société laïque se préoccupera moins d’une autre vie, s’installera mieux dans celle-ci et prendra plus pleinement possession de la terre.
Les critiques littéraires peuvent être nombreux et divers : le public les écoute toujours, il est agréable d’être guidé dans ses choix et de trouver, sur les œuvres qu’il n’a ni le temps, ni le goût de lire, une opinion bien motivée et digne d’être produite en société. […] Et cette enquête pose une fois de plus la question de la situation des intellectuels dans la présente société.
Ce n’est pas une blâmable ambition qui a entraîné dans ce tourbillon toutes les sommités intellectuelles de la première moitié de ce siècle ; ces hommes éminents ont fait ce qu’ils devaient faire pour servir la société de leur temps. […] Voilà donc un immense développement, sourdement préparé durant trois siècles en dehors de la politique, grandissant parallèlement à la société officielle, persécuté par elle, et qui, à un certain jour, étouffe la politique, ou plutôt reste vivant et fort, quand le monde officiel se meurt d’épuisement.
Pas une âme humaine à qui je puisse ouvrir mon cœur, bien plus, avec qui je puisse avoir de ces conversations qui, pour être indifférentes, ne laissent pas de délasser l’esprit et de satisfaire au besoin de société. […] Ce n’est pas de voir des hommes qui constitue la société, c’est d’avoir avec eux quelques-uns de ces rapports qui rappellent qu’on n’est pas seul au monde.
Madame de Septmonts, indignée, répond à ce cartel de sa plus belle encre. « Elle recevra mistress Clarkson qu’elle n’a pas l’honneur de connaître, si elle lui est présentée par un homme de sa société. » Il se fait un de ces silences que les Allemands expliquent par la présence d’un ange qui traverse le salon. […] Le mari, divorcé ou non, la chose n’y fait rien, d’une drôlesse internationale, mise au ban de toute société honnête, qui traîne et salit son nom sur tous les marchés galants de l’Europe ; plus infâme encore si elle possède vraiment l’odieuse virginité qu’elle affiche ; volant, comme au coin d’un lit, en ce cas, l’argent de ses amants qui n’y entrent pas.
Mais quand la chose eut été réglée comme affaire d’État et que le roi dut partir pour l’armée « sans avoir peut-être encore rien obtenu », on songea à former la société intime de la marquise durant l’absence, et l’abbé de Bernis fut désigné. […] À aucune époque, l’art ne fut plus vivant, plus en rapport avec la société, qui s’y exprimait et s’y modelait de toutes parts40.
Il fit tout pour que de pareilles visites ne se renouvelassent point : Chaque jour l’atrabilaire Saint-Mauris et son officieux chevalier (un M. de Lalleu) me parlaient du danger que je courais dans les sociétés où je me répandais. […] Puisqu’on est franc, elle va répondre avec franchise à son tour, et elle raconte sa vie, comment elle fut sacrifiée à dix-sept ans à des arrangements de famille, quels furent les premiers pièges qu’on lui tendit dans une société médisante et rétrécie, quelles fausses amies essayèrent de s’insinuer près d’elle, quels adorateurs elle eut d’abord à évincer.
Mais où le spectacle éclate dans son étrangeté, c’est précisément où la croyance à la liberté humaine semble entrer en composition avec la croyance contraire : à la place de ce défaut de liberté absolu, qui assimile tout homme à l’acteur récitant un drame conformément au texte, exécutant fidèlement les jeux de scène prescrits, et ne pouvant, par aucune intervention personnelle, modifier son personnage, la société, représentée par ses tribunaux, et l’individu, au for de sa conscience, ont imaginé des distinctions et des nuances. […] C’est le cas, dans une société organisée, pour tous ceux dont l’union n’a pas reçu la sanction instituée par les lois.
Voilà avec quoi Napoléon se faisait fort de fonder une société civilisée en Égypte. […] * * * — Au fond, la médisance est encore le plus grand lien des sociétés.
Dimanche 2 mars La timidité, cette paralysie de ma valeur personnelle en société, pendant toute ma jeunesse et ma maturité, cet état nerveux, où en présence de deux ou trois imbéciles inconnus, j’éprouvais comme un nœud de l’aiguillette de l’esprit, il me semble que je m’en suis débarrassé à l’heure présente, mais il n’y a pas bien longtemps. […] * * * — Un mot du vieux Giraud, sur une femme galante de la société, ayant dépassé la quarantaine : « Elle commence à avoir la chaude fadeur d’haleine des chats qui ont mangé trop de mou ».
Mais La Motte, que Duclos appelle le plus aimable des gens de lettres, ne s’éloignait guère, et pour cause, du café Gradot : Après avoir vécu dans les meilleures sociétés de Paris et de la Cour, devenu aveugle et perclus des jambes, il était réduit à se faire porter en chaise au café de Gradot, pour se distraire de ses maux dans la conversation de plusieurs savants ou gens de lettres qui s’y rendaient à certaines heures.
Il y eut un type grave, obscur, appesanti, de l’infirmité humaine en présence des choses plus grandes et plus fortes, en présence de l’accablante nature ou de la société qui écrase.
En général, nous autres hommes, nous nous plaignons trop ; nous accusons le sort et la nature, ou la société, comme si toute notre vie se passait à subir le malheur.
Il y avait sans doute une autre manière plus rigoureuse, plus analytique et scientifique de traiter ce sujet de l’influence de la philosophie sur la législation ; c’eût été, dans une sorte de dépouillement des écrits des philosophes, de dénombrer les propositions essentielles le plus applicables à la société selon l’ordre religieux, civil ou politique ; de suivre la fortune positive de ces propositions diverses depuis leur mise en circulation jusqu’à leur avènement régulier, depuis leur naissance à l’état d’idées jusqu’à leur terminaison en lois ; d’épier leur entrée plus ou moins incomplète dans les codes, et d’apprécier ceux-ci dans leur raison et leur mesure.
Le cant doctrinaire qui menaçait d’envelopper une portion de la jeunesse ; qui faisait fi de tout ce qui sortait du diapason magistral, de tout ce qui était vif, pétulant, spontané, passionné, poétique, et, comme on disait, jacobin ; le cant doctrinaire, si opposé au génie net, actif, entreprenant et accommodant de la France, a cessé de peser sur la société ; ce que les hommes de ce bord ont gagné en pouvoir matériel et temporaire, ils l’ont à jamais perdu en autorité morale.
Tout fait a sa cause, et toute littérature, toute œuvre d’art est un fait dont il suffît de chercher, dont il faut sans passion chercher la cause dans les mœurs, les idées et les goûts de la société qui l’a produite, dans l’esprit du siècle qui l’a inspirée, dans le génie de la nation qui lui a donné son caractère général, dans le tempérament, les habitudes et la vie de l’auteur original qui lui a imprimé son cachet particulier.
Moréas dira de tout cela, quelques années plus tard, sévère pour lui-même : « C’est purement grotesque. » Jean Lorrain y donna des extraits d’un roman, Très Russe, « où il y a, dit-il, des portraits, celui de Guy de Maupassant, celui de Paul Bourget, un panorama de la société royale et de l’Empire ».
Qui sait si les fanfaronnades de force et d’adresse, dont Byron fut coutumier, si même son irritation contre la société n’avaient pas une de leurs origines dans la souffrance d’amour-propre qu’il éprouvait à se sentir pied-bot de naissance ?
Est-ce en les voyant se déchirer, se calomnier, se décrier les uns les autres, intriguer dans les Sociétés, pour persécuter leurs rivaux ou prôner leurs admirateurs & leurs disciples ; employer, pour se faire une réputation, un temps & des soins qui seroient plus utilement consacrés à perfectionner leurs Ouvrages ; se révolter contre les Critiques, & négliger des avis utiles ; repaître leur vanité de suffrages mendiés, sans s’occuper à en mériter de plus justes & de plus solides ; substituer à l’élévation des sentimens qui devroient être leur partage, les bassesses de l’artifice & de la flatterie, pour donner des appuis à leur vanité ?
Les foyers de la comédie, les promenades, les sociétés particulières, retentissoient des cris de cette foule de frondeurs mercénaires.
Or, l’économie politique, cette Madame la Ressource des sociétés qui meurent de faim, ne nous a jamais inspiré ni beaucoup d’amour, ni beaucoup d’estime.
Sociale, c’est le mot de ce temps où les liens sociaux ressemblent à du bois sec et où nous sommes menacés un jour ou l’autre de n’avoir plus du tout de société !
Saint-René Taillandier, — et à la Revue des deux-Mondes, qui, comme on sait, est rédigée par une société de ménechmes, c’est son originalité.
Touchant aux lakistes contemporains par une extrémité de son talent, et par l’autre aux affectés de tous les temps et de tous les pays, il a du moins la passion mêlée à tout cela, et si on l’applaudissait chez les Cathos, les Madelons et les Philamintes des vieilles sociétés grimacières, il y étoufferait !
Dans une société aussi légère que la nôtre l’était autrefois, et qui est devenue philanthropique et humanitaire, l’ennui, un ennui sérieux, distribué sur toute la ligne, avec ampleur, est peut-être une chose excellente pour faire les affaires d’un homme, et M.
Ils étaient les chefs d’une société dite des Frères bleus, qui voulurent reprendre la conspiration de Malet et porter à l’Empereur Napoléon et à l’Empire le coup que ce général avait manqué.
Que si, au contraire, ce titre d’Aventures parisiennes donné à un livre d’observation d’intérieur, de coin du feu, de sentiment raffiné, est une ironie détournée contre cette société devenue si uniformément plate à force de civilisation, et dans laquelle chacun de nous n’a plus d’autres aventures à courir que dans les deux pouces cachés de son propre cœur, elle est vraiment trop détournée, cette ironie ; c’est là une intention qui ne sera pas aperçue, et l’auteur aura manqué son trait, comme le joueur au billard manque la bille pour avoir voulu la prendre trop fin.
Le moindre livre de voyage écrit… même par un grimaud, peut être instructif et piquant pour les sociétés sédentaires ; mais pour celles qui passent leur vie à se déverser les unes dans les autres, il faut, sous peine de ne rien apprendre et de ne pas intéresser, que les livres de voyage soient écrits par des esprits d’un ordre élevé et d’une vue perçante, qui voient ce qu’il est difficile de voir en tout état de cause, soit qu’on reste au logis, soit qu’on s’en aille au bout du monde, — je veux dire : l’âme et l’esprit des choses.
Les Carthaginois se trouvèrent dans le premier cas : le traité qu’ils avaient fait avec les Romains leur avait assuré la conservation de leur vie, de leurs biens et de leur cité ; par ce dernier mot ils entendaient la ville matérielle, les édifices, urbs dans la langue latine ; mais comme les Romains s’étaient servis dans le traité du mot civitas, qui veut dire la réunion des citoyens, la société, ils s’indignèrent que les Carthaginois refusassent d’abandonner le rivage de la mer pour habiter désormais dans les terres, ils les déclarèrent rebelles, prirent leur ville, et la mirent en cendres ; en suivant ainsi le droit héroïque, ils ne crurent point avoir fait une guerre injuste.
Le classicisme interdit à chaque individu de se croire tout seul le centre du monde, mais le permet à la société précise dont cet individu fait partie. […] Il ne veut que causer ou aimer sur le pied d’égalité dans la société polie, c’est-à-dire dans les conditions où la conversation et l’amour atteignent leur optimum. […] Il devait y avoir une troisième partie, qui nous eût introduits dans la société romaine, papaline et cosmopolite, que Stendhal connaissait si bien. […] Lui qui jadis admirait tant l’antiquité, il déclare maintenant qu’une société païenne ne saurait être qu’un coupe-gorge et un mauvais lieu. […] Alors, précisément parce qu’elle est redevenue honnête, la Maslova refuse d’épouser le prince par égard pour lui, que ce mariage déclasserait et mettrait au ban de la société.
L’usage fréquent de ces mariages était alors une des plaies de la société. […] Et, s’il y a dans la société humaine, du consentement de tous, une chose sacrée, c’est l’armée. […] La société les a rendus malheureux et méchants. […] J’ai dit que les personnes de cette société sont au nombre de deux mille. […] Il parla nature et sentiment à une société qui ne voulait entendre que sentiment et nature.
Il croit rendre service à la société. […] Notre société se meurt, notre société est morte. […] Baju de flétrir notre société pourrie qui méconnaît le grand Paul pour acclamer le petit Ernest. […] Voilà le danger : ce n’est pas la loi qui nous gâte, mais la société. […] C’est aussi celui de Rousseau : l’homme sort bon des mains de la nature ; la civilisation et la société le gâtent.
Une grande langouste à la teinte rougeâtre, du savant dessin d’un naturaliste, un sourimono fait pour le Jour de l’An aux frais d’une société de vingt personnes. […] Promenade de trois femmes de la société suivies d’un serviteur au bord de la Soumida. […] À propos du goût d’Hokousaï pour la poésie, on raconte qu’il était membre d’une société de poètes, nommés les sociétaires de Katsoushika et, en raison de sa supériorité sur ses confrères, y exerçant une sorte de présidence. […] Et dans les trois volumes, mêlées aux planches représentant des métiers et des industries, des planches de toutes sortes : l’audience d’un daïmio ; une rue de Yédo ; un intérieur d’un temple bouddhique ; une salle de tribunal avec les trois juges sur une estrade, et le public assis à terre ; le frappement sur un taï en bois pour annoncer un service religieux ; la récolte des kaki ; la pêche au cormoran ; et encore des planches, comme les quatre classes de la société japonaise : le guerrier, le paysan, l’ouvrier, le marchand, la dernière classe dans cette société aristocratique. […] Mais ce livre n’est pas pour l’enfant seulement ; les grandes personnes, les poètes par exemple, qui veulent exécuter un dessin rapide dans une société, seront aidées par ce livre.
. — Il est le peintre de la seconde société féodale. […] Toutes deux, excessives, avaient dégénéré par l’emportement de leur propre force : l’une avait exalté l’indépendance jusqu’à la révolte, l’autre avait égaré la piété jusqu’à l’enthousiasme ; la première rendait l’homme impropre à la vie civile, la seconde retirait l’homme de la vie naturelle ; l’une, instituant le désordre, dissolvait la société ; l’autre, intronisant la déraison, pervertissait l’intelligence. […] Au dix-huitième siècle, second âge de la monarchie absolue, on vit d’un côté les pompons et les coupoles enguirlandées, de l’autre les jolis vers de société, les romans musqués et égrillards remplacer les lignes sévères et les écrits nobles. […] Les mœurs du temps les suggèrent ; car les usages et les goûts de la société ont commencé, et la fiction, ainsi conçue, ne fait que transporter dans les livres les conversations qui s’échangent dans les salles et sur les chemins.
Depuis la Révolution française, la société entière est en fermentation. […] Le jour où l’on pourra offrir aux hommes, dans une société économiquement mieux organisée, des solennités d’art et de pensée aussi somptueuses et aussi grandioses que celles de la Grèce antique, ce jour-là il sera inutile de chercher des ministres à poigne pour fermer les temples et les églises : les sanctuaires particularistes se cloront d’eux-mêmes, faute de fidèles… Mais nous sommes encore loin de compte, et ce ne sont pas, je suppose, les « fêtes civiques » telles qu’on nous les a présentées jusqu’ici qui atteindront ce résultat. […] Si nous désirons en effet sortir du chaos où la poésie française se débat actuellement, et si nous pensons qu’elle ne peut pas rester un petit jeu de société, il faut que nous fassions un grand effort pour comprendre les lois vraies de la création poétique et pour nous comprendre nous-mêmes. […] Elle ne ferait ainsi que reprendre le grand rôle qu’elle a joué dans les sociétés primitives où les poètes étaient législateurs, où la Pythie était écoutée, où la Bible et les Védas tenaient lieu délivrés saints et de code.
Si les Raymon de Ramière au complet sont assez rares, grâce à Dieu, parce qu’une si agréable corruption suppose une réunion délicate d’heureuses qualités et de dons brillants, la plupart des hommes dans la société, à la manière dont ils prennent les femmes, se l’approchent autant qu’ils le peuvent de ce type favorisé.
A mesure que le serment politique perd de sa valeur, le serment dramatique gagne en inviolabilité ; c’est ainsi que la littérature exprime souvent la société, par le revers : on fait des bergeries au siècle de Fontenelle ; on immole sur le théâtre son bonheur à la lettre d’un serment, dans le siècle où la parole d’honneur court les rues et où on lève la main sans rien croire.
Les événements ordinaires de la vie, les situations sans nombre que créent les devoirs multiples, parfois contraires, de la famille, de la société, de la conscience, voilà le pays où il faut situer les caractères qu’on veut faire vivre.
On est grand quand, à travers les huées, les colères et les trahisons, on donne à l’art et à la société une forme nouvelle, quand, par le livre ou par l’action, et mieux par les deux ensemble, on ouvre une porte fermée de l’avenir, quand on entre le premier dans l’inconnu, quand on est le conducteur d’un demi-siècle.
A quelle partie de la société se rapporte-t-il ?
Le génie, la lecture, & surtout la société des gens à talent, doivent faire le reste.
Son Traité des moyens de conserver la paix dans la société, est digne de Sénéque ; mais il est peut-être aussi difficile d’établir cette paix, que de terminer les procès de deux Normands vieillis dans la chicane.
On les croit vivantes et elles semblent vivre ; elles ont des sciences, des gouvernements, des littératures, des industries ; elles sont encore des sociétés.
III Qui, jusqu’à ce moment, connaissait, en effet, le comte Raczynski, à part la haute société de l’Europe à laquelle il appartenait ?
la bourgeoisie s’en servit, ce n’est pas douteux, de cette arme à toute main, de cette force humaine ; mais ne la voir que là, ne pas aller la chercher plus avant que là, dans cette société qu’on ne connaît… que comme le thème des systèmes les plus opposés, c’est être un par trop bon élève des Guizot et des Thierry, c’est par trop mériter le prix (y en a-t-il un ?)
Il faut donc en revenir à cette question d’autorité qui doit primer toutes les questions de liberté dans les sociétés vivant en commun, mais en organisation cependant, et que le gouvernement de Napoléon III a posée en matière de presse.
Toute la littérature tombait au journal, comme toute la société tombait à la rue.
Saisset à la page xxv de son introduction) : « ceux qui nient la raison, la science et le progrès et veulent le retour de la théocratie du moyen âge, et ceux qui veulent, une reconstitution radicale de la société et de la vie humaine ».
Catholique du Syllabus, — du Syllabus qui n’est pas une nouveauté de ces derniers temps, mais l’expression dernière du catholicisme éternel, — il n’a pas craint de regarder à la clarté fixe de cette lumière les choses d’une époque où la société, désespérée, est à l’extrémité de tout, et où l’on peut jeter sans inconvénient une dernière fois le dé de la vérité à travers les dés pipés d’une partie à peu près perdue, et qu’il est peut-être impossible maintenant de gagner !
Mais ce n’en est pas moins Faust-l’absolu, Faust que n’ont créé ni la société ni la poésie modernes, mais qui s’impose à toutes les deux comme s’impose aussi le Don Juan, qu’elles n’ont pas créé non plus.
Frédéric Mistral, nouvellement découvert, et dont le nom, beau comme un surnom, convient si bien à un poète de son pays, un homme né et resté dans la société qu’il chante, ayant le bonheur d’avoir les mœurs de ses héros et d’être un de ces poètes complets, dont la vie et l’imagination s’accordent, comme le fut Burns, le jaugeur.
Il doit porter en lui leur accent spontané et profond auquel il doit joindre l’expression du poète de langue et de société avancée.
Ils sont les bienfaiteurs, et pour ainsi dire, les législateurs de la société.
Ainsi en changeant de forme de gouvernement, Rome eut l’avantage de s’appuyer toujours sur les mêmes principes, lesquels n’étaient autres que ceux de la société humaine.
Cet incident lui a semblé occuper dans la vie une place exorbitante, ridicule, contaminer les plus nobles parties de l’individu, offusquer les plus essentiels besoins de la société. […] La division du travail qui crée l’étoffe et le ressort de la société humaine doit jouer ici. […] Car un monde conçu selon un vœu individuel est exclu par l’idée même du monde, puisqu’on appelle société une pluralité d’individus, humanité une pluralité de sociétés, et sans doute univers une pluralité de sociétés. […] Le professionnel représente une valeur sociale, et la société lui impose son langage professionnel. […] Cette société, « il l’a analysée comme critique, aimée comme homme, combattue comme révolté, dominée comme homme fort, peinte comme artiste ».
L’abrutissante division du travail, qui mécanise l’homme pour enrichir la société et qui fait de l’ouvrier humain une machine à un seul usage, n’était pas encore inventée : l’artisan, le pasteur et le laboureur étaient confondus dans un même homme. […] Ce sujet, plus déclamatoire que vrai et pathétique, était à la mode de 1820 ; ce poème ou ce roman vivait encore ; il est mort aujourd’hui, comme meurent, après un certain temps, dans la littérature des peuples, toutes les choses qui sont calquées sur les engouements de la société factice au lieu d’être calquées sur l’éternelle et simple nature. […] En vain il copie le mâle visage de la sœur aînée de Thérésina, Maria Grazia : cette figure n’a que des passions vraies dans ses traits ; elle enfonce la toile ; elle fait frémir Oswald et pâmer d’effroi les élégantes Écossaises de la société de Corinne.
Le jeune Jérusalem, fils d’un prédicateur renommé de l’Allemagne, y vivait en même temps et dans les mêmes sociétés. […] Les hautes sociétés de Francfort recherchèrent ce beau jeune homme, obscur de près dans leur bourgeoisie, rayonnant au loin sur toute l’Europe. […] C’est là qu’il partagea son temps, comme l’horloge partage les heures, entre des sociétés douces, des promenades philosophiques, des études variées et universelles, telles que la peinture, la chimie, la philosophie, la poésie, la prose.
Elle fit rentrer avec elle la dignité, l’élégance, la société féminine dans le palais de son père à Florence. […] Les éléments très mêlés de la société qui se réunissait chez eux étaient à demi révolutionnaires, à demi royalistes, en mesure ainsi avec les deux partis qui luttaient dans la nation. […] La comtesse, femme d’une vertu rigide et d’une piété mystique, représentait dans cette société le respect pour cette légitimité des reines qu’elle ne permettait pas même au soupçon d’effleurer.
La première de ces conceptions, c’est que notre corps est en réalité une société de cellules qui ont chacune leur activité propre et luttent entre elles pour la vie. […] L’individu vit par la société, la société vit par l’individu.
Le duc le prend en affection, le patronne près de la société, le donne comme maître de dessin à la grande-duchesse de Bade, se trouvant, en ce moment, à Nice. […] Vraiment, pour aller dans la société, le gouvernement devrait bien acheter une muselière à son ministre des Beaux-Arts. […] J’ai un éloignement pour les hommes, pour la société.
À cette époque, il est vrai, le sentiment religieux était peu développé ; le scepticisme, qui avait envahi la société française, ne permettait guère à la passion de s’élever jusqu’à l’extase. […] Si la société au milieu de laquelle nous vivons ne peut, sous peine de perpétuer le désordre, accorder à toutes les femmes infidèles l’indulgence que Manon réclame pour ses fautes, les cœurs passionnés, qui ne sont dans la société qu’une exception, se montrent moins sévères et se laissent désarmer par la franchise. […] S’il se résigne à demeurer parmi les vivants, il se réfugiera dans le passé ; inutile à la société, inutile à lui-même, il ne jouera aucun rôle : il se souviendra. […] Pour atteindre à la véritable éloquence, pour rebâtir sa gloire chancelante sur une base solide, il faut qu’il se résigne à vivre dans la société des livres et des hommes. […] Grâce à la souplesse du genre, le roman s’adresse en effet à toutes les classes de la société.
Parmi les jeunes gens, arrêtés à la suite de cette échauffourée, se trouvaient les fils des meilleures familles de la cité ; aussi, est-il aisé de comprendre la consternation dans laquelle ces poursuites plongèrent la société bordelaise. […] L’oasis est bientôt pour lui la société de Mme Lebreton, riche veuve, qui habite le château voisin de la Mancienne. […] La charité console ce que j’appellerai volontiers l’agonie d’une âme, que rien, physiquement, ne détache de la vie et que la société, en gardien vigilant du verger humain, en secoue comme un fruit pourri ; le devoir illumine le récit intitulé le Viatique, qui est peut-être le meilleur des Scènes. […] Après avoir fait du dressage pendant quelques années pour les femmes de la société, Joséphine se trouvait aujourd’hui entretenue par un grand marchand de chevaux des Champs-Elysées. […] Non pas qu’actuellement l’auteur du Nabab se pose en docteur de la société ; non, cet observateur sagace, ce judicieux narrateur de ses visions, qui se borne à revêtir d’écriture et aussi de magie artiste un coin de ce qu’il a vu et senti, ne prétend pas indiquer la médicamentation brutale et énergique qu’il faudra un jour à notre société maladive, affadie et rongée par les cancers du vice : mais, plus hardiment, il fait appel à la société, et par ses récits qui sont des prières aujourd’hui plus encore que des récits, il fait crier les béantes bouches des plaies.
Cette fois, nous entrons par la bonne porte dans la société russe, et nous la voyons aussi bien dans ses boudoirs les plus intimes que sur les champs de bataille, si admirablement décrits par le grand romancier. […] Ce livre va être beaucoup lu j’en suis certain, je ne doute pas de son succès de librairie, mais il me tarde de voir le jeune auteur nous peindre la société par d’autres côtés. […] Sous ce titre : Les Monach (chez Ollendorff), l’auteur a tenté, avec beaucoup de tact, de nous donner une étude du rôle joué par la société juive dans le grand monde parisien. […] Je citerai, comme prise sur le vif, la description d’une de ces ventes de charité qui sont devenues de mode dans la haute société parisienne. […] Mais eux-mêmes sont partagés comme les sociétés auxquelles ils appartiennent : les uns croient que la mort est un passage à une autre vie ; les autres pensent qu’il ne reste, rien de la personnalité humaine au-delà du tombeau.
Leurs plus grands penseurs, Platon, Aristote, réduisent la cité à une société de cinq ou dix mille hommes libres. […] Et nous ne pouvons faire autrement ; le service est trop compliqué pour être exécute à l’improviste par le premier venu ; il faut que le prêtre ait passé par le séminaire, le magistrat par l’école de droit, l’officier par les écoles préparatoires, la caserne ou le navire, l’employé par les examens et les bureaux. — Au contraire, dans un petit Etat comme la cité grecque, l’homme ordinaire est au niveau de toutes les fonctions publiques ; la société ne se divise pas en fonctionnaires et en administrés : il n’y a pas de bourgeois retirés, il n’y a que des citoyens actifs. […] Multiple et cosmopolite comme il est, il peut s’intéresser à toutes les formes de l’art, à tous les moments du passé, à tous les étages de la société, à toutes les situations de la vie, goûter les résurrections des styles étrangers et anciens, les scènes de mœurs rustiques, populacières ou barbares, les paysages exotiques et lointains, tout ce qui est un aliment pour la curiosité, un document pour l’histoire, un sujet d’émotion ou d’instruction. […] Entre Homère et ses continuateurs qui sont du ixe et du viiie siècle, et les inventeurs des mètres nouveaux et de la musique nouvelle qui sont du siècle suivant, une vaste transformation s’est accomplie dans la société et dans les mœurs. […] Philities, sociétés d’amis.
J’ai voulu relire quelque chose de ce gentil maître Clément, et je me suis donné ce plaisir dans l’excellente édition choisie que vient précisément de publier, en la faisant précéder d’une savante étude, un des hommes qui savent et qui sentent le mieux notre ancienne société et notre vieille langue, M. […] Revillout, dans le Mémoire qu’il a lu sur Du Bellay à la réunion des sociétés savantes en Sorbonne au mois d’avril dernier, en même temps qu’il mérite tous nos remerciements pour les communications précieuses qu’on lui a dues, m’a paru un peu sévère dans ses conclusions sur l’aimable poète.
Les ballets entrent dans la poésie par les livrets de Benserade406, qui sont de ces œuvres de circonstance où revit l’âme d’une société. […] De Racine date l’empire de la femme dans la littérature : et cela correspond au moment où tous les instincts violents, ambitieux, qui jetaient les hommes dans l’action politique et militaire, s’apaisent dans la vie de société, où la femme y devient souveraine sans partage, où d’elle va partir tout honneur, tout mérite et toute joie.
Enfin, une fois la coopération parfaitement établie dans la société de cellules, celles-ci fonctionnent d’elles-mêmes sans l’intervention de la volonté centrale : il n’y a plus mémoire consciente, mais instinct. […] Docteur Le Bon, l’Homme et les Sociétés.
Cette Histoire de la société française pendant le Directoire, où nous avons mis tous les moxas, vendue à 500… Après la douce existence de Gisors, une vie de tracas, de courses vaines et déçues, de pensées de découragement. […] Donner les nouvelles sociales, la philosophie des aspects des salons et de la rue, — commencer par un premier article sur l’influence de la fille dans la société présente, — un second sur l’esprit contemporain et sur ce que le monde et même les jeunes filles ont emprunté à la blague et à l’esprit de l’atelier, — un troisième sur la bourse et la plus-value des charges d’agent de change, etc., etc.
Le bel enfant anime de sa passion naissante cet acajou massif ; peu à peu l’enfant grandit, et sa passion avec elle ; la comédie de société s’empare de cette comédienne de quinze ans : du théâtre de société au Théâtre-Français, il n’y a qu’un pas ; — le pas est franchi !
De cela seul, que trente millions de sujets se trouvèrent répartis sous un assez grand nombre de princes indépendants les uns des autres, et dont l’autorité, sans bornes en apparence, était limitée de fait par la petitesse de leurs possessions, il résulta pour ces trente millions d’hommes une existence ordinairement paisible, une assez grande sécurité, une liberté d’opinions presque complète, et la possibilité, pour la partie éclairée de cette société, de se livrer à la culture des lettres, au perfectionnement des arts, à la recherche de la vérité. […] L’esprit militaire ne peut exister que lorsque l’état de la société est propre à le faire naître, c’est-à-dire lorsqu’il y a un très-grand nombre d’hommes que le besoin, l’inquiétude, l’absence de sécurité, l’espoir et la possibilité du succès, l’habitude de l’agitation, ont jetés hors de leur assiette naturelle.
nous le croyons, il serait d’une utilité supérieure de justifier par des faits nombreux, par une étude patiente et scrutatrice de la société moderne et de l’état actuel des hérésies en Europe, la confiance qu’il est impossible de ne pas avoir en une phase nouvelle et triomphante du catholicisme. […] Cette différence très réelle, et tout à l’avantage de l’Établissement de Henri VIII, entre le protestantisme anglican et les autres protestantismes, est, pour tous ceux qui écrivent l’histoire à la lumière des principes, la raison de la tendance vague qui devait un jour se condenser et jaillir du fond troublé de la société religieuse en Angleterre.
On sait maintenant qu’il y eut un double courant d’intrigue, l’un dans l’armée, déterminé et excité par les Orlof, l’autre dans la haute société et auprès des grands par l’initiative de la princesse Daschkoff.
lui, l’un des privilégiés de la naissance, l’héritier d’une pairie, il entrait dans le monde en irrité, en déshérité presque : il était tenté d’aborder la société en opprimé, en vaincu et avec toute l’âpreté de rancune d’un prolétaire.
Mais on devra arriver, dans la voie des recherches que je sollicite, à fixer avec plus de précision les circonstances et l’origine des inventions mémorables en astronomie, en agriculture, en art militaire, qui ont changé la face de la science et de la société. — L’emploi de la vapeur dans les machines se voit au xvie siècle : en sera-t-il fait mention quelque part auparavant ?
Mais ce raisonnement a été celui des partis conservateurs depuis l’origine des sociétés humaines.
Que l’on conduise ainsi Poe de la table où tout enfant son père adoptif l’exhibait récitant des vers, à cette taverne de Baltimore où il goûta l’ivresse qui le couchait le lendemain dans le ruisseau ; que l’on connaisse de Flaubert la famille de grands médecins dont il était issu, le pays calme et bas dans lequel il passa sa jeunesse, la fougue de son arrivée à Paris, ses voyages, son mal, le rétrécissement progressif de son esprit, le milieu de réalistes dans lequel s’étriquait ce romantique tardif : que de même on décrive la physionomie satanique et scurrile (sic) de Hoffmann, le pli de sa lèvre, l’agilité simiesque de tout son petit corps, ses grimaces et ses mines extatiques, son horreur pour tout le formalisme de la société, ses longues séances de nuit dans les restaurants, à boire du vin, et ce mal qui le mît comme Henri Heine tout recroquevillé dans un cercueil d’enfant ; que l’on compare les débuts militaires de Stendhal et de Tolstoï à leur fin, à l’existence de vieux beau de l’un, à l’abaissement volontaire de l’autre, aux travaux manuels et à la pauvreté grossière ; que l’on complète chacune de ces physionomies, qu’on en forme des séries rationnelles, on aura dressé en pied pour une période, pour un coin du monde littéraire, pour ce domaine tout entier, les figures intégrales du groupe d’hommes qui sont les types parfaits de l’humanité pensante et sentante.
Tout cela, facile à prévoir, n’est donc pas pour nous comparable à l’impression que doit causer le ton d’un livre écrit par un esprit qui passait pour violent, — ce qui n’était peut-être pas une calomnie, — et qui a résolu incroyablement le difficile problème, en littérature et en société, de tout dire en respectant tout et de toujours le dire de manière à entrer le plus dans ceux à qui on le dit !
Girard et comme Thucydide, cette poétique ne crée qu’un art insuffisant aux besoins de pensée, de sentiment et d’émotion des sociétés qui n’en sont plus à la civilisation de Périclès, ce ne sera plus un avantage d’être si Grec.
Ce livre est moins, malgré son titre, le comte de Fersen et la Cour de France 27, que l’Europe et la vieille société européenne, mourant de ce xviiie siècle qui l’avait corrompue.
Ils ne discutent pas l’étrange puissance de Sophie Arnould sur une société qui avait des courtisanes plus belles qu’elle et tout aussi débauchées ; ils la prennent en bloc, cette puissance, et ils ne l’analysent pas.
Charles de Rémusat a reculé devant un type de femme qui n’avait pas effrayé Pope, ce poète moral, et, plus prude que le chaste Anglais, il nous a donné une Héloïse bas-bleu moderne en langage très moderne, mêlant joliment, et dans une bonne nuance, la métaphysique à l’amour ; — un bas-bleu comme il pouvait s’en trouver un, du reste, dans la société de Charles de Rémusat (de l’Académie française).
Caro — cette Apocalypse de la fin du monde et en vue de la préparer, on dit qu’à Berlin, — à Berlin même, — il existe une sorte de société schopenhaueriste qui travaille activement à la propagande de ses idées et qui se reconnaît à certains rites, à certaines formules, quelque chose comme une franc-maçonnerie vouée par des serments et des pratiques secrètes à la destruction de l’amour, de ses illusions et de SES ŒUVRES.
Gustave d’Alaux a justement saisi et marqué ce qui fait l’ascendant actuel de Soulouque sur la société de noirs, de mulâtres et de sang-mêlés qu’il gouverne, si cela peut s’appeler gouverner.
Ce sont des personnages curieux, qui eurent beaucoup, les uns, d’esprit, les autres, de talent, et qui remuèrent les surfaces de leur société, mais qui ne laisseront pas le grand sillon dans cette mer d’airain de l’histoire, dont l’airain ne s’entame qu’à la force du poignet de la gloire !
Il avait vécu de la grande existence de la haute société de son temps, et il s’en était blasé vite, comme les grandes imaginations qui dominent tout et qui finissent par être de grandes dégoûtées.
Mais qui comprend vraiment le prêtre, dans notre société sentimentalo-bête, le prêtre-vierge, qui n’est ni amant, ni époux, ni père, — les seules choses que les masses comprennent et sentent, — et qui s’intéresse à son austère grandeur ?
D’artiste devenu homme de parti, il attaqua l’Église, les gouvernements, les législations, toute la vieille société dont il ne gardait que les vices, et il publia successivement tous ces livres qui ont le plus mordu, vitriol terrible, sur les imaginations de ce temps.
Cette différence dans la composition de ce qui n’est qu’un dialogue à ce qui est un livre — de ce qui n’est qu’une joute de morale entre deux interlocuteurs, et un feu roulant d’épigrammes littéraires dont le temps a émoussé la pointe ; d’anecdotes obscures et de commérages, à ce qui est l’histoire d’un siècle, liée autour d’un homme, — à ce qui est une question de société et de nature humaine, — cette différence doit produire mille autres conséquences différentes de celle-là qui est fondamentale, et elle n’a pas manqué de les produire.
Quelque jugement qu’on porte sur le caractère moral de ce ministre, le premier de son siècle, et fort supérieur aux Bukingham et aux Olivarès qu’il eut à combattre, son nom, dans tous les temps, sera mis bien loin hors de la foule des noms ordinaires, parce qu’il donna une grande impulsion au-dehors ; qu’il changea la direction des choses au-dedans ; qu’il abattit ce qui paraissait ne pouvoir l’être ; qu’il prépara, par son influence et son génie, un siècle célèbre ; enfin, parce qu’un grand caractère en impose même à la postérité, et que la plupart des hommes ayant une imagination vive et une âme faible, ont besoin d’être étonnés, et veulent, dans la société comme dans une tragédie, du mouvement et des secousses.
Qui ne sait d’ailleurs qu’outre les beautés de tous les temps et de tous les lieux, il y a pour chaque genre, des beautés analogues au climat, au gouvernement, à la religion, à la société, au caractère national ?
Dans le philosophe et dans le poëte, en effet, ce n’est pas seulement la même élévation morale, le même mélange de raison et d’enthousiasme ; c’est, sur un grand point, le gouvernement des sociétés, le même amour de la justice, le même dégoût de la tyrannie sans pudeur et de l’anarchie sans frein.
Il invectiva violemment la société et lui reprocha de méconnaître par ses coutumes, par ses institutions, par ses opinions les droits sacrés de l’amour. […] Le contrat par lequel un homme lie sa destinée à la vie d’une femme n’est pas plus important à leurs yeux qu’un acte de société. […] Mais la société intervient dans cette affaire et ce n’est pas pour secourir l’effort de l’individu ni de la nature. […] La société moderne attire la femme hors de la famille. […] Le jour où elles désespèrent de l’atteindre, elles se jettent dans les sociétés de tempérance ou dans les entreprises de réforme sociale.
Ce sous des Esseintes qui s’est efforcé, il l’a dit lui-même, de noter les phénomènes d’une société en décomposition, ne manque jamais de signaler une monstruosité. […] Il en considère, de préférence, les conséquences diverses dans le présent ou le futur, et la littérature l’intéresse surtout comme un reflet de la société. […] Cette poésie présente d’étroits rapports avec notre époque, avec la société où nous vivons. […] Que Maurice Magre continue donc, qu’il ne se soucie pas des petites intrigues, qu’il quitte cette société finissante, où l’on trouve le pain fade et le vin trop rugueux. […] Il abandonne les liens qui le rattachaient à la société pour habiter dans la solitude des sites éloignés de marécages et de forêts.
Ses gentillesses et ses puérilités charmaient les courtisans et les grands, et, par esprit d’imitation, toute la société polie, provoquaient l’émulation intéressée des poètes, et retardaient le dernier progrès qui restait à faire en France, pour que désormais, dans les œuvres de l’esprit, la raison et la vérité fussent maîtresses. […] Aussi en dépit du nouvel esprit qui allait chasser de notre poésie toutes ces fausses grâces, la société polie résista-t-elle longtemps. […] Mais vers le milieu de ce siècle les deux moitiés se confondaient en une seule société, et les principaux personnages appartiennent aux deux époques à la fois. […] Il parle de quatre amis, dont la connaissance avait commencé par le Parnasse, et qui avaient lié une sorte de société « d’où l’on avait banni, dit-il, les conversations réglées et tout ce qui sent la conférence académique. […] La cour d’Elisabeth et toute la société polie de l’Angleterre se pâma d’aise au néologisme pédantesque, aux antithèses recherchées, aux comparaisons violentes, aux exagérations de toutes sortes dont il est plein, et qui en rendent aujourd’hui la lecture insupportable.
Cela lui valait des murmures flatteurs parmi la société. […] Vous devez votre tête à la société. […] En somme, a dit l’un d’eux, qui avait une assez nette érudition chinoise, ce qui règne en Chine, du haut en bas de la société, c’est une formidable superstition, très compliquée. […] Tout se tient dans une société aussi complexe et aussi tassée que la nôtre et ce serait faire preuve d’une bien médiocre capacité politique que de ne pas considérer quelques-uns des retentissements très probables de la nouvelle loi. […] Enfin les promoteurs de la chose considéreraient-ils le mariage comme un tel enfer qu’on ne saurait s’y dérober sans payer à la société une compensation ?
Ce que je te reproche gravement, c’est que tu en sois à préférer la société du premier baron coiffé — tâche, au moins, que ce soit par toi — à celles des personnalités de valeur parmi lesquelles et grâce auxquelles tu es parvenu à être ce que tu es. […] De ces deux fractions de société dont la fortune a fait, des oisifs et qui réunissent leurs nullités et leurs vices, est née une troisième classe intermédiaire, race hybride qui n’a plus ni la hauteur de sentiments de l’aristocratie, ni les vertus solides de la vraie bourgeoisie. […] Elles remontent ensuite, à pied, vers les Batignolles, et le long du chemin, la fruitière, avec sa connaissance du grand monde et du cœur humain, achevé d’expliquer à la Périgourdine ce que c’est que la haute société parisienne. […] Personne n’était à l’aise dans la société de Napoléon, que lui seul. […] Les sociétés, bien qu’absorbées dans les petits faits qui sont leur pâture journalière, sont néanmoins propices à la diffusion des idées générales, et celles-ci sont d’autant plus actives qu’elles sont plus hautes et presque inaccessibles à l’intelligence de chaque individu.
Il appartenait à cette génération que la Révolution avait saisie dans sa fleur et décimée, mais qui se releva en 1800 pour restaurer la société par l’autel.
Elle frappa les choses, en réorganisant sur un nouveau plan le tribunal révolutionnaire et les comités, en épurant et en réprimant les sociétés populaires, en rapportant la loi des suspects, le décret d’expulsion contre les nobles et les prêtres, en supprimant le maximum, etc., etc.
Ce qu’on représente de nos jours, ce n’est plus seulement la douleur offrant aux regards un majestueux spectacle, c’est la douleur dans ses impressions solitaires, sans appui comme sans espoir ; c’est la douleur telle que la nature et la société l’ont faite.
Le lecteur me trouvera mauvais fils, il aura raison. » En supposant même que tous les griefs de Stendhal aient été fondés, on se dit qu’il y a des sentiments qu’on peut sans doute éprouver malgré soi, mais qu’il est odieux de s’y complaire, de les développer par écrit, parce qu’ils offensent, tout au moins, des conventions trop anciennes, trop nécessaires à la vie des sociétés, et vénérables par là même.
La haute philosophie, le commerce de la société ou la pratique des affaires peuvent seuls préserver la science du pédantisme.
Les beautés de cette espèce ne sont que du second ordre, car ce qui est grand est préférable à ce qui n’est que fin ; elles sont néanmoins celles qui demandent le plus de sagacité pour être produites, et de délicatesse pour être senties ; aussi sont-elles plus fréquentes parmi les nations chez lesquelles les agréments de la société ont perfectionné l’art de vivre et de jouir.
Quand on aime les rois et qu’on a mieux pour eux que des larmes, quand on croit que les plus belles choses qu’il y ait encore sur la terre ce sont les pouvoirs qui conduisent les sociétés ou qui les défendent, on doit avoir réellement peur de toucher au cadavre décapité de Louis XVI à travers la pourpre de son sang répandu, plus inviolable à la postérité que ne le fut à ses contemporains sa pourpre royale.
Nous avons bien des histoires de France, dues à des plumes de notre temps plus ou moins habiles, et dans lesquelles le xviiie siècle est traversé et jugé, en passant, comme les autres siècles qui forment la longue vie de la monarchie et de la société françaises.
Une étude sévère, approfondie, non des progrès d’une démocratie qui ne progresse point en Amérique, mais d’une aristocratie qui, à chaque moment, y fait éruption par un homme, comme Jackson, par exemple, ou tout autre énergique vaurien, et qui, un jour, — un jour plus prochain qu’on ne croit, — bouleversera la société qu’elle trouble déjà et finira par la tuer.
Moi, j’aurai porté toute une société dans ma tête… Autant vivre ainsi que de dire tous les soirs : pique, atout, cœur, ou de chercher pourquoi madame une telle a fait telle ou telle chose. » Et cette fière ambition de Balzac n’a pas été une rêverie vaine.
Voilà pour la forme, c’est-à-dire pour ce qui fait la vie des livres et leur durée, quand les idées sur lesquelles ils reposent sont décrépites ou mortes ; mais pour le fond, c’est aussi les idées de tout le monde qui lui créent son originalité, à ce penseur, comme c’est la courte vue de tout ce monde qui se chausse de lunettes d’écaille qu’il promène sur les événements contemporains et la politique, qui devait les dominer… Seulement, penser et parler comme tout le monde pense et parle à une certaine hauteur de société, explique peut-être suffisamment aux esprits profonds que tout ce monde, qui se reconnaît en de Tocqueville, lui ait fait un honneur si exceptionnel !
Laissant la réalité humaine, la société et l’histoire, pour observer les premières évolutions de son esprit individuel, M.
Dans des notes combinées sans doute pour resserrer des liens déjà chers, M. de Montalembert n’a pas manqué de nous présenter tout le personnel du Correspondant, vivants et morts, et sa scrupuleuse exactitude à nommer tout le monde et à n’oublier personne du cénacle dont il est l’oracle est telle, qu’on finit par ne plus savoir si Les Moines d’Occident, cette suite de petites histoires, transcrites et traduites d’histoires plus longues et mieux racontées, sont, tels que les voilà, une besogne faite par un seul homme ou par sa petite société.
C’était l’heure où la société n’en pouvait plus, changeait d’erreur et se tournait de l’autre côté, sur sa paillasse de sophismes.
… Le lendemain de ce jour où le glouton troublé mourut en Swedenborg, à la voix de l’ange… des sociétés futures de tempérance, probablement, le savant Suédois apprit de l’homme lumineux, qu’il revit, les desseins de Dieu sur sa personne, et il renonça incontinent à la science qui avait rempli et honoré sa vie.
L’histoire des grands hommes, qui, d’ordinaire, est une horrible lutte, contre les choses, la société et eux-mêmes, reçut de Bossuet cet éclatant démenti d’un bonheur égal au génie.
Professeur qui avait, comme ils le faisaient tous dans ce temps-là, ces aimables fonctionnaires, choqué le pouvoir avec cette stoïque indépendance qui leur rapportait toute sorte d’agréments de la part de la société, on l’avait (le pouvoir d’alors) suspendu de sa fonction et prié de s’aller promener quelque peu, et il était allé en Allemagne.
Galt, dans son Histoire, ne nous a pas donné un détail que nous ne tenions de lord Byron lui-même, et s’il y a des vides dans ses Mémoires qui embrassent la haute société de l’Angleterre contemporaine du poète, c’est le lâche Moore, épouvanté par les noms propres, c’est le lâche Moore qui les a faits !
Il lui faut, à ce peintre de masses, à ce maître de la fresque qui procède toujours par de magnifiques accumulations de détails, et qui, pour les entasser, a besoin d’espace, il lui faut, pour jouer dans sa force, le pourtour d’un peuple, l’hémicycle d’une société ou d’une époque, et je ne connais guères que Macaulay, dans plusieurs de ses beaux Essais historiques, publiés dans La Revue d’Edimbourg, qui ait cette étendue et cette largeur d’embrasse ; mais Macaulay, bien plus littéraire que plastique, n’a pas la couleur de José-Maria de Heredia, quoique Macaulay, comme Heredia, ait été un poète avant de devenir un prosateur !
On ne le trouve cultivé et florissant qu’aux époques de forte poésie. » Pour nous, le symptôme est différent : le Sonnet si vanté, à cause de la difficulté vaincue, chez un peuple qui a toujours aimé à vaincre la difficulté, n’est que l’amusette des sociétés qui jouent aux petits jeux de la littérature… Ni les grands noms de Shakespeare, de Milton, de Corneille, de Machiavel, de Pétrarque, qui ont splendidifié ce monde de poésie, si écourté et presque puéril, ne me troublent et ne m’imposent.
Nous avons loué sans réserve, ailleurs, ce commérage sur toute une société, le plus délicieux qu’on ait entendu depuis Mme de Sévigné, que Mme de Girardin surpasse souvent par l’agrément continu et le piquant gai du détail.
Il fut recherché, choyé, adoré par les plus hautes sociétés de son temps.
C’est toujours la morale de tous ses livres, à elle, et de ceux de son père, qui dit « toi et moi » comme s’il n’y avait dans le monde que des amants et des maîtresses, et que l’amour supprimât du même coup la société et Dieu !
C’est toujours la morale de tous ses livres à elle et de ceux de son père, qui dit « toi et moi », comme s’il n’y avait dans le monde que des amants et des maîtresses, et que l’amour supprimât du même coup la société et Dieu !
Ce sont des chrétiens qui chantent les psaumes en français et qui ont organisé leurs églises sur le modèle des sociétés modernes.
Mais l’homme a plus de monotonie et déréglé, surtout l’homme policé par les lois, et civilisé par l’art de vivre en société.
Son dégoût de notre société contemporaine va jusque-là. […] Toute société cultivée est une société corrompue ; faut-il pour cela retourner à la barbarie ? […] Mais il est vrai que Taine a développé de préférence la thèse originale de son livre et a montré avant tout dans les fables une peinture de la société du dix-septième siècle. […] Il n’admet pas plus les inégalités naturelles que les inégalités sociales : c’est la société seule qui donne l’essor aux talents ; dans l’état de nature, on n’en a pas besoin, on ne les aperçoit même pas, ils n’ont aucune occasion de se révéler. […] L’essentiel, pour lui, c’était l’attaque aussi violente et mordante que possible contre la société contemporaine et même contre toute société.
Nous sommes dans la plus haute société et dans la plus raffinée, dans un monde qui tient à la cour. […] Il est donc utile à la société que la première passe pour plus grave. […] Bref la nature a voulu que cela leur parût une bien plus grosse affaire qu’aux hommes, et, d’autre part, la société avait intérêt à ce qu’il en fût ainsi et à régler là-dessus ses usages et ses jugements. […] Et nous revoyons cette société un peu étourdie de plaisir, vive et spirituelle et qui avait inventé la « blague ». […] Est-ce qu’aux premiers sons de cet orchestre enragé il ne vous semble pas voir toute une société se levant d’un bond et se ruant à la danse ?
Il me paraît bien, cependant, qu’il est difficile d’être moins « européen » que Parny, d’être plus étroitement d’un pays, d’une société, d’une époque, d’une philosophie, d’une poétique et d’un genre. […] Si Destouches, Gresset, Piron, etc., sont visiblement des esprits assez bornés, leurs œuvres donnent du moins l’impression d’une société extrêmement riante et polie. Et je crois bien que c’est surtout l’image de cette société que J. […] Il importe à la société (puisqu’il importe à sa considération) que tout cela reste secret. […] Et, dans leurs rêveries solitaires et maussades, hostiles à la société moderne, leur nom, c’est-à-dire tout ce qui leur reste des grandeurs de jadis, devient à leurs yeux je ne sais quoi de sacré, de démesuré et de prodigieux.
Sans elles, tant que durera l’état actuel des sociétés européennes, tant que nous ne verrons pas fleurir cet âge d’or, pax perpetua, qui, selon Leibniz, n’existe qu’au cimetière ; sans elles, disons-nous, pas de sécurité ni de véritable indépendance pour les nations. […] Son humeur resta gaie, même parmi ces sociétés lugubres où l’on s’échauffait la bile en déclamant les Propos de Labienus. […] François Coppée, dans le roman qu’il a intitulé le Coupable, nous décrivait les façons un peu débraillées, les aptitudes chicanières et les talents de société. […] En même temps, s’il fait un discours de distribution de prix, il cède — comme tant d’autres — à la tentation de saluer cette « aube des temps nouveaux », ce mirage décevant, par lequel les sociétés affaiblies essayent de se donner l’illusion du progrès. […] En ébranlant, par ses harangues furibondes, la société aryenne, il laissait parler en lui la voix des morts pourris dans les ghettos.
Nous l’étudierons d’abord en lui-même, nous y reconnaîtrons et nous y suivrons de près l’homme antique, immuable, à certains égards prophétique, le grand homme de bien qui a senti le premier et proclamé avec une incomparable énergie ce qui allait si fort manquer aux sociétés modernes en cette crise de régénération universelle. […] Représentez-vous la naissance de la société ; voyez ces hommes, las du pouvoir de tout faire, réunis en foule autour des autels sacrés de la patrie qui vient de naître, tous abdiquent volontairement une partie de leur liberté ; tous consentent à faire courber les volontés particulières sous le sceptre de la volonté générale ; la hiérarchie sociale va se former ; chaque place impose des devoirs ; mais ne vous semble-t-il pas, messieurs, qu’on demande davantage à ceux qui doivent influer plus particulièrement sur le sort de leurs semblables, qu’on exige d’eux un serment particulier, et qu’on ne leur confie qu’en tremblant le pouvoir de faire de grands maux ? […] Quelques gouttes de miel, comme dit Chateaubriand, dans une coupe d’absinthe. — Bois, mon enfant, c’est pour te guérir. — Bien obligé ; cependant, j’aimerais mieux du sucre. — A propos de sucre, j’ai reçu votre lettre du…. » Je saute par-ci par-là quelques petites phrases un peu bien précieuses et maniérées ; mais ce qui paraît tel au lecteur a souvent été une pure plaisanterie agréable de société : « … Que dire de ce que nous voyons ? […] Je dirai plus : en France, le triomphe de la classe moyenne et d’une certaine élite éclairée, mais pleine de sa propre opinion, nous a appris qu’il était bon aussi pour l’agrément qu’il y eût, dans la société quelque chose, non pas de plus précieux que l’esprit, mais de non fondé exclusivement sur l’esprit, j’entends un certain esprit fier de lui-même et de sa doctrine. […] Voir les Études historiques, chapitre de l’exposition « Le christianisme n’est point le cercle inflexible de Bossuet ; c’est un cercle qui s’étend à mesure que la société se développe… » 211.
Participant à la rédaction de l’Anthologie, entouré d’une société d’élite et d’amis déjà éprouvés (Capponi, Niccolini, Pucci, etc.), il y aurait trouvé quelque bonheur sans doute, si ses infirmités n’avaient augmenté de jour en jour. […] Sinon que, pour consolation en ces derniers temps, j’ai acquis des amis tels que vous ; et votre compagnie, qui me tient lieu de l’étude, et de tout plaisir et de toute espérance, serait presque une compensation à mes maux, si la maladie me permettait d’en jouir comme je le voudrais, et si je ne prévoyais que bientôt peut-être ma fortune va m’en priver encore, en me forçant à consumer les années qui me restent, sevré des douceurs de la société, en un lieu beaucoup mieux habité par les morts que par les vivants ; votre amitié me suivra toutefois, et peut-être la conserverai-je même après que mon corps, qui déjà ne vit plus, sera devenu poussière. […] Je vois très-souvent le bon ministre de Prusse, le chevalier Bunsen, qui était ami du pauvre Niebuhr ; il réunit toutes les semaines chez lui une société de savants, dont je n’ai pu encore profiter à cause de ma santé et de la distance où il demeure… » Mais voici un passage curieux dans lequel, à l’occasion d’un article sur lui qu’avait inséré un journal de Stuttgard, l’Hesperus 159, Léopardi, au beau milieu d’une lettre écrite en italien, s’exprime tout d’un coup en français, comme pour rendre plus nettement sa pensée et pour adresser sa profession de foi à plus de monde.
« La peste avait cessé dans Rome, et tous ceux qu’elle avait épargnés se félicitaient, s’embrassaient ; ce qui fut l’origine d’une société d’artistes les plus renommés de la ville, dont Michel-Ange fut le fondateur. […] « Cependant l’heure du repas approchait, chacun était pourvu de sa corneille, et je n’en avais point ; ce qui me tenait à cœur, c’était de me faire accompagner dans cette brillante société par quelque corneille qui ne me déshonorât point à ses yeux. […] Je ne t’ai jamais demandé aucune complaisance ; mais je veux du moins que tu m’accordes celle-ci, qui est que tu viennes avec moi dans une société honnête, dont je t’ai souvent parlé, habillé comme tu l’es maintenant.
Pour le développement de l’esprit, comme pour le développement de la société, il semble que ce soit une loi que le progrès vers la forme de gouvernement la plus élevée se fasse en passant par des formes dont chacune établit un pouvoir qui n’est qu’un peu moins tyrannique que le pouvoir qu’elle remplace. […] 4L’idéal du gouvernement, c’est de subordonner l’individu à la société. […] L’idéal de la société doit être un minimum de gouvernement et un maximum de liberté.
Le politique… « … Ses théories sont telles, sur ce point, (l’organisation des sociétés humaines), ajoute le même auteur, que les civilisations asiatiques devraient être regardées comme un idéal en fait de politique et de gouvernement. On n’a jamais en effet, donné une théorie plus complète du despotisme pur, et il serait impossible d’imaginer un état social plus dégradant, plus voisin de la barbarie : le genre humain n’est plus qu’un bétail, il n’y a plus de société, plus de citoyens, mais des troupeaux dociles, défilant sous la verge du prince, qui est nécessairement, fatalement, le représentant de Dieu sur la terre. […] Le grand trait des mœurs de ce temps, la dévotion galante et la pénitence amoureuse, l’universalité de l’adultère, distinguaient, séparaient fortement les deux sociétés.
L’autre, n’ayant que des devoirs à remplir sans espoir et presque sans revenu…, ne peut se recruter que dans les derniers rangs de la société civile, et les parasites qui dépouillent les travailleurs affectent de les subjuguer et de les avilir de plus en plus » « Je plains, disait Voltaire, le sort d’un curé de campagne obligé de disputer une gerbe de blé à son malheureux paroissien, de plaider contre lui, d’exiger la dîme des pois et des lentilles, de consumer sa misérable vie en querelles continuelles… Je plains encore davantage le curé à portion congrue à qui des moines, nommés gros décimateurs, osent donner un salaire de quarante ducats pour aller faire, pendant toute l’année, à deux ou trois milles de sa maison, le jour, la nuit, au soleil, à la pluie, dans les neiges, au milieu des glaces, les fonctions les plus pénibles et les plus désagréables. » — Depuis trente ans, on a tâché d’assurer et de relever un peu leur salaire ; en cas d’insuffisance, le bénéficier, collateur ou décimateur de la paroisse, doit y ajouter jusqu’à ce que le curé ait 500 livres (1768), puis 700 livres (1785), le vicaire 200 livres (1768), puis 250 (1778), et à la fin 350 (1785). […] Tandis qu’en Allemagne et en Angleterre le régime féodal conservé ou transformé compose encore une société vivante, en France son cadre mécanique n’enserre qu’une poussière d’hommes.
Si la diplomatie civilisée n’a point ce principe dirigeant dans ses conseils, ce n’est plus la diplomatie : c’est la barbarie, la violence, l’astuce, l’ambition, l’égoïsme national, bouleversant partout et sans cesse les sociétés humaines, et ne reconnaissant de juste que son intérêt, de morale que la victoire. […] XXII Or, pour assurer aux sociétés politiques la paix, et pour établir, autant que possible, l’équilibre, garantie de la paix, quels sont les moyens ?
Pouvait-il se figurer que, dans un pays où la main est si près de la tête, l’opinion excitée et armée d’une multitude pouvait combattre sans danger la raison froide et calme de la raison publique ; ou bien pouvait-il livrer de gaieté de cœur sa patrie à l’éternelle agression d’une majorité désordonnée, parlant ou écrivant réunie sur un seul point de l’empire, sans contrôle et sans modération, contre une société sans cesse attaquée, quoique sans cesse victorieuse ? […] Mais vous-même, me répondra-t-on, n’avez-vous pas cru, en 1848, que les lois sur la presse étaient abrogées, et qu’en les abrogeant, vous exposiez pour un moment la société républicaine à tous les périls ?
Les sujets de ces poésies sont, outre ces circonstances solennelles, des imitations, soit de Pétrarque, soit des imitateurs de Pétrarque ; des traits d’esprit de société, reproduits et quelquefois délayés en quatre, six, dix, onze ou douze vers ; quelques pensées amoureuses, avec ce tour de galanterie propre à notre nation. […] On ne voyait dans la poésie que la langue de la galanterie, et de cet esprit de société qui fait de la critique des travers d’autrui un lien entre ceux qui croient ne les avoir pas, ou qui en ont d’autres.
Quand Noménoé, au ixe siècle, organisa pour la première fois d’une manière un peu régulière cette société d’émigrés à demi sauvages, et créa le duché de Bretagne en réunissant au pays qui parlait breton la marche de Bretagne, établie par les Carlovingiens pour contenir les pillards de l’Ouest, il sentit le besoin d’étendre à son duché l’organisation religieuse du reste du monde. […] Mariez le prêtre, et vous détruirez un des éléments les plus nécessaires, une de ces nuances les plus délicates de notre société.
Qu’on en prenne son parti : lorsque tout se renouvelle dans la société, tout se transforme dans les arts. […] La fin de ses études sur la Nouvelle Allemagne musicale (Ménestrel) est belle pourtant : « Un mot rayonne au frontispice de tous les ouvrages de Richard Wagner ; ce mot est le verbe indéfectible, celui qui ramène les égarés, retrempe les faibles, recrée les sociétés, refait les civilisations, révolutionne l’art de fond en comble ; ce mot est : vérité. » Où fut l’admiration sans réserves, spontanée, enthousiaste ?
Une société se forme à Bruxelles pour ¿’achat de cartes patronales donnant droit d’assister aux trois séries de représentations de l’Anneau du Nibelung. […] Rapport sur ce que les sociétés anti-vivisectionnistes en Allemagne ont fait pendant ces dernières années.
L’être vivant est, en réalité, une société d’êtres vivants et plus ou moins sentants, comme l’ont montré Schæffie, de Lilienfeld et Espinas. […] Comparez, dans la société humaine, les effets du travail isolé et ceux du travail associé : jadis, comme Delbœuf l’a remarqué, la fabrication d’une montre de précision exigeait un horloger d’une extrême habileté personnelle, qui faisait presque tout à lui seul ; aujourd’hui, une fois le procédé trouvé, il n’y a plus qu’à répartir la confection des diverses pièces entre des ouvriers ordinaires et à ajuster ensuite toutes ces pièces : vous aurez une montre marquant exactement l’heure.
Nous ne sommes pas exempts, dans notre société, de malentendus analogues, et il y a des mots qui, prononcés par deux générations éloignées de quelque vingt ans, se prononcent selon des significations absolument divergentes. […] On connaît par ses affiches la société des « Prévoyants de l’Avenir » .
L’Homme qui Rit est fait du contraste de la passion idéale et de la passion voluptueuse ; les Misérables sont la lutte de l’individu contre la société, les Travailleurs de la Mer, celle de l’homme contre les éléments. […] Que l’on ajoute encore à toutes ces scènes certains portraits pleins d’ombre et de réticence, dont le plus grand exemple est la silhouette bizarre, sacerdotale et scélérate du docteur Geestemunde, certains ensembles brouillés et confus, la perception subtile du trouble d’une société à la veille d’une émeute, de cet instant des batailles où tout oscille : La ligne de bataille flotte et serpente comme un fil, les traînées de sang ruissellent illogiquement, les fronts des armées ondoient, les régiments entrant ou sortant, font des caps ou des golfes, tous ces écueils remuent continuellement les uns devant les autres… les éclaircies se déplacent ; les plis sombres avancent et reculent ; une sorte de vent du sépulcre pousse, refoule, enfle et disperse ces multitudes tragiques… Enfin que l’on considère cette tendance poussée à bout, que l’on fasse l’énumération de tous ces poèmes douteux où M.
On s’était aperçu depuis quelque temps que plus d’un de ces jolis proverbes qui composaient le Spectacle dans un fauteuil pouvait, bien compris et bien rendu par des acteurs et des actrices de société, procurer une heure de très agréable délassement.
Cette tristesse du ciel et de l’horizon, cette piété du poëte réduite à la famille, est un attrait, une convenance, une vérité de plus, en nos jours de ruine, au milieu d’une société dissoute, qui se trouve provisoirement retombée à l’état élémentaire de famille, à défaut de patrie et de Dieu.
Victorin Fabre a laissé un ouvrage inachevé sur les Principes de la société civile ; il en lut à l’Athénée, en 1822, des fragments qui (j’en fus témoin) ne réussirent que très-médiocrement : « Cet ouvrage, s’écrie l’éditeur, est peut-être le plus vaste, le plus gigantesque qui ait jamais été entrepris… Tel qu’il est, il me paraît encore le plus grand monument élevé à la science politique. » Ce sont de telles exagérations enthousiastes qui, jointes aux violences dénigrantes, nous ont donné le courage de dire hautement toute notre pensée sur Victorin Fabre, et d’insister sur le phénomène singulier de son avortement laborieux.
N’oublions point, toutefois, que bien des rapports d’inclinations et même de talent le liaient à Chapelle et à Chaulieu ; que, jusqu’au temps de sa conversion, il venait fréquemment deviser et boire sous les marronniers du Temple, à la même table où s’assirent plus tard Jean-Baptiste Rousseau et le jeune Voltaire ; et que ce dernier surtout, vif, brillant, frivole, puisa au sein de cette société joyeuse, où circulait l’esprit des deux Régences, certaines habitudes gauloises de licence, de malice et de gaieté, qui firent de lui, selon le mot de Chaulieu, un successeur de Villon, quoiqu’à dire vrai Voltaire n’eût peut-être jamais lu Villon, et que, pour un convive du Temple, il parlât trop lestement de La Fontaine… 196.
Si les mouvements révolutionnaires se prolongent au-delà du but qu’ils devaient conquérir, le pouvoir descend toujours plus bas parmi les classes ignorantes de la société.
C’est ce qui met à part et au-dessus de tous, les pauvres fous, malheureux ou naïfs, qui les trouvent ; on appellera les autres « grands hommes si l’on veut, mais poëtes, non pas. » Nous en avons eu un (ce n’est guère), un seul et qui, par un hasard admirable s’étant trouvé Gaulois d’instinct, mais développé par la culture latine et le commerce de la société la plus polie, nous a donné notre oeuvre poétique la plus nationale, la plus achevée et la plus originale ; c’est pour cela que j’en ai parlé si longuement, trop longuement Peut-être.
Enfin dans les deux descriptions j’apercevrai, non pas deux procédés seulement, ni deux arts, mais deux siècles et deux hommes : d’un côté, l’esprit lettré, l’orateur, qui raisonne sa sensation et ne conçoit rien que de triste hors des conditions du monde civilisé et de la vie de société ; de l’autre, le critique, l’artiste, capable de prendre tour à tour l’âme de tous les peuples, acceptant la sensation étrange et même illogique, habile à saisir la beauté dans les moins riants aspects de la nature, dans l’égalité monotone de la lumière.
La littérature est, dans le plus noble sens du mot, une vulgarisation de la philosophie : c’est par elle que passent à travers nos sociétés tous les grands courants philosophiques, qui déterminent les progrès ou du moins les changements sociaux ; c’est elle qui entretient dans les âmes, autrement déprimées par la nécessité de vivre et submergées par les préoccupations matérielles, l’inquiétude des hautes questions qui dominent la vie et lui donnent sens ou fin.
De bonne heure, dès que la société se fut constituée dans une forme régulière ils y apparurent comme des irréguliers, des déclassés, et, comme tels, ils excitèrent la curiosité du public honorable et rangé, sur qui la vie de bohème a toujours exercé une fascination singulière, Ils surent exploiter ce sentiment, ils se peignirent à leurs contemporains, avec un mélange curieux de servile bouffonnerie et de-touchante sincérité, qui était fait pour exciter un peu de pitié parmi beaucoup de mépris, et délier les cordons de la bourse des gens qui avaient ri.
Elle se mettait à aimer la vie : elle rêvait la vie comme une fête et comme une œuvre d’art, bonne et belle, elle y réintégrait la bienfaisante douceur de ces biens naturels que l’antiquité avait tant adorés, la lumière, l’espace, les ombrages, les eaux, les fleurs ; elle y jetait toutes les commodités, toutes les splendeurs de la richesse et du luxe, tous les agréments de la société.
Les citoyens « modérés et sensés » lui reprochent de hâter la décadence d’une société qui se décomposera si elle ne garde ses vieilles institutions.
Un bon nihiliste aime naturellement les saints ; car la foi religieuse implique une part de révolte contre la société terrestre, contre ses injustices et ses atroces ou ridicules conventions, et elle peut agréer par là aux plus audacieux esprits.
Dire plus qu’on ne pense, c’est le fond du précieux, et ce fond est aussi indestructible parmi nous que l’esprit de société, par lequel nous aimons mieux réussir, en imitant ce qui réussit, que nous contenter nous-même, en gardant notre naturel et notre vérité.
Jésus, en même temps qu’il annonçait un bouleversement sans égal dans les choses humaines, proclamait les principes sur lesquels la société repose depuis dix-huit cents ans.
« Mais on serait également injuste envers madame de Maintenon, si on se plaisait à attribuer le chagrin de voir madame de Montespan revenir à la cour, à des motifs peu dignes d’elle, et à ces petites passions qu’on retrouve si souvent dans la société.
Seulement il ferait, suivre son nom d’un de ses nombreux titres et serait pour la circonstance « François Coppée, de la société protectrice des animaux ».
Déjà, en 1818, un écrivain peu populaire, mais élevé (Ballanche), s’était avisé de dire : « Notre littérature du siècle de Louis XIV a cessé d’être l’expression de la société ; elle commence donc à être déjà pour nous en quelque sorte une littérature ancienne, de l’archéologie. » Eh bien !
I Ubiquité de la sensibilité dans l’organisme Un des points que nous considérons comme établis, c’est qu’un être vivant est, en réalité, une société d’êtres vivants serrés les uns contre les autres et en communication immédiate.
En astronomie, le terrible sizygie est à peu près impossible à prononcer ; on le croirait inventé pour quelque « jeu de société », comme Gros gras grain d’orge, quand te dégrogragraindorgeriseras-tu ?.
De tout ce qui précède, nous pouvons conclure le caractère éminemment sociable du vrai critique, qui doit s’adapter à toutes les formes de société, non pas seulement à celles qui ont existé historiquement, mais à celles qui peuvent exister entre des êtres humains et que toute œuvre de génie exprime par anticipation.
Car, là il y avait, certes, l’occasion d’une création majestueuse ; on pouvait, dans un sujet pareil, mêler à la peinture d’une famille féodale la peinture d’une société héroïque, toucher à la fois des deux mains au sublime et au pathétique, commencer par l’épopée et finir par le drame.
Rien de plus ridicule & de plus contraire au bien de la litterature, que ces petites sociétés provinciales qui, loin de faire de véritables gens de lettres, ne font que des fainéans & des membres à charge à l’état.
Ses poësies perdoient leur prix dans toute autre bouche : aussi les lisoit-il lui-même dans toutes les sociétés où il se trouvoit.
Elle croit que l’homme est appelé à se faire sa destinée à lui-même dans la vie comme dans la société, et que tous les progrès de la civilisation n’ont jamais été que les progrès de la liberté.
C’est presque l’histoire de toute société humaine.
Il a depuis vêcu loin du grand monde, & il faut apparemment qu’il ait pris les plaisanteries de ses nouvelles sociétés.
En un mot, aucune des pièces n’a paru propre à faire sur le public assemblé cette impression de plaisir, qu’il est en droit d’attendre d’un ouvrage couronné par le jugement d’une société de gens de lettres.
Je pourrais, sans doute, aujourd’hui reproduire ces objections, afin de les discuter : ce serait une occasion que j’aimerais à saisir de rendre hommage à la mémoire d’un homme qui eût pu laisser un nom s’il eût voulu se mettre en rapport avec le public, et dont d’inexprimables chagrins ont causé la mort prématurée ; mais il faudrait discuter de nouveau les grandes et immenses questions relatives à l’institution du langage, à la formation des sociétés, aux traditions, aux castes : au point où j’en suis, je dois abandonner à ma pensée le soin de se compléter elle-même, et ensuite de se défendre.
— l’abandon dans une société qui a exaspéré toutes les vanités de la femme jusqu’au délire de vouloir devenir des hommes contre les homme, et qui, pour les consoler de ces abandons qui prouvent bien qu’elles ne sont pas des hommes, ces pauvres orgueilleuses, ne leur a même pas laissé Dieu !
Voilà où nous allons, si on laisse faire ces fourmis travailleuses qui nous préparent la société de l’avenir ; si de temps en temps, un vigoureux coup de pied du Bon Sens, dans leur fourmilière, n’écrase pas quelques-unes d’entre elles… IV Quant à André Léo, elle s’écrase elle-même sous ses livres et sous leur lourdeur.
Nous aurions voulu qu’on eût répondu une fois pour toutes aux esprits les plus forts, les plus imposants, qui ont regardé sans rire ce pays qui semble exciter je ne sais quelle méprisante gaîté, et qu’on eût renversé, par exemple, pour ne plus le voir jamais debout, ce jugement terrible d’un de ces grands esprits qui ont, dans les choses de l’histoire, l’infaillibilité de leurs instincts : « Quand on m’aura montré des sociétés aussi fortes que la judaïque et que la chrétienne (si c’est la chinoise, montrez-le !)
Il y a eu, je crois, une société shakespearienne qui ne craignait pas, elle, de l’être trop, et qui a payé au poids de l’or tout renseignement vrai sur Shakespeare.
quand nous disons l’Économie politique, nous n’entendons nullement cette physiologie, ou, pour mieux parler, cette anatomie sociale qui décrit et examine des faits ; mais nous entendons cette science datée d’Adam Smith, qui a l’orgueil de ses axiomes, qui s’imagine créer la vie avec de simples combinaisons, et affirme que la loi des sociétés tient toute dans le développement de la richesse.
Renée est si littéraire qu’il semble regretter que madame de Montmorency n’ait pas été une des lionnes (c’est le mot de ce temps-là comme du nôtre) de l’hôtel de Rambouillet, et il écrit, pour s’en consoler : « Il est vrai que les beaux jours de cette société n’étaient pas venus encore, et que l’histoire s’est médiocrement occupée de ces premières années. » Ah !
Saint Louis, qui fut un Roi tout court, le Roi net, comme on disait en Espagne, le Roi père de la société, — de même que le père est le Roi de la famille, ainsi que le voulait dans sa théorie ce vieux imbécile de Bonald, — doit apparaître aux fiers cerveaux du xixe siècle comme un Roi bon tout au plus pour un peuple enfant, digne, sinon du mépris tout à fait, au moins de l’indulgence de l’Histoire… En deux mots, voilà pour le Roi.
» Ingénieux jusque dans l’énergie : « Cette pauvre société idiote — s’écrie-t-il en 1827 — qui s’en va à la Morgue, en passant par la Salpêtrière !
Humboldt, dans sa correspondance, a ce quelque chose de grand et de nain, de mesquin et d’imposant, qui faisait de lui également l’interprète majestueux de la nature et un cancanier de société, une espèce de portier sublime, — le portier des Cordillières, par exemple, mais un portier, hélas !
Il n’entend point du tout que cette vieille d’esprit et de monde, cette expérimentée de la vie, cette âme de salon qui n’est jamais sortie de son salon avant de s’en aller en Pologne, pour faire un pèlerinage à Stanislas-Auguste, puisse, par impossible, avoir été amoureuse comme sa contemporaine, cette folle octogénaire de Madame Du Deffand, qui, elle, positivement l’était, quoique M. de Mouy, dans une de ses notes, en ait fait la Sévigné de l’athéisme et de l’insensibilité… Madame Geoffrin, qu’il rapetisse pour qu’on ne soit pas tenté d’en faire la paire avec Madame Du Deffand, qu’il trouve compliquée, était, dit-il, « seulement une femme de beaucoup d’esprit, une bourgeoise aimant la société des gens de lettres et des grands seigneurs, — (rien de plus que cela ?)
« Ou un seul homme, dit-il un jour, suffirait pour sauver la société ; cet homme n’existe pas, ou, s’il existe, Dieu dissout pour lui un peu de poison dans les airs !
Humboldt, dans sa correspondance, a ce quelque chose de grand et de nain, de mesquin et d’imposant, qui faisait de lui également l’interprète majestueux de la nature et un cancanier de société, une espèce de portier sublime, — le portier des Cordillères, par exemple, mais un portier, hélas !
Si du temps de Leibnitz, en effet, et après Leibnitz surtout, l’homme se spécialise chaque jour davantage et peut s’abstraire de tout ce qui n’est pas sa pensée et le mouvement extérieur de sa pensée, il n’en était point ainsi au Moyen Âge où la société tenait bien plus d’espace que l’homme : mère aux bras puissants, dans lesquels l’homme se tassait et, si grand qu’il fût, paraissait petit !
Peinte pour Chateaubriand et pour la société qui était redevenue chrétienne en lisant le Génie du christianisme, c’est la Sainte Térèse de ce livre rhétorico-religieux, mais ce n’est pas la Térèse de la Tradition espagnole et de l’histoire.
Puis, pénétrant plus avant, il arrive aux effets de la doctrine catholique sur l’esprit, sur l’âme et sur la société, ce qui implique toute une philosophie, toute une morale, toute une politique ; et alors, se repliant devant toutes ces choses, développées et dévoilées avec un détail qui n’omet rien, il se demande ce qu’a dû être le fondateur d’une religion qui a pris ainsi dans ses bras la création toute entière, et la vie de N.
… Comme tous les esprits distingués d’une société assez avancée pour n’avoir plus peut-être à écrire que de l’histoire et à juger que des résultats, Dargaud, l’auteur connu de Marie Stuart, est entraîné vers les études historiques par la double tendance de son esprit et de son temps.
dans l’état actuel d’une société qui aime le sucre comme une vieille perruche et qui ne voit qu’une chose : conserver de bonnes relations avec tout le monde, à tout prix, convenons-en !
» Dans le crâne plus élevé d’Engis, il trouve « derrière ce front bosselé un petit monde d’idées déjà hautes, premières lueurs entrevues d’une société durable, — (quoiqu’elle n’ait pas duré, ) — premier instinct de l’art du dessin, pressentiment d’un dieu naissant, crainte et stupeur du fétiche… » Il n’a, lui, crainte ni stupeur de la bêtise. « Physiologie, — dit-il en se résumant, avec une sécurité grave, — physiologie du monde quaternaire.
Il fallait que la Philosophie n’eût plus la honte de ses espérances et la vergogne de ses affirmations, et que la société décrépite à laquelle on, manque de respect eût l’oreille assez faite à tout pour, sans châtier rien, tout entendre.
Lui, le misanthrope à la Chamfort, qui rejette si bien au nez de la société les crapauds qu’elle veut nous faire avaler à tous, ferait-il exception pour ce crapaud-là, qui s’appelle Paris ?
, c’est par la peinture de genre qu’il vivra, s’il vit, ce peintre effrayant de nature humaine, de société, de caractère, d’histoire, qui allait être encore un peintre de batailles, s’il n’était pas mort !
Dans une société toujours en chemin de fer, même quand elle n’y est pas, et beaucoup trop pressée pour lire attentivement et avec suite, il faut écrire à son usage, de manière à ce qu’elle comprenne et même s’intéresse, si cela se peut, à ce qu’elle lit, en pensant au sort de ses colis et de ses affaires ; il faut enfin une littérature de transport, de défaite et de pacotille, et M.
Il semble qu’on soit admis dans l’atelier du génie, qui travaille en silence à perfectionner la société, l’homme et la terre.
Je crois que vous ne savez peut-être pas qu’au milieu de la nature et de la solitude je vous conviendrais mieux, quoique au reste, vous aussi, vous ayez comme moi cet esprit de société qui donne du mouvement à la vie. […] Les lettres de Sismondi, dans lesquelles il n’est que l’écho de la société de Coppet, ont, à ce sujet, fortement incriminé Esménard, et l’ont fait responsable du tour que prit l’affaire. […] Je veux vous voir et je m’arrangerai pour cela. — Le baron141 a fait des sociétés du dimanche de Genève la cour (?) […] Je commence depuis deux jours à me ranimer, à reprendre à des projets, à de l’avenir, et à sortir un peu de ce cercle d’idées si fatal que je suis bien décidée à éloigner le plus possible. — Je commence à observer ce qui m’entoure et à voir quelques personnes. — L’influence de l’Italie commence à se faire sentir ici non par le climat, mais par les mœurs. — Les femmes ont des sigisbées pour société et des abbés pour intendants. — Le prince Borghèse, qu’on n’appelle ici que le prince, a, dit-on, la petite cour la plus solennelle de l’Europe.
Pour revenir à ses travaux de la Convention en cette année 93, il dira, par exemple, en parlant du vaste bouillonnement de passions qui ne doit pas déconcerter le législateur : « qu’il faut que celui-ci fasse, en quelque sorte, un tours expérimental de l’immoralité publique ; que, dans un temps calme, les éléments divers de la société ne donnent à la philosophie elle-même que des sensations trop obscures, et l’on a besoin, ajoute-t-il, d’en recevoir de vives pour acquérir sur ces éléments, sur leur nature, sur leurs mouvements, sur leurs propensions, la connaissance qui est strictement nécessaire à celui qui veut les combiner. […] Je ne veux pas dire que, transporté et traduit, comme il le fut alors, dans les États de l’Amérique du Sud, il continuât d’être applicable ; mais, en France, la société se faisait mûre pour les garanties qu’il réclamait, que la raison publique se mit par degrés à vouloir, à vouloir avec passion, qu’insultée un jour et défiée, elle revendiqua, trois matins durant, à la face du soleil, et qui sont à peu près obtenues. […] Fauriel, à qui on ne refusera pas d’être sorti également de l’école du xviiie siècle et du cœur même de la société d’Auteuil, esprit exact et scrupuleux s’il en fut, ne croyant aussi qu’à ce qu’il avait recherché et constaté, mais ayant en lui un goût vif de curiosité et d’investigation, l’étincelle de la nouveauté en tout, M. […] L’instruction s’est propagée dans plus de classes de la société, et jusque dans les plus éminentes.
À force de travail intérieur, il obtient « de son esprit non-seulement la résignation à la volonté de Dieu, mais encore la gratitude sincère1034. » — « Je lui rendis d’humbles et ferventes actions de grâces pour avoir bien voulu me faire comprendre qu’il pouvait pleinement compenser les inconvénients de mon état solitaire et le manque de toute société humaine par sa présence, et par les communications de sa grâce à mon âme, me soutenant, me réconfortant, m’encourageant à me reposer ici-bas sur sa providence et à espérer sa présence éternelle pour le temps d’après1035. » Dans cette disposition d’esprit, il n’est rien qu’on ne puisse supporter ni faire ; le cœur et la tête viennent aider les bras ; la religion consacre le travail, la piété alimente la patience, et l’homme, appuyé d’un côté sur ses instincts, de l’autre sur ses croyances, se trouve capable de défricher, peupler, organiser et civiliser des continents. […] Comme la société, la littérature change de cours. […] C’était un imprimeur, fils de menuisier, qui, à l’âge de cinquante ans et pendant ses moments de relâche, écrivait dans son arrière-boutique : homme laborieux qui, à force de travail et de conduite, s’était élevé jusqu’à l’aisance et à l’instruction ; du reste délicat, doux, nerveux, souvent malade, ayant le goût de la société des femmes, habitué à correspondre pour elles et avec elles, d’habitudes réservées et retirées, n’ayant pour défaut qu’une vanité craintive. […] quand, un instant après, nous entendrons le docteur continuer ainsi : « Rousseau est un des pires hommes qu’il y ait, un coquin qui mérite d’être chassé de toute société, comme il l’a été.
Il est bon que la critique la voie et la pense parfois sous cette forme, sous cette figure de société. […] Et, au dix-huitième siècle français, au moment le plus brillant de la vie de société, de la vie parisienne, reviennent les bergeries, doublées du retour à l’antique. […] Son miroir d’abord, et ensuite les figures croisées sur le boulevard, lui révèlent ces Caligula, ces Néron, ces Commode au petit pied, que la société tient enchaînés dans leurs rêves. […] « Le bonheur le plus direct et le plus sûr pour moi, c’est la société des femmes… Est-ce la récompense de ma longue intimidation devant le sexe ? […] La société ne détruit pas cet instinct ; elle lui donne bonne conscience en l’élevant au collectif.
. — Et là-dessus on s’est mis à désirer de réentendre ces pièces immortelles, éclipsées un long moment, et dans lesquelles tant de personnes de la société recommençaient aussi à aimer les souvenirs de leur propre jeunesse. […] A cette époque de renaissance pour la société et pour les lettres, l’ordre des études et des âges n’était pas très-bien observé ; il y avait dans tous les genres une émancipation rapide, une confusion assez aimable et non sans profit pour les essors généreux.
Les seuls insectes qui se montrent en grand nombre sont les fourmis, les termites, des guêpes qui vivent en société, et des libellules dans les clairières. […] ” « Où est le siège d’un principe de civilisation dans les sociétés humaines, du principe chrétien, par exemple ?
Pour hâter la décomposition de la société et de l’âme féodales, la peste noire, qui en 1348 enlève au monde connu le tiers de ses habitants, la guerre de Gent Ans, guerre étrangère, guerre civile, crises aiguës des invasions, ravages endémiques des routiers : tous les fléaux, toutes les souffrances oppressent les âmes, mais en somme les délivrent avec douleur, les arrachent à leurs respects, à leurs habitudes, à leur forme d’autrefois, remettent tout violemment dans l’indétermination, qui seule rendra possible une détermination nouvelle. […] Le personnage est intéressant : il aime les larges buveries, il est de toutes les sociétés joyeuses du Valois, des Fréquentants de Crépy, des Bons Enfants de Vertus, et s’intitule avec orgueil Empereur des fumeux ; il a une brusquerie joviale, la parole rude et salée, le rire sonore : la galanterie chevaleresque n’est pas son fait.
Le problème posé devant Racine était donc celui-ci : d’une part, chercher à faire les pièces les plus agréables au public contemporain ; d’autre part, ne traiter que des sujets anciens ou étrangers… Puisque la voie n’était vraiment ouverte et libre que du côté de l’antiquité, la difficulté était de rendre cette antiquité intelligible et acceptable à la société du temps de Louis XIV et à la cour, qui donnait le ton. […] Elle est, comme eux, en insurrection contre la société.
Je veux qu’il ait été publiquement rejeté hors de la société régulière. […] Il trouve moyen de vivre dans une société civilisée comme il vivrait en pleine nature.
Accablé par l’âge et absorbé par les soucis du généralat de la société, M. […] Me voyant studieux, appliqué, consciencieux, il me dit au bout de très peu de temps : « Songez donc à notre société ; là est votre place. » Il me traitait déjà presque en confrère.
. — La société de Symphonie a donné le 3 octobre un grand concert Wagnérien. […] Quant aux solistes, nous pouvons également les complimenter sans réserve : Mlle Pauline Mailhac, une des premières chanteuses de l’Allemagne que nous avons déjà applaudie à un des derniers concerts de la société, Mlle Ernest Van Dyck et M.
La femme la plus décriée peut marcher la tête haute, tant que son bélier conjugal marche patiemment à ses côtés ; mais que le mari se redresse, et la société tout entière vient à son secours, avec ses mépris, ses excommunications, ses rigueurs, ses refus de pain et de sel, de tolérance et de pitié, et elle chasse les deux amants dans le désert de la vie errante, et elle les envoie, suspects et précaires, manger en cachette, d’auberge en auberge, le fruit défendu qu’ils ont maraudé. La loi est dure, mais c’est la loi, et il est juste, en fin de compte, que ceux qui se révoltent contre la société soient traités en ennemis par elle.
Samedi 12 octobre Vaguant dans les rues campagnardes de Montmorency, en sa belle santé, la princesse appuyée sur mon bras, et souriant au beau soleil de la journée, au bonheur de son heureuse vie entourée de l’affection d’une petite société amie, me dit, s’arrêtant soudainement : « Oui, ce serait bien dur de m’en aller, je l’avoue, je trouve la vie bonne ! […] Un ami à moi, est très énamouré d’une juive de la grande société, désirant posséder un de ces chênes nains de cent cinquante ans, qui tiendrait dans le pot de terre d’un rosier.
Pour ce qui n’était pas, pour ce qui n’avait pas de forme, pour ce qui n’avait pas de pensée, pour ce qui n’avait pas de sentiment, pour ce qui était sans âme et ne possédait plus un atome de matière, pour tout ce néant et toute cette immortalité, le tombeau était encore un habitacle, les heures corrosives, une société. […] En tous les points où put l’atteindre la société inclémente qui le charriait, il fut meurtri et mortifié.
Songez que c’est par cette alliance irrésistible de tous les talents, que vos devanciers ont sapé les bases de l’ancienne société et posé celles du nouvel ordre de choses. […] Il ne choque point, parce que ses défauts sont communs, ainsi que ses qualités ; c’est là le secret de ses petits triomphes de société.
Le médiocre jeune homme dont ce livre est l’histoire est vulgaire, et tout autour de lui l’est comme lui, amis, maîtresses, société, sentiment, passion, — et de la plus navrante vulgarité. […] Mais, dans une société qui n’a plus d’âme, qui est aussi incapable d’idéalisme que d’idéal, cette manière de voir et de rendre la nature devait avoir un grand succès, et Flaubert l’eut, et il l’a encore.
Il retrouva quelques années après une compagnie plus à son gré dans la société de l’Entresol (1725), vrai berceau d’une Académie des sciences morales et politiques.
Quoi de moins philosophique que de n’avoir pas su au moins, en vieillissant, reconnaître l’éternelle nécessité en fait, de quelque religion positive dans les sociétés humaines et, au lieu de faire la part de cette nécessité en la conciliant avec la justice, d’avoir voulu entraîner le peuple à écraser l’infâme ?
De loyaux militaires, d’anciens officiers de cavalerie se sont piqués d’honneur ; ils sont venus, plume en main, discuter le plus ou moins de convenance des historiettes racontées par le jeune abbé dans la société de Mme de Caumartin et s’inscrire en faux contre ses plus insinuantes malices.
La société lui retire ce qui est la vie, avant que la nature lui ait donné la mort.
Une société d’anthropologie vient de se fonder à Paris, par les soins de plusieurs anatomistes et physiologistes éminents, MM.
Car d’abord il est universel comme Homère : hommes, dieux, animaux, paysages, la nature éternelle et la société du temps, tout est dans son petit livre.
Est-ce que nous avons montré une arme chargée dans nos mains ailleurs que sur le champ de bataille de Paris, pour défendre la société civile attaquée non pas par la liberté, mais par le meurtre ?
Elle n’agit plus, dès qu’il a un texte sûr : il n’essaie pas d’atténuer l’impression qu’on peut recevoir de la société de Racine avec la Champmeslé et tous ceux, mari et amants, avec lesquels il la partagea paisiblement.
Leconte de Lisle ne soit jamais populaire ; mais on ne peut nier que les sociétés primitives, l’Inde, la Grèce, le monde celtique et celui du moyen âge ne revivent dans les grandes pages du poète avec leurs mœurs et leur pensée religieuse.
« Elles participent, disait-il, à tous les honneurs de la société civile ; elles sont encouragées par les égards qu’on a pour leur talent ; et leur profession n’ayant rien que de brillant, elles tâchent de ne point se rendre méprisables. » En ce qui concerne Isabelle Andreini, l’héroïne de tant d’aventures cavalières, il y a parmi ses contemporains unanimité pour célébrer sa vertu.
Celui-ci abdique devant la force, concède le phalanstère à une société urbaine, et se demande en quelle route désormais il lui faut se diriger.
Je n’ai jamais vu, chez eux, ces sourires ironiques, ces airs accablés d’ennui ou insolents de détachement qu’on surprend sur les visages de la bonne société.
La plaisanterie devient âcre, mordante, la passion convulsive ; l’outrance fait partout irruption ; et, au milieu de rires éclatants et saccadés, on voit grimacer la mort qui obsède les imaginations, on entend un long gémissement qui monte du fond des âmes et qui révèle la fatigue, la souffrance d’une société anémique et hystérique.
Dans le cas d’extrême opulence, l’attention des parents est distraite par les plaisirs, les obligations de société, etc.
Nous ne réfuterons pas une infinité d’autres plaintes que l’intérêt d’opinion, l’intérêt personnel, l’intérêt de société, l’intérêt de fantaisie, l’intérêt de rivalité, l’intérêt d’irréligion, & tous les intérêts particuliers ont articulées contre nos jugemens.
Il a de la gaieté dans l’esprit, il a du léger et du plaisant ; il sait toutes les finesses du cœur et les nuances de la société.
Il eut pu peindre à fresque une harmonieuse, épique et rude société, il préféra faussement illustrer une théorie. — Qu’y gagna l’Art ?
C’est pourquoi la littérature est un besoin des sociétés.
Son hégémonie a resplendi sur les âges jusqu’aux époques récentes, où les progrès de la science et de la civilisation l’ayant submergée, elle est devenue, sous son aspect le plus décent, un petit talent de société, un agrément de five o’clock, un passe-temps de demoiselles, et sous son aspect grotesque, un exploit pompeux de minus habens.
Puisque vous ouvrez votre Revue à des esprits très divers, vous croyez apparemment que deux hommes peuvent être également estimables sans professer les mêmes opinions, pourvu qu’ils s’accordent sur les grands principes qui sont le fondement de toute morale et de toute société humaine ?
Les bas-bleus qui faisaient partie de la société qu’elle voyait, en France, mirent du temps à lui donner sa teinte… Que lui dirent-ils pour qu’elle la prit ?
Ajoutez au brigandage et aux abus de la féodalité la conspiration permanente des sociétés secrètes, dont fume toujours l’Italie, et qui préparaient leurs explosions à Pérouse, où Pecci fut envoyé, et on pourra se faire une idée de la vigueur de sa main.
Peinte pour Chateaubriand et pour la société qui était redevenue chrétienne en lisant le Génie du Christianisme, c’est la sainte Térèse de ce livre rhétorico-religieux, mais ce n’est pas la Térèse de la Tradition espagnole et de l’Histoire.
Il endoctrinait un dauphin sous le Roi Très-Chrétien et dans une société, chrétienne encore d’esprit, si elle ne l’était plus de mœurs.
La carmélite inconnue de son histoire a ramassé une foule de mots d’elle, animés de cette gaieté gauloise : « Croyez-vous — disait-elle un jour à ses novices, qui sentaient ces ennuis des après-midi dans les cloîtres qui sont les nostalgies du monde, — que nous sommes venues aux Carmélites pour rechercher ce qui amuse, et que la société des douze apôtres ait été toujours bien amusante pour Notre-Seigneur Jésus-Christ ?
Individualisé de la sorte par la fantaisie de l’auteur, cet Amour passa en zigzag dans le xixe siècle, et il en oppose les particularités et les mœurs aux mœurs et aux particularités de la société d’autrefois.
Le xixe siècle a d’autres affaires à démêler que la gloire de ses poètes… et le mal est bien grand, puisque la poésie comme l’entendent Banville et son école ne peut captiver le regard grossier de la société de ce temps.
Ignorant ce qu’on appelle société, qui chez tous les peuples est le fruit de l’oisiveté et du luxe, ils n’avaient point cette foule de sentiments et d’idées qu’elle fait naître, ni ces nuances fines qui les expriment.
Alors toutes les cabales, toutes ces petites haines, tous ces enthousiasmes d’un jour, toutes ces décisions si graves de gens importants, ou qui croient l’être, ces luttes des sociétés qui se combattent, ces chocs des petites réputations contre les grandes, ces fureurs, tantôt si atroces et tantôt si puériles, appuyées quelquefois par le crédit qui se cache, et toujours par la malignité orgueilleuse, qui ne manque jamais d’applaudir à l’audace qui humilie le talent, tout cela disparaît.
Ailleurs cette poésie plus simple nous donnera déjà l’image de la vie, comme la peignit chez les Hébreux le livre de la Sagesse, et comme la décrira quelque jour, dans une société plus raffinée, l’ingénieux Horace.
La catastrophe est identique, et c’est dans les maux qu’elle a produits au milieu de tous les rangs de la société que M. […] Aucun meuble pour l’adosser, pas un pour l’accouder… Résignez-vous donc à vous voir au milieu d’une insurrection contre ce qui est l’assise même de la société… Certes, j’ai dû inventer, faire des plans, commander autoritairement. […] Maurice Talmeyr a dépeint le rôle que joue à différents échelons de notre société la morphine, cet épouvantable engin de destruction que la science lui avait donné pour, engourdir ses heures de douleur. […] M. de Goncourt nous fait apercevoir d’un mot un homme ou une femme, et on sent le rôle qu’ils jouent dans notre société et pourquoi ils y ont pris leur importance ; il y a de tout, je le répète, dans ces notes, pour qui sait les lire, et bien des lignes que nous ne faisons que parcourir seront scrutées comme documents par des historiens de l’avenir. […] Quel voyage et quelle société !
Ils ont l’air d’enfants fourvoyés dans une société d’hommes. […] Ma jeunesse, je la vivais en moi, par moi, sans être tenue de la vivre dans la jeunesse de cent races, dans les erreurs, les caducités de cent sociétés mortes de vieillesse40. […] Trop de choses nous manqueraient : le foyer, le chez soi, le luxe, le confort, l’intimité de la vie et tous les plaisirs et tous les sentiments qui dérivent de la position des femmes dans la société moderne : la courtoisie, la galanterie, et certaines idées et certaines délicatesses. […] Car, s’il conclut presque toujours par un optimisme déclaré, il n’en est pas moins vrai que sa conception du monde et de l’histoire, ses idées sur la société contemporaine et sur son avenir prêtent tout aussi aisément à des conclusions désolées. […] Ces songe-creux de révolutionnaires pouvaient bien démolir la société et en rebâtir une autre, ils n’ajouteraient pas une joie à l’humanité, ils ne lui retireraient pas une peine, en coupant à chacun sa tartine.
Notre jeune professeur de rhétorique ne crut point sortir de sa sphère ni abuser de l’art de persuader en conviant ces jeunes talents chers au pays à se former en une société dite de l’Union des Arts. […] Venu à Paris, dans le carême de 1853, pour consulter les bibliothèques : « J’ai ce bonheur, disait-il, d’échapper au monde et de trouver quelquefois la société. » Revenu à son Remilly, il avait peine à s’en arracher, même en cette saison de fin d’hiver, même en songeant qu’il repartait pour la Grèce ; il écrivait à son ami Émile Michel, en ce moment à Rome (25 mars 1853) : « Notre Remilly n’a pas encore une seule feuille ; il y tombe chaque jour quelques flocons de neige ; le soleil a des rayons bien pâles ; le ciel est gris ; le vent sommeille ; aujourd’hui (Vendredi saint) les cloches, qui sont allées vous retrouver à Rome, ne troublent même plus ce silence de la nature. […] Daveluy, à la Légation, ou dans la société du seul membre de l’École qui l’habite encore porte à porte avec moi, M.
Dans ces initiations successives, il se dépouille de son aubier, agrandit l’horizon de sa vie, et finit par concevoir la superposition des couches humaines qui composent la société. […] Prenez le premier de ces romans, Télémaque, justement haï de Louis XIV, et essayez de construire sur ce modèle une société politique qui se tienne debout ! XV Balzac naquit, et, doué par la nature d’un talent immense et d’un esprit juste, il secoua ces haillons de la pensée dont on avait voulu faire un costume national, il rentra dans la voie droite de l’abbé Prévost, et n’aspira qu’à un seul titre, celui d’historiographe de la nature et de la société.
Ces jours-ci, sur une demande directe d’en faire partie, et sur une aimable indiscrétion de Daudet, m’apprenant que je devais en être nommé président, je répondais à Toudouze par un refus formel, même brutal, lui déclarant que j’étais un individu vivant hors cadre, et pas du tout fabriqué pour faire partie d’une société. […] Mercredi 12 avril Je trouve dans ma boîte, une affiche sur papier rouge, ayant pour titre : Manifeste des Dynamiteurs, et qui prêche une œuvre d’émancipation, fondée sur les chairs pantelantes et les cervelles éparses, en annonçant de nouvelles explosions, et déclare qu’il faut que la société bourgeoise disparaisse, dussent les belles cités — c’est de Paris, que les dynamiteurs parlent — être réduites en cendres. […] » Mardi 18 juillet Aujourd’hui, Jeanne parlait d’une jeune femme de la société d’une ville du Nord, des mieux apparentées, et richement mariée à Paris.
D’abord parce que l’art, reflet de la société, puise sa lumière dans les institutions et les mœurs ambiantes. […] Henri de Régnier, dans une conférence qu’il fit le 6 février 1900 à la société des conférences, a fort bien caractérisé l’originalité des parnassiens. […] Si l’artiste s’est retranché dans sa solitude, ne produit plus que pour une élite, la faute en doit retomber, non sur l’art, mais sur la société contemporaine, cette « vaste entreprise alimentaire ».
Ajouterons-nous que, par l’imprévu de ses combinaisons infinies, par la variété des formes qu’il peut presque indifféremment revêtir, par la liberté de son allure et l’universalité de sa langue, il convient particulièrement à nos sociétés démocratiques ? […] Or, à mesure que les générations croissaient en expérience et que la vie des sociétés se compliquait, c’est cette notion, elle aussi, qui toute seule se compliquait et s’élargissait. […] Mais, dans le roman de Walter Scott, par-dessous le décor historique, Balzac, sans doute, a vu ce que tout le monde y voit, le roman de mœurs qui tissait insensiblement la trame, dans les filets de laquelle il allait bientôt envelopper toutes les classes de la société. […] Et quant à louer l’auteur de Rouge et Noir d’avoir constamment répété qu’à une société bourgeoise c’étaient des mœurs bourgeoises qu’il convenait de donner en spectacle, on a déjà vu l’erreur ou l’injustice. […] Nous sommes hommes et, à ce titre, engagés dans la société des autres hommes.
La société, pour être nombreuse, n’en était pas moins choisie. […] « La société allait être l’historien, je ne devais être que le secrétaire ; en dressant l’inventaire des vices et des vertus, en rassemblant les principaux faits des passions, en peignant les caractères, en choisissant les événements principaux de la société, en composant des types par la réunion des traits de plusieurs caractères homogènes, peut-être pouvais-je arriver à écrire l’histoire, oubliée par tant d’historiens, celle des mœurs. […] Plus tard, on reconnut que le but de l’auteur n’était pas de tisser des intrigues plus ou moins bien ourdies, mais de peindre la société dans son ensemble du sommet à la base, avec son personnel et son mobilier, et l’on admira l’immense variété de ses types. […] Fort infatué de son projet, Balzac recruta quelques affiliés qu’il ne mit en rapport les uns Avec les autres qu’en prenant des précautions comme s’il se fût agi d’une société politique, ou d’une vente de carbonari. […] Le monument n’est pas achevé, mais tel qu’il est, il effraye par son énormité, et les générations surprises se demanderont quel est le géant qui a soulevé seul ces blocs formidables et monté si haut cette Babel où bourdonne toute une société.
Il vécut parmi les grands et les gens de cour, dans la société de mœurs artificielles et de langage calculé. […] L’abolition des tenures féodales, l’augmentation énorme du commerce et de la richesse, l’affluence des propriétaires, qui mettaient des fermiers à leur place et venaient à Londres pour goûter les plaisirs de la ville et chercher les faveurs du roi, avaient installé au sommet de la société, ici comme en France, la classe, l’autorité, les mœurs et les goûts des gens du monde, hommes de salons et de loisir, amateurs de plaisir, de conversation, d’esprit et de savoir-vivre, occupés de la pièce en vogue moins pour se divertir que pour la juger. […] Les mots propres, le relief des expressions franches ne s’y trouvent pas ; les termes généraux, toujours un peu effacés, conviennent bien mieux aux ménagements et aux finesses de la société choisie. […] Il montre le bon député « servant à la fois le roi et le peuple, conservant à l’un sa prérogative, à l’autre son privilége », placé comme une digue entre les deux fleuves, cédant davantage au roi en temps de guerre et davantage au peuple en temps de paix, « empêchant l’un et l’autre de déborder et de tarir788. » Cette grave conversation indique un esprit politique nourri par le spectacle des affaires, ayant, en matière de débats publics et pratiques, la supériorité que les Français ont dans les dissertations spéculatives et les entretiens de société.
Il y avait toute une société éperdue qui appelait vainement les lois à son aide ; il y avait tous les délires des sens, de la tête et du cœur. […] Jamais cette société si réglée et si correcte n’aurait pensé que seraient débitées, en sa présence, de si énormes maximes ! […] Cette farce de carnaval, quand vivait le roi Louis XIV, quand la société française paraissait immobile sur des bases qui semblaient éternelles, est devenue avec le temps et les révolutions que le temps entraîne avec lui, quelque chose de plus qu’une comédie où le rire, mêlé aux plaisirs des sens, se rabat, en fin de compte, sur un dénouement impossible. — Cette comédie, faite tout exprès pour nous montrer un fantôme, est devenue une tragédie véritable ; le fantôme est un être réel, l’abîme existe et chacun de nous peut en sonder la profondeur. […] Don Juan et la société française ont vieilli en même temps ; ils ont supporté l’un et l’autre les mêmes destinées, et à cette heure ils se trouvent face à face à l’orifice du même volcan ! […] C’est déjà l’histoire d’une société qui se perd ; c’est déjà le pauvre de Don Juan qui nous apparaît dans les haillons primitifs.
L’amour, qui fait quelquefois souffrir, n’a pourtant pas le droit de devenir la passion sauvage qui se rebelle aux lois de la société. […] Il ne pensera pas en faveur de la société : mais toujours il pensera en fonction de la société. […] Au mépris des liens de la société, Il réclame en secret son antique apanage. […] Fait pour la société, tendant à la vulgarisation, il prouve et il prêche ; ses poèmes les plus typiques ne sont souvent qu’un appel à l’ordre, à la modération, à la sagesse. […] Elle les regarde même comme le principe de quantité de bonnes actions ; mais elle en exige la règle et la modération, parce qu’elle reconnaît que leur effet le plus commun est de porter l’homme inattentif au-delà des termes raisonnables, et par là de troubler et de diviser la société. » On sait que cette Réfutation de Spinoza est, en réalité, une manière détournée d’exposer sa doctrine.
Celui qui ne l’admire pas n’est pas digne de parler des sociétés civiles. […] Devons-nous au Piémont le sacrifice de tout ce qui a constitué jusqu’ici, parmi les sociétés civilisées, ce qu’on appelle le droit public, le droit des gens : le respect des traités, la sainteté des limites, la légitimité des possessions traditionnelles, l’inviolabilité des peuples avec lesquels on n’est pas en guerre ?
La mère se leva et, s’avançant pour prendre la parole, me dit en rougissant et, avec une pudeur visible dont l’heure, l’indiscrétion et l’épuisement étaient l’excuse, qu’elles étaient là à une heure si indue non pour demander, mais pour m’apercevoir de loin à l’heure du déjeuner où je sortirai du château pour venir avec ma famille et ma société goûter un moment la fraîcheur de cette salle d’arbres et le loisir du milieu du jour. […] J’ai fait quelques vers médiocres dans ma jeunesse, et cette célébrité de jeune homme m’ayant appelé à de hautes dignités, dans un âge plus mûr j’ai conquis la bienveillance du pays en vivant et en parlant à l’écart des partis passionnés pour ou contre la révolution de 1830 ; et le jour ayant sonné, et la France périssant dans l’hésitation, j’ai vu l’anarchie sanguinaire prête à s’emparer du pouvoir et j’ai proclamé la souveraineté des peuples et la République conservatrice de la société.
C’est un second accès, mais plus radical, de la réforme du seizième siècle, mais au lieu de la réforme ou le protestantisme qui ne fut qu’un schisme dans la politique et dans la foi, c’est une réforme par la raison, c’est-à-dire une rénovation progressive du corps et de l’âme de la société européenne. […] C’était le lit de Procuste sur lequel une femme plébéienne de naissance, aristocrate de société, protestante de religion, couchait le géant révolutionnaire du dix-huitième siècle pour l’y rapetisser à la mesure de la féodalité et du puritanisme anglais du seizième siècle.
À son retour en France, l’ambassadeur avait amené Rizzio avec lui, à la cour de François II ; attaché à un des seigneurs français qui avait escorté Marie Stuart en Écosse, la jeune reine l’avait demandé à ce seigneur pour conserver auprès d’elle, dans ce royaume où elle se sentait moins reine qu’exilée, un souvenir vivant des arts, des loisirs et des délices de la France et de l’Italie, pays de son âme ; musicienne elle-même autant que poëte, charmant souvent ses tristesses par la composition des paroles et des airs dans lesquels elle exhalait ses soupirs, la société du musicien piémontais lui était devenue habituelle et chère. […] Le roi, écarté du conseil et de la société même de sa femme, « se promenait toujours seul de côté et d’autre, dit Melvil, tout le monde voyant bien que la reine regarderait comme un crime de lui faire compagnie. » La reine d’Écosse et son mari, écrit de son côté le comte de Bedford, envoyé d’Elisabeth à la cour d’Écosse, « sont ensemble comme ci-devant, et même encore pis ; elle mange rarement avec lui ; elle n’y couche jamais : elle ne se tient point en sa compagnie, et elle n’aime point ceux qui ont de l’amitié pour lui.
C’est ce qui lui permettra, persécuté et vaincu dans ses opinions dogmatiques, d’étendre à travers la société son autorité morale, à tel point qu’il semblera avoir, aux yeux de la postérité, la direction du mouvement catholique dans la lutte contre l’irréligion. […] Si l’admirable aspiration de quelques doux rêveurs a pu devenir la loi de sociétés immenses, c’est que la casuistique a transposé l’utopie irréalisable en précepte pratique, et ses décisions représentent souvent, en face de la folie ascétique, le ferme et naturel bon sens.
Cette croyance ne dépend ni du pays, ni du temps, ni des religions établies, ni de la forme des sociétés, bien qu’elle puisse s’accommoder de toutes ces circonstances. […] Il en faut voir de piquantes anecdotes dans madame de Sévigné, dont la société était toute cartésienne.
Les sociologues veulent n’avoir qu’à être des sociologues pour connaître les sociétés de l’homme. […] Il y faut aussi la connaissance du passé, et des sociétés, et de l’homme.
La seconde nous révèle une disposition moins sombre ; le poète s’est réconcilié avec la vie, avec la société, avec l’homme ; il a compris que son devoir était d’espérer encore. […] Lucrèce, à qui il faut bien toujours revenir (car c’est le maître dans ce grand art de la poésie scientifique), a lui aussi des morceaux d’une abstraction redoutable, comme quand il définit l’espace et le mouvement, quand il décrit la formation du monde par les atomes, ou qu’il analyse les simulacres qui expliquent la perception ; mais avec quel art il appelle à son aide d’éclatants épisodes, de grands tableaux, de longs récits comme tout le cinquième livre, où il raconte à sa manière la formation de la terre, l’éclosion de la vie, l’histoire des sociétés humaines !
. — Ils avaient formé une société qui s’appelait des altérés.
On vit là ce qu’on a revu eu d’autres temps, un peu de sagesse sortir de la confusion, et une société en détresse se réorganiser petit à petit au sein du désordre.
Tous les lieux communs de Cicéron sont si beaux, si spécieux, si honorables pour la société civile et pour la nature humaine, si accompagnés d’un noble pli et d’un large mouvement de la toge, que l’on conçoit vraiment combien ils doivent être chers à tous ceux qui sont encore moins des observateurs politiques inexorables et des scrutateurs du fonds naturel humain que d’éloquents avocats d’une cause.
Est-il convenable de noter que son père faisait avec une grande facilité ce qu’on appelait des vers de société, bouts-rimés, couplets, etc., bagatelle fort à la mode de son temps, et dans laquelle le beau-frère de Bouchotte égalait peut-être le célèbre ingénieur Carnot ?
Il suffirait, pour combattre le mauvais effet des paroles de Collé, et pour prouver que Prevost resta digne jusqu’à la fin de la société des honnêtes gens, d’opposer le témoignage de Jean-Jacques, qui, dans ses Confessions (partie II, livre VIII), parle de l’abbé qu’il avait beaucoup vu, comme d’un homme très-aimable, très-simple ; Jean-Jacques seulement ajoute qu’on ne retrouvait pas dans sa conversation le coloris de ses ouvrages.
L’origine des sociétés, la formation des langues, ces premiers pas de l’esprit humain nous sont entièrement inconnus, et rien n’est plus fatigant, en général, que cette métaphysique qui suppose des faits à l’appui de ses systèmes, et ne peut jamais avoir pour base aucune observation positive.
Si vous supposez un homme que la réflexion ait rendu tout à fait insensible aux événements qui l’environnent, un caractère semblable à celui d’Épictète ; son style, s’il écrit, ne sera point éloquent : mais lorsque l’esprit philosophique règne dans la classe éclairée de la société, il s’unit aux passions les plus véhémentes ; ce n’est pas le résultat du travail de chaque homme sur lui-même ; c’est une opinion établie dès l’enfance, une opinion qui, se mêlant à tous les sentiments de la nature, agrandit les idées sans refroidir les âmes.
C’est non seulement à la réunion des hommes en société que ce sentiment est dû, mais c’est à un degré de civilisation qui n’est pas connu dans tous les pays, et dont les effets seraient presque impossibles à concevoir pour un peuple dont les institutions et les mœurs seraient simples ; car la nature éloigne des mouvements de la vanité, et l’on ne peut comprendre comment des malheurs si réels naissent de mouvements si peu nécessaires.
Ajoutez encore un point, la bonté ; celui-ci a beau être épicurien, impropre aux devoirs de la société et de la famille, prompt au plaisir, inattentif aux conséquences ; il n’est jamais égoïste ni dur.
Mais quand on en déduit que l’égalité absolue, toute supériorité abolie avec toute distinction, toute propriété, toute autorité, que cette égalité-là doit régner dans la société humaine, le raisonnement est faux, et l’on joue sur le mot égalité.
Il réussit à faire croire à la partie oisive et riche de la société que d’innover en fait d’usages mondains, de conventions élégantes, d’habits, de manières et d’amusements, c’est aussi rare, aussi méritoire, aussi digne de considération que d’inventer et de créer en politique, en art, en littérature.
Le capitaine Spavente, envoyant son valet Trappola à l’ambassadeur du grand-sophi, avait soin de faire les recommandations suivantes : « Tu diras ainsi : Salamalecchi benum sultanum, et lui te répondra : Alecchi mesalem safa ghieldy. » Francesco Andreini, artiste lettré, et écrivain assez distingué, était membre de la société des Spensierati (Sans-soucis) de Florence.
C’est un de ces instants de fatigue générale où tous les actes despotiques sont possibles dans la société même la plus infiltrée d’idées d’émancipation et de liberté.
La pitié, qui n’est qu’un secret repli sur nous à la vue des maux d’autrui dont nous pouvons être également les victimes, a une liaison si étroite avec la crainte, que ces deux passions sont inséparables dans les hommes, que le besoin mutuel oblige de vivre dans la société civile.
J’ai vécu pendant quelques années dans une société d’hommes très intelligents, très lettrés, de beaucoup de goût, très décisionnaires aussi, qui parlaient sans cesse des ouvrages nouveaux.
S’il en est ainsi, l’idéologie est notre philosophie classique ; elle a la même portée et les mêmes limites que notre talent littéraire ; elle est la théorie dont notre littérature fut la pratique ; elle en fait partie puisqu’elle la couronne, et l’on peindrait en abrégé son dernier défenseur, en disant qu’avec les grâces aimables, la politesse exquise et la malice délicate de l’ancienne société française, il conserva la vraie méthode de l’esprit français.
Les frères Leblond ont pu écrire un livre, l’Histoire de la société française sous la troisième république, d’après les seuls romans.
qu’il fut beaucoup plus philosophe dans son gouvernement, et sa conduite que dans ses idées ; que son imagination fut extrême, et que cette imagination égara souvent ses lumières ; qu’ayant renoncé à croire une révélation générale et unique, il cherchait à chaque instant une foule de petites révélations de détail ; que, fixé sur la morale par ses principes, il avait, sur tout le reste, l’inquiétude d’un homme qui manque d’un point d’appui ; qu’il porta, sans y penser, dans le paganisme même, une teinte de l’austérité chrétienne où il avait été élevé ; qu’il fut chrétien par les mœurs, platonicien par les idées, superstitieux par l’imagination, païen par le culte, grand sur le trône et à la tête des armées, faible et petit dans ses temples et dans ses mystères ; qu’il eut, en un mot, le courage d’agir, de penser, de gouverner et de combattre, mais qu’il lui manqua le courage d’ignorer ; que, malgré ses défauts, car il en eut plusieurs, les païens durent l’admirer, les chrétiens durent le plaindre ; et que, dans tout pays où la religion, cette grande base de la société et de la paix publique, sera affermie ; ses talents et ses vertus se trouvant séparés de ses erreurs, les peuples et les gens de guerre feront des vœux pour avoir à leur tête un prince qui lui ressemble.
Ce philosophe, né avec plus d’imagination que de profondeur, et qui peut-être avait plus d’esprit que de lumières ; qui s’agita toute sa vie pour être en spectacle, mais à qui il fut plus facile d’être singulier que d’être grand ; qui courut après la renommée avec l’inquiétude d’un homme qui n’est pas sûr de la trouver ; qui quitta sa patrie, parce qu’il n’était pas le premier dans sa patrie, qui s’ennuya loin d’elle, parce qu’il n’avait trouvé que le repos, et qu’il avait perdu le mouvement et des spectateurs ; qui, trop jaloux peut-être des succès des sociétés, perdit la gloire en cherchant la considération ; frappé de bonne heure de la grande célébrité de Fontenelle, avait cru devenir aussi célèbre que lui en l’imitant.
C’est ce qui ne pouvait se faire davantage avant que les différentes classes de la société française, rapprochées les unes des autres par les circonstances, se fussent mêlées plus intimement, et qu’en achevant de se mieux connaître, elles fussent devenues les unes pour les autres je ne sais quoi de moins vague et de moins général. […] Il veut peindre, lui, d’après nature, et que dans ses portraits « on reconnaisse les gens de son siècle » ; et, de la considération de son art, c’est ainsi qu’insensiblement il passe à l’observation de la société qui l’entoure. […] Depuis Ronsard jusqu’à Corneille, le poète s’était comme enfermé dans son art, dédaigneux du vulgaire, séparé de la foule, ne fréquentant qu’en haut, pour ainsi dire, ou qu’avec ses pareils, et ne vivant pas, si vous voulez, tout à fait en dehors, mais comme en marge de la société. […] I Mesdames et Messieurs, Essayons aujourd’hui de nous représenter un homme et un moment presque également uniques, si j’ose ainsi parler, dans l’histoire de la littérature et de la société française. […] Il reste qu’elle soit traitée par le drame ou par le roman ; et, en effet, c’est ce que nous verrons se produire, à mesure que, dans des sociétés plus compliquées, composées de plus de parties, et plus divisées, la question d’argent prendra plus d’importance.
Rome, victorieuse de Carthage, s’accoutumait enfin à la société des talens. […] Il se forma sous le regne de Henri II une société de sept beaux esprits qu’on nomma la Pleyade. […] Un Ecrivain qui a pris la peine d’abréger son traité de paix perpétuelle, projet malheureusement impraticable, mettoit lui-même au jour son contrat social, ouvrage propre à dissoudre toute société. […] Il en chassa les Capitans, personnages chimériques & qui ne peignaient rien, pour y substituer des ridicules puisés dans la nature & dans la société. […] Un défi de société fit aussi entrer la Mothe dans cette carriere.
Dans la société nouvelle, nous apporterons, nous le peuple, l’amour de la justice et du droit, le travail, les vertus civiques. […] Georgette est un des mille épisodes de la lutte entre la société régulière et les femmes galantes. […] Dans d’autres drames, la courtisane est atroce ou sublime ; l’auteur défend la famille et la société, ou glorifie l’amour. […] Puis les comédiens ne tiennent vraiment pas assez de place dans la société contemporaine. […] En bas, les méchants, les misérables, l’infamie et la douleur, les dessous effrayants de la société.
Le mauvais succès de Pertharite fit croire quelque temps que l’amour conjugal, très respectable dans la société, n’était point recevable sur la scène. […] Ce qui est comique pour tel peuple, pour telle société, pour tel homme, peut ne pas l’être pour tel autre. […] Il y a des ridicules dans la société ; mais ils sont moins frappants, parce qu’ils sont moins fréquents. […] On peut les conserver tout entiers, et les faire grimacer par la plus légère addition : d’où il est aisé de conclure que quiconque est vraiment né pour être poète comique, a un fonds inépuisable de ridicules à mettre sur la scène, dans tous les caractères des gens qui composent la société.
Les individus se juxtaposent en une société ; mais la société, à peine formée, voudrait fondre dans un organisme nouveau les individus juxtaposés, de manière à devenir elle-même un individu qui puisse, a son tour, faire partie intégrante d’une association nouvelle. […] Nombreux sont les cas où la nature paraît hésiter entre les deux formes, et se demander si elle constituera une société ou un individu, il suffit alors de la plus légère impulsion pour faire pencher la balance d’un côté ou de l’autre. […] Mais notre cerveau, notre société et notre langage ne sont que les signes extérieures et divers d’une seule et même supériorité interne.
Celle société sublime n’est peut-être pas si abondante. […] La société des grands esprits se compose forcément de plus de morts que de vivants, sans exclure a priori ces derniers. […] On m’accordera, je l’espère, qu’ils méritent tous en effet quelque admiration et ne forment pas une société trop mêlée. […] Esprit positif, le premier et le plus grand de tous, il a entrepris de réformer et de refondre la société qui de son temps n’était plus habitable. […] Berthelot, qui constatait le progrès depuis les origines de l’espèce, comme un fait d’expérience, ne se portait pas garant que ce progrès dût être indéfini ; il admettait que les sociétés humaines pourraient atteindre un maximum indépassable, comme les sociétés animales, et ne le fixait même pas très haut.
On sait assez que dans ses précédents ouvrages : Civilisations de l’Orient, Civilisations des Arabes, Civilisations de l’Inde, surtout dans son ouvrage en deux gros volumes : L’Homme et les Sociétés, M. […] Quand il serait vrai que, dans l’état actuel de la société, on ne peut pas aller plus loin que là où on est arrivé, c’est parbleu, bien, l’état actuel de la société qu’il faut travailler à changer, et c’est probablement à cela que le journalisme sert ou prétend servir. […] Mélinand reconnaît lui-même qu’il est difficile de vivre en société et ne pas mentir. […] La société de confesseurs, dont M. […] Donc, il n’est pas défendu de gagner de l’argent, mais à la condition d’en profiter très peu pour soi-même et d’en faire une source de forces où puisent largement l’État, la province, la cité, la société, la confrérie.
Ajoutez qu’il était de visage agréable, d’excellente société, qu’il avait tout lu, même les romans, et qu’il racontait très bien l’anecdote. […] Peut-être que, si vous lisiez Timocrate, vous vous diriez, après l’avoir lu : « Que l’idéal de cette société est charmant dans son artifice ! […] Quelle gentille société que celle qui adorait de tels rêves et qui faisait le plus formidable succès du siècle à la comédie qui lui en donnait la plus pure représentation ! […] C’est déjà l’homme fatal, qui se croit victime de la société et du sort, marqué pour un malheur spécial, et qui s’enorgueillit de cette prédestination et qui, en même temps, s’en autorise pour se mettre au-dessus des lois. […] (La seule différence, c’est qu’Antony dirait : « qui condamnent la société ».)
C’est par quelques extraits que je crois pouvoir, mieux que par des dissertations, donner idée de ce roman qui devait être intitulé : la Jeune Bourgeoisie, et qui dépeint de la façon la plus saisissante l’étrange forme qu’a prise notre société depuis un quart de siècle. […] Il s’agit dans le nouvel ouvrage de l’auteur de Fromont jeune et Risler aîné, d’un de ces pauvres êtres voués dès leur naissance aux hasards les plus cruels de la vie, aux répulsions les plus imméritées de la société. […] Cependant défilent devant lui peints d’une touche magistrale, les types les plus frappants de la société pétersbourgeoise. […] J’avoue que je ne goûtais pas une société si intime ; la figure d’une telle amie me revenait peu ; d’autre part, cet être prudent, observateur, qui certainement ne prodiguait pas sa confiance, était venu là me dire : « Eh ! […] Cela est si vrai qu’un historien allemand a dit, dans un livre sur la guerre, que l’ennemi avait trouvé plus de patriotisme dans le clergé catholique que dans les classes diverses de la société.
Sans remonter si loin, jugez donc la femme française d’après nos écrivains romantiques : la malheureuse, ils l’ont faite mélodramatique, se tordant les bras, rugissant, mordant, tout comme nos contemporains l’ont faite idiote, hystérique, vase à tous vices, opprobre de la maison, de la société, de la famille. […] La vie dégradante du banal tripot n’a heureusement pas flétri son intelligence ; dès qu’il en est sorti, son esprit assoupi se réveille, et une valeur intellectuelle est rendue à la société. […] On passe sa vie à refréner en eux ces tendances, à leur apprendre à les masquer, à leur enseigner le mensonge, l’hypocrisie et on s’étonne ensuite de voir cette même hypocrisie étaler partout sa lèpre honteuse, triompher, ronger la société : — l’hypocrisie est la matière première dont on fabrique la créature humaine ! […] Celui-ci lui montre tour à tour les célébrités du jour : J’eus bien au commencement, les dimanches, la société de quelques garçons de café, mes compatriotes ; mais leur beau langage et leurs aperçus sans fin sur les grands hommes qui fréquentaient leurs divans et dont ils parlaient familièrement ne m’intéressaient guère. […] En suivant cette femme galante, cette incomparable artiste, depuis le jour où elle apprend à danser en regardant chez le voisin jusqu’au moment de sa mort, on est comme l’hôte de toutes les sociétés depuis Louis XV, Louis XVI, la Révolution et le commencement de l’Empire.
Lavedan n’a-t-il voulu voir les choses que comme elles sont, sans les aggraver pour « l’effet », nous présentant, à côté des écervelées et de celles qui tourneront à gauche, des jeunes filles dignes de ce nom et qui sont comme la réserve de notre société. […] Et c’est justement au nom de cette société que l’on croit respecter et qu’on outrage que s’élève le romancier avec l’éloquence d’un poète. […] J’avoue qu’avant d’avoir lu l’Enfermé, je ne considérais guère Blanqui que comme un grand organisateur de sociétés secrètes rampant dans l’ombre et régulièrement jeté en pleine lumière et en Cour d’assises par quelqu’un de ses affidés. […] Le Blanqui promenant ses regards, ses suppositions, à travers les espaces infinis, me paraît bien supérieur à celui qui usait sa vie dans de sombres conspirations ; une seule chose m’étonne, c’est qu’après qu’il eut si longtemps regardé en haut quand il était prisonnier, il ait consenti, libre, à rentrer dans les bas-fonds où s’agitent les sociétés secrètes et les intrigues de la politique. […] Je n’ai pas à m’occuper de la haute valeur scientifique de ce livre, je me contenterai d’en signaler les conclusions philosophiques, qui me semblent intéressantes à enregistrer en ce moment où l’athéisme est devenu une sorte de sport à l’usage de ceux qui ont entrepris la tâche de réformer la société, sans se demander ce qu’il en adviendrait du jour où ils auraient réussi à lui retirer l’axe autour duquel elle gravite, c’est-à-dire : l’idée de Dieu.
Et aux politiciens de circonstance, aux Thiers, il oppose Lamartine, un politique aux grandes vues, aux envolées de la pensée à travers l’avenir, et qui fut un prophète miraculeux de tout ce qui est advenu depuis sa mort, dans notre vieille société. […] Mercredi 20 mars Un homme du monde disait très justement, que pour être bien venu dans la société, il fallait chez l’homme, une moyenne d’esprit, de cœur, d’honnêteté. […] Et il cause longuement de cette société, toute appuyée sur le passé, me citant, à propos du Tonkin, la demande par la France, de la cession d’un territoire, où toutes les paroles dites aux Chinois, pour prouver la convenance de cette cession, avaient été vaines, quand on rappela, que ce territoire avait été cédé autrefois par un ancien empereur.
C’est un fait d’expérience vulgaire, à qui a un peu fréquenté dans toutes les classes de la société, qu’il n’y a aucun rapport entre l’intelligence et l’instruction. […] Les sociétés n’ont pas le choix. […] La société ne peut pas à chaque crime instituer un nouveau débat philosophique ni se mettre à trancher des questions qui, dès qu’il y eut des hommes qui pensèrent, troublèrent la pensée humaine. […] Cette société est d’autant plus facile à concevoir, qu’elle existe : une bonne partie des couples humains, dans les grandes villes, se passe du mal égal. […] Si le malade est un aliéné dangereux, nous le mettrons dans la situation de ne pas nuire à la société ; s’il n’est que malade, nous nous essaierons de le guérir.
Et c’est avec ce bon sens que Molière s’est attaché à montrer quels sont les devoirs de l’époux, des parents et des enfants, et, de cette sorte, les devoirs essentiels de la société humaine. » M. […] Je n’ai pas pensé que j’étais trop austère pour une société domestique. […] Il y eut, dans quelques sociétés littéraires, des discours prononcés, et le Mercure galant 52 nous a conservé le texte de l’oraison funèbre que Cléante (c’était sans doute de Visé) composa en l’honneur de Molière. […] — la réalité semble les avoir au moins en partie dissipées. « Je vous donne, écrit-il à sa femme, les gens de Limoges pour aussi fins et aussi polis que le peuple de France. » C’est au palais épiscopal que se réunissait alors l’élite de la société limousine. Admis à Paris dans l’intimité de la célèbre marquise de Lafayette, et sans doute déjà lié avec l’évêque de Limoges, oncle de cette dame, La Fontaine y fut à portée d’observer de près et à loisir cette société.
« Au reste, si cette disposition est plus fréquente chez les classes travailleuses que chez les classes oisives, parce qu’elle est inséparable de l’emploi du temps, de l’exercice et du travail, elle est aussi bien plus générale dans les sociétés jeunes encore que chez celles qui sont arrivées aux derniers raffinements de la civilisation. […] Cela, me disais-je, ne peut se passer se maintenir de la sorte que dans un ordre de société où cette rapidité dévorante ou futile, cette banalité qu’on appelle la mode ou la gloire, n’a pas flétri et usé les vertus.
Ainsi vêtu d’habits conformes à la hauteur de mes pensées, j’entre avec dignité dans la société antique des grands hommes d’autrefois, où, accueilli amoureusement par eux, mes semblables, je me nourris de la seule nourriture qui est faite pour moi et pour laquelle je suis fait moi-même. […] À ce moment le carbonarisme s’emparait souterrainement de son armée ; le carbonarisme était une société secrète, une conspiration permanente dont il est difficile de définir les doctrines : c’était un jacobinisme modéré, mais ténébreux, qui couvait dans l’ombre et qui affiliait dans le vague ; son cri de guerre était la Constitution espagnole arrachée à Ferdinand VII par l’insurrection soldatesque de l’armée de Cadix.
IX Le lendemain, je me hâtai de prendre possession de mon droit de faveur, et de m’installer, comme un hôte respectueux, dans cette société de marbre. […] La culture la plus intelligente ne saurait jamais remplacer ce mouvement naturel et spontané d’une société qui tend à faire de l’art la principale affaire de tout un peuple et la suprême expression de sa vie nationale.
Pour trouver nous-même plus de plaisir au retour de la société, nous resterons seul jusqu’au souper : d’ici là, que Dieu soit avec vous ! […] Dans les anciens temps, avant que des lois humaines eussent purgé de crimes les sociétés adoucies, oui vraiment, et même depuis, il s’est commis des meurtres trop terribles pour que l’oreille en supporte le récit ; et l’on a vu des temps où, lorsqu’un homme avait la cervelle enlevée, il mourait, et tout finissait là.
La religion a été, dans la société du xviie siècle, la source vive de la parole publique ; et, comme le faisait très bien remarquer M. […] Chose curieuse, ce que ce prêtre a le moins vu, c’est la force et l’influence de la religion dans la société antique ; mais personne, avant Fustel de Coulanges, ne le verra davantage.
Un Journaliste, en faisant l’éloge de ces discours, trouvoit que l’auteur manquoit un peu de cette chaleur oratoire qui distingue les chaires chrétiennes des sociétés académiques. […] L’Académie françoise & plusieurs autres Sociétés littéraires ont donné un choix des discours qu’elles ont couronnés ; le détail en seroit trop long ; ces sortes de livres sont d’ailleurs fort communs.
Nulle science digne de ce nom ne se borne à l’observation, à l’analyse et à la description des faits ; toutes les sciences, quel qu’en soit l’objet, que ce soit la nature, l’homme ou la société, ne s’arrêtent point dans leurs recherches avant qu’elles n’aient découvert et formulé les lois qui régissent les phénomènes. […] Ce qui n’est pas douteux, c’est que la constitution ou la conformation de l’organe entre pour une large part dans l’explication de l’état supérieur ou inférieur de la vie psychique, quel que soit d’ailleurs le rôle des causes morales, comme l’éducation, l’habitude, la société.
Dans les temps qui ont précédé et suivi la Terreur, sous la Constituante, sous le Directoire, sous le Consulat, il y a eu de tels hommes ; il serait curieux d’en pouvoir étudier de près quelques-uns, et dans leurs mémoires, dans leur correspondance, de pouvoir montrer ces preuves de bon conseil et de rare jugement qui les recommandaient de près, même aux adversaires, et qui les ont ensuite naturellement portés aux premiers rangs civils dans la société rétablie.
Aujourd’hui, avec le nouvel état du monde, dans une société plus également morale en son milieu, nous qui ne sommes pas près de Versailles (dans le sens où l’était Saint-Cyr), il nous semble qu’il est quelquefois permis de se récréer d’un chant, d’une fleur, d’une joie d’imagination, mêlée aux choses du cœur, dans une éducation même de l’ordre le plus moral.
Certes, M. de Lamartine a rendu en 1848 à la société des services dont il serait ingrat de perdre le souvenir ; mais littérairement, depuis des années, soit qu’il écrive l’Histoire de Turquie, soit qu’il emprunte celle de Russie à M.
Les derniers écrits de M. de Laprade sont donc empreints d’une certaine hostilité générale contre le développement de la société moderne ; il y perce même desaccents d’un aigreur particulière encore plus marquée.
En un mot ; il y a dans la masse de la société des résultats généraux qui viennent de très-loin, qui sont le produit de plusieurs siècles de raisonnement, d’analyse et de bon sens émancipé, de morale religieuse sécularisée, le produit des découvertes positives en astronomie, en physique, etc.
On vécut là-dessus, et les corrections littéraires du chevalier, ajoutées aux suppressions et aux retranchements que Mme de Simiane avait cru devoir faire en vue de la morale et de la société, eurent force de loi.
Le marquis de Belloy est un de ces hommes d’esprit qui, dans l’ancienne société et au xviiie siècle, aurait été poète et homme de lettres, tout comme il l’est de nos jours ; il a eu de bonne heure le signe et la vocation.
Ce ministre, si maître dans l’art de la société, « et qui en a su si bien user, tantôt pour imposer à ceux qu’on voulait détruire, et pour les déconcerter, tantôt pour attirer à lui ceux dont on voulait se servir », le reçut assez froidement.
Si l’on excepte les relations officielles, il vivait d’ailleurs dans le courant de société le plus opposé à l’Empire, et dans quelques-uns de ces salons de Paris où le maître de l’Europe ne régna jamais.
Cependant il s’est trouvé que bientôt après M. de Chateaubriand, qui avait vu l’Amérique, a écrit éloquemment dans ce genre ; Mmede Staël paraît avoir aussi senti l’étendue de nos pertes, mais la société a détourné ses idées ; l’intention de jouer un rôle absorbe toutes celles de M. de Chateaubriand : le dénûment rendra les miennes inutiles. « C’est ainsi que dans tous les genres tout reste à recommencer sur la terre. » Une partie de ces remarques a pu être imprimée déjà, mais on a ici la pensée au complet et dans toute sa sincérité.
La Bruyère : De la société et de la conversation.
Cependant elle est si bien ancrée dans leur pensée, qu’ils ont un syndicat et un cercle, et sont formés en société professionnelle comme d’autres corps de métier.
On en peut conclure qu’ils étaient en société, comme c’était l’usage pour les artistes de cette époque ; et, malgré la qualification donnée à Scaramouche, il ne semble même pas qu’il y ait eu parmi eux un véritable chef, comme l’était Molière, par exemple, parmi les siens.
La jeune femme a puisé dans son éducation et dans la société de son mari les pures doctrines du xviiie siècle ; elle est incrédule, matérialiste, athée même ; cela ne l’empêche pas d’être très liée avec M. de Bonald, et c’est un jour, pour lui complaire, que le poète des Méditations aurait commis innocemment, sans trop savoir ce qu’il faisait, cette ode au Génie, dédiée au grand adversaire de la liberté.
Un roi n’est pas seulement un individu, c’est un homme général qui résume toute une société.
— et qu’il fût d’Église, dans ce pays qui ne croit plus à l’Église, il fit longtemps partie d’une société peu ecclésiastique, qui s’intitulait la Société des Démoniaques à Crazy-Castle (en français : Château détraqué), la résidence de Hall Stevenson, un ami chez lequel on commençait déjà ces orgies dérisoires, — monacales et funèbres, — qui se sont plus tard continuées chez Lord Byron.
Mais pour bien juger ce prince, il ne faut consulter ni les éloges même qui, adressés par des sujets à des rois, sont de même valeur que les compliments de société, entre les particuliers ; ni les cris des protestants, à qui peut-être il n’avait vendu que trop cher le droit de le haïr ; ni les papiers des Anglais, qui le redoutèrent trop pour consentir à l’estimer ; il faut consulter l’histoire et les faits.
La cause en est facile à trouver dans l’histoire morale et civile de la société romaine.
Ce que voyant, la belle société parisienne, qui n’est jamais plus heureuse que lorsqu’on lui fournit, pour rien, une passion nouvelle, se mit à adopter avec fureur cette petite fille qui, d’un air si joyeux, improvisait ses plus touchantes élégies. […] La société française est en péril, sauvons-la d’abord, les poètes chanteront ensuite ; à moi les hommes d’État, les soldats et les travailleurs ; les poètes viendront plus tard. […] Le suicide à grand appareil est le pire de tous ; Chatterton, déclamant contre la société qui ne lui a fait aucun mal, me fatigue et me déplaît. […] heureux état de ces âmes pacifiques et toutes remplies de la sécurité d’une société régulière, sous une loi facile, dans une patrie honorée ! […] Il appartenait, par son style, par son ironie facile, par sa moquerie ingénieuse, par ce coup d’œil net et rapide jeté sur les hommes et sur les choses, à l’école voltairienne ; seulement, dans la grande lutte qui a partagé et qui partage encore la société européenne, M.
Non seulement elle a maîtrisé la société nouvelle, mais elle est devenue cette société même, ou quelque sorte, et elle s’échauffe encore à cette vie intense dont elle lui a donné la première étincelle. […] La science, qui vient au-devant de nous par tant de voies, nous empêche de comprendre l’indigence intellectuelle d’une société où n’existait point encore ce messager de toutes les idées, le livre. […] L’image qui nous semble la plus juste pour peindre la manière dont on procéda à la reconstruction générale de la société n’est pas beaucoup plus neuve. […] On n’a pas le temps de se reposer quand on s’est voué à l’éducation du genre humain, à la refonte générale de l’homme et de la société, de la nature même. […] Dans l’art comme dans la société, que tout tende à la suppression radicale des classes et des catégories.
Il s’est, dans ses plus récentes productions et tout en conservant ses qualités de pénétration et de finesse, adonné à la peinture des élégances et des distinctions de la société parisienne. […] Surtout manqua cette notion indubitable : que, dans une société sans stabilité, sans unité, il ne peut se créer d’art stable, d’art définitif. […] Pour moi, le cas d’un poète, en cette société qui ne lui permet pas de vivre, c’est le cas d’un homme qui s’isole pour sculpter son propre tombeau. […] Car moi, au fond, je suis un solitaire, je crois que la poésie est faite pour le faste et les pompes suprêmes d’une société constituée où aurait sa place la gloire dont les gens semblent avoir perdu la notion. L’attitude du poète dans une époque comme celle-ci, où il est en grève devant la société, est de mettre de côté tous les moyens viciés qui peuvent s’offrir à lui.
Mais ce sens peut quelquefois être transposé, ce qui arrive avec la conditionnelle si, qui peut fort bien commencer un discours ; si vous êtes utile à la société, elle pourvoira à vos besoins. Ces deux phrases sont liées par la conjonction si ; c’est comme s’il y avoit, la société pourvoira à vos besoins, si vous y êtes utile. […] Toutes ces idées abstraites supposent un grand nombre d’idées particulieres que ces mêmes Philosophes comptent parmi les idées acquises : par exemple, comment peut-on savoir qu’il faut rendre à chacun ce qui lui est dû, si l’on ne sait pas encore ce que c’est que rendre, ce que c’est que chacun, & qu’il y a des biens & des choses particulieres, qui, en vertu des lois de la société, appartiennent aux uns plûtôt qu’aux autres ? […] Ces mots considérés relativement à la société où ils sont en usage, & regardés comme formant un ensemble, sont ce qu’on appelle la langue de cette société. […] Comme la société civile ne sauroit employer trop de moyens pour faire naître dans le coeur des hommes des sentimens, qui d’une part les portent à éviter le mal qui est contraire à cette société, & de l’autre les engagent à pratiquer le bien, qui sert à la maintenir & à la rendre florissante ; de même l’art de la parole ne sauroit nous donner trop de secours pour nous faire éviter l’obscurité & l’amphibologie, ni inventer un assez grand nombre de mots, pour énoncer non seulement les diverses idées que nous avons dans l’esprit, mais encore pour exprimer les différentes faces sous lesquelles nous considérons les objets de ces idées.
On sait qu’une des abominations de notre société issue du christianisme et régénérée par la Révolution, c’est que la femme a deux fois plus de peine que l’homme, — et cela est beaucoup dire, — à gagner son pain. […] Le mariage est pour les gens qui ont « une situation. » Provisoirement, Rosine et Georges se sentent un peu en dehors de la société régulière ; elle, victime des préjugés et de l’hypocrisie paysanne ou bourgeoise ; lui, disposé à se croire dupé par une société dont il tient des diplômes entièrement illusoires et inutilisables. […] La Vie de Bohème leur plaît par des apparences de révolte contre la société régulière. […] L’égoïsme est dans la société, la bienfaisance est sur la scène : les malheureux n’en entendent point parler, parce qu’ils ne vont point à la comédie. » Il sent très bien l’énormité de Shakspeare, et surtout en quoi Shakspeare est vivant. […] Il y faudrait une société parfaitement oisive et sans besoins, un monde idéal de cours d’amour.
IV Voyons d’abord comment la nature et la société avaient formé ces deux hommes d’élite presque contemporains, Shakespeare et Molière. […] Je n’ai pas pensé que j’étais trop austère pour une société domestique. […] Bien qu’on soit deux moitiés de la société, Ces deux moitiés pourtant n’ont point d’égalité : L’une est moitié suprême, et l’autre subalterne ; L’une en tout est soumise à l’autre qui gouverne ; Et ce que le soldat, dans son devoir instruit, Montre d’obéissance au chef qui le conduit, Le valet à son maître, un enfant à son père, À son supérieur le moindre petit frère, N’approche point encor de la docilité, Et de l’obéissance, et de l’humilité, Et du profond respect où la femme doit être Pour son mari, son chef, son seigneur et son maître24.
Il laissa les êtres, docilement, accomplir leur destin, s’harmoniser dans leur milieu et dans la société. […] Mais des circonstances, des fléaux, des migrations inévitables modifient les caractères et les existences. — Un homme qui épanouit en lui, additionne et accumule des instincts héréditaires, se trouve, par le hasard de sa nativité et les péripéties de la vie dans une contrée et une société, étrangères le plus souvent à son destin et à sa race. […] Le tort de son roman expérimental est de n’être qu’une étude dans laquelle il examine les influences que peut recevoir un homme civilisé de l’éducation familiale ou religieuse, les déformations que lui feront subir l’entourage, la société ou l’atavisme.
Il ne fallait rien moins que tant de jeunesse, de vie et de beauté dans les hôtesses de ce palais, pour qu’un tel séjour n’assombrît pas notre société de plaisir. […] me dit Léna à la fin de la soirée, en s’efforçant de provoquer un sourire de mes lèvres par un demi-sourire de son beau visage. — Moi, dis-je, je n’y pense déjà plus ; mais je penserai éternellement à la scène et à la société où j’ai écouté ces badinages d’un grand poète !
Rousseau d’Athènes, possédant un style admirable pour les chimères, mais n’ayant pas la moindre connaissance des hommes, ni le moindre tact des réalités, et donnant à sa république idéale des lois en perpétuelle contradiction avec la nature humaine et avec la fondation, la conservation et le but des sociétés. […] Mais nous allons encore lire ensemble la Politique de Platon, pour convaincre l’esprit humain de sa vanité et de son inconséquence, une fois qu’il veut appliquer au gouvernement des sociétés les chimères de ses sophismes.
Le premier jour, en 1833, où je fus admis dans la Société des amis des noirs, société de vertueux et honnêtes citoyens, je demandai la parole et je démontrai aisément le vice radical de nos réclamations : « Vous voulez, dis-je le premier à mes collègues, une transformation du travail forcé en travail libre ? […] L’alliage, le mensonge de la société n’entrent pour rien dans son caractère et ses mœurs.
Dimanche 2 mai L’ennui des yeux, avec une bouche qui dit les phrases les plus stupidement admiratives, et avec des mains, — des mains de jolie femme, s’il vous plaît — qui ont des maladresses et des lourdeurs de patte de rustre : c’est à quoi l’on reconnaît chez les femmes de la société, la prétention de paraître aimer l’objet d’art, sans en avoir la moindre connaissance, même la moindre curiosité. […] C’est là un caractéristique symptôme d’une fin de société, et ça ferait bien, comme terminaison d’un roman sur le grand monde.
Quelle que soit la portée satirique de ces œuvres, — et quand on la réduirait à ce que toute peinture de mœurs enferme nécessairement de moquerie, puisque enfin nous ne sommes pas des anges, — ce sont des œuvres « populaires », où toute une classe de la société s’est fait comme qui dirait une littérature à son image, et dont elle s’amuse. […] Rapports de « l’épopée psychologique » (Gaston Paris) de Guillaume de Lorris avec l’« épopée animale » du Roman de Renart. — Comme les auteurs de Renart ont personnifié dans leurs animaux les vices de l’humanité, ainsi fait Guillaume de Lorris, en son Art d’aimer, des nuances de l’amour. — Sa conception de l’amour ; — et ses rapports avec celle de la « poésie courtoise ». — Son habileté dans le maniement de l’allégorie ; — et qu’elle ne doit pas avoir été la moindre raison du succès du Roman de la Rose. — Pour toutes ces raisons le Roman de la Rose peut être considéré comme l’expression idéale des sentiments de la même société dont le Roman de Renart est la peinture satirique.
Charlemagne, plus Franc que Gaulois, en remettant définitivement à l’église le soin de fixer et d’organiser la société barbare, termine cette première époque et commence la seconde. […] Plus heureuse, la révolution française, née en même temps que la révolution philosophique de l’Allemagne, partie à peu près du même point, de la déclaration des droits primitifs et éternels de l’homme indépendamment de toute société, de toute histoire, comme l’autre des lois pures de la raison humaine indépendamment de toute expérience, proclamant également et le mépris du passé et les espérances les plus orgueilleuses, a parcouru, en quelques années, ses vicissitudes nécessaires, et nous la voyons aujourd’hui arrivée à son terme, tempérée et organisée dans la charte qui nous gouverne.
Renoncer au monde, si l’on prend le précepte dans son esprit, c’est faire en toutes choses une part à la vie et une part à la mort, et cela jusqu’au dernier soupir. » — Dans la première partie de son explication, Töpffer n’a pas assez senti, je le crains, tout le mystère de la vie cachée, de la vie des antiques ermites et des Pères du désert ; mais il est impossible de mieux faire la part de l’homme de la société et du père de famille mourant.
M. de Tréville, dont il m’arrive de parler quelquefois et qui était un personnage considérable aux yeux de la société d’alors, venait de retomber dans des habitudes mondaines après quelques années de retraite et d’austérités.
[NdA] « Il fut l’introducteur des Provinces-Unies dans la société politique du xviie siècle. » C’est ainsi que le caractérise M.
Mais moralement il retrouve ses avantages ; il s’efforce à tout moment de rendre son commentaire utile en l’appliquant à notre temps, à nous-mêmes, aux vices de la société et à la maladie de nos cœurs : « Bossuet est surtout l’homme de l’âge où nous sommes », pense-t-il ; et il en donne les raisons, qui sont plutôt de sa part d’honorables désirs que des faits manifestes et concluants pour tous.
La société italienne lui convenait peu ; au milieu d’un agrément extérieur, il n’y trouvait pas la satisfaction intime, ni ce sentiment de sévérité et de vertu que son éducation protestante lui rendait plus nécessaire que cela n’arrive habituellement chez les artistes.
Que l’humanité soit conduite à la conquête de la terre par la colonne de nuages ou par la colonne de feu, elle marche : bénissons la Cause directrice qui assortit les moyens à l’état de nos sociétés, et que notre courte sagesse s’incline devant la Sagesse profonde qui dirige au même but ce que nous appelons l’erreur et ce que nous appelons la vérité !
Mais cette continuité d’usage et de ton dans la société cesse vers le moment où Louis XIV finit : au xviie siècle, en remontant, c’est tout un ancien, tout un nouveau monde.
Un homme plus jeune, sorti comme Ginguené de la philosophie du xviiie siècle, et qui tenait par ses habitudes premières à la société d’Auteuil, Fauriel était destiné à opérer ce changement profond dans le goût, je ne dirai pas du public, mais de tous les littérateurs instruits et de la portion la plus éclairée de la jeunesse française.
En regard du Bonstetten de vingt-quatre ans que Gray vient de nous montrer dans toute sa fougue et sa gentillesse, et dont il a peur en même temps qu’il en est charmé, représentons-nous celui que Zschokke a dépeint à bien des années de là, « d’une taille un peu au-dessous de la moyenne, mais fortement constitué, trahissant par la grâce et la noblesse de ses manières l’habitude d’une société choisie, le visage plein d’expression, d’un coloris frais et presque féminin, le front élevé et d’un philosophe, les yeux pleins d’une souriante douceur, tout à fait propre à captiver, et tel, en un mot, qu’après l’avoir vu une fois, on ne l’oubliait plus ».
. — Mais pour nous qui n’avons ici qu’à parler de littérature, il est impossible de ne pas noter un tel moment mémorable dans l’histoire morale de ce temps, de n’y pas rattacher le talent de Guérin, de ne pas regretter que l’éminent et impétueux esprit qui couvait déjà des tempêtes n’ait pas fait alors comme le disciple obscur, caché sous son aile, qu’il n’ait pas ouvert son cœur et son oreille à quelques sons de la flûte pastorale ; qu’au lieu de se déchaîner en idée sur la société et de n’y voir qu’enfer, cachots, souterrains, égouts (toutes images qui lui reviennent perpétuellement et qui l’obsèdent), il n’ait pas regardé plus souvent du côté de la nature, pour s’y adoucir et s’y calmer.
Mais enfin, s’il veut bien considérer que la société n’est pas faite uniquement pour donner exercice et matière à tous nos talents, à toutes nos aptitudes, même à celles de luxe, il sera plus indulgent.
Pourvu qu’il dorme, qu’il rie, qu’il adoucisse son tempérament, qu’il aime les jeux de la société, qu’il prenne plaisir à aimer les hommes et à se faire aimer d’eux, toutes les grâces de l’esprit et du corps viendront en foule pour l’orner. » Mais après les avertissements et les réprimandes, voici les satisfecit aussi bien imaginés, aussi bien tournés dans leur genre, et de la plus fine louange.
Moi profane, à le rencontrer dans la société, je l’aurais cru des plus heureux comme artiste et tout à fait comblé : je sens aujourd’hui pourquoi il ne l’était pas.
Soldat, aventurier, esclave algérien, employé de finance, prisonnier, romancier, c’est un Gil Blas, mais un Gil Blas assombri, et qui n’est pas destiné à s’écrier comme l’autre dans sa jolie maison de Lirias : Inveni portum… » C’est étrangement rabaisser Cervantes (toujours d’après notre auteur), que de soutenir qu’il a employé la fleur de son génie à combattre l’influence de quelques romans de mauvais goût, dont le succès retardait sur les mœurs du siècle et n’avait plus aucune racine dans la société d’alors : « Ce que je crois plutôt, s’écrie le nouveau commentateur, qui a lu son Don Quichotte comme d’autres leur Bible ou leur Homère, et qui y a tout vu, c’est que le chevaleresque Cervantes, qui s’était précipité dans ce qui, à la fin du xvie siècle, restait de mouvement héroïque, dut se sentir abattre par le désenchantement d’un croyant plein de ferveur qui n’a pas trouvé à fournir carrière pleine, qui dans l’exagération de son idéal s’est heurté et blessé contre les réalités, et qui, après avoir été contraint d’abdiquer l’action, s’est condamné à une retraite douloureuse, s’est réfugié dans ses rêves, et en dernier lieu, dans un testament immortel, lance à son siècle une satire qui n’était pas destinée à être comprise de ce siècle et dont l’avenir seul était chargé de trouver la clé. » Et nous adjurant à la fin dans un sentiment de tendre admiration, essayant de nous entraîner dans son vœu d’une réhabilitation désirée, l’écrivain, que je regrette de ne pas connaître, élève son paradoxe jusqu’aux accents de l’éloquence : « Ah !
Cette année même, le cours se continue et portera sur les temps modernes à dater du xv° siècle : celui de l’hiver dernier embrassait toute l’Antiquité et la barbarie jusqu’à la reconstitution de la société et au Moyen-Age inclusivement.
Sa personne même et le choix d’un tel représentant étaient bien faits pour rassurer la société européenne réfugiée à Bade pendant l’été de 1848.
A voir un poëte du peuple occuper et, selon eux, usurper ainsi l’entière renommée, de jeunes et beaux esprits provençaux s’étaient dit qu’ils avaient, eux aussi, un passé et un avenir ; ils se mirent de parti pris à remonter aux sources, à les rechercher et à étudier, tout en chantant ; ils fondèrent cette union de poëtes, la société des Félibres, assez singulièrement nommée, mais qui s’est justifiée et démontrée par ses œuvres : l’un d’eux, Mistral, charmant poëte, esprit cultivé et resté en partie naïf, s’est d’emblée tiré du pair et illustré par la pastorale de Mireïo.
67 Lorsque le petit-fils de Fouquet, M. de Belle-Isle, âgé de seize ans, vint à Paris, jeune homme de bonne mine, ayant « de l’esprit, du tact, les sentiments et les façons d’un vrai gentilhomme », grandement apparenté d’ailleurs, allié aux Lévis et aux Charost, l’intérêt de la société se porta sur lui ; on ne pensa à rien moins d’abord qu’à le faire entrer dans les mousquetaires du roi : on y réussit.
Il me reproche deux graves erreurs : d’avoir dit (ce que je n’ai ni dit ni pensé) qu’aucune société ne peut subsister sans la religion catholique, et d’être peu sensible à la beauté des gouvernements représentatifs.
Une telle épopée, on le sent, aurait le caractère des épopées dans les sociétés et les littératures civilisées, c’est-à-dire qu’elle serait d’un homme et non de tous, qu’elle ne se prêterait pas à être remaniée, fondue dans quelque rédaction postérieure. « Pourquoi, » dit M.
C’est une conversation douce et choisie, d’un charme croissant, une confidence pénétrante et pleine d’émotion, comme on se figure qu’en pouvait suggérer au poëte le commerce paisible de cette société où une femme écrivait la Princesse de Clèves ; c’est un sentiment intime, unique, expansif, qui se mêle à tout, s’insinue partout, qu’on retrouve dans chaque soupir, dans chaque larme, et qu’on respire avec l’air.
De l’amour de la gloire De toutes les passions dont le cœur humain est susceptible, il n’en est point qui ait un caractère aussi imposant que l’amour de la gloire ; on peut trouver la trace de ses mouvements dans la nature primitive de l’homme, mais ce n’est qu’au milieu de la société que ce sentiment acquiert sa véritable force.
Mais comme le monde n’a souci d’éruditions et suit son plaisir, il ne remonte point aux temps antérieurs ; une tradition mondaine, en fait de jugements littéraires, ne commence à se former que dans les dernières années de Malherbe, et c’est à partir du xviie siècle seulement que se constitue et s’enrichit peu à peu dans l’opinion de la société polie le dépôt des chefs-d’œuvre de notre littérature classique.
Ces événements du 2 Décembre, qu’il jugeait en homme qui considère avant tout le salut de la société européenne et celui de la patrie, et qui croit « que la civilisation ne marche d’une manière utile et prompte que lorsqu’elle est l’effet de la volonté du pouvoir », contribuèrent pourtant à précipiter sa fin.
On a souvent raconté comment il échoua auprès de Ducis, qui refusa tout, le Sénat, la Légion d’honneur : Je suis, disait-il, catholique, poète, républicain et solitaire : voilà les éléments qui me composent, et qui ne peuvent s’arranger avec les hommes en société et avec les places… Il y a dans mon âme naturellement douce quelque chose d’indompté, qui brise avec fureur, et à leur seule idée, les chaînes misérables de nos institutions humaines.
On croit sentir chez Zola une manière de rancune amère contre une société, contre un genre humain plutôt, qui ne lui a pas fait tout de suite la place de premier rang à laquelle il avait droit comme de plain-pied.
Il en est d’autres encore, tels que celui des écrivains mercantiles, des auteurs de contes pour les enfants, des feuilletonistes écrivant pour une classe définie de la société, des peintres et des musiciens soucieux de plaire au public plus qu’à eux-mêmes, en un mot des artistes qui emploient certains moyens ou certains effets, non pas d’instinct, mais volontairement, et dans un but étranger à l’art ; il sera facile de se tirer d’affaire pour les œuvres de cette sorte, en considérant qu’elles n’intéressent que par la personnalité qu’elles affectent de manifester et qu’il sera toujours facile de distinguer.
Sa doctrine ne se faisait jour que dans un cercle assez étroit, dans une petite société philosophique dont il était le président, et dont les habitués n’étaient rien moins que M.
Qu’un méchant soit en société, qu’il y porte la conscience de quelque infamie secrète ; ici il en trouve le châtiment.
Le char roule et écrase des monstres symboliques du méchant, du perturbateur de la société.
III Il y a en tout six nouvelles dans le recueil, et ce qui les relie entre elles et leur donne l’unité d’un livre, c’est précisément cet indélébile paganisme qu’elles expriment à travers les formes d’une société et d’une civilisation chrétiennes.
D’abord, il y a dans l’Ecole des Femmes une thèse, une question débattue, et une question grave et dont la solution importe à la société tout entière. […] Hatzfeld dit : « Si Molière est dur, c’est que la Comédie est dure par définition, puisque son objet est de rendre risibles des choses qui sont souvent tristes dans leur fond ». — Le jeune homme de vingt ans me dit (et l’idée est singulière) : « Si la bonté est absente du théâtre de Molière, c’est que ses personnages représentent la société, et que ceux-là seulement sont bons qui sont tout près de la nature : témoin Agnès dans la première partie de son rôle ». […] Il ne faut donc compter, parmi les causes qui ont déterminé la naissance de la comédie larmoyante, ni la décadence de la tragédie, — puisque cette décadence n’était point aperçue alors ou ne l’était que par quelques individus, — ni l’impossibilité d’approprier la tragédie au goût, aux mœurs, à l’esprit et aux exigences d’une société nouvelle, puisque, au contraire, nous pouvons constater presque partout cette appropriation. […] « C’est qu’il n’y a plus de caractères, ou bien ils sont impossibles à découvrir ; il faudrait courir douze ans la province, comme Molière, pour trouver des originaux comiques ; et, à Paris, la vie de société absorbe et efface tout ». […] Il lui reste d’avoir voulu démocratiser le théâtre et y proclamer une égalité qui allait passer bientôt de la scène à la société.
Il y a une société, puissante et riche, vouée exclusivement à son culte. […] En société, il est plutôt ridicule qu’agréable. […] Pour mieux comprendre, relisez quelques-unes des « chansons de société » qui datent de cette époque, entre autres la petite pièce intitulée : Les bons vivants de Weimar. […] Si, au contraire, je ne leur appartiens pas davantage, à eux et à la société ? […] Jugez-en par ces échantillons, que je prends presque au hasard : […] La société des femmes est la source du bon usage […] […] Personne n’a de plus grands avantages, dans la vie en général comme dans les relations de société, qu’un militaire cultivé.
On peut même, tous les trois ou quatre ans, entendre à Paris un de ses derniers quatuors (au moins en partie), exécuté par une société spéciale qui le joue tout à fait à la manière d’un quatuor de M. […] La nature avec ses chatoyantes féeries, le spectacle rapide et coloré des nuages, et les sociétés humaines effarées, ce sont rêves de l’âme : réels, mais tous rêves ne sont-ils point réels ? […] Le jeu des nuages dit au poète les révolutions des atomes, les conflits des sociétés, et le choc des passions. […] Mais les théories générales sur la société ne peuvent satisfaire, par elles seules, une âme noblement créatrice. […] Et, désormais, M. de Villiers ne s’épuisera plus à chercher une philosophie pratique de la société moderne.
De là, le goût vicié et l’influence de la vogue, qui soumet le talent aux caprices de la société. L’esprit de société rapetisse le mérite des écrivains ; l’esprit du public l’agrandit. […] L’entretien des plus hautes connaissances y devint l’emploi des loisirs de la meilleure société de Paris. […] (A) D’accord, Monsieur ; mais le jugement d’une société savante condamna ces mêmes défauts dans cette illustre tragédie. […] C’est de la compassion que relève la noblesse humaine : c’est elle qui rattache nos cœurs aux intérêts de nos semblables, à la prospérité de nos villes, à tous les mouvements de la société publique.
Il s’est inquiété sans doute des conditions dans lesquelles une société d’hommes doit être placée ou se placer pour être à peu près bien ; mais il s’est demandé encore plus ce qu’est l’homme et comment il doit être pour vivre à peu près heureux dans quelque société que ce soit. […] Il leur reproche leur inutilité sociale, sans songer que le thélémiste rabelaisien est inutile aussi à la société, et « ni ne garde la maison comme le chien, ni ne tire l’aloi comme le bœuf, ni ne produit laine et lait comme la brebis, ni ne porte faix comme le cheval » ; il leur reproche leur grossièreté, leur ignorance, leur malpropreté, leur couardise et leurs mauvaises mœurs. […] L’inquisition et la délation du haut en bas de la société, à la fois pour raison et sous prétexte de régénération morale, tel fut le système. Les « Anciens », sortes de censeurs à la mode de Rome, mais infiniment plus nombreux, surveillant et examinant la conduite des citoyens, ayant le droit de pénétrer à toute heure dans la vie privée, et faisant procès aux citoyens pour des infractions morales comme pour des crimes sociaux ; au-dessous d’eux une légion de délateurs leur rapportant tous les méfaits commis contre la loi, contre la religion, contre la morale et contre Calvin, ce fut l’organisation de la société génevoise à cette époque. […] Il avait vécu soixante et un ans, dix-huit dans les plaisirs, les voyages et les sociétés brillantes, sept dans l’étude et la claustration, vingt-cinq dans la gloire la plus enivrante que jamais poète ait goûtée, dix environ dans les mélancolies du déclin.
Effacez les hiérarchies, établissez dans les sociétés humaines l’égalité absolue, et à l’instant même ces sociétés commencent à s’acheminer vers la mort. […] Leur tyrannie brutale et grossière fera tache dans l’histoire de la civilisation, et s’il reste quelques prosélytes de ce passé humiliant, ils seront dans la société émancipée comme des hiboux qui fuient la lumière et poussent leur hululement solitaire dans la nuit. » Telle est la tonalité générale de ce livre que les gauchistes et les socialistes combattront certainement, mais qui me semble présentement résumer l’opinion de la majorité du pays. […] En vain les philanthropes ont-ils voulu les rapprocher de notre société, les y faire entrer par l’instruction, l’éducation, des moyens de communication comme une écriture que tout le monde devrait connaître, la fusion absolue ne s’est pas faite, et ceux qui sont privés de la vue doivent, en dépit de leur volonté, de leur intelligence, continuer à vivre entre eux, « emmurés » ensemble, comme le dit très justement M. […] Ce qui frappe dans celui que nous venons de lire, c’est que, malgré la situation plus que modeste que le ciel lui a faite, l’écrivain, inconnu hier, n’a jamais songé à se fâcher contre la société, acceptant toutes choses comme on accepte la pluie ou le beau temps, et contre lesquelles toutes rébellions, toutes protestations sont inutiles. […] « La revue marcha assez bien, avec cette seule remarque, que nous fîmes tous, de la présence de nombreux individus à visages insolents, portant tous un œillet rouge à la boutonnière ; évidemment le personnel des sociétés secrètes, prévenu, non de ce qui allait se passer, mais d’être prêt à tout événement.
Sa naissance et ses facultés naturelles semblaient le prédestiner à jouer un rôle brillant dans une société turbulente et sur une scène instable où l’occasion de se signaler s’offrait à tout le monde, excepté aux timides et aux médiocres. […] Ils fondent des sociétés, ils organisent des réunions où ils invitent l’archéologie, l’histoire, la géographie à fraterniser dans un dessein de germanisation amiable. […] Le génie colonisateur des Anglais a fait, de l’Australie, naguère abandonnée à quelques tribus sauvages, le siège d’une société de quatre millions d’âmes, qui vient inquiéter, jusque chez nous, notre marché industriel, commercial et agricole. […] Ils prévoient les risques où s’engagerait leur lignée si elle demeurait trop longtemps sous l’action d’une torpeur héréditaire, dans une société sans art, sans idéal, presque sans patrie. […] Le rebut malfaisant que toute nation contient s’échappe par toutes les fissures de la société vermoulue.
C’est cette angoisse qui, peu à peu, lui a rendu impossible toute société, c’est elle qui l’a chassé dix ans de pays en pays. […] Par sa mère et par son père, Walt Whitman a été un campagnard, mieux fait pour le libre travail solitaire que pour la société, et plus attentif à sa voix intérieure qu’à tous les bruits du dehors. […] Leur société était la seule où il se sentît à l’aise ; et son clair beau visage rustique, la douce franchise de ses manières, et le son tout féminin de sa voix lui donnaient sur ce monde de misérables un pouvoir de séduction extraordinaire. […] C’est parce que nous tournons avec la terre que nous ne sentons pas la terre tourner ; nous ne comprenons pas le mécanisme intérieur de notre société contemporaine parce que nous sommes nous-mêmes un de ses rouages. […] Inutile d’ajouter que, après avoir accusé Wagner de rendre la composition musicale impossible à ses successeurs en faisant produire à tous les artifices du métier leur maximum d’effet, Nietzsche se retourne dans sa brochure contre les antiwagnériens, proteste de son mépris pour tous les musiciens contemporains qu’on a prétendu opposer à Wagner, et affirme que, sans Wagner, la musique n’en eût pas moins été condamnée à périr, dans l’état nouveau de la société.
Nous revenons de Wiesbaden, où l’on a passé quelques jours après le gentil Schlangenbad et où il y avait une société russe très agréable. […] Mes supérieurs iront en voiture, moi à pied, nous serons toute une société. […] Un des ménages chics de Pétersbourg entre dans notre société ainsi que le vieux prince Ouroussoff dont la sœur, mariée à M. […] Les dames russes de notre société pensent que l’indifférence des deux petits princes allemands, dont je t’ai déjà parlé, me froisse. — Cette enfant gâtée, — dit Mme A., — qui est habituée à voir exécuter ses moindres caprices, est froissée de la froideur, apparente d’ailleurs, de ces Messieurs. […] Alors on fait un grand discours en trois points, bourré de conclusions qui prouvent toutes que notre société est pourrie et que l’immoralité de la nation française est telle que ce qui se peut très bien ailleurs ne se peut pas du tout en France.
Le goût est nécessairement mêlé, subordonné aux idées, et le seuil acte d’autonomie qu’il puisse faire, c’est d’accepter franchement la société et la suprématie de l’intelligence […] On dit que la société habituelle des choses de l’art n’est pas bienfaisante pour l’homme, et qu’à force de contempler ce qui est beau, les critiques comme les poètes finissent par oublier ce qui est pur.
Leur société m’est très agréable, parce qu’elle est douce, naturelle, simple, droite de cœur, vraie et franche. […] Qu’est-ce qui le décida cette fois à se détacher d’un séjour et d’une société intime qui le possédaient par tous les liens mystérieux de l’âme ?
» N’est-ce pas ce que Rousseau et Proudhon, et tous les utopistes inexpérimentés de la plume, pouvaient dire de la société humaine ? […] Elle était timidement gracieuse et trop dépourvue de volonté pour avoir jamais cherché à se faire remarquer en société.
Voici le portrait vrai, d’une touche très fine, qu’en fait madame Lenormant à cette date : « Madame Récamier trouvait d’ailleurs dans la duchesse de Devonshire la douceur d’une société intime et les plus agréables sympathies de goût et d’humeur. […] Elle a tout Rome à sa disposition : ministres, cardinaux, peintres, sculpteurs, société, tout est à ses pieds. » Et quelques jours plus tard, au moment où le pape expire et où le cardinal Consalvi meurt moralement avec le pontife son ami : « Nous sommes ici dans les plus tristes agitations.
X Tel apparaissait le château du Cayla, vieux nid démantelé, qu’habitaient encore les jeunes rejetons de l’ancienne famille, heureux et riches tant qu’ils ne le quittaient pas, pauvres et réduits aux dernières conditions de la société aussitôt qu’ils en sortaient pour chercher dans le monde leur ancienne place. […] On conçoit quelle mélancolie incurable devait être le fond des pensées de ces quatre ou cinq solitaires, riches de passé, dénués d’avenir ; condamnés à languir dans ce petit domaine, ou à être submergés par la loi de la société en sortant.
On aurait cru en le voyant qu’on avait changé d’époque et qu’on était introduit dans la société d’un de ces deux ou trois hommes naturellement immortels, dont Louis XIV était le centre, et qui se trouvaient chez lui comme chez eux, à son niveau, quoique sans s’élever ou sans s’abaisser du leur : — La Bruyère, — Boileau, — La Rochefoucauld, — Racine, — et surtout Molière ; — il portait son génie si simplement qu’il ne le sentait pas. […] « Mon frère nous accompagnait aussi quelquefois au bal ; mais, s’y étant laissé tomber malencontreusement, malgré les leçons qu’il recevait d’un maître de danse de l’Opéra, il renonça à la danse, tant le sourire des femmes qui suivit sa chute lui resta sur le cœur ; il se promit alors de dominer la société autrement que par des grâces et des talents de salon, et devint seulement spectateur de ces fêtes dont plus tard il utilisa les souvenirs.
Désireux d’examiner les choses par moi-même, et de jouir de la société de cet aimable couple, je me déterminai à passer auprès d’eux la plus grande partie de mes journées. […] « J’ai souvent, dit-il, passé des journées entières dans la société de ces petits êtres ailés.
Il me fit entrer dans sa société et prendre part aux jouissances intellectuelles et aussi aux plaisirs plus mondains d’un être supérieur. […] On rencontre réunies à Weimar bien des choses utiles, et peu à peu vous trouverez dans la haute classe une société égale à la meilleure de n’importe quelle grande ville.
La Bible Guyot est une satire de toutes les classes de la société, y compris les légistes ou les hommes de loi, et les fisiciens ou médecins. […] Charles d’Orléans est le dernier poëte de la société féodale ; Villon est le poëte de la vraie nation, laquelle commence sur les ruines de la féodalité qui finit.
La loi du monde, la loi de la pensée, est la loi évolutive du Plus-d’effort… Et en morale, et en sociologie, comme en art, il sied de le répéter de toute notre intelligence et de toute notre âme : car cette théorie amorale du moindre effort, si elle venait vénéneusement à vivre, ce serait la perte ricanante de l’individu, et la ruine putride des sociétés ! […] Sous le titre générique de : ŒUVRE, en trois parties (Dire du Mieux, Dire des Sangs, Dire de la Loi), elle se situe en l’âme et le milieu modernes de l’Individu, des Sociétés et des Races pour, de là, reprenant tout comme aux racines du monde, remonter à la genèse cosmique et dérouler le chant de l’Evolution, préhistorique et historique, à traders les théogonies successives, d’une part : tandis que d’autre part, elle s’étend aux suggestions d’un devenir moralement et sociologiquement scientifique.
Samedi 11 juillet L’envie, et l’envie du haut en bas de la société, c’est la grande maladie nationale. […] Et ces femmes étaient des femmes de la société.
À défaut des grandes, il est réduit aux petites passions de la société : de l’envie, de la haine, de l’amour-propre, quelquefois de l’ambition et de l’intrigue, comme les Narsès de l’antiquité. […] » — « Oui », répondis-je, « dans les sociétés d’hommes un exécuteur est nécessaire à la justice ; il faut un bourreau, peut-être, quoique je n’en sois pas parfaitement convaincu, mais il ne faut pas être le bourreau. » Le satiriste sanglant est le bourreau des renommées ; il jette au charnier les noms dépecés de ses ennemis littéraires ou de ses ennemis politiques.
On retrouvera Lafcadio chez Crevel dans Le Clavecin de Diderot : « Lafcadio, en jetant par la portière une créature falote, jette un défi à la société. […] Le 13 mai 1921 à la salle des Sociétés savantes rue Serpente.
Nous voici donc en présence de l’ombre de nous-mêmes : nous croyons avoir analysé notre sentiment, nous lui avons substitué en réalité une juxtaposition d’états inertes, traduisibles en mots, et qui constituent chacun l’élément commun, le résidu par conséquent impersonnel, des impressions ressenties dans un cas donné par la société entière. […] Si chacun de nous vivait d’une vie purement individuelle, s’il n’y avait ni société ni langage, notre conscience saisirait-elle sous cette forme indistincte la série des états internes ?
Mais il n’a pas suffi aux naturalistes d’humilier l’homme, il a fallu encore qu’ils l’avilissent dans ses instincts d’abord, puis dans tout ce qui vient de lui : les institutions, les mœurs, la société tout entière. […] Ils ne se rendaient pas compte que ni les sociétés ni les individus ne se gouvernent d’après des principes abstraits, mais d’après des lois identiques à celles de la biologie ; que le moindre de ces individus est un organisme infiniment complexe, où se retrouvent pourtant les instincts vitaux d’ordre et d’harmonie qui font la dignité des créatures supérieures ; qu’un portefaix, comme un membre de l’Institut, a son intelligence, sa morale, voire sa philosophie et son esthétique, lesquelles dérivent des conditions de son être et de son état, et qu’il est absurde de nier chez lui les manifestations d’une mentalité qui n’est pas la nôtre, comme il serait puéril de vouloir lui en imposer une qui ne serait pas la sienne ?
N’accusons donc point Mézeray de ces lacunes, et sachons-lui gré plutôt de les avoir si bien signalées et définies : il a fallu deux siècles de défrichement et de critique, des travaux sans nombre et en France et dans d’autres pays, des systèmes contradictoires qui se sont usés en se combattant et qui ont fécondé le champ commun par leurs débris ; il a fallu enfin ce qu’invoquait Mézeray, l’appui des gouvernements dans les recherches, dans le libre accès aux sources et à toutes les chartes et archives, pour que les faits généraux qui se rapportent à cette première et à cette seconde race fussent éclaircis, pour que la société féodale fût bien connue, et que l’histoire du tiers état pût naître.
Il mêlait à cette tolérance une sorte d’aménité d’homme du monde ; il se plaisait à réunir à sa maison de campagne des jésuites et des oratoriens, deux sociétés assez peu disposées à s’entendre, et il les faisait jouer aux échecs : c’était la seule guerre qu’il leur conseillât.
On aurait ainsi, non pas précisément un document historique ajouté à tant d’autres, mais une grande chronique de mœurs, un ardent commérage de société par celle qu’on peut appeler le Gui Patin ou le Tallemant des Réaux de la fin du xviie siècle et des premières années du xviiie ; on aurait un livre vivant, spirituel et brutal, qui ferait pendant et vis-à-vis à Saint-Simon sur plus d’un point.
Chez Froissart le poète de société, le trouvère à la mode, qui ne vient, pour ainsi dire, qu’au second plan, a pourtant son à-propos et sert à ménager les voies à l’historien.
Quant à ce qui est de sa personne et de son caractère dans la société, un certain abbé Cartaud de La Vilate nous la représente sous une forme grotesque et ridicule qui ne fut jamais la sienne : « J’ai ouï dire, prétend-il facétieusement, à une personne qui a longtemps vécu avec elle, que cette savante, une quenouille à son côté, lui récita l’adieu tendre d’Andromaque à Hector avec tant de passion qu’elle en perdit l’usage des sens. » Ce sont là des exagérations et des caricatures sans vérité ; il ne faudrait pas croire que Mme Dacier fût devenue en vieillissant une demoiselle de Gournay, une sorte de sibylle qui représentait avec emphase et solennité le bon vieux temps.
Il perd le duc de Beauvilliers : Pour moi qui étais privé de le voir depuis tant d’années, écrit-il à la duchesse sa veuve, je lui parle, je lui ouvre mon cœur, je crois le trouver devant Dieu ; et, quoique je l’aie pleuré amèrement, je ne puis croire que je l’aie perdu, qu’il y a de réalité dans cette société intime !
Qu’une grave maladie le prenne, comme cela lui arriva à Paris, où il se trouvait au printemps de 1682 en qualité de membre de l’Assemblée du clergé, et voilà tout aussitôt cet homme de société, de gaieté et, jusqu’à un certain point, de plaisir, le voilà tout changé ; il a des regrets, il se repent, il se réconcilie : Je commence à sortir, écrit-il au chanoine Favart, si souvent confident de ses légèretés et de ses jeux ; j’ai été aujourd’hui à la messe, c’est la troisième que j’ai entendue depuis ma maladie mortelle : car, mon enfant, j’ai été mort sûrement ; on ne peut aller plus loin sans toucher au but.
Il me semble que le caractère de Bailly se dessine ici sous sa propre plume : hâtons-nous d’ajouter que cet homme si sensible, si touché, si peu au fait, ce semble, des mille circonstances compliquées et confuses de la société de son époque, et qui manque certainement de génie et de coup d’œil politique, ne manquera nullement de fermeté et de force de résistance dès que le devoir et la conscience lui parleront.
Il n’avait que dédain pour ceux qui rapportaient l’origine d’une si grande secousse à tel objet particulier de leur dépit ou de leur aversion : L’heure des révolutions sonne, messieurs, disait-il (et c’est dans un discours qu’il eut à prononcer comme préfet à l’ouverture du lycée de Clermont sous l’Empire), — l’heure des révolutions sonne quand la succession des temps a changé la valeur des forces qui concourent au maintien de l’ordre social, quand les modifications que ces forces ont subies sont de telle nature qu’elles portent atteinte à l’équilibre des pouvoirs ; quand les changements, imperceptiblement survenus dans les mœurs des peuples et la direction des esprits, sont arrivés à tel point qu’il y a contradiction inconciliable et manifeste entre le but et les moyens de la société, entre les institutions et les habitudes, entre la loi et l’opinion, entre les intérêts de chacun et les intérêts de tous ; quand enfin tous les éléments sont parvenus à un tel état de discorde qu’il n’y a plus qu’un conflit général qui, en les soumettant à une nouvelle épreuve, puisse assigner à chaque force sa mesure, à chaque puissance sa place, à chaque prétention ses bornes… Cette manière élevée de considérer les choses contemporaines comme si elles étaient déjà de l’histoire, dispense de bien des regrets dans le passé et de bien des récriminations en arrière.
Poirson, discutant le témoignage de Louvet, a également exprimé des doutes (voir Revue des sociétés savantes des département, 1859 ; deuxième série, tome I, page 568.)
Santeul avait, on le voit, au nombre de ses talents, celui de la mimique, et il excellait à ces légères scènes improvisées, qui faisaient de lui un véritable acteur de société.
Le prince Henri était très supérieur au précédent par les qualités de l’esprit, par la grâce en société et par les talents à la guerre : peu s’en faut même, si l’on en juge par certaines histoires et par des panégyriques de rhéteurs, qu’on ne le mette au niveau presque du grand Frédéric, et qu’on n’établisse entre eux une espèce de parallèle par contraste, une rivalité.
Mais, on le sent, on le devine dans le récit de Mme Elliott, ces réunions même les plus menacées et si souvent traversées d’appels funèbres ne laissaient pas de voir renaître les distractions de la jeunesse, les oublis, les inconstances faciles, les jalousies même, et de recommencer en tout, dans de si courts intervallesw, une société volage et légère.
L’Académie demeure comme l’unique vestige de l’ancienne société détruite. » C’était gentil à dire et flatteur à entendre ; les applaudissements éclatèrent : le malheur est que c’est parfaitement inexact et faux.
C’est la guerre ouverte et déclarée entre les gens positifs, formant le gros de la société, et le poëte ainsi conçu.
Je m’explique : vivra-t-elle autrement que comme un grand témoin historique, que comme l’expression de la plus haute littérature de société et comme un nom à jamais mémorable ?
Il était des amis de mon père et des miens, homme d’un esprit doux, aimable dans la société, orné de plusieurs connaissances et ayant du goût pour les lettres comme pour ceux qui les cultivent ; mais, soit par un dévouement trop ordinaire aux intendants pour les ordres de la Cour, soit parce qu’il croyait, comme bien d’autres, qu’il ne restait plus dans le parti protestant qu’une opiniâtreté qu’il fallait vaincre ou plutôt écraser par le poids de l’autorité, il eut le malheur de donner au reste du royaume un exemple qui n’y fut que trop suivi et dont le succès surpassa d’abord les espérances même de ceux qui le faisaient agir.
Évidemment l’homme heureux, le sage, l’homme du monde aussi et de société ont un peu nui chez M.
Elle se dit bien vite qu’il serait heureux pour elle, au milieu de ce monde méchant et corrompu, de pouvoir se faire une petite société d’honnêtes gens et sûrs ; et en effet, lorsqu’elle les aura une fois distingués et choisis, elle s’y tiendra avec une fidélité inviolable.
Or la société moderne française est loin de là: les sommités officielles d’un état dit égalitaire et démocratique se montrent fort jalouses de ce même titre qui faisait les rebuts de la cour de Louis XV.
Il est aussi une certaine atmosphère intellectuelle, soit pour les sociétés, soit pour les individus ; notre auteur en tient trop peu de compte et, dans les traits précis où il est maître, il s’en passe volontiers.
L’observation indirecte devient vite surabondante, confine parfois au fatras, déchoit jusqu’au degré infime de la vulgarisation scientifique, qui nous semble, en matière de science, l’exact répondant du feuilleton quotidien, pitance littéraire d’une importante partie de notre société.
Les penseurs, repoussés de toutes parts par la folie de l’esprit de parti, s’attachent à ces études ; et comme la puissance de la raison est toujours la même, à quelque objet qu’elle s’applique, l’esprit humain qui serait peut-être menacé d’une longue décadence, s’il n’avait eu que les querelles des factions pour aliment, l’esprit humain se conserve par les sciences exactes, jusqu’à ce que l’on puisse appliquer de nouveau la force de la pensée aux objets qui intéressent la gloire et le bonheur des sociétés.
L’égoïsme qu’il lâche en liberté est à peu près inoffensif, parce qu’il s’offre dans sa simplicité primitive, tout proche de la naturelle volonté d’être, parce qu’il est soustrait aux malignes complications que la société y introduit, parce qu’en un mot il reste égoïsme, et ne devient pas ambition ni intérêt.
A mesure que la Révolution approche, l’intérêt passionné qu’on prend aux affaires publiques, aux principes, aux réformes, fait éclore de toutes parts, dans toutes les sociétés, des facultés oratoires qui se dépensent dans les conversations et dans les correspondances.
En passant de Voltaire à Buffon, on quitte les vérités fécondes, mais agressives et militantes, de l’histoire des sociétés humaines, pour les vérités pacifiques des sciences naturelles, et l’éloquence de combat pour l’éloquence tranquille de la démonstration scientifique.
Heureusement, il nous permet de tenir notre place en société et de dire notre mot, « un mot juste, sensé, pratique », sur des choses que nous n’avons point lues.
Voilà tout ce que la société peut faire pour la femme délaissée qui veut rester pure.
Une telle institution bien comprise est plus qu’aucune autre selon l’esprit de la société actuelle, aux yeux de quiconque accepte franchement celle-ci et la veut dans sa marche modérée et régulière.
On sortait de la langue du xvie siècle : que cette prose de Rabelais, de Montaigne, de d’Aubigné et de tant d’autres, fût en partie très regrettable et préférable même à celle qu’on essayait de former, ce n’était pas la question, puisque la société n’en voulait plus et prétendait, depuis Malherbe, s’en composer une moderne, plus choisie et toute réformée à son usage.
Bien des gens se souciaient médiocrement de l’Église quand ils ne la voyaient que comme un obstacle qui les gênait dans leurs idées de progrès et d’élargissement de la voie publique ; mais, le jour où la société a été en danger d’être envahie, on s’est aperçu que l’Église faisait partie des fortifications et des remparts de la place, et c’est alors que bien des indifférents qui, la veille encore, auraient voulu la diminuer, sinon la détruire, ont compris l’importance de la défendre.
Comme musicien, comme jeune homme agréable et sans conséquence, il fut introduit, vers 1760, dans la société de Mesdames Royales, filles de Louis XV : « J’ai passé quatre ans, disait-il, à mériter leur bienveillance par les soins les plus assidus et les plus désintéressés, sur divers objets de leurs amusements. » Il était l’âme de leurs petits concerts ; il s’insinuait avec grâce, avec respect, avec tout ce qu’on peut croire, jusqu’à exciter l’envie des courtisans.
Étienne fit de société avec M.
La Fontaine vint à Paris, plut à Fouquet, bon juge de l’esprit, et le voilà transporté tout d’un coup au milieu de la société la plus brillante, devenu le poète ordinaire des merveilles et des magnificences de Vaux.
Ainsi parlent les athénées, les sorbonnes, les chaires assermentées, les sociétés dites savantes, Saumaise, successeur de Scaliger à l’université de Leyde, et la bourgeoisie derrière eux, tout ce qui représente en littérature et en art le grand parti de l’ordre.
Ainsi les alchimistes du moyen âge ne découvraient pas la pierre philosophale qu’ils cherchaient ; mais dans les combinaisons fortuites de leur art se rencontraient des substances utiles qui entraient dans le commerce, et rendaient plus de services utiles à la société que n’eût fait le succès de leur téméraire espérance.
Les sociétés décidément démocratiques n’en admettront sans doute pas d’autres.
Critiques, tous deux, de sentiment et de sensation ; compréhensifs bien plus qu’exclusifs d’intelligence et de doctrine ; portant sur les choses de ce monde un regard curieux, ouvert et bienveillant ; ayant la même philosophie sans métaphysique, la même opinion politique, les mêmes goûts pour les lumières modernes et la même foi (un peu éblouie, selon moi) dans le progrès des sociétés, ils ne diffèrent guère que par la destinée, qui fait de ces charmants coups quelquefois : — c’est que Macaulay est monté plus haut dans son pays que Philarète Chasles dans le sien.
— dans l’ordre le plus aristocratique de la pensée ; car il s’agit dans ce livre de poètes, d’artistes, d’êtres exceptionnels, dont la cause est plaidée dans un langage exquis contre la société que Vigny accuse.
Non seulement l’action puissante de nos sociétés modernes ne signifie rien à ses yeux pour la grandeur ou la beauté d’un monde futur, mais l’impiété lui paraît régner sans conteste sur les hommes de son temps.
C’est bien plus la délivrance des cerveaux envahis par la pensée libre que la délivrance du territoire envahi par l’étranger, puisque la cause spirituelle, la libre pensée, a produit l’effet matériel, l’invasion, si j’en crois cette phrase de l’archevêque Guibert : « En punition d’une apostasie presque générale, la société a été livrée à toutes les horreurs de la guerre avec l’étranger victorieux. » C’est une pénitence nationale de l’irréligion, et il n’y a qu’à lire tous les documents pour se persuader que c’est bien là le sens qu’on a voulu donner au « Vœu ».
Bien plus, apercevant les choses par des vues générales, il découvre en l’homme cent mille misères que le vulgaire n’aperçoit pas : l’immensité de notre ignorance, l’incertitude de notre science, la brièveté de notre vie, la lenteur de notre progrès, l’impuissance de notre force, le ridicule de nos passions, l’hypocrisie de notre vertu, les injustices de notre société, les douleurs sans nombre de notre histoire.
Quant à juvenis, il paroît signifier juvando ennis ; & cet ennis est un adjectif employé dans bi-ennis, tirennis, &c. pour signifier qui a des années : perennis paroît n’en être que le superlatif, tant par sa forme que par sa signification : ainsi juvenis veut dire juvando ennis, qui a assez d’années pour aider ; cela est d’autant plus probable, que juvenis est effectivement relatif au nombre des années ; & que tout homme parvenu à cet âge, est dans l’obligation réelle de mériter par ses propres services les secours qu’il tire de la société. […] Les Romains qui furent laboureurs dès qu’ils furent en société politique, regarderent la terre & ses parties comme autant de meres qui nourrissoient les hommes. […] Harduin, secrétaire perpétuel de la société littéraire d’Arras (Remarques diverses sur la prononciation, page 106. à la note.) : & quoique les François qui n’élident ordinairement que l’e féminin, se soient fait pour les autres voyelles une regle équivalente à l’élision latine, en proscrivant dans leur poésie la rencontre d’une voyelle finale avec une voyelle initiale ; je ne sai s’il n’est pas entré un peu de prévention dans l’établissement de ces regles, qui donne lieu à une contradiction assez bisarre.
Celui qui, exposé à toutes les influences d’un état de société semblable au nôtre, craint de s’exposer aux influences de quelques vers grecs et latins, agit selon nous, comme le voleur qui demandait aux shérifs de lui faire tenir un parapluie au-dessus de la tête, depuis la porte de Newgate jusqu’à la potence, parce que la matinée était pluvieuse et qu’il craignait de prendre froid1376. […] Là, se montraient les charmes voluptueux de celle à qui l’héritier du trône avait en secret engagé sa foi ; là aussi était cette beauté, mère d’une race si belle, la sainte Cécile dont les traits délicats, illuminés par l’amour et la musique, ont été dérobés par l’art à la destruction commune ; là étaient les membres de cette brillante société qui citait, critiquait et échangeait des reparties sous les riches tentures en plumes de paon qui ornaient la maison de mistress Montague ; là enfin, ces dames dont les lèvres, plus persuasives que celles de Fox lui-même, avaient emporté l’élection de Westminster en dépit de la cour et de la trésorerie, brillaient autour de Georgiana, duchesse de Devonshire1380. […] Ils mettent ici les affaires religieuses, un peu plus loin les événements politiques, ensuite des détails littéraires, à la fin des considérations générales sur les changements de la société et du gouvernement, croyant qu’une collection d’histoires est l’histoire, et que des membres attachés bout à bout sont un corps.
Tous ces récits de Mézeray ne donnent aucune leçon, car il n’y a pas de leçon en pareille matière, mais ils font réfléchir les studieux et ceux qui, dans les jours de stabilité et de silence, aux heures d’intervalle d’une société apaisée, se prennent à méditer sur l’éternelle ressemblance de ces éternelles vicissitudes.
Quelque jugement que l’orateur de la compagnie porte en secret sur celui qu’il est chargé de recevoir, lui eût-il refusé son suffrage, eût-il traversé son élection, fût-il même son ennemi, il doit oublier tout, dès qu’il se trouve à la tête de la société respectable qui vient d’adopter le nouvel académicien.
Taine prend plaisir à rassembler dans les analyses qui suivent, y passant en revue les différentes classes de la société du xviie siècle telles qu’elles nous reviennent par le miroir du fabuliste.
Chez les modernes, il s’est développé avec ampleur et puissance dès la première formation d’une société polie ; il a été l’un des grands instruments de l’éducation au Moyen-Âge : qu’on se rappelle les longs romans si célébrés et si lus de la Table-Ronde.
il viendra, quelques années après, un sage appelé Montaigne qui remettra tout à sa place et à son rang dans l’estime, et qui ayant à développer cette idée, qu’un père sur l’âge, « atterré d’années et de maux, privé par sa faiblesse et faute de santé de la commune société des hommes, se fait tort et aux siens de couver inutilement un grand tas de richesses, et que c’est raison qu’il leur en laisse l’usage puisque la nature l’en prive », ajoutera pour illustrer sa pensée : « La plus belle des actions de l’empereur Charles cinquième fut celle-là, à l’imitation d’aucuns Anciens de son calibre, d’avoir su reconnoître que la raison nous commande assez de nous dépouiller, quand nos robes nous chargent et empêchent, et de nous coucher quand les jambes nous faillent : il résigna ses moyens, grandeur et puissance à son fils, lorsqu’il sentit défaillir en soi la fermeté et la force pour conduire les affaires avec la gloire qu’il y avoit acquise : Solve senescentem… » Mais entrons un peu plus avant dans les raisons qui persuadèrent à une de ces âmes d’ambitieux, si aisément immodérées, d’en agir si sensément et prudemment.
Il venait de se signaler par tout un Carême prêché aux Minimes de la Place Royale, où de mémoire d’homme, assure-t-on, il ne s’était vu un tel mouvement de dévots et surtout de dévotes de la haute société.
A peine entré dans la société, Molière en devient le chef.
Quand les religions et les intérêts de ce monde, si nombreux, si divers, criaient autour de moi à me rendre sourd, dans ces rues tortueuses de cette vie de nos jours, dans les corridors de cette Babel où nous sommes, j’envoyais l’oiseau dans quelque point de l’espace d’où il pût voir tout ce qui se fait, tout ce qui s’est fait, dit, édifié, détruit, refait, redit, depuis qu’on agit et qu’on parle en ce monde, et l’oiseau revenait me dire : Les sociétés sont folles ; partout Dieu n’est et n’a été que l’enseigne d’une boutique ; la morale n’est qu’un comptoir ; le bien et le mal sont des faits ; le devoir est une mesure.
Je n’ai point parlé non plus de cette joute de la Croix de Berny, de ce roman de société où il fut un des quatre tenants avec Mme de Girardin, Méry et Jules Sandeau, chacun faisant son personnage et reprenant le roman à l’endroit juste où l’autre l’avait poussé.
Cela est et sera vrai en Angleterre depuis Robin Hood jusqu’à lord Chatham, jusqu’à Junius, et même lorsqu’il y aura élégance et belles manières de salon au xviiie siècle, quand il y aura assaut, de nous à eux, de conversations et de mots piquants, nos beaux esprits en renom, nos Nivernais, nos Boufflers leur paraîtront bien minces, bien émoussés, éreintés et fades, auprès de leurs joyeux vivants à saillies éclatantes et à haute verve (high spirits) : demandez plutôt à ce juge équitable et qui savait si bien les deux sociétés, à Horace Walpole.
Pope était bien le poète de son moment, d’une heure brillante et tempérée, d’une époque mémorable où la société anglaise, sans s’abjurer elle-même, comme sous Charles II, entra en commerce réglé avec le continent et se prêta, pour les formes et pour les idées, à un utile et noble échange.
Ce fut elle qui décida le remplacement de M. de Calonne par l’archevêque de Toulouse, Brienne, dont on s’était fort engoué dans sa société.
Différence de race, différence de société et de fonds de civilisation, différence de communion aussi.
» — « Je vous avoue, répond le discret et fin instituteur, que je n’ai pas un grand zèle pour ces vérités-là, et que je les sacrifie volontiers aux moindres commodités de la société. » Ayant à citer cet endroit d’un des Entretiens, M.
Ici nous avons affaire à un nouveau témoin, simple et véridique33 ; chaque déposition se complète de la sorte et se confirme ; qualités et faiblesses, tout s’y voit : « A mon arrivée près de ce nouveau général, nous dit Rochambeau, je me trouvai dans une société qui m’était fort étrangère ; ce prince était entouré d’aides de camp qui lui avaient été donnés dans sa petite maison par la fameuse Leduc, sa maîtresse en titre : tous ces messieurs aimaient leurs chevaux et ne voulaient les fatiguer que quand ils étaient commandés ou que le prince montait à cheval.
Quoique j’aie beaucoup vécu au temps de ma jeunesse à côté de M. de Montalembert et dans quelques-unes des mêmes sociétés, je n’ai jamais contracté avec lui de liaison particulière et encore moins d’amitié véritable : c’était assez de le côtoyer sans le coudoyer.
V Il faut que l’historien soit homme d’État : car l’histoire est pleine de politique, et s’il n’a pas l’intelligence de la politique, cette bonne conduite de la vie appliquée en grand aux nations, aux sociétés, aux empires, il écrira au hasard des récits pleins d’ignorance, de contresens et de non-sens.
dans une société si différente de l’ancienne et quand la notion même de l’Etat se trouve quasi renversée ?
Mais ses cris contre la société, son dédain pour les solutions de la philosophie, la révélation de sa vie solitaire et de ses jouissances contemplatives, portèrent dans beaucoup d’âmes, avec le dégoût du monde, un véritable enthousiasme pour les scènes de la nature.
Complètement étrangère à l’idée de l’État, la théocratie juive ne faisait en cela que tirer sa dernière conséquence, la négation de la société civile et de tout gouvernement.
D’ailleurs Jehan Rictus, quelques années auparavant, avait par un piquant « soliloque » jeté un christ ahuri dans notre société moderne.
Ce vieux marquis, le meilleur personnage de la pièce, est le Misanthrope du dix-septième siècle, assis au parterre de la société moderne et la sifflant, comme une mauvaise comédie.
Guizot en conclut que, sous toutes les formes de gouvernement, qu’il s’agisse d’une monarchie ou d’une république, d’une société aristocratique ou démocratique, la même lumière brille dans les faits ; le succès définitif ne s’obtient, dit-il, qu’au nom des mêmes principes et par les mêmes voies.
Vers ce temps, le jeune élève, ou qui cessait à peine de l’être, fut accusé d’une action odieuse qu’on a souvent réveillée contre lui : il eut l’imprudence de faire, en société avec quelques-uns de ses camarades, plusieurs couplets contre divers membres du collège d’Harcourt ; mais ce n’était « ni contre ses maîtres ni contre ses bienfaiteurs », assure Boissy d’Anglas : « Cette plaisanterie était l’ouvrage de plusieurs jeunes gens, et M. de La Harpe fut le seul puni parce qu’il était pauvre, sans appui, sans état, sans protecteur, et parce qu’il eut le courage de garder à ses compagnons le secret le plus inviolable. » Ce récit, qui est selon la vraisemblance, réduit cette peccadille de jeunesse à sa juste proportion.
Pour admirer, il lui suffit qu’il y ait de l’esprit, de l’habileté, de l’éclat, et une appropriation heureuse aux circonstances et à la société du moment.
Ses lettres sont remplies de pages vives, qui nous rendent non seulement les mœurs de la cour d’Espagne, mais celles de la société française vers cette fin de Louis XIV.
Dites que les préjugés nationaux n’étant pas plus respectés dans mes lignes que les mauvaises manières de peindre, les vices des grands que les défauts des artistes, les extravagances de la société que celles de l’académie, il y a de quoi perdre cent hommes mieux épaulés que moi.
Il y a chez les guinné comme chez les humains, pour ceux du moins qui vivent en société, une hiérarchie constituée.
Il semblait que la société parisienne, légèrement hébétée depuis nos malheurs et désaccoutumée des gens d’esprit, tout à coup en retrouvait un qui lui redonnait la sensation que donne l’esprit, cette faculté ineffablement charmante, qui n’est pas le talent et que le plus grand talent, et même le génie, n’ont pas toujours !
il s’en faut, au contraire, mais des gens d’esprit qui savent ce qu’il faut servir à la curiosité dépravée des sociétés en décadence.
Pour se complaire dans la société d’un tel génie, il fallait s’y être préparé par des études persévérantes, et le spiritualisme de l’académie combattait, sans les terrasser, les doctrines sensuelles du paganisme. […] Ce n’est pas que je prétende identifier la prédication philosophique et la poésie satirique, une telle pensée n’est jamais entrée dans mon intelligence ; mais la satire, dont l’antiquité nous a laissé de si admirables modèles, ne peut se dispenser d’étudier les souffrances aussi bien qui les vices de la société qui l’écoute. […] Dans la vie réelle, une femme ainsi douée se trouve au-dessus de tous les rôles que la société veut lui confier ; dans le domaine du roman, elle provoque naturellement un sourire d’incrédulité. […] Shakespeare, en écrivant ses comédies, ne s’est pas préoccupé un seul instant de la société anglaise du xvie siècle. […] Il n’est permis qu’aux ignorants, et malheureusement le nombre en est encore bien grand malgré l’invention de l’imprimerie, de considérer la révolution anglaise comme un accident inattendu, comme un désastre imprévu qui a bouleversé l’ordre entier de la société.
C’est l’affaire de tous les princes chrétiens de ne laisser briser impunément les liens les plus sacrés de la société humaine… » Et ainsi protesta le roi des Belges au mois d’août 1914. […] Et cela nous étonne, de voir une société chrétienne si docile aux leçons des païens : leçons d’orgueil et de volupté spirituelle. […] Voltaire et Pascal sont, à ses yeux irrités, deux esclaves : l’un, l’esclave de la société ; l’autre, l’esclave de la religion. Esclavage de la société : « Remarquez bien, je vous prie, les degrés de cette généalogie de bassesse. […] Gilles ne regrette pas du tout la société bizarre de son père.
Et comme je l’interrogeais, sur ce que cette incroyable avalanche de mauvaises lectures avait dû produire dans son cerveau, elle me répondait que cette ouverture par les livres sur la vie aventureuse, lui avait donné l’éloignement des aventures, mais en même temps lui avait fabriqué une pensée, toute différente de la société, au milieu de laquelle elle vivait. […] Il se trouvait à Santos, faire partie d’une société, qui, en prenant l’apéritif de tous les matins, tirait à la courte-paille, qui est-ce qui serait mort le lendemain. […] Mardi 11 décembre Dans un salon, ce qui donne de la vie, de la chaleur à une société, à défaut d’affections de cœur entre les gens, ce sont les affections cérébrales, nouées entre les communiants d’une même pensée, d’une même élaboration intellectuelle .
Ses nobles beaux-parents eux-mêmes n’en pourraient douter : mais, considérant que leur gendre n’est qu’un vilain et que l’amant d’Angélique est bon gentilhomme et de la meilleure société, ils seraient amenés tout doucement à prendre le parti de leur fille, et peut-être à couvrir et à favoriser ses petites distractions, — sans cesser d’émettre des phrases sur les convenances et de se croire les plus honnêtes gens du monde. […] Ainsi se rencontrerait ce qu’Israël eut de meilleur et ce qu’il a de pire, l’esprit de l’antique Israël et l’esprit de l’Israël nouveau, tel qu’on dit que l’a fait le crime des chrétiens, — crime depuis longtemps expié, s’il est vrai que le commerce de l’argent, juif dans son origine, est devenu, par les excès de la spéculation, une des plaies des sociétés modernes. […] Oui, la société où nous vivons est telle qu’un homme comme ce vieux corsaire paisible et gouailleur de sénateur Morin, qui, considéré en lui-même, est, très sûrement, un gredin, est après tout, et non moins sûrement, un homme « de moralité moyenne » ! […] Je suis apparu à quelques-uns comme un être trop fier pour se plier aux règles d’une société byzantine, comme un naïf chasseur des âges héroïques, fourvoyé et mal à l’aise dans les cadres étroits des vieilles cités. […] « Oui, il est des moments où la société avoue, où son hypocrisie tombe, où elle confesse implicitement qu’entre la grande dame ou la bourgeoise adultère et la femme galante qui sait se tenir, il n’y a que l’épaisseur d’un cheveu ; qu’il y a tout juste le même intervalle imperceptible entre la professionnelle du premier rang et celle du second, et ainsi de suite jusqu’à la fille de brasserie et jusqu’à la rôdeuse des fortifications ; que toutes ont la même âme, et que les différences se réduisent à des détails tout extérieurs d’habits et de rites ; que le beau Charles n’est après tout qu’un boulevardier de la seconde enceinte, et qu’enfin la cité presque entière n’est qu’une même chiennerie.
La vérité, c’est que la force te manque, c’est que tu désertes Ion poste de roi au moment le plus périlleux, quand la nouvelle société, qui ne veut plus ni Dieu ni maître, poursuit de sa haine les représentants du droit divin, fait trembler le ciel sous leurs pas. […] Après avoir fait du dressage pendant quelques années pour les femmes de la société, Joséphine se trouvait aujourd’hui entretenue par un grand marchand de chevaux des Champs-Élysées. […] Lui-même occupait, grâce à son nom décoratif, quelques agréables sinécures dans de hautes sociétés financières. […] Pauvre maître d’études, dirigeant une école de village, poursuivi par la misère, son œuvre s’est ressentie de ses rancunes, et il faut bien le dire, c’est à la société et un peu au ciel qu’il s’en est pris de ses infortunes. […] Le livre est intitulé : Pensées, maximes et fragments de Schopenhauer, et contient un résumé de ce qu’a écrit cc grand pessimiste sur les douleurs du monde et le mal de la vie, l’amour, les femmes, le mariage, ses aphorismes sur l’homme, la vie, la société, l’art, la religion.
Il n’y a pas si petite ville qui n’ait sa société d’archers. […] Et le Français de nos jours veut sur le trône de grandes qualités, quoiqu’il aime à partager le gouvernement avec son chef et à dire aussi son mot à son tour. » Après dîner, la société se répandit dans le jardin ; Goethe me fit un signe, et nous partîmes en voiture pour faire le tour du bois par la route de Tiefurt.
Knebel, qui déjà alors ne laissait pas refroidir sa pipe, était assis auprès du feu, et amusait la société avec toute sorte de plaisanteries dites de son ton tranquille, pendant que la bouteille passait de mains en mains. […] Il instruit les masses, il ne les bouleverse pas ; il conserve ainsi son ascendant sur les deux moitiés de la société en les réconciliant.
Néanmoins on pourrait, et cela pour de puissants motifs intérieurs, regarder le socialisme contemporain comme très digne d’être pris en considération par notre société civile, aussitôt qu’il formerait une alliance étroite avec les trois associations mentionnées plus haut, celle des végétariens, celle pour la protection des animaux et la société de tempérance.
Ce chansonnier devait réunir en lui, pour porter coup dans tous les rangs de la société française, l’élégance attique qui se fait entendre à demi-mot à l’homme lettré, l’accent martial qui fait frissonner le soldat, la bonhomie cordiale qui fait larmoyer dans son rire le bon et rude peuple des champs. […] Une laborieuse et fidèle domesticité ne l’aurait pas, à mes yeux, subalternisé moralement davantage ; mais il faut appeler les choses par leur nom : le petit Béranger n’était pas garçon d’auberge ; il était le neveu et le pupille chéri d’une tante aisée, pieuse, lettrée pour sa condition, qui lui prêtait sa maison, sa bourse et son cœur pour l’élever, par une éducation vigilante, à une honorable profession dans la société.
L’Odyssée est un poème épique familier, le poème de la vie humaine tout entière, sans acception de conditions ou de rangs dans la société. […] Les étrangers et les pauvres nous sont envoyés par les dieux. » Notre mère s’interrompit ici pour nous faire remarquer combien l’hospitalité, cette sœur aînée de la charité, était antique, et combien la divine Providence avait mis de tout temps, dans la conscience des hommes, les vertus naturelles nécessaires à la société humaine. « Ne voyez-vous pas tous les jours cette scène de respect pour l’âge et pour la misère à la porte de la cour de votre oncle ?
En effet, comment enfermer en 24 heures, en un seul lieu, la genèse et les aventures de plusieurs personnages, le tableau d’une époque (sa philosophie, ses jeux de société et jusqu’à son système monétaire), Jean qui rit et Jean qui pleure, et tout le bouillonnement de la vie totale ? […] Les Soutiens de la société (1877) ; quatre actes, dans le même salon-véranda du consul Bernick (unité stricte).
La Rochefoucauld a dit : « Nos actions sont comme les bouts-rimés, que chacun fait rapporter à ce qui lui plaît. » Ce ne sont pas seulement les actions de chaque jour et les démarches des personnes de la société que chacun interprète à son gré ; ce sont les actions du passé et les noms qui les représentent.
Telle elle avait été, toute sa vie, dans les maisons où elle avait vécu sur le pied d’amitié, y mettant l’ordre, la propreté, la décence, répandant l’esprit de travail autour d’elle, et en même temps faisant honneur tout aussitôt à l’esprit de politesse et de société.
Au xiiie siècle on était, ce me semble, sur la voie des vraies images, comme les anciens ; mais depuis la société s’alambiqua ; on s’enferma dans les salons, et il fallut tout un effort à quelques peintres du xviiie siècle pour revenir à l’image naturelle, en sortant de l’abstrait et du factice : aussi sent-on chez eux comme l’effort d’une conquête.
» Le comte de Maistre, dans une des charmantes lettres à sa fille, Mlle Constance de Maistre, a badiné agréablement sur cette question, et il y a mêlé des vues pleines de force et de vérité : « L’erreur de certaines femmes est d’imaginer que pour être distinguées, elles doivent l’être à la manière des hommes… On ne connaît presque pas de femmes savantes qui n’aient été malheureuses ou ridicules par la science. » Au siècle dernier, un jésuite des plus éclairés et des plus spirituels, le père Buffier, qui était de la société de Mme de Lambert, dans une dissertation légèrement paradoxale, s’est plu à soutenir et à prouver que « les femmes sont capables des sciences » ; et après s’être joué dans les diverses branches de la question, après avoir montré qu’il y a eu des femmes politiques comme Zénobie ou la reine Élisabeth, des femmes philosophes comme l’Aspasie de Périclès et tant d’autres, des femmes géomètres et astronomes comme Hypatie ou telle marquise moderne, des femmes docteurs comme la fameuse Cornara de l’école de Padoue, et après s’être un peu moqué de celles qui chez nous, à son exemple, « auraient toutes les envies imaginables d’être docteurs de Sorbonne », — le père Buffier, s’étant ainsi donné carrière et en ayant fini du piquant, arrive à une conclusion mixte et qui n’est plus que raisonnable : À l’égard des autres, dit-il, qui ont des devoirs à remplir, si elles ont du temps de reste, il leur sera toujours beaucoup plus utile de l’employer à se mettre dans l’esprit quelques connaissances honnêtes, pourvu qu’elles n’en tirent point de sotte vanité, que de l’occuper au jeu et à d’autres amusements aussi frivoles et aussi dangereux, tels que ceux qui partagent la vie de la plupart des femmes du monde.
Sauf quelques rares mouvements de misanthropie, il veut que sa demeure ne soit point trop à l’écart ni hors de portée des ressources et des bienfaits de la société.
N’était-ce pas là bien nettement reconnaître Voiture pour ce qu’il était avant tout, pour le plus charmant instrument de société ?
Puis, quand il vit la guerre inévitable, il eut les pronostics les plus sombres ; il lui semblait que Frédéric s’était engagé dans un labyrinthe d’où il aurait peine à sortir, qu’il s’était remis de gaieté de cœur dans une situation extrême : « Je vois que dans peu, lui écrivait-il, tout ce qu’un État a de précieux sera abandonné à la fortune, les biens, la vie, la réputation, la gloire, la sûreté de la société. » Frédéric lui fait vingt réponses meilleures les unes que les autres : On commet, mon cher frère, deux sortes de fautes : les unes par trop de précipitation, les autres par trop de nonchalance.
Cette société, plus ou moins fréquentée et renouvelée par portions, mais toujours de grand choix et d’élite, se continua pendant plusieurs années ; on y traitait à fond les questions d’analyse interne.
On le voit le premier Français newtonien qui ait importé au sein de l’Académie des sciences le vrai système du monde, et qui l’ait mis à la mode également dans la société.
Même en rabattant beaucoup de ces pompeux éloges, on a peine à se figurer d’abord qu’ils portent tout à fait à faux ; lorsqu’on jette un coup d’œil rapide sur les traductions en prose de Marolles, comme elles ne paraissent pas plus mauvaises absolument que d’autres de la même date, on se dit qu’elles ont pu être utiles en effet aux gens du monde, aux dames, et que Marolles a continué en cela de remplir sa fonction de latiniste de société.
Ce n’était là qu’un dire de société revêtu des plus grandes apparences ; mais bientôt de véritables éclats vinrent démasquer les habitudes d’un homme qui, dans sa profession et sa position élevée, aurait dû être doublement irréprochable.
On peut se faire cette question, de même qu’on a pu se demander quelle part sa profession de magistrat avait apportée dans sa connaissance et son jugement des lois et coutumes qui régissent les sociétés.
Sur ce point seul ne suivez ni l’exemple ni les conseils de la famille ; c’est à vous à donner le ton à Versailles ; vous avez parfaitement réussi ; Dieu vous a comblée de tant de grâces, de tant de douceur et de docilité, que tout le monde doit vous aimer : c’est, un don de Dieu, il faut le conserver, ne point vous en glorifier, mais le conserver soigneusement pour votre propre bonheur, et pour celui de tous ceux qui vous appartiennent. (1er novembre 1770.) » Une des recommandations continuelles de Marie-Thérèse à sa fille et qui reviennent sans cesse et jusqu’à satiété, c’est, après celles qui regardent la santé et la vocation à être mère, de se garder des coteries, des apartés, des sociétés privées où le sans-façon domine, de ne jamais oublier qu’on est un personnage en vue, exposé sur un théâtre, ayant un rôle à remplir ; de ne se relâcher en rien, de se surveiller soi-même en tout, dans les petites choses comme dans les grandes ; de mépriser le qu’en dira-t-on, mais aussi de ne point prêter à de justes reproches.
que dis-tu de la séparation de Garat et de sa femme… c’est-à-dire sa femme… c’est égal, je l’appellerai toujours Mme Garat, c’est nécessaire pour la société.
Il n’y a qu’un mot à dire du roman qui a pour titre Une Raillerie de l’Amour, et que Mme Valmore vient de publier ; c’est une heure et demie de lecture légère et gracieuse, qui reporte avec charme au plus beau temps de l’Empire, à cette société éblouie et pleine de fêtes, après Wagram.
C’est au premier abord quelque chose de plus varié, de plus épars qu’auparavant, de plus dégagé des questions d’école, de plus préoccupé de soi et de l’état de la société tout ensemble.
Constatons seulement, et pour que les moins entraînés y réfléchissent, constatons la lutte éternelle, inégale, et que la société moderne, avec ses industries de toute sorte, n’a fait que rendre plus dure.
Dans cette société de petites gens et dans cette habitude des détails vulgaires, le poëte a pris un ton familier qu’il garde partout.
Cela n’empêche pas de vivre comme les autres, de jouir, à l’occasion, du ciel, de l’air pur ou même de la société des hommes et des femmes ; mais, dans les minutes où l’on pense, il n’est guère possible, en dehors d’une foi positive, d’être optimiste : il y a trop de souffrances inutiles et absurdes et, de tous les côtés, une trop épaisse muraille de nuit… M.
Déjà, du sein de la vie individuelle, il est permis de s’associer à cet avenir, de travailler à le préparer, de devenir ainsi, par la pensée et par le cœur, membre de la société éternelle, et de trouver en cette association profonde, malgré les anarchies contemporaines et les découragements, la foi qui soutient, l’ardeur qui vivifie, et l’intime satisfaction de se confondre sciemment avec cette grande existence, satisfaction qui est le terme de la béatitude humaine. » Votre dévouement absolu à la science vous donnait le droit, Monsieur, de succéder à un tel homme et de rappeler ici cette grande et sainte mémoire.
Les révoltes individuelles, les protestations isolées, retomberont toujours, impuissantes, au pied de ces barrières inflexibles qui ont leurs racines dans le fond des mœurs et dans l’instinct de conservation de la société.
Certes, il est impossible de mieux représenter l’état moral et physiologique de Rousseau ; et, avec un hôte d’une sensibilité si maladive, ainsi livré à la solitude « sans occupation, sans livres, sans société (hors celle de cette misérable Thérèse), et sans sommeil », Hume aurait moins dû s’étonner du résultat.
Quicherat, est celle d’un enfant sérieux et religieux, doué au plus haut degré de cette intelligence à part qui ne se rencontre que chez les hommes supérieurs des sociétés primitives.
Lui, si heureux à première vue, si bien doué, ce semble, par la nature, si bien doté de plus par la fortune, il se tenait sur la défensive avec la société, comme s’il eût craint d’être abordé de trop près.
Il n’avait rien de ce qui pouvait l’introduire d’abord dans cette société brillante, élégante et adoucie.
L’homme qui sous Louis XIV, vers 1672, âgé de cinquante-huit ans, écrivait ces choses dans la solitude, dans l’intimité, en les adressant par manière de passe-temps à une femme de ses amies, avait certes dans l’esprit et dans l’imagination la sérieuse idée de l’essence des sociétés et la grandeur de la conception politique ; il l’avait trop souvent altérée et ternie dans la pratique ; mais plume en main, comme il arrive aux écrivains de génie, il la ressaisissait avec éclat, netteté et plénitude.
Le Brun ne perd aucune occasion d’exprimer son dédain suprême pour le jargon des petits vers de société, si en vogue à son moment, « ces petits vers mièvres et délicieux dont on surcharge les sophas jonquille ».
Elle était agréable dans la société, honnête, douce et facile ; vivant, avec ceux qui avaient l’honneur de l’approcher, sans nulle façon.
La roue de l’histoire, qui tourné sans cesse, nous a ramenés au point de vue qu’il faut pour mieux comprendre peut-être ce que c’est qu’une nature royale et souveraine, et de quel usage elle est dans une société : donnons-nous un moment le plaisir de la considérer en Louis XIV dans sa pureté et son exaltation héréditaire, et avant que Mirabeau soit venu.
Il écrivait plaisamment à sa femme, de Tours où il était en janvier 1816, à propos d’un bal de la haute société : « Si tu t’étais trouvée ici, aurais-tu été assez pure ?
Celle-ci passe de l’admiration que lui inspirait cette attitude d’homme en lutte avec la société, à une commisération maternelle et un peu méprisante.
Les femmes qui veulent réunir les talens du cabinet & de la société, ne peuvent se dispenser de lire ce bon ouvrage.