La Maison de Penarvan n’est pas seulement un livre manqué sur un sujet qui pouvait devenir charmant, s’il eût été touché par une main habile ; mais, le croira-t-on ?
Dans tous les cas, elle est punie d’avoir touché — fût-ce d’une main plus désintéressée qu’on ne croit, — à un sujet dont elle eût dû se détourner… avec convenance.
Aux robustes seuls à y toucher, et encore que de robustes elle a perdus !
L’image de ce petit culte nous touchait, mais n’avait pas de sens pour nous.
Quelque belles qu’elles soient, elles ne suffisent pas au cœur de l’homme… Rien ne me touche plus que de lire les amitiés de l’antiquité. […] Tout ce qui n’était pas action et vie le touchait peu. […] Pour Hugo, les sentiments ont des formes, des sons, des couleurs ; il parle de l’âme comme si l’on pouvait la toucher et la voir. […] J’aurais pu croire toucher le ciel en atteignant le bout de la route. […] Il a la parole très régulière et cependant très animée ; il y a dans son débit une chaleur contenue, une flamme intérieure qui donne la vie à tout ce qu’il touche ».
Cette méthode exige que le but soit perpétuellement voilé pour qu’on s’en croie très loin quand on y touche, et que brusquement il apparaisse. […] En quoi cette hypothèse touche-t-elle à l’idée de création ? […] Il ne déteste pas assez Napoléon ; et c’est la pierre de touche à connaître un despotiste d’avec un libéral, même très timoré. […] Ce qui touche l’individualiste, c’est la souffrance de son semblable, le poids lourd sous lequel il plie. […] Celles qui diminuent la personne humaine, celles qui touchent au fond même de l’homme, celles qui lui demandent d’abdiquer.
quel est le cœur de fer que tu n’as jamais touché ? […] Il a le courage de se ranger parmi ces hommes qui, par on ne sait quel maléfice, ramènent à la médiocrité tout ce qu’ils touchent. […] Déjà il lui a dit son amour, et elle en est touchée, quoiqu’elle prétende à lui conserver le nom d’affection. […] Ici la mélancolie qui nous touche n’a rien de douloureux ; notre esprit n’est pas suspendu au-dessus du vide, et une impression de sécurité soutient notre rêverie. […] Avant de toucher à ses instruments, il met ses gants.
Elles sont exagérées, tout au moins en ce qui touche la critique quotidienne des contemporains. […] La carrière de Taine, de Brunetière, de Lemaître, de Faguet s’est achevée en des écrits, ou même des actes, de politique ; Sainte-Beuve, le moins touché, est mort tout de même sénateur. […] Le bonhomme Eumée me touche bien plus qu’un héros de Clélie ou de Cléopâtre. […] Hugo l’exprime ainsi : « À l’occasion de Shakespeare, toutes les questions qui touchent à l’art se sont présentées à son esprit. » Artiste il s’est expliqué sur l’art. […] Il n’y a pas d’autre pierre de touche que ce critère empirique, celui que Stuart Mill appliquait à sa morale du plaisir.
L’homme a tenu sa place dans son siècle : poésie, romans, voyages, journalisme, tout ce qu’il a touché, il l’a marqué d’un extraordinaire éclat. […] Dans la formidable masse de livres, de brochures ou de chroniques qui représentent son œuvre, à quels objets pourtant, à quelles théories diverses, à quels problèmes multiples n’a-t-il pas touché plus ou moins légèrement ? […] Il n’en parla que très rarement, très superficiellement et avec une sorte d’indifférence dédaigneuse ; à l’inverse du poète antique, tout ce qui touchait à l’humanité lui resta étranger d’une manière à peu près absolue, et n’apparut dans son œuvre que par hasard, comme un reflet de son caractère propre. […] C’est donc bien un abîme qui sépare les deux civilisations, alors même qu’elles semblent se toucher. […] Le savant chirurgien des hôpitaux de Rouen, élevé dans la contemplation des misères humaines, tout entier appliqué à leur étude et à leur soulagement, ne dissimulait pas son mépris pour tout ce qui touchait à la littérature et aux littérateurs : dans l’une, il ne voyait qu’un passe-temps ; dans les autres, que des oisifs.
Dumas n’a pas fait avancer d’un pas les questions qu’il a touchées. […] Ne touchez pas aux femmes des autres et défiez-vous des femmes de tout le monde. […] Une seule fois il avait touché à la véritable comédie moderne : c’était dans Gabrielle. […] Il touche à la satire politique dans Rabagas. […] La touche n’est plus aussi discrète.
Des personnes que je ne connais point, à qui je n’ai pas donné mes premiers Essais, et qui ne me devaient rien par conséquent, les ont lus et m’en ont écrit : ce livre les avait donc touchées. […] Ce coup inattendu, venant frapper ma vanité à l’heure même où je me croyais enfin entré dans le rang des auteurs dont le nom et la marque suffisent pour que leur marchandise soit acceptée d’emblée, m’a touché d’un étonnement plus sensible peut être et plus douloureux que tous les autres. […] De la gloire en naissant il m’a donné la fièvre ; Mais le charbon divin n’a pas touché ma lèvre. […] Il finit par toucher le septième de la recette, et parfois des gratifications supplémentaires vinrent s’ajouter à ce revenu régulier. […] Et qu’elle s’évanouît hardiment avec ma connaissance quand ce doux son ne touchera plus mes oreilles… Quel que je sois, je le veux être ailleurs qu’en papier111 ».
Mais d’où vient la forme qui touche ? […] Je ne parle pas de Victor Hugo : quoiqu’ils soient devenus sacrés, on touche encore un peu à ses vers. […] On examine curieusement « comment c’est fait » ; on aime à toucher du doigt et à retourner le joyau bien ciselé. […] Mais une nuit, sur les ruines du Colisée, il a été touché d’un rayon d’en haut, il s’est repenti. » Alors le Christ apparaît. […] Il faut, pour que je sois touché, que l’amour de la patrie se combine avec d’autres sentiments et que la patrie elle-même devienne quelque chose de vivant et de concret.
La vieille reine est touchée de sa grâce. […] Eloquence de Chalier, touche mes lèvres de ton charbon ardent ! […] » Mais elle, sans lever les yeux : « Ne me touche pasl… Ne me touche pas ! […] L’excellent baron Hercule est surpris et touché de ce grand amour, et de cette franchise, de cette crânerie dans l’innocence. « Ah ! […] » Et Jésus lui dit : « Ne me touche pas ; mais va trouver mes frères et dis-leur ce que tu as vu. » C’est tout, et certes c’est assez.
Si sa clairvoyance, très avertie, indique un défaut dans un chef-d’œuvre, c’est d’une touche légère, sans insistance de cuistre ni mauvaise humeur de pédant. […] On a découvert que le grand Victor Hugo savait défendre ses intérêts, toucher ses rentes, résister à son éditeur. […] Puis, quand ils ont poussé à la prison, au bagne, ailleurs encore, quelques têtes faibles, ils vont, d’un air serein, toucher le prix de leurs lignes. […] Mais tout cela le touche peu. […] Anatole France, réduisent en miettes, sans avoir l’air d’y toucher, l’édifice séculaire de notre tranquillité individuelle et de notre sécurité sociale.
Il déjeunait et dînait volontiers dehors, mais il ne touchait jamais qu’aux plats simples. […] Imaginez qu’un tableau d’un peintre pieux, une Ascension du Pérugin, soit appendu au mur d’une chapelle et qu’un fidèle s’en approche dans une heure de recueillement Pour peu que ce fidèle joigne à sa dévotion un pouvoir de sentir la beauté, nul doute qu’il ne soit touché du caractère esthétique de la noble et fervente peinture. […] Ils ont visé un but, ils en ont touché un autre. […] Le romancier, à travers votre imagination, a : touché la place malade du cœur, et, si légère que soit cette pose de son doigt sur la blessure, on ne saurait la supporter bien longtemps. […] Pour m’éprouver, je me touchai avec ingéniosité de mille traits aigus d’analyse, jusque dans les fibres les plus délicates de ma pensée.
Exact et bien dirigé en ce qui touche les sentiments politiques de Benjamin Constant, l’ingénieux écrivain n’a pas rendu la même justice à Mme de Staël. […] Toutes ces opinions, en effet, sur la religion, sur la politique, sur le mariage, datées de 90 et de 92 dans le roman, étaient d’un singulier à propos en 1802, et touchaient à des animosités de nouveau flagrantes. […] L’active constance de quelques amis frappés pour elle, l’abandon, les chétives excuses, les peurs déguisées en mal de poitrine, de quelques autres, l’avaient touchée au cœur et diversement contristée. […] Allez tout de suite la voir ; elle est très-facile à vivre, et vos compositions musicales lui feront certainement le plus grand plaisir, quoique la littérature, la poésie, la philosophie et tout ce qui s’y rattache la touchent plus que les arts. » 61. […] Son défaut, à côté de sa raillerie qui d’ordinaire touchait juste, était de ne point tenir compte des parties élevées et sérieuses, ce qui lui ôte de la portée.
La prévoyance des événemens intéressans l’épuise peu à peu, de maniere que quand ils arrivent, ils font une impression plus ou moins languissante, selon qu’on les a plus ou moins prévûs : donc il faut dans un ouvrage dont le but est de toucher, ménager aux événemens toute l’impression qu’ils peuvent faire ; soutenir toujours dans son lecteur une inquiétude agréable sur le sort des personnes qui l’intéressent, une curiosité vive sur la suite des avantures qui l’attachent, au lieu d’émousser sa sensibilité par des préparations trop évidentes, et ce qui seroit encore pis, quoiqu’Homere l’ait fait, par une prédiction toute crue des actions que l’on doit décrire. […] L’homme n’est touché que de ce qu’il croit. […] Mais, comme il y a des gens que le beau frappe, jusqu’à les mettre hors d’érat de reconnoître les fautes qui l’interrompent, il y en a d’autres aussi, qui sont tellement blessés des défauts, que le beau même qui y tient, ne les touche plus. […] Je me suis du moins affermi dans ces pensées, par le plaisir que cet endroit m’a paru faire à ceux qui l’ont entendu. à l’égard des défauts, je n’ai pas cru devoir retrancher ceux qui ne s’apperçoivent que par la réflexion, et qui ont au premier aspect de l’éclat et de la beauté ; le poëme s’accommode assez de ces défauts-là, et ils n’empêchent pas qu’on ne réussisse ; parce que le lecteur une fois touché, ne se demande gueres à lui-même, s’il a assez de raisons de l’être. […] On dira que je suis un téméraire d’avoir osé toucher à une réputation de plus de deux mille ans.
Bien qu’en plus d’un passage de ce livre sur les Rose-Croix, la religion chrétienne ne semble pas suffisamment distinguée de ce qui est touché tout à côté, il apparaît assez clairement que l’auteur ne favorise en rien les nouveautés religieuses qui ont troublé le royaume et porté atteinte à la foi des aïeux. […] La passion des livres, qui semble devoir être une des plus nobles, est une de celles qui touchent de plus près à la manie ; elle atteint toutes sortes de degrés, elle présente toutes les variétés de forme et se subdivise en mille singularités comme son objet même. […] Ç’allait être un beau jour pour lui, le plus beau jour de sa vie, que celui où la publicité de cet établissement unique eût été complète245 ; déjà la porte particulière à l’usage des savants était pratiquée sur la rue ; déjà l’inscription latine destinée à figurer au-dessus, et qui devait dire à tous les passants (aux passants qui savaient le latin) d’entrer librement, se gravait sur le marbre noir en lettres d’or ; Naudé touchait à l’accomplissement du rêve et du labeur de toute sa vie.
III Aussi bien, quoi qu’il fasse, quels que soient ses défauts, sa morgue, sa dureté de touche, sa préoccupation de la morale et du passé, ses instincts d’antiquaire et de censeur, il n’est jamais petit ni plat. […] En bonne foi, tu auras des bijoux, des robes, des parures, Ce que tu pourras imaginer ou demander. — Va seulement l’embrasser, Ou touche-le, rien de plus. — Pour l’amour de moi. […] Que la source soit maudite, et que tous ceux dont son eau touchera les lèvres, soient épris, comme lui, de l’amour d’eux-mêmes165. » Les courtisans et les dames y boivent, et voici venir une sorte de revue des ridicules du temps, arrangée, comme chez Aristophane, en farce invraisemblable, en parade brillante.
Quand ils virent que la cassette n’avait pas été touchée, et que tous les trésors y étaient encore, ils poussèrent des cris de joie, ce qui me rendit toutes mes forces, et me fit remercier Dieu. […] Celui-ci s’en plaignit au cardinal, qui lui répondit que, si Benvenuto le touchait, il lui ferait passer sa folie avec sa tête. […] « Le seul malaise que j’éprouvasse venait de mes ongles, qui étaient devenus si longs que je ne pouvais ni me vêtir ni me toucher sans me blesser.
Cette maison était une espèce de château antique qui touchait aux murs de Paris, assez grand, et de forme triangulaire. […] « À peine fus-je descendu de cheval qu’une de ces bonnes personnes qui veulent toujours mettre le feu aux étoupes vint me dire que Miceri avait loué un appartement pour Catherine et sa mère, et qu’il ne les quittait point ; qu’en parlant de moi il s’égayait en disant : Benvenuto a mis de la graine devant les oiseaux, et il a cru qu’ils n’y toucheraient pas. […] Il y en avait une si grande quantité qu’elles se touchaient toutes.
« Je crois être dans le vrai en insistant sur cette médiocrité de fortune et de condition rurale dans laquelle était né Virgile, médiocrité, ai-je dit, qui rend tout mieux senti et plus cher, parce qu’on y touche à chaque instant la limite, parce qu’on y a toujours présent le moment où l’on a acquis et celui où l’on peut tout perdre : non que je veuille prétendre que les grands et les riches ne tiennent pas également à leurs vastes propriétés, à leurs forêts, leurs chasses, leurs parcs et châteaux ; mais ils y tiennent moins tendrement, en quelque sorte, que le pauvre ou le modeste possesseur d’un enclos où il a mis de ses sueurs, et qui y a compté les ceps et les pommiers ; qui a presque compté à l’avance, à chaque récolte, ses pommes, ses grappes de raisin bientôt mûres, et qui sait le nombre de ses essaims. […] Ampère, a touché, comme il sait faire, le ton juste de ce même paysage et de la teinte morale qu’on se plaît à y répandre, dans un chapitre de son Voyage dantesque : « “Tout est virgilien à Mantoue, dit-il ; on y trouve la topographie virgilienne et la place virgilienne ; aimable lieu qui fut dédié au poète de la cour d’Auguste par un décret de Napoléon. […] Walckenaer me semble avoir touché avec trop peu de ménagement cette partie de la vie et des mœurs de Virgile.
Philippe, dont le fils Alexandre touchait à l’âge des études sérieuses, rappela Aristote à sa cour pour lui confier la dernière éducation de son fils. […] Callisthène cependant pénétra près de lui avec Anaxarque et tâcha d’abord doucement, et selon les règles de la morale, de se rendre maître de sa douleur en s’insinuant peu à peu auprès de lui par ses discours et en tournant adroitement tout autour, sans toucher à la plaie et sans lui rien dire qui pût réveiller son affliction. […] XVI De toutes les sciences qu’il a touchées, la plus universelle est la politique.
« Ducomar, touché de ses larmes, lui cède son épée : elle la lui plonge dans le sein. […] « Ainsi j’ai vu sur le Cona, Cona que ne voient plus mes yeux, ainsi j’ai vu deux collines arrachées de leurs bases par l’effort d’un torrent impétueux ; leurs masses inclinées l’une vers l’autre se rapprochent ; la cime de leurs arbres se touche dans les airs ; bientôt toutes deux ensemble tombent et roulent avec leurs arbres et leurs rochers ; le cours des fleuves est changé, et les ruines rougeâtres de leurs terres éboulées frappent au loin l’œil du voyageur. […] Ullin, touche la harpe pour Ryno ; dis quel héros il eût été.
Au-dessus est la correspondance directe, mais hétérogène, dont le zoophyte nous offre un exemple, quand ses tentacules sont étendues et qu’on les touche. […] Si du polype, qui ne remue que quand on le touche, nous remontons aux mollusques articulés, aux vertébrés qui habitent l’eau, et de là aux animaux les plus élevés qui habitent un milieu plus raréfié, nous trouverons sous des formes et modifications variées, un appareil visuel plus complexe, et une distance croissante dans l’extension de la correspondance. […] Et ce qui le prouve, c’est que cet objet peut être une simple imitation, un trompe-l’œil : en ce cas, le goût, le toucher, l’odorat rectifient mon inférence et l’objet n’est plus classé parmi les oranges.
L’enfant, apercevant une ressemblance entre la seconde épingle et la première, résout spontanément et appétitivement la proportion suivante : la première épingle touchée est à la première piqûre comme la seconde épingle touchée est à x ; il donne à x sa valeur, qui est une seconde piqûre. […] Si je recommence un grand nombre de fois à toucher la flamme qui m’a brûlé ou tout au moins à en sentir la chaleur croissante à mesure que j’en approche le doigt, si j’additionne grosso modo dans ma mémoire tous les cas positifs, si j’ai conscience, au contraire, de l’absence d’aucun cas négatif, si je vois ainsi les raisons pour (égales à un nombre indéfini) et les raisons contre (égales à zéro), si enfin j’ai le langage qui me permet de traduire la direction d’esprit résultant de cette comparaison, j’arriverai à cette proposition générale : le feu brûle.
Ce voleur de l’auteur d’Othello, qui lui avait pris son magnifique Jaloux pour le mettre en Turc et en faire Orosmane, afin qu’on ne le reconnût pas, ne permettait guère qu’on vantât de son temps celui qu’il avait osé nommer Gilles ; et de la bande de philosophes qui obéissaient à son grelot et tenaient l’opinion de la France esclave, Diderot seul, le débraillé de naturel et de déclamation, avait eu le front d’écrire cette phrase superbe et cynique : « Moi, je ne comparerai Shakespeare ni à l’Apollon du Belvédère, ni au Gladiateur, ni à l’Antinoüs, ni à l’Hercule de Glycon, mais au saint Christophe de Notre-Dame, colosse informe, grossièrement sculpté, mais dans les jambes duquel nous passerions tous sans que notre front touchât à ses parties honteuses. » Mais, comme on le voit, cette phrase ambitieuse et fausse, quoiqu’elle voulût être plus juste que tout ce qu’on disait alors, prouvait que Diderot lui-même ne connaissait pas tout Shakespeare dont le colossal disparaît précisément quand on l’a tout entier sous le regard, dans la perfection de son harmonie. […] C’est le contraire de la sensitive : plus on la touche, plus elle s’épanouit. […] Il a descendu cette misère royale de Lear dans une sphère de société moins haute que celle où plane Shakespeare ; une sphère non plus humaine, mais plus vulgaire, qui nous touche et nous prend de plus près.
Bossuet fut l’ennemi-né de tout ce qui touchait à la Réforme, synonyme pour lui de péché et de crime. […] Touchés de tant de merveilles, épanchons nos cœurs sur la piété de Louis ; poussons jusqu’au ciel nos acclamations, et disons à ce nouveau Constantin, à ce nouveau Théodose, à ce nouveau Marcien, à ce nouveau Charlemagne, ce que les six cent trente Pères dirent autrefois dans le concile de Chalcédoine ; « Vous avez affermi la foi, vous avez exterminé les hérétiques : c’est le digne ouvrage de votre règne, c’en est le propre caractère. […] A la Révocation de l’édit de Nantes il répondit, le même mois, par l’édit de Postdam où il disait notamment : « Comme les persécutions et les rigoureuses procédures qu’on exerce depuis quelque temps en France contre ceux de la religion réformée ont obligé plusieurs familles de sortir de ce royaume et de chercher à s’établir dans les pays étrangers, nous avons bien voulu, touché de la juste compassion que nous devons avoir pour ceux qui souffrent pour l’Évangile et pour la pureté de la foi que nous confessons avec eux, par le présent édit, signé de notre main, offrir aux dits Français une retraite sûre et libre dans toutes les terres et provinces de notre domination ; et leur déclarer en même temps de quels droits, franchises et avantages, nous prétendons les y faire jouir, pour les soulager, et pour subvenir en quelque manière aux calamités avec lesquelles la Providence divine a trouvé bon de frapper une partie si considérable de son église. » La réponse à cet appel ne se fit pas longtemps attendre.
Les jeunes Dames ne cesseront qu’elles n’ayent en leur compagnie ce gay et joli cerveau. » Toutes les chimères et les fantaisies creuses dont se repaissent les amoureux au début de leur flamme sont merveilleusement touchées. […] Elle se présente à lui comme la fille d’Otrée, roi opulent de toute la Phrygie, et comme une fiancée qui lui est destinée : « C’est une femme troyenne qui a été ma nourrice, lui dit-elle par un ingénieux mensonge, et elle m’a appris, tout enfant, à bien parler ta langue. » Anchise, au premier regard, est pris du désir, et il lui répond : « S’il est bien vrai que tu sois une mortelle, que tu aies une femme pour mère, et qu’Otrée soit ton illustre père, comme tu le dis, si tu viens à moi par l’ordre de l’immortel messager, Mercure, et si tu dois être à jamais appelée du nom de mon épouse ; dans ce cas, nul des mortels ni des Dieux ne saurait m’empêcher ici de te parler d’amour à l’instant même ; non, quand Apollon, le grand archer en personne, au-devant de moi, me lancerait de son arc d’argent ses flèches gémissantes, même à ce prix, je voudrais, ô femme pareille aux déesses, toucher du pied ta couche, dussé-je n’en sortir que pour être plongé dans la demeure sombre de Pluton !
Tout ce peuple hébété que nul remords ne touche, Cruel même dans son repos, Vient sourire aux succès de sa rage farouche, Et, la soif encore à la bouche, Ruminer tout le sang dont il a bu les flots. […] Depuis l’aimable enfant au bord des mers, qui joue de la double flûte aux dauphins accourus, nous avons touché tous les tons.
Qu’on oublie donc que ces vers parlent de moi ; qu’au lieu de moi, retiré depuis longtemps de la lice, et qui n’ai fait que toucher superficiellement et avec distraction la lyre jalouse qui veut tout l’homme, on suppose un nom véritablement et légitimement immortel ; qu’on se figure, par exemple, que Solon, poète d’abord, et poète élégiaque dans sa jeunesse, puis restaurateur, législateur et orateur de la république athénienne, puis banni de la république renversée par l’inconstance mobile des Athéniens, puis rentré obscurément dans sa patrie, par l’insouciance du maître, y végète pauvre et négligé du peuple sur une des montagnes de l’Attique ; qu’on se représente en même temps un jeune poète d’Athènes, moins oublieux que ses compatriotes, bouclant sa ceinture de voyage, chaussant ses sandales, et partant seul du Parthénon pour venir visiter bien loin son maître en poésie, relique vivante de la liberté civique ; que Solon reçoive bien ce jeune homme, partage avec lui son miel d’Hymette, ses raisins de Corinthe, ses olives de l’Attique ; que le disciple, revenu à Athènes après une si bonne réception, raconte en vers familiers à ses amis son voyage pédestre, ses entretiens intimes avec le vétéran évanoui de la scène et se survivant, mutilé, à lui-même et à tous dans un coin des montagnes natales. […] Les beaux vers qu’on va lire ne me font donc aucune vanité en ce qui me touche ; quiconque se juge est incapable de se glorifier.
Je touche à peine à ma pleine maturité ; j’ai vu de mes yeux d’enfant la première république sans la comprendre et sans me souvenir d’autre chose que des sanglots qu’elle faisait retentir dans les familles décimées par les prisons ou les échafauds ; j’ai vu l’empire sans entendre autre chose que les pas des armées allant se faire mitrailler sur tous les champs de bataille de l’Europe, et les chants de victoire mêlés au deuil de toutes ces familles du peuple qui payaient ces victoires du sang prodigué de leurs enfants ; j’ai vu l’Europe armée venir deux fois, sur les traces de nos armées envahissantes, envahir à son tour notre capitale ; j’ai vu les Bourbons rentrer avec la paix humiliante mais nécessaire à Paris et y retrouver la guerre des partis contre eux au lieu de la guerre étrangère éteinte sous leurs pas ; j’ai vu Louis XVIII tenter la réconciliation générale, dans le contrat de sa charte entre la monarchie et la liberté ; je l’ai vu manœuvrer avec longanimité et sagesse au milieu de ces tempêtes de parlement et d’élection qui ne lui pardonnaient qu’à la condition de mourir ; j’ai vu Charles X, pourchassé par la meute des partis parlementaires, ne trouver de refuge que dans un coup d’État désespéré qui fut à la fois sa faute et sa punition. […] Il m’avait tout offert, avec des instances qui rendaient le refus difficile à un cœur touché de ses embarras ; j’avais tout refusé.
La nature est le Quintilien des bons esprits ; faisons comme elle, et nous serons sûrs de frapper l’œil, de satisfaire l’esprit et de toucher le cœur. […] Là où tout le monde tâtonne, il touche juste, il marche droit.
« — Oui, me dit-il, nous y touchons. […] Le Seigneur en passant t’a touché de sa main ; Et, pareil au rocher qu’avait frappé Moïse Pour la foule au désert assise, La poésie en flots s’échappe de ton sein.
L’enfant, en remuant ses petites mains du fond de son berceau, toucha par hasard l’outre dégonflée de la zampogna, où dormait un reste de vent de l’haleine de son père ; la musette rendit un petit son, comme la touche d’un clavier sur lequel un oiseau familier se perche par hasard en voltigeant libre dans la chambre d’une jeune fille.
L’œuvre est très riche de pensée : voisine de Cabanis et de Destutt de Tracy par certaines théories, par d’autres elle touche à Sainte-Beuve et à Sand, et par d’autres enfin elle nous semble devancer Gautier et Baudelaire. […] A peine touche-t-elle à la France par le fameux récit de la bataille de Waterloo : récit d’un homme d’expérience, original et saisissant par la médiocrité voulue et l’insignifiance expressive du détail.
Les Marges Voici les réponses que nous avons reçues : Joseph d’Arbaud Au 1er février 1914, à propos de l’apparition d’un livre de poèmes provençaux qui me touche de près, M. […] La limite inférieure, c’est-à-dire, la ligne où disparaissent les derniers caractères d’oïl, part d’un point situé à 15 kilomètres environ au nord-est d’Angoulême, à l’extrémité supérieure de la forêt de la Braconne, se dirige vers le nord-est, laissant Confolens en pays d’oc, passe au-dessus de Bellac, contourne Guéret au sud, sépare le Puy-de-Dôme de l’Allier, touche par leur limite nord aux territoires de Roanne et de Lyon pour rejoindre la frontière à peu près au point où le Rhône pénètre en France.
La vraie critique, en un mot, est la balance où se pèsent les talents, c’est la pierre de touche qui nous apprend à ne pas confondre le clinquant avec l’or, l’ivraie avec le bon grain. […] Laissons déclamer sur les caprices et l’incertitude du goût, et reconnaissons que le cœur de l’homme a des cordes que l’on ne touche jamais en vain, et qu’il est des beautés éternelles qui brillent à toutes les intelligences, comme le soleil à tous les yeux.
Il le touche, le pince, le brûle avec de l’acide acétique, etc..... […] Sensations venant des sens proprement dits et qui comprennent le toucher, le goût, l’odorat, l’ouïe et la vue.
Sa logique subtile et ingénieuse apporterait à une doctrine aimée bien des conséquences intéressantes ; mais comme il serait heureux qu’on lui fournît les principes premiers… Rien n’est plus curieux que la transition que traverse Mauclair depuis quelques années et je sais peu de spectacles plus beaux que son pèlerinage : parti d’un individualisme dont la noblesse le touche encore mais qui exige décidément trop de vigueur isolée et raidie, il va, non sans regret pour ce qu’il laisse, vers un altruisme qui semble lui promettre des joies moins rudes et de laisser son sacrifice moins inutile. […] notre action extérieure ne touche jamais qu’aux bas intérêts : nous pouvons quelque chose pour la sensibilité d’autrui — mais pourquoi ne mépriserions-nous pas la sensibilité voisine autant que la nôtre ?
C’est encore une scène habilement conduite que celle où la dame, flattée plutôt que touchée d’un si grand amour, se fait offrir ce sacrifice auquel elle ne tient pas autrement. […] Je touche du doigt les ressorts artificiels qui le font mouvoir ; je suis prévenu que son existence est purement fictive, et qu’une correction nouvelle pourra, demain encore, retoucher son caractère et réviser ses antécédents.
Il presse son mariage, le contrat est fait, et les bans vont être publiés demain… Elle touche au but, elle va l’atteindre… Oui, mais cette femme si forte commet la très grande faute de rappeler Olivier chez elle, par je ne sais quelle machination mesquine où l’honneur d’une femme est mêlé. […] Quelle délicatesse de touche il fallait pour exprimer ce cas rare, cette nuance indécise, une virginité malade de la corruption qu’elle respire, et qui languit et qui va mourir.
Les imaginations tranquilles et touchées des agrémens de la vie champêtre, ont inventé la poësie pastorale. […] Pour les sentimens, on peut bien être touché des plus foibles et de ceux qui nous sont les plus familiers : mais nous n’admirons que ceux qui sont au-dessus des foiblesses communes, et qui par une certaine grandeur d’ame qu’ils nous communiquent, augmentent en nous l’idée de notre propre excellence.
Zola est d’une brutalité de touche qui, de simples qu’elles sont, les fait basses, et son amour dépravé du détail laid — le mal général de la peinture à cet instant du xixe siècle — les abaisse davantage encore. […] Il y a toujours dans tout grand artiste une hauteur originelle et une pureté de génie, qui dédaigne de toucher à ces choses honteuses dans lesquelles l’auteur de L’Assommoir ne craint pas de plonger sa main… XII Oui !
Il sentira que les mêmes phénomènes peuvent se produire, les mêmes lois se manifester avec des caractères très-différents, en ce qui touche la liberté ou la nécessité de nos actes. […] Nous voyons, nous touchons, nous possédons la vérité sur nos facultés et nos capacités, sur la spontanéité réelle de notre volonté, sur le secret mécanisme de notre vie morale, sur la nature même de notre être.
L’empereur Nicolas y répondit par une lettre qui touche de trop près à l’histoire pour que nous n’usions pas de la permission qui nous est donnée de la produire ici : Je vous remercie bien sincèrement, ma chère nièce, des nobles sentiments que m’exprime votre lettre.
s’écria Friant : pour six b… de malheureux sous que vous touchez par jour, on dirait que vous avez peur de mourir.
Il rend surtout témoignage du caractère et du talent de l’auteur, — un caractère ami du bien et jaloux du mieux, un de ces esprits comme il y en a peu, fixés et non arrêtés, défendus par des principes, et qui restent ouverts aux bonnes raisons ; un esprit qui a en soi son moule distinct, et qui imprime à tout ce qu’il traite ou ce qu’il touche un certain composé bien net de sagacité, de savoir, de moralité et de style —, qui y met sa marque enfin.
Le toucher, qui semble nous être donné pour corriger notre vue, nous trompe lui-même en mainte occasion.
Le personnage du comte de Grandmont était pris sur le vif, emporté de verve, et touché avec assez de finesse pour n’avoir pas déplu, dit-on, à ceux-là mêmes qui s’y sont le mieux reconnus.
Il nous fait comprendre point par point cette campagne de 1815 ; il nous fait toucher du doigt les vraies causes qui ont déjoué le plan le plus habilement et le plus hardiment conçu, et dont l’exécution dans sa première partie, dans sa majeure partie, avait marché, sinon tout à fait à souhait, du moins dans le sens voulu.
C’est à regret et à mon corps défendant que je me suis vu forcé de toucher ce point littéraire et de goût, à la fin d’un récit où toute littérature s’oublie et cesse, où ce serait le triomphe de la peinture elle-même de ne point paraître une peinture, où l’histoire doit à peine laisser apercevoir l’historien, et où la page la plus belle, la plus digne du héros tombé et de la patrie vaincue avec lui, ne peut se payer que d’une larme silencieuse.
Que Lucrèce fût déiste ou athée, cela ne le touchait en rien, comme bien l’on pense.
On ferait preuve d’un esprit bien superficiel en n’y voyant que des accidents particuliers auxquels se serait pris le poëte : Béranger a dramatisé, sous ces figures populaires, toute une économie politique impuissante, tout un système d’impôts écrasants ; il a touché en plein la question d’égalité réelle, du droit de chacun à travailler, à posséder, à vivre, la question, en un mot, du prolétaire.
« Mais elle touche à sa fin.
L’auteur nous fait suivre les corps au gibet ; il nous fait toucher du doigt les squelettes ; mais des destinées morales, spirituelles, pas un mot.
Lycée, Jeux Floraux, Académie, il brillait partout ; il cumulait, comme cet héroïque lutteur, le laurier de Delphes, le chêne de Pergame et le pin de Corinthe ; il aurait volontiers laissé écrire au-dessous de sa statue : « Ceci est la belle image du beau Milon, qui sept fois vainquit à Pise, sans avoir, une seule fois, touché la terre du genou. » Or, le jour où son genou fléchit en effet, le jour où la palme (style du genre) lui échappa et où il fut évincé par un plus heureux, il ne sut plus se consoler, il resta dépaysé longtemps, l’esprit tendu, avec tout un attirail oratoire qui ne sert que dans ces sortes de joûtes, et qui, en se prolongeant, doit nuire au libre développement des forces naturelles.
Un autre vœu moins chimérique, un désir moins vaste et bien légitime que forme l’âme en s’ouvrant à la poésie, c’est d’obtenir accès jusqu’à l’illustre poëte contemporain qu’elle préfère, dont les rayons l’ont d’abord touchée, et de gagner une secrète place dans son cœur.
« Les gouvernements sont républicains, dit-il, en proportion seulement de leur aptitude à s’identifier avec la volonté du peuple et de leur fidélité à l’accomplir ; selon qu’ils admettent dans une plus ou moins grande proportion le contrôle et l’élection populaires… Le véritable principe du gouvernement républicain est de reconnaître à chaque citoyen l’égalité de droits en ce qui touche sa personne, sa propriété, et la disposition de l’une et de l’autre.
Ce tableau est d’une touche admirable.
Les vers de Thomson me touchent plus que les sonnets de Pétrarque.
Il flatte et il amuse, il caresse et il touche, il est naturel et il est mesuré.
Souvent cette analyse sera le développement même que vous cherchez : et par le seul fait que vous aurez substitué le concret, le phénomène ou l’individu, à l’abstrait, à la loi ou au genre, vous aurez touché votre but, vous aurez peint, prouvé, ému.
Toute cette voûte semblait incrustée d’écailles de cuivre ; des bosselures innombrables, les unes presque ardentes, les autres presque sombres, s’étageaient par rangées avec un étrange éclat métallique jusqu’au plus haut du ciel, et, tout en bas, une longue bande verdâtre qui touchait l’horizon était rayée et déchiquetée par le treillis noir des branches.
Il sait aussi à quoi ils ne veulent point qu’on touche.
France goûte pleinement le plaisir satanique de comprendre, de douter, de nier ; mais il semble qu’à chaque instant aussi il l’épuise, il en touche le néant… Je suis bien curieux de savoir où cela le mènera… J’ai nommé Choulette.
Nous touchons ici à un des problèmes sur lesquels il importe le plus de se faire des idées claires et de prévenir les malentendus.
Vous l’eussiez tenu pour un homme frappé de Dieu, touché de sa main.
C’est ainsi qu’il toucha Nathanaël 472, Pierre 473, la Samaritaine 474.
On communique le trésor caché ; on paye ainsi ce que l’on reçoit ; la politesse et les bons rapports y aidant, la maison est touchée, convertie.
Ses paroles m’ont paru toutes choisies pour toucher un cœur sans bassesse et sans importunité. » Dans le même temps, que fait le roi ?
Ça m’est parfaitement égal… Ce Roqueplan, un homme tout couvert de l’aes alienum, comme dit Salluste… Tenez, il y a un jeune homme, l’auteur d’une Sapho, qui a touché juste, le mâtin !
Le grec, assez peu senti pour qu’on ose y toucher sans scrupule, offre aux fabricants de mots nouveaux une facilité vraiment excessive.
. — Il jeta ses filets dans l’eau, les plombs touchaient le fond.
Au contraire, il est touché jusqu’au fond du cœur par les contradictions d’idées et de sentiments qui tourmentent l’humanité.
Car, là il y avait, certes, l’occasion d’une création majestueuse ; on pouvait, dans un sujet pareil, mêler à la peinture d’une famille féodale la peinture d’une société héroïque, toucher à la fois des deux mains au sublime et au pathétique, commencer par l’épopée et finir par le drame.
On n’avoit point touché la continuité de l’action, la liaison des scènes, les intervalles des actes, & toutes les particularités qui concourent à la perfection des drames, à l’exécution, & que l’abbé d’Aubignac appelle la pratique du théâtre.
Le poëte lui-même fut si touché dans ce moment qu’il écrivit à Paris, qu’en revoyant le roi de Prusse, il avoit retrouvé ce roi enchanteur.
Dans ce cas, la mécanique mnémonique était restée saine sur un point particulier, et il suffisait d’y toucher pour la faire jouer.
Outre que c’est déjà un problème de savoir quelle est cette autorité infaillible33, je fais remarquer que cette autorité suprême, quelle qu’elle soit, ne nous assure la sécurité que dans un domaine qui nous touche de très-loin, et nous laisse dans le trouble là où nous aurions le plus besoin de lumières.
Elle me répondrait superbement que la morale n’est qu’une hypocrisie, si elle n’est pas la liberté (je m’épargnerai cette vieille guitare) ; mais je lui dirai et je lui répéterai la chose qui devra le plus la toucher : c’est que précisément, dans le livre qu’elle vient de lancer, elle n’est point aussi Cosaque qu’elle se vante de l’être ; c’est que la tournure qu’elle se donne, en commençant son livre, n’est pas du tout la tournure qu’elle prend, en le publiant.
… Certes, la vanité des bas-bleus a de singulières ivresses ; elle est quelquefois au-dessus de tout ce qu’on peut imaginer, Mais pour se permettre de toucher à un sujet sur lequel la main colossale de Balzac avait écrit à suivre !
Mais Tocqueville ne pouvait ni ne voulait toucher à ce sujet, brûlant pour une main comme la sienne.
Puisqu’il s’agissait de civilisations, le libre penseur se serait bien gardé de toucher à la seule qu’il y ait dans le monde, — la civilisation chrétienne, — car toutes les autres ne sont que des barbaries, policées peut-être à la peau, mais, pour peu qu’on gratte, atroces, abominables et immondes jusqu’au fond du sang de leurs veines !
le renversement dans l’admiration touche de près à l’ingratitude, — et les peuples ne sont vraiment plus reconnaissants pour leurs grands hommes le jour qu’ils s’avisent de dresser de tels panthéons à leurs amuseurs !
Montesquieu, c’est la pénétration réfléchie, c’est la volonté savante dans l’expression calculée, c’est la rétorsion la plus prudente dans la pensée, et c’est la mesure aussi et la modération, qui tue en n’ayant pas l’air d’y toucher.
Ernest Hello devrait toucher ; prétintaille de rhétorique plaquée au front du livre le plus contraire à la rhétorique, c’est-à-dire à toute convention dans les idées et dans le style… Le titre d’un livre doit engager à l’ouvrir, — comme le regard d’une femme inconnue doit donner l’envie de la connaître et de lire dans le cœur qui a ce regard… Tel n’est point le titre que M.
Sans doute, c’est déjà une raison pour n’y plus toucher qu’une chose soit morte parmi les choses humaines.
Aussi doit-on le reconnaître, entre tous les historiens qui ont eu à parler de cet homme illustre, entre tous ceux-là qui touchent d’une main pieuse aux saintes poussières du passé, je n’en sache guères qu’un seul qui ait refusé sa sympathie à une si grande condition et à une si grande infortune.
Saint Augustin nous touche de plus près que les autres Pères de l’Église ; il semble que sa sainteté se détache et ressort mieux sur l’orage de ses passions.
c’est un moderne, qui se jette et tombe dans son sujet avec son armature moderne, — et c’est d’une originalité et d’une sensation surprenantes que cette langue moderne, hardie, familière, pittoresque, cette langue que nous parlons tous dans le plain-pied de notre vie : à souper, entre les portants de deux coulisses, partout ; la langue du monde et non de la littérature, qui touche presque à l’argot et au néologisme, qui ne craint ni le mot plaisant, ni le mot débraillé, ni le mot cru, ni le mot nu, et que voici parlée comme les chroniqueurs de notre temps la parleraient dans un journal de notre temps, et appliquée hardiment aux plus hauts sujets et aux plus majestueuses figures, avec une aisance, un sans-façon et un brio dignes de Fervacques et de Bachaumont dans des chroniques d’hier !
Et tout ce qui a l’honneur d’être un monsieur du xixe siècle doit éviter prudemment de toucher trop fort à cette petite pagode de Saint et de Roi, de peur de voir — terrible jouet à surprise !
Et tant qu’on ne l’aura pas montré avec une évidence, si claire que sa scélératesse soit une opinion à laquelle personne n’ose plus toucher ni contredire, on n’en aura jamais fini avec le xviiie siècle.
Pour écrire la vie de cet homme de brusque décision, qui aimait la vérité d’un amour hardi et sans scrupule, qui n’y alla jamais de main morte avec rien ni avec personne, et qui empoignait, quand il ne s’agissait que de toucher, besoin était d’un homme de sa sorte.
Même dans une question d’histoire naturelle, mais qui touche à une autre question bien autrement profonde, il a si peu d’intuition et de certitude à lui qu’il se réclame de Blumenbach, qu’il appelle son maître, et, d’un autre côté, il a si peu de fermeté et de foi en l’adhésion qu’il donne à cet illustre nomenclateur, qu’après avoir reconnu ses cinq races il ajoute : « Il n’en est pas moins vrai qu’aucune différence radicale et typique ne régit ces groupes », comme s’il se repentait déjà !
Cette touche adorable sur les esprits et sur les cœurs, le naturel, Madame de Sabran l’avait.
Donoso Cortès, cet écrivain incontestablement supérieur par un talent qui touche au premier ordre, cet orateur qui a poussé ces deux ou trois discours dont l’air que nous avons autour de la tête vibre encore, l’illustre Donoso Cortès… disons-le brutalement, ne serait rien sans le catholicisme, et ce n’est pas certes pour l’abaisser que nous disons cela !
Habitué à la méditation philosophique, à ce reploiement de la pensée qui s’aiguise en se pénétrant, il a entrepris de dégager cette loi de déduction qui, chez les autres écrivains, n’avait encore été qu’indiquée, et de la faire toucher par tant de côtés et à tant de reprises à ses lecteurs, qu’il fût impossible de la nier.
V Jusqu’ici nous n’avons rien trouvé encore dans toute cette philosophie positive dont il ne reste rien positivement, quand on veut la toucher et la prendre avec les mains de son esprit.
Même dans une question d’histoire naturelle, mais qui touche à une autre question bien autrement profonde, il a si peu d’intuition et de certitude à lui, qu’il se réclame de Blumenbach, qu’il appelle son maître, et, d’un autre côté, il a si peu de fermeté et de foi en l’adhésion qu’il donne à cet illustre nomenclateur, qu’après avoir reconnu ses cinq races, il ajoute : « Il n’en est pas moins vrai qu’aucune différence radicale et typique ne régit ses groupes », comme s’il se repentait déjà !
De la question philosophique, qu’il n’a pas touchée comme on eût été en droit de l’attendre d’un homme qui a conçu l’idée de son livre, il a glissé tout à coup dans l’histoire.
Malgré l’importance et la difficulté du travail de M. l’abbé Bouix, quelle est la plume, se croyant grave parmi toutes celles qui se croient amusantes, qui ait eu seulement le courage d’en toucher deux mots ?
… Compagnon de plume des La Touche, des Gozlan, des Sand, des Balzac, dans la tête desquels, lui, le vaste semeur d’idées, — il en était un !
Sa métaphysique n’était plus alors que de la cosmologie… Par ce côté, il touchait, sans le savoir, au Positivisme, le Monstre moderne qui doit dévorer, dans un temps donné, toutes les métaphysiques, parce qu’il les nie toutes et qu’il est l’Athéisme absolu.
Le fuyard et pleurard d’idées qui est le fond de Renan, le petit bourreau élégiaque qui s’attendrit sur ce qu’il frappe, ces côtés bouffons qu’un autre que Caro aurait moulés en mascaron comique, sont touchés, et adoucis, et veloutés, par lui, avec une habileté et une légèreté de main incomparables.
M. de Beauvoir, tout en gardant l’individualité de sa touche, cette individualité qui fait qu’un homme est le Corrége en traitant les mêmes sujets que Raphaël, est aussi varié dans le choix de ses sujets que peut l’être un poète lyrique, un de ces poètes qu’un philosophe allemand, poète lui-même, et même plus poète que philosophe (Schelling), appelle « les abeilles intelligentes de l’Infini ».
Mais la Gloire a marqué de son pouce lumineux le nom d’André Chénier, et on ne touche pas à ce qu’a fait la Gloire !
La meilleure pierre de touche du génie est la pierre de son tombeau.
Elle peut essuyer sa bouche, pour la purifier, aux lèvres coupables qui l’avaient touchée… Est-ce une vengeance, cela ?
Cela y touchait.
j’allais presque dire prostitué), il a parfois touché avec une main moderne, et qui n’est pas la gourde main de ce chiragre de Le Sage, à la passion, au sentiment, à l’idée, à toutes ces choses qu’on ne peut pas plus rejeter entièrement du roman que de l’âme humaine.
La civilisation les a touchés et altérés.
., noms que le génie a touchés de son phosphore et qui sont à l’état de choses inextinguibles dans nos esprits !
Borkman confesse à Ella que, tout en la sacrifiant à son rêve de puissance, il l’a aimée, et que c’est pour cela qu’il n’a jamais touché à l’argent qu’elle lui avait remis. […] Et c’est pourquoi tu ne toucheras jamais le prix du meurtre. […] Elles sont augustes, elles sont uniques : n’y touchez pas. […] Leur principale préoccupation est de ne pas payer leur terme, — comme celle de leur propriétaire est de toucher ses loyers. […] ça s’est très bien passé… », tout cela est d’une vérité excellente, d’une touche mesurée, juste et fine.
J’insisterais volontiers sur ce point, si déjà plus d’une fois je ne l’avais peut-être assez touché. […] Ni les questions d’origine ou d’étymologie, ni toutes celles qui touchent à l’histoire des mots, de leurs changements de sens ou de son, ni même le choix des exemples ne se décident plus, comme jadis, au hasard de l’instinct littéraire, de la mémoire, et du goût. […] Ardisson, que l’on accusait calomnieusement d’avoir mis lui-même le feu dans son appartement de la rue du Temple, pour incendier son mobilier et toucher une assurance de 600000 francs. […] Aux environs de 1850, toute une partie de l’œuvre de Buffon passait pour être à bas, qui s’est depuis lors relevée de ses ruines, et c’en est la partie qui touche à ce que l’histoire naturelle a elle-même de plus profond et de plus mystérieux. […] Mais c’était de plus lui indiquer de quelle manière il fallait qu’il s’y prit pour toucher le but qui n’était encore alors que l’objet lointain et obscur de ses ambitions.
En effet, dans les chansons, fabliaux ou mystères, le menu détail abonde : c’est un de ces points par où les extrêmes se touchent, et par où les littératures qui commencent ressemblent aux littératures qui finissent. […] Et d’abord, sans prétendre ici toucher à la question de métier, oserai-je dire qu’il ne me semble pas que les lectures nouvelles de M. […] Il y a des ruines auxquelles il faut savoir ne pas toucher. […] Il put croire un moment qu’il allait toucher le but et qu’une grande fortune commençait pour lui. […] C’est un événement politique que le Mariage de Figaro : s’il touche à la littérature, ce n’est que par occasion.
La Peste à Florence, écrite la même année, semble toucher de plus près aux fureurs intérieures de Flaubert. […] Il avait fait des études de médecine, avait été interne à l’Hôtel-Dieu, mais, fils et petit-fils de poètes locaux, le démon poétique l’avait touché. […] Est-ce que je touche à une renaissance ou serait-ce la décrépitude qui ressemble à la floraison. […] Comme il n’a jamais touché un fusil, il manque d’autorité et d’expérience sous ses galons improvisés, et il démissionne bientôt. […] J’aime à les voir et à les toucher de temps à autre.
La Fayette fut prudent et jugea la situation : comme on n’avait disposé aucun moyen, l’expédition manqua, ne se commença point ; mais La Fayette souffrit de tant de bruit pour rien ; il craignait la risée, écrit-il à Washington : « J’avoue, mon cher général, que je ne puis maîtriser la vivacité de mes sentiments, dès que ma réputation et ma gloire sont touchées. […] Washington, le sage et le clairvoyant, comprend bien que c’est là l’endroit sensible et faible de son cher élève ; il le rassure, en nous confirmant l’honorable source du mal : « Je m’empresse de dissiper toutes vos inquiétudes ; elles viennent d’une sensibilité peu commune pour tout ce qui touche votre réputation. » Pareil débat se renouvelle en diverses circonstances. […] Mais à la fin le peuple revient au vrai. » Oui, au vrai en tout ce qui le touche directement comme intérêt. […] Il déploya beaucoup de talent, des vues étendues, et l’on jugea pendant quelque temps de son patriotisme par ses « Succès. » — En ce temps de grandes phrases, je me sens de plus en plus touché de ce qui n’est que bien dit.
Je suis sûr qu’elle n’a fait attention dans les endroits licentieux qu’à l’esprit du poëte, et à la force ou à l’harmonie des mots grecs ; et la même justice demande aussi qu’elle croye que je n’ai esté touché dans les romans, que de l’art ingénieux qui y regne, sans en adopter les mauvaises maximes. […] Qu’on ne se hâte point de se plaindre de ce que je ne touche pas encore au détail, on aura incessamment satisfaction là dessus. […] Il n’y a point d’action historique, si bizarre qu’elle puisse être, qui ne donne lieu à quelque vérité morale ; et en ce sens, nos poëmes dramatiques qui n’ont été faits la plûpart que dans le dessein de toucher par des avantures tragiques, ou de divertir par des moeurs ridicules, sont des fables, c’est-à-dire, des instructions déguisées sous l’allegorie d’une action. […] L’art est donc de ne dire à l’auditeur que les choses dont il faut l’instruire, et de ne les dire qu’à mesure que le dessein de le toucher l’éxige. […] De vos pleurs, dit Hector, que je me sens toucher !
C’est un homme unique ; ses pièces touchent à la tragédie, elles saisissent et personne en cela n’ose l’imiter… Tous les ans, je lis quelques pièces de Molière, de même que de temps en temps je contemple les gravures d’après de grands maîtres italiens. […] Soulié, les parents de Molière jusque dans les vêtements dont ils se vêtaient, on a compté les bijoux et les collerettes de Marie Cressé, on a pénétré dans ce riche intérieur de marchand tapissier, on a, pour ainsi dire, touché le décor qui encadrait la vie quotidienne de ces honnêtes bourgeois parisiens, enrichis par leur constant labeur et leur vieille probité. […] Qui sait s’il n’y a pas, dans l’angle poudreux de quelque vieille bibliothèque, un rouleau sali dont on ne toucherait les feuillets qu’avec respect et dont tout ce qui pense au monde étudierait avec fièvre les lignes a demi illisibles ? […] Il est décidément dangereux d’oser regarder la vérité en face et de toucher à certaines plaies et à certains masques. Molière, il faut lui rendre cette justice, y touchait d’une main ferme, implacable.
La phrase de La Harpe ne signifierait absolument rien, si elle ne renfermait pas un trait malin contre Corneille, qu’il accuse ici de ne savoir pas toucher le cœur, et de préférer la politique à l’amour. […] Si quelque chose touche le cœur dans Andromaque, c’est l’héroïque fidélité et la tendresse maternelle de la veuve d’Hector. […] L’âme généreuse de Bajazet peut sans doute se reprocher sa complaisance pour Atalide ; mais, s’il était tout à fait innocent, on serait plus indigné que touché de sa mort. […] Qui peut vous avoir fait ce récit infidèle ………… Je vois enfin, je vois qu’en ce même moment Tout ce que je vous dis vous touche faiblement. […] Il fallait que le janséniste Arnaud fût bien rebelle à la grâce, pour n’être pas touché de celle qui hait les femmes.
Il apparaît comme un être ondoyant, glissant, insaisissable, pareil aux ombres telles que les anciens se les représentaient : on pouvait les voir, les entendre, mais non pas les toucher. […] Il ne permet pas qu’on y touche, qu’on l’effleure. […] Brunetière ne veut pas qu’on touche à l’enseignement du latin ; son siège est fait ; mais son motif de derrière la tête, il ne veut le dire que tout à la fin ; en attendant, il tire de son sac vingt raisons plus médiocres les unes que les autres. […] L’armée est pour lui chose sacrée ; il ne permet pas qu’on y touche, qu’on s’en moque ; il veut qu’on en respecte même les petitesses et il approuve ce colonel qui fit brûler sur le fumier certain roman qui lui paraissait de nature à compromettre aux yeux du régiment le prestige des officiers. […] Sardou (je parle de l’auteur des Pattes de mouche et de Théodora) fût touché aussi par ce coup droit.
Nous touchons au moment où Molière va prendre l’essor le plus rapide. […] Arnolphe, loin de toucher Agnès, semble n’avoir voulu que la faire rire. […] L’on s’explique enfin, l’oncle abandonne ses prétentions, le neveu rend l’or, le père touché, lui fait présent de sa fortune et de sa fille. […] Quelques Frosine, non contentes d’entendre finesse à ces expressions : Je sais l’art de traire les hommes ; mon dieu, vous toucherez assez , s’avisent encore de peser sur la ligne de vie qu’elles prétendent voir dans la main d’Harpagon. […] Je le crois bien ; dès qu’un acteur, une actrice sont applaudis dans un rôle, ils disent fièrement : ce rôle m’appartient : et malheur à quiconque voudrait toucher à cette prétendue propriété !
Ce qu’il dit de la responsabilité, de l’abnégation, est d’une belle et sombre profondeur ; il a touché, en sceptique respectueux, en artiste pathétique, à des mystères de morale qui ont par moments troublé sans doute bien des cœurs guerriers. […] Dans une lettre écrite au lendemain de la première représentation de Chatterton, je lis ce jugement familier qui, sans y viser, touche assez à fond : « De Vigny a eu un vrai succès ; son drame de Chatterton est touchant, dramatique même, vers la fin ; mais, au lieu de peindre la nature humaine en plein, il a décrit une maladie littéraire, un vice littéraire, celui de tant de poëtes ambitieux, froissés et plus ou moins impuissants.
Elle avait trop vu, pour son compte, et touché de trop longue main les ressorts, pour n’en être pas froissée ; elle en causait confidemment, depuis des années déjà, avec le personnage le plus revenu246. […] L’art léger avec lequel l’habile patron essaye de lui en inoculer l’idée, l’espèce de négligence qu’il met à lui en apprendre, comme par hasard, la nouvelle courante ; le premier mouvement d’Alphonse qui regimbe, qui va s’indigner, et qui pourtant, peu à peu gagné par l’esprit de son rôle, s’y soumet presque : ce sont là des points savamment touchés.
Nous qui sommes dès l’enfance accoutumés à admirer les grands incendies admirablement décrits, cet incendie de Troie et du palais de Priam qui se réfléchit aux flancs de l’Ida, aux flots de la mer de Sigée, et qui est comme un fanal éclairant glorieusement à nos yeux toutes les hauteurs de l’Antiquité classique : ……… Jam Deiphobi dedit ampla ruinam, Volcano superante, domus ; jam proximos ardet Ucalegon ; Sigea igni freta lata relucent ; mettons-y du nôtre, cette fois, puisqu’il s’agit des nôtres ; soyons humains et indulgents ; laissons-nous toucher par cet affreux incendie d’une abbaye en Vermandois. […] Celui qui réussit, c’est Racan, qui développe et déploie l’épigramme ancienne, et en fait tout un tableau étendu, équivalent ou supérieur, avec une touche aisée d’originalité et comme une large teinte de soleil couchant répandue sur l’ensemble.
C’était la première terre que Humboldt foulait depuis son départ d’Europe, et il rend compte en ces termes de l’impression qu’il en ressentit : « Rien ne peut exprimer la joie qu’éprouve le naturaliste quand, pour la première fois, il touche une terre qui n’est pas l’Europe. […] Partout où on touche, il est toujours chez lui, et nous déverse ses trésors intellectuels.
Il veut fuir l’ingrate Ausonie ; Des talents il maudit le don, Quand touché des pleurs du génie, Devant le chantre d’Herminie Paraît le chantre de Didon : « Eh quoi ! […] « Ma sœur avait touché aux portes de la mort ; mais Dieu, qui lui destinait la première palme des vierges lui réservait aussi de mourir avant moi.
Je préférerais pourtant à Manlius une pièce qui n’est ni si bien composée, ni écrite avec la même fermeté, mais qui touche : c’est l’Ariane de Thomas Corneille. […] Nous allons au théâtre pour être touchés ou amusés, non pour nous mettre à l’affût des incorrections du langage ni pour éplucher des rimes.
Dans le grand Dictionnaire des Précieuses, on plaça comme illustres modèles, la marquise de Rambouillet, qui avait près de 80 ans et touchait à sa fin, madame de Montausier, sa fille, mesdames de Sablé, de La Fayette, de La Suze et de Sévigné. […] Mademoiselle de Montpensier s’exprime sur les mœurs des précieuses en ces termes : « Si elles sont coquettes, je n’en dirai rien, car je fais profession d’être un auteur fort véritable et point médisant ; ainsi, je ne toucherai point à ce chapitre, étant persuadée qu’il n’y a rien à en dire.
Que les brebis toujours fécondes, lourdes d’une double portée, mettent bas au temps fixé deux agneaux » La grâce de Pallas les touche, la douceur de l’air et des mœurs d’Athènes les pénètre ; elles abdiquent la haine et elles abjurent le talion. […] En lui et par lui, le génie grec et le génie hébraïque, si lointains et si dissemblables, se touchent du front et des ailes, comme les Chérubins de l’arche biblique, et s’inclinent devant le même Dieu.
Seulement, par une inconséquence qui nous touche et dont nous connaissons la cause, il se mêle à ces poésies, imparfaites par là au point de vue absolu de leur auteur, des cris d’âme chrétienne, malade d’infini, qui rompent l’unité de l’œuvre terrible, et que Caligula et Héliogabale n’auraient pas poussés. […] Voilà que j’ai touché l’automne des idées, Et qu’il faut employer la pelle et les râteaux Pour rassembler à neuf les terres inondées Où l’eau creuse des trous grands comme des tombeaux.
Elle lui sert enfin, non seulement pour communiquer sa pensée aux autres, non seulement pour s’en rendre compte à lui-même, non seulement pour l’apercevoir, si l’on peut parler ainsi, mais sans elle il ne penserait pas, comme sans ses yeux il ne pourrait pas voir, comme sans ses mains il ne pourrait pas toucher, comme sans ses oreilles il ne pourrait pas entendre. […] Après avoir signalé la difficulté d’inventer le verbe et le substantif, nous aurions à signaler une sorte d’abstraction qui présente des difficultés peut-être plus grandes encore, je veux parler de la préposition ; mais cette partie de la discussion serait trop métaphysique, et je crois inutile d’y toucher.
Alphonse Daudet n’a pas été épouvanté par cette immensité, et quoique sa fresque, à lui, porte fatalement les reflets de cet homme, qui est la Lumière, et dont tous ceux qui touchent aux mœurs du temps et du Paris moderne semblent plus ou moins les caméléons, il sera lu, pourtant, après Balzac, comme quelqu’un qui existe par lui-même. […] Chez Daudet, le moraliste n’est pas chagrin, et sa touche, qui pourrait être mordante, au besoin, n’est ni satirique ni amère.
Mais l’abbé de Saint-Pierre ne portait pas précisément bonheur à ce qu’il touchait.
faire toucher du doigt à d’autres jeunes gens la plaie du libertinage, leur en indiquer aussi la guérison.
J’en ai déjà touché quelque chose en commençant, et j’oserai à cet égard poursuivre ma pensée un peu plus en détail.
Le récit de Simiane a touché Rousseau, mais ne l’a pas converti.
Les écrivains ne portent au plus haut degré la conviction et l’enthousiasme, que lorsqu’ils savent toucher à la fois ces trois cordes, dont l’accord n’est autre chose que l’harmonie de la création.
Cependant, sans parler de quelques critiques de style et de versification, qu’on trouve surtout chez Desmarets, et dont notre poète fit son profit, il y a parmi ces calomnies et ces injures quelques points bien touchés, encore que l’expression soit haineuse ou brutale.
C’est le peintre de l’individualisme du siècle, étranger à toute grande idée, à tout sentiment universel, notant avec une égale sympathie, une égale chaleur de style les fortunes amoureuses des dames, et les hautaines entreprises des hommes de guerre ; rien ne le touche que la vie.
Et cependant trente ans encore s’écouleront après Paul et Virginie (1787) ; une grande intelligence et un génie supérieur, Mme de Staël et Chateaubriand, se dépenseront sans que l’on aperçoive encore le port où l’on paraissait toucher.
Nous touchons ici à la grande innovation qu’il a tentée dans la versification.
Mais j’en reviens toujours là : la poésie ne me plaît au théâtre que si elle a les qualités exigées pour le théâtre, si elle est en situation, si elle exprime des sentiments qui touchent, si elle va au cœur.
Il se donne à Pantalon pour envoyé par ses ennemis de Venise afin de le tuer ; mais touché de la beauté d’Isabelle, il renonce à son projet et demande la main de sa fille.
Il composait alors les Valentines, recueil de pièces galantes, de madrigaux dans le goût du xviiie siècle, mais d’une liberté d’allures, d’une délicatesse de touche ravissantes !
Même la gloire, comme force de traction, suppose à quelques égards l’immortalité, Le fruit n’en devant d’ordinaire être touché qu’après la mort.
Allez voir au Louvre ce merveilleux musée espagnol : c’est l’extase, le surhumain, saints qui ne touchent pas la terre, yeux caves et aspirant le ciel ; vierges au cou allongé, aux yeux hagards ou fixes ; martyrs s’arrachant le cœur ou se déchirant les entrailles, moines se torturant, etc.
On touche encore à son temps, et très fort même quand on le repousse.
Il commence comme un ruisseau ; traverse un ravin près d’un groupe de chaumières, sous un petit pont d’une arche ; côtoie l’auberge dans le village, le troupeau dans le pré, la poule dans le buisson, le paysan dans le sentier ; puis il s’éloigne ; il touche un champ de bataille, une plaine illustre, une grande ville ; il se développe, il s’enfonce dans les brumes de l’horizon, reflète des cathédrales, visite des capitales, franchit des frontières, et, après avoir réfléchi les arbres, les champs, les étoiles, les églises, les ruines, les habitations, les barques et les voiles, les hommes et les idées, les ponts qui joignent deux villages et les ponts qui joignent deux nations, il rencontre enfin, comme le but de sa course et le terme de son élargissement, le double et profond océan du présent et du passé, la politique et l’histoire.
Le contact du beau hérisse extatiquement la surface des multitudes, signe du fond touché.
Il est une question qu’il a touchée avec pénétration et profondeur, et où il a laissé sa trace : je veux parler des rapports de l’Église et de l’État : à lui appartient la première prédication éclatante d’une idée chère à notre temps : la séparation de l’Église et de l’État.
Mais notre crime n’est pas de penser que Stendhal écrivait mal, c’est de l’avoir prouvé, de l’avoir fait toucher du doigt.
Et qui la forçait en effet à sortir d’un silence de plus de trente années pour venir toucher à cette retentissante mémoire, si elle n’avait pas à ajouter quelque grand accord à cet immense retentissement ?
Quoique la main sévère et positive de Huc aime à toucher le fond des choses, à sonder l’artère, il a su la promener aussi sur les superficies, sur l’épiderme, et, s’il nous a cassé un peu notre vieille Chine de porcelaine, il nous en a, du moins, rapporté un bon morceau.
Dans ces portraits de tous les genres que d’Arpentigny fait passer devant nous et où nous retrouvons cette touche particulière qu’il n’aurait point si sa main n’avait pas fait longtemps siffler une cravache ou une épée, dans ces portraits s’attestent avec éloquence toutes les qualités qui créent les grands portraitistes : la finesse des nuances, l’observation concentrée, et ce magique sentiment des analogies dont on est obligé de parler beaucoup quand on parle du capitaine d’Arpentigny, car les défauts de son esprit comme les plus brillants avantages de son talent viennent de ce sentiment puissant et dangereux : « Chopin — dit d’Arpentigny — n’était pas de ceux-là qui ont les nerfs en harmonie avec leur tempérament.
… Aller le prendre dans les élucubrations risquées de sa jeunesse, quand toutes les jeunesses de ce temps écrivassier et uniforme ont la plume à la main, c’est peut-être trouver les vestiges d’un poète mort dans son germe, mais ce n’est pas toucher le vrai Gaston de Raousset-Boulbon.
… Il remplaça, tout aussi simplement qu’on remplace des fauteuils par des chaises, les premiers écrivains de sa Revue par des médiocrités plus commodes, qui se laissèrent manier, opérer et traiter, par ce vétérinaire d’articles, sans les cabrements du talent qui ne veut pas qu’on touche maladroitement à sa gourmette !
Les reproches que l’Histoire fera à Lamartine seront, pour la postérité, — oublieuse des fautes politiques parce que la politique est chose de passage, — noyés dans le sentiment de ses œuvres, qui donneront toujours à ceux qui les liront un bonheur qu’aucune forme de gouvernement ne peut donner, et elles ne feront pas plus de bruit, à quelques siècles de distance, que les gouttelettes d’eau des avirons soulevés quand la barque touche au rivage !
Malgré l’importance et la difficulté du travail de l’abbé Bouix, quelle est la plume, se croyant grave parmi toutes celles qui se croient amusantes, qui ait eu seulement le courage d’en toucher deux mots ?
Or, l’auteur des Sociétés humaines touche-t-il une seule fois à cette question de la famille, type et pierre angulaire de toute société, et à l’aide de laquelle un penseur énergique aurait tout expliqué, car Bonald n’a pas tout dit et il a même interverti les termes de sa Trinité domestique ?
Après nous avoir donné récemment les Filles du régent, cette Critique historique vient de les faire suivre des Six Filles de Louis XV, et nécessairement parmi ces dernières, plus ou moins insultées, elle a dû toucher surtout à celle-là qui, elle !
Qu’il y ait là une puissance réelle, un art persévérant et singulier, quoiqu’il touche à l’enfantillage et à la folie, nul ne le niera.
Il me semble que nous touchons le fond de l’âme de Port-Royal dans cette volonté de communiquer directement avec Dieu. […] Et cela, par le tour même de la plaisanterie, rapide, non appuyée, qui plante le trait sans avoir l’air d’y toucher, et qui passe. […] La subordination, l’immolation de soi-même et, par surcroît, de l’univers entier, et du ciel et de la terre, à une petite femme raisonneuse, abondante en propos chantournés, et qu’on n’aura même pas touchée du doigt : voilà l’idéal, voilà ce qui vaut la peine de vivre et de mourir. […] Il espère, par là, toucher le cœur d’Andromaque. […] Et Bérénice veut être douce, et elle est cruelle malgré soi, parce qu’elle aime l’autre et qu’elle croit toucher à son rêve… En vain Phénice, une fine camériste, lui dit : « À votre place, madame, j’aurais retenu ce garçon : car enfin, qui sait ?
Elles l’appelaient, l’attiraient, la forçaient à venir, les yeux fixes, voir, revoir, reconnaître sans cesse, toucher du doigt, comme pour s’en mieux assurer, l’usure ineffaçable des ans. […] Les scènes de son installation, de son administration, les séries de discours à entendre, à faire, les physionomies des administrés, le tout est légèrement touché, indiqué avec un rare esprit. […] Ses doigts éprouvaient visiblement des titillations joyeuses à toucher ce bois, à tendre ces cordes, à appuyer cet instrument contre sa joue maigre et à manier comme un bâton de commandement l’archet qui frétillait dans sa main droite. […] L’herbe sèche fleurit lorsque ton pied la touche, Et lorsque tu parais croissent les arbrisseaux. […] Les autres volumes dont le baron Haussmann m’a fait l’honneur de me confier les manuscrits ne sont pas moins intéressants, et j’espère, dans l’intérêt de la vérité historique, qu’il ne cédera pas à la tentation qu’il m’a manifestée, d’en faire disparaître certains faits qui touchent à de hautes personnalités.
. — Les jansénistes, embarrassés peut-être par leurs doctrines sur la prédestination, qui restreignaient singulièrement la liberté de Dieu même, n’avaient pour ainsi dire pas touché cette matière de la Providence. […] La preuve qu’on en cherchait dans de vains raisonnements, Bossuet nous la fait voir et comme toucher en nous, dans le secret de notre conscience. […] Quelqu’un faisait récemment observer qu’on ce qui touche le Pentateuque il y avait presque autant d’opinions que d’hébraïsants. […] Nous touchons donc ici le terme du cartésianisme. […] En la réduisant à ses principes, il a transformé, sans presque avoir l’air d’y toucher, une dispute jusque-là purement littéraire en une discussion de l’ordre philosophique.
Il y a, pour la comparaison d’Orphée et du romantisme, encore un trait dont Banville est touché. […] Non, puisque les Trois mousquetaires abondent en aventures de cape et d’épée qui touchent au fantastique. […] Combien de fois déjà, croyant toucher la muraille, me suis-je étonné d’en trouver le contact si doux ? […] Les mystères de la vie secrète enveloppent la continuité des êtres qu’on a cessé de toucher et de voir. […] Les malheurs de Cécile, ses malheurs de bourgeoise, après tant de chagrins à Belleville, nous ont touchés.
Il s’étonnait d’être « touché ». […] Car ce n’est pas dans cette défroque matérielle et cette activité mesquine que l’on touche ce qu’il y a de plus purement et hautement humain, mais c’est dans la poésie et la pensée. […] Nous croyons voir, entendre et toucher ses personnages. […] Donc la mort d’Anna Karénine nous touche, sans doute ; c’est la carte forcée. […] La pierre de touche et l’aptitude à opérer le tri manquent visiblement à M.
Jean les recomptait encore, les touchait, les admirait, cherchant maintenant du regard un endroit où les dissimuler et ne trouvant aucune cachette plus sure que sa poitrine. […] car leurs paupières se gonflèrent de larmes, comme s’ils venaient de gâter leur existence, de toucher le fond de la misère humaine. […] Peu de nos écrivains du jour arriveraient à peindre ce qu’ils ont vu avec une touche aussi élégante et aussi légère. […] Mais je vous surprendrais bien si je vous disais quel est de tous les hommages, celui qui m’a le plus touchée. […] Il ferma les yeux pour la toucher.
Sur la fin de sa vie, son talent ne fut plus à la même hauteur ; il avait eu, comme tout ici-bas, son commencement et son apogée, il touchait à son déclin. […] Cette fois, Messieurs de l’Académie comprirent ; ils n’eurent garde de toucher à Europe, qui sortit vierge de leurs mains, et de plus, approuvée, louée, acclamée comme la plus belle fille qui ait jamais paru au théâtre. […] On peut dire que la tragédie chez l’un prend les formes d’une statue qui frappe par la fierté, la hardiesse de ses proportions ; que chez l’autre, c’est un tableau dont l’expression tendre, délicate, naturelle, animée, charme les yeux et touche le cœur. […] Touché de ce qu’il croyait être la suite d’une grande noblesse de sentiments, Vendôme prit Campistron pour secrétaire des commandements. […] Le prince, en outre, fit toucher au poëte, d’une façon très-délicate, une forte somme.
Emportés par une subite fièvre généreuse, ils cessèrent d’être réalistes : ils perdirent ainsi le pouvoir de toucher les âmes un peu délicates. […] Mais les accessoires ne sont pas seuls à nous toucher, dans ces étranges récits. […] Renan : « Les objections contre la légitimité même des facultés rationnelles de l’esprit ne m’ont jamais beaucoup touché, je l’avoue. […] Il les décrit avec de vrais transports de poésie et d’amour : on sent que les plus somptueux paysages de l’Inde ne l’ont pas touché à ce point. […] Un regard de Dechartre la touche plus profondément que les plus subtils paradoxes de Paul Vence, ou les plus élégantes explications de miss Bell.
Ou plutôt non, qu’ils n’y touchent point. […] Musset était un poète de génie, c’est bien parce qu’il se livre à nous tel qu’il est, c’est bien par l’évidence de sa sincérité qu’il est à part entre les poètes, et qu’il nous touche si fort quand il nous touche. […] Ces souvenirs touchent l’homme de Plutarque, et plus encore les beaux yeux de la marquise. […] Chabreuil, touché, consent à se taire jusqu’au lendemain soir, — à moins que les circonstances ne le forcent à parler auparavant. […] Il nous touche plus que Curiace, qui a l’esprit et le cœur plus larges, qui est un “honnête homme” comme nous.
Il n’en fut point ainsi : elle toucha juste et profondément ; elle fit pleurer jusqu’au sanglot, jusqu’à l’étouffement tous les hommes et, chose plus victorieuse en un pareil sujet, toutes les femmes. […] — J’avoue, dit Théodore, qu’une face de ce livre m’a touché et frappé particulièrement : c’est celle qui est comme un récit de la vie privée. […] Il fait tout cela sans avoir l’air d’y toucher, et, saisissant les points culminants de chaque aspect des choses, il a souvent, dans sa concision pittoresque, une sûreté de pinceau et une maestria de touche qui, dans la prose française, n’appartiennent qu’à lui seul. […] Celle dont nous parlions dernièrement, cette femme illustre qui était le type des distinctions exquises de l’esprit et du sentiment, avait défendu que l’on touchât à son corps. […] si, par mes paroles ou mes prières, je parvenais à toucher ce cœur, je ramènerais au bercail un noble esprit qui s’est égaré, mais qui n’est pas perdu sans retour !
Or, le règne souverain du Positivisme touchait à sa fin vers le temps où les Parnassiens produisaient encore, et, quand le Positivisme fit banqueroute, les Parnassiens plièrent bagage. […] Lui, les sent vifs et frémissants et ne les touche qu’avec respect, puisqu’ils contiennent le secret dernier des choses. […] Le genre étant admis et le sujet, tel quel, accepté, on doit reconnaître la sûreté de touche et l’habileté qui se révèlent dans ces petits tableaux réalistes, et la sobriété même de l’exécution. […] Sans me servir pour rien même de mon corps, et plus oisif que le crapaud, j’ai vécu partout. » Trop misérable tout de même, un jour il s’engage dans l’armée carliste, touche sa prime, et, sans plus s’embarrasser de scrupules, se sauve, et, riche pour l’instant, file à Paris. […] Et c’est vraiment la Flandre heureuse, la Flandre des bons pâturages et des kermesses, que peignent, d’une touche large et franche, ces poèmes excellents et tout à fait exempts de mièvrerie.
Après un dîner d’adieux donné par ses amis Renouville, les peintres, il prit le bateau à Civita-Vecchia, rangea les côtes de l’antique Latium, salua le cap de Circé, rasa le rivage de la Grande-Grèce, fit une pause de quelques heures à Naples, toucha encore à Malte, une bien agréable étape ; et en tout, « après six jours, nous dit-il, de houle et de calme, de malaise et de gaieté, de coliques et de poésie », il abordait au Pirée le 11 mai : il était en possession de son rêve. Là, de sa chambre provisoire et de ce qu’il appelle son grenier de l’École d’Athènes, il put, dès le premier jour, rassasier ses regards, admirer à souhait l’Acropole et les lignes de l’horizon, le pays de la lumière (Venise n’est que le pays de la couleur), cette lumière « si transparente et si pure qu’on croirait toucher de la main les côtes et les montagnes d’alentour160 ». […] Il a laissé un vif et poignant souvenir de son enseignement au cœur de ceux qui l’ont entendu : « On regrettera longtemps encore, me dit l’un des plus fidèles, le charme communicatif de cette parole sérieuse, animée et prudente, qui s’élevait parfois et qui, ressentant l’écho des nobles émotions qu’elle éveillait dans l’âme de ses auditeurs, touchait à la véritable éloquence… Pourquoi faut-il que tous ces trésors d’érudition, de conscience, d’élévation morale, le meilleur de lui-même, soient perdus pour le public ?
On s’étonne qu’un esprit aussi improvisateur ait été en même temps un esprit aussi analytique et aussi réfléchi : Semblable à un Archimède intellectuel, inventeur des plus miraculeux mécanismes, Cicéron démonte devant vous sa machine oratoire et vous en fait toucher au doigt les ressorts, pour vous démontrer comment on persuade, on touche, on passionne, on apaise les hommes rassemblés. […] Voilà bien des trésors assemblés, Caton, et il faudra que notre jeune Lucullus les connaisse parfaitement un jour ; car j’aimerais mieux qu’il prît plaisir à ces livres qu’à toutes les autres beautés de ce séjour, et j’ai son éducation fort à cœur, quoiqu’elle vous appartienne plus qu’à personne, et que ce soit à vous de le rendre digne de son père, de notre Cépion et de vous-même, qui le touchez de si près.
Quant à Hugo, malgré son génial mérite, il ne m’a jamais touché vivement. […] Poète de sentiment et d’intimité profonde, sa brûlante douceur a touché pour jamais la chair de notre cœur. […] — Si le plus grand poète d’un siècle est son plus grand écrivain en vers, celui qui a su enrichir des plus savants procédés l’art poétique de son pays, et créé pour lui-même, comme pour ceux qui viennent après, un clavier nouveau où ne manque aucune touche ; si c’est le virtuose génial, qui a réussi à tirer des mots les plus diverses harmonies, nul plus que Hugo ne semble avoir droit à cette gloire unique.
Ou bien encore en songera à ce musicien invisible qui joue derrière la scène pendant que l’acteur touche un clavier dont les notes ne résonnent point : la conscience viendrait d’une région inconnue se superposer aux vibrations moléculaires, comme la mélodie aux mouvements rythmés de l’acteur. […] Le moi touche en effet au monde extérieur par sa surface ; et comme cette surface conserve l’empreinte des choses, il associera par contiguïté des termes qu’il aura perçus juxtaposés : c’est à des liaisons de ce genre, liaisons de sensation, tout à fait simples et pour ainsi dire impersonnelles, que la théorie associationniste convient. […] Pour faire toucher du doigt cette différence capitale, supposons un instant qu’un malin génie, plus puissant encore que le malin génie de Descartes, ordonnât à tous les mouvements de l’univers d’aller deux fois plus vite.
Ce n’est pas par l’intelligence, ou en tout cas avec l’intelligence seule, qu’il pourrait le faire : celle-ci irait plutôt en sens inverse ; elle a une destination spéciale et, lorsqu’elle s’élève dans ses spéculations, elle nous fait tout au plus concevoir des possibilités, elle ne touche pas une réalité. […] Il fallait annoncer à tous que le monde perçu par les yeux du corps est sans doute réel, mais qu’il y a autre chose, et que ce West pas simplement possible ou probable, comme le serait la conclusion d’un raisonnement, mais certain comme une expérience : quelqu’un a vu, quelqu’un a touché, quelqu’un sait. […] De cet approfondissement expérimental nous conclurons à la possibilité et même à la probabilité d’une survivance de l’âme, puisque nous aurons observé et comme touché du doigt, dès ici-bas, quelque chose de son indépendance par rapport au corps.
Bien couperont la corde qui te touche De si très près ; car j’y mettrai bon ordre. […] Il est une des pierres de touche de leur sûreté d’oreille. […] C’était plein de vieux livres auxquels personne ne touchait. […] Comme il adviendra à l’auteur des Essais, Rabelais n’a pas été touché par la Réforme ; et il a été captivé, sinon pénétré par la Renaissance. […] Ils ne touchent ni à Hésiode, ni à Théocrite, ni à Homère, ni a Sophocle, ni à Eschyle, ni à Juvénal21.
» Un autre jour, la mère parlant encore de son enfant, de sa manie de toucher aux allumettes, de sa crainte qu’il n’incendiât la maison, et racontant que pour lui faire peur du feu, elle lui avait tenu un moment le doigt au-dessus d’une bougie, la sœur de s’écrier : « Le pauvre petit…, oui, ça sentait la fonte de la graisse ! […] C’est peint dans un délavage d’huile ambrée, où les couleurs ont quelque chose des couleurs amorties d’insectes, pris dans un morceau d’ambre, et des accessoires, si joliment enlevés d’une touche à la fois spirituelle et flottante. […] Mme Daudet, peinte à l’huile par Tissot (1890), sur un exemplaire d’ : Enfants et mères, un portrait délicatement touché. […] « Quand j’allai toucher mon article, je fus payé, mais le rédacteur me dit que je ferais bien de quitter Lyon, parce que des gens, ayant l’air de méchants garçons, indignés de cet amalgame du Père Félix avec Rigolboche, étaient venus demander mon adresse. » Et dans le bruit des conversations, j’entends vaguement la fin de la monographie d’Adolphe Dumas, continuée par Mistral : Adolphe Dumas, ne cessant de répéter, en faisant allusion à la pauvre auberge de son père : — Et cependant j’avais un grand-père qui portait des bas de soie !
On le montre ennemi du préjugé nobiliaire, très touché de l’inégalité des conditions sociales, etc. […] Mais nous autres, Français, il faut que nous touchions à tout et nous avons changé tout cela. […] Mais si ce n’est pas être aimé pour soi-même qu’être aimé pour ses qualités, au moins est-ce être aimé pour quelque chose qui nous touche d’assez près. […] A mesure que le livre avance, le ton s’élève, les questions graves sont touchées, l’Esprit des lois s’annonce. […] Il a touché absolument à toutes choses.
Malheur à qui le touche ! Touchez-le, il vous rendra une égratignure ; égratignez-le, il vous rendra une blessure. […] Le dandy anversois n’avait pas inventé ce procédé pour toucher une belle ou pour lui jeter de l’éclat aux yeux ; on m’a affirmé que M. […] Je touche à la fin de mon papotage, mon cher Monsieur, voilà probablement les dernières lignes que je daterai de Paris. […] [NdE] Orthographié La Touche.
Il connut là une jeune femme, déjà touchée par la mort et qui était comme la personnification de la poésie spiritualiste. […] Poésie, philosophie, roman, histoire, il touche tout de son génie, sans s’y poser davantage ; il montre la voie d’un geste large et dédaigne de se faire chef d’école. […] Il dit des absurdités et il dit de jolies choses ; il en dit même de profondes, car il lui arrive en passant, et sans le faire exprès, de toucher à ce qui fait le fond même de la misère humaine. […] Mais supposez que le poète soit là-bas, en exil, dans un exil à demi volontaire, réfugié justement dans une île, dans une île où ses pieds sont battus par l’Océan, où son front, comme on le représente dans les vignettes d’alors, touche presque aux nuages : il est entre la mer et le ciel, entre l’Océan et les nuages. […] D’entendre chanter, tout bas, de sa bouche, Un air d’autrefois, Simple et monotone, un doux air qui touche Avec peu de voix.
Des listes coururent, mais elles se couvrirent d’assez de noms pour que cette diversité même prouvât que Laclos avait touché juste puisque ses masques s’appliquaient à tant de visages et que ses portraits convenaient à tant de modèles. […] Leur charme est bien fort, puisqu’elles ont touché Valmont lui-même, car Valmont aima Mme de Tourvel. […] Tous reconnaissaient sa charmante bonté, son désintéressement absolu de tout ce qui n’était pas son rêve, tous furent touchés par la façon dont il mêlait la noblesse mélancolique de ce rêve aux hasards de son existence vagabonde. […] On n’a point osé toucher aux belles et fines ailes, diaprées de toutes les couleurs de la fantaisie, qui le portaient au-dessus de terre. […] La maladie l’a touché.
Le désir de l’inconnu, l’ardent besoin d’entendre ce que nos oreilles n’ont jamais recueilli, de voir ce que nos yeux n’ont jamais deviné, et de toucher l’impalpable : tel est le sentiment à quoi l’on reconnaît la poésie moderne, son tourment, sa folie, sa grandeur. […] Le thème se développe dans une série de strophes : Partout où j’ai voulu dormir, Partout où j’ai voulu mourir, Partout où j’ai touché la terre, Sur ma route est venu s’asseoir Un malheureux vêtu de noir Qui me ressemblait comme un frère. […] Aux pires moments, un sonnet italien imprimé sur de la soie rose, des vers de Gottsched, une ode de Lebrun-Pindare, qui sont aussi loin qu’on peut l’imaginer de ce que nous appelons la poésie pure, et qui ne nous paraissent mériter à aucun degré même le nom de poésie, essayaient faiblement de parler aux yeux, de toucher le cœur, de caresser l’oreille ; c’était un autre langage que celui de l’algèbre ou de la philosophie ; il y passait encore le souvenir d’une incantation mystérieuse ; c’était un refus d’abdication, un appel, un espoir. […] Il nous dira que Locke est le premier qui ait remarqué que l’inquiétude causée par la privation d’un objet est le principe de nos déterminations ; mais qu’il a le tort de faire naître l’inquiétude du désir, tandis qu’en réalité le désir naît de l’inquiétude ; que d’ailleurs, Locke a mis entre le désir et la volonté plus de différence qu’il n’y en a en effet ; qu’il restait donc à démontrer que cette inquiétude est le premier principe qui nous donne les habitudes de toucher, de voir, d’entendre, de sentir, de goûter, de comparer, de juger, de réfléchir, de désirer, d’aimer, de haïr, de craindre, d’espérer, de vouloir ; que c’est par elle, en un mot, que naissent toutes les habitudes de l’âme et du corps. […] il me resterait donc un espoir de vous toucher, de vous sentir, de vous aimer, de vous chercher, de m’unir, de me confondre avec vous quand nous ne serons plus, s’il y avait dans nos principes une loi d’affinité, s’il nous était réservé de composer un être commun, si je devais dans la suite des siècles refaire un tout avec vous, si les molécules de votre amant dissous avaient à s’agiter, à s’émouvoir, et à rechercher les vôtres éparses dans la nature !
Enfin l’accent même de la critique, à chaque époque où elle se doit renouveler, se renouvelle au juger et au toucher de ces belles œuvres, qui sont restées l’honneur et le respect de l’esprit humain. […] Il savait que toucher à l’hypocrisie était un crime sans rémission, non pas seulement chez les hypocrites, mais pour beaucoup d’honnêtes gens, et qu’il devait entrer par surprise dans cette brèche qu’il avait pratiquée dans l’Église. […] Dans cette Préface, Molière touche hardiment et habilement à tous les points de cette discussion entre le théâtre et l’église. […] Quelle touche ingénieuse et en même temps quel rare génie ! […] Aussitôt l’ombre évoquée arrive à vos regards charmés ; soudain vous retrouvez la magicienne aussi bien dans l’inexpérience de cette petite fille qui débute, que dans la grande habitude du chef d’emploi qui veut toucher, avant de mourir, à ces rôles qu’elle appelle des rôles de son emploi — les rôles de l’emploi de mademoiselle Mars !
Il ne faut point s’étoner si les figures, quand elles sont employées à propos, donent de la vivacité, de la force, ou de la grace au discours ; car outre la propriété d’exprimer les pensées, come tous les autres assemblages de mots, elles ont encore, si j’ose parler ainsi, l’avantage de leur habit, je veux dire, de leur modification particuliére, qui sert à réveiller l’atention, à plaire, ou à toucher. […] Quoique ce soit là une pensée de Cicéron, adoptée par Mr Rollin, je crois plutot que les expressions figurées donent de la grace au discours, parce-que, come ces deux grands homes le remarquent, elles donent du corps, pour ainsi dire, aux choses les plus spirituéles, et les font presque toucher au doit et à l’oeil par les images qu’elles en tracent à l’imagination ; en un mot, par les idées sensibles et accessoires. […] Il est vrai que nous avons plusieurs exemples d’une semblable prosopopée ; mais il est mieux de n’en faire usage que dans les ocasions où il ne s’agit que d’amuser l’imagination, et non quand il faut toucher le coeur. […] Je fus plus touché de voir tout d’un coup les murailles ruinées de Corinthe, que ne l’étoient les corinthiens même, ausquels l’habitude de voir tous les jours depuis longtems leurs murailles abatues avoit aporté le calus de l’anciéneté. C’est-à-dire, que les corinthiens, acoutumés à voir leurs murailles ruinées, n’étoient plus touchés de ce malheur.
Tel est ce livre : il a de quoi retenir et toucher la foule, mais il sera surtout un régal pour les connaisseurs. […] Je n’ai vu qu’un autre éducateur qui eût, au même degré, le don de s’insinuer sans effort dans les esprits et de toucher ainsi, du premier mot, les âmes ; ce n’était pas un homme souriant, élégant, aisé, comme le poète dont je parle, c’était le grave, le sévère, le profond pédagogue Pécaut. […] Et nous touchons sans doute au seul défaut de cette critique si scrupuleuse et si soucieuse du vrai, du bien, de la beauté morale. […] Bien des cœurs ont été touchés par l’accent pénétrant et vraiment suggestif de livres de morale et de méditation comme La Sagesse et la Destinée, ou comme La Vie des Abeilles. […] Il en est un qui m’a surtout touché, celui d’un ami disparu, Charles Bordes, le plus doué peut-être et, à coup sûr, le plus généreux, le plus noblement désintéressé des élèves de César Franck.
Souvent il touche à la cacographie. […] Il s’est laissé toucher par le pessimisme naturaliste. […] Mais unanimement elle se sentait touchée jusqu’au fond de l’âme. […] Cela touche à « l’éthéré ». […] Voilà qu’il jette son croissant parce qu’il a touché le lit.
On est devant elle comme devant le cœur vivant de l’organisme humain ; au moment d’y porter la main, on recule ; on sent vaguement que, si l’on y touchait, peut-être il cesserait de battre. […] Mais il parlait comme un oracle, par sentences et en énigmes ; il courait, comme sur des charbons ardents, toutes les fois qu’il touchait aux choses de son pays et de son temps.
Ce dogme vient évidemment du haut Orient ; il touche à ce qu’on appelle improprement panthéisme, panthéisme dont on pourrait également accuser le christianisme dans ces mots de saint Paul : Nous vivons en Dieu, nous nous mouvons en Dieu, nous sommes, nous existons en Dieu. […] L’un pense, et l’autre touche.
C’est ainsi qu’un autre homme du même talent, de la même honnêteté délicate que ces quatre ou cinq prophètes des peuples, a vu les misères de son siècle et de tous les siècles, a été touché du généreux désir de les pallier, a pris la plume et a écrit les Misérables, livre plus puissant et aussi inconséquent que les livres de ses devanciers sur la route des songes ; livre populaire, qui fera beaucoup de mal au peuple, en le dégoûtant d’être peuple, c’est-à-dire homme et non pas Dieu ! […] Il faut donc que les hommes bien intentionnés, comme l’auteur de ce livre, touchent avec une extrême prudence et un extrême respect à ces vases divins qui contiennent l’âme du peuple, même quand ils aspirent évidemment, comme lui, à verser le plus de raison possible dans les institutions religieuses et dans ces saintes croyances des nations.
Chateaubriand, attaché alors à l’ambassade de Rome, venait d’arriver à Florence au moment où Alfieri rendait le dernier soupir ; il le vit coucher au cercueil, il lut les deux inscriptions funéraires, il fut touché de cet immense amour, de ce dernier rendez-vous donné au sein de la mort ; ces images devaient frapper l’auteur du Génie du Christianisme, et ce qu’elles avaient d’un peu théâtral n’était pas pour lui déplaire. […] Un ami de Mme de Staël, M. de Sismondi, Toscan d’origine, Genevois de séjour, Français de goût, l’embarrassait beaucoup par ses correspondances très indiscrètes ; il ne cessait de la provoquer, avec un défaut de tact qui touchait par la candeur à une ingénuité presque niaise, à se prononcer contre l’Empire.
Quand le jansénisme commença de se répandre dans le monde, on se tourna vers Port-Royal comme vers le sanctuaire, le centre religieux de la nouvelle Église : les bâtiments de Port-Royal des Champs furent relevés334 et servirent d’asile aux solitaires, aux hommes saints que la grâce avait touchés, et qui, sans se lier par aucuns vœux, sans quitter leur nom, sans former une communauté régulière, venaient vivre là, dans la retraite, une vie d’étude et de piété. […] Je ne sais trop, mais assurément Pascal a touché plus juste, quand il a saisi ensuite le fondement naturel et psychologique de la foi, ce désir du bonheur que l’homme ne peut retrancher de son cœur et qui, sans cesse déçu par la réalité, se recule toujours plus loin, jusqu’à ce qu’il ne trouve plus d’autre moyen de subsister que de s’élancer hardiment dans l’inconnaissable, plaçant son espérance en sûreté hors de la vie et du temps.
Hugo touche à une heure décisive ; il a maintenant trente-six ans, et voici que l’autorité de son nom s’affaiblit de plus en plus… Lors même que l’auteur des Orientales s’enfermerait obstinément dans le système littéraire qu’il a fondé, et soutiendrait que la terre finit à l’horizon de son regard, son passage dans la littérature contemporaine mériterait cependant d’être signalé, sinon comme une ère de fécondité, du moins comme une crise salutaire… L’auteur, malgré sa jeunesse, appartient dès à présent à l’histoire littéraire. […] Émile Faguet Il y a des gens, comme Sully Prudhomme, qui ont une âme en pétale de sensitive, qui se replie sur elle-même dès qu’on la touche.
M. l’abbé Dupanloup, déjà connu par ses succès au catéchisme de l’Assomption, auprès d’un public plus exigeant en fait de jolies phrases qu’en fait de doctrine, était juste l’homme qu’il fallait pour participer innocemment à une collusion que les âmes faciles à se laisser toucher devaient pouvoir envisager comme un édifiant coup de la grâce. […] L’éducation cléricale a une supériorité sur l’éducation universitaire, c’est sa liberté en tout ce qui ne touche pas à la religion.
Ils touchent aux questions brûlantes, ils sont novateurs, ils travaillent à la transformation sociale ; ils l’accélèrent vigoureusement. […] Musset, pour 145 représentations de pièces diverses, touchait 4.773 francs.
En ce qui touche l’œuvre de Wagner, notre rôle est à peu près le même. […] Voici sa conclusion : « Berlioz, nous émerveille parfois et nous touche souvent ; nous sommes fiers de sa gloire, mais il semble qu’il soit loin de nous et tourmenté de préoccupations qui ne sont plus les nôtres.
Son contrat lui défend de toucher à la fortune de sa femme. […] Je sais bien qu’elle touche à des choses brûlantes : mais le bourgeois qu’elle met en scène représente bien moins une classe sociale qu’un vice caractéristique : celui de la sottise ambitieuse, mesquine, égoïste, pétrie de vulgarités et de prosaïsmes, aussi étrangères aux idées de générosité et de grandeur d’âme qu’un peintre chinois peut l’être aux lois de la perspective.
Il étoit quelquefois touché jusqu’aux larmes, en considérant le bien qu’on pourroit retirer du théâtre, & les maux ordinaires qui en résultent. […] C’est qu’on va moins à la comédie, pour connoître une jolie pièce, que pour y voir de jolies actrices ; que, touché de leur beauté, on est nécessairement malheureux, tout le monde ne pouvant pas être les premiers favoris de Mars ou de Plutus.
Ce classique qui se voudrait impeccable et implacable, a été néanmoins touché par la mélancolie de René, par le mal d’Olympia, par l’ennui Baudelairien. […] je maudis et redoute ton sort… Viens, regarde mes yeux : jamais plus les étoiles N’auront pour tes regards de regards accueillants ; Viens, touche mes deux mains : jamais tes doigts tremblants Du lointain idéal n’écarteront les voiles ; Que ta bouche goûte ma bouche !
Quand vous auriez retrouvé et prêté à l’acteur qui joue le rôle de Brutus le poignard même dont il a frappé César, cela toucherait médiocrement les vrais connaisseurs21. » Enfin, pour achever de nous convaincre de l’importance pratique de ces théories abstraites, voulez-vous surprendre dans une vue incomplète du philosophe la source possible d’une des fautes de l’école romantique ? […] C’est la pierre de touche que La Bruyère nous offre pour distinguer le bon du mauvais : « Quand une lecture vous élève l’esprit et qu’elle vous inspire des sentiments nobles et courageux, ne cherchez pas d’autre règle pour juger de l’ouvrage ; il est bon et fait de main d’ouvrier. » Mais pour appliquer cette règle excellente, il faut une âme capable de nobles émotions.
Nulle part on n’a vu une telle force, une telle abondance de raisons si hardies, si frappantes, si bien accompagnées de détails précis et de preuves ; tous les intérêts, toutes les passions appelées au secours, l’ambition, l’honneur, le respect de l’opinion publique, le soin de ses amis, l’intérêt de l’État, la crainte ; toutes les objections renversées, tous les expédients trouvés, appliqués, ajustés ; une inondation d’évidence et d’éloquence qui terrasse la résistance, qui noie les doutes, qui verse à flots dans le cœur la lumière et la croyance ; par-dessus tout une impétuosité généreuse, un emportement d’amitié qui fait tout « mollir et ployer sous le faix de la véhémence » ; une licence d’expressions qui, en face d’un prince du sang, se déchaîne jusqu’aux insultes, « personne ne pouvant plus souffrir dans un petit-fils de France de trente-cinq ans ce que le magistrat et la police eussent châtié il y a longtemps dans tout autre » ; étant certain « que le dénûment et la saleté de sa vie le feraient tomber plus bas que ces seigneurs péris sous les ruines de leur obscurité débordée ; que c’était à lui, dont les deux mains touchaient à ces deux si différents états, d’en choisir un pour toute sa vie, puisque après avoir perdu tant d’années et nouvellement depuis l’affaire d’Espagne, meule nouvelle qui l’avait nouvellement suraccablé, un dernier affaissement aurait scellé la pierre du sépulcre où il se serait enfermé tout vivant, duquel après nul secours humain, ni sien ni de personne, ne le pourrait tirer. » Le duc d’Orléans fut emporté par ce torrent et céda. […] « La fougue lui faisait faire quelquefois le tour entier et redoublé d’une chambre courant sur les tables et les chaises sans toucher du pied la terre. » Il vécut et mourut dans les rages et les blasphèmes, « grinçant des dents », écumant, « les yeux hors de la tête », avec une telle tempête et si continue d’ordures et d’injures qu’on ne comprenait pas comment des nerfs d’homme y pouvaient résister ; le sang fiévreux de l’animal de proie s’allumait pour ne plus s’éteindre, et par des redoublements exaspérés s’acharnait après le butin.
La lecture très bien faite, — trop bien faite — par un académicien poète41 qui sait le prix du moindre vers et qui caresse tout ce qu’il touche, ajoutait à la souffrance en étalant complaisamment les défauts comme on eût fait des qualités et en les mettant dans leur plus beau jour.
Lundi 7 avril 1862, Il y eut pour le grand-duc, dans les années qui précédèrent son avènement au trône (1745-1762), deux périodes distinctes : celle où il prenait sa femme pour confidente, où il la consultait et se laissait assez volonvtiers diriger par elle dans les affaires qui touchaient à la politique ; et un second temps durant lequel il s’émancipa, sîirrita et devint plus ennemi et plus menaçant de jour en jour : mais en fait de ridicule et de puérilité gnotesque et grossière, ilne varia jamais.
La touche de Bossuet, en devenant plus large et plus sûre avec les ans, n’a jamais hésité, et la marche de son éloquence n’a rien à faire avec la méthode de Boileau.
Les Anciens pouvaient sans doute trouver à redire en de certaines parties qui touchaient leurs croyances ; plus voisins de ces fictions, elles pouvaient avoir sur eux des effets qui nous échappent.
Un mortel peut toucher une lyre sublime, Et n’avoir qu’un cœur faible, étroit, pusillanime, Inhabile aux vertus qu’il sait si bien chanter, Ne les imiter point et les faire imiter, etc., etc.
Au tome VI du Pour et Contre (1735), parlant du Voyage de Jordan qui venait de paraître, Prevost touche quelques mots de l’accusation, à la fois vague et grave, dont il s’y voit l’objet ; mais, soit qu’il se sente la conscience moins nette, soit que les compliments mêlés à ce mauvais propos l’aient amolli, il répond moins vivement qu’il n’avait fait, l’année précédente, à Lenglet-Dufresnoy : « Je me suis attendu, depuis mon retour en France, dit-il, à ces galanteries de MM. les protestants, et je ne suis pas fâché d’avoir occasion de m’expliquer sur la seule manière dont je veux y répondre.
Bernier, chargé des deux nouvelles ouailles qu’il s’est données, ses tribulations croissantes et toujours consolées, depuis le moment où il sort de l’hôtel au milieu des rires en les tenant chacune sous un bras, jusqu’au jour où il les recueille chez lui dans sa propre chambre et où la grossesse de la pauvre Rosa se déclare, ces incidents survenant coup sur coup et l’un à l’autre enchaînés sont touchés avec un art secret, et ménagés avec une conduite qui fait l’intérêt du fond.
Les palmes du génie tiennent à une respectueuse distance de leur vainqueur ; les dons de la fortune rapprochent, pressent autour de vous, et comme ils ne laissent après eux aucun droit à l’estime, lorsqu’ils vous sont ravis, tous vos liens sont rompus, ou si quelque pudeur retient encore quelques amis, tant de regrets personnels reviennent à leur pensée, qu’ils reprochent sans cesse à celui qui perd tout, la part qu’ils avaient dans ses jouissances, lui-même ne peut échapper à ses souvenirs ; les privations les plus douloureuses sont celles qui touchent à la fois à l’ensemble et aux détails de toute la vie.
Être vertueux pour aller en paradis, c’est prêter à Dieu à la petite semaine ; et le malheur est que le prêteur donne des crocodiles empaillés, non de bonnes espèces ; car la vertu des sacristies, c’est d’aller à la messe, de ne point toucher aux vases sacrés ; l’amour du prochain vient après.
Nous touchons ici à un dernier caractère par où l’œuvre de Taine entre en étroite relation avec le mouvement de la pensée contemporaine : ce grand esprit, qui, par sa théorie des signes, n’estime avoir prise que sur un monde abstrait et irréel, équivalent intelligible des réalités insaisissables, ce grand esprit a voulu se faire un style sensible et coloré.
Au cinquième acte, la belle païenne est touchée de la grâce et mêle son sang à celui de son compagnon.
Un faune, plein de malice et d’esprit, déguisé en frère mendiant, disant qu’il a la foi du charbonnier et, à force de le dire, finissant par le croire, me donne un spectacle qui ne me touche guère, et devant lequel j’abandonne volontiers les amateurs de conversions faciles et de fausse simplicité.
Cet hôtel touchait au Louvre ; il s’élevait sur l’emplacement occupé aujourd’hui par la colonnade de Perrault, en face de l’église de Saint-Germain-l’Auxerrois.
Les autres arts, je dois m’exciter, me contraindre à l’assiduité pour en être touché vivement.
La raison pour laquelle il existe une assez grande tolérance pour les manifestations esthétiques, c’est sans doute que les questions d’art n’intéressent pas directement le grand public ; c’est qu’elles ne touchent pas aux côtés extérieurs, visibles et tangibles de la vie sociale ni aux intérêts matériels du grand nombre.
Le soufi et le corybante croyaient, en s’égarant la raison, toucher la divinité ; l’instinct des différents peuples a demandé des révélations à l’état sacré du sommeil.
Les idées apocalyptiques de Jésus, dans leur forme la plus complète, peuvent se résumer ainsi : L’ordre actuel de l’humanité touche à son terme.
Tous sentirent qu’un grave danger menaçait le maître et qu’on touchait à une crise.
Nous touchons à la fin de cette guerre élevée entre la politesse sociale où la société polie, et le dévergondage de la société corrompue, et les affectations de la société précieuse.
« Une murène, une vipère, qui empoisonnait tout ce qu’elle touchait. » Et ce voile dont elle s’est servi ?
C’est un portrait excellent, nuancé dans le relief, touché dans le fini, et qui fait vraiment honneur à son peintre.
Claude Bernard confirment ces vues quant aux sens du goût, et la pluralité des sens du toucher n’est plus un doute pour personne. » Ce qui paraît du reste certain, c’est qu’il est impossible d’admettre autant d’espèces de nerfs qu’il y a d’espèces de sensations, car il en faudrait un nombre infini.
« Le procès de la transcendance et de l’immanence touche à la fin », dit M.
Guizot même nous donne à entendre que, si nous n’étions pas dans une période de crise, il pourrait bien, lui aussi, dire ce que dans la théologie chrétienne il ne défend pas, il n’accepte pas ; mais il ne convient à aucun chrétien de toucher aux parois extérieures du temple lorsque les fondements mêmes sont ébranlés.
Aussi les passions principales que touche Homère, sont-elles conformes à la durée de son poème et à la nature de l’homme, considéré comme lecteur ; c’est la joie, la curiosité et l’admiration, passions douces, qui peuvent attacher longtemps le cœur sans le fatiguer : au lieu que la terreur, l’indignation, la haine, la compassion, et quantité d’autres dont la vivacité peut épuiser l’âme, ne sont traitées dans l’Iliade qu’en passant, et toujours avec subordination aux passions modérées qu’on y voit régner.
C’est que, quand au sortir du temple le peuple venait à reconnaître ces qualités dans quelques individus, il en était bien autrement touché.
De sorte que lire le critique avant l’auteur, c’est m’empêcher de comprendre l’auteur moi-même ; c’est me forcer à ne l’entendre que d’une oreille préparée et presque formée par un autre ; c’est bien travailler à me mettre dans l’impossibilité d’être touché directement, et c’est-à-dire c’est bien travailler à me rendre incapable de jouissance.
La peinture du mal pourra-t-elle les trouver sensibles, lorsque le mal même les touche si peu ?
Pour ceux donc qui lurent la traduction que M. l’abbé Cazalès en donna, il y a quelques années, et qui en furent émus, cette émotion de la première lecture sera certainement ravivée dans toute sa profondeur à la seconde ; mais les récits nouveaux qu’on nous donné, quoique très curieux souvent, très beaux toujours et partout marqués du caractère particulier et distinctif de ce que j’ai osé appeler le talent de la sainte Mystique, n’ajouteront rien à cette émotion ravivée et à la connaissance qu’on avait déjà de ce talent, qui, ne le fût-il pas d’une autre manière, par l’intensité seule de sa touche, serait encore surnaturel !
Ils furent touchés de cette humilité, ces monstres empaillés dans leur orgueil d’Académie !
IV Il en est de même pour la Correspondance, continuée par Madame Lenormant, et qui nous fait trop toucher, dans des lettres extrêmement médiocres, Madame Récamier, cette fleur idéale de Madame Récamier, qui, après de pareilles lettres, ne sera toujours pas la fleur qui chante !
À force de génie, le voyageur peut tout racheter ; mais la facilité d’écrire un voyage touche littérairement à une corruption, comme toute facilité… Et, cependant, qu’on daigne nous comprendre !
Dans la théorie de la Relativité, le lien devient un lacet de lumière qu’on lancerait de O en B de manière à le faire revenir sur lui-même et à le rattraper en O, un lacet de lumière encore entre O et A, ne faisant que toucher A pour revenir en O.
Ce qui touche à l’histoire de l’art, c’est que, née dans Lesbos, à Mytilène : ou dans le bourg d’Érèse, plus tard la patrie de Théophraste, Sapho fut une Athénienne de la côte d’Asie.
Nous, que son mal a pu toucher, gagnons du moins la vieillesse de telle sorte que dans le plus triste de nos jours passés il y ait eu un germe. […] Aucun homme n’a mieux fait sentir : que lui l’impression de la chair qui touche l’esprit, et les délices de leur hymen. […] Par combien de fibres deux êtres, dans la plus ardente étreinte, se touchent-ils ? […] Nous le voyous, nous le touchons, quoique le monde l’ignore encore. […] Des criminels horribles touchés de quelque émotion angélique et qui la montrent du doigt et qui disent « Est-ce énorme !
Un jour le poète conçoit les espérances les plus hardies, il croit toucher au bonheur ; son espérance est déçue, et il se plaint avec amertume. […] Parini flétrit la débauche et l’oisiveté, l’égoïsme et la gloutonnerie sans avoir l’air d’y toucher. […] Il a touché le but qu’il se proposait ; il a prouvé à ses détracteurs son aptitude dramatique ; sa tâche est accomplie. […] Tout en substituant le gouvernement des assemblées au gouvernement épiscopal, il ne voulait cependant pas toucher aux dogmes de la foi anglicane. […] S’il se trompe sur la route à suivre pour toucher le but, il n’y a pas là de quoi éveiller notre colère.
Voici l’ombre et le temps et j’ai touché du pied La terre du silence et de la solitude. […] Toucher à un ordre de l’activité cérébrale, c’est toucher à tous les autres à la fois, de même que le choc d’une noie sur un clavier fait vibrer sourdement les autres cordes. […] La vérité que beaucoup cherchaient à tâtons dans l’intime retraite de leur conscience, l’auteur des Serres Chaudes la faisait toucher du doigt. […] Ma lèvre invisible te touche… mais je suis une ombre qui passe, et tous les baisers de ma bouche sont comme une aile dans l’espace… Écoute et songe ! […] J’en saluerai le sentiment s’ils me touchent, et l’aride et sévère noblesse s’ils pensent et me font penser.
Ce qui intéresse les autres hommes ne me touche point. […] Ainsi, flottant sans cesse entre des aspirations stériles et des désirs impuissants, le triste Obermann paraît près de toucher au fond de l’abîme. […] Je touche moi-même mes blessures à l’endroit où elles sont le plus mortelles, je les rouvre et je les regarde saigner. » Et cependant, en même temps, il déclare son mal insupportable. […] Le sujet exigeait une touche plus rude et en même temps plus discrète. […] Nous allons nous trouver en face d’une poésie plus haute et plus digne d’attention, en abordant Alfred de Musset, qui, d’ailleurs, n’est pas seulement poète, et qui nous touche aussi comme romancier.
Ici nous touchons à une question fort importante. […] Il touchait avec révérence aux objets du culte. […] Notre siècle, qui finit, semble toucher à une crise. […] Ses poèmes, coupés d’arêtes vives, comme les rocs du Piton de la Fournaise, sont parfois rudes au toucher, éclairés par de brusques coups de lumière. […] Il touche à tout avec une délicatesse bien irrévérente.
Le romantisme n’a touché Athalie que pendant dix ans. […] Sans lui, il est possible que le théâtre où il est permis de toucher à ces sujets-là n’eût pas existé. […] Ce n’est pas en courant, que je veux même toucher à cette formidable question sur laquelle on parlera et l’on écrira tant qu’il y aura un art, ce qui, j’espère, durera longtemps ; et tant qu’il y aura une morale, ce qui, j’espère, durera toujours. […] Rousseau, où l’on voit Galatée, appelée à la vie, se toucher et dire : « C’est moi » ; toucher son piédestal et dire : « Ce n’est plus moi ! […] Et ceci, faisant de Galatée le symbole, ou tout simplement le représentant de l’humanité elle-même, est vraiment fort et beau, touche au grand.
On apporte les trois cadavres sur la scène, Œdipe les touche, les caresse et les arrose de ses larmes. […] Mme Segond-Wéber, de traits un peu trop accentués peut-être pour un personnage de jeune fille, n’en a pas moins touché profondément. […] HENRIETTE Non : à ses premiers vœux mon âme est attachée Et ne peut de vos soins, Monsieur, être touchée. […] voilà ce qui vous touche de plus près — sachez bien que Trissotin est un écornifleur qui n’en veut qu’à la caisse et qui ne vient chez vous que pour toucher la dot de la fille, acceptant du reste avec un rare cynisme de n’être pas aimé et d’être trompé un jour ou l’autre par celle de vos filles qu’il aura épousée. […] Maurice Albert touche dans son livre les points principaux avec beaucoup d’information, beaucoup de sûreté et beaucoup d’adresse.
D’autres sont allés chercher au plus profond du cœur humain les passions qui le ravagent ; ils ont touché du doigt quelques-unes de ses fibres les plus douloureuses, la jalousie, l’orgueil, l’amour coupable, l’amour malheureux. […] Une étincelle, partie de ce nuage électrique qui couvrait la France, vint toucher le cœur d’Amaury ; et le voilà quittant sa retraite, ses livres de piété, sa pénitence commencée, et, Vendéen converti, se laissant entraîner par un aide-de-camp du maréchal Berthier sur les traces rapides de l’Empereur. […] La destinée de ce libertin blasé ne nous touche guère. […] Mourir si jeune, après tant de travaux accomplis, tant de dangers bravés pour la science, au moment d’atteindre le terme d’une si longue épreuve et de toucher au but de tant d’efforts courageux, mourir !
Puck, pour servir le ressentiment de son maître, touche avec la fleur magique la paupière de Titania endormie ; puis, comme la troupe du charpentier Lecoing est venue répéter sa pièce dans la forêt, il détourne Bottom et lui met une tête d’âne. […] Ce désintéressement touche Marceline. […] Le domestique Gontran, raisonneur et indulgent pour son maître, est une esquisse d’une touche bien fine et bien moderne. […] Renan, nous touchons à ce qui en fait le charme intime et rare. […] On lui dit que Nikita est allé à la ville pour toucher de l’argent.
Mais on n’y touche pas. […] Tout cela, en gentilhomme, sans y toucher, sans rien perdre de la dignité aisée de son attitude. […] Et Gaston essayera de toucher Nelly, et Lucette d’enflammer Ernestin. […] Elle a de commodes exclamations de roman : « Ne me touche pas !… Ne me touche pas !
Que si maintenant on me blâme d’avoir ainsi limité mon travail et resserré le cercle de ces études, c’est une autre question et qui touche au choix même du sujet. […] « Cette main se retira bien vite ; mais Julien pensa qu’il était de son devoir d’obtenir que l’on ne retirât pas cette main quand il la touchait. […] » Mais nous touchons ici à une théorie qui a tenu une grande place dans la littérature contemporaine, la théorie de la responsabilité sociale. […] Ces questions, pleines de tempêtes, ne sont point de notre sujet, et pour bien des raisons nous nous garderons d’y toucher. […] Romanesques et utopistes, avides d’émotions et amoureux de nouveautés, nous acceptons sans contrôle ce qui touche notre cœur ou amuse notre esprit.
Qui ne sait d’ailleurs que la touche ironique et légère d’Arvède Barine se plaît à ces contrastes, excelle à en tirer parti, et met ainsi dans la ressemblance comme un air de malice qui l’égaie sans y nuire ? […] Je n’ai garde, à ce propos, de vouloir toucher le fond de la question. […] Aussi bien touchons-nous ici le grand défaut du livre de M. […] S’il a, en effet, « ajouté quelques forces » à la poésie, nous lui devons aussi quelques tours de main, pour ainsi parler, dont le moins fâcheux n’est pas celui qui consiste à salir ou à souiller presque tout ce que l’on touche. […] Je touche ici le point le plus faible, à mon sens, du livre de M.
Je suis très fier, très touché et très heureux, mon cher confrère, d’avoir été si intelligemment et si généreusement compris et deviné jusque dans les arcanes les plus ignorés de l’âme, de l’esprit et de l’art. […] Au courant de tout ce qui touchait la librairie et l’érudition, il avait chez lui une vaste bibliothèque, uniquement composée de beaux livres reliés, qui faisaient honneur à son goût bibliophilique. […] Moréas touchait de bonnes rentes familiales et non seulement il ne manquait de rien, mais il ne se privait d’aucun plaisir. […] Je touche à la perfection et à la mort. […] Il est celui que j’ai admiré, senti, aimé le plus directement, le plus familièrement… » Jules Lemaître a quelquefois, sans avoir l’air d’y toucher, des réflexions surprenantes.
Tous deux auront raison s’ils parviennent à nous toucher. […] Les injures ne me touchent guère ; j’ai la certitude d’avoir rempli un devoir. […] — Je sais qu’il y a des exemples célèbres : ceux qui sont pareils à des peupliers touchés par la gelée. […] Ils ne veulent pas qu’on touche au voile qui garde le mystère de leur Saint-des-Saints. […] fils de Faust et d’Hélène, ne vas-tu pas te fracasser les ailes ou périr brûlé pour avoir touché l’empyrée ?
Et, pour accomplir un tel sacrifice, il ne suffit pas d’avoir des aspirations à l’énergie, des velléités de foi, de relire les Evangiles, de citer l’Imitation : il faut être touché de la grâce comme le fut Racine, il faut être entièrement converti. […] Que serions-nous sans cette force mystérieuse qui pousse notre pensée au-delà des bornes qu’elle peut toucher, qui par elle nous fait les propriétaires de l’univers, qui peuple le vide de l’immensité et, lance jusqu’au ciel les rayonnements de notre âme ? […] L’un s’était vaillamment jeté dans le îlot des incertitudes et s’en allait au courant, l’autre voulait le remonter ou nager vers une berge chimérique qu’il ne touchait jamais. […] La recherche de la sensation est le mal le plus dangereux qui menace les hommes et les femmes : hommes et femmes, une fois qu’ils en ont goûté, et à moins qu’ils ne la réglementent par le mariage en vue de leurs fins supérieures, sont exclus du Paradis, comme leurs premiers parents sitôt qu’ils eurent touché au fruit défendu, ils sont devenus les esclaves de la luxure. […] Et, sur les ruines de l’imposante cathédrale, dont les flèches, vues d’en bas, donnaient l’illusion qu’elles touchaient le ciel, se sont élevées une foule de petites chapelles : les meilleures ne montent pas bien haut, leurs portes étroites ne s’ouvrent qu’à un bien petit nombre de fidèles.
Les portraits qu’il a semés dans le récit, ceux d’un Necker, d’un Fouché, d’un Bernadotte, sont d’une touche juste, fine, spirituelle. […] Aussi bien ces honneurs qu’il n’avait pas recherchés, il s’en montrait touché, il les recevait avec émotion, avec reconnaissance. […] Or, entre ces êtres qui ne se touchent ni ne se voient, il s’établit des communications à distance et des influences réciproques analogues à celles que produit dans une foule le contact matériel. […] Mais ce provincial qui s’ennuie a été touché par la manie romantique. […] C’est pourquoi il ne cesse de raconter ses propres aventures, et trouve en lui Punique matière de son œuvre, estimant que rien de ce qui le touche ne saurait être indifférent.
Il y a des gens sincèrement touchés de leurs fautes qui pourtant ne peuvent pleurer et faire acte de remords. […] À cent cinquante ans de distance, il touche aux poëtes d’Élisabeth par sa galerie de peintures, et aux réformateurs du seizième siècle par son portrait du bon curé. Il ne fait qu’y toucher.
Une barbe épaisse et noire couvrait tout le bas de sa figure mâle et sévère ; ses yeux bruns et peu ouverts, mais au regard fixe et hardi, étaient ombragés par des sourcils bien formés et qui se touchaient presque. […] L’entrepreneur s’évertua longtemps avant de toucher son auditoire ; il n’était point encouragé, soutenu par les assistants ; mais tout à coup l’habileté avec laquelle le chanteur venait de changer de ton éveilla un sourire de satisfaction sur la figure de Diki-Barine, et Obaldouï ne put retenir un cri d’admiration. […] Le son qui suivit était plus ferme et plus prolongé, mais il était encore frémissant comme la dernière vibration d’une corde fortement tendue et touchée par une main hardie.
Année 1895 Mercredi 2 janvier Ce soir, une femme agitant un éventail en plumes blanches, que je lui ai donné, me disait cette phrase gentille, et comme seules les femmes savent en trouver : « Pour moi, les choses que vous me donnez, et que je pose sur une commode, ou que j’accroche au mur, ne me sont de rien, je n’aime que les choses qui me suivent, que je porte avec moi, que mes doigts peuvent toucher, comme cet éventail. » Dimanche 6 janvier Carrière, qui était à la parade de la dégradation militaire de Dreyfus, perdu dans la foule, parlant de La Patrie en danger, me disait que moi, qui avais si bien rendu le mouvement fiévreux de la rue, pendant la Révolution, il aurait voulu que je fusse là, et que bien certainement, j’aurais tiré quelque chose du frisson de cette populace. […] Et enfin, par là-dessus, il a les préoccupations de trois procès : le procès en diffamation, à propos de Lourdes, un procès avec le Brésil, je ne sais à propos de quelle piraterie, un procès avec Le Gil-Blas, dont il n’a pas encore touché un sol des 50 000 francs, qui lui sont dus pour son roman de Lourdes. […] Mercredi 18 décembre Visite de Bracquemond, en train de se livrer à des impressions artistiques d’étoffes, m’annonçant que la gravure est complètement tuée par la photographie : mort qu’il prédisait dans deux articles, publiés par lui en 1886, mais qu’il croyait être plus tardive, et ne pas le toucher.
Les deux jardins se touchaient, séparés seulement par une haie de jasmin. […] Je fus d’abord contrarié de cette violence d’amitié, puis touché, puis vaincu, et cette maison devint la mienne. […] …… je veux lui serrer la main…… je veux toucher son cheval… » Quelques voix d’hommes mieux vêtus sur les contre-allées : “Mort à L*** !
Elles sont impuissantes, je ne dis pas à résoudre, mais à poser convenablement les seules questions qui importent : ce sont celles qui touchent à l’origine de l’homme, à la loi de sa conduite, et à sa destinée future. […] Je lui demande ce que répondraient, à ceux qui leur feraient ainsi toucher du doigt ce que leur coûtent les « progrès de la science », — les mineurs de Carmaux ou d’Anzin ? […] Il faut bien que j’aie touché plus juste qu’on ne le veut bien dire.
Nous avons été touchés du beau & du bon avant que d’entendre & de faire les mots de beauté & de bonté ; & les hommes ont été pénétrés de la réalité des choses, & ont senti une persuasion intérieure avant que d’introduire le mot de vérité. […] Quoiqu’un instrument de musique dont les cordes sont touchées, ne reçoive en lui-même qu’une simple modification, lorsqu’il rend le son du ré ou celui du sol, nous parlons de ces sons comme si c’étoit autant d’êtres réels : & c’est ainsi que nous parlons de nos songes, de nos imaginations, de nos idées, de nos plaisirs, &c. […] La Grammaire de la Touche voudroit une cinquieme conjugaison des verbes en aindre, eindre, oindre, tels que craindre, feindre, joindre, parce que ces verbes ont une singularité qui est de prendre le g pour donner un son mouillé à l’n en certain ; tems, nous craignons, je craignis, je craignisse, craignant. […] Que si nous disons, le beau vous touche, le vrai doit être l’objet de nos recherches, le bon est préférable au beau, &c. […] Gage touché.
On retrouve ici le vieux parent, perdu de vue pendant des années, qui revient en mendiant et, touché du bon cœur des siens, s’empresse de mourir en leur laissant le gros héritage. […] Sans doute, comme tous les vulgarisateurs, elle rend vulgaires les choses qu’elle touche, elle traduit les âmes extraordinaires en langue bourgeoise, plus railleuse que sympathique, et ses ricaneuses analyses transforment trop souvent les tragédies en vaudevilles. […] Je remercie, très touché : « Vous êtes vraiment trop bonne, comtesse, de prendre ainsi toute la peine pour vous et de me dispenser de consulter moi-même un dictionnaire des synonymes. » Quelquefois, pour varier, on joue à la profondeur ; mais on a plus de concision que de précision, et la plaisanterie semble vraiment trop simple qui consiste à prendre un mot dans deux sens que rien ne détermine et à nous lancer à la tête des phrases telles : « La galanterie est l’amour… sans amour. » Un mathématicien de mes amis admirait : — Voyez comme le vide de la galanterie est bien exprimé ! […] Par malheur, cette mondaine qui médit même du « monde » n’a que de l’esprit et, dès qu’elle touche aux choses du cœur, comme l’esprit ne suffit plus, tout devient incertain, hésitant ou franchement faux. […] J’éviterai le sacrilège de toucher à une nonne, et j’épargnerai une vieille femme vénérable.
Et avec cela il est artiste, et il l’est doublement : il a un coup d’œil et un flair 93 qui, dans cette foule dorée et cette cohue apparente de Versailles, vont trouver à se satisfaire amplement et à se repaître ; et puis, écrivain en secret, écrivain avec délices et dans le mystère, le soir, à huis-clos, le verrou tiré, il va jeter sur le papier avec feu et flamme ce qu’il a observé tout le jour, ce qu’il a senti sur ces hommes qu’il a bien vus, qu’il a trop vus, mais qu’il a pris sur un point qui souvent le touchait et l’intéressait. […] Un ou deux ans après, à l’occasion d’une quête que Saint-Simon ne voulut point laisser faire à la duchesse sa femme, ni aux autres duchesses, comme étant préjudiciable au rang des ducs vis-à-vis des princes, le roi se fâcha, et un orage gronda sur l’opiniâtre et le récalcitrant : « C’est une chose étrange, dit à ce propos Louis XIV, que depuis qu’il a quitté le service, M. de Saint-Simon ne songe qu’à étudier les rangs et à faire des procès à tout le monde. » Saint-Simon averti se décida à demander au roi une audience particulière dans son cabinet ; il l’obtint, il s’expliqua, il crut avoir au moins en partie ramené le roi sur son compte, et les minutieux détails qu’il nous donne sur cette scène, et qui en font toucher au doigt chaque circonstance, montrent assez que pour lui l’inconvénient d’avoir été dans le cas de demander l’audience est bien compensé par le curieux plaisir d’y avoir observé de plus près le maître, et par cet autre plaisir inséparable du premier, de tout peindre et raconter.
Mais ils sont patriotes autant que novateurs, conservateurs autant que révolutionnaires ; s’ils touchent à la religion et à la constitution, aux mœurs et aux doctrines, c’est pour les élargir, non pour les détruire ; l’Angleterre est faite, elle le sait, et ils le savent ; telle que la voilà, assise sur toute l’histoire nationale et sur tous les instincts nationaux, elle est plus capable qu’aucun peuple de l’Europe de se transformer sans se refondre, et de se prêter à son avenir sans renoncer à son passé. […] — Ils se piquent de peinture, du moins ils l’étudient avec une minutie étonnante, à la chinoise ; ils sont capables de peindre une botte de foin si exactement, qu’un botaniste reconnaîtra l’espèce de chaque tige ; celui-ci s’est installé sous une tente pendant trois mois dans une bruyère afin de connaître à fond la bruyère ; beaucoup sont des observateurs excellents, surtout de l’expression morale, et réussiront très-bien à vous montrer l’âme par le visage ; on s’instruit à les regarder, on fait avec eux un cours de psychologie ; ils peuvent illustrer un roman ; on sera touché par l’intention poétique et rêveuse de plusieurs de leurs paysages.
« Malgré mon âge, qui touche à cinquante ans, écrit-il à Vettori, je vais chaque jour visiter celle qui captive mon cœur ; je ne me laisse ni rebuter par les ardeurs de l’été, ni arrêter par la longueur et les difficultés du chemin, ni effrayer par l’obscurité des nuits. » Tant que dura ce violent amour qui lui faisait tout oublier, même la dignité de son nom, même sa misère, même la décence de son âge, il n’écrivit plus rien que des lettres amoureuses ou que les confidences de son bonheur. […] Avant de l’avoir poussée jusqu’à son temps, trop difficile à toucher sans offenser le maître de Florence, il porta son histoire à Rome au pape Clément VII.
Son alcôve est cachée dans la partie sombre de l’idéal ; l’indiscret toucher du regard brutalise cette vague pénombre. […] Comme les cygnes arrivaient, la baguette toucha le gâteau.
Fatale vision, n’es-tu pas sensible au toucher comme à la vue ? […] Tu as touché la corde de ma crainte.
Il a le don de rapetisser, d’enniaiser tous les grands sujets, quand il y touche : la religion, par son Dieu des bonnes gens, ami de la joie et tendre aux mauvais sujets, par son agaçante conception d’un christianisme de pacotille qui met à l’aise tous les instincts matériels, par ses curés bénisseurs et bons vivants dont la perfection suprême est de ne pas être des gêneurs ; — le patriotisme, par un chauvinisme de méchant aloi, par l’exploitation fastidieuse de la gloire napoléonienne, avilie, vulgarisée, réduite aux puériles légendes de la redingote grise et du petit caporal ; — l’amour, par une sentimentalité frelatée, un mélange de grivoiserie et d’attendrissement qui exclut à la fois l’intensité de la passion sensuelle et la hauteur du sentiment moral ; — la morale, par une étroite et basse conception de la vie, mesquine dans la vertu, mesquine dans la jouissance, bien aménagée en un confortable égoïsme sans excès et sans danger. […] Cependant, après 1830, le grand souffle de pitié sociale qui traversa la littérature, le toucha comme les autres : et il écrivit quelques chansons de sympathie presque révoltée, en faveur des gueux, des misérables, de tous ceux qu’opprime la lourde machine des institutions.
La bouche, organe du goût, le nez, organe de l’odorat, les mains et la surface du corps, organes du toucher, les oreilles, les yeux prennent toujours une part directe ou indirecte à l’expression de tout sentiment. […] Aussi ce sont les images empruntées au toucher, à la résistance et à la force motrice qui sont les plus nombreuses et les plus expressives61.
C’est lui, qui se fait habiller par deux valets de chambre, à l’un desquels, il dit : « Maintenant, mettez de l’or dans mon gilet. » * * * — Une sœur qui a soigné une de mes parentes, lui avouait, qu’il n’y avait que la mort d’un enfant, qui la touchât, qui l’émût. […] Je trouve que la manière d’être la plus utile à sa patrie : c’est de passer toute sa vie, sans toucher un sou du budget de l’État.
Mme Guizot (Pauline de Meulan) a touché ce point comme il convient, avec discrétion et sagacité63 : il est à la rigueur possible, pense-t-elle, que dans cette grande comédie que jouèrent habituellement les uns envers les autres, et quelquefois envers eux-mêmes, la plupart des personnages du xviiie siècle, Duclos ait pris pour son rôle celui d’un bourru redouté, emporté au-dehors, habile et assez modéré en dedans.
Du reste, il ne croit avoir à se justifier qu’en ce qui touche à Henri III, car envers le roi de Navarre il n’avait aucun engagement particulier ; Henri III assassiné (août 1589), il se pouvait considérer comme libre jusqu’à un certain point de suivre le parti de Mayenne, tant que Henri IV ne se faisait point catholique, et moyennant que lui-même il avait conscience de ne donner que les meilleurs avis possibles, les plus favorables à l’État, et de rester un bon conseiller jusque dans un méchant parti.
Croyons plutôt que les grands noms ne périront jamais ; et, quels que soient nos plans, ne touchons point aux illusions de l’espérance ; sans elles, que resterait-il, hélas !
Dès le premier instant qu’il eut à commander à d’autres, dès qu’il eut à porter enseigne, dit-il, il voulut savoir ce qui est du devoir de celui qui commande, et se faire sage par l’exemple des fautes d’autrui : « Premièrement j’appris à me chasser du jeu, du vin et de l’avarice, connaissant bien que tous capitaines qui seraient de cette complexion n’étaient pas pour parvenir à être grands hommes. » Il développe ces trois chefs, et particulièrement, et avec une verve singulière, les inconvénients de l’avarice en un capitaine : « Car si vous vous laissez dominer à l’avarice, vous n’aurez jamais auprès de vous soldat qui vaille, car tous les bons hommes vous fuiront, disant que vous aimez plus un écu qu’un vaillant homme… » Il ne veut pas qu’un homme de guerre, pareil à un citadin ménager, songe toujours à l’avenir et à ce qu’il deviendra en cas de malheur ; le guerrier est enfant de l’État et du prince, et il pose en maxime « qu’à un homme de bien et vaillant, jamais rien ne manque. » — Après ces trois vices qui sont à éviter à tout prix, car ils sont ennemis de l’honneur, il en touche plus rapidement un quatrième dans lequel, sans raffiner sur les sentiments, il conseille du moins toute modération et sobriété : C’est l’amour des femmes : ne vous y engagez pas, cela est du tout contraire à un bon cœur.
J’essayai donc de mille manières de fixer son attention : je ramenai la conversation sur des sujets que je savais l’intéresser ; nos voisins s’y mêlèrent : j’étais inspiré par sa présence ; je parvins à me faire écouter d’elle ; je la vis bientôt sourire : j’en ressentis une telle joie, mes regards exprimèrent tant de reconnaissance, qu’elle ne put s’empêcher d’en être touchée.
Je commence cette lettre le mercredi saint au soir, au sortir de la Chapelle Sixtine, après avoir assisté à Ténèbres et entendu chanter le Miserere, Je me souvenais que vous m’aviez parlé de cette belle cérémonie, et j’en étais, à cause de cela, cent fois plus touché.
Mieux on connaît lesmasques, et plus on trouve que presque toujours il a bien touché.
Celui-là est plus que spirituel, il y a du talent : la colère et la haine en donnent souvent à ceux qui, dans l’ordinaire, se contentent d’avoir de l’esprit ; et Bussy, d’ailleurs, a une touche à lui comme peintre.
Mais même, quand la science des esprits serait organisée comme on peut de loin le concevoir, elle serait toujours si délicate et si mobile qu’elle n’existerait que pour ceux qui ont une vocation naturelle et un talent d’observer : ce serait toujours un art qui demanderait un artiste habile, comme la médecine exige le tact médical dans celui qui l’exerce, comme la philosophie devrait exiger le tact philosophique chez ceux qui se prétendent philosophes, comme la poésie ne veut être touchée que par un poète.
Nous touchons ici au rôle principal de Foucault, à la grosse affaire qu’il met au rang de ses plus utiles travaux, et par où son nom est entré odieusement dans l’histoire.
Mais pendant le bal et dans cette scène si bien amenée, où la jeune femme, qui n’a rien de grave, après tout, à se reprocher, tout émue enfin de tendresse, et transformée par la passion, se déclare au jeune amateur artiste et en vient à lui offrir son cœur, sa vie, sa main, — car elle est veuve, — d’où vient cette austérité subite et non motivée, cette pruderie farouche du jeune homme, déjà touché lui-même, et qui n’a plus aucune raison de la repousser ?
Vous jugez aisément à quel point M. de Cavoye en est touché, car vous connaissez mieux qu’un autre son cœur pour ses amis.
On parle toujours de corruption à propos du xviiie siècle : cette corruption, ce semble, la voilà bien, nous la touchons ici du doigt dans un exemple qui n’a, d’ailleurs, rien de personnellement odieux et qui peut se considérer sans trop de dégoût.
En ce qui touche la personne, l’illustre critique s’est montré plus sévère ; il a cru voir jusqu’à travers les peintures railleuses de la femme d’esprit ce qu’il appelle le pli de sa condition : « C’est une soubrette de cour, mais une soubrette. » Mlle Delaunay a-t-elle mérité ce piquant revers ?
(Chroniqueurs parisiens III) Henri Rochefort Il est rare qu’en étudiant une œuvre, même celle d’un auteur dramatique ou d’un romancier, on puisse séparer nettement l’homme de l’écrivain et toucher à celui-ci sans effleurer au moins celui-là.
Si vous avez affaire à une nature fine, délicate et sensitive, l’enfant ne se laissera toucher que par ce qui convient à sa propre sensibilité et est susceptible de l’intéresser ; si vous avez affaire à une nature apathique et flegmatique, l’appel au sentiment restera lettre morte.
Tous deux s’exaltaient, surtout, à la lecture de Baudelaire et nous touchons ici la puissance d’envoûtement de l’auteur des Fleurs du Mal sur les jeunes imaginations.
Touché au cœur, il sortit et se mit à pleurer amèrement 1104.
On peut répéter, avec l’antique sagesse des nations, que les extrêmes se touchent et l’on peut dire mieux encore que les extrêmes s’appellent et s’engendrent.
Il est puni justement de philosopher en industriel qui touche à la science divine avec des mains lourdes et avides, propres seulement aux grossiers labeurs terrestres : les entreprises qu’il étudie aboutissent toutes à l’inévitable faillite.
Pour moi qui, en qualité de critique, suis de ce lendemain plus que je ne veux, je me demande, après avoir lu Raphaël non pas s’il y a assez de beautés pour nous toucher çà et là et pour ravir les jeunes cœurs avides et qui dévorent tout ; mais je me demande si les esprits devenus avec l’âge plus délicats et plus difficiles, ceux qui portent en eux le sentiment de la perfection, ou qui seulement ont le besoin du naturel jusque dans l’idéal, ne sont pas arrêtés à tout moment et ne trouvent pas, à cette lecture, plus de souffrance de goût que de jouissance de cœur et d’émotion véritable.
Il était allé dans l’effort et dans le pressentiment de la passion aussi loin qu’on peut aller sans avoir été touché de la passion même.
Car de dire qu’il lui a manqué, au milieu de cette éducation si solide et si diverse, un bon maître de rhétorique qui réprimât en lui toute velléité de fausse rhétorique, ce n’est pas toucher le point juste.
Supposons maintenant que, parmi les divers mouvements spontanés, il y en ait un qui produise un contact douloureux, comme quand on heurte une pierre ou quand on touche une plante épineuse.
Un second fait non moins curieux, c’est que dans les races inférieures les sutures antérieures du crâne se ferment avant les postérieures, d’où il suit que le développement des lobes antérieurs du cerveau s’arrête plus tôt, fait très favorable à l’hypothèse qui place l’intelligence dans la partie frontale du cerveau ; mais ceci touche à la question des localisations, que nous ne voulons pas entamer dans cette étude.
Joignons à ces remarques la refléxion qu’on fait ordinairement, qu’il y a des nations dont le naturel est plus sensible que celui d’autres nations, et l’on n’aura pas de peine à comprendre que des comédiens qui ne parloient point pussent toucher infiniment des grecs et des romains, dont ils imitoient l’action naturelle.
La nature ne perd jamais ses droits sur nous ; les productions auxquelles elle a présidé seule, sont toujours celles qui nous touchent davantage.
Mme Colet, jalouse trois fois, jalouse du talent de la femme, de sa folle renommée et du succès matériel de son livre impudique et honteux, raconta à son tour son histoire avec le même poëte, fière, comme une femelle de chacal, d’avoir touché au morceau laissé par la lionne !
Il y a, dans toutes les âmes bien nées, des impressions que rien ne, peut détruire, et qu’on est toujours sûr de réveiller ; ce sont, pour ainsi dire, des cordes toujours tendues, qui frémissent de siècle en siècle et de pays en pays : c’est celles-là qu’il faut toucher.
157 touche du pied le seuil et cesse de frapper.
Il m’est impossible de souffrir que, discrètement et sans y toucher, on rapproche ainsi Lamartine d’un improvisateur napolitain, d’un « ténor », d’une « prima donna » et de ces « féministes » qui, d’avoir été féministes, moururent jeunes. […] Mais Lamartine n’en est pas moins un rustique ; il a vu, il a touché les choses de la campagne. […] Au contraire, Lamartine ; tous les objets qu’il touche de son verbe, c’est pour les élever en dignité. […] Il continue : Mon œil, quand il y tombe, Voit l’amoureux oiseau Voler de tombe en tombe, Ainsi que la colombe Qui porta le rameau, Ou quelque pauvre veuve, Aux longs rayons du soir, Sur une pierre neuve, Signe de son épreuve, S’agenouiller, s’asseoir, Et, l’espoir sur la bouche, Contempler du tombeau, Sous les cyprès qu’il touche, Le soleil qui se couche Pour se lever plus beau. Paix et mélancolie Veillent là près des morts, Et l’âme recueillie Des vagues de la vie Croit y toucher les bords… Les choses, ici, sont vraiment translucides et comme imbibées de lumière.
Les Génevois, qui ne sont que des marmousets, les fatiguent déjà passablement ; jugez comme ils ont envie de toucher de tous côtés la république française ! […] Il ne s’inquiétait pas de cacher son âme, mais de l’avoir nette : « Je n’ai que mon mouchoir dans ma poche, disait-il ; si on vient à me le toucher, peu m’importe ! […] C’est trop nous hasarder à ces extrémités d’horizon où l’absurde et le possible se touchent ; rentrons vite dans la limite qui nous convient. […] Je ne vous dis rien de l’horrible corruption des esprits ; vous en touchez vous-même les principaux symptômes.
Plus, d’ailleurs, l’amour confine à l’adoration, plus grande est la disproportion entre l’émotion et l’objet, plus profonde par conséquent la déception à laquelle l’amoureux s’expose, — à moins qu’il ne s’astreigne indéfiniment à voir l’objet à travers l’émotion, à n’y pas toucher, à le traiter religieusement. […] Ainsi, quand nous dissipons les apparences pour toucher les réalités, quand nous faisons abstraction de la forme commune que les deux morales, grâce à des échanges réciproques, ont prise dans la pensée conceptuelle et dans le langage, nous trouvons aux deux extrémités de cette morale unique la pression et l’aspiration : celle-là d’autant plus parfaite qu’elle est plus impersonnelle, plus proche de ces forces naturelles qu’on appelle habitude et même instinct, celle-ci d’autant plus puissante qu’elle est plus visiblement soulevée en nous par des personnes, et qu’elle semble mieux triompher de la nature. […] Son attitude, effet d’un redressement, lui aurait fait toucher le plan de l’intellectualité. […] Rien n’est plus instructif que de voir comment les philosophes l’ont frôlé, touché, et pourtant manque.
Réduite à ces termes généraux, l’histoire d’Œdipe me touche, car elle peut être la mienne. […] Touchez-là : vous n’aurez pas ma fille. » Pauline, qui a du bon sens, se résigne. […] Je n’ai jamais constaté plus clairement ni mieux touché du doigt cette vérité si souvent rappelée, que les transformations des littératures se font insensiblement, et qu’il n’y a point, dans leur développement, de solution de continuité. […] Il serait bon qu’il y eût dès maintenant au Gymnase un curé de service, qui recevrait pendant les entr’actes la confession des âmes touchées de la grâce. […] Raymond et Boucheron était d’une touche un peu plus légère, si le dialogue y valait les situations, s’il s’y trouvait un peu de la grâce de Meilhac, — quelle jolie chose ce pourrait être !
Notre dernier accès de septentriomanie touche à son terme, et nous allons pour voir redevenir des Latins, de bons Latins. […] Et cependant, le cas de Fabienne, au deuxième acte, avait de quoi nous toucher. […] Et je ne permets pas qu’on touche à ce bûcher ! […] Par des détails sournoisement révélateurs, par des insinuations et des périphrases d’un art achevé, par d’exquises adresses et prouesses d’expression, il nous faisait tout comprendre, voir et toucher. […] Cependant, le petit Octave Lacroix a touché au bras le faux bretteur Morvillette.
Pour déterminer nettement le rang qui appartient à Béranger dans notre histoire littéraire, il s’agit d’abord de rechercher les origines de son talent ; ces origines, rapprochées du but qu’il s’est proposé, du but qu’il a touché, nous aideront à le classer. […] Pour laisser à sa pensée son caractère primitif, pour ne pas altérer l’unité des sentiments dont son cœur s’était nourri, pour mieux goûter le fruit de ses premières études, il n’a touché qu’avec discrétion à la poésie allemande, à la poésie anglaise, dont il comprend toute la valeur. […] Le Roi d’Yvetot est conçu comme les meilleurs fables de La Fontaine ; les pensées qui se succèdent se présentent si naturellement, qu’elles touchent presque à la trivialité. […] Un poète d’un ordre secondaire eût choisi dans la vie de Napoléon quelques épisodes faciles à détacher, empreints d’un caractère particulier, pour les flétrir avec colère, pour les dénoncer à l’indignation publique ; un poète vraiment sûr de lui-même ne saisit, dans cette vie si funeste aux libertés de la France, que la physionomie générale, et la condamne sans avoir l’air d’y toucher. […] Si je dis qu’il est pareil à lui-même, on me reprochera de parler pour ne rien dire ; si j’ose affirmer que son style a perdu en limpidité ce qu’il a gagné en abondance, on m’accusera de blasphème ; si d’aventure je trouve qu’il a grandi, on me répondra qu’il ne pouvait pas grandir, puisqu’il avait déjà touché les cimes les plus hautes de la poésie, et pourtant parmi ces trois solutions je suis forcé de choisir la seconde comme la seule qui traduise fidèlement ma pensée.
.) — « La principale règle est d’abord de plaire et de toucher. » (Racine, préface de Bérénice.) — Et Boileau : Que dans tous vos discours la passion émue Aille chercher le cœur, l’échauffe et le remue ; Le secret est d’abord de plaire et de toucher. […] Je crois que ni l’un ni l’autre des deux philosophes n’ont pourtant touché au point vif de la discussion, qui est la question de la division du travail. […] Il n’y a pas là de quoi les toucher beaucoup… Où sont le lien, la fête commune, la marque journalière ou seulement fréquente de cordialité, de bon vouloir, capables de compenser la jalousie qui renaît sans cesse et les conflits d’intérêt qui ne manquent pas ? […] Parce que les classes se heurtent, ce n’est pas à dire qu’elles se touchent. […] Ribot vient d’écrire avec son soin accoutumé, la clarté souveraine qu’il met dans toutes les choses qu’il touche, la science et l’information multipliée qu’il porte partout avec lui et l’agrément de style sobre et aisé qui est chez lui une véritable distinction.
Jamais ne s’y doivent toucher, joindre, heurter deux mondes moraux différents — et dans ce heurt, quelles ressources ! […] Il toucherait aux limites de l’âme humaine, du plus profond passé à l’extrême avenir. […] Une si complexe émotion ne saurait toucher une foule d’un coup droit, théâtral, impossible à parer. […] Il voudra toucher par les yeux notre âme. […] Henri Ghéon explique que tous les peuples de l’Occident se touchent en nous, se fondent et s’équilibrent et que la France, la France spécifique est réalisée au point où cet équilibre heureux s’accomplit.
De là, une intensité de rendu, inconnue jusqu’ici, une méthode qui tient du spectacle et qui fait toucher du doigt toutes les matérialités du sujet. […] L’art sacré et réel — le Naturisme — ne s’occupera jamais des âmes. » Et n’est-ce pas dans ce même esprit que le jeune écrivain, au cours d’une méditation sur l’émotion, promulguait : « Peu importent, en effet, les anonymes acteurs de la tragédie humaine, seuls leurs rôles surent nous toucher ! […] Ce qui le toucha dans sa conversion, ce ne fut ni la pompe des rites, ni les magnificences des cathédrales, ni les splendeurs de l’art mystique.
Mais les divinités de l’Olympe grec, en intervenant, même avec un art relevé d’espièglerie, refroidissent ces riantes peintures, et Norfrank, bienvenu et sage en dépit des embûches de Mercure et de Cupidon, Norfrank dans l’heureux chalet nuptial me touche moins que l’honnête Pierre Simon, devisant dans l’ermitage étroit sur l’étendue des destinées humaines, et taisant quelque timide espoir qu’aucune récompense terrestre ne doit couronner. […] Sans varier jamais autrement que pour s’élargir autour du même centre, il a touché de côté beaucoup de systèmes contemporains et, pour ainsi dire, collatéraux du sien ; il en a été informé plutôt qu’affecté, il a continué de tirer tout de lui-même.
je le sais bien, moi, dit Thérésina : nous en étions à ce chant, si malheureusement interrompu par notre voyage, où le beau Médor, ce jeune Sarrasin, si tendre et si courageux de cœur pour sauver le corps de son maître mort, est blessé par les féroces Écossais de Zerbin, et où la belle Angélique, touchée de sa jeunesse et de sa beauté, va cueillir des simples dans les prés pour guérir ce charmant païen. » Léna sourit légèrement en admirant la mémoire heureuse de la jeune fille : « Qu’aurait-elle pu retenir de plus analogue à son âge et à son imagination d’enfant ? […] L’ermite, touché de ses dispositions, n’hésita pas à lui conférer, dès le lendemain, le sacrement du baptême.
Leurs idées peuvent être fausses, leur style peut être inculte, mais leur sentiment les sauve et les immortalise quand leur âme a touché l’âme de leur siècle. […] Tous ces hommes avaient touché à cette réalité des choses qui contrôle dans des esprits justes l’inanité des théories par la pratique des hommes.
« “Mon père, cria Eugénie en se jetant à genoux et marchant ainsi pour arriver plus près du bonhomme et lever les mains vers lui, mon père, au nom de tous les saints et de la Vierge, au nom du Christ, qui est mort sur la croix, au nom de votre salut éternel, mon père, au nom de ma vie, ne touchez pas à ceci ! […] Voir, c’est pis que toucher.
Depuis ce temps, auquel nous touchons encore, la jalousie et la défiance populaires, ces seules vertus de la démocratie américaine, qui la rendent stupide quand elles ne la rendent pas féroce, n’ont pas permis à une seule grande nature de citoyen d’arriver à la présidence de la république américaine ; ils ont craint que leur premier magistrat n’eût des pensées plus élevées qu’eux ; ils n’ont pardonné qu’à une certaine médiocrité du parti bourgeoisement probe et intellectuellement incapable de prévaloir dans les élections et d’exercer pour la forme une autorité centrale sans pouvoir, un certain rôle de grand ressort neutre de leur anarchie réelle, ressort qui obéit au doigt de la constitution démagogique, mais qui n’imprime ni halte ni mouvement. […] Dépêchez cet Indien. » Elle s’avança doucement, d’un pas assuré mais prudent ; son pied touchait à peine la terre.
— Mais, pour que l’on touche Tristan, ayons un théâtre où soient des acteurs jouant en comédiens le drame réel et réaliste, capables de prononcer les mots selon les valeurs musicales notées, des comédiens déclamant lyriquement ; où chacun, directeurs, musiciens, interprètes, soient persuadés du caractère spécial à l’œuvre représentée ; où le public, libre de faux préjugés, écoute un drame. […] Aussi, l’œuvre d’Art complet devrait s’élever sur le terrain de limite où ces lois se peuvent toucher.
Hélas, hélas, que les voilà — mais exprimées, exprimées en un art et véritablement devenues elles — que les voilà mes fuyeuses émotions, et que les voilà les joies et les douleurs que j’entrevis au toucher d’une départie, et que vous chantez, oh musiques magiques du mage musicien ! […] Amfortas : Tandis que je rêvais à la splendeur de la Promise, dans une ombre de nuit je me suis comme éperdu ; alors j’ai vu un corps, un corps soupçonné de mes songes ; des chairs, des seins, des peaux mollement tressaillantes, un ventre alliciteur des lèvres, et des parfums où se baigner eût été l’exultation ; son visage était grave et riait d’appels aux joies ; elle était folle et manifeste ; ses mamelles se dévoilaient… Et pour avoir touché le sexe d’une advenue aux jours d’erreur, j’aurai les souvenances et les cogitations et des navrances, pendant que se traînera la vérité de mon amour.
j’étais beaucoup plus fort que lui, me dit-il, mais l’épée me grise… ça m’arrive même à la salle d’armes… Je me suis jeté sur son épée… le foie est touché… S’il n’y a pas de péritonite… Il n’achève pas sa phrase, mais tout affaibli qu’il est par la perte de son sang, on sent dans le noir de son œil, la volonté de se rebattre un jour. […] Il ne veut pas admettre que Drumont soit touché par Meyer, et blague cette idée de se battre sur le terrain de la tribune des courses, avec autorisation du prince de Sagan, et encore plus dans le parc de Saint-Cloud, où on sera dérangé par les promeneurs, ou interrompu par les gardiens.
Il est même des passages dans l’Éducation sentimentale qui, dans leur tentative, d’exprimer d’indéfinissables mouvemements d’âmes, touchent au mystère. […] La Tentation de saint Antoine dresse, en une éblouissante procession, la liste formidable de toutes les erreurs humaines, tire le néant des évolutions religieuses, entrechoque les hérésies, compare les philosophies et, finalement, quand d’élimination en élimination on touche à l’agnosticisme panthéiste des modernes, montre l’humanité recommençant le cycle des prières dès que le soleil se lève et l’aclion la réclame.
Entre les conditions subalternes de la société, il n’y en a point à laquelle l’histoire naturelle ne fût plus ou moins utile ; tout ce qu’on voit, tout ce qu’on touche, tout ce qu’on emploie, tout ce qu’on vend, tout ce qu’on achète, est tiré des animaux, des minéraux ou des végétaux. […] Bion et Moschus touchent de près au ton et au caractère de Théocrite.
, mais il ne doit plus toucher à l’histoire. […] Non seulement l’historien actuel de la Révolution française n’a point d’analogue dans les historiens qui ont touché le sujet qu’il traite, mais il n’en a pas avec lui-même dans son passé.
qui ignorent d’abord qu’une œuvre de génie — ou si l’on veut — une œuvre d’âme — où tout est bien vu, bien observé, bien compris, bien imaginé — est toujours très-bien exécutée, quand elle l’est suffisamment — Ensuite — qu’il y a une grande différence entre un morceau fait et un morceau fini — qu’en général ce qui est fait n’est pas fini, et qu’une chose très-finie peut n’être pas faite du tout — que la valeur d’une touche spirituelle, importante et bien placée est énorme…, etc…, d’où il suit que M. […] Ce jeune artiste a déjà eu de beaux salons — sa statue est évidemment destinée à un succès ; outre que son sujet est heureux, car les pucelles ont en général un public, comme tout ce qui touche aux affections publiques, cette Jeanne d’Arc que nous avions déjà vue en plâtre gagne beaucoup à des proportions plus grandes.
Le fromage vient de tomber devant celui qui le convoite, mais qui va rester immobile : « Le friand lascif frémit et brûle, et frissonne tout entier de convoitise (ces deux vers dans le texte sont pleins d’expression) ; mais il n’en touche une seule miette, car encore, s’il peut en venir à bout, voudrait-il bien tenir Tiècelin. » Tout son art alors est d’attirer le Corbeau lui-même et de lui persuader de descendre.
Mais, si huit mois d’éloignement et de silence peuvent vous paraître une satisfaction suffisante, je me flatte, monseigneur, que votre bonté achèvera de se laisser toucher en considérant que mon caractère est tout à fait exempt de malignité, que, dans plus de quarante volumes que j’ai donnés au public, il ne m’est rien échappé qui soit capable d’offenser, et que l’accident même qui fait mon crime n’a été qu’un aveugle sentiment de charité et de compassion pour un malheureux camarade d’école que j’ai voulu secourir dans sa misère après l’avoir aidé longtemps de ma propre bourse… M. le curé de Saint-Sulpice et Mlles de Raffé du Palais-Bourbon, qui l’ont assisté aussi à ma recommandation, ne me refuseront pas ce témoignage.
Quand il touche à des coins de littérature, il ne retrouve pas cette propriété de langage qu’il a dans les exposés de science.
Un magicien les touche de sa baguette, et tout revit.
Bailly ne se tint pas pour réfuté ; on avait touché à une idée qui lui était plus chère qu’une observation astronomique, parce qu’elle était moins certaine et fille de sa conjecture et de sa fantaisie.
Il m’écrit quatre mots fort galants : il y a longtemps que je n’avais ouï parler de la beauté de mes yeux… Dangeau, qui touchait à quatre-vingts ans, trouvait encore à faire son compliment galant à une autre octogénaire ; c’est bien de l’homme.
Il me serait facile de m’occuper d’abord et uniquement de cette préface, qui, pareille à une conversation rapide, impétueuse, familière, touche à mille points, soulève mille questions, fait dire oui et non à la fois, dessine l’auteur et le livre, et dispense jusqu’à un certain point le critique qui n’a qu’un moment d’aller au-delà.
Les mœurs espagnoles, les usages de Madrid et de la cour, les bizarreries et les monotonies de cette vie si nouvelle pour une Française et une amie des La Fayette et des Sévigné, y sont touchées avec une discrète ironie.
Si l’impression qui en reste est celle de la force, la qualité qui jusqu’ici lui a le plus manqué est la douceur, la grâce : un des derniers articles qu’il a écrits, et qui a pour sujet ou pour prétexte La Princesse de Clèves, de Mme de La Fayette, montre pourtant qu’il sait toucher, quand il le veut, les cordes délicates et qu’il a en lui bien des tons.
La chaleur était à peine tombée avec le soleil ; les oiseaux, déjà retirés et non encore endormis, annonçaient, par un ramage languissant et voluptueux, le plaisir qu’ils goûtaient à respirer un air plus frais ; une rosée abondante et salutaire ranimait déjà la verdure… Ici une de ces descriptions naturelles dont il a le premier dans notre littérature donné le parfait exemple, mais où il a été depuis surpassé par ses grands disciples, par Bernardin de Saint-Pierre, par Chateaubriand, par George Sand, tous bien autrement particuliers, nuancés et neufs, et qui ne se contentent pas de peindre la nature en traits généraux devenus trop aisément communsy ; — et il continue : À ce concours d’objets agréables, le philosophe, touché comme l’est toujours en pareil cas une âme sensible où règne la tranquille innocence, livre son cœur et ses sens à leurs douces impressions : pour les goûter plus à loisir, il se couche sur l’herbe, et appuyant sa tête sur sa main, il promène délicieusement ses regards sur tout ce qui les flatte.
Il est quelques portraits de femmes heureusement touchés et qui témoignent d’une souplesse inaccoutumée de ton, le portrait de la comtesse de Castellane, par exemple.
Biot, de belles pages et dignes d’être recueillies textuellement par l’histoire ; celle-ci, par exemple : « La France touchait à sa perte ; Landrecies, le Quesnoy, Condé, Valenciennes, étaient au pouvoir de l’ennemi ; Toulon s’était livré aux Anglais : des flottes nombreuses tenaient la mer et effectuaient des débarquements.
Un jour, le général Liéven, la voyant passer à travers un salon, disait à son voisin Poniatowsky : « Voilà une femme pour laquelle un honnête homme pourrait souffrir quelques coups de knout sans regret. » Ce général parlait et sentait comme le poëte : Rien que pour toucher sa mantille, De par tous les saints de Castille, On se ferait rompre les os.
Il avait eu le bon goût d’en paraître, somme toute, satisfait, et j’avais été touché d’un procédé si rare.
Mais il est galant, il est bien élevé, et cette nuance de familiarité décente et de demi-intimité est touché avec beaucoup : de finesse.
Mâtho, revêtu du voile rayonnant, les effraye, passe au travers d’eux tous, personne ne se risquant à l’approcher ni à le toucher ; il s’éloigne et traverse ainsi la ville, que le bruit de son audace et de son crime a éveillée et soulevée.
Vous savez si je pouvais me permettre de toucher au sol vénéré que je devais protéger ; les deux sanctuaires consacrés à Neptune et à Minerve sont sous un même toit, etc. » Suivent les raisons solides, de haute convenance et d’art, subtilement déduites.
Il a montré dans son Histoire de Port-Royal, par l’exposé circonstancié qu’il a donné du miracle de la Sainte-Épine dont le toucher aurait guéri la nièce de Pascal, à quel point il en était convaincu et profondément pénétré.
Déjà, en ce qui touche Napoléon, l’admiration fertile des générations survenantes surpasse les bornes de ce qu’on aurait cru possible.
Au lieu d’une explication nette et circonstanciée de la rencontre, comme tout cela est touché avec précaution !
Le comte du Luc, son patron, tombe malade ; Rousseau en est touché ; il veut le lui dire et lui souhaiter une prompte convalescence, rien de mieux ; c’était matière à des vers sentis et touchants ; mais Rousseau aime bien mieux déterrer dans Pindare une ode à Hiéron, roi de Syracuse, qui, vainqueur aux jeux Pythiques par son coursier Phérénicus, n’a pu recevoir le prix en personne pour cause de maladie.
Millevoye n’a pas l’invention du style, l’illumination, l’image perpétuelle et renouvelée ; il a de l’oreille et de l’âme, et, quand il dit en poëte amoureux ce qu’il sent, il touche.
On se pique de jouer avec l’amour, de traiter une femme comme une poupée mécanique, de toucher en elle un ressort, puis l’autre, pour en faire sortir à volonté l’attendrissement ou la colère.
La nourrice n’a d’autres fonctions que de donner à téter à l’enfant quand on le lui apporte ; elle ne peut pas lui toucher.
Un aveugle-né que l’on vient d’opérer demeure assez longtemps avant de pouvoir mettre d’accord les perceptions de son toucher et les perceptions de sa vue.
De quoi donc le cœur est-il touché ?
(Au surplus, des traits que nous jugeons grossiers et ridicules pouvaient fort bien toucher un bourgeois qui, sans doute, comme beaucoup de ses contemporains, lisait encore régulièrement la Vie des Saints.
Il est certain que nous allons toucher à une conception nouvelle des mœurs de l’artiste, et nous délivrer enfin, avec un peu plus de fermeté, de l’écœurante tradition, parce qu’il est trop sot de continuer à la traîner.
Allons, touchez là, il est trop juste de vous donner le tiers des sommes que vous me faites prêter.
Purifiez vos pensées ; cessez de mal faire, apprenez le bien, cherchez la justice, et venez alors 259. » Dans les derniers temps, quelques docteurs, Siméon le Juste 260, Jésus, fils de Sirach 261, Hillel 262, touchèrent presque le but, et déclarèrent que l’abrégé de la Loi était la justice.
Nous touchons ici à l’une des parties du livre de Rabelais qui renferment un grand sens et, jusqu’à un certain point, un sens sérieux.
C’est un homme à part ; ses pièces touchent au tragique, et personne n’a le courage de chercher à les imiter.
Mais, ce qui était fait surtout pour le toucher et ce qui nous intéresse le plus aujourd’hui nous-mêmes, il connut, il vit beaucoup le duc de Reichstadt, le fils de Napoléon, et il fut, dès le premier jour, recherché et considéré par lui.
Dans son Œdipe chez Admète, où il confond deux actions distinctes, deux tragédies, celle d’Alceste voulant mourir pour son époux, et celle d’Œdipe expirant entre les bras d’Antigone, Ducis a plus que des mots ; il a, au troisième acte et au cinquième, des tirades pathétiques, une touche large, comme lorsque Œdipe, s’adressant aux dieux, les remercie, jusque dans son abîme de calamités, de lui avoir laissé un cœur pur : C’est un de vos bienfaits que, né pour la douleur, Je n’aie au moins jamais profané mon malheur… On s’explique aussi très bien le succès de son Othello, représenté pour la première fois en 1792, et parlant comme un soldat parvenu qui sert avec désintéressement la République et n’a rien à envier aux grands : Ils n’ont pas, tous ces grands, manqué d’intelligence, En consacrant entre eux les droits de la naissance : Comme ils sont tout par elle, elle est tout à leurs yeux.
Barthélemy fut touché, mais refusa ; il se contenta de rester à ses médailles ; il revint même, vers la fin, à cette étude favorite avec quelque chose de ce renouvellement de goût que tout vieillard retrouve volontiers pour les premières occupations de sa jeunesse.
Il semble, durant cette première période de la vie humaine, que l’effort héréditaire employé tout entier à composer le squelette, les tissus et les nerfs, et, d’une façon générale, l’être physiologique, soit impuissant alors à opposer une résistance importante, en ce qui touche à la mentalité, aux images-notion suscitées par le milieu.
La nature des sujets, des visions, des métaphores, du ton, de l’allure, de la ponctuation même d’un écrivain : de la touche, des procédés, des lignes, de l’équilibre des figures, des valeurs, du coloris d’un peintre ; des timbres et des rythmes d’un musicien ; des lignes, des modules, des dimensions, de l’ornementation d’un architecte, — tous ces signes esthétiques pourront être ramenés à une signification psychologique, et l’ensemble de ces déductions pour un auteur présentera de son esprit un tableau déjà poussé, que compléteront les indications tirées des émotions qu’il suggère.
S’il s’agit surtout d’une science toute jeune, et qui commence à peine à se constituer en science positive, de la science la plus complexe et la plus délicate d’entre les sciences physiques, de celle qui nous touche de plus près, puisque par un côté elle confine à la médecine, par l’autre à la psychologie et à la morale, on attachera plus d’importance encore à cette entreprise.
Encore moins peuvent-ils toucher le coeur peu disposé à s’attendrir pour des personnages chimeriques, en quelque situation qu’on les répresente.
Sur les autres controverses qu’a suscitées cet ouvrage, il nous paraît inutile de revenir ; car elles ne touchent à rien d’essentiel.
Et cet outil, êtes-vous autorisé à le jeter par la fenêtre parce que des maladroits se seront blessés — eux et la langue — en voulant y toucher ?
Ai-je besoin d’avertir que je n’entends point toucher à l’exaltation du sentiment religieux qui pousse certains hommes dans la solitude des cloîtres ?
Elle était gâtée dans sa source, je le reconnais ; elle était physique, maladive, empoisonnée, mauvaise, décomposée par toutes les influences morbides de la fin d’un monde qui expire, mais elle n’en était pas moins de la poésie, prouvée même par la puissance qu’elle a sur nous tous, cette poésie faussée dans son inspiration et qui tournait et touchait souvent à la démence.
La question me semble intéressante en ce que, d’abord, elle touche de près celle de la moralité dans le roman.
Rien jamais, ici-bas, ne touche à son terme.
Combien le lecteur doit être touché de la beauté de Mme de Longueville, quand il la voit à travers cette poussière de certificats !
Soit un corps connu par le toucher ou une sensation étendue observée par la conscience.
Il ne touche rien qu’il ne le classe, et pour l’éternité. […] Un sermon touche l’âme et jamais ne fait rire ; De qui croit le contraire on doit se défier Et qui veut qu’on en rie en a ri le premier. […] « Tous ses sujets, nous dit-il, sont pris dans le vif de la vie réelle ; cela est si vrai, que la comédie de nos jours les a traités de nouveau, et que les drames de La Chaussée touchent tous par quelque côté aux œuvres les plus fameuses du théâtre contemporain. » Oh ! […] Vos reproches me toucheraient néanmoins, si je croyais fermement à la bonté et à l’efficacité spéciale d’un Conservatoire qui soit institution d’État. […] Lue par un brigadier de gendarmerie, elle nous toucherait encore.
1° Nous trouverons qu’il a pris conscience de l’un avec Lesage et Marivaux, dans les premières années du xviiie siècle, et qu’il n’a vraiment touché l’autre que de notre temps, avec George Sand et Balzac. […] Le gain très certain que l’humanité, depuis qu’elle se connaît, a réalisé dans les sciences et dans les arts industriels, dans tout ce qui touche à la pratique de la vie commune, l’a-t-elle également réalisé dans l’art et dans la littérature ? […] De telle sorte que, si l’Allemagne n’était pas trop négligemment touchée dans ces quatre volumes, autant que le Tableau de la littérature française, ils formeraient un Tableau de la littérature européenne au xviiie siècle. […] Ce n’est pas, à la vérité, puisque je touche en passant ce point, que je conçoive comme lui la suite et l’enchaînement d’une histoire de la littérature française au xviiie siècle. « Que reste-t-il des orateurs anglais ? […] Nous avons déjà touché ce point, et l’occasion se représentera pour nous d’y toucher plus d’une fois encore.
Enfin les Limbes s’ouvrent aux âmes qui n’ont ni servi ni offensé Dieu : les fous, les imbéciles, les enfants des Infidèles, les adultes morts avant que l’Islam les ait touchés. […] « La gigantesque figure de l’inspiré florentin, dit-il, ne perd pas un pouce de sa grandeur sublime. » En effet, il ne m’a jamais paru plus grand artiste que là où je pouvais croire qu’il avait été directement touché par le texte arabe. […] Et si Ozanam a pu dire que Dante n’a pas touché une idée qui ne fut consacrée par les craintes et les espérances des hommes, il semble qu’en se penchant sur son poème on entende un murmure de plaintes et de prières, d’effroi et d’amour, qui part du fin fond de l’humanité. […] Mais j’ai admiré la puissance d’un art, spontané ou réfléchi, qui passe avec une aisance incomparable de la conversation la plus enjouée et la plus naturelle à la bouffonnerie la plus effrénée et qui convertit tout ce qu’il touche en matière comique. […] Un instant, elle a failli succomber dans cette atmosphère de défaillance et de désespoir, au milieu d’une nature que le premier souffle de l’hiver avait déjà touchée.
Nul n’a le droit de toucher aux nations qui tiennent à vivre. […] Et tout naturellement, nous touchons à l’une des questions les plus brûlantes dont se tourmentent nos amis, la question flamingante. […] Il avait été l’éveilleur, l’homme providentiel qui, du rameau de son art, avait touché au front les endormis. » Esquisser la silhouette de Camille Lemonnier, n’est-ce pas déjà présenter son œuvre ? […] Le talent de l’aîné et les leurs se touchaient par quelque côté si l’on observe que tous quatre inclinaient à chanter l’âme des choses. […] Au lieu que l’autre vérité, celle qui nous donne conscience de l’importance de notre vie, est sans doute plus étroite, mais nous touche actuellement, immédiatement et incontestablement167.
Il les touche. […] Nous touchons le point précis où l’histoire et le roman historique se séparent. […] Non, puisque les Trois Mousquetaires, précisément, abondent en aventures de cape et d’épée qui touchent au fantastique. […] Que ce soit mon excuse pour apporter à cette mémoire d’un clinicien célèbre l’hommage d’un incompétent pour tout ce qui touche à la portion technique de cette activité. […] Avance de tous côtés dans le fini. » — L’analyse que j’ai essayée de votre philosophie demeurerait incomplète si je n’insistais pas sur ce point que j’ai touché, mais à peine.
Voyez-vous, mon cher Granger, il vaudrait mieux pour vous et deux ou trois de vos camarades ici, infectés comme vous du virus académique, que vous n’eussiez jamais touché un crayon. […] Cependant, la destruction de tout ce qui touchait à l’académie de peinture se poursuivait avec ardeur. […] Une partie des pensionnaires et des artistes français furent sur le point d’éprouver le même sort, et ceux qui parvinrent à s’échapper de Rome, après avoir erré longtemps dans les Etats du pape, ne furent en sécurité que quand ils touchèrent le territoire de la Toscane. […] Je n’ai pas embrassé Robespierre, je ne l’ai pas même touché ; car il repoussait tout le monde. […] Quelques jours après le banquet du Muséum, Étienne a entendu dire à la belle Mme Méchin, qui y avait assisté : Enfin j’ai vu le général Bonaparte ; je lui ai touché le coude !
Mais j’admire plus encore le critique dont les mains créatrices donnent une vie et une force terrible à tout ennemi qu’elles touchent. […] Cela le mettrait en colère d’entendre déprécier des biens qui sont momentanément éloignés de sa main, mais qu’il s’apprête à toucher encore et à reconquérir. […] La raison n’est bonne à rien, qu’à servir à raisonner à vide ; c’est une baguette magique qui fausse tout ce qu’elle touche. […] Au-delà, il n’y a plus rien : en touchant à la mer, on touche à l’infini. […] Le danger de toucher à la langue est extrême ; il y faut une prudence et un tact infinis.
Tous les murs sont crénelés et percés de meurtrières, et le terrain creusé de trous ronds qui se touchent, ressemble assez bien à ces plats de fer-blanc, où l’on fait cuire des escargots en Bourgogne. […] Au milieu d’eux, un jeune soldat de ligne touche de l’orgue mélodium, ayant près de lui un camarade au pantalon garance, accoudé au buffet et penché sur la musique ; De ce groupe, qui vous fait revenir dans les yeux la lithographie de Lemud : Maître Wolfram, et transfigure ce groupe vulgaire de pioupious, s’élève une musique douce et pénétrante, et qui, dans l’ébranlement des nerfs par le canon et le voisinage de la mort, apporte je ne sais quelle grande émotion triste. […] Peu à peu, on commence à toucher le vilain de la guerre. […] » Berthelot reprend : « Oui, tout est comme cela, Nefftzer ne comprend pas mon exaspération, quand je vais le trouver, il ne voit pas ça dans le détail, comme moi, il ne touche pas, toute la journée, leur stupide entêtement. […] Il parle de l’élan des troupes, des zouaves qui, à l’attaque de Villiers, ont été admirables, et d’une compagnie, dont quatre hommes seuls, n’ont pas été touchés.
Un peuple qui marche ainsi selon sa première impulsion, et ne cesse point de s’appartenir tout entier, jette sur lui-même des regards de complaisance ; le sentiment de la propriété s’attache pour lui à tout ce qui le touche, la joie de l’orgueil à tout ce qu’il produit ; ses poëtes animés à lui retracer ses propres faits, ses propres mœurs, sont certains de ne rencontrer nulle part une oreille qui ne les entende, une âme qui ne leur réponde ; leur art est à la fois le charme des dernières classes de la société et l’honneur des conditions les plus élevées. […] Le goût connu de la reine y avait joint les galanteries de l’école. « Quand la reine, dit Wharton, visitait la demeure de ses nobles, elle était saluée par les Pénates et conduite dans sa chambre à coucher par Mercure… Les pages de la maison étaient métamorphosés en dryades qui sortaient de tous les bosquets, et les valets de pied gambadaient sur la pelouse sous la forme de satyres… Lorsque Élisabeth traversa Norwich, Cupidon, se détachant d’un groupe de dieux sur l’ordre du maire et des aldermen, vint lui offrir une flèche d’or dont ses charmes devaient rendre le pouvoir invincible... ; présent, dit Hollinshed, que la reine, qui touchait alors à sa cinquantième année, reçut avec beaucoup de reconnaissance18. » Mais la cour a beau faire ; ce n’est pas d’elle-même que lui viennent ses plaisirs ; elle les choisit rarement, les invente encore moins, et les reçoit en général de la main des hommes qui prennent la charge de l’amuser. […] Dans Cymbeline que, malgré son titre, on doit ranger parmi les comédies puisque la pièce est entièrement conçue dans le même système, la conduite de Jachimo n’est ni moins fourbe, ni moins perverse que celle d’Iago dans Othello ; mais son caractère n’a point expliqué sa conduite, ou plutôt il n’a point de caractère ; et toujours prêta dépouiller le manteau de scélérat dont l’a revêtu le poëte, dès que l’intrigue touchera à son terme, dès que l’aveu du secret que lui seul peut révéler sera nécessaire pour faire cesser, entre Posthumus et Imogène, la mésintelligence que lui seul a causée, il n’attendra pas même qu’on le lui demande, et il méritera ainsi d’avoir part à cette amnistie générale qui doit être la fin de toute comédie. […] Cependant rien ne l’ébranlé, rien ne le détourne ; il avance, bien que lentement, les yeux constamment fixés sur son but ; soit qu’il fasse naître une occasion, soit qu’il la saisisse, chaque pas est un progrès ; il semble toucher au dernier période de son dessein. […] Ainsi tous les fils de l’action sont d’abord exposés à nos yeux ; nous suivons, nous prévenons le cours des événements ; aucune hâte ne nous coûte pour arriver à ce que notre imagination dévore d’avance ; les intervalles s’évanouissent avec la succession des idées qui les devaient remplir ; une seule succession se marque dans notre esprit, celle des événements dont se compose le spectacle entraînant qui nous emporte dans sa rapidité ; ils se touchent pour nous dans le temps comme ils se tiennent dans la pensée ; et, quelque durée qui les puisse séparer, c’est une durée vide et inaperçue comme celle du sommeil, comme toutes celles où l’âme ne se manifeste par aucun symptôme sensible de son existence.
Nous sommes profondément touchés de ce que vous ayez songé à nous dans un pareil moment. […] Mille choses aimables à tout le monde Et surtout ne touchez à rien dans mes livres et les tableaux, qui sont au-dessus des livres. […] Cher maître, On a tant réclamé d’égalités et de libertés pour les femmes, et tant de gens intelligents et éclairés s’en sont moqués, que ces seuls mots de droits des femmes nous remplissent d’une mauvaise honte, et pourtant le droit ou l’égalité que nous réclamons n’ont rien à faire avec la politique et ne touchent d’aucune part ni au nihilisme, ni au socialisme, ni au bonapartisme, ni au droit de voter, ni à l’éligibilité des femmes. […] De l’admiration sans bornes naît un courant de sympathie qui lui fait dire des choses qui infailliblement touchent et intéressent l’homme célèbre. […] Mais le sentiment qui me force à vous écrire est insurmontable, et si je savais m’exprimer vous en seriez touché.
On n’a point de loisir ni de goût pour autre chose, même pour les choses qui touchent l’homme de plus près, les affaires publiques, le ménage, la famille. — J’ai déjà dit que, sur le premier article, ils s’abstiennent et sont indifférents ; locale ou générale, l’administration est hors de leurs mains et ne les intéresse plus. […] Le marquis disait de son père Antoine : « Je n’ai jamais eu l’honneur de toucher la joue de cet homme vénérable… À l’Académie, étant à 200 lieues de lui, son seul souvenir me faisait craindre toute partie de jeunesse qui pouvait avoir des suites un peu dangereuses » L’autorité paternelle semble presque aussi âpre dans la bourgeoisie et dans le peuple.
. — Mais avant que l’épée eût touché la surface, — un bras s’éleva, vêtu de velours blanc, mystique, merveilleux, — et la saisit par la poignée, et la brandit trois fois ; — puis s’enfonça avec elle dans la mer1541. » Alors Arthur, se soulevant douloureusement et respirant avec peine, ordonne à sire Bedivere de le charger sur ses épaules et de le porter jusqu’au rivage. « Hâte-toi, hâte-toi, car je crains qu’il ne soit trop tard, et je crois que je vais mourir. » Ils arrivent ainsi, le long des cavernes glacées et des roches retentissantes, jusqu’au bord du lac où « s’étalent les longues gloires de la lune d’hiver. » — « Là s’était arrêtée une barque sombre, — noire comme une écharpe funèbre de la proue à la poupe ; — tout le pont était couvert de formes majestueuses, — avec des robes noires et des capuchons noirs, comme en songe ; auprès d’elles, — trois reines avec des couronnes d’or ; de leurs lèvres partit — un cri qui monta en frémissant jusqu’aux étoiles palpitantes. — Et comme si ce n’était qu’une voix, il y eut un grand éclat de lamentations, pareil à un vent qui crie — toute la nuit dans une terre déserte, où personne ne vient — et n’est venu depuis le commencement du monde1542. […] Sans doute la grandeur manque le plus souvent ; aujourd’hui les gens qui font l’opinion ne sont plus les grands seigneurs, mais les gentlemen riches, bien élevés et propriétaires ; c’est l’agrément qui les touche.
« En moins d’une heure je me trouvai à la porte de la maison paternelle ; au moment où mes pieds touchèrent la terre où j’avais eu mon berceau et où je respirai les tièdes haleines de ce doux ciel natal qui m’avait nourri, et qui m’avait donné l’aliment de la vie pendant tant de jeunes années, je fus pris d’un tremblement de tous mes membres, et une telle sensation de reconnaissance et de piété courut dans mes veines, que je restai pendant un certain temps immobile et comme incapable de tout mouvement, et je ne sais combien de temps je serais demeuré dans cet état si je n’avais entendu tout à coup, du haut du balcon, une voix qui sembla m’ébranler doucement le cœur, et que je crus reconnaître pour une voix anciennement connue de mon oreille. […] « — Votre Excellence (j’avais bu du vin de Champagne à la table d’hôte), Votre Excellence ne sait peut-être pas que cet hôtel touche au théâtre ?
» XII Pétrarque partit enfin pour Rome au moment où Laure, touchée de sa constance, cherchait à le retenir à son tour par quelques innocentes prévenances, comme si elle eût été attristée de perdre son esclave ; mais déjà Pétrarque lui-même avait cherché, dans une liaison moins platonique, une diversion à la passion qui le dévorait. […] « De vieux hêtres, dont la tête touche les nues, défendent l’approche de cette forêt aux rayons du soleil.
Les livres primitifs de l’Inde sont pleins de règles et de maximes qui touchent au régime des sociétés. […] Nous en toucherons quelque chose en parlant du Chon-King.
Il n’a pas eu besoin de dénaturer le costume moderne pour peindre des hommes et des femmes d’hier en habits antiques ; son œil groupe la toile, le drap, le cuir, comme il groupe les personnages ; en restant vrai il transfigure tout en beau : le vulgaire devient idéal sous sa touche. […] XXII À gauche du timon, deux pfifferari, joueurs de cornemuse des Calabres, dansent lourdement aux sons de leur musette devant les buffles, comme pour célébrer la bienvenue du maître de la maison sur son champ ; leurs pas pesants et malhabiles touchent au grotesque sans dépasser le sourire ; l’ivresse de la récolte respire dans leurs pieds ; leurs coudes pressent l’outre musicale pleine d’air modulé ; l’ébriété est dans leurs épaules, dans leurs genoux.
Voici le portrait vrai, d’une touche très fine, qu’en fait madame Lenormant à cette date : « Madame Récamier trouvait d’ailleurs dans la duchesse de Devonshire la douceur d’une société intime et les plus agréables sympathies de goût et d’humeur. […] Il ne retrouve un peu d’emphase que dans des lettres d’apparat qu’il écrit du château de Maintenon, appartenant à la maison de Noailles, où l’ombre de Louis XIV leur communique un cérémonial de phrases et de descriptions (genius loci) qui éblouissent sans toucher.
Oui, on a raison, je ne pouvais pas être un ami de la Révolution française, parce que j’étais trop touché de ses horreurs, qui, à chaque jour, à chaque heure, me révoltaient, tandis qu’on ne pouvait pas encore prévoir ses suites bienfaisantes. […] « Il était dans le caractère de Goethe de ne pas communiquer facilement ce qui le touchait de près, et il garda un profond silence sur cette audience ; peut-être était-ce aussi par modestie et délicatesse.
Chacun se reconnaît dans son image et l’intérêt qui s’attache à l’événement n’a aucun besoin de rien feindre pour être touché. […] Une fois sur la côte de Metting, à plus d’une lieue de la ville, comme nous allions descendre, Klipfel me toucha l’épaule, et tournant la tête il me dit : « Regarde là-bas. » Je regardai et j’aperçus Phalsbourg bien loin au-dessous de nous, les casernes, les poudrières, et le clocher d’où j’avais vu la maison de Catherine six semaines avant, avec le vieux Brainstein : tout cela gris, les bois noirs autour.
Pour le xixe siècle, qui nous touche de si près, qui court dans notre sang, nous devons accomplir nous-mêmes, sans sécurité, avec de grandes chances d’erreurs, un partage périlleux. […] Le problème paraît grave, si l’on considère à quel point les générations toutes nouvelles ont été touchées par la guerre.
Et puis certaines expressions, qui reviennent souvent, et qui semblent si dépaysées dans ce milieu de héros et de dieux, m’ont touché par leur si évidente honnêteté bourgeoise… Sieglinde dit à Siegmund « laisse-moi contempler, cher époux ! […] Il touche à toutes les idées de souffrance et de salut, de blessure et de guérison, à tout ce qui est douloureux dans le drame.
Mate puisque, dans ces notes, je n’ai pas la moindre prétention d’expliquer quoi que ce soit, et que je me garde religieusement de toucher à l’œuvre même, me contentant d’en éclairer les alentours, peut-être me permettra-t-on de dire quelques mots sur le drame — la fable, si on veut — que Wagner a construit avec les données de certains vieux poèmes ? […] Il ne touchera pas moins le fond de notre cœur que le brillant chevalier, fils de roi, qu’il devint plus tard ; peut-être plus.
Ainsi, pour la sensibilité générale et interne, pour la température, pour le toucher même, le plaisir distinct présuppose quelque malaise antécédent ou quelque besoin. […] Et il en doit toujours être ainsi : « Le plaisir peut bien être la fin, mais la peine seule peut être le mobile de l’action. » Cette théorie touche aux problèmes les plus obscurs, mais aussi les plus importants de la psychologie et de la morale.
Une verve grosse mais qui va toujours, des ripostes qui sabrent tout, sans souci de la politesse, un aplomb qui touche à l’insolence, et qui en donne à sa parole toutes les bonnes fortunes ; par là-dessus, une amertume cruelle… mais incontestablement un esprit bien personnel, un esprit mordant, coupant, emporte-pièce, que je trouve supérieur à l’esprit que l’auteur dramatique met dans ses pièces, par sa qualité de concision et de taille à arêtes vives, qu’il a, cet esprit, dans sa première spontanéité ! […] Nous rentrons, nous lisons ces pages qui nous touchent en plein cœur de notre fraternité, et des larmes dans la gorge arrêtent notre lecture.
Encore si ces commentateurs d’Aristote, qui croyoient avoir reçu leur mission d’Apollon pour révéler aux hommes ses secrets, avoient traité de ce qu’il y a de plus intéressant dans l’épopée, de ce qui y donne le plus de chaleur & de vie, je veux dire les situations & les épisodes, ils eussent été réellement utiles ; mais ils ne touchèrent rien de l’effet qu’elles y font, de la manière & de la nécessité d’y en amener. […] On voit, dans ses écrits, qu’il croyoit toucher au moment où les grands modèles de l’antiquité éprouveroient le sort de la philosophie péripathéticienne ; mais il ne s’appercevoit pas qu’en reprochant à madame Dacier son culte fanatique pour Homère, il faisoit de La Mothe une autre divinité.
IV La révolution de 1830 désarçonne Victor Hugo, mais ne l’empêche pas de continuer, comme par le passé, à toucher ses trois mille francs de pension si honorablement gagnés. […] Ils fouillèrent les appartements pour chercher des armes ; ils virent pendu au mur « un yatagan turc, dont la poignée et le fourreau étaient en argent massif… rangés sur une table, des bijoux, des cachets précieux en or et en argent… quand ils furent partis, on constata… que ces mains noires de poudre n’avaient touché à rien.
Qu’il y a eu, avant ce déluge général ou même partiel, attesté par toutes les traditions orientales, une époque de civilisation supérieure à ce qui fut après ce cataclysme de l’humanité ; que cette époque de civilisation antédiluvienne touchait de plus près elle-même à une autre époque encore supérieure en innocence, en science, en facultés, en félicités de l’homme ici-bas avant cette grande et mystérieuse déchéance, tradition universelle aussi, qui chassa l’humanité primitive de ce demi-ciel appelé l’Éden ou le jardin ; que des traditions de cette philosophie de l’Éden ou du jardin avaient survécu dans l’humanité déchue, et qu’enfin, après le second naufrage de l’humanité antédiluvienne, quelques grandes vérités et quelques grandes philosophies, restées dans la mémoire de quelques sages ou prophètes échappés à l’inondation universelle ou partielle, avaient surnagé, et inspiraient encore de temps en temps l’esprit de l’homme dans l’Orient, scène encore humide de la grande catastrophe. […] Il n’y a pas à discuter sur cette existence, mère des existences ; il n’y a qu’à ouvrir les yeux et à étendre la main, ou à respirer : vous voyez, vous touchez, vous respirer par tous vos sens matériels ce qu’on appelle un Dieu, c’est-à-dire une cause, et votre sens intellectuel le conclut avec la même certitude que vos sens matériels le perçoivent.
Virgile, touché des louanges filiales du poète toscan, le remet dans le droit chemin, en lui faisant éviter une foule d’autres bêtes féroces qui s’accouplent avec la louve (ténébreuses allusions à Rome et à ses alliés). […] Je me levai, et voyant les sages déjà debout, etc. » Virgile lui annonce métaphoriquement qu’il touche au bonheur de revoir Béatrice ; il brûle d’y atteindre.
En y faisant appel, le prince de Ligne a touché juste, et il ne s’y est point trompé : la France nouvelle a vengé Marie-Antoinette de l’ancienne.
Niel s’est attaché dans sa collection à ne reproduire que ce qu’il y a de plus authentique et de tout à fait original, et il s’en est tenu à une seule espèce d’images, à celles qui sont dessinées aux crayons de diverses couleurs par les artistes du xvie siècle : « On désignait alors par le nom de crayons, dit-il, certains portraits sur papier exécutés à la sanguine, à la pierre noire et au crayon blanc ; teintés et touchés de manière à produire l’effet de la peinture elle-même. » Ces dessins fidèlement reproduits, et où la teinte rouge domine, sont dus primitivement la plupart à des artistes inconnus, mais qui semblent être de la pure lignée française.
Nous devons toucher ici à l’un des points essentiels qui ont été précisément contestés à Froissart, je veux dire son impartialité.
Le Tellier, touché d’un procédé si noble, lui dit qu’on lui donnerait, si elle voulait, vingt-quatre heures pour y songer.
Il a dans le ton une certaine légèreté mondaine qui, en se piquant d’observer toujours la politesse, n’en touche souvent que de plus près à l’impertinence.
Flourens nous fait toucher au passage ces parties solides, déjà si positives, et toujours étendues et larges, de Buffon.
C’est ainsi que pour exalter Corneille, en qui il voit Eschyle, Sophocle, tous les tragiques grecs réunis, il sacrifie et diminue Racine ; c’est ainsi que, pour mieux célébrer l’époque de Louis XIII et de la régence qui succéda, il déprime le règne de Louis XIV ; que, pour glorifier les Poussin et les Le Sueur, dont il parle peut-être avec plus d’enthousiasme et d’acclamation que de connaissance directe et de goût senti et véritable, il blasphème et nie l’admirable peinture flamande ; il dit de Raphaël qu’il ne touche pas, qu’il ne fait que jouer autour du cœur, « Circum praecordia ludit ».
Qu’une grave maladie le prenne, comme cela lui arriva à Paris, où il se trouvait au printemps de 1682 en qualité de membre de l’Assemblée du clergé, et voilà tout aussitôt cet homme de société, de gaieté et, jusqu’à un certain point, de plaisir, le voilà tout changé ; il a des regrets, il se repent, il se réconcilie : Je commence à sortir, écrit-il au chanoine Favart, si souvent confident de ses légèretés et de ses jeux ; j’ai été aujourd’hui à la messe, c’est la troisième que j’ai entendue depuis ma maladie mortelle : car, mon enfant, j’ai été mort sûrement ; on ne peut aller plus loin sans toucher au but.
D’Aubigné combine cet esprit de secte avec son admiration pour Henri IV, car il nous a peint le roi de Navarre bien plus que le roi de France ; il ne touche que de loin à ce dernier.
Il me semble que le caractère de Bailly se dessine ici sous sa propre plume : hâtons-nous d’ajouter que cet homme si sensible, si touché, si peu au fait, ce semble, des mille circonstances compliquées et confuses de la société de son époque, et qui manque certainement de génie et de coup d’œil politique, ne manquera nullement de fermeté et de force de résistance dès que le devoir et la conscience lui parleront.
Personne n’y était monté jusqu’alors ; il en approcha deux fois, il y toucha, et avait toujours été arrêté à une petite distance de la cime.
Jusqu’ici Montluc n’a pris les choses que de son côté, militairement ; il arrive pourtant à toucher à la question politique : « À ce que j’ai entendu, Sire, tout ce qui émeut messieurs qui ont opiné devant Votre Majesté est la crainte d’une perte ; ils ne disent autre chose, si ce n’est : Si nous perdons, si nous perdons !
Sans entrer dans une analyse exacte et complète, j’ai à peu près touché à tout ce qu’il nous importe le plus de noter en Charron.
On y voit que Henri IV n’était qu’un bonhomme et un brave militaire qui gâtait ce à quoi il touchait, mais qui avait bon cœur et revenait toujours à son Sully ; que Sully fit toute sa grandeur, etc., etc. » (Manuscrits de d’Argenson, Bibliothèque du Louvre, dans le volume intitulé : Remarques en lisant.) — Et qu’on s’étonne, après cela, du rôle qu’on a fait à Charlemagne avec son archevêque Turpin et ses douze pairs, dans les romans de chevalerie !
Il accordait beaucoup plus aux autres ; il insinuait ses observations sans les imposer ; il ne fermait, la bouche à personne ; il n’arrachait point la parole comme on le fait si souvent ; il savait que « l’intérêt est l’âme de l’amour-propre », même en conversation ; que, si chacun ne pense qu’à soi et à ce qu’il va dire, il paralyse les autres ; que la meilleure manière de les ranimer et de les tirer de l’assoupissement ou de l’ennui, c’est de s’intéresser à eux et de toucher à propos les fibres qui leur sont chères.
Au reste, sans être Santeul, on comprend la joie, l’enivrement presque légitime qui devait inonder son cœur lorsque lui, fragile, mais croyant et fidèle, perdu dans la foule, il entendait le chœur entier des lévites et de l’assistance entonner quelqu’une de ces hymnes aux nobles accents, dont l’une au moins, le Stupete gentes, a été comme touchée du souffle sacré et mérite, ce me semble, de vivre. — Dans ce vent soudain sorti du sanctuaire, et qui tend aujourd’hui à tout balayer de Santeul et à n’y rien laisser de sa mémoire, s’il était permis de faire entendre un humble vœu littéraire, je demanderais grâce pour une seule hymne de lui, et pour celle-là.
Il en résultait le singulier contraste de gens très clairvoyants dans ce qui leur était étranger, et toujours aveugles dans ce qui les touchait eux-mêmes.
Le troisième d’Ormesson, le plus célèbre, et dont le Journal fournit sur ce sujet tant de lumières, était maître des requêtes, et ne fut que cela : car c’est à ce titre qu’il alla quelques années comme intendant en Picardie et dans le Soissonnais. « Les maîtres des requêtes étaient rapporteurs au Conseil d’État, juges souverains des officiers de la Maison du roi ou, comme on disait alors, des requêtes de l’hôtel ; ils siégeaient au Parlement immédiatement après les présidents, et étaient envoyés dans les provinces comme intendants de justice, police et finances. » C’étaient des magistrats dans la main du roi, et tout prêts à être des administrateurs, qui avaient un pied dans le Parlement, une robe de palais quand il le fallait, et qui touchaient au besoin à l’épée ; très essentiels et des plus utiles dans cette œuvre de la centralisation si avancée par Richelieu et consommée par Louis XIV.
» Voici le début du traité : « On s’est souvent occupé de la vieillesse ; les moralistes, en donnant à cet objet de leurs méditations plus ou moins de développement et d’étendue, n’ont presque jamais omis d’y toucher ; plusieurs ont consacré des ouvrages uniquement à ce sujet.
L’ennui du palais et de la vie qu’on y mène est affreux ; « et je dis quelquefois à cette princesse, quand j’entre dans sa chambre (c’est toujours Mme de Villars qui parle), qu’il me semble qu’on le sent, qu’on le voit, qu’on le touche, tant il est répandu épais !
C’est un homme unique : ses pièces touchent à la tragédie, elles saisissent, et personne en cela n’ose l’imiter.
. — Une autre fois encore, rencontrant M. de Marcellus : « Eh bien, lui dit-il, vous devez être content de la Quotidienne, il y a de l’esprit. » — « Oui, répond le benoit Marcellus en faisant la grimace, mais voyez-vous, mon cher ami, il y a toujours quelque chose de satanique dans l’esprit. » Michaud racontait cela sans avoir l’air d’y toucher et en se moquant. — Puisque j’y suis, j’achève de rassembler les traits qui le peignent.
. — Et ceci encore : « L’estime des hommes ne me touche point, depuis que je vois comme on la surprend.
Si je disais tout ce qui m’a frappé ou plutôt touché dans ces volumes, je dépasserais mes limites.
C’est au milieu de ces luttes de chaque jour que M. de Girardin, obéissant à l’un des instincts et à l’une des lois de son esprit, s’est formé de plus en plus un système complet et radical de politique ou plutôt d’organisation de la société, qui est généralement peu compris, et qu’il ne cesse d’appliquer comme pierre de touche en toute circonstance.
Guizot, c’est l’individualité de l’homme persistante, et qui s’applique à tout ce qu’il touche.
« Tel est le pays que les premiers rameaux de la race de Japhet (indo-européenne), partis d’Asie, ont peuplé, soit en descendant par terre l’escalier du Pinde, soit en arrivant par mer d’île en île ; c’est la patrie qu’ils ont choisie. » C’est ainsi que la science renouvelle, en le fixant et le précisant, ce que l’imagination, la poésie et la peinture avaient si souvent touché.
Les amours d’un jeune Indien et de sa jeune épouse, qui voyagent avec lui sur la même pirogue, sont touchés avec simplicité et délicatesse.
Contentons-nous donc de dire désormais que si la plupart du temps, dans les écrits signés de son nom, Talleyrand laissait la besogne et le gros ouvrage aux autres, il se réservait dans les occasions et aux bons endroits la dernière touche et la fin17 .
Guillemardet, … Jeune ami dont la lèvre, Que le fiel a touché, de sourire se sêvre, ce vers me choque encore moins par la faute grammaticale du premier hémistiche que par le rauque et le contourné du second.
Au moment où, par le sujet et par la manière, il a l’air de se ressouvenir le moins des modèles enseignés, tout d’un coup il les rejoint et les touche au vif sur un point, parce que, ainsi qu’eux, il a visé droit à la nature.
Non seulement ils connaissent les théories et les livres, mais encore ils touchent les choses et les faits.
Nous touchons ici au grand défaut de la conception de Lesage.
Et alors la paix que je ferai sera digne de mon peuple, de vous et de moi. » Le fond est ce qu’il faut qu’il soit : des idées nettes, simples, immédiatement accessibles, des sentiments communs, réels, immédiatement évocables ; l’honneur, la gloire, l’intérêt ; de vigoureux résumés des succès et des résultats obtenus, de rapides indications des résultats et des succès à poursuivre, des communications parfois qui semblent associer l’armée à la pensée du général et la flattent du sentiment d’être traitée en instrument intelligent : toutes les paroles qui peuvent toucher les ressorts de l’énergie morale, sont là, et sont seules là.
Par les grands historiens romantiques, l’histoire a été vraiment réunie à la littérature, qu’elle ne touchait jusque-là qu’accidentellement.
» Rentre sous les communs niveaux, Lamentable Orphée en délire Qui veut toucher la grande lyre Et pour auditeurs dois élire, En place de tigres, des veaux.
Et, pour la première fois, près de lui, on sentait, on touchait la réalité de la pensée ; ce que nous cherchions, ce que nous voulions, ce que nous adorions dans la vie existait ; un homme, ici, avait tout sacrifié à cela. » Avez-vous remarqué dans cette citation de Gide la phrase : « On trouvait là d’abord un grand silence ?
Cercle ou spirale, comme Gœthe le voulait, la marche de l’humanité se fait suivant une ligne dont les deux extrêmes se touchent.
Ghiberti s’écrie « qu’une statue a des suavités infinies que l’œil ne peut comprendre, que la main seule peut découvrir par le toucher ».
En achevant de lire Pariset sur Pinel et Corvisart, j’ai pris aussitôt Cuvier sur les mêmes sujets, et j’ai senti toute la différence qu’il y a entre un homme instruit, disert, comme Pariset, qui a du feu, du coloris, de la sensibilité, mais qui déborde et divague souvent, et un esprit du premier ordre, toujours maître de lui et de son sujet, qui, en se hâtant, touche à tous les points essentiels, ne néglige aucun des caractères de l’homme, retrace le trait principal des doctrines sans se détourner jamais, marque en passant les rapports, les dépendances des diverses branches, signale les influences positives, soulève ou écarte les objections.
Sans prétendre compter les amours de Chaulieu, il est impossible, du moment qu’on touche à ce chapitre, d’oublier sa passion de vieillesse pour la spirituelle Mlle de Launay, passion dont elle a consacré le souvenir dans ses Mémoires, et qu’attestent de jolies lettres de Chaulieu qui s’y joignent ordinairement.
Je touche ici à l’un des légers inconvénients de ce système d’éducation trop fournie et trop touffue.
Mais les hommes, sur ce fait qui les touche de si près, sont plus rebelles qu’on ne pense : être heureux ou malheureux, chacun veut l’être à sa manière.
Le père Bouhours, l’un de ses admirateurs et de ses disciples, et qui l’assista dans ses derniers moments, a dit : Les malheurs d’autrui le touchaient plus que les siens propres, et sa charité envers les pauvres, qu’il ne pouvait voir sans les soulager, lors même qu’il n’était pas trop en état de le faire, lui a peut-être obtenu du ciel la grâce d’une longue maladie, pendant laquelle il s’est tourné tout à fait vers Dieu ; car, après avoir vécu en honnête homme et un peu en philosophe, il est mort en bon chrétien dans la participation des sacrements de l’Église et avec les sentiments d’une sincère pénitence.
[NdA] Pellisson, dans son Histoire de Louis XIV, où il n’est plus l’avocat de Fouquet, nous mène à l’explication de son caractère quand il le définit ainsi : « L’un était d’un génie élevé, fertile en expédients et en ressources, plein de vigueur et tempéré de beaucoup d’humanité. » Fouquet avait en lui la fibre humaine, il savait la toucher dans les autres, et elle lui répondit.
Rousseau, elle le sera encore après son ouvrage ; il tend moins à former l’homme qu’à détruire le chrétien et le sage. » Les points sur lesquels il prend Rousseau en faute et en contradiction sont peu nombreux, et pourraient être mieux choisis ; il en est un pourtant qu’il a bien justement touché, c’est quand Rousseau, tout en proclamant Dieu, dans son déisme assez stérile, déclare qu’il le bénit de ses dons, mais qu’il ne le prie pas : Car « que lui demanderais-je ?
Henri IV fut touché des sentiments qu’elle témoigna durant cette longue négociation : « Aussi suis-je très satisfait de l’ingénuité et candeur de votre procédure, et espère que Dieu bénira le reste de nos jours d’une amitié fraternelle accompagnée d’une félicité publique, qui les rendra très heureux. » Il l’appelait désormais sa sœur, et elle-même lui disait : « Vous m’êtes et père et frère, et roi. » Un biographe qui a judicieusement parlé de la reine Marguerite (M.
Il arrive à Madrid, va trouver Clavico sans se nommer, invente un prétexte, le tâte dans la conversation, le met sur la littérature, le flatte, le prend par l’amour-propre, puis tout à coup se retourne, aborde le point délicat, pousse sa pointe, tient quelque temps le fer en suspens pour mieux l’enfoncer encore : tout ce dialogue (avec la pantomime du patient) est un chef-d’œuvre de combinaison et de conduite, et qui, à chaque instant, touche au tragique et au comique à la fois.
Et il y avait des relations non encore brisées entre Rouland et les Passy, qui parlaient chaudement en notre faveur, et le samedi 19 février, le président de la 6e chambre donnait lecture, à la fin de l’audience, du jugement dont voici le texte : « En ce qui touche l’article signé Edmond et Jules de Goncourt, dans le numéro du journal Paris, du 11 décembre 1852 ; « Attendu que si les passages incriminés de l’article présentent à l’esprit des lecteurs des images évidemment licencieuses et dès lors blâmables, il résulte cependant de l’ensemble de l’article que les auteurs de la publication dont il s’agit n’ont pas eu l’intention d’outrager la morale publique et les bonnes mœurs ; « Par ces motifs : « Renvoie Alphonse Karr, Edmond et Jules de Goncourt et Lebarbier (le gérant du journal) des fins de la plainte, sans dépens. » Nous étions acquittés, mais blâmés.
La sympathie pour les misères humaines et pour tout ce qui touche l’humanité, la curiosité et la compassion pour les races lointaines opprimées, persécutées, l’horreur pour tout ce qui fait souffrir inutilement les hommes, le scrupule dans le choix et la mesure des peines, tels sont les traits les plus nobles et les plus relevés des sociétés démocratiques.
Et remarquez une nuance qui a son prix : Banville, publiant son Traité de poésie française rédigé vers 1878 alors que ses meilleurs recueils de vers ont paru, touche aux règles de son art avec une infinie prudence ; sa religion garde comme éclaireur fidèle son scepticisme.
Il continue ce difficile exercice dans son livre des Femmes du Monde, et il s’en tire avec sa souple habileté ; mais, malgré le gant de velours avec lequel il touche les papilles nerveuses des amours-propres ; malgré les clairs-obscurs qu’il jette sur cette vieille société qui, comme les femmes passées, ne peut plus faire d’illusion qu’à contre-jour et dans les pénombres, on voit bien ce qu’elle est devenue, on sent bien que ce qui était « le monde » autrefois est fini.
La plupart des ouvriers meurent avant d’avoir touché le côté visible ; et celui-là est présomptueux qui, sur cent caractères, ne désespère pas d’y en inscrire un.
Nous touchons au sens cherché.
On voudrait quelle répondit aussi complètement que possible aux habitudes de sévérité pour ses propres ouvrages par lesquelles l’auteur s’était attiré le respect ; et d’autre part ce respect même leur interdit de toucher ou de laisser toucher, si légèrement que ce soit, au travail qu’il a laissé. […] Il est si haut qu’on croit, quand on est au sommet, qu’on va pouvoir toucher le ciel. […] Il contient, si on veut le presser, un problème psychologique plus haut et plus vaste que la lutte de l’amour sensuel et de l’amour pur, un problème que Wagner touche en passant lorsqu’il nous montre Tannhäuser, au milieu des délices du séjour de Vénus, aspirant à la lutte et à la souffrance humaines. […] Chacun le fuit et purifie le sol que ses pieds ont foulé, et lui-même, dès qu’il approche d’un homme, il crie sans relâche : Ne me touchez pas ! […] Le rossignol lui remontra la légèreté de son offense, et le paysan, touché de ses discours, le relâcha.
En un certain sens, l’homme très civilisé est en dehors de la nature ou n’y touche plus qu’à regret ; d’autres fois, l’apparence de ses forces doublée ou décuplée par l’imagination qu’il s’en fait, son usage des besoins dépasse immensément la nécessité. […] Si l’on touche l’éventail d’une sensitive, il se ferme. […] Ces arguments, que j’arrange un peu, auxquels il en joignait beaucoup d’autres d’ordre théologique, touchèrent un certain nombre de fidèles. […] Ici nous touchons au bouddhisme. […] Ici nous touchons à l’animalité et nous y voici avec le chien.
L’esprit de parti, les préjugés, l’influence de l’éloquence, les séductions de l’imagination, rien ne touche Bayle, rien ne peut le déterminer. […] Nous avons bien voulu nous prêter à entendre Achille et Agamemnon parler un langage qui n’est pas le nôtre ; mais l’homme de nos jours qui se transportera à Rome ou dans la Grèce pour décrire ce qu’il éprouve, arrivera difficilement à nous toucher. […] Mais comme il y a de la simplicité dans le récit, le lecteur est touché comme si la chose même se passait devant ses yeux. […] Jadis répandus en petit nombre dans l’Europe entière, écrivant dans une langue inconnue au vulgaire, vivant dans un temps où n’existait pas ce qu’on a appelé depuis la société et la conversation, ils étaient renfermés dans la science ; le monde et les autres hommes ne les touchaient guère, et leur étaient peu connus. […] Les opinions les plus diverses se réunissaient sur ce qui touchait la mémoire de Louis XVI.
Il connut les muscles, il les toucha, les mania ; il étudia leur maladie et leur santé, leur jeu, leur énergie. […] Mais il nous semblait qu’avec les simples, rudes et peut-être insignifiantes vérités mathématiques, nous touchions à un peu d’absolu. […] Elles sont touchées de l’amour, avec candeur. […] Florence le toucha particulièrement. […] Il n’est pas une idée furtive qui touche nos âmes sans y éveiller tout un extravagant concert.
Il les dit comme ils lui viennent, sans arrangement ni style, en manière de conversation, sans songer à faire un effet ou à combiner une phrase, avec les mots de métier et les tournures vulgaires, revenant au besoin sur ses pas, répétant deux et trois fois la même chose, n’ayant pas l’air de soupçonner qu’il y a des moyens d’amuser, de toucher, d’entraîner ou de plaire, n’ayant d’autre envie que de décharger sur le papier le trop-plein des renseignements dont il s’est muni. […] Ici comme ailleurs, de Foe, ainsi que Swift, est un homme d’action ; l’effet le touche et non le bruit ; il compose Robinson pour avertir les impies, comme Swift écrivait la vie du dernier pendu pour faire peur aux voleurs. « Cette histoire, dit la préface, est racontée pour instruire les autres par un exemple, et aussi pour justifier et honorer la sagesse de la Providence. » Dans ce monde positif et religieux, parmi ces bourgeois politiques et puritains, la pratique est de telle importance qu’elle réduit l’art à n’être que son instrument. […] Le monde certainement est assez large pour nous contenir tous les deux, toi et moi1087. » Cette sensibilité de femme est trop fine, on ne peut la décrire ; il faudrait traduire une histoire entière, celle de Lefèvre par exemple, pour en faire respirer le parfum ; ce parfum s’évapore sitôt qu’on y touche, et ressemble à la faible senteur fugitive des plantes qu’on a portées un instant dans la chambre d’un convalescent.
Ressemblants ou non, — ce n’est pas là le point, — ses personnages ont de la consistance, ne sont plus de vains fantômes ; et il semble qu’on les touche du doigt. […] Un but aussi est indiqué, que l’on ne touchera pas tout de suite, mais que l’on ne perdra plus de vue. […] 3º Le caractère de l’Astrée. — Aspect général de l’œuvre ; — et que, bien loin que les épisodes y soient, comme dans d’autres romans de la même forme, des hors-d’œuvre par rapport au récit principal, c’est le récit principal qui n’est que le prétexte ou l’occasion des épisodes. — Diversité d’intérêt qui en résulte : — 1º Episodes historiques [Eudoxe et Valentinian, IIe partie, livre 12] ; — 2º Allusions contemporaines [Euric, Daphnide et Alcidon, IIIe partie, livre 3] ; — 3º Inventions personnelles [Damon et Madonthe, IIe partie, livre 6]. — La forme des récits n’est pas moins variée : — descriptions [IIe partie, livre 5] ; — conversations [IIe partie, livre 12] ; — narrations [IIIe partie, livre 7], on y trouve des modèles de tout, de lettres encore et de sonnets d’amour ; — sans compter quelques pages d’une touche plus réaliste ou plus brutale. — Du style de l’Astrée : — son élégance et sa clarté ; — sa douceur et sa fluidité ; — sa justesse dans l’abondance, — sa valeur psychologique ; — et, comme conséquence, de la peinture des variétés de l’amour dans l’Astrée. — L’amour sensuel et brutal [Eudoxe et Valentinian, IIe partie, livre 12] ; — l’amour volage et capricieux [Hylas, Ire partie, passim] ; — l’amour jeune et passionné [Chryséide et Arimant, IIIe partie, livres 7 et 8] ; — l’amour chevaleresque [Rosanire, Céléodante et Rosiléon, IVe partie, livre 10] ; — l’amour mystique [Céladon et Astrée]. — Variété des caractères. — Qu’il ressort enfin de l’ensemble du livre une impression de charme et d’apaisement sans analogue jusqu’alors dans la littérature ; — qui explique sa fortune, l’une des plus prodigieuses qu’il y ait dans l’histoire littéraire : — et sa longue influence.
Plus d’une fois Benjamin Constant a été touché indirectement et d’assez près, à l’occasion de notices, soit sur Mme de Staël, soit sur Mmes de Krüdner ou de Charrière ; mais aujourd’hui c’est mieux, et nous allons l’entendre lui-même s’épanchant et se livrant sans détour, lui le plus précoce des hommes, aux années de sa première jeunesse. […] Un je ne sais quoi circule qui avertit que l’auteur a beau s’exalter, que l’homme en lui n’est pas touché ni convaincu. […] Aux premières lettres de regrets et de plaintes, on sent chez le voyageur, qui a tant de peine à s’arracher, un ton inaccoutumé d’affection et de reconnaissance qui touche ; en reconnaît que ce qui a manqué surtout, en effet, à cette jeunesse d’Adolphe pour l’attendrir et peut-être la moraliser , ç’a été la félicité domestique,F la sollicitude bienveillante des siens, le sourire et l’expansion d’un père plus confiant. […] Celle-ci lui donna apparemment quelque conseil trop particulier, elle crut pouvoir toucher, en amie confiante et sûre, le point douloureux ; au lieu de modérer, elle irrita.
L’aiguillon qui avait pressé les autres ne les avait pas touchés. […] L’universel leur échappe ou du moins ne les touche qu’à demi ; ils n’en font pas un Dieu, encore bien moins une personne ; il reste à l’arrière-plan dans leur religion, c’est la Moira, l’Aisa, l’Eimarméné, en d’autres termes la part faite à chacun. […] Il habite les sommets des montagnes qui touchent le ciel, où s’assemblent les nuages, où s’abat le tonnerre ; il est le Zeus de l’Olympe, le Zeus de l’Ithôme, le Zeus de l’Hymette. […] Ni les prêtres ni les laïques n’avaient fait d’enquête ou d’hypothèse sur ce point qui les touchait de si près. — Au contraire, les Grecs avaient déjà imaginé trois explications du phénomène, Hérodote les discute et en propose une quatrième.
Louis Nicolardot et dont l’originalité touche à la fantasmagorie. […] Si c’est un Frère Prêcheur, on accorde qu’il monte dans une chaire pour y annoncer la parole de Dieu, en lui souhaitant de bon cœur le don apostolique de toucher les âmes. […] Barbey d’Aurevilly, confiant et touché, fit l’article ému dans le sens de la probable conversion de ce sycophante qui se moquait de lui quelques jours après. […] Toutes ces considérations me touchent médiocrement. […] Mais si le poète qu’on voudrait glorifier est extraordinairement complexe, si, comme un torrent tombé d’un glacier, il roule tout un pan désagrégé de la création, la difficulté devient à peu près insurmontable et touche à l’impossible.
L’œuvre elle-même a gagné avec le temps une magnifique patine ; comme sous un vernis d’or qui adoucit et qui réchauffe en même temps, les couleurs violentes se sont calmées, les âpretés de touche, les férocités d’empâtement ont disparu ; le tableau a la richesse grave, l’autorité et la largeur de pinceau d’un de ces portraits où Titien, le peintre de Charles-Quint, représentait quelque haut personnage avec son blason dans le coin de la toile. […] Le petit salon d’attente, revêtu de cuir de Cordoue gaufré et doré, encadrant deux panneaux de tapisserie gothique de très vieille date, plus ancienne même que la tapisserie de Bayeux, s’éclairait par une fenêtre à vitraux allemands ou suisses ; une cheminée en chêne sculpté, une glace à cadre de terre cuite où se déroulaient, à travers les arabesques de l’ornementation, les principales scènes du roman de Notre-Dame de Paris, un buste de nègre en pierre de touche, quelques fragments de boiserie antique, une grande pendule en marqueterie, en écaille et en cuivre, une chaise longue et un fauteuil en bambou de Chine, tel était l’ameublement de ce petit salon, dont la plus grande singularité consistait en un lutrin mobile tournant comme une roue, et destiné à porter des in-folio sur ses palettes ; une vieille Bible ouverte et posée sur ses rayons faisait comprendre l’usage et l’utilité de ce meuble de bénédictin. […] Nous ne sommes pas de ceux qui attendent qu’un homme soit mort pour lui trouver du génie ; les admirations posthumes nous touchent peu, et ce que nous disons de Monpou devenu une pincée de poussière, nous l’aurions dit de Monpou se promenant sur le boulevard en fumant un cigare ou en ruminant quelque mélodie : Lambert Simnel renferme des morceaux qui ne dépareraient l’œuvre d’aucun maître et qui n’auraient besoin, pour être jugés excellents, que d’avoir quelques douzaines d’années de plus et d’être signés d’un nom étranger.
De même à Fontenay en Poitou : après une bonne défense, la ville se rend et capitule sans vouloir rien mettre par écrit, sans demander d’otages, mais en se fiant entièrement en la foi et en la parole de Henri qu’ils savent bien être inviolable : « De quoi ce brave courage se trouva tellement touché, qu’il accorda tant aux gens de guerre qu’aux habitants quasi tout ce qu’ils voulurent demander, et le leur fit observer loyaument, traitant ceux de la ville tout ainsi que si elle n’eût point été prise par siège. » Le soin que mettent les secrétaires de Sully à enregistrer ces actes de clémence et ce nouveau droit de la guerre, prouve à quel point il était nouveau en effet, et combien il tranchait sur les mœurs et les habitudes du temps.
À un certain moment, il a une idée politique assez grande et qui est à lui, d’attaquer l’Espagne par le cœur et les entrailles, c’est-à-dire par les Indes, qui sont sa force ; mais en même temps il n’est pas d’avis que la France profite de la dépouille en colonisant ; il estime ces sortes d’entreprises lointaines disproportionnées au naturel des Français, « qui ne portent ordinairement leur vigueur, leur esprit et leur courage qu’à la conservation de ce qui les touche de près ».
Quoi qu’il en soit, en toute occasion, et lorsqu’il rencontre des opinions de cette nature chez quelques-uns des personnages de l’histoire, Mézeray les touche évidemment avec plaisir et les fait valoir d’un mot.
Ce ne sont pas des êtres vivants, mais des automates ingénieusement construits ; on y voit, presque à chaque mouvement, les ressorts que le mécanicien introduit et touche par le dehors.
L’air du siècle l’avait touché et amolli de bonne heure, l’avait gâté ; il en avait contracté les vices, les travers, et il se piquait d’y donner un tour qui était bien à lui.
Les soins qu’on mettrait à toucher ces endroits défectueux pour la morale ou pour l’art, et les précautions qu’on apporterait à l’en convaincre (lui toujours supposé invisible et présent), seraient un hommage de plus au génie et à la renommée, et ne feraient que communiquer à la critique je ne sais quelle émotion contenue et quelle réserve sentie, qui aurait sa délicatesse, et qui, venue de l’âme, irait à l’âme.
ajoutez-y tout ce que vous dira votre imagination, et vous serez loin encore d’avoir touché le fond de toutes ces voluptés secrètes.
Il en profite pour être présent en tout lieu, pour s’instruire de tout sans bruit, sans appareil, et comme d’affaires de sa maison ; il voit de près et touche de ses mains les irrégularités de tout genre, les énormités et les lacunes de l’administration de la guerre, aucun abus ne lui échappe : il conçoit et prépare sans un instant de relâche cette organisation centrale, cette discipline rigoureuse, cette égalité de tous sous un même règlement, ce contrôle des deniers de l’État. cette économie et ce ménagement des subsistances, cette coordination et cet ajustement de toutes les parties du service, qui sont proprement son œuvre.
Il ajouta que bien des livres de cardinaux et religieux avaient été censurés de même pour telles imperfections de détail qui ne touchaient en rien la réputation de l’auteur ni de l’œuvre en gros.
la plupart de ses jugements littéraires d’alors, courus et touchés à peine, sont restés charmants : — et sur Xavier de Maistre et son frère, si différents, mais semblables en un point, et en général sur les écrivains de Savoie, fins, sagaces et jamais lourds, et desquels on peut dire que « la finesse italienne a passé par là » ; — et sur Mme de Souza, le romancier aux aimables nuances, qui excelle à cent pages d’amour délicat, mais chez qui « cette délicatesse est compensée par l’absence de tout trait fort et profond : le premier volume de ses romans amuse beaucoup, le quatrième lasse toujours » ; — et sur Mme de Staël, contre laquelle il lance des paroles d’un pronostic, effrayant ; et sur Mme de Genlis, qui a trouvé moyen, avec infiniment d’esprit, de faire entrer l’ennui dans ses livres, car l’hypocrisie de salon les glace ; et sur M. de Jouy, à qui il accorde un peu trop en faveur de son Sylla et de ses vers tragiques dignes de la prose ; et sur Andrieux, dont on essaya un moment de faire l’arbitre du goût ; il écrivait de ce dernier en janvier 1823 : « M.
Il n’était pas des plus retenus sur l’article des femmes ; ce libertin de Brantôme, qui prétend savoir ces sortes de choses sur le bout du doigt et par le menu, nous en a touché un mot ; mais c’est de trop de manger surtout qui lui était nuisible33, Charles-Quint était d’une voracité vraiment extraordinaire et phénoménale ; et comme l’a spirituellement remarqué M.
Le notaire lui-même, pour peu (comme cela se rencontre de nos jours) qu’il soit animé et touché d’une étincelle littéraire, prend part à la satisfaction érudite et n’est pas insensible à l’honneur d’avoir du Molière dans ses archives.
L’amour-propre, s’il est fin, change de ton et de voix ; il a des gémissements et des soupirs ; il se fait inquiet sur le sort de ses frères, sur le danger que courent des âmes fidèles et simples ; il faut, à tout prix, préserver les faibles : et l’amour-propre agit et s’en donne alors en toute sûreté de conscience et, comme on dit, à cœur joie : il accuse l’adversaire, il le dénonce, il le conspue, il le qualifie dans les termes les plus outrageux, les plus humiliants ; et comme il ne veut point cependant paraître, même à ses propres yeux, de l’amour-propre, il se retourne, quand il a fini, et se fait humble aussitôt ; il demande pardon à son semblable d’en avoir agi de la sorte : il n’a voulu que le toucher, le convertir ; on assure même qu’il est de force à lui proposer en secret (après l’avoir insulté en public) de lui donner le baiser de paix et de l’embrasser.
lui disait Michel en ces moments, je hais pourtant la vulgarité plus que vous peut-être ; mais je la vois ailleurs et là où vous ne la voyez pas… Tout est relatif ; ce qui vous manque à vous, Marie, c’est de la vulgarité. » Il y a d’autres moments où Michel est plus dans le possible avec elle, où il entre mieux dans-ce qui peut atteindre un cœur de femme et le toucher.
s’écriait-il, si l’on veut me perdre auprès du roi, je prendrai la poste, j’irai le trouver ; je m’assure qu’un si grand monarque, et qui a tant de belles qualités personnelles, ne m’abandonnera point ; j’irai même servir de volontaire auprès de sa personne, en cas qu’il entreprenne quelque chose ; car j’ai fortement dans la tête de mériter son estime. » — « Mais, lui répondait-on, les princes comme Votre Altesse Royale n’ont point accoutumé d’aller ainsi ; une telle démarche surprendrait fort le roi de France. » — « Non, répliquait-il, je sais bien que je n’ai rien à craindre en me jetant entre les bras du roi, qui est aussi honnête homme que grand monarque. » Et Louis XIV, touché à l’endroit chatouilleux, s’adoucissait pour le jeune prince, dont les effusions lui arrivaient par le canal de M. de La Trousse et de Louvois, tandis que son envoyé officiel, l’abbé d’Estrades, lui écrivait dans le même temps : « L’on doit cette justice à M. le duc de Savoie que c’est un prince qui a beaucoup d’esprit, qui est fort éloigné de tous les amusements ordinaires aux personnes de son âge, et que toutes ses occupations marquent des sentiments fort élevés, et beaucoup d’inclination pour la guerre et pour les affaires. » Le duc de Savoie marchait sur ses dix-huit ans.
Pour exprimer un pareil sentiment, ce n’était pas assez des images et de la poésie qui ne s’adresse qu’aux yeux ; il fallait encore des sons, et cette poésie plus intime qui, purgée de représentations corporelles, va toucher l’âme : il était musicien et artiste ; ses hymnes s’avançaient avec la lenteur d’une mélopée et la gravité d’une déclamation… « Il fait comprendre ce mot de Platon, son maître, que les mélodies vertueuses enseignent la vertu… » Et ce mot encore : « Les paysages de Milton sont une école de vertu. » La vertu de Milton s’était accommodée de Cromwell.
Chaucer, Spenser, Cowley, Milton, Shakespeare même, il parle d’eux tous à ravir, et il touche le point vif de chaque talent avec goût et impartialité.
1° Ce sont des passages qui touchent la pudeur ou la décence.
Il y a bien longtemps que je ne vous ai écrit ; mais aussi je ne touche guère la plume depuis un mois, et je crois que je prends quelques-unes des inclinations de la bête dont le lait me restaure : j’asine à force et m’occupe de tous les petits soins de la vie cochonne de la campagne.
Necker refusa et devait refuser ; touché des avances et des instances de l’ambassadeur, il lui répondait très sensément : « L’animadversion est au comble, et je vous demanderais comme mon ami de me retenir, si le désir de me rapprocher de Leurs Majestés et de travailler au bien public me rendait faible un moment ; car je serais sans force et sans moyens si j’étais associé avec une personne malheureusement perdue dans l’opinion, et à qui l’on croit encore néanmoins le plus grand crédit. » Dès ce moment, c’est la reine qui semble tenir le gouvernail, ce n’est plus le personnage d’au-dessus dont elle parlait tout à l’heure, ce n’est plus Louis XVI, qui n’a plus pour rôle que de céder sans cesse et qui se fait prophète de malheur en cédant.
Sa Majesté ne donnerait pas cette liberté à un autre qu’à vous, mais elle est bien persuadée que vous ne souffrirez pas qu’on en abuse. » Il importait aussi de favoriser la désertion dans les troupes de la garnison de Mons, de faire semer des billets aux environs et, s’il était possible, jusqu’à l’intérieur de la ville, pour assurer aux déserteurs, s’ils voulaient venir à Saint-Ghislain, une prime de cinq écus qu’ils toucheraient argent comptant : « que ceux qui voudraient prendre parti trouveraient emploi, et que ceux qui voudraient retourner dans leur pays auraient des passe-ports pour y aller librement. ».
La gloire des bons citoyens le touchait, et quoiqu’il s’aimât lui-même bien plus que la patrie, il préférait la patrie à tout le reste.
III Un des mérites du maréchal de Noailles est, du moins, de l’avoir senti et d’avoir averti Louis XV de ce relâchement de tous les ressorts (8 juillet 1743) : « Qu’il me soit permis, Sire, de vous exprimer combien je souffre et je suis touché de voir Votre Majesté, qui mérite d’être aimée et bien servie, l’être si mal.
Dans une seconde partie, l’impératrice arrive à des recommandations qui touchent à la politique : ces conseils sont fort prudents et fort sages, marqués au sceau de ce caractère maternel et royal qui est imprimé dans toute la correspondance.
Jal s’est laissé toucher.
Mollien, très bienveillant de M. de Tayllerand, et en général très circonspect dans ses Mémoires sur tout ce qui touche aux personnes, raconte qu’il arriva plus d’une fois à Napoléon, dans ses entretiens, de regretter la présence de Tayllerand pendant les Cent-Jours.
Ce n’est pas un livre, à proprement parler : si l’auteur avait voulu suivre toute l’histoire du grotesque dans notre littérature et nous donner une galerie complète, ou du moins nous faire toucher les anneaux essentiels de la série, il s’y serait pris autrement.
Il porta à manger au meurtrier, mais le meurtrier, à ce qu’il me dit, ne toucha pas à ce qu’on lui avait préparé pour son repas de mort ou de noce ; il était muet déjà comme la tombe.
Là, comme dans les ouvrages du siècle, on sent que la féodalité catholique touche à sa fin.
Ils partagent l’erreur capitale du maître : ils croient toucher la perfection des œuvres anciennes, en calquant les procédés d’exécution, en dérobant les matériaux.
Palissot495, dans ses Courtisanes, essaya de restaurer la comédie de satire sociale, à laquelle Molière avait touché dans Tartufe.
C’est là qu’il a touché le but qu’il avait fixé à l’histoire : la résurrection intégrale du passé.
* * * Beaucoup d’hommes ressemblent au verre, si uni, si poli et si doux au toucher tant qu’on ne le froisse ni ne le brise, mais qui devient alors singulièrement tranchant, et dont tous les éclats blessent.
Un toucher subtil ne rend personne aveugle et ce n’est pas parce qu’on a de la malice qu’on devient bossu.
J’ai eu l’honneur de connaître beaucoup autrefois l’abbé Lacordaire ; je ne l’ai jamais revu ni entendu depuis sans être touché de sa parole, sans être pénétré de son accent.
Il touchait à tout ; ce qu’il n’approfondissait pas, il l’effleurait non sans malice.
Nous touchons là le point profondément douloureux de cette nature qu’on a crue sèche et qui ne l’était pas.
comme tout cela est touché par le dedans !
Nous touchons là au vice radical de cette sagesse de Frédéric, je veux dire l’irrévérence, l’irréligion.
Les honneurs d’ailleurs ne tournent point la tête à d’Alembert : il est touché, mais non enivré.
Nous touchons là avec Florian au sublime de l’Arlequin passionné.
Son faible est touché : je le résume : Rulhière ne se contente pas d’être fin, il s’en pique, il fait profession de finesse.
Quand il fut dans la grande allée, je lui dis : « Vous ne croiriez pas, monsieur, le respect que tout le monde, jusqu’au plus petit bourgeois, a pour ce jardin ; non seulement les femmes et les petits enfants ne s’avisent jamais de cueillir aucune fleur, mais même d’y toucher.
C’est de ce caractère original, de cette vitalité puissante de femme du monde et de femme d’esprit que je voudrais toucher ici quelque chose, en rapportant Mme Gay à sa vraie date, et en indiquant aussi, en choisissant quelques-uns des traits fins et des observations délicates qui distinguent ses meilleurs écrits.
Ce général (s’il l’avait été, en naissant vingt-cinq ans auparavant) aurait certainement écrit tôt ou tard ; il aurait raconté ses campagnes, les guerres dont il aurait été témoin et acteur, comme on l’a vu faire à un Gouvion Saint-Cyr ou à tel autre capitaine de haute intelligence ; mais ici, dans l’ordre littéraire ou historique, ce n’est pas seulement ce qu’il a senti et ce qu’il a fait que Carrel doit exprimer ; il est obligé d’accepter des sujets qui ne le touchent que par un coin, de s’y adapter, de s’y réduire, d’apprendre l’escrime de la plume, la tactique de la phrase ; il y devient peu à peu habile, et, dès qu’un grand intérêt et la passion l’y convieront, il y sera passé maître.
Il arrive à Angoulême le mercredi de la Semaine sainte (27 mars 1619), et là où il pensait toucher au port, « c’est où il trouve plus de tempête ».
Jordan écrivit au roi une lettre dernière, dans laquelle, au milieu de l’expression d’une tendre reconnaissance, il touchait un mot de religion ; c’était comme une demi-rétractation de certaines plaisanteries qui avaient eu cours entre eux à ce sujet : Sire, mon mal augmente d’une façon à me faire croire que je n’ai plus lieu d’espérer ma guérison.
Elle approche sans cesse, et ne touche jamais.
C’est ainsi que la pensée collective métamorphose tout ce qu’elle touche.
C’est un fantôme qui s’évanouit du moment qu’on en approche et qu’on essaie de le toucher.
Il vaut mieux renvoyer au livre lui-même, qui ne nous offre pas seulement le dessin d’une forme littéraire qui a élevé la Critique à une puissance nouvelle, mais qui, de plus, nous fait toucher la personnalité vivante de l’écrivain, si souvent intangible dans les traductions !
Pas un cheveu de l’Église catholique n’a été touché dans cette discussion sur les miracles de l’Évangile, sur ces miracles de thaumaturge à homme, expliqués par le magnétisme et les sciences modernes que Rousseau ne connaissait pas.
Cette intéressante uniformité, qui tend à s’emparer de l’univers pour lui donner de tous les côtés le même visage, paraît à son imagination un malheur d’ennui et de platitude incomparable, et lui, lui qui appartient encore à un peuple à physionomie, il efface la sienne avec le scrupule de ces vaillants qui croient que tout ce qui est expressif ou pittoresque touche au ridicule.
Les prophéties de Daniel sont réalisées ; « il pulvérise tout ce qu’il touche », il abat entre ceux qu’il soumet tous les murs de séparation191.
Celle d’Auguste fut la bonté d’un politique qui n’a plus d’intérêts à commettre des crimes ; celle de Vespasien fut souillée par l’avarice et par des meurtres ; celle de Titus est plus connue par un mot à jamais célèbre, que par des actions ; celle des Antonins fut sublime et tendre, mais une certaine austérité de philosophie qui s’y mêlait, lui ôta peut-être ces grâces si douces auxquelles on aime à la reconnaître ; parmi nous, celle de Louis XII, à jamais respectée, manque pourtant un peu de la dignité des talents et des grandes actions : car, il faut en convenir, nous sommes bien plus touchés de la bonté d’un grand homme que de celle d’un prince qui a de mauvais succès et des fautes à se faire pardonner.
De même le sculpteur devenu aveugle qui promène avec ravissement ses mains sur le torse d’un antique dira certainement : « Un beau toucher ». […] Herckenrath touche ailleurs un point auquel j’aurais voulu qu’il donnât toute son importance. […] Et c’est pourquoi il y a, dans ce premier volume, un portrait de ce madré de Victor-Amédée II, qui est d’une finesse de touche et d’une précision de détails curieux auxquelles on ne souhaite rien. […] Ceci me touche bien davantage. […] Saint Ambroise, très touché du reste, et avec raison, des paroles de l’apôtre, se contente de dire que les animaux asservis gémissent de ce que leur asservissement est vain et de ce que leur œuvre est associée à notre vie de corruption.
Frank est maintenant celui que la débauche a touché dans la fleur de sa jeunesse et qui en garde au cœur une flétrissure. […] C’est encore une fois l’histoire de l’irréparable dégradation de l’homme touché par la débauche : La mer y passerait sans laver la souillure. […] J’étais courbé sur mes livres ; le toucher de sa main a fait frémir mes cheveux comme une plume légère. » Depuis que cette radieuse apparition a traversé le cabinet d’études où Lorenzo s’occupait paisiblement d’art et de science, le jeune étudiant a renoncé à son lâche repos. […] C’est un Chérubin attendri et touché de mélancolie. […] Nos rhétoriciens se moqueraient de son éloquence naïve ; ils sont mieux instruits des arguments qui touchent une petite bourgeoise scélérate.
Si par vivisection on prépare une grenouille, de manière à isoler un nerf qui se rend dans les muscles d’un membre, on voit que, tant qu’on ne touche pas à ce nerf, les muscles du membre restent relâchés et en repos, et qu’aussitôt qu’on vient à exciter ce nerf par le pincement ou mieux par un courant électrique, les muscles entrent en une contraction énergique et rapide. […] Ils ont admis que la force vitale était en opposition avec les forces physico-chimiques, qu’elle dominait tous les phénomènes de la vie, les assujettissait à des lois tout à fait spéciales, et faisait de l’organisme un tout vivant auquel l’expérimentateur ne pouvait toucher sans détruire le caractère de la vie même. […] Si la médecine, par exemple, voulait rester une science d’observation, le médecin devrait se contenter d’observer ses malades, se borner à prédire la marche et l’issue de leurs maladies, mais sans y toucher plus que l’astronome ne touche à ses planètes. […] Aussitôt que les matières alimentaires descendaient dans l’estomac et touchaient la membrane muqueuse, la circulation s’y accélérait, la couleur s’avivait, et des mouvements péristaltiques s’y manifestaient.
À chaque instant, un détail concret, une touche vive, un bout de phrase ou un mot sentant la vie, la nature ou la chair, disparaît radicalement ou fait place à une morne abstraction. […] Mais ses travaux historiques touchent parfois à la littérature ou à la psychologie, et certaines conceptions très vastes, où il se complaît, ne dépendent pas d’une documentation précise. […] D’autre part, le satanisme et la mystique se touchent. […] Le bonheur d’une race respire sous ces vergers ; on croit le toucher de la main, on croit l’entendre qui murmure dans cette eau si bien distribuée qui s’en va répandant partout son mystère de fraîche vie. […] Celle d’un enfant trop précocement touché par l’aile littéraire, qui, avant le temps presque d’exister, épuisa d’orageuses et magistrales fatalités, sans recours à du futur. » Oui, le cas d’Arthur Rimbaud est tout à fait mystérieux et vraiment unique.
Il y a des choses charmantes dans le récit des amours de Serge Mouret et d’Albine, et la nature vierge et sauvage qui les encadre est peinte avec une rare vigueur de touche. […] Je n’en produirai qu’un, mais qui devra toucher, j’imagine, comme une délicate attention de ma part, l’auteur du Ventre de Paris. […] Mais là-dessus, vous voyez que c’est comme si nous n’avions rien défini, car vous voyez que la valeur entière de la description sera dans le trait final, dans cette touche imperceptible, — ces gouttes d’eau qui tombent sur la moire tendue, le cri des corbeaux qui s’envolent dans les chênes, le bruit de cette pêche qui se détache de l’espalier ; — et, pour trouver ce trait final, ou rencontrer le bonheur de cette touche, il n’est pas plus de règles qu’il n’en est pour devenir artiste, quand on ne l’est pas. […] comme les ridicules y sont touchés d’une main ferme à la fois et délicate ? […] Et touchés de la même manière par les impressions du dehors, c’est la diversité des transformations qu’elles subissent en nous qui fait que nous sommes ce que nous sommes, nous, et non pas un autre.
Sîfrit s’approcha de lui sans être vu et lui toucha la main. […] « Qui m’a touché ? […] Vous aurez aussi à gémir avec elle, car cela vous touche de près. » « Sigemunt se souleva et dit : « Quel est ce malheur de la belle Kriemhilt, dont tu me parles ?
Maspero, quand je vois et touche le corps de tant de personnages, dont je croyais ne devoir jamais connaître que les noms…. » Les cercueils, et les boîtes à statuettes, les vases à libations luisaient confusément, dans l’ombre. […] Mais, s’il continue à offrir au public des livres ingénieux et solides, il aura, en somme, touché son but et mérité nos remerciements. […] Son maintien si digne et si saint me touchait à ce point que je ne pouvais retirer mes yeux de dessus de lui. […] Plus tard, avancé en âge et monté en grade, il se dédommagea, voulut toucher un arriéré qu’il considérait comme dû. […] La dernière « pause » touchait à sa fin, et nous prenions patience, sachant que l’horloge du beffroi, en carillonnant dix heures moins un quart, allait donner le signal du rassemblement et du retour à la caserne.
Quels déplacements d’atomes, quels nuages de poussière d’or ont peu à peu aggloméré ces menues merveilles, résistantes à qui les touche, coupantes et aiguës, désormais rebelles à l’usure du temps ? […] Le Petit Duc et les récits qui suivent (particulièrement Un petit ménage, la Justice sous un saule, Pif) sont l’œuvre d’un homme qui n’est point touché par la contagion de nos vices, de nos tics et de nos misères. […] On ne sait pas s’il touche une commission proportionnelle au nombre des mariages que décide, sur cette terrasse, l’influence combinée du sentiment et de la raison, de la terre et de la mer, du paysage et du confort. […] À un moment, leurs pieds se touchèrent sous la table. […] À un autre moment, comme Hautefeuille avait glissé dans une phrase un rappel d’une de leurs tendres promenades à Cannes, Ely éprouva un tel besoin de lui donner une caresse, qu’instinctivement, inconsciemment, son pied à elle se dégagea de son petit soulier, et vint toucher, presser le pied du jeune homme.
Le prototype de cette symbolique, qui touche de bien près à l’allégorie, se trouverait dans le second Faust et dans certains contes de Gœthe, son fameux Mährchen aller Mährchen, par exemple. […] — N’y touchez pas, surtout ! […] Moréas touche à la quarantaine, Tailhade a dépassé quarante-cinq ans. […] Sérieusement, Monsieur, le vers français vit d’équilibre, il meurt si l’on touche à sa parité. […] j’ai une crainte : comment le lecteur, vous, moi, n’importe qui, s’y prendra-t-il pour découvrir le rythme de cette strophe, « plutôt psychique que syllabique », et comment en sera-t-il touché ?
Ce n’est pas seulement ce qui n’est pas clair qui n’est pas français, mais c’est tout ce qui n’exprime pas dans la langue de tout le monde des vérités qui intéressent ou qui touchent tout le monde ; et c’est pourquoi l’on remarquera que ni la plupart de nos « romantiques », ni surtout nos « dilettantes » n’existent au regard de l’étranger. […] De la carrière politique de Chateaubriand ; — et du peu d’intérêt qu’elle offre pour l’histoire des idées. — Les Écrits politiques et les Discours de Chateaubriand n’ont rien ajouté à sa gloire ; — mais pendant cinq ou six ans, 1824-1830, ses articles du Journal des Débats ont fait le plus grand tort à la monarchie de 1815 ; — et à la cause qui était celle de leur auteur. — Du principe d’orgueil qu’il a ainsi introduit dans la littérature de son temps. — Les Mémoires d’outre-tombe ; — et que le caractère n’en diffère pas de celui des Confessions de Rousseau ; — mais qu’ils touchent par occasion à de plus grands intérêts ; — dans l’appréciation desquels Chateaubriand n’a généralement tenu compte que de son amour-propre. — Si les Mémoires d’outre-tombe sont le chef-d’œuvre de Chateaubriand ? […] Quelques-uns d’entre eux touchaient à la science ; — comme Cabanis, l’auteur du livre célèbre sur les Rapports du physique et du moral, 1802 ; — ou même étaient de vrais savants, tels que Lamarck, ou Étienne Geoffroy Saint-Hilaire ; — et, à ce propos, c’est l’endroit de noter entre 1789 et 1810 ou 1815 le prodigieux développement que prennent les sciences naturelles [Cf. […] 2º L’Auteur dramatique. — Ses débuts. — Le « lieutenant » de François Ponsard et « l’École du Bon sens ». — Que s’il a plu à l’auteur de La Ciguë, 1844, de L’Aventurière, 1848, et de Gabrielle, 1849, de se réconcilier sur ses vieux jours avec le romantisme, — toutes ces premières pièces n’en ont pas moins été dirigées contre les romantiques ; — et Diane en particulier n’est que Marion Delorme refaite par un « homme de bon sens » ; — de même que Gabrielle n’est qu’une dérision bourgeoise des héroïnes de George Sand. — C’est comme adversaire du romantisme que les admirateurs d’Augier l’ont accueilli d’abord ; — et s’il a d’ailleurs paru un moment se réconcilier avec les romantiques, — en collaborant avec Jules Sandeau, — dans La Chasse au Roman, 1851, La Pierre de touche, 1854, et Le Gendre de M. […] Pour plusieurs autres de ses pièces il a eu des collaborateurs : Musset pour L’Habit vert, 1849 ; — Jules Sandeau pour La Pierre de touche, 1853, et pour Le Gendre de M.
qui sait si, touché de nos larmes, il n’a pas obtenu du ciel même le pouvoir de veiller sur nous ? […] Ils vont jusqu’à s’imaginer que ce qui révolte les sentiments de la plupart des hommes est d’un ordre plus relevé que ce qui les touche et les captive.
Involontairement, j’ai compté les lampions, je connais les machines, j’ai touché la laborieuse mise en scène des apparitions et des allégories. […] — Ni les poireaux, ni le gruau d’avoine, ni les pommes de terre ne toucheront mon cœur1129. » L’autre berger répond dans le même mètre, et le duo chemine, couplet par couplet, à l’antique, mais cette fois parmi les navets, la bière forte, les porcs gras, éclaboussé à plaisir par les vulgarités de la campagne moderne et par les fanges d’un climat du Nord.
« Le duc de Brunswick, en voyant l’opiniâtre résistance des Français, éprouvait un secret désespoir et croyait toucher à la catastrophe dont le pressentiment assiégeait depuis un mois son âme attristée. […] Augereau, atteint lui-même d’une blessure, plus touché au reste du désastre de son corps d’armée que du péril, fut porté dans le cimetière d’Eylau, aux pieds de Napoléon, auquel il se plaignit, non sans amertume, de n’avoir pas été secouru à temps ; une morne tristesse régnait sur les visages dans l’état-major impérial.
Cette vérité neuve se faisait pressentir plus clairement aux esprits nets, à l’époque où M. de Talleyrand touchait aux questions diplomatiques de son pays, c’est-à-dire en 1790 et en 1791. […] XVIII M. de Talleyrand touchait à l’indigence quand, en lisant avec assiduité les journaux de sa patrie au-delà de l’Atlantique, il comprit que l’heure juste de son retour en Europe sonnait pour lui.
Je m’étonne seulement que vous en ayez été touché, mon ami ; tout cela est naturel. […] Quand on y touche, elle pleure, elle ne les quitte pas.
En ce qui touche les artistes, je n’oserais affirmer qu’ils sont arrivés d’emblée à s’assimiler le principe de la déclamation wagnérienne ; mais, en tout cas, ils y ont tâché avec honneur. […] Appréciation d’un journaliste parisien vivement touché des grandes beautés du drame wagnérien ; intéressant compte-rendu de la soirée.
Or, voici ce qui arriva, À mesure que la vision du dieu Wotan de l’œuvre d’art de l’avenir — se levait devant lui, Wagner écrivait les autres parties de la Tétralogie ; mais il semble avoir ressenti une étrange antipathie à toucher au poème dans lequel s’était cristallisée pour lui la mort de, Siegfried. […] peu nous touchent les changements de détails ; le défaut des travaux de M.
Le dieu posera sur son front une main caressante : un fils nommé Epaphos — « Touché doucement » — naîtra de cette conception mystique, et ce fils sera l’ancêtre du libérateur qu’attend Prométhée. […] Il n’était pas jusqu’à la conception surnaturelle de la vierge Io, devenant mère par l’imposition de la main de Zeus. (« Il posera sur toi une main caressante, et son toucher suffira ») qui ne parût un emblème de la Vierge Marie fécondée sous le souffle de l’Esprit divin.
Pour lui, peu touché de ce mérite de Pédant & d’Ecolier, il a cru devoir se mettre au large, & conserver le fond des choses sans s’enchaîner aux termes. […] C’est une espêce d’inspiration prophétique, un caprice d’imagination, où il y a des portraits touchés avec force & frappés de bonne main.
Taille et dimension sont des termes qui ont un sens précis quand il s’agit d’un modèle qui pose : c’est ce que nous percevons de la hauteur et de la largeur d’un personnage quand nous sommes à côté de lui, quand nous pouvons le toucher et porter le long de son corps une règle destinée à la mesure. Étant près de Jean, le mesurant si je veux et me proposant de le peindre en grandeur naturelle, je lui donne sa dimension réelle ; et, en représentant Jacques comme un nain, j’exprime simplement l’impossibilité où je suis de le toucher, — même, s’il est permis de parler ainsi, le degré de cette impossibilité : le degré d’impossibilité est justement ce qu’on appelle distance, et c’est de la distance que tient compte la perspective.
Nous touchons au point essentiel de notre discussion. […] Quelle transformation dans une humanité généralement habituée, quoi qu’elle dise, à n’accepter pour existant que ce qu’elle voit et ce qu’elle touche !
Ce piétinage difficile, fatigant, par des chemins obscurs et épineux , ne lui allait pas, et surtout une chose l’en eût dégoûté : l’habitude était alors de toucher les honoraires de la main à la main, un écu de trois livres pour une consultation.
Tout ce côté nouveau et particulier de Louis XIV est très délicatement et généreusement touché par M.
Différent d’opinion avec elle sur un point délicat qui touche à la réputation de l’antique Lesbienne, il s’exprime avec une politesse et une galanterie inusitées chez les commentateurs : « Mlle Le Fèvre, dit-il, a eu sans doute ses raisons pour n’être pas de ce sentiment, et il faut avouer qu’elle a donné au sien toute la couleur qu’il était possible de lui donner. » Enfin, de même que deux jeunes cœurs se font des signes d’une fenêtre à l’autre ou à travers le feuillage des charmilles, Mlle Le Fèvre et M.
Tes servantes, touchées elles-mêmes de ma douleur, me donnèrent plus d’une fois la promesse de ton prompt retour.
J’ai beaucoup désiré de plaire, et l’on m’en a encore fait le reproche : c’était tout au plus un ridicule par le peu de succès ; mais le principe n’en est peut-être pas criminel… Le ton est en général indulgent ; il y revient avec complaisance sur les diverses sociétés où il a vécu, et il fait quelques portraits de femmes qui ne sont, en général, que des esquisses ; mais il en est d’une touche agréable.
Un autre point est à toucher, assez délicat et dont il est singulier qu’on ait à se préoccupper, parlant d’un si grand homme de guerre et qui est mort des blessures reçues en combattant.
On peut en parler sans avoir à toucher nécessairement à rien de ce qui envenime.
Il a touché durant des années au manteau de Bossuet, et il lui en reste quelque chose ; il en retient une vertu.
… » Comme Voltaire l’avait dénoncé d’emblée aux puissances et signalé comme un calomniateur de Louis XIV, de Louis XV et du roi de Prusse, La Beaumelle le rappelait à l’ordre et lui faisait toucher son inconséquence : « Apprenez qu’il est inouï que le même homme ait sans cesse réclamé la liberté de la presse, et sans cesse ait tâché de la ravir à ses confrères15. » Il y a même une lettre assez éloquente, la xiiie , dans laquelle l’auteur suppose un baron allemand de ses amis, qui s’indigne de l’espèce de défi porté par Voltaire, dans son enthousiasme pour le règne de Louis XIV : « Je défie qu’on me montre aucune monarchie sur la terre, dans laquelle les lois, la justice distributive, les droits de l’humanité, aient été moins foulés aux pieds… que pendant les cinquante-cinq années que Louis XIV régna par lui-même. » La réponse est d’un homme qui a souffert dans la personne de ses pères et qui sort d’une race odieusement violentée dans sa conscience, opprimée depuis près de quatre-vingts ans16 et traquée.
Il faut une sorte d’analogie, il faut être différemment semblables pour s’entendre tout à fait, pénétrer dans tous les replis, et acquérir cette parfaite connaissance d’un autre qui découvre entièrement son âme à nos yeux… Il me semble toujours que les âmes se cherchent dans le chaos de ce monde, comme les éléments de même nature qui tendent à se réunir ; elles se touchent, elles sentent qu’elles se sont rencontrées : la confiance s’établit entre elles sans qu’elles puissent souvent assigner une cause valable ; la raison, la réflexion viennent ensuite apposer le sceau de leur approbation à ce traité, et croient avoir tout fait, comme ces ministres subalternes qui s’attribuent les transactions faites entre les maîtres, rien que parce qu’il leur a été permis de placer leur nom au bas.
Il évitait ce dernier autant que possible et se montrait extrêmement juste et humain. » Ce dom Colignon qui, on le voit, dépassait de beaucoup le Vicaire savoyard, était tout à fait un curé comme Rabelais pouvait l’être au xvie siècle, comme bien d’autres l’étaient au xviiie , un curé à la Marmontel, un curé de Mélanie, mais plus franc et d’une touche originale.
C’est que ne songeant qu’à la conciliation et à la réunion des esprits, il a présumé qu’ils seraient aussi généreux que lui, que cette grâce les toucherait, que l’on suivrait ses intentions et que l’on n’en abuserait point.
C’est une manière de se fuir eux-mêmes que de fuir ce qui leur ressemble ; mais cette manière ne peut leur réussir longtemps. » Je continuerai cette suite d’extraits, en les dirigeant le plus que je pourrai, la prochaine fois, du côté de la France et des personnes ou des idées qui nous touchent.
Aussitôt que je l’ai aperçu, je me suis jetée toute confuse à ses pieds ; il m’a reçue dans ses bras en m’embrassant à plusieurs reprises et m’appelant sa chère fille avec une bonté dont ma chère maman aurait été touchée.
Aussi toutes les lettres que nous trouvons sur eux ne sont-elles remplies que d’exhortations dont le texte est pris sur les Machabées. » M. de Chaulnay, qui était venu en mission à l’armée de Piémont, écrivait au roi le 4 mars 1692 : « Il faudra que M. de Catinat fasse encore donner une bonne touche aux Barbets, rompre les eaux et détruire les vignes et les arbres fruitiers, afin de tâcher d’extirper entièrement cette canaille… » Sachons, pour être juste, ce que les Barbets aussi étaient devenus.
On aura remarqué le mot touché en passant sur sa petite nièce Pauline : « La douce approche d’une jolie enfant a un grand charme. » S’il y a eu un bon côté dans M. de Talleyrand arrivé à l’extrême vieillesse, ç’a été ce coin d’affection pure.
L’auteur des Libres Méditations y touche en effet, et si, comme nous aimons à le croire, il a dit là son dernier mot, le progrès philosophique le plus avancé qui se pût déduire des Rêveries et d’Oberman est visiblement accompli.
J’ai été bien reconnaissante et bien touchée, mon ami, de votre prédilection pour Métella.
Je ne le crois pas, et pourtant je vais refeuilleter sa vie et ses ouvrages avec M. de Cayrol, me bornant à toucher quelques traits çà et là.
Rien de tendre, rien de maternel autour de cette enfance infirme et stérile ; rien pour elle de bien inspirant ni de bien sympathique dans toutes ces conversations de chicane auprès du fauteuil du vieux greffier, rien qui touche, qui enlève et fasse qu’on s’écrie avec Ducis : « Oh !
Avant lui, Du Bellay et De la Taille n’avaient fait qu’y toucher : Vauquelin fit cinq livres de satires, discours d’un bon homme qui sait par cœur Horace, Perse, Juvénal, et qui a ouvert les yeux avec indulgence sur le monde.
Ses propres études, une fois qu’il aura échappé au collège, l’affermiront dans sa passion pour l’histoire ancienne, et particulièrement pour l’histoire romaine : car, peu touché de l’art, c’est des mœurs, des caractères, des actions, de l’histoire par conséquent, qu’il s’éprend.
Ce n’est qu’à regret qu’il écrase la mouche qui menace ses ouailles ; et quand il a pris le loup il n’ose le tuer, il le laisse partir ; car Fleuse sait que partout, dans les animaux, dans les insectes, dans les plantes, dans les choses, dans le vent, dans la nuit, il y a des âmes, des esprits inconnus auxquels il ne faut pas toucher : Son idée, que l’analyse n’avait pas affaiblie, qui, en l’absence de toute formule, s’était changée en sentiment, vivait robuste dans ce crépuscule intellectuel : l’idée de l’homme chétif soumis à son grand gardien, l’Invisible.
Les soucis esthétiques sont superflus ; ce métier ne touche pas à l’art : la conclusion négative est nécessaire, — si la raison du théâtre est de divertir, si, comme dit Barberou, ce qui est bien c’est ce qui amuse.
Les soucis esthétiques sont superflus ; ce métier ne touche pas à l’art ; la conclusion négative est nécessaire, — si la raison du théâtre est de divertir, si, comme dit Barberou, ce qui est bien c’est ce qui amuse.
Presque en même temps, le xvie siècle, si vivant, si tumultueux, si riche d’héroïsme et de crimes, bénéficie d’une semblable résurrection ; la vogue qu’il obtient s’étend jusqu’aux années qui touchent au règne personnel de Louis XIV.
La définition sera alors trop étendue ; car l’enfant qui voit une pomme, prévoit qu’elle sera résistante, douce au toucher et aura un certain goût.
Zeus le toucha, et il se fit chair.
Ce qui décide des grands succès pour les ouvrages d’imagination, c’est lorsque la création de l’auteur est telle, qu’une foule de contemporains, à la lecture, croient aussitôt s’y reconnaître : ils s’y reconnaissent d’abord par quelques traits essentiels qui les touchent, et ils finissent par s’y modeler pour le reste.
Elle fut touchée, elle s’en défendit, elle y revint.
Tout cela ne sied bien que dans sa bouche, elle le sait : aussi dit-elle « qu’elle ne veut pas que l’on prêche ses sermons, que l’on conte ses contes, ni qu’on touche à ses pincettes ».
Au premier rappel qui lui vint de sa dette, elle fit dire à Saint-Évremond qu’il toucherait cinquante pistoles dès qu’il le voudrait.
Elle offre, dans certains coins de tableaux, de ces grâces légères qui me touchent plus que les endroits plus souvent cités.
On nous le peint encore dans les années paisibles de son épiscopat, aimant la musique, faisant volontiers sa partie dans son intérieur avec ses chanoines et ses chantres avant ses repas : « Il se plaisait même à jouer des instruments, et souvent, avant le dîner, il touchait d’un clavecin, pour se mettre à table l’esprit plus dégagé après ses études sérieuses. » Ce goût du bon évêque alla jusqu’à entraîner des abus, et il s’introduisit dans sa cathédrale des nouveautés de chant qui scandalisèrent les classiques, les amateurs zélés de l’ancien plain-chant grégorien.
L’auteur, oubliant que le véritable objet d’une tragédie était d’émouvoir et de toucher, s’est trop occupé d’avoir une opinion sur un fait qui sera toujours enveloppé de ténèbres parce qu’il est impossible d’y apporter aucune lumière.
Quand la comédie italienne s’introduisit sous les auspices de Mazarin, elle se plaisait peu à ces pièces en musique : « Ceux qui s’y connaissent, disait-elle, les estiment fort ; pour moi, je trouve que la longueur du spectacle en diminue fort le plaisir, et que les vers, répétés naïvement, représentent plus aisément la conversation et touchent plus les esprits que le chant ne délecte les oreilles. » Tout cela sent un esprit juste, un cœur noble plutôt que disposé à la tendresse ou à la passion.
Après avoir visité l’Égypte au retour, et avoir touché Malte au passage, M.
On a ajouté que Montesquieu, dès qu’il en eut connaissance, fut au désespoir, qu’il alla trouver Mme de Pompadour et qu’il obtint qu’on arrêtât l’édition : « Elle fût hachée tout entière, dit Chamfort, et on n’en sauva que cinq exemplaires. » Cette anecdote, qui ferait tort au caractère de Montesquieu, et dont Fréron avait déjà touché quelque chose dans L’Année littéraire, me paraît suspecte.
Il y a des noms étrangers qui, à quelques égards, appartiennent ou du moins touchent de près à la France, Le xviiie siècle en a plusieurs qui ont été, à certains moments, accueillis et presque adoptés par nous ; on en formerait toute une liste depuis Bolingbroke jusqu’à Franklin.
Avenel a trouvé un fait piquant, et qui touche à ce coin religieux sincère : c’est un vœu fait par Richelieu.
Une simple traduction des sensations de son en sensations de la vue ou du toucher : nous nous figurons voir ou sentir un mouvement de va et vient, comme l’onde visible de la mer ou la pulsation tangible du diapason.
Ce songe, qui faisait écumer le cardinal de Polignac et sourire Voltaire, n’est plus si perdu qu’il l’était dans les brumes de l’improbable ; il s’est un peu rapproché ; mais nous n’y touchons pas.
On embrasse ici ces deux objets, parce que le Poëte & l’Orateur, (ainsi qu’on l’observe) n’ayant tous deux que le même but, celui de plaire, de toucher, d’instruire, ils ne différent que dans la maniere d’employer les moyens qui leur sont communs : mais la poétique n’est pas longue, parce qu’on se propose moins de former des Poëtes que des lecteurs éclairés.
VI Après ce livre insuffisant sur Rivarol où ils se sont mis quatre, comme pour une contredanse, ces pauvres biographes, paillettes d’un or dont Rivarol était le lingot, on aurait pu avoir l’idée qu’il ne fallait pas toucher aux œuvres de Rivarol laissées comme elles l’étaient dans la pénombre du passé, et que rien ne valait, pour sa mémoire, l’espèce de gloire sans œuvres et sans preuves dont il avait été brillamment et vaporeusement enveloppé.
Je pus le considérer, il priait candidement du cœur et des lèvres, et, quand ma main toucha son épaule, certes son visage pâle, aux traits détendus et amatis d’une sorte de luminosité lointaine, son visage de pauvre pécheur remettant son poids de misères aux pieds de la Mère des Puretés, m’apparut touchant infiniment. […] Emile Verhaeren, Stuart Merrill, Albert Mockel et d’autres, il a été touché par les théories instrumentales de M. […] Avec ce simple livre édité par la « Plume », Verlaine a touché plus qu’avec toutes ses œuvres passées !! […] Encore, Maurice Barrès qui cultive son Moi avant de le toucher Mallarmé et Baju, Arthur Rimbaux, Mostrailles, (?) […] Sarcey sur l’attitude des « Jeunes » à son encontre, je me plus à en causer un peu avec lui, et, en quatre paroles, aussi dépourvues d’amertume que pleines de jovialité, il me résuma son sentiment sur la question : Mais en quoi voulez-vous donc qu’ils me touchent, ces jeunes-là ?
En outre on ne saurait comprendre leurs idées, leurs passions, sans avoir étudié d’abord celles qui nous touchent de plus près. […] On compte généralement cinq sens : le toucher, l’odorat, le goût, la vue et l’ouïe. […] Avec le toucher, il nous donne la connaissance de l’étendue. […] Je touche un point A. Continuant le mouvement commencé, je touche un point B, puis un troisième point C.
Sur 42 mommés (le mommé vaut 10 sous), que j’ai à toucher, retranchez un mommé et demi que je vous dois ; et veuillez remettre le reste, 40 mommés et demi, au porteur de la lettre. » D’après cette lettre, ça mettrait le payement des dessins d’Hokousaï de six à huit francs. […] XXXVI En cette même année 1830, ou dans des années qui la touchent de très près, paraît Shika Shashinkiô, Images des poètes , une série de dix grandes impressions en couleur (H. 50, L. 22 centimètres) qui, selon moi, est la série révélatrice du grand dessinateur et du puissant coloriste qu’est Hokousaï. […] De ce que je vous recommande si chaudement Yégawa, n’allez pas croire que c’est pour toucher une commission : ce que je recherche, c’est la netteté de l’exécution, et ce serait une satisfaction que vous donneriez au pauvre vieillard qui n’a plus bien loin à aller. […] XLVI Tous les arts descendant du dessin, Hokousaï veut que son imagination aille à ces arts, que son pinceau y touche, que sa main en donne des modèles. […] LV Kakémonos — Makimonos — Panneaux Ici, sous ce titre qui comprend tout ce qui touche à l’encre de Chine ou à l’aquarelle, la peinture japonaise de son pinceau, je vais essayer de signaler, bien incomplètement, les précieux morceaux de papier ou de soie, signés du glorieux maître, existant à l’heure présente en Europe, en Amérique, en Asie.
Nous touchons ici aux dessous sexuels de la vie d’Amiel. Ou plutôt nous nous garderons d’y toucher. […] * Cet arbre du Journal, qui touche ainsi aux étoiles et aux nuages, aimons-le d’être raciné sur la vieille place de Genève, comme les arbres mêmes du Bourg-de-Four. […] En janvier, il sut que l’année 1881 serait la dernière, que le foulard blanc légendaire ne défendrait plus longtemps la gorge que le croup avait touchée en 1825.
Avec Claudie, nous touchons au vrai primitif, j’entends au primitif qui est déjà très littéraire et qui a le plein sentiment du grand art. […] Mendès va en grandissant de jour en jour, et quelquefois touche au génie. […] Mais, précisément à cause de la beauté du sacrifice de Mme Kervil, Kervil est si touché, si attendri, qu’il ne l’accepte pas. […] Touchez là, Monsieur, comme disait Parodi dans Ulm le Parricide. Touchez là, « en toute haine ».
Toute impression lui vient par les sens, le goût, le toucher, les yeux, et en cela il est vraiment le musicien de son temps9. » Cette invention par transposition de sens ne paraît pas rare chez les musiciens. […] » Nous touchons ici à l’essence même et à la racine de l’art, qui est la substitution d’une réalité idéale, mieux systématisée, au moins à certains égards, à la réalité vraie. […] Elle dit : Les années ne m’ont pas touchée. […] « Je vois toujours l’eau… et des hirondelles passent et la touchent de l’aile sans la troubler plus qu’un instant. […] Comme Sancho dans l’île de Barataria, j’aurais besoin d’un médecin qui me toucherait de sa baguette quand je vais me donner une indigestion.”
comme il a enfoncé sa lame, au lieu que le style de Cousin plane en quelque sorte sur moi et passe sur ma tête sans me toucher ! […] On touche encore à son temps, et très fort, même quand on le repousse. […] Il est quelques points, cependant, que je tiendrais à bien établir, en ce qui touche surtout l’origine de mes relations avec les écrivains célèbres de ce temps.
Ce point, je l’ai touché. — Et maintenant qu’il n’y a plus d’échelon pour monter plus haut, — pourquoi est-ce que je m’affligerais de ma chute ? […] L’avocat parle d’abord latin77 : « Non, qu’il parle en langue ordinaire ; autrement, je ne répondrai pas. — Mais vous comprenez le latin. — Je le comprends, mais je veux que toute cette assemblée entende. » Poitrine ouverte, en pleine lumière, elle veut un duel public, et provoque l’avocat : « Me voici au blanc, tirez sur moi, je vous dirai si vous touchez près. » Elle le raille sur son jargon, l’insulte, avec une ironie mordante. « Sûrement, messeigneurs, cet avocat a avalé quelque ordonnance ou quelque formule d’apothicaire, et maintenant les gros mots indigestes lui reviennent au bec, comme les pierres que nous donnons aux faucons en manière de médicaments. […] Vous laissâtes alors un baiser — sur ces lèvres qui maintenant ne toucheront plus jamais les vôtres
Les peuples isolés, Français, Anglais, Italiens, Allemands, arrivent à se toucher et à se connaître par l’ébranlement de la Révolution et par les guerres de l’Empire, comme jadis les races séparées, Grecs, Syriens, Égyptiens, Gaulois, par les conquêtes d’Alexandre et la domination de Rome : en sorte que désormais chaque civilisation, élargie par le choc des civilisations voisines, peut sortir de ses limites nationales et multiplier ses idées par le mélange des idées d’autrui. […] Ce seul mot, nouvelles de l’Inde, lui fera voir l’Inde elle-même, vieille reine empanachée, « avec son turban emplumé, brodé de perles1194. » Cette seule idée, l’impôt des boissons, mettra devant ses yeux « les dix milles tonnes incessamment suintantes, et qui, touchées par le doigt de l’État comme par le doigt de Midas, saignent de l’or pour la prodigalité des ministres. » À proprement parler, la nature est comme un musée de tableaux magnifiques et variés, qui pour nous, gens ordinaires, sont toujours recouverts de leur serge. […] Il y a un sérieux imposant, une austère beauté dans cette réflexion si sincère ; le respect vient, on s’arrête et on est touché.
A priori, en dehors de toute hypothèse sur l’essence de la matière, il est évident que la matérialité d’un corps ne s’arrête pas au point où nous le touchons. […] Ainsi, pourvu que l’on ne considère de la physique que sa forme générale, et non pas le détail de sa réalisation, on peut dire qu’elle touche à l’absolu. […] A supposer qu’elle nous soit fournie empiriquement par la vue et le toucher (et Kant ne l’a jamais contesté), elle a ceci de remarquable que l’esprit, spéculant sur elle avec ses seules forces, y découpe a priori des figures dont il déterminera a priori les propriétés : l’expérience, avec laquelle il n’a pas gardé contact, le suit cependant à travers les complications infinies de ses raisonnements et leur donne invariablement raison.
une passion noble et élevée, M. le docteur Payen a touché ce point dans un article inséré au Bulletin du bibliophile (août 1846).
L’adroite Chausseraye saisit le moment et répondit au roi « qu’il était bien bon de se laisser tourmenter de la sorte à faire chose contre son gré, son sens, sa volonté ; que ces bons messieurs ne se souciaient que de leur affaire et point du tout de sa santé, aux dépens de laquelle ils voulaient l’amener à tout ce qu’ils désiraient ; qu’en sa place, content de ce qu’il avait fait, elle ne songerait qu’à vivre et à vivre en repos, les laisserait battre tant que bon leur semblerait, sans s’en mêler davantage ni en prendre un moment de souci, bien loin de s’agiter comme il faisait, d’en perdre son repos et d’altérer sa santé, comme il n’y paraissait que trop à son visage ; que, pour elle, elle n’entendait rien ni ne voulait entendre à toutes ces questions d’école ; qu’elle ne se souciait pas plus d’un des deux partis que de l’autre ; qu’elle n’était touchée que de sa vie, de sa tranquillité, de sa santé… ».
Cette vivacité d’esprit dont je parle a cela de beau qu’elle éclaire ceux qu’elle touche, elle les pénètre d’évidence : on en aperçoit la sagesse et le vrai, d’une manière qui porte le caractère de ces deux choses, c’est-à-dire distincte ; elle ne fait point un plaisir imposteur et confus, comme celui que produit le feu de l’imagination ; on sait rendre raison du plaisir que l’on y trouve.
[NdA] Saint-Martin était si incapable de tout ce qui est affaires et du positif de la vie, qu’il a pu dire au vrai, et cette fois avec sourire : « J’ai un tel éloignement des affaires d’intérêt et des discussions avec les gens de finances et de commerce, que quand j’ai seulement une lettre de change à faire payer et qu’il faut la présenter, donner mon acquit et toucher ma somme, j’appelle cela un procès. » 51.
On retrouve dans cette fin toute la verve que nous lui avons vue précédement à nous parler de son père, et cette touche qui sent sinon le vieux Romain, du moins le vieux Français.
L’abbé de Pons, qui n’avait eu que le tort de toucher à ce nom de Gacon, disait vrai en parlant de la manière galante dont lui-même supportait sa disgrâce.
C’est ce sentiment-là, répandu dans ces pages et inspirant toute une vie, qui est fait pour toucher et pour donner à des générations bien différentes l’idée de toute une race d’hommes, laquelle, il faut l’espérer, n’est point perdue.
Laboulaye que les plus libéraux eux-mêmes peuvent, à certain jour, être forcés de reconnaître, dès qu’ils touchent et tiennent à un gouvernement, qu’il y a des nécessités politiques auxquelles il n’est pas donné d’échapper.
Combien d’esprits et de talents poétiques, dans le temps de la vogue des tragédies ou des poëmes descriptifs, s’y sont épuisés, qui auraient pu toucher ou plaire dans des genres moindres et plus vrais !
Royer-Collard et de Danton ; mais le piquant est que tous deux se soient rencontrés, coudoyés, se soient touché la main, et que l’un, à son second point de départ, se soit si nettement souvenu et inspiré de l’autre pour le repousser, l’abhorrer et lui ressembler à tout jamais si peu.
Vénus, pour le toucher et l’apitoyer, énumère et rappelle tous les grands moments où elle a dû déjà recourir à son père et où il s’est montré bon pour elle : — quand elle fut blessée par Diomède ; — quand elle voulut sauver Énée ; — quand elle perdit Adonis, etc.
En avançant, Gavarni, devenu plus maître et sentant qu’il dominait mieux son public, s’est accordé plus volontiers la série philosophique : mais ceci touche à une seconde manière que nous aurons à caractériser.
Pour le physique il a tout dit ; il a montré les villes, le climat, il a fait toucher et palper la lumière.
c’est qu’en France la poésie toute seule, dans sa simplicité et son charme nu, ne nous touche que médiocrement ; c’est que le vœu tout pastoral de l’ancien berger fait moins d’effet que si on le met dans la bouche d’une bergère, d’une Estelle, d’une Nina quelconque, d’une infortunée.
Fais-moi là un tour plus ample ; à présent découvre-moi un peu la joue, baisse le pli qui touche aux yeux ; tire en bas, tire en haut ; rabaisse un peu au milieu du front ; tire un peu de là en arrière, j’en aurai une figure plus large.
Après des vers subtils, il en est tout d’un coup d’une simplicité parfaite : « Tu sais comme un soufflet touche un homme de cœur !
» De son côté, Riouffe, qui était présent également, a dit en quelques traits rapides, mais heureusement touchés : « Le jour où elle fut condamnée, elle s’était habillée en blanc et avec soin : ses longs cheveux noirs tombaient épars jusqu’à sa ceinture… Elle avait choisi cet habit comme symbole de la pureté de son âme.
Lorsque l’enfant s’est endormi au sein et se réveille ivre de lait, lorsqu’il ouvre les yeux en souriant, tiède et moite dans le coin du bras qui lui sert de nid, rose de la chaleur maternelle, et rose surtout d’une joue, de la joue qui touchait le sein, comme la pêche du côté du soleil, ah !
35. « La lecture du Lépreux m’avait touchée, dit Mme Olympe Cottu dans sa préface ; j’en parlai à un ami auquel une longue et douce habitude me porte à confier toutes mes émotions ; je l’engageai à le lire.
XI Nous touchons au dénouement de ce drame, le plus grand qui se soit joué sur la terre entre les idées justes et les idées fausses, la vertu mêlée de préjugés, le crime mêlé de vertus, la liberté entachée d’oppression, l’émancipation accomplie par la tyrannie, les martyrs déshonorés par les bourreaux, la raison déshonorée par les supplices.
Si tu savais combien de pleurs tes erreurs ont fait répandre à notre respectable mère, combien elles paraissent déplorables à tout ce qui pense et fait profession non-seulement de piété, mais de raison ; si tu le savais, peut-être cela contribuerait-il à t’ouvrir les yeux, à te faire renoncer à écrire ; et si le ciel touché de nos vœux permettait notre réunion, tu trouverais au milieu de nous tout le bonheur qu’on peut goûter sur la terre ; tu nous donnerais ce bonheur, car il n’en est point pour nous, tandis que tu nous manques et que nous avons lieu d’être inquiets sur ton sort. » XIX Cette lettre l’attendrit ; il crut y entendre une voix du ciel.
Fénelon, sûr de l’orthodoxie de madame Guyon, et touché des persécutions qui la menaçaient, la justifia devant Bossuet avec plus de magnanimité que de politique.
Mais on conçoit quelle délicatesse de goût, quelle légèreté de touche il faudrait pour ne point dépasser la mesure sous prétexte de rendre la peinture plus comique ou plus maligne par la précision des ressemblances.
Son champ d’expériences s’étant agrandi, il a dit, dans Bel Ami, la lutte sans scrupules pour la vie, c’est-à-dire pour l’argent, le pouvoir et le plaisir, dans le monde de la presse et de la politique ; puis il a touché les choses du cœur, dans des milieux plus délicats (Fort comme la mort).
A quinze ans, le duc d’Anguien n’avait pour ainsi dire pas vu son père ni sa mère. « En apprenant, en imposant le respect à son fils, dit M. le duc d’Aumale, Henri de Bourbon négligea de faire naître, de développer dans cette jeune âme certains sentiments délicats, de toucher certaines cordes qui n’ont jamais vibré dans le grand cœur de Condé. » A la bonne heure !
Je suis assis dans ma chambre, un objet est posé sur ma table ; je ne bouge pas pendant une seconde, personne ne touche à l’objet ; je suis tenté de dire que le point A qu’occupait cet objet au début de cette seconde est identique au point B qu’il occupe à la fin ; pas du tout : du point A au point B il y a 30 kilomètres, car l’objet a été entraîné dans le mouvement de la Terre.
C’est cet esprit d’indépendance et de liberté qu’ils portèrent dans une question qui, sous une apparence technique, touche à la Poésie même, puisque, en Poésie comme en tout art, les moyens d’expression sont la condition même de ce qu’on exprime.
Cette mer est autrement profonde ; on n’en touche pas si vite le fond, et il n’est jamais donné aux faibles yeux de l’apercevoir.
Toutes les fibres du cœur y sont touchées sans rudesse, et rendent des sons d’une pureté délicieuse.
Nous touchons ici à l’un des traits essentiels du caractère de Huet, et qui explique toute sa nature, nature forte, persistante et puissante, bien que trop indifférente et impassible.
Nous touchons là à l’un des traits principaux qui caractérisent l’esprit de M. de Broglie, et en général l’esprit doctrinaire, en prenant ce mot dans son vrai sens primitif.
Turgot touchait à l’un des faibles du petit abbé mitré et à bénéfices.
« Le roi a toujours été et est encore ma première passion, M. de Lauzun la seconde », disait Mademoiselle ; et M. de Lauzun, de son côté, ne se flattait d’avoir plu en définitive à Mademoiselle et de l’avoir touchée, qu’en raison du respect et de la véritable tendresse qu’il avait pour la personne du roi.
Dans tout ce que j’ai touché là du caractère et de la vie intime de Moreau, j’ai été guidé de la manière la plus sûre par des lettres, par des renseignements directs provenant des personnes qui l’ont le mieux connu.
Rien ne rend plus heureux que d’avoir l’esprit persuadé et le cœur touché : cela est bon pour tous les temps.
C’est pourtant le même homme qui, parlant non plus pour l’Académie, mais en chaire, et prêchant le Carême devant le roi en 1781, touchait à l’administration, à la politique, aux finances, tellement que Louis XVI disait, en sortant de la chapelle : « C’est dommage !
Cela touché, il faut vite reconnaître ses aimables qualités sociales, cette facilité à prendre à tout, cette finesse sous la bonhomie et cette cordialité qui sait trouver une expression ingénieuse : « J’ai toujours éprouvé, disait-il, qu’il m’était plus facile de me suffire à moi-même dans le chagrin que dans la joie.
Cette fois, c’est Chamfort qui revient à la charge avec le rire du sarcasme (car le caractère et le ton de chaque interlocuteur sont très bien observés), et il reçoit sa réponse à son tour : « Vous, monsieur de Chamfort, vous vous couperez les veines de vingt-deux coups de rasoir, et pourtant vous n’en mourrez que quelques mois après. » Ensuite, c’est le tour de Vicq d’Azyr, de M. de Nicolaï, de Bailly, de Malesherbes, de Roucher, tous présents : chaque convive curieux qui vient toucher Cazotte reçoit l’étincelle à son tour, et cette étincelle est toujours le coup de foudre qui le tue.
De loin, aujourd’hui, il n’est pas jusqu’à cet instant de trouble et de confusion dans les idées qui ne nous touche chez le grand capitaine poussé à bout, et qui se retourne comme le lion blessé ; cet éclair égaré est d’une beauté dramatique et d’une grandeur épique suprême.
Aujourd’hui, s’il faut en toucher un mot, d’autres générations sont venues et ont pris rang, animées elles-mêmes d’une inspiration toute différente, mais qui n’ont pas fait pour cela un seul pas de retour vers le passé ; car le passé, pour la masse des générations humaines, ne revient jamais.
Quand il nous définit la qualité du sol de l’Égypte et en quoi ce sol se distingue du désert d’Afrique, ce « terreau noir, gras et léger », qu’entraîne et que dépose le Nil ; quand il nous retrace aussi la nature des vents chauds du désert, leur chaleur sèche, dont « l’impression peut se comparer à celle qu’on reçoit de la bouche d’un four banal, au moment qu’on en tire le pain » ; l’aspect inquiétant de l’air dès qu’ils se mettent à souffler ; cet air « qui n’est pas nébuleux, mais gris et poudreux, et réellement plein d’une poussière très déliée qui ne se dépose pas et qui pénètre partout » ; le soleil « qui n’offre plus qu’un disque violacé » ; dans toutes ces descriptions, dont il faut voir en place l’ensemble et le détail, Volney atteint à une véritable beauté (si cette expression est permise, appliquée à une telle rigueur de lignes), une beauté physique, médicale en quelque sorte, et qui rappelle la touche d’Hippocrate dans son Traité de l’air, des lieux et des eaux.
Seule, la lettre autographe fera toucher du doigt le jeu nerveux de l’être sous le choc des choses, la pesée de la vie, la tyrannie des sensations.
Il semble ne pas toucher même à ce qu’il broie.
D’ailleurs n’est-ce pas se faire une idée bien singulière de la vérité que de se la représenter comme une chose qui passe de main en main et que l’on met sous clef pour que personne n’y touche ?
L’homme qui manque de mots pour exprimer quelque bruit extraordinaire, ou pour rendre à son gré le sentiment dont il est touché, a recours naturellement à l’expedient de contrefaire ce même bruit, et de marquer son sentiment par des sons inarticulez.
Michel-Ange, aveugle, cherchait à s’exalter en venant toucher le torse qu’il ne pouvait plus voir : qu’eût dit à ses mains inspirées le plus bel ouvrage d’orfèvrerie ?
I S’il est une époque dont nous soyons loin à celle heure, quoique nous paraissions y toucher, c’est ce moment de notre siècle que l’Espérance appela d’un nom qui restera dans l’histoire comme une ironie.
Il a touché naturellement à plusieurs grandes questions, et il a fini par tomber dans le vide, n’étant tout à fait ni philosophe ni artiste.
Il y a là toute l’âpre révélation de ce que peut contenir un cœur d’homme dont l’Église s’est d’abord emparée, qui s’est donné tout entier à elle comme à la vérité suprême de ce monde, et qui peu à peu reconnaît son erreur, touche du doigt le mensonge surgissant de toute part sous l’apparente vérité, qui enfin, après s’être déchiré aux parois de la tombe où il s’est enseveli, s’en évade.
Tout ce qui tend au contraire à nous faire voir de près et comme toucher familièrement les individus réputés supérieurs nous incite à penser que, eux aussi, ils sont des hommes.
Sous peine de se voir jeter à la figure des accusations salissantes, beaucoup de sujets intéressants lui sont interdits ; il ne peut toucher à des questions vitales, de celles-là qui découlent directement du mouvement social et se lient intimement au mécanisme physique et moral des sociétés et des peuples. […] Mais rien n’est intime de ce qui a touché — de près ou de loin — à Mme Sarah Bernhardt. […] Même en ces derniers temps, il ne pardonnait pas au plus grand historien moderne, au premier évocateur des figures et des mœurs disparues, à Michelet, dont il disait : « Vous êtes l’Himalaya », d’avoir osé toucher à l’Homme. […] je dois toucher ici à un point délicat et douloureux. […] C’est ce qui me touche le plus, c’est par là, seulement, que la littérature me passionne, aujourd’hui que presque tous les littérateurs ont du talent, et, qui pis est, le même talent.
On ne travaille plus pour faire une œuvre, mais pour toucher l’argent qui en assure la vente. […] En vous voyant, il sera touché de pitié », comme si ce n’était pas son maître qui l’avait mise dans cet état… Après les imprécations romanesques de Paul apprenant le prochain départ de Virginie, avec quel art l’auteur reprend le ton des détails domestiques : « Je n’y puis tenir, dit Mme de La Tour. […] Il ne pardonne pas à Molière d’avoir été l’ami de dévots tels que Boileau et Racine ; il voudrait faire expier à Bossuet son titre d’évêque ; il aperçoit la main des jésuites même en littérature, et se sent offensé dès qu’on touche à Rousseau ou à Voltaire. […] Les partisans de l’improvisation prétendent qu’elle est la pierre de touche de l’éloquence. « On n’est orateur, disent-ils, que si l’on parle d’abondance. […] Le conférencier boucle sa valise, touche des cachets, fait partie d’une troupe et, tout rayonnant de projections cinématographiques, parcourt la France et l’étranger, Hollande, Belgique, République Argentine ou Côte d’azur.
Car ici nous touchons du doigt un des sens les plus vrais de ce titre plein de mystère : Vérité et Poésie, un de ceux que l’auteur ne nous dévoile pas. […] Il me semble que c’est de nous toucher le cœur ou l’esprit avec assez de puissance pour y faire surgir l’admiration ou l’émotion. […] Budget modeste pour entretenir une cour de vingt-deux personnes, dont la grande-maîtresse, Mme de Puttbus, touchait un traitement de 1.200 thalers. […] Tel d’entre eux touche deux thalers par semaine : il lui est impossible de se loger et de se nourrir à moins d’un thaler et demi. […] — doit alors renoncer à toucher aux choses du moment.
Au silence et à l’air féroce du centurion, elle comprit qu’elle touchait à sa dernière heure ; elle dit : « L’empereur vivrait encore, s’il m’avait écoutée », et tendit la gorge au centurion, qui brisa la tête de l’enfant contre la muraille, après avoir égorgé la mère. […] Britannicus touchait à sa quatorzième année : le nommer le véritable successeur de Claude, c’était le proscrire ; et bientôt il est empoisonné à table (TACIT. […] Alors il appelle des secrétaires ; et, inspiré par son éloquence jusqu’au dernier moment, il dicte plusieurs choses qu’on a publiées dans ses propres termes, et auxquelles je m’abstiens de toucher, dit Tacite191. […] Un moment après il veut se présenter aux rebelles, il prend les faisceaux : il ne se vengera pas, il versera des larmes ; on sera touché de son repentir : la paix va ramener l’allégresse, il en médite les chants. […] Tertullien et d’anciens Pères de l’Église, touchés de l’éclatante piété de Sénèque, se l’ont associé en l’appelant nôtre : Tarn claræ pietatis, ut Terlullianus ut Prisci appellant nostrum.
Il fut, sinon pénétré, du moins touché de ce romantisme allemand, si différent du nôtre, par quoi je ne veux dire ni qu’il soit meilleur ni qu’il soit pire, qui est fait surtout de sensibilité et d’attendrissement, de Gemüthlichkeit, de mélancolie rêveuse, douce et pitoyable, et dans lequel la sensibilité l’emporte de beaucoup sur l’imagination. […] Si nous voulons entendre le monde comme une manifestation de bonté et dire comme Platon : « Dieu a créé le monde par bonté », nous touchons au ridicule et c’est une simple absurdité que de concevoir une puissance qui crée des êtres par bonté pour les faire souffrir. […] Il n’est pas touché par aucun de nos jugements esthétiques et moraux… » Dieu est mort ; mais, prenez garde ; il reste des ombres de Dieu. […] Et, soit dit en passant, une chose demeure-t-elle vraiment incompréhensible et inconnue par le fait qu’elle n’est touchée qu’au vol, saisie d’un regard, en un éclair ? […] Il ne les fait détester que par ceux qui les détestent déjà, et qui ne peuvent puiser une leçon morale dans ce grand poème qu’à la condition de n’en être pas touchés.
Avec les vivants du moins, on a des juges, des témoins de la ressemblance, un cercle rapproché qui peut dire si, au milieu de tout ce qu’on a sous-entendu ou peut-être omis, on a pourtant touché l’essentiel, et si l’on a saisi l’idée, l’air du personnage. […] On a remarqué que tout est bien touché dans ce discours, hormis peut-être l’éloquence parlementaire de M.
Dans Le Légataire de Regnard, un pauvre vieillard, accablé d’infirmités, touche à sa fin ; des scélérats le tourmentent pour son héritage, et fabriquent en son nom un faux testament pendant qu’ils le croient à l’agonie. […] Elle rit de tout, et ne s’intéresse à rien ; elle touche à toutes les idées de la raison, et n’en épouse aucune ; elle joue avec toutes les passions de la nature humaine, et reste indépendante en face d’elles ; elle voltige d’objet en objet dans le monde réel et dans tous les mondes imaginaires, sans se poser plus d’un instant sur chaque fleur.
Presque sans art, l’esprit clairvoyant que j’imagine n’a qu’à céder à ce besoin de conter qui souvent s’empare de nous et nous entraîne à rapporter aux autres les événements qui nous ont touché et il pourra enfanter des chefs-d’œuvre… « L’intelligence complète des choses en fait sentir la beauté naturelle, et les fait aimer au point de n’y vouloir rien ajouter, rien retrancher, et de chercher exclusivement la perfection de l’art dans leur exacte reproduction… » « L’histoire, ajoute-t-il, c’est le portrait… Pour les rendre que faut-il ? […] Le général Bonaparte en fut vivement touché.
Sans savoir pourquoi, mes yeux revenaient au point blanc, à la femme qui brillait dans ce jardin comme au milieu des buissons éclatait la clochette d’un convolvulus, flétrie si l’on y touche. […] La devise : Voyez tous, nul ne touche !
Nous ne sympathisons qu’avec l’homme : les choses ne nous arrivent et ne nous touchent que comme vision et émotion, comme interprétation de l’esprit et du cœur humains ; et c’est pour cela que « le style est l’homme. » Le vrai style naîtra donc de la pensée et du sentiment mêmes ; il en sera la parfaite et dernière expression, à la fois personnelle et sociale, comme l’accent de la voix donne leur sens propre aux paroles communes à tous. […] Flaubert (Salammbô) : Une curiosité indomptable l’entraina : et comme un enfant qui porte la main sur un fruit inconnu, tout en tremblant, du bout de son doigt, il la toucha légèrement sur le haut de la poitrine.
Il est aussi plus net et plus complexe ; les hallucinations de l’ouïe se détachaient avec vigueur sur la trame de la vie intérieure178 ; et elles étaient, toujours dans les premiers temps, presque toujours par la suite, accompagnées d’hallucinations visuelles très caractérisées, auxquelles se joignirent quelquefois des hallucinations du toucher et peut-être de l’odorat. […] Si l’excitation intérieure continue à croître, l’état de l’âme doit s’exprimer par un phénomène qui lui soit égal en intensité ; alors la parole intérieure vive ne suffit plus ; l’âme a besoin de sensations fortes, de bruit et de mouvement ; la parole extérieure, qui ébranle fortement les nerfs du toucher comme ceux de l’ouïe, jaillit des lèvres ; aux mouvements de la phonation se joignent ceux de la physionomie, des bras, des jambes : on gesticule, on se promène sans but, uniquement pour se sentir vivre, comme si le degré maximum de la sensation était pour l’état mental le plus intense un complément esthétique à l’attrait irrésistible ; l’âme envahie par un sentiment violent ou par une conception vive de l’imagination n’a plus de conscience pour le milieu qui l’entoure ; elle l’oublie, elle l’ignore momentanément, et, avec lui, les convenances, la réserve, les habitudes sociales qu’il impose ; par les sensations qu’elle se donne, elle se crée un milieu artificiel en accord avec le phénomène dominant et exclusif qui la possède ; elle est tout à son rêve ou à sa passion, et ce qui s’est emparé d’elle tout entière est par là même maître absolu du corps comme de l’âme220.
L’une procède par analyse et n’atteint que le relatif, l’autre touche à l’absolu par le moyen d’une sympathie intellectuelle qu’on nomme intuition. […] Au toucher miraculeux du mot, des existences latentes ressuscitent, enfouies dans le tombeau de notre être, et montent vers la lumière de l’esprit.
Pour exprimer un pareil sentiment, ce n’était pas assez des images, et de la poésie qui ne s’adresse qu’aux yeux ; il fallait encore des sons, et cette poésie plus intime qui, purgée de représentations corporelles, va toucher l’âme : il était musicien ; ses hymnes roulaient avec la lenteur d’une mélopée et la gravité d’une déclamation ; et lui-même semblait peindre son art en ces vers incomparables qui se développent comme l’harmonie solennelle d’un motet : Dans la profondeur des nuits, quand l’assoupissement494 — a enchaîné les sens des mortels, j’écoute — l’harmonie des sirènes célestes — qui, assises sur les neuf sphères enroulées, — chantent pour celles qui tiennent les ciseaux de la vie, — et font tourner les fuseaux de diamant — où s’enroule la destinée des dieux et des hommes. — Telle est la douce contrainte de l’harmonie sacrée — pour charmer les filles de la Nécessité, — pour maintenir la Nature chancelante dans sa loi, — et pour conduire la danse mesurée de ce bas monde — aux accents célestes que nul ne peut entendre, — nul formé de terre humaine ; tant que son oreille grossière n’est point purifiée495. […] Quelle que fût la langue où il écrivît, anglaise, italienne ou latine, quel que fût le genre qu’il touchât, sonnets, hymnes, stances, tragédies ou épopées, il y revenait toujours. […] Pour délivrer la dame enchantée, on appelle Sabrina, la naïade bienfaisante, qui, « assise sous la froide vague cristalline, noue avec des tresses de lis les boucles de sa chevelure d’ambre. » Elle s’élève légèrement de son lit de corail, et son char de turquoise et d’émeraude « la pose sur les joncs de la rive, entre les osiers humides et les roseaux. » Touchée par cette main froide et chaste, la dame sort du siége maudit qui la tenait enchaînée ; les frères avec la sœur règnent paisiblement dans le palais de leur père, et l’Esprit qui a tout conduit prononce cette ode où la poésie conduit à la philosophie, où la voluptueuse lumière d’une légende orientale vient baigner l’Élysée des sages, où toutes les magnificences de la nature s’assemblent pour ajouter une séduction à la vertu : Je revole maintenant vers l’Océan — et les climats heureux qui s’étendent — là où le jour ne ferme jamais les yeux, — là-haut, dans les larges champs du ciel. — Là je respire l’air limpide — au milieu des riches jardins — d’Hespérus et de ses trois filles — qui chantent autour de l’arbre d’or. — Parmi les ombrages frissonnants et les bois, — folâtre le Printemps joyeux et paré ; — les Grâces et les Heures au sein rose — apportent ici toutes leurs largesses ; — l’Été immortel y habite, — et les vents d’ouest, de leur aile parfumée, — jettent le long des allées de cèdres — la senteur odorante du nard et de la myrrhe. — Là Iris de son arc humide — arrose les rives embaumées où germent — des fleurs de teintes plus mêlées — que n’en peut montrer son écharpe brodée, — et humecte d’une rosée élyséenne — les lits d’hyacinthes et de roses où souvent repose le jeune Adonis — guéri de sa profonde blessure — dans un doux sommeil, pendant qu’à terre — reste assise et triste la reine assyrienne. — Bien au-dessus d’eux, dans une lumière rayonnante, — le divin Amour, son glorieux fils, s’élève — tenant sa chère Psyché ravie en une douce extase. — Mortels qui voulez me suivre, — aimez la vertu, elle seule est libre, — elle seule peut vous apprendre à monter — plus haut que l’harmonie des sphères. — Ou si la vertu était faible, — le ciel lui-même s’inclinerait pour l’aider504.
Toutefois, c’est surtout par les doctrines que l’incompatibilité des deux philosophies doit éclater chez la plupart des intelligences, trop peu touchées d’ordinaire des simples dissidences de méthode, quoique celles-ci soient au fond les plus graves, comme étant la source nécessaire de toutes les autres. […] Les préjugés et les passions propres aux classes supérieures ou moyennes, s’opposent conjointement à ce qu’elle y soit d’abord suffisamment sentie, parce qu’on y doit être ordinairement plus touché des avantages inhérents à la possession du pouvoir que des dangers résultés de son vicieux exercice. […] C’est ainsi que la philosophie naturelle, envisagée comme le préambule nécessaire de la philosophie sociale, se décomposant d’abord en deux études extrêmes et une étude intermédiaire, comprend successivement ces trois grandes sciences, l’astronomie, la chimie et la biologie, dont la première touche immédiatement à l’origine spontanée du véritable esprit scientifique, et la dernière à sa destination essentielle.
Nous avons touché un mot de cette question dans un travail antérieur. […] Elle répugne au fluent et solidifie tout ce qu’elle touche. […] Plutôt que d’en venir à cette extrémité, notre raison aime mieux annoncer une fois pour toutes, avec une orgueilleuse modestie, qu’elle ne connaîtra que du relatif et que l’absolu n’est pas de son ressort : cette déclaration préliminaire lui permet d’appliquer sans scrupule sa méthode habituelle de penser et, sous prétexte qu’elle ne touche pas à l’absolu, de trancher absolument sur toutes choses.
Je ne sais si cette pensée d’un rapprochement funèbre est venue à l’esprit de Froissart ; elle semble comme négligemment touchée dans les paroles qui concluent le récit, et, qu’il l’ait eue ou non, il met le lecteur à même d’achever et de tirer toute la réflexion morale.
. — Villars est touché et piqué du reproche : J’ose supplier Votre Majesté d’être bien persuadée que je tâcherai de mériter l’honneur de sa confiance par une très grande exactitude à ne rien prendre sur moi ; il est vrai que, depuis que sa bonté a daigné me confier ses armées, elle m’avait laissé une liberté entière, dont, grâce à Dieu, je n’ai pas abusé au détriment de ses affaires.
La note, notula, était son fort et son triomphe ; la note courte et vive, bien amenée, bien touchée, s’arrêtant au moment où la dissertation commence.